Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Très souvent, les réseaux vapeur rencontrés en industrie ne sont pas ou peu optimisés
énergétiquement. La surveillance énergétique globale incluant l'ensemble du réseau est
partielle voire quasi inexistante. A contrario le périmètre de la chaufferie est généralement
plutôt bien maintenu et surveillé (les postes de l'épuration d'eau, du brûleur et de la chaudière
notamment) car bien souvent confié à des sociétés externes spécialisées.
Cette installation servira de base de travail pour présenter la démarche du bilan énergétique.
La chaudière consomme du gaz naturel, de l'eau adoucie et de l'air comburant pour produire
de la vapeur. Il existe principalement 3 technologies de chaudières vapeur :
Les procédés / utilités consomment la vapeur disponible dans le réseau pour effectuer une
opération thermique. En sortie de cette opération, la vapeur doit être condensée : on a épuisé
son potentiel énergétique. Cependant il arrive souvent qu'on soit en présence d’un mélange
liquide-vapeur, ce qui signifie qu'il reste de l'énergie thermique dans le fluide en sortie de
l'opération.
On notera que certains procédés peuvent être à "vapeur perdue", c’est le cas du n°2 sur le
précédent schéma. La vapeur est alors injectée directement dans le procédé : il n'y a pas
d'échangeur thermique, et donc pas de retour condensats. C'est par exemple le cas de certains
chauffes de bains dans l'industrie textile.
Les purgeurs, situés en aval des usages thermiques "indirects", servent à séparer l'eau
condensée de la vapeur pour ramener les condensats à la chaufferie.
La bâche alimentaire constitue une réserve d'eau adoucie pour alimenter la chaudière. C'est
dans ce volume de stockage que l'on rapatrie les condensats récupérés en sortie des
procédés/utilités. Cette bâche est maintenue en température, généralement entre 70°C et 90°C,
ce qui permet d'évacuer les éventuels composants gazeux dilués dans l'eau. On note qu'elle est
à la pression atmosphérique, avec un évent connecté à l'extérieur pour des raisons de sécurité.
2 - Bilan thermique
Réaliser son bilan thermique, c'est quantifier la chaleur entrante et sortante du système pour
en déterminer l'efficacité et identifier des pistes d'amélioration de la performance.
Pour cela, il faut déterminer quelle part de l'énergie entrante est effectivement utile au niveau
des procédés / utilités.
Usuellement, les utilisateurs industriels parlent d’un débit de vapeur pour qualifier la
puissance thermique. Elle est alors exprimée en kg ou tonne de vapeur par heure.
Il faut être vigilent pour traduire cette puissance en kW dans une démarche de bilan thermique
car elle dépendra de la pression de cette vapeur. Consulter la section 2.3 pour plus de détails.
Les énergies sortantes, ou partie "active" du bilan thermique, sont en revanche beaucoup plus
nombreuses et de natures diverses. Néanmoins, on dénombre généralement 10 postes :
• Les retours condensats : c'est une énergie thermique résiduelle que l'on va récupérer
sur les procédés indirects et valoriser en la réinjectant dans la bâche alimentaire. Il
s'agit d'eau chaude "propre", ayant déjà été adoucie, ce qui réduit la consommation
d'eau en même temps que la celle de gaz naturel.
• Le chauffe bâche alimentaire : la vapeur consommée pour maintenir la bâche
alimentaire en température.
• Les pertes à l'évent de la bâche. Cette dernière étant maintenue en température et
reliée à l'atmosphère extérieure, il y a toujours une perte de chaleur par tirage naturel
et équilibrage des humidités entre l’intérieur et l’extérieur. Ces pertes peuvent devenir
très importantes si les purgeurs sont défectueux et que l'on ramène de la vapeur
directement dans la bâche alimentaire. A noter que les condensats revaporisent
"naturellement" dans la bâche, ce phénomène est d'autant plus important que la
température de travail des procédés est élevée. Il existe des solutions de bâches "sous
pression", particulièrement pertinentes dans les cas de fort taux de retours condensats
chauds.
• L’appoint d’eau adoucie : c’est le complément d’eau nécessaire à compenser les pertes
matières (fuites, usages directs, évent, purges, etc.).
• L’alimentation en eau chaude de la chaudière : c'est la quantité d'eau adoucie (retours
condensats + appoint d’eau) chauffée dans la bâche alimentaire qui rentre dans la
chaudière pour être vaporisée.
Nota :
Il est absolument nécessaire de distinguer le rendement de combustion d'une part (souvent
très bon, de 90 à 95% sur PCI) et le rendement vapeur global du réseau d'autre part.
Un réseau vapeur peut avoir une chaudière très performante mais des déperdition thermiques
importantes, des purgeurs fuyards et des fuites de vapeur au niveau de la distribution.
Un réseau optimisé où l'ensemble des pertes thermiques sont surveillées peut atteindre une
efficacité globale de 85%.
Le calcul des énergies se fera en multipliant la puissance voulue par la durée de production
souhaitée.
Dans le tableau ci-dessus, les grandeurs présentées sont symbolisées comme suit :
Rappel important : Le PCI s'exprime en kJ/Nm3 et doit être multiplié par le débit volumique
normal de gaz naturel Qvgaz [Nm3/s] pour obtenir Pgaz [kW]. Le débit normal de gaz naturel
ne s'obtient pas directement en lisant le compteur de la chaudière, mais doit être corrigé en
fonction de la pression [bar] et de la température [°C] avec la formule suivante :
L'enthalpie est l'énergie spécifique d'un fluide thermique à une pression et dans un état donné.
Il faudra donc corriger cette enthalpie spécifique en y ajoutant la surchauffe multipliée par la
chaleur spécifique de la vapeur à la pression indiquée.
À l'alimentation d'un procédé, un débitmètre vapeur m'indique 100 kg/h, et une sonde de
température indique 148°C.
Pour connaitre la puissance totale thermique disponible, il faudra alors utiliser la formule
suivante :
En consultant le tableau, on relève pour une pression de 4 bar :
• H = 2737.63 kJ/kg
• CP = 2.2664 kJ/kg.K
• Tsat = 143.63°C
Le débit doit être exprimé en kg/s pour obtenir un résultat en kW, donc Qvapeur = 100/3600 =
0.0278 kg/s.
Les relations suivantes entre les différentes énergies présentées précédemment permettent
d'établir les bilans thermique et eau du réseau vapeur.
Ainsi, la puissance gaz est la somme des puissances utiles et des pertes thermiques.
Par ailleurs, le débit d'eau d'alimentation de la chaudière est la somme des besoins vapeur
(directs, indirects), des quantités récupérées (retour condensat) et des pertes (fuites, purges,
évent) qui sont compensées par l'appoint d'eau adoucie.
On note que le rendement de combustion peut être facilement déterminé en mesurant les
hygiènes des fumées via un appareil portatif.