Vous êtes sur la page 1sur 16

Cours d’HISTOIRE DU CINEMA/M.

Mouélé/L1/SIC-groupe 2/2024

SIC

Cours

HISTOIRE DU CINÉMA


1ère partie
(Introduction  chap 8)

Intervenant :
Dr M. MOUÉLÉ

Niveau : L1

Année académique : 2023-2024

Page 1 sur 16
Cours d’HISTOIRE DU CINEMA/M. Mouélé/L1/SIC-groupe 2/2024

PLAN DU COURS

1. Introduction

2. Les dates clés de l’histoire du cinéma

3. L'invention du cinématographe

4. Les débuts du cinéma

5. Les origines du cinéma contestataire africain-américain

6. La révolution du cinéma parlant

7. Le boom cinématographique de l’après-seconde guerre mondiale

8. La 3D dans le cinéma

9. L'arrivée du cinéma en Afrique

10. La naissance du cinéma africain

11. Les grandes périodes du cinéma africain

12. Le cinéma gabonais

13. Repères historiques

14. Les évolutions actuelles du cinéma en Afrique

Page 2 sur 16
Cours d’HISTOIRE DU CINEMA/M. Mouélé/L1/SIC-groupe 2/2024

1. INTRODUCTION
Dans l’univers de la communication, le cinéma est considéré comme le MEDIA des
médias. A juste titre, puisqu’il prend naissance au carrefour du théâtre, de l’illusionnisme, du
music-hall et de la photographie. A sa naissance, ce fut d’abord une technique nouvelle qui finit
par devenir un art nouveau. La technique tient en une formule : enregistrer le réel sous forme
d'images photographiques et les projeter à l'écran à une certaine vitesse afin de susciter
chez le spectateur l'illusion du mouvement.
Le terme « cinéma » qui servit à désigner cette invention est la forme raccourcie du mot
cinématographie, c’est à-dire toute l’activité déployée autour du CINEMATOGRAPHE,
appareil de tournage et de projection de film créé au 19è siècle par les frères Lumière.
Dans l’usage qui en est fait aujourd’hui, « cinéma » est une appellation qui s’applique à
la fois à un art, à une industrie et à un ensemble de pratiques de consommation (les créations
cinématographiques - ou films - sont généralement destinées à un public rassemblé en
l'occurrence dans un lieu d'exploitation déterminé, lui-même souvent dénommé « cinéma » par
métonymie).
Le cinéma, à ses débuts, connut très vite un immense succès auprès du public qui finit par
le considérer poétiquement comme une « usine à rêves ». En effet, depuis ses origines en noir
et blanc jusqu’aux actuels développements en 3D, il n’a de cesse de fabriquer du rêve, du
suspense, du glamour, de l’aventure…
En quittant son berceau européen, le cinéma gagne l'Afrique par le truchement de la
colonisation mais ce n'est que beaucoup plus tard, au moment des indépendances, que la
création cinématographique africaine proprement dite va se développer. Depuis lors, au
Gabon comme dans d'autres pays du continent, les tam-tams du 7è art ne se sont plus jamais
tus.
Dans l'univers audio-visuel toujours en mouvement auquel il appartient, le 7è art est
indétrônable. La fascination qu'il exerce sur le grand public ne se dément pas malgré le passage
du temps. Il représente aujourd'hui un puissant outil de communication et de
divertissement des masses en même temps qu'une industrie mondialisée prospère.
La longue marche du cinéma à travers le temps est marquée par des progrès et des
ruptures. L’histoire qui suit permet de connaître ses évolutions qui ne sont pas uniquement
techniques, mais aussi narratifs, artistiques et économiques.

Page 3 sur 16
Cours d’HISTOIRE DU CINEMA/M. Mouélé/L1/SIC-groupe 2/2024

2. LES DATES CLÉS DE L'HISTOIRE DU CINÉMA

L'histoire du cinéma est un parcours jalonné par diverses évolutions technologiques,


artistiques et infrastructurelles. On relève ainsi :

Pré-cinéma : ombres chinoises (9è s.), camera oscura (16è s.), lanterne magique (17è s.),
panoramas, dioramas, jouets optiques (19è s.)
1816 : Invention de la photographie par Nicéphore Niépce.
1888 : Invention du celluloïd
1891 : Thomas Edison et les premiers pas du cinéma
1895 : Création du cinématographe des frères Lumière
1902 : Le Voyage sur la Lune de George Méliès, 14 minutes de narration.
1905 : Apparition des nickelodeons à Pittsburgh, premières “salles de cinéma”.
1914 : Montée en puissance de Hollywood.
1927 : The Jazz Singer: le premier film sonore.
1932 : Le premier film en couleur avec le Technicolor, Des arbres et des fleurs”
1950 : La TV devient un objet populaire.
1955 : Afrique sur Seine : premier film africain (hors d'Afrique).
1962 : Borom Sarret : premier film africain.
1962 : La cage : premier film gabonais.
1969 : Création du « Premier festival de Cinéma Africain de Ouagadougou » qui deviendra plus
tard le FESPACO.
1975 : Création du CENACI.
1990 : Essor de Nollywood.
2010 : le Cenaci devient l'IGIS.
2012 : Cinquantenaire du cinéma gabonais.
2016 : Mort de Philippe Mory, le père du cinéma gabonais.
2019 : Cinquantenaire du FESPACO.

Page 4 sur 16
Cours d’HISTOIRE DU CINEMA/M. Mouélé/L1/SIC-groupe 2/2024

3. L'INVENTION DU CINÉMATOGRAPHE

Plusieurs auteurs affirment que le cinéma n’est pas l’invention d’une personne en
particulier mais plutôt l’œuvre de plusieurs inventeurs à travers les époques (L. Korb & L.
Lefèvre, 1995 ; Fr. Vanoye et alii, 2013).

On observe néanmoins que c'est d'abord l'Américain Thomas Edison qui, entre 1887 et
1890, met au point le Kinétographe, première caméra argentique à enregistrer les premiers
films cinématographiques. En 1893, le même inventeur sort le kinétoscope, appareil permettant
à un seul spectateur de visionner le film à travers un œilleton. Tels sont les balbutiements de
l’industrie cinématographique.

Pour leur part, c'est en 1895 que deux inventeurs français, Louis et Auguste Lumière, vont
élaborer un appareil appelé le "kinétoscope" Lumière (ou le "kinétographe" Lumière). Dans
leur projet d'invention, ils avaient l'appui de leur père, Antoine Lumière, qui avait assisté en
1894 à une présentation du kinétoscope d'Edison à Paris. L'appareil des frères Lumière - qui est
à la fois enregistreur d'images et projecteur est une modification du dispositif d'Edison
aboutissant à faire projeter les images sur un écran. Pour bien particulariser leur invention, les
frères Lumière lui attribuent le nom de Cinématographe, contre l'avis de leur père qui suggérait
l'appellation domitor. Le brevet de l'invention fut déposé le 13 février à Lyon par Auguste et
Louis Lumière. Il reste tout de même à noter que le nom de l'appareil remonte à 1892 et fut
forgé par Léon Bouly, un inventeur concurrent.

Le mérite qu'on reconnaît aux frères Lumière (Louis et Auguste) n'est donc pas celui
d'avoir été à l'origine du 7è Art, mais celui d'avoir inventé un appareil qui a rendu possible
le cinéma-spectacle.

La Sortie des ouvriers des usines Lumière a été le tout premier film tourné avec le
cinématographe. « La première représentation publique a lieu, le 22 mars 1895, devant la
Société d'Encouragement à l'industrie nationale sous la présidence de l'astronome Mascart,
président de l'Académie des Sciences. A partir du 28 décembre de la même année, dans le sous-
sol du Grand Café, à Paris, le cinématographe de Lumière devient véritablement un spectacle
public. » (G.Betton, 1987).

Avec les frères Lumière, le cinéma servait à faire des films dits « représentatifs », c’est
à-dire qu’on filmait pour reproduire la réalité. De ce fait, aux premiers jours de son existence,
le statut du cinéma en tant qu'« art noble » au même titre que la littérature, la musique ou la
peinture n'était pas assuré ; les frères Lumière eux-mêmes laissaient entendre qu'il s'agissait
d'une « invention sans avenir ». Face au théâtre ou au roman, il a fallu qu'il fasse la preuve de
sa vocation à « raconter des histoires "digne d'intérêt". » (Aumont et alii, 1983).

Page 5 sur 16
Cours d’HISTOIRE DU CINEMA/M. Mouélé/L1/SIC-groupe 2/2024

4. LES PREMIERS PAS DU CINÉMA (1896-1920)

4.1. Le cinéma muet

C’est Georges Méliès, un professionnel de la prestidigitation, qui rompit le premier avec


la tradition du cinéma représentatif en tournant des films de fiction avec trucages dès 1896.
Ainsi naquit le cinéma « narratif ».

Entre 1896 et 1920, les représentations cinématographiques ne reposaient que sur la bande
image privée de son.. D’où la désignation de "cinéma muet" appliquée à cette période pour
mieux la distinguer. De plus, les premiers films étaient tournés sans scénario et sans mise
en scène. Toutefois, La scénarisation des films et le découpage se sont imposés en 1903 à
travers Le vol du grand rapide, un western réalisé par l’Américain Edwin S. Porter.

Au temps du muet, une certaine ambiance sonore, pendant la projection des films, était
assurée par des pianistes, des violonistes ou des petits orchestres qui jouaient au bas de l'écran.
« Diverses explications ont été données sur cette présence obligée d'un accompagnement
musical : couvrir le ronflement de la projection, conjurer le caractère stressant et fantomatique
des images muettes, souligner les intentions expressives et narratives, ou simplement donner à
la projection cinématographique l'allure des spectacles auxquels le public était habitué. » (M.
Chion, 1990).

En dehors des salles de projection, la présence des musiciens se remarquait également sur
les plateaux de tournage : ils y étaient conviés pour aider les acteurs à bien jouer devant la
caméra !...

En l'absence du son, le réalisateur devait donc « raconter » des histoires avec le moins de
dialogue possible. Les films narratifs d'alors sont souvent entrecoupés de « cartons » appelés
aussi « intertitres », c'est-à-dire des textes typographiés insérés dans le film qui retranscrivent
les dialogues des personnages.

Dans ses jeunes années, la grande affaire du cinéma narratif est le film comique ou
burlesque. Il apparaît en 1908 et est élaboré par les acteurs André Deed et Max Linder. Ce
genre burlesque représente 70% de la production avant la première guerre mondiale.
Étant donné que ce type de cinéma « demandait des gens qui savent bouger, danser, faire les
clowns, courir, dégringoler, etc. » (Michel Chion,1990), on dût recruter les interprètes dans les
cabarets, les cirques, les foires ou les music-halls. Cette période a vu la montée en puissance de
Mack Sennett, Charlie Chaplin, Buster Keaton, entre autres.

A côté du genre comique, le film de gangster, le film de guerre, le film d'horreur, la


comédie sophistiquée, le mélodrame, le western sont autant de genres qui virent le jour
pendant le règne du cinéma muet. Ces différents genres furent animés par des comédiens
emblématiques tels que Douglas Fairbanks, Rudolph Valentino, Mary Pickford, Gloria
Swanson. Leur mise en vedette donna naissance au phénomène bien connu du star-system.

Page 6 sur 16
Cours d’HISTOIRE DU CINEMA/M. Mouélé/L1/SIC-groupe 2/2024

4.2. Le développement du langage cinématographique

Afin de marquer une réelle différence avec le théâtre filmé et, donc, de conférer au cinéma
ses lettres de noblesse, des théoriciens venus d'horizons divers vont, à l'orée du 20e siècle, doter
cet art nouveau d'un langage qui le caractérise en propre. Ce langage cinématographique
évolutif est une codification de concepts et de principes narratifs permettant à chaque
réalisateur d'exprimer adéquatement ses idées à l'écran.

Ainsi, en 1902, lorsque Georges Méliès crée son film à succès Le Voyage sur la Lune, les
procédés narratifs tels que le truquage, le montage, l’histoire et les acteurs font déjà leur
apparition. D. W. Griffith, le réalisateur de Naissance d'une nation (1915) et Intolérance (1916),
institutionnalise les raccords, la variation des points de vue, le champ-contrechamp, l'insertion
des gros plans dans les scènes éloignées, les travellings, le montage alterné ou parallèle, etc..
C'est le modèle qui a inspiré par la suite, le cinéma hollywoodien.

D'autres contributions remarquables dans l'élaboration de ce langage ont été faites entre
1908 et 1917 par des critiques ou des cinéastes tels que :
-Ricciotto Canudo (qui forgea le terme 7ème Art en 1911 pour caractériser le cinéma) ;
-Abel Gance (auteur d'un manifeste intitulé La musique de la lumière) ;
-Louis Delluc et les formalistes russes.

En 1919 est créée à Moscou, la VGIK, la toute première école de cinéma au monde.
Elle est animée par cinq cinéastes-théoriciens : Lev Koulechov, Alexander Dovjenko, Vsevolod
Poudovkine, Sergueï Eisenstein, Dziga Vertov. Avec l'école russe, le montage devient la clé du
langage cinématographique, puisqu'il permet d'exprimer les idées les plus abstraites.

Simultanément, deux autres orientations d’avant-garde prenaient forme :


L’Impressionnisme en France et l’Expressionnisme en Allemagne.

La première a débuté en 1916, mais a pris de l’ampleur en 1921 et s’est poursuivie jusqu’à
la fin des années 1920. Les Impressionnistes avec pour chef de file Louis Delluc prônaient un
cinéma intellectuel, bâti sur de bons scénarios littéraires ou historiques et débarrassé de
l'influence du théâtre.

Le second mouvement issu du théâtre devient prend son envol à partir de 1919, date de
réalisation du Cabinet du Docteur Caligari, film-manifeste de Robert Wiene. L'autre film phare
du cinéma expressionniste est Nosferatu (1922) de Friedrich Wilhelm Murnau.
L’Expressionnisme allemand met en avant le mal-être germain avec pour thèmes de
prédilection la folie, la mort, l'oppression ou le dédoublement ; les films sont tournés dans des
décors irréalistes, les éclairages accentuent les contrastes et les personnages toujours
inquiétants. Ce courant influencera fortement par la suite d'autres grands réalisateurs du cinéma
mondial à l'instar de Bergman, Carné, Eisenstein, Lang, etc.

Page 7 sur 16
Cours d’HISTOIRE DU CINEMA/M. Mouélé/L1/SIC-groupe 2/2024

4.2. L'industrie du film

A ses débuts, le cinéma fut simplement une attraction foraine. Il était « consommé
par des urbains, peu fortunés, peu cultivés que le hasard réunissait un jour de promenade ou de
foire. » (J.-P. Jeancolas, 2012). Les films qui circulaient alors étaient toujours courts,
mesurant en moyenne 100 m de pellicule, soit 5 mn de diffusion. Afin de réconcilier le public
cultivé avec le cinéma, l'homme d'affaires, Paul Lafitte, assisté des acteurs de la Comédie
Française et d'académiciens vont créer la Société du Film d'Art. D'après J.-P. Jeancolas (2012)
: « le Film d'Art eût le mérite d'élargir (par le haut) le public du cinéma, et de donner au
cinématographe la respectabilité, premier stade de sa reconnaissance comme un art ».

La fascination du public pour le cinéma-spectacle ne se démentant pas, les producteurs et


financiers décidèrent de rompre avec le stade artisanal qui avait prévalu jusque là pour passer à
la production industrielle du film. Georges Méliès qui, le premier, construisit des studios de
tournage va se faire distancer par Charles Pathé. Celui-ci qui va monopoliser tout le cinéma
français en s'occupant à la fois de fabriquer des équipements de tournage et de projection, des
pellicules vierges, de la distribution et des salles de projection. On lui doit la mise en place
dès 1907 de la trinité producteur-distributeur-exploitant qui structure le marché du film
jusqu'à aujourd'hui.

La concurrence survient avec Léon Gaumont qui fonde à son tour la Société des
Etablissements Gaumont et ouvre de nombreuses succursales en France et à l'étranger. La
période allant de 1908 à 1913 marque l'apogée du cinéma muet français.

Dans les premières années du 20è siècle, le développement du cinéma dans le monde
entier est fulgurant. Un peu partout, les salles dédiées à la diffusion du 7 e Art se construisent.
Le nombre des salles sur le territoire américain atteindra dix mille en 1909 contre trois mille
pour le reste du monde !

En 1914, l'industrie cinématographique s'effondre en France. En effet, « la Première


Guerre mondiale entraîne le déclin du cinéma français et favorise largement l'essor du cinéma
américain qui prend alors et pour ne plus la céder - la première place dans le monde ». (G.
Betton, 1987).

4.3. La montée en puissance du cinéma hollywodien

Le cinéma fait son apparition à Hollywood peu avant le début de la Première Guerre
mondiale (1914-1918). A l'origine, Hollywood n'est qu'une ferme de Californie située à une
vingtaine de kilomètres de Los Angeles. Offrant des conditions de tournage avantageuses, le
lieu attire vers 1910 de nombreux producteurs qui vont le transformer en Mecque du cinéma
mondial. Le premier studio qui s'y implante en 1911 est la Nestor Film Company. Bientôt
naissent aussi les fameux studios Paramount (fondés en 1914 par Jesse Lasky et Adolf Zukor),
Universal (fondés en 1915 par Carl Laemmle), Fox Film Corporation (fondés en 1915 par
William Fox).

Page 8 sur 16
Cours d’HISTOIRE DU CINEMA/M. Mouélé/L1/SIC-groupe 2/2024

De toutes ces firmes, la plus prestigieuse est la société Triangle fondée par D. W. Griffith,
Thomas Harper Ince et Mack Sennet : entre 1915 et 1917, elle produit 400 films et fait évoluer
le cinéma américain sur les plans de la recherche artistique, des effets dramatiques, des
genres… Dans cet élan, la norme du film devient le long métrage ; le genre western se
développe sous la houlette de Tom Mix, William Hart et Bronco Billy ; le mode de la
superproduction est expérimenté par Ince et Griffith ; le vedettariat des grands acteurs est
lancé autour de Mary Pickford, Douglas Fairbanks, Charlie Chaplin.

5. LES ORIGINES DU CINÉMA CONTESTATAIRE AFRICAIN-AMERICAIN

Du point de vue de l'histoire officielle du cinéma, l'acte fondateur de Hollywood


est le film Naissance d'une nation (1915) de D.W. Griffith. Or, ce premier blockbuster de
l'histoire du cinéma hollywoodien est l'une des productions les plus racistes qui donne du
Noir une image avilissante. Dans ce film, les personnages de couleur y sont pour la plupart
joués par des Blancs grimés et leurs comportements répartis entre une docilité infantilisante
et une odieuse perfidie morale et sexuelle sont autant de clichés qui vont fixer pour
longtemps la représentation des Africains-Américains à l’écran (l’alcool, la paresse, la
lâcheté, le côté primitif, la lubricité…).

Les fondements même de l’industrie cinématographique américaine reposent sur


la ségrégation raciale.

Grosso modo, le cinéma américain à la sauce hollywoodienne est d’abord voué à


la fabrique de héros blancs, mue par l’idée d’offrir à la majorité dominante des modèles
de fiction où elle reconnaît sa vie, la rêve, l’idéalise. A contrario, il n’offrira longtemps des
Noirs qu’une représentation caricaturale, folklorique et paternaliste, pour ne pas dire raciste.

Confrontée aux premières heures du cinéma à cet environnement ségrégationniste,


la communauté noire n'a pas eu d'autre choix que de s'investir dans les race movies (films
ethniques).

5.1. Les "race movies"

Selon l'encyclopédie en ligne Wikipédia, « l'expression anglaise race movies


(littéralement : "film ethnique") désigne un genre de films produits aux États-Unis pendant
une période s'étalant environ de 1915 à 1950 et qui consistait en des films produits pour un
public noir, avec des acteurs noirs. »

Page 9 sur 16
Cours d’HISTOIRE DU CINEMA/M. Mouélé/L1/SIC-groupe 2/2024

Ce mouvement permit de contrebalancer les images stéréotypées véhiculées


par le cinéma blanc sur les Noirs. Il eût pour chef de file Oscar Micheaux, lequel est à
juste titre considéré comme le père du cinéma noir américain.

Oscar Micheaux est un pur autodidacte qui fit toutes sortes de métiers (métayer,
cireur de chaussures, ouvrier mais aussi romancier dès 1913 en créant sa propre maison
d’éditions) ; il fut l’auteur d’un premier moyen métrage The homesteader d’après l’une de
ses propres nouvelles en 1919. Au total, il tourna 44 films et sa carrière s'acheva en 1948.

Il eût aussi des femmes qui comptèrent dans l'aventure des race movies. L'une
d'elles, notamment Maria P. Williams, fut la première Africaine-Americaine à produire un
film (Flames of Wrath, 1923).

Ce fut l’intégration d’acteurs de couleur pour incarner des personnages acceptables


par la majorité blanche (Harry Bellafonte, Dorothy Dandridge et plus tard la star Sidney
Poitier) et la récupération par Hollywood de la thématique de la « question noire » qui est
à l’origine de la mort des race movies et de la première disparition des cinéastes noirs.

5.2. La "Blaxploitation"

C'est dans les années 70 que le cinéma contestataire du peuple noir aux USA connut
un autre sommet avec le phénomène de la Blaxploitation. Il sagit « d'un courant culturel
et social propre au cinéma américain des années 1970 qui a revalorisé l'image des
Afro-Américains en les présentant dans des rôles dignes et de premier plan et non plus
seulement dans des rôles secondaires et de faire-valoir. » (source : Wikipédia)

Le véritable détonateur de cette vague qui va suivre est Gordon Parks qui
rencontre un immense succès à 59 ans en réalisant Shaft (1971) qui impose aussi Richard
Roundtree en privé black et cool dans un univers urbain de néons typique de la décennie
qui s’en vient. Le succès du film suffit à sauver la MGM de la faillite. Enfin, la musique
d’Isaac Hayes et la longue montée de son morceau titre reste également un des plus grand
succès de toutes les musiques de films. Shaft fixe quelques uns des codes de la vague dite
de la Blaxploitation qui va suivre et dès le second opus l’année suivante Les nouveaux
Page 10 sur 16
Cours d’HISTOIRE DU CINEMA/M. Mouélé/L1/SIC-groupe 2/2024

exploits de Shaft (1972), plus orienté vers l’action et dont on a voulut capitaliser sur la
réputation et l’effet de nouveauté du premier.

Page 11 sur 16
Cours d’HISTOIRE DU CINEMA/M. Mouélé/L1/SIC-groupe 2/2024

Dans la plupart des films de la Blaxploitation et la longue liste de ceux réalisés par
des Blancs (dont d’excellents cinéastes comme Larry Cohen, Jack Hill, Jack Starett…), les
personnages noirs sont synonymes de coolitude, d’humour, de groove, de sensualité, de
puissance sexuelle (voir par exemple The human tornado (1976) de Cliff Roquemore avec
Rudy Ray Moore), de résistance et de rébellion violente.

Par après, les cinéastes noirs prirent leurs distances avec la Blaxploitation puisque
récupérée par Hollywood.

5.3. Le cinéma africain-américain contemporain

Les années 80 sont marquées par le temps des individualités, qui elles sauront
parfois trouver le chemin des studios et d’une reconnaissance artistique véritable auprès du
public blanc comme d’Hollywood. Cette époque de transition est d’abord et avant tout celle
qui aura vu apparaître Spike Lee.

L’œuvre de Spike Lee témoigne de l’évolution du cinéma indépendant dans le


paysage newyorkais et même, américain.

Il tourne en 1986, Nola Darling n’en fait qu’à sa tête. Cette comédie qui fait le portrait
d'une fille noire libre est tournée en noir et blanc et mise en scène de façon éclatante. Le
film est un grand succès commercial et remporte le Prix de la Jeunesse à Cannes.

En 1989, il réalise Do the right thing (1989), le film emblématique de sa génération.

Il tourne ensuite le beau film sur le jazz Mo’Better blues (1990) en réponse au Bird de
Clint Eastwood.

Sa comédie bourgeoise Jungle fever (1991) apporte quelque amertume aux rares
relations interraciales de l’époque. Le film vaut à Samuel L. Jackson un prix
d’interprétation à Cannes.

En 1992, sa filmographie est enrichie avec le biopic de Malcom X.

Page 12 sur 16
Cours d’HISTOIRE DU CINEMA/M. Mouélé/L1/SIC-groupe 2/2024

Dans le sillon de Spike Lee, le cinéma africain-américain contemporain se fera


également remarquer par les films de Mario Van Peebles (New Jack City, Posse) et des
frères Singleton.

Page 13 sur 16
Cours d’HISTOIRE DU CINEMA/M. Mouélé/L1/SIC-groupe 2/2024

Plus récemment, on peut citer parmi les œuvres emblématiques de cette vitalité
reconquise du cinéma des Noirs, des films tels que Le Majordome et Precious de Lee
Daniels, Twelve Years a Slave de Steve McQueen, Moonlight de Barry Jenkins, les succès
planétaires de Get Out de Jordan Peele et de Black Panther de Ryan Coogler ou de
BlacKkKlansman de Spike Lee.

Ce fut vers la fin des années 80 que le star system hollywoodien daigna enfin donner
une grande visibilité aux comédiens noirs qui nous sont devenus familiers : Eddie Murphy,
Morgan Freeman, Denzel Washington, Whoopi Goldberg, Forest Whitaker, Will
Smith ou Halle Berry… Nombre de films signés par des cinéastes Blancs se sont mis aussi
à traiter de manière satisfaisante des thématiques liées au vécu des Noirs, soit : Lincoln de
Steven Spielberg, Django Unchained de Quentin Tarantino, Detroit de Kathryn Bigelow,
Loving de Jeff Nichols, Green Book de Peter Farrelly…

6. LA RÉVOLUTION DU CINÉMA PARLANT

Le premier film parlant, The jazzman singer, est sorti en 1927. Le passage au
cinéma sonore n’est pas sans difficultés ; de nombreux grands noms du septième art voient
leur carrière décliner parce qu’ils n’ont pas su s’adapter.

L’apparition du son entraîne la fin du cinéma muet qui disparaît


définitivement dans les années 1930. Rares sont les acteurs qui ont réussi cette transition.
En effet, le poids des mimiques et de la gestuelle a considérablement diminué pour tendre
vers un jeu plus naturel où la voix et les intonations avaient désormais une importance
considérable. Charles Chaplin en est le meilleur exemple.

La naissance des films parlés a occasionné bien des transformations dans le


paysage de la cinématographie mondiale. Ainsi on a vu apparaître :
1° un nouveau type de cinéma français connu sous le nom de réalisme poétique, marqué
par les œuvres de Jean Renoir et Jean Gabin ;
2° l'expansion du cinéma américain à l'échelle mondiale. Les Etats-Unis ont compris le
poids économique que pouvait représenter l’industrie du cinéma, en même temps que l’atout

Page 14 sur 16
Cours d’HISTOIRE DU CINEMA/M. Mouélé/L1/SIC-groupe 2/2024

culturel (soft power) que cet art pouvait représenter pour diffuser leur art de vivre et leur
mode de pensée ;
3° le développement fantastique du cinéma italien à partir du courant néo-réaliste né avec
Ossessione de Luchino Visconti en 1942. D’autres réalisateurs, tels que Vittorio de Sica et
Roberto Rossellini, contribuent à l’essor du cinéma italien durant cette période ;

7. LE BOOM CINEMATOGRAPHIQUE DE L’APRES-SECONDE GUERRE


MONDIALE

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, le cinéma connaît un nouvel élan. Le


nombre de salles continue de croître, et cela, bien avant que la télévision n’apparaisse. De
nouveaux mouvements émergent. Au nombre de ces mouvements qui donneront un nouvel
élan au cinéma et accompagneront les changements sociaux tels que la décolonisation, la
déchristianisation, etc., on distingue :
- le “cinéma vérité“ - lequel vise à montrer sur pellicule la vie quotidienne des gens ;
- la Nouvelle Vague (1950-1960) animée par François Truffaut (Les 400 coups,1959 et À
bout de souffle,1960) et Jean-Luc Godard ;
- le nouveau cinéma populaire américain représenté par des films comme Terminator
(James Cameron), Indiana Jones (Steven Spielberg) ou les productions de Marvel.

Cette évolution, profitant aussi de l’effondrement de l’URSS, s’accompagne par


ailleurs d’une explosion de la cinématographie américaine en dehors de l’Amérique.

8. LA 3D DANS LE CINEMA

Après l’arrivée du son et le rajout de la couleur, l’autre grande révolution qui a


marqué l’histoire du cinéma est l’utilisation de la 3D. Cet acronyme renvoie à "trois
dimensions" et sert à désigner un procédé permettant de filmer la réalité selon la hauteur,
la largeur et la profondeur, c’est-à-dire les trois dimensions qui sont prises en compte
dans la vision binoculaire de l’être humain. Le cinéma en 3D est aussi appelé cinéma en
relief ou cinéma stéréoscopique.

Page 15 sur 16
Cours d’HISTOIRE DU CINEMA/M. Mouélé/L1/SIC-groupe 2/2024

Des films tournés en relief ont existé aux premières heures du cinéma. Toutefois,
le procédé a connu son véritable âge d’or à la fin du 20è siècle, boosté par l’avènement de
l’ère numérique. La 3D a ainsi été à l’honneur dans les films comme Titanic ou Avatar de
James Cameron ou encore dans les productions des sociétés comme Dreamsworks (S.
Spielberg), LucasFilms (G. Lucas) ou Disney.

L’arrivée de la 3D au cinéma s’est accompagnée de nombreuses promesses :


émerveillement, magie, authenticité… Mais, de plus en plus, cette technologie semble
synonyme de confusion et d’ennui. Elle prête de plus en plus le flanc à la critique à cause
du côté époustouflant des images qui ont tendance à éclipser le fond du film.

De plus, les obstacles technologiques sont nombreux, ce qui explique les limites de cette
innovation. D’abord, il faut des lunettes pour visionner ce genre de films au cinéma, et le
prix de l’entrée est de plus élevé par rapport aux films traditionnels. Ensuite, il est presque
impossible de revoir ce film après sa sortie en salle car les télévisions 3D n’ont pas la côte
auprès du grand public

(à suivre)

Page 16 sur 16

Vous aimerez peut-être aussi