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Macro 4 – Chapitre 1

Marché du travail & chômage


TSE – année universitaire 2023-2024

Décembre 2023
Sommaire

1. Offre et demande de travail


2. Equilibre concurrentiel du marché du travail
3. Chômage frictionnel
4. Chômage keynésien
5. Modèle insider-outsider
6. Equilibre du marché du travail et courbe AS

Références:
• Mankiw
• Blanchard & Cohen, chap. 7
Taux de chômage (début 2023)

3
Etudier comment l’emploi et le chômage sont determinés est crucial
pour les décideurs politiques

Le chômage est la source de beaucoup de problèmes :


• Au niveau micro, le chômage pose des problèmes d’ordre
financiers et psychologiques (perte d’estime de soi/sentiment
d’être inutile à la société)
• Au niveau macro, le chômage entraîne des pertes de production
et donc de revenus → la demande agrégée diminue
• Cela est vrai même en présence d’une sécurité sociale →
l'assurance chômage pèse sur les finances publiques
• Première tâche du macroéconomiste : identifier pourquoi
certaines personnes cherchent un emploi et n'en trouvent pas
(déséquilibres sur le marché du travail).
Vers une définition du chômage
→concept normatif : dans une certaine mesure, la définition du chômage que l'on
utilise reflète des hypothèses sur le type de politiques publiques à mettre en
œuvre (et sur les personnes à cibler en priorité)

Plusieurs définitions possibles. Pour la France, 2 sources/définitions:

• Bureau International du Travail (BIT) et INSEE


• Pôle emploi (France Travail).

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• D’après l’INSEE et le BIT, un individu est considéré comme
chômeur si il est en âge de travailler (15 ans et plus) et :
– Est sans emploi
– En recherche active d’un emploi
– Disponible depuis au moins 2 semaines

• D’après Pôle Emploi:


– chiffre principal = " catégorie A " = demandeurs d'emploi inscrits à Pôle Emploi
tenus de faire des démarches actives de recherche d'emploi
– Ces travailleurs demandent à bénéficier des allocations chômage

• Les définitions sont différentes :


– Vous pouvez utiliser les services d'autres agences de placement et/ou chercher
du travail par vous-même et/ou refuser de percevoir des allocations de
chômage.
– Vous pourriez percevoir des allocations sans chercher activement un emploi (ce
que l'État veut généralement combattre, voir le débat sur la suppression des
allocations pour les chômeurs).
Quelques définitions :
• Population en âge de travailler : individus âgés de 15 ans ou
plus (en général 15-64)
• Population active = personne avec une activité professionnelle
rémunérée (employée) + celles cherchant un emploi (au
chômage)
• Population inactive = autres : étudiants, retraités, personnes au
foyer
• Taux de participation: Population active/Population en âge de
travailler
• Taux de chômage= Chômeurs/ Population active

Données :
• France (2022Q3) : 2,3 millions de chômeurs
• France, 2022Q3 : taux de chômage 𝑢 = 7,3%
Remarques sur la définition de la population active :

Le taux d'emploi ET le taux de chômage peuvent-ils augmenter en même


temps ?

→ Oui, si le taux d’activité (= taux de participation au marché du travail)


augmente.
... Inversement, le taux d'emploi ET le taux de chômage peuvent diminuer
simultanément si le taux d'activité baisse.

Comment le taux d’activité change-t-il ?


▪ Nous observons que l'entrée et la sortie des personnes dans la
population active dépendent de la situation de l'économie dans le cycle
conjoncturel (business cycle).

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2 effets :
▪ Effet du travailleur supplémentaire
Période de crise ➔ si le chef de ménage (la personne qui a le plus haut
revenu au sein du ménage) perd son emploi
➔ Les autres membres du ménage entrent sur le marché du travail pour
compenser la perte de revenu

▪ Effet du travailleur découragé


Période de crise (surtout lorsqu’elle dure, voir aux USA en 2010-2012 ou
pendant la grande récession de 1929) ➔ trouver un travail acceptable
devient plus difficile➔ sortie de chômeurs de la population active

En général les études empiriques montrent que l’effet du travailleur


découragé domine… ce qui entraîne une réduction de la taille de la
population active pendant les récessions/périodes de faible croissance,
et une augmentation pendant les expansions/périodes de prospérité.
➔ La population active est procyclique.
1. Offre et demande de travail

A. La demande de travail :

Attention : sur le marché des biens, l'entreprise fournit le bien et les


consommateurs sont du côté de la demande. Ici, les entreprises demandent du
travail, qui est fourni par les travailleurs

Fondement micro de la demande de travail : comportement de l'entreprise

• La firme maximise son profit :


→ Elle détermine les quantités de capital et de travail dont elle a besoin en
fonction des coûts
• Pour simplifier, on suppose que la quantité de capital est fixe : 𝐾 = 𝐾ഥ

• Ainsi la seule décision à prendre est le nombre de travailleurs à embaucher

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Programme de maximisation du profit :

→ max Π ഥ 𝐿)
= 𝑝𝑌 − 𝑤𝐿 sous contrainte : 𝑌 = 𝐹(𝐾,
𝐿
𝜕𝐹 𝜕2 𝐹
Hypothèses standards : 𝐹𝐿′ = > 0 and 𝐹𝐿′′ = <0
𝜕𝐿 𝜕𝐿2

→ Le travail est toujours productif

→ La productivité marginale du travail diminue à mesure que l'on ajoute de la


main-d'œuvre.

→ Fonction de production concave (ex : fonction logarithmique, fonction Cobb-


Douglas)

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• Condition d’optimalité (CPO):

𝑝𝐹𝐿′ = 𝑤
• Interprétation : à la marge, le coût d'un travailleur = la
productivité marginale

→ Résoudre le problème d’optimization nous donne la fonction


de demande de travail, qui dépendra négativement du salaire
réel :
𝑤 𝑤
𝐹𝐿′ = , ainsi 𝐿𝐷 = 𝐷
𝐿 ( )
𝑝 𝑝

→ Exercice avec une fonction Cobb-Douglas


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B. Offre individuelle de travail :

Fondement micro de l’offre de travail = arbitrage conso-loisir du ménage

• L'utilité de l'agent augmente avec son niveau de consommation et son


𝜕𝑈 𝜕𝑈
temps libre (loisir) : 𝑈(𝑐, 𝑙) avec > 0 et >0
𝜕𝑐 𝜕𝑙

• L'utilité diminue lorsque l'offre de travail augmente

• Cependant, pour consommer davantage, il doit travailler pour gagner un


salaire, et donc renoncer à son temps libre. Ainsi, il y a un arbitrage
entre consommation et loisir

→ Le salaire réel peut être interprété comme un coût d’opportunité du


loisir

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Notations : 𝑐: consommation, 𝑙: loisir, ℎ: heures travaillées tel que
ℎ = (24 − 𝑙) et 𝑅: revenus non salariaux

• L'agent cherche à maximiser son utilité, sous contrainte de consommer


moins que son revenu : max 𝑈(𝑐, 𝑙) sous contrainte 𝑝𝑐 ≤ 𝑤ℎ + 𝑅
𝑐,𝑙

→ Deux outils pour résoudre ce problème:

• Résolution formelle (Lagrangien)

• Représentations graphiques (méthode du TMS)

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• Méthode formelle :
- Le problème de maximisation peut s’écrire:

max 𝑈(𝑐, 𝑙)
𝑐,𝑙
s.c 𝑝𝑐 ≤ 𝑤 24 − 𝑙 + 𝑅
- Le Lagrangien s’écrit :

ℒ 𝑐, 𝑙, λ = U c, l + λ(𝑅 + 𝑤 24 − 𝑙 − 𝑝𝑐)

- Conditions du premier ordre (CPO) :

𝜕ℒ 𝜕𝑈 𝑈𝑚𝑙
• =0 ⟺ − λ𝑤 = 0 ⟺ λ=
𝜕𝑙 𝜕𝑙 𝑤

𝜕ℒ 𝜕𝑈 𝑈𝑚𝑐
• =0 ⟺ − λ𝑝 = 0 ⟺ λ=
𝜕𝑐 𝜕𝑐 𝑝
𝜕ℒ
• = 0 ⟺ 𝑝𝑐 − 𝑤 24 − 𝑙 − 𝑅 = 0 15
𝜕λ
• La solution de ce programme de maximisation est caractérisée comme suit
:

𝑈𝑚𝑙 𝑤
=
𝑈𝑚𝑐 𝑝
et 𝑝𝑐 = 𝑤 24 − 𝑙 + 𝑅

→ À l'optimum, le consommateur choisira la consommation et les loisirs de


manière à ce que le ratio des utilités marginales (le TMS) soit égal au
salaire réel.

→ Le salaire nominal 𝑤 peut être interprété comme le "prix" du loisir (le prix
relatif est 𝑤/𝑝, également connu sous le nom de salaire réel).

→ Il dépensera tout son revenu (dans les modèles statiques, ne pas


dépenser son revenu total ne peut être optimal + pas d'argent dans la
fonction d'utilité).
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• Représention graphique :

• La contrainte peut s’écrire :

pc  w( 24  l )  R
w R w
 c  ( 24  )  l
p p p

• Soit :
w R
R0  24 
p p
R0 correspond au niveau de consommation maximal que l'agent atteindrait en
travaillant tout le temps, i.e. 𝑙 = 0.
→ Attention : 𝑅 est nominal, mais 𝑅0 est une variable réelle !

• La contrainte budgétaire devient :


𝑤
𝑐 = 𝑅0 − 𝑙
𝑝
17
Graphiquement :

c 𝑤
𝑐 = 𝑅0 − 𝑙
Ro 𝑝

w
R p

24 l

Remarque : ici, 𝑅 > 0

18
Choix optimal du nombre d’heures de travail
• Cas 1: solution intérieure
𝑤
→ pour un salaire donné , représentons le choix optimal :
𝑝 0

c
A
E*

c*

R
p
h*

l* 24 l
L'agent augmente le nombre d'heures travaillées jusqu'à ce que la courbe
d'indifférence soit tangente à l'ensemble des choix admissibles.
𝑈𝑚𝑙 𝑤
⇒ Toujours à l’optimum : = et tout le salaire est dépensé
𝑈𝑚𝑐 𝑝
19
Cas 2 : solution en coin
Considérons un salaire réel plus bas :
𝑤 𝑤
<
𝑝 1
𝑝 0
La contrainte budgétaire change :
c

A
E*

R
p

24 l

Dans ce cas particulier, l* augmente à 24 heures ➔ l'agent n'est pas incité à


travailler. Son offre de travail est nulle.
→ Attention, les calculs avec le Lagrangien sont délicats dans ce cas ! La
représentation graphique est plus facile
Effet d'une augmentation du revenu hors travail
de 𝑅 à 𝑅'
c

E*’

R'
p
E*

R
p

24 l

→ Une augmentation du revenu non lié au travail accroît à la fois la consommation et les
loisirs (les loisirs sont un bien normal).

21
Effet d'une augmentation du salaire réel ? → 2 cas

R
p

24 l

Cas 1 :
→ Une augmentation du salaire réel peut accroître la quantité de travail fournie.
22
Effet d'une augmentation du salaire réel ? → 2 cas

R
p

24 l
Cas 2 : Une augmentation du salaire réel peut également diminuer la quantité
de travail fournie.
23
• Effet d'une augmentation du salaire réel → dépend des
préférences des agents
c

R
p

24 l
→ Une augmentation du salaire réel peut augmenter ou diminuer la quantité de
travail fournie.
→ Cela dépend de la forme des courbes d'indifférence/de la fonction d'utilité/
des préférences de l’agent ! 24
Effet de substitution/effet de revenu

Suite à une augmentation du salaire réel, il y a deux effets opposés : un effet de


revenu et un effet de substitution.

Effet de revenu : le salaire réel augmente, le revenu du travail augmente, l'individu


se sent plus riche → le temps libre augmente, l'offre de travail diminue.
Augmentation des loisirs et de la consommation

Effet de substitution : le salaire réel augmente, le coût de l'inactivité augmente


(salaire réel = prix relatif de la consommation-loisir) → Cela crée une incitation à
travailler.
Augmentation de la consommation, diminution des loisirs (substitution)

→ L'offre de travail peut augmenter ou diminuer les salaires réels. Cela dépend de
l'importance relative de ces deux effets (c'est pourquoi il y a deux graphiques ci-
dessus).

25
Effet d'une augmentation du salaire réel :
Décomposition graphique des effets revenu et substitution (au sens de
Hicks)
c

Effet substitution (au sens de Hicks)


E1 de E0 à ES
→ Même niveau d’utilité

ES
Effet revenu:
de ES à E1
E0 → Pas de changement dans les prix
relatifs
R Effet total = effet de substitution + effet
revenu
p

24 l

→ Dans le cas ci-dessus, l'effet substitution l'emporte sur l'effet revenu.


Une augmentation du salaire réel accroît l'offre de travail.
26
Empiriquement, c’est ce que nous pouvons observer au niveau individuel :

▪ Pour les salaires relativement bas, l'effet de substitution domine. L'offre


de travail est une fonction croissante du salaire réel.
▪ Pour des salaires relativement élevés, l'effet revenu domine. L'offre de
travail est une fonction décroissante du salaire réel.
▪ → au-dessus d'un salaire réel donné (propre à chaque individu),
l'offre de travail diminuera.
Note

▪ Cet effet n'est pas le même, en moyenne, pour les femmes et les hommes
▪ Pour les hommes, lorsque le salaire réel augmente, l'effet sur les heures
de travail fournies est ambigu.
▪ Pour les femmes, les heures de travail fournies augmentent

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Pour obtenir la courbe d'offre de travail d'un individu, nous faisons le même
exercice pour différentes valeurs du salaire réel.
𝒘
→ Nous obtenons que l'offre de travail est une fonction du salaire réel : 𝑳𝒔 ( )
𝒑

L’effet
revenu
domine
s
L’effet de
substitution
domine

𝑤 𝑤
• 𝑤 est appelé le salaire de réserve. Si < alors les individus n’offrent pas de
𝑝 𝑝 𝑅
𝑝 𝑅
travail.
• 𝑠 est le niveau pour lequel 𝐿𝑆 cesse d’être une fonction croissante.
Exercices d'auto-évaluation :
Utilité 𝑈 = ln 𝑐 + ln 𝑙
1. Calculez l′offre de travail optimale en fonction de 𝑅, 𝑤, 𝑝
𝑤
2. C𝑎𝑙𝑐𝑢𝑙𝑒𝑧 𝑙𝑒 𝑠𝑎𝑙𝑎𝑖𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑟é𝑠𝑒𝑟𝑣𝑒 , si il existe
𝑝 𝑅
3. Calculez la valeur de s, la valeur du salaire réel pour laquelle 𝐿𝑆
𝑤
cesse d′être croissante 𝑒𝑛 ( ), si il existe
𝑝
4. (*) Calculez puis dessinez l'effet de revenu et de substitution d'un
changement du salaire nominal.
𝑙 1−𝜎
5. (*) Mê𝑚𝑒 𝑞𝑢𝑒𝑠𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑈 𝑐, 𝑙 = 𝑐 + où 0 < 𝜎 < 1 (vous
,
1−𝜎
pouvez utiliser 𝜎 = 1/2 pour faciliter les calculs)

29
C. Offre de travail agrégée
▪ Offre agrégée = somme des offres individuelles :
Offre individuelle Offre agrégée

a+b+c


w
p c


a+b
w
p b a


w
p a
Pas d’offre de travail

▪ Les individus entrent sur le marché du travail un par un en fonction de leur


salaire de réserve
▪ Au niveau agrégé, nous considérons que la relation est toujours croissante
(conformément aux données).
2) Equilibre compétitif du marché du travail
Trouvons l'équilibre du marché du travail dans un contexte de concurrence pure
et parfaite. À l'équilibre,
𝑆
𝑤 𝐷
𝑤
𝐿 =𝐿 ( )
𝑝 𝑝
Hypothèses :

• Les agents sont homogènes

• Atomicité : grand nombre d’agents sur chaque face du marché

• Information parfaite

• Libre entrée et sortie (pour les entreprises sur le marché des biens ; pour les
travailleurs sur le marché du travail)
• Mobilité parfaite (non coûteuse) de la main-d'œuvre entre les emplois
→ Importante conséquence : les agents sont preneurs de prix
31
Graphique : Équilibre du marché du travail en situation de concurrence parfaite.

𝑤
𝑤
𝑝 For , excès d’offre de
𝑝 1
𝑤
travail→ va décroitre
𝑝

𝑤
𝑝 𝑤 ∗ ∗
1
Seul ( ,𝐿 ) peut être un
𝑝
∗ équilibre, lorsque 𝐿𝑆 = 𝐿𝐷
𝑤
𝑝

𝑤
𝑝 0

𝐿∗
𝐿
𝑤 𝑤
Pour , excès de demande → va
𝑝 0 𝑝
augmenter
Equilibre du marché du travail en concurrence pure et parfaite :
commentaires
• Le niveau d’emploi d’équilibre 𝐿∗ dépend des préférences
individuelles (pour l'offre de travail) et de la technologie (pour la
demande de travail).
𝑤 𝑤
• 𝐿𝑠 ( ) = 𝐿𝐷 donne l’équilibre : (𝑤/𝑝)∗ ; 𝐿∗
𝑝 𝑝
→ n'oubliez pas qu'un équilibre doit toujours être représenté par le prix et la
quantité pris ensemble (et non séparément).

• Concurrence parfaite (walrasienne) = vision à long terme :


après un certain temps, tous les prix s'ajustent et l'offre = la
demande sur chaque marché (y compris celui du travail).

• Les hypothèses sont très strictes → seulement un cadre de


référence (frictions négligeables)

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Lien entre le marché du travail en situation de concurrence pure et
parfaite et l'offre et la demande globales (à long terme)

• Si tous les prix s'ajustent et que le marché du travail s’équilibre, pour


des préférences et une technologie donnée, on obtient toujours le
même équilibre (en ce qui concerne l'emploi et le salaire réel).

• Une augmentation du prix des biens 𝑃 se traduit par la même


augmentation du salaire nominal 𝑤
(Rappel : variables réelles vs variables nominales)

• L'offre globale AS (à long terme, c'est-à-dire à l'équilibre sur le


marché du travail) est obtenue en remplaçant le niveau d'équilibre
de l'emploi 𝐿∗ dans la fonction de production → 𝑌 = 𝐹(𝐿∗ )

• L'offre globale est indépendante du prix des biens (inélastique au


prix).
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Offre globale - demande globale (à long terme)

• Dans le modèle AS-AD, la demande agrégée AD est déterminée en


modifiant le prix des biens dans le modèle IS-LM.

• Elle est décroissante dans le prix des biens (rappelons l'équilibre du


marché des biens : 𝑌 = 𝐶 + 𝐼 + 𝐺 et l'équilibre monétaire dans le
modèle IS-LM).

• L'offre agrégée à long terme (courbe LRAS) est verticale ; la demande


agrégée (courbe AD) est de pente négative dans le plan (𝑌, 𝑃).

• L'intersection de LRAS et AD donne l'équilibre à long terme de


l'économie, en particulier sur le marché des biens (𝑌,𝑃).

• PIB toujours identique, appelé niveau naturel de production 𝑌𝑁

35
Offre agrégée - demande agrégée (à long terme)

Vocabulaire: n𝐢𝐯𝐞𝐚𝐮 𝐧𝐚𝐭𝐮𝐫𝐞𝐥 𝐝𝐞 𝐩𝐫𝐨𝐝𝐮𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝑌𝑁

• L'économie reviendra toujours à son niveau naturel si nous attendons


suffisamment longtemps.

• Intuitivement : tous les prix ont le temps de s'ajuster + l'offre et la demande sur
le marché du travail réagissent aux changements de prix

• L'offre = la demande sur le marché des biens également (pas de pénurie de la


demande globale).

(N'oubliez pas la différence entre tendance et cycle : cela représente ce qui se passe
pour une quantité fixe de facteurs et une technologie donnée ; en fait, à long terme,
l'économie revient à la tendance).

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• À long terme, la position de la courbe
𝑃 de la demande globale n'est pas
pertinente pour les variables réelles
𝑤
telles que 𝐿, 𝑌 ou .
𝑃
• Elle n’impacte que les variables
nominales telles que 𝑃 ou 𝑤
• Les variables réelles sont
déterminées par les préférences et la
technologie
• Dichotomie classique : les variables
réelles et nominales sont
déconnectées
𝑃∗

(AD): 𝑌 𝐷 (𝑃)

𝑌
(AS): 𝑌 𝑆 𝑃 = 𝐹 𝐿∗ = 𝑌𝑁
Effet d'un choc négatif sur la demande agrégée :
P
AS

AD

AD’
L Y
L*
Y

Y=F(K,L)

Y*

45°
L Y
L*

L'ajustement s'opère par une baisse du salaire nominal. Ainsi, un choc négatif sur
la demande globale n'a que des effets nominaux.
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3. Chômage frictionel
• En concurrence pure et parfaite sur le marché du travail, il n'y a pas de chômage
• Le taux d'activité s'ajuste si les préférences individuelles ou la taille de la main-
d'œuvre 𝐿∗ changent.

▪ 𝐿ത = force de travail total


▪ 𝐿ത − 𝐿∗ = travailleurs inactifs

Les individus situés entre 𝐿ത et 𝐿∗ préfèrent ne pas travailler du tout pour le salaire
𝑤 ∗
, car leur désutilité marginale du travail est trop importante. Ces individus ne
𝑝
travailleront que pour un salaire plus élevé. 39
Commentaires:
• La théorie classique n'offre aucun jugement sur les personnes inactives. Il
s'agit d'un libre choix (toutes les préférences sont admissibles).
• La concurrence pure et parfaite est un cadre de référence. Dans tout ce qui
suit, nous examinerons ce qui se passe lorsque nous assouplissons certaines des
hypothèses (très fortes) de la concurrence pure et parfaite.

Au-delà de la concurrence pure et parfaite :

Levons l'hypothèse d'une réallocation/mobilité parfaite et sans coût de la main-


d'œuvre entre les entreprises.

→ Dans une économie, il y a toujours des travailleurs qui perdent leur emploi et
des chômeurs qui en trouvent un. Il faut du temps pour qu'ils changent de situation
sur le marché du travail.

→ Note : En général, il y a aussi des changements dans la population active. Pour


simplifier, nous supposons ici que la population active est constante.

→ → En raison de ces flux permanents d'entrées et de sorties, il existe toujours


un certain niveau de chômage frictionnel dans l'économie.
40
Modèle simplifié de chômage frictionnel :
𝑈
𝐴 = 𝐿 + 𝑈 ⇒ taux de chômage 𝑢 =
𝐴
Où 𝐴 : population active ; 𝐿 : employés ; 𝑈 : chômeurs
→ Ici on suppose que 𝐴 est fixe et exogène.

On peut représenter les entrées et sorties sur le marché par :


𝑠
𝐿 𝑈

• s : probabilité de perdre son travail (s: severance=finir le contrat)


• f : probabilité de trouver un travail
→𝑓 ; 𝑠 ∈ ]0,1[ supposé être exogène.

→À tout moment, la variation du nombre de travailleurs occupés est de :


𝐿𝑡+1 − 𝐿𝑡 = 𝑓𝑈𝑡 − 𝑠𝐿𝑡
Lorsque le marché est en état d'équilibre (lorsque les variables ne
dépendent plus du temps), le chômage est constant (de même
que le nombre de travailleurs employés).

Ainsi, les flux d'entrée et de sortie de l'emploi sont égaux en


régime permanent : 𝑓𝑈 = 𝑠𝐿

→Les nouveaux travailleurs remplacent les nouveaux chômeurs.

𝑈
Le taux de chômage à l'état d'équilibre 𝑢 = est tel que :
𝐴
𝑓𝑈 = 𝑠𝐿
⇔ 𝑓𝑈 = 𝑠 𝐴 − 𝑈
𝑈 𝑠
⇔𝑢= =
𝐴 𝑠+𝑓
Slide #42
→Le taux de chômage frictionnel (également appelé taux de
chômage naturel) dépend donc positivement de s et négativement
de f.
Exercice: supposons une économie telle que :
→ 1% des travailleurs perdent leur travail chaque mois (⇒ 𝑠 = 0,01) → Combien
de temps les travailleurs conservent-ils leur emploi en moyenne ?
→𝑓 = 0,25 (par mois). Quelle est la durée moyenne du chômage ?
→ Quel est le niveau frictionnel du chômage ?

Slide #43
→ 1% des travailleurs perdent leur emploi chaque mois (⇒ 𝑠 = 0,01) → durée
moyenne d’un emploi = 100 mois ≈ 8 ans
→𝑓 = 0,25 (par mois) Durée moyenne du chômage = 4 mois
→ Niveau du chômage naturel :
0,01
⇒𝑢= = 0,03846 ≈ 3,9%
0,01 + 0,25

(Attention : dans l'analyse classique, le taux de chômage naturel est le taux de


chômage frictionnel, sans rapport avec la différence 𝐿ത − 𝐿∗ )

Slide #44
▪ Pourquoi 𝑓 ≠ 1 ?
→ La recherche d'un emploi demande du temps (et est coûteuse :
informations sur les possibilités d'emploi, acquisition de
compétences...).
▪ Pourquoi 𝑠 ≠ 0 ?
→ Des chocs surviennent en permanence à l'échelle du secteur ou
de l'entreprise (crise, création de nouveaux biens, etc.)
▪ Effet plus marqué dans certaines industries/secteurs

Le taux de chômage naturel est assez difficile à réduire car :


▪ le marché du travail est très décentralisé, ce qui le rend difficile à
gérer.
▪ les politiques économiques visant à l'abaisser ont des effets très
tardifs et incertains (ex : politiques de formation, technologies
permettant aux entreprises et aux travailleurs de se rencontrer plus
facilement).
Slide #45
Les économistes classiques considèrent que le marché est au plein
emploi lorsque :

taux de chômage effectif = taux de chômage naturel

Commentaire : personne ne restera longtemps sans emploi ; les


emplois existent, les gens ont besoin de temps pour les trouver.

Remarque sur les hypothèses :

Le chômage frictionnel est obtenu en utilisant des paramètres


exogènes 𝑓 et 𝑠. Dans de nombreux modèles plus récents, ces 2
paramètres sont endogènes.

46
4. Chômage Keynésien

• Rappel : le "long terme" suppose que la demande = l'offre sur tous


les marchés et que tous les prix sont flexibles.

• A court terme, sur le marché des biens : il peut y avoir une pénurie
de la demande globale + des prix fixes (le niveau du prix global 𝑃
peut être rigide au niveau 𝑝;ҧ les salaires nominaux sont également
rigides).

• Le niveau d'équilibre de la production est donc déterminé par la


demande globale → avec des prix fixes, c'est le modèle IS-LM.

Slide #47
• Si la demande agrégée est suffisamment élevée, la production de
plein emploi est atteinte.

• Si la demande globale est trop faible, AD détermine l'équilibre sur


le marché des biens → faible niveau de production

• Faible niveau de production → Faible demande de main-d'œuvre


→ Faible revenu des travailleurs → Demande déprimée sur le
marché des biens → Faible 𝑌 → etc..

• certains individus sont au chômage (permanent), même si leur


offre de travail est positive. L'excédent d'offre de travail ne peut
pas être ajusté par des changements de prix si nous supposons
que les salaires nominaux ne peuvent pas non plus baisser : 𝑤
= 𝑤.

• Chômage Keynésien! (représentation graphique ci-dessous)


Slide #48
Équilibre de plein emploi (𝑓𝑒 : full employment)
𝑤
𝑝 P
𝐴𝐷𝑓𝑒

𝐴𝑆
𝐿𝐷 (𝑌𝑓𝑒 )

𝐿 𝑌𝑓𝑒 Y

𝑌 = 𝐹(𝐾, 𝐿)

𝑌𝑓𝑒

45°

𝐿𝑓𝑒 L 𝑌𝑓𝑒 Y
Slide #49
Que se passe-t-il si la demande globale est faible (𝐴𝐷1 ) et qu'il existe une rigidité des
salaires nominaux à la baisse (𝑤 = 𝑤)
ഥ ?

P
𝑤
𝑝

𝐴𝑆

𝐴𝐷𝑓𝑒
𝐿𝐷 (𝑌𝑓𝑒 )
L Y
𝐿1 𝐿𝑓𝑒 𝑌1 𝑌𝑓𝑒
Y

Y=F(K,L)

𝑌𝑓𝑒

45°
L Y

𝐿1 𝐿𝑓𝑒 𝑌𝑓𝑒
50
Selon ce modèle, une faible demande agrégée signifie une faible demande de
travail. Si le salaire nominal est rigide à la baisse, le niveau d'emploi est faible,
ce qui est cohérent avec une faible demande globale.

→ Inversion de la causalité par rapport à la vision classique

• Vision keynésienne : la demande globale a un impact sur la demande de


travail

• Point de vue classique : l'équilibre du marché du travail a un impact sur


l'offre agrégée

Slide #51
Si le salaire nominal était flexible, le niveau d'emploi serait plus élevé - ainsi que la
demande globale - et il n'y aurait pas de chômage.

▪Vision pessimiste du marché du travail : persistence de situations avec un taux de


chômage élevé et de faibles niveaux de production (par exemple, la Grande
Dépression).

▪Vision optimiste des politiques économiques : un équilibre avec une production


et un emploi plus élevé peut être atteint grâce à des dépenses publiques plus
importantes ou à la création de monnaie (pour soutenir la demande).

Problème : La rigidité des salaires est une hypothèse, pas une explication.
→ Une série de modèles ont tenté d'obtenir cette caractéristique comme un
résultat, et non comme une hypothèse

Slide #52
5. Le modèle Insider/Outsider : un exemple de rigidité
endogène
Méthode – Une autre rupture avec le modèle de la concurrence pure et
parfaite : marché du travail dual et frictions
Présentation générale du modèle Insider/Outsider
L'objectif du modèle est de rendre compte de l'existence d'une rente due au
statut d'emploi des travailleurs et d'expliquer pourquoi les salaires affichent
une rigidité à la baisse
De nombreuses questions auxquelles nous aimerions répondre (à partir
d'observations empiriques) :
- Si certaines personnes sont prêtes à travailler pour un salaire inférieur à
celui des personnes qui occupent actuellement les emplois, pourquoi n'y a-t-
il pas de remplacement ?
- Pourquoi les entreprises n'utilisent-elles pas la menace d'un remplacement
pour forcer les travailleurs actuels à accepter des salaires plus bas ?
- Comment expliquer la persistance des chocs sur le marché du travail
européen ?
Caractéristiques des marchés du travail réglementés : Marché du travail dual

Les individus ne sont pas tous dans la même situation (institutionnelle/juridique),


même s'ils ont le même niveau de productivité. Il faut considérer 2 catégories
d'individus, les insiders et les outsiders :
▪ Insiders : les travailleurs employés dans l'entreprise depuis longtemps. Il s'agit par
exemple de travailleurs ayant un contrat à durée indéterminée (CDI). Cela leur
donne un pouvoir de négociation sur le salaire.
→ L'entreprise a déjà investi de l'argent dans ces travailleurs : coûts d'embauche, de
formation, de recherche et de sélection.

▪ Outsiders: Le reste de la population active. Chômeurs, travailleurs ayant un contrat


temporaire (CDD).
Intuition des résultats du modèle Insider – Outsider :

▪ L'entreprise a déjà dépensé de l'argent pour embaucher l’insider. Si l’insider


est remplacé par un outsider, l'entreprise doit à nouveau payer ces dépenses
pour atteindre le même niveau de productivité qu'auparavant.

▪ Les insiders le savent.

▪ De plus, il y a un coût à licencier un insider.

→ Par conséquent, les insiders bénéficient d'une rente. Comme ils disposent
déjà d'un certain pouvoir de négociation, les entreprises leur verseront un
salaire plus élevé que le salaire de réserve des outsiders.
Modèle : (modèle statique, il faut toujours faire attention au timing dans
les exercices)

• Soit 𝑚𝐼 : nombre initial d’insiders dans l'entreprise (exogène - situation


initiale)

a. Demande de travail :

La firme choisit :
• 𝐿𝐸 : le nombre d’outsiders (E=entrants) à embaucher
• 𝐿𝐼 : le nombre d’insiders à garder (par définition 0 ≤ 𝐿𝐼 ≤ 𝑚𝐼 )

→ La production ne dépend que du travail total :

𝑌 𝐿 = 𝑌(𝐿𝐼 + 𝐿𝐸 )

(avec 𝑌’(𝐿) > 0 𝑒𝑡 𝑌’’(𝐿) < 0 )


Commentaires sur les hypothèses:

▪ Nous supposons que les insiders et les outsiders sont des substituts
parfaits et qu'il n'y a pas de différence de productivité.

Notations:
▪ 𝑤𝐸 : salaire d’un outsider
▪ 𝑤𝐼 : salaire d’un insider
▪ 𝑃: prix du bien
▪ 𝐻 = coût de l'embauche d'un outsider (exogène)
▪ 𝐹 = coût du licenciement d'un insider (exogène)

→ Ecrire le programme de maximisation


La firme résout :
max Π = 𝑝𝑌 𝐿𝐼 + 𝐿𝐸 − 𝑤𝐼 𝐿𝐼 − (𝑤𝐸 +𝐻) 𝐿𝐸 − 𝐹(𝑚𝐼 − 𝐿𝐼 )
(𝐿𝐼 ,𝐿𝐸 )

t.q. 𝐿𝐸 ≥ 0, 0 ≤ 𝐿𝐼 ≤ 𝑚𝐼

Où 𝑚𝐼 − 𝐿𝐼 est le nombre total d’insiders qui sont licenciés


⇒ Conditions du premier ordre (valide uniquement pour
des solutions intérieures) :
𝜕Π
= 0 ⟺ 𝑝𝑌 ′ 𝐿𝐼 + 𝐿𝐸 − 𝑤𝐼 + 𝐹 = 0
𝜕𝐿𝐼
𝑤𝐼 = 𝑝𝑌 ′ 𝐿𝐼 + 𝐿𝐸 + 𝐹

→Le salaire d'un insider doit être égal à sa productivité marginale plus les
économies réalisées grâce au coût de licenciement (pour que l'entreprise soit
indifférente à l'idée de licencier ou non l’insider).

𝜕Π
= 0 ⟺ 𝑝𝑌 ′ 𝐿𝐼 + 𝐿𝐸 − (𝑤𝐸 + 𝐻) = 0
𝜕𝐿𝐸
𝑤𝐸 = 𝑝𝑌 ′ 𝐿𝐼 + 𝐿𝐸 − 𝐻

→ Le salaire d'un outsider doit être égal à sa productivité marginale moins le coût
d'embauche (pour que l'entreprise soit indifférente à l'embauche ou non d'un
outsider).
Remarque importante sur les CPO

𝑤𝐼 = 𝑝𝑌 ′ 𝐿𝐼 + 𝐿𝐸 + 𝐹

𝑤𝐸 = 𝑝𝑌 ′ 𝐿𝐼 + 𝐿𝐸 − 𝐻

• ces deux CPO ne seront presque jamais satisfaites en même temps à l'équilibre
! → Les CPO sont utiles pour tracer les courbes de demande de travail
• L'entreprise n'embauchera et ne licenciera jamais en même temps (à cause
des frictions).
• Si 𝑯 = 𝟎 et 𝑭 = 𝟎, retour à la concurrence pure et parfaite
b. Modèle d’offre de travail :

▪ Nous supposons que 𝑤𝐸 = 𝑅, où 𝑅 est le salaire de réserve (𝑅 est également le


salaire de réserve des insiders) + offre de travail parfaitement élastique (par les
outsiders) à 𝑅

𝑤
𝑤𝐼𝑚𝑎𝑥 = 𝑅 + 𝐹 + 𝐻

𝑳𝑺𝑰
𝑤𝐸 = 𝑅

𝐿 = 𝐿𝐼 + 𝐿𝐸
▪ Les insiders ont une offre de travail parfaitement élastique à 𝑅, parfaitement
inélastique une fois que 𝐿𝐼 = 𝑚𝐼 (nombre limité d'insiders)

𝐿𝑆𝐼
𝑤

𝑤𝐼𝑚𝑎𝑥 = 𝑅 + 𝐹 + 𝐻

𝑤𝐸 = 𝑅

𝐿 = 𝐿𝐼 + 𝐿𝐸

𝑚𝐼
▪Nous supposons également que les insiders ont tout le pouvoir de
négociation. Par conséquent, ils détiennent la totalité de la rente
économique provenant des coûts d'embauche et de licenciement (cette
hypothèse peut être assouplie, nous y reviendrons plus tard).
→ Par cette hypothèse, 𝑤𝐼 sera le salaire maximum que les insiders
peuvent obtenir tout en conservant leur emploi (dépend du nombre initial
d'insiders).
→la rente de situation est la différence entre le salaire de l’insider et le
salaire de l'outsider
Retour au côté demande de travail du modèle

• Quelle est la valeur maximale de 𝑤𝐼 (dans la meilleure situation possible pour


les insiders) ?
• →Le salaire d'un insider ne peut jamais être supérieur au coût total que
représente pour l'entreprise le remplacement d'un insider par un outsider
(menace de remplacement).
• Pour obtenir le comportement de la demande de travail de l'entreprise
concernant les insiders, nous devons prendre en compte deux éléments :
1. A la marge, indifférence entre licencier ou garder un insider → salaire =
productivité marginale + coût de licenciement
2. A la marge, indifférence entre le maintien de l'insider et son remplacement
par un outsider → salaire = salaire de l'outsider + coût de licenciement +
coût d'embauche (menace de remplacement)

Soit 𝑤𝐼𝑚𝑎𝑥 = 𝑅 + 𝐹 + 𝐻, à l′équilibre 𝑤𝐼 ≤ 𝑤𝐼𝑚𝑎𝑥


Illustration graphique :

𝑤
𝑤𝐼𝑚𝑎𝑥 = 𝑅 + 𝐹 + 𝐻

𝐻+𝐹
H
𝑤𝐸 = 𝑅

𝑤 = 𝑝𝑌 ′ 𝐿𝐼 + 𝐿𝐸 + 𝐹

𝑤 = 𝑝𝑌 ′ 𝐿𝐼 + 𝐿𝐸
𝑅
𝑤 = 𝑝𝑌 ′ 𝐿𝐼 + 𝐿𝐸 − 𝐻

𝐿 = 𝐿𝐼 + 𝐿𝐸

▪ La courbe du milieu (en bleu) ne tient pas compte des coûts d'embauche. Il s'agit de
la courbe de demande de travail utilisée dans le modèle de référence de concurrence
parfaite.
Illustration graphique :

𝑤
𝑤𝐼𝑚𝑎𝑥 = 𝑅 + 𝐹 + 𝐻

𝐻+𝐹
H
𝑤𝐸 = 𝑅

𝑤 = 𝑝𝑌 ′ 𝐿𝐼 + 𝐿𝐸 + 𝐹

𝑤 = 𝑝𝑌 ′ 𝐿𝐼 + 𝐿𝐸
𝑅
𝑤 = 𝑝𝑌 ′ 𝐿𝐼 + 𝐿𝐸 − 𝐻

𝐿 = 𝐿𝐼 + 𝐿𝐸

▪La courbe verte est l'ensemble des points pour lesquels l'entreprise est indifférente
entre l'embauche d'un outsider et sa non-embauche.
▪ La courbe de demande de travail pour les outsiders est notée 𝐿𝐷𝐸
Illustration graphique :
𝑤
𝑤𝐼𝑚𝑎𝑥 = 𝑅 + 𝐹 + 𝐻

𝐻+𝐹
H
𝑤𝐸 = 𝑅

𝑤 = 𝑝𝑌 ′ 𝐿𝐼 + 𝐿𝐸 + 𝐹

𝑤 = 𝑝𝑌 ′ 𝐿𝐼 + 𝐿𝐸
𝑅
𝑤 = 𝑝𝑌 ′ 𝐿𝐼 + 𝐿𝐸 − 𝐻

𝐿 = 𝐿𝐼 + 𝐿𝐸

▪La courbe rouge représentée dans les slides précédentes est l'ensemble des points
pour lesquels l'entreprise est indifférente entre licencier ou garder un insider.
▪Pour obtenir la véritable courbe de demande de travail pour les insiders, nous
devons prendre en compte la menace de remplacement : 𝑤𝐼 ≤ 𝑤𝐼𝑚𝑎𝑥
▪ La courbe de demande de travail complète est composée de deux parties, comme
indiqué ci-dessus. Elle est notée 𝐿𝐷𝐼 → Dans ce qui suit, nous ne montrerons pas
toujours la partie horizontale, mais n'oubliez pas qu'elle est là
▪ Ensuite, nous étudions le choix de l'entreprise en fonction du nombre initial des
insiders: embauche d’outsiders (𝐿𝐸 > 0, 𝐿𝐼 = 𝑚𝐼 ), licenciement d’insiders (𝐿𝐼
< 𝑚𝐼 , 𝐿𝐸 = 0), ou status quo ? (𝐿𝐸 = 0, 𝐿𝐼 = 𝑚𝐼 )
→ Graphiquement :
w

Status quo
Embauche Licenciement insiders
outsiders
Remarques :
- (*) La situation 𝐿𝐼 < 𝑚𝐼 et 𝐿𝐸 > 0 n’est pas un équilibre, car la menace de
remplacement fonctionne, les insiders n'essaient jamais d'obtenir 𝑤𝐼 > 𝑤𝐼𝑚𝑎𝑥 .
- (***) le remplacement des "insiders" est une croyance hors équilibre (ne se
produit jamais dans la pratique)
w

Status quo
Embauche Licenciement insiders
outsiders
Les différentes situations :
▪ : On garde tous les insiders ( )
→ On embauche des outsiders jusqu’à ce que :

▪ : Status quo ( ).
→ Il n’y a ni embauche ni licenciement. On a :

▪ : Aucun outsiders n’est embauché.


→ La firme licencie des insiders jusqu’à ce que :

▪ Dans les deux premiers cas, il est optimal pour les firmes de payer un
salaire aux insiders, à cause de l’existence des coûts de licenciement
et d’embauche.
Commentaire sur la rente de situation :
▪ Dans les deux premiers cas, il est optimal pour les entreprises de payer
un salaire 𝑤𝐼 > 𝑅 aux insiders, l'existence de coûts d'embauche et de
licenciement créant une rente de situation.

▪ Comment cette rente est-elle partagée ? Tout le pouvoir de négociation


aux insiders → 𝑤𝐼 = 𝑝𝑌 ′ 𝐿𝐼 + 𝐿𝐸 + 𝐹 est le salaire d’équilibre.

▪ (*) sans l'hypothèse sur le pouvoir de négociation, le salaire d'équilibre


des initiés dans le cas du statu quo est difficile à déterminer. → Tout
salaire 𝑤𝐼 entre 𝑅 et 𝑝𝑌 ′ 𝑚𝐼 + 𝐹 est cohérent avec 𝐿𝐷𝐼 = 𝐿𝑆𝐼 = 𝑚𝐼
Pertinence empirique du modèle "insider-outsider" : persistance des
chocs

▪ En macroéconomie, un choc temporaire peut avoir des effets qui


perdurent après la fin du choc ; on dit que ce choc a des effets
persistants
→ Par exemple, une baisse de la productivité à la période T (choc
négatif) peut avoir des effets sur le niveau de l'emploi et du salaire
dans les périodes suivantes (T+1, T+2...), même si le niveau de
productivité revient à son niveau normal à T+1.

➔ Si tel est le cas, l'ordre dans lequel les chocs se produisent est
important !
Exemple historique d'un phénomène persistant : Taux de
chômage aux Etats-Unis et en France :

➢ Nous voyons clairement l'effet immédiat du premier choc pétrolier (1974)


sur les deux pays.

En France, la tendance à la hausse persiste, tandis que le taux américain ne


montre pas de tendance claire. → motive l'utilisation d'un modèle différent
pour la France (avec persistance des chocs)
▪ Comment rendre compte de cette persistance? Comparons deux modèles :
→ le modèle concurrentiel et le modèle insider/outsider.

1. Économie concurrentielle
w L

t
w T

L t
T

➔ Utile pour expliquer la situation des Etats-Unis


⇒ L'économie, qui se trouve initialement au point (𝐿1 , 𝑤1 ), subit un
choc négatif temporaire sur la demande, déplaçant le nouvel
équilibre vers (𝐿2 , 𝑤2 ). Lorsque la demande revient à son niveau
initial, l'équilibre revient au point(𝐿1 , 𝑤1 ).

→ Le modèle concurrentiel n'est donc pas en mesure d'expliquer la


persistance du chômage dans l'économie.
2. Modèle Insider/outsider
3 phases :
a) Avant le choc :
⇒ statu quo

Embauche Statu quo Licenciement d’insiders


d’ outsiders
b) Choc négatif en T (1973)
→ les 2 courbes de demande de travail se déplacent vers le bas

w LDI

LDE
~
m I
LI ,T
wImax  RF H
t
LDE ' T

R wE  R
~
w I
R
LDI '

~ t
LI ,T m I L  LI  LE T

⇒ Il y a maintenant trop d’insiders. La firme licencie (𝑚


෦𝐼 − 𝐿𝐼,𝑇 ) insiders.
c) La situation devient à nouveau favorable
→ retour à la courbe initiale

w
LDI
L  LI  LE

LDE
~
m I
LI ,T
wImax  RF H
wI
t
T
w I ,T
~
w I
R wE  R w I ,T
~
w I
R

t
~
LI ,T m T
I L  LI  LE

⇒ Une fois l'effet temporaire du choc passé, on revient aux courbes initiales.
L'entreprise n'a cependant aucun intérêt à réembaucher. Les 𝐿𝐼,𝑇 insiders
usent de leur rente de situation pour maximiser leur salaire ( 𝑤𝐼,𝑇 ).
➢ Chômage persistant; la situation des insiders qui sont restés s'est
améliorée.

➢ On voit donc que le modèle insider/outsider permet d'expliquer


les effets persistants d'un choc dans le temps.

→ Exercices: Que se passe-t-il si l'on part d'un choc de demande


positif sur le marché des biens / d'un choc de productivité positif ?
6. Équilibre du marché du travail et courbe d'offre agrégée

Rappels des sections précédentes/de la macro 3 :

Dans l'analyse macroéconomique, il existe un lien entre ce qui se passe


sur le marché du travail et le marché des biens
➢ et sur le marché des fonds prêtables, etc.
➢ notion d’équilibre général

Le comportement de l'offre agrégée est différent lorsque l'horizon


temporel change : long terme, court terme ou moyen terme.

Objectif de cette section : présenter le moyen terme comme une


situation intermédiaire, avec des prix flexibles et une information
imparfaite (et éventuellement des anticipations erronées sur l'avenir).

Les anticipations sont importantes:


• Pour l’entreprise et sa décision d’investissement
• Pour les travailleurs quand ils déterminent leur offre de travail
→ Nous allons nous consacrer ici à l’offre de travail
6. Équilibre du marché du travail et courbe d'offre agrégée

ത le salaire nominal 𝑊
A court terme : le niveau des prix est fixé 𝑃, ഥ est fixé
• Aucun marché (à l'exception du marché financier) ne peut s'ajuster
par des changements de prix
• L'offre agrégée est parfaitement élastique au prix
• La courbe SRAS (Short-run aggregate supply) est horizontale
• Si la demande est faible → excès d’offre sur le marché des biens → la
demande agrégée détermine les quantités d'équilibre
• La faiblesse de la demande
𝑃 agrégée se perpétuera d'elle-même

𝑃ത (SRAS)

𝑌
6. Équilibre du marché du travail et courbe d'offre agrégée

(Commentaires sur la demande agrégée en temps de crise)

A court terme : au fait, pourquoi 𝑌 𝐷 = 𝐶 + 𝐼 + 𝐺 est-elle faible ?


→ En partie à cause d’anticipations sur le futur!

Les arguments concernant les anticipations sur l'avenir sont un élément


central de la macroéconomie (voir chapitre 2) :
• Ceteris paribus, si les consommateurs anticipent une perte future de
revenus, ils consommeront moins
• Ceteris paribus, si les entreprises anticipent une faible demande
globale à l'avenir, elles investiront moins
• Ceteris paribus, si les investisseurs anticipent que certains agents
risquent de faire défaut, ils prêteront moins de fonds + ils essaieront
de vendre une partie de leur portefeuille → risque de krach financier
• Difficile de savoir et d'influencer ce qui est dans l'esprit des gens (voir
diapositive suivante + chapitre 2)
6. Équilibre du marché du travail et courbe d'offre agrégée
(Commentaires, suite)

Les anticipations et la fragilité de l'équilibre macroéconomique (Keynes,


Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, 1936) :

« L'instabilité économique trouve une autre cause, inhérente celle-ci


à la nature humaine, dans le fait qu'une grande partie de nos
initiatives dans l'ordre du bien, de l'agréable ou de l'utile procèdent
plus d'un optimisme spontané que d'une prévision mathématique.
Lorsqu'il faut un long délai pour qu'elles produisent leur plein effet,
nos décisions de faire quelque chose de positif doivent être
considérées pour la plupart comme une manifestation de notre
enthousiasme naturel (as the result of animal spirits) - comme
l'effet d'un besoin instinctif d'agir plutôt que de ne rien faire -, et non
comme le résultat d'une moyenne pondérée de bénéfices
numériques multipliés par des probabilités numériques. »

Des attentes pessimistes peuvent conduire à des résultats négatifs


conformes aux anticipations. → prophétie auto-réalisatrice
A long terme: tous les prix sont flexibles, toutes les quantités s'ajustent
librement sur chaque marché, les anticipations sont parfaites
• CPP sur le marché du travail → pour une technologie et des
préférences données, l'équilibre n'est pas affecté par un changement de
la valeur nominale des variables
• Toujours le même niveau de 𝐿∗
• Toujours le même niveau de production : l'offre agrégée est
parfaitement inélastique au prix
• LRAS (Long-run aggregate supply) est verticale, et 𝑌 = 𝑌𝑁
𝑃

(LRAS)

𝑌
𝑌𝑁
A moyen terme: tous les prix sont flexibles, toutes les quantités s'ajustent
librement sur chaque marché, mais l'information est imparfaite et les
anticipations sur l'avenir peuvent être erronées

Sur le marché du travail (Friedman & Phelps, voir le graphique page


suivante):
• On suppose que les travailleurs ne font que former des anticipations sur
𝑊
le niveau des prix 𝑃𝑒 quand ils offrent du travail : 𝐿𝑆 𝑒
𝑃
• Les firmes observent le niveau du prix 𝑃 pour déterminer leur demande
𝑊
: 𝐿𝐷
𝑃
• Si P > 𝑃𝑒 les firmes demandent plus de travail pour une valeur donnée
du salaire nominal 𝑊 ceteris paribus ; l'offre de travail reste inchangée car
elle ne dépend pas de 𝑃
• A l’équilibre 𝑤 ∗ ↗ et 𝐿∗ ↗
• Il y a plus de production: 𝑌 > 𝑌𝑁 quand 𝑃 augmente au-delà de 𝑃𝑒
Effet des anticipations sur le marché du travail, représentation
graphique dans l'espace (𝐿,𝑤)
Cas où 𝑃 augmente au-delà de 𝑃𝑒 :
𝑤
𝑊 • 𝐿𝑆 𝑃𝑒 ne dépend pas de 𝑃
• 𝑤 = 𝑃𝐹 ′ 𝐿 ⇒ 𝐿𝐷 ↗
• Alors à l′équilibre, une augmentation de 𝑃 (pour
𝑃↗ une valeur donnée de 𝑃𝑒 ) provoque une
augmentation de 𝐿∗

𝑊
𝐿𝑆
𝑃𝑒

𝑊∗ ↗

𝑊
𝐿𝐷 , 𝑃 > 𝑃𝑒
𝑃

𝑊
𝐿𝐷 , 𝑃 = 𝑃𝑒
𝑃

𝐿∗ ↗ 𝐿
Que se passe-t-il quand 𝑷 ↗:
• Offre de travail : 𝑃𝑒 , les anticipations de prix, ont été déterminées
avant de connaître 𝑃
𝑈𝑚𝑙 𝑤
• La condition d’optimalité = ne prennent pas en compte la
𝑈𝑚𝑐 𝑃𝑒
vraie valeur de 𝑃
→ La courbe 𝐿𝑆 ne bouge pas dans l′ espace (𝐿, 𝑤)
• Demande de travail : les entreprises observent le niveau des prix
avant de prendre leur décision de production
𝑤
→ La condition d’optimalité = 𝐹′(𝐿) dépend de 𝑃
𝑃
𝐷
→ La courbe 𝐿 se déplacera vers le haut dans l'espace (𝐿,𝑤)
• Condition d'équilibre : les quantités et le salaire nominal sont
modifiés à l'équilibre du marché du travail à la suite d'une
modification de 𝑃 → 𝑳 ↗ et 𝒘 ↗

→ Un niveau de travail plus élevé implique un niveau de production plus


élevé 𝒀 ↗
(*** Commentaire supplémentaire sur le salaire réel : dans l'hypothèse d'une
𝑊 ∗
productivité marginale décroissante du travail, ↘ quand 𝑃 ↗)
𝑃
Conclusion: sur le moyen terme, quand 𝑷 ↗, 𝒀𝒔 ↗
• Le niveau de la production augmente avec le niveau global des prix :
l'offre agrégée est élastique par rapport au prix.
• MRAS (medium-run aggregate supply = offer globale de moyen
terme) est croissante
• Attention : la position de la courbe MRAS dépend des prix anticipés.
• Expliquer comment se forment les anticipations → chapitre 2

(MRAS)

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