Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
1980 N CATACH 1980 Lang Fr-La Ponctuation
1980 N CATACH 1980 Lang Fr-La Ponctuation
SOMMAIRE _
N. CATACH : Présentation 3
C. GRUAZ : Recherches historiques et actuelles sur la ponctuation
(compte rendu de la table ronde internationale CNRS-HESO-GTM
de mai 1978) 8
N. CATACH : La ponctuation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
C. TOURNIER Histoire des idées sur la ponctuation, des débuts de
:
imprimeurs 50
Bibliographie 125
85 F.
{E�trance
.
80 F.
{France
.
Paris-VIe
C.C.P. Paris 6251-92
confirmation indirecte dans la lenteur avec laquelle ils ont été élaborés et
dans la difficulté qu'ont eue à les définir les grammairiens et les typo
graphes Ces quatre signes appartiennent
». « à deux ensembles: signes de
ponctuation et dispositifs graphiques. Ils en forment l'intersection. L'union
des deux ensembles constitue les marques graphiques du texte». Ces
termes de marques graphiques de texte, signes de ponctuation,
dispositifs
graphiques, indicateurs graphiques d'énonciation, ainsi que les relations qui
les unissent, paraissent constituer un point de départ pertinent pour l'éta
blissement d'une typologie de la mise en page.
Claude Tournier, constatant qu'aucune véritable définition de la ponctua
tion n'est donnée dans les ouvrages en langue française propose la formula
tion suivante : La ponctuation est, dans un message écrit, l'ensemble des
«
des écoles et des époques» pour découvrir les liens des écrivains à la ponc
tuation. Les variations de la ponctuation reflètent des conceptions différentes
de la culture, de la mentalité collective, en particulier le passage progressif
«
vation du phénomène dans les autres pays où l'usage est différent mais avec
lesquels les échanges ne cessent d'augmenter, « ainsi pourrons-nous peut-être
parvenir à une première histoire de la ponctuation, mais conclut N. Catach
-
j'ose à peine en parler tant cette entreprise semble encore hors de notre
portée ».
15
LA PONCTUATION
((
idéographiques Il, ce qui ne correspond pas à la conception habituelle de nos
types d'écriture, en principe calqués sur les unités sonores;
-
(Dans cet article et dans l'ensemble de ce numéro, la mention Ponet. (1 et II) renvoie aux deux brochures
des Actes de la Table ronde CNRS. sur l'histoire de la ponctuation: La ponctuation, recherches historiques
et actuelles, fasc. I et II, Pub!. HESO-GTM,
1977-1979.)
16
inclusion/exclusion: qui est vrai, cela qui est faux (inclusion par
ceci
absence de signe, opposition entre les deux syntagmes par présence)
hiérarchisation des plans du discours: Oui, dit-il, c'est vrai (deux énon
ciateurs d�fférents).
-
Supplément sémantique :
Il dit:
-
17
Il faut bien nous rendre compte que, tout comme la photo en noir et blanc,
la page imprimée s'inscrit dans notre champ visuel par une série de contrastes
entre l'implicite etl'explicite :
«Le texte moderne, dit R. Laufer, prétendûment réduit à la seule écri
ture, n'a pu se développer que par son inscription dans un espace graphique,
espace resté implicite parce qu'il était visuel et non verbal. »
nel. Il comprend des unités de trois ordres de grandeur: au niveau des mots,
au niveau des
phrases, au niveau du texte.
Au niveau des mots, les espaces interlittéraux s'opposent aux espaces
(plus grands) inter-mots; l'absence d'espace pour l'apostrophe et le trait
d'union (lexicaux) s'oppose à l'espace ménagé après les signes de ponctua
tion syntaxiques. Le trait de division marque que le mot n'est pas terminé.
Au niveau des phrases, la majuscule marque le début de la phrase (à
elle seule au début du paragraphe), comme le point en marque la fin », «
A PROPOS DU BLANC
« Le blanc n'est
pas en effet seulement pour le poème une nécessité maté
rielle imposée du dehors. Il est la condition même de son existence, de
sa vie et de sa
respiration. Le vers est une ligne qui s'arrête, non parce qu'elle
est arrivée à une frontière matérielle et
que l'espace lui manque, mais parce
que son chiffre intérieur est accompli et que sa vertu est consommée Entre ...
un ensemble de vers et la
page qui le contient, le plateau où il nous est pré
senté Il Y a un rapport en quelque sorte musical
... » ...
Paul CLAUDEL.
« Un poème n'est point fait de ces lettres queje plante comme des clous,
mais du blanc qui reste sur le papier ... Les poèmes ont toujours de grandes
marges blanches, de grande marges de silence où la mémoire ardente se
consume
pour recréer un délire sans passé. »
Paul ÉLUARD.
18
croix, ronds, astérisques, étoiles, losanges, tous éléments dont les diction
naires, par exemple, sont particulièrement friands. La seule différence entre
ces
séparateurs et nos signes est une différence de fréquence et d'usage.
3.2. D'autres sont ce que l'on appelle des symboles, et partagent par
conséquent avec nos signes leur troisième fonction (complément sémantique) :
symboles grecs, mathématiques, techniques peuvent être prononcés ou non
(+ plus, moins, infini, :< inférieur ou égal à, etc.). On peut en compter
00
-
plusieurs dizaines sur les boules spécialisées dès machines à écrire, ce qui
prouve un usage assez étendu; ils complètent ou remplacent morphèmes,
lexèmes ou syntagmes et atteignent pleinement, par conséquent, un niveau
d'écriture idéographique: ce sont des logogrammes d'une espèce particulière.
C'est cet aspect de message direct, non alphabétique, ayant ou non un cor res
pondant à l'oral, qui les rapproche des signes de ponctuation.
Ainsi, le point abréviatif de M. (Dupont, Durand) oppose M (majuscule
de nom propre, qui renvoie aussi parfois au phonème /m/, parfois à la lettre
« ème ») à M. (le point remplaçant ici le segment [onsieurl d'un mot défini).
Le point abréviatif est un idéogramme d'une espèce particulière, en ce sens
qu'il peut se substituer à n'importe quel segment oral abrégé et qu'il est le
signe de cette abréviation.
19
4. Ponctuation et capitalisation
majuscules.
conçue, élaborée, mise au point et appliquée sous bien des aspects par les
gens du livre, en fonction des nécessités techniques et industrielles de ce
langage en conserve qu'est l'objet-livre 2. C'est ce que nous avons appelé
l'orthotypoqraphie, qui recouvre tous les aspects de l'orthographe (dont la
ponctuation, l'usage des majuscules, les divisions, certains accents, l'usage
des divers caractères, etc.) relevant essentiellement de l'autorité des ateliers
d'imprimerie, et qui sont explicitement traités comme tels dans les codes et
manuels typographiques.
De même qu 'une étude de la ponctuation ne peut se concevoir sans une
prise en compte des nécessités des espaces et de la mise en page, il est impos-
20
qu'on ait, après le XVIe siècle, préféré « guilleméter » les passages à mettre en
relief. Les guillemets, mis « au long» dans la marge, qui évitaient de changer
de caractères, se sont donc répandus largement, non seulement pour les cita
tions, mais pour les idées générales, les passages importants, et plus tard pour
les dialogues, de plus en plus nombreux dans les romans du XVIne siècle.
Aujourd'hui encore, italique et guillemets alternent et ont des usages souvent
interchangeables. De même, un titre entouré de blanc « épargne », lui aussi, le
soulignement ou l'italique, etc. La parole est aux gens de métier, qui auraient
beaucoup à nous dire sur ces échanges incessants.
Tout ce qui précède nous amène à une double définition, l'une large et
extensive, l'autre plus étroite, du domaine considéré:
Définition de la mise en page: Ensemble de techniques visuelles d'orga
nisation et de présentation de l'objet-livre, qui vont du blanc des mots aux
blancs des pages, en passant par tous procédés intérieurs et extérieurs au
texte, permettant son arrangement et sa mise en valeur.
Définition de la ponctuation: Ensemble des signes visuels d'organisation
et de présentation
accompagnant le texte écrit, intérieurs au texte et communs
au manuscrit et à
l'imprimé; la ponctuation comprend plusieurs classes de
signes graphiques discrets et formant système, complétant ou suppléant
l'information alphabétique.
1. Fonction syntaxique
La plupart des ponctèmes ont une fonction séparatrice et organisatrice.
La valeur des essentiellement séparateurs est nettement croissante :
signes
virgule (ou blanc); point-virgule (ou deux-points); points (interrogatif, excla
matif, suspensif, final); blanc d'alinéa, etc.
21
cours : la
séparation se fait ici non entre les segments de la chaîne syntaxique
principale (segments intrasyntaxiques), mais entre les locuteurs ou points
de vue, présents dans la situation de communication (segments intersyn
taxiques), ce que R. Laufer appelle la marque d'un « second régime» ou
niveau du discours: incises, parenthèses, crochets, marques de régie (dans
les scénarios et les pièces de théâtre par exemple), deux-points, guillemets,
tirets, alinéas, usage de l'italique, etc.
Le blanc, la virgule et le point apparaissent bien comme les unités de base
les moins marquées de cette fonction séparatrice. Ils servent autant pour les
segments intra- qu'intersyntaxiques. Ainsi, dans les incises, la virgule double
rejoint les parenthèses et les tirets comme signe d'énonciation. Historique
ment, elle a longtemps suffi, avec le point, pour introduire un discours direct
ou une citation 3.
2. Fonction supraseqmentale
Dire que la ponctuation n'a pas de correspondance avec l'oral est une
affirmation erronée, pour toutes sortes de raisons:
Tout d'abord, le langage oral est formé, comme nous l'avons dit, non
-
a été de
marquer les endroits où l'on pouvait (et où l'on devait) respirer
dans la lecture à haute voix (et il n'yen avait pratiquement pas d'autre) :
«
Spiritum reficiandi» (pour refaire son souffle) disait déjà Diomède, et
les grammairiens du xvm" siècle ne disent pas autre chose: « C'est pour
ce motif
que la ponctuation a été inventée », dit Leroy. Avec le développe
ment de la. lecture visuelle, cette fonction est, certes, moins ressentie par
le lecteur. Mais elle est bien vivante chez les écrivains, et c'est même l'as
pect le plus frappant de l'enquête que nous avons menée auprès d'eux (voir
plus loin l'article d'A. Lorenceau sur les écrivains).
tuant» le langage.
:3.
Matériellement, c'est la virgule qui est l'ancêtre du guillemet, lequel n'a été introduit en France en
tant
que caractère gravé de large diffusion qu'au xrx" siècle. Les Anglais utilisent encore les virgules renver
sées (inverted commas).
22
2.3. L'actualisation
C'est le plus souvent la rupture de l'ordre des mots qui est la plus révé
latrice, à l'oral, de la charge affective et communicative du message. La
4. F. Coldman-Eisler-. (I Discussion and further comments I), dans New Directions in the Studv of t.an
23
Au il a mangé
déjeuner, beaucoup de salade ...
3. Complément sémantique
La richesse et la variété idéovisuelles de la ponctuation actuelle n'ont
cessé de grandir avec le développement et la standardisation des imprimés.
Symboles d'éléments non répétés, substituts de morphèmes, translatifs de «
position» (L. Hirshberg), marquant par ex. les relatives non déterminatives;
structuration des plans du discours, opposant le plus important au moins
important, séparant le principal du secondaire, le toi (ou le lui) du moi, le
posé du présupposé, le thème du rhème », etc. 9, on commence seulement
« » «
[c'est pourquoi)
-
manger »(Le Bidois) [s'oppose à: les voyageurs qui avaient faim) ...
24
langage (elle nous appartient autant qu'aux gens de pratique), sur l'aspect
conceptuel (et pas seulement sonore) de la langue, sur le caractère idéogra
phique de toute écriture (et de notre orthographe).
A la suite du précurseur Vachek (1939) et d'autres linguistes du Cercle
25
série ou de sens (le t de enfant par ex., ou certains nt des finales verbales).
Il est aisé à présent de voir où se situent les ponctèmes, en tant que
classe particulière des graphèmes: si l'on reconnaît aux pauses et à l'into
nation le caractère d'une troisième articulation de l'oral, il faudra peut-être
trouver encore un mot
pour indiquer cette fonction, qui n'est ni vraiment
cénémique ni vraiment plérémique, qui est en tout cas dérivée» de l'oral, «
26
14. Pour la présentation d'ensemble du plurisystème graphique du français, voir N. Catach, L'Ortho
qrophe. Que sais-je?, PUF. 1978, et la Bibliographie des travaux de l'équipe HESO.
15. Dans Writing without letters, recueil d'articles publiés par Haas, MW1Ch. Univ., vol. 4, 1976.
27
*
**
Aux xv" et XVIe siècles, nous n'avons pas trouvé de définitions propre
ment dites de la
ponctuation. Certains auteurs, cependant, dressent des listes
de signes et en indiquent I 'usage.
Le premier à le faire est, à notre connaissance, Jean HEYNLIN 1 dans son
1. Pour tous les auteurs nommés ou cités, on trouvera les références exactes de leurs ouvrages dans la
Bibliographie générale. La virgula (ou suhdistinctio] de J. Heynlin est un trait droit (et non courbe), oblique,
plus épais en bas qu'en haut: sa longueur va du point moyen à la base des jambages inférieurs des lettres.
28
Larousse
DICTIONNAIRE
ENCYCLOPÉDIOUE
LAROUSSE
1 volume en couleurs
A la fois grand dictionnaire par son format et •il fait comprendre les réalités du monde
par la qualité de son illustration, et ouvrage moderne par des explications "encyclopé
de consultation aisée parce qu'il est en un diques" particuliérement développées;
seul volume, réunissant noms communs et
• il fait voir par l'illustration, tout en couleurs,
noms propres,
qui renforce et compléte définitions et expli
• il fait connaître tout le vocabulaire employé cations.
aujourd'hui dans la langue courante, dans
les médias et dans les grands domaines Un volume relié (23 x 29 cm), 1 536 pages,
présde 4 300 illustrations, tout en couleurs.
de la culture contemporaine;
Le ilL r Larousse:
le premier .