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Regrets, les [Joachim Du Bellay]

1 PRÉSENTATION

Regrets, les [Joachim Du Bellay], recueil de poèmes de Joachim Du Bellay, publié en 1558.

De 1555 à 1557, alors qu’il séjourne à Rome auprès de son cousin, Du Bellay consigne impressions et commentaires sous
forme de poèmes. Il en résulte un recueil de 191 sonnets en alexandrins, les Regrets et autres œuvres poétiques, publié la
même année que les Antiquités de Rome.

2 LE BILAN D’UNE EXPÉRIENCE ROMAINE

À l’opposé des Antiquités de Rome, qui interroge philosophiquement la destinée de Rome, les Regrets dresse le tableau
personnel des impressions laissées par ses mœurs contemporaines. Du Bellay fait le choix, annoncé par les poèmes
introductifs, du genre du journal au quotidien, méditation par rapport à l’ennui qui l’envahit au fil des étapes de son séjour : la
vie à Rome (sonnets 1 à 127), le retour de Rome (128 à 145) et la reprise de sa vie à Paris (146 à 191).

3 LES TRIBULATIONS D’UN POÈTE EXILÉ

Méditation nostalgique, spectacle satirique, hommage révérencieux se partagent le recueil, définissant une nouvelle poétique
dite « dépitée ». Du Bellay expose ses divers regrets dans une progression qui rend compte de leur résonance intime : le
recueil passe ainsi de la mélancolie à l’amertume, de l’écœurement à la ruine, pour aboutir à une sagesse qui serait comme
l’exutoire du regret. La chronique occupe cinq parties : la première (1 à 24) dit la nouvelle inspiration que l’exil donne au
poète exclu de la communauté de ses pairs demeurés en France. La nostalgie du pays natal et les vanités du voyage romain
occupent la deuxième partie (25 à 58), confirmées par l’importance flatteuse, mais trompeuse, des privilèges accordés à son
nom (39 à 50). Dans les soixante-dix-sept poèmes suivants, l’élégiaque laisse place au satirique : Du Bellay prend à partie les
mœurs peu édifiantes de la cour et de la rue romaines, tâchant de leur opposer les promesses d’une morale personnelle toute
stoïcienne. La perspective du retour en France (128 à 138) oppose la joie d’un bonheur espéré à l’angoisse, vite confirmée par
la désillusion que Du Bellay retrouve en France, identiquement à l’Italie (139 à 146). La fin du recueil (147 à 191), suite de
louanges adressées à ses amis, protecteurs, au roi et à Marguerite de Valois, chante des valeurs espérées pourvoyeuses de
salut pour le royaume de France autant que d’apaisement pour le poète trop longtemps ignoré.

4 LES RESSOURCES D’UNE POÉTIQUE NATURELLE

Les quinze premiers sonnets définissent le genre des Regrets comme une poésie de parole, celle d’un homme témoignant de
l’expérience humaine sans prétentions savantes. Le recueil, où le poète, cultivant l’art de l’antithèse, s’épanche et se rétracte
selon l’alternance de la vie que le regret symbolise, oscille entre le sentiment de nostalgie du passé et le défi lancé au présent,
dans un souci apparent de simplicité dans la forme, le rythme, la tonalité et la recherche permanente du pittoresque dans les
images.

5 TRADITION ET SINGULARITÉ

Malgré une apparente renonciation aux prescriptions de la Défense et Illustration de la langue française dans le choix d’une
poésie « naturelle » de style bas cherchant à plaire, Du Bellay n’abandonne pas l’imitation, empruntant la forme satirique en
sonnets, détournant sources antiques et images mythiques, modèles italiens de veine élégiaque ou sardonique, afin d’imposer
un genre très personnel, qui inaugure le chemin de la poésie inquiète, jusqu’alors peu emprunté à la Renaissance.

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