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4 Jbid, v. 27-30.
32: tingunt Gorgoneo punica rostra lacu.
5 Tbid. v.
ART DÉCORATIF ET POÉSIE AU SIÉCLE D'AUGUSTE
125
sIurgatelin solis fornnosius arbutus antris
et sciat indocilis currere lympha uias :
litora natiuis persuadent picta lapillis
uolucres nulla dulcius arte canunt.
changement d'esthétique,
à qui accorde à l'objet le pouvoir
lal'imitation, avait eu une conséquence immédiate, Rome,reconnu
naissance d'un art des
jardins- en jusque là
à
objets de cest-à-dire
de manière à provOquant
nature élaient la création lieux
de
plaisir et, plus rassembles, composés
prendre. généralement, la delectation esthétique que l'on assurer le
Le
plaisir que l'on prenait àvoir là « pouvait y
avoir été étranger au hature » dans sa réalitéparaît bien
renseigné sur stoicisme primiiil. Plutarque nous a quelgue nos
Plutarque, dans l'esthétique
de
le traité De la Chrvsippe. Celui-ci avait écrit, nous
animaux pour leur beauté, parcenatiure, «que la nature a produit bien
qu'elle est amie du
apprend
dos
variété»9. Mais il n'admet pas que lon éleve des beau et se plaît à la
il exclut de la paons «pour le plaisir», et
République
paons et d'entendre des
les hommes qui
sadonnent au plaisir de voir des
« Dans ce même rossignols - entendez, les amateurs de jardins
traité, De la République,
avoir dit que nous sommes disposés à continue Plutarque, peu après
ajoute qu'on orne parfois les champs de peindre même des immondices
qu'on élève des paons, des pigeons, des vignes grimpantes et de myrtes, et
perdrix, pour imiter leur cri et des
rossignols»!0, Le philosophe n'admettait comme beauté que celle du Logos.
et considérait comme une
perversion le plaisir que l'on prenait aux objets
sensibles. Nous retrouvons ici une position traditionnelle de la pensée
hellène, présente chez Platon et Aristote, l'intelligible l'emportant en valeur
sur le sensible.
L'épicurisme a adopté une conception inverse. Tandis que Chrysippe
soutenait que la beauté n'était que lun des moyens utilisés par Dieu pour sa
création - la queue du paon est la «raison d'être» de cet animal - mais ne
devait pas être objet de délectation pour l'esprit, Epicure et ses disciples,
tout en reconnaissant que la beauté rentre dans le plan du monde (on se
souvient de l'hymne à Vénus, au livre I de Lucrèce), pensent que le
sentiment que l'on en a est l'une des composantes de la uoluptas, donc qu'il
entre, avec les autres données des sens, dans la «moralité» (le Souverain
Bien).
Au temps de Cicéron, Posidonius admettait que la nature était un
et devait
modèle, proposé par la Raison universelle, mais que l'art pouvait
mesure où l'art révélait
la perfectionner, et, d'abord, l'imiter. Dans la Sénèque, lui, n'ad
l'action intelligente de l'homme, il devenait légitime!!,
suiv. (trad. E. Bréhier).
9 Plutarque, Contr. des stoic. XXI, 1044 b et
i0 Plutarque, ibid.
IV. Sénèque, Ad Luc. passim.
ART DÉCORATIF ET POÉSIE AU SIÉCLE D'AUGUSTE
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(allcias)dont la nature
pas peut se passer. Il est
wra
sposiTs d e Posidonius,
Sencque se révèle fort
proche
remarquable
de
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ortigue
pour nous ctonner. Ce changement de
n'est pas semble bicn
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humaine | iCnd acn taire CNprime une veritable condi
de tilaons,conditi
que le
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plutót qu pounuivant un dialogue entre consCience
plus claire, en établie
cnte lui et l'homme leset
son habilete, les aries.sCs propres productions, les Iruits deobjcts naturels
son activité e A
Ainsi. dans cet art
ne renforcee par la decoratil, convergent une tradition naturaliste roma.
retlexion philosophique et des éléments
iechnique grecquc, mais depouilles de leur empruntés a la
leur prsuppose rationnel. signification philosophique, de
allinas.
vie simple, contorme à la nature (au sens epicrten, non stocen),
La
satisfaction des besoins necessaires, ou quelque peu superthus, ais iars es
de la simple nature, tel est l'ideal de cette genertion, u jemaude
limites quotidienne est environnee detre en harmomie v
décor dont la vie
exigences de sa sensibilite Les Odes d'Horee illustrent nimrablement
au
ces que l'on commence à ressentir entre les etats de ime t ies
cet accord
nature. I| n'est sans doute i poss1ble iet, , probablement,
objets de poemes allient àtel ou tei tablea: la
nécessaire, de rappeler comment ces
mer, les arbres,
peupliers ou cvpres, qu agitent les briseK les rtassx,
montagne qui brille au lom, une greve ue kaguelle
cascades, la neige d'une
tirees des barques, la pleine lune de printemps tout le spectale uu
sont humaine, sur la mot, la brievete
monde) une reflexion sur la condition
est vrai, comme on Ta wutens, qe e
lemps. l'angoisse ou la serenite. Sil
representations de themes legendaires ontmnusee une signtication eligeuse t,
morale, voici que, le dex mager de hakue el
plus genralement, evmboler Nous
apparait dans les Curmina se charge, à wn our de Helatioh
quil
ici, le fond mème de ce lvrtsnHe, qui evt tre uNe
touchons,
statique enface du monde.ce mème caractere slatiqe appart;N à nage
Or, il est evident que le plus wuvent (et te beaueup)
telle que la conçoit, lEguln
the de la plastiquc, Certes, les peinturer wdveaemer de
lat deco atif augusteen. tableaus
aOnlCnlx, Cn une serie de
330
PIERRE GRIMAL
Mais nous avons dit que dejà
dans un paysage qui y chaque scène est
composition du décor sur occupe la plus grande composee
place. Si pour elle
dééroule l'heislteo-miréeme,
la ciste
Argonautes, puis, par les scènes Ficoroni, où se l'on en juge par la
I'Esquilin où sont représentés les historiques
que l'on voit
des
Samnites (peinture datant, semble-t-il, préparatifs de paix sur le
reliefs de la Basilique du IVe siècle av. entre toRomai
mbeauns
de
e
tradition de figurations Aemilia, il quiexistait dans l'art J-C), puis par les
rentes sortes dépopées. narratives,
Cette tradition correspondent, romain
en une solide
est habituel de citer à ce persistera dans poésie, aux diffe.
les tableaux qui 'art
propos
visiteurs dans la maison de Trimalcion et où
du maitre, ainsi que des jeux l'on voyait
se populaaieirnte,
present
et il
auaux
dans la petite ville. Aces tableaux particulièrement
répondent les fameux représentée
donnés
la
vie
la Porte de Nole, à Pompéi, où peintures du autrefoides
Or,
étaient figurés des jeux.
voici que, dans >'art augustéen, et, sans doute, tombeau
auparavant, s'affirme une autre tendance; l'art narratif déjà une
planté par un art de linstant, qui refuse l'anecdote ou la est génératsup-ion
largement
immobile. L'oeil n'est plus invité à suivre un récit, maisfigeà en un épisode
spectacle, qui devient objet de méditation. On pourrait ainsi contempler
opposerà uneun
peinture «épique », une peinture «tragique» ou «lyrique », Cette
n'est pas née à Rome. Elle existait depuis les origines de la tendance
grecque, et K. Schefold en a rassemblé et mis en lumière bjen des
peinture
exem
ples!7, mais il ne semble pas que, avant Rome, elle ait annexé la «natures
A Rome même, cet art «tragique », ou «lyrique» a inspiré les poètes.
Ainsi, les Elégies de Properce contiennent des méditations morales portant
sur des images humaines, un épisode isolé d'une légende ou d'un drame
sont
Ainsi nous voyons Briséis recevant le corps d'Achillel8; ailleurs, ce
véritables
Andromaque, ou Laodamie, ou Hélène, que l'on voit, au centre de
d'âme, un senti.
mégalographies qui servent àdéfinir chaque fois un état parfaitement
l'amour, et Properce est
ment, une variation sur le thème de
poésie; il se réfère explicitement
conscient de ce dialogue entre peinture et le répertoire de la peinture
que lui offrait
à ce musée du légendaire nombreuses répliques sur les murs des demeures
grecqu, dont il voyait de d'Horace
Schefold amontré que l'on trouve dans les Odes
romaines 19, K.
rappellent de fort près de représentations attestées
des exempla moraux qui
PIERRE GRIMAL
l'histoire
nous être racontée samenuisant au point de
tait un aujourd'
sujet » h ui insaisissable. Mais faut-ildisparaitre, ou.
raconté, une en toul
Farnésine,
qui
ou ceux de la Irise
fabula,
jaune
derrière les Vraiment
pavsagespenser qu'il
cas, de
franchissent un
inondée, ces 1illas dontpont, ces
à la
troupeaux
Maison d'
qui 'Auguste?des stucs deexis
Ces la
chose quà éroquer un on aperçoit au loin les paissent dans
vOyageurs
l'imagerie pavsage, Oç portiques une
servent-ils àprairie
legendaire
que ce genre de
et des
jpeinture éléments s'unissent
empruntés
des
à la thèmes familiers autrea
que son apparut
initiateur fut ce Ludius dontprecisémnent au réalit? Et
pas inventé les parle Pline temps qui nous l'on sait
thenes de
paysage,au mais il les I'aAncien. OCcupe,n'a
Ludius, certes,
Contemporaine, e les
çaient à populariscr lart des rattachant compositions projetés dans la réalité
dans sa peinture le jardins24, Cela réelles
revient à dire que acommen-
aussi pendant la meme changement d'esthétique dont la quil traduit
eux-mêmes plutot qu en raison période: les objets de poésie témoigne elle
de la tradition à nature sont aimés pour
naguere. Certes, cetie tradition est laquelle ils étaient
exemples empruntés aux Elégies de
Properce nous
toujours intégrésles
présente, et ressentie:
servent plus seulement de décor, un l'ont montré. Mais ile
chez Théocrite (au moins dans peu vague et
TTdvlle XI), conventionnel,
1ls prennent comme
nouvelle, accepte le plaisir quils donnent,
on une importance
d'abord, puis, à travers ce que l'on pourrait plaisir uniquement sensoriel
apPpeler leur interprétation
épicurienne, ils en viennent àse charger de symboles
Nous sommes ici en présence d'une véritable spirituels.
et au-delà. de la mnanière dont les révolution de l'esthétioue
hommes pensent leurs rapports avec le
monde des animaux, des plantes, des choses vivantes, ou qui semblent
telles, comme la mer, l'eau courante, le vent quianime les forêts. Ce sont
croyons-nous, les réflexions des philosophes qui ont amorcé cette révolu
tion, mais cela n'a été possible qu'en raison de plus anciennes tendances
qui existaient avant leur venue. C'est parce que les Romains n'avaient
jamais renoncé àperdre leur paradis rustique, parce quils n'avaient jamais
cessé de se défier de l'artificiel, pour vanter tout ce qui éait «naturel», que
l'innovation de Ludius fut si bien accueillie, et qu'au même moment les
spectacles de nature venaient orner les murs de leurs demeure, sans que
leur donner
l'on crút nécessaire, comme le voulait l'esthétique des Grecs, de
aventure humaine. L'art
comme prétexte quelque fabula et le récit d'une mêmes du romantisme,
racines
comme la poésie romaine sont donc ici aux
Paris IV
Universitede Pierre GRIMAL
INTERVENTIONS
Paolo Moreno:
Ciascuno di noi non può che confermare l'apprezzamento per le oservazioni di
Pierre Grimal sull''sestetica dell'epicureismo romano. Tuttavia e apparsa sorprenden
e la sua dichiarazione iniziale, che il rapporto natura arte, quale si pone tel
onlo non troverebbe precedenti nel mondo greco. L'intervento di Mario Toreli
servito aricordare quanto ciò sia legato a Teocrito ed alll'ellenismo. Vorrei aggung
re che ipunti toccati da Pierre Grimal, come caratteristiche originali del periodo ¢
dell'ambiente che ci interessano, non rappresentano altro che la continuità deila
diatriba estetica di etàclassica.
Democrito aveva teorizzato il valore relativo della visione, ed Apollodoro aveva
rifiutato una decorazione narrativa affermando di dipingere la parvenza " dele
cose : xypapia' e pavtaotuxn uIngç in Platone, species in Plinio'
Siparlava pertanto di valorionirici della pittura già a proposto di Parraie la
epigramma di Glauco,anteriore al ll secolo, aftermava che Parravto aveva dipuntu d
Platone, Crizia, 107 d: Repubblica. 365 c: 602 d: Fedone o9 b: E.C Keuls Pue and
Greek Painting, Leiden, 1978, p. l10; 15.
Platone, Sofista, 236 b4: Keuls, Plato and Greek Puining p cu,p lI3
Plinio, Naturalis historia, XXXV, 60.