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Chapitre 7

Courant et résistance électrique

7.1 Causes du transport des charges

a) Deux conducteurs de potentiels différents.


Lorsqu’on réunit deux corps A et B portés à deux
potentiels différents VA et VB, des charges se
déplacent d’un corps à l’autre. Les charges A
positives quittent le corps à potentiel élevé, VA QA
par exemple, et s’accumulent dans B. QA diminue B
et par suite VA diminue. Par contre VB et QB VA QB
i
augmentent. Les deux potentiels vont à la
VB
rencontre l’un de l’autre et il arrive un moment où
ils deviennent égaux. Les charges n’étant plus
soumises à une différence de potentiel, ne se
déplacent plus : il y a équilibre électrique. Fig. 1
Pendant le déplacement, le fil est parcouru par des
charges en mouvement : c’est ce qu’on appelle le
courant électrique. On voit que le courant tend à égaliser les potentiels.
De même, dans le cas des condensateurs chargés dont on réunit les armatures, les charges se
déplacent jusqu’à ce que les potentiels des deux armatures soient les mêmes.
Si on relie un conducteur chargé à la terre dont le potentiel est nul par définition, il perd toutes ses
charges.

b) Générateur de tension.
Dans le cas de la décharge du condensateur, le circuit n’est le siège
d’un courant électrique que pendant un bref instant. Il existe des
appareils, comme nous l’avons vu en Electrostatique, qui _
permettent de maintenir une différence de potentiel entre deux +
pièces métalliques appelées bornes ou pôles, bien qu’elles soient
réunies par un fil conducteur: il en résulte un transport continu des
Fig. 2
Chapitre 11 : Courant et résistance électriques

charges. Ces appareils s’appellent générateurs ou sources de courant.


Lorsque la différence de potentiel maintenue entre les bornes du générateur est toujours la même, le
courant est constant ; il est continu. Les générateurs de courant continu sont les piles, les
accumulateurs et les dynamos.
On représente conventionnellement un tel générateur comme l’indique la figure 2 le grand trait
représente la borne positive et le petit trait la borne négative.

7.2 Courant et densité de courant électriques.

a) Courant électrique.
Les électrons libres d’un conducteur métallique isolé, par exemple ceux d’une portion de fil de
cuivre, se déplacent au hasard à la façon de molécules d’un gaz renfermé dans un récipient. Leur
mouvement dans le fil ne donne lieu à aucun déplacement résultant. Coupons maintenant ce fil au
moyen d’un plan arbitraire ; en tout temps, le nombre d’électrons traversant ce plan de droite à
gauche est égal au nombre d’électrons le traversant de gauche à droite ; le mouvement résultant est
donc nul.

Si on applique aux deux extrémités du fil une différence de potentiel, un champ électrique E sera
créé dans le fil. Ce champ exerce sur chaque électron une force électrique :
 
F = −eE
Grâce à cette force, l’ensemble des électrons acquiert une vitesse supplémentaire dans le sens

contraire à E . Cette vitesse est la vitesse d’entraînement ou la vitesse de dérive. Dans ce cas, le
débit de charges à travers une section du fil n’est pas nul. Si ce débit de charges en fonction du
temps n’est pas constant, la valeur instantanée de l’intensité du courant est donnée par la forme
différentielle :

dq
i= (1)
dt

L’intensité i du courant est la même pour toutes les sections droites d’un conducteur même si l’aire
de ces sections n’est pas identique d’un endroit à l’autre. De la même façon, la quantité d’eau
(fluide supposé incompressible) qui traverse toute section droite d’un tuyau est constante même si
l’aire de la section est variable. L’eau s’écoule plus rapidement lorsque la section est petite et plus
lentement lorsqu’elle est plus grande de sorte que le débit - volume, mesuré en litre par seconde, est
toujours le même. Le fait que l’intensité du courant électrique reste la même en tous les points d’un
conducteur, découle du principe de la conservation de la charge car, en régime permanent, les
charges ne peuvent pas s’accumuler en un endroit donné.

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Electrocinétique

b) Densité du courant.
Un courant d’intensité i est une caractéristique d’un conducteur particulier. C’est une quantité
macroscopique comme la masse et le volume d’un objet ou la longueur d’une  baguette. Une autre
quantité macroscopique associé à celle-ci est la densité de courant j . Ce vecteur est une
caractéristique d’un point situé à l’intérieur du conducteur alors que i est une caractéristique du
conducteur dans son entier. Si l’intensité du courant est uniforme dans la section droite S du
conducteur, comme à la figure 3, la grandeur de la densité de courant en tout point de cette section
est :
i
j= (2)
s
Les charges électriques qui traversent la section droite s pendant l’intervalle de temps dt, sont
contenues dans une partie du fil cylindrique de longueur vdt et de volume vsdt. Si  est la densité
volumique de charge dans le conducteur, la quantité d’électricité qui traverse la section s pendant dt
est alors :
dq =  vs d t
Ceci donne :
dq
i= = vs
dt
Mais
i
j=
s
Donc
j = v
Cette relation peut être mise sous la forme vectorielle:

 
j = v (3)


v est la vitesse d’entraînement des porteurs de charges dans le conducteur. Dans le système S.I.
elle s’exprime en mètre par seconde (m/s).  s’exprime en coulomb par mètre cube (C/m3) et j en
ampère par m2 (A/m2).
Dans un conducteur métallique, les porteurs de charges sont des électrons. Si n est le nombre
d’électrons par unité de volume, la densité de charge est :

 = -n e (4)

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Chapitre 11 : Courant et résistance électriques

avec
e =1,6 .10-19 Coulombs

Remarque
   
La formule j = v montre que pour des porteurs de charges positifs (  0), j et v sont de même
sens. C’est-à-dire le courant circule dans
 le même sens que le déplacement des porteurs de charges.
Mais lorsque ceux-ci sont négatifs, j et v sont de sens contraires. C’est pourquoi le sens positif
conventionnel du courant dans un conducteur métallique est contraire à celui de déplacement des
électrons libres.

7.3 Loi d’Ohm à l’intérieur d’un conducteur.


L’expérience montre que lorsqu’on applique une différence de potentiel constante entre les deux
extrémités d’un fil conducteur celui-ci est traversé par un courant continu. Expliquons ce résultat.
En tout point du conducteur, les charges électriques sont soumises à la force électrique :
 
F = q. E (5)
Le champ électrique créé par la différence de potentiel
appliquée, accélère les charges électriques, mais la
vitesse de ces charges n’augmentent pas indéfiniment,
en effet les charges ne se déplacent pas librement et
sont soumises à des forces de frottement
proportionnelles à leur vitesse et dirigées en sens
inverse du mouvement.
 
Ff = - a v (a  0) (6)
Ces forces de frottement résultent des interactions ou Fig. 4
chocs entre les charges en mouvement, (par exemple
les électrons dans le cas d’un métal), et le réseau.
Nous verrons plus tard que ces forces de frottement sont aussi à l’origine du dégagement de chaleur
par effet Joule au sein du conducteur.
Lorsque le courant est permanent, la vitesse des charges est telle que la force électrique est
équilibrée par la force de frottement, le mouvement des charges se poursuit à une vitesse constante.
On a :

  
F + Ff = 0 (7)
D’après les relations (5), (6) et (7), on déduit que la vitesse de déplacement des charges est donnée
par :

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Electrocinétique

 q 
v = .E (8)
a
En multipliant chacun des membres de l’égalité (8) par  et en posant :
q
=
a
On obtient finalement :
 
j = E (9)

Le vecteur densité de courant est colinéaire au vecteur champ électrique et lui est proportionnel. La
constante de proportionnalité  est appelée conductivité électrique du conducteur. L’expression (9)
est connue sous le nom : loi d’Ohm. La loi d’Ohm est applicable à de très nombreux conducteurs
aussi bien pour des courants continus que pour des courants variables.

7.4 Résistance, résistivité.

a) Résistance.
Si on applique la même différence de potentiel aux extrémités de baguettes de forme semblable,
l’une de bois et l’autre de cuivre, les courants produits sont très différents. La caractéristique du
conducteur qui entre ici en jeu est la résistance. On définit la résistance R entre deux points d’un
conducteur en appliquant une différence de potentiel U entre ces points, en mesurant l’intensité i du
courant et en divisant les résultats obtenus l’un par l’autre :

U
R= (10)
i

Si U est exprimé en volts et i en ampères, la résistance est exprimée en Ohms (symbole ).
On compare souvent le mouvement des charges dans un conducteur à l’écoulement de l’eau dans
un tuyau, écoulement produit par la différence de pression établie entre les extrémités du tuyau par
une pompe. Cette différence de pression peut se comparer à la différence de potentiel établie entre
les extrémités d’une résistance par une pile. Le débit-volume (en litre par seconde) correspond à
l’intensité du courant (Coulombs par seconde ou Ampère). Pour une différence de pression donnée,
le débit-volume d’eau est déterminé par la nature du tuyau. Le tuyau est-il court ou long ? Sa
section est-elle grande ou petite ? Est-il vide ou rempli de gravier, par exemple ? Toutes ces
caractéristiques du tuyau sont analogues à la résistance du conducteur.

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Chapitre 11 : Courant et résistance électriques

Remarques.
U
1) La formule R = peut s’écrire sous la forme :
i

U=Ri (11)

Cette relation traduit la loi d’Ohm aux bornes d’une résistance.

2) En général, l’intensité de courant est représentée par la lettre I lorsque le courant est continu ( I =
Cte) et par i lorsque le courant est variable.

3) Dans les schémas électriques, la résistance est représentée par l’un des deux symboles de la
figure 5. La figure 6 montre les symboles utilisés pour représenter une résistance réglable.

Fig. 5 Fig. 6

b) Résistivité.
La résistivité , qui est reliée à la résistance, est une caractéristique du matériau dont est constitué
le conducteur. Dans les matériaux isotropes, elle est définie à l’aide de :

1
= (12)

 étant la conductivité du matériau. La résistivité du cuivre, par exemple, est 1,7.10 -8 .m, celle du
quartz fondu est d’environ 1016 .m. Très peu de propriétés physiques possèdent une gamme de
valeurs aussi étendue.

c) Calcul de la résistance d’un conducteur


l
cylindrique.
Considérons une portion de conducteur homogène cylindrique s
de section s, de longueur l, parcourue par un courant continu
d’intensité I. Le champ électrique et le vecteur densité de
V1 V2
Fig. 7

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Electrocinétique

courant sont uniformes à l’intérieur du conducteur et les lignes de courant sont parallèles aux
génératrices du cylindre. La circulation du champ électrique entre les deux surfaces équipotentielles
aux deux extrémités du conducteur a pour expression :
U = V1 - V2 = E l
La loi d’Ohm locale permet de mettre l’intensité sous la forme :
 = j s = Es
Mais
V1 − V2
R =
I
d’où :

On obtient finalement la formule classique :

l
R = (13)
s

7.5 Variation de la résistivité.

a) Avec la nature du conducteur.


On voit que les valeurs de la résistivité les plus basses sont, dans l’ordre, pour l’argent, le cuivre et
l’aluminium. La résistance est en principe un phénomène nuisible ; on cherche à la rendre minimale
par emploi de corps de basse résistivité. Malheureusement, le prix de revient des fils en argent ou
en or est prohibitif et seul l’aluminium et le cuivre sont utilisés industriellement : le cuivre est plus
lourd et plus cher que l’aluminium, mais ses propriétés mécaniques sont supérieures. D’où un
compromis. D’une façon générale, les alliages ont une résistivité supérieure à leurs constituants.

b) Avec la température.
Pour les conducteurs métalliques (métal pur), la résistivité croît avec la température. Pour un
intervalle de température pas trop grand (de l’ordre de 200C) on peut considérer que la résistivité
 est une fonction linéaire de la température:

 = 0 (1 + a) (14)

0 est la résistivité à 0 C. Le coefficient a s’appelle le coefficient de température. Il varie peu d’un


métal pur à l’autre. Il est positif et assez voisin du coefficient de dilatation des gaz parfaits :

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Chapitre 11 : Courant et résistance électriques

1
a= = 3,66.10-3 . On voit que l’expression de variation de la résistivité d’un conducteur en
273
fonction de la température est assez voisine de celle de la variation de volume à pression constante
des gaz parfaits. D’après cette loi, on peut montrer que la résistance d’une lampe d’éclairage à
incandescence à filament de tungstène dans laquelle le filament est porté à très haute température
(25000 K) est 12 fois plus grande à chaud qu’à froid. Ceci explique pourquoi ces lampes claquent à
l’allumage. Pendant le court instant de leur mise en marche où elles sont froides, elles sont
parcourues par un courant très intense.

7.6 Association des Résistances en série.


De même que pour les condensateurs, on dit que des résistances sont en série lorsqu’elles sont
placées les unes à la suite des autres. Elles sont équivalentes à une résistance unique dont on va
chercher la valeur R.
Soit un ensemble de résistances placées en
série (figure 8). Appelons V la différence de D
A R1 B R2 C R3
potentiel entre A et D et V1, V2 et V3 les
différences de potentiel aux bornes des
résistances R1, R2 et R3 qui composent Fig. 8
l’ensemble,
V1 = VA - VB,
V2 = VB - VC,
V3 = VC - VD.
En faisant la somme de ces trois quantités :
V1 + V2 + V3 = (VA - VB) + (VB - VC) + (VC - VD)
V1 + V2 + V3 = VA - VD = V.
Donc la différence de potentiel totale est la somme des différences de potentiel aux bornes des
résistances.

D’autre part, toutes les résistances sont parcourues par le même courant . Appliquons la loi d’Ohm
à chacune de ces résistances.
V1 = R1 , V2 = R2 , V3 = R3.
Mais
V=R
Donc
V = V1 + V2 + V3 = R1I + R2I+ R3I = RI

R = R1 + R2 + R3 (15)

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Electrocinétique

On peut généraliser ce résultat à n résistances. La résistance équivalente à un ensemble de


résistances placées en série est égale à la somme des résistances.

7.7 Energie et puissance électrique. Effet


Joule. I

La figure 9 représente un circuit constitué d’une pile P


reliée à une “boîte noire “. Un courant permanent
d’intensité  circule dans les fils de connexion et une
A
différence de potentiel constante U est appliquée entre
les bornes A et B. La boîte peut contenir, entre autres
choses, une résistance, un moteur, un accumulateur,
etc. P
La borne A, reliée à la borne positive de la pile, est à
un potentiel plus élevé que la borne B. Si une charge
dq traverse la boîte de A à B, son énergie potentielle
électrique est diminuée de Udq. Le principe de la
B
conservation de l’énergie nous apprend que cette
énergie potentielle est transmise à la boîte ; elle prend
donc une autre forme qui dépend du contenu de la
boîte. Dans un temps dt, l’énergie dW transmise à la
boîte est alors :
Fig. 9
dW = Udq =  U dt.
La puissance dissipée entre les points A et B est :
dW
P=
dt
d’où :

P = U.I (16)

Si la boîte contient un moteur, l’énergie apparaît en grande partie sous forme de travail mécanique
effectué par le moteur ; si elle contient un accumulateur que l’on est en train de charger, l’énergie
apparaît en grande partie sous forme d’énergie chimique emmagasinée dans cet accumulateur.
Si le dispositif contenu dans la boîte est une résistance, l’énergie apparaît sous forme d’énergie
thermique dans la résistance. En effet, prenons l’exemple d’une pierre de masse m qui tombe d’une
hauteur h. Son énergie potentielle gravitationnelle diminue de mgh. Si la pierre tombe dans le vide,
cette énergie est transformée en énergie cinétique. Toutefois, si la pierre tombe dans les
profondeurs de l’océan ; sa vitesse devient à un moment donné constante, ce qui signifie que son

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Chapitre 11 : Courant et résistance électriques

énergie cinétique n’augmente plus. La perte d’énergie potentielle associée à la chute de la pierre se
transforme alors en chaleur qui est absorbée par la pierre et par l’eau environnante. La force de
frottement exercée par l’eau sur la surface de la pierre empêche celle-ci d’accélérer; une certaine
quantité de chaleur apparaît à la surface de la pierre.
Le parcours de l’électron à travers la résistance ressemble à celui de la pierre dans l’eau. Les
électrons se déplacent à une vitesse d’entraînement v constante et leur énergie cinétique
n’augmente pas. L’énergie potentielle électrique qu’ils perdent est transformée en énergie
thermique dans la résistance. A l’échelle microscopique, nous pouvons comprendre ce phénomène
de la façon suivante : les collisions entre les électrons et les ions constituant le réseau cristallin
augmente l’amplitude de vibrations thermiques des ions ; à l’échelle macroscopique, ceci
correspond à une augmentation de température. L’énergie thermique peut ensuite être transmise de
la résistance à l’environnement pourvu que sa température soit inférieure à celle de la résistance.
U
Dans le cas d’une résistance, on peut combiner les équations (10) ( R = ) et (16) pour écrire soit
I

P = I2 R (17)
soit
U2
P= (18).
R

Ces équations sont connues sous le nom de loi de Joule. Cette loi est une façon particulière d’écrire
le principe de la conservation de l’énergie dans le cas particulier où l’énergie électrique est
transformée en énergie thermique.
Dans le système S.I., I est exprimé en Ampère (A), R en Ohm (), V en Volts (V) et P en Watt
(W).

7.8 Loi de Joule sous sa forme locale.


Considérons un conducteur parcouru par
un courant caractérisé en tout point par le
vecteur densité de courant j . L’énergie
dissipée par effet Joule provient de la
diminution de l’énergie électrostatique des
charges qui circulent à l’intérieur du
conducteur. Considérons en effet le
volume élémentaire dv d’un tube de
courant de longueur dl et de section ds,
Fig. 10
limité par deux surfaces équipotentielles
portées aux potentiels V1 et V2..
Supposons que nous soyons dans un

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Electrocinétique

régime ne dépendant pas du temps (courant continu). Pendant un intervalle de temps dt, une
quantité d’électricité dq traverse le volume élémentaire dv en passant du potentiel V1 au potentiel
V2. A l’intérieur de ce volume élémentaire, la charge dq a donc subi une diminution d’énergie
électrostatique égale à :
dW = dq (V1 − V2)
Mais
dq = Idt = j.ds.dt et V1 − V2= E.dl
Donc on peut écrire :
dW = j.ds.dt. E.dl

j
En remplaçant E par et le produit ds.dl par dv, on aura :

j2
dW = .dv.dt

C’est cette énergie qui se trouve dissipée sous forme de chaleur et la puissance dissipée à l’intérieur
du volume élémentaire dv est donnée par :

dW j2
dP = = .dv
dt 
Rapportée à l’unité de volume, on obtient la loi de Joule sous sa forme locale :

dP j2
= (19)
dv 

La puissance dissipée est proportionnelle au carré du vecteur densité de courant ; elle est toujours
positive : l’effet Joule correspond donc à une dissipation de chaleur et jamais à une absorption. Si la
densité est exprimée en A/m2 et la conductivité en (.m)-1, la puissance dissipée par effet Joule, par
unité de volume, s’exprime en Watt par m3 (W/m3).
La loi d’Ohm sous sa forme locale étant j = E, en remplaçant j par sa valeur dans (19), on aura la
deuxième forme de la loi de Joule:

dP
= E 2 (20)
dv

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Chapitre 11 : Courant et résistance électriques

7.9 Conséquences et applications de l’effet Joule.


L’effet Joule est utilisé dans de nombreuses applications de l’électricité, mais il est souvent gênant.
a) Utilisation de l’effet Joule.
1) coupe circuit : Ce sont des appareils destinés à couper le circuit électrique lorsque l’intensité
dépasse une certaine valeur. En effet les lignes électriques, en cuivre, sont conçues pour permettre
le passage d’une intensité maximale. Au delà de cette valeur la ligne chauffe, d’où risque de
détériorations graves ou d’incendie. C’est ce qui se passe lorsqu’on branche trop d’appareils ou des
appareils trop puissants sur la ligne : la différence de potentiel étant celle du réseau, la puissance
demandée n’est obtenue que par augmentation de l’intensité ce qui peut entraîner une détérioration
des fils d’amenée du courant (ils “chauffent”). Pour protéger la ligne on utilise un coupe-circuit
dont le rôle est de couper le circuit lorsque l’intensité qui le parcourt atteint une certaine valeur.
Il s’agit d’un petit fil de métal fusible, alliage de plomb et d’étain intercalé dans le circuit. Le
coupe-circuit représente un point de plus grande résistance dans le circuit électrique. C’est donc à
ce niveau que se manifeste le plus l’effet Joule. Le diamètre du fil est calculé pour que cet effet
Joule porte le métal à la température de fusion, lorsque l’intensité dépasse une valeur choisie
comme maximum. Le circuit est ainsi interrompu.
Le coupe-circuit, appelé encore fusible, représente ainsi un mode de protection économique et
efficace.
On utilise aussi les disjoncteurs, de principe différent, dont le fonctionnement est plus prompt que
celui des fusibles. Si le fusible ou le disjoncteur ne fonctionnent pas c’est la ligne qui fond ou
l’appareil.
2) Lampe à incandescence : Par effet Joule, on porte à très haute température un fil résistant et peu
fusible. Pour éviter l’oxydation qui, aux températures atteintes, détruirait le fil, on le place, soit
dans le vide, soit dans une atmosphère de gaz inerte, (souvent un gaz rare, argon ou krypton).
Les lampes d’incandescence étaient autrefois constituées par un filament de carbone dans le vide.
On utilisait le carbone parce qu’il était très peu oxydable. Actuellement, le carbone est remplacé
par du tungstène métal à haut point de fusion. Les températures atteintes, dont dépend l’intensité de
la lumière et la qualité du spectre émis, est de 2250K environ dans le vide. Dans les lampes à
argon ou krypton, on atteint des températures de 2500 K sans abréger la durée de vie du filament.
3) Chauffage électrique.
L’effet Joule est à la base de beaucoup d’applications dans le domaine du chauffage (radiateur,
cuisinière, fer à repasser, bouilloire). Les radiateurs électriques sont désignés par la puissance
électrique dépensée par effet Joule à leur niveau. Les radiateurs du commerce ont des puissances
variant de 500 W à 5 à 6 KW. Le fil est en alliage peu oxydable et est porté à 1.000 C.
Il est évident que quelle que soit la forme de l’aspect extérieur du radiateur, la quantité de chaleur
produite est la même pour des radiateurs de puissances égales. Les radiateurs électriques chauffent
surtout par rayonnement. Ils émettent un rayonnement infrarouge qui dissipe son énergie sous
forme de chaleur quand il frappe un corps : l’air lui-même n’est pas échauffé.
Bien entendu, les résistances chauffantes destinés à être immergées sont très soigneusement isolées.

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Electrocinétique

b) Inconvénients de l’effet Joule.


L’échauffement produit est dû en réalité aux “frottements” qui freinent le mouvement des charges
et limitent leur vitesse. Comme tous les frottements, l’effet Joule est gênant:
1) Dans tous les récepteurs électriques où on veut transformer l’énergie électrique en une autre
forme d’énergie que l’énergie calorifique, le rendement est diminué par le fait qu’une fraction de
l’énergie électrique se perd en chaleur.
2) L’effet Joule est également gênant dans le transport d’énergie électrique. En effet, pour
transporter le courant électrique d’un point à un autre, il faut le faire passer par des fils électriques
qui présentent une certaine résistance, c’est la résistance de ligne. On diminue autant que possible
cette résistance en utilisant des corps de faible résistivité et en augmentant la section, mais on est
alors limité par le poids et le prix du fil. Il reste enfin la longueur dont on n’est pas maître, car elle
est imposée par la distance du transport.
Ainsi la résistance ne pouvant pas être nulle, il se produit un certain dégagement de chaleur par
effet joule durant le transport; La chaleur dégagée représente une perte d’énergie.

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