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Karima ZIAMARI
Introduction
On ne peut parler de la théorie de l’énonciation de Benveniste sans évoquer l’opposition qu’il
établit entre
– Histoire (récit) (énonciation historique)
– Discours (énonciation discursive)
Deux types d’énonciation ne doivent pas être confondus. Ils ont été introduits sur la base d’une
analyse des systèmes du temps du verbe en français par E. Benveniste :
« Les temps d’un verbe français ne s’emploient pas comme les membres d’un système unique,
ils se distribuent en deux systèmes distincts et complémentaires. Chacun d’eux ne comprend
qu’une partie des temps du verbe ; tous les deux sont en usage concurrent et demeurent
disponibles pour chaque locuteur. Ces deux systèmes manifestent deux plans d’énonciation
différents, que nous distinguons comme celui de l’histoire et celui du discours. » (PLG1 : 238)
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L’énonciation discursive (discours) :
« Il faut entendre discours dans sa plus large extension : toute énonciation supposant un locuteur
et un auditeur, et chez le premier l’intention d’influencer l’autre en quelque manière. C’est
d’abord la diversité des discours oraux de toute nature et de tout niveau, de la conversation
triviale à la harangue la plus ornée. Mais c’est aussi la masse des écrits qui reproduisent des
discours oraux ou qui en empruntent le tour et les fins : correspondances, mémoires, théâtre,
ouvrages didactiques, bref tous les genres où quelqu’un s’adresse à quelqu’un, s’énonce comme
locuteur et organise ce qu’il dit dans la catégorie de la personne » (PLG1 : 241-242).
L’Histoire
C’est le récit des évènements passés. L’énoncé historique se caractérise par le fait que le procès
d’énonciation qui l’a produit n’y laisse aucune trace : « les évènements semblent se raconter
d’eux-mêmes » selon E. Benveniste.
L’histoire « correspond à un mode d’énonciation narrative qui se donne comme dissociée de la
situation d’énonciation. Cela ne signifie évidemment pas qu’un énoncé relevant du ‘’récit ’’ n’a
pas d’énonciateur, de coénonciateur, de moment et de lieu d’énonciation, mais seulement que la
trace de leur présence est effacée dans l’énoncé » (Mainguenau 1993 : 35
Le passé simple, qui est « le temps de l’événement hors de la personne d’un narrateur », est le
temps de base de l’histoire. D’autres temps verbaux sont utilisés, comme l’imparfait.
Le futur est a priori totalement exclu : l’histoire qui rapporte un enchaînement de faits purs
supportés par un narrateur omniscient et invisible, est incompatible avec la tension d’un
énonciateur vers des faits non-réalisés. (Voir Maingueneau 1999 : 76).
Le Discours
L’inverse du premier type d’énonciation.
Le locuteur assume la validité de ses propos (quitte à concéder ses doutes et ses hésitations) et
n’hésite pas à influencer le destinateur auquel il s’adresse.
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Remarques :
Le discours s’inscrit nécessairement dans une sphère énonciative (interlocutive).
Il contient des embrayeurs et des déictiques
Il contient des modalisations.
Le système de temps mis en œuvre dans le discours est le suivant :
– Le temps de base est le présent, présent de l’énonciation ; les faits antérieurs à
ce présent sont rapportés au passé composé ou à l’imparfait. Les futurs, futur
simple et futur périphrastique (tu partiras / tu vas partir) relèvent uniquement
du discours : de fait, ils sont le résultat de visées de l’énonciateur vers l’avenir
à partir de son présent » (Maingueneau 1999 : 76)
Discours vs récit
Présent
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Il arrive que l’histoire doive anticiper sur la suite des évènements ; dans ce cas il ne s’agit pas d’un véritable futur
mais d’un pseudo-futur : (exprime une sorte de fatalité, de nécessité : aller / devoir à l’imparfait + verbe à l’infinitif)
(Voir Maingueneau 1993 : 38).
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Hétérogénéité? (interférences/imbrication/alternance)
Récit » et « discours » sont des concepts linguistiques qui permettent d’analyser des énoncés ; ce
ne sont pas des ensembles de textes. Rien n’interdit à un même texte de mêler ces deux plans
énonciatifs. C’est d’ailleurs la règle générale en ce qui concerne les textes au “ récit “, qui sont
rarement tout à fait homogènes, effacent difficilement toute marque de subjectivité énonciative. »
Dominique Maingueneau, 1993 :40.
Il n’est donc pas rare de trouver des compositions textuelles (mixtes) qui marquent leur appartenance
à ces deux plans énonciatifs (G-E Serfati 1997 : 42). Ainsi, et d’après D. Maingueneau (1993 : 41),
l’intrusion du discours dans le récit est fréquente (est de règle). L’inverse n’est pas courant :
l’intrusion de l’histoire dans le discours, excepté la citation : « on ne passe pas, en effet, sans difficulté
d’un système énonciatif centre sur le JE à un système qui s’efforce d’effacer la présence de
l’énonciateur. Quand cela se produit, on a affaire à une rupture délibérée, fortement significative »
(41).
Il s’agit donc de stratégies énonciatives qu’il faudrait définir selon l’énoncé analysé, à titre
d’exemple :
L’apparition du je dans l’histoire
La polyphonie ou la pluralité de voix