Vous êtes sur la page 1sur 6

Cours 2 – Regards contemporains sur le développement cognitifPsy dév

► I. Développement des représentations symboliques

Symbole : « Un symbole c’est quelque chose que quelqu’un a délibérément choisi pour représenter
quelque chose d’autre » J. Deloache

Ce qui l’importe ici c’est l’idée d’intention. De plus, le symbole va évoquer le référent

L’étude symbolique s’est beaucoup développée car nous vivons dans un environnement qui baigne dans les
symboles (livres, photos, cartes)

Le principal trait caractéristique des symboles est sa dualité. Ils peuvent être vus pour eux-mêmes ou
pour ce qu’ils représentent

Exemple : Soit je m’intéresse à la photo en tant qu’objet, soit je m’intéresse à elle pour ce qu’elle représente, à
ce qu’elle signifie.

Les symboles sont des pourvoyeurs d’information qui nous permettent d’aller bien au-delà de la réalité à
laquelle on a immédiatement accès.

Quand on parle de symboles, on peut imager des choses différentes (images, dessin, un mot). On va proposer
des symboles imagés a des enfants.

❖ Exemple Bébé de 9 mois : Réalisme iconique

On montre des photos d’objets réalistes suffisamment petits pour que les bébés puissent les attraper avec la
pince. Les deux bébés essaient de saisir ce qui est photographié sur la page.

Le réalisme iconique suggère que le bébé fait confusion entre les propriétés du référent (objet que je peux
saisir) et propriétés du symboles (c’est une photo)

Les bébés ne confondent pas un objet et une photo. Ils ont les capacités perceptives de différencier les
objets et leur photo. C’est un problème conceptuel : ils attribuent au symbole les propriétés de l’objet
symbolisé.

Ce réalisme iconique va perdurer bien au-delà de 9 mois. Cette forme d’assimilation des propriétés du référant
à celles du symbole va être retrouver chez des enfants de 3 ans.

Si on leur montre le mot « papillon » et le mot « lion » on leur demande lequel veut dire papillon et lequel veut
dire lion. Ils ne savent pas lire. A 3 ans, ils pensent que le mot « papillon » veut dire Lion et que le mot « Lion »
représente le papillon.

Comme le lion est grand et gros, alors on l’attribue au mot long « papillon ». Le papillon lui est tout petit, on
l’attribue au petit mot « lion ».

Cette compréhension de la relation entre symbole et référèrent ne se fait pas en tout ou rien, mais se
construit très progressivement, en fonction des symboles et des situations.

Page 1 sur 6
Cours 2 – Regards contemporains sur le développement cognitifPsy dév

► A. L’enfant interprète de représentations symboliques externes

Comment les jeunes enfants arrivent-ils à utiliser les objets symboliques comme source d’information sur la
réalité qu’ils symbolisent ?

❖ Expérience de la Maquette (Deloache)

Le symbole est la maquette de la pièce en format réduit, et la réalité représentée est la pièce qui est juste
derrière. Au début de l’expérience, on ne présente pas directement à l’enfant le gros Snoopy et le petit Snoopy,
on fait faire à l’enfant des allés retour à l’enfant entre la pièce et la maquette afin qu’il fasse des
correspondances entre la maquette et la pièce réelle.

Tâche 1 : On lui demande de rechercher dans la pièce le Grand jouet (Snoopy), à partir de la connaissance de la
localisation du petit jouer dans la maquette.

La première petite fille de 2 ans et demi n’a pas réussi. Elle a procédé par essai-erreur. Elle n’a pas exploité
l’information du symbole. La deuxième petite fille de 3 ans a directement réussi.

Tâche 2 : On lui demande de rechercher le petit jouer dans la maquette

Très importante d’un point de vue méthodologique. On va pouvoir, ou pas, interpréter le comportement de
l’enfant dans la grande pièce. Cette deuxième tâche sert à éliminer l’hypothèse que s’il échoue à chercher le
jouet dans la grande pièce, c’est parce qu’il ne se souvient plus où était le petit jouet dans la maquette.

Si on regarde la tâche 2, ils se souviennent bien où était le jouet dans la maquette. Il n’y a pas de différence
d’âge. En revanche si on regarde la capacité à aller chercher le grand jouet dans la pièce en exploitant
l’information fourni par le symbole (tâche 1), on voit qu’il y a des progrès très important entre 2 ans et demi et
3 ans.

Interprétation :

Les enfants sont capables dès 2 ans et demi de considérer un objet soit pour lui-même, soit comme
représentation d’un autre.

Ce qui pose problème aux plus jeunes, c’est de considérer un même objet simultanément selon ces deux
points de vue : Difficulté d’une représentation « duelle » du même objet, la maquette.

C’est une difficulté de flexibilité cognitive.

Deloache va concevoir de nouvelles expériences pour tester son hypothèse interprétative.

Page 2 sur 6
Cours 2 – Regards contemporains sur le développement cognitifPsy dév

❖ Expérience 1 : Photographie de la pièce réelle au lieu de la maquette

On indique à l’enfant que c’est la photo de la pièce derrière, et on le laisse constater par lui-même. Dans la
photo, il y a un Snoopy caché derrière le coussin. Maintenant que tu connais mon secret, tu peux aller regarder
dans la pièce si tu trouves Snoopy.

Deloache fait l’hypothèse que la photo va être plus facile que la maquette. La photo, c’est un bout de papier,
pas très intéressant pour un enfant en comparaison de la maquette.

⇨ Les enfants dès 2 ans et demi réussissent, mais il y a un échec à 2 ans.

Si on diminue l’intérêt du symbole en tant qu’objet, on facilite la possibilité du jeune enfant de le traiter
comme un outil porteur d’information.

❖ Expérience 2 : Rendre la maquette moins intéressante en la plaçant sous cloche

Elle constate qu’elle a des réussites plus précoces qu’en conditions standard.

Le simple fait de réduire la force de la représentation du symbole comme objet, on permet à l’enfant de se
centrer sur la représentation du symbole comme porteur de l’information

❖ Expérience 3 : Histoire de la « machine à rétrécir »

On a plus besoin pour trouver le Snoopy dans l’autre localisation de travailler sur des représentations
symboliques. On a plus besoin d’être capable de gérer une représentation duelle.

Parce qu’ici, c’est la grande pièce qui est devenue petite : c’est une seule et même chose qui a simplement été
changé en taille. Les enfants de 2 ans et demi n’ont plus aucune difficulté à faire la correspondance

Conclusion :

Ce qui permet l’utilisation efficace de symboles, c’est l’INSIGHT REPRESENTATIONNEL, c’est-à-dire la


compréhension de la relation entre le symbole et le référent.

Cet insight dépend de la mise en place d’une double représentation du symbole (représentation duelle)

► B. L’enfant producteur de représentations symboliques : développement du dessin

L’activité du dessin commence à partir de la 2ème année de l’enfant, à partir du moment où il y a coordination
entre le regard et les gestes de la main.

❖ Le développement du dessin décrit par Luquet (1927), un contemporain de Piaget

Luquet a proposé une théorie proposant les étapes du développement du dessin en 1927. Il va dégager
différents stades dans le développement du dessin d’enfant.

Le premier stade : 2ème année ⇨ stade du gribouillage

Page 3 sur 6
Cours 2 – Regards contemporains sur le développement cognitifPsy dév

Il n’y a aucune forme fermée, des traits épais et des traits fins. Il n’y a quasiment pas de contrôle. Ce sont
essentiellement les manifestations d’une activité purement sensori-motrice : on laisse une trace

Le deuxième stade : 3ème année : ⇨ Stade du réalisme fortuit

L’enfant attribue de la signification à ce qui nous apparait comme du gribouillage. Dans l’exemple, il y a de l’eau
avec de la tempête, un bateau et un marin.

L’enfant voit une possibilité symbolique, il attribue des significations à postériori (pas de projet au départ) en
fonction de ce qu’il a représenté et elles ne sont pas stables. Elles sont aléatoires, fortuites.

Cette possibilité de fluctuation traduit qu’il n’y a pas de ressemblance évidente entre la trace et les
significations attribuées.

Le troisième stade : 4ème année ⇨ Stade du réalisme manqué

Il y a une intention de représentation de quelque chose mais il y a un écart entre son dessin et ce qu’il pense
avoir représenté.

Le quatrième stade : entre 4 et 8 ans ⇨ Stade du réalisme intellectuel

Phénomène de transparence : la maîtresse est dessiné habillé mais on voit le bébé à l’intérieur de son ventre.

⇨ L’enfant dessine non pas ce qu’il voit mais ce qu’il sait du monde.

Phénomène de rabattements : L’enfant déplie les choses pour dire ce qu’il sait. Par exemple il dessine une table
vue du dessus mais avec les 4 pieds rabattus sur le même plan que le plateau. Il représente ce qu’il sait de la
table et non pas ce qu’il voit

Il sait aussi faire des représentations conventionnelles

Le cinquième stade : vers 9 ans ⇨ Le réalisme visuel

L’objectif est de produire un dessin représentant la réalité

► II. Evolution du dessin du bonhomme

Baldy, R. (2005). Dessin et développement cognitif. Enfance, 57(1), 34-44. (CAIRN)

Baldy (2002) nous dit que « Le dessin est un assemblage de signifiants graphiques, respectant une
syntaxe, qui acquiert un sens global différent de celui de chaque signe ».

Les signifiants graphiques pendant très longtemps sont relativement restreint : formes fermées circulaires et
des tirets. Ces deux signifiants vont prendre des significations différentes selon le dessin dans lesquels ils sont
insérés.

Les tirets peuvent représenter les rayons du soleil, les doigts, les jambes d’un animal, les pétales de fleur…

Baldy a rassemblé les évolutions développementales : vocabulaire du dessin

Page 4 sur 6
Cours 2 – Regards contemporains sur le développement cognitifPsy dév

A partir du gribouillage, vers 3 ans environ, Baldy nous dit qu’émerge les premiers dessins de
bonhommes identifiables. On y voit en général la tête, les yeux et les jambes

Aux alentours de 5 ans vont apparaître les bras, le nez, la bouche, le tronc et les pieds. Les cheveux, les
doigts et les vêtements n’apparaîtraient qu’aux alentours de 7 ans

On peut y voir le bonhomme rond, et le bonhomme en pièces détachés.

Dans le bonhomme rond, l’enfant nous montre qu’il se centre sur la globalité : le bonhomme est opposé à
l’extérieur. Dans le bonhomme en pièces détachés, l’enfant n’a pas réussi à l’organiser en un tout. Le
bonhomme en pièce détaché ressemble à une énumération.

Vont émerger ensuite les bonhommes têtards : formes fermées. Il manque une deuxième forme fermée pour
ne pas être perturbée. Les éléments rayonnants autour de la tête sont décrits comme étant le membre, ce qui
semblerait alors être le tronc. Tête ou Tronc ?

❖ Cox (1992) propose alors à des enfants de 3 et 4 ans d’ajouter le nombril à la fin du dessin.

Les résultats sont équirépartis : 50% des enfants placent le nombril à l’intérieur de la forme fermée et 50% en
dessous de la forme fermée.

Si on montre des dessins de bonhommes têtards et des bonhommes conventionnels, l’enfant doit nous dire
que le plus conventionnel est le mieux. 84% des enfants considèrent que le bonhomme têtard est le mieux,
le dessin qu’ils arrivent à produire.

Ce n’est donc pas simplement un problème de coordination au moment de la production, mais un problème de
représentation.

60% considère que le plus idiot de tous est celui qui nous semble le plus complet (avec une tête et un tronc).

Après les bonhommes têtards, on a les bonhommes intermédiaires. Le tronc n’a pas encore une existence
graphique à part entière, mais il y a un début. C’est un bonhomme de transition.

On a ensuite les premiers bonhommes conventionnels, qui sont soit filiformes, soit « tubes ». Les bonhommes
filiformes sont observés un peu plus tôt que les bonhommes tubes.

Ces bonhommes sont construits sur un mode additif.

Plus tard, on aura une majorité de bonhommes contour. Ils impliquent que l’insertion des bras dans le dessin
du tronc a été planifié. Ce n’est pas une forme fermée puis des bras ajoutés. C’est là qu’on va trouver
l’introduction du cou pour coordonner la tête et le tronc.

Page 5 sur 6
Cours 2 – Regards contemporains sur le développement cognitifPsy dév

Baldy défend l’idée qu’à tout moment, les différents types de bonhommes pourront être représentés par
un enfant. Mais à chaque âge, il y a un type de bonhomme plus fréquent que l’autre.

A 4 ans, c’est le bonhomme têtard, à 9 ans, c’est plutôt le bonhomme contour qui est majoritaire.

Il y a une variabilité intra-individuelle dans les dessins de bonhomme.

On passe d’un modèle en stade, en escalier de Piaget, à un modèle en Vague qui se chevauche de Siegler

xx

► I. XXX

► A. XXX

► 1. XXX

Page 6 sur 6

Vous aimerez peut-être aussi