Vous êtes sur la page 1sur 829

Histoire générale de

l'assurance en France et à
l'étranger / par Georges
Hamon,...

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Hamon, Georges (1855-19..). Auteur du texte. Histoire générale
de l'assurance en France et à l'étranger / par Georges Hamon,....
1895-1896.

1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart


des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le
domaine public provenant des collections de la BnF. Leur
réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet
1978 :
- La réutilisation non commerciale de ces contenus ou dans le
cadre d’une publication académique ou scientifique est libre et
gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment
du maintien de la mention de source des contenus telle que
précisée ci-après : « Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale
de France » ou « Source gallica.bnf.fr / BnF ».
- La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait
l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la
revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de
fourniture de service ou toute autre réutilisation des contenus
générant directement des revenus : publication vendue (à
l’exception des ouvrages académiques ou scientifiques), une
exposition, une production audiovisuelle, un service ou un produit
payant, un support à vocation promotionnelle etc.

CLIQUER ICI POUR ACCÉDER AUX TARIFS ET À LA LICENCE

2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de


l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes
publiques.

3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation


particulier. Il s'agit :

- des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur


appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés,
sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable
du titulaire des droits.
- des reproductions de documents conservés dans les
bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont
signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque
municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à
s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de
réutilisation.

4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le


producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du
code de la propriété intellectuelle.

5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica


sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans
un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la
conformité de son projet avec le droit de ce pays.

6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions


d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en
matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces
dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par
la loi du 17 juillet 1978.

7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition,


contacter
utilisation.commerciale@bnf.fr.
S G M M A. I R E

FASCICULE W 1 FASCICULE N° 2

aïs texte.—.Gravures: Allégorie de Paraîtra fin août et il comprendra :


ri 3pille. Arbre généalogiqueindiquant II. — 3° PÉRIODE (suite) : Marcha de l'as-
'eloppement de l'assurance par l'ini-
surance sous la Révolution, — Fac-similé
irivée, de l'origine jusqu'à nos jours. d'ur.epolice delà CompagniejRoi/ale d'Assu-
— Note de l'auteur. rances Générales.
Physiologie de l'assurance au point 4e PÉRIODE : L'assurance sous le premier
social, politique, familial, industriel. Empire. L'assurance maritime de :>808

Je'ou'est l'assurance. — Opinions sur jusqu'à nos jours, son fonctionnement;,
assurance. situation industrielle e; financier ;JOK
ïï. — Origines de l'Ass-in-oncc. — lro PÉ- Compagnies françaises, les 'Lloyd. Bvreauc
•toDE : Sa source remonte, aux oeuvres Veritas, Registre*.— Fac-similé d'une po-
issistance de l'antiquité. — Prêt à la lice d'assurance sur la vie en 1.812.
—•
ôsse. — Mutualité de la hanse. — Pro-' L'assurance en 1819 ; création des Oompa-
bition du prêt à la grosse. nagmes à primes lises, insti.V;ùonr. du
26 PÉRIODE : Epoque des Ordonnances.— troisième EIM pire, les Caisses nationales.—
contrat d'assurance.— Koi.vel.les ordon- Marche de l'assurance à l'ét anger.
lois,recôs,édits.— La vieille police 5" PÉRIODE ou Pi'îi-uooii so'jiAi.u : L'Ac-
nce de 1583. tuariat, son histoire, son objet, ses mani-
iiODE : Ordonnance Colbert, nais- festations, ses tendance1'. — La ligii'e de la
i droit maritime. — r l'assurance Prévoyance et de la Mutualité, son orga-
Fo lune dç utCi .--,. Assurance nisation.— Le. Gouvernement et l'assu-
. —
„.^..— Le comte d'Oldenbourg rance, la surveillance, la commission par-
itistè. — Progrès de l'assurance lementaire d'assurance sociale, la direction
j

e à l'étranger.— Développement des assurances au Ministère du commerce.


irance terrestre en France.—Règle - — L'Office du travail, son histoire en
une Compagnie Générale pour le.-i France et à l'étranger, son fonctionnement.
;;es et grosses aventures de France L'assurance par l'Etat, historique, opinions
lie de Paris (.1.686). — Les deux diverses. — L'enseignementde l'assurance
s Compagnies françaises. — Le en France et à l'étranger. — Histoire de
l'assurance aux Etats-Unis.

LE FASCICULE N» 3 paraîtra fin Octobre


HISTOIRE GÉNÉRALE

DE

L'ASSURANCE
S 0 M M AIR E

FASCICULE N" .1 FASCICULE N° 2


.

érs texte.—.Gravures: Allégorie de ! 'araîtra fin août et il comprendra :


ri Pille. Arbre ;»onéalogique indiquant II. — 38 PÉRIODE (suite) : Marche de l'as-
'éloppement de l'assurance par l'ini-
surance sous la Révolution, — Fac-similé
>rvvée, de l'origine jusqu'à nos jours. d'ur.e police de la Compagnie Royale d'Assu-
— Note de l'auteur. rances GéJiérales.
r'Jiysio/ofjie de l'Assurance au point 4° PÉRIODE : L'assurance sous le premier
social, politique, familial, industriel. Empire. L'assurance maritime de A 808
Je' qu'est l'assurance. — Opinions sur jusqu'à —
nos jours, son fonctionnement,
assurance. situation industrielle e: financier loi-
II. — Origines de VAssurance. — lro Pi> Compagnies françaises, les Llnyd, Bvreau c
•tODE : Sa source remonte aux oeuvres Veritas, Registre*. — Fat.-similé d'une po-
assistance de l'antiquité. — Prêt à la lice d'assurance sur la vie en 1.812. —-
ôsse. — Mutualité de la hanse. — Pro* L'assurance, «m 1819 ; création des Compa•
bition du prêt à la grosse. pagnies à primes fixes, instituions du
2°, PÉRIODE : Epoque des Ordonnances.— troisième Empire, ks Caisses n.-itionales.—
contrat d'assurance.— Nouvelles ordtm- Marche de l'assurance à l'étranger.
lois,recôs,édits.— La vieille police 5" PÉRIODE ou Pi';i:(i.'i.}^ KO'JLVUE : L'Ac-
nco de 1583. tuariat, son histoire, son objet, ses mani-
^10DE : Ordonnance Colbert, nais- festations, ses tendance'-. — La ligde de la
i droit maritime. — r 'assurance Prévoyance et de la Mutualité, son orga-
.— Fo lune dç n.ei.-^. Assurance nisation . — Le. Gouvernement et l'assu-
„..$;— Xe comte d'Oldenbourg rance, la surveillance, la commission par-
vtiste, — Progrès de l'assurance lementaire d'assurance sociale, la direction
i

e à l'étranger.— Développement des assurances au Ministère du commerce.


irance terrestre en France.—Règle - — L'Office du travail, son histoire en
une Compagnie; Générale pour le.-s France et à l'étranger, son fonctionnement.
;;es et grosses aventures de France L'assurance par l'Etat, historique, opinions
lie de Paris (1686). — Les deux diverses. — L'enseignemensde l'assurance
s Compagnies françaises. — Le en France et à l'étranger. — Histoire de
raw. l'assurance aux Etats-Unis.

LE FASCICULE N« 3 paraîtra fin Octobre


HISTOIRE GÉNÉRALE

DE

L'ASSURANCE
liÙVELOPPEMENT Dli L'ASSURANCF, FAR L'INITIATIVE PMVfcli
HISTOIRE GENERALE

L'ASSURANCE
r<p.

EN FRANCE ET A L'ETRANGER

VAU

GEORGES HÂMQN
/Vo/fr.v!':/</' i/ .l.< *lt 'Il fl •-.•
ù l'Institut (.'oiniwrcinl île Paria et à l'Aisoriatien Philotechnique
Membre de l'Association, dos Journalistes pariaient

EN VENTE
Au journal L'ASSURANCE MODERNE
4. RIÏK DU B'JULOl, 4
PArUS
DU MKMK AUTKUH

Le Petit Dictionnaire des .Assuram-es. (Prélace de M. Verinot)


i.e Mori.Mije de Jeanne (Assurance dotale).
Moralité de l'Assurance incendie (les Petits sinistres).
Catastrophe :1c MervUle et l'accident de M. Roger (Assurance accidents).
Demain ^ Assurance r»'j temporaire.,). •
lin Wagon (Assurance individuelle, i
Étude sur la situation matérielle, morale et sociale des gens de mer.
Agenda des Assurés — texte et gravures (paraît chaque annéei.
NOTE DE L'AUTEUR

L'auteur ne peut se dissimuler la lourde tâche qu'il a entreprise de tracer une


histoire complète de l'assurance; mais pour excuser sa prétention, il confesse qu'il
n'a pu se soustraire à de bienveillantes invitations qui lui ont été adressées à ce
sujet et, après de si èrudits écrivains qui ont marqué en des pages inoubliables le
caractère, la forme, les conséquences de l'assurance, il tente de suivre pas à pas la
route tracée par la Prévoyance, de ses origines lus plus reculées jusqu'à nos jours.
Depuis huit années que le Directeur de ('Institut Commercial de Paris, puis
l'Association Philotechnique ont fait l'honneur à l'auteur de lui confier une chaire
d'assurance afin d'en retracer l'histoire, la faire comprendre et aimer à de jeunes
auditeurs, les nombreux éléments, les excellents matériaux recueillis ça et là grâce
à l'amabilité des uns et des autres, ont puissamment contribué à la rédaction de ce
livre crue l'auteur n'aurait pas osé entreprendre d'écrire sans ces généreux concours.
L'ouvrage est divisé en sept parties :
Physiologie de l'assurance. — Histoire générale. — Histoire de l'assurance
incendie. — Histoire de l'assurance vie. — Histoire de l'assurance accidents. —
Histoire des assurances agricoles. — Conclusion.
L'histoire générale comporte naturellement celle de l'assurance maritime. Sont
énumérés ensuite les risques divers et si nombreux dont la garantie par l'assurance
a été tentée, puis viennent des documents ortginaxirc qui retracent les grandes
phases de l'assurance et quelques portraits de ses chantres ou de ses apôtres ;
enfin ses luttes contre les monopolisateurs, les créations scientifiques sociales
qu'elle provoque, et une foule de détails utiles forment l'encadrement aux généra-
lités et complètent un ensemble qui prépare — c'esÉ le souhait de l'auteur— à (a
lecture facile de ses cinq branches principales.
Les origines, l'histoire et l'état de la question au point de vue moral, social,
législatif, professionnel et industriel sont les étapes que s'est assignées {'auteur, pour
exposer avec mètliode la marche des branches maritime incendie, vie, accidents,
agricoles.
'Les divers fascicxdes de cette histoire réunis formeront un fort volume, c'est
beaucoup pour l'auteur, mais c'est bien peu si l'on songe au livre d'or qu'il faudrait
si on devait y inscrire les grandes et bonnes choses que {'assurance accorde chaque
année à l'humanité.
L'Histoire générale de l'Assurance sera suivie de plusieurs autres études dans
lesquelles les collaborateurs, dont l'auteur s'est assuré le concours, exposeront la
législation et la jurisprudence des différentes branches de l'assurance.
L'auteur se plait à espérer que l'ensemble de ces volumes formeront un guide à
la fois théorique et pratique qui conviendra à tous ceux qui s'intéressent à cette
grande et noble question de {'.Assurance.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE

PHYSIOLOGIE DE L'ASSURANCE

Au point de oue social, politique, familial, industriel, l'assurance


est-elle réalisable?— La question des assurances est un bien vieux sujet
qui serait voilé par l'oubli si son principe n'était pas essentiel à notre
organisation progressive et sociale.
A l'observation, l'assurance présente divers aspects bien curieux :
ainsi dans certains milieux, considérée au point de vue social, elle se
révèle comme devant apporter le bien-être au genre humain ; par elle, la
société sera transformée, tous seront riches, heureux, la vieillesse sera
assurée dès l'enfance; le grand problème de la lutle pour la vie sera
résolu.
Telle semble être, au point de vue social extrême, la forme attirante
que revêt l'assurance. Malheureusement, ce sont là des choses trop belles
pour n'être pas trompeuses, les moyens pour obtenir un tel résultat
n'existent encore qu'à l'état de vague rêve dans le cerveau des philan-
thropes. Cependant empressons-nous de le dire, l'oeuvre sociale de
l'assurance existe, mais il est nécessaire de ne pas aller plus vite qu3 le
courant, car appliquée avec raison, par petites doses, sagement elle sera
d'un grand secours pour améliorer la situation du travailleur, à la condi-
tion, toutefois, que celui-ci la conquerra par un effort personnel et en
dehors de toute pression socialiste ou d'Etat.
Au point de vue politique, l'assurance offre un moyen électoral
puissant. En effet, sur quelles bases sont bâtis les programmes électoraux?
8 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET \ 1,'ÉTRAXGEK

Ils sont rédigés à l'aide d'un ensemble attrayant de tous les desiderata
de nature adonner à l'électeur une situation politique, sociale, industrielle,
supérieure à celle qu'il possède.
Tout le secret de la profession de foi se résume à satisfaire la masse ;
aussi, en outre de la question de régime, de finances, de travaux publics,
soit d'intérêt local ou général, voyons-nous surgir la question ouvrière
avec son cortège ordinaire d'impossibilités : caisse de retraite par l'Etal,
risque professionnel obligatoire, assurance obligatoire des récoltes et des
bestiaux, assurance incendie monopolisée par l'État, assurance du chô-
mage involontaire, assurance contre la maladie...
L'assurance ici règne en autocrate, elle est la panacée qui rétablira
l'équilibre du budget en déficit, qui éteindra le paupérisme et, parce point
de contact avec la question sociale, elle doit être la plate-forme électorale
des candidats au siège du Parlement.
Alors nous retombons dans le rêve ; le candidat promet ce que l'élu
ne peut tenir ; malgré son bon vouloir, malgré ses promesses, malgré ses
tendances de groupe, malgré ses ambitions à devenir homme de gouver-
nement, il entrevoit l'inéluctable nécessité de mettre un frein à ses aspi-
rations généreuses et il s'avoue incapable de donner le bonheur parfait,
tel qu'il l'a fait espérer, car il le conçoit sans méthode, sans science, avec
sa philanthropie seulement. Au point de vue social, comme au point de
vue politique, l'assurance a donc un mirage trompeur et dangereux.
Puisque l'assurance nous semble incompatible au point de vue
social tel que l'entendent les extrêmes, et au point de vue politique selon
le sentiment des condidats députés, quel peut être son rôle pratique et
moral dans notre organisation sociale? Nous y voici: elle est indispen-
sable dans la famille, dans l'industrie, dans les transactions commerciales.
Dans la famille, l'assurance est l'auréole, elle plane au-dessus des
soucis comme un astre brillant, elle est l'apanage de la paix, du bonheur
et de l'avenir, elle consacre l'effort personnel de la production et de
l'économie.
Avec elle, les modestes travailleurs, les employés, cette classe si
intéressante, écartent l'aléa du lendemain, les riches eux-mêmes, dans
leur bruyante odyssée, n'éprouvent nulle crainte des infortunes impré-
vues, des jours futurs.
Dans le milieu familial, l'assurance est le bon ange gardien qui,
penché sur le berceau du nouveau-né, lui réserve les heures douces ; elle
est aussi, cette assurance, la vraie moralisatrice, car elle écarte les
dépenses inutiles, le mari reste à la maison, l'enfant est instruit, la fille a
une dot et, aux temps d'épreuves, la veuve vit, espère, grâce à l'épargne
HISTOIRE GÉNÉRALE RE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A J.'ÉTRANGER
9

cumulée, au capital certain qui est le fruit de la prévoyance, de la sobriété


et de la bonne conduite.
Ses multiples combinaisons sont à la portée de tous ceux qui ont de
l'ordre, de la méthode, du jugement ; elle concourt au développement du
commerce, elle empêche les défaillances, elle arrête même sur la pente
du suicide ceux que les tristesses, les déboires, les désespérances enva-
hissent; car elle ne veut pas qu'on se tue !
On dit souvent que l'assurance n'est qu'à la portée des riches ; c'est
une erreur et une ignorance ; et la preuve en serait facile à faire si les
Compagnies d'assurances publiaient la statistique de leurs petits contrats.
On dit que la prime est élevée, qu'il est difficile à un ouvrier d'assurer
une somme raisonnable compatible avec son salaire. Au moins, qu'ils
essayent ! N'avons-nous pas de modestes employés d'administration qui
sont assurés, malgré leur situation financière plus précaire souvent que
celle de l'ouvrier aisé?
L'assurance vie, répétons-le, est accessible à tous, et si tous ne s'as-
surent pas, c'est que l'ôgoïsme écarte l'idée de prévoyance, et que, de ce fait,
elle ne peut franchir certains milieux où les passions sont trop puissantes.
L'industrie est le champ fertile où se meut l'assurance sous ses
diverses formes, en ses multiples combinaisons.
L'assurance contre l'incendie, l'assurance sur la vie, l'assurance
contre les accidents du travail et individuelle, l'assurance contre la grêle
et contre la mortalité des bestiaux, sont des mesures de sauvegarde et de
garantie qui s'imposent aux chefs de famille aussi bien qu'aux chefs d'éta-
blissements industriels.
Celui qui possède une maison doit être assuré contre l'incendie.
Celui qui possède des champs, des récoltes, des bestiaux, a pour
devoir de s'adresser aux Compagnies d'assurances qui garantissent contre
les fléaux atmosphériques et contre l'épizootie.
Celui qui est à la tête d'une usine, d'une manufacture, d'une fabrique,
doit avoir le souci de la prévention et celui de la réparation : des Sociétés
industrielles lui donnent le moyen de prévenir les accidents et les Com-
pagnies d'assurances celui de les réparer au point de vue pécuniaire et
des responsabilités encourues.
Enfin, l'assurance sur la vie rayonne sur toutes les conditions, elle
donne la sécurité dans le présent et l'espoir dans l'avenir.
Les assurances sont nées du Commerce, a dit un de nos Maîtres,
Pouget ; et il a ajouté : le Commerce a vu par elles accroître sa prospérité.
Au point de vue des transactions commerciales, l'assurance joue
donc un rôle que le temps n'a fait que développer.
10 HISTOIRE GÉNÉRALE UE I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ETRANGER

D'ailleurs, cette mission de l'assurance pour le développement du


Commerce n'a pas échappé au jurisconsulte.
Laissez-nous donc retracer cette admirable pensée qui a inspiré le
titre X du Code de commerce français :
Le danger de la navigation entravait le commerce maritime. Le
système des assurances a paru, il a consulté les saisons ; il a porté ses
regards sur la mer, il a interrogé ce terrible élément; il en a pressenti
les orages ; il a épié la politique, il a reconnu les ports et les côtes des
deux mondes; il a tout soumis à des calculs savants, à des théories
approximatives, et il a dit au commerçant habile, au navigateur intré-
pide : certes, il y a des désastres sur lesquels l'humanité ne peut que
gémir ; mais, quant à votre fortune, allez, franchissez les mers, déployez
votre activité et votre industrie, je me charge de vos risques. Alors, il
est permis de le dire, les cinq parties du monde se sont trouvées rap-
prochées...
L'assurance dans toutes ses manifestations maritimes et terrestres
était dès lors consacrée.

Ce qu'est l'assurance.— Quelle est donc cette science qui s'approprie


si miraculeusement à tous nos usages, qui s'assimile si intimement à nos
sentiments, qui s'associe si étroitement à nos intérêts?
Enfin qu'est l'assurance? Quelle est la source de ce torrent bienfai-
sant qui doit fertiliser l'humanité, adoucir les moeurs, puis transformer le
vieux monde qui s'écroule au milieu des passions accumulées de vingt
siècles, en une Arcadie où le bonheur règne, où la morale gouverne?
Eh bien, pour nous servir d'une familiale métaphore, nous
dirons que l'assurance est la soeur cadette de l'association dont la mère a
son nom : Assistance.
Assurance, Association, Assistance sont une sainte Trinité dont la
mission à peine commence.
Dès les premiers essais qui ont été écrits sur l'assurance, les auteurs
ont perçu la place que devait tenir cette science dans les lois humaines ;
et comme les bonnes fées du temps jadis, ils l'ont comblée de louanges
et lui ont prédit de grandes destinées ; mais il ne faudrait pas que la
vieille fée oubliée, ou plutôt inconnue alors et qu'on pourrait nommer
aujourd'hui politique, par exemple, change en terribles défauts les heu-
reuses qualités, les vertus précieuses offertes à l'assurance dès sa
naissance.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 11

Opinions sur l'assurance. — Jetons donc un rapide coup d'oeil sur les
auteurs et voyons ce qu'ils pensent de l'assurance pour elle-même.
Reportons-nous aux préceptes, maximes et définitions scientifiques
et théoriques qu'elle a provoqués çà et là : un peu partout.
Quel est le but de l'assurance ?
L'assurance, a dit M. Pouget :

A pour but de garantir l'assuré d'un désastre. Sa base, pour


«

t l'assureur, repose sur le système des probabilités, système dans lequel


« le risque fourni par chaque assuré et la prime qu'il paye en échange
« d'une garantie doivent être considérés comme les fractions d'un seul
€ tout. »

Et ajoute Quenault, dans son Traité des assurances terrestres :

t Considérée isolément et séparée des autres conventions de la


« même nature avec lesquelles elle se combine, une assurance ne
« présente à l'esprit d'autre idée que celle d'une gageure, au moins de la
« part de l'assureur...
«
Mais il n'en est pas ainsi ; l'assureur calcule, en effet, ses opéra-
«
tions sur un emploi judicieux de la théorie des probabilités, c'est-à-dire
« sur les chances plus ou moins probables d'un événement.. Apprécié à
« ce point de vue, le contrat d'assurance sort de la clause des spécula-
«
tions de jeu, et s'élève au rang des conventions que la loi civile
« sanctionne à cause de la moralité de leur principe et de l'utilité de leurs
« effets. »

Après le but de l'assurance, voici les deux principes fondamentaux


notés en tête de tous les anciens ouvrages :

« maxime fondamentale que l'assurance ne peut être un


1" De la
« pari, découle cette conséquence, que le contrat est nul si l'assuré n'a
« pas un intérêt à la propriété et à la conservation de l'objet exposé aux
« risques.
« 2° L'assurance ne peut jamais être pour l'assuré un moyen d'ac-
« quérir un profit ou un bénéfice ; elle est un contrat d'indemnité. »

entre assez dans les habitudes de la magistrature de prononcer


Il
des discours de rentrée sur la question sociale ; or, l'assurance est un
des points de ses préoccupations.
12 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« N'est-ce pas une chose admirable que ces combinaisons du genre


«
moderne qui, par les assurances, enlèvent au malheur son influence
«
funeste en divisant ses effets. » (Discours de rentrée 1845.)
Avocat général GLANDA/,.

L'assurance sur la vie, cette institution consolante et réparatrice,


«
« fonde la sécurité d'un avenir qui ne dépend pas de vous. » (Discours
de rentrée de 1861.) BLANCHE, Avocat général à la Cour de cassation.

Après M. l'avocat général Glandaz, après M. Blanche, M. l'avocat


général Sarrut, dont on s'accorde à reconnaître le grand talent oratoire,
vient tout dernièrement, à l'occasion de la rentrée des cours et des tribu-
naux, de prononcer un discours remarquable sur l'assurance et le risque
professionnel.
Passons maintenant au gros bataillon des citations qu'ont recueillies
déjà beaucoup d'auteurs et notamment M. Lecharlier, dans son excellent
livre d'or.

« a fallu plus de quarante ans pour faire comprendre aux pères de


Il
« famille en France qu'il est bon et prudent de s'assurer au profit de leurs
« enfants. » Alfred de COURCY.

L'assurance sur la vie ; institution merveilleuse dont l'algèbre


« u
« posé les bases et dont la morale forme le couronnement. »
Alfred de COURCY.

«
L'idée de l'assurance sur la vie ne vient qu'aux natures d'élite. »
BERGERON.

Les Compagnies d'assurances sont les caisses d'épargne perfec-


«
«
tionnées. » REBOUL.

« Tout est dans l'assurance, l'assurance est dans le tout. »


BELLIER.

»
Contre les coups du sort songe à te prémunir
«
Et loin dans le présent regarde l'avenir. »
BoiLEAU.

c
J'appellerai volontiers l'économie la deuxième Providence du genre
HISTOIRE GÉNÉRALE UE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 13

«
humain. La nature se perpétue par des reproductions, elle se détruit
« par
des jouissances. Faites que la subsistance même du pauvre ne se
« consume pas tout
entière ; obtenez de lui, non par des lois, mais par la
«
toute-puissance de l'exemple qu'il dérobe une très petite portion de son
«
travail pour la confier à la reproduction du temps, et par cela seul, vous
«
doublerez les ressources humaines. » MIRABEAU.

t L'idée de l'assurance est au fond de toutes les institutions politiques


« et religieuses. » E. de GIRARDIN.

L'assurance sur la vie est l'auxiliaire le plus utile et le plus actif


«
« du travail et de l'épargne. » Edmond ABOUT.

Quoique jeune encore, songez à la vieillesse, ce sera le moyen


«
«
d'employer tout le temps de votre vie. * OVIDE.

* La légalité des assurances terrestres ne se discute plus


» aujourd'hui. » L. POUGET.

« L'éventualité redoutable du lendemain, a dit M. Vermpt, peut


« être conjurée par l'assurance, ainsi nommée parce qu'elle constitue un
« caractère de sécurité absolu à une propriété qui la veille était incertaine. »

Les assurances sont, sans contredit, au nombre des institutions


«
c de prévoyance qui prêtent le plus énergique concours à la propriété,
« au commerce et à l'industrie. » Emile AGNEL.

L'assurance n'éloigne ni ne rapproche l'heure inéluctable de la


«
« vieillesse ou de la mort, mais elle garantit le vivre au vieillard qui
« ne peut plus travailler, et elle apporte au '(foyer de la veuve ou des
« orphelins le produit des épargnes et de la prévoyance du chef que la
t mort a pris.» A. BARON. (Le Paupérisme.)

Étrange anomalie !
«
« On assure maisons, meubles, navires et marchandises et le chef
c de la famille néglige d'assurer sa vie, c'est-à-dire de toutes ses
« propriétés la plus précieuse et en même la plus menacée. »
Benjamin FRANKLIN.
14 HISTOIRE OÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

* La politique universelle telle que je la conçois, c'est l'assurance


t universelle. » E. de GIRARDIN.

« Si la nature s'appelle Providence, la société doit s'appeler


«
Prévoyance. » Victor HUGO.

«
Chaque être humain sera enlevé par l'assurance aux soucis qui
«
l'asservissent et quelquefois qui l'avilissent au-dessous de son rang
«
d'homme. » BRISSON.

L'assurance sur la vie, sans être une panacée universelle, peut


«
« rendre de grands services à l'humanité. Elle fait des capitaux pour ceux
« qui n'en ont pas elle est l'auxiliaire le plus utile, le plus actif et le
i plus inoffensif du travail et de l'épargne. » Edmond ABOUT.

« 11n'y a pas un ouvrier en Angleterre, qui ne puisse, sans sortir de


« son village, assurer la sécurité de sa vieillesse après l'âge du travail,
« ou la sécurité de sa famille après la dernière séparation. » COCHIN.

Donnons au travailleur, à la femme, à l'adulte, à l'enfant même,


«
« toutes les commodités possibles pour épargner, rendons-les inexcu-
« sables de ne pas économiser quand ils le peuvent. » (La Lutte contre
la
misère.) H. MAZE.

La prévoyance résulte autant des nécessités de position fque de


«

« délibérations purement intellectuelles. » Frédéric BASTIAT.

L'objet propre à l'assurance sur la vie est d'indemniser ceux qui


«
« survivent du préjudice d'argent qu'une mort prématurée leur fait
« éprouver. » Alfred de COURCY.

L'assurance sur la vie convertit le savoir et l'activité en un capital


«

« sonnant, en un patrimoine effectif qui se transmet infailliblement et


«
qui devient réalisable à point nommé. Il ne serait pas facile de citer
«
des institutions qui donnent mieux satisfaction à l'esprit d'ordre et de
« progrès tout à la fois. » Michel CHEVALIER.

La vie paie — la mort libère. La solidarité universelle est une


* !

« partie delà vérité.


HIST01RU QÉNÉRALE DE L'ASSUnANCE EN FRANCE ET A
I.'ÉTRANOER 15

« Va, paresseux, vers la fourmi, regarde ses voies et sois sage. Elle
« prépare en été son pain et amasse durant la moisson de quoi manger. '*
Proverbes de Salomon, chapitre VI.

«L'assurance sur la vie est la meilleure sauvegarde des familles.


«
Aveugle qui en méconnaît les bienfaits, égoïste ou imprudent qui les
« dédaigne. » L. BERGERON.

«C'est une obligation pour les parents de s'occuper de l'avenir de


« leurs enfants. » (Théologie morale.) Mgr GOUSSET.

L'assurance sur la vie constitue un capital par l'aliénation du revenu


«
». ou un revenu par l'aliénation du capital. » BONVET.

C'est quelquefois par la prévoyance dans les choses de la vie que


«
«
l'on échappe au malheur où les autres tombent par imprudence. »
Mme de SÉVIGNÉ.

L'imprévoyance, qui porte la plupart des hommes à consommer le


»
» gain de chaque jour, sans souci du lendemain, est la principale cause
«
qui les retient constamment dans une situation précaire et qui les empê-
«
che de s'élever. » LE PLAY.

C'est dans ce sens et avec le même sentiment d'expression, la même


vigoureuse foi, que nos auteurs contemporains: MM. de Kertanguy,
Achard, Dormoy, Léon Marie, Thomereau, Lefort, Tarbouriech,Bailly,
Lalande, Reboul, Bellom, Gauvin, Chaufton et tant d'autres ont exprimé
le caractère de l'assurance.
C'est d'ailleurs la nécessité qui a créé l'assurance et c'est la recon-
naissance du service rendu qui en a provoqué l'apologie. En effet, tout
homme, à quelque condition qu'il appartienne, a des intérêts à sauvegar-
der. Il possède plus ou moins ; il aune maison, une chaumière, un champ,
des meubles, des outils, n'importe quoi. Si, par extraordinaire, il n'a rien,
il est locataire, et à ce titre, les objets qu'il loue lui sont aussi précieux que
s'il en était le propriétaire. Il est bien rare, en outre, qu'il n'ait pas une
famille ou un parent à aider par son travail. Or, nous sommes exposés
tous les jours à une foule d'événements plus ou moins funestes; le feu
détruit les propriétés, la tempête engloutit les navires, la grêle et la gelée
ravagent les récoltes, un accident quelconque ou une mort prématurée
causent des embarras, et quelquefois la misère, là où l'intelligence et le
10 HISTOIRE GÉNÉRALE DE [.'ASSURANCE 13V FRAXC'E ET A [.'ÉTRANGER

travail avaient fait naître l'aisance ou la fortune. Pour parer aux consé-
quences malheureuses de toutes les éventualités, l'homme a eu recours
au principe de l'association, principe qui a donné lieu à l'assurance et
à tant de combinaisons au moyen desquelles les assurés réparent les plus
grands désastres et surmontent facilement les plus grosses difficultés,
comme on le verra aux pages suivantes par l'examen des diverses
parties de l'assurance.
II

HISTOIRE GÉNÉRALE

ORIGINES DE L'ASSURANCE

V* PÉRIODE

Sa source remonte aux oeuvres d'assistance de l'antiquité. —Quelques


auteurs annoncent que les assurances sont juives de naissance, le fait
est possible, et à la lecture de certains livres anciens on est porté à
croire que des tentatives de réparation ou quelques essais pour la
garantie des risques ont été faits chez les peuplades nomades qui che-
vauchaient pour leur commerce à travers les vastes plaines de la Palestine,
de l'Arabie ou de l'Egypte.
Le peuple juif primitif a laissé, en effet, trop d'empreintes de son intel-
ligence des transactions commerciales sur les ruines du vieux monde,
pour écarter chez lui toute idée de défense contre les coups du hasard.
D'ailleurs, M. Wollemborg, le très distingué vulgarisateur des
caisses rurales en Italie, a signalé, d'après un passage du Talniud de
Babylone que les anciens Hébreux, alors qu'ils étaient à l'état de nation,
faisaient un usage journalier de l'assurance. Lorsque, parmi les âniors
réunis en caravane, l'un d'eux venait à perdre un animal, sans qu'il y ait
eu faute ou négligence de sa part, il lui était rendu un âne aux frais de
la masse commune.
Cette réparation, ajoute le texte du Talmud, devait se faire en
nature, et jamais en argent. Et les Emorains (commentateurs) expliquent
cette restriction en disant que l'ânier qui aurait été dédommagé en argent,
n'ayant plus qu'un animal au lieu de deux, n'aurait plus eu autant
d'intérêt à faire bonne garde que par le passé. Certes, dit M. Wollem-
borg, les anciens Hébreux n'ont pu avoir la notion claire et précise de
l'assurance telle qu'elle résulte des données de la science moderne, mais
ils en ont deviné les vrais caractères : mise en commun des risques
pesant sur la collectivité, et celte idée notamment : que l'assurance doit
2
18 HISTOIRE GENERAI.I? HK I. ASSURANCE K.X FltANOK ET \ L ETRAXe.RU

réparer un préjudice et ne doit jamais constituer un bénéfice. En même


temps, avec leur esprit pratique, ils l'entouraient des précautions néces-
saires pour écarter toute fraude et toute négligence.
Voilà donc l'assurance pratiquée par les Hébreux ; malheureusement
sa forme primitive qui semble être si rationnelle ne s'étendait pas aux
autres peuples environnants.
Ni les Assyriens, peuple commerçant maritime et terrestre, ni les
Égyptiens, ni les Grecs et Carthage la grande cité, alors reine des mers,
ne pratiquaient l'assurance.
L'Extrême-Orient, lui-même, ce berceau de la civilisation où la
condition sociale de l'homme existait, dit-on, il y a cinquante-quatre
siècles, n'a laissé aucun vestige où l'on puisse retrouver la réglementa-
tion même superficielle soit de la prévention, soit de la réparation d'un
dommage matériel survenu.
Si l'assurance telle que la conçoivent les besoins et les exigences
du commerce, de la propriété et de la responsabilité n'existait pas dans
l'antiquité, du moins sa formule consciente se dégageait-elle des
nombreuses et originales oeuvres d'assistance qui apportaient en ces
temps éloignés quelques soulagements aux infortunes.
Ainsi l'État grec prenait soin et se chargeait des enfants de ceux
qui avaient sacrifié leur vie pour le salut de la patrie. A Rome des indi-
vidus mettaient en commun tous leurs biens présents et à venir afin d'en
réaliser un bénéfice et se garantir contre les coups du sort.
D'après les auteurs contemporains, à Rome encore, des citoyens se
faisaient constituer des rentes viagères. Le Journal des actuaires de
Londres et Je Moniteur des assurances do Paris ont même à ce sujet
signalé l'existence de la première table de mortalité (1).
Viennent ensuite les associations et les corporations du bas Empire.
Les individus d'une même profession se groupaient et se constituaient
en société de secours mutuels. Une caisse commune recevait les
cotisations et en cas de décès on prenait dans cette caisse nommée
funératienne une somme qui, remise à l'héritier du mort, servait aux frais
de la sépulture et aux cérémonies religieuses qui l'accompagnaient; on
croit encore que des secours étaient donnés pour les cas de maladie. Au
reste, les caisses funéraires sont des institutions qui ont traversé les
siècles puisqu'elles fonctionnent en Hollande et sont très appréciées en
Angleterre.
En France même, tout dernièrement une société de ce genre annon-

(1) Voir Histoire de l'assurance sur la oie.


HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 19

çait son apparition qui a été suivie — il faut bien le dire — d'une rapide
et silencieuse disparition.
Au commencement du moyen âge l'assistance existe plus étendue,
plus large. Ainsi contre une cotisation consistant soit en denrées, soit en
argent on avait droit, lors du décès, à une sôputure, à des messes ; les
invités pouvaient assister aux repas qui suivaient ces messes ; les affiliés
aux Gildes (1) recevaient, en cas de maladie, les soins de leurs collègues,
l'adhérent qui tombait dans le besoin par suite de maladie, de vieillesse,
de la perte d'un membre, recevait des secours, on venait en aide à celui
qui perdait une bête de valeur, qui avait vu piller ou brûler sa maison,
ou perdu sa fortune dans un naufrage.
Ces Gildes, dit un excellent écrivain M. Lefort dans le Traité
du contrat d'assurances sur la vie, se rapprochaient à la fois des
institutions d'assistance et des sociétés d'assurances contre les acci-
dents. Le lieu de leur naissance à ces sociétés, ébauches impar-
faites de l'assurance, étaient les contrées du Nord, la Saxe ou le
Danemark.

Prêt à la grosse. — Le contrat de prêt à la grosse apparaît sur


la scène du monde, et prend racine 350 ans avant notre ère dans cet
Orient plein de lumière et de génie. Athènes et Rome dont le commerce
était si développé, dont les lois ont servi d'exemples aux races latines,
peuvent revendiquer l'application première de cotte opération, aux termes
de laquelle le prêteur aventurait son argent au delà des mers ; autrement
dit, le prêteur stipulait que, pour prix du risque, une prime de grosse
serait engagée, mais lui serait rendue ainsi que le capital prêté en cas de
bonne arrivée du navire. Les risques étaient à la charge du prêteur, mais
en échange l'emprunteur payait un fort intérêt en même temps qu'il
pouvait être appelé à rembourser, selon les cas, le capital engagé.
En un des brillants plaidoyers de Démosthône on trouve le texte d'un
acte signalant un prêt à la grosse.
Quant au contrat à la grosse qui est défini de nos jours dans les
articles 311 à 331 du code de commerce, il était primitivement dénommé
prêt à la grosse, contrat de société, puis de vente.
Il est intéressant de signaler dès à présent que dans l'assurance
maritime actuelle le contraire de l'opération primitive de la prime de
grosse existe. En effet, l'assureur reçoit d'avance une prime qui

(1) Voir Histoire de l'assurance contre l'incendie.


20 HISTOIRE GÉNÉRALE DU 1.'ASSURANCE UN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

représente le prix du risque et moyennant cette prime, il s'engage à


payer la somme assurée en cas de naufrage. C'est plus naturel.
Les relations d'intérêts et d'alliances qui unissaient les Rhodiens et
les Romains permirent à ces derniers d'adopter certaines des lois si
sages qui gouvernaient les anciens confédérés d'Athènes, les anciens
sujets d'Alexandre.
On prête à l'empereur Claude l'adaptation du contrat à la grosse
dans les lois romaines. Suétone raconte aussi que, lors d'une grande
disette afin de rendre plus rapide l'importation des grains en Italie, Claude
prit à sa charge les risques de la tempête.
D'autre part, quelques commentateurs de l'ordonnance maritime de
1081 : Val in, procureur du roi au siège de l'amirauté de la Rochelle et
Emôrigon, avocat au parlement d'Aix et conseiller à l'amirauté de Mar-
seille, ont trouvé dans les lois romaines des opérations qui avaient une
grande ressemblance avec l'assurance maritime (l). Ainsi, lors de la
seconde guerre punique, au témoignage de Tite-Live, les entrepreneurs,
chargés de transporter en Espagne des munitions de guerre et de bouche,
stipulèrent que la République serait garantie des pertes causées par
l'ennemi ou par la tempête. Puis, d'après le même historien, quelques
années plus tard, des entrepreneurs furent poursuivis pour avoir simulé
frauduleusement des naufrages afin de recevoir un indemnité de l'État.
Les auteurs cependant sont tous unanimes à déclarer que ces mesures de
prévention et de sauvegarde contre le hasard ne peuvent en aucune sorte
être classées comme oeuvres de garanties l'élevant de l'assurance, telle
qu'elle a été pratiquée à la fin du moyen âge et que d'ailleurs ni le Code,
ni les Novelles, ni les Basiliques publiées en 867 par Basile le Macédonien
sous l'empereur Justinien ne font mention du contrat d'assurance ; les
Romains y suppléaient, paraît-il, soit par des contrats conditionnels ou
aléatoires, soit par la fidéjussion ; quant au contrat de louage il était
parfaitement connu en Italie.
Malgré tout, Emôrigon croit apercevoir dans l'histoire romaine
quelque trace de notre contrat d'assurance.
Ainsi d'après ses commentaires, la République prenait pour son
compte les pertes qui arrivaient par la violence des tempêtes.
Et, d'autre part, Cicôron ayant remporté' en Cilicie un victoire qui
lui mérita le titre d'Imperator, et qui lui aurait procuré l'honneur du
triomphe, si la guerre civile entre César *et Pompée ne fût survenue,
écrivit au procureur Caninius Saluste, à Laodicôe, qu'il aurait soin

(1) Droit romain : Si tel navire revient d'Asie?


HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 21

de se procurer des répondants pour les deniers publics qu'il enverrait à


Rome.
Cette insistance d'Emôrigon sur les mystères du génie romain sont
bien d'un auteur passionné pour l'épopée des Alexandre et des César.
On le voit, le grand souci de l'historien est de retrouver le germe de
l'assurance dans les lois phéniciennes, rhodiennes, puis romaines.
Alauzet, un autre auteur très estimé dans l'assurance, n'entre pas
dans le détail de toutes les combinaisons permises par les lois d'Athènes
et de Rome, il lui suffit de trouver qu'elles se prêtaient à tous les besoins
et à toutes les spéculations des navigateurs peu fortunés. Quant au
contrat à la grosse, il était avantageux pour eux, puisque, en cas de
sinistres, la dette était éteinte. Nous trouvons encore dans un excellent
livre intitulé Traité des assurances maritimes en France et à l'étranger
de M. Labraque-Bordeuave, avocat à la cour d'appel, des détails très
curieux sur l'origine de l'assurance en général et naturellement de
l'assuranie maritime en particulier.
L'auteur a pris comme devise de son livre cette conviction de
Cleirac, avocat au Parlement de Bordeaux en 1061, que les assurances
sont juives de naissance, et dans un compte rendu historique très étendu,
M. Labraque ne néglige aucun écrit, aucun fait qui jette quelque lumière
sur les conventions maritimes empruntant à l'assurance un rapport, si
petit qu'il soit.
M. Labraque-Bordenaveconvient lui aussi que la création et l'origine
du contrat d'assurance sont un mystère que trois siècles de recherches
n'ont pu éclaircir complètement.
Au reste, si l'assurance véritable et pure dans sa forme ne pouvait
être ni une institution de l'antiquité, du bas empire ni de la féodalité,
c'est justement parce qu'elle est une convention morale et qu'en ces
temps reculés, alors que les hommes ne recherchaient que la propriété
du sol, alors qu'en un grand bouleversement en des guerres sans fin, les
races créaient leur nationalité, on ne pouvait espérer voir fonctionner
dans les trafics douteux l'assurance qui est la consécration de la pros-
périté du commerce et de la famille pendant la paix des peuples.
Dans le chaos des premiers âges de l'Europe, la France reste très en
arrière du mouvement commercial.
Charlemagne passe comme une grande figure qu'efface l'invasion des
Normands, les croisades offrent un répit ; la féodalité, les chevaliers s'en
vont à la lutte sainte et de formidables préparatifs maritimes ont lieu ; on
ne songe pas à l'assurance, car l'Orient est l'inconnu et on n'ose s'aven-
turer pour garantir l'aléa des transactions levantines.
22 HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Mutualité contributive de la Hanse. — L'Europe cependant avance


peu à peu vers ses destinées ; la grande ligne de la Hanse, cette mysté-
rieuse association, étend une sorte de dictature sur tous les organes
commerciaux des nations qui se constituent et l'assurance semble sur
le point de naître sous la forme mutuelle avec contribution à payer en
cas de pillage ou d'avaries communs.
On prête pour cette raison à la Hanse la pratique primitive de ce qui
est l'assurance maritime, mais il faut convenir que celte pratique devait
être encore peu raisonnée étant donnée l'époque d'ignorance et presque
de barbarie qui en a vu le premier éveil.
De la mutualité contributive de la Hanse et de Venise nous franchis-
sons un pas de géant, car nous allons atteindre la date de 1435, date
célèbre en assurance, car elle a vu se rédiger le contrat d'assurance.

Prohibition du prêt à la grosse. — Entre temps vers le xm° siècle, le


pape Grégoire IX lance une décrôtale sur la navigation, prohibant le
prêt à la grosse comme,recelant et autorisant la pratique de l'usure.
Naturellement des controverses sans fin s'élevèrent dans le camp de
la théologie aussi bien que dans celui des écoles et deux auteurs, Stracha
et Santerna, font découvrir dans le prêt à la grosse un contrat renfermant
deux distinctions : 1° le prêt d'une somme d'argent pour lequel il n'était
pas permis de stipuler l'intérêt et 'ri" le prix de la chance aléatoire qui
restait à la charge du prêteur.

2° PÉRIODE

Époques des ordonnances. A Barcelone, ville où devait être créé



plus tard, sous Henri IV de Transtamare, le contrat d'assurances, parait
également au xm° siècle un recueil de lois maritimes de 360 articles
environ. Ce document nommé, Consulat de la mer, ou Cour de Judicature
pour la mer, formait une curieuse collection des anciennes ordonnances
maritimes recueillies par ordres des rois d'Aragon.
Ce Consulat de là mer traitait du contrat à la grosse, des affrètements
et des avaries, mais il n'y était pas question, au dire de ses commen-
tateurs de l'assurance dont la pratique est d'une époque postérieure.
Azuni et d'autres écrivains italiens prétendent que le code de la cité de
Pise élaboré en 1160 a été la base du célèbre Consulat delà mer.
Il est bien certain que ces premières ordonnances maritimes étaient
HISTOIRE GÉNÉRALE DE I,'ASSURANCE RN FRANCK ET A L'ÉTRANGER 23

un peu parentes sinon d'origines, du moins d'intérêts identiques. Ainsi


le code Trani Italie, appliqué en 1063 pour les coutumes et usages
maritimes, a été l'instigateur du code Amaljetana Italie publié en 1065, il
n'y : donc rien d'étonnant que les jurisconsultes du xin° siècle se soient
inspirés des codes antérieurs pour la rédaction définitive du recueil de
Barcelone.
D'ailleurs, si nous en jugeons par les recherches que nous avons faites,
des sortes de « Consulat de la mer » étaient déjà reconnues comme loi à
Rome en 1015 ; Acre, 1111 ; Majorque, 1112 ; Pise, 1118 ; Marseille, 1162 ;
Almeric, 1174; Gênes, 1186; Khodes, T190 ; en Morée, 1200; à Venise,
1215 ; en Allemagne, 1224 ; à Messine, 1225 ; à Paris, 1250 ; et à Cons-
tantinople en 1262.
Le Consulat de la mer remonterait donc à une époque très reculée,
son origine exacte en est même encore douteuse et on peut croire
d'après certains indices qu'il a été appliqué primitivement dans les ports
de la Méditerranée. Quoi qu'il en soit, le Consulat de Barcelone a été
imprimé et publié en langue catalane en 1494 (1).
C'est aussi vers 1200 que la duchesse Éléonore de Guyenne, de
retour de la terre sainte, a prescrit divers usages et conventions maritimes
dans l'île d'Oleron ; son fils Richard, roi d'Angleterre, s'est empressé de
consacrer ces lois vagues, mais justes et humaines ; aussi l'obscurité
aidant et l'historien quelquefois s'égarant, certains auteurs anglais,
Selden Coke et Blacktone entre autres, ont pensé, de bonne foi, que les
rôles d'Oleron étaient les premiers documents sur lesquels l'assurance
maritime avait été basée et qu'ils en étaient les créateurs.
Eh bien ! en admettant même ce fait que l'assurance relève des rôles
d'Oleron, elle serait française ; du pays de Gascogne, puisque les juge-
ments d'Oleron tirent leur titre de l'île de ce nom, qui servait alors de
résidence à la reine d'Angleterre.
Au reste, une copie de cet ouvrage, écrite en gascon, publiée à
Rouen et encore existante, nous fixe exactement sur la date de sa rédac-
tion, c'est-à-dire en l'année 1266.
Nous verrons plus tard que l'Angleterre est la terre de prédilection
de l'assurance et que la Grande-Bretagne est le pays où elle se développe
le plus rapidement et plus pratiquement que partout ailleurs ; laissons

(1) Un exemplaire de cetto édition fort précieuse existe à la Bibliothèque


Nationale.
M. Pardessus en a donné une traduction dans le troisième volume de son Recueil
des Lois maritimes.
24 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

donc aux autres, à la France, à l'Espagne, à l'Italie ce qui leur


appartient.
Ces roôles d'Oleron pouvaient avoir, en effet, d'heureux résultats
pour l'avenir.
Ainsi on y trouvait des règles sur la position de maître à bord, sur
son autorité, ses droits et ses devoirs; — « il ne peut vendre le navire
et jl doit assembler son équipage avant de faire le jet à la mer ».
Venaient ensuite les devoirs des matelots, leur nourriture, les récom-
penses et les punitions que le maître pouvait accorder ou infliger, les
contrats à la grosse aventure, le jet et les objets qu'on doit jeter à la mer;
l'origine des bris et naufrages ; les règlements sur les pilotes, les règles
concernant la pêche à la morue qui avait lieu à cette époque dans le
golfe de Gascogne.
Ce code était admis, comme faisant autorité, par les tribunaux de
différentes nations, notamment par ceux d'Angleterre et plus tard par
ceux des États-Unis d'Amérique.
Ainsi dans les archives de la Bibliothèque Nationale on retrouve
qu'en 1587, le gouvernement populaire de Rhode Island, un des plus
anciens Etats de l'Union, avait déclaré les jugements d'Oleron comme
étant « en force pour le bénéfice des gens de mer ».
Un peu vers le même moment où les jugements d'Oleron étaient un
oracle bienfaisant pour l'humanité, Venise revisait et corrigeait son code
très ancien, le Capitulare Nauticutn, contenant les lois et ordonnances
concernant les navires.
De son côté la ville de Marseille employait un code maritime pour
le règlement de son immense commerce.
Antoine Mornac, jurisconsulte français, né en 1555, mort en 1619, dit
dans son Lex Rhodiarum de Jactu : « Autrefois, à Marseille, à la façon
« des gens de Rhodes, existèrent plusieurs lois maritimes qui furent
« gravées dans la pierre, mais dont nous sommes ignorans aujourd'hui ;
« et lesquelles, soit des injures du temps, soit par la négligence des
hommes, ont péri. »
Enfin, avant la révélation du contrat d'assurance, paraissait dans le
nord de l'Europe un document qui atteste combien la réglementation du
commerce maritime et sa garantie contre les chances du hasard étaient le
souci de tout le négoce européen.
Ce document, nommé : Ordonnances de Wisbuy, était un code des
lois maritimes établies par les marchands et patrons de la « splendide »
cité de Wisbuy située dans l'île de Gottland. La date exacte de sa pro-
mulgation est incertaine : quelques auteurs prétendent qu'elle n'est pas
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER
25

antérieure à la fin du quatorzième siècle, ou au commencement du


quinzième. D'autres assurent qu'elle est plus ancienne que le roôle
d'Oleron.
Quoi qu'il en soit, certaines recherches nous portent à penser que cette
ordonnance date de 1288.
Ce qu'il y a de singulier dans la publication de ce code c'est qu'il est
imprimé en allemand vulgaire, alors que la cité de Wisbuy appartenait
à la Suède.
Plusieurs traductions en ont été faites, nous signalerons celle datée
d'Amsterdam en 1664, puis une seconde parue en 1647 ; son auteur était
Kstienne Cleirac, savant juriste rouennais, auteur de nombreux ouvrages
relatifs à la marine, dont nous avons eu l'occasion de nous entretenir
précédemment.
Dans le même temps, la Flandre méridionale publiait les Jugements
de Damne etde WestcapelU en 24 articles et la Flandre septentrionale
rédigeait le Costumier d'Amsterdam.

Le Contrat d'assurance. — L'Espagne était alors sous la domination


des rois de Castille et les hauts faits antérieurs de Jacques l" d'Aragon,
son administration, et sa politique, puis le développement du commerce
entraînaient ce pays vers l'apothéose brillante où il s'est élevé. L'assu-
rance devait naître dans ce milieu éclairé, si bien préparé pour la
conquête du monde, car le reste de l'Europe était encore sous le coup
de la guerre des Anglais et ce n'était ni la France ravagée ni l'Angleterre
armée qui pouvaient songer aux besoins du commerce.
En 1330, un auteur espagnol nommé Pegolotti parle des assurances;
en 1400, un autre auteur Uzzano signale des assurances faites par con-
trat ; enfin l'année 1435 ouvre la première page du livre volumineux de
l'assurance par une loi célèbre qui prend naissance à Barcelone.
Cette loi a été nommée Las Capitulos de Barcelona, puis elle a été
publiée avec une introduction au cours de laquelle il était fait mention de
certaines stipulations existantes dans les ordonnances spéciales à l'assu-
rance maritime « dont le laps de temps et d'autres circonstances ont
démontré de nombreux défauts ». Une opération approchant de l'assu-
rance était évidemment pratiquée dans la ville de Barcelone antérieure-
ment à 1435 (1).

(1) La première ordonnance navale de cette cité porte la date de 1158. Le Consulat
de ta mvr dont nous avons signalé la création à Barcelone date de 130(1.
26 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A l/ÈTRANGER

L'historien espagnol don Antonio de Capmany, mort en 1810, apublié


en 1792 des Mémoires historiques sur la marine, le commerce et les arts
de l'ancienne cité de Barcelone, dans lesquels on retrouve les quatre
ordonnances de Barcelone de 1435, 1458, 1461 et 1485, écrites en
langue catalane.
L'ordonnance de 1435 subsiste encore.

Nouvelles ordonnances, lois, reçus, édils. — Dès lors, les lois, édits,
ordonnances, recès se suivent et le xv° siècle, puis la première partie
du xvi" siècle sont encombrés des premiers matériaux destinés à donner
à l'assurance du xtx° siècle cette force humanitaire qui la place au pre-
mier rang des oeuvres sociales.
Le xvi° siècle s'éveille, et dès la première année, en 1500, le Guidon
de la mer parait à Rouen, il est intitulé : Guidon des marchands sur mer
ou traité des contrats maritimes.
Ses auteurs et son origine sont inconnus, on suppose qu'il a été écrit
dans le seizième siècle ou plus antérieurement, ainsi que le mentionne
Straccha en 1555 dans son Mercatura (Art. 2, chap. 13). D'autre part,
Azuni prétend qu'il était en usage à Rouen, avant les ordonnances fran-
çaises, concernant la marine de 1400, 1517, 1543.
Cleirac l'a réimprimé dans ses Us et coutumes de la mer, où il dit
que c'est un ouvrage français composé pour le bénéfice des marchands et
commerçants de la noble cité de Rouen.
Ce même auteur lui applique ce titre de : premier code des assu-
rances. On y trouve, dit-il, les règles les plus précises et les détails les
plus circonstanciés sur l'origine, sur la forme, les conditions, les effets
de l'assurance et les principales clauses des polices modernes.
M. Pardessus fait seulement paraître le Guidon de la mer en 1556 et
M. Pouget suit son ordre de date dans son dictionnaire. Il est vrai que ce
dernier signale l'enregistrement de l'êdit comme ayant eu lieu en 1563, le
20 juillet (1).
Alors, les ordonnances se succèdent.

(1) Le roi Henri II ayant établi à Rouen, on 155(5, un tribunal chargé de juger les
affaires commerciales, les contestations en matière d'assurance étaient mentionnées
comme étant du ressort de ce Tribunal. En 1584, elles lui furent enlevées et confiéesà
l'amirauté. C'est pour le Tribunal de Rouen qu'un auteur, longtemps inconnu et qu'on
croit être Antoine Massias, a écrit l'ouvrage intitulé : le Guidon des marchands qui,
mettent à la mer, ouvrage qui a sei'vi de modèle pour la matière des assurances au
rédacteur de l'ordonnance de la marine du mois d'août 1681. (Journal La Semaine.)
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L*ASSURANCE EN FRANCE ET A 1,'ÉTRANOER 27

En 1523, à Florence, parait Y Ordonnance pour la réglementation des


assurances. Cette ordonnance date du 28 janvier 1523 et est analogue à
celle de Barcelone. En 1551 à Bruxelles sont promulguées les lois Caroline
ou règlements concernant le commerce maritime. — Ces lois sont dues
à Charles V.
En 1563 et en 1565, Philippe II d'Espagne ajouta de nouveaux
règlements à ce code.
Au cours du temps qui s'écoule paraissent en 1560, à Bilbao, YOrdon-
lumce relative à l'assurance ; en 1563, à Anvers, Y Ordonnance de la
Cite d'Anvers concernant les assurances, avaries, etc., par le roi
Philippe II; en 1566, Y Ordonnance concernant l'assurance, les avaries,
etc., faite par le roi Philippe II d'Espagne, en la ville de Valladolid le
14 juillet 1566 ; puis Y Ordonnance des villes hanséatiques ou Ligue
(eutonique, laquelle a été adoptée à Lubeck en 1591.
Cette ordonnance s'appliquait exclusivement aux lois commerciales
et maritimes, mais ne faisait aucune mention de l'assurance.
Elle existe encore en allemand et en latin et a été commentée, notam-
ment par Cleirac, dans son ouvrage Us et coutumes de la mer.
Les villes d'Italie suivent le mouvement. Venise, Florence, Gènes,
publient des lois sur l'assurance.
La Franco, un peu timide encore, entre néanmoins dans le courant et
Charles VII, François lor, François II et Charles IX, en collaboration avec
de l'Hospital, en 1563, créent des ordonnances et des juges consulaires.
Le Consulat de la mer est pratiqué sur les bords de la Méditerranée,
et dans tout le Levant, les Pôles des jugements d'Oleron sur les côtes de
l'Océan, le Guidon de la mer dans la Manche, les Ordonnances de Wisbuy
et de la Hanse teulonique dans la Baltique.
Le progrès vers l'assurance marche de pair avec les grandes révéla-
tions du génie des peuples ; il est contemporain de la découverte de l'im-
primerie, de la boussole et du nouveau monde.
C'est de cette époque que date la plus ancienne police d'assurances
dont on ait retrouvé les traces. Elle porte la date du 15 juin 1583. Elle a été
établie au bureau d'assurances se tenant à la Bourse royale de Londres.
On a conservé tous les détails sur cette police, parce qu'elle a donné lieu
à la première contestation authentique. La police était de 10,582 fr. 90, et
ce montant devait être payé à Richard Martin, dans le cas où William
Gibbons viendrait à mourir dans les 12 mois. Cotte police était souscrite
par 13 personnes différentes, s'engageant de 625 à 1,250 francs chacune ;
la prime était de 8 0/0. William Gibbons mourut le 28 mai 1584, et les
assureurs refusèrent de payer parce qu'il avait survécu 28 jours au terre
28 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

de 12 mois assigné par l'assurance. Les experts nommés pour examiner


l'affaire décidèrent que les 12 mois mentionnés dans la policé correspon-
daient à une année complète et ils décidèrent contre les assureurs. Ceux-
ci en appelèrent à la Cour de l'Amirauté, qui avait alors juridiction dans
ce genre d'affaires, elle rendit son jugement en 1587 se rangeant de l'avis
des arbitres et condamna les assureurs à payer.
Enfin en 1601, l'Angleterre se décide à rédiger des Statuts sur la
législation des assurances.
On y lit notamment : «Considérant, que depuis un temps immémorial,
« il a été d'usage entre les marchands de ce royaume et des autres nations,
« lorsqu'ils font quelque grande entreprise surtout dans les pays éloignés,
«
de donner quelque somme d'argent à d'autres personnes qui, ordinaire-
« ment ne sont pas en petit nombre, pour faire assurer leurs biens, mar-
« chandises, navires et choses qui doivent couri un risque,
sinon en
« entier, du
moins en partie et en telle proportion et en telle manière que
« les assureurs et les assurés peuvent convenir; laquelle
convention est
i ordinairement appelée police d'assurance,laquelle police d'assurance fait
« que
la perte d'un navire n'est suivie de la déconfiture de personne, celte
« perte pesant
beaucoup moins sur plusieurs que sur un petit nombre, et
«
beaucoup moins encore sur ceux qui ne font pas d'entreprises, que sur
< ceux
qui en font, d'où il résulte que tous les marchands et surtout ceux
« qui commencent cette profession forment plus
volontiers et plus
«
hardiment des entreprises »
« Déclarons »
Le considérant des statuts anglais dits « de la 43° année » semble
laisser entrevoir que l'assurance était antérieurement en pratique dans
le royaume. Le fait est possible, mais -sauf l'opinion émise par deux
auteurs, d'abord par Molynes qui fait remonter la pratique de l'assurance
en Angleterre du temps des Lombards et ensuite par Macpherson qui en
retrouve des vestiges, dit-il, vers 1550, il faut s'en rapporter pour
l'application de l'assurance en Angleterre au texte des Statuts rédigés
vers la fin du règne d'Elisabeth d'Angleterre en l'année de la naissance
de Charles Ior.

3° PÉRIODE

Ordonnance Colbert. — Naissance du droit maritime. — L'histoire


do l'assurance se déroule rapidement à partir de 1681, date fameuse où
l'Angle;erre promulgue son célèbre Acte de navigation. L'Espagne était
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE BT A L'ÉTRANGER
29

dors une grande puissance maritime et la Hollande possédait plus de


2,),000 navires. Sa renommée était telle qu'en 1671, lorsque Louis XIV
lui déclara la guerre, les assureurs français payèrent près de 7 millions
do pertes de marchandises que les armateurs avaient fait assurer en
France. Toutes les nations, aussi bien la ligne Hanséatique la puissante
confédération des villes libres, que les États-Unis d'Amérique revendi-
quaient le sceptre des mers; la France seule possédait quelques navires,
qui, suivant l'expression énergique de Voltaire, pourrissaient sur les
chantiers. Eh bien, c'est au milieu de ce développement maritime extra-
ordinaire que naquit véritablement le droit maritime.
C'est à cette époque que la flotte française se forma et qu'elle devint
tellement forte, qu'au mépris de l'ordonnance de l'Acte de navigation
anglais, nos vaisseaux reçurent l'ordre de ne plus saluer le pavillon
britannique.
Colbert, le génie bienfaisant de ce grand siècle, venait de pro-
mulguer son ordonnance de 1673 sur le commerce de terre, et son
souci incessant était de doter d'une semblable ordonnance le commerce
de la mer.
Il disait : Le commerce delà mer est l'un des plus puissants moyens
pour apporter l'abondance pendant la paix et rendre en guerre la force
d'un État plus formidable. Et c'est sous l'empire de cette grande préoccu-
pation qu'il dirigea tousses efforts, tout son talent vers une idée fixe : la
codification maritime.
Des hommes spéciaux et ôminents furent envoyés dans les centres
maritimes les plus renommés, et c'est ainsi que la France, après
1,200 ans de sommeil, dut à cet illustre ministre, protecteur du
commerce, de l'industrie, des sciences, des arts et des lettres, au
grand Colbert, enfin, l'ordonnance de l'assurance maritime dans un code
qui lui a survécu.
L'article premier de l'ordonnance de 1681 donne toute l'étendue de
l'oeuvre et détermine nettement son but : les assureurs stipulent un prix
pour lequel ils prennent le péril sur eux.
Lorsque Louis XIV promulga cette ordonnance admirable, tous les
peuples l'adoptèrent, et l'on vit ce spectacle étrange, d'adversaires
reconnaissant le vrai mérite.
Tout était prévu dans ce monument de vraie civilisation ; la juridiction,
l'armement, l'assurance, la protection, le crédit, les fortunes de mer, les
avaries, la contribution, rien n'était laissé au hasard, chaque mot touchait
à des intérêts, avait sa portée, ses conséquences, enfin tout. était
déterminé.
30 HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANOE EN FRANCE ET A 1.'ÉTRANGER

En 1779, une modification a été apportée au certificat de visite et


à l'assurance du fret acquis.
Les législateurs du premier empire, qui eurent à remanier nos
lois maritimes, ne firent que des changements fort relatifs à cette
ordonnance de 1681, et ce ne fut que de nos jours que l'ordonnance
Colbert changea de nom et qu'on l'engloba dans le Code de commerce
français.
Cette modification s'imposait pour la raison que, depuis la promulga-
tion de l'ordonnance Colbert, l'assurance s'est développée sous la seule
protection du droit commun, des règles générales, des conventions, des
usages, de la jurisprudence et de la doctrine.
Le droit maritime français se trouve au livre II, titre X de notre Code
de commerce actuel ; il est tiré en partie et souvent intégralement de
l'esprit et du texte de l'ordonnance du 1681, et aujourd'hui, après un siècle
écoulé, alors que le progrès a changé le mode des transactions commer-
ciales, alors que la vapeur a remplacé la voile, que des officiers
expérimentés, que des engins puissants de sauvetage, que des
signaux perfectionnés entrent en lutte avec les éléments et remportent
souvent sur la mer démontée de si glorieuses victoires, l'ordonnance
Colbert est toujours le terme exact de la raison et de l'équité.
L'ordonnance Colbert avait été précédée d'une Ordonnance de Gênes
en matière d'assurance, jet à la mer, avaries. Par ce règlement, les
polices de jeu de toute nature étaient interdites sous édiction des peines
les plus sévères.
Quant à la France, elle possédait diverses ordonnances antérieures
faites pour la marine française. Ces documents portaient les dates suivan-
tes: 1400, 1517, 1543, 1584, 1667.
Les quatre premières étaient de simples abrégés de l'ordonnance
de l'Amirauté.
François lor les augmenta en 1539, et plus tard Louis X11I par son
ordonnance de 1628.
Mais la plus importante, la plus connue, est celle de Louis XIV donnée
à Fontainebleau au mois d'août 1681 dont nous venons de signaler
l'apparition.
En 1681 parait une Ordonnance espagnole pour les Indes. Dans la
préface du recueil qui en donne le texte on peut lire ce qui suit : « Collec-
« tion des lois du royaume des Indes, imprimée et publiée par ordre de Sa
« Majesté Catholique Don Carlos II, notre seigneur. Actuellement divisée
« en quatre volumes avec un index général et particulier à chaque volume
« et un index spécial aux titres y renfermés. »
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A I.'ÉTRANGBR 31

Assurance maritime. — L'oeuvre des ordonnances est accomplie,


l'assurance maritime est créée.
Elle a pour but de garantir le commerce nautique de toutes pertes,
quelles qu'elles puissent être, résultant de fortune de mer.

Fortune de mer. — On entend par fortune de mer toutes les pertes


cl dommages qui arrivent aux objets transportés.
Sont compris dans les fortunes de mer les tempêtes, naufrages,
échouements, abordages fortuits, changements forcés de route, de voyage
ou de vaisseau, de jets, feux, prises, pillages, arrêts par ordre de puis-
sance, déclaration de guerre, représailles (art. 350 du Code de Com.;
art. 1"' de la police française : fortunes de mer proprement dites; et art. 2
de la même police qui correspond aussi à l'article 350 du Code, et repose
sur les risques de guerre).
Cet article 350, qui est en quelque sorte la reproduction de l'article 26
de l'ordonnance de la marine de 1681, livre III, titre VI, est complété
par les articles 253, 328, 403 et 407 du Code de Com., auquel il y
lieu de se référer pour son interprétation.
L'article 353 du Code de Commerce et par extension les articles 216
et 221 interprétés de l'article 28 de l'ordonnance de 1681, correspondant à
l'article 3 paragraphe 1 de la police française, exceptent des fortunes de
mer la baraterie, ce qui équivaut à dire que les prévarications et fautes
du capitaine ou de l'équipage ne sont pas imputables à l'assureur, à
moins de conventions contraires.
Cet article est une restriction regrettable du Code, mais elle est
réparée par la faculté qu'ont les armateurs, chargeurs et assurés, de
marquer formellement leur volonté de comprendre la baraterie .comme
fortune de mer en stipulant cette intention dans les polices.
Lorsque l'année 1808 nous montrera l'assurance codifiée, nous
reviendrons sur l'assurance maritime, sur son fonctionnement et sur
quelques-uns des articles de ses ordonnances.

Assurance terrestre. — Le grand pas vers la garantie des risques


est fait, dès lors les étapes à franchir vont aller en se rapprochant.
Après l'assurance maritime l'assurance terrestre fait son apparition,
en 1684, à Londres, sous la forme d'une Société d'assurances contre
l'incendie alliant la prime fixe à la mutualité.
Très rares sont les auteurs qui mentionnent l'existence de cette
32 HISTOIRE GÉNÉRALE DE 1,'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Société, dont la création a ouvert la voie de l'assurance du risque


incendie aux divers États européens.
Cette Société de 1684, établie à Londres, se nommait Friendly Society
flre office. Les polices étaient contractées pour sept ans et, en outre du
payement annuel des primes, les assurés étaient obligés de contribuer à
la réparation des pertes.
En 1686, un fait important se produit en France. Louis XIV signe
un êdit basé sur les grandes lignes de l'ordonnance de 1681, portant créa-
tion et règlement d'une Compagnie générale pour les assurances et
grosses aventures de France en la Ville de Paris.
Voici le texte de ce curieux document qui a servi considérablement à
l'établissement des polices actuelles de nos Compagnies d'assurances :

« LOUIS, par la grâce de Dieu, roy de France et de Navarre,


« dauphin de Viennois, comte de Valentinois et Dijois, Provence,
« Forcalquier et terres adjacentes, à tous présents et à venir, Salut.
« Depuis le tems que nous nous sommes appliquez au rôtablisse-
« ment du commerce maritime, dont nous avons fixé la jurisprudence
« par divers règlemens et par notre ordonnance du mois d'août 1681,
« plusieurs de nos sujets ont fait des polices et contrats d'assurance avec
« beaucoup d'avantage, ayant évité de grandes pertes, moyennant des
« sommes modiques qu'ils ont payées pour faire assurer leurs vaisseaux
« et marchandises. C'est ce qui nous a porté à exciter plusieurs négocians
« et autres personnes entendues au commerce de s'associer ensemble
« pour l'établissement d'une Chambre générale d'assurance, en corps de
« Compagnie, fonds et signatures communes, à condition de faire par
« eux un fonds considérable, afin que les négocians qui voudroient se
« servir de ce moyen pour diminuer les risques qu'ils courent dans leur
« commerce ordinaire, l'entreprennent et le continuent avec plus de
« facilité et de sûreté.
« A ces causes et autres ; à ce Nous mouvans, Nous avons dit et
« déclaré, disons et déclarons par ces présentes signées de notre main,
« voulons et Nous plaît.
« 1° Qu'il soit établi une Compagnie générale des assurances et
« grosses aventures, en notre bonne ville de Paris, en tel lieu que les
« intéressez en icelle trouveront le
plus convenable, pour en faire le
«
bureau général des assurances, y faire les asserriblêes nécessaires et
« traiter les affaires de leur
Société.
« 2° Elle sera composée de trente associez seulement, cinq
« desquels seront élus à la pluralité
des voix pour en être les directeurs
HISTOÏRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 33

.
pendant le tems qui sera fixé par la Compagnie, et les noms de tous les
(
associez seront inscrits dans un tableau qui sera posé et demeurera au
<
bureau.
« 3" Six mois après la
première élection, deux sortiront de charge
<
et les trois autres six mois après, et ainsi successivement de six mois
< en
six mois, en la place desquels d'autres seront élus en pareil nombre
« au
lieu de ceux qui seront sortis ; en sorte que dans la direction il reste
«
toujours deux ou trois anciens directeurs, qui ne pourront être con-
«
tinuês de suite plus de deux fois, et entre lesquels il y aura toujours
«
trois négocians.
« 4° Le fonds capital de la dite
Compagnie sera de trois cens mille
u
livres, et réparti en soixante-quinze actions de quaranto mille livres
«
chacune, qui seront fournies par les associez au tems qui sera porté
« par
leur Société, conformément au règlement qui sera fait entre eux ;
«
afin qu'incontinent après la publication des présentes, la Compagnie
K.
puisse commencer d'assurer ceux qui se présenteront. Et durera la
«
dite Société six années du jour de l'enregistrement des dites présentes.
« 5° Si quelques-uns des
associez manquaient de payer aux termes
« qui seront réglez par la Société la part pour laquelle
chacun d'eux
«
devra contribuer, à proportion de son intérêt, au fonds de trois cens
«
mille livres, ce qu'ils auront avancé leur tombera en pure perte et
«
demeurera au profit des autres associez, sans qu'ils puissent être
«
déchargés des pertes qui pourront arriver sur les engagements que la
«
Compagnie aura contractez, jusques et compris le jour qu'ils auront
« été en défaut de payer.

« 6° Les polices et contrats d'assurances et grosses aventures,


«
lettres et billets de change, missives, procurations et autres actes
« concernant
l'administration de la Compagnie, seront signez par les
« directeurs, et en tous cas par
trois d'iceux en l'absence des autres, et
« en ce cas ils
valideront de même que si tous les associez les avoient
« signez.

« 7° Les directeurs qui auront signé les polices et contrats


« d'assurances et autres actes concernant le dit commerce, non plus que

« les autres associez ne seront réputés


obligez ni contraints solidaire-
« ment au delà de trois cens mille livres du fonds de la
Société. Pourront
« cependant les dits directeurs et autres associez être contraints au sol
« la livre, et à proportion de son intérêt dans la dite Société, au delà des

« dits trois cens mille livres.

« 8° En cas que par les comptes qui seront faits par la Compa-
« gnie dans les temps portés par la Société, le fonds de trois cens mille
3
31 HISTOIRE GENERALE DE L ASSURANCE EN FRANCE ET A L ETRANGER

«
livres se trouve diminué par les perles, il sera incontinent rétabli par
a contribution au sol la livre, et à proportion de la part que chacun des
«
associez aura signée dans la Société : à quoi faire ils seront tenus et
«
obligez. Et en cas de refus par aucun d'eux, les refusans demeureront
«
exclus de la Société de plein droit, huitaine après une sommation faite
« à
leurs personnes à domicile élu, et perdront toutes leurs avances
«
qui demeureront au profit des autres associez, entre lesquels les
«
actions de ceux qui auront été exclus seront réparties à proportion de
«
leurs intérêts.
« 9° La
Compagnie pourra établir des commis et correspondans
«
dans toutes les villes qu'elle jugera à propos.
«.
10° Toutes les polices d'assurances contiendront la soumission des
«
parties à l'arbitrage en cas do contestation, sous telle peine qui sera
« convenue entre
la Compagnie et l'assuré.
« 11° En cas
de contestation entre la Compagnie et l'assuré, ils
« seront tenus de nommer,
chacun de leur part, un arbitre, marchand
« ou
banquier non intéressé,, et de signer sur le registre un compromis
« ou
soumission d'en passer par leur jugement sous les peines dont ils
«.
conviendront, qui no pourront être réputées comminatoires; et s'ils ne
« peuvent
convenir d'arbitres, ils seront nommés d'office par le lieule-
«
nant-gônôral de l'Amirauté, à la première réquisition de l'une des
« parties,
lesquels arbitres rendront leurs jugemons dans le bureau do la
<y
Compagnie, qui seront par eux prononcez aux parties, et expédiez par
«
le commis au greffe.
« 12° Si pendant la
contestation, l'assuré demande d'être payé par
«
provision de ce qui pourra lui être dû, la Compagnie sera tenue de lui
« remettre
la somme en deniers comptans, à la charge toutefois par
»
l'assuré de rapporter le principal et les intérêts à six pour cent, et d'y
« être
contraint comme dépositaire de biens de justice, s'il ainsi ordonné
« en
fin de cause ; dont il fera la soumission sur le registre et donnera
«
bonne et suffisante caution qui sera reçue avec les directeurs par les
«
arbitres convenus et nommez.
« 13° Les sentences
arbitrales seront homologuées au siège de la
s Table de marbre à Paris, et en cas d'appel, l'appelant sera tenu aupa-
« ravant
qu'il puisse y être reçu de payer la peine portée par le com-
«
promis, nonobstant qu'il prétendit qu'elle fut nulle et contraire aux
«
ordonnances; après quoi il y sera fait droit.
« 14° Les
appellations qui seront interjettôes des dites sentences
«
arbitrales seront jugées en dernier î^essorl par les sieurs, lieutenanl-
«.
général de police, prévôt dos marchands de notre bonne ville de Paris,
HISTOIRE GÉNÉRALE DE I,'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 35

«
et tels do nos conseillers en nos conseils et en notre Conseil d'Etat qui
« sera par nous
commis; et sur le rapport qui en sera fait par
«
le lieutenant-général do l'Amirauté, et sur les pièces qui seront
«
remises entre ses mains trois jours après la dénonciation et somma-
«
tion qui en aura été faite à l'assuré ou aux directeurs, sans qu'il soit
«
besoin de la réitérer, ni du ministère d'aucun avocat ni procureur.
« 15"
Attribuons pareillement comme dessus aux dits sieurs commis-
«
saircs la connaissance de tous les différends qui pourront naître entre
«
les directeurs, associez, officiers et commis de la Compagnie, pour les
«
choses où elle aura intérêt, circonstances et dépendances.
« 10° Ne pourront,
les actionnaires et associez de la Compagnie, s'y
«
l'aire assurer ni prendre des deniers à la grosse aventure d'elle, direc-
« toment ou
indirectement, sur aucun vaisseau ou chargement dans lequel
a ils auront
quelqu'inlérêt, à peine de nullité de la police ; perte de la prime,
« au
profit de la Compagnie, restitution de l'argent qui aura été pris avec
«
l'intérêt à dix pour cent et autres plus grandes peines s'il y échoit, si ce
«
n'est qu'ils ayent auparavant déclaré par écrit, tant aux directeurs qu'au
a greffe, l'intérêt
qu'ils y ont, et qu'ils en soient convenus avec eux.
« 17° Et d'autant que le fonds delà Société doit être
certain et assuré,
«
il demeurera spécialement affecté aux polices et contrats d'assurances
« que
la Compagnie aura faits, sans qu'il puisse être saisi ni diverti pour
« aucunes autres
dettes, non pas môme pour deniers royaux, dont nous
« avons
déchargé et déchargeons les dits associez.
« 18° Ceux
qui entreront dans la dit© Société et commerce ne déro-
v geront
point à la noblesse.
« 19° Quand des
places de directeurs viendront à vaquer dans la
« Compagnie des
Indes orientales, elles seront remplies par l'un des dits
« trente
officiez, en acquérant le nombre des actions porté par la déclara-
«
tion du mois de février 1685.
« 20° Voulons en outre que
l'un des officiez négocians soit choisi et
«
élu tous les deux ans à la pluralité des voix, pour entrer et être reçu
«
dans le consulat de la ville de Paris.
« 21° Ceux des dits officiez qui n'ont point de droit de (committimus
« par leurs
offices ou autrement auront leurs causes commises en pre-
« mière instance, par devant notre prévôt de Paris, pour leurs affaires
«
civiles et criminelles, tant en demandant qu'en défendant; et à l'égard
de celles qui concerneront leur commerce et négoce particulier, par
*
devant les juges et consuls do la dite ville.
« 22" Nous avons
accordé et accordons par ces présentes à la dite
" Compagnie l'entière propriété du greffe des assurances, ensemble des
36 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A 1,'ÉTRANGER

« droits et émoluments qui en proviendront, sçavoir l'assuré paiera pour


« le droit du greffe un quart pour cent des sommes qu'il fera assurer, et
« l'assureur un sixième pour cent, lorsque les directeurs envoyeront
« signer les polices dans le public, suivant l'usage ordinaire ; pour l'acte
« et expédition de la police, l'assuré payera vingt sols ; pour l'enregis-
« t rement et la signification d'une perte, abandon ou avarie, quinze sols ;

« pour tous autres actes de signification aux directeurs, dix sols ; pour

« l'acte de remise des pièces justificatives au greffe, quinze sols; pour

«
l'enregistrement de l'acte de soumission et compromis, quinze sols ;
« pour l'enregistrement et expéditiondes sentences, lesquelles ne pourront

« être écrites qu'en papier, cinq sols par rôle ordinaire ; pour enregistre-
« ment et expédition d'un contrat à la grosse, cinq sols par rôle ordinaire>
« pour chacun extrait de délibération, cinq sols, sans que les dits associez

« soient tenus de nous compter, ni payer aucune finance, dont nous les
« avons déchargez et déchargeons, et en tant que besoin fait et faisons
« don.
« 23° Les associez pourront nommer et choisir un commis intelligent
« et de probité connue, pour remplir le greffe, le destituer et remplacer
«
d'autres, ce qui toutefois ne se pourra faire sans cause légitime et par
« délibération commune. Lesquels commis seront tenus de prêter serment
«
devant le lieutenant-général de police.
« 24" Accordons à la dite Compagnie le cachet de nos armes, pour
« s'en
servir aux expéditions qui la|concerneront.
« 25° Il ne pourra être fait aucun commerce d'assurance ni grosses
« aventures dans notre bonne ville de Paris que par la dite Compagnie, à
« peine de nullité, dépens, dommages et intérêts.
« 26° Néanmoins la dite Compagnie pourra, après qu'elle aura signé
« ce
qu'elle aura voulu sur les polices et contrats, les faire courir pour
« recevoir les signatures de tous les particuliers sur lesquelles il leur
« sera
loisible de signer, pour les sommes qu'ils voudront, au gré des
« assurés.
« 27° Les
marchands, négocians et autres particuliers des villes de
«
Rouen, Nantes, Saint-Malo, La Rochelle, Bordeaux, Bayonne, Marseille
« et autres villes qui font le dit commerce des assurances et grosses aven-
«
tures, pourront le continuer comme ils l'ont fait avant la date des pré-
« sentes, et non autrement, à peine de nullité des polices.
« 28° Les règlements par Nous ci-devant faits, touchant le commerce

«
maritime, et notre ordonnance du mois d'août 1681 seront observés sui-
K
vant leur forme et teneur, excepté en ce à quoi nous y avons dérogé par
« ces présentes, et nommément au règlement du 5 juin 1668.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER
37 l

Si
«c DONNONS EN MANDEMENT,à nos amez et féaux conseillers les gens
tenant notre Cour de Parlement, officiez des amirautez et tous autres
«
nos justiciers qu'il appartiendra, que ces présentes ils fassent enregistrer,
«

«
lire et publier, garder et observer selon leur forme et teneur, faisant
« cesser
tous troubles et empêchements, nonobstant toutes ordonnances,
«
déclarations et autres choses à ce contraires, auxquelles nous avons
« dérogé et
dérogeons par ces présentes, car tel est notre plaisir. Et afin
« que ce
soit chose ferme et stable à toujours, Nous avons fait mettre notre
«
scel à ces dites présentes.
« Donné à
Versailles, au mois de mai de l'an de grâce mil six cens
«
quatre-vingt-six, et de notre règne le quarante-deuxième. »
Signé : LOUIS.
Par le Roy :
COLBERT. Visa :
BOUCIIERAT.

Cet édit ne devait être mis en vigueur qu'un siècle après, en 1786.
En attendant, le régime des règlements concernant les affaires maritimes
et les assurances suivent leur cours, ainsi paraissent les ordon-
nances de Middelbourg (Zélande) en 1689 ; Rotterdam (Hollande) en 1721 ;
Koenigsberg (Prusse) en 1730 ; Hambourg(Allemagne) en 1731 ; Amsterdam
(Hollande) en 1744; Copenhague (Danemark) en 1746 ; Stockholm (Suède)
en 1750.
L'année 1746 a également vu paraître en Angleterre un Act destiné
à régler l'assurance sur navires appartenant à des sujets de la Grande-
Bretagne et sur marchandises sur eux chargées.

Le Comte d'Oldenbourg anti-étatiste. — Dans son excellente étude


sur l'ancienne France, M. le baron Cerise, un auteur très distingué,
signale un curieux projet d'assurance qui fut présenté vers ce même
temps au Comte Antony d'Oldenbourg.
D'après ce projet les seigneurs des terres devaient assurer contre
l'incendie les maisons de leurs tenanciers.
Ces derniers estimaient leurs maisons, soit séparément, soit collec-
tivement, et payaient chaque année à leur seigneur un dollar par chaque
100 dollars de la valeur d'estimation. En retour de cette condition, dans
le cas où, « par la volonté de Dieu », était-il dit dans la police, les maisons
viendraient à être détruites par tout incendie qui n'aurait pas pour cause
38 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

les malheurs do la guerre, le seigneur s'engageait à prendre la perte


pour son compte et à faire reconstruire les maisons brûlées.
C'était bien lo principe même de l'assurance moderne qui était
nettement posé.
Le comte d'Oldenbourg considéra co projet comme bon et susceptible
d'être mis à exécution par une Compagnie de simples particuliers ; mais
il ne voulut pas y prendre part sous ce prétexte que « la Providence
pourrait se laisser tenter, que ses sujets pourraient être mécontents et
lui-môme accusé d'avarice ».
M. de Bismarck aurait bien dû suivre les principes du noble comte
qui montrait, dès ce temps, la véritable voie de l'assurance, en s'ôlovant
contre toute ingérence, tout monopole, tout socialisme d'État.

Progrès de l'assurance terrestre à l'étranger. — En 1732, à Copen-


hague, se forme une Compagnie d'assurances. D'après ses statuts, elle
payait les neuf dixièmes de la valeur de l'immeuble incendié, laissant le
sauvetage pour un dixième au compte de l'assuré qui devenait son
propre assureur pour une partie.
Les Pays-Bas suivent l'Angleterre dans son mouvement ascensionnel
de l'assurance et la Société mutuelle contre l'incendie : Sûreté et Repos
est constituée à Bruxelles.
.
A Hambourg se crée la Caisse d'incendie, Compagnie d'assurance
spéciale pour les immmeubles. Le plein, c'est-à-dire la somme maximum
de garantie, n'allait pas au delà de 15,000 marcs, 1,000 livres sterling
ou 15,000 francs. Comme dans la Compagnie anglaise de 1684, chaque
assuré payait une prime annuelle et contribuait aux pertes.
A Gotha, une Compagnie se fonde également. Mais les autres pays
d'Europe : la Suisse, l'Italie, la Russie viennent soulcmont après la France
dans l'adoption rationnelle de l'assurance.

Développement de l'assurance terrestre en France. — Donc à cette


époque, c'est-à-dire au commencement du xvni" siècle la Franco entre
en lice.
En 1717, est signalée à Paris la création des bureaux des incendies.
Un fonds de réserve provenant de cotisations ou de la charité privée était
formé, puis centralisé chez le général de l'ordre do St-Lazare. A Troyes
il en existait un.
Chaque année, ce bureau publiait lo compte de ses recettes et de ses
HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANCF. EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 39

dépenses. Les dégâts étaient constatés par des procès-verbaux que le


juge local ou le syndic envoyait à l'autorité ecclésiastique.
Le procureur général faisait alors une enquête sur les causes du
.sinistre, assisté du Prévôt de Paris, dressait un état des pertes et, après
mille mesures de sauvegarde afin d'éviter la fraude ou l'exagération, le
bureau venait en aide aux sinistrés et assistance aux victimes.

Les deux premières Compagnies françaises d'assurances contre l'in-


cendie. — En 1750 se forme une association mutuelle contre l'incendie
dont Pothier et Valin font mention, mais c'est véritablement en 1754
que la première Compagnie fait son apparition, un siècle après la
promulgation de l'ôdit créant le règlement d'une Compagnie générale.
11 existait à Paris, en 1754, deux Compagniesd'assurances maritimes,

l'une d'elle obtint de Louis XV le privilège d'étendre son assurance aux


immeubles. Cette Compagnie se nommait: la Chambre ou Société d'Assu-
rances Générales. Les statuts furent enregistrés au Chàtelet. En 1786, sous
Louis XVI, doux arrêts du Conseil autorisaient et privilégiaient deux
nouvelles Compagnies, moyennant un versement, par leurs fondateurs,
d'une somme de quelques millions à l'Hôtel de Ville pour la garantie des
assurés. L'une de ces deux Sociétés, celle des frères Perier, directeurs des
eaux de Paris, offrait le quart dos bénéfices de leur Société pour créer
et entretenir un corps de pompiers à Paris (1).
L'autre Compagnio se nommait Compagnie Royale d'Assurances.
Générales contre l'incendie. Son fondateur, M. Labarthe, installa son siège
social 115, rue Richelieu, en face laBibliothèque du roi; ses contrats étaient
faits de un an à dix ans.
A chaque maison assurée par la Compagnie était apposée une petite
plaque on métal portant en relief les lettre suivantes : M.A.CL., ce qui
vent dire : maison assurée contre l'incendie.
Depuis ce temps, il est de mode pour l'assureur de clouer, au-dessus"
de la porte d'entrée principale de chaque immeuble, des emblèmes qui
souvent présentent une extrême originalité (2).

(1) Voir Histoire de l'Assurance incendie : les pompiers.


(2)Tout le monde, dit M. Mancoau, autour d'uno étude historique sur les plaques,
connaît la signification do ces rectangles en tôle vernie qui décorent, à la hauteur du
premier étage, la presque totalité des maisons.
Il n'est guère de construction, môme parmi les pins humbles et les plus rustiques
>
qui no porto au moins une de ces plaques. Certains immeubles, comme ceux de la
grande raffinerie Sommier, rue de Flandre, ou de l'importante maison d'équipements
40 HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Le système deLato.— Entre le premier décret de 1754 et les arrêts de


1786, s'élève la magistrale invention du fameux système de Law; la
Bourse est créée rue Vivienne et la Compagnie des Indes fonctionne.
Dans l'intervalle qui sépare la splendeur et la décadence du règne du
papier-monnaie et des actions, mille combinaisons financières voient le
jour. L'assurance n'est pas oubliée, elle apparaît sous la régence, un peu
avant l'effondrement du système.
A cette époque, en 1720, le pavillon français, dit Henri Martin,
reparaissait sur toutes les mers comme aux beaux jours de Colbert ;
l'hiver précédent, la Compagnie avait expédié 18 navires en Orient, 30
en Louisiane et en Afrique ; elle possédait 105 gros vaisseaux et 300
milliers de valeurs. Elle avait largement amélioré le produit de tous les
impôts qu'elle percevait, non point en vexant les contribuables, mais en
perfectionnant l'administration.
La Compagnie avait retiré du commerce près de 300,000 actions, en

militaires, rue Rochechouart, en sont littéralement constellés, comme la poitrine


d'un diplomate : on y compte peut-être vingt de ces décorations aux emblèmes les
plus divers.
Il en est de bleues, de rouges, de noires; les unes sont bien simples, tout unies
rehaussées d'un modeste filet d'or, avec des majuscules sur le champ ; d'autres sont
de nuances variées, véritables tableautins polychromes, avec des vignettes, des
astres rayonnants, des oiseaux supei'bes, des scènes touchantes, ou do majestueuses
divinités dans de nobles attitudes, entourées des attributs do la paix et du travail, du
commerce et de l'industrie, de la concorde et de l'abondance.
La plaque de tôle est donc le signe caractéristique de l'assuré. Elle est également
celle de l'agent d'assurance qui en possède une de l'orme spéciale.
La fabrication de ces spécialités offre, au point de vue industriel, un certain intérêt
La maison la plus ancienne et qui est restée la plus importante pour cet article fut
fondée, en 1825, par M. Hôbrard de Villiers ; à cette époque, les plaques murales des
Compagnies d'assurances étaient grossièrement faites à la main, à l'aide de poncifs
spéciaux; c'est en 1832 que cette maison commença à estamper et a donner aux
plaques murales les reliefs qui font si bien ressortir les inscriptions qu'y mettent les
Compagnies d'assurances.
C'est vers la môme époque que l'on commença à faire durcir au four le vernis de
ces plaques, afin qu'elles puissent offrir une plus grande force de résistance aux
intempéries du temps.
En 1846, M. Nollet succédait à M. Hôbrard de Villiers, il donnait à son industrie
de nombreuses modifications, tant à la forme qu'à la solidité des plaques murales-
Depuis 1887, M. Manceau — auteur de cet historique — prit la succession de M. Nollet
et continua les traditions de ses prédécesseurs, en y apportant chaque jour de grands
perfectionnements.
Au début, les plaques servaient seulement à indiquer les maisons assurées
et à les désigner à des Compagnies spéciales qui devaient, en cas de sinistre, en
UISTOIRli GÉNÉRALE DE L* ASSURANCE liN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 41

outre des 100,000 du roi, et demandait qu'on les éteignît, afin de réduire
le chiffre total à 200,000; elle demandait d'être déchargée des 900
millions dus au roi et offrait de lui rétrocéder partie des 48 millions à elle
assignés sur les impôts ; elle réclamait enfin l'autorisation de faire à ses
actionnaires un appel de 3,000 francs par action, en payant à ceux qui
répondraient un dividende de 30,0, lequel dividende serait garanti par
une Société d'assurances formée entre les principaux actionnaires ; le
surplus des profits devait appartenir à la Société.
On sait le reste.
Le gouvernement consentit à tout et rien ne réussit !...
On le voit, le génie de Law était en avance de plusieurs siècles,
puisque la combinaison d'assurance imaginée par lui pour garantir le
dividende des actions de la Compagnie des Indes n'a été que très

essayer le sauvetage ; elles signifiaient aussi qu'une récompense était promise aux
sauveteurs.
Actuellement, le service des pompiers fonctionne pour tous indistinctement,
assurés ou non ; mais la plaque n'en indique pas moins que la Compagnie qui
l'a placée saura largement reconnaître les efforts des gens qui auront prêté leur
secours ; ce signe contribue, dans beaucoup do circonstances, à stimuler le cou-
rage et le dévouement des hommes énergiques accourus pour lutter contre le
lloau du feu.
Mais les plaques rendent encore un autre genre du service : elles sont une
protection contre les incendiaires, et voici dans quels cas. • >n va comprendre comment,
M ce titre, elles ont leur
raison d'être, surtout dans les campagnes.
Les bureaux du contentieux, dans les Compagnies d'assurances, savent, ils l'ont
établi par des statistiques déjà anciennes, — que, parmi les incendies, il y en a de
~'0 à 35 0/0 qui sont dus à la malveillance. C'est énorme.
Eh bien, parmi ceux-là, un grand nombre, — on en est certain, — doivent être
attribués aux propriétaires eux-mêmes. Beaucoup d'autres ont pour origine la mal-
veillance, l'animosité des voisins.
En province, dans lus villages, les rivalités sont acharnées, les haines sont vives cl
militantes. Les toitures de chaume, lus granges avec leurs amas de pailleset de foins,
les bûchers remplis de fagots et de provisions de bois, tout ofl'ru une tentation trop
naturelle aux malfaiteurs, et lu l'eu cause là de grands ravages, des désastres les trois
quarts du temps impossibles à limiter.
Mais, en somme, le véritable but de l'incendiaire, c'est de nuire, de nuire à
quelqu'un, à son ennemi, et si celui-ci est assuré, s'il doit trouver la réparation
certaine du mal qu'on aura voulu lui faire, le but est manqué. Aussi le paysan haineux
renoncera-t-il souvent à incendier une maison assurée, et cherchera-t-il plutôt un
autre genre de vengeance.
C'est pourquoi l'assuré des campagnes réclame la plaque d'assurance, car il en
reconnaît les effets protecteurs et n'hésite pas à en bénéficier. (Cet historique des
plaques a été publié par VAvenir Economique)
4
42 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

timidement développée au xixc siècle sans d'ailleurs convaincre absolu-


ment le public.

Marche de l'Assurance sous la Révolution. — Voilà, donc la Compa-


gnie Royale a"Assurances Générales qui ouvre le chemin. Elle débute
en pleine période révolutionnaire ; le grand Mirabeau, celui qui a dit, un
jour, du haut de la tribune, que la Prévoyance était la seconde Providence
du genre humain, se déclare contre la nouvelle Compagnie d'assurances.
11 est son adversaire le plus acharné et publie contre elle un mémoire

intitulé : Dénonciation au public d'un nouveau projet d'agiotage sur une


Compagnie d'assurances ; de ses inconvénients, et en général des incon-
vénients des Compagnies par actions.
Mirabeau était d'une rare violence ; il semble à lire co mémoire qu'il
s'en dégage le souffle précurseur qui allait renverser la société aux
heures sombres de la Terreur.
D'ailleurs, Mirabeau était écouté, l'opinion publique allait vers le
grand Tribun ; les journaux du temps approuvaient son mémoire. L'un
d'eux écrivait : En lisant ce mémoire, on est étonné de l'esprit lumineux
de l'écrivain pour démasquer le faux, l'inutilité, les dangers, les vices
d'une institution présentée comme patriotique et qui le semble à ceux
qui n'ont pas réfléchi sur cette matière....
Malheureusement pour cet esprit lumineux que lut Mirabeau, lo bilan
de la Compagnie en question déposé le 21 janvier 1789 présente une
situation très favorable.
Le Capital de 8 millions n'était pas entamé et en outre il existait un
excédent de 1,513,916 francs, soit 9,513,916 francs en dépôt à l'Hôtel de
Ville. Un dividende de 7 "/„ soit 35 livres par action était payé aux
actionnaires Bref, la première Compagnie d'assurance française avait
de bons débuts
Peu après, encouragée par le succès, la Compagnie étend son champ
d'opérations. De la garantie des immeubles, du contenant, elle assure
les meubles et effets précieux, c'est-à-dire le contenu, elle organise alors
des succursales dans les principales villes du royaume.
Enfin, par arrêl du Conseil du 3 novembre 1787, elle est autorisée à
pratiquer l'assurance sur la vie des hommes moyennant le versement de
6" millions nouveaux à l'Hôtel de Ville.

Cette grande, belle et utile création était outillée pour devenir


extrêmement forte, lorsque la Révolution, qui grondait sourdement au
sein de la société, éclata en un déchaînement qui emporta dans un coup
HISTOIRE GÉNÉRALE DE I
,'AS.SUK ANGE EN FRANCE ET A l.'ÉTRANGER 48

de rafale les premières tentatives de la prévoyance rationnellement


appliquée.
Avant cette tombée de rideau qui prélude à l'entr'acte éblouissant de
l'épopée impériale, une révolution de palais avait provoqué la disjonction
do la branche vie et de la brandie incendie de la Compagnie Royale
d'Assurances Générales. La branche vie réclama son autonomie et en
profita pour créer une Société spéciale au risque humain.
La Compagnie prit le nom de Compagnie Royale.
De son côté la branche incendie reprenait son indépendance et, sous
le titre de Compagnie d'Assurances < antre l'Incendie, elle développait les
grandes bases de la pratique de l'assurance contre l'incendie.
M. Oudiette, un très compétent assureur, qui rédige de brillants
articles dans le Moniteur des Assurances, adonné à ce journal le fac-similé
d'une police de cette première Compagnie française.
M. Oudiette tient cette police de M. Gazier un de nos plus distingués
professeurs de la Sorbonne, lequel a exhumé cette vénérable centenaire
d'un meuble antique contenant de vieux papiers de famille.
M. Oudiette présente sa trouvaille de la façon aimable dont il pare
ses études.
A remarquer d'abord, dit-il, sa jolie vignette, aïeule incontestable
de celles de deux de nos grandes Compagnies modernes : le Soleil et le
Phénix.
A étudier, ensuite, ses •< conditions », contenant, à la fois, un
embryon de tarification et ce que nous appelons aujourd'hui les conditions
générales du contrat.
La tarification est encore, naturellement, tort rudimentaire : elle
ne comprend que les immeubles et seulement les risques simples de
la première classe (couverts en tuiles, ardoises ou métaux), mais elle
contient déjà la division du premier et du deuxième risque de cette
classe, selon la nature des matériaux employés dans les constructions :
le premier risque tarifé à «dix sols» 0/00 et lo deuxième à «vingt
sols ».
Quant aux risques industriels et aux objets mobiliers, ils étaient
assurés «. à un prix et à des conditions convenus de gré à gré » : la
Compagnie exposant dans son bureau un tarif des primes applicables à
ces risques « extraordinaires ».
Les conditions générales, elles, sont, au contraire, déjà très complè-
tes et, vraiment, fort bien rédigées !
On les retrouve presque toutes dans nos conditions générales
actuelles: exclusion des « papiers, titres, billets au porteur, etc.»;
44 HISTOIRE GÉNÉRALE l>E L'ASSURANCE EN FRANCE ET A I.'É'I'HANGEI!

règle proportionnelle, du moins en ce qui concerne les immeubles,


en cas d'insuffisance du capital garanti ; obligation pour l'assuré de
déclarer en quelle qualité il agit; obligation pour les héritiers de
l'assuré de se faire connaître à la Compagnie « dans le délai de deux
mois », etc.
La Compagnie de 1786, par exemple, n'avait pas songé à exploiter
l'assurance des risques locatifs et des recours de voisinage, mais elle
n'oubliait pas, déjà, de réserver ses droits contre « les personnes qui
se trouveraient dans le cas de répondre des dommages causés aux effets
assurés ».
A noter aussi le mode déterminé par la police pour l'évaluation des
dommages, en cas de sinistres : règlement « de gré à gré » ou par deux
«jurés-experts», avec adjonction, en cas de partage, d'un tiers-expert,
désigné par le lieutenant de police !...
Ces lignes indicatrices nous permettent de constater que dans la
première police d'assurance française le principe de la réparation du
risque incendie était déterminé et ses conséquences prévues.
Voyons maintenant l'original de cette vénérable centenaire dont
M. Oudiette vient de nous donner l'analyse et que nous sommes autorisés
à publier grâce à l'amabilité de M. L. Warnier, directeur du Moniteur des
Assurances et de la Librairie des assurances.
HISTOIRE GÉNÉRALE l>E I.'ASSURANCE EN FRANCK ET A L'ÉTRANGEU 45

COMPAGNIE D'ASSURANCE
CONTRE LES INCENDIES,
ETABLIE par Arrêt du Confeil d'État du Roi du 6 Novembre 1786.
t

CONDITIONS DE LA POLICE D'ASSURANCE.


ARTICLE PREMIER.
.L A Compagnie aflurera les Mations Se Edifices confiants en pierres, couverts en tuiles, fttdoîfes ou métal, 6c
habités par des perfonnes qui n'exercent aucun Métier, Art ou Négoce dangereux, relativementaux Incendies, 8c
ce ;\ rai ion de dix fols par an, pour chaque mille livres de la Comme cjue le Propriétaire voudra faire aifurer, 8c
que la Compagnie confentira d'alVurcr fur lefditesMàions 6c Edifices.
ART. I I.
TOUTE Maifon ou Edifice construits en Wis 6c plitro, ou briques, couverts Se habités comme H eft dit dans
l'Article précédent, feront allures, à raifon de vingt fols pour chaque mille livres, de la fomme que les
Propriétairesvoudront faire arïiirer du gré Je ïîTCompagniet fur lefdites Mai fous 6c Edifices
,
A R t. MI.
LA Compagnie alTurera toutes autres Mai Ion s, Bàtimens, Magafins 5t Hangards, donc la conftruttion 4.
J'ufage 6c le contenu feront différens de ce qui ctt expliqué dans les Articles précédent; mais à Un prix 6c à des,,
conditions dont il fera convenu de gré à gré entre elle 6c les Propriétaires.
A R T. I V.
LA Compagnie attirera de même les Meubles, Ultenfilcs, Linges, Hardes, Marchandifes ôc autres* Effets
mobiliers, aux conditions qui feront convenues, de gré À gré,entre elle 6c les Propriétaires; mais la Compagnie
n'afturem ces fortes d'Effets, qu'autant qu'ils feront contenus dans des Bncïmens déjà attitrés par elle.
ART. V.
LES Propriétaires qui voudront faire aflfurer des Mêlons ou Edifices, les désigneront a la Compagnie, par le
quartier 6c la rue où -ils*font fitués, leur numéro, s'ils en ont, le nombre d'étages 6c l'évaluation dé la Maifon
ou Edifice ; l'on désignera de même les Négoces, les Métiers, les Arts des Locataires qui les occupent, de quelque
genre que foit l'Afl'urance.
ART, V I.
ON fera une Evaluation féparéc & diftincte des Bàtimens,des Agcnccmens qui tiennent aux Bàtimens, 6c des
Effets mobiliers qui peuvent en crr&tranfportcs; enforte que chaque nature d'Effets afltirés porte une évaluation
féparée, afin de reconnoïtre plus facilement le ^dommage en cas d'Incendie, 6c ce qui aura pu être enlevé avant ou
pendant l'Incendie.
A H T. VIL
S i pendant le terme convenu pour la durée de l'Affurance de ces Maifons. ou Edifices, elles venoient a être
habitées par des perfonnes exerçant des Métiers, Arts ou Négoces, qui augmentent les dangers de l'Incendie,
l'Afïiirançe ceflera d'être à la charge de la Compagnie dès le moment de leur encrée ; à moins qu'elle n'en ait écé
avertie par les Allures, fie qu'elle n'ait convenu avec eux d'une Prime d'Aflurance relative à ce nouveau rifque.
ART. V M I.
LA Compagnieexpofera, dans fon Bureau, un Tarif des Primes d'Afluranccs" qu'elle exigera furies différentes
fortes de rifques extraordinaires qui ne font pas compris dans les Articles I. & II.
ART. IX.
LA Compagnie•ne- rembourfera d'.iutrcs dommages que ceux qu'auront foufrerts, pour caufe d'Incendie
,
les Marions, Bâtimens, Agcncemens ou Effets mobiliers qu'elle aura allures, conformément aux dclignation*
4λ HlSTOlftB GÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE 13N FRANCK ET A j/ÉTRANUEIt

portées par les Polices d'Aflfurancc. La Compagnie n'entendant répondre d'aucune demande en dommage &
intérêt, qui poutroit êtrç formée, pour quelque çaufe que ce foie, par le* Propriétaires des Maifons cîc Edifices
voifins de ceux qui auroient été incendiés.
A R T. X
L A Compagnie fe réferve de pourfuivre, en dommage 6c intérêt , les perfonnes qui le trouveroient dans le
cas de répondre, des dommages caufés par Incendies, aux Mailous, Edifices, Bàtimens Ôc Elléts mobiliers allures
r elle.
par
A R T. X 1.
IL fera appofé, fur le mur extérieur de chaque Mailon ou Bâtiment allure, une Plaque de métal doré, aux
Armes de la Compagnie Cette Plaque portera un numcio, lequel lera deligné dans la Police d'Alliu.uice.
A R T. X 1 L
LA Compagnie n'alVurera pas les Glaces, m les Papiers, Titres, Livres de Compte, Lettres-de-Change,
Billets au porteur, Cédules Elle t s Royaux, Pierres précieufes 6c Bijoux.
,
ART. XIII
LA Compagnie ne délivrera aucune Police, qu'après la vérification de toutes les défignations, ou defet iptîons,
qui lui auront été remiles des objets quelconques que l'on auia lait allurer, 6c en recevant, outre la Prime
d'Affur.itue convenue, iix livres, tant pour ladite Police que pour l.i Plaque Le rifque de la Compagnie
commence!,i à iix heures après-midi du jour de la (ignatuic de la Police, 6C tinir.i à pareille heure du jour ou doit
finir le rifque de l'Aflurance.
ART. X ï V.
Aucv.Nt Affuraucc ne pourra être faite pour.moinsd'une année, ni pour plus de dix ans.
JLcs Propriétaires qui lé feront alfurcr pour plus d'une année, jouiront de l'eleompte, à raifon de 5 pour 100
l'an, fur la Prime de chacune <.ics années d'Àffurances qui a l'exception de la première, fe trouveront payées
d'avance; ôc toute Affurance dont le terme fera cxpné ne fera culée rcnouvclléo,que le prix n'en ait été payé Je
>

qu'il n'en ait été délivré une nouvelle quittance. ,


ART XV.
Ceux qui feront aflurer des Effets tenus en dépôt ou eu cniinitliion, d<.s immeubles remis de même ou paf
bail, ou qui feroient fubltitucs, ou dont la piopiiétc feroil iujutte .1 quelque rcirrklion, déclareront à la
Corapagaie lefditcs conditions. Le défaut de cette foimalité, .unit que tout aune .Unis d.tm J.i dcclar.uion,
fendront l'Affût anee nulle.
ART. XVI.
LA Compagnie n'alVurera; ni Bàtimens, ni Kllets qui le trouveroient déjà être allures par une autre
Compagnie; à moins que celui qui voudroit fe faire allurer nen l'aile la déclaration laquelle lera mentionnée au
dos de la Police. Et comme il ne lèra allure, entre les différentes Compagnies que ,U \aleur totale de l'Eliét, lo
dommage fera fupporté par la Compagnie, au prorata de la portion quelle aura, affurc.
ART. X V f 1.
Lts Propriétaires qui ne voudront faire aflurer qu'une portion de la valeur de leurs Maifons, Edifices ou
Bàtimens 1eront tenus d'en déclarer la valeur entière ; ce il en lera fait mention dans la Police, .ilin que dans
, le remhourfement que la Compagnie devin faire loir déterminé dans Ja proportion de la
le cas de dommages,
loin me affuréc, avec la valeur entière de l'effet allure. -De telles proportions étant difficiles A éi.iMu lui des
Effets mobiliers, la fomme qu'on fera allurer fur ceux-ci fera coulidéréc comme leur entière valeur. En aucun cas
la Compagnie ne fera tenue à des dommages plus coufidérablcs que la fonune affuréo.
ART. XVIII.
CoNFORMt.Mr.NT \ l'Article III de l'Arrêt du 6 Novembre 1786, il fera procédé a l'eflim.uîoii &.
vérification des dommages, immédiatement après l'Incendie, entre les Propriétaires 6c la Compagnie, de "ré à
gré ; 8c s'ils ne peuvent convenir cnfemblc, ces vérifications 6c cltimatious feront faites par deux Jurés-Experts
nommés, l'un par la Compagnie, l'autre par le Propriétaire de l'Effet allure ; 6c en cas de partage le Lieutenant
de Police nommera un tiers Expert pour départager.
A R T. XI X.
CONFORMÉMENTA l'Article IV du fufdit Arrêt, les dommages caufés par les Incendies des Maifons ou autres
Effets allures, feront rembourlés, au plus tard, deux moii après la vérification ôc lescftimatiom qui en auront
cté faites.
ART. XX.
LES Héritiers, ou ayant caufe, de routes perfonnesqui auroient fait affurcr quelque propriété,feront tenus de (e
faire connoître à la Compagnie, dans l'elpace de deux mois après le changement de propriété, 6c d'y faire inferire
leur nom. Le défaut de cette formalité annullcra l'Afliirance.
Les Polices ICTOIIC miles à la fuite des pré lentes conditions ; Se feront lignées par le Directeur de la
Compagnie,vifées par deux Adminillrateiirsôc inferîtes iur le Régilire de la Compagnie.
La Compagnie ayant pris des niefures pour que les Mai Ions foient promptement fecourues, les perfonnes dont
les Maifons 6c les Éllèts feront allures par elle, la feront d'abord avertir à Ion Bureau en cas d'Incendie,Ôc feront
également demander du fecours aux Corps-de-Garde les plus voifins.
' La Compagnie fera délivrer, à la pcrlonnc qui lui donnera le premier avis de l'Incendie, une Kcconnoillàiicu
de cet avis, fur laquelle il lui fera compté iïx livres.
Le Bureau de la Compagnie cil litué rue Neuve des Petits-Champs, vis-a-vis la rue Chabanois, N". 1 iy.
11 fera ouvert tous les jours non fériés, le matin à neuf heures jufqu'à une heure; ôc le loir a
quatre jufqu'à
fept heures de relevée.
Il y aura jour 6c nuit, Se a toute heure, des perfonnes placées de manière à recevoir facilement les avi*
d'Incendie qui fe déclarerontdans quelque maifon que ce foit, affurée ou non.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN CHANCE ET A L'ÉTRANOEB hl

POLICE D'ASSURANCE,
JE Soufligné, DIRECTEUR DE LA COMPAGNIE D'ASSURANCE, CONTRE LES INCENDIES,
ducmcnt autorité & agifl'ant au nom de ladite Compagnie ; établie pat Arrêt du 6 Novembre 17H6,
déclare avoir allure à M. ûz/Off/zu 1 yt'}/>/f elfft. >~ demeurant /O'L*~-
/'/"''/^'^'''''""f'JJïii^^zutti ——
fouflighé & acceptant
.
contre les dommages qui peuvent
rcfulter des' Incendies pendant ï^jt'ipo Années, Si dont le rifque commence à- courir pour le
,

c
'
compte de la Compagnie, ce foit à fix heures, & finira à pareil jour «Se heure de l'année iut|
fept cent quatre-vingt- >Yffl:f
S A V O I R:
VALEUR P R'I M E MONTANT
EFFETS ASSURES. rnum Erun, ut L'ASSURANCE. l'As^iK^ut.
DL

B&nmciv
tyko. x/XiOVtiQA^* J \ov*#
J 1 C A J "0
o " s
--

Ageucumcns, Boiferies, Alcôves, Armoires,, I


Buffets, Commodes, Secrétaires. I
. .y . . .

Meubles mcublam Chaifes Fauteuils À


, ,
TapiUèrie Linge de Table , [ Glaces
, \
exceptées J...... }

l.ivxes Imprimés, ou -Bibliothèques. HardcsA


) Ijbîts, Linges, 6cc )

To T A t
48 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE
ET A L'ÉTRANGER
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE UN FRANCE F.T A L'ÉTRANOER '|ÇI

4" F'KHIODI'.

L'Assurance sous le Premier Empire. —De 1791 à 1804, rien ne vient


troubler la paix profonde dans laquelle les événements avaient plongé
les assurances. Les idées françaises n'allaient pas vers la prévoyance,
elles s'envolaient dans les plis du drapeau promené triomphalement au
d'avers de l'Europe.
Mais le xix siècle est ouvert, le mouvement en avant de l'assurance va
reprendre.
Au reste, il ne s:agit plus de créer, il suffit d'imiter, de reprendre ce
qui a été fait, de l'améliorer et de l'étendre.
La nouvelle génération va poursuivre cette oeuvre féconde en géné-
reux résultats.
En 180fî, la Suisse créée une compagnie dans le canton de Berne
et les autres cantons suivent cet exemple qui franchit les Alpes et prend
fortement racine en Italie. L'Azienda de Trieste et la Compagnie de
Milan, assurant contre l'incendie, sur la vie et constituant des rentes
viagères, s'élèvent sur un terrain bien préparé pour le développement des
uuivres sociales.
Quelques autres .Etats, éprouvés plus profondément par les guerres
de la République et de l'Empire, reportent à plus tard les idées de
prévoyance et ne songent qu'à rétablir leurs finances, leur commerce, leur
armée, leur marine anéantis par Napoléon; et puis, de graves préoccupa-
tions hantent les vaincus ; seule la diplomatie représente la science en
honneur en ces temps orageux.
L'Angleterre, plus à l'aise dans son île, apporte au développement de
ses institutions d'assurances le soin, la méthode qui caractérisent le génie
particulier à sa race.
C'est à ce moment qu'apparaît sous sa forme définitive Y Union,
Société d'assurance anglaise, créée en 1759, dont voici l'acte de consti-
tution de 1805 tel qu'il a été modifié jusqu'à la date de Juin 1889:

» A tous ceux qui ces présentes verront : Nous dont les signatures
« sont ci-après et qui avons apposé nos cachets, salut. — Attendu que
« par un certain acte par écrit ou seul double enregistré dans la Haute
'<
Cour de Chancellerie de Sa Majesté, daté du 16 Février de l'an du
« Seigneur 1714-46 relatant, entre autres choses, qu'il était évident que
« non seulement les parties audit acte, mais aussi les marchands et les
*
habitants des cités de Londres et de Westminster et des endroits
« adjacents, en général, étaient très désireux d'assurer tant leurs mar-
50 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A 1,'ETHANGER

« chandises que leurs maisons contre la perte par l'incendie : c'est pour-
« quoi lesdits signataires dudil acte, tant pour leur sûreté mutuelle que
« pour la
sécurité et l'avantage commun de leurs concitoyens et voisins et
« pour le développement d'un avantage public aussi grand que l'assu-
« rance des marchandises, effets et denrées contre la perte par l'incendie
« à
des conditions équitables et désintéressées et sans aucune vue de gain
« ou
d'intérêt privé ou séparé — ont, de leur propre mouvement, offert
«
l'un à l'autre, et, avec leur plein consentement résolu et convenu à
«
l'unanimité dans une Assemblée ou réunion générale, volontairement
« réunie, et par ledit acte, ont spontanément et pleinement consenti et
« convenu pour eux-mêmes solidairement et pour leurs exécuteurs tesla-
«.
mentaires, administrateurs et ayants cause respectifs de former et cons-
«
tituer un bureau ou société mutuelle, sous le nom de Société Union
« pour
l'assurance des biens et des marchandises, contre la perte par
«
l'incendie, et de continuer à être contribuables et partageants égaux,
« tant des perles que des gains et avantages qui en proviendront ou sur-
«
viendront ou arriveront aux conditions et conformément aux articles,
« pouvoirs, clauses, ordres, règles et conventions et sous les dispositions
« et
conditions spécialement mentionnées, exprimées et déclarées à cet
«
égard dans ledit acte par écrit ou seul double. Et attendu que par deux
« autres actes
de constitution do ladite Société Union datés du 22 Août
« 1759 et du 4 Mai 1785 et enregistrés dans ladit Haute Cour de Chancel-
«
lerie de Sa Majesté, relatant comme il est dit ci-dessus et relatant que
« dans diverses reunions des administrateurs de ladite Société qui y sont
«
particulièrement dénommés, il avait été jugé opportun et convenable,
«
dans l'intérêt et pour le bénéfice de ladite Société, que diverses
«
nouvelles ordonnances, règles et conventions soient introduites pour
« son administration et sa gestion meilleure et plus régulière, lesdits
«
administrateurs, en conséquence d'un des pouvoirs à eux donnés dans
«• ce but par lesdits actes y mentionnés et mentionnés ci-dessus, étaient
« convenus que à l'avenir ladite Société serait administrée et exercée
« sous les conditions et conformément aux articles pouvoirs, clauses,
« ordres, règlements et conventions et sous les réserves et conditions qui
« y sont
plus loin déclarées ou exprimées ce concernant à cet égard. C'est
« pourquoi par lesdits actes de constitution de ladite Société Union datés
«
du 22 Août 1759 et du 4 Mai 1785, il a été déclaré et fait connaître que
« les personnes dont les signatures et les cachets y étaient apposés y
« consentaient et convenaient pleinement et spontanément pour eux-mê-
« mes
solidairement et pour leurs différents exécuteurs testamentaires,
«
administrateurs et ayants cause respectifs que ladite Société ou mutua-
HISTOIRE GÉNÉRALE DE l/ASSURANCK EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 51

à l'avenir exercée et qu'ils en seraient solidairement et conti-


lité serait
nueraient à être contribuables et partageants égaux tantdans les pertes
que dans les gains et avantages provenant, arrivant et survenant par
là même sous les conditions et conformément aux articles, pouvoirs,
,
clauses, ordres, règlements et conventions et sous les réserves et con-
.
ditions qui y sont plus loin mentionnées, exprimées et déclarées. Et
attendu que depuis l'exécution dudit acte de constitution du 4 Mai
,
1785, différents nouveaux ordres, règlements et conventions ont été
.

.
adoptés dans des assemblées générales de propriétaires régulièrement
.
convoquées et tenues et qu'il a été résolu par elles d'assurer des mai-
sons et biUiments aussi bien que des marchandises et denrées et de
«
recueillir par souscription un nouveau capital afin de mieux exercer
.
avec succès l'industrie de la Société et il a été aussi convenu qu'à
»
l'avenir, la Société serait gérée et exercée suivant les articles, pouvoirs,
.1
clauses, ordres, règles et conventions et soumise aux réserves et con-
..
dition ci-après déclarées et exprimées touchant et concernant la
«
même. C'est pourquoi sachez maintenant que nous qui avons
«
ci-après apposé nos signatures et nos cachets, convenons et
stipulons par ces présentes pleinement et spontanément pour nous-
"
mêmes solidairement et pour nos héritiers, exécuteurs testamen-
«
taires, administrateurs et ayants cause respectifs qu'à l'avenir la-
«
dite Société ou mutualité sera exercée et que nous serons solidairement
«
contribuables et copartageants égaux tant dans les pertes que dans les
«
gains, provenant, procédant et survenant par là môme sous les condi-
»
tions et conformément aux articles, pouvoirs, clauses, ordres, règlements
« et
conventions et sous les réserves et conditions ci-après mentionnées,
«
c'est-à-dire... »

Cet acte constitutif est suivi de vingt-huit articles. En 1813 un


quatrième acte de constitution relatif à l'assurance sur la vie est proclamé
(l;ms les termes suivants, par l'Assemblée générale des actionnaires de
Y Union qui. entre temps, est devenue Société
anonyme :

«.
...Et attendu que dans une Assemblée Générale spéciale des
* membres de ladite Société, dûment convoquée et tenue le mercredi
"
24 Avril de l'an de grâce 1805, il a, entre autres choses, résolu et
'• i'.onvenu, ce qui a été dûment confirmé dans une Assembléesubséquente
"
le 8 Mai suivant que ladite Société assurerait à l'avenir des maisons et
• autres bâtiments de la même manière que les propriétés d'une autre
« nature et qu'il a été ouvert une souscription pour recueillir un capital
52 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A I.'ÉTIIANGET!

«
additionnel montant à JL 800,000 par action de £. 200 chacune, et il a
.
«
été convenu que si, à quelque époque future, il était trouvé avantageux
« pour
ladite Société d'élever le montant de la souscription à M. 500,000 les
«
Directeurs pouraicnt le faire de la manière qu'ils jugeraient opportune,
• et
qu'il serait versé 10 11/0 ou l\ 20 par action avant le 1" Octobre
«
suivant et les payements ultérieurs, s'ils étaient nécessaires quand les
a Directeurs le demanderaient : hit attendu que dans une Assemblée
«
Générale Spéciale des Membres de la Société et des Souscripteurs
«
audit capital additionnel, dûment convoquée et tenue le vendredi
«
4 Juin dernier, il a été résolu et convenu que ledit capital additionnel.
«
souscrit ainsi qu'il est dit ci-dessus, serait appliqué aux effets de l'assu-
« rance sur
la vie, des survivances et autres assurances légales ayant
« rapport avec
la vie et des concessions, ventes et achats d'annuités aux
«
frais, risques, périls et responsabilités et au profit, gain et avantage
«
desdits souscripteurs, et qu'à ladite Assemblée Générale, il a été résolu
« et convenu que
ladite industrie ou risque d'assurances sur la viesurvi-
« vances
et autres assurances ayant rapport avec la vie et les concessions
« ventes et
achats d'annuités serait gérée et exercée conformément et
>< aux conditions des articles, pouvoirs, clauses, ordonnances, règles ei
«
conventions et sous les dispositions et conditions déclarées et
«
exprimées ci-après ce concernant. El, attendu qu'à ladite Assemblée
«
Générale il a aussi été résolu et convenu que ladite affaire ou risque
« des assurances sur la
vie et survivances et autres assurances légales
« en rapport avec la
vie et de concession, vente et achats d'annuités, aux
«
frais, risques, périls et responsabilité desdits souscripteurs audit capital
«
additionnel, serait conduite et exercée comme une branche-vie de la
«
Société Union d'assurances contre l'incendie, sous le titre ou dénomi-
«
nation de Union Life Office et que... •>

Telles sont les curieuses considérations générales qui précèdent de


très nombreux articles que nous ne pouvons énumérer dans la crainte de
trop élargir le cadre de cette histoire.
Mais en France de grandes choses se préparent, Napoléon a l'oiil
sur tout ; entre deux guerres, son esprit se repose sur l'administration
du pays et il travaille avec ses ministres à l'édification de monuments
législatifs sur les bases desquels la société future va reposer.

Le Code de Commerce. — Comme il a été dit précédemment (1),

(1) Page 30.


HISTOIRE GÉNÉRALE DE I,'ASSURANCE EN FRANCE ET A l.'ÉTRANGKR
53

en 1808, la question de l'assurance maritime est posée puis tranchée par x

la fusion du Code Colbert avec le Code de Commerce, dont il forme le


livre II, du titre 1°' au titre XIV, et comprend 246 articles.
Le Litre 1°' du Commerce maritime commence à l'article 190, et il régit
les navires et autres bâtiments de mer.
Le titre II, art. 197 et suivants, traite de la saisie et de la vente d,es
navires ; le titre III, art. 216, des propriétaires de navires ; le titre IV,
art 221, du capitaine; le titre V, art. 250, de l'engagement et des loyers
ries matelots et gens de l'équipage; le titre VI, art. 273, des chartes-
parties, affrètement ou nolissement, appelé louage de navires ; le
litre Vil, art. 281, du connaissement, qui se rapporte à la nature,
quantité, espèces et qualité des objets à transporter ; le titre Vlll,
art. 286, du fret ou nolis, qui a rapport au prix du loyer d'un
navire; titre IX, art 311, du contrat à la grosse, qui se rapporte, on
le sait, au capital prêté et la somme convenue pour le profit maritime,
et enfin le titre X au titre XIV, art. 332 à 436, qui concernent les
assurances.
Le titre X est divisé en sections, la première comprend : le contrat
d'assurance, sa forme, son objet; la seconde section : obligation de
l'assureur et de l'assuré ; la troisième : le délaissement.
Le titre XI traite des avaries ; le titre XII, du jet et de la contribu-
tion; le titre XIII, des prescriptions, et le titre XIV, des fins de non-
recevoir.
Les articles 832 et suivants, qui sont compris dans les titres X, XI,
X.U, KIU et XIV, résument les connaissances qu'il importe aux assurés,
aux commerçants, de connaître ; nous ne pouvons les passer tous en
revue ; signalons cependant ces quelques indications de principe :
Art. 332 : le contrat est rédigé par écrit et s'appelle police. Il est indispen-
sable qu'il soit daté et que l'heure de sa souscription soit indiquée.
Aucun blanc ne doit y être laissé. Le nom, le domicile de l'assuré doivent
> être mentionnés, ainsi que sa qualité. La désignation de la nature, la

valeur ou l'estimation des marchandises ou autres objets assurés est


nécessaire à la validité du contrat ainsi que le nom du navire et du
capitaine (1) ; ces désignations stipulées avec soin dans la police per-
mettent de bien faire apprécier l'étendue du risque.
En outre, la somme assurée doit y être indiquée ainsi que le lieu où
les marchandises doivent être chargées ou déchargées, le port du départ,

(U (x>uand il s'agit d'assurance maritime, car l'assurance terrestre est également


régie d'après ces principes ot articles 332 à 13(> du Code de Commerce.
54 HISTOIRE GÉNÉRALE DE (.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

ceux dans lesquels le navire peut entrer et la durée du risque, où


celui-ci commence et où il finit.
La prime est de tant pour cent sur la somme assurée ; elle varie
suivant la nature des marchandises assurées
L'ordonnance Colbert est donc englobée dans le Code de Commerce
et elle n'en a pas encore été détachée pour former un code spécial
approprié à nos usages actuels.
Au moment où la guerre do 1870 a éclaté, une commission était
bien chargée de remanier notre droit maritime, puis d'apporter des
réformes importantes dans les assurances maritimes; les événements
ont fait reporter à d'autres temps ces travaux intéressants.
D'ailleurs, comme nous l'avons vu dans un précédent chapitre,
alors que nous avons annoncé les étapes glorieuses de l'ordonnance de
Colbert, on ne se plaint pas outre mesure de ce code. D'autre part, la
jurisprudence est venue affirmer certaines coutumes, certaines traditions
élevées à côté du code et l'assurance maritime et terrestre n'en marche
pas plus mal pour cela. Avouons cependant qu'il serait préférable de
mettre notre code et notre droit maritimes à la hauteur des progrès de
notre condition sociale et matérielle.
L'Allemagne, la Prusse, la Hollande, Hambourg possèdent un
code maritime ; les principes qui gouvernent l'assurance en Angleterre
et aux Etats-Unis n'ont pas été codifiés.

L'Assurance maritime. — L'assurance sur corps de navire et sur


marchandises transportées par eau, autrement dit l'assurance maritime,
est un des facteurs principaux de l'activité commerciale de l'Europe.
Nous sommes loin du grand siècle et cependant l'oeuvre de Colbert fait
mouvoir, fonctionner, vivre ce puissant moteur de réparation et
de sécurité.
En France, l'assurance maritime fonctionne à l'aide de divers
éléments qui sont les Compagnies, les courtiers jurés, le Comité des
assureurs maritimes, les dispacheurs et les Bureaux et registres de
cotation des diverses nationalités.

Compagnies il'assurances.— Les Compagnies françaises tirent leurs


origines de groupement d'assureurs particuliers.
Certains de ceux-ci étaient constitués en Sociétés sous le régime
d'une loi antérieure à la loi de 1867. Cette loi de 1S50 autorisait la forma-
HISTOIRE GÉNÉRALE DE 1.'ASSURANCE EN FRANCE ET A 1.'ÉTRANGER 55

lion de Sociétés moyennant un versement de 20 0/0 ; mais l'acte constitu-


tif dépendait d'un décret gouvernemental. Quant au fonctionnement, il
tombait sous le contrôle du Conseil d'Etat et du Préfet de Police.
La Chambre, le Cercle Commercial, la Réunion ont été fondés dans
,'os conditions que les lois do 1867 et 1894 sont venues élargir très heu-
reusement.
«
Sans les assurances, le commerce de la mer ne saurait se
soutenir, dit Valin ; mais, ajoute Labraque Bordenave, le développement
des affaires, la multiplicité des assurances et l'importance de ces opéra-
tions ont amené la création de Sociétés importantes et l'intervention
rlu législateur en ce qui concerne l'organisation et le fonctionnement
de nos Sociétés maritimes. Ainsi, pour ne citer qu'un exemple, la loi
du 24 juillet 1867 exige pour le fonctionnement des Sociétés anonymes
un versement obligatoire de 25 0/0 du capital social, et impose la
liquidation obligatoire lorsque la moitié du capital social est perdue.
C'est à ces dispositions sévères qu'est due la sécurité offerte au commerce
|.;ir les Sociétés d'assurances maritimes françaises. Aussi est-il à pou
près sans exemple que les assurés aient jamais souffert de l'insolvabilité
des assureurs; quand la liquidation est prononcée, il reste toujours les
trois quarts ou au inoins la. moitié du capital pour garantir les opérations
engagées. Il n'est donc pas surprenant que ces Sociétés isolées au début
n'aient pas lardé à prendre une grande extension, et qu'à l'heure actuelle
I
ilusicurs de ces Sociétés constituent de véritables puissances financières... »
Le même auteur ajoute :
Depuis les années 1682 et 1754, Paris est devenu le grand centre des
Compagnies maritimes de France et néanmoins dans chaque port mari-
time on trouve do nombreuses Compagnies et plusieurs assureurs
particuliers qui se livrent à celte industrie. Les rigueurs du Blocus conti-
nental et les nombreuses guerres que la France a subies ont paralysé
depuis deux siècles la création de ces puissants auxiliaires du commerce.
Ce n'est qu'à partir de l'année 1815 que le commerce maritime a repris
son essor; et c'est de cette époque que datent les premières grandes
Compagnies d'assurances maritimes.
Les Compagnies de Paris sont actuellement au nombre de 2(J et
forment un capital social de 57 millions 800,001) francs. Voici les noms
de ces Sociétés, avec les résultats industriels et financiers qu'elles ont
obtenus dans le dernier exercice connu, c'est-à-dire en 1894(1).

il) Les eliilïrcs de celte statistique mil été relevés dans le journal t'An/ii* n* du
K'juin 1895.
5b" HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A I.'ÉTRANGER

P1UMKS NETTES BEMSFir.K


nivnri.< SOMMES
OlMl'AGKII'.S "*"
His(|iies élcinl> """. •.. Erik
Sinislr... rt .I.I.
,,|Ulil':
sur ii>.siir;iiii-i'-
au*
Actionnnirr.-

Gènèrale 'c.970.477 Y.847.015 f 123.462 «0.0OH


Sécurité 395.120 391.2411 -f 3.881) 15.0011
Océan 335.291) 357.035 — 21.739 12.500
Lloyd français 2.722.781 3.222.140 — 499.359
Mclusine G13.02!) 537.163 -\- 75.80(5 120.000
Comptoir maritime; 1.1)40.328 947.823 j98.505 135.000
. .
Sphère 1.089.112 I .295.528
— 200.410 »
Mer 272.278 329.493 — 57.215 G.250
Préuoy<mcc G13.029 542.183 ;
70.«46 120.000
Foncière 7.840.017 7.775.353 -f 04.064 312.000
Vigie 648.869 591.998 -j- 56.871 22.185
Pilote 351.075 394.813 — 43.738
Triton 355.2GG 397.021 — 41.755
Nn-cidc 128.638 128.553 | ' 85
Centrale 581.885 012 825 — 30.940 22.500
Avenir 260.174 201.517 — I.3'i3 In.000
Armoriqae 453.797 532.871 — 79.074
iViéhisine (réassurances). 160.052 110.478 -f- 44.174 28 000
l'arisienne 310.385 282.846 -|- 27.539 24.000
Equinoxc ....... 82.697
23.230.911
81.098
23.644.999
-f-
— 414.088
1.59!) 6.000
918.935
La statistique générale des dix dernières années, de 1885 à 1894, est
la suivante :
l'HI.MKS NETTES UKNÉKII'.K SOMMES
.... ,....,.o ..
I.IIAIU.I.S ilisiribiiôo-
.,.,.. 01[
ANIS'F'1:S 1'KI,TK
..
Risques ùlniils Sinisire-..-!
«inisuesii Kn.is
rr.ns "uï
Mlr iissm..„ s .VliiinnaiiT,

1885 16.61 1.71.2 13.589.131 -| 3 022.5s!


.=
|L
1886 15.880.933 13.914.423 -\ I .900.510
1887 15.410.035 13.959.451 -|..|.450 5s4 S
1888
1889.
1890
...;.... 10.100.089
17.033.240
21.934.403
14.242.982
10.201.594
20.728.858
+1.«57.107
+1.4.31.6iG
+1.205.545 ~
-g
Z

1891 23.383.879 23.759.148 — 375.209 1.235.500


1892 24.004.194 22.510.353 +1.553.841 1.405.500
1893. .
24.449.813 23.921.777 + 528.036 1.108.000
1894 23.230.911 23.044.99!» — 414.088 918.935
11 existe en France en diverses villes telles que le Havre, Bor-
HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER, 57

dcaux, Marseille, Nantes, des Compagnies françaises qui fonctionnent


honorablement.
Depuis quelques années un certain nombre de Compagnies étran-
gères de toute nationalité sont venues s'installer en France. Elles y travail-
lent avec succès.
Plusieurs des agences françaises de ces Compagnies sont entre les
mains de directeurs mêmes de Compagnies françaises ; d'autres ont des
représentants spéciaux.
La somme des capitaux de ces Compagnies étrangères est très
élevée.
En Angleterre de puissantes associations se sont fondées dès 1719.
Elles furent pourvues d'un monopole et du patronage de George lor.
Aujourd'hui, les Compagnies d'assurances maritimes sont très nombreu-
ses dans le Royaume-Uni, ainsi qu'aux Etats-Unis. A Hambourg la
première Compagnie date de 1765 ; en 1807, cette grande cité en comptait
29 et ce nombre est aujourd'hui bien dépassé ; Brème et Lubeck ont suivi
le mouvement.
La Belgique, l'Italie, l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie, bref les divers
pays du globe possèdent en grand nombre des Compagnies d'assu-
rances maritimes. Ces institutions suivent dans leur mouvement de
création le développement du commerce, qui actuellement s'étend sur
toutes les parties du monde et même à l'intérieur do pays jusqu'alors
inexplorés et presque ignorés.

Comité des assureurs maritimes. — Le Comité des assureurs mari-


limes de Paris se compose :
Des Compagnies d'assurances maritimes ou Réunions d'assureurs,
dont le siège est à Paris ;
Des Compagnies d'assurances maritimes françaises ou Réunions
d'assureurs français ayant une agence à Paris ;
Les Compagnies non françaises représentées à Paris peuvent aussi
être admises dans le Comité.
Le Comité a pour but : 1° D'organiser l'établissement et l'expédition
des dispaches, ou règlement d'avaries.
2" De procurer à chacun de ses membres, avec économie de temps et
de frais, les renseignements relatifs aux affaires dans lesquelles tous ou
quelqu'un d'entre eux se trouvent intéressés, de centraliser les moyens
d'action clans les cas de sinistres et de litiges, de pourvoir enfin aux
besoins communs et aux objets d'intérêt général ou collectif.
&
58 HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Cependant, ajoutons que, d'après l'article 3 des statuts, il est facultatif


aux Compagnies du Comité de conserver la direction indépendante des
affaires spéciales intéressant soit une seule Compagnie, soit plusieurs
qui seraient toutes d'accord pour ne pas recourir à l'entremise du Comité;
mais cette entremise est de droit si un seul des intéressés la réclame.
Le Comité nomme au scrutin secret un Président et deux Vice-Présidents.
La durée de leurs fonctions est d'une année. Ils peuvent être réélus,
pour une année seulement (1).
Tous les jours, de midi à deux heures, les journaux et nouvelles du
jour sont mis, dans le salon du Comité, à la disposition de ses mem-
bres et aux mêmes heures ont lieu les réunions d'intéressés dans les
affaires spéciales, sur la convocation du Secrétaire.
La liste des affaires en état d'être examinées est affichée dans le
salon du Comité. Leur classement pour l'ordre de la discussion a lieu
suivant le nombre de Compagnies intéressées dans une môme affaire,
en commençant par celle qui réunit le plus grand nombre.
Telles sont les dispositions générales insérées dans les statuts du
Comité ; ajoutons que les Compagnies sont absolument libres d'en faire
partie ou de rester en dehors.
Des Comités analogues à celui de Paris fonctionnent également au
Havre, à Bordeaux, à Marseille, pour l'usage des assureurs de ces diffé-
rentes places.
Ces Comités ont des liens d'intérêt et correspondent non seulement
entre eux, mais avec les assureurs étrangers ; enfin ils interviennent les
uns pour les autres et s'entr'aident mutuellement.

Courtiers. — Le courtage d'assurance est une charge semblable à celle


des agents de change, le courtier d'assurances est courtier juré, officier
ministériel ; il reçoit les ordres d'assurances et rédige les polices que
les assureurs signent sur original.
Les assureurs acceptent des risques aux conditions françaises ou à
celles des autres places d'assurances. Certaines Compagnies délivrent
même des polices stipulant que les avaries seront payables par leurs
agents ou correspondants établis aux points de destination.
Les grandes villes de France, c'est-à-dire les principaux centres mar-
chands fluviaux et maritimes sont pourvus de courtiers jurés : Paris en
possède huit. Le Havre, Bordeaux en comptent un certain nombre ;

(1) Ainsi modifie le 7 décembre 1888;


HISTOIRE GÉNÉRALE DE L*ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÊTRANGBR 59

Marseille n'en a pas, le courtage y est libre. En dehors de ces courtiers,


les Compagnies peuvent avoir des agents qui acceptent les affaires
directement sans aucun intermédiaire.

Bureaux et registres. — Les Compagnies d'assurances maritimes


possèdent de précieux auxiliaires ; ce sont les Sociétés qui centralisent
toutes les nouvelles relatives à la navigation et tous les documents favo-
rables à l'appréciation des risques.
En 1760 se crée un cercle clos appelé depuis Lloyd, qui publia un
recueil, sorte d'état civil des bateaux longtemps unique en Europe.
Ce recueil est connu sous le nom de Lloyd's regisler. Mais en 1828, à
Anvers, un assureur fonda le Bureau Veritas et porta son siège social à
Paris.
Le Bureau Veritas qui fonctionne actuellement a pour objet d'appré-
cier la valeur individuelle de chaque navire, afin de permettre aux assu-
reurs de se fonder une opinion sur le choix des risques.
Très complet, recelant en un millier de pages tous les renseigne-
monts qu'un assureur maritime peut désirer posséder, le recueil du
Bureau Veritas, ainsi que ceux des autres institutions de ce genre, sont
des guides précieux où l'on trouve l'acte de naissance, c'est-à-dire
l'année de la construction du navire et les divers renseignements ônu-
mérés ci-dessous; puis, mensuellement, un bulletin indique les pertes
et les accidents maritimes survenus. Une récapitulation de la statistique
des accidents de mer est enfin dressée par nationalité.
Pour les navires à voiles le signalement indiqué au registre est le
suivant :
Surveillance spéciale. — Navires et capitaines. — Date du terme. —
Classification. — Division et terme. — Cote. — Grôement et ponts.

Tonnage, brut, net, sous-pont. — Pavillon. — Année de la construction.
— Port de construction.— Constructeurs. —Matériaux, chevillage, ponts,
doublage. — Réparations. — Longueur, largeur, creux, en mètres, en
pieds et pouces. — Franc bord : eau salée, H. A. N., en pouces.
— Port
d'armement. — Armateurs et résidence. —• Dernière visite et visite
do la carène.
En ce qui concerne les bateaux à vapeur, l'état civil demande plus de
détails. Les voici :
Surveillance spéciale. — Navires et capitaines. — Date du terme. —-
Classification. Gréement. Nombre de ponts.
— — — Tonnage : T. R. U.
— Pavillon. — Année de la construction. — Constructeurs. — Port de
60 HISTOIRE GÉNÉRALE i>E 1,'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

construction. — Matériaux, propulseur, compartiments étanches, cons-


truction sur le pont, waterballast, ponts, réparations. — Longueur,
largeur, creux : en mètres, en pieds et pouces. — Franc bord : été, hiver,
H. A. N., en pouces. — Port d'armement. — Lieu et date de la dernière
visite. — Armateurs. — Surveillance spéciale. — Machines : Type, date
du certificat, nombre ; cylindres, diamètres en centimètres et en pouces,
course des pistons en centimètres et en pouces; force nominale; force
indiquée; nombre de tours. —Constructeurs, lieu et date de construc-
tion.— Surveillance spéciale. — Chaudières : type; enveloppe, dia-
mètre, longueur, en mètres, en pieds et pouces foyers, nombre, surface
-,

de grilles en mètres carrés et en pieds carrés, surface de chauffe, en


mètres carrés et en pieds carrés ; pression par centimètre carré et par
pouce carré. — Constructeurs, lieu et année de construction. — Dernière
visite.
En 1861, à Bordeaux, est fondé le Registre maritime, ce registre <
n'existe plus. i

Les principaux bureaux et registres sont les suivants :


Bureau Veritas—Lloyd's Register— Registre italien — Norsk Veritas
de Norvège — Veritas Austro-Hongrois — British corporation — Regis-
tre néerlandais — Registre allemand — Veritas grec — American
Record.
L'assurance maritime sur marchandise et sur corps de navire appelle
un complément direct : l'assurance du marin.
Comme le marin est compris dans notre mouvement social, au titre
d'ouvrier delà mer, il doit être classé, quant aux risques professionnels,
sur le même pied que l'ouvrier terrien.
Jusqu'à présent et sauf quelques tentatives le marin n'est pas assuré ;

n'est-ce pas une inhumaine anomalie '? (1)

Police d'assurance maritime. — La police française est uniforme,


quant aux grandes lignes, mais sur des points de détails elle varie de
place à place \ assez fréquemment même, à la suite d'accords, les parties
contractantes dérogent à certaines clauses qui ne se plient pas suffisam-
ment aux nécessités des transactions. Il convient de constater que la
police française est l'expression juste et équitable des règles et conditions
contenues dans l'ordonnance de 1681 et dans le Code de commerce.

Voir plu* loin : Histoire de l'assurance contre les accidents. Les marins et le risi|uc
(1)
professionnel.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 61

La police française d'assurances maritimes sur corps de navires à


voiles en vigueur sur la place de Paris présente les articles essentiels
suivants :

« AIITICI.K I'RKMIKR. — Sont aux risques des assureurs les dom-


mages et pertes qui arrivent au navire assuré par tempête, naufrage,
«
échouement, abordage, changement forcé de route ou de voyage,
,,

..
jet, feu, explosion, pillage, piraterie et baraterie, et généralement tous
«
accidents et fortunes de mer.
« ART. 2. — Les risques
de guerre, civile ou étrangère, ne sont à la
«
charge des assureurs qu'autant qu'il y a convention expresse.
« ART. 3. —
Les risques de recours de tiers, autres que ceux qui
«
seront exceptés par les 6e et 71' paragraphes de l'article 4, exercés contre
«
le navire assuré pour faits d'abordage ou collision avec un autre
<.
navire, pour heurt de digues, quais, estacades et généralement pour
«
dommages causés à tous objets matériels, sont à la charge des assu-
« reurs pour
les neuf dixièmes des dommages alloués et jusqu'au
<
maximum des neuf dixièmes de la somme assurée.
« L'assuré supporte le
dixième des dommages.
11 lui est interdit de faire assurer ce dixième...
«

«
ART. 4. — Les assureurs sont exempts, par exception et déroga-
«
lion en tant que de besoin, à ce qui a été dit à l'article premier quant à
«
la garantie de la baraterie :
« 1"
Des faits de dol et de fraude du capitaine;
«
De tous événements quelconques résultant de violation de blocus,
'-
de contrebande ou de commerce prohibé ou clandestin ;
« Le tout à moins que le
capitaine n'ait été changé sans l'agrément
«
de l'armateur ou de son représentant et remplacé par un autre que par
«
le second ;
« 2" Des dommages et pertes provenant
du vice propre ;
« 3" De la
piqûre des vers sur les parties du navire non protégées
« par un doublage métallique ;

« 4° De tous frais d'hivernage, de quarantaine et de jours de


« planche ;

&
5° De toutes les conséquences qu'entraînent pour le navire les faits
« quelconques du capitaine ou de l'équipage à terre ;

« 6" De tous recours des affréteurs ou chargeurs, réclamateurs de


0 marchandises, passagers ou équipage du navire assuré, exercés pour

« vice d'arrimage, chargement sur le pont, excès de charge, infraction

" de chartes parties ou toutes autres fautes ou causes de recours ;


62 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« De tous recours exercés pour faits de mort ou de blessures. 11



« n'est pas interdit à l'assuré de faire garantir ailleurs ces recours.
« ART. 5. — La valeur agréée du navire comprend indivisément
« tous ses accessoires, notamment les victuailles, avances à l'équipage,
« armement et toutes mises dehors, à moins qu'il ne puisse être justifié
« que certaines de ces dépenses concernent un intérêt distinct de celui de
« la propriété du navire.
« A défaut de cette justification, les assureurs du navire seront en
«
droit, en cas de délaissement, de réduire sa valeur agréée du montant
« de toutes assurances faites séparément sur armement, victuailles ou
« mises dehors avant ou après l'assurance du navire.
« Néanmoins, dans les risques de pêche, la valeur de l'armement

« spécial de la pêche et, pour les navires à vapeur, la valeur de la


« machine peuvent toujours être assurées séparément.
« ART. 6. — Les risques de l'assurance au voyage courent du
« moment où
le navire a commencé à embarquer des marchandises, ou,
»
à défaut, de celui où il a démarré ou levé l'ancre, et cessent quinze
«
jours après qu'il a été ancré ou amarré au lieu de sa destination, à
« moins qu'il n'ait reçu à bord des marchandises pour un autre voyage
« avant
l'expirafion des quinze jours, auquel cas les risques cesseront
«
aussitôt.
L'article 7 porte sur la quarantaine, l'article 8, sur le délaissement
pour défaut de nouvelles, article 9, délaissement pour disparition,
destruction totale, innavigabilitô produite par fortune do mer, article 10,
11, dépenses pour avaries et délaissement de ce fait.
« ART. 12. — Les assureurs
demeurent étrangers :
« 1" Aux primes des emprunts à la grosse contractés dans un port
<t
d'expédition ou de destination;
« 2° A la saisie et vente du navire dans un port d'expédition ou de
«
destination sur la poursuite des prêteurs ou de tous autres créanciers ;
« 3° Aux effets
de toutes déterminations de l'armateur à l'égard des
« créanciers,
prises en vertu de l'article 216 du Code de Commerce.
« ART. 13. — Le port
d'expédition est réputé port de relâche si le
« navire, après l'avoir quitté en
bon état, y rentre pour réparations
« d'avaries éprouvées depuis sa sortie.
« ART. 14. — Le fret sauvé cesse d'appartenir, en cas de dôlaisse-
« ment, aux assureurs du navire.
ART. 15. — Dans les assurances à terme ou à prime liée, chaque
«.

« voyage est
l'objet d'un règlement distinct et séparé.
Article 16, voyages distincts, article 17, avaries à la charge des
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 63

assureurs, réparations trop dispendieuses, article 18, franchises et


avaries, article 19, ôchouement, article 20, règlements et avaries, rem-
placement des objets perdus ou endommagés, différence du vieux au
neuf, prime des emprunts à la grosse, article 21, risque de pêche, obli-
gations des assureurs, article 22, obligations des assurés, article 23,
augmentations pour causes diverses, articles 24, 25, perte du navire,
règlement, article 26, 27 faillite de l'assuré, article 28, vente publique
ou privée du navire, cessation ou continuation de l'assurance, article 29,
connaissance de nouvelles concernant le navire, article 30, sauvetage ou
renflouement, article 31, taxes et timbres, article 32, compétence.

A ces conditions générales, peuvent être jointes des conditions parti-


culières nécessitées par l'usage et l'expérience.
La police française sur corps de navire à vapeur varie de la •

précédente en l'article 22, sur les obligations des assurés.

Les articles essentiels de la police d'assurance maritime sur mar-


chandises portent sur les points suivants : articles 1 et 2 semblables à
ceux de la police sur corps.
« ART. 3. — La Compagnie est exempte de tous dommages et pertes
«
provenant du vice propre de la chose: de captures, confiscations et
« événements
quelconques provenant de contrebande ou de commerce
»
prohibé ou clandestin ; enfin de tous frais quelconques de quarantaine,
n
d'hivernage et de jours dé planche.
« ART. 4. —Les risques courent du moment où la marchandise quitte
« la terre pour être embarquée, et
finissent aux moment de sa mise à
«
terre au point de destination, tous risques d'allégés pour transport immé-
«
diat du bord à terre et de terre à bord étant à la charge de la
« Compagnie.
ART. 5. — Risques de quarantaine.
ART. 6. — Calcul de la prime.
« ART. 7. — Si l'assurance est faite sur navire ou navires indôtermi-
« nés, l'assuré est tenu de
faire connaître à la Compagnie le nom du navire
« ou des navires et de lui déclarer la somme en risque, dès la réception

« des avis qu'il aura reçus lui-même ou au plus tard dans les trois jours
« de cette réception.

« Après un an écoulé, à partir de la date de la police, la police ne


« peut plus produire aucun effet au profit de l'assuré, pour tout ce qui

« n'aura pas été déclaré dans ce délai.

— Le délaissement pour défaut de nouvelles.


ART'. 8.
64 HISTOIRE GÉNÉRALE DE 1.'ASSURANCE F.X FRANCE ET A l/ET RANGER

Le délaissement peut être fait aussi :


«
« 1° Dans les cas prévus par l'article 394 du Code de Commerce
« français ;
«
2" Dans le cas de vente ordonnée ailleurs qu'aux points de départ
« ou de destination pour cause d'avaries matérielles à la marchandise
« assurée provenant d'une fortune de mer à la charge des assureurs;
3°Danstouslescasd'innavigabilitédu navire, par naufrage ou autre-
ment, si, après certains délais, la marchandise n'a pas pu être
remise à la disposition des destinataires ou des assurés, ou au moins si
le rechargement à bord d'un autre navire prêt à la recevoir n'en a pas
été commencé dans les mêmes délais.
« ART. 9. — Les avaries communes et les avaries particulières en
« frais se règlent cumulativement entre elles, indépendamment des avaries
«
matérielles.
ART. 10. — Désignation des marchandises sur lesquelles la Compa-
gnie ne garantit pas la détérioration matérielle non plus que le coulage,
même dépassant les trois quarts, si ce n'est :
« 1" Quand lesdits dommages proviennent d'un incendie ;
« 2"
Quand le navire a été coulé, brisé, échoué ou en collision
» avec un autre navire;
« 3"
Quand, à la suite d'une voie d'eau, le navire a été obligé d'entrer
«
dans un port de relâche et d'y décharger les trois quarts au moins de sa
« cargaison.
«
Lesdits dommages sont alors remboursés sous déduction d'une
«
franchise.
« Sauf convention expresse, la Compagnie garantit, moyennant prime

«
spéciale, les marchandises chargées sur le pont seulement contre le jet
« à la mer et l'enlèvement par la mer : elle n'est pas responsable delà
«
détérioration matérielle de ces marchandises en dehors de ces deux cas.
ART. 11. — Avaries particulières et leur remboursement.
ART. 12. — Règlement des avaries.
ART. 13. — La somme souscrite par la Compagnie est la limite de
ses engagements.
« ART. 14. — Les pertes et avaries sont payées au porteur de la police
« et des pièces justificatives, dans le mois de la remise de ces pièces,
sans qu'il soit besoin de procuration,
<i

ART. 15. — Exagération de la valeur assurée, estimation et valeur


réelles.
ART. 16. — Prime impayée donnant lieu à réclamation compensée
avec l'indemnité due.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 65

ART. 17. — Cas de faillite, ou de suspension notoire de paiements


de l'assuré.
ART. 18. — Les assurés et la Compagnie sont toujours présumés
avoir reçu connaissance immédiate des nouvelles concernant les choses
assurées, qui sont parvenues au lieu où ils se trouvent respectivement.
« ART.
19. — Tous droits réciproquement réservés, l'assuré doit et
«
l'assureur peut, dans le cas de sinistre, veiller ou procéder au sauve-
<i
lage des objets assurés.

De 1H08 à 1HI6 ; les Mutuelles. — Entre l'année 1808 et 1816, entre


Napoléon et la première Restauration peu de faits saillants sont à signa-
ler; à Anvers pourtant est fondée la Compagnie Securilas.
Nous retrouvrons également vers cette époque la Fac-similé de la
demande d'une police d'assurance sur la vie par Charles Dickens à la
Compagnie « The Sun Life Assurance Society». — En voici le libellé :

«
Je soussigné, Charles Dickens, né dans la paroisse de Portsea,
«
comté de Hants, le septième jour de février 1812 et résidant actuellement
«. au
numéro 48 Daughty Street, dans le comté de Middlesex, étant dési-
« roux
d'assurer ma vie à la Sun Life Assurance Society, pour la somme
«
de mille livres sterling, je déclare par les présentes que je n'ai pas plus
«
de 26 ans, que j'ai eu la petite vérole, que je n'ai jamais eu ni la goutte,
«
ni l'asthme, ni une hernie, ni attaques de nerfs, et que je ne suis affligé
«
d'aucune maladie qui puisse abréger ma vie et que cette déclaration
«
doit être la base du contrat entre moi et ladite Société ; et si aucunes
«
des affirmations contenues dans cette môme déclaration concernant
« mon
âge, mon état de santé, ma profession, mes occupations ou d'autres
«
circonstances sont reconnues fausses, alors toutes les sommes qui
« auront été payées
à ladite Société pour compte de ladite assurance
« seront
forfaites.
« Daté ce neuvième jour
de février 1838.
« Signé : Charles Dickens. »

En 1817, la Société d'Assurance Mutuelle Immobilière de la. Ville de


Paris fait son apparition sur la scène des assurances, et ses emblèmes
.)/. A. C. L. sont les mêmes que ceux de la fameuse Compagnie Royale
d'Assurances Générales, effondrée dans la tourmente révolutionnaire.Mais
le système est changé, la Société de 1786 était anonyme, tandis que celle
de 1817 est mutuelle.
66 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Cette Société d'Assurance Mutuelle Immobilière de la Ville, dj Paris


est généralement connue sous le nom de M. A.CL.; les opérations de la
Société ne s'étendent pas au delà des enceintes de Paris. Constatons
d'ailleurs que les éléments de production ne lui manquent pas.
Les capitaux assurés par elle se montaient : le 1" avril 1847, à
2,233,856,000 francs, le P" avril 1877, à 3,929,946,000 francs.
En 1878 et en 1882, la Société a étendu sa garantie à trois nou-
veaux risques :
Le recours des voisins, le recours des locataires, le chômage des
loyers à la suite d'incendie ; en 1892, elle créait l'assurance contre la
dynamite.
Le lor janvier 1894, le montant des valeurs assurées était de onze
milliards et cent millions environ.
Après la Société M.A. CL., viennent Y Ancienne Mutuelle de la
Seine-Injérieure, dont le siège social est à Rouen, la Mutuelle d'Eure-
et-Loir, à Chartres, la Mutuelle de Seine-et-Marne, à Melun, et enfin
la Seine-Seine-et-Oisc, Y A.M.F., qui a étendu, il y a deux ans, son
fonctionnement aux 87 départements français.

1819. Les Compagnies à primes /fixes par actions. — L'année 1819


voit naître les Compagnies à primes fixes par actions, pratiquant
l'assurance vie et incendie dans toute la France.
A cette date commence le grand combat que la prévoyance livre
à l'indifférence et aux passions des individus.
La Compagnie d'Assurances Générales et le Phénix incendie se
présentent tout armés dans la lice avec, à leurs côtés qui accourt, le brillant
état-major des créations de 1819 à 1870.
Dans ce laps de temps qui englobe soixante et une années, de
nombreuses Compagnies d'assurances sur la vie, contre l'incendie,
sont constituées, le risque contre les accidents du travail est innové,
puis garanti, en 1864, par la Préservatrice; en 1865, le Soleil Sécurité
Générale suit le mouvement et l'étend à la Responsabilité civile, enfin le
risque contre la grêle, c'est-à-dire l'assurance des récoltes, déjà pra-
tiqué par des mutuelles dès 1810, est accepté par les Sociétés anonymes.
La Compagitie d'Assurances Générales de 1819 ajoute cette branche à
son arbre en 1854; peu après, Y Abeille est aussi fondée.
C'est vers cette époque, également, en 1857, que Napoléon III essaya
d'imposer ses idées sociales au peuple rural de France en autorisant,
patronnant, subventionnant même la fameuse Caisse Générale des Assit-
HISTOIRE GÉNÉRALE DE 1,'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 67

rances Agricoles (1) dont l'existence éphémère n'a pas été au delà de
1858 à
1859.
Enfin en l'année 1865 l'assurance contre la mortalité et les maladies
des animaux est reprise avec succès par la Garantie Fédérale, Société
mutuelle à cotisations fixes et par Y Avenir, autre Société de même
nature.
C'est encore de 1865 à 1868, que l'Etat français crée une trilogie de
caisses d'assurances : caisse au décès, caisse accidents, caisse de
retraite pour la vieillesse (2) ; au même moment la loi de 1867 qui
englobe les sociétés d'assurances est promulguée, elle complète celle de
1850 sur le môme sujet et amorce la loi d'enregistrement de 1875.
Remarquons en passant, car plus loin nous y reviendrons, que cette
loi de 1867 confond également le système aléatoire de la tontine né en
1650 et le système scientifique, mathématique, sans aléa de l'assurance
sur la vie ; c'est là une curieuse contradiction.
A l'étranger, le mouvement en avant se poursuit avec une égale
vitesse.
En Belgique, après la Securitas, viennent, à partir de 1821 : la Compa-
gnie de Bruxelles pour l'assurance à primes contre l'incendie, YEscaut,
les Propriétaires réunis, Y Union belge, les Assurances Générales
rie et incendie, la Belgique, le Lloyd belge.
Un nombre infini de Compagnies se fondent en Angleterre, en
Hollande, en Allemagne, en Autriche, en Italie, et sauf quelques excep-
tions qui tiennent à des causes plutôt géographiques, toutes les nations
accueillent l'assurance et profitent de ses avantages.
Les mystères du passé sont aujourd'hui, même révélés et de très
précieux documents arrachés à l'oubli permettent de rétablir les actes
de ceux qui ont jeté les premières assises sur lesquelles s'élèvent les
grands problèmes sociaux du XIX0 siècle et particulièrement celui de
l'assurance.
C'est à cette fièvre qui emporte les esprits recueillis vers les
origines des choses scientifiques, que nous devons l'extrême bonne
fortune de mettre sous les yeux des lecteurs de cette histoire le fac-
similé de deux précieux, curieux et anciens documents qui éclairent
la grande évolution économique du dix-septième siècle.
Mais, hâtons nous d'ajouter que c'est aussi grâce à l'intérêt

Voir plus loin l'histoire des Assurances Agricoles.


(1)
(2) Voir plus loin l'histoire de l'Assurance sur la Vie et l'histoire contre les
Accidents.
08 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L*ASSURANCE EN FRANCE ET A I.'ÉTRANGER

qu'apporte, aux questions d'assurances sur la vie, la Société Géné-


rale Néerlandaise, que nous pouvons publier ces reliques (1).

FAC-SIMILE N" 1

Le titre de rentes viagères d'Enchuysen, 16n7 ; traduction du fac-


similé n" 1 :

« Nous, Bourgmestres et Conseillers de la ville d'Enchuyson, fômoi-


« gnons et reconnaissons par la présente, pour nous-mêmes et pour
« nos descendants, que, sur l'avis des vingt corps municipaux de notre
«
ville, nous avons reçu du Bourgmestre Pieter Hilbrandts Vis, la
« somme de six cents florins caroli, utilisée par nous selon besoin au
« profit de la ville prénommée ;
« Contre laquelle somme, suivant avis comme ci-dessus, nousrecon-
« naissons devoir, au prénommé Bourgmestre Pieter Hilbrandts Vis ou au
« porteur légal de la présente, une rente viagère annuelle de quarante-cinq
« florins, sur la tête de Hilbrandts Pieters, âgé de deux ans, son fils,
« dont la mère est Maritien Willems Dr, et cela en argent net et libre
« sans pouvoir faire aucune retenue, soit de deniers dix ou de deniers
« cent ou de toutes autres impositions, quelle que soit leur dénomination
« actuelle ou future; dont la première annuité sera à. l'échéance du

(1)La Société Générale Néerlandaise, qui occupe en Hollande une situation simi-
laire à celle que possèdent en France nos premières Compagnies françaises, a pu
recueillir le précieux héritage documentaire légué à la postérité et à l'histoire
par les hommes fameux dont la Hollande est si riche. C'est ainsi que cotte Société
détient, en outre des originaux des titres de rentes viagères ci-dessus et ci-contre,
le célèbre ouvrage de Jean Witt intitulé: Valeur des renie* o'tuyères en proportion des
rentes amoriissa/des:
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A I.'ÉTRANGER 69

«
10 août 1658 et ainsi de suite d'année en année, durant la vie du pré-
ci
nommé Hilbrandts Pieter et pas au delà ; et nous, Bourgmestres susdits
«
agissant comme ci-dessus, engageons pour le paiement des susdites
v
rentes viagères, tous les biens de notre ville et appartenant à ses
c
bourgeois, meubles et immeubles, présents et futurs, pour s'indem-
«
niser ou se faire indemniser sur eux ou sur partie au choix ; de tous
«
frais, dommages et intérêts, qui pourraient être faits et soufferts, à
«
défaut de bon payement : Le tout de bonne foi : En témoignage de la
«
vérité, appendu le sceau de notre ville le 10 août 1657.
&
(Signé) CORNKI.IS HAACK. »

FAC-SIMILÉ N" 2

Le litre de rente viagère des Etals généraux de Hollande et île la


Frise occidentale ; traduction du fac-similé n" 2 :

&
Les États de la Hollande et de la Frise occidentale font savoir : A
« tous présents et à venir que ceci concernera, que, pour le service et la
" sécurité de l'Etat, du pays et de ses habitants, après notification prêala-
70 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« ble aux nobles et aux villes du susdit pays, nous avons trouvé bon,
« résolu et ordonné de vendre des Rentes viagères à charge du susdit
« pays, sur une tète, au denier douze, ainsi que des Rentes amortissa-
« blés, au denier vingt-cinq, libres de toutes charges et retenues, avec
« promesse que le paiement annuel en serait garanti, par lettres, contenant
« assignation générale et ordonnance irrévocable, jusqu'à l'extinction de
« la Rente viagère, sur le Receveur Général du susdit pays, en l'époque
« et sur les moyens de contribution, prélevés pour le paiement des rentes
« ordinaires du pays, ainsi que les autres moyens les plus courants dudif
« bureau ; et qu'en conséquence de ceci il a été acheté par le sieur Pieter
« Boll, conseiller délégué, une Rente viagère de cent livres, de quarante
« gros la livre par an, au denier douze comme ci-dessus, sur la tête de
« Pieter Boll, âgé de trois ans, dont la mère est )ameMagdaléna V. Duyl ;
I

« qui en a payé et remis le capital entre les mains de MrMarten Paino,


« receveur
de ce pays ; pour être utilisé au plus grand profit du pays. —
«
Ainsi est-il que, pour la ferme sécurité dudit sieur Pieter Boll, nous lui
« avons vendu et constitué, vendons et constituons par la présente,
la
« susdite Rente viagère de cent livres, monnaie comme
ci-dessus, par an,
« sur le
susdit pays de Hollande et de Frise occidentale ; promettant de
« bonne foi de faire payer cette Rente viagère, annuellement en
deux
« termes au prénommé sieur Pieter Boll, ou à son fondé de pouvoirs,
« durant la vie du prénommé Pieter Boll et pas plus longtemps, la
première
« moitié de la première annuité de Rente sera expirée et échue le 16 août
« prochain et l'autre moitié le 16 février 1666 suivant et ainsi de suite, de
« semestre en semestre,
jusqu'à ce que cette Rente sera éteinte : mandant
« et
ordonnant au Receveur Général dudit pays, qui est ou sera à l'avenir,
« même à ceux qui habitent le lieu de sa résidence et aux receveurs des
» moyens ordinaires du pays dans les quartiers et
les villes respectifs,
« pour ceux qui y demeurent, ou au receveur à l'endroit du quartier ou
« de la
ville où ils auront acheté les renies et payé les deniers, de payer
« ou
de faire payer, comme il est dit ci-dessus, annuellement, irrévoca-
«
blement jusqu'à l'époque où ladite Rente sera éteinte, sur les moyens
« destinés au paiement des Rentes ordinaires du pays, ou devant y être

« destinés encore, la susdite Rente de cent livres, au prénommé


sieur
« Pieter
Boll, ou à son fondé de pouvoirs, contre quittance régulière et
« preuve
de la vie du prénommé Pieter Boll, sur les premiers et plus
« comptants
deniers de leur recette, au plus tard dans les six semaines
« après l'échéance, en argent net, sans aucune retenue
de contribution,
« de denier cent, denier cinquante ou quelque autre imposition en rede-
« vance, quelles
qu'elles puissent être nommées, nonobstant quelques-
HISTOIRE GÉNÉRALE DE 1,'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER. 71

uns de nos placards ou ordonnances, déjà faits ou encore à faire, qui


r
seraient quelque pou contraires à celte promesse, et auxquels, main-
<

<
tenant pour alors, et alors pour maintenant, nous avons dérogé, renoncé
et fait exception, dérogeons, renonçons et faisons exception parla pré-
;<

«
sente. Et pour plus de sécurité dudit paiement, pour le cas où les prédits
«
Receveurs, aussi bien général que particuliers, resteraient en défaut de
«
quelque façon, nous avons engagé à cet effet et engageons par la pré-
« sente, tous
les autres impôts, moyens et revenus des susdits pays de
i.
Hollande et de Frise occidentale, pour, dans le cas susdit, se dédommager
«
dudit paiement, avec les frais à faire de ce chef. Autorisons aussi par la
«
présente les Receveurs des moyens ordinaires du pays et des impôts
«
dans les villes respectives, qui sont actuellement ou seront ultêrieure-
« rement
nommés, à payer, à défaut de paiement par le Receveur Général
«
prénommé, comme il est dit ci-dessus, la susdite Rente viagère à
c
l'échéance précitée, sur les moyens généraux et impôts moyennant
«
remise de quittance et de preuve de la vie du susdit Pieter Boll à cet effet
« sans
qu'Usaient besoin de recevoir aucune autre ordonnance, nonobs-
« tant
quelques-uns de nos placards ou résolutions contraires à la présente,
«
auxquels nous avons égalementdérogé, et dérogeons par la présente.
« Et sera
le paiement fait conformément à la présente admis et passé en
« compte,
là où il appartiendra. El tout ceci au temps et jusqu'à l'époque
« où
la susdite Rente sera éteinte et pas plus longtemps : sans aussi que
« nous
puissions réduire cette Rente viagère à n'importe quel moment.
« El pour
le maintien de tous et de chacun quelconque des points
« prescrits, nous avons
promis et promettons par la présente, de faire
« prélever et
recevoir tous les susdits moyens jusqu'à l'époque où la sus-
« dite Rente sera
éteinte, ou que par nous, de consentement général,
« comme pourl'Etat,
d'autres suffisances soient consenties et prélevées
i en remplacement de ceux-là, et avons-nous en outre fait exception et
« renoncé,
faisons exception et renonçons par la présente, à tous droits,
« réserves, grâces et bénéfices, donnés et à donner encore, par
lesquels
« la teneur de
la présente ou quelque point de la même puisse être éludé;
« et notamment aux droits disposant qu'une renonciation générale sans
<f
renonciation spéciale préalable, est de nulle valeur.
« En témoignage appendu ici notre grand sceau, à ce destiné, et fait
« signer la présente par nos conseillers délégués. Fait à la Haye, le
« 16 février seize cent soixante-cinq. »
(s) R. GROENENDYCK. ' (s) JOIIAN DU WITT.
1665
(S) NlCOLAES TULP. (s) ADN DU PRAD.
ri HISTOIRE GENERALE DE L ASSURANCE EN FRANCE ET A L ETRANGKR

Dans les chapitres spéciaux à chaque branche, c'est-à-dire à la branche


vie, incendie, grêle, accidents et bétail, nous reviendrons sur l'historique
de celte période et sur chaque Compagnie fondée et fonctionnant encore
aujourd'hui.
Poursuivons donc notre chemin et arrêtons-nous seulement aux
grandes étapes que l'assurance a marquées de son scel.
Dansfordre administratif, de 1851 àl892,un événement scientifique s'est
produit dans l'assurance sur la vie.Cette institution a été dotée de l'actuariat.
Quelles sont donc les origines de cette science et quel est son objet'.'

5" l'ÉHIODE OU PKRIODK SOCIALK

Actuaire.— C'est un mathématicien financier, appliquant les connais-


sances théoriques qu'il possède à l'étude des opérations de banque et
d'assurance. Suivant l'expression employée par M. Maze, à la tribune
du Sénat, les actuaires sont les « Ingénieurs des Finances ».
Les actuaires sont aujourd'hui les auxiliaires nécessaires de toute
grande Société financière ; le gouvernement, lui-même, a cru devoir les
consulter à diverses reprises, en appelant les plus connus d'entre eux au
sein des Congrès des accidents du travail et de la Commission
d'enquête sur les Sociétés de secours mutuels, et en créant, à
l'Office du Travail, un Actuaire chargé de diriger la partie technique de
son fonctionnement.
M. Maze parle ici le langage des économistes, passons aux lexicologues.
D'après Larousse, les actuaires étaient primitivement des greffiers,
notaires ou scribes chargés de recueillir les discours prononcés dans le
Sénat ou les assemblées publiques. L'actuaire était aussi un officier qui
tenait les comptes du commissariat des vivres, recevait des fournisseurs
les approvisionnements pour l'usage de l'armée et les distribuait en
rations aux troupes romaines.
Littré considère le mot comme néologique ; il écrit que l'actuaire
est un mathématicien chargé de contrôler, d'après le calcul des probabi-
lités, les bases des contrats viagers ou d'assurances.
Etymologiquement le mot actuaire est formé de l'anglais actuary ; du
latin du moyen âge acluarius greffier; de actum, supin de a gère, agir (1).

(1) D'après Pétrone, acluarius signifie : commis, secrétaire; d'après Suétone ce moi
signifie scribe, greffier chargé de la rédaction des actes publics. En 1765 la Compagnie
anglaise d'assurance sur la vie: Vlii/nitable nommait avec le litre ù'Aeluarnuuc personne
chargée de tenir ilote des opérations delà Compagnieeldeoopierles décisions du Comité.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A
[.'ÉTRANGER 73

Les précurseurs des actuaires. — La Hollande, cette terre de prédi-


lection, où, après l'Angleterre, l'assurance a jeté ses premiers germes,
vient de célébrer, en juillet 1895, le deux centième anniversaire de la
mort du célèbre mathématicien Chrisliaan Huygens, qui fut le fondateur de
la théorie scientifique des probabilités d'où découle la théorie scientifique
de l'actuaire.
A cette occasion, la Société Général? Néerlandaise, dont il vient
d'être question plus haut, a publié un fac-similé de son traité célèbre De
ratiociniis in ludo aleoe, qui constitue un document extrêmement inté-
ressant et fort curieux.
A côté de Christiaan Huygens, s'élève la grave figure de Johan de
Witt, lui aussi mathématicien et fondateur de l'assurance sur la vie.
Donner par le détail l'histoire de Johan de Witt et de Chrisliaan Huy-
gens est un devoir que nous a permis d'accomplir un aimable et très
crudit assureur, M. Ittmann, directeur, pour la France, de la Société
Générale Néerlandaise, en nous adressant, des notes nous révélant les
deux grands hommes hollandais sous un côté qui intéresse particu-
lièrement les assureurs.

JokanZde Witt (H-25-1072).

Tout le monde connaît le nom de Witt, pour avoir appris, dans l'his-
toire, qu'un véritable Président de République, sous le titre de Grand
Pensionnaire, a, pendant vingt-deux ans, étonné ses contemporains par
ses mérites de diplomate, de stratôgiste et de financier.
Rares, par contre, sont les personnes qui connaissent le même Johan
de Witt sous un tout autre jour, c'est-à dire comme mathématicien,
comme fondateur d'une science dont l'application occupe aujourd'hui des
milliers de personnes et s'étend journellement dans tous les pays civilisés:
nous avons nommé l'assurance sur la vie.
S
74 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

C'est surtout en cette qualité, comme savant et comme auteur, que


nous demandons à vous présenter Johan de Witt.
Né à Dordrecht, probablement en 1625, de parents aisés, Johan fit ses
premières études au lycée de Dordrecht. En 1641, il entra à l'Université
de Leyde, fit, après quatre ans d'études, le voyage à l'étranger, alors de
rigueur pour ceux qui s'instruisaient, et acquit en France, à Angers, le
titre de docteur en droit. En 1648, il s'établissait à La Haye, comme avo-
cat près des cours de Hollande.
C'est à cette époque qu'il écrivit des traités mathématiques, sous les
titres : Principes de la Théorie des lignes courbes et Des places géométri-
ques dans les sirfaces planes et dans l'espace qui, cependant, ne furent
imprimés qu'en 1658 et 1059.
En 1650, son père, Jacob de Witt, homme politique et fonctionnaire
du gouvernement, fut fait prisonnier par Guillaume II, qui gouvernait
alors la Hollande. Johan de Witt s'employa activement à obtenir la mise
en liberté de son père; au bout de trois semaines, ce but fut atteint et son
père relâché. Après la mort de Guillaume II, Jacob de Witt fut rétabli
dans ses fonctions, et Johan de Witt nommé Pensionnaire de la ville de
Dordrecht. En 1653, il fut appelé aux fonctions de Grand Pensionnaire de
la Hollande et de la Frise Occidentale, de beaucoup la plus importante des
sept provinces réunies des Pays-Bas.
C'est clans ces fonctions qu'il déploya, pendant de longues années,
tout son savoir. Rien ne lui était étranger : affaires politiques, commerce,
défense, finances, tout se réunissait entre ses mains.
C'est à ses efforts pour améliorer l'état des finances de son pays que
nous devons son ouvrage, dans lequel figure le premier projet d'une table
de mortalité qui est une des premières applications connues du calcul de
probabilité à l'idée de chance de vie.
Il est intitulé : Valeur des Rentes viagères en proportion des Rentes
amortissables, et fut imprimé en 1671, à La Haye, par Jacobus Scheltus,
à quelques exemplaires seulement, destinés aux plus hauts fonctionnaires
de l'État. Autant que l'on sache, deux exemplaires de cet ouvrage existent
encore. L'un a été découvert par le professeur Bierens deliaan, à Leyde,
et appartient à M0 Coenen van S. Gravesloot. L'autre, nous l'avons
déjà dit, se trouve dans la bibliothèque de la Société Générale Néerlandaise
d'Assurances sur la vie, à Amsterdam.
Le premier de ces exemplaires a été reproduit en 1879 par Joh. Ens-
chedé, à Haarlem, pour le compte de la Société de Mathématiques : Un
travail assidu surmonte tout, qui en a offert le fac-similé comme souvenir
du centenaire de la Société. C'est ainsi qiie l'ouvrage a été répandu. Une
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 75

copie écrite de l'oeuvre se trouve aux Archives de l'Etat, à la Haye ; cette


copie semble due à J. Hudde, bourgmestre de la ville d'Amsterdam qui
s'occupait également de calculs mathématiques.
La grande valeur qu'on reconnaît à l'ouvrage réside, principalement,
dans la manière soignée, logique et complète dont le sujet est traité, et
ensuite dans l'analyse de l'idée exacte d'une rente viagère, qui donna
lieu à la composition du premier projet d'une table de mortalité.
Son oeuvre a donné le premier élan à ceux qui se sont attachés plus
tard à compléter et à étendre ce genre de calculs, et c'est à bon droit qu'on
l'a appelé « le Fondateur dans les Pays-Bas de la science des assurances
sur la vie ».
Ses mérites ont, d'ailleurs, été reconnus à l'étranger.
L'auteur anglais W. T. Thomson, dans son ouvrage On Life Assu-
rance, écrivait en 1856 : « Le docteur Halley peut être considéré comme
«
l'initiateur et le compositeur scientifique de ce qu'on appelle les Tables
«
de mortalité; mais il n'y a aucun doute que de Witt ne l'ait devancé de
«
quelques années dans l'exposition d'une méthode au moyen de laquelle
« la valeur exacte
d'une rente viagère peut être calculée. »
Cornélius Walford, dans son Insurance Gwde and Handbook (2° édi-
tion, 1867), dit, à propos de de Witt : « Son traité de Rentes viagères a été
«
le premier ouvrage connu sur ce sujet, et une période de deux siècles
«
n'en a pas diminué l'importance aux yeux des critiques savants et com-
« pôtents. *

Christiaan Hui/yens (1629-1S95).

En 1629, demeurait à La Haye un littérateur néerlandais très connu,


nommé Constantin Huygens, qui fut, durant soixante-deux ans, le secré-
taire privé des Stadhouders Frédéric-Henri, Guillaume II et Guillaume III,
76 HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSITIANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

princes d'Orange et fut remplacé auprès de ce dernier par son fils, por-
tant également le prénom de Constantin.
Aussi réputés que puissent être les deux Constantin Huygens père et
fils, jamais leur renommée n'a pu atteindre celle de l'éminent savant
Christiaan Huygens, dont ils furent, respectivement, le père et le frère, et
dont nous publions une courte biographie.
Chi'isliaan Huygens naquit le 14 avril 1629, un an après son frère
Constantin. Leur père, seigneur de Zuilichem, Zulhem et Monnikenland,
était très fortuné et pouvait permettre à ses enfants de suivre, dans leurs
études, les aspirations scientifiques dont ils étaient animés.
Étant très jeune encore, Christiaan apprit le latin, le grec, les lan-
gues modernes, la musique, l'arithmétique, la géographie et le dessin, et
fit en tout d'étonnants progrès; mais déjà alors il montrait un penchant
particulier pour les mathématiques et la mécanique.
En 1644, il étudiait le droit, sous Vinnius, à l'Université de Leyde,
mais il se sentait bientôt une grande sympathie pour Franciscus van
Schooten, qui était professeur'de mathématiques.
En 1646, il partait pour Broda, où une nouvelle école était fondée par
le Stadhouder Frédéric-Henri et où il étudiait le droit pendant trois ans.
Même alors, il s'appliquait fortement aux mathématiques, et envoyait
à Van Schooten la solution de problèmes des plus compliqués, ce qui fit
l'étonnement de grands savants contemporains, comme Descartes, qui
prévoyait déjà en lui pour l'avenir un excellent mathématicien.
Après avoir fait avec la suite de Henri, comte de Nassau, un voyage
d'ambassade au Danemark, il partit en 1655, avec son frère, pour la
France. Il y fut promu docteur en droit, à Angers. Ce voyage a été de
courte durée, car, l'année après, il a écrit, à La Haye, son traité ; Du cal-
cul d'ins les jeux de hasard, ouvrage des plus importants au point do vue
de ses effets et qui lui a valu le titre de Fondateur de la Théorie des Pro-
babilités.
En 1660, il fit un second voyage en France et partit de là pour l'An-
gleterre; dans les deux pays, son savoir et ses talents furent très appré-
ciés. A Londres, il fut nommé, en 1662, membre de la Royal Society. En
1666, le ministre bien connu de Louis XIV, Colbert, ayant constitué une
Société qui fut appelée l'Académie royale des Sciences de Paris, et dont
les mathématiciens les plus renommés, comme Descartes, Pascal, Fermât,
Auzont, etc., faisaient partie, une nomination de membre fut offerte à
Christiaan Hiygens, dont la réputation devenait universelle. A cette nomi-
nation était attaché un large revenu annuel et l'occupation gratuite de
l'immeuble de la Bibliothèque royale. Huygens acceptait cette nomination
HISTOIRE GÉNÉRALE DE 1,'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 77

cl se livrait, de 1666 à 1681, à Paris, à un travail acharné. Il n'est retourné


nendantce temps, à La Haye, que deux fois, pour motifs de sxnté, celle-ci
se ressentant fort de son labeur assidu. Nous ne saurions guère donner
qu'un résumé très succinct des travaux de Huygens.
A Leyde et à Bréda, il a fait des traités sur la quadrature et le mesu-
rago du cercle et d'autres courbes. En 1652, il découvrit les lois de la
réfraction pour les lentilles, ce qui fut l'origine de son ouvrage sur la
dioptrique, à quoi il a travaillé toute sa vie et qui fut publié cinquante
ans après sa mort.
Il a découvert un des satellites de Saturne, après avoir confectionné
une lentille spéciale, aidé en cela par son frère; trois ans après, il a publié
son ouvrage bien connu sur Saturne.
On n'ignore pas qu'il fut l'inventeur des horloges à pendule. A Paris,
il construisit l'appareil dit Contrôleur du baromètre, trouva le mouvement
à spirale des montres, un instrument perfectionné du ni vêlage, le petit
miroir rectificatif des images clans les longues-vues.
Après son séjour de quinze ans à Paris, il écrivit son ouvrage sur la
théorie de la lumière, qui parut en 1690 et dans lequel on trouve aussi
la théorie de la double réfraction. Sans cesse, il s'est occupé d'améliorer
les horloges pour la marine; il a écrit sur les mouvements des navires, sur
l'équilibre du balancier et sur l'application de l'expansion des gaz comme
force motrice. Nous no pouvons oublier de mentionner qu'il a construit
un planétaire excellent pour son époque, et inventé un simple instrument
remplaçant les énormes tubes nécessaires clans les longues-vues pour des
distances de foyer de 34 à 210 pieds.
A la fin de sa vie, il écrivit une Cosmothéorie où il a consigné le fruit
de ses entretiens avec son frère et de ses propres réflexions.
Nous avons appelé Christiaan Huygens le fondateur de la théorie des
probabilités.
Nicolas Struyk, juge compétent dans la matière, dit « qu'il est pres-
que le premier qui ait. écrit sur le sujet ». Huygens s'en défendait lui-même
CMI disant cjue des mathématiciens français avaient traité la question
avant lui, mais en tenant cachée leur façon de procéder, ce qui l'avait
forcé de recommencer le tout. Le fait est que Pascal et Fermât avaient
résolu quelques problèmes de probabilité, mais que Huygens a, le pre-
mier, dans un traité purement mathématique, indiqué la voie qui a conduit
plus tard aux plus importants résultats, surtout dans le domaine de l'as-
surance sur la vie-
Les mérites de Huygens comme mathématicien et physicien sont
reconnus par tous les grands hommes de son pays et de l'étranger. Newton
78 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

a parlé de lui comme du plus éminent des mathêmaciens, Leibnitz et


Bernouilli l'estimaient incomparable. Le professeur G. J. S. Gravesande,
de Leyde, publiait en 1751 une édition des oeuvres de Huygens permettant
aux intéressés de prendre connaissance des inventions générales et des
études algébriques du plus grand savant hollandais.
Le professeur P. Karting écrivit en 1868 la Vie et les OEuvres de
Christiaan Huygens, où nous avons puisé quelques détails reproduits ici.
Finalement, nous citons encore, pour ceux qui voudraient plus ample-
ment connaître Huygens, l'ouvrage de Henri Baron Collot d'Escury, inti-
tulé la Gloire de la Hollande en arts et en sciences, qui traite également
en partie des oeuvres de Christiaan Huygens.
Son histoire complète n'a pas été publiée encore, mais, dans ce but,
on recueille actuellement ses lettres et manuscrits, déposés à la Biblio-
thèque académique de Leyde.
C'est à cet institut cjue Huygens légua toutes ses rouvres, par un long
testament fait quatre mois avant son décès, qui eut lieu lo 8 juillet 1695.

Histoire de l'actuariat à l'Étranger. — Les actuaires étaient


inconnus en France, il y a vingt ans ; mais leur situation différait en
Angleterre. Un siècle s'est écoulé depuis l'époque où de Moivre,-Priée,
Baily, disciples des de Witt, des Huygens, élargissaient le cadre de la
science nouvelle et la guidait dans celte voie où elle devait acquérir un
si grand développement, grâce aux travaux de leurs successeurs (1).
Dès l'année 1848, les actuaires du Royaume-Uni étaient asseznombreux
pour fonder une Société professionnellesous le nom d' « Instituts of Actua-
ires ». Cette Société, dont le renom est maintenant universel, a puissamment
contribué à l'extension prodigieuse prise par les études financières chez
nos voisins d'outre-Manche. Elle publie un journal, dont la collection
constitue une encyclopédie complète des études techniques relatives aux
opérations financières de toute nature. La plupart de ces études ont été
réunies, il y a peu d'années, en deux volumes intitulés « Institute of
Actuaries, Text Book » ; le premier traite des opérations non viagères et
le second des assurances sur la vie et autres opérations aléatoires
ayant pour bases la mortalité humaine (2).

(1) En effet, l'actuariat adonné lieu à de nombreux travaux que nous mentionnons
plus loin au chapitre réservé à la presse et aux auteurs.
(2) En 1884, la Reine a reconnu par lettres patentes l'utilité do l'Institut et a homo-
logué ses statuts.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 70

La Grande-Bretagne a donné le jour à une deuxième association


similaire de la précédente, la « Faculty of Actuaries in Scotland », qui
date de 1856. Il faut se garder de confondre ces deux grandes Sociétés
scientifiques avec les Sociétés d'assureurs de Birmingham, de Manchester
ou du Yorkshire, dont le but et la composition sont tout différents.
Les Etals-Unis possèdent également une « Acturial Society in
America » fondée en 1889. Enfin les Pays-Bas comptent eux-mêmes, depuis
cette même année, une « Vereeniging van Wiskundige Adviseurs » (1)..

L'actuariat en France. — En 1872, une tentative avait été faite pour


doter notre pays d'une institution analogue, afin de permettre aux ac-
tuaires français de se grouper et d'accroître plus aisément leurs connais-
sances techniques. L'auteur de cette tentative était, d'ailleurs, un actuaire
de grand mérite, Hippolyte Charlon, alors directeur de la Compagnie
d'assurance la Confiance et auteur d'une « Théorie mathématique des
Opérations financières », fort appréciée des spécialistes. Le « Cercle des
actuaires français » vécut neuf ans et publia un journal rempli d'études
intéressantes sur les questions financières, les assurances, le calcul des
probabilités et les opérations de Bourse. Par malheur, il contenait un
germe de destruction qui ne lui permit pas de prolonger son existence
au delà de celle de son fondateur. La liste do ses membres renfermait les
noms d'hommes fort remarquables comme mathématiciens, assureurs,
jurisconsultes,. publicistes, mais... très peu d'actuaires. Aussi, malgré
une revision des statuts et un changement de titre survenus en 1880, le
Cercle disparut définitivement.
'fous ceux qui s'intéressent au développement des études financières
en France ne pouvaient que regretter une aussi fâcheuse disparition.
Quelques-uns d'entre eux, et non des moins marquants, conseillèrent à
nos actuaires les plus en vue de reprendre l'idée de Charlon, en conser-
vant à peu près les statuts du « Cercle des actuaires », mais en les appli-
quant dans un esprit tout différent, pour créer une véritable Société
professionnelle scientifique.

Création de l'Institut des actuaires. — Ce conseil fut suivi.


Le 30 mai 1890, l'honorable M. Maze, dont nous citions plus haut les
paroles, présidait l'assemblée constitutive de Y « Institut des actuaires

(t) Voir plus loin : Nouvelles créations d'Instituts. — L'Actuariat en Autriche.


80 HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A i/ÉTRANGER

français ». La nouvelle association reçut le meilleur accueil dès sa nais-


sance. D'ailleurs les conditions statutaires d'admission après examen
constituaient une garantie des plus sérieuses pour l'avenir de cette insti-
tution. Le titre de Membre agrégé de 1' « Institut des actuaires français »
équivaut, en effet, à un véritable diplôme de compétence technique, d'une
valeur d'autant plus grande que la Société ne borne pas ses études à une
seule branche des mathématiques financières; son but est de former des
hommes aptes à résoudre les diverses questions qui peuvent leur être
soumises dans la pratique. La création d'une Bibliothèque spéciale, la
publication d'un « Bulletin » et les réunions mensuelles qui se tiennent à
l'hôtel des Sociétés savantes constituent autant d'éléments capables
d'étendre l'instruction professionnelle des membres de l'association (1).

Ce qu'est l'actuaire moderne.— Le Président de « l'Institut des actuaires


français » est M. Paul Guieysse, actuaire et député du Morbihan.
Dans un récent discours qu'il a prononcé à la sixième assemblée
générale de la Ligue de la Prévoyance et de la Mutualité, dont nous
nous occuperons plus loin, l'honorable député a tracé ainsi le portrait
d'un actuaire :
Qu'est-ce qu'un actuaire? Tout simplement le calculateur qui applique
les résultats de la statistique aux opérations financières.
'fous les calculs de banque sont déterminés par des règles absolues,
et ne dépendent que de deux facteurs, le temps et le taux de l'intérêt.

(1) L'Institut des actuaires français est composé de membres honoraires et do


membres agrégés, de membres stagiaires et de membres, correspondants. Parmi les
premiers, citons les noms de MM. Léon Say, député des Basses-Pyrénées,- membre
de l'Académie française et de l'Académie dos Sciences morales et politiques, ancien
ministre des Finances ; L. Ricard, député de la Seine-Inférieure, ancien ministre de la
Justice et des Cultes, membre et ancien vice-président de la Commission d'enquête
des Sociétés de Secours mutuels, membre du Comité permanent des accidents du
travail ; Audiffred, député de la Loire, vice-président de la Commission d'enquête
des Sociétés de secours mutuels ; Labeyric, directeur général de la Caisse dos Dépôts
et Consignations ; Chaufton, avocat à la Cour de Cassation et au Conseil d'Etat.
Au nombre des seconds, on recueille les noms des personnalités suivantes :
MM. Achard, ancien élève de l'École polytechnique, ancien directeur de la Compa-
gnie La Foncière, ancien actuaire de la Compagnie Le Soleil; Arnaudeau, ancien
élève de l'École polytechnique, chef du service de la Statistique à la Compagnie Tran-
satlantique; A. Badon-Pascal, ancien élève de l'École polytechnique, ancien directeut
de la Compagnie La Confiance; H. Beu/.on, directeur et ancien actuaire de la Compa-
gnie La Providence; E. Bizos, directeur et ancien actuaire de la Compagnie L'A'ujlv
É. Cassai, ingénieur des Arts et Manufactures, actuaire du Crédit Lyonnais; E. Cheys
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A I.'ÉTRANGER 81

Avec cela, on peut faire toutes les opérations de constitution de capital


ou d'amortissement de capital, qui ont leurs parallèles dans les assu-
rances en cas de décès et les rentes viagères. Mais ici intervient
l'actuaire avec un troisième facteur, fourni par la statistique d'après les
observations sur la mortalité et applicable à chacun des termes
élémentaires des calculs financiers.
Prenons, pour caractériser ces opérations, un exemple fort simple.
Pour constituer en banque au bout de 20 ans un capital de 1,000 francs,
il faut verser une somme de 502 francs au taux de 3 1/2 0/0; mais si CJ
capital de 1,000 francs n'est payable qu'en cas de vie du déposant', âgé
de 30 ans par exemple, comme de 30 ans à 50 ans la mortalité est de
10.5 0/0 ou que le nombre des vivants est réduit à 83.5 0/0, le capital
à déposer ne sera que de 419 francs. Pour l'âge de 40 ans, il ne sera
que de 373 francs ; pour l'àgo de 50 ans, il ne sera que de 283 francs,
la mortalité ayant été plus grande, et par suite, les chances de la Banque
de payer le capital ayant diminué avec l'âge initial.
Ce sont des opérations de ce genre que font les actuaires pour les
Compagnies d'assurances, opérations beaucoup plus complexes, quand
il s'agit des capitaux à payer en cas de décès ; c'est par des calculs
analogues que les actuaires déterminent d'abord les primes « pures » des
tarifs des Compagnies d'assurances, puis les primes « chargées »
demandées aux assurés, puis enfin la « réserve » des Compagnies,
c'est-à-dire l'ensemble des capitaux que ces Compagnies doivent avoir
encaisse pour parer à toutes les éventualités de payement de capitaux
son, inspecteur général des Ponts et Chaussées, professeur à l'Iicolo supérieure des
mines et à PKcole des Sciences politiques, membre du Conseil supérieur do statistique,
de l'Institut international de Statistique et du Comité permanent des accidents du
travail, membre de la Commission d'enquèto et président de la Sous-Commission
technique des Sociétés de secours mutuels; J. Cohen, actuaire des Compagnies La
t'aime Paternelle et La Confiance ; .1. Fillod, directeur et ancien actuaire de la Com-
pagnie Le Monde; L. Fontaine, ancien élève de l'Ecole polytechnique, actuaire do la
Caisse des Dépôts et Consignations, membre de la Commission d'enquèto des Sociétés
de Secours mutuels ; G. Fourot, examinateur d'admission a l'École polytechnique,
ancien actuaire des Compagnies Le Plumi.e et Le Soleil; A. Du Fresnay, directeur et
ancien actuaire de la Compagnie Le Phénix ; P. Guieysse, député du Morbihan, répé-
titeur à l'Ecole polytechnique, membre de ['Actuariat Societi/ of America, membre do
la Comn.ission d'enquête des Sociétés de secours mutuels, ancien actuaire de la Com-
pagnie L'Union; E. de Kertanguy, directeur et ancien actuaire do la Compagnie d'As-
turanecs Générales ; de I.afitte, ancien élève de l'Ecole polytechnique ; Laurent
examinateur d'admission à l'Ecole polytechnique, docteur es sciences, ancien actuaire
des Compagnies Le Temps et L'Union; Levasseur, actuaire de la Compa^-nio La
Lranee; Léon Marie, ancien élève de l'École polytechnique, actuaire de la Compagnie
7
82 HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

ou de rentes, réserve qui, — pour les Compagnies françaises elle dépasse


actuellement le milliard, — appartient en réalité aux assurés et dont les
Compagnies ont seulement la gestion.
La responsabilité des actuaires est ainsi fort grande; car de leurs
calculs et de leurs prévisions dépendent non seulement la bonne ou
la mauvaise situation de la Compagnie vis-à-vis de ses actionnaires,
mais encore la sécurité autrement importante des assurés

Tendances des actuaires. — Animés d'une activité justement ambi-


tieuse, et, empressons-nous d'ajouter, d'une profonde connaissance de la
situation sociale, financière et industriellede l'assurance et des Compagnies,
certains membres de l'Institut des actuaires ne devaient pas rester indiffé-
rents à l'évolutution sociale actuelle qui tend à faire jouer un rôle impor-
tant à l'assurance sur la vie. Vers 1893, il se forma donc, au sein de
l'Institut des actuaires, un groupe de quelques personnalités intelligentes,
travailleuses et très versées clans le mouvement politique et social qui
provoqua la brusque révélation de la nouvelle puissance et son entrée
en la lice où déjà bataillaient nombre d'oeuvres de prévoyance et d'ins-
titutions scientifiques.
Alors, coup sur coup, l'Institut des actuaires manifeste son existence
dans le domaine de l'assurance, d'abord en prêtant au Gouvernement un
concours que celui-ci lui réclame en plusieurs circonstances. Sur la
demande du ministre du commerce provoquée par le Conseil d'État il
élabore notamment pour les Compagnies d'assurances sur la vie de

Le Phénix, examinateur à l'Ecolo des Hautes Etudes Commerciales, membre de


VActuariat Societi/ of America, membre do la Commission d'enquête des Sociétés de
secours mutuels ; Martin-Dupray, actuaire do la Coinpuyuic d'Assurances Générales,
membre de {'Actuariat Society of America; Massé, actuaire de la Compagnie Le
Soleil; Matignon, ancien élève de l'Ecole polytechnique, directeur adjoint de la Com-
pagnie Le Phénix; P. Moulin, sous-directeur de la Compagnie Le Soleil, ancien
actuaire do la Compagnie L'Abeille; F. Oltramare, actuaire de la Compagnie L'Union,
licencié es sciences; A. Passot, actuaire de la Compagnie {'Urbaine ; E. Pereire»
ingénieur des Arts et Manufactures, président du Conseil d'administration de la Com-
pagnie Transatlantique; E. Reboul, ancien directeur de la Compagnie L'Atlas, membre
de la Commission d'enquête des Sociétés de secours mutuels et membre de {'Instilute
nf Actuaries ; Vermot, secrétaire général du Syndicat des Compagnies françaises
12.
d'assurances sur la vie, ancien directeur do la Compagnie La Providence, ancien
actuaire de la Compagnie L'Urbaine ; A. Quiquet, ancien élève de L'Ecole normale
supérieure, actuaire à la Compagnie La Nationale; H. Poterin du Motel, ancien élève
do l'École polytechnique, actuaire adjoint de la Compagnie Le Phénix.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 83

nouveaux tarifs d'assurances sur la vie. Puis il concourt, par un rapport


de son président, à l'adoption de tableaux uniformes des comptes rendus
annuels, dont le modèle est fourni par ses soins. D'autre part, pour
répondre à l'une des questions qui figurent au programme du 32" Congrès
des Sociétés savantes, l'Institut des actuaires rédige, en avril 189i, un
rapport sur la législation des assurances sur la vie en France au point de
vue du droit public. Ce rapport, qui s'appuie sur des principes assez
semblables, quant au fond, à ceux dont se sont inspirés les auteurs de
plusieurs propositions de loi déposées sur les bureaux de la Chambre des
députés, recèle cependant une particularité significative quant aux ten-
dances de l'Institut des actuaires.
11 s'agit, en effet, de la création d'un comité consultatif d'assu-

rances, près le ministère du commerce et de l'industrie.


Le chapitre réservé à l'assurance sur la vie nous donnera l'occasion
de parler de ces divers projets et de cette idée créatrice de l'Institut des
actuaires qui, incontestablement, aurait pour résultat de donner âTactua-
riat une puissance officielle effective et morale très considérable sur les
destinées des Compagnies d'assurances sur la vie.

Nouvelles créations d'instituts. — Sur la route de l'actuariat tracée


d'abord par l'Angleterre, puis suivie par la France, les États-Unis et les
Pays-Bas, la Belgique se montre à son tour et jette en 1895 au Congrès
dont il est question plus loin, les germes d'une « Association des
actuaires belges ».
De son côté, et dans le même temps, devant le mouvement qui élève
si rapidement l'actuariat, le ministre de l'intérieur et de l'instruction
publique en Autriche publie une ordonnance relative à la délivrance du
titre d'actuaire autorisé.
Le programme des connaissances exigées est analogue à celui de
l'« Institut des actuaires français », quoique plus restreint.

Premier Congrès ; historique. — Bruxelles devait bien à la mémoire


du grand Jacques Quetelet (1) de réunir en un premier Congrès les actuai-
res de tous les pays du monde.
(1) L.-A.-.l. Quetelet naquit le 22 février 179G à Gand. Doué par la nature d'.me
intelligence éclairée et d'une vive imagination, animé de ce zèle persévérant qui ne
l'ait reculer devant aucun obstacle, Quetelet, adolescent, faisait déjà prévoir ce qu'il
serait a la force de l'âge, c'est-à-dire poète, lettré, mathématicien, naturaliste, astro-
84 HISTOIRE GÉNÉRALE DE l.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

C'était en 1890 : M. Mahillon, nommé récemment directeur géné-


ral de la Caisse d'épargne et de retraite, M. Charles Lejeune, si extrê-
mement estimé sur la place d'Anvers, et M. A. Bégault, qui venait de
quitter son poste de lieutenant d'artillerie pour entrer dans la carrière des
assurances, recherchaient les moyensd'introduire la science acluarienne
dans les institutions de prévoyance et d'assurance fonctionnant en
Belgique.

nome et statisticien. Il montra des aptitudes pour la peinture en 1812, lorsqu'il exposa
à Gand une aquarelle, qui lui valut un premier prix au Salon. Ayant perdu son père à
l'âge de dix-sept ans, il dut, après avoir terminé ses éludes au Gymnase, chercher à
se créer une position. C'est pourquoi il se fit instituteur en 1813 à l'une des écoles
officielles d'Audenarde, où il enseigna les mathématiques, le dessin et la grammaire.
L'un de ses élèves fut Liedts, plus tard ministre de l'intérieur et fondateur de la
Commission centrale de statistique. Il occupa ces fonctions pendant un an, après quoi,
à son dix-neuvième anniversaire, il fut nommé professeur de mathématiques à Gand,
où l'ancien Gymnase avait été aboli après la chute de l'Empire, et où le Conseil
communal obtint du prince souverain des provinces réunies des Pays-Bas l'autorisa-
tion de le remplacer par des cours. La rémunération que recevait Quetelet n'était pas
brillante, mais il s'était assuré une position indépendante en donnant des leçons parti-
culières. 11 put alors se dévouer complètement aux arts et à la science, à la littérature,
au dessin, à la lecture de Pascal et à l'étude de Newton ; il put môme jouer de la flûte
et écrire des poésies.

Lambert-Adolphe-Jacques Quetelet (1790-1871)

Cependant, Quetelet n'avait pas encore été promu au grade de docteur en droit.
En considération de sa position exceptionnelle au collège, il obtint la permission de
subir ses examens de candidat et de docteur en droit l'un immédiatement après
l'autre, et le 21 juillet 1819 il l'ut reçu docteur en droit, en produisant une dissertation
académique qui fit éclater son nom comme celui d'un mathématicien consommé. Dans
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 85

Or, M. Lejeune signala à ses deux collègues le Text-Book de l'Institut


des actuaires de Londres, ouvrage classique en Angleterre, dû à la colla-
boration de MM. Sutton et Georges King, et fixant dans une forme claire,
méthodique, universellement admirée par les initiés, l'état des connais-
sances scientifiques actuellement acquises en matière de finances et
d'assurances sur la vie. Mettre le Text-Book entre les mains du public
de langue française, ce fut la première entreprise des trois amis. Ce tra-
vail dura trois ans; ce ne fut qu'à la fin de 1894 que parut la traduction
du Text-Book avec la préface de M. Mahillon qui fit un bruit énorme,
l'auteur signalant les fatales erreurs auxquelles se laissaient entraîner
législateurs et fonctionnaires lorsqu'ils avaient à traiter les questions de
prévoyance.
la seconde partie de cette dissertation il traita des propriétés d'une courbe spéciale,
découverte par lui, dite la ligne focale, une découverte qui, aux dires de ses amis, le
fil placer d'emblée sur une même ligne que le grand Pascal.
Parmi les amis et les collègues de Quetelet à Gand, citons G. Daudelin et
damier, ce dernier enseignant les mathématiques élémentaires,l'astronomie physique
et les branches collatérales ; et encore Raoul qui donnait le cours de littérature fran-
çaise. En collaboration avec Daudelin, qui partit bientôt, il écrivit le libretto d'un
opéra intitulé « Jean II, ou Charles-Quint dans les murs de Gand » ; Ch. Ots en com-
posa la musique. Garnier était un mathématicien de grande valeur ; aussi Quetelet le
considéra-t-il comme son maître et tira-t-il beaucoup de profit de ses leçons et de ses
entretiens avec lui. Raoul enfin inspira au jeune savant l'amour de la poésie. On
trouve dans les Annales de Belgique, dans le Mercure Belge et dans d'autres publica-
tions périodiques plusieurs poésies de Quclelei. Une do ces oeuvres attira l'attention
de Falck, ministre de l'enseignement public, lequel, sur la recommandation de Raoul
et Garnier, nomma, au commencement d'octobre 1819, Quetelet comme successeur de
Delhaye, professeur de mathématiques élémentaires à l'Université de Bruxelles.
Inutile de dire qu'un homme d'autant de talent devait faire bonne figure comme
professeur. Il enseigna la géométrie descriptive de Monge, la perspective, les calculs
de probabilité suivant Lacroix, la physique expérimentale et les éléments de l'astro-
nomie. Plus tard il y ajouta l'algèbre, la géométrie analytique et les calculs différen-
tiels et intégrais. De haute taille, ayant une belle figure et des manières affables, il
sut gagner les sympathies de son auditoire ; la grande clarté de son style 6t ses
beaux dessins géométriques contribuèrent également à exciter et à soutenir l'intérêt
dans les sciences exactes qu'il enseignait.
Deux événements qui eurent lieu respectivement en 1820 et 1825 exercèrent une
grande influence sur la carrière de Quetelet. Il fut nommé en 1820 membre de l'Aca-
démie royale des sciences à Bruxelles, dont il fut plus tard le secrétaire perpétuel ;
cela lui donna une nouvelle occasion de soumettre ses traités sur des sujets de haute
mathématique à des hommes compétents et de les faire imprimer. L'autre événement
auquel nous faisons allusion fut son mariage avec Mlle Curlet, la fille d'un médecin
français, le 23 septembre 1825.
Déjàen 1823 l'Académie des sciences donna à Quetelet l'occasion de visiter l'obser-
86 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSCRAXCE EN FRANCE ET A l.'ÉTRANGIJH

Enfin les trois anabaptistes (c'est le qualificatif que^spirituellemenl


ils s'attribuèrent) partirent pour Londres, se mirent en rapport avec les
membres de YInstitute of Actuctries et leur proposèrent de réunir à
Bruxelles le premier Congrès international d'actuaires. Cette idée accueillie
avec empressement par les actuaires de Londres et d'Edimbourg, le fut
également par l'Institut des actuaires français et c'est ainsi que le flam-
,
beau de la science actuarienne éclaira du haut du Capitole bruxellois les
cinq parties du monde en général et le public belge en particulier.

Composition du Congrès et discours d'ouverture. —Ce premier Congrès


des actuaires a été tenu du Ie' au 6 septembre 1895 sous la présidence
vatoire de Paris, où, soûs la direction de Bouvard et Arago, il apprit à manier les
instruments. Sur ses instances il fut procédé, par arrêté royal du 8 juin 182li à la
fondation d'un observatoireà Bruxelles ; Quetelet fut chargé de procurer les instruments
nécessaires et il fit à cet effet des voyages en France, en Grande-Bretagne et Irlande,
en Allemagne et en Italie.
Pendant les annéesdu professoral de Quetelet à Bruxelles l'instruction en Belgique
n'était qu'à moitié réglée. Après l'abolition des lois françaises, il fallait établir une
nouvelle organisation et on ne l'avait pas encore achevée lorsque la révolution de
1830 vint de nouveau tout renverser. Il va sans dire que Quetelet s'occupa activement
de cette organisation et paya de sa personne chaque fois qu'on eut besoin de lui. C'est
ainsi qu'il donna des cours de physique et d'astronomie au Musée des sciences et des
lettres, un établissement qui fut ouvert le 3 mars 1827. En 1832 il s'installa à l'observa-
toire de Bruxelles et il y resta attaché jusqu'à sa mort. Depuis cette époque il montra
une prôf èrence pour l'astronomie. Tout en s'appliquant constamment aux sciences
physiques et à leurs branches connexes, il retournait avec prédilection à l'astronomie,
s'occupant en même temps de la statistique, une science peu connue jusqu'alors en
Belgique età laquelle il était conduit par les calculs de probabilité, une science indis-
pensable dans l'étude de l'astronomie. 11 avait déjà écrit en 1828 une « méthode populaire
pour le calcul des probabilités », dans laquelle il démontra leur signification par rapport
à l'astronomie. Pour montrer jusqu'à quel point ses nouvelles occupations parvinrent
à l'absorber, disons qu'en 1831 il donna sa démission comme professeur.
Le premier Mémoire de statistique porte la date de 1825 et est intitulé : « Mémoire
concernant les lois de naissances et de la mortalité à Bruxelles ». Ce fut le baron
Fourier qui offrit le Mémoire au nom de l'auteur à l'Académie des sciences à Paris.
Quetelety dit entre autres : « L'établissement des Compagnies d'assurances sur la vie
dans nos provinces et le désir de consolider ces entreprises, si utiles si elles sontdiri-
gôes avec de bonnes intentions, nous ont amené à faire une enquête sur les lois de
mortalité età rechercher en même temps les lois des naissances. » 11 trouva les données
pour ses calculs dans les registres do la population de Bruxelles; ses tables de morla
lité ne se rapportèrent donc qu'à cette ville. A sa prière, Lemaire, Timmermans et
Verhulst composèrent des tables de mortalité pour Tournai, Gand et Amsterdam. En
faisant usage de la table de Lemaire, établie sur 8771 décès, et d'une autre, parue à
HISTOIRE GÉNÉRALE DE l.'ASSURANOE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 87

d'honneur de M. Smet de Naeyer, ministre des finances du royaume de


Belgique et sous la présidence de M. L. Mahillon.
Le Congrès comprenait près de 250 adhérents. Le gouvernement
belge y avait délégué 24 fonctionnaires qui représentaient respectivement
les départements des affaires étrangères, — de l'agriculture et des travaux
publics, — des chemins de fer, postes et télégraphes, — de la guerre,

de l'industrie et du travail, — et de la justice.
Six gouvernements étrangers étaient également représentés au
Congrès, savoir : la France, par M. Weber, actuaire de l'Office du
Travail; Tarbouriech, docteur en droit, attaché au cabinet du ministre
du commerce; la Hollande, par M. Pimentel, conseiller au ministère de
l'intérieur; le grand-duché cle Luxembourg, par son consul général à
Maeslriclit, basée sur 8,413 décès, Quelelet remania sa table pour laquelle il avait
tenu compte de M,202 décès à Bruxelles. C'est ainsi qu'il obtint une table de morta-
lité provisoire pour les provinces méridionales du royaume des Pays-Bas, mais sans
di slinction de sexe. Celle nouvelle table fut publiée dans un Mémoire, dont la lectui'e
fut faite eu 1827 à l'Académie à Bruxelles; on voici le titre : « Recherches sur la
population, naissances, décès, prisons, dépôt de mendicité, etc., dans le royaume des
Pays-Bas ».
Ce fut en 1821) que, par arrêté royal, on installa au département de l'intérieur un
bureau de slalistique, qui ne devint important que lorsqueQuetelet donna son appui
au secrétaire Ed. Smits. Un autre arrêté royal, daté du 29 septembre 1828, prescrivit
un recensement pour le 1er janvier 1830. il est clair que Quelelet s'y intéressa énor-
mément, mais avant que les résultats fussent connus, la révolution éclata et tout resta
en suspens. Cependant, en 1831 Quetelet réussit déjà à obtenir les pièces, contenant
les résultats du recensement et il en profita pour élaborer les premières tables géné-
rales des décès et de population pour la Belgique. Elles parurent en 1832,sous le litre:
<
Recherches sur la reproduction et la mortalité, et sur la population en Belgique ».
Auparavant, en 18'-?8, il avait encore rédigé un autre Mémoire, intitulé : « Recherches
de statistiques concernant lo royaume des Pays-Bas », dont beaucoup de personnes ont
l'ait un grand éloge.
N'oublions pas de mentionner un ouvrage de Quetelet, paru en 1835 à Paris, et
intitulé : n De l'homme et du développementde ses qualités, ou Essai sur la physique
sociale »,que beaucoup de gens considèrent comme son principal écrit; il contient un
résumé de tous les travaux précédents de statistique.
Le bureau de statistique, fondé en 1828, n'avait donné lieu qu'à des déceptions;
on reconnut néanmoins, sur les conseils do Quetelet, qu'une pareille institution était
indispensable.
C'est pourquoi ou fonda on 1841 la » Commission centrale pour la statistique »,
celle fois établie sur de meilleures bases ; le zélé et savant Xavier Heuschling remplit
les fonctions de secrétaire. Un de ses premiers soins fut de provoquer un
nouveau
l'ocensementpopulairc.On procéda en 1812 à un recensementdans la ville de Bruxelles
et Quetelet en publia les résultats, en y ajoutant un relevé des recensements précédents
en Belgique. Il y en eut de nouveaux le 15 octobre 1810, les 31 décembre 1850 et 1800,
88 HISTOIRE GÉNÉRALE DE 1,'AS.SURANCE EN FRANCE ET A l/ÉTRANGER

Bruxelles, M. G. de Laveleye, et M. Neuman, conseiller de gouverne-


ment; le Portugal, par M. O'Connor Martins,chargé d'affairesàBruxellles;
la Russie, par MM. de Savitch, membre du Comité des assurances au
ministère de l'intérieur, et Adelung, inspecteur en chef du bureau des
assurances à Saint-Pétersbourg ; et la Suède, par M. Linstedt, inspecteur
des établissements d'assurances.
Les adhérents libres se décomposaient ainsi : Allemagne, 19;
Autriche-Hongrie, 8 ; Belgique, 72 ; France, 20 ; Grande-Bretagne, 10 ;
Hollande, 9 ; Italie, 7 ; Russie, 2 ; Suisse, 4 ; Afrique (Cap), 1 ; Amérique
(Etats-Unis et Canada), 34 ; Asie (Japon), 1.
La première séance, celle du lundi 2 septembre, a été particulièrement
remarquable; le Comité organisateur, composé de MM. H. Adan, direc-
teur de la Compagnie d'assurances La Royale Belge »; P. Capouillet
&
directeur de la Compagnie belge d'assurances sur la vie; L. Hamoir,

et ainsi de suite. Outre cela, la commission en question prit l'initiative du premier


Congrès de statistique qui se réunit du 19 au 22 septembre 1853 à Bruxelles ot auquel
les principaux pays envoyèrent leurs délégués ; Quetelet l'ut naturellement appelé à la
présidence de oe Congrès.
Nous avons dit plus haut que Quetelet écrivit en 1828 un livre populaire sur les
calculs de probabilité. Il y avait donné un aperçu court niais très clair de ces calculs
et leurs applications, à la vie humaine entre autres, aux assurances sur la vie et aux
rentes viagères. Si ce travail était destiné aux débutants, Quetelet, par contre, lit en
1810 paraître une série de 10 lettres, ayant toutes plus ou moins trait à la théorie des
probabilités, ot qui s'adressaient plus spécialement aux hommes de la science. Pour
ceux qui s'occupent de la doctrine des probabilités, ces lettres sont d'une valeur
inappréciable.
Citons parmi ses dernières oeuvres la « Statistique internationale (population) éditée
avec la collaboration des statisticiens officiels des divers Etats de l'Europe et des Etats-
Unis d'Amérique », qu'il publia avec Houschling.
Quetelet ne manqua pas do distinctions au déclin de sa vie. 11 était, entre autres,
membre de l'Académie des sciences morales et politiques de l'Institut en France, des
Sociétés royales et d'astronomie de Londres, des Académies des sciences à Berlin et à
St-Pétersbourg ; il était en outre grand-officier de l'ordre de Léopold. Pour ce qui
concerne l'Académie, l'Observatoire et la Commission centrale pour la statistique, il
en était à la fois le fondateur et l'esprit le plus lumineux.
En 1873 il assista encore à un Congrès de statistique à St-Pétersbourg, mais
au mois de février de l'année suivante il fut atteint d'une bronchite, à laquelle il suc-
comba le 17 du même mois.
Les travaux de Quetelet ont beaucoup contribué àdémontrer la nécessité et l'action
moralisatrice de l'assurance sur la vie. Par ses tablesdo mortalité il a posé lesjalons
d'une science exacte, immuable comme la vie et comme la mort humaine. (Extrait
et analyse de l'annuaire de VAcadémie Royale des sciences, des lettres et des
beaux-arts de Belgique et du Bulletin n° 22 de la Société Générale Néerlandaise.)
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 89

directeur de la Compagnie d'assurances « Les Propriétaires Réunis »; Le


Jeune, courtier d'assurances; Lépreux, ex-capitaine du génie, directeur
à la Caisse Générale d'épargne et de retraite; Peny, colonel d'état-major
commandant l'école de guerre, entourait le ministre des finances, M. Smet
de Naeyer, qui a prononcé un discours fort applaudi, puis a salué la
science actuarienne qui « fournira des matériaux précieux dont le législa-
teur saura tirer parti à l'heure des solutions à donnner aux nombreux
problèmes qui relèvent de l'économie sociale ».
« En ce qui me concerne, dit encore le ministre, c'est avec une réelle
satisfaction que j'ai accepté la présidence d'honneur du premier Congrès
d'actuaires. J'ai toujours été partisan convaincu de la plus large diffusion
des idées de prévoyance, et le meilleur souvenir de ma carrière parle-
mentaire est celui que me laisse la part qu'il m'a été de prendre à l'élabo-
ration de la loi du 9 août 1889 sur les habitations ouvrières. Grâce à
l'introduction d'un amendement concernant le principe de l'assurance
mixte, cette loi s'est révélée vraiment bienfaisante et féconde en résultats.
C'est à l'assurance que l'ouvrier doit en grande partie le crédit grâce
auquel il s'élève au rang de propriétaire. C'est l'assurance qui a rendu
propriétaire de leur habitation nombre de veuves et orphelins que la mort
du chef de famille semblait devoir vouer à la misère. »
M. Mahillon s'est levé et à son tour a exprimé en excellents
termes combien était utile la réunion d'un Congrès international d'ac-
tuaires.
Le Congrès a procédé alors à la nomination de son bureau, qui a été
ainsi constitué : Président, M. Mahillon, président de la Caisse d'épargne
(Belgique); vice-présidents, MM. Samwer, directeur de la Lebensversi-
cherungsbanck de Gotha (Allemagne), Alterburger, actuaire de la « Riu-
nione Adriatica di Sucurta » de Trieste (Autriche-Hongrie); Gordon,
actuaire de la Souh African Mutual Life Assurance Society (Cape-Town);
Martin Dupray, actuaire de la Compagnie d'Assurances Générales de
Paris (France); Finlaison, président de l'Institute of Actuaries de Londres
(Grande-Bretagne); Neuman, conseiller de gouvernement (Luxembourg);
Pimentel, conseiller au ministère de l'intérieur à la Haye (Hollande) ;
Toja, actuaire de la Compagnie La Fondiaria de Florence (Italie); Yano,
administrateur de la Compagnie Kiosaï, à Tokio (Japon) ; O'Connor Main-
tins, chargé d'affaires (Portugal); de Savitch, membre du Comité des
Assurances de St-Pétersbourg (Russie); Lindstedt, inspecteur des Assu-
rances (Suède) ; et Me Clintock, actuaire de la Mutual Life Insurance Com-
pany à New-York, président de la Société des actuaires d'Amérique
(Etals-Unis); secrétaires, MM. Bègault et Duboisdenghein (langue fran-
90 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

çaise); Grosse (langue allemande); King (langue anglaise) et Paraira


(langue néerlandaise).

Programme des questions. — Les questions à discuter en séance


de congrès sont professionnelles pour la plupart, certaines d'entre elles,
cependant, empruntent aux préoccupations sociales actuelles et à l'avenir
de l'assurance sur la vie une importance qui caractérise .parfaitement
la mission que s'est imposée l'actuariat.
Voici d'ailleurs les questions posées:

« 1° De la nécessité d'une notation universelle. »


«2° Des mesures qui pourraient être prises par les institutions qui
« contractent des engagements à long ternie, pour se
prémunir contre
« les conséquences des
variations du taux de l'intérêt. »
« 3" De la
nécessité d'introduire dans les programmes d'enseigne-
« ment
des divers dégrés l'élude des institutions de prévoyance et des
« principes qui doivent leur servir de bases. »
« Moyens à mettre en oeuvre pour
combattre les erreurs qui régnent
« généralement en ces matières. »
« Nécessité d'une
législation spéciale consacrant les principes génô-
« raux du contrat d'assurance sur
la vie. »
« 4° Les actuaires et les
institutions de prévoyance. »
« 5" Les surfaces et les
courbes de mortalité. »
« 6°
Échange des publications faites par les actuaires des différents
« pays. »
« 7° Dans
le calcul des réserves afférentes aux polices récemment
« contractées, y
a-t-il lieu d'introduire une réduction pour tenir compte
« des
frais d'acquisition de ces polices? »
« 8" Études des dispositions légales en vigueur ou en préparation
« dans les divers pays relativement aux
Compagnies d'assurances sur la
«
vie, plus spécialement en ce qui concerne les cautionnements dont le
(t
dépôt est exigé par les gouvernements et les impôts dont sont frappées
« les primes. »
«
9" Formes adoptées dans les divers pays pour la publication des
« résultats des recensements
de la population et des statistiques officielles
« de mortalité ; comment
devraient être coordonnés ces résultats pour
« accroître, spécialement au
point de vue des actuaires, l'utilité de leur
« publication. »
« 10° De
l'intervention du législateur pour permettre ou assurer
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L1 ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 91

«
le contrôle de la solvabilité des Compagnies d'assurances sur le
«
vie. »

Compte rendu des travaux du Congrès. — Les questions au pro-


gramme ont donné lieu aux discussions consignées ci-après :

« Lundi malin 2 septembre. — Un long débat s'est engagé, dès le début,


« au sujet de la baisse du taux d'intérêt de l'argent. M. Lépreux, ancien
«
capitaine du génie, ex-professeur à l'Ecole militaire et directeur à la
«
Caisse d'épargne et de retraite, a exposé son rapport sur la baisse de
«
l'intérêt de l'argent. Il admet que les conversions d'emprunt faites par
«
l'Etal sont justifiées par l'intérêt général; mais les conversions d'em-
«
prunts amortissables faites par les Sociétés privées sont souvent
«
abusives. Des jugements importants ont consacré le principe de l'incon-
«
vertibilité des obligations dont les conditions ne prévoient pas une
«
conversion. Conclusion : les établissements de crédit devraient frapper
«
d'une certaine dépréciation les titres contenant la clause de rembourse-
« ment
anticipé.
« Ce n'est pas l'avis de M. de Laveleye,
consul du Luxembourg
« et
directeur du Moniteur des intérêts matériels, pour qui la réduction du
« taux
de l'intérêt est un phénomène économique souvent inévitable.
« M. Badon-Pascal est de l'avis de M. Lépreux.
Les Compagnies qui
« convertissent leur dette abusent, selon
lui, de leur force.
« M. H. Adan, qui a écrit de remarquables ouvrages contre
les faux
«
principes sur lesquels s'appuient les institutions de l'Etat, estime que
«
les placements de fout repos que l'on rembourse arbitrairement causent
« un préjudice à ceux qui les ont en portefeuille.

« Après de nouvelles observations de


MM. Badon-Pascal et de
« Laveleye, la première séance a pris fin sans avoir abouti à une
« conclusion.
« Mardi 3. La discussion de la question de l'échange de publica-

5 tions entre les actuaires de divers pays est à l'ordre du jour.

« Le rapporteur, M. Martin-Dupray, propose


l'échange le plus large
« possible des publications entre les Instituts existants ; il préconise la

« création d'Institut dans les pays qui n'en possèdent pas. 11 émet le voeu

« de voir bientôt naître une association des actuaires belges.

« M. Georges Hamon propose, pour faciliter cet échange, la


consti-
« tution d'un comité permanent international.

« M. Léon Marie appuie cette proposition.


92 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L* ET RANGER

« L'assemblée passe à l'examen de la question ayant trait à l'ensei-


« gnement des institutions de prévoyance.
« Le rapporteur, M. Mangie, actuaire adjoint de la Compagnie Belge
« d'Assurances Générales, s'étend longuement sur les vices d'organisa-
« tion de notre enseignement au point de vue particulier de la science
« actuarienne.
« M. de Queker abonde dans le même sens et prononce un remar-
i quable discours.
« M. Georges Hamon développe la note qu'il a fournie à la suite du
« rapport de M. Maingie, puis il signale ce qui a été fait en France et à
« l'étranger en faveur de l'enseignement de l'assurance,
« M. Tarbouriech, délégué du ministre du commerce de France,
« admet l'enseignement de l'assurance proprement dite dans des écoles
« supérieures de commerce, mais il s'élève avec force contre toute mesure
« qui tendrait à faire entrer les éléments de la science des actuaires dans
« les programmes des écoles primaires.
« Demandons simplement, dit-il, aux instituteurs des causeries
« familières destinées à répandre dans les classes populaires des notions
« générales sur la prévoyance et l'assurance.
« Après une discussion à laquelle prennent part divers membres, le
« Congrès décide qu'il n'y a pas lieu d'émettre un voeu formel, les condu-
it sions du rapporteur étant trop évidemment conformes aux aspirations

« de tous les congressistes.


« L'on aborde ensuite la discussion de la question de savoir si
« une notation universelle doit être ou non adoptée par tous les congres-
« sistes.
« Le rapporteur, M. Bôgault, au travail
duquel le Congrès rend una-
« ninement hommage, défend brillamment la thèse d'une notation
univer-
« selle et préconise l'adoption de la notation de l'Institut des actuaires
de
« Londres.
« M. Quiquet, de l'Institut des actuaires français, combat cette
« manière de voir; il réclame l'indépendance pour chacun.
« Après une. discussion très complexe, le Congrès adopte les pro-
« positions de M. Bégault, savoir : 1° Que la notation de l'Institute
of
« actuaries (Londres) sera employée de préférence par les
actuaires des
« différents pays; 2° Que les
modifications que l'on reconnaîtra néces-
«
saire d'y apporter seront examinées dans le prochain Congrès inter"
« national.
« Mercredi 4. — La
troisième séance du Congrès international des
« actuaires a été consacrée tout
d'abord à l'examen de la question ainsi
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 93

«
libelléeMoyens à mettre, en oeuvre pour combattre les erreurs qui
:

«
régnent généralement en matière d'institutions de prévoyance. »
« Le rapporteur, M.
Duboisdenghein, actuaire de la Caisse d'épargne,
«
examine au point de vue scientifique les vices d'organisation de la plu-
«
part des institutions de prévoyance gouvernementales ou privées et
«
demande que les actuaires soient consultés, tant, lorsqu'on réorganisera
«
les institutions existantes que lorsqu'on créera des institutions nouvelles.
11 insiste pour que l'Etat, qui est si souvent pris comme modèle quand
<

«
il s'agit d'organiser une caisse de prévoyance, donne le bon exemple
m en
s'inspirant des vérités scientifiques. Il préconise, pour faire dispa-
«
raître les erreurs en cours, la vulgarisation des AM-ais principes par
«
l'institution de chaires de science actuarienne et la création de concours.
« M. Vellut, inspecteur d'assurances, estime qu'il y aurait lieu
«
d'inculquer, dès l'école primaire, aux enfants des deux sexes les notions
«
qui doivent servir de base aux institutions de prévoyance.
« M. Léon Marie, de l'Institut des actuaires français, préconise le
«
même enseignement dans les écoles industrielles et commerciales où se
«
forment les patrons de l'avenir.
«
M. Mahillon, directeur général de la Caisse d'épargne de Belgique,
«
insiste sur l'importance du rôle de l'État, qui, étant généralement pris
« pour
modèle lorsqu'il s'agit d'organiser une caisse de prévoyance, a le
«
devoir de recourir aux seules conceptions scientifiques.
« On aborde ensuite l'examen de la législation en matière cl'assu-
« rances.
« M. Adan, directeur de la Royale Belge », commente son très
«
«
brillant rapport et fait remarquer combien le Code est imparfait à ce
«
point de vue. Il demande l'élaboration d'une codification spéciale aux
« assurances, en tenant compte de la nature mathématique du contrat

«
d'assurance. Il constate le désaccord qui existe entre la législation
« actuelle et les principes scientifiques.

« M. Tarbouriech, délégué de M. le ministre du commerce de France,


« appuie les conclusions du rapport de M. Adan et insiste sur la néces-
« site de créer une législation spéciale à l'assurance sur la vie dans les

« pays qui n'en sont pas encore pourvus, comme la France.

« M. Badon-Pascal demande au Congrès de se borner à un voeu en


« faveur de l'établissement d'une bonne terminologie de l'assurance, ce

« qu'il appelle une notation juridique.

« M. Adan demande, en vue de l'élaboration d'une législation spê-


« ciale, que les actuaires s'entendent avec les juristes et qu'il soit formé
« une commission à l'instar de celle qu'il existe en Suisse.
lli HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

«M. Badon-Pascal, directeur du Journal, des Assurances, réclame à


« nouveau l'adoption d'une terminologie juridique consacrant la définition
« exacte des différents termes : assuré, bénéficiaire, preneur d'assurance,
« et signale les conséquences funestes qui résultent de la confusion enliv,
« ces termes. Il soutient que le contrat d'assurance sur la vie n'est qu'un
« contrat d'indemnité.
« Le Congrès admet le principe d'une législation spéciale. Les Amé-
« ricains et les Anglais préfèrent le statu quo.
« La troisième et dernière question à l'ordre du jour avait
trait aux
«
surfaces et courbes de mortalité.
«
M. Marie, rapporteur, examine s'il n'y aurait pas moyen d'arriver
« à faire l'ajustement des surfaces de mortalité.
« Sur la proposition de M. Mahillon, président, le Congrès décide
« de ne
prendre aucune décision à ce sujet, en raison de la situation des
«
Anglais qui se sont engagés sur cette question.
« Jeudi 11. — Trois questions sont à l'ordre du jour. M.
Quiquet
« analyse le rapport de M. Cheysson et signale d'après cette
étude quelles
« sont les
relations qui existent entre les actuaires et les institutions de
« prévoyance.
« M.
Quiquet conclut en demandant que ces relations soient l'objet
«
d'études spéciales dans les pays où cette étude n'a pas encore été
«
faite.
« est remplacé à la tribune du Congrès par M. le D' Spra-
M. Quiquet
« gue, qui traite la question très technique de savoir « si, dans
le calcul
« des réserves, il y a lieu de tenir compte des frais d'acquisition des nou-
«
velles polices d'assurances ».
MM. Homans Gerkrath, Léon Marie et Adan prennent part à la dis-
« cussion qui ne donne lieu à aucun voeu formel.
« La question très délicate, et qui provoque à des débats extrè-
« moment
intéressants, est développée par M. Bégault en remplacement
« de M. Harding.
« Il s'agit, en effet, des dispositions légales en vigueur ou en prépa-
« ration dans les divers pays, relativement aux Compagnies
d'assu-
« rances sur la vie et plus spécialement en ce qui concerne les caution-
« nements dont le dépôt est exigé par les gouvernements et les
impôts
« dont sont frappées les primes.
« Tour à tour, et avec un égal talent professionnel, les orateurs
« signalent l'état actuel des dispositions fiscales qui
régissent les Compa-
« gnies nationales et étrangères dans leurs pays. MM. Adan, Léon
Marie,
« de Savitch, Raffmann, Macaulay, Gerkrath relèvent
quelques légères
HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 95

omissions qui se sont produites dans le rapport, d'ailleurs très considé-


«

(,
rable, de M. Harding.
« La séance prend fin par une série de conclusions
qui peuvent se
K,
résumer ainsi :
« Les
impôts frappés sur les primes mettent obstacle à la pratique de
,.
l'épargne et de l'assurance sur la vie, alors qu'il faudrait l'encourager
, par
tous les moyens légitimes; les dépôts de garantie exigés des Com-
«
pagnies sont souvent une mesure de défiance, quelquefois un moyen
« pour les États de faire entrer dans d'importants portefeuilles les titres
«
de leurs emprunts ; le dépôt, lorsqu'il n'est pas égal à la réserve, n'est
.. pas une
garantie pour l'assuré. La publication des documents de la
«
Compagnie dans une forme prescrite constitue, pour le public, un
« moyen
de contrôle. Il conviendrait, à ce sujet, d'adopter la législation
<•
anglaise.
« En résumé, le Congrès s'est élevé contre les cautionnements obli-

«
gatoires, surtout en valeurs et en rentes du pays où les Compagnies
«
s'établissent, il estime qu'il serait préférable de laisser le choix des
«
valeurs — valeurs pupillaires par exemple — et la possibilité de changer
les titres composant le cautionnement afin de se mettre à l'abri de la
«
baisse.
«
Vendredi G. — M. Sprague développe la question suivante : « Des
"
formes adoptées dans les divers pays pour la publicationdes résultats des
« recensements
de la population et des statistiques officielles de morta-
«
litô ». Défectueuses, ces statistiques sont entachées d'erreurs et ne sont,
" pour
l'actuaire, d'aucun secours. Il serait désirable, l'assemblée est
»
unanime sur ce point, que les recensements soient faits avec plus de
«
soins et que les documents officiels renseignent sur les décodés pour cha-
« que âge et non plus par périodes quinquennales, et enfin que les bulle-

" tins de décès et les feuilles de recensements indiquent exactement la


profession du recensé. Sans ces éléments, les tables de mortalité ne
« peuvent inspirer aucune confiance.

« Enfin, le rapport St-John, auquel est jointe la note de M. Macaulay


« sur l'intervention du législateur, pour permettre ou assurer le contrôle

« de la solvabilité des Compagnies d'assurances sur la vie, donne lieu à

« une discussion extrêmement intéressante. Les délégués de chaque pays

« montent successivement à la tribune et présentent leur avis sur la sur-

« veillance telle qu'elle est, telle qu'elle a été et telle qu'elle devrait être.

« Les Américains, cependant, sont très satisfaits de leur sort, ils


« admirent leur système ou plutôt leurs quarante-quatre systèmes autant

« que leurs superintendants.


96 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« M. Macaulay trouve le système français très complexe et très


« étendu, et s'il ne se plaint pas du contrôle officiel en Amérique et sur-
it tout au Canada, il craint l'ingérence des gouvernements européens qui
« ont une tendance à empiéter sur le terrain d'autrui et à devenir oppres-
« sifs... Pour l'Europe, le système de la liberté est, lui semble-t-il, la forme
« la plus assimilable à l'intérêt public, au développement de l'assurance
« et à la prospérité des Compagnies.
« Le système anglais, qui consiste en une liberté absolue avec la con-
« dition de se conformer à une très grande publicité des comptes, afin de
« rendre le public seul juge de la situation, est, d'après la majorité du
« Congrès, le meilleur moyen de trancher la question du contrôle.
« M. King pense qu'il est préférable de laisser chaque pays libre de
« choisir son mode de surveillance.
« Il considère que le système libre anglais a cet inconvénient de lais-
« ser le gouvernement désarmé devant l'insolvabilité d'une Société.
« L'actionnaire est seul maître et il met le plus souvent la Compagnie
« entre les mains d'hommes d'affaires, ce qui est détestable.
« M. King préférerait voir la Chambre de Commerce chargée de la
« responsabilité des liquidations.
« M. Gerkrath explique le fonctionnement de la surveillance en
« Allemagne.
« M. Me Clintock revient sur la surveillance américaine et y apporte
« quelques critiques, pourtant il s'en contente par habitude.
« Il constate que le système américain a eu pour inconvénient de
« mettre l'actuaire en tutelle; d'autre part, la loi quia fixé le placement
« des réserves à 40 0/0, a notamment empêché la création de nouvelles
« Compagnies, mais, par contre, elle a permis la naissance et le dôve-
« loppement
des Sociétés assessement.
« M.
Badon-Pascal fait l'historique de la surveillance en France.
« M.
Tarbouriech constate que la direction des assurances au minis-
« tore du commerce est
parfaitement organisée et fonctionne à la satis-
« faction de tous. Elle
s'est attaché un actuaire, celui de YOJflce du
« Travail, et c'est d'elle que relèvent toutes les questions de surveillance
« des Compagnies.
« Vient ensuite l'exposé des lois et règlements de contrôle en Russie,
« où la loi nouvelle de surveillance dissipera les défiances qui sont per-
« sistantes dans le public. Le Gouvernement a exclu le système tontiniei
« des
Sociétés américaines.
« M. Levison expose l'état des lois de contrôle et de surveillanc
« relatives à l'assurance au Danemark.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE, ET A L'ÉTRANGER 97

«Il existe en Danemark une institution d'assurance sur la vie vieille


de plus de 50 ans et dont toutes les opérations sont garanties par l'État
Cette institution accepte des affaires d'assurances sur la vie de toute
.
sorte, ainsi que des rentes viagères et surviagères, et l'on peut y pro-
poser des assurances jusqu'à concurrence d'environ 20,000 francs par
tète. Les primes sont fort modérées, le tarif étant approuvé par l'État,
,.
et. s'il y a heu, on rend aux assurés, sous la forme de partage dans les
.
bénéfices, l'excédent qui s'amasse dans la caisse par suite de la morta-
,
,.
lité plus légère qu'anticipée et à cause du chiffre très peu élevé des
»
frais d'administration.
<
En outre, cette institution est chargée — en échange de là garantie
»
fournie par l'État — d'accepter obligatoirement, sans examen médical
v.
et aux primes ordinaires du tarif des assurances, des rentes survia-
«
gières en faveur de toute veuve de fonctionnaire d'État, ceci naturelle-
«
ment, dans des limites modérées fixées légalement en proportion des
appointements du fonctionnaire.
c Or, tout
fonctionnaire d'Etat est, de son côté, obligatoirement tenu
«
à faire usage de ce droit.
« En
dehors de celte institution d'assurance de l'Etat, le Danemark
"
possède une liberté complète pour l'entreprise privée en matière
"
d'affaires de prévoyance, et comme une institution gouvernementale ne
«
peut jamais être dirigée si activement que les Compagnies privées qui
>• ont
des procédés de travail spécialement appliqués aux besoins publics
«
do notre époque, il en résulte ainsi d'heureux effets pour l'entreprise
i
privée, soit nationale, soit étrangère.
«
En Danemark, comme ailleurs, on demande de nouvelles lois char_
«
géant l'Etat de surveiller et de contrôler les affaires des Compagnies
*
privées, soit Sociétés d'actionnaires, soit Sociétés mutuelles; mais
comme en Danemark il n'y a aucune raison de sortir de ce qui existe,
<
puisque la nation en est satisfaite, les propositions des ultra-ôlatistes
< ne sont pas
prises en considération. »
Cette séance intéressante est ciose sans que le Congrès ait exprimé
un voeu, chaque pays est libre de son système de surveillance, mais en
général on incline vers le système de la liberté.

On peut observer avec quelque raison que ces diverses ques-


tions dont la discussion a été proposée au Congrès n'ont pas donné lieu à
des voeux formels, leurs caractères très scientifiques et particulièrement
techniques éloignant, reportant à d'autres temps toute préoccupation de
solution immédiate; mais si le Congrès ne s'est pas positivement affirmé

-"> '" !
8
.
98 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

sur la législation du contrat, sur les cautionnements à l'étranger, sur le


contrôle et la solvabilité des Compagnies, il ressort néanmoins des con-
troverses soulevées, des luttes contradictoires engagées entre divers
orateurs, que l'opinion de la majorité du Congrès était éclairée sur ces
grands problèmes du fonctionnement de l'assurance
Après six jours de discussions savantes exposées avec netteté et
compétence, le président a clôturé les travaux du Congrès en constituant
un Comité permanent des actuaires.
En voici la composition :

Allemagne. — Docteur Summer, Gerkrath, Boediker.


Autriche-Hongrie. — Marco Besso, Raffmann, Scholtz.
Belgique. — Mahillon, Adan, Bégault, Duboisdenghein.
Danemark. —
France. — Guieyssc, Léon Marie, Cheysson, Martin-Dupray.
Grande-Bretagne. — King, Finlaison, Ryan, Sprague, Meikle.
Hollande. —Wolterbeck, Scott, Paraira.
Italie. — Perozzo, Toja.
Russie. — Adelung, de Savitch.
Suisse. —
Suède. — Lindstedt.
Etats-Unis et Canada. —Me. Clintock, Pierson, Homans, Macaulay.

Les actuaires à Anvers. L'assurance à travers les âges dans la cité


d'Anvers. —.Le jeudi 5 septembre, les actuaires reçus à Anvers par la
municipalité étaient également invités à visiter le célèbre Musée Plantin,
où l'hospitalité la plus courtoise leur a été donnée.
Au cours de la réception, M. Charles Lejeune, membre et promoteur
du Congrès, prononça une allocution dans laquelle il fit revivre les grandes
phases de l'assurance à Anvers.
Au xvic siècle, après la décadence de Bruges, Anvers hérita de son
commerce et ses opérations d'assurances se développèrent à un degré
considérable.
Les placards de Charles-Quint du 25 mai 1537 et du 28 janvier 1549,
(ce dernier modifié par l'ordonnance de 1551), sont les premiers qui ont
trait à l'assurance. Ils ne s'occupent pas encore de la législation des
assurances, et n'ont pour but notamment que d'en prohiber l'abus. Le
placard de 1537 fait mention de l'assurance sur eau et sur terre ; celui de
1549 défend d'assurer plus des 9/10 de la valeur des marchandises. Le 31 oc-
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 99

tobre 1503, Philippe II fit publier une ordonnance sur lo commerce mari-
time qui contenait des dispositions législatives étendues sur le contrat d'as-
surance. Détail très curieux, il existait déjà la charge et le titre de super-
intendant des assurances. Celui qui en était investi était chargé de l'enre-
gistrement des déclarations de ceux qui avaient contracté des assurances
maritimes et de la perception d'un droit. Le 31 mars 1569, le duc d'Alve
rendit une ordonnance interdisant la pratique des assurances dans les
Pays-Bas; le 11 octobre 1570, Philippe II proclamait un acte créant
un droit d'assurance très complet, suivi d'une ordonnance du 20 janvier
1571 modifiant la première; ces deux ordonnances célèbres furent impri-
mées à Anvers par Christophe Planlin. Le magistrat d'Anvers fit un
recueil du droit coutumier en vigueur dans sa juridiction.
Dès ce moment, l'assurance sur la vie fut couverte de discrédit et ne
tarda pas à disparaître, pour revenir triomphante deux siècles et demi
après ; de nos jours, l'assurance sur la vie a reconquis à Anvers la place
à laquelle elle avait droit.

Ordonnance de Philippe II pour la ville d'Anvers réglementant


l'assurance maritime et transports et prohibant l'assurance sur la vie. —
Nous devons à la gracieuse obligeance de M. le Directeur-administrateur
du Musée Planlin et de M. Gilbert, secrétaire général, de publier la
curieuse ordonnance de 1570; c'est une heureuse fortune que nos lecteurs
apprécieront.

Ordonnance, Statut et Police faite par le roy nostre sire, sur le fait
des contracte des assurances es Pays-Bas (1).

En Anvers, de l'imprimerie de ChristollePlantin, Imprimeur du Roy avec


privilège.
Sommaire du privilège :

« Il est permis par le Roy nostre Sire, à Christofle Plantin son Proto-
« typographe iurô, résident en la ville d'Anvers, de pouvoir imprimer,
« vendre et distribuer, en et par tous les pays de par deçà l'Ordonnance,
« statut et police faite par le Roy nostre Sire, sur le fait des contractz des
« assurances es Pays-Bas : Côme plus amplement appert par les lettres,
(1) Voir page 27.
I

100 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« données en Anvers au Conseil privé, le XVI" iour d'Octobre,


« l'anMDLXXX.
« Soubsignô
«
Dlî LA TORRE. »
,

« Par le Roy,
A noz amiz et féaulx, les Chancellier et gens de nostre conseil en
«
« Brabant salut et dilection. Comme pour obvyer aux frauldes et abuz
« qui se commettoyent iournellement sur le fait
des assurances cl
« signammetquepar tel moyen lesmarchans et maronniers usoyent de
« telle négligence en l'ôquippaige de leurs navires, qu'ilzalloyent désarmez
« par la mer, ayans par cela donné occasion d'eslever et
nourrir les pi-
« rates et volleurs de mer, pour robler à loute main, ne s'en soulcyans
« grandement lesdicts marchans ny mai'onniers, puisqu'ilz estoyent non
«
seullement asseurez pour leurs pertes, mais souvent d'avantaige que le
« tout ne valloit, qui estoit encoiresung autre très grand désordre : Nous
« ayons par nostre edict provisionnai du dernier iour de Mars, l'an
<c
XV0 soixantehuyt, Deffendu et interdit tous contractz d'asseurances,
«
iusques à ce que quelque bon et nouvel ordre y fut donné : et il soit que
« présentement sur la remontrance et requeste de pluisieurs marchans
« tant de ces pays de par deçà que estrangiers, Nous ayons
fait concevoir
«
quelzques articles pour donner forme et règlements auxdits contractz.
«
d'asseurances : lesquelz avons fait communiquer auxdicts marchans,
« comme
chose qu'il leur touchoit principallement et concernoit le fait et
« avancement de la négociation et trafficque, pour y
avoir leur advis et
« prendre à iceluy tel regard que seroit trouvé
convenir.
« Pour ce est-il, que ce considéré, avons, par l'advis et délibération de
« nostre très
chier et tresamô cousin Chevallier de nostre ordre, Lieufe-
« nant,
Gouverneur et Capitaine gênerai en noz pays de par deçà, le Duc
« d'Alve, Marquiz de Corix, etc. Et de noz amez et feaulx les Chief
« Président et gens de nostre conseil privé, Ordonné et statué, Ordon-
« nons et statuons
aussi par manière de provision les pointz et articles
« suyvans.

I. — En premier lieu, Avons levé et ostô, levons et osions la pro-


«
<
hibition provisionnale de faire asseurance mentionnée in nostre dict
«
edict, du dernier de Mars, soixantehuyt : Permettans doresenavant user
«
des dictes asseurances, pour toutes sortes de marchandises entrantes
<.<
et sortantes làt par mer, par terre, que eaux doulce, selon la forme et
«
police prescripte par ceste nostre présente ordonnance.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 101

« II. —
Ordonnonsnôantmoins que nulzcotratz desdictes asseurances
«
seront vaillables (quelzques devises, stipulations, conditions ou sermens
«
qui s'y puissent opposer) sinon aussi avant que est permis s'obliger par
«
la teneur de ces articles et iouxte la forme de ceste présente ordonnance.
« III. — Pareillement voulons que nulle asseurâce se puist faire, soit

« par une ou
diverses personnes, pour marchandises entrantes ou sor-
.<
tantes, sinon en dessoulz la juste et commune value d'icelles, demeu-
«
rant pour le moins quinze pour cet, au resicq et péril de celuy qui se
«
fera asseurer, qui est environ la sixiesme part de la value d'icelle
«
marchandise à l'advinant qu'elle peust avoir coustô, tût en achapt, pac-
«
quaige, tonlieux, fiet, argent d'asseurance, que toutes autres mises,
«
jusques au chargement d'icelle dedens le batteau inclusivement : Et ce
«
soubz paine de nullité d'iceluy contract et de perdition des deniers, que
«
l'on aura baillé ou promis bailler pour icelle asseurance, l'une moitié à
« nostre
prouffit et l'autre moitié à celluy qui les aura reçu.
«
IV. — Et pour naviger plus seurement par mer, et ne tomber es
«
pertes passées, Ordonnons, que nulz batteaulx ou navires tant de noz
«
subjetz,queestrangiers chargées, soit de marchandises grosses ou pré-
«
cieuses, ne pourrot sortir les portz des pays de par deçà, pour entrer en
< mer, sans
congiô et licence de l'officier ou de celuy qui aie regard sur le
« port, et que
lesdilz batteaulx ou navires ne soyent mises en ordre et
«
équippaige tel que est, ou sera ordonné par noz édictz et placcars, tant
«
des nombres d'homes, artillerye, que aultre munitio : Aussi qu'elles
<
partent en compaignie ou Hotte, ensuy vant le règlement que sera donné
« par
l'Admirai, Vice admirai, Lieutenant commis ou .officier des portz,
<•
dot lesdictes navires sortirot, qui se debvra arbitrer, selon le temps,
«
valeur de la marchandise, les dangiers de mer, l'une plus, l'une moins,
« à
la discretio dudict Admirai, ses comis ou officiers desdicts lieux dont
« on partira.

« V.— Ce que sera registre au livre qui en sera faict par eulx en donné
« unginstrument par escript au maistre ou chief de la navire, qui iurera se

« régler selon ce : En quoy sera gardée au plus prôz l'ôgualité, sans recer-
« cher n'y traveiller l'un plus que l'autre ; A paine contre ceulx qui seroyent
« cotre l'ordre dônê, d'emprisonnement, correction et punition pécuniaire
« ou corporelle selon le mesuz, et a l'arbitrage desdictz Admirai, Vice-
« admirai, comis de l'admiraultô, ou officier et Justice du lieu dont
« l'on seroit parly.

« VI.— Que a ceste cause l'instrument d'asseurance debvra contenir


« les sortes et espèces de marchandisesque l'on vouldra asseurer : Si côme
huyles, vins, argent vif, et toutes autres denrées liquides ; aussi sucres,
102 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« fruictz, grains, sel, cires et autres espèces de marchandises grosses : mais


« quant aux précieuses denrées, si lesdictz marchans pour certaines
« considôratiôs ne les veullent dêclairer, ny spéciffier ; cela se pourra
« passer: Néantmoins en cas que paraprès l'asseurô demande de l'asseu-
« reur restitution delà marchandise perie, perdue ou diminuée; il debvra
« faire prôptemêt apparoir des charteparties ou cargasons, contenans
« spécifiquement le pris de l'achapt et déclaration des mises ; ensemble
« affirmer le côtenu desdicts cargasons et mises, et ce par serment
« solempnel, s'il est requiz par la partie.
« Vil. — Debvra aussi l'instrument d'asseurance côtenir le nom du
« batteau ou navire, aussi du maistre marônier qui en aura la côduyte;
« ensemble le lieu où elle prendra sa charge: sur paine de nullité de
« l'obligation d'icelle asseurance, si la coulpe procède de celuy qui est
« asseuré: autrement on s'en prendra à celuy qui a fait l'instrumêt, si la
« coulpe vient de luy.
« VIII.— Que sera loysible aux parties côtrahantes sur asseurances
« faire icelles par devant gens de loix, notaires, tabellions ou autres

« personnes publiques, ou par polices, scédulles, signatures ou obliga-


« tions privées et particulières, signez des obligez ou de tômoingz dignes

« de foy, comme les parties s'en accorderont : Bien entendu tousjours que
« ne se pourront faire aucunes conventions ou accordz côtraires à ceste
« notre
ordonnance comme dit est.
« IX.— Et
afin d'éviter toutes frauldes et abuz, et pourveoir que par
« pactios des particuliers ne soit prejudicié à la police et ordre q nous
«
voulôs estre observé pour le biê publicq et seuretô de la navigation :
« Avons commis et cômettonspar provision Diego Gonzalez gante, pour
« entendre au fait desdictes asseurances, tenant regard et soing parti cu-

«
lier que rien ne se fasse esdites asseurances contre nos dictes ordon-
« nances, Lequel à ces fins debvra enregistrer et mettre au net par luy ou
« ses commis, tous et quelzconcques coniractz d'instrumens d'icelles
« asseurances, soit que iceux soient faictz et passez par devant personnes
« publicques, ou soubz signatures des personnes privées : A tel effect que
« iceulx contracta ou polices de marchandises sortans ces pays, ne
« seront tenus pour vaillables, et ne se y fera droit s'ilz ne sont trans-
« criptz en ses registres, et qu'il appere aux juges par copie autenticque
« signée dudict commis ou de ses substitutz et députez.
« X.— Et au regard des asseurances qui se font pour marchandise que
« on maine des autres régions et contrées, soit es pays de pardeça ou

«
ailleurs, pour lesquelles on ferait asseurances avec aucuns marchans
« et inhabitans de par deçà : Nous entêdons pareillement que telles
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 103

i asseurances doibvent estre enregistrées, comme dessus : autrement ne


! se
donera action cotre lesdits asseureurs. Bien entendu pour la forme
»
d'icelles asseurances suffira se régler selon le contenu du XXXI" article
,
do ces ordonnances.
« XI. — Auquel
cômis Diego Gonzalez et ses députez nous avôs pour
o
meilleure direction de cesluy affaire, fait dresser et former certains
c
mômoriaulx et instructions : que feront publyer quant et cestes, selô
«
lesquelles ilz auront à eulx régler, à paine de punition et correction
e
arbitraire, meismes des dommaiges et intérestz des parties, si par leur
«
coulpe, faulte, négligence ou malversation aucun en advenait.
« XII. — Ne pourront
aussi estre faitz quelzques contraetz d'asseu-
o rances
vaillables pour biens, denrées, marchandises, navires ny choses
«
quelconques, lesquelles aujour dudict contract, seroyent peries et per-
c
dues: si tant est toutesfoiz que l'asseuré sçaiche ou puist sçavoir : Ce
«
qui s'estimera du laps de temps entrevenu depuis la perte, iusques à

l'heure du contract ; en comptant par heure deux lieues de chemin,
<•
soit par mer ou par terre comme auparavant s'estait use de compter
« une
lieue par heure. Ce que s'est aboly pour les abuz : tellement que
« par
ledict laps de temps sera la présumption de la science ou non
«
science. Néanmoins l'on ne sera fourcloz de vériffier par bon tesmoi-
«.
naige au contraire, qui vouldra prouver que l'asseuré auroit sceu la
«
dicte perle paravant le dict contract.
« XIII. — Que l'asseurance commencera auprismes du iour que la
*
marchandise sera chargée ou mise en barques pour estre chargée en
«
batteaulx, et durera tant qu'elle sera arrivée au port, et douze iours
« après pour tous
delays seullement.
« XIV. —
Que après le contract d'asseurance fait, si l'asseuré veult
<'
départir d'iceluy, il pourra ce faire paravant le partement du batteau
«
hors du port, soit que la marchandise fut chargée ou non payant comp-
« tant
néantmoins ung quart du pris clêboursoé pour l'asseurance.
« Comme rôciproquemêt l'asseureur pourra quicter le marché, tant
« que la marchandise soit chargée au batteau ou navire tant seullement :

« En payant semblablement ung quart de ce qu'il auroit eu pour ladicte

« asseurance, pardessus la restitution des derniers receuz.

« XV. — Que le
dernier asseureur participera en l'asseurance autàl
« que le premier à perte ou gaing (comme on dit).

« XVI. — Que les marchans asseurez ou maronniers ne pourront


« châger voyaige, ny prendre port en autres lieux, que ceux qui seront

« déclairez en la police ; N'est toutes toiz par fortune de mer, ventz con-

* traires, ou nécessaire occasion advenante, sans leur coulpe : A peine,


lO'l HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

«si cela procède de la part dudict marchât, de perdre son action d'asseu-
« rance: et si c'est par le fait du maronnier, d'en respondre par luy ;
« n'estoit aussi que par les lettres d'icelle police et convention de l'asseu-
« rance, les partis euissent autrement Convenu de povoir faire escalle, ou
«•naviger où bon leur semblerait ; le tout sans fraulde.
« XVII. — Que si quelque lioy, Prince, ou Potentat en son pays
« print la navire qui seroit destinée pour voyaiger, ou que icelle devint
« inutille pour faire le dicte voyaige, esdictz cas les marchans elrangears
« ou autres de leur port, seront tenuz de prendre et cercher autre navire
« aussi bonne, soutfisante pour passer leurs marchandises, sans que
«- audict cas, les asseureurs soyent tenuz à quelzques intôrestz, sinon

« pour fraiz du fiet, et de ce que le dict marchant payerait plus pour


« voiture la seconde fois que la première.
« XVIII. — Et afin que nostre présente ordonnance soit tant mieulx
«•observée, Ordonnons pareillemôt, que nulz de ceulx qui ont la charge
« de prêdre regard sur l'équippage et instruction des batteaulz de mer,
«- ne pourront se mesler desdicts côtractz d'asseurance, soit pour prendre
«<
icelle ou la donner, ny pour intervenir pour autruy.
« XIX. — Comme aussi ne sera ledict comis général ses
substitut/.,
« députez, clercqz, escripvains, ny autres quekcôcques, se meslansde sa
«• charge, soit directement ou indirectement.
« XX. — Pareillement nulz tollenaires ou officiers de portz, pontz,
i. ou passaiges, ou semblables personnes, ayans regard sur la marine
«- ou conduyte de marchandise, ne s'en pourront aucunement mesler ; et
«•
si aucuns dessusnommez le font, fourferont tous les susdicts contreve-
« nans au prouffit de nous cequ'ilz aurôt baillé, promis, ou reccu, et les
«• côtractz seront nulz.
«
XXI. — Au regard des navires, artilleries, munitions, victuailles
« ou choses pareilles, ne s'en pourra faire aucune asseurance, ny
«
pareillement se pourra prendre ou bailler argent sur voyaige d'icelles
« navires (comme s'est fait du passé) sinon endessoulz de la moitié
« de la iuste valeur d'icelles, sans povoir néantmoins aucunement
« asseurer le fiet desdictes navires : Et s'il se fait, le tout sera nul et de
« nulle valeur, obstant la prohibitiô présente, et l'argent desbourssé ou
« promis confisqué.
« XXII. — Les maistres pilotes, mattelotz, gens de guerre et tous
« autres que seront esdictes navires, ne pourront asseurer leurs
sallaires
« ou loyers, ny choseàeulx appartenâs sinon
marchandises s'aucunes en
« ont (côme
dict dit est cy dessus) le tout sans fraulde.
« XXIII. — Et côme ce contract d'asseurance fait à estimer pour
HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A 1,'ÉTRANGER 105


contract de bonne foy, auquel ne doibt intervenir aucune fraulde ou
«
dol; S'il est trouvé que de lapart des asseuréson asseureurs, maistres
«
maronniers, pilotes ou autres entrevient fraulde, dol ou malice, non
«
seulement ne prouffiteront de leurs dictes malices, mais serôt tenuz
«
(comme dit est) des pertes, dommaiges et intereslz procedans à leurs
«
occasions, ensemble corrigez et pugniz corporellement et exemplaire-
«
ment pour terreur des autres, voiresdu dernier supplice, comme voleurs
«
de mer et larrons publiques, s'il est trouvé qu'ilz ayent usé de quelque
«
notable malversation ou malice.
« XXIV. —Que
s'il y quelzques navires arrestées, prinses ou pillées,
«
de manière qu'il y ait espoir du recouvrement d'icelles, les asseurôz
«
auront patience demy an dez le iour desdictes prinses ou abrestz, devant
«
pouvoir faire poursuyte, pour le payement, si c'est pour chose advenue
« en Europe ou Barbarie, mais si c'est pour marchandises asseurées sur
«
les Indes, et que le cas soit advenu hors des limites de la partie d'Eu-
c rope ou Barbarie, sera donné ung an de payement, pour ce pendant
« en povoir faire les poursuytes par ceulx a cui la chose touchera.
«
Côbien que cependant les asseurez ne seront empeschez prêdre leurs
« seurctez desdictz asseureurs, comme ils trouveront convenir, soit
< par fidôjussions, gaiges ou autrement : Et où la marchandise sera
«
certainement perie ou sans espoir de la povoir recouvrer, les asseureurs
« auront trois mois pour furnissement du payement depuis l'intimation,
«
notification ou certiffication de la perte ou dommaige deuëment à eulx
« faite.
« XXV. — Que pour dommaige ou diminution de marchandise qui
«
s'appelle avarie, l'action se debvra aussi intenter de dans ung an ou
<
deux, après que la navire sera venue au port destiné, quis'entend selon
« la distinction susdicte des pays,
« XXVI. — Que si le dommaige tant de ladicte avarie, que autremêt
<
n'excède ung pour cent, fasseureur ne sera tenu à aucun dommaige ou
« retour.
« XXVII. — Comme generallement touchant toutes autres actions
«
d'asseurance, il est ordonné que pour mettre fin aux doubtes des
« insolvences des marchans, icelles actions se debvront intenter de
« dans l'an, après que le voyaige sera fait, ou que la marchandise
1 seroit robbée, périe ou perdue, qui s'entêd touiours de chose advenue
« en Europe ou Barbarie, mais pour pertes advenues ailleurs y aura
* deux ans.
« XXVIII. — Que si la marchandise est prinse en mer, portz,
« rivières ou passaiges de terre par aucuns pyrates, voleurs, ou larrons
106 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« d'aucuns pays, ou retenue par officiers ou ordonnâce de Princes amyz,


« voysins, ou confederez, Ion ne pobra composer, traicter ny appoinctev
« avec eulx ains s'en debvra poursuyvir la raison et justice, selon le droit
« des gens, ou
traittez sur ce faictz, tant pour le recouvrement desditcts
« biens que pour le chastoy et supplice desdicts robbeurs et voleurs : En
« quoy les poursuyvans seront assistez de nous, tant par noz ambassa-

« deurs, lettres de recommandation, représailles ou autre voye lôgittime,


« à paine non seullement de perdre ce qui en auroist esté donné mais
« aussi d'eslre mulclez et pugnyz, comme donnas occasion ausdicb,
« robbeurs de continuer en leurs dicts larrecins et pilleryes.
« XXIX. — Que toutes les ordonnances susdictes s'entendent
« seullement pour asseurances qui se font des marchandises, sortans les
« pays de par de ça par la mer.
« XXX. — Et quant aux autres allans ou venans par terre ou
« eaux doulce, attendu que par là ny a tant de périlz que en mer : On se
« réglera comme du passé on a fait, ainsi que les marchas, contrahâs se
« pourront mieulx accorder ; Saulf que la dicte -asseurâce ne polra
« excéder la valeur desdictz biens asseurez, ains demeurera ung
« dixiesme au péril du marcbant qui aura chargé : aussi que les chare-
« tiers, voicturiers, tollenaires, et officiers ne pourront faire quelque
« asseurâce, ny lesdictz voicturiers faire asseurer leurs chariot/.,
« charettes ou chevaulx, sinô en dessoubz la moitié de la value, et quant
« aux sallaires nullement.
a XXXI. — Et au regard des denrées et marchandises venus par
« mer, eaux doulce, ou par terre, des régions et contrées estrangières,
« es pays de par de ça, ou en autres royaulmes et pays : Ordonnons que
« quant à l'êquippaige l'on se pourra pareillement régler comme du
« passé; et selon que les parties contrehantes conviendront par ensemble.
« Bien entendu touiours que la dicte asseurance soit en dessoubz le
« coust et valeur desdictes marchandises, demeurant ledict X™ 6 au
« resicq et hazard du marchant qui charge. Aussi que Ion se réglera pour
« les navires, chariotz, chevaulx, artilleryes et munitions, loyers et
« sallaires des maronniers, pilotes, matelots et charretiers, comme dit
<c
est cy-devant.
« XXXII. — Que les ordônances que nous avôs fait et faisons sur le
a fait desdictes asseurâces, s'entendêt aussi bien des marchâdises et
« denrées, que se chargêt sur navires, batteaulx, chariotz ou chevaulx ap-
« partenans aux estrangiers, que
de ceux qui appartiênent à noz subieetz
« de
manière que déclairons toutes asseurâces pour nulles, et de nul
« effect et valeur que serôt faictes cotre et au dehors de nos
dictes
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 107

ordonnances, soit qu'elles soyêt cotractées avec noz subiectz ou


,(


estrangiers, et pour marchandises allans ou venans sur batteaulx,
,<
chariotz ou chevaulx de noz subiectz ou estrangiers ; Estant nostre

vouloir faire une loy ôgalle, commune et gônéralle à tous, comme il
«
appartient.
«
XXXIII. — Et pour obvyer aux abuz, frauldes et crimes, qui se
A
sont commis sur asseurances des vys des personnes, aussi sur
«
gaigeures de voyaiges et semblables inventions ; Nous les avons toutes
«
prohibé et deffendu, prohibons et deffendons, côme dommaigeables et
«
pernicieuses au bien publicq, et de mauvais exemple.
«
XXXIV, — Et pour autant que aucuns se trouvans fondez sur
«
quelzques instrumens d'asseurances facillement obtiennent le namplis-
«
sèment par provision, dont ilz ont main levée à caution, sans avoir
«
regard aux deffences et exceptiôs de la partie, qui sont souvent iustes
«
neantmoins requièrent quelque foiz longue inquisition et probation :
«
Nous déclairons et voulôs, que si quelcun fait en ces matières d'asseu-
« rances
namptir sa partie et qu'il succombe au principal, qu'il sera pour
c sa
téméraire poursuyte consequamment condempné par les Juges aux
«
interestz de sa dicte partie, à l'arbitrage et tauxation du -luge, que y
«
ordonnera sommièrement et sans forme de long procès.
« XXXV. —Etafin que ceulx qui contractent surlesdictes asseurâces
«
puissent tant plus clairement et vaillablement nôgotier, et ceulx qui font
«
les instrumens ayant ung mesme formulaire, et puissent moins faillir,
«• consequamment pour
éviter toutes occasions de procès : Nous avons
«
fait mettre une forme de police, scedulle ou obligation desdictes asseu-
« rances pour marchandises sortans cesdictz pays en
la manière qu'il
»
s'ensuyt.
« XXXVI. — Ung tel demourant en tel lieu, a promis et s'est
obligé,
« selon la forme de noz ordonnances nouvellement faites et à l'usance et

« coustume de la boursse d'Anvers, non contraires a icelles ordonnances,

« de asseurer et rendre indempne ung tel ou tels marchans pour telles

« marchandises et biens par luy ou aultre pour luy et en son nom chargées

« ou à charger en la navire nommée dont est maistre ung tel, pour sortir

« du port, havre ou playe de tel lieu, pour ou vers icelle ville ou port,

« alencontre de tous resicques, pôrilz et adventures qui pourroyent

« advenir, lesquelz courreront à la charge dudict tel ou tels asseureurs dès

« l'heure et jour que lesdisctz biens ou marchandises seront menées


« audict port, havre ou playe, et seront chargées dedans ladicte navire

« ou mis en barques, batteaulx, ou allèges, pour estre menées audict port,

« havre ou playe et seront chargées dedans ladicte navire, ou mis en


108 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« barques, batteaulx ou allèges, pour estre menées et chargées en icelle


« navire, afin de faire ledict voyaige. Et durera ladicte asseurâce,
« iusques à ce que lesdictz biens et marchandises soyet arrivées au port
« dudict lieu, et douze jours après pour descharger, selon nostre ordon-
K nance :
Laquelle navire debvra estre armée, instruicte, et aller selon
« l'ordre mis par nous, et que ordonnera l'admirai, vice admirai ou offi-
« cier dudict port à ce commis. Et pourra ladicte navire naviger avant.
« arrière, à dextre, à semestre et à tous endroits, et faire toutes escales et
« demeures forchéss, nécessaires et voluntaires comme bon semblera au
« gouverneur d'icelle. Et asseure ledict tel, audict asseuré, de mer, de
« feu, de vêtz.d'amys, d'ennemyz, de lettre de marque et contremarque,
« d'arrestz et détention de Royx, Princes et seigneurs quelconques, et de
« tous autres pôrilz et fortunes qui pourroyent advenir en quelque
« manière que ce soit, et que l'on pourroit imaginer, et de tout fasseureur
« se mettant en la propre place et lieu de l'asseuré, pour le garantir de
« toutes pertes et dommaiges. Et advenant autrement que bien (que Dieu
« ne veulle) ausdicts biens ou marchandises, ledict asseureur s'oblige de
« payer audict asseuré, ou au porteur de la présente, tout le dommaige
« qu'aura eu ledict asseuré, a l'advenant de ce qu'il aura soubzsigné, à
« furnir en dedâs trois mois subsiqucs après estre deuement adverti de
« la perte ou dommaige selon nos dictes ordonnances. Et audict cas de
« perte ou
dommaige ledict asseureur a donné et donne pouvoir audict
« tel asseuré et ses cômis, qu'ilz puissent au prouffit et domaiged'iceluy
« asseureur mettre la main à la salvation desdictz biens et marchandises,
« promettant payer tous despcns qui seront fait/, pour icelle salvation,
« soit que quelque chose se recouvre ou non. Desquelz despens sera
« adjousté foy au compte et sermêt de celuy ou ceulx qui les auront faictz.
« Et confesse ledict asseureur estre payé du coust ou pris de ceste asseu-
« rance par les mains de tel à raison de tant pour cent, le tout de bonne
« foy et sans fraulde ou malengien, soubz l'obligation de tous ses biens,
« renonceant par foy et serment à toutes choses contraires à ces prô-
« sentes.
« XXXVII. — Tous lesquelz poinctz et articles et chascun d'iceulx,
« Nous voulons et ordonnons doresenavant estroittement estre observez
« et entretesnuz soubs les paines, amendes et correctiôs dessus mention-
•« nées :
Et ce par manière de provision, tant et iusques à ce que de par
« nous en sera autrement ordonné.
« Et afin que de ceste nostre présente ordonnance nul ne puist pré-
« tendre cause d'ignorance, Nous vous mandons et cômandons que
« incontinent et sansdêlay , ayez à la faire publyer par toutes les villes et
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 109

«
lieux de nostre pays et Ducé de Brabât, où que besoing sera et l'on est
«
accoutumé faire criz et publications : Et à l'entretenement et obser-
vance d'icelle procédez et faites procéder contre les transgressions par
«

»
l'exécution des paines dessusmentionnées ; sans port, faveur ou
«
dissimulation. De ce faire, et qui en dépend vous donnons plain pou-
«
voir , auctorité et mandement especial : Mandons enoultre à tous, que
t à vous faisant ce qui dit est, ilz obôyssent et entendent diligemment :
«
Car ainsi nous plaict-il. Donné en nostre ville d'Anvers soubz nostre
«
côtrescel cy mis en placcart, le XXVII1"0 iour d'Octobre XVe soixante-dix.
« Par le Roy

« En son conseil,
« D'OVKRLOHPK. »

Mémoire et instruction pour Diego Gonçales gante, commis et admi-


nistrateur gênerai à l'enregistrement des contracts, instrumens et polices
des asseurances des marchandises, Dont est fait mention par les ordon-
nances présentement publyées.

«Premièrement tiendra ledict commis sa résidence en la ville d'An-


« vers, comme
principale ville marchande des pays de par deçà.
« Aura ses commis es villes de Bruges,
d'Amslelredam, Meddel-
«
bourg en Zôlande et autres lieux si besoing est. Tiendra ledict commis
« tant par
luy audict Anvers, que ses substituz et autres lieux, chascun
« ung
bon, leal et lidel registre, au commencement duquel se mettront
«
les articles et ordonnances faites sur lesdictes asseurances : Et après
«
s'escripvront toutes les polices, contract/. et instrumens desdictes asseu-
« races de marchandises,
fait à fait qu'ils serôt passés par devant luy,
« ou luy seront apportez et
les collationerôt, luy ou ses commis à l'origi-
« nale obligation : ce qu'ils enregistreront,
rendant et mettant en mains
« des parties, les contraetz originaulx, pour les garder et s'en servir :

« Néantmoins paravant que les enregistrer, regarderont si iceulx sont

« conformes aux ordonnances, et n'y a aucunes clauses au contraire

« d'icelles.
« Lesquelz registres seront tenuz seeretz, et ne se communiqueront à
« personne, sinon aux parties, et à ceulx ausquelz il touche de les veoir.
<f Comme aussi tiendront secret le surplus des affaires des marchas, qui
« se pourroyent par ce que dessus, cognoistre, à paine et correction
« arbitraire.
* Que si tost que leselietz contraetz ou polices seront baillez à luy, ou
110 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« à ses substitutz, pour les enregistrer, seront tenuz de ce faire sans


« aucun delay ou retardement endeans vingt-quatre heures, pour les ren-
« dre après es mains de ceulx ausquelz ilz appartiennent comme dit est.
Et afin que lesdictz registres ayent plus d'auctoritô, ledict commis
«
« aura sa commission par lettres patentes du Roy, et sera tenu prester
« serment par devant le Conseil privé de sa Maiestô ; de tenir bon et leal
« registre, et de garder et observer punctuellementlesdictes ordonnances,
« et le contenu de ceste présente instruction : et au surplus de bien et
« fidellemèt verser et s'acquicter en ladicte charge ; veullans cjue ces
« registres facent foy, et ayent auctorilé comme autres instrumens publie-
« ques passez par devant gens de loix, notaires ou tabellions, ayans

« execution'preste.
« Comme aussi sera tenu présenter ses commis, députez et substitutz
« par devant ledict Conseil, pour veoir s'ilz sont ydoinés et qualifiiez, et
« leur faire prester semblable sermet, en prendant (sic) ung acte d'iceluy
« conseil, comme il leur sera apparu de la souffissance desdictz substi-
« tutz : delà preudhommie desquelz, ledict gênerai debvra souffissamment
« informer et certiffier audict conseil : et sera tenu respondre des faillies
•-<
d'iceulxses commis, selon les termes de droit.
« Que ledict éommis ny aucuns de ses députez, serviteurs ou minis-
« très, ne se pourront mesler directement ny indirectement d'aulcuns
« contraetz d'asseurances, à paine non seullement de nullité, mais aussi de
« correction arbitraire.
« Que en. cas que par après les asseurez ou asseureurs ayèt besoing
« d'avoir copie autenticque desdictz contraetz ou polices; la bailleront
« aussi endeans vingt-quatre heures, le tout vôrifliô, et deuement colla-
« tionné et signé.
« Et quant au sallaire, aura ledict commis et administrateur ung
« quart pour cent qui est de quatre cens escuz ung escu de toutes denrées
« et marchandises que l'on fera asseurer, et à l'advenant que porteront

« les promesses et obligations des asseureurs, A payer ledict quart par


« ledict asseuré, veu que cela se fait pour sa seuretô. Moyennant quoy
« ledict commissaire ou ses députez seront tenuz recevoir les contraetz, si
« bon semble aux parties, aussi les faires registrer et en bailler copies et
«
certifications dudict enregistrement, s'il est requiz, sans demàder ny
recevoir autre chose pour luy, ses deputations elereqz, à paine arbitraire
ce

« contre ceux qui feroyent autrement. Et quant à la vériffi cation des


avaries, l'on payera comme et ainsi que l'on a accoustumô, le tout
ce

par manière de provision : En retenant par sa dicte maiesté povoir de


ce

oster, changer, amplier ou restraindre en tout ou partie, ceste dicte


ce
HISTOIRE GÉNÉRALE DE I,'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 111

«
instruction, comme par expérience, et pour le bien des affaires sera
,,
trouvé convenir.
ce
Fait en Anvers soubz le nom de son Excellence, le XIe iour d'Octo-
. bre 1570.
<e
F. A. Duc D'ALVK.
ce
Par ordonnance de son Excellence
ce
D'OVKRLOKPE. »

La Ligue de la Prévoyance et de la Mutualité. — Un des principaux


objets de la Ligue nationale de la Prévoyance et de la Mutualité, étant
d'introduire les calculs scientifiques des actuaires dans le fonctionnement
des institutions de prévoyance, elle aussi, étend son action sur l'assu-
rance. Fondée en 1889 par M. le sénateur Maze, cette ligue — qui,
au début de son existence, portait son activité vers les problèmes que
soulèvent les Sociétés de secours mutuels, — développa peu à peu ses
organes et engloba clans son programme les Caisses d'épargne, les
syndicats professionnels, les associations coopératives, la participation
aux bénéfices, les institutions patronales, enfin les assurances.
Au moment où l'oeuvre allait prendre son essor, M. Maze est emporte
par la mort> et M. Burdeau qui lui succède, lui aussi, est arraché
prématurément à l'existence laborieuse qu'il s'était imposée. Enfin,
M. Victor Lourties accepte le fauteuil présidentiel et imprime à la ligue
sa ligne définitive de conduite.
La ligue est divisée en comités et en sections; des conférences sont
faites, des rapports sont rédigés et, comme nous venons de le signaler
plus haut, pour satisfaire à son objet, par son Comité technique, composé
d'actuaires, d'ingénieurs, d'avocats et d'assureurs, elle forme un lien
étroit avec l'Institut des actuaires français (1).
La ligue possède un bulletin mensuel où sont relatés les procès-
verbaux des travaux de ses comités et des études très savantes sur les
questions de prévoyance sociale.

(1) Les éléments intellectuels et d'action de la ligue sont ainsi composés :


Conseil central. — Président ; M. Victor Lourties, sénateur ; Vice-Présidents ;
MM. Carton, Cheysson; Secrétaire général : M. Jules Arboux; Secrétaires : MM. Paul
Maze, avocat à la Cour d'Appel de Paris, Docteur Mook ; Trésorier : M. Matrat ;
MM. Audiffred, député de la Loire ; J.Bertillon, docteur en médecine, chef de
la statistique municipale de la ville de Paris ; Bies ; Carlet, avoué honoraire;
tjhaufton; Defert, avocats au Conseil d'État et à la Cour de cassation,maire du VIe arron-
dissement; Paul Delombre, publiciste, député des Basses-Alpes; Fitsch, président du
112 HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Le Gouvernement et les idées de 1840, 1848, 1850 et 1855 sur /<_<,v

assurances; luttes mémorables; Girardin ei l'Etat Providence. — L'Eiat


Providence! quelle utopie sociale soulevée avec vigueur par un publi-
ciste vigoureux et êminent, Emile de Girardin.
Emile de Girardin voulait élever le Gouvernement à la hauteur d'une
vaste assurance générale mutuelle.
Le journal La Presse, du 6 février 1855, explique ainsi le but de cette
assurance nationale : Liberté et responsabilité individuelle, absolue,
ce

assurance générale et universelle contre les risques, et par risques il


faut entendre tous les faits dommageables quelconques, soit pour l'indi-
vidu, soit pour la société, plus simplement encore : individualisme et
réciprocité. »
Conseil d'administration de la Société coopérative de consommation du XVIIIe arron-
dissement; Fougerousse, publieiste ; A. Gibon, ancien directeur des forges de Com-
nientry et ingénieur-conseil de ces établissements ; Guieysse, député du Morbihan ,
président de {'Institut des actuaires français ; Henaull; Jacques, député de la. Seine;
E. Le Hideux, banquier; Lesueur, sénateur de Constantiue; Emile Levasseur, membre
de l'Institut, professeur au Collège de Fraure élan Conservatoire des Arts et Métiers;
Léon Marie ; Mme Maze ; Mercey ; Papelier, député de Meurthe-et-Moselle; Arthur
Petit ; Plassard ; Pntcaux ; Ricard, député de la Seine-Inférieure ; Charles Robert,
président de la Société pour l'élude pratique de la participation du personnel dans les
bénéfices ; J. Siegfried, député do la Seine-Inférieure, ancien ministro ; Thezanl -,

Georges Berger, député de la Seine ; Guillemet, député de la Vendée, questeur dr


la Chambre des députés.
Comités. — COMITÉ DE PROCACANIU.: : Président : M. Victor Lourlios; Secrétaire '
M. MeuriceMuret, conseiller général de Seine-et Oise, président de la Société de secours
mutuels de Montmorency et des environs; Secrétaire adjoint:M. Léon Caubort, rappor-
teur de la section des assurances à l'Exposition d'économie sociale en 188!); MM. Arbous,
Berger, Guillemot, Delombre, Fitsch, Jacques, Lesueur, Levasseur, Maze, Mercey,
Papelier, Robert, Siegfried, Thô/.ard. — COMITÉ TECHNIQUE: l'résilient : M. Clioysson;
Secrétaire .' M. Maurice Belloin, ingénieur au corps des mines, secrétaire du
Comité permanent du Congrès international des accidents du travail ; Secrétaire
adjoint : M. Soulier, sous-chef de bureau de la statistique aux chemins de fer de
l'Etat; MM. Achard, actuaire; Audiffred, Bertillon, Chaulton, Cohen, actuaire;
Fontaine, actuaire; Fougerousse Gibon, Guieysse, actuaire; Léon Marie, actuaire;
Ollramare, actuaire; Rcboul, actuaire; Ricard, Waldeek-Rousseau. — COMITÉ DI-:S
COMPTES: Président: M. Carton ; Secrétaire: M. Arthur Petit; MM. Bios, Cartel,
Def'crl, llônault, Le Hideux, Mook, Mme 11. Maze, Plassard, Putoaux. — CONSK.II.
JUDICIAIRE : Président : M. Waldeck-Rousscau, avocat, ancien minisire ; Chauftoti,
avocat au Conseil d'Etat et à la Cour de cassation; Edmond Leroy, notaire; Carlet,
avoué ; Agent de change : M. Maurice Berteaux.
Sections.— 1'" SECTION, CAISSES D'ÉPARGNE : Président : M. Bertillon Secrétaire:
,
M. Ringol, sous-chef de bureau à la Caisse des dépôts et consignations; Sécréta in 1

adjoint: M. Maurice Paulin. — 2° SECTION, SOCIÉTÉS DU SECOURS MUTUELS'.ET I>K


HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE FIT A L'ÉTRANGER 113

Partout où on signalait une cause de troubles, économiques ou


autres, le novateur répondait : « Ne peut-on y remédier par l'assu-
rance? »
Un jour, paraît-il, il fit semblable observation à propos des faillites.
L'idée de l'assurance contre les pertes de crédit, de nos jours, émane
peut-être de ce moment.
Mais de Girardin avait devant lui de hardis lutteurs ; tous les premiers
vulgarisateurs de l'assurance se levèrent pour protester contre les pré-
tentions du grand publiciste.
Deux camps se formèrent, l'un en faveur de l'assurance libre, l'autre
pour l'assurance par l'État, car cette question avait déjà été posée en
1840, 1848, 1850, 1855 et 1857 (1).
Pouget, dans son excellent et trop peu connu dictionnaire, convient
d'une part que les gouvernements doivent aide et protection aux assu-
rances, mais que toute mesure fiscale qui gênerait la marche dés assu-
rances doit être repoussôe et, d'autre part, que l'avenir de cette institu-
tion repose sur une double condition : Protection intelligente de la part
des pouvoirs, instruction répandue au sein des masses.
Le Dictionnaire du Commerce et des Marchandises écrit que les
assurances contre l'incendie, malgré les vices auxquels peut donner lieu
leur application, doivent être considérées comme des bienfaits.
M. Boudon publie dans son livre intitulé : Organisation unitaire des
assurances, que l'État est le gérant naturel des assurances, et il décrète

IOETRA.ITES Président : M. Paul Delombre; Secrétaire : ^M. Demont, président de la


:

Société de secours mutuels des employés t'i la direction des travaux de Paris ;
Secrétaire adjoint : M. Lemonnier, ingénieur, président de la Société de secours
mutuels de Blôneau. — 3° SECTION, SYNDICATS PROFESSIONNELS ET ASSOCIATIONS COOPÉ-
RATIVES : Président : M. Fitsch ; Secrétaire : M. Daniel Maze ; Secrétaire adjoint :
M. Graff, commis principal à la Caisse des dépôts et consignations.
— 4e SECTION,
I-'ARTICIPATION AUX BÉNÉFICES ET INSTITUTIONS PATRONALES : Président : M. Plassard ;
Secrétaire : M. Léon Marie; Secrétaire adjoint: M. Deruelle, trésorier de la Société
française de prévoyance des employés de banque.— 5° SECTION, ASSURANCES : Président :
M. Chaufton ; Secrétaire : M. Paul Maze ; Secrétaire adjoint : M. Mialet, attaché au
'niuistère des finances.
(1) Projets Lucien Blanc et Garnier Pages ; (d'État répondrait de tous les sinistres...»
Moniteur Universel du l 01' Mars 1848, supplément, page 032. Voir les nos des 27 avril,
~>
3 et 6 mai 1818.
— Projet Huquonin, à l'Assemblée Nationale, 28 avril 1851 :
l'État serait seul assureur des dommages causés par le feu... »
— Projet de décret
tt857) pour l'organisation d'une Caisse Générale des Assurances agricoles.
Voir Histoire générale de l'Assurance au chapitre des assurances agricoles et
pages 66 et 67.
9
114 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

contre les Compagnies le réquisitoire qu'il avait adressé à la Chambre


en 1840.
Grùn et Joliat, Pouget, Persil, dans son Traité des assurances,
Carteret sont sur la brèche et répondent triomphalement aux détracteurs
des Compagnies ou aux novateurs.
MM. Bastine et Vanhoorebeke, de Bruxelles, font paraître des obser-
vations sur le système des assurances par l'État en 1847.
Ces auteurs écrivent : Le socialiste y voit l'intervention bienfai-
sante de l'État dans le règlement des affaires privées; le fourrieriste, un
premier pas vers le phalanstère; l'homme politique, une nouvelle source
d'influence et de recettes pour le gouvernement; le philanthrope, un nou-
veau système de secours plus efficace que tous les systèmes de secours
essayés jusqu'à ce jour.

L Assurance par l'État repoussée. — Malgré les charges brillantes


de M. de Girardin, l'Assemblée Nationale repousse l'assurance par l'Étal
en 1848 et l'Assemblée législative rejeté le projet en 1850.
En Belgique, en 1842, des doutes sont élevés sur le bien fondé delà
question; en 1846, le législateur semble porté vers l'assurance par l'Étal
pour accroître les ressources du Trésor.
En Suisse, dans certains cantons, on fait des essais d'établissements
placés, sous la surveillance de l'État.

Polémique de Presse. — En France, la presse politique s'empare de


la question : La Phalange, la Démocratie pacifique, la Réforme, le
National; il en est de même de certains économistes : Mairon, Duchatel,
Prugneau, directeur de la Fraternelle, Alauzet et Charles Arel semblent
portés vers l'assurance par l'État, mais ils n'indiquent aucun système
praticable.
Deux systèmes sont cependant en présence: l'État doit-il être assureur
mutuel ou assureur à primes fixes %
Quenaud, dans son Traité des assurances, Vincens, dans son ouvrage:
Y Exposition raisonnée de là législation commerciale, Dubroca, dans la
Revue des assurances, Rossi, dans le Cours d'économie politique,~Dé[dLng\&,
dans le Traité des Sociétés, Comte, dans le Traité de législation s'élèvent
contre tout monopole tant mutuel qu'à primes fixes d'assurances par
l'État.
L'illustre Comte écrit ceci : En effet, que l'État reprenne actuelle-
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L*ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 115

nient en France, par exemple, les assurances, ou qu'il se borne à les


interdire après l'expiration de l'acte de constitution de chaque Compagnie,
ce n'est pas moins enlever une propriété. L'Assemblée Constituante, par
une loi du 2 mars 1791, les auteurs de la Constitution du 5 fructidor an III,
la Constitution de 1848 ont proclamé en France la liberté entière des
industries qui ne portent pas atteinte aux bonnes moeurs ni à l'ordre
public.
Ainsi, la liberté commerciale, par le moyen des assurancespar l'Etat,
serait confisquée les garanties promises par la loi méconnues. — Les
assurances importées en France, ajoute Pouget, dans ses commentaires,
sont donc une propriété et l'on ne doit pas porter hardiment la main sur
leur institution.
Alors, les adversaires de l'assurance par l'Étatjettent ce cri suprême :
si l'on permet à l'État de s'emparer des assurances, l'État portera natu-
rellement les yeux sur d'autres entreprises; car, une fois les principes
violés, on ne s'arrêtera pas
Il faut reconnaître que cette controverse était absolumentjudicieuse
et conforme aux idées alors réveillées, qu'avait répandue si généreu-
sement la grande Révolution.
Mais de tous ces auteurs, celui qui traite la question en maître, celui
qui relève chaque argument, celui enfin qui combat péremptoirement la
thèse de l'assurance obligatoire mutuelle ou à primes fixes par l'État,
l'éminent Pouget, que rien ne déconcerte, est assurément le véritable
triomphateur de la cause gagnée à cette époque contre les ennemis de
l'assurance.
Pouget réfute les doctrines, les théories les plus transcendantes, il
ramène à la logique. Nul ne sait, dit-il, quel avenir est réservé à l'insti-
tution des assurances, pas plus qu'à toute autre institution, mais, ce qui
doit inspirer des scrupules aux hommes sérieux, aux hommes d'ordre
que l'idée des assurances aux mains de l'État aurait séduits, c'est
l'exemple des peuples dont l'organisation puissante semble défier les
révolutions. Or, l'Angleterre, la Russie, les États-Unis ont repoussé,
comme un danger public, la pensée du monopole des assurances attribué
à l'État.
Les économistes se rangent du côté de la liberté et, en 1852, M. de
Plauhat fait paraître un mémoire très complet, traitant de la reprise par
l'État des assurances contre l'incendie.
Cette brochure est des plus remarquables et elle conclut à l'impossi-
bilité de rendre l'État assureur.
116 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

M. Dubroca, directeur général de la Compagnie le « Palladium » et


le Prince-Président. Ses projets d'assurances. —Nous devons à l'extrême
bienveillance d'un assureur sympathique la communication des très
curieux projets de M. Dubroca, relatifs à l'assurance par l'État. Nous
sommes heureux de cette fortune qui nous permettra de publier, quand il
y aura lieu, au cours de cette histoire, certaines pièces authentiques
relatantles rapports deM. Dubroca avec l'entourage du Prince-Président.
Les premières tentatives auprès de Napoléon pour élever l'État
au rôle de Providence, grâce à l'assurance, ont été faites en 1852, ainsi
qu'il en résulte par la lettre suivante :

Paris, le 18 mars 1852.


* Monsieur,
« J'ai l'honneur de vous envoyer la note que vous m'avez demandée.
ce
Elle indique, plutôt qu'elle ne reproduit la pensée qui a présidé à la
«t
rédaction du travail que j'ai eu l'honneur de vous remettre ce matin.
«
Mais que voulez-vous? J'ai voulu rester dans le programme des quel-
« ques lignes que vous demandiez. J'espère que vous voudrez bien
« suppléer, auprès de
Monsieur le Ministre, à tout ce que je n'ai pu dire.
« A mon retour chez moi, j'ai recueilli une précieuse statistique, par
« espèce détaillée, des objets soumis à la grêle. Il en résulte que la
« matière assurable ira à sept milliards au lieu de cinq et demi. Je n'en
ce
maintiens pas moins mes chiffres, parce qu'il faut calculer au plus bas,
«
mais cela me donne la confiance que la moyenne de un pour cent sera
« plus que
satisfaisante pour arriver aux résultats que je vous ai indiqués.
« Je saisis cette
occasion de vous dire que je suis complètement à
« votre
disposition ; tous les détails d'organisation vous seront soumis
«
quand vous le désirerez.
Je vous présente mes salutations les plus distinguées.
ce

« DUBROCA,
« Directeur général de la Compagnie Palladium,
ce
44, place de la Bourse.

« A Monsieur Chevreau, Secrétaire Général au Ministère de l'in-


« térieur. »

Nous ne sommes pas encore à la Caisse agricole dont Perrin, chef de


section au Ministère d'État, établissait le projet en 1858, ni à sa réalisation
officieuse par ce même conseiller intime de l'Empereur.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 117

Nous nous arrêtons seulement à 1852, aux débuts de la question. Gi-


rardin jette son cri d'État Providence, un assureur le recueille et, concevant
l'idée large autant qu'intéressante pour son promoteur il la présente au
point de vue assurance aux Ministres de Napoléon, alors Prince-Président.
Si nous nous reportons à quelques écrits antérieurs de M. Dubroca, nous
constatons que ses idées sur l'assurance par l'État se sont modifiées en
1852, car ses ouvertures au gouvernement sont en contradiction avec
cotte opinion précédemment formulée par lui (Revue des Assurances,
tome IV. p. 76, et Pouget, dictionnaire, p. 34) : notre conviction profonde
c'est que l'assurance par l'État est une chose mauvaise à tous les points
de vue, complètement inapplicable ; c'est que l'État y perdrait la force
morale, le prestige, qui doivent rehausser son autorité, et les citoyens,
les garanties qu'ils sont en droit d'exiger quand leur fortune est en jeu...
Cependant, il faut convenir que la contradiction absolue n'existe pas.
M. Dubroca est écrivain, mais il est également directeur d'une Compa-
gnie d'assurance le Palladium et, c'est à ce titre qu'il établit son projet.
11 veut l'assurance par l'Etat, mais pour le Palladium qu'on en juge :

Projet de Rapport au Prince-Président de la République

« Monseigneur,
« Votre sollicitude constante pour les classes laborieuses de nos
« campagnes vous
fait rechercher les moyens de garantir leur chôtive
«
propriété.
« Parmi les fléaux auxquels elles sont d'autant plus exposées qu'elles
« sont
plus malheureuses, ilen estun contre lequel elles devraient trouver
" un
abri certain, c'est le feu.
« Et cependant soit à raison du prix de l'assurance trop élevé pour
« les pauvres soit parce que ces risques, par leur peu d'importance, occa-

»
sionnent trop de frais aux assureurs pour qu'ils les acceptent, les jour-
6 naliers des campagnes et les petits cultivateurs n'ont aujourd'hui pour

« ressource contre le fléau que la charité.

« J'ai pensé, Monseigneur, qu'il était digne de votre Gouvernement,


9 de mettre au service de ces malheureux une garantie réelle et complète

« qu'il est possible de trouver dans une meilleure application des fonds de

" secours inscrits dans notre budget et de convertir ainsi, en un acte de

' haute administration, ce qui n'est, depuis tant d'années, qu'un acte de
" bienfaisance insuffisant.

ce En distribuant chaque année un million aux pauvres incendiés, nous


118 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

e< ne pouvons aujourd'hui qu'alléger quelques souffrances. En convertis-


« sant ce million en primes d'assurances nous pouvons faire garantir un
«
milliard de valeurs, appartenant à un million de pauvres familles, cequi
ce sera suffisant pour que tous ceux qui sont aujourd'hui forcément en
ce
dehors de l'assurance jouissent désormais de son bienfait.
En assurant par cette mesure la conservation de la petite propriété
ce

ce en péril, vous acquerrez, Monseigneur, de nouveaux titres à la recon-


«
naissance du pays et des classes pauvres auxquelles vous portez- un si
ce
juste et si tendre intérêt. »

Projet de décret

« Sur les fonds de secours portés au budget des


ARTICLE PREMIER. —
«
Ministères de l'Intérieur, Agriculture et Commerce il sera prélevé chaque
« année un million de francs qui, converti en primes d'assurances, devra
« garantir contre les risques du feu et l'explosion de la foudre, un milliard
ce
de propriétés immobilières et mobilières appartenant aux habitants des
« campagnes notoirement hors d'état de se faire assurer.
ART. 2. — Le maximum de chaque assurance individuelle ne dêpas-
ce

« sera pas quinze cents francs (1.500 fr.) et sera toujours de un dixième
«
au-dessous de la valeur réelle de l'objet en risque.
ce
Un règlement d'administration déterminera les condi-
ART. 3. —
«
tions, la durée de l'assurance et la manière dont seront dressôesdans
«
chaque commune les listes des assurés gratuits.
Fait, etc.
t

Projet de traité

« Entre les soussignés


ce
M.
Ministre
ce

«
agissant au nom de l'Etat, en exécution du décret du Prince-Prêsiclont
«
de la République française en date du
ce
d'une part;
Et M. Julien Dubroca, agissant au nom et comme Directeur de la
ce

o
Compagnie d'assurances contre l'incendie Le Palladium, établie à
«
Paris, rue Notre-Dame-des-Victoires, n" 44, en vertu d'une délibéra-
ce
tion du Conseil d'administration en date du « février 1852.
HISTOItlE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'KTRANGER 119

« A été dit et arrêté ce qui suit :


«
La Compagnie Palladium, voulant, autant qu'il est en elle, participer
«
à l'acte de haute administration et d'humanité décrété par le Prince-
«
Président de la République, s'engage envers l'État à garantir pendant
«
15 années au moyen d'une prime moyenne annuelle de un pour mille
(.
seulement ( 1 IV. pour 1,000 fr. assurés) toutes les propriétés immobi-
«
lières et mobilières de quelque construction et couverture que soient
«
les immeubles, appartenant aux personnes portées sur les listes
«
dressées par les soins du Ministère de
t sur celles transmises par MM. les Maires et ce jusqu'à concurrence
de
«
la somme de un milliard.
« Cette assurance commencera à courir pour la Compagnie vingt-
«
quatre heures après la remise en ses mains des bordereaux officiel-
«
lement transmis.
« Elle sera faite aux clauses et conditions générales
de la police
« type annexée aux présentes
conventions.
« Quels que soient les changemens, modifications ou
annulations
« survenus
dans le cours de chaque année, la prime de un pour mille
« sur
le milliard garanti sera toujours acquise à la Compagnie Le Palla-
«
dium.
« Au l°r avril de chaque année les changements seront portés à la
«
connaissance de la Compagnie au moyen de bordereaux spéciaux,
« envoyés
chaque année aux Maires des Communes ; mais il demeure
«
entendu que ces changements, qui ne porteront que sur des désignations
«
nouvelles d'assurés, n'auront aucune influence sur la somme assurée
« et
le montant de la prime.

Projet de Circulaire à Messieurs les Préfets

« Monsieur le Préfet,
« Le Prince-Président de la République, toujours préoccupé de ce
« qui peut améliorer la position des classes malheureuses, vient de décider
« que les propriétés d'une valeur de 1,000 à 1,500 francs appartenant
" aux personnes qui sont notoirement hors d'état de payer le prix de
«
l'assurance contre le feu, seraient garanties aux frais du budget jusqu'à
" concurrence de la somme de un milliard.
« Il ne faut pas, vous le comprendrez, Monsieur le Préfet, que cet
« acte de haute administration, qui coûte cher au budget et auquel parti-
" cipe la Compagnie concessionnaire avec la plus grande générosité,
120 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L''ASSURANCE EN FRANCE ET A I.'ÉTRANGER

« profite à des personnes ayant les moyens ou la possibilité de payer


« leur assurance, ou n'offrant pas toutes les
garanties désirables sous le
« rapport de la
conduite et de la moralité.
« D'un autre côté, il faut que
la liste des personnes appelées à jouir
« de ce bienfait, soit dressée
de manière à ce que les plus malheureux et
« en même temps les
plus honnêtes passent les premiers, enfin que, si
« de l'ensemble des listes
expédiées par toutes les communes, il est des
« noms à
retrancher pour rentrer dans la somme à garantir, l'exclusion
« porte sûrement, en les prenant par la
fin, sur les noms des personnes
« qui ont le moins à souffrir de cette
limite imposée par le budget au bon
« vouloir du
Prince-Président de la République.
« Vous trouverez ci-joint les têtes
de listes à remplir en conformité
«
des présentes instructions. Veuillez, Monsieur le Préfet, les trans-
« mettre dans le plus
bref délai, aux maires des communes de votre
« département et me les retourner
aussitôt que vous en serez nanti, afin
« que les effets
de cette grande mesure d'ordre et de conservation se
«
fassent sentir au plus tôt dans toute l'étendue du territoire.
« Recevez, Monsieur...

Llî PALLADIUM, fiompagnic nnitn.vmo il'assm'aneis contre l'incendie


Département fie BORDEREAU fies assurances souscrites par la Compagnie Palladium
Arrondissement de ,!n VOrtu du imite passe avec M. lo Ministre île lintérieur on claie
Commune de du pour la durée d'un au a partir du

„.
.""Tr
Numéros Noms
cl qual.t.s
^jm^^^l_ valeur
;lcs,
,/;1, Sommc3 Mmg
delà de des Récoltes M'[icrs i, à annuelle Observations
la O Immeubles et", ° objets
demande palladi|m assurés „ losIriMiti enri déduiro assurer à •/„.
aratoires '

LE PALLADIUM, Cumpagnie anonyme d'assurantes contre Pincenilic


Arrondissement de BORDEREAU (1rs assurances (souscrites à l'État par la CompiiL-uie
f..../„.. de
Ca'"<"> A.
Le Palladium en verlu du traite en date du
pour prendre effet le
OUJl'.TS UN 111SQUE ™™
vilpnr i&
Commune de
„.. Nom.rtqn.lhes.
des
-^Hécolles .-_-.•""""l"^ ;,
Sommos Prime
annuelle Observations
|

d'ordre Immeubles et .
011JC »s»uréc& .
.,„„.*,
ass.ni es ,„J"ïï,
Bestiaux i.slran™i, on risque
déduire
Ut-Ullllc d „.
°h«
I
\

Projet de clauses et conditions générales de la police

« Assurance contre l'incendie.


« ARTICLE PREMIER. — L'assurance contre l'incendie comprend :
HISTOIRE liÉNEftAl.E DU LASSURANCE UN KHANCE ET A 1,'ÉTRANCËR \2i

« Les immeubles, les meubles de toute espèce, les marchandises de


«
toute nature, les récoltes, outils et instruments aratoires et les bestiaux.
« ART. 2. — Sont seulement exclus de
l'assurance :
« Les bâtiments renfermant des
fabriques, dépôts, ou magasins de
«
poudre à tirer et les objets mobiliers qui en dépendent; les livres et
«
effets de commerce, billets de banque, contrats et titres de toute espèce,
«
les lingots, monnaies et médailles, les bijoux, pierreries, perles fines ne
«
faisant pas partie du commerce de l'assuré ; les immeubles et meubles
«
appartenant à l'Etat.
« ART. 3. — L'Etat répond des dommages causés par l'incendie, par

«
la foudre et par l'explosion du gaz employé à l'éclairage ; des dom-
« mages
résultant des mesures ordonnées par l'autorité en cas
«
d'incendie.
11 ne répond pas des incendies ou explosions causés par
« ART. 4. —

«
la guerre civile ou étrangère, non plus que de ceux causés par l'émeute,
«
qui demeurent à la charge des communes.
« ART. 5. —
L'Etat n'est responsable que des dommages matériels
«
immédiats, ainsi : il ne doit aucune indemnité pour changement d'ali-
«
gnement, défaut de location ou de jouissance, résiliations de baux et
«
chômages.
« ART. 6. — Tous
propriétaires, possesseurs ou détenteurs d'objets
«
passibles de l'assurance obligatoire, sont tenus de les déclarer chaque
«
année conformément aux prescriptions de la loi. En cas de refus les
« contrevenants encourront une
amende et la déclaration sera formée
«
d'office par l'administration.
« ART. 7. — Les intéressés feront leur
déclaration au secrétariat de
i la commune, ils pourront, sous leur responsabilité, la faire remplir soit
« par
le secrétaire de la commune, soit par toute autre personne.
« ART. 8. — Cette
déclaration, visée et certifiée sincère par le maire
«
de la commune, est envoyée à l'inspecteur chargé du service de l'assu-
«- rance au siège du département,
qui en renvoie un double à l'assuré
« constatant son inscription sur le rôle des assurances. Ce double sert

« de police et de titre à l'assuré en cas de sinistre.

« ART. 9. —Lesdêclarations de l'assuré doivent contenir : La nomen-


« clature des objets soumis à l'assurance avec désignation d'espèce, de

" nature, de situation et de placement ; la valeur des objets, établie


« en somme ronde de 100 francs ; la qualité en laquelle agit le dô-

« clarant.

« ART. 10. — Les rôles de la contribution d'assurance sont formés


(( sur lesdites déclarations qui servent de base à la fixation de la cotisa-
it)
122 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« tion individuelle mais dont le contenu ne peut être opposé, en cas do


« sinistre, comme
la preuve de l'existence ou de la valeur des objets au
« moment
du sinistre.
ART. 11. La garantie de l'État commence à sortir son effet dans
« —
« les dix jours de la
remise des déclarations à l'inspecteur chargé du
« service au département où sont
situés les objets à assurer.
« ART.
12. — La création ou l'acquisition dans le cours de l'exercice
« de choses
assurables nouvelles doit être déclarée dans le délai de
« dix jours, sous
peine d'amende; les assurances nouvelles ou supplémen-
c taires font l'objet de rôles supplétifs qui sont formés de la môme manière
« que les rôles primitifs.
« Elles commencent également à courir dix jours après la remise des
«
déclarations.
« ART. 13. — Les receveurs des contributions sont chargés de la
« perception
des tax^s d'assurances. Les payements sont exigibles par
« douzièmes. Ces recouvrements s'opèrent suivant les règles et avec les
« privilèges établis pour les
contributions directes.
« ART.
14. — Aussitôt qu'un incendie se déclare, l'assuré doit em-
« ployer tous les moyens en son pouvoir pour en arrêter les progiès et
« pour sauver les
objets assurés.
« L'assuré doit à l'instant même donner avis de l'événement à l'aulo-
« rite communale.
« ART. 15. —
Immédiatement après l'incendie, l'assuré doit en faire
« la déclaration
devant le juge de paix du canton; cette déclaration
«
indique l'époque précise de l'incendie, sa durée, ses causes connues ou
« présumées,
les moyens pris pour en arrêter les progrès, ainsi que
« toutes
les circonstances qui l'ont accompagné; elle indique encore la
« nature et
la valeur approximative du dommage ; une expédition en
« forme est
transmise sans délai à l'inspecteur chargé du service de
« l'assurance
dans le département.
« L'assuré est tenu
de fournir en outre audit inspecteur l'état détaillé,
te
certifié par lui, des objets incendiés, avariés et sauvés avec indication de
«
leur valeur.
« Ces
pièces doivent être remises dans les quinze jours de l'incendie.
« ART. 16. —•
L'assuré est tenu de justifier par tous les moyens et
« documents en son
pouvoir de l'existence et de la valeur des objets assu-
« rôs au moment
de l'incendie, ainsi que la valeur du dommage. Il doit
*<
produire, s'il en est requis, ses titres, baux et livres.
« Le serment
de l'assuré peut également être exigé dans les formes
«
voulues parla loi.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE 1.'ASSURANCE EX FRANCE ET A L'ÉTRANGER 123

«
ART. 17. — L'assuré qui exagère sciemment le montant des dom-
mages, celui qui suppose détruits par le feu des objets qui n'existaient

,.
pas au moment du sinistre, celui qui dissimule ou soustrait tout ou
,.
partie des objets sauvés, celui qui emploie comme justification des
-
moyens mensongers ou frauduleux est entièrement déchu de tout droit
,
à une indemnité.
« ART.
18. — L'assuré qui aura volontairement incendié les objets
.
compris dans l'assurance sera déchu de ses droits à l'indemnité, sans
...
préjudice des autres pénalités encourues.
« Si
l'incendie s'est communiqué àdes objets appartenant à des tiers,
«
l'incendiaire sera en outre responsable envers l'Etat des indemnités à
<> payer pour
dommages causés auxdits objets.
« ART.
19. —Lorsque le sinistre sera le résultat de l'inobservation
<-.
dos règlements généraux de police sur les incendies, l'indemnité d'assu-
u ranec pourra
ètro réduite par des amendes à déterminer.
«
ART. 20. — Les dommages d'incendie sont réglés de gré ;i gré ou
«
évalués par deux experts opérant conlradictoirement et choisis l'un
« par
l'inspecteur représentant l'Etat, l'autre par l'assuré.
«
Lesdits experts auront le droit d'exiger de l'assuré toutes les jus-
«
titications qu'ils jugeront nécessaires, et, s'il y a lieu, la remise de tous
les documents tels que titres, registres, factures, correspondance. Ils

auront, en outre, le droit de l'aire provoquer toutes enquêtes et investi-
<
galions qu'ils croiront utiles au but de leur mission.
«
En cas de désaccord, les deux experts s'adjoignent un tiers expert
« pour
procéder en commun à la majorité des voix.
« Les experts et
tiers experts sont dispensés de toute formalité
"
judiciaire.
« Les frais
d'expertise sont supportés moitié par l'État, moitié par
<>
l'assuré.
« ART. 21. —Les immeubles, y compris les caves et les fondations,
i déduction faite de la valeur du sol et des effets mobiliers, sont estimés
«
d'après leur valeur vénale au moment de l'incendie, sans avoir égard
'< au chiffre de l'assurance.

« Les
matières, denrées et marchandises sont évaluées au cours du
« jour de l'incendie. Les matières et denrées en cours de fabrication sont

« estimées brutes au cours du jour et


l'État tient compte en plus des frais
« occasionnés pour atteindre le degré de fabrication où elles se trouve-

« ront au moment de l'incendie.

« ART. 22. — S'il résulte de l'évaluation de gré à gré ou de l'exper-


" tise que la valeur des objets assurés était inférieure à la somme
124 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'A.SSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« assurée, l'assuré n'a droit qu'au remboursement de la perte réelle et


« constatée.
« ART. 23. — Si, au contraire, il est reconnu que la valeur des objets
« excédait, au moment de
l'incendie, la somme assurée, l'assuré est
« considéré comme étant son propre assureur pour l'excédent et il sup-
« porte en cette qualité sa part des dommages au centime le franc, sans
«
préjudice du payement d'une amende pour insuffisance de déclaration.
« Dans aucun cas,
l'État ne peut être tenu de rien payer de la
« somme assurée et au delà de sa part dans les frais d'expertise.

« ART.
24. — L'assuré ne peut faire aucun délaissement, ni total ni
K
partiel, des objets assurés, avariés ou non avariés.
«
L'État peut reprendre en totalité ou en partie, pour le montant de
« leur
estimation, les objets avariés et les matériaux provenant de bâti-
« ments
incendiés. Il peut faire réparer ou reconstruire les bâlimens que
«
l'incendie aurait endommagés ou détruits. Il peut de même faire
« réparer ou remplacer en nature, en totalité ou en partie, les objets ava-
«
ries ou détruits par l'incendie.
« ART. 25. —•
Aussitôt que le règlement du sinistre est terminé, les
«
procès-verbaux d'expertise transmis immédiatement au Ministre de
« l'Intérieur sont soumis au Conseil d'administration siégeant près du
« ministère.
« Sur
l'avis de ce Conseil, le Ministre approuve ou rejette le rcgle-
« ment. Si le
règlement est approuvé, l'indemnité ordonnancée par le
« Ministre de
l'Intérieur est payée dans les dix jours par un mandat sur
«
la caisse du receveur principal de l'arrondissement. Si le règlement
« n'est pas approuvé par
le Ministre, ou s'il n'est pas accepté par l'assuré,
« la contestation est portée
devant les tribunaux civils du ressort où a
« été
faite la déclaration de l'assurance.
« ART. 26. — Les créanciers hypothécaires inscrits peuvent, en
« apportant la preuve
de cette inscription, exiger que l'indemnité
«
accordée pour l'incendie des immeubles soit appliquée à leur réparation
« ou
reconstruction.
« ART. 21. — Le Gouvernement arrêtera des mesures spéciales pour
« la
liquidation des assurances dans le cas prévu par l'article 26.
« ART. 28. — Toute action en payement est prescrite par six mois, à
« compter du
jour de l'incendie ou des dernières poursuites. »

M. Dubroca ne s'arrête pas cependant outre mesure à son rôle d'in-


termédiaire entre l'État et le public assurable ; si l'assurance ne peut être
faite par le Palladium et l'État, que ce dernier la prenne seul. Alors
IIIST0IU1Î GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A I.'ÉTRANGER 12a

M. Dubroca élabore, dans cette prévision, tout un système étendant le


système mutuel avec prime ou cotisation unique à la réparation des
dommages causés par l'incendie, la grêle, la gelée, l'inondation, l'épi-
zootie.Tour à tour, il adresse au ministère des rapports sur les assurances
on général, des notes, des projets et avant-projets de décrets, de condi-
t;ons générales pour l'assurance incendie, qui passent assurément entre
les mains du Prince-Président, mais qui ont le sort commun réservé aux
projets ajournés, et s'en vont jaunir dans les cartons ministériels de l'oubli.
C'est sans doute en ces pages fiévreuses où Dubroca découvre son
plan, qu'ont été recueillis les germes de l'organisation des services de la
Caisse Agricole de 1858.

IJEtat- Proridence et les créateurs de Sociétés — les Conseils généraux


ei leurs ooeux de 1847 à 18ôo.— Le cri d1 Etat-Providenceaffole les esprits,
tourne les têtes, l'écho s'en répercute de département en département, un
souffle de prévoyance traverse la France et simultanément, sans étude
préalable, on crée [des Sociétés assurant toutes sortes de risqes : Assuran-
ces sur les productions du sol, contre l'êpizootie, contre le recrutement,
contre les faillites, assurances sur marchandises dans les magasins
agréés par l'État, assurances sur vers à soie, assurance pour le roulage,
assurance contre les dégâts fait aux devantures de magasins et bouti-
ques, assurance contre les inondations, assurance contre la destruction
par l'incendie des titres et minutes déposés chez les officiers ministériels,
assurance contre la contrefaçon des produits brevetés, marques de
fabriques... 'assurances contre les vols dans les églises et la fêlure des
cloches, assurance contre les procès (1); mais où l'utopie, le rêve rognent
triomphants, c'est au sein des Conseils généraux : Dieu n'est plus la
Providence et celle-ci n'aide plus l'homme; l'Etat est tout !
Encore sous le Grand Roi l'État était un être personnel puisque
l'Etat était Louis XIV; maintenant, l'État est aussi impersonnel que la
Providence est impalpable. Alors ? Mais nos braves conseillers n'allaient
pas si loin. Pour eux l'État était un organe autonome, qui tenait sa vitalité
de la nation et qui devait aux membres de cette dernière, aide, secours,
protection, bienveillance et mille et coetera au nombre desquels se trou-
vait l'assurance...
Quel bon billet!...
Les Conseils généraux sont donc étatistes! Eh résumé ils réclament

(1) Voir plus loin aux risques divers.


I2(j HISTOIRE GÉNÉRALE IIE 1,'A.SSI RANGE EX IR\NcE ET A I.'ÉTRANGER

dans leurs sessions de 1847, 1818, 18i'.1 jusqu'en 1857: des lois à faire
qui réglementent les assurances terrestres, qui empêchent l'assuré de
donner à l'objet offert à l'assurance une évaluation exagérée, enfin ils
demandent la prise de possession des assurances par l'Etat.

L'EmpireJrançai.s et tes assurances. — Extension de l'assurance au.r


colonies. — En 1861, le Moniteur officiel expose la situation financière
ot sociale de l'Empire et s'occupe de l'assurance. On y lit notamment ce
passage relatif à l'extension coloniale qu'il convient do donner à l'assu-
rance incendie :

• Dans le but d'offrir aux capitaux qui s'engageront dans les


«
colonies toutes les garanties désirables, des Sociétés d'assurances
« contre l'incendie ont été encouragées ;ï étendre leurs opérations à nos
«
possessions d'outre-mer; les études se poursuivent avec activité, et
o tout fait espérer que les assurances contre l'incendie, ce grand bienfait
».
do l'association des risques, pourront être constituées sur des hases
p assez larges. •>

En cette même année, le Pays ot le Journal des Actionnaires prennent


acte du voeu gouvernemental et publient la notice suivante :

«i
Dans Y Exposé de la situation de l'Empire, publié récemment, le
> gouvernement de l'Empereur a déclaré qu'il avait favorisé des études
< pour faire établir l'assurance contre l'incendie dans nos possessions
«
d'outre-mer. Ces travaux, exécutés avec le plus grand soin, ont produit
«
des documents d'une parfaite exactitude.
« Une Société spéciale pour fonder l'assurance mutuelle, tant dans
«
les colonies qu'en Algérie, vient d'être créée dans la métropole. Le
«
Conseil d'administration a été organisé. Les colons qui résident à Paris
«
s'étant réunis en assemblée générale, le 16 avril courant, ont élu :
« Président : M. Granier de Cassagnac, député ;
« Vice-Président : M. de Malavois, armateur.
« Le Directeur général de la Société, désigné dans la même séance
« où figuraient les personnes les mieux posées dans nos colonies et en
«
Algérie, est M. Louis Barso, chef du contentieux de la Caisse agricole,
«
à qui tous les documents de statistique dont nous avons parlé avaient
H
été remis précédemment par ordre de S. Exe. M. le Ministre de la
«
Marine et des Colonies. »
HISTOIRE GÉNÉRALE HE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 127

Celte ingérence officielle est d'ailleurs condamnée par le Journal des


assurances, qui la considère comme un acte de concurrence, les Compa-
gnies françaises ayant déjà créé vers cette époque en Algérie toute une
organisation dont le but était d'implanter l'assurance incendie dans ce
pays et dans nos possessions d'outre-mer.
A ces grands débats succède un large temps d'arrêt (1).

En 189ô, reprise de lutte. — De nos jours, cette polémique si


la,
ardente de 1840 à 1855 est reprise, grâce à l'attaque directe du législa-
teur et du pouvoir (2).
Du rang des combattants s'élèvent de nouveaux champions.
Les arguments sont les mêmes, les temps sont peu changés, seules les
convoitises paraissent vouloir dominer la raison.
MM. Alfred de Courcy, Thomereau, Paul Gauvin et combien
d'autres... publient tour à tour des études remarquables ou font des
conférences savantes sur l'État assureur.
Nous ne pouvons dès maintenant résister à la tentation d'extraire
quelques notes de l'oeuvre de ces auteurs dont on estime le haut savoir,
la grande compétence et l'extrême justice (3).

M. de Courcy, ses idées sur l'assurance par l'État. — Voici d'abord


M. de Courcy, le maître dont la plume vigilante marque les périls auxquels
'assurance peut être en butte dans sa rencontre avec les idées officielles :

« Les théoriciens de l'assurance par l'Etat (4) ont deux points de


(1) Nous devons à l'extrême gracieuseté de M. de Laplace, un assureur très
i' m pétant et fort sympathique, nos principales notes sur l'assurance pendant l'Empire.
(2) 187C, proposition Vacher : service d'assurance contre l'incendie surveillé par
l'Ktat ; 1887, proposition Langlois : la Mutuelle Nationale (Assurance agricole) !
IH!lO, proposition Bourgeois: Assurance mutuelle incendie départementale et com-
munale ; proposition Quintaa : Assurance arjricole ; 1803, Assurance agricole, projets
divers ayant pour auteurs,Cassagnac, Jonnaid, Rey, Laehièze, Rivet, Chollet, Plii.ippon.
(3) Ces notes sont des appréciations intimes jetées un peu au hasard des polé-
miques et des circonstances, mais elles résument avec vigueur et compétence les
plus longues dissertations sur le mémo sujet : Assurance par l'Etat, Assurance
"Migaloire, intervention de l'Etat, contrôle et surveillance..., que nous relevons plus
h)iu aux. chapitres de l'Assurance sur la vie; de l'Assurance contre l'incendie, des
Assurances agricoles ot des Assurances contre les accidents.
(-1) Dictionnaire Unicersel île la Bourse, de la Banque cl des Assurances,
p. 661»
'> us-rage resté inachevé,
128 HISTOIRE GÉNÉRALE V>E L'A.SSURANGH KN I-'RANCK HT A I.'ÉTRANGER

« vue bien, différents, môme contradictoires. Pour les uns, il s'agirait


« d'un immense bienfait social. L'Etat serait la Providence universelle,
« réparant tous les désastres, indemnisant les citoyens de tous les préju-

« dices éprouvés par des accidents quelconques. Pour les autres, le but
<r
serait moins vaste et moins humanitaire. 11 ne s'agirait que de procurer
« au Trésor appauvri des ressources budgétaires, par une exploitation
« lucrative des assurances ou de certaines assurances. Il conviendrait do
« s'entendre et les deux buts sont malaisément conciliables. L*Etnt
« serait-il Providence ou spéculateur V
« Nous avons réfuté la thèse dans un écrit spécial, avec des dêvelop-
« pements que ne comporte pas ce travail {De ïAssurance par
l'État) (i).
« Nous nous bornons à reprendre sommairement ici chacune des obser-
« vations présentées. Toutes sont des arguments pôremptoires contre lu
« thèse.
« Nous avons dit d'abord que l'assureur prend sur lui le péril de la
« chose d'autrui. Nous avons ajouté qu'il stipule un prix qui est présumé
o représenter la valeur véritable du risque, les frais et l'espoir d'un
v bénéfice. Il n'y a pas tf autrui pour l'Etat, et la notion contractuelle
« disparaît. L'Etat prendra sur lui tous les périls quelconques, et la thèse
« n'est spécieuse que par son universalité. La notion de bénéfice disparait
« aussi. La prime, qui sera l'impôt, devra représenter la valeur des ris-

« ques et les frais. Qu'on cesse donc de parler d'enrichir le Trésor


« public.
« Nous avons dit que l'assuré discute, marchande le taux de la
« prime, laquelle n'échappe pas à la loi de la concurrence, à la loi

« économique de l'offre et de la demande. L'Etat n'a pas de concurrent,


« et l'on ne marchande pas avec le percepteur. Toute liberté de discus-

«
sion est supprimée. L'impôt sera fixé arbitrairement.
« Nous avons dit combien vaine est d'ordinaire la statistique poul-
et
déterminer la valeur des risques et le taux de la prime. La statistique
« n'existe pas encore ou elle est attardée. Tous les jours se produisent
« des risques nouveaux ou des modifications des risques connus.
« Nous avons montré les procédés d'appréciation des assureurs
« de profession, mélange de prudence et de hardiesse, d'expérience et
« d'intuition. Nous avons dit que l'appréciation-est souvent individuelle
« pour chaque risque, influencée par des considérations morales et
« personnelles. Tout cela est couvert par la libre discussion, suivie de
« la libre convention. La confiance ne se commande pasj non plus que

(i) Librairie des Assurances, éditeur.


HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A I.'ÉTRANGER 129

le degré de confiance, et une prime d'assurance est un degré de



confiance. Tout cela, ce qui constitue essentiellement la profession do

l'assureur habile, est en dehors des possibilités d'une administration
t
«
publique. Où seront les fonctionnaires chargés d'apprécier individuel-
lement les risques? Quelle sera leur compétence? Quelle sera leur
«
intuition? Et s'ils avaient la compétence, quels seront et leurs pouvoirs
,.

«
et leur intérêt à une laborieuse application? Auront-ils le droit de
«
refuser, de mesurer la confiance à des citoyens, à des électeurs? Non,
«
tout cela est impossible. Il y aura des statistiques erronées, des circu-
»
laires, des tarifs rigides qui seront des impôts. Il n'y a pas place à
«
l'appréciation. Les meilleurs risques payeront la même prime que les
«
plus mauvais. Et comme chacun a la prétention de présenter peu de
«
risques, comme la liberté n'aura pas accepté le tarif, tous les assurés,
« tous
les électeurs se plaindront amèrement de la tarification imposée.
«
Tous se déclareront lésés et croiront l'être.
« Nous avons dit que, sous le régime de la liberté, les
intérêts qui
i.
veulent se soustraire aux exigences des assureurs de profession ont la
i.
faculté de se grouper en associations mutuelles, de choisir les associés
* et
de déterminer les conditions de l'association. Encore une liberté
«
précieuse qui sera supprimée. Tous les mutuellistes devront passer,
«
malgré eux, sous les fourches caudines de la grande mutualité de
«
l'État.
« Nous avons dit qu'il y a d'autres intérêts, très sérieux, très
vigi-
<•
lants, qui s'abstiennent de recourir à l'assurance et mettent en pondô-
«
ration leurs propres risques. Nous avons établi que c'est la meilleure
i'
garantie contre les incuries, une cause très efficace de la diminution du
« nombre des accidents, ce qui devient un intérêt public. Encore une

«
liberté supprimée. On aura l'assuré malgré lui. La Compagnie des
<•
Messageries maritimes sera obligée de faire assurer ses navires par
«
l'État, obligée de payer l'impôt d'assurance, pour garantir les incuries
« des armements les plus suspects.

« Nous avons vanté l'excellente combinaison de l'assurance partielle,


«
laissant subsister un découvert non assuré, ou un intérêt à la conser-
« vation des choses. Nous avons témoigné le voeu que cette combinaison

« se répandît de plus en plus, par la libre convention.

« Encore une liberté confisquée. L'État impose l'assurance intô-


« grale obligatoire. L'État ne veut pas qu'on reste intéressé à la
« conservation des choses. L'État veut multiplier les incuries et les

« accidents, sans doute pour se donner la satisfaction d'en réparer les

" dommages.
i30 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« Nous nous sommes étendu sur la très grave question de l'assis


c< rance de la faute. Contrairement à l'opinion des anciens légistes, nous
« avons soutenu que la liberté des conventions doit aller jusqu'à la
« garantie des fautes des préposés, même des fautes personnelles de
« l'assuré, jugées excusables. La convention est naturellement libre de

»
restreindre ou de refuser cette garantie. Nous avons dit que l'ordre
« public est intéressé à la punition de la faute lourde, confinant au dol,
« et que les tribunaux sont nécessairement les appréciateurs du degré de
« la faute, en cas de litige entre l'assureur et l'assuré. Nous comprenons
« mal comment l'Etat assureur résoudra cette délicate question, dont so
« joue la liberté des conventions, et de quels tribunaux il acceptera la
*
décision.
* Ce ne seront pas les seuls litiges! Lors de chaque sinistre, la dôtcr-
«
mination des dommages est déjà un débat contradictoire. On se
« rapproche, on appelle des experts, ou des arbitres, on transige très
« souvent. Les assureurs ont intérêt à contenter leur clientèle. Finale-
o ment, si l'on ne se met pas d'accord, ce qui est rare, on plaide. Il en
« est ainsi de l'exécution de tous les contrats quelconques. Nous plain-

te
drons les assurés qui auront à se défendre contre toutes les forces de
«
l'État, à commencer par la force d'inertie. Nous les plaindrons surtout
« s'ils ne sont pas agréables au gouvernement du moment. Nous ne
« savons pas comment des fontionnaires négocieront ces mille transac-
i tions qui sont la pratique journalière des règlements de sinistres.
« Nous voyons la porte ouverte à toutes les sollicitations, à toutes les
«influences, à toutes les acceptations de personnes, et, en vérité, nous
m
plaindrons les sénateurs et les députés, condamnés à surajouter, au
« fardeau déjà si lourd qui pèse sur leurs épaules, l'obligation d'inces-
i santés sollicitations dans les bureaux du ministère des assurances,
« car il faudrait un ministère en faveur des électeurs assurés qui
« auraient souffert du moindre dommage.

« Nous avons dit que l'assureur prudent, soucieux de maintenir son


« crédit, se précautionne de trois manières. Il limite ses souscriptions

« sur un môme risque,


il évite les agglomérations, il excepte enfin de sa
« garantie l'éventualité des risques qui, lorsqu'ils se réalisent, ont, par
« la solidarité, le caractère
d'un désastre général. Nous avons montré
«.
qu'à raison de ce caractère de solidarité, il y a des risques non assu-
«
râblés. Nous avons cité l'exemple le plus frappant, le phylloxéra. L'État
« assureur
n'aurait aucune de ces ressources. Il ne pourrait pas défendre
« son crédit. Il ne saurait, ni refuser
les mauvais risques, ni se modérer
« sur les risques médiocres,
ni diviser et particulariser les risques en
III.-ÏÏOIRE GÉNÉRALE DP. L* ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 131

évitant les agglomérations, ni se prémunir contre l'éventualité des


immenses désastres. Ce qui est à la portée de la libre convention n'est


pas à la portée de l'État, supprimant la liberté des conventions et

substituant l'impôt à la prime librement débattue. Toute exception
,
arbitraire détruit la thèse, en ce qu'elle a de spécieux. Toute exception

révolterait justement les assurés qui auraient payé l'impôt et ne
..


seraient pas indemnisés. Or, les assurés seraient la masse des citoyens.
« Nous
arrivons à une dernière considération, qui est particulière-
u
ment effrayante.
« Nous avons dit que, pour sauver
leur crédit, les Compagnies d'as-
« surances
contre l'incendie exceptent les incendies de la guerre et des
discordes civiles. L'État qui aurait exigé l'impôt d'assurance ne
.
o
pourrait pas faire cette exception, ou encore une fois, il renverserait
,
la thèse en soulevant de légitimes colères ; cela n'est permis qu'à la
.
libre convention. L'Etat aurait donc indemnisé les incendies de la
t Commune. Mais ce n'est rien et voici ce qui est
particulièrement
«
effrayant.
« On propose de mettre l'arme la plus
terrible aux mains des enne-
«
mis de l'Etat, soit extérieurs, soit intérieurs. L'incendie ne sera plus
«
seulement, ou l'accident causé par des projectiles dans la ville bom-
«
bardée, ou l'explosion de fureurs surexcitées. L'incendie sera un
« moyen
systématique, ordonné avec calme pour ruiner les finances de
«
l'Etat ennemi. L'Etat n'est-il point l'assureur des propriétés privées, et
«
n'esl-il pas' de bonne guerre de briser chez l'ennemi le nerf de la
« guerre ?

« C'en est assez. La thèse de l'assurance par l'Etat conduit à ces


«
deux résultats : la banqueroute de l'État, et le retour à la barbarie
«
dans les moeurs de la guerre. Le principe de la liberté des conventions
<' est préférable. »

Une conférence de M. Thomereau.


—«
L'État, dit M. Thomereau
« dans une récente conférence qu'il a faite à la Société d'économie politique,
« a bien des manières d'intervenir dans les assurances (I) :
« Il peut se réserver d'autoriser les Sociétés et leur imposer certains
" modes d'opérer et certaines limites.
" Il peut se constituer le contrôleur des Sociétés et conséquemment
"
être ou paraître le garant de leurs opérations.

•Il Conférence publiée et éditée par la Librairie des Assurances.


132 HISTOIRE GÉNÉRALE DR 1,'ASSIJRANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« Enfin il peut se faire assureur lui-même.


« Ces trois modes d'intervention gouvernementale ont été pratiqués
« en France dans le cours de ce siècle ; tous trois ont donné de mauvais
a résultats.
« I. — La première Société d'assurances qui s'est formée après la
« Révolution était une Société mutuelle contre la grêle, créée à Toulouse
« en 1802.
« Son fondateur en avait soumis les statuts au Ministre de l'Intérieur
« Chaptal, qui leur avait accordé une approbation bénévole. L'autorisa-
it
tion obligatoire n'existait pas encore.
« Edictée par le Code de commerce (1807) pour les Sociétés anony-
« mes, cette autorisation fut encore déclarée nécessaire pour les associa-
«
tions de la nature des tontines, par un avis du Conseil d'État du
« l" avril 1809, et pour les associations d'assurances mutuelles contre les

« ravages de la grêle et des épizooties par un autre avis du 30 septembre


« de la même année. Ce dernier avis se fondait sur ce que « les engage-
« ments des associés et leur exécution pouvaient, parleur mesure comme
« par leur mode, intéresser l'ordre public».
« Dix ans plus tard, une circulaire du Ministre de l'Intérieur, du
« 25 octobre 1819, explique que « les assurances mutuelles sont soumises à
«
l'approbation et à la surveillance du gouvernement, non pas simplement
« à cause de l'article 37 du Code de commerce et comme assimilées aux

« anonymes dont elles empruntent, en effet, quelques formes, mais

« principalement pour le fond et pour l'objet même de l'association, dont


« la nature est telle que l'autorité a dû se réserver d'en prendre connais-
« sance e.t de les approuver... Un système d'assurance mal combiné,
« appliqué soit aux propriétés, soit à la vie, pourrait compromettre la

« sûreté publique et même encourager certains crimes... »


« Si l'on songe qu'il s'agissait alors d'expérimenter des nouveautés,
« on comprend assez bien ces théories d'un pouvoir autoritaire. »
Elles ont eu pour résultat, dit l'orateur, de retarder le développement
de l'assurance sur la vie et notamment celui des assurances agricoles,
que l'on assujettit à deux conditions qui les paralysaient entièrement :
« On posa en principe, pour les Sociétés d'assurances contre la grêle ou
« contre la mortalité du bétail : 1° qu'en mutualité les contributions des
« associés devaient être toutes égales ; 2° que les propriétés assurées
« devant être connues de tous les intéressés, afin que chacun puisse y
«
surveiller de ses yeux l'existence et la valeur des objets, la vérité et
« l'intensité des accidents..., on ne pouvait approuver aucune Société
« qu'on voudrait rendre générale ou étendre à une vaste circonscription. »
L'ÉTRANGER 133
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FUANCE ET A

La première de ces conditions reposait sur une hypothèse toute


«
contraire à la vérité : on supposait que les risques couverts par chaque
Société pouvaient et devaient être identiques, tandis qu'en réalité les
,,

«,
risques étant presque toujours très différents, même lorsqu'ils sont
»
situés à peu de distance les uns des autres, l'égalité ne peut être établie
,<
entre les associés que par des cotisations proportionnées aux risques et
«
non par des cotisations uniformes.
,.

R
Quant à la seconde condition, en n'admettant que d'étroites circon-
scriptions, on allait à rencontre de la plus essentielle nécessité de toute
t
«
assurance, qui est la division des risques.
*
L'État n'est pas infaillible, hélas! et ses erreurs sont plus redou-
«
tables que celles des particuliers.
K
II. — Voyons maintenant l'Etat contrôleur et tuteur des Compa-
o
gnies d'assurances : c'est l'attitude qu'il a prise ostensiblement, dès
l'origine, à l'égard des Compagnies d'assurances sur la vie. L'Etat a
«

i approuvé, autant
dire rédigé les statuts; il a approuvé, autant dire
«
élaboré les tarifs et, après avoir assisté, comme une fée bienfaisante, à
i la naissance des Compagnies, il a laissé dire qu'il les surveillait, avec
* une
vigilance toute paternelle, durant le cours de leur existence.
« Qu'a
produit cette prétendue tutelle*administrative? Une catastrophe
« —
heureusement unique — la scandaleuse faillite du Crédit viager
«
(ax-Impériale) »
« La ruine
accomplie, il s'est trouvé que l'Etat n'avait entendu
*
donner que ce qu'on nomme, par antiphrase, une garantie morale. 11
«
avait souscrit, comme Ninon, un billet à La Châtre.
« 11 est
vrai que si l'Etat a échappé, dans cette circonstance, aux
i conséquences matérielles de ce qu'on a appelé plus justement sa
«
complicité morale, c'est peut-être simplement parce qu'aucun pot de
« terre
n'a osé se heurter à ce pot de fer.
« Une créance sur
l'Etat est excellente quand il veut bien payer,
" mais d'un recouvrement très laborieux quand il fait la sourde oreille !
«
Le cas du Crédit viager est, à la vérité, de tous points exceptionnel et
« ne saurait se renouveler, j'en suis convaincu, mais un régime qui a

«
laissé se produire un pareil malheur est jugé et condamné.
« III. — Si, en troisième et dernier lieu, nous voulons voir ce
« que vaut
l'État assureur, nous en avons un échantillon dans les
* Caisses d'assurances en cas de décès et en cas d'accidents, créées
" par la loi du 11 juillet 1868 (1). Ces établissements, vous le savez,

<l) Voir page 07 ot plus loin Assurance vie et Assurance accidents.


134 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

«
Messieurs, ont trouvé le moyen de donner des résultats à la fois nuls
« et onéreux.

« Le
nombre de leurs clients est devenu dérisoirement petit, en dépit
« des sacrifices de
l'État. La Caisse des assurances en cas de décès se dis.
« tingue, la Commission supérieure le reconnaît, « par une insuffisance
«
de plus en plus grande des réserves qui lui sont indispensables ».
« Quant à la Caisse de retraites pour la vieillesse, elle a déjà coûté
« plus de 100
millions et son avenir n'en est rien moins qu'assuré.
« Lorsqu'une entreprise ne répond pas à ses prévisions, un parti-
«
culier se hâte d'y mettre fin par une liquidation; il y est, au besoin,
«
contraint par la loi. L'Étal, lui, peut poursuivre indéfiniment, avec
»
l'argent des contribuables, une expérience malheureuse.
« Les
faits que je viens de rappeler ne suffisent ils pas à montrer que,
«
jusqu'à présent, l'État n'a rapporté de ses incursions sur le terrain de
« l'assurance
ni honneur, ni profit ? Cette constatation n'est pas laite
« pour étonner ceux
qui savent qu'en raison des conditions vitales de son
<r
fonctionnement, l'assurance est de toutes les industries celle qui a le
« plus besoin de liberté. Si elle fait de grands progrès, c'est sans l'Etat ci
« presque
malgré lui, malgré le dédain qu'il lui a toujours témoigné,
« malgré les impôts dont il l'a frappée à tort et à travers.
« On peut donc affirmer, en thèse générale (et sous certaine:-
R réserves en ce
qui concerne les assurances sur la vie), que moins l'Etat
« intervient dans les assurances, mieux cela vaut pour lui et pour le publie.
« Cette vérité tend-elle à se dégager ou à s'obscurcir? Je crois, quant
« à
moi, qu'elle apparaît chaque jour plus clairement.
« Sans
doute on voit encore se produire des projets qui tendent à
« remonter le courant, témoin une récente proposition de loi, la centième
« peut-être, « ayant pour but de conférer à l'Etat le monopole des assu-
«.rances contre l'incendie (1) ».
« Grâce à Dieu, nous
n'en sommes plus à discuter cette vieille erreur,
a Lorsque, pour la première fois, l'idée d'attribuer à l'Etat le monopole
« des assurances parut au moment
de prendre corps, sous le second
Empire, la Société d'Économie politique lui consacra une séance (celle
«
« du 5
septembre 1857) et dans la discussion à laquelle prirent part
« nos éminents collègues
MM. Gustave du Puynode, Frédéric Passy ci
« A.
Courtois, cette conception ne rencontra guère que des adversaires
«
déterminés. Elle fut d'ailleurs, peu de temps après, jugée et repoussée
« par le
Conseil d'État, contrairement au désir de l'Empereur.

(1) Proposition Léon Bourgeois,1894. Voir au chapitre Assurance contre i'iticerul"1-


HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 135

« Est-il nécessaire, en effet, d'insister ici sur l'incapacité industrielle


de l'État, sur la cherté exorbitante de ses services, sur les inconvô-
,
nienls majeurs des monopoles surtout lorsqu'ils sont exploités directe-

ment, sur le respect dû à la propriété privée et aux droits acquis?
.
«
Mais, au fait, billevesées que tout cela ! 11 s'agit de donner au
,.
Trésor, qui, parait-il, en a grand besoin « pour suffire aux dépenses
nécessitées par l'application des principes démocratiques, un revenu
«
qu'on peut évaluer bien au delà de 100 millions... surtout par l'adjonc-
..
tion des assurances sur la vie, contre les accidents, contre la grêle,
,
..
etc.. » Et, par-dessus le marché, «. d'élever l'étiage moral delà nation,
«
de constater que la prévoyance-est une vertu française, etc. ».
«
L'auteur ne s'aperçoit pas que si, en effet, la prévoyance est une
*
vertu tant qu'elle est libre, elle n'en sera plus une le jour où elle figurera
« sur
la feuille des impositions.
« A
dire vrai, les propositions de cette espèce ne me paraissent pas
i
bien dangereuses parce qu'on voit, trop clairement ce qu'il y a au fond
«
de tout cela. Et je prétends que l'assurance contre l'incendie, en parti-
a
ailier, a le droit de vivre librement, sous la protection des lois, simple-
«
ment parce qu'elle existe, parce que, comme le dit naïvement notre
« auteur, «
elle s'est constituée de sa propre initiative sans demander à
«
l'Etat aucune concession ». parce qu'elle est à la hauteur de sa mission
«
(car elle couvre 80 ou 85 0/0 des valeurs assurables), parce qu'enfin on
o
n'a pas plus le droit de l'assassiner que d'assassiner la députation du
«
Jura.
«
Un projet qui me chagrine beaucoup plus, parce que je suis obligé
«
de le prendre plus au sérieux, en raison de sa provenance, c'est celui
«
qu'a déposé récemment le Ministre de l'Agriculture sur les assurances
« agricoles (1),
projet qui consiste dans l'organisation d'un vaste réseau
«
de caisses cantonales et départementalts, reliées à une caisse natio-
<
nale, pour l'assurance mutuelle contre les risques de la grêle, de la
" gelée et delà mortalité du bétail, avec le concours des fonctionnaires de
« l'Etat, du haut en bas de l'échelle.

« Les représentants les plus qualifiés de l'agriculture et aussi quel-


» ques spécialistes assez compétents et, en tous cas, absolument désintô-

* ressôs,
avaient protesté d'avance contre la création d'un nouveau
" rouage administratif. Le ministre a cru devoir passer outre. Encore

* faut-il lui savoir gré d'avoir restreint le champ d'opérations des futures

« caisses, de ne pas l'avoir étendu à tous les risques agricoles sans distinc-

te Voir plus loin Assurances agricoles. Proposition Viger.


136 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« tion, dont beaucoup sont inassurables, comme aussi d'avoir borné le


« concours financier del' État en n'affectant auxdites caisses que le fonds de
« secours spéciaux institué par la loi du 19 vendémiaire an VI ; mais
« comment n'a-t-il pas vu que son projet, destructif de toutes les oeuvres
« de l'initiative privée, conduirait tout droit à l'assurance obligatoire, à
« l'assurance par l'Etat?
« Peut-être est-il encore temps de rappeler à l'honorable ministre de
« bien éloquentes paroles et surtout bien judicieuses qui ont été pronon-
« cêes sur ce sujet, et que voici :
«
L'État ne doit pas intervenir dans les affaires concernant les inté-
« rets particuliers des individus, ni s'exposer aux contestations sans
« nombre résultant de l'évaluation et du règlement des sinistres.
« Il est trop impersonnel pour entreprendre des opérations de cette
« nature. Ses agents n'ont pas les qualités voulues pour défendre ses
« intérêts, surtout lorsqu'ils risquent de se trouver en présense d'influences
« étrangères, dont ils peuvent redouter d'irriter les susceptibilités. Sa
« mission est plus haute : elle consiste à s'occuper des intérêts généraux
« du pays, et, comme le .développement des institutions de prévoyance
« revêt ce caractère d'une façon
indiscutable, l'État doit évidemment inter-
ne
venir pour les favoriser, mais non pour les faire fonctionner lui-même,
« Quand je vous aurai dit, Messieurs, que cette théorie si correcte, si
« lumineuse, émane de l'honorable Ministre de l'Agriculture, en personne,
« et que je l'emprunte à l'exposé des motifs de son projet, je crois que
« vous serez, comme
moi, bien embarrassés d'apercevoir aucun lien entre
« ces
prémisses et la conclusion.
«
Favoriser les institutions de prévoyance ? Mais le projet de loi ne
« fait même pas allusion à celles qui existent, et il réserve la
totalité du
« concours financier de l'État aux futures caisses de l'État ; elles seules,
« au mépris
de l'égalité devant la loi, seront exemptes des droits de tim-
« bre et
d'enregistrement.
« Je m'arrête, Messieurs, puisque ce n'est pas une
discussion com-
te
plète, mais seulement un exposé très succinct que vous attendez de moi.
« Je ne voudrais donc pas me répéter et j'ai déjà dit que
l'intervention
«
de l'État peut être funeste quand elle se trompe de direction ; telle une
« distraction d'un
aiguilleur sur le chemin de fer. »

M. Paul Gauvin. — En 1892, M. Paul Gauvin fait le procès de l'as-


surance par l'État. Ses arguments ont la valeur qu'explique son autorité
en la matière.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 137

Ce simple aperçu de la conclusion de son livre Y État assureur résume


hardiment sa pensée :

«
En examinant le monopole des assurances incendie par l'État à
«
tous les points de vue, nous constatons que l'Etat n'y trouverait que
«.
mécomptes, embarras de toutes sortes et discrédit.
«
L'application du contrat d'assurance contre l'incendie demande une
«
célérité incompatible avec les rouages nécessaires de tout gouvernement.
«
L'aléa est tel qu'il déjoue toutes les prévisions budgétaires les plus
«
sûres, les statistiques les mieux établies, et nous avons démontré que
«
l'État se verrait dans la nécessité de pratiquer l'assurance dans des
«
conditions plus défectueuses encore que les Compagnies qui ont sombré
« et
dont le sort ne doit pas être envié ; il ne trouverait donc que la ruine
«
à la place des ressources considérables espérées.
« 11
lui faudrait augmenter considérablement sa dette déjà énorme
« pour
racheter la propriété des Compagnies existantes.
«
Enfin, dans l'impossibilité où il serait, quoi qu'il fît, de payer rapi-
«
dément, largement môme, les deux cent mille sinistres d'incendie qui
«
éclatent en France annuellement, ce serait autant de mécontents que
«
le gouvernement se créerait chaque année, et ces ressentiments
«
s'étendant de proche en proche, parmi les parents, amis ou créanciers
e<
des sinistrés, formeraient à la longue des inimitiés qu'il est sage de pré-
e.
voir et qu'il serait imprudent de méconnaître ou de dédaigner.
ee
A ces inimitiés il faudrait ajouter: — celles des nombreuses per-
« sonnes ayant ou croyant
avoir à se plaindre d'un manque de zèle ou de
«•
complaisance de la part des fonctionnaires à l'occasion de l'établisse-
« ment
du contrat d'assurances ou lors des modifications nombreuses
« qu'il doit nécessairement subir; — celles que produirait le nouvel im-

«
pôt chez les personnes qui ne veulent pas s'assurer ou à qui pourrait
«
déplaire une élévation excessive de la prime, et elles seraient nom-
« breuses ; — celles enfin des milliers d'employés, agents, sous-agents et

« experts, qui vivent de l'assurance et que l'Etat réduirait à la misère,

« eux et leurs familles.

ee
Un danger peut surgir, pour le gouvernement, d'un ensemble de
« mécontentements ; surtout si cet ensemble de mécontentements grandit

« sans cesse...
ee
L'assurance par l'État ne peut donc germer que dans l'esprit des
« gens intéressés à créer quand même, quoi qu'il en puisse advenir, de
« nouveaux emplois, de grasses sinécures pour des électeurs influents ou
« quelques victimes du suffrage universel.
11
138 HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE EN FRANGE ET A L'ÉTRANGER

N'avons-nous pas assez de fonctionnaires en France ; le budget


ee

« n'est-il pas déjà suffisamment obéré par les traitements et les pensions
<e
de retraite qu'il faut leur servir? Chaque année les rapporteurs de la loi
ee
du budget nous affirment que, sur ce point, nous sommes plus favori-
« ses qu'il ne conviendrait. Nous nous rangerons donc à leur avis, car ils
ee
sont mieux en mesure que qui que ce soit de nous donner une apprécia-
« tion sérieuse et motivée.
Et c'est pour cette minime satisfaction, pour la création de quelques
ce

« emplois nouveaux, qu'on voudrait que l'Etat, renonçant aux 25 millions


« qu'il reçoit annuellement des assurances contre l'incendie, sans courir
« la
moindre responsabilité, se lançât dans une voie si périlleuse, qu'on
« voudrait l'obliger à mécontenter tout le monde et risquer de le conduire
<e
à la ruine.
« C'est lui
conseiller de lâcher la proie pour l'ombre. »

MM. Léon Say, Magnin, Maze, Paul Deschanel, Rigaui, Larollr,


Cyprès, Sociétés savantes, Congrès, MM. Léon Bourgeois, Lefort, Naquet,
Leroy-Beaulieu, Rafjalovieh, Journal des Débals
Dans le sein du Parlement se trouvent également des adversaires de
l'assurance par l'Etat. M. Léon Say, notamment, s'élève contre l'Etal
assureur en des discours restés des modèles de beau langage et de pure
logique; en 1881, M. Magnin, ministre des finances, donne au Sénat un
avis contraire à l'assurance par l'Etat ; en 1887, M. Maze, sénateur, pro-
nonce un discours à Chalon-sur-Saône (1) dans lequel il établissait que
la misère était et resterait, hélas! un mal inhérent à l'humanité, puis exa-
minait les moyens de la combattre en repoussant à la fois le système de
la charité, celui de l'Elat-Providence, du communisme et enfin de l'assu-
rance obligatoire par l'Etat...
L'État, dit aussi M. Paul Deschanel dans son discours à l'office
«

ee
central des institutions charitables, ne doit intervenir que là où l'initia-
ce
tive privée ne suffit pas, là où elle est absente ou trop faible. Mais,
«
quand l'association libre est en plein développement, en plein succès,
« l'intervention
de l'Etat au delà de son droit de contrôle est un nouveau
ee
péril. Qu'il surveille les associations privées, c'est son droit ; qu'il
« les
aide, c'est son devoir ; mais qu'il prétende les régenter ou les rem-
et
placer, cela est absurde. »

(t) lu extenso Progrès de Saônc-ul-Loire.


HISTOIRE GÉNÉRALE I>K L'ASSURANCE EN FRANGE ET A L'ÉTRANGER 139

A l'Académie des sciences morales et politiques, à la Société d'Éco-


nomie sociale
,
à la Société des Agriculteurs de France , dans les
Congrès de sauvetage, des Syndicats agricoles, des accidents du travail,
l'assurance par l'Etat discutée y est soit repoussée, soit vivement
combattue.
La lutte échauffe les esprits et des manifestations précieuses contre
l'intervention de l'État en matière d'assurance se font jour.
M. Eugène Rigaut, ancien député, ancien conseiller municipal, traite
avec distinction cette grave question, au point de vue moral, social
et politique (1) :

ee
Supprimer la liberté du travail, du commerce, de l'industrie, êcrit-
«
il, n'est-ce donc pas supprimer la liberté même? L'État-Providence
« est la conception de niveleurs corrodés par l'envie ; mais ceux-là qui
« par leurs efforts et leur intelligence, par un labeur opiniâtre se sont
a
acquis un bien-être légitime ne céderont ni à la menace, ni à la con-
«
trainte. Je les crois armés pour tous les combats. Aussi, demain peut-
«
être verrons-nous rire de leurs propres tentatives de réformes inconsi-
«
dérôes ceux-là mêmes qui, aujourd'hui, ont une préférence si marquée
« pour le saut dans l'inconnu. »

M. Lavollô donne ainsi son opinion sur l'État assureur à la Société


des Agriculteurs de France :

L'Etat n'est fait ni pour le rôle de policier à outrance, ni pour celui


et

«
d'assureur. On se trompe quand on veut en faire une sorte deProvidence
«
visible et terrestre, chargée de pourvoir à tous nos besoins, de prévoir
« pour nous, de nous enseigner les devoirs privés que nous avons à
«
accomplir et les vertus privées qu'il nous importe de pratiquer, soit la
« prévoyance, soit toute autre. On se trompe encore, et gravement, si l'on
prétend conférer à l'État la faculté de prendre indéfiniment dans la
«

« bourse de tous au profit de quelques-uns et de se constituer ainsi non

» seulement l'arbitre de toute assistance et de toute charité, mais encore le

répartiteur des fortunes privées entre les citoyens.


«

Le rôle essentiel de l'État est d'assurer le maintien de l'ordre, la


ee

" liberté et l'égalité des citoyens et de faire, dans l'intérêt commun, tout
ce que l'initiative individuelle ne saurait accomplir. Son droit et son
8

« devoir vont jusque-là, mais pas plus loin. Dans la question spéciale dé

(1) Journal l'Assurance Moderne du 15 janvier 1895;


140 HISTOIRE GÉNÉRALE RE L'ASSURANCE EX FRANCE ET A I.'ÉTRANGER

« l'assistance, ce qu'il vous doit, c'est la liberté d'association et la liberté


ee
de la charité privée qui, détruites en 1789, toujours promises depuis, et
et
jamais accordées, sont seules capables d'organiser sérieusement
« l'assistance, d'apporter un remède efficace au paupérisme, de diminuer
te
la misère et la dépopulation des campagnes, de prévenir enfin les per-
te
turbations sociales qui nous menacent. »

M. Imbert Cyprès, auteur d'un livre très bien inspiré intitulé L'Assu-
rance sur la vie et les Caisses de retraites, s'élève contre l'État assureur
et il soutient sa thèse avec d'excellentes raisons :

Si l'État rend l'assurance obligatoire, il ne voudra pas pour cela


«
<e assurer
tont le monde. Il devra, en effet, procéder comme les particu-
« liers,
choisir les bons risques et éliminer les mauvais, ets'il s'agit d'assu-
ee rance
contre la vieillesse et l'invalidité, il refusera d'assurer les gens
ee
malingres qui peuvent vivre très longtemps et demander un secours
«
pendant une longue période. S'il assure tout le monde, ce ne sera plus
« une opération d'assurance, opération où le prix de l'assurance doit être
« en rapport avec le risque couru, mais une oeuvre d'assistance, et alors
«
c'est à l'impôt que l'État devra demander ses ressources, les primes
« d'assurances grèveront le budget d'une nouvelle dépense. Avec ce sys-
te tème,
c'est l'État qui préside à une nouvelle répartition des richesses et
« nous sommes en plein socialisme.
« Si l'assurance est simplement facultative, et si
l'État se borne à faire
<e concurrence aux
Sociétés existantes,son action est trop restreinte, et il
« ne
fait qu'un chiffre insignifiant d'affaires.
« C'est à tort, d'ailleurs, qu'on soutient que
l'État peut faire des assu-
« rances à
meilleur compte que les Compagnies privées. Partout où l'Étal
t se mêle de substituer son action à celle des particuliers, on voit croître
« les frais d'exploitation... »

M. Cyprès fait valoir ensuite, contre l'assurance obligatoire, d'autres


raisons tirées de l'intérêt de l'ouvrier :

Le patron, dit-il, a des devoirs envers ses ouvriers. Il les connaît et


«
« les remplit : mais le jour où l'État lui en fera une obligation légale, il
« perdra la satisfaction que lui procurent le dévouement et les sacrifices
« volontaires.
«
L'ouvrier ne lui saura aucun gré de ses sacrifices et continuera de
« le regarder avec haine et défiance. Ainsi se trouvera entravée l'oeuvre
HISTOIRE GÉNÉRALE DE 1,'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 141

«
d'apaisement social à laquelle tout le monde devrait consacrer ses
<r
efforts. »

Après une citation fort belle de M. Cheysson contre l'épargne obliga-


toire, M. Cyprès écrit :

« On peut trouver étrange cette idée d'imposer la prévoyance à ceux


«
qui n'en veulent pas. Comment les forcera-t-on à acquitter lescotisa-
«
tions? Le jour où ils auront droit à la retraite, ne pourront-ils pas la
«
dissiper tout entière aussitôt après l'avoir louchôe, sauf à mendier le
«
reste du temps ?
te
Si l'on se décide à imposer l'assurance à tout le monde, ce sera un
«
nouvel impôt ajouté à ceux qui pèsent déjà d'un poids si lourd sur le
«
contribuable.
« Le jour où l'on sera entré dans cette voie, les appétits de la foule
ec
deviendront de plus en plus insatiables. »

M. Léon Say dit, à Amiens, à la Société industrielle de cette ville :

« Le socialisme d'État a été imaginé pour combattre le socialisme


•i
dogmatique et révolutionnaire. Il fleurit en Allemagne, et ce qui devrait
«
faire réfléchir les autres nations avant de s'y laisser aller, c'est que, loin
«
d'arrêter le socialisme révolutionnaire, il a contribué à l'y développer
« encore davantage. Le socialisme d'État du prince de Bismarck et des
«
professeurs allemands, appelés communément les économistes de la
«
chaire, n'a pas affaibli la force du courant socialiste ; il l'a rendu, au

contraire, plus formidable, et la digue bureaucratique qu'on a voulu y
« opposer pourrait bien être emportée un beau jour, malgré le soin
«
qu'on a mis à l'élever et les précautions scientifiques qu'on a prises en
«
l'édifiant. »
L'illustre homme d'Etat sous-entend : l'assurance par l'État.

M. Léon Bourgeois est très net dans un de ses discours a la Sorbonne :

ee
La science, dit-il, ce n'est pas tout, mais c'est le commencement
« de tout ; sans elle, aucun progrès, aucune réforme; sans elle, on peut
« se livrer- aux espérances, aux hypothèses, on ne peut toucher aux
« réalités.
et
A la Chambre, nous nous occupons des questions de prévoyance,
'<
de mutualité, nous cherchons à mettre sur le papier les lois nécessaires
142 HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

et pour assurer la vieillesse contre la maladie, le chômage, pour assurer


te
l'homme contre les dommages que la nécessité des forces de la nature
« lui
impose, et nous rencontrons des groupes pleins d'ardeur, de bonne
«
volonté, de générosité, mais ignorant certaines conditions scientifiques,
«
ignorant les tables de mortalité et les taux et les tarifs que les Sociétés
«
d'assurances peuvent seules faire exactement calculer. Et nous disons
« à ces groupes : « Prenez
garde, vous avez marché avec une foi géne-
et reuse, un entrain, une cordialité et, un sentiment d'humanité auxquels
ce nous rendons pleine justice ; mais sans ce fil conducteur que la science
et
sereine et abstraite peut seule nous donner avec certitude, prenez
te
garde, vous allez trébucher dans le chemin et vous allez entraîner
avec vous vos amis. »
<e

M. Alfred Naquet traite magistralement, dans YEclair, la question


de l'assurance par l'Etat; nous aurons occasion de revenir sur son élude
dont voici la conclusion :

« En résumé : difficultés considérables d'application ; bénéfices nuls


t<
et môme déficit probable; le pain enlevé à un nombre énorme do
« familles. Voilà à quels résultats nous arriverions si nous décrétions
« cette nouvelle édition considérablement aggravée du monopole des
« allumettes.
« M. Jaurès peut
logiquement présenter des propositions de cet
« ordre. Elles sont conformes à ses idées générales, elles sont un ache-

minement vers la société à laquelle il tend.
ee
Mais M. Bourgeois, du Jura, se déclare nettement anticollectiviste
te
et dès lors sa proposition est inexcusable. »

C'est avec la belle ordonnance qu'il apporte dans ses écrits, que
M. J. Lefort, avocat au Conseil d'Etat et à la Cour de cassation, nous
initie, en son très savant ouvrage (1), aux tentatives qui ont été faites
pour rendre l'État assureur sur la vie (2) et, très franchement, avec sa
profonde expérience, il donne une opinion négative qu'il appuie sur de
sérieux arguments.

ee
La validité des assurances sur la vie est incontestable.

(1) Traite théorique et pratique du Contrai d'assurance sur la vie, t. I, pages 1!'

ot suivantes.
(2) Voir au chapitre de l'Assurance sur la viei
HISTOIRE GÉNÉRALE OE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 143

/Mais si le législateur doit reconnaître leur légitimité, il ne lui est


e.


pas permis de faire plus. Il ne saurait, en particulier, supprimer ou

restreindre l'initiative individuelle, Il ne peut ni rendre l'assurance
obligatoire, ni confier à l'Etat le soin de remplir les fonctions d'assu-


reur, et de faire concurrence aux Sociétés privées, et, à plus forte raison.
«
do les remplacer.
«
Seuls les socialistes sont en mesure do préconiser en pareille
n
matière l'idée de l'obligation, le régime de l'assurance par l'État. »

M. Leroy-Bcaulieuprononce un discours à la Société d'Economie


politique de Paris et conclut ainsi :

Aujourd'hui, on parle d'organiser, à grand renfort de millions,


«

«
l'assurance contre les accidents; demain, ce sera l'assurance obliga-
i.
toire contre la vieillesse et on imposera aux finances publiques des
«
charges énormes, qui iront toujours en s'aggravant, à mesure que les
H
intéressés arriveront à l'âge de la retraite. Mais ce qu'il y a de plus
...
fâcheux peut-être que le côté financier, c'est le côté moral. L'assurance
i.
obligatoire, s'ôtendant, par la seule force des choses, dans les divers
domaines do l'activité humaine, affaiblirait graduellement le grand
<. moteur
de la civilisation, c'est-à-dire l'effort individuel, qui a affranchi
«
l'homme. On substituerait un être automatique qui ne sera plus tenu de
- penser
à rien, à l'être responsable d'aujourd'hui. Si vous faites en sorte
» que
chacun n'ait plus à se préoccuper du lendemain, qu'il n'ait plus
«
d'effort à faire pour assuser son existence et celle des siens, si vous
"
enlevez tout stimulant et tout principe de prévoyance, vous courrez
"
grand risque d'étouffer, à la longue, cette civilisation qui a eu tant de
"
mal à naître et à grandir, sous la fécondante influence de la liberté. »

M. Arthur Raffalovich fait à l'Académie des Sociétés morales et politi-


ques une intéressante communication dans laquelle il donne les résultats
d'une enquête qui vient d'être faite en Allemagne et qui a pour objet
d'étudier les effets des lois d'assurances sur le fonctionnement de l'As-
sistance publique. Il est extrêmement difficile de se rendre compte
d'avance des effets d'une législation déterminée.

Il existe de mauvaises lois, des lois de circonstance qui ont été


«
»
faites avec des arrière-pensées et dont l'abrogation est malheureuse-
" ment très difficile. Lorsqu'il s'agit de défendre la société dont on fait
" partie contre l'introduction de lois qui semblent dangereuses, mais qui
144 HISTOIRE GÉNÉRALE WE 1,'ASSURANCK EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« sont cependant en vigueur dans d'autres pays qui sont à la mode, il


« faut examiner de très près non pas seulement comment elles fonction-.
« nent, mais encore quelle a été la répercussion sur les diverses parties
et
de l'organisme social, quelle a été leur influence morale sur les indivi-
te
dus qui forment la nation. »

M. Raffalovich passe en revue les diverses critiques qui ont été


adressées à la législation allemande il montre que, tout d'abord, elle a
,
échoué complètement sur un point, elle n'a pas amené l'apaisement ni
ramené les masses.

« Quant à l'Assistance publique, on avait promis que les charges en


te
seraient diminuées par le fonctionnement de l'assurance. Aujourd'hui
et on s'aperçoit que cette promesse était une illusion. Partout le budget
et
de l'Assistance publique en Allemagne est devenu plus lourd. »

A la suite de cette communication, il s'établit dans l'Académie une


discussion à laquelle prennent part MM. Léon Say, Maurice Block cl
Raffalovich et de laquelle il résulte que l'assurance obligatoire est loin
d'avoir donné les résultats qu'on en attendait.
La grande presse se mêle à ce chaud combat, les uns sont pour, les
autres contre... n'insistons pas, car ici nous risquons de tomber dans
l'utopie et dans l'ignorance de la question ; mais voici du Journal des
Débats une opinion qui reflète celle des publicistes soucieux de leur
haute mission :

« Un député socialiste vient de saisir la Chambre d'une proposition


et
tendant à réserver à l'État le monopole des assurances. L'auteur de cette
et
motion n'a pas même le mérite de l'invention. Il n'a fait que présenter
te une
des idées favorites de Napoléon III. On n'a pas oublié, en effet,
et
qu'au début de son règne, l'empereur avait essayé de créer une vaste
ee
Caisse d'assurances qui aurait été dirigée et subventionnée par l'État,
ee
Napoléon III tenait tellement à son idée, qu'il se rendit en personne au
et
Conseil d'État le jour où les statuts de la future Société devaient être
«
discutés. Mais ni la présence du souverain, ni les arguments qu'il prê-
te
senta avec beaucoup d'insistance ne purent triompher de l'opposition
te
du Conseil, qui, avec une indépendance qui l'honore, rejeta, à une
« grande majorité, le projet impérial. Battu de ce côté, Napoléon III ne

« se découragea pas. Il essaya de fonder une Caisse d'assurances, non


« plus dirigée par
l'État, mais subventionnée par lui et administrée par
HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 145

«
des personnages officiels. Cette tentative échoua complètement ; au bout de

deux ansà peine d'une existence précaire,la Société tombaen déconfiture.
«
Les socialistes de la Chambre seront-ils plus heureux ou plus
puissants que leur impérial précurseur ? 11 est permis d'en douter, car,

dans la situation où se trouvent nos finances, l'État a d'autres préoc-


aipations que d'exproprier les Compagnies existantes et de créer une

Caisse générale des assurances. Aussi, n'aurions-nous même pas
signalé cette tentative destinée à un échec certain, si elle ne révélait une
,
fois de plus avec quelle ténacité les socialistes poursuivent l'exécution
,.
de leur programme. En tête de leurs revendications, en effet, figure la
«
destruction de l'initiative privée sous toutes ses formes. Quoi, il y a des
v.

u
citoyens qui, sans rien demander à l'Etat, se permettent de créer et
,.
d'administrer des Sociétés libres d'assurances. C'est à l'Etat qu'il appar-
«
tient de mettre fin à cet abus, parce qu'à lui seul appartient le droit
i.
d'assurer les gens contre les risques que leurs biens ou leur vie peuvent
«
courir. N'est-il pas intolérable de penser qu'un citoyen peut s'adresser
i.
à une Compagnie privée, contracter avec elle, partager sa bonne et sa
«
mauvaise fortune sans que l'Etat intervienne?
«
Voilà pour la partie théorique. Mais, au fond, il s'agit dans cette
!• campagne
menée contre les Sociétés d'assurances, d'une simple ques-
«
lion d'intérêt privé. Quelle aubaine pour les socialistes de carrière si
i.
l'Etat mettait la main sur les oeuvres d'initiative privée, qu'il s'agisse
«
d'assurances ou de chemins de fer! Quelle pluie bienfaisante de places
« pour
les politiciens à la recherche d'une fructueuse position sociale!
i'
Que de traitements petits ou gros, que de jetons de présence, ,que de
i'
sinécures, que d'honneurs rétribués ! Ce serait le paradis dans le paradis,
i.
Et, en temps d'élections, comme ce serait commode, agréable et ôcono-
«
inique de mettre en branle quelques centaines de mille de fonctionnaires
<
convertis en agents électoraux! Là est tout le secret delà haine jalouse
« que
les politiciens socialistes nourrissent contre toutes les Compagnies
«
privées en général, et en particulier contre les Compagnies de chemins
«
de fer et d'assurances. »

Encore des opinions contre l'assurance par l'État... MM. Picard,


Claudio Jannet, Ludovic Halévy, Emile Cheysson, vicomte d'Avenel,
Paul Moulin, Gibon
M. Ricard, député de Rouen et actuellement garde des sceaux, a fait
en 1889 une magistrale profession de foi au premier congrès des accidents
du travail, dont voici la conclusion :
14G HISTOIRE GÉNÉRALE ÙE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A 1,'ÉTRANGER

Vouloir résoudre cette question sociale, une des plus importantes


<f

« qui soit actuellement soulevée, par le payement d'une prime d'assurance,


« ce
serait un grand malheur Au lieu d'aplanir des difficultés qui n'exiss
!

« lent pas encore, mais qu'on pressent, on établirait une lutte dont nul
«
de vous ne pourrait prévoir les conséquences. Dans les pays do sur-
it
frage universel, comme la France, le conflit s'établirait bien vile, bien
« nettement, de la manière qui a été si éloquomment caractérisée paï-
en notre ôminent collègue, M. Luzzatti ; on irait aux urnes en demandant,
«
d'une part, que les indemnités soient augmentées et, d'autre part,
« que les primes soient abaissées. Et l'on en arriverait à ce résultat,
te parce que personne ne serait plus intéressé à être économeetque l'État
«
devrait seul, dorénavant, courir tous les risques.
C'est une perspective qui m'effraie, que je combats, et qu'il était
ee

« de mon devoir de vous signaler. »

Jannet (1) n'accepte ni l'assurance obligatoire, ni l'assu-


M. Claudio
rance par l'Etat. Il estime que le rôle de l'Etat doit se borner à favoriser
lo plus possible les institutions privées d'assurances ou de prévoyances
patronales,
M. Ludovic Halévy, chargé du rapport académique à l'occasion do
l'avant-derniôre distribution des prix de vertu à l'Académie française,
a apprécié ainsi le rôle abusif que l'on veut faire jouer à l'Etat :
La charité choque l'égalité, a-t-il dit, elle humilie la misère. On
et

« annonce un nouvel ordre de choses, un régime de stricte justice, un


« Etat-Providence appelé à rendre inutiles et à faire disparaître toutes
« ces humbles petites providences qui font tant de miracles et créent un
« peu de bonheur avec un peu de bonté. Le système est très simple:
« tout ce qui est du domaine de la charité, la justice s'en empare; à
«
l'Etat, tous les devoirs et toutes les responsabilités; à l'individu, tous
« les droits et toutes les libertés. Je crois que sous un tel régime il n'y
« aurait bientôt plus que des pauvres, et que l'État serait lui-même, en
« peu de temps, plus pauvre que les milliers qu'il y aurait à faire
et
rechercher, visiter et assister par une armée de fonctionnaires. »

M. Emile Cheysson s'est à diverses occasions prononcé contre


l'assurance par l'État. D'un récent discours (2) voici sa belle profession de
foi :

(1) Le Socialisme d'Etat et la Reforme sociale.


(2) Fait à la Société cPIiîconomie politique et sociale de Lyon on juillet 1895.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A
L'ÉTRANGER 147

L'obligation, je le répète, est forcément stérile elle détruit l'effica-


it ,
cité et la vertu sociale des institutions. En supprimant l'effort, elle
abolit du même coup le mérite; elle n'élève plus les individus, elle ne
i-approcho plus les classes. C'est un impôt que perçoit l'Etat ; ce n'est
,

l'acte d'un homme libre qui, librement, s'impose une privation,


,

,
plus
une épargne, ou vient en aide à son semblable. La formule et l'auloma-
,
lismc, au besoin servis par le gendarme, ont remplacé les initiativos
,
spontanées, qui sont précisément fécondes en raison do leur liberté,
.
et
Je ne suis pas cependant de ces économistes intransigeants, qui
refusent à l'État toute intervention dans le domaine du travail sous
.
peine d'ingérence. J'ai même essayé naguère de délimiter la zone
,.
étroite où il avait le droit et même le devoir d'intervenir, par exemple

,
celle de la protection dos mineurs, de la sécurité et de l'hygiène des
ateliers. Mais je demande à l'Etat, même sur ce terrain limité, de res-
...

..
pccter l'initiative de ceux qui ont le sentiment de leurs devoirs légaux
cl de les laisser viser à leur façon le but assigné par la loi, pourvu
.
qu'ils l'atteignent. En dehors de ce terrain, et notamment sur celui du
..
devoir social, l'Etat n'a plus le droit d'intervenir par ses contraintes,
«
cl l'accomplissement de ce devoir n'est plus justiciable que de la cons-

cionce individuelle et de la conscience collective, c'est-à-dire de la
morale privée et de l'opinion publique. »

Le délicat auteur du Mécanisme de la Vie Moderne, le vicomte


d'Avenel, écrit dans la Revue des Deux Mondes de très jolies pages sur le
rôle de l'Etat envers les Assurances. Il s'agit ici d'assurances sur la vie.
et
Je demande, conclut-il, la suppression de la tutelle préventive de
••
l'Etat. Le public doit savoir que la seule garantie réelle, c'est, acluel-
lcmenl, l'honorabilité et l'intelligence des administrateurs... Le seul
1
rôle qui incombe à l'Etat, c'est, par une surveillance purement répres-
1
sive, d'obliger les Compagnies d'assurances à maintenir toujours en
»
lumière une situation que l'opinion se chargera d'apprécier. Et pour
" nos
Compagnies, l'indépendance en matière de placements et de
" réassurances est le seul moyen de battre les rivaux étrangers avec

«
leurs propres armes. »
M. Paul Moulin voit M.Bourgeois (du Jura) étendre ses convoitises
sur toutes les assurances ; dans le Moniteur des Assurances il combat
donc contre l'Etat assureur avec la fermeté et la compétence qui lui sont
familières.
M. Gibon, dont la grande autorité en matière sociale est si justement
appréciée, considère que l'assurance obligatoire par l'État ne doit pas*
148 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A l.'ÉTRANGER

pénétrer dans notre législation, les oeuvres patronales libres qui cou-
vrent la France nous démontrent qu'elle y est rebelle, Notre cher p;i Vs
te

comprend que sa force et son honneur reposent, au point de vue écono-


mique et social, sur l'initiative individuelle et l'association, l'association
libre ! L'État, loin d'en contrarier l'expansion, devrait, par tous les
moyens, encourager le pays à suivre cette voie. »

Dernières observations critiques sur l'assurance par l'État. — L'ohli.


gation et les corporations, coup d'oeil sur leur histoire. — Opinion de Bee-
caria. — Qu'il s'agisse d'assurance sur la vie, contre les accidents, contre
l'incendie ou cdntre la grêle, contre la maladie ou mortalité des bestiaux,
la question de l'obligation se dresse toujours derrière l'État assureur.
Alors c'est décréter un recul de la civilisation et du progrès, puis-
que avec l'obligation apparaît le cortège des corporations :
De deux choses l'une, ou bien on va en avant avec la liberté et l'initia-
tive privée, ou bien sans elles on fait machine arrière et on retourne vers
le despotisme, l'arbitraire, l'illégalité.
Un écrivain distingué, dont l'habitude avant d'écrire est de jeter un
regard vers le passé, M. Edouard Olivier, docteur en droit, ancien juge
suppléant, détermine très nettement dans une de ses études (1) les con-
séquences de l'obligation :

« L'assurance obligatoire, dit-il, ne peut fonctionner sans larêorgani-


« sation préalable des anciennes corporations ou d'associations analo-
« gués. C'est ainsi qu'on Allemagne, des corporations professionnelles
« ont été créées pour faire face aux risques qui pèsent sur les patrons.
« En Autriche, à cause de la diversité des races, ces corporations sont
« territoriales et, par conséquent, réunissent plusieurs sortes de
« métiers.
« En France, les partisans de l'assurance obligatoire vantent volon-
«
tiers l'organisation du travail avant 1789 et les bons effets de nos
te
anciennes maîtrises et jurandes.
« Cette opinion est fondée sur une véritable erreur historique.
« Remarquons d'abord que pendant tout le xvin0 siècle jusqu'à
la
«
Révolution, les protestations sont générales pour condamner la rôgle-
« mentation du travail. Dans sa Théorie des Impôts », le marquis de
te

« Mirabeau trouve pour dépeindre la situation de la France cette expres-

(t) Journal l'Assurance Moderne, 16 mai 1895.


HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 149


sion saisissante : « Votre Empire, Sire, est noué d'un bout à l'autre. »
«
Si l'on jette un coup d'oeil sur l'histoire des corporations depuis la
léodalitô, on s'aperçoit bien vite que ces associations n'ont pas, à toutes
«


les époques, eu le même but, ni rendu les mêmes services.
«
Quand le pouvoir royal s'affaiblit, les seigneurs songèrent à faire
,
payer aux artisans le droit d'ouvrir boutique et d'exercer un métier.
Ceux-ci devaient acheter le droit de travailler. C'est alors que, pour

.,
mieux résister aux prétentionsdes seigneurs, et traiter à des conditions
,.
plus avantageuses, ces artisans formèrent des associations qui prirent
«
contre l'autorité féodale la défense des intérêts individuels.
t<
Plus tard, la royauté étant devenue assez forte pour empêcher les
«.
exactions des seigneurs, les corporations perdirent leur utilité primitive.
..
Elles tournèrent alors leurs préoccupations vers un autre objet. Elles
i:
devinrent les confréries fermées qui garantissaient à leurs membres et
«
à leurs héritiers une sorte de monopole, en élevant des obstacles à
l'admission des apprentis, des ouvriers et des nouveaux patrons.
i<
Cette prétention des corporations, qui troublait l'ordre social établi,
«
souleva de très vives protestations qui se firent jour dans les assemblées
..
des notables et dans les Etats généraux. A plusieurs reprises, la
royauté, prenant la défensede l'intérêt public, supprima les corporations.
«
Avec la Renaissance, les conditions politiques sont changées. La
féodalité a décidément disparu et les rois songent à se prévaloir de l'hô-
«
ritage des seigneurs. Les conseillers d'Henri III, modifiant l'ancienne
»
tactique, mettent les corporations sous la tutelle de la Royauté. Ils
1
déclarent que, comme aux temps du régime féodal, le droit de travailler
« est
domanial et royal et qu'il faut payer pour l'exercer.
«
Il est vrai que ce nouvel ordre de choses n'eut pas à l'origine l'im-
" portance qu'il prit aux siècles suivants, parce que l'organisation corpo-

* ralive n'était pas obligatoire pour tout le royaume. Les maîtrises et les
«
jurandes n'existaient que dans les grands centres industriels et avaient
" été créées sur la demande des intéressés eux-mêmes.

ee
C'est pendant le règne de Louis XIV qu'un ôdit ordonna à tous les
8 artisans de France de s'organiser en corps de métiers, et c'est précisô-

" ment à partir de ce moment que s'élevèrent les protestationsindignées

" qui ne prirent fin qu'avec la Révolution.

te
Pendant cette troisième période, l'organisation corporative avait
" donc pour unique but de permettre à la Royauté de lever de lourds

"
impôts sur le travail.
« De ce rapide historique, il ressort une double conclusion :

«
L'assurance obligatoire, qui rendrait les corporations nécessaires
150 HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

ee sur toute l'étendue du territoire de la France, nous ramènerait aux p|Us


te
mauvais jours de l'organisation du travail sous l'ancien régime.
ee
Le but principal des maîtrises et des jurandes n'a jamais été de
« mettre à la portée des ouvriers les moyen de gagner leur vie, et de
ee
trouver plus facilement une occupation appropriée à leurs aptitudes. (je
«
n'est que dans les documents officiels qu'on rencontre l'apologie intéres-
« sée des corporations; mais c'étaient desjustifications tardives et inven-
« tées pour cacher leur véritable rôle. »

M. Ed. Olivier a raison, tous les partisans de l'assurance obliga-


toire considèrent que la formation de corporations de patrons est
indispensable pour rendre effective leur responsabilité ; eh bien, ee
nouveau rouage introduit dans notre organisation sociale actuelle
réalise-t-il un progrès?
Cette question a généralement été laissée dans l'ombre. On accepte
ce résultat comme une nécessité. Il serait cependant prudent d'exa-
miner les effets de cette institution placée entre le gouvernement et les
citoyens.
Beccaria (1), dont l'autorité est indiscutable, étudie la constitution
des nations à un point de vue général. 11 compare l'antique organisation
des peuples fondée sur l'union des familles au groupement des indivi-
dualités suivant la méthode moderne. Ce savant auteur déclare qu'il n'est
pas convenable qu'il y ait entre l'État et l'individu une institution sociale
qui maintienne celui-ci en état de minorité après qu'il a atteint l'âge
où il est devenu majeur. Si la société est une association de famille,
il n'y a que les chefs qui sont libres; tous les autres hommes sont
esclaves. Une telle république serait formée d'une infinité de petites
monarchies administrées plus ou moins despoliquement par des chefs,
et, comme ce sont ces mômes chefs qui seraient chargés plus ou moin?
directement de faire les lois de l'Etat, l'esprit monarchique envahirait
peu à peu la nation tout entière.
L'esprit de famille est un esprit de détails et de minuties. C'est par la
mort des chefs que les enfants 'acquièrent la liberté qui leur donne une
existence ne dépendant que de la loi. Accoutumés à fléchir et à craindre
dans cet âge de l'activité et de la force, comment acquerront-ils plus tard
le courage et l'énergie nécessaires à leur nouvelle situation sociale i A
mesure que les sentiments qui nous attachent à ce qui nous entoure
augmentent, notre attachement à la patrie diminue. — Au contraire, si

(1) Boccaria. Traité des Délits et Peines, § XXVI : Do l'esprit de famille.


HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANGE EN FRANCE ET A I.'É'I'RANGER 151

l'association a lieu par individus, tout respire l'esprit de liberté. La sou-


mission et la crainte l'ont place au courage et au dévouement pour la patrie.
Telle est l'opinion du grand criminaliste du xvm° siècle sur la cons-
titution des peuples. Il distingue les associations par individus et les
associations par groupes.
L'organisation des corporations rentre dans cette seconde catégorie,
ot, quoique ces groupements ne s'appliquent pas à la nation entière, ils
soulèvent, au point de vue des personnes qui y sont soumises, les mêmes
objections et les mêmes critiques.
Les patrons incorporés aliènent nécessairement une part de leur
liberté. Sous l'ancien régime, ils ne parvenaient à se soustraire à la con-
currence qu'en se plaçant sous la double surveillance de leurs collègues
cl de celle des autres corporations qui veillaient pour défendre leurs
privilèges. Aujourd'hui encore, le même conflit renaîtrait entre les corpo-
rations pour la répartition de la responsabilité suivant les dangers inhé-
rents à chaque corps de métiers.
Quant aux patrons, leur surveillance réciproque serait peut-être
encore plus rigoureuse et plus insupportable, parce qu'elle s'exercerait
sur le bon état de l'outillage industriel et sur l'adoption d'appareils de
prévention contre les accidents. Toutes ces entraves à la liberté indivi-
duelle arrêteraient l'esprit d'initiative des uns, et compromettraient les
affaires des autres, en leur imposant des dépenses quelquefois excessives.
Les critiques do Beccaria s'appliquent donc avec toute leur force aux
corporations de patrons, et l'on ne saurait trop méditer les appréciations
de notre grand criminaliste.
Toute association obligatoire placée entre l'Etat et l'individu diminue
la liberté individuelle et, si elle ne s'applique pas à tous les citoyens, elle
porte atteinte au principe de l'égalité civile : double résultat qu'il n'est
pas permis de considérer comme un véritable progrès
Ne sont-ce pas là entre mille autres, que nous ne pouvons malheureu-
sement citer, des réponses triomphantes aux articles violents, utopistes
cl légèrement étudiés dontsont couverts les journaux quotidiens, rédigés,
imprimés et distribués au monde entier en cette fin de siècle de grâce, où
l'assurance élève une controverse extrêmement complexe?...

En 1895. — Voeux de Conseils généraux. — Les Conseils généraux


de 1895, comme ceux de 1818, subissent l'influence législative et votent
des voeux qui convergent généralement à l'idée de l'État assureur.
laissons.
152 HISTOIRE GÉNÉRALE DE l/ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Des faits!
— L'assurance par l'État ou obligatoire repoussée au
Sénat français et à la Société des Agriculteurs de France. —Ébranlement
de l'édifice allemand. —L'assurance officielle à Liège. —En Angleterre.
Des assemblées constituées : les Agriculteurs de France, le Sénat,
repoussent franchement l'assurance obligatoire et par l'Etat.
Nommé rapporteur de la loi des accidents du travail actuellement en
discussion au Sénat, M. Poirier écrit ceci dans son rapport approuvé par
la commission et la majorité du Sénat quant à l'obligation de l'assurance:

te
L'État, quoi que certains en pensent, fera toujours moins bien les
et
affaires des particuliers que ces particuliers eux-mêmes ; prétendre sub-
ee
stituer la prévoyance de l'Etat à celle de chacun, c'est faire fausse route
ee
et c'est assumer une bien lourde responsabilité.
« On peut ajouter qu'en agissant ainsi, l'État en arriverait prompte-
te
ment par l'habitude que prendraient les citoyens d'attendre de lui, en
« toute circonstance, aide et protection, à annihiler l'initiative indivi-
et
duelle. Et quand ce résultat funeste serait atteint, on verrait bientôt cet
«
État-Providence rendu responsable de toutes les déconvenues, voire
« même de toutes
les catastrophes.
et
Sont-ce là les moeurs que nous devons introduire dans notre démo-
«
cratie...?
« L'assurance
obligatoire nous apparaît donc en elle-même comme
« un système dangereux... >•>

Et M. Poirier, ne s'en tenant pas aux termes généraux, fait le procès


de l'obligation, documents et chiffres en mains établis par M. E. Gruner,
secrétaire général du Comité permanent des accidents du travail, et par
M. Léon Marie, membre agrégé de l'Institut des actuaires français.
En 1894, la question des assurances agricoles remplit une séance
presque entière de l'assemblée générale de la Société des Agriculteurs de
France.
On y discute les brillants rapports de MM. Cucheval -Clarigny,
Emile Salle, comte de Rocquigny.
La Société s'est formellement prononcée contre l'assurance par
l'État et contre l'assurance obligatoire. Elle a émis l'avis que, pour l'assu-
rance, soit contre la grêle, soit contre l'incendie, les syndicats agricoles
devraient, sans créer de Compagnies nouvelles, servir d'intermédiaires
entre les Compagnies existantes et les syndiqués auxquels ils pourraient
ainsi procurer des avantages considérables. Pour l'assurance contre la
mortalité du bétail, elle a conseillé aux syndicats la fondation d'insti-
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 153

tutions de prévoyance, notamment de mutualités à petit rayon et sans


cotisations préalables. Elle a recommandé enfin l'assurance contre les
accidents, que les syndicats pourraient encourager, soit en se constituant
intermédiaires entre leurs membres et les Compagnies, soit en créant,
sous leur propre patronage, des mutuelles régionales...
Le rêve de Guillaume II est réalisé... du moins en partie :

et
Je me propose, a dit l'Empereur, dans son discours d'avènement
., au trône, de continuer l'oeuvre de la législation sociale commencée par
.. mon grand-père ; je ne crois pas qu'il soit possible de bannir la
..
misère humaine à l'aide de mesures législatives, mais je pense que
.i
c'est le devoir du gouvernement de chercher à atténuer cotte misère,
..
et d'affirmer, par la création d'institutions nécessaires, la part qu'il
..
prend au sort des malheureux. »

En effet, le Temple majestueux de l'assurance par l'État, si bien


dépeint par M. Cheysson, existe et fonctionne en Allemagne ; il paye, en
1S94, 16 millions de francs d'indemnités et son administration lui coûte
5 millions 700,000 francs ; mais, aussi possôde-t-il le plus gigantesque
appareil bureaucratique qu'on puisse imaginer :
150 membres des comités de direction;
26 secrétaires des présidents ;
618 membres des délégations ;
58,633 assesseurs ;
289 contrôleurs ;
613 tribunaux d'arbitrage;
8,293 bureaux spéciaux ;
4,125 caisses chargées de recevoir les cotisations.
Total : une armée de 73,047 fonctionnaires.
Malheureusement des craquements sinistres se font entendre, l'édifice
menace ruine et bientôt peut-être, trop surchargé au sommet, il s'écrou-
lera, ensevelissantdans ses ruines l'héritage de Guillaume Iop : ce socia-
lisme d'État, drapeau sombre de l'Empire, dans les plis duquel son petit-
lils se drape...
Le rêve est à son déclin si nous en jugeons encore par divers autres
indices dont le suivant est significatif:
te
Un fait est bien certain, écrit le journal allemand LeKompass,
« organe de la corporation des mineurs, c'est que, dans l'état actuel de la

*'
législation et de la jurisprudence, l'ouvrier reste, pour ainsi dire, sans
« aucune responsabilité à l'égard de sa conduite pendant le travail, c'est-
12
154 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« à-dire des mesures de précaution qu'il prend ou qu'il ne prend pas


« pour éviter les accidents. Les sanctions pénales de peu d'importance
« que la loi attribue aux actes d'insubordination contre les mesures de
« précaution édictées pour les corporations sont nulles et non avenues.
ee
Gomment s'étonner alors que le nombre des accidents motivant indeni-
ee
nitô augmente d'année en année ? Nous ne pensons pas, certes, que cet
ee
accroissement considérable ait pour cause unique ou principale la
« négligence ou la faute lourde ; mais il est aussi impossible de nier
« l'influence de ces éléments que le fait des accidents insignifiants,
« autrefois passés sous silence, et aujourd'hui exploités pour l'obtention
« d'une rente. En conséquence, la corporation minière demande la
* revison de la loi de 1884, «de manière à rendre les ouvriers responsables
« en quelque mesure des accidents, en ce sens que l'indemnité normale
« serait diminuée en cas de négligence ou de faute lourde. »
Ce que réclament les mineurs allemands, c'est que la faute lourde
et la négligence cessent d'être assimilées à la force majeure ou à la
cause restée inconnue. La fédération'des corporations du bâtiment et
l'union des industriels du fer et de l'acier se sont empressé d'appuyer
ces réclamations et il est probable que toutes les autres corporations
adopteront les mêmes conclusions.
Les événements marchent à grands pas ; l'article du Kompass est
publié en janvier 1895, et à l'heure où nous écrivons ces lignes une dépê-
che de Berlin annonce que, dans une grande réunion provoquée par le
ministre de l'intérieur et le directeur général des offices des assurances et
retraites sociales, il a été pris en considération un projet qui renverse le
système en vigueur des rentes pour accidents, invalidité et vieillesse, en
raison des mauvais résultats constatés par l'expérience de ces dernières
années.
On se propose de renoncer à immobiliser les capitaux, comme on le
fait en France, dans la Caisse nationale des retraites. C'est ce qu'on
appelle la substitution du système de répartition à celui de la capitali-
sation .
Alors, n'est-ce pas la fin prochaine en Allemagne de cette loi de
tutelle, de ce régime archi-faux qui fait de l'État la Providence des
citoyens ?...
Dans le magistral mémoire que le Syndicat général des Compagnies
françaises d'assurances à primes fixes contre l'incendie a remis à la
Chambre des députés en mars 1895, nous relevons une note relative à
l'échec que vient d'éprouver l'assurance par l'État dans la province de
Liège.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L*ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 155

Voici cette noie :


Les cultivateurs ont été obligés d'assurer leurs bestiaux en vertu d'un
règlement provincial mis en vigueur le 1" janvier 1891 ; mais, à partir du
1" janvier 1893, le gouvernement a renoncé à continuer à les assurer
par suite de pertes qu'il a éprouvées. La province de Liège avait eu un
déficit. Le compte de gestion publié par le Conseil d'administration du
fonds provincial d'agriculture de la province de Liège pour l'exercice 1893
contient en effet les indications suivantes :
Les dépenses consistent :
1° En indemnités allouées pour sinistres, fr. 604.772 33
2° En frais généraux, savoir :
45,487 fr. 48 cent, pour perceptions, vété-
rinaires, inspections, et 23,338 francs pour
traitements, jetons et frais de bureaux, soit en
tout 68.875 56
s'élevant à fr. 673.647 89 673.647 89
Les recettes formées :
1° Des primes encaissées d'après un tarif
reconnu insuffisant, montant à 462.904 29
2° Et d'amendes et de produits montant à. 14.029 57
.
Représentant un total de fr. 476.933.86 476.933 86
L'exédent des dépenses sur les recettes est donc de fr. 196.714 03
L'État intervient et prend à sa charge 87.183 90
Reste à la charge du budget provincial un déficit de fr. 109.530.13
A ce tableau ajoutons les renseignements suivants extraits de la note
déjà citée.
Le personnel qu'avait choisi le gouvernement provincial a commis
des abus dans l'exercice de ses fonctions; la surveillance et le contrôle
ont fait défaut ; les cultivateurs faisaient de fausses déclarations concer-
nant surtout le nombre de bêtes qu'ils détenaient pour payer ainsi moins
de primes.
Il y a eu aussi beaucoup de protestations de la part des cultivateurs,
à la suite des nombreuses difficultés que les agents du gouvernement
leur créaient avant de régler leurs sinistres ; enfin, assureurs et assurés,
trompés et déçus, ont vu avec plaisir l'abolition de ce règlement pro-
vincial.
En Angleterre où l'assurance est libre, on repousse tout ce qui peut
être une atteinte à cette liberté.
Une note parue dans la Réforme sociale, en 1893, signale certaines
parties d'un rapport de M. Elie Sowerbutts,secrétaire delà Société royale
156 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

de géographie, sur les progrès des Sociétés diverses relevant du principe


du self-help et de leurs rapports avec l'État.
Voyons donc le pensée de M. Sowerbutts sur l'ingérence de l'État
dans le fonctionnement de l'assurance :

Tout le monde, dit M. Sowerbutts, reconnaît que les assurances en


«
« cas de maladie et de chômage ne peuvent être mieux administrées que
« par les Friendly Societies. C'est sur place et dans le cercle du voisinage
« que ces souffrances humaines doivent être traitées. Mais des philan-
« lliropes comme le chanoine Blackley voudraient forcer chaque citoyen
« à s'assurer ou, comme M. Charles Booth, que
l'État accordât unepen-
«
sionà tout citoyen. Un politicien habile, M. Chamberlain, s'est emparé
« de ces beaux plans et a saisi le Parlement d'une proposition par laquelle
«
l'État accorderait des subventions assez larges pour les doubler et les
te
tripler à tous les versements faits par les citoyens des deux sexes au
« Trésor pour s'assurer une pension de retraite dans leurs vieux jours,
ee
M. Chamberlain a modifié bien des fois sa proposition. Il l'a formulée
et en dernier lieu dans un projet comprenant neuf sections correspondant
te aux
différentes combinaisons d'assurance que les intéressés choisiraient.
« De son côté, le Registrar gênerai, désireux, comme tous les fonc-
« tionnaires, de voir accroître ses attributions, demande à ce que les
« sociétés de diverses sortes qui promettent des pensions de retraite soient
« astreintes : 1° à l'emploi de tables de mortalité approuvées par le gouver-
« nement ; 2° à ce que ce département de leurs opérations soit soumis à
« une inspection rigoureuse ; 3" enfin à ce que les fonds destinés à assu-
« rer une pension de retraite soient versés par ces sociétés au bureau de
« poste local pour être employés par le Trésor.
Pour en revenir à la question des assurances de retraites par l'Étal,
t<

«
les Friendly Societies font une vive opposition au projet de M. Cham-
« berlain ainsi qu'à celui du Registrar gênerai. Elles ont constitué un
« comité pour défendre leurs droits et repousser une ingérence de l'Etat
« dans leurs affaires qu'elles considèrent comme contraire aux intérêts
« bie*h entendu» des classes populaires ; car cette ingérence étoufferait
« l'esprit d'initiative et d'épargne chez le peuple anglais. Elles invoquent
tt avec
raison les grandes réformes que les Affiliated Orders, Old Fél-
in
lotos, Foresters et autres ont su accomplir dans leurs combinaisons
« d'assurance depuis vingt ans. »

Dans la dernière partie de son mémoire, M. Sowerbutts précise


l'état actuel des assurances ouvrières en Angleterre, puis il rend compte
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A 1,'ÉTRANGER 157

de la grande assemblée des Friendly, en 1892, assemblée dans laquelle


étaient représentées vingt-deux Sociétés comprenant 2,425,440 membres
avec un fonds accumulé de 17,498,670 livres.
Des manifestations de ce genre, conclut le secrétaire de la Société
royale de géographie, ont un grand poids, et quand on les rapproche de la
démarche faite par les mineurs du Durham auprès de M. Gladstone pour
nu'il combatte le projet de bill limitant à huit heures la durée de la
journée dos mineurs, on voit qu'en Angleterre le socialisme d'Etat ren-
contre une énergique résistance dans l'élite de la classe ouvrière, qui ne
veut pas être sacrifiée aux paresseux et aux imprévoyants.

En Suisse. Sa forme fïderative ; le canton assureur ; la police obli-


gatoire du canton de Vaud ; son caractère oexaloire ; cantons de Fribourg,
Claris, Genève, Saint-Gall ; le socialisme d'Etat repoussé par le peuple;
l'assurance obligatoire repoussée par le Bureau Jédérai des assurances.
Dans tous les pays qui, comme l'Allemagne, la Suisse ou les États-
l'nis, sont organisés sous la forme fédéralive, c'est-à-dire où l'Etat se
compose d'un agrégat de pays indépendants dans une certaine mesure,
la législation présente un double caractère. D'une part, il y a des lois
générales que l'on appellera lois fédérales en Suisse, ou lois d'empire en
Allemagne, et dont la sphère d'application s'étendra à tous les États qui
composent la Confédération. D'autre part, chacun des petits États conser-
vera le droit de légiférer pour ses intérêts particuliers, et les limites de
ce pouvoir législatif et de celui de la Confédération seront généralement
dêlinics par la Constitution fédérale.
C'est ce qui est arrivé en Suisse. Ainsi nous voyons que, pour le
contrat d'assurance, la Constitution fédérale du 29 mai 1874 en a réservé
la réglementation à la législation fédérale par la formule un peu large de
l'article 64.
La législation sur toutes les matières du droit se rapportant au
te

« commerce et aux transactions mobilières est du ressort de la Confô-


« clôration. »
Mais, lorsque l'on discuta le Code des obligations, l'on ne put
s'entendre sur les règles à appliquer au contrat d'assurance et l'on dut
l'ôserver la question. C'est ce qui explique la teneur de l'article 896 du
Code fédéral des obligations du 14 juin 1881
:
« Jusqu'à la promulgation d'une loi fédérale sur le contrat d'assu-
* rance, les dispositions spéciales qui peuvent exister
sur la matière dans
* 'e droit cantonal resteront en vigueur.
»
158 HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

La Suisse est l'un des pays qui sont entrés le plus résolument dans
la voie du socialisme, en tant que système économique; par exemple
dans presque tous les cantons, c'est l'État qui est assureur; c'est la caisse
cantonale qui administre les assurances, quelquefois avec un monopole.
Ainsi, dans le canton de Vaud, il y a un établissement d'assurance
mutuelle et obligatoire contre l'incendie et relevant du département de
l'intérieur : la prime d'assurance est une sorte d'impôt dû par tout pro-
priétaire d'immeuble.
Les dispositions législatives du canton de Vaud, en matière d'assu-
rances contre l'incendie, sont renfermées dans deux lois, l'une du
15 août 1874, modifiée en partie par une loi du 28 mai 1878, pour l'assu-
rance des bâtiments, l'autre du 28 novembre 1877, pour l'assurance du
mobilier.
Les premiers mots de la loi de 1874 en expliquent bien le but :
11 y a dans le canton un établissement d'assurance mutuelle et obli-
ee

« gatoire contre la perte résultant de l'incendie des bâtiments. »


Cet établissement est administré par le département de l'Intérieur,
sous la surveillance du Conseil d'Etat. Tout bâtiment construit sur le
territoire du canton fait obligatoirement partie de l'assurance mutuelle, à
l'exception de ceux qui servent à la fabrication cl au dépôt de matières
explosibles. Les immeubles par destination sont compris aussi dans
l'assurance immobilière.
L'assurance garantit les dommages causés par l'incendie ou par la
foudre, même sans embrasement, à l'exclusion de dommages causés par
l'explosion de machines à vapeur, de gaz ou de poudre. S'il y a eu
incendie à la suite de l'explosion, l'assurance n'indemnise que pour
la partie incendiée. La valeur des bâtiments, soit au point de vue de la
quotité de la prime, soit à celui de l'évaluation de l'indemnité, est
déterminée par la taxe des immeubles au cadastre, déduction faite de la
valeur du sol.
En cas d'incendie, si la perte du bâtiment est totale, l'indemnité est
égale à la somme portée au cadastre ; si la perte est partielle, l'indemnité
est calculée en raison du dommage éprouvé et doit être exprimée par une
partie aliquote de la valeur totale du bâtiment; quant aux sinistres de
minime importance, ils sont appréciés par une somme fixe.
L'assurance ne devant jamais être pour l'assuré une source de béné-
fices, si depuis l'évaluation primive l'immeuble a diminué de valeur, pou1'
quelque cause que ce soit, l'indemnité ne sera basée que sur la valeur
réelle du bâtiment au moment de l'incendie.
Lorsqu'un bâtiment a été détruit bu endommagé par un incendie, Ie
HISTOIRE GÉNÉRALE UK L'ASSURANCE BN FRANCE ET A L'ÉTRANOBR 159

propriétaire est tenu d'en aviser immédiatement le juge de paix qui doit,
gans délai, procéder à une enquête sur les causes du sinistre.
Celui qui est condamné pour incendie volontaire est déchu de tout
droit à une indemnité pour l'incendie de son propre bâtiment, et peut
même être poursuivi parla Caisse d'assurance pour le payement d'indem-
nités qu'elle aurait payées à un tiers. Mais, môme dans ce cas, les
créanciers qui ont privilège ou hypothèque sur l'immeuble, et qui dans le
canton de Vaud comme dans celui de Genève (lois du 5 novembre 1864
el du 21 septembre 1890) ont un droit de préférence sur l'indemnité
d'assurance, ne perdent pas leur créance. Ils ont droit au payement jus-
qu'à concurrence de l'indemnité; la Caisse d'assurance se trouve, par
suite, subrogée à leur créance.
Sont déchus de tout droit à l'indemnité ceux qui se sont assurés ail-
leurs qu'à l'établissement cantonal, sans que pour cela ils soient exempts
de leur part contributive à l'assurance obligatoire.
Lorsqu'un bâtiment a été détruit ou endommagé par un incendie, le
juge de paix fait une enquête avec l'aide d'experts, et remet un rapport
sur l'évaluation du dommage au receveur des Finances, qui le transmet
au département de l'Intérieur. Cette dernière administration et l'assuré
peuvent contester l'évaluation dans un délai de dix jours ; le litige est jugé
par arbitres. L'indemnité ne peut être payée qu'après un délai de trois
mois à partir de la publication dans une feuille officielle, accompagnée
d'avis adressés aux créanciers privilégiés ou hypothécaires.
Pour couvrir les indemnités et pour former un fonds de réserve, il est
perçu sur tous les bâtiments une contribution ou prime d'assurance, dont
le recouvrement est fait en même temps que celui de l'impôt foncier, et
pour sûreté de laquelle l'État a également un privilège.
Tout bâtiment paye une prime minimum de 80 centimes pour mille
francs de valeur assurée; certaines circonstances, telles que le caractère
de combustibilité du toit ou des façades, la contiguïté avec d'autres bâti-
ments, font augmenter cette prime de 5 à 25 centimes pour mille.
En outre les primes suivantes sont dues pour l'exercice d'une indus-
trie :

Pour une industrie de petit risque, telle que boulangeries, petits mou-
lins, hôtels, 20 centimes
pour mille.
Pour une industrie de moyen risque, telle que papeteries, tissages,
teintureries, gares de marchandises, 40 centimes pour mille.
Pour une industrie de grand risque, telle que théâtres, distilleries,
huileries, dépôts de matières inflammables, 60 centimes pour mille.
Le fonds de réserve ne pourra exoèder cinq millions; il servira à
160 HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A 1,'ÉTRANGER

solder les indemnités dans le cas ou les primes annuelles seraient insuffi,
santés; lorsqu'il aura atteint cette somme maximum', le Conseil d'Éiat
réduira le chiffre des primes. Si, en cas de nombreux sinistres, le fonds de
réserve était insuffisant pour couvrir les indemnités, il y serait pourvu
par décret.
Quant à l'assurance mutuelle contre la perte du mobilier, elle est
réglée par la loi du 24 novembre 1877, qui reproduit une partie des dis-
positions de celle du 15 août 1874 sur les bâtiments. Nous n'analyserons
donc que ce qui lui appartient en propre et ce qui la distingue de la pre-
mière.
Tout habitant du canton qui a en sa possession des objets mobiliers
— on voit que la formule est large — est tenu de les faire assurer à réta-
blissement cantonal.
Sont cependant exclus de l'assurance les objets ci-après: le mobilier
et les marchandises placées dans un bâtiment affecté à une industrie de
grand risque, si leur valeur dépasse 20,000 fr., ou de moyen risque, si elle
est supérieure à 40,000 fr. ; les monnaies, lingots, médailles, les bijoux et
les tableaux, les manuscrits et titres de créance, les matières explosibles.
les objets d'art, les décors de théâtre, le matériel roulant des chemins de
fer, les bateaux, les ponts et les bâtiments qui ne sont pas fixés au sol.
L'assurance est faite normalement pour un an, mais elle peut être
contractée pour une période plus courle ; dans ce dernier cas la prime est
proportionnellement plus forte.
Les objets à assurer sont divisés en trois catégories. La première, qui
se compose des matières incombustibles, des meubles, du linge et du
bétail, paye 60 centimes pour mille ; la deuxième, qui comprend les récol-
tes et les bois, paie 80 centimes par mille ; la troisième, qui comprend tous
pas autres objets, à l'exception de ceux que l'on ne peut assurer, paye
1 franc par mille. Les circonstances aggravantes sont les mêmes que
pour les risques immobiliers et sont tarifées également.
Le fonds de réserve pour l'assurance contre l'incendie du mobilier
.
est fixé à deux millions.
L'assuré qui exagérera sciemment le montant des dommages éprou-
vés, ou qui se sera abstenu de déclarer une circonstance aggravante du
risque, pourra être déclaré déchu de ses droits à une indemnité. 11 en
sera de même si la valeur des objets sauvés est équivalente ou supérieure
au montant des déclarations de l'assuré.
Les derniers articles de la loi montrent bien le caractère vexatoire et
tyrannique auquel aboutit toujours l'assurance par l'État. Toute assu-
contre la perte du mobilier d'incendie autre que celle établie
rance en cas
HISTOIRE IIÉNÉRAI.E DE L'ASSURAXCE EN FRANCE ET A l.'ÉTRANOER
1;
161

par la loi, est interdite. Les agents de ces assurances et les assurés n'ont
aucune action devant les tribunaux. Voilà donc toute une catégorie de
citoyens mis hors la loi sur la terre classique de la liberté.
En outre les assurés contrevenants perdent en cas d'incendie tout
droit à une indemnité de la part de l'assurance cantonale.
Les risques dangereux ne sont pas assurés. En cas de sinistre la
règle proportionnelle n'existe pas.
Enfin un dernier article met le comble à la mesure : les collectes en
laveur de personnes atteintes par un incendie sont interdites en principe.
Une loi du 28 mai 1878 a même rendu celte disposition applicable à l'in-
cendie des bâtiments.
Voilà où en arrive l'assurance obligatoire par l'État. L'assurance
privée, elle, du moins, a su toujours concilier les intérêts économiques
avec ceux de l'humanité.
Le canton de Fribourg assure également contre l'incendie. Mais il
n'assure les immeubles que pour les quatre cinquièmes de leur valeur.
N'est-ce pas un aveu d'impuissance?
En 1894, le canton de Glaris avait essayé d'établir un bureau officiel
d'assurances contre l'incendie des objets mobiliers, obligeant les habi-
tants à s'y assurer, mais exceptant les risques de marchandises et de
magasins. Aussitôt les Compagnies ordinaires d'assurances décidèrent,
de ne plus assurer ces risques dans le canton. Il s'en est suivi de nom-
breuses plaintes des commerçants, qui placent le Conseil d'Etat dans une
situation très difficile.
Dans le canton de Genève on avoue l'insuffisance de l'Etat assureut*
en décidant de liquider la caisse cantonale d'assurance immobilière créée
par une loi du 15 novembre 1864. En effet, l'État est effrayé des dangers
qu'il court par suite de l'agglomération exceptionnelle des risques.
Dans le canton de Saint-Gall, vu les réserves et restrictions
qu'oppose la Caisse constituée en 1871 pour l'acceptation des risques, une
Union des propriétaires d'immeubles se forme et réclame la suppression
de l'assurance par l'Etat...
Mais la Suisse peu à peu se reprend :

» De toutes parts, en Suisse, dit la Réforme sociale lors du rejet par


" le peuple suisse des « Syndicats obligatoires » et du « Droit au Travail »,
r dans les Chambres fédérales, dans les réunions des partis, dans les
Assemblées cantonales, on voit s'accentuer les courants de réaction,
11
déterminés par les préférences populaires, contre les idées d'importa-
" tion allemande qui depuis dix à douze ans avaient semblé prévaloir
13
162 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÊTRANGER

« chez nos voisins en faveur du socialisme étatiste. Les divers mono-


« pôles proposés naguère,
celui des allumettes, celui d'une banque
«
d'État, ne semblent pas appelés à beaucoup de succès quand on vu
te
prochainement statuer sur leur sort. L'assurance obligatoire en cas de
ee
maladie et en cas d'accident, pour laquelle, il y a deux ou trois ans à
i peine, la Suisse paraissait de toutes les nations européennes la plus
« avancée dans les voies allemandes, bien loin
d'aboutir, voit de jour en
« jour reculer l'époque où les Chambres
aborderont la discussion des
« projets Forrer, qui, nous l'avons déjà dit, ne satisfont
jusqu'à présent
« personne. Bref, il devient de moins en moins probable que nos voisins
« renoncent au sage libéralisme économique qui était une des forces de
« leur laborieuse et prudente démocratie »
Comme l'affirme, d'autre part, la Bibliothèque universelle, on ne veut
en Suisse es ni du Droit au Travail, — que l'État n'a pas la mission ou le
« pouvoir de garantir, ni du minimum de salaire, grossière
aberration
<e
économique, ni d'une réduction des heures de travail, qui n'aurait
et
d'autre effet que de rendre le travail plus abondant pour nos concur-
« rents étrangers, ni de
l'organisation des bourses de travail rôvolulion-
« naires à l'instar de celle de Paris, ni de la protection légale des agita-
it teurs
ouvriers contre leurs patrons, ni de l'assurance publique contre
« le chômage, gouffre que ne suffiraient pas à combler toutes les
« ressources de l'État, ni de la permission accordée aux grévistes d'em-
« piôter sur la liberté du travail, ni enfin du transfert de l'autorité patro-
c nale aux mains de meneurs irresponsables (1). »

D'ailleurs le Bureau fédéral des assurances, ce Bureau qui compte


des hommes si compétents et si remarquables, constate dans son rapport
de 1886 les dangers du monopole de l'assurance par l'État :
« Il y avait alors à
choisir, dit-il, entre trois systèmes : 1° création
ee
d'une institution nationale; 2° concordat entre les institutions cantonales;
« 3° assurance
libre.
ee
Le premier de ces trois systèmes ne rencontra que peu de sym-
« patine. Le deuxième échoua contre des difficultés insurmontables
rôsi-
« dant dans la diversité des risques d'incendie, dans l'inégalité
d'étendue
« des cantons et dans la différence des chiffres de sinistres par cantons.
« Le troisième système, l'assurance libre, fut proclamé comme
le seul

(1) M. Numa Droz, ancien Président de la Confédération, vient de publier m»


remarquable article, dans la Bibliothèque universelle, dans lequel il repousse l'assu-
rance obligatoire accidents.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANOER 163

«
juste. On ne se bornait pas à exiger la disparition de l'injustice résidant
«
dans une classification défectueuse ou dans un manque complet de
.
classification ; on déclarait ces erreurs comme étant les conséquences
«
nécessaires de l'exploitation par l'État. L'État ne devait pas, d'ailleurs,
.
disait-on, s'occuper de choses qui ne rentrent pas dans ses attributions
*
et qui peuvent être réglées plus facilement par l'initiative privée. Le
«
citoyen peut agir par lui-même dans les questions qui touchent à ses
«
intérêts économiques, sans voir continuellement l'État s'immiscer
,.
dans ses affaires. »

N'allons pas plus loin ; il est maintenant démontré que l'assurance


obligatoire et par l'État est un projet de réalisation dangereuse.

Création d'institutions de prévoyance et d'assurance par le législateur


ci par l'Etat. — Les caisses du quai d'Orsay. — Les grandes commissions
/larlementaires du travail et des assurances sociales. — La direction des
assurances sociales au Ministère du Commerce. — L'Office du travail; son
histoire en France et à l'étranger ; ses travaux. — Ce qu'ilfaut penser de
i'es diverses créations.
En 1880 nous écrivions dans Le Petit Dictionnaire des assurances (1)
au mot ee Caisses d'assurances régies par l'Etat » :

«.
CAISSES D'ASSURANCES RÛGIUS PAR L'ÉTAT. — L'État a institué trois
«
caisses d'assurances :
<e
1" La Caisse d'assurances contre les accidents ;
ee
2" La Caisse d'assurances en cas de décès ;
«
H" La Caisse de retraites pour la vieillesse.

ee
Dans la première, le système d'assurance est peu développé; les
«
accidents sont divisés simplement en : accidents ayant occasionné une
«
incapacité absolue de travail et accidents ayant entraîné une incapacité
« permanente de travail professionnel.

« La Caisse d'assurances en cas de décès comprend des assurances


« collectives réservées aux Sociétés de secours mutuels et des assurances

« individuelles dont le capital assuré ne peut dépasser 3,000 francs.

ee
Enfin la Caisse de retraites pour la vieillesse n'assure pas de rentes
» supérieures à 1,500 francs.

« Mais ces caisses, si restreintes dans leurs combinaisons, n'ont

(1) Par Georges Hamon. Librairie des Assurances, Éditeur.


KVl HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A 1.'ÉTRANGER

» pas obtenu la faveur du public qui préfère s'adresser aux Compagnies


«
d'assurances où il trouve toutes les conditions, tous les avantages ot
«
enfin des facilités répondant complètement à ses besoins si variés.
« C'est ce qui explique évidemment pourquoi ces caisses végètent
« depuis leur
fondation déjà ancienne, et ont donné des résultats si peu
« encourageants pour les partisans de l'assurance par
l'État.
« Ainsi que l'a prouvé, dans une brochure spéciale, M. de Kertanguv,
« un
de nos assureurs les plus distingués, ces assurances, notamment
o pour
la caisse des retraites, sont calculées d'après des tables de; morla-
«
litô absolument défectueuses et des taux trop élevés de capitalisation.
« L'Elat a
voulu faire oeuvre de philanthropie avant tout; il a dédaigné
«
la formule scientifique et l'élément de statistique des Compagnies, mais
«
c'est à son détriment, ou plutôt à celui des contribuables.
« En
effet, l'année dernière, à propos d'un nouveau projet de loi sur
« la
caisses des retraites (projet qui, jusqu'à présent, n'a ôlé voté qu'en
«
première lecture), M. Tirard, alors ministre des finances, a été forcé
«
d'avouer à la tribune de la Chambre que la caisse des retraites
« a
subi différents déficits dont le total atteint le chiffre énorme de 85 mil-
« lions, somme
qu'il a fallu naturellement prendre dans le Trésor. Or, ce
«
déficit ne peut aller qu'en augmentant, tant que cette institution gou-
«
vernementale existera et qu'elle aura des opérations à apurer.
« Et ce
qu'il y a de plus singulier, c'est que les sacrifices que s'im-
« pose
l'État ne profitent pas à ceux auxquels le gouvernement s'inté-
« resse
le plus. Ce n'est pas l'ouvrier qui s'adresse à cette caisse fondée
« spécialement pour
lui, ce sont les rentiers, parce qu'ils y trouvent un
« bénéfice. Ces
derniers vont y verser le maximum de rente viagère
* qu'on y accepte, et
ils portent le surplus dans les Compagnies d'assu-
« rances.
te
En outre, l'Etat offre dans cette institution 2 0/0 environ de plus
•t aux
rentiers qu'il ne permet aux Compagnies de leur servir. 11 fait donc
« à ces
dernières une concurrence d'autant plus préjudiciable que les
« armes sont
inégales.
« Cette situation,
due à l'imprévoyance du législateur, ne peut durer
te sans causer un déficit considérable et croissant au Trésor ; et cependant
« on
voulait, l'année dernière, accorder 4 1/2 aux déposants, et peut-être
«
même 5 0/0 aux Sociétés de secours mutuels. Or, les meilleurs place-
« ments ne rapportent
actuellement que de 4 ai.1b 0/0. Où l'État ira-t-i!
c donc
chercher les différences qui lui manqueront ?
« On peut
juger, par ce rapide exposé, de la compétence de l'État en
te
matière d'assurance, et as faire une idéo de la situation dans laquelle co
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A 1,'ÉTRANGER i().r>

,
dernier mettrait les finances du pays, s'il prenait en mains l'industrie

des assurances.
«
En attendant qu'une loi supprime ou modifie sagement et logi-
«
quement le principe des trois caisses dont nous venons de parler, c est
»
le contribuable qui paye les erreurs et les philanthropies de l'État. »

Aujourd'hui, dix ans sont écoulés; la situation de ces caisses est-elle


changée, est-elle améliorée?
Rien n'est changé, rien n'est amélioré.
Ouvrons les journaux qui commentent les résultats des derniers
exercices des Caisses d'assurances régies par l'État, et nous serons
convaincus une fois de plus de l'impossibilité dans laquelle est placé
flïtat d'être un bon assureur quoi qu'en pensent, disent ou écrivent les
admirateurs de Girardin et de sa doctrine sur l'assurance universelle (1).
Du Journal des Débats;

«
Lors de l'apparition du rapport officiel sur la situation des caisses
«
d'Etat, le Journal des Débats signalait les maigres résultats donnés
« notamment par la caisse d'assurances en cas de décès créée par l'État
«. en 1868, et il s'étonnait du nombre relativement faible de ses adhérents.

Nous no pouvons, à l'occasion de l'Klal assureur, nous dispenser de reproduire-


(1)
à titre d'extrùmo curiosité laconceplion de l'assurance universelle de M. E. de Girardin
{Politique universelle) :
<.
La politit|ue universelle, telle que.je la conçois, c'est l'assurance universelle.
«
A chacun sa lâche.
« Aux prêtres catholiques-d'enseigner et de démontrer l'existence de la Trinité,
du poché originel, de l'éternité des peines du purgatoire, de la transsubstan-
.
lialion, etc..
"
Aux ministres protestants d'enseigner et do démontrer qu'il n'existe et ne doit
»
exister que deux sacrements, le baptême et la cène, etc..
«
Aux philosophes de toutes les écoles d'enseigner et do démontrer le contraire
« do ce qu'enseignent et démontrent les ministres de tous les cultes.

« Plus étroite est la tâche que je me suis assignée.

« Je suppose, je veux supposer :


«
Que Dieu n'existe pas ou que, s'il existe, il est impossible à l'homme d'en
« elômontrer l'existence;

«
Que le monde existe par lui-môme et par lui seul ;
« Que l'homme n'a aucune faute à racheter;

« Qu'il porte avec lui la mémoire et la raison, comme la flamme porte avec elle
* la chaleur et la clarté ;

« Qu'il ne revit charnellement que dans l'enfant qu'il procrée;

« Qu'il rie âe survit intellectuellement que dans l'idée par laquelle il s'illustre
166 HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« Un de ses abonnés appelle son attention sur le fonctionnement decelio


« institution. Par une particularité qu'on ne s'explique guère, la Caisse
« ne fait pas subir d'examen médical aux candidats à l'assurance. Pour
« atténuer les risques énormes qu'elle courrait de ce fait, elle ne verse pas
te
les sommes assurées aux ayants droit des assurés qui meurent dans
« le cours des deux premières années de la signature de la police. Elle
« restitue seulement, dans ce cas, les versements effectués. Cette clause
« anormale éloigne la plupart des personnes disposées à s'assurer, ut
« c'est facile à comprendre. Quand on s'assure sur la vie, on veut pon-
te
voir être tranquille sur le sort de sa famille, dès le lendemain de la
te
signature du contrat. Par contre, si cette clause écarte les gens pré-
et
voyants et d'une santé normale, elle attire, au contraire, les débiles et les

<e
Qu'il ne doit donc pas s'attendre à recevoir dans une vie future la récompense
« ou le châtiment de sa conduite présente;
«.
Que le bien et le mal n'existent pas substantiellement, absolument, incontestu-
«
blement par eux-meimes, qu'ils n'existent que nominalement, relativement, ailii-
«
Irai renient;
« Qu'il
n'existe effectivement que des risques contre lesquels l'homme, obéissant
« à
la loi do conservation qui est en lui et commandant, à la matière, cherche ii
«
s'assurer par les moyens dont il dispose
«
Du risquo de l'attaque est née la nécessité do la défense;
« De
la nécessité do la défense est-née la pensée de s'associer ;
« De
la pensée de s'associer sont nées, sous divers noms, la commune et la
a
nation, l'une étant à l'autre ce que la javelle est à l'herbe;
et Les
nations, afin de diminuer les risques d'atteinte portée à ce qu'elles appelaient
« et à ce
qu'elles appellent encore leur indépendance, se sont longtemps appliquées
«
à grossir le chiffre de leur population et à reculer la limite de leurs territoires
«
jusqu'à ce qu'elles eussent pour frontières, autant que possible inviolables, les
«
fleuves les plus larges ot les montagnes les plus hautes.
« Du risque d'être tué ou volé sont nées l'institution de la justifie et l'organisation

«
d'une puissance publique dont l'exercice soit à l'abus do la force individuelle ce que
i.
le contrepoids est au poids.
n Ainsi, chaque risque a donné
lieu à nu moyen correspondant do l'affaiblir ou de
i l'écarter.
La religion elle-même fut un moyen primitivement et universellement imaginé
«
te par le faible pour contenir le fort, par l'opprimé pour fléchir l'oppresseur, par le
« pauvre pour apitoyer le riche...
« Le calcul des probabilités,
appliqué à la mortalité humaine, aux risques niari-
«
times, aux cas d'incendie ou d'inondation, a donné naissance à une scienci'
« nouvelle qui n'est encore qu'à son berceau : celle des assurances. Le calcul elos
i.
probabilités, appliqué à la vie des nations aux cas de guerre et'de révolution, est \e
«
fondement de toute haute politique. Selon que ce calcul est rigoureux ou faux,
"
approfondi ou dédaigné, la politique est glorieuse ou funeste, grande ou petit''-
« Gouverner, c'est prévoir...
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 167

malades, les refusés des grandes Compagniesqui, là, n'ont rien à ris-
«

, quer. S'ils vivent deux ans et un jour, l'assurance est valable. Or, un
grand nombre de maladies chroniques durent plus de deux ans, en

moyenne. Si les médecins de France connaissaient cette clause, ils
«
pourraient pousser à l'assurance auprès de la caisse de l'État lss pères
«


de famille chez lesquels ils reconnaissent, les germes d'une maladie mor-
<
telle à longue échéance. A ce point de vue, il est heureux, pour le bud-

get, que l'existence de cette caisse ne soit pas très connue, ce qui
«
s'explique, dans unecertaine mesure, par le fait qu'aucun de ses agents
ii
n'a intérêt à augmenter sa clientèle. »

Du fonctionnement passons aux résultats.


Le journal le Soleil écrit ce qui suit :

« Il n'est pas possible de lire le rapport inséré au Journal officiel

n
Les risques sont de deux natures ; premièrement, il y a ceux qui existent par
u
eux-mêmes ; de ce nombre sont le naufrage, la foudre, l'incendie, la grêle, la gelée,
i
l'inondation, etc.; deuxièmement, il y a ceux qui n'existent que par le fait de la société
..
telle que l'homme l'a instituée; do ce nombre sont la guerre, la piraterie, le
meurtre, le rapt, le viol, le vol, les fraudes, les voies de fait, etc
» Les
premiers de ces risques ont été considérablement diminués par les efforts
opiniâtres de la science, victoires de l'homme remportées sur la matière...
i.
Quant aux seconds, à ceux qui n'existent que par le fait de la société telle que
..
l'homme l'a instituée, il suffirait pour qu'ils se dissipassent de l'observation univer-
«
selle de ce précepte ôvangolique : JVe pas faire à autrui en que l'on ne voudrait pas
«
qu'il nous fil. Toute la question se réduit à donner à ce précepte la rigueur incon-
•i testée
d'un axiome géométrique.
.i
Ayant, pris pour point de départ de mes travaux les suppositions que je viens
« d'énoncer sommairement, je me
suis demandé s'il était possible de concevoir et de
fonder une société qui, réduisant tout mathématiquement à des risques judicieu.se-
" ment prévus et
à des probabilités exactement calculées, aurait pour unique pivot
.
l'assurance universelle.
<'
Je me suis demandé si une société fondée sur cette supposition, fausse ou
" vraie, et tournant sur ce pivot, comme la terre sur son axe, vaudrait moins que la

' société qui repose sur une distinction arbitraire entre le bien et le mal, distinction
« arbitraire puisqu'elle a varié ot qu'elle varie encore selon la diversité des temps et

dos pays, des religions et des lois.


•i
On remarquera que, respectant toutes les croyances, quoiqu'elles so contre-
" disent, je n'attaque aucune des religions qui se pratiquent.

« Chacune d'elles affirmant que


les autres sont des impostures, ou, pour le moins,
" des erreurs, dans l'impuissance de les mettre d'accord, j'ai entrepris de me passer
" d'elles »
Et dire que l'assurance par l'État repose sur cetto idée de Girardin III
ll)8 HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A 1
.'ÉTRANGER

«
d'hier matin et relatif aux opérations des caisses d'assurances en cas
« de décès et en cas d'accidents, sans faire quelques réflexions sur l'im-
«
puissance absolue de l'État dans la solution des difficultés sociales, lois
"
qu'il n'intervient pas avec des mesures coercitives.
«
Les personnes qui croient à la concentration fatale des services.
<•
publics entre les mains de l'Etat, soit sous forme administrative, soit
« sous forme
corporative, puiseront dans l'étude de ces neuf colonnes de
«
journal, rébarbatives et hérissées de chiffres, un enseignement sain-
« taire et capable de
modifier leurs idées sur ce point.
« Les deux caisses ont été
organisées le 11 juillet 18G8. Depuis cette
« époque
il y a eu à la caisse d'assurances en cas de décès 2,37(1 assuran
a ces
individuelles et 1,511 assurances collectives (société de secours
t.
mutuels). La décadence lamentable de cette institution continue, puis
i. que en
1894 il n'y a eu que 97 assurances individuelles au lieu de 1S2
« en
1893, et la situation delà caisse d'assurances contre les accidents
« n'est pas
plus brillante. Depuis le 11 juillet 1868 les assurés ont verse :t
« la
caisse 230,510 fr. 00 centimes; en revanche, l'Etat a versé, soit cont-
es me subventions, soit comme arrérages de rentes, 5.953,088 fr. 50 cen-
tt
times. C'est donc un beau cadeau fait par l'État aux assurés. Or, en
te
1894, la caisse à eu à régler sept sinistres dont six ayant entraîné une
« incapacité permanente
de travail et un ayant occasionné la mort de
ee
l'assuré. Sur ces sept sinistres deux seulement s'ètaientproduits en 18!)-1;
« les autres
remontaient à des années antérieures.
et
Et ces caisses sont surveillées par une commission supérieure
« composée
de trois sénateurs, trois députés, deux conseillers d'E.tat, le
ee
président de la Chambre de commerce de Paris, et huit autres grands
« personnages du même ordre !

et
On peut admirer là sur le vif la beauté et l'utilité de notre bureau-
« cratie et les
excellents résultats auxquels aboutit l'Etat moderne lors-
« qu'il prétend faire le bonheur de ses
administrés. »

Il ne faut pas croire cependant que les caisses du quai d'Orsay si


délaissées actuellement furent mal accueillies à leur sortie des urnes du
Corps législatif; tout au contraire la presse de ce temps leur fil mille
souhaits.
M. Maas écrit que « l'assurance a reçu ses lettres de grande natura-
lisation » et M. Reboul signale en ces termes, dans le Moniteur des
assurances, l'avènement des deux caisses, décès et accidents :
Loi SUB, LE» PETITES ASSURANCES PAU L'ÉTAT* — « Le Corps
HISTOIRE GÉNÉRALE HE I,'ASSURANCE EN l.'RANCE ET A L'ÉTRANUEH ilii)

,
législatif vient de voter la loi relative à la création de deux caisses
,.
d'assurances, l'une en cas de décès, l'autre en cas d'accidents
,,
résultant de travaux industriels ou agricoles. Cette loi a donné lieu à
,.
une discussion très intéressante qui a occupé les séances des 28, 29 et
»
30 mai, et à laquelle ont pris part : MM. le baron de Beauverger, rap-
o
porteur; Maurice Richard, Martel, Louvet, Emile Ollivier, de Forcade
o
la Roquette, minisire des travaux publics ; Paul Dupont, Eugène
K
Pelletan, Vernier, conseiller d'État, commissaire du gouvernement,
.,
conseil; de Boureville, conseiller d'Etat, commissaire du gouverne-
«
ment; de Tillancourt, le général Lebreton, Ernest Picard, Jules
*
Simon, Paul Bethmont, Mathieu, Joliot, Chesnelong, Paulmier, le
i.
vicomte Lanjuinais, Garnier-Pages, Jules Favre, Guillemot, conseiller
d'Etat, commissaire du gouvernement; Aymé et Dessaignes. L;i
<
nature et l'étendue de notre publication ne nous permettent pas de
»
donner le compte rendu de ces délibérations : d'ailleurs on peut le lire
«
in extenso dans le Moniteur universel des 29, 30 et 31 mai ; seulement
« nous
tenons à signaler le remarquable progrès qui s'est réalisé dans
«
les esprits depuis quelques années au sujet des assurances sur la vie ;
«
progrès auquel la loi qui vient d'être votée donnera certainement une
«
nouvelle impulsion. Nous avons suivi les débats de la Chambre avec la
«
plus scrupuleuse attention, et nous sommes heureux de constater qu'il
« ne
s'est pas élevé une voix, qu'il ne s'est pas dit un mot qui ne fût favo-
«
rable à l'institution dont l'Empereur a voulu étendre les bienfaits aux
«
classes les plus humbles de la société. Tout le monde a été d'accord
sur le principe, la loi a été parfaitement accueillie et votée à l'unanimité
«
dans son ensemble. C'est là un fait très considérable, et qui dénote en
«
France une véritable révolution pacifique en faveur de l'assurance sur la
«
vie. L'éloquent rapport de M. le baron de Beauverger offre une preuve
« éclatante
de ce progrès accompli; il est impossible de réunir plus d'ôlô-
«
valion d'idées et de sentiments dans une élude plus approfondie et
« plus consciencieuse. On peut en juger par le court extrait qui va suivre,

« et que nous donnons avec le vif regret de ne pouvoir insérer ce remar-

*
quable travail en entier. Mais nous comblerons cette lacune, car, d'après
« l'initiative prise par MM. J. Chagot, baron de Beauverger, Chesnelong

« et quelques-uns de leurs collègues, nous nous proposons, sous leurs

« auspices, de réunir en un volume les principaux documents relatifs à

' la nouvelle loi.


« EUGÈNE RIÏBOUL, »
170 HISTOIRE GÉNÉRALE DE I,'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

RAPPORT fait
au nom de la Commission (1) chargée d'examiner le
projet de loi relatif à la création de deux caisses d'assurances, l'une eu
cas de décès, et l'autre en cas d'accidents résultant de travaux agricoles
et industriels, par M. le baron de Beauverger, député au Corps législatif

i Messieurs,
et
Une des plus intéressantes et des plus utiles applications des
« sciences exactes au bien-être des sociétés est la théorie de l'assurance :
« trouver dans l'accumulation de sacrifices presque insensibles le'moyen
« de conjurer les risques qui, sous tant de formes diverses, assiègent

te
l'existence humaine ; tel est le problème qu'a résolu, guidé par
te
d'illustres précepteurs (2), le mouvement général des idées modernes.
« Les jurisconsultes jadis proscrivaient comme une impiété et comme
et un
danger social toute convention ayant trait à la vie de l'un des con-
te
tractants ; ils n'avaient peut-être point tort, en raisonnant comme ils le
« faisaient dans la sphère resserrée et passionnée des intérêts individuels :
« mais les faits criminels nés de ces stipulations, comme des autres
« rapports des hommes ne représentent plus aujourd'hui que des excep-
« tions sans portée ; un bien immense et général doit résulter de l'assu-
« rance particulièrement appliquée aux chances de vie et de mort :
« l'événement n'est que trop certain, mais l'époque en est inconnue; des
« tables de mortalité, déduites de l'observation, établissent combien
«
d'existences, sur un nombre déterminé, s'éteindront vraisemblable-
tt ment
à chaque année d'une période qui embrasse, dans son étendue, la
a plus longue durée de nos jours. Sur ces chances se basent des tarifs
«
qui, en demandant à chacun un versement ou une prime, se modifiant
te en sens inverse de son existence probable, lui assurent, en cas de mort,
it un
capital où se retrouve sa mise, plus tout le bénéfice qu'y ont ajouté
« à
la fois le jeu de la solidarité et la puissance de l'intérêt composé.
« L'assurance, ainsi définie, diffère de la
tontine en ce que celle-ci
te ne se propose que
le partage des mises entre les derniers survivants.
« La tontine peut donc
donner lieu aux reproches qu'encourent les lote-

Cette Commission est composée de MM. Barbet, Président ; le baron de Beau-


(1)
verger, Secrétaire; Chesnelong, do Saint-Germain, le baron de Reinach, Paulmier,
Chagot, Aymé, Gros.
Les conseillers d'État, commissaires du gouvernement, chargés de soutenir le
projet de loi, sont MM. Yernier, Gaudin, de Boureville et Guillemot.
(2) Les combinaisons viagères ont eu pour patrons Jean de Witt, Halley, Bulïon,
Euler, le docteur Price, Condorcet, Laplace, etc. Le grand nom de Pascal domino tout
ce qui se rapporte aux lois du hasard. (Voir également page 12.)
HISTOIRE GÉNÉRALE LE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 171

ries et toutes les combinaisons d'une nature purement aléatoire ;


«
l'assurance, au contraire, procure un infaillible bénéfice, fruit de
«
l'épargne et de la prévoyance. Récompense des sacrifices faits pendant
«
la prospérité, ou du moins pendant les années d'activité et de labeur,

elle affranchit celui qui quitte la vie de l'inquiétude d'y laisser dénués
,<

«
de toute ressource des êtres tendrement aimés.
« Il est
facile de se rendre compte du parallélisme existant entre
l'assurance en cas de mort et la constitution de rentes viagères. A
,i
l'aide des mômes tables et des mêmes calculs, l'homme qui, au lieu de
,,

i, se
proposer la formation d'un capital, veut tirer du capital qu'il possède
et toucher jusqu'à la fin de ses jours un revenu certain accru de
«
l'amortissement viager de son capital, cet homme pourra, en versant,
..

«
de môme que l'assuré en cas de mort, soit une somme définitive, soit
« une
série de cotisations, se garantir pour sa vieillesse une aisance
i
proportionnée aux sacrifices ou aux épargnes de sa jeunesse et de son
âge mûr ; eût-il même des héritiers, il pourra former ce contrat sans
..
léser les droits de la famille, à la condition, toutefois, de renoncer à une
«
partie des avantages qu'il pourrait personnellement en attendre : c'est
«
la rente à capital réservé.
te
L'Empereur, messieurs, dont la constante et profonde sollicitude
ei. pour
le bien do l'humanité s'est traduite de tant de manières et ne se
. repose
jamais; l'Empereur ne pouvait négliger des moyens aussi effi-
« caces, non
seulement de secourir, mais aussi de moraliser et d'élever
>i
les classes laborieuses; les fallacieuses promesses d'un bien-être qui
« ne repose pas sur
la loi dure, mais féconde du travail et du sacrifice,
ee
appartiennent à des doctrines qui, puissantes parfois pour détruire, ne
« peuvent
fonder ni protéger ; — l'ordre et la liberté donnés pour garanties
« au
développement de l'activité générale; le travail rendu plus facile
et l'instruction plus abordable; les secours de la charité réservés aux
situations où manquent la force individuelle et l'assistance delà famille;
"
l'État, ne se substituant pas à la responsabilité de chacun envers soi et
» envers
les siens, mais se regardant comme responsable de la bonne direc-
1
lion de tous, tels sont les principes, messieurs, que vous reconnaissez
« comme vôtres, et que l'Empire s'est proposé de fortifier et d'appliquer

« au sein d'une société fondée sur la justice et le devoir.

te
La Caisse des retraites pour la vieillesse, créée en 1856, s'est per-
« fectionnôe sans relâche par des lois modificatives jusqu'en 186-1 :

"
Dans le plan des institutions destinées à venir en aide aux populations
"
laborieuses, celle-ci, disait M. Dumas, alors Ministre du Commerce,
"
devait occuper le premier rang : nous voulons rappeler vivement aux
l7'2 HISTOIRE GÉNÉRALE HE L'ASSURANCE EN FRANCE El \ l.'ÉTRANOEl!

«
populations souffrantes que c'est par le travail et l'épargne qu'on écarte
«
la misère : nous cherchons à réveiller partout l'esprit de prévoyance et
c
à détruire les dangereuses illusions qui en ont pris la place ; nous voû-
te
Ions que l'ouvrier sache qu'il lui suffit d'économiser quelques centimes
« par jour pendant le cours de sa
vie active, pour s'assurer, quand arrive
t.
la vieillesse, une pension de retraite suffisante; nous voulons lui
« prouver que
rien ne saurait remplacer cette prévision persévérante ot
et
indispensable de sa part.
Un doute, toutefois, se mêlait à ces intentions généreuses : sous le
ee

« coup
des préoccupations et des embarras de chaque jour, l'ouvrier
»
prendrait-il bien, réaliserait-il facilement ces combinaisons par les-
-
quelles l'Etat prétendait faire de lui l'agent de son propre bien-être'
<•
S'habituerait-il en peu de temps à faire fructifier par l'épargne et. par
<• un dépôt volontaire les résultats de son travail? Les faits ont répondu
<> aux espérances. Dans son dernier arrêté de comptes, la Caisse des
«
retraites constatait un total de 2,380,000 versements, faits par 300,000 per-
te sonnes et représentant une somme de plus de 112 millions, et, par
tt
l'effet naturel de son mécanisme, tout en ayant fait face à deux conver-
ee
sions successives et supporté, à l'origine, les pertes auxquelles l'expo-
ee
sait l'élévation de son taux d'intérêts, cette Caisse a procuré le transfert,
ee
et, par suite, l'amortissement de 2,680,000 francs de rentes perpétuelles,
« au capital de 69
millons.
« Les assurances en cas
de décès par l'Administration publique ne
et
sont point sans antécédents : une loi de 1864 les a constituées en Angle-
« terre.
Le succès de l'institution n'est point tel, à la vérité, qu'on pour-
te
rait le supposer, puisque tous les contrats passés d'avril 1865 à avril 1867
ie
n'étaient qu'au nombre de 1,312 montant en tout à une valeur de
te
2,448,447 francs. Cela ne veut pas dire assurément que l'Angleterre
«
méconnaisse l'utilité des assurances; deux cents Compagnies y fonc-
«
tionnent, et l'une d'elles, Y Équitable, fondée en 1762, n'a pas payé depuis
« cette époque
moins d'un milliard de francs aux familles de ses assurés;
le Standard, beaucoup plus récent (1825), jouit d'un revenu de primes
et

« montant à
6,175,000 francs, et possède une réserve de plus de 53 mil-
lions, etc.; l'assurance se diversifie, dans les habitudes anglaises, selon
es

« toutes les
éventualités que peut présenter l'avenir : elle sert à l'ôduca-
tion, à l'établissement des enfants ; elle sert à la compensation des
ee

«
inégalités successorales, comme, chez nous, elle pourrait servir à
.
modifier les conséquences de l'égalité des partages; en un mot, elle est
ee
dans les moeurs, elle y est même tellement, que les Sociétés mutuelles
et

» s'y
consacraient avant la loi, et sur une très grande échelle; que de?
HISTOIRE GÉNÉRALE DE 1.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 173

Compagnies spéciales {industrial) la pratiquaient à l'intention des


,.
ouvriers exclusivement ; c'est par suite d'abus et de désordres dans ce
,.

,,
genre d'opérations que la loi a été portée, mais elle trouve encore en
i face d'elle la concurrence persistante de ces nombreuses
Sociétés, soit
,.
philanthropiques, soit industrielles, secondée par d'actifs agents, et elle
ne présente, il faut le dire, ni dans le mode ni dans le taux de l'assu-
«

« rance,
des facilités ou des avantages bien appréciables pour les
...
masses. Telles sont les causes spéciales par lesquelles s'explique le
«
contraste qu'offre l'Angleterre sous le rapport dos assurances particu-
»
lières et des assurances par l'Etat, les unes recherchées et prospères,
«
les autres encore retardées dans leur développement naturel... »
{Pour extrait). « C. L. »

On sait maintenant à quoi s'en tenir sur l'oeuvre de progrès de ces


caisses du quai d'Orsay qui ont suivi dans sa fortune celle de 1864 créée
par M. Gladstone en Angleterre et dont l'insuccès a été le résultat final
obtenu.
Reprenons maintenant le cours de notre histoire.
L'échec des idées impériales impose aux plus ardents novateurs un
salutaire recueillement, puis les nuages sombres s'accumulent à l'horizon
politique et 1870 apparaît avec ses deuils et ses misères...
En 1872, la vie nationale reprend son essor •' alors, l'assurance
rayonne sur les principaux risques humains, terrestres et maritimes, elle
atteint non pas son suprême degré de fonctionnement, mais elle possède
les armes nécessaires à sa vulgarisation, à sa pénétration.
L'initiative privée est maîtresse du terrain, nul ne songe à restreindre
son expansion; l'heure est lointaine encore où le socialisme officiel éten-
dra sa tâche envahissante sur l'institution des assurances.
En 1875, cependant, la surveillance officielle apparaît (1). Elle ouvre
la porte à l'ingérence de l'Etat dans l'industrie des assurances; c'est, elle
qui amènera de nouvelles mesures du pouvoir contre la liberté de l'assu-
rance ; c'est elle enfin qui fera naître des projets de loi et des créations
officielles et parlementaires qui seront Vôpée suspendue sur la tête des
assureurs...
L'année terrible s'éloigne, la nation française est relevée, tous ses
organes sont pleins de sève généreuse et débordante, 1889 est la suprême
date qui marque l'ère de sa force reconquise; alors un grand courant
d'activité humanitaire secoue les esprits et on.assiste aune marche forcée

(1) Voir page 67, et plus loin au chapitre de VHistoire de l'assurance sur la vie.
174 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

vers la prévoyance; les anciennes idées de l'assurance par l'État assiègent


nos législateurs et amènent naturellement les pouvoirs publics à s'inquié-
ter de ce grand bruit que le nom seul d'Assurance soulève.
Donc en 1894, la fièvre de prévoyance s'empare des députés français
qui constituent à la Chambre deux grandes commissions dites : du tra-
vail et d'Assurances sociales.
La première a pour mission de s'occuper des rapports entre le
capital et le travail ou, si l'on préfère, entre l'employeur et l'employé, .
Elle a dans ses attributions la question des salaires et la durée du tra-
vail, la participation aux bénéfices, l'hygiène des ateliers, la sécurité des
travailleurs, etc., et elle est composée de MM. Félix Fauro, Mesureur,
Lavy, Descubes, Barthou, Gruet, Denoix, Boudenoot, Bovier-Lapicrre,
Boucher (Vosges), Leydet, Saint-Romme, Goujon, André Lebon, Ouvré.
Ribot, Terrier, Rose, Chaudey, Charles Ferry, Jaurès, Georges Berrv,
Odilon Barrot, Baulard, Laroche-Joubert, Lacombe, Dutreix, Doumcr,
Guillemin, Millerand, Dron, Bouge, Lesage.
Le mandat de la seconde commission, celle d'Assurances cl de
Prévoyance sociales, repose sur les questions d'assistance mutuelle,
de prévoyance, d'assurances en cas de chômage, de caisses de
retraites.
Cette commission est composée de MM. Maruôjouls, Bansard de>
Bois, Alex. Bérard, Denys Cochin, Alicol, Guieyssc, Léon Say, Sarrion,
Ville, Léon Bourgeois, Audiffred, Lanuelongue, Ricard (Seine-
Inférieure), Linard, Amodru, Poincaré, Ricard (Côte-d'Or), Julien, Rey
(Lot), Bazille, Bricard, Papelier, Rameau, Jouffray, de la Batut, K'ai-
berti, Rivet, Siegfried, Jourde, Trouillot, Maurice Faure, Chevalier,
Drake.
C'est également en 1894, que le gouvernement constitue une direc-
tion des Assurances sociales au ministère du commerce et de l'industrie,
destinée à classer méthodiquement les efforts sociaux en vue d'accroître
le patrimoine intellectuel, moral ou matériel des moins favorisés du son.
D'après le programme ministériel, les efforts sociaux peuvent se
répartir en trois classes :

«
1°Efforts sociaux ayant pour but l'augmentation de la part du
te
travail dans les produits de l'industrie, se subdivisant comme suit :

« participation aux bénéfices ; coopération de production ; syndicats


« professionnels.
« 2° Efforts sociaux ayant pour but
l'amélioration de la condition
K matérielle et morale des travailleurs : coopératives de consommation;
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER
175

coopératives de crédit; habitations à bon marché; institutions d'hy-


<

«
giène sociale.
« 3° Efforts
sociaux ayant pour but d'assurer l'avenir des travail-
leurs et de leurs familles : caisses d'épargne; assurances sur la vie;

assurances en cas de maladies ; assurances en cas d'accidents ; assu-
,<

« rances en cas
de décès ; assurances en cas de chômage ; assurances
» en cas
d'invalidité prématurée; sociétés de secours mutuels; retraites
,,
pour la vieillesse. »

C'est là l'objet de la création au ministère du commerce d'une direc-


tion de la prévoyance et de l'assurance sociale à côté de la direction du
commerce intérieur, de qui relèvent toutes les questions intéressant le
travail national.
Le remaniement à opérer consistait donc à :

et
1°Grouper à la direction nouvelle du ministère du commerce :
« Les
caisses d'épargne, les sociétés anonymes, les assurances sur
«
la vio, les tontines, la commission de surveillance des sociétés et
« agences
lontinières, les commissaires' du gouvernement près les
.
sociétés anonymes;
ee
Les sociétés de crédit mutuel, banques populaires, la caisse de
*
retraites pour la vieillesse et les caisses d'assurances en cas d'acci-
«
dents ou de décès ;
« 2° Affecter à la direction de la prévoyance et de l'assurance sociale
«
la coopération sous toutes ses formes, qui paraît appelée à tenir une si
<
grande place dans l'ordre social de demain, les assurances contre les
"
accidents du travail, les caisses de retraites ouvrières, les habitations
«
à bon marché, etc. »

Le Ministre a opéré ces grands changements parce que, disait-il, dans


son rapport :

Les projets de loi qui traitent de ces importantes questions sont


«
« sur le point d'aboutir. L'heure est venue de leur préparer un asile et de
« concentrer ces services qui dérivent tous d'une idée commune, la
« prévoyance, et concourent au même but, l'amélioration du sort des
« humbles. »

Enfin, pour permettre aux législateurs de travailler rapidement à la


confection dès lois ou bien à l'élaboration des rapports sur l'a question
J7C) HISTOIRE GÉNÉRALE IIE I.'ASSURANCE EN FRANCE F.T A l.'ÉTRANGER

sociale, les attributions de l'Office du Travail sont largement portées vers


l'assurance.
Nous ne pouvons nous soustraire à refaire l'histoire de cette insti-
tution qui nous semble appelée à tenir une place dominante dans le
cortège des créations de prévoyance d'Etat.
Le but de cet Office du Travail, si parfaitement dirigé par M. Moron,
est de recueillir, de coordonner et de publier toutes les informations
relatives au travail, notamment en ce qui concerne l'état et le développe-
ment de la production, l'organisation et la rémunération du travail,
ses rapports avec le capital, la condition des ouvriers, la situation com-
parée du travail en France et à l'étranger.
Les travaux de l'Office sont, en effet, multiples, examinons-les :
il lui faut centraliser les renseignements sur la situation et sur le
mouvement du travail en France et à l'étranger, faire ensuite la division
par profession en grandes, moyennes et petites industries, puis chercher
la condition des ouvriers de l'agriculture et leurs salaires dans la grande
et petite culture.
Alors, après ce premier travail de réunion, il lui faut établir les
statistiques sur le nombre des établissements relatifs à la branche indus-
trielle et à la branche agricole; donner des indications du nombre
des établissements dirigés par le patron lui-même, par des gérants de
sociétés anonymes en commandites ou autres et par des sociétés coopé-
ratives. Ensuite, il est nécessaire de trouver le nombre d'ouvriers de
chaque sexe, d'enfants, d'ouvriers étrangers employés dans ces indus-
tries, puis le mouvement dans la proportion des ouvriers et ouvrières
employés.
Mais les investigations de l'Office du Travail ne s'arrêtent pas aux sta-
tistiques, elles s'étendent aux institutions sociales, au bien-être de l'ou-
vrier, à la participation aux bénéfices, aux institutions de prévoyance, aux
salaires, à la durée de la journée de travail, au travail à la journée, aux
pièces, à la tâche, aux chômages, à leurs causes, à leur durée, on
faisant ressortir les chiffres statistiques qui émanent des renseignements
donnés.
11 dresse une liste des ouvriers sans profession définie et lcui>
conditions spéciales ; il signale les rapports entre ouvriers, employés
et patrons ; les causes des conflits, les solutions apportées dans ces
conflits : grèves, arbitrages, conciliations.
Des statistiques sont faites sur le nombre d'orphelinats, ouvroirs.
refuges des deux sexes, laïques et religieux; sur le nombre d'enfants, leur;
conditions de travail, des salaires, le genre d'industriô, d'entretien, &
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 177

mortalité; sur les conditions de l'apprentissage dans les différentes


industries, écoles professionnelles et d'apprentissage, leur nombre par
profession; sur les accidents du travail, maladies et retraites, sécurité et
insalubrité des ateliers ou des travaux ; sur la durée moyenne de l'acti-
vité de l'ouvrier dans chaque profession, sa mortalité ; sur le travail dans
les prisons.
Enfin, il lui faut, pour obtenir le résultat cherché, centraliser tous
les renseignements et rapports des consulats, des légations, ambassades,
Chambres de commerce à l'étranger. Alors, il reste à former, à recueil-
lir la législation étrangère en matière de travail et porter ses recherches
sur mille autres matières ignorées, mais qui forment un ensemble puis-
sant du corps social.
Donc, pour nous résumer sur les attributions de l'Office du Travail, il
doit réunir les documents sociaux, puis les vulgariser en les fournis-
sant au public, aux représentants de l'Etat, aux membres du Parlement.
L'Amérique,puis l'Angleterre, l'Autriche, la Belgique, la Suisse pos-
sèdentdeces institutions qui fonctionnentsans se départir des attributions
imposées; elles ne font pas de polititique et restent de simples intermé-
diaires entre le bureau, la direction et le Ministère du Travail.
Comme toujours, ou plutôt comme généralement, la France a eu
l'idée première d'un Office du Travail, et, après avoir fait le tour du monde,
l'idée nous est revenue et c'est seulement en 1893 que nous nous
l'appliquons.
En 1848, il fut proposé par un groupe politique de la Chambre do
créer un Ministère du Travail, les rouages de ce ministère étaient évidem-
ment tout indiqués ; ils portaient principalement sur un service de rensei-
gnements, sur un service de statistique assez complet pour permettre aux
députés d'aborder l'étude des grands problèmes sociaux ; mais cette
idée émise en grand effraya les républicains de la veille et elle fut
abandonnée (1).
Les Américains, qui sont des gens pratiques, s'emparèrent de l'idée
et la mirent au point, en ce sens qu'ils créèrent quelque chose de moins
grand qu'un ministère, mais de plus important qu'une simple direction
subordonnée étroitement à un ministre. Le nom d'Office en était tout
indiqué et en peu de temps, le Canada, divers États do l'Amérique du
Nord, puis la Confédération de ces États, et enfin le gouvernement des
Ktats-TJnis institua, en 1885, le Grand bureau central de l'Office du
Travail.
(1) Tout récemment une proposition de ce genre a été déposée par M. Pas'chal
''tousset. Elle semble destinée à subir le même sort que celui échu àsonainôo de 1848
14
178 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Le siège de cet Office est situé dans la capitale politique de la Grande


République, à Washington, et ses ressources annuelles s'élèvent à près
d'un million.
En 1866, un Office du Travail a été fondé en Angleterre, mais il n'a
pas une importance qu'on reconnaît à l'Office américain.
En Suisse, l'organisation est spéciale et procède de l'association.
C'est sous l'impulsion de la Société le Greetliverein que le gouvernement
fédéral a établi, en 1888, un bureau de statistique appelé le Secrétariat
ouvrier, subventionné par l'État. Il se renseigne par voie de circulaires
et de questionnaires. Ce système non employé en Amérique est rempli
de difficultés. Il faut procéder par enquêtes faites par des commissions
nommées ad hoc.
Le Secrétariat ouvrier suisse fonctionne cependant d'une façon satis-
faisante; le secrétaire ouvrier est directement élu par la Fédération
ouvrière. Il reçoit son traitement sur le budget fédéral, et il est l'intermé-
diaire, le trait d'union, entre la classe laborieuse et le législateur.
On peut dire que, malgré le système défectueux employé parle Secré-
tariat ouvrier suisse, les résultats qu'il a acquis sous le rapport des lois
ouvrières, des statistiques, sont considérés comme extraordinaires. Ainsi,
pour n'eu citer qu'un exemple, le Bureau fédéral des assurances, dont
lo siège est à Berne, a nécessairement demandé au Secrétaire ouvrier les
éléments d'instruction nécessaires afin d'établir sciemment des travaux
pour l'élaboration de la loi sur le risque professionnel, de la loi sur la
maladie et sur la vieillesse, enfin sur le fonctionnement des institutions
de prévoyance accréditées en Suisse. Or, les renseignements fournis par
le Secrétariat au Bureau fédéral ont fait de celui-ci une création officielle
admirablement constituée en vue du progrès social.
L'Allemagne ne possède pas de Bureau de travail, mais, lorsqu'une
loi ouvrière est en préparation, le gouvernement fait drosser des statis-
tiques assez complètes. Du reste l'Office impérial des assurances est le
véritable Office du Travail de l'Empire.

Bureau jédèral suisse. —L'Office impérial allemand. — Le Bureau


fédéral suisse est une création d'Élat hors ligne et qu'il est impossible
d'égaler pour la raison que ce Bureau possède des qualités maîtresses,
nées du sentiment très personnel de la nationalité unique, que possède
le peuple suisse.
Très critiqué cependant à ses débuts, mal accueilli même, le Bureau
fédéral des assurances suisse a été la conséquence de la loi fédérale du
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L*ÉTRANGER 179

•25juin 1885, loi qui confiait au Conseil fédéral la surveillance de l'exploi-


tation des entreprises privées en matière d'assurances qui veulent opérer
en
Suisse.
La mission du Bureau fédéral est de faire tous les ans un rapport sur
l'exploitation en question.
Le premier rapport paru en 1888 et examinant les opérations des
Sociétés en 1886 est un modèle de précision, de justesse et de haute
valeur dont on retrouve la même méthode dans les rapports qui paraissent
chaque année.
On lit en tête de ce premier rapport une profession de foi très nette
aux termes de laquelle le Bureau n'a jamais varié (1).
En voici l'esprit :

Lors de la concession, nous avons dû nous fixer en première ligne


«

sur la solidité des entreprises, et l'autorisation a été accordée là où cette


solidité nous paraissait assurée. Le public, qui doit s'en tenir actuelle-
.
ment aux Sociétés d'assurances existantes et qui est lié à elles par
contrat pour de longues années, serait, certainement peu satisfait, si,
comme les adversaires des Sociétés étrangères ou de l'assurance privée
. en général l'auraient peut-être désiré, nous avions refusé l'autorisation
«
à toutes les Sociétés dont nous critiquions un point quelconque des
.
statuts, de la comptabilité ou de l'exploitation, et si nous les avions
«
ainsi privées de la surveillance par la Confédération. »

est certain que la perfection est impossible, surtout dans une indus-
Il
trie qui se développe tous les jours, qui doit se mettre constamment à la
hauteur des exigences toujours nouvelles et. toujours plus nombreuses du
public, le principal c'est que les garanties soient sérieuses, que les comptes
l'en dus des Compagnies soient clairs, que les opérations soient loyales et
les règlements faits avec la régularité la plus stricte.
La perfection n'existe pas sur terre, puisque le progrès en recule sans
«esse les limites ; on doit donc se contenter, dans l'assurance comme en
toute autre chose, de chercher à s'en rapprocher le plus possible, sans
pouvoir jamais l'atteindre.
C'est ce qui fait dire, avec raison, aux rapporteurs : « Notre tâche,
(l dorénavant, est de signaler peu à peu toutes ces défectuosités et les
"
hure disparaître en faisant usage à cet effet de la compétence que la loi
" nous accorde, et en relevant certaines observations sur la manière dont

'!) Voir Assurance sur la rie : Compagnies américaines.


JNO HISTOIRE GÉNÉRALE 11E I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A 1,'ETUANUKR

et
la prochaine demande de renouvellement de la concession sera
« accueillie. »
L'introduction du rapport se termine par la constatation que, si K-.s
assurés se pénétraient davantage des clauses de leur contrat et des condi-
lions de l'assurance, et s'ils apportaient une plus grande attention dans
l'observation de ces dernières, il y aurait moins de procès, moins de diffé-
rends entre eux et les Compagnies.
C'est absolument ce que dit le rapport dans les lignes suivantes : « A.
« en juger d'après les demandes et les plaintes adressées au Bureau des

t< assurances,
il faut ramener d'ailleurs une grande partie des différends
« qui surviennent entre les Sociétés et le public à l'ignorance de ce der-

«
nier par rapport à la nature do l'assurance. Il en résulte pour nous le
«
devoir de contribuer de tout notre pouvoir à instruire sur les bases de
«
l'assurance non seulement les personnes désireuses de s'assurer, mais
«
aussi les autorités qui s'occupent de la matière. »
Nous voudrions pouvoir nous étendre sur ce premier rapport du
Bureau fédéral, rapport fort bien fait, qui est un véritable cours d'assu-
rances à l'usage des assureurs et des pères de famille. Ce document, du
plus haut intérêt, fait valoir les bienfaits de l'assurance, en explique les
différents systèmes, expose le mécanisme des Compagnies et émet, en
passant et sans parti pris, des critiques très justes, aussi bien à l'égard
des assurés qu'à l'égard des Sociétés.
Expliquant l'utilité de la surveillance de l'Etat, le rapport s'exprime
ainsi : « La nature même de l'assurance sur la vie rend nécessaire l'assis-
« tance du citoyen par les organes de surveillance de l'Etat. Cette bran-

«
che d'assurance, plus que toute autre, plus que la plupart des domaines de
« l'activité sociale, reste voilée à
l'oeil investigateur du public; c'est pour-
« quoi le peuple, dans la constitution môme, charge la Confédération de
«
veiller à ce que l'esprit d'économie ne soif pas trompé par des entre-
« prises peu sérieuses. »
Comment mieux faire comprendre dans le passage suivant, que le-
Sociétés d'assurance ont des frais dont elles ne peuvent se dispenser :

te
Au coût net de l'assurance tel que nous l'avons déterminé, dit plus loin
« le rapport, viennent encore s'ajouter les frais d'administration dont nous
te avons parlé à plusieurs reprises. Une Caisse d'épargne ordinaire a aussi
te
des frais d'administration, ce qui fait qu'elle ne peut pas rembourser à
et ceux qui y déposent des fonds fout l'intérêt qu'elle retire. Dans l'assu-
« rance sur la vie, il en est de même, mais dans une plus forte mesure,
te parce qu'elle nécessite des connaissances techniques spéciales, parce
HISTOIRE GÉNÉRALE 111'. L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 181

qu'elle exige des renseignements particuliers lors de l'acceptation des


,
membres et lors du payement des sommes assurées, et qu'elle doit se
,
faire une clientèle au milieu d'un public encore peu au courant de l'assu-
,
«
rance. Ensuite, une Société d'assurance sur la vie est exposée aussi,
,
pendant; la grande durée des contrats d'assurances, à des variations
préjudiciables du taux d'intérêt de l'argent ; la mortalité ne peut pas
«

«
être exactement conforme aux indications de la table de mortalité
«
dont la Société a fait usage ; malgré beaucoup de prudence, elle peut
,
subir des pertes sur les placements de capitaux ; et enfin elle peut avoir
, à supporter des frais extraordinaires considérables, surtout pendant les
,
premières années de son existence. Pour ces raisons, une Société
«
d'assurance ne peut pas se contenter de la prime nette que nous avons
«
calculée... »

Ce Bureau fédéral officiel des assurances suisse a son siège à Berne,


ot est dirigé avec une haute compétence et une grande autorité par
il
M. Kummer.
Si nous franchissons les montagnes helvétiques, nous trouvons
également l'Allemagne armée de toutes pièces en face de la prévoyance
et de l'assurance. Mais, ici nous rencontrons une nuance : le Bureau
fédéral suisse est un organe officiel de contrôle et de surveillance, alors
que l'Office impérial des assurances est un Office du Travail englobant
avec le contrôle l'exploitation de l'assurance au profit de l'Etat.
Quelle que soit l'admirable précision qui règne dans le fonctionne-
ment de l'édifice allemand, nous ne pouvons écarter cette pensée qu'il
est une émanation directe du socialisme d'Etat.
Ici, les principes de la force priment toute considération étrangère;
l'assurance et l'assuré sont enchaînés dans des formules coercitives
dont on ne se départit jamais, l'Office est un rouage gouvernemental
politique et social qui fait mouvoir au gré de l'Empire toute la démo-
cratie, tout le patronat allemand.
Comme nous l'avons consigne précédemment (1), le résultat obtenu
depuis dix années de fonctionnement et d'exploitation a été au delà du
but, l'expérience a démontré que l'Office a trop embrassé.
Entre le Bureau fédéral suisse sagement orienté et l'Office impérial
allemand se dresse une forteresse inaccessible au bas de laquelle veille
le .caporalisme prussien. Le peuple allemand
aura sans doute à le
constater un jour... (2).
(1) Page 153.
(2) Voir Assurances contre les accidents.
182 HISTOIRE GÉNÉRALE DE (/ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Ce regard jeté dans le domaine de la prévoyance officielle nous permet


d'en admirer l'ordonnance et aussi d'en concevoir une certaine crainte.
En effet, on peut avec quelque raison constater qu'en France l'assu-
rance est bien gardée.
Elle siège au Conseil d'Etat, elle trône au Ministère du Commerce
on s'en occupe discrètement mais activement à l'Office du Travail.
Le rêve socialiste ébauché par Napoléon III, en 1851, prend aujoi.ii-.
d'hui toutes les formes de la réalité. Au Ministère de l'Agriculture on veut
l'assurance agricole, comme troisième base, c'est-à-dire comme gage <lu
crédit agricole, ou tout au moins la création de caisses départementales
englobant également les risques grêle, bétail, incendie. A la Chambre on
réclame le monopole de l'assurance incendie, de l'assurance obligatoire
contre les accidents du travail. A l'Hôtel de Ville on penche pour l'assu-
rance communale, ou bien on se rejette, faute de mieux, sur l'entretien des
pompiers par les Compagnies. A la Chambre encore on veut créer une
caisse de retraite en attendant sans doute l'assurance mixte. Bref, à
tout bien considérer pour l'écrivain impartial, on se trouve en présence
de tentatives de dépossession d'une industrie, dôpossession déguisée sous
la forme vague ou trop précise d'intérêt général ou budgétaire.
11 faudrait, en effet, être bien aveugle pour ne
pas se rendre compie
de la nature des sympathies que l'Etat porte aux assurances.

Les agents d'assurances. — Les Chambres de commerce, leurs pro-


testations contre l'État assureur. — La défense des Compagnies. —
L'Union syndicale des Compagnies à prime fit e. — L'assurance protégée
par la loi de 1884 sur les syndicats professionnels. — Ces créations
d'État, les projets déposés en vue de créer l'Etat assureur (1) éveillent
enfin l'opinion publique ; le voile se déchire et, après les écrivains, les
journalistes, les conférenciers, les économistes: les agents, les assureurs,
les assurés, par l'organe des Chambres de commerce, enfin les Compa-
gnies protestent à leur tour.
Les intéressés directs viennent enfin renforcer le bataillon déjà
nombreux clés adversaires de l'assurance par l'État.
Ces lutteurs voient enfin que le transfèrement brutal des institutions
libres, créées par l'industrie privée, entre les mains de l'Etat tout-
puissant, seul maître et despote, est un acte de pure anarchie (2).
(1) Voir page 127.
(2) Dialogue des morts. L'anai'chie n'est le comble des maux que parce qu'elles ^
le plus extrême despotisme.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE 1,'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 183

A leur tour ils portent des coups redoutables et imprévus, car ils
marchent sous la bannière du droit.
Mais procédons par ordre :
Donc, le mouvement de protestation contre l'assurance obligatoire
l'éelamée par MM. Bourgeois (du Jura), pour l'incendie, et Viger, Ministre
de l'Agriculture, pour la grêle, devient une grosse manifestation partie, sous
forme de pétition (1), comme une longue fusée, du Syndicat des agents
l'énéraux du département de la Somme.
Cette pétition est aussitôt couverte de la signature des agents de tous
les départements, et des réunions suivies sont organisées à Arras, Bor-
deaux, Calais, Cherbourg, Clermont-Ferrand, Dijon, Dunkerque, Épinal,
Grenoble, Limoges, Lons-le-Saunier, Lyon, Reims, Rouen, St-Elienne,
Verdun, Épernay, Barbe/.ieux, La Flèche, Bourges, Blois, St-Brieuc,
l'ambrai, Soissons, Besançon, Boulogne-sur-Mer, Caen, Moulins, Beau-
vais, Noyon, St-Claude, Dun, La Rochelle, Mézières, Nancy... les agents
des mutuellesfraternisent avec ceux des Compagnies à primes fixes ; bref,
tous ces hommes soulevés offrent le spectacle toujours grandiose de ceux
qui luttent pour la liberté et pour l'existence.
Mais, dira-t-on, sur quelles bases repose la protestation des agents?
Quels sont leurs arguments pour faire rejeter des projets de loi qui sem-
blent promettre à l'État de si importantes rentrées de fonds, qui provoquent
les convoitises d'une foule de gens avides d'emplois gouvernementaux"?
Ma foi, les agents ne vont pas loin pour trouver des raisons qui motivent
leur attitude. Il y a d'abord celle du droit qui condamne la spoliation ; or,
la proposition Bourgeois et Viger, en dépossédant les Compagnies incen-
die, frappera cruellement, les agents généraux et particuliers d'assurances,
dont la plupart sont parvenus, après bien des années de labeur et des
sacrifices de toute nature, à se créer un portefeuille qui représente leur
petite fortune ou leur gagne-pain. La proposition sera aussi la ruine de
tous les employés de celte grande industrie, jetés brusquement à terre,
privés de leur travail et de leurs espérances de retraite.

(1) Le but do la pétition est d'obtenir :


« 1° Que la
Caisse départementale do la Somme, au lieu de pratiquer illégalement
"
l'assurance incendie, se renferme dans son rôle d'institution charitable ;
i 2° Que les dispositions relatives à l'assurance incendie, contenues dans le projet
" de loi présenté par M. Viger, Ministre do l'Agriculture; pour la création de caisses

"
d'assurances mutuelles départementales, ne soient pas adoptées;
« Que la Chambre rejette également la proposition de M. Bourgeois (du Jura) por-
" tant suppression des Compagnies d'assurances contre l'incendie et création d'un
« monopole d'Etat. »
184 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANOB EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Et puis il y a encore l'argument de la raison prêchée dans les Congrès


dans les Sociétés savantes (1) ; cette voix sage qui repousse l'intervention
de l'Etat en matière d'assurances.
Enfin, à côté de ces motifs respectables à opposer à la prise en con-
sidération des propositions Bourgeois et Viger, les agents font valoir de
bien sérieuses objections contre l'Etat assureur.
La pétition des agents contient certaines de ces objections dont voici
les principales :

et
M. Bourgeois, disent les agents, prétend que son projet donnerait à
« l'Etat une recette annuelle nette de cent millions.
«
L'État reçoit aujourd'hui des Compagnies, perception gratuite des
ee
impôts de l'enregistrement et du timbre, un revenu net et certain de
et
17,800,000 francs. D'après de sérieuses évaluations, la proposition
«
Bourgeois qui ferait disparaîlre ces impôts ne donnerait pas les résul-
te tats
promis (2).
Si l'Etat maintientle taux actuel des primes, il supportera des per-
ee

« tes au
lieu de réaliser un bénéfice. Quand l'Etat se substitue à l'indus-
ee
trie privée, il travaille généralement plus cher et moins bien. Si, au
«
contraire, l'Etat hausse les primes d'après ses besoins financiers, on ne
« peut
considérer qu'avec épouvante les effets, sur les contribuables, de ce
« nouvel impôt qui peut
s'accroître indéfiniment. Ajoutons qu'on aurait
« violé tous les principes, supprimé une grande industrie et détruit les
i moyens d'existence de ses collaborateurs »...
Mais les agents, poussés par une activité extraordinaire et justifiée,
n'attendent pas l'effet de cette première pétition aux députés, ils recueil-
lent les manifestations que provoque leur attitude et sans relâche ils
portent à la connaissance du Parlement les résultats de l'opinion.
L'infatigable Président du Syndicat général des agents généraux
delà Somme adresse une seconde lettre aux députés, dans laquelle il
transcrit la remarquable délibération que viennent de prendre les Syndi-
cats agricoles réunis en Congrès à Lyon en avril 1894 et dont voici les
principaux passages :
(1) Congrès de Milan (accidents du travail,); Congrès de Lyon, des Syndicats agri-
coles ; l'apport de M. le comte de Rocquigny, président de l'Union des Syndicats des
Agriculteurs de France ; discours de M. Lourdelet sur le projet Viger à la Société
d'Keonomie industrielle ; discours de M. Tbomereau à la Société d'Kconomie politi-
que ; Société des Agriculteurs de France; rapports Salle, Lavollée et Cuclieval-
Clarigny contre l'Etat assureur ; Congrès do St-Malo... Ces opinions ont été citées
précédemment par l'auteur.
(2) Depuis dix ans, l'État a reçu 142,010,700 fr.
I.'ÉTRANGER 18f>
HISTOIRE GÉNÉRALE DE [.'ASSURANCE EN FRANCE ET A

et
C'est un devoir social pour les Syndicats agricoles de travailler à
propager dans les campagnes l'esprit de prévoyance qui relève et mora-
lise les cultivateurs, les défend contre les coups du sort et leur apporte
la confiance indispensable à la continuité de leurs efforts. Ce principe
étant admis, les Syndicats peuvent-ils donner leur adhésion à l'inter-
vention de l'État dans l'organisation des assurances, ou doivent-ils,
au contraire, réserver leur concours aux entreprises de l'initiative
privée?
ee
Intervention de l'État. — L'idée de rendre l'État directement ou
indirectement assureur des biens des citoyens reparaît périodiquement
dans nos Assemblées politiques ; elle conduit fatalement au monopole
des assurances rendues obligatoires et devenant une nouvelle source
d'impôt. C'est une thèse chère à l'école socialiste : deux députés, MM.
(
Jaurès et Bourgeois (du Jura), l'ont encore formulée tout récemment.
e
La dernière législature,, saisie de plusieurs propositions sur les assu-
» rances
agricoles, ne les a pas discutées, mais la commission chargée
«
de leur examen, par l'organe de son rapporteur, M. Quintaa, avait
»
adopté le principe de l'assurance obligatoire des récoltes.
« M. le
Ministre de l'Agriculture a déposé un projet de loi qui écarte
et
l'obligation et qui propose d'indemniser les victimes des sinistres
»
agricoles au moyen de caisses d'assurances mutuelles organisées admi-
«
nistrativement, ayant pour régulateur une caisse centrale subvention-
« née
et contrôlée par l'Etat. Il s'agit surtout de réparer les désastres
« causés par
la grêle , car il est reconnu que les accidents de la gelée sont
« trop
généralisés pour que l'assurance puisse les garantir, et, quant à
«
la mortalité du bétail, les petites Sociétés locales peuvent très bien se
<e
suffire à elle-mêmes.
«
Cela posé, nous ne voyons pas quels avantages l'agriculture aurait
« à
attendre de ces nouvelles institutions. Dans les départements peu
«
visités par la grêle, les caisses n'auront pas d'assurés et n'apporteront,
<e par
suite, aucun versement de recettes au fonds de la caisse centrale ;
«
dans les départements très exposés aux chutes de grêle, les caisses
te trouveront
peut-être des assurés, mais la cotisation devant toujours
<t
être l'expression mathématique du risque garanti, rien n'autorise à
" penser que,
malgré l'économie contestable attendue du concours des
(( agents
de l'État, directeurs, comptables, percepteurs, trésoriers-payeurs
« généraux,
contrôleurs des contributions directes, etc., elle puisse être
« sensiblement
inférieure aux primes ou cotisations de l'industrie privée
" et de la mutualité libre.

« Quelle compétence
posséderait le Conseil d'administration de la
186 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« caisse départementale, pour fixer le taux de la cotisation à raison des


« risques courus, comme le dit l'article 4 du projet? Les assureurs de
« profession appliquent des tarifs établis, par classes de culture pour
tt chaque canton ou même pour chaque commune. Sur quelles statis-
K
tiques, sur quelles données expérimentales s'appuyerait un Conseil
« d'administration pour l'établissement de ces taxes qui, comme l'a dit
« un Ministre des Finances, M. Magnin, présenterait des difficultés insur-
« mo niables (1) ?
« La cotisation serait donc arbitraire ; mais, de plus, l'assuré serait,
« dépourvu de toute garantie dans le règlement des sinistres. Dans
«
l'assurance ordinaire, l'évaluation des pertes se fait par une expertise
« contradictoire. Le projet de loi la réserve à un bureau communal com-

te
posé du maire, de trois cultivateurs désignés par le Conseil municipal
ee
et du contrôleur des contributions directes ; n'est-il pas évident que les
«
divisions locales, les passions politiques enlèveraient toute impartialité
« à des évaluations ainsi faites? Souvent aussi, les dommages seraient
« exagérés systématiquement, au détriment de la caisse départementale,
* ce qui ne contribuerait pas à favoriser l'abaissement du taux des
« cotisations.
« Les caisses départementales seraient autorisées, d'après le projet
« de loi, à assurer aussi contre l'incendie, c'est-à-dire à faire une con-

<t currence privilégiée, grâce au concours des fonctionnaires publics et


« aux
immunités fiscales dont elles jouiraient, aux Compagnies à primes
fixes et aux Sociétés mutuelles d'assurance contre l'incendie.
te

Cette ingérence de l'État pour disputer à l'industrie privée sa


ee

« clientèle est difficile à justifier; elle ne sera vraisemblablement pas


approuvée par le Ministre des Finances, car elle tendrait à diminuer les
ee

recettes du Trésor, qui perçoit annuellement 26 à 27 millions d'impôts


et

et
des Compagnies et Mutuelles-incendie.
Enfin, le projet du gouvernement est dangereux, car s'il ne prétend
ee

organiser que l'assurance facultative, il offre un cadre tout préparé à


ee

l'assurance obligatoire. Lorsque les caisses départementales seront


ee

créées, il sera bien facile d'obliger par une loi tous les citoyens à s'y
ee

« assurer. La cotisation à verser au percepteur deviendra un impôt de


et
plus et l'État sera investi d'un nouveau monopole.
« Conclusion. — Par ces
motifs, nous pensons que le Congrès doit
« se prononcer nettement contre le projet de loi sur les caisses d'assu-
rances mutuelles agricoles, qui n'offre ni avantages, ni garanties à
ee

(1) Voir page 138.


HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 187


l'agriculture, et qui est un acheminement vers l'application des doc-

trines du socialisme d'Etat. »

Cette conclusion si formelle, si raisonnable et si clairement rédigée


est votée par le Congrès des Syndicats agricoles qui sont au nombre
,1c i,500 et où siègent 402 délégués, organes autorisés de l'agriculture
française.
Après les agents d'assurances viennent les Sociétés : la Société com-
merciale de Caen, la Société d'Economie industrielle et commerciale, puis
les employés des Compagnies d'assurances protestent à leur tour ;
niais le grand coup est porté par les Chambres de commerce de
France (1).
Nous ne pouvons transcrire toutes les délibérations de ces Chambres,
un volume n'y suffirait pas ; puisons seulement au hasard dans le volu-
mineux recueil de ces documents remarquables, et retirons-en seule-
ment une délibération ; celle de Reims, par exemple :

et
Sans doute tout est loin d'être parfait en matière d'assurances, de
i.
nombreuses réformes sont à souhaiter, car il est malheureusement
.
vrai que quelques Compagnies, faisant de la prévoyance un commerce
«
et une spéculation, cherchent leur bénéfice dans le malheur d'autrui,
"
et qu'après avoir séduit par de belles promesses, elles s'empressent,
i.
quand il faut payer une indemnité, de discuter avec une âpretô ôton-
i.
nante qui, souvent, décide l'assuré à accepter les offres qui lui sont
faites pour éviter les désagréments d'un procès long et coûteux.
ee
Qu'une loi sage et raisonnée intervienne pour mettre fin à ces
"
abus, fort bien; mais que l'Etat n'augmente pas le nombre de ses mono-
«
pôles ! Qu'il respecte au moins la liberté individuelle quand il s'agit de
! Qu'il laisse intervenir et unir tous nos efforts pour cons-
« prévoyance
tituer des mutualités fortes et puissantes, gérant elles-mêmes leurs
"
intérêts, les résultats seront certainement préférables.
(1) A tour de re">lc émettent des vnoux motivés contre l'assurance par l'État les
Chambres de commerce de :
Abbeville. — Alger. — Amiens. — Annonay. — Arras. — Bar-le-Duc. — Bayonno.
— Bcaune. — Beauvais. — Besançon. — Bordeaux. — Boulogne-sur-Mer. — Caen. —
i liarleville.
— Cherbourg. — Dijon. — Douai. — Dunkerque. — Fougères. — lion-
Heur. — Jura. — Limoges. — Lyon. — Màcon, Charolles et Tournus.
— Marseille. —
Nancy. — Nevers. — Reims. — Roanne. — La Rochelle. — Roubaix. — Rouen.

Saint-Élienne.
— Saint-Quentin. — Tourcoing. — Troyes. — Valence. — Valen-
' icnnes. — Vienne. — Vosges. — Aubenas... etc. Bref, sur 111 chambres, 105 protes-
''ut contre le monopole de l'assurance. —Protestation des employés (Voir page 191).
188 HISTOIRE GÉNÉRALE OE 1,'ASSURANCE EN FRANCE El' A l.'ÉTRANGER

La mission tutôlaire de l'État doit se borner à entreprendre les


tt

« choses utiles que l'industrie privée serait impuissante à faire sans lui

« il doit se contenter d'aider de son concours et de sa protection celles


« que cette industrie peut accomplir sans lui et mieux que lui, s'abstenant
« pour elles de toute immixtion et de toute usurpation. Comme repré-
« sentant des intérêts généraux du pays, que l'État s'efforce de prévenir
«t
les accidents et de diminuer les chances de désastre par des mesures
ee
spéciales, mais qu'il s'arrête là et ne s'engage pas d'avance, même au
«
prix d'un impôt forcé, à indemniser les intérêts privés des victimes des
ee
fléaux qui peuvent survenir rnalgré ses soins, sinon c'est favoriser
ee
l'imprévoyance et l'incurie, décourager l'initiative personnelle et sup-
«
primer tout sentiment de responsabilité.
Que les législateurs veillent aux moyens de prévoyance existants,
ee

ee
afin qu'ils soient suffisants pour garantir la sécurité publique, c'est leur
ee
droit et c'est leur devoir; ils doivent même rechercher dans quelles
ee
conditions cette sécurité peut être agrandie et développée au profit de
ec
tous et surtout débarrassée de toutes ces difficultés et tiraillements qui
er
transforment parfois l'assurance en une perpétuelle incertitude et en
et une source de procès sans fin ; mais qu'il se borne à cette oeuvre de
ee
surveillance et de contrôle. »

Pour conclure, M. le Président exprime le voeu que l'Etat, institué


par les peuples et pour, leurs besoins, se borne à la protection des
libertés légitimes, qu'il aide et favorise l'industrie privée, tout en la
surveillant, mais qu'il ne la supprime pas pour se créer un nouveau
monopole dont l'exercice offrirait, dans la pratique, bien des difficultés
et dont les résultats, toujours aléatoires, pourraient avoir les
conséquences les plus fâcheuses aussi bien pour lui que pour le
développement de l'initiative individuelle, seule et véritable source du
progrès.
«
D'ailleurs, l'auteur du projet ne méconnaît pas toutes les objections
«tque l'on peut faire aux monopoles et leurs nombreux inconvénients,
« mais, dit-il,
puisqu'il en est- déjà plusieurs qui sont établis, on peut
bien en instituer un de plus.
te

« Son grand argument, son excuse plutôt, ce sont les ressources


«
immenses qu'il entrevoit de ce chef pour l'État. On restreint encore la
« liberté individuelle, mais qu'importe! la satisfaction de vivre dans une
société bien organisée mérite.quelques sacrifices; c'est une servitude,
te

« une
simple diminution de liberté en vue de l'intérêt général.
« Mais, alors, sous prétexte d'intérêt général, que n'arrivera-t-on
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 189


pas à monopoliser? Les particuliers disparaîtront pour faire place à

l'Etat et à ses fonctionnaires. »
M. le Président se déclare en conséquence opposé à l'établissement
do ce nouveau monopole en faveur de l'État et propose à la Chambre
de prendre une délibération en ce sens.
Or, la Chambre, approuvant, à l'unanimité des membres présents, les
observations et conclusions présentées par M. le Président, les trans-
forme en délibération et décide que copie en sera adressée à M. le
Ministre du Commerce et de l'Industrie.
Malgré ces protestations, la lutte échauffant les esprits, M. Bour-
geois (du Jura) fait prendre son projet en considération par la Chambre*,
puis il répond, dans une brochure qu'il fait distribuer aux membres du
Parlement, au mémoire (1) que le Syndicat général des Compagnies
incendie adresse aux députés...
(1) L'Assurance contre l'Incendie par l'Ktat, mémoire présenté à la Chambre des
députés par le Syndicat général des Compagnies frane-aises d'assurances à pi^imes
lixes contre l'incendie.
Ce mémoire est de grande valeur, car il mot en relief de sérieux arguments profes-
sionnels et historiques; en outre, on y trouve les résultats probables pour l'Ktat du
monopole des assurances contre l'incendie-, les préjudices divers que causerait
aux citoyens le monopole de l'Ktat, enfin le dommage causé aux Compagnies d'assu-
riiiices, aux agents et aux employés par la suppression do leur industrie.
Le mémoire pose ot résoud les questions suivantes : A. Quel sera le montant des
primes encaissées par l'Ktat assureur? — /{. Quel sera le montant des sinistres à la
charge de l'Ktat assureur? — 1° Pas do choix des risques par l'Ktat, pas d'interdiction
possible: 2" L'Ktat ne pourra pas limiter ses pleins; 3° L'Ktat no pourra riert donner
ni réassurance; 4° Complaisance possible dans le règlement des sinistres; 5° Péril
politique et financier pour l'Ktut par suite de complots anarchistes ou autres ; 6° L'Ktat
sera volé plus souvent que les Compagnies; 7° Pertes à redouter pour l'Ktat, abus
dans les règlements de sinistres et accroissement du nombre des incendies reconnus
probables en 1886 par le Bureau fédéral d'assurances de la Confédération helvétique î
S" Les Sociétés publiques d'assurances en Prusse; 9" lin résumé, l'assuranco par
l'Ktat amène l'augmentation dos sinistres et, par suite, l'élévation du taux des primes.
— C. Quel sera le montant des frais d'administration à la charge de l'Ktat assureur?
— D. Quel sera pour le Trésor, en bénéfice ou en perte, le résultat probable du mono-
pole projeté?
Voici, pour cette dernière question, la réponse du mémoire :
Xous savons (voir page 46 du mémoire) que les Compagnies à primes et les
Mutuelles ont ensemble encaissé en 1893 Fr. 130.716.704 >.
Nous pensons que 9/10 dés risques assurables sont actuellement
garantis; si le 1/10 restant avait été assuré au même taux moyen de
pi'imes, la recette totale se serait accrue de i:l0-7Ui'704 — 14.524.078 »
co qui l'aurait portée à. 145.240.782 »
190 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

La question en était en ces termes tendus, lorsqu'un fait important


seproduisit. Toutes les Compagnies d'assurances à primes fixes sur la
vie, contre l'incendie, contre les accidents et contre la grêle, déjà cons-
tituées en comités ou en syndicat, formèrent un groupe autonome on
plaçant leurs intérêts menacés sous la protection de la loi de 1881 s;u-
les syndicats professionnels.

L'une des formes de l'organisation du travail moderne, celle qui a


remplacé les corporations des arls et métiers : le syndicat professionnel,
est, nous semble-t-il, une très heureuse expression de l'association et de
la coopération combinées avec la liberté individuelle.

L'État assureur encaissera donc 145,240,782 francs, s'il est vrai que la proportion
des ristjues non assurés soit égale à 1/10 de l'ensemble et si le tarif adopté est un lai-if
intermédiaire entre celui des Compagnies à primes et celui des Mutuelles. Ces deux
hypothèses sont évidemment contestables, la seconde surtout, puisque M. Mourgeois.
dans son exposé des motifs, parle déjà de la nécessité de certains dégrèvements.
Désirant ne pas être suspectés de réduire à dessein, pour les besoins du
notre défense, l'importance des encaissements de l'Ktat assureur, nous majorons an
profit de l'Ktat la prévision de recettes et nous portons, en chiffres ronds, une
somme de Fr. 150.000.00ll .
Pour les sinistres, nous adoptons la proportion de 59.72 0/0, taux
moyen des Compagnies à primes de 1879 à 1893, sans tenir compte dit
fait que l'Etat verra certainement ce taux s'élever de plusieurs unités,
soit Fr. 89.580.000 „
Pour les frais d'administration qu'un calcul minu-
tieux nous a permis d'évaluer à 23.63 0/0 dos encaisse-
ments, nous portons seulement 20 0/0, soit.. . . . Fr. 30.000.000 >•

TOTAL DES SINISTRES ET FRAIS Fr. I19.580.00n »

EXCÉDENT des recettes sur les dépenses Fr. 30. 120.000 »


Mais de cet excédent, très problématique, car sur chacun des arti-
cles de recettes et de dépenses nous avons admis l'hypothèse la plus
favorable à l'État, il y aura lieu de déduire :
1° La perte pour le Trésor des impôts et charges que payent
aujourd'hui les Compagnies, soit environ .... Fr. 25.000.000 >
2° L'annuité prévue par M. Bourgeois pour indem-
niser les Compagnies, soit environ. Fr. 13.000.000 »
TOTAL A DÉDUIRE Fr. 38.000.000
RESTE, pour l'Etat assureur, une perte de Fr. 7.580.000
Nous voilà bien loin des 100 millions de bénéfices de M. Bourgeois!...
Reprenons l'analyse du mémoire.
Los préjudices divers que causerait aux citoyens le monopole de l'État sont égale-
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 191

C'est à M. Waldeck-Rousseau que la France doit cette loi de 1884


qui a fait entrer dans notre droit public, ainsi que le signale si exacte-
ment M. Coffinon dans son rapport de 1889 sur les Syndicats, la faculté
pour les travailleurs, patrons ou employés, entrepreneurs ou tâcherons,
do s'associer librement pour la défense, l'étude ou la sauvegarde com-
mune de leurs intérêts journaliers représentés par l'élément profes-
sionnel.
D'un trait de plume la quatrième période de l'histoire profession-
nelle est ouverte, et vont se perdre dans la brume des siècles les
corporations des métiers, puis le travail libre et sans orientation de 1791
à 1810, époque des premiers groupements professionnels. C'est après
cette date qu'apparaissent les chambres syndicales, les groupes de la

mont nombreux. Enumérons : A. Suppression de toute concurrence; B. Vexations


iiujuisiloriales spécialement en ce qui concerne le mobilier; C. Lenteur dans le règle-
ment dos sinistres ; D. Rigueurs à redouter de la part des agents du fisc dans le règle-
ment des sinistres et dans les poursuites; E. Diminution de garanties résultant de ce
que la juridiction administrative serait substituée à des tribunaux civils; F. Pénalités
nouvelles.
Le mémoire n'oublie pas la situation des employés compromise et, après en avoir
marqué l'injustice, il rappelle le texte de la pétition — que nous reproduisons

i-ilessous — adressée en 1848 à l'Assemblée nationale par les employés des Compa.
jçnies d'assurances contre l'incendie et ajoute que leur requête a été entendue ot prise
eu considération.

i CITOYENS UKHRÉHKNTANTSS,
Les principes démocratiques sont menacés dans nos personnes, mais nous tournons
les yeux vers vous et nous sommes sans crainte.
« Hommes libres, ou veut imposer à notre liberté des limites autres que celles de
la liberté d'autrui.
«
Travailleurs, on veut, au nom des théories sociales et de l'inconnu, briser les
«
éléments de notre travail.
" Membres de la grande famille, on veut confisquer notre propriété en détruisant
" dos revenus modestes, mais certains, dus à nos efforts incessants, à nos travaux de
chaque jour.
1

" Telles seraient, en effet, les conséquences immédiates du monopole par l'Etat des
" assurances contre l'incendie, dont nous sommes les auxiliaires.
Mais, citoyens représentants, entre les projets nés de l'erreur des uns et des
<i

" préjugés d'un grand nombre, il y a le droit devant lequel tout s'incline et s'abaisse
clans notre jeune République.
" Notre droit, c'est le symbole vivant de la devise républicaine que vous êtes
" appelés à défendre.

" H s'appuie sur la Liberté, et la Liberté la plus précieuse, celle de vivre en


travaillant : notre travail n'imposant à autrui aucune charge qui ne soit volontaire,
" aucune contribution qui
ne soit spontanée, aucune dépense qui n'ait son utilité.
VJ'A HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

bâtisse, des charpentiers. l*'.n 1809, le mouvement s'étend à l'association


et à l'enseignement professionnel.
Dès lors, le dernier pas vers le Syndicat professionnel est franchi
et la loi du 21 mars 1884 est créée.
Merveilleux instrument d'émancipation économique, dit M. Cot'ti-
ee

e< non, le seul peut-être qui soit accessible à la masse des humbles
ei comme aux séries d'élites, le principe syndical doit agir sur l'opinion
» tout en respectant
la liberté individuelle ou collective, pour faire
et
aboutir à une somme d'idées communes les esprits divisés par la situa-
it
tion, tendances ou usages différents et atténuer jusqu'à effacement
«
complet l'influence des préjugés de milieu. »
La mission du Syndicat professionnel estéle vôe, elle doit amener la
création d'institutions mixtes traitant des litiges professionnels; préparant
des experts compétents et pour les tribunaux de commerce et pour le
Conseil des prud'hommes, jetant les bases d'un enseignement technique,
et de mille et un autres syndicats, offices, sociétés, caisses, conseils,
assurances...; le but immédiat du Syndicat professionnel est de donner
aux hommes d'une même profession le droit de se réunir et de s'asso-
cier pour le triomphe de leurs idées et de leur intérêt commun.
Le ministère de 1884 a donc heureusement complété la grande idée

ii
11 s'appuie sur l'Egalité, nos établissements n'ayant aucun privilège, si ce n'est
n
celui de la confiance publique acquise par trente années de loyaux services rendus à
' la propriété.
»
Si l'Etat devient assureur, ce no sera pas au nom de la Liberté, puisqu'il
n
la ravira aux soixante mille travailleurs vivant de ce travail, aux propriétaires que
i;
leur fortune ou leurs idées éloignent de l'assurance et que l'on y contraindrait elcs-
«
potiquement.
«
Ce ne serait pas au nom de l'Egalité, puisque l'Egalité, qui est le droit de tous tt
« tout, disparaîtrait devant le droit d'un seul contre tous.

" Ce ne serait pas au nom de la Fraternité, car, pratiquer la Fraternité, c'est


ii
ouvrir à tous les sources d'une félicité que nul ne doit trouver aujourd'hui que
« dans le travail.

i Ce ne serait pas davantage au nom do l'abolition d'un privilège, car chacun peut
« exercer l'industrie des assurances sous la forme anonyme ou commanditaire, à ses

«
périls et risques, sans d'autre obligation que celle imposée par les lois et règlement*
i'
publics accessibles à tous les citoyens.
«
Ce ne serait pas môme au nom de l'Economie privée ou de la fortune de l'Etat:
« les
chiffres l'ont prouvé, la pratique l'affirme.
i Pénétrés de cette idée qu'en défendant nos intérêts privés nous restons fidèles
" à
la défense des intérêts généraux et des principes dont nous vous avons confié la
i garde, nous vous le répétons, citoyens représentants, nous demeurons sans crainte-
SALUT ET FRATERNITÉ.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 193

de Turgot : « Dieu, en donnant à l'homme des besoins, en lui rendant


nécessaire la ressource du travail, a fait du droit de travailler la pro-
,,
priôtô de tout homme ; cette propriété est la première, la plus sacrée et


la plus imprescriptible de toutes. »
Actuellement, après onze années d'expérience, le Syndicat profes- '

sionnel semble conserver les avantages sociaux qui apparaissaient à


l'heure de sa naissance ; on va à lui comme on s'en va à l'ombre du
drapeau protecteur.
Constater ce fait, n'est-ce pas décréter, — en notre temps où tout
ouvrage législatif ressemble à la fameuse toile toujours inachevée, — le
plus bel éloge qu'on puisse faire de cette oeuvre sociale "i

Donc, aux sept groupes professionnels parisiens s'ajoute aujour-


d'hui un huitième groupe : l'Union syndicale des Compagnies d'assu-
rances à prime.
L'Union syndicale des Compagnies d'assurances à prime, le huitième
groupe, a pour président M. Charles Robert, ancien conseiller d'État,
directeur de 1' Union incendie, président de la Société de la Participation
aux bénéfices, trésorier de la Société des Habitations ouvrières et attaché
à de nombreuses oeuvres sociales.
L'Union syndicale s'est constituée le 18 mars 1895, en vertu de '
l'article 5 de la loi du 21 mars 1894 sur les Syndicats professionnels. Elle
réunit quatre branches d'assurances : lJIncendie, la Grêle, la Vie et
l'Accident. Elle se compose actuellement de six Syndicats ou comités
dont plusieurs, très anciens, se sont régulièrement organisés dans les
formes déterminées par la même loi. Ce sont : le Comité Syndical
Incendie, le Comité Vie, le Syndicat Général Incendie, le Syndicat Vie ; le
Syndicat Grêle et le Syndicat Accidents.
L'Union syndicale comprend ainsi quarante-quatre Compagnies à
primes. Elle représente devant les pouvoirs publics (l'assurance maritime
exceptée) ce qu'on appelle avec raison le monde assureur, c'est-à-dire
un vaste ensemble formé d'associations de capitaux exposés aux risques
très divers d'une industrie aléatoire, et d'un très grand nombre de colla-
borateurs de tous ordres et de tous grades, depuis les directeurs
nommés par les Conseils d'administration ou les assemblées générales,
jusqu'à ces milliers d'agents fondés de pouvoirs et de sous-agents locaux
rl'ti, à la ville et à la campagne, dans les cités populeuses comme dans
U:« hameaux les plus recules, travaillent avec une persévérante activité à
l'oeuvre commune.
15
194 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSÙRANCE EN l'RANCE ET A L'É'1'RANGER

Déjà de très heureux résultats sont venus encourager les premiers


pas du nouveau Syndicat, M. Charles Robert les signale dans un très beiui
discours qu'il prononce au banquet qui suit la constitution du nouveau
Syndicat et auquel assistent: le Ministre du Commerce, de hautes person-
nalités et divers membres de l'Union syndicale (1) :

« Il est bon que des rapports directs et personnels et des échanges



d'idées s'établissent ainsi, sous l'égide de la loi de 1884, d'une par;,
et entre les assureurs et les industriels et négociants qui sont
« ou peuvent être assurés et, d'autre part, entre les représentants de
«
l'État et l'industrie des assurances de toute nature. Cette grande et
«
ancienne industrie, qui a créé spontanément, il y a trois quarts de siècle,
te par de longs et coûteux efforts, une forme nouvelle de la prévoyance, ne
tt réclame ni protection ni privilège. La concurrence qui s'exerce avec
« ardeur, autour de nous, soit par la mutualité, soit par les Compagnies
« étrangères, enlève à nos ententes syndicales tout caractère de monopole.
« Notre unique ambition est de continuer à faire notre oeuvre et de rem-
et
plir notre tâche honorablement, sous le contrôle de l'opinion publique,
« et dans ce régime vivifiant de la liberté qui comporte et facilite toutes
te
les améliorations.
(1) MM. Ch.Robert, de l'Union; Dervillé, président du Tribunal de commerce ;
de Kertanguy, de la Générale; Capperon, chef de cabinet du Ministre ; Cloquemin.de
la Paternelle ; Patinot, secrétaire du Ministre ; Fassy, de ['Urbaine; Expert-Besançem,
président du Comité central des Chambres syndicales ; Fix, du Soleil-Sécurité ; Dohes-
din, président de l'Association des tissus; G. Cerise, do l'Union; de Konceray, de
l'Aigle ; G. Odier, de la Caisse des Familles ; d'Aygurande, Labarthe, de la Providence;
de Lafont, de la Foncière ; Vermot, secrétaire du Syndicat; Truelle, do la Fran ce, ;
Balézeaux, de la Métropole; de Thieriet, du Patrimoine ; Bouchant, de la Foncière;
Bizos, de YAigle; G. Meyer, du Phénix Espagnol; A. Odier, de la Caisse des Famil-
les; de la Motte, de l'Aigle ; Grimpel, de la Nationale ; À. Faure, de l'Union; Le Roy
des Barres, de la Générale; Mulsant, do la Nationale ; de Bôgon, du Soleil; Leviez,
de l'Urbaine ; Schreyer, de la Caisse paternelle ; Fillod, du Monde ; de la Jaillc, élu
Soleil; Pradelle, do la Confiance; de Serbonnes, de l'Abeille; Equilbecq, de la Con-
fiance grêle; Laas d'Aguen, du Secours; Briey, de la Foncière; Beuzon, de la Pror.i-
dence; Legeay Gronnier, de la Providence; de l.abaume, de la Franee; Balas-Troy,
de l'Urbaine; Labreuil, de la Paternelle; Ray, de la Nationale ; Pinard, président de
la Chambre syndicale du commerce et de l'industrie; Lanier, président du Syndicat de
la Bourse du Commerce ; Mayen, de la Prévoyance ; Marguery, président du Comité
de l'Alimentation parisienne; Langlois, de l'Abeille; Frôd. Bertrand, président des
Chambres syndicales de l'industrie et du bâtiment et du Comité des élections consu-
laires ; David-de la Providence; Delaunay-Belleville, président de la Chambre de
commerce de Paris ; Alfred Picard, président de la section du commerce au Conseil
d'État, Commissaire général de l'Exposition de 1900.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE I,'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 195

et
La Chambre de commerce de Paris le sait bien. Répondant à la

demande d'avis contenue dans une circulaire de M. le Ministre du Com-
« merce et de l'Industrie en date du 30 mars 1895, cette Chambre, par
l( une très remarquable délibération du 26juin dernier, s'est ênergiquement
«
prononcée, aussi bien contre la proposition de créer le monopole fiscal
«
de l'assurance incendie, que contre tous les projets de loi dont le but
«
serait de substituer à l'initiative privée l'intervention plus ou moins
«
directe des fonctionnements publics et du budget de l'État (1).
tt La Chambre de commerce de Paris a appliqué ainsi et proclamé,

« une fois de plus, ses opinions sages et libérales. Bille a rappelé, avec une
«
sollicitude dont nous la remercions, l'émotion très vive qui, dans tous
«
les départements, a provoqué les véhémentes pétitions de nos agents
«
fondés de pouvoirs menacés de la perte de.leurs emplois et les pressantes
c
démarches individuelles qu'ils ont faites auprès des députés de leur
«
circonscription électorale.
te
Mais la Chambre de commerce a compris que les Compagnies et
et
leur personnel n'étaient pas seuls en cause.

(1) Conclusions de la délibération de la Chambre de commerce de Paris :


En ce qui concerne le projet Bourgeois :
«
Considérant que l'adoption du projet Bourgeois sur les assurances contre
«
l'incendie aurait pour effet d'instituer un nouveau monopole d'État contraire, par sa
»
création, au libre exercice de l'industrie, et, en raison de son caractère obligatoire,
contraire à la liberté individuelle, qu'il ne pourrait être mis en pratique sans
augmenter le fonctionnarisme et qu'il aurait pour conséquence grave à tous les

points do vue de priver de toutes ressources le personnel nombreux employé direc-
- tement ou
indirectement par les Compagnies;
«
Considérant que l'éventualité du recouvrement d'une somme de cent millions
comme conséquence do ce nouveau monopole ne saurait se réaliser :
i 1° En raison des sommes que l'État aurait à débourser, sous une forme quel-
" conque, pour indemniser les Compagnies;

« 2° En raison des frais considérables qui devront être exposés par l'État pour
iissurer le fonctionnement régulier des rouages multiples d'une Compagnie d'assu-
" l'iiuces, même en tenant compte du bénéfice résultant de la suppression des courtages

" eu commissions;
3° Par l'augmentation du nombre de sinistres provenant de mauvais risques,
•i que
" l'Etat serait tenu de garantir, en admettant le principe de l'assurance obligatoire ;
« 4° Par l'absence de réassurances qui, pratiquées avec discernement, atténuent,
" dans une certaine mesure, l'importance des sinistres supportés
par les Compagnies ;
« &° Par la perte certaine d'une somme de vingt millions encaissés sans frais par
" l'Etat, des Compagnies,
pour impôts, sans compter les ressources provenant des
trais de timbres et autres, entraînés par l'exploitation des Compagnies d'assurances;
Considérant qu'il y a tout intérêt, pour l'assuré, à traiter avec une Compagnie de
" su! choix,
avec laquelle il peut débattre les conditions de son assurance, discuter le
196 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L1 ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

ee
Se plaçant à un point de vue plus élevé, elle amis la question sur
ee son
véritable terrain; elle a montré qu'il s'agit d'un principe de liberté
et
dont le maintien n'intéresse pas seulement l'assurance, mais aussi
« toutes les autres
industries; chacune d'elles, en effet, peut être complo-
te
mise, un jour ou l'autre, soit par l'inexpérience de certains novateurs,
et
soit par les programmes du socialisme d'État.
ee
Pondant que la préoccupation du lendemain, née de la proposition
ee
Bourgeois (du Jura), agitait et mobilisait en quelque sorte, dans toute la
et
France, les 150,000 agents et auxiliaires des Compagnies à primes et
ee
des Sociétés mutuelles, presque toutes les Chambres de commerce,
«
inquiètes à leur tour de ces redoutables velléités de création d'impôt
« sous
prétexte de monopole d'assurance, prenaient, pour conjurer ce
ee
péril, des délibérations que M. le Ministre du Commerce a reçues.
ee
II faut savoir beaucoup de gré à M. le Ministre d'avoir, par sa cir-
ée
culaire du 30 mars dernier, consulté toutes les Chambres de commeiro
et en
France, car ainsi s'est produite l'imposante manifestation faite par
et ces
Chambres tant pour l'incendie que pour les autres branches d'assu-
ee rances :
Vie, Grêle, Accidents, contre le texte et l'exposé des motifs de
« la proposition Bourgeois (du Jura) et contre le projet Viger.

« taux de sa prime, et contre laquelle, en cas de contestations, il pourra plus utilement


« se défendre que s'il se trouvait en présence de la juridiction spéciale de l'Etat
« assureur ;
» Considérant que le système de prime proportionnelle variable, fixée annuelle-
ii ment par une
commission spéciale, serait contraire à l'équité;
« Qu'il aurait pour effet de faire payer, sous forme d'impôt, l'assurance de meubles

« ou d'objets
mobiliers dont l'évaluation originaire ne serait plus en rapport avec la
« prime demandée. »
En ce qui touche le projet Viger :
«
Considérant, quelle que soit la l'orme atténuée sous laquelle il est présenté, que
«
le projet de création de caisses d'assurances mutuelles agricoles n'offrirait aucun
« avantage à
l'agriculteur, en raison de la nature des risques à garantir qui se trou-
ée
vent inégalement répartis sur la surface du pays; que son adoption serait contraire
ii aux
intérêts des finances de l'État et qu'elle aurait les mômes conséquences, à l'égard
n des Compagnies et de l?ur nombreux personnel, que le projet Bourgeois;

«
Considérant que l'ingérence de l'autorité administrative aux différents degrés de
n la
hiérarchie, dans l'administration des caisses mutuelles agricoles, aurait pour
« conséquence de restreindre la liberté individuelle;
« Qu'elle priverait l'assuré de toute garantie de compétence, d'impartialité, dans

«
la fixation du taux des cotisations, la constatation des dommages et le règlement
«
des indemnités, qui seraient laissés à l'appréciation souveraine des Conseils d'adnfi-
(i
nistration chargés de In direction de ces caisses ;
ii
La Chambre de commerce de Paris émet le voeu que les projets Bourgeois et
«
Viger ne soient pas adoptés par le Parlement. »
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A
L'ÉTRANGER 197

« Il convient de remercier aussi M. le Ministre, en ce qui touche le


,,
projet de loi sur les accidents du travail, d'avoir repoussé l'assurance

dos accidents par l'État et d'admettre, au contraire, la libre intervention
,
des Compagniesprivées pour la garantie du risque professionnel.
«
Comme les Con pagines d'assurances incendie et grêle, les Compa-
«
gnies d'assurances contre les accidents ne demandent que le droit
« commun de la liberté. »

M. le Ministre a naturellement répondu à ce beau discours ainsi que


M. Picard, le Commissaire général de l'Exposition prochaine. Bref, tous
les discours de réponse sont des plus encourageants pour l'oeuvre nouvelle .
dont voici les statuts :

Statuts adoptés le 18 mars 1895 et déposés à la préfecture de la Seine


conformément à la loi, le 2 avril suivant.

ee
Entre les Syndicats professionnels rôgulière-
ARTICLE PREMIER. —
.'
ment constitués en vertu dé la loi du 21 mars 18S4, désignés ci-après,
«
savoir :

ee
1° Le Syndicat général des Compagnies d'Assurances à primes
«
fixes contre l'Incendie, 44, rue de Châteaudun ;
ee
2° Le Syndicat des Compagnies d'Assurances à primes fixes contre
tf
les Accidents, 23, rue de Londres ;
ee
Et les autres Syndicats qui pourront être ultérieurement admis
«
à adhérer aux présents statuts,
ee
II est établi, conformément aux prescriptions de l'article 5 de la loi
«
précitée, un groupe appelé :
ee
L'Union syndicale des Compagnies d'Assurances à primesfixes de
« toute nature.

« ART. 2. —
h'Union syndicale des Compagnies d'Assurances àpri-
« mes
fixes de toute nature a pour but de leur permettre de se concerter
«
librement pour tout ce qui concerne leurs intérêts économiques, indus-
« triels et commerciaux.

« ART. 3. — D'autres Syndicats de Compagnies à primes fixes, régu-


«
lièrement constitués, pourront être admis à faire partie de l'Union syndi-
« cale par le consentement unanime de tous les Syndicats qui la com-

8 posent.

« Ce consentement devra être donné par une délibération spéciale^


" de chacun de ces Syndicats.
198 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE El" A L'ÉTRANGER

« Chaque Syndicat est représenté dans 1' Union syndicale


ART. 4. —
« des Compagnies d'Assurances à primes fixes de toute nature par ses
« président et délégués. Pour le cas d'empêchement des délégués titti-
« laires, chaque Syndicat désigne d'avance deux suppléants.
« ART. 5. — Le Bureau de Y Union syndicale des Compagnies d'Assu-
« rances à primes fixes de toute nature est composé de cinq membres
»
savoir :
te
Un président, deux vice-présidents, un secrétaire et un trésorier.
ee
Les cinq membres du Bureau sont élus pour deux ans.
« En cas de vacance par décès ou démission, il est pourvu au rem-
«r
placement dans la plus prochaine réunion de Y Union syndicale r/'.s
ee
Compagnies d'Assurances à primes fixes de toute nature.
« Les fonctions du nouveau membre expirent avec le mandat de

et
celui auquel il a succédé.
« Le renouvellement du Bureau a lieu tous les deux ans.

« ART. 6. —L'Union syndicale des Compagnies'd'Assurances à pri-


« mes fixes de toute nature se réunit une fois par an au moins.
Ses membres peuvent être convoqués extraordinairement par le
ex

« président, soit d'office, soit sur la demande d'un des Syndicats adhé-
i rents.
« Le Bureau se réunit avant chaque séance pour en arrêter l'ordre
tt du jour qui,est inscrit sur les lettres de convocation.

« ART. 1. —Les recettes de Y Union syndicale des Compagnies d'As-


<< surances à primes fixes de toute nature se composent d'une cotisation
« annuelle de deux cents francs pour chaque Syndicat.

« ART. 8. — Le siège de Y Union syndicale des Compagnies d'Assu-

« rances à pfirnes fixes de toute nature est à Paris, 44, rue de Chà-
« teaudun.

« ART. 9. — Le président de Y Union syndicale des Compagnies d'As-


Ï surances à primes fixes de toute nature est chargé de faire les dépôts
te
et déclarations prescrits par l'article 5 de la loi du 21 mars 1884.
« Fait en autant d'originaux que de parties intéressées, à Paris, le
« 18 mars 1895. »

L'oeuvre est accomplie, les Compagnies d'assurances de 1895 ont

D'excellentes observations ont été présentées à cette époque à l'Assemblée


(1)
nationale par les directeurs des Compagnies d'assurances à primes. Leur pétition ;i
été publiée dans la Revue des Assurances, tome V, 1848, imprimerie Chaix.
Un mémoire intitulé : « Assemblée nationale. — Assurances mutuelles. — Des
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 199

suivi leurs aînées de 1848 (1), elles ont défendu leurs droits et les
intérêts de leur industrie. On ne peut maintenant que souhaiter le triomphe
de leur cause qui est celui de la justice et du progrès social (1).

L'enseignement de l'assurance dans les écoles. — Institut commercial.


En 1871. — Circulaire de M. Emile Ferry, Association philotechni-

(jue, Compagnies donatrices. — Les cours, programmes,
École libre des
sciences politiques, faculté de droit, lycées, en Autriche, en Italie, en
Belgique (2). — Une des conséquences obligées du développement de
l'assurance et de son élévation au titre de science sociale devait être de
la faire adopter dans le programme de l'enseignement universitaire et
commercial.
En effet, le premier problème qui se doit dresser devant le jeune
homme, au sortir de l'école, n'est-ce pas celui de la prévoyance ?

assurances par l'État. — Observations. Juin 1848 », signé par quatorze directeurs de
StH'iètés mutuelles, contient cette phrase :
"Quoi! des industriels, des hommes de capacité auront exposé et souvent
consommé leur fortune, consacré leurs veilles et leurs travaux à créer ou a orga-
' niser entre eux et leurs concitoyens une forme de garantie réciproque et tutôlaire
contre des périls communs; après des efforts inou'is et de nombreuses tentatives, ils

seront parvenus à se faire comprendre; et quand le moment de jouir du fruit de leurs
«
dépenses et de leurs fatigues sera arrivé, le Gouvernement viendra leur dire :
i'
La position est bonne et j'use de mon droit du plus fort pour vous on chasser et pour
' me l'approprier. » Et il croira justifier cette inqualifiable spoliation en alléguant pour
" excuse
le profit qu'il espère en tirer! Et ce sont les ministres d'une République
«
instituée sous la devise de Liberté, Égalité, Fraternité qui, en son nom, proclament
cette morale I A ce compte et avec de tels dogmes, il n'y a pas une exploitation

industrielle, pas un établissement en France dont les intéressés ne doivent
" trembler I »
(1) Les directeurs des Sociétés d'assurances mutuelles agricoles viennent de
suivre l'exemple donné par l'Union syndicale des Compagnies à primes et constituent
un nouveau groupe professionnel.
Actuellement, nous laissons le Sénat aux prises avec les accidents du travail.
/
Quant à la proposition Bourgeois (du Jura), elle a été rejetée par la Commission
chargée d'en étudier la possibilité. Les autres projets ont disparu de l'ordre du jour
des Chambres.
(2) L'enseignement de l'assurance a donné lieu sur les rapports de .MM. Maingie
ei Georges Hamon à une discussion très intéressante au Congrès des actuaires de
Unixelles en septembre 1895.
MM. Léon Marie, Tarbouriech, Maingie, G. Hanoon, Duboisdenghein et Mahillon
0ll! pris part aux débats. M. Vellut a donné lecture d'une communication sur l'encou-
•'".-•e.'mont de l'assurancetel qu'il le souhaite dans les écoles de Belgique.(Voir page 93.)
200 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Aussitôt les études achevées, il entre, soit dans la vie active des
affaires, soit dans l'administration ; ou bien il embrasse une carrière
libérale. Ici ou là, il est dans cette existence consciente qui fait les hom-
mes, qui leur apprend les charges, les devoirs et les responsabilités
qu'ils auront à remplir vis-à-vis d'eux-mêmes, de leur famille, de la
société ; une fois dans le tourbillon de la vie, le jeune homme ne peut en
sortir; s'il ne sait se diriger, il succombera et ajoutera un nom de plus à
la liste des victimes.
C'est, justement, pour éviter de ces surprises inquiétantes et même
déroutantes, qu'il faut élargir le plus possible le cadre des études scolaires
et initier le jeune homme aux sciences nouvelles, comme il est pénétré
des sciences anciennes.
L'Assurance est une science sociale de la dernière heure, et, pour ce
motif, elle doit être enseignée à la jeunesse des écoles.
C'est, sans aucun doute, sous l'impression qu'il existait, en effet, une
lacune à combler dans l'enseignement commercial, et guidés par un
esprit élevé, progressif et libéral, que M. le Directeur et le Conseil d'ad-
ministration de l'Institut commercial de Paris ont ouvert, en 1886, un
cours hebdomadaire d'assurances.
M. G. Hamon en a été nommé titulaire. En 1893, son professorat a
été étendu aux élèves des classes normales supérieures et agréé par
arrêté de M. le Ministre du Commerce et de l'Industrie.
L'Institut commercial de Paris est reconnu par l'État ; son diplôme
supérieur donne droit, à la dispense de deux années de service militaire.
Au sortir de l'école, les élèves sont placés par les soins et sous le
patronage du Conseil d'administration, de la direction et de deux cents
actionnaires, fondateurs de l'Institut.
Afin d'encourager cette étude de l'assurance dans une école supé-
rieure de commerce, MM. les Directeurs des Compagnies d'assurances
françaises et européennes fonctionnant en France accordent, chaque
année, trois bourses d'études de 300 francs chacune aux fils d'employés
d'assurances, et, à leur défaut, aux élèves les plus méritants.
Des prix sont également donnés aux lauréats du cours d'assu-
rances.
Déjà un certain nombre d'élèves de l'Institut commercial de Paris
ont été acceptés, à leur sortie, comme employés dans les Compagnies
d'assurances.
Les Compagnies donatrices sont les suivantes :
Aigle, incendie et vie — Abeille, vie et incendie, accidents et grêle —
Bâloise — Compagnie d'Assurances Générales, vie et incendie —
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 201

Confiance, incendie et vie — Caisse Paternelle —Clémentine —Commer-


ciale — Caisse des Familles — Caisse syndicale des Forges de France

Centre Mutuel — M. Coulardot, réassureur — Eternelle — France,
incendie et vie — Foncière, incendie, vie, transports — Fraternelle Pari-
sienne — Ferme — Gresham — Helvetia — Industrie Française —
Motropole — Mutuelle de Valence — Monde, vie et incendie — Nationale,
vie et incendie — Nord, incendie — Providence, vie, incendie, accidents

Paternelle — Phénix, vie et incendie — Patrimoine, accidents —
Prévoyance et M. Mayen, directeur — Réparatrice, accidents — Secours
Soleil, incendie et vie — Soleil, sécurité générale — Thômis —

Union, incendie et vie — Urbaine, incendie et vie — Urbaine et
Sc-ine.
Le programme des cours porte sur les matières suivantes :
Rôle social : L'assurance et la question sociale. — F.tat de la question
dans les différents pays d'Europe. — Les Compagnies d'assurances et le
développement officiel des idées de prévoyance.—Lerôle de la prévoyance,
do l'épargne et de l'assurance dans la société.
Ses fonctions : Les risques à garantir et les différentes branches
d'assurances. — Les termes généraux d'assurances affectés aux différentes
branches.— Les genres de Sociétés qui garantissent les risques : Sociétés
mutuelles, Sociétés à primes fixes et à capital-actions, Caisses diverses,
Tontines, Caisses départementales.
Ses divisions: l'assurance contre l'incendie.—Historique.—Conditions
générales de la police et commentaires : objet de l'assurance, recours,
payement des primes, déclarations et obligations de l'assuré, ses respon-
sabilités; des sinistres, du règlement et du payement des dommages. —
Des risques simples et industriels, d'explosion, de contiguïté avec ou sans
communication, chômage. — Conditions particulières de la police. —
•lurisprudence.
Assurance contre les accidents. — Historique. — Du risque profes-
sionnel, assurance collective, de responsabilité civile, assurance indivi-
duelle, assurance contre les accidents de chevaux et de voitures. Bris des
glaces, transports des valeurs.
— Les Congrès d'assurances contre les
accidents du travail à Paris, à Berne et à Milan. — La question de l'assu-
l'ance obligatoire. — Les Compagnies et l'État.
Assurances sur la vie humaine. — Les Compagnies françaises,
origines; les Compagnies européennes et américaines.
— Les diverses
combinaisons. — Bilans, tarifs, commissions, placements, comptes rendus,
surveillance et contrôle. — L'assurance sur la vie et la famille.
Assurances agricoles. — Assurance contre la grêle : les risquesdivers
16
202 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

— mutualité et prime fixe — l'agriculteur et l'assurance — l'assurance


contre la mortalité des bestiaux. — Le Crédit agricole et l'assurance.
—.
Les projets du Parlement.
L'Assurance maritime. — Ses origines. — Le code de commerce
commentaire de la police. — Les diverses Compagnies, les courtiers, les
risques, les auxiliaires des Compagnies. — Le commerce d'exportation
et le commerce maritime. — L'assurance des marins pêcheurs. — Ktat
delà question.
En 1871, des cours ont existé à la mairie Drouot sous le titre de:
Application des mathématiques aux finances, à la statistique et aux
assurances sur la vie.
Voici en quels termes l'ouverture de ces cours a été portée à la
connaissance du public :

« Le maire du IX0 arrondissement a l'honneur d'informer le public


« que les cours,
désignés ci-après, auront lieu dans l'une des salles do la
« mairie, rue Drouot, G, et
d'en recommander la fréquentation aux jeunes
« gens
dont la carrière exige les connaissances qui en font l'objet.
«
COURS DE PREMIÈRE ANNÉE, le mardi et le vendredi de 5 à 6 heures
«
du soir. — M. Charles Simon, docteur es sciences mathématiques, en-
«
soignera les éléments de l'algèbre, le calcul logarithmique et la théorie
«
élémentaire des annuités certaines et viagères.
« Pour
suivre ce cours, qui commencera le mardi 21 novembre cou-
« rant, il suffit d'être
familiarisé avec les opérations de l'arithmétique.
«
COURS DE DEUXIÈME ANNÉE, le lundi et le jeudi de 5 à G heures du
« soir. — M.
Hippolyte Charlon, directeur de la Compagnie d'assurances
«
la Confiance, enseignera la théorie des annuités, celle des emprunts
«
publics et les assurances sur la vie.
« Pour
suivre ce cours, qui commencera le lundi 20 novembre cou-
« rant il est
indispensable de posséder les notions élémentaires de l'algé-
«
bre, y compris la résolution des équations du premier et du second
« degré à une
inconnue.
« INTERROGATIONS ET
EXERCICES ÉCRITS, le mercredi et le samedi de
i 5 à 6 heures du soir. —M. Marc Achard, ancien élève de
l'École poly-
a technique et
actuaire de la Compagnie d'assurances l'Union, interrogera
«
les auditeurs du cours de première année, et examinera leurs exercices
« écrits. »
Le maire du IX" arrondissement,
EMILE FERRY.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 203

En 1872, ces cours sont renouvelés avec le programme suivant :

«
Couus n'ALGÈBRE PRATIQUE, le mardi et le samedi de 5 à 6 heures
du soir. — M. Aimé Jay, ancien élève de l'École polytechnique, employé
à la Compagnie d'assurances contre l'incendie la Confiance, enseignera
les éléments de l'algèbre, le calcul logarithmique et la théorie élémen-
taire des annuités certaines et viagères.
« Pour
suivre ce cours, qui commencera le mardi 20 novembre 1872,
il suffit d'être familiarisé avec les opérations de l'arithmétique élémen-
taire.
«
COURS D'OPÉRATIONS FINANCIÈRES ET VIAGÈRES, le lundi de 5 à 6 heu-
res du soir. — M. Marc Achard, ancien élève de l'École polytechnique,
actuaire de la Compagnie d'assurances sur la vie le Soleil, enseignera
la théorie des annuités, celle des emprunts publics et des assurances
sur la vie.
«.
Pour suivre ce cours, qui commencera le lundi 2 décembre, il est
indispensable de posséder les notions élémentaires de l'algèbre y com-
pris la résolution des équations du premier degré à une et deux incon-
c nues.

«
COURS OE COMPTABILITÉ, le mercredi de 5 à 7 heures du soir. —
M. Joseph Barré, professeur à l'Ecole supérieure de commerce et au
collège Chaptal, fera des conférences sur les principes généraux de la
comptabilité et leur application aux opérations des Institutions de crédit,
des Compagnies d'assurances et de chemins de fer, ainsi qu'au budget
des Villes et de l'État.
« Ce cours commencera le
mercredi 27 novembre 1872.
«
COURS DE CALCUL DES PROBABILITÉS, le vendredi de 5 à 6 heures du
soir. — M. Hermann Laurent, ancien élève et répétiteur à l'Ecole poly-
«
lechnique, actuaire de la Compagnie d'assurances V Union, enseignera
les éléments du calcul des probabilités et leur application à la résolution
<
des problèmes les plus importants de la Finance et des Assurances sur
«
la vie.
« Ce cours commencera le 29 novembre 1872.
« CONFÉRENCES INDUSTRIELLES ET KINANCIÈRES, le jeudi de 5 à 6 heu-
1 ; es du soir.
— MM. Emile Dormoy, ingénieur des Mines et Armand
" Demongeot, ancien élève de l'Ecole polytechnique et Maître des re-

1 luêtes au Conseil d'Etat, feront clés conférences. Les jours et les sujets

seront ultérieurement indiqués. »


l'our plus amples renseignements, on devait s'adresser à M. Charlin,
*r' rétaire du « Cercle des Actuaires français », 21, rue de Grammont.
204 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

En 1887, sous le patronage de l'Association philotechnique, fondée en


1848 et reconnue d'utilité publique en 1874, et sous la direction de
deux économistes et assureurs très estimés, MM. Charles Letort et
Le Chartier, des cours d'assurances sont ouverts à nouveau à la mairie
Drouot.
Le programme était le suivant :
Economie politique et assurance. Sociétés de secours mutuels et leurs
rapports avec l'assurance. Les assurances de l'Etat. L'Etat assureur. —
Professeur : M. Charles Letort.
Assurance contre l'incendie. — Professeur : M. Gauvin.
Assurance mortalité bétail. — Professeur : M. Douladoure.
Assurance contre la grêle. — Professeur : M. Jean Perriaud.
Malheureusement, malgré le dévouement des professeurs et leur
compétence, les cours, insuffisamment fréquentés, ne furent pas renou-
velés l'année suivante.
Il faut franchir sept années pour assister à la reprise des cours d'assu-
rance à la mairie Drouot.
M. Alphonse Elu, publiciste, est alors le directeur de la section des
sciences financières et matières juridiques. Doué d'une grande activité, il
réorganise la section des assurances et, grâce à ses nombreuses démar-
ches, il obtient le concours pécuniaire des Compagnies d'assurances, qui
versent à l'Association une somme importante destinée à être remise.
sous forme de livrets de la Caisse d'épargne, aux élèves lauréats des
cinq cours d'assurance.
Les premiers prix sont de 175 francs, les seconds de 100 francs.
Les premières mentions ont des médailles.
Les Compagnies donatrices sont les suivantes :
Comité des Compagnies-vie — Urbaine-incendie — Urbaine-vie —
Urbaine-accidents — Générale-incendie — Soleil-vie — France-vie —
France-incendie — Paternelle— Caisse Paternelle — Providence-incendie
— Aigle-incendie — Abeille-vie — Abeille-incendie — Monde-vie —
Monde-
incendie— Foncière-vie— Foncière-incendie—Métropole — Prévoyance-
accidents — Patrimoine-vie — Patrimoine-accidents — Préservatrice-
accidents.
Le programme des cours qui sont suivis par des employés de Sociétés
d'assurances ou financières est extrêmement étendu : il porte sur lus
matières dont voici un aperçu aussi restreint que possible :
Comptabilité des assurances, cours de M. Drivet.
1" Notions générales d'économie financière. —Richesses — Utiliio —
Utilité comparée — Échange — Valeur —Valeur courante — Monnaie —
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L*ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 205

Capital — Capitaux — Banque — Contrat de crédit — Salaire — Intérêt—


l.'sure — Titres fiduciaires.
2° Principes généraux de comptabilité. — Définition — Origines —
Ouvrages spéciaux — Partie simple — Partie double — Livres commer-
ciaux — Théorie — Application — Méthodes diverses appliquées à la tenue
du Journal et du Grand Livre — Bilans — Minute du journal — Situation
générale.
3° Comptabilité appliquée aux assurances. — Notions générales sur
l'assurance — Contrats — Risques — Modes divers d'assurances —
Primes fixes — Mutuelles — Considérations — Assurances par l'État.
Comptabilité-incendie : Organisation administrative — Agences —

Inspecteurs — Livres divers — Nature des comptes — Inventaires —
l'.ilans. — Comptabilité-vie : Organisation — Nature des contrats —
Assurances en cas de vie — Assurances en cas de décès — Livres divers
Nature des comptes —
Réserves mathématiques —
Inventaires —

Bilans.
Cours d'assurances sur la vie contre les maladies. — Professeur :
M. Casinelli, actuaire (1).
Aperçu historique — Législation — Tontines — Tables de mortalité
françaises et étrangères — Annuités viagères — Intérêt viager — Cons-
truction des' tables d'annuités — Constitution de rentes viagères — Assu-
rances sur la vie — Réserves — Calcul des réserves pour toutes les caté-
gories d'assurances — Inventaire d'une Compagnie — De la participation
dans les bénéfices — Rachat et réduction des polices — Assurances contre
les maladies — Tables de mortalité — Réserve obligatoire Application

de cette assurance aux Sociétés de secours mutuels.
Cours d'histoire de l'assurance. — Professeur : M. Georges Hamon.
Généralités sur les origines de l'assurance.
L'assurance maritime.
L'assurance terrestre.
Fonctionnement de l'assurance.
L'Assurance sur la vie. — Historique — Création des tontines —
Mutuelles — Compagnies à primes — Comité — Syndicat — État actuel de
la question
— Institutions de prévoyance sociale dont l'Assurance-vie
lavorise l'expansion — Émigration des Compagnies américaines en

(1) En 1895-96 ce cours est l'ait par M. Cohen avec lo programme suivant :
Principes fondamentaux du calcul des probabilités.— Tables do mortalité.—Déter-
"ùnation des annuités viagères. Étude des principales combinaisons en usage dans

lus Compagnies.— Calcul des primes.
— Réserves.— Inventaires.
206 HISTOIRE GÉNÉRALE nE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

France — La surveillance gouvernementale — Décisions ministériellu.s


relatives au fonctionnement de l'Assurance-vie — Projet de loi au Parle-
ment français tendant à étendre la surveillance aux Compagnies étran-
gères opérant en France — Législation dans les divers pays — Los
Compagnies françaises : leur histoire, leur situation financière et indus-
trielle — Le placement des réserves — Les actions — Combinaisons
diverses et leur application sociale.
L'Assurance contre les accidents. — Historique — Création des
risques : collectifs, individuels, de responsabilité civile — État actuel do
la question — Allemagne — Suisse — Italie — Espagne — Belgique —
Angleterre — États-Unis — Russie — Suède — Danemark — France —
Exposition de 1889 — Sociétés industrielles pour la prévention des acci-
dents — Société de Mulhouse, des Industriels de France, de Rouen --
Comité permanent des accidents du travail — Congrès de 1889, de Berne,
de Milan — Création du risque professionnel et les projets de loi sur les
accidents du travail — Caisses des ouvriers mineurs — Assurances patro-
nales — Caisses syndicales — Les Compagnies françaises : leur situation
financière et industrielle.
L'Assurance contre l'incendie. — Historique — Le risque— Origine
et premières luttes contre le feu — Les premières Compagnies — Etat de
la question — Articles du code déterminant les risques, les responsabi-
lités — Sociétés mutuelles — Compagnies à primes fixes. — Caisses
départementales — Comité et Syndicat, loi de 1867 modifiée et à l'usage
des Compagnies d'assurances — Fonctionnement de l'assurance — Les
Compagnies françaises et leur situation financière et industrielle — Projet
de loi au Parlement sur le monopole.
L'Assurance contre la grêle. — Historique — Le risque — Débuts
des premières Compagnies — Essai de socialisme d'Etat de Napoléon III

État actuel de la question Compagnies anonymes et Sociétés

mutuelles, leur situation financière et industrielle — Tendances de l'Etat
français vers l'assurance des récoltes — Les projets de loi au Parlement
— La grêle à l'étranger.
M. Candiani, à la suite de la publication d'un ouvrage très apprécié
sur l'assurance des industries chimiques, a été appelé à faire un cours
sur les fabriques et usines envisagées au point de vue de l'assurance-
incendie.
Voici, non pas le programme mais un résumé de ce cours :
L'Assurance incendie, touche à deux branches distinctes du savoir :
au droit et à la science.
Les notions juridiques sont indispensables pour la fixation des
HISTOIRE GÉNÉRALE OE L'ASSURANCE EN FRANCE ET, A L'ÉTRANGER 207

conditions générales devant régir, à défaut d'une législation spéciale, le


contrat d'assurance, ainsi que pour l'interprétation et l'application de
ces mêmes conditions en matière de recouvrement de primes, de règle-
ment de sinistres, de recours contre les tiers, etc.
Les questions scientifiques jouent un rôle considérable dans la pra-
tique journalière de l'assurance incendie pour l'examen et l'acceptation
des risques, pour l'établissement des primes y afférentes, enfin et sur-
tout, pour l'imposition des mesures préventives destinées à diminuer le
nombre et l'importance des sinistres.
Si l'ensemble de ces notions ne doit pas faire défaut à l'assureur
contre l'incendie, on peut néanmoins affirmer que ce sont les notions
scientifiques qui doivent tenir la première place dans son instruction
professionnelle. Quelles sont ces notions'? Elles appartiennent toutes à
ht chimie, à la physique et à la mécanique appliquées à l'industrie.
Comment, en effet, apprécier les dangers d'incendie d'un établisse-
ment industriel quelconque, si l'on ignore les procédés qui y sont
employés et la nature des matières dont on fait usage "i Comment
prévenir, soit en arrêtant, soit en diminuant les causes d'incendie, si l'on
est étranger aux manipulations des usines, aux moyens de fabrication
dont elles disposent, à leur outillage, à la qualité de leurs matières pre-
mières ou des produits fabriqués?
Ces notions sont difficiles à acquérir, et leur vulgarisation dans un
cours public parait devoir être la manière d'enseignement la plus efficace
pour les jeunes assureurs...
Après une courte exposition des généralités sur l'assurance
incendie, notamment en ce qui concerne les facteurs principaux du
rentrât, M. Candiani a abordé le sujet principal de ses leçons en com-
mençant par la classification de la matière assurable et la formation des
primes. Il a ênumôrê les différents éléments qui concourent à rétablisse-
ment des tarifs ; puis il a démontré que, en matière de risques industriels,
l'étude statistique des sinistres n'est efficace que si elle est ôtayôe sur
des connaissances approfondies des procédés de fabrication. Ce sont
aussi ces connaissances qu'il prendra à tâche d'exposer à ses audi-
teurs.
Avant tout, et c'est le programme qu'il s'est tracé pour l'année 1891-
1895, il a parlé des matières auxiliaires, c'est-à-dire des agents chimi-
ques qui servent au travail, à la transformation des matières premières
dans les différentes usines. Ces agents appartiennent presque tous au
règne minéral ; leur nombre est restreint, mais leur importance est
capitale, car aucune industrie, soit directement, soit indirectement, ne
208 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L*ÉTRANGER

peut s'en passer. Ces agents sont la soude et la potasse, l'acide sull'uii-
que, l'acide chlorhydrique et les chlorures décolorants.
Ce sont ces corps et leurs dérivés qu'il a étudiés successivement
dans ses leçons, en décrivant leurs propriétés, leur mode de fabrication,
leurs applications industrielles., enfin les dangers d'incendie qu'ils pré-
sentent et leur équivalence en primes.
Ce cours préliminaire a fourni aux nombreux auditeurs de M. Can-
di ani les notions nécessaires pour suivre avec profit le cours qu'il fuit
en J1896 sur les autres industries formant le gros du portefeuille
industriel des Compagnies, savoir : les industries traitant les hydro-
carbures, les alcools, la cellulose, les matières sucrées, les matières
tannantes et colorantes, les corps gras, les matières animales, les
matières textiles, etc.
Les élèves assureurs ont été ainsi mis à môme de connaître les pro-
cédés les plus modernes en usage et la nature des matières traitées dans
les différentes industries qu'ils auront à assurer et à vérifier, ainsi que les
dangers d'incendiequ'elles présentent ; et ils pourront, dès lors, en connais-
sance de cause, prescrire dans chaque police industrielle les mesures
aptes à prévenir les incendies ou à en atténuer grandement l'impor-
tance.
Ce sont ces mesures qui constituent la sauvegarde de l'assureur et
aussi (par un abaissement notable des primes résultant de la diminution
des sinistres) de la masse des assurés, i
Le cours d'assurances contre l'incendie professé par M. Paumier a
eu pour but de vulgariser, dans la limite du possible, l'étude de cette
branche d'assurance.
L'assurance contre l'incendie, en effet, si utile et rendant tant de
services au public, est, en général, ignorée dé lui. Sauf quelques per-
sonnes qui font de son étude leur spécialité et leur métier, le plus grand
nombre des assurés connaissent peu ou pas les conditions générales des
polices qu'ils ont signées. Aussi M. Paumier a-t-il commencé tout d'abord
par prouver que l'étude de l'assurance contre l'incendie est une science
indispensable à tous, se rattachant par des liens étroits à l'étude do
l'Economie politique.
Il a démontré que, avant de rechercher de quelles façons devait
s'opérer le développement des richesses, il fallait d'abord chercher les
moyens de conserver celles déjà acquises ; se garantir, si possible,
contre certains fléaux, tels que l'incendie, le feu du ciel, etc., non seule-
ment en prenant toutes les précautions pouvant servir à les éviter, mais
encore en faisant, pour .en supporter aisément le choc, une assurance,
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 209

soit à une Compagnie mutuelle, soit à une Compagnie à primes fixes


suffisamment solvable.
L'étude sommaire de ces différentes Sociétés venait naturellement
après ces préliminaires. M. Paumier l'a faite d'une manière impartiale,
montrant, d'une part, les avantages réels des Compagnies à primes et
i-eux des Sociétés mutuelles.
Puis il est entré dans l'étude juridique du contrat d'assurance. Cette
étude a été divisée en trois parties.
Dans la première, laissant M. Candiani développer la question des
risques, objet du contrat, M. Paumier a examiné la pièce matérielle servant
:'t constater l'engagement réciproque des parties, c'est-à-dire la police qui,

pour être valable et remplir réellement son but, doit être établie confor-
mément aux articles 1108 etsuivants du Gode civil, c'est-à-dire réunir les
quatre conditions essentielles pour la validité de toute convention, qui
sont :
1" Le consentement de la partie qui s'oblige;
2° Sa capacité de contracter;
3" Un objet certain qui forme la matière de l'engagement ;
4" Une cause licite dans l'obligation.
Suivant pas à pas le Code civil, M. Paumier a prouvé que la jurispru-
dence en la matière confirmait les principes généraux du droit. Il s'est
surtout attaché à montrer que, si certains assurés pouvaient faire faire
annuler leurs contrats ne remplissant pas ces conditions, les Compagnies,
de leur côté, pouvaient reconventionnellement réclamer des dommages-
intérêts aux signataires des polices, conformément à l'article 1382; lors-
qu'elles parvenaient à établir qu'elles avaient subi un dommage, et que
les assurés les avaient trompées tant sur leur capacité que sur les qualités
on vertu desquelles ils agissaient.
La deuxième partie de ces leçons a eu pour but d'examiner les droits
et obligations réciproques de l'assureur et de l'assuré :
D'une part, l'assuré s'oblige à verser annuellement une prime for-
mant le prix delà garantie qui lui est offerte.
D'autre part, l'assureur s'engage à indemniser l'assuré de toutes
les pertes matérielles qu'il pourrait avoir à supporter en cas de
sinistre.
Le payement de la prime n'est pas la seule obligation qui soit imposée
a l'assuré ; c'est, évidemment, la principale ; mais il est certaines décla-
mations qu'il doit faire et qui sont mentionnées dans les conditions géné-
rales des polices. Ces conditions, qui forment comme une sorte de
législation coutumiôre des Compagnies, ont été successivement passées
210 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

en revue, tant au point de vue du droit qu'au point de vue de leur utilii,-.
dans l'intérêt des Compagnies.
La question des sinistres a été également l'objet d'une étude ttvs
approfondie. M. Paumier a indiqué quelles étaient les opérations préli-
minaires à toute expertise; comment se faisait une expertise ; quoi-;
étaient les éléments dont les experts devaient s'entourer pour évaluer les
dommages; dequelle manière, enfin, s'opérait le règlement de l'indemnili
En traitant cette dernière question, il a été amené à parler de la loi du
19 février 1889 dont il a fait voir les inconvénients et les obscurités. Il a con-
sacré plusieurs leçons à la question des recours : recours locatifs, recours
des voisins, recours dos locataires contre le propriétaire, etc., sans négli-
ger de parler des clauses de subrogation, permettant, dans certains cas,
à l'assureur d'exercer les droits de l'assuré.
Commençant la troisième partie de son cours, M. Paumier a fait nue
étude juridique des cas où l'assurance est suspendue, c'est-à-dire ou
l'assuré est déchu de tout droit à une indemnité. Il a fait savoir que, pour
forcer l'assuré à exécuter strictement le contrat, à payer ses primes en
temps utile, à faire les déclarations d'usage si utiles à l'assureur qui veut
avoir une opinion exacte des risques, il était nécessaire d'établir une
pénalité; que celte pénalité était tout indiquée dans la suspension de l'assu-
rance, suspension qui, dans la pratique, n'a lieu que par voie d'exception
invoquée par l'assureur après le sinistre, alors qu'on lui réclame le
payement de l'indemnité.
Enfin, M. Paumier a indiqué de quelle manière prenait fin le contrat
d'assurance contre l'incendie et il a terminé son cours par l'examen des
différentes caisses do retraite instituées par les Compagnies en faveur
dos employés.
Les autres cours portent. — Assurances sociales: M. Jules Arboux,
Secrétaire général de la Ligue Nationale de la Prévoyance et de ht
Mutualité.
Assurances mutuelles. — Caisses de retraites. — Caisses d'épargne.
— Caisse de la Vieillesse.— Sociétés de Secours mutuels.— Institutions
de prévoyance. — Rentes viagères.
Assurances contre les accidents : M. Duhamel.
Généralités. — Aperçu historique et statistique. — Divisions : 1°
Assurances contre les accidents des chevaux et voitures : leurs divers
contrats, tarifs; conditions générales et particulières des polices; droits
et obligations respectifs de l'assureur et de l'assuré ; 2° Assurances col-
lectives; tarifs; conditions générales et particulières des polices; droits
• et obligations respectifs de l'assureur et de l'assuré; législation ; 3° Assu-
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 211

rances individuelles; conditions générales et particulières de la police;


droits et obligations respectifs de l'assureur et de l'assuré; 4° Assurances
coutre le bris de glaces ; conditions générales et particulières de la police;
droits et obligations respectifs de l'assureur et de l'assuré.
Droit maritime et Assurances-Transports: M. Cardo/.o de Béthen-
court.
Des navires : diverses espèces de bâtiments de commerce et de
guerre; statistique des navires du monde entier; dettes que les navires
servent à garantir: saisie et vente: propriétaires de navires et leur res-
ponsabilité. — Du capitaine et de l'équipage: études exigées pour le com-
mandement; droits et devoirs des capitaines ; engagement de l'équipage;
salaires ; obligations ; règlements divers. — Exploitation des navires ;
affrètement: connaissements; formules et prix. — Du contrat d'assuran-
ces : obligations de l'assureur et de l'assuré. — Avaries: jet et contribu-
tion : abordage; statistique des sinistres...
Les cours d'assurances fonctionnent donc à l'Institut Commercial de
Paris et à l'Association philolechnique. Signalons aussi les cours d'assu-
rances sur la vie professés en 1891, avec sa haute autorité, par M.Guieysse,
député (1), Président de l'Institut des Actuaires français, à l'École libre
des Sciences politiques.
Le savant professeur a rapidement passé en revue les articles du
programme que voici :
1. Du rôle des Compagnies d'assurances sur la vie et des Associa-
tions de prévoyance en général. Caisses de retraites. — II. Tables de
mortalité. Vie moyenne et vie probable. Annuités viagères, temporaires
et différées. Rentes viagères sur une ou deux têtes. — III. Assurances en
cas de vie et en cas de décès. Calcul des primes. Établissements des tarifs.
Valeur d'un contrat. Réduction et rachat.— IV. Calcul des réserves.
Bénéfices d'assurances. Participation aux bénéfices. Frais généraux.
Comptes rendus des Compagnies d'assurances sur la vie.— Y. Des garan-
ties que doivent présenter les Compagnies d'assurances sur la vie.
l'lacement des fonds. Exposé des systèmes de surveillance adoptés dans
les divers pays. Des Compagnies étrangères en France.— VI. Des asso-
ciations de prévoyance et en particulier des caisses de retraites dans les
Sociétés de secours mutuels et dans les Sociétés industrielles. Étude thôo-
i'i ]ue sur la fondation et le fonctionnement d'une caisse de retraites. Con-
clusions.
Des cours sur l'assurance sont également ouverts en 1891 à la

(1) Aujourd'hui Ministre des colonies.


212 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Faculté de droit; aussi, voit-on paraître en 1892 de nombreuses ci


excellentes thèses de doctorat ayant pour thème les assurances sur la
vie et le risque professionnel.
Dans les lycées, la question des assurances est traitée rapidemein
en quelques phrases et dans des livres de lectures courantes.
Cependanten 1891 le conseil supérieur de l'instruction publique intro-
duit dans les programmes du nouvel enseignement, d\tsecondaire modem, ,
les chapitres suivants qui ont rapport à l'économie sociale :
Distribution de la richesse; la propriété ; les conventions, le fermage,
la part du capital dans la répartition de la richesse, la part de l'entre-
preneur, la part de l'ouvrier.
Consommation de la richesse : l'épargne : ses sources, la prévoyance,
assurance sur la vie, contre l'incendie et les divers accidents, caisses
d'épargne, sociétés de secours mutuels.
L'arithmétique de Leyssenne signale les assurances ainsi que le
traité d'arithmétique décimale de F. P. B., qui contient des notions
sur les assurances et une série de problèmes ayant le môme objet.
Ce livre est en usage dans toutes les écoles primaires libres dirigées par
les Frères, et dans un certain nombre d'autres institutions.
A l'étranger, la question de l'enseignement de l'assurance dans les
écoles n'a pas reçu de sanction pratique, sauf en Autriche, où les pou-
voirs publics concourent eux-mêmes à la création d'écoles et de cours
complets d'assurances.
C'est en 1894 que, sur l'intervention du ministère de l'intérieur, et
avec l'approbation du ministère de l'instruction publique, une école a été
ouverte à la Faculté des sciences techniques de Vienne, avec, au pro-
gramme, des cours complets sur l'enseignement des matières ayant trait
à l'institution des assurances. Cet enseignement, fixé en trois années, est
divisé en trois classes et a pour but de pourvoir le personnel des Com-
pagnies de toutes les connaissances spéciales et nécessaires à l'exercice
de ses fonctions.
Voici l'objet des études :
Première année — mathématiques mixtes, mathématiques des assu-
rances ; économie nationale ; science- financière.
Deuxième année— mathématiques mixtes, mathématiques des assu-
rances ; comptabilité et arithmétique ; technologie mécanique.
Troisième année — statistique ; législation sur les assurances ; juris-
prudence; tenue des livres; droit commercial; règlements relatifs aux
lettres de change ; droit privé.
Il y a environ dix professeurs ou maîtres de conférence parmi
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 213

lesquels M. Sonndorfer, directeur à l'Académie du commerce, et


Î\I. Ernest Blaschkô, qui s'occupent spécialement des règles de la sta-
tistique.
D'autre part, la Correspondance austro-hongroise de Vienne annonçait
dernièrement l'ouverture, à l'École polytechnique de celte ville, des cours
spéciaux de mathématiques à l'usage des assureurs.
En Italie, M. Carlo Poggiani, persuadé que la prévoyance est une
science dont les applications sont multiples, pense qu'il convient de la
comprendre dans le programme des écoles ; et, à cet effet, il dresse un
programme qu'ont publié les journaux de ce pays vers le milieu de
l'année 1892.
11 faut croire que l'idée de M. Carlo Poggiani n'a pas été suffisamment

appréciée, car nous n'avons pas eu connaissance de son application au


delà des Alpes.
En 1895 les instituteurs de Bruxelles réunis en commission sont
appelés par le Conseil communal à former un programme d'étude pour la
réorganisation des écoles d'adultes.
Le travail de la commission donne lieu à un rapport très intéressant
de l'Echevin de l'instruction publique dans lequel il est question de
l'assurance, réclamée ou enseignée au degré supérieur dans'les écoles de
garçons.
L'enseignement porte sur les matières suivantes :

« L'épargne. — Diverses formes, — La caisse d'épargne. — Les


«
caisses de retraites. — Les caisses de prévoyance. — Les banques
"
populaires. — Les valeurs à lots.
«
L'association. — La liberté cle l'association. — Ses applications
- dans le domaine économique. — Les sociétés de secours mutuels. —
'
Les coopératives de consommation. — Les caisses de chômage. —
Les assurances (maladie, accidents, vieillesse). — Les syndicats
« professionnels.
« Le crédit. — Son rôle dans la répartition des richesses. — Les
« monts-de-piôtô. — La mutualité du crédit. — Le crédit populaire. —
«
Les sociétés de construction d'habitations ouvrières.
« Le travail. — Le travail à la tâche (travail intellectuel et travail
manuel). — Le salarié transformé en entrepreneur. — Participation
dans les bénéfices. — Partage entre le capital et le travail. — Les
coopératives de production. — Les conseils de prud'hommes. —Les
' conseils d'arbitrage.
214 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« Impôts et taxes. — Les impôts de consommation. —Les impôts sur


« la circulation des richesses. L'impôt sur le revenu.

«
Étude des lois ouvrières :
« 1.
Loi du 21 juillet 1891 instituant la Caisse de prévoyance et de
a secours en faveur des victimes des accidents du travail.
« 2. Loi du 23 juin 1894 portant revision de la loi du 5 août 1851 sur
«
les sociétés mutuellistes.
« 3. Loi du 21 juin 1894 créant une caisse d'assurance à la Caisse
« générale d'épargne.
« 4. Loi du 27 novembre 1891 sur l'assistance publique.
« 5.
Loi du 27 novembre 1891 sur l'assistance médicale gratuite.
« (5.
Lois du 9 août 1889 et du 28 juillet 1893 sur les habitations
« ouvrières »
La France est donc la première puissance (1) qui ait introduit l'assu-
rance dans le programme des écoles; mais il faut convenir que l'Autriche
a été extrêmement pratique en créant une école professionnelle
d'assureurs.
Ici, en effet, se pose une grave et délicate question : celle du
recrutement des employés d'assurances. S'il est bon, utile, social de
faire des prosélytes, des disciples de l'assurance, de fertiliser par son
(1) En 1801, dix ans avant les premiers cours de la mairie Drouot, avant ceux
professés à l'Institut Commercial do Paris, le Journal des Assurances ouvre dans sos
colonnes — sur la demande do ses abonnés — un cours pratique d'Assurances appuie
à reposer sur le programme suivant :
TITRE PREMIER : Assurances contre l'incendie. — I. L'Assurance. — Ce qu'elle est
ce qu'elle a été, ce qu'elle sera. — L'Equité. — Le Droit. — L'Egalité. — Du capital
social. — Des voeux des Conseils généraux.
IL L'Agent d'assurance. — Nature, but de sa mission. — Sa profession comparée
avec bien d'autres. — Quels sont, à ce point de vue, ceux qui pourraient abuser do la
crédulité publique quand, au contraire, l'Assurance véritable fait toujours sentir sa
bienfaisante influence. — Curieuse statistique.
III. De la Compagnie que représentent les Agents. — Examen important à faire.—
Acceptation de mandat de diverses espèces d'assureurs.
IV. Obligations rigoureuses de l'Agent envers l'institution qu'il représente et aussi
envers ses mandants. — Droits de l'Agent vis-à-vis de ses mandants. — Révocation. —
Dommages-intérêts.
V. Devoirs do l'Agent envers le public. — Zèle. — Probité. — Savoir.
VI. De la clientèle. — Moyens honorables de la conquérir. — Abus. —
Responsabilité.
VII. Matière du contrat. — Risques à déterminer. — Divers risques.
VIII. La Police. — Los Tribunaux. — La loi sur l'Assurance.
IX. Régies essentielles du contrat. — Des tarifs et des conditions progressives '.le
l'Assurance. — Excès de mandat. — Responsabilité.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 215

étude les couches des assurés futurs, il est indispensable de faire des
assureurs.
Nous n'ignorons pas qu'il existe, dans les Compagnies, un ensei-
gnement méthodique parfait, et que l'employé, dont la vocation ou les
aptitudes se révèlent, a la faculté de suivre le mécanisme et le fonction-
nement de chaque service jusqu'au jour où, suffisamment instruit, il est
nommé titulaire d'un poste convoité.
Ce qu'il manque aux Compagnies, ce sont les employés de carrière
ayant, à leur sortie de l'école, du lycée, suivi les cours d'assurances dans
un institut, comme on suit les cours divers dans les autres facultés.
En France, quelques grandes Compagnies recrutent leur personnel
dans les écoles professionnelles, telles que les Hautes Etudes, l'Institut
Commercial, l'École de commerce, Turgol : avec quel intérêt ne
suivraient-elles pas la création d'une Faculté d'assurances, fonctionnant
à côté de ces institutions, et complétant les études qu'il convient à de
futurs assureurs !
Alors, l'enseignement de l'assurance serait intégral, tant au point de
vue de l'étude scolaire que sous le rapport professionnel (1).

Enseignement de Vassurance par les Congrès professionnels. — Si


nous nous reportons aux tentatives qui ont été faites en vue d'orga-
niser des Congrès professionnels d'assurances, nous sommes obligé
de constater que les assureurs n'ont pas un grand enthousiasme à se
laisser entraîner sur ce terrain. La proposition, de M. Wolterbeck au
Congrès des actuaires de Bruxelles, d'étendre à l'assurance les travaux

X. La surveillance des risques dans l'intérêt de l'assureur et de l'assuré.


— Des droits de l'assureur. — Des prétentions
"XI. Le recouvrement de la prime.
îlel'assuré.
XII. Le sinistre. — Ses limites. — De la mission de l'Agent pendant le règlement.
XIII. De l'indemnité. — Ce qu'elle doit toujours être.
XIV. Cession de l'indemnité. — Droit dos tiers.
XV. Payement de l'indemnité.
TITRE II : Assurances sur la oie. — TITRE III : Assurances eontre la grêle. —
TITRE IV : Assurances contre Vèpisooiie.
— TITRE V : Assurances contre les faillites.
— TITRE VI : Assurances contre le recrutement. — TITRE VII : Des Assurances
maritimes.
(1) En Franco, la dernière manifestation en faveur de l'enseignement de l'assu-
rance est assurément la création du musée social dont nous révélerons plus loin
(assurance contre les accidents : la Prévention) la mission vulgarisatrice, préventive
ûl humanitaire.
216 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A 1,'ÉTRANGER

des futurs Congrès n'a pas été reçue avec plus de succès que les précé-
dentes propositions de ce genre.
En 1872 cependant la Compagnie d'assurances de Volga prend l'initia-
tive d'un Congrès d'assurances, la presse autrichienne et allemande un
accueille favorablement l'ouverture qui est encore à ouvrir (1).
En 1890, l'auteur de cet ouvrage, ébloui sans doute par l'apothéose
de 1889 et ses infinis Congrès internationaux, dresse tout un plan
de Congrès et s'exprime ainsi dans un article de son journal (2) :

« Actuellement, la question socialiste réunit les membres de nom-


«
breux partis dans plusieurs villes de France et de l'étranger ; la ques-
« tion religieuse est portée en Allemagne, en
Belgique et en Espagne ; la
«
médecine, en Allemagne ; la conférence antiesclavagisle, à Bruxelles
« et à Paris ; l'américanisme, à Paris, etc.
« Seule, l'assurance dont il est fait journellement mention dans les
Congrès, hier encore au Congrès de la meunerie, à Paris, au Congrès
«
des oeuvres catholiques de Liège, ne fait l'objet d'aucune réunion sur
« notre
continent.
« Son utilité est-elle donc contestée 1?
« Non, certes, elle est reconnue et affirmée
chaque jour. Les voeux
«
émis par ces Congrès, dont la multiplicité effraie sans raison quelques
«
écrivains, ne sont-ils pas l'expression de collectivités agissant et eom-
«
battant pour le strugglefor life dans toute l'acception du mot.
« Relisons la péroraison du discours d'usage prononcé à la Cour
«
d'appel par M. Sarrut, avocat général, lors de la toute récente rentrée
«
des cours et tribunaux et nous verrons encore l'utilité et la nécessité
«
de l'assurance proclamée :

«
Organisez l'assistance de toute manière, par les Sociétés de secours
«
mutuels, les caisses de retraite, l'assurance. Prenez l'initiative, sinon
« ces réformes s'opéreront d'elles-mêmes ou par le commandement do
«
la loi ; vous aurez la mauvaise grâce du refus et l'amertume de la
« défaite. »
«
C'est dans un but exclusif de progrès que l'idée est venue à
« M. Hamon de réunir en Congrès les diverses parties du monde assu-

d'inspecteurs d'assurances a été tenu à Odessa afin de


(1) En 1893, un Congrès
prendre des mesures pour déterminer le taux de la prime afférente au risque
d'incendie do la Ville.
(2) Journal l'Assurance Moderne, 25 octobre 1890.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGËR 217

reur : vie, incendie, marine, accidents, grêle, bétail, afin d'en augmenter
les connaissances techniques par l'étude en commun, et de rechercher
les moyens les plus efficaces et les plus rapides de vulgarisation de
chacune des branches d'assurances.
«
L'idée d'un Congrès d'assurances n'est cependant pas nouvelle, car
depuis 1880 les assureurs américains tiennent un meeting annuel dans
lequel d'importantes et intéressantes questions sont agitées. — Elles
portent notamment sur les taxes, impôts, patentes, commissions. Des
études portent également sur l'histoire de l'assurance et de la
police d'assurance, sur les assurances hasardeuses, sur la jurispru-
;
dence.
«
Dans le premier Congrès des assureurs incendie tenu en 1880 à
New-York, 108 Compagnies étaient représentées. 20 appartenaient aux
États de l'Est, 37 à la ville de New-York et à l'État de New-York, 7 à
«
l'Étal de Pensylvanie, 6 à l'État de New-.lersey, 11 aux États de l'Ouest,
5 aux Etats du Sud et 22 à des Etats européens.
« Les résultats obtenus depuis ce premier meeting ont été considéra-
blés. Les conditions d'assurances, soumises aux lois spéciales à
chaque Etat, et dès lors différentes les unes des autres, ont été unifiées.
Les taxes et autres dispositions fiscales fixées par les Etats et les auto-
rités locales ont été modifiées. Les tarifs ont été revisés et appliqués
' d'une manière plus étudiée et plus libérale. Par suite il s'en est suivi
* une
augmentation toujours croissante dans la production.
« Nous devons donc prendre exemple sur ce qui se passe de l'autre
-
côté de l'Atlantique, bien que les résultats que nous devons attendre
du Congrès do 1891 ne puissent être identiquement les mêmes que ceux
précités, les Compagnies d'assurances européennes ne se trouvant pas,
sur certains points et cas, dans les mêmes conditions que les Compa-
gnies américaines.
« Nous n'avons à retenir des meetings tenus par ces dernières que


diverses questions inhérentes à notre situation et à nos moeurs. Mais
nous devons y ajouter l'étude des moyens propres à enrayer les ten-
dances parlementaires, et l'action des Chambres syndicales ou corpo-
ratives.
« En effet, les Compagnies d'assurances de toute nature ne sont-
elles pas souvent menacées dans leur fonctionnement comme dans leur
développement, voire même dans leur existence, par les agissements
le certaines personnalités du monde parlementaire avides de réclame,
comme par ceux de diverses chambres syndicales industrielles ou
' ouvrières ?

17
218 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L*ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« Il est donc aussi nécessaire qu'urgent qu'une action militante suit


« opposée à ces agissements.
« C'est là le but du Congrès de 1891, qui prendra certainement plono
«
dans les annales de l'assurance.
« En outre, son influence agira sur le développement des institutions
« déjà existantes par l'application savamment combinée de conceptions
K
d'idées nouvelles.
« Les travaux des savants membres du Comité rapporteur faciliteront
« la recherche et la réalisation des affaires par les agents, et stimuleront
t en même temps l'activité et le zèle de ces derniers.
« Du reste, la notoriété de chacun des membres du Comité rappor-
« leur est le meilleur garant du succès du Congrès. »

Et, dans le numéro du 10 décembre suivant, le même journal annon-


çait ce qui suit :

«
La première réunion des rapporteurs du Congrès international des
« assurances a eu lieu le jeudi 27 novembre.
« M. Georges
Hamon a rendu compte des résultats acquis et il a été
« reconnu que les éléments réunis étaient suffisants pour mener à bien
« l'oeuvre entreprise.
« Après échange d'idées sur la
situation actuelle de l'assurance, siltia-
« lion délicate en raison des projets très importants à l'étude dans les
«
Compagnies françaises et afin de ne pas entraver l'action de ces der-
<r
nières en traitant parallèlement des questions pouvant être analogues,
" M. Hamon a proposé l'ajournement du Congrès.
« Un des honorables rapporteurs a fait remarquer que certains tra-
». vaux préparés en vue du Congrès étaient en voie d'achèvement et qu'il
« serait utile dans l'intérêt de l'assurance de conserver l'autonomie du
« comité rapporteur et d'organisation, en réunissant en un volume les
« travaux élaborés par chacun des membres.
« Ces deux propositions de M. Hamon et de M. Lefort, avocat au Con-
«
seil d'État et à la Cour de Cassation, ont été adoptées par le Comité.
« Donc, le Congrès est
ajourné, mais ses éléments lui restent.
« Le
Comité des membres rapporteurs et d'organisation, chargé
<
d'élaborer des rapports qui seront publiés, conserve son autonomie (!)•

Voici les noms des collaborateurs avec les questions qu'ils ont résolu d'étudier:
(1)
M. Bécourt #, publiciste (question réservée). Béziat d'Audiborl, actuaire : lcs
réformes à introduire dans l'assurance sur la vie au point de vue technique; M. I'"""
HISTOIRE OÉNÊRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 219

« Le nombre des adhérents au futur Congrès est actuellement de 80.


«
Le Comité de patronage comprend des personnalités du Sénat, de la
,
Chambre, du Conseil municipal, de la Magistrature, du haut commerce
,.
et des assurances.
«
Cet aperçu de l'organisation de l'oeuvre prouve qu'elle est prête à
<
entrer dans la phase active et dès que les circonstances le lui permet-
,
tront, elle concourra efficacement à la prospérité de l'assurance. »
La phase active de ce Congrès en perspective n'a pas vu le jour et ne
le verra pas de sitôt pour la raison que les assureurs aujourd'hui unis
eu syndicats, comités, unions professionnelles résolvent eux-mêmes avec
succès et clairvoyance les grands problèmes auxquels les organisateurs
cludit Congrès tentaient d'apporter une solution compatible avec les inté-
rêts du public, des assureurs et du pays.

Aperçu historique de l'assurance aux Etats- Unis et spécialement


iluns la ville de Philadelphie. — Nous venons de voir l'état de l'assu-

jeau, directeur du journal l'Opinion (question réservée). M. Bry, membre du jury do


l'exposition universelle de 1889, section do l'économie sociale ; agent général de com-
pagnies d'assurances: l'assuranco contre les accidents des chevaux et voitures. M. E.
Cacheux ^ il>> ingénieur civil: statistique des accidents du travail dans les divers
l'uvs. M. Cauvin, chef do contentieux et chef des bureaux de Compagnie d'assurances.
M. Charles Constant, avocat à la Cour d'appel do Paris, directeur de la partie juridique
du Journal de l'Assureur et de l'Assuré. M. Douladouro, directeur de Compagnies d'as-
suraucos (la Garantie Fédérale et la Confuince-Gvèle) : l'assurance contre la mortalité
des bestiaux. M. Dubois (docteur) <y>, conseiller municipal do Paris ; les accidents du
travail. M, Gauvin f$, ancien professeur d'assurances, chef do service de Compagnie
d'assurances : les lois d'assurances contre l'incendie aux Chambres françaises.
M. Georges Hamon ÎQ!, directeur du journal l'Assurance Moderne, professeur d'assu-
rances à l'Institut Commercial de Paris. M. Huiart, ^publicistc : l'assurance populaire
en différents pays. M. Lefort, avocat au Conseil d'I'ltat et à la Cour do Cassation : la
question du bénéficiaire dans l'assurance sur la vie. Al. Cli. Lotort ([$, questeur de la
•Société d'Economie politique, professeur des sciences financières à l'Kcolo des Hautes
l'îitides commerciales, conservateur à la bibliothèque nationale. M. Mauriac (docteur) #,
itK'deein des hôpitaux : l'examen médical dans l'assurance sur la vie. M. Jean Per-
l'iuud f|), ancien professeur d'assurances : l'assurance connue la grôlo. M. Antony
Kmilliot, avocat, lauréat de l'Institut: statistique des incendies dans les différents
pays.
M. ISainctolette, directeur du Recueil périodique des
assurâmes. M. Tarbourieeh,
avocat, docteur en droit, lauréat de la Faculté de droit pour son ouvrage sur l'Assu-
rance : l'assurance contre les accidents devant les Chambres françaises.
— Le risque
pùicssionnel à l'étranger. M. Thareau, ingénieur-expert au tribunal de commerce :
l,<->;
moyens préventifs contre les accidents. M. Thomereau, publicislc (question
réservée).
220 HISTOIRE GÉNÉRALE DE 1,'ASSURANCE EN l-'RANCE ET A L'ÉTRANGER

rance en général pour l'Europe et pour la Franco en particulier; passons


l'océan et pénétrons dans le nouveau monde; un guide compétent va nous
conduire : c'est J. A. Fowler, auteur d'un ouvrage très volumineux,
donnant pour l'Amérique du Nord les pratiques, méthodes, règlements,
formules de l'assurance pratiquée dans ce grand pays.
L'auteur prend l'assurance un peu avant l'arrivée de William Pcnn
sur les rives du Delaware, ou pour mieux dire, avant la fondation, par
lui, de la ville de Philadelphie. Son travail est divisé en quatre parties
principales : 1° Assurances maritimes et assurances en général ;
2° assurances contre les incendies ; 3" assurances sur la vie ; 4° assu-
rances accidents et diverses.
Bien que la première partie expose principalement la pratique de
l'assurance maritime, elle comprend encore tout ce qui concerne les
différentes assurances aux points de vue théorique, pratique, technique,
légal, législatif, financier et économique ; c'est-à-dire l'assurance par
elle-même sans distinction de son objet. Mais le but principal de celte
partie est l'étude de l'assurance au point de vue maritime.
La deuxième partie, l'assurance incendie, tout en étant l'histoire des
assurances à Philadelphie, est encore un exposé historique des assu-
rances contre les incendies en général depuis leur origine jusqu'en 1882.
Les assurances contre les incendies, en Amérique, fonctionnèrent d'une
manière pratique, avec les usages anglais, vers 1667. Les assurances
sur les maisons, avec les usages américains, virent le jour à Philadelphie,
en 1752.
D'après M. J. A. Fowler, les assurances ne sont pas le résultat <k
la civilisation, mais celui de la richesse publique qui en augmentant rend
les conflagrations plus fréquentes et fait naître le besoin de la protection
par l'assurance. Lorsque les assurances contre les incendies des
immeubles furent adoptées à Philadelphie, les assurances anglaises
établies en ce pays garantissaient les pertes par le feu et coopéraient au
sauvetage et à l'extinction des incendies ; les premières Compagnies
anglaises se chargeaient du service des pompes, tandis que la ville do
Philadelphie possédait un service municipal de pompiers.
L'auteur constate que les assurances contre les incendies, à propre-
ment parler, ont eu leur origine dans la mer, car la première police,
dont il retrouve les traces, couvrait un risque maritime. Ce ne fut que le
10 décembre 1794 que la première police sur les objets mobiliers fut
établie aux Etals-Unis et ce n'est que depuis le commencement de
ce siècle que les assurances contre les incendies ont eu une maroho
ascendante.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE T.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 221

ASSURANCE suit I.A VIE. — Quand William Penn aborda pour la


première fois sur la rive occidentale du Delaware, les assurances sur la
\ic, dit M. Fowler, étaient inconnues au monde, mais le payement d'une
ivrlaine somme dépendant de la mort avait été pratiqué depuis plus d'un
-iècle par des assureurs de Londres qui suivaient en cela des pratiques
antérieures de l'Italie. Dans le troisième siècle de l'ère chrétienne, un
homme de loi romain avait établi une table de mortalité pour le payement
d'annuités basé sur le droit romain. Cette table était établie d'après le
recensement romain et les notes de décès tenus dans le temple de
Libitina, mais la nuit du moyen âge suivit. Onze années avant la fon-
dation de Philadelphie, le grand pensionnaire Jean de Witt fit le calcul
dt! la valeur d'une somme donnée à payer pendant le cours d'une vie par
fractions représentant des taux d'intérêts et des chances de vie; lorsque
iMiiladelphie fut fondée, la formule de de Witt était déjà oubliée. La
première tentative d'assurances sur la vie à Philadelphie eut lieu le
11 juin 1759. Une Compagnie fut fondée à cette date, en faveur des
ministres presbytériens pauvres et malheureux, de leurs veuves et de
leurs enfants, et bien que le titre représentât une oeuvre de charité, c'était
pourtant une assurance en faveur des veuves et des enfants avec annuités
basée sur une gradation d'années. Au commencement du xix* siècle, la
prime annuelle était inconnue et ce ne fut qu'en 1806 qu'Israël Whelen,
agent de la Compagnie anglaise le Pélican, apprit aux gens de Phila-
delphie qu'il se chargeait des assurances sur la vie sur des bases qui
ressemblaient beaucoup à celles d'aujourd'hui. La véritable assurance
américaine sur la vie prit jour en 1809, elle ne fut acceptée que lentement,
mais lorsque l'idée de la mutualité vint en ligne, elle produisit l'énergie
«le la concurrence et l'excitation de l'intérêt public, ajoute M. Fowler.
Au commencement delà guerre civile de 1861, on inséra à la police la
clause du risque de guerre. Les expériences de ce genre d'assurances,
île 1836 à 1861, n'ont généralement pas réussi.
Dans la quatrième partie qui traite de l'assurance accidents et des
branches diverses, nous trouvons des branches d'assurances dont il n'a
pas encore été parlé. Les chances de la loterie garantissant le joueur de
*;i perte fut le sujet d'une assurance pendant quelques années, dans la
deuxième moitié du dix-huitième siècle. Les polices des rançons furent en
ligueur pendant quelque temps et prirent fin en 1795 lorsque le gouver-
nement des États-Unis paya le tribut aux barbares pour les captures qu'ils
avaient faites. Ces polices étaient personnelles et assuraient contre le ris-
T'ic de captivité. De 1795 à 1837, les Compagnies d'assurances maritimes
dominaient dans le pays, les assurances contre les incendies augmen-
222 HISTOIRE GÉNÉRALE RE I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

taient et celles sur la vie étaient en cours de développement. L'assurance


dos esclaves était pratiquée par les succursales provinciales dos Com-
pagnies de Philadelphie ; les polices étaient établies sur la vie des esclave*
considérés comme propriété. L'assurance sur le bétail fit son apparition à
Philadelphie vers 1850, puis vint l'assurance contre les tempêtes; actuel-
lement cette assurance fait souvent partie des polices contre l'incendie;
l'assurance contre les accidents à Harrisburg, Pennsylvanie, en 1850-1851,
mais ce genre d'assurance ne fut établi qu'en 1861 d'une manière pratique
par le Traoelers insurance Company, à Hartford, Connecticut. Elle
n'assurait que les voyageurs et des bureaux furent établis à Philadelphie
en même temps que dans d'autres villes. Quinze ans plus tard vint l'assu-
rance contre le bris des glaces apportée d'Angleterre et en 1865 s'intro-
duisit l'assurance contre les explosions des chaudières.
Voici, dans l'ordre chronologique, les principales phases de l'assu-
rance en Amérique.
1° Assurances par particuliers de chargement de navires pour Phi-
ladelphie et les colonies, 1683-1720 ; 2° Assureurs de Philadelphie et de
Londres, polices personnelles et courtiers, 1721-1775; 3° Computation
d'annuités différées et de survivance (Boston), 1732; 4° Assurance contre
les incendies, Compagnies ou Associations, primes de dépôt, conditions
de risques sur maisons, 1752-1800; 5" Assurances sur la vie comme
annuités différées, 1759-1882 ; 6° Billet d'assurance de loterie, 1761-1771 ;
7" Assureurs particuliers maritimes à Philadelphie, 1776-1815; 8° Assu-
reurs maritimes associés, 1792-94, 1803; 9° Compagnies d'assurances
maritimes, 1794-1882; 10" Des personnes et de la vie des personnes en
tant que risques maritimes (y compris l'assurance des rançons),
1794-1803 ; 11° Assurances contre les incendies sur effets mobiliers,
1794-1882; 12° Assurances perpétuelles contre les incendies sur des
maisons, 1801-1882; 13" Annuités générales sur la vie, 1813-1882:
14" Assurances sur la vie à date éventuelle et de dotation, 1813-188-2;
15° Risques de navigation intérieure, 1825-1882; 16° Assurance de santé,
184K-51, 1857; 17° Assurances de dépôts sur la vie; 18° Assurances du
bétail, 1850 (occasionnel); 19°Assurance des esclaves, 1852-1861 ; 20° L'ère
de la fraude, 1850-1875; 21° Assurances contre les orages, 1857; 22° As-
surances contre les accidents, 1864-1882; 23° Assurances contre les
incendies ; garantie des loyers et des baux, 1864-1882 ; 24" Assurances
contre le bris des glaces, 1867-1882 ; 25° Inspection et assurance des chau-
dières à vapeur, 1868-1882; 26" Assurance industrielle sur la vie, 1879-
1882; 27" Assurances de fidélité, 1881-1882.
Dans le volumineux travail de M. Fowler, chacune de ces 27 périodes
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 223

a son histoire représentée avec ses polices distinctes, ses imprimés, ses
l'.-gles, ses comptes, ses décisions, sa législation, ses finances, ses
méthodes d'établir les primes, personnelles ou de Compagnies, avec l'ac-
tif, le passif et la carrière des Compagnies. Enfin chaque Compagnie
h>cale ou étrangère qui a fait son apparition à Philadelphie dans l'espace
do ces deux siècles y est consignée.
Détachons encore de l'histoire de l'assurance américaine cette note
relative à la création de deux Compagnies d'assurances contre l'incendie
fondées en 1752 à Philadelphie. La première de ces deux centenaires se
nomme la Main dans la Main (Hand in Hand) voici, d'après un
recueil américain, dans quelles circonstances elle a été fondée :

«
Ce fut la Pennsylvania Gazette, dont Benjamin Franklin était un
-
des directeurs, qui fit un appel aux souscripteurs, dans les termes sui-
vants : Toutes personnes, désireuses de souscrire aune société d'assu-
» rances
contre les incendies de la ville ou de ses environs, sont priées
de se présenter au tribunal le 7 de chaque mois où on s'occupera de
recevoir leurs souscriptions. De nombreux souscripteurs répondirent à
cet appel : James Hilton, lieutenant gouverneur de la Pennsylvanie,
"
signa le premier et Benjamin Franklin le second. Benjamin Franklin
-
fut nommé en tête des directeurs de la Compagnie. Le sceau de la
i Compagnie, qui représentait quatre mains s'ôtreignant, fut l'origine de
« son nom.
Comme les maisons qui étaient bordées d'arbres verts n'étaient
« pas assurées par
la Compagnie, une autre Société se forma sous le nom
o
de Green Trce « l'Arbre vert ». Cette dernière prit les risques refusés
« par
Y Hand in Hand. On n'a jamais pu s'expliquer cette prohibition des

"
arbres; les uns disent que c'était parce qu'ils empêchaient d'approcher
des maisons en feu, les autres parce qu'ils attiraient l'électricité.
« Les deux
vieilles Compagnies ont prospéré, Y Hand in Hand avait,
' au commencement
de 1892, un actif de 18,500,000 francs et la Green
»
'lree 9,500,000 francs, leur principal passif étant les risques à payer par
suite de sinistres à venir. »

Telles sont les grandes phases de l'assurance à Philadelphie, phases


qui ont eu leur répercussion dans tous les autres États de la grande Répu-
blique. Les Compagnies américaines d'assurance maritime contre l'incen-
die sur les accidents sont restées dans leurs pays d'origine ; seules, les
Compagnies d'assurances sur la vie ont traversé l'Atlantique et ont envahi
l'Europe et notamment la France.
Nous verrons plus loin leur fonctionnement sur l'ancien continent.
224 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A I.'ÉTRANGER

l'ONCTIONNIi.MKXT OH L'ASSURANCE TjmRlïSTllK

Des diverses responsabilités des hommes dans leurs rapports enti


eux. — Nous avons vu à l'heure où s'éveillait l'assurance, de quelle fornv
pratique et commerciale elle prenait l'empreinte, nous l'avons ensuit •
observée dessinant son évolution gigantesque dans le vol d'aigle que lui
imprimait l'ordonnance de Colbert. Arrêtons-nous un moment sur ses
fonctions, et sur la façon dont elle a été comprise par les successeurs de
ses grands apôtres.
Auparavant, jetons un coupd'oeil sur les diverses responsabilités qui
ont provoqué la garantie des risques, ensuite nous ônumôrerons ces der-
niers qui sont nombreux.
Les principes de morale et de droit commerciaux créent entre les
hommes des responsabilités diverses qui sont définies dans le Code civil
par les articles 1382, 1383, 1381, 1385 et 1386.
Les articles 1382 et 1383 du Code civil posent le principe d'une façon
générale :
« Art.
1382. — Tout fait quelconque de l'homme qui cause à autrui
« un
dommage oblige celui par la faute duquel il arrive à le réparer.
« Art. 1383. — Chacun est responsable du dommage qu'il a causé

« non seulement par son fait, mais encore par sa négligence ou son
«
imprudence. »
Ainsi, ce n'est pas seulement le fait même d'avoir causé un préjudice
qui oblige l'auteur à la réparation ou à une indemnité, mais encore l'im-
prudence et la négligence qui ont provoqué le dommage.
Un chasseur qui blesse un passant, une personne qui en renverse
une autre, -un cocher qui écrase quelqu'un avec sa voiture sont autant de
faits qui entraînent la responsabilité de leurs auteurs.
Un maître donne un ordre dont l'exécution amène un accident; un
locataire pose un pot de Heurs sur sa fenêtre ou laisse une bougie allumée
près d'une tenture, et en son absence, le pot de Heur tombe sur la tête
d'un passant, labougieallumeun incendie ; ces faits, quoique indirectement
causés par la personne, engagent la responsabilité de cette dernière, parce
qu'ils sont dus à son imprudence et à sa négligence.
Ces principes ont donné lieu, de la part de divers tribunaux, à des
jugements et arrêts intéressants que relatent divers recueils de jurispru-
dence et que nous allons résumer en quelques mots.

Le concessionnaire d'une carrière ou d'une mine doit réparer les
dommages causés par son exploitation aux propriétaires des constructions
élevées sur la surface du sol exploité avant ou depuis la concession. Celle
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 225

obligation existe même lorsque l'exploitation est faite suivant les règles de
l'art et conformément aux lois en vigueur.
Il en est de même pour les établissements insalubres, dangereux ou
incommodes. On sait que ceux-ci ne peuvent être créés sans une autorisa-
tion spéciale. Quand ces établissements causent aux voisins un préjudice
niicloanque, ces derniers ont le droit de réclamer des dommages-intérêts.
I,o même droit existe, à plus forte raison, pour les voisins d'un établisse-
ment quelconque qui n'entre pas dans la catégorie des établissement insa-
lubres, mais qui occasionne un bruit gênant ou une odeur désagréable.
Les médecins et les notaires sont soumis également à des responsa-
bilités qu'il n'est pas inutile de signaler.
Les articles 1382 et 1383 sont applicables au médecin qui abandon-
nerait un malade après lui avoir donné un remède dangereux, ou lui
avoir fait, pendant une opération, une blessure qui mettrait sa vie en
danger ou aggraverait son mal. Ces articles sont applicables également
ans. médecins qui commettraient dans leur art des fautes résultant de
leur négligence par rapport aux règles générales de la médecine et du
bon sens; mais cette responsabilité cesse, lorsque le juge est obligé d'en
arriver à l'examen des théories médicales ou de provoquer des discus-
sions scientifiques. On comprendra cette réserve; dans ce dernier cas,en
effet, ce n'est plus le médecin qui est coupable, mais la médecine elle-même.
Quant aux notaires, ils ne sont responsables des formalités nécessai-
res pour la conservation des droits de leurs clients qu'autant qu'ils ont été
chargés par ceux-ci de remplir ces formalités et des suites des opérations
qui leur sont confiées.
Un notaire est responsable des suites d'un placement de fonds dont
il a reçu l'acte, lorsqu'il a agi
non seulement comme notaire, mais
encore comme mandataire ou comme negotiorum gestor.
L'article 1384 du Gode civil est ainsi conçu : On est responsable, non
seulement du dommage que l'on cause par son propre fait, mais encore
de celui qui est causé par le fait des personnes dont
on doit répondre ou
que l'on a sous sa garde. Le père, et la mère après le décès du mari,
*<>nl responsables des dommages causés par leurs enfants mineurs
habitant avec'eux; les maîtres et les commettants, du dommage causé
par leurs domestiques et préposés dans les fonctions auxquelles ils les
0i'[ employés ; les instituteurs et les artisans, du dommage causé par leurs
éf-ves et apprentis pendant le temps qu'ils sont sous leur surveillance.
I' responsabilité ci-dessus a lieu, à moins que les père et mère, ins-
1

tituteurs et artisans ne prouvent qu'ils n'ont pu empêcher le l'ait qui donne


li u à cette responsabilité.
226 HISTOIRE GÉNÉRALE DE 1,'ASSURANCR EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

On voit que les instituteurs sont responsables du dommage causé


par leurs élèves; néanmoins, d'après un arrêt de la Cour de Cassation
eu 29 décembre 1831, le père est responsable du dommage causé par son
enfant, habitant chez lui, quoique au moment de l'accident l'enfant ('ni,
momentanément confié à la surveillance d'un instituteur. La responsa-
bilité des instituteurs semble donc être très limitée, lorsque les élèves de
ces derniers ne sont que « momentanément » confiés à leur surveillance,
autrement dit lorsque ces élèves sont externes.
Il faut remarquer que la dernière phrase de l'article 1384 du Code
civil, relativement à la réserve qui y est exprimée, ne parle pas des
maîtres et commettants. 11 s'ensuit donc que cette disposition qui relève les
père et mère, instituteurs et artisans, de toute responsabilité lorsqu'ils
n'ont pu empêcher le fait qui y donne lieu, ne s'applique pas aux maîtres
et commettants, à raison du dommage causé par leurs domestiques et
préposés.
C'est dans ce sens que la Cour de Cassation a rendu ses arrêts con-
cernant cetle question.
Cette dernière a décidé, à maintes reprises, que le mari n'est pas
civilement responsable des délits commis ou dommages causés par sa
femme. Mais, parfois aussi, elle a rendu des arrêts en sens contraire.
Il y a lieu en effet, d'examiner la situation de la femme à l'égard du
mari; dans certains cas, celle-ci est absolument indépendante, lorsque, par
exemple, elle ne collabore pas avec ce dernier dans un commerce ou uno
industrie quelconque, et alors elle a sa responsabilité tout à fait person-
nelle ; dans d'autres cas, au contraire, si elle tient un commerce avec son
mari, elle peut être considérée comme son employée et engager la res-
ponsabilité du mari. Telle est, suivant nous, l'explication de la contradic-
tion apparente de la Cour de Cassation.
Les articles 1385 et 1386 du Code civil sont ainsi conçus: « Le proprié-
taire d'un animal, ou celui qui s'en sert, pendant qu'il est à son usage, esi
responsable du dommage que l'animal a causé, soit que l'animal fût sous
sa garde, soit qu'il fût égaré ou échappé. — Le propriétaire d'un bâtiment
est responsable du dommage causé par sa ruine, lorsqu'elle est arrivée
par une suite de défauts d'entretien ou par le vice de sa construction. »
Le propriétaire d'un bois est responsable des dégâts occasionné*
aux voisins par le gibier, s'il a un garde-chasse, ou s'il semble entretenir
le gibier ou ne rien faire pour sa destruction; mais sa responsabilité cesse
lorsque, par suite de battues ou de chasses fréquentes, il fait tout son pas-
sible pour la destruction du gibier et qu'il autorise ses voisins à 'e
détruire.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 227

Nous pourrions multiplier les exemples, mais nous croyons avoir


suffisamment défini la nature des responsabilités auxquelles on se' trouve
journellement exposé ; la responsabilité en matière d'incendie et celle rela-
tive aux accidents professionnels existe, mais comme elles sont spéciales
à notre tâche nous y reviendrons avec plus de détails (1).
Ce rapide exposé de la responsabilité nous permet de juger combien
est grand Je rôle qu'elle joue dans les rapports des hommes entre eux.
Kh bien l'assurance en est la garante incontestable, car elle prend à sa
charge les responsabilités les plus graves.
Pénétrons dans son domaine.

Les principaux risques que l'assurance englobe dans sa garantie et


qui sont reconnus comme indispensables sont : les risques contre le
leu, la foudre, les explosions, la responsabilité des propriétaires et des loca-
taires, la mort et le capital à terme fixe et mixte, lorsque la vieillesse
secoue son manteau de nuit, l'accident qui se subdivise en une infinité de
catégories : chevaux et voitures, individuelles collectives ou responsabilité
civile patronale et particulière, bris des glaces, chômage involontaire
et par suite d'incendie, chasse, vélocipède, de sapeurs-pompiers; l'assu-
rance contre les fléaux atmosphériques : la grêle, la gelée, enfin, la
mortalité et la maladie des bestiaux.
Comme nous reviendrons particulièrement sur les grandes divisions
de l'assurance, passons en revue les risques divers, souvent extraordi-
naires, que l'imagination ou la nécessité ont créés.
Nous irons un peu à bâtons rompus.

Assurances contre le vol. — Voici d'abord l'assurance contre le vol


et les cambrioleurs. Les propriétaires pourront assurer leur responsa-
bilité civile.
Si on veut bien consulter les journaux qui, à maintes reprises,
signalent les vols commis journellement dans les environs de Paris et
insistent sur la nécessité d'arriver à se protéger par l'assurance contre
le vol, on comprendra la nécessité de cette dernière.
Cette assurance est d'importation anglaise.
Dans ce pays, le vol est un fléau dont l'intensité particulièrement
remarquable est due à des causes spéciales dont les principales repo-
sent sur les usages suivants :

(1) Voir Assurance incendie et Assurance accidents.


228 HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE F.N FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Dans les villes anglaises, les persiennes y sont presque inconnues,


les volets sont rares, les maisons n'ont pas de concierge, et à l'entrée
réservée aux domestiques et aux fournisseurs affluent les mendiants et les
rôdeurs qui se font souvent les complices des voleurs. 11 n'y a pas jusqu'à
l'esprit religieux des Anglais, dit M. Nogent (1) dans une de ses étu-
des sur la question, qui ne favorise ces derniers. Pendant la prière du soir
qui réunit la famille et les domestiques, les voleurs pénètrent souvent
dans la maison par une fenêtre et ils s'empressent d'assujettir de telle,
façon la porte de la pièce où se font les dévotions qu'ils peuvent impuné-
ment dévaliser la maison, avant que les habitants aient recouvré leur
liberté.
L'assurance contre le vol existe encore en Allemagne, en Belgique ot
en Hollande. Tentée récemment en France elle n'y a pas été l'objet d'un
accueil durable. Mentionnons qu'en 185-1, la Paroisse, Société assurant
ce risque, a été constituée sous raison sociale : Auguste Rait et C°, 5, cité
Trôvise, à Paris. Son objet était d'assurer les cloches des églises et autres
contre le bris et les fêlures, le vol des vases sacrés, les ornements
d'églises... Le capital de la société était de 3,000 actions de 100 francs
chacune, et 1,200 titres nominatifs de 250 francs.

Assurance cautionnement, infidélité, garantie.— L'assurance caution-


nement, appelée en Angleterre, où elle fonctionne depuis 1843, Gtiarantcr
Fidelity, est une assurance contre une certaine classe de détournements:
ceux qui sont commis par les employés.
En France, l'assurance cautionnement, pas plus que l'assurance
contre le vol, n'a obtenu le succès qu'elle mérite cependant.
La London Guarantee and accidents a tenté inutilement de fonction-
ner en France en 1869 d'abord, puis en 1883 (2) ; tentatives vaincs,
également, celles de M. Smyth qui, en 1892, présenta aux chambres syn-
dicales de la rue de Lancry une remarquable communication sur ce
sujet (3).
En France, la Compagnie Y Assurance française a aussi eu l'intention
Pseudonyme derrière lequel se profile un écrivain érudit et distingué M. Senex.
(1)
(2)En 1869, cette Société a confié sa représentation à MM. Koury et Hodiijue-
Fortemps, 31, place de la Bourse. En 1883, la Direction française était entre le*
mains de M. Delaquys, 4, rue Favart.
(3) M. Limousin, rapporteur de la proposition de M. Smyth, concernant l'éta-
blissement, en France, d'une assuranco pour le cautionnement des employés <le
commerce, s'est exprimé en ces termes :
n Notre collègue, M. Smyth, a soumis à la Cliambre des
industries diverses un
HISTOIRE GÉNÉRALE DE I,'ASSURANCE EN l'RANCE ET A I.'ÉTRANGER 229

de lancer ce genre d'assurance. Un faible écho a répondu à son appel.


En Belgique Y Alliance belge, aujourd'hui disparue, a, dans les condi-
tions suivantes, créé des polices garantissant les cautionnements des
fonctionnaires contre toutes retenues opérées par l'État ou les Adminis-
trations publiques.

«
La Compagnie asssure les cautionnements
AiiTtci.K I'RKMIUIÏ. —
.
versés entre les mains de l'État ou des Administrations publiques,
.
contre toutes retenues pratiquées par eux en vertu de leur privilège de
premier ordre établi par la loi.
« Elle n'assure pas contre les retenues pour faits antérieurs à la date
de la présente police.
«
ART. 2. — Si ultérieurement le cautionnement assuré est affecté à

. intéressant projet dont il est l'auteur; il s'agit d'introduire, en France, un système


qui fonctionne depuis nombre d'années en Angleterre et y donnent d'excellents
résultats : la garantie par l'assurance du cautionnemeet des employés de commerce.
11 n'est pas nécessaire d'entrer dans de longs développements sur le système des
«
cautionnements, son utilité, sa nécessité même. Vous le connaissez, vous savoz
qu'il consiste dans le dépôt d'une somme servant de garantie jugée suffisante pour
les erreur:; ou los détournements que pourrait commettre un employé à qui un
patron ou une administration confie des maniements d'argent.
«
Ce système est le seul que l'on emploie aujourd'hui en France et dans la plupart
îles autres pays, sauf en Angleterre et vraisemblablementaux Etats-Unis, contrées
oit l'organisation commerciale est plus perfectionnée q.u'ailleurs.
«
Il présente divers inconvénients : d'abord, il est à l'usage presque exclusif des
riches. Sans doute, quand il s'agit d'un emploi de l'Etat ou d'une très grande admi-
-
nislralion, l'employé a qui l'on demande un cautionnement trouve à emprunter,
encore faut-il qu'il rencontre, parmi los personnes qui ont confiance en lui, des
Sens riches ayant des capitaux disponibles, et désireux de se faire un revenu
supérieur à celui des placements ordinaires; mais cela n'est pas toujours facile.
Quand il s'agit d'entreprises absolument privées, telles qu'une maison do commerce
ou une petite banque privée, la difficulté devient le plus souvent une impossibilité,
le cautionneur doit, en effet, avoir confiance, non seulement dans l'employé
cautionné, mais aussi dans le patron lui-même, entre los mains duquel on remet le
cautionnement. Ce patron se fâcherait le plus souvent, si on lui parlait d'un dépôt
à la Caisse des dépôts et consignations auquel il ne pourrait toucher qu'après
jugement d'un tribunal, condamnant l'employé au remboursement. Pour cette raison
dans les maisons particulières, les cautionnés sont le plus souvent leurs propres
cautioiiueiirs, et cola a pour conséquence de no permettre l'accès de certains emplois
qu'à des hommes... ou à des femmes disposant d'un capital, et d'en écarter d'autres
aussi honnêtes, mais qui n'ont aucune avance.
«
D'autre part, et c'est là un second inconvénient, il arrive que les rôles sont
1 renversés : le patron, n'étant pas cautionné pour ses employés, se sort des sommes
230 HISTOIRE GÉNÉRALE DE 1,'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« la garantie d'un emprunt, les effets de la présente assurance passeront


t entre les mains du prêteur ou de ses ayants droit et ce à dater du
«
jour du prêt; ses effets dureront jusqu'au jour du remboursement du
« principal prêté et de ses intérêts.
« Dans ce cas, le prêteur est obligatoirement tenu de fournir à1 la
«
Compagnie, dans les trente jours de l'acte de prêt, une expédition dudit
« acte.
« Si le remboursement n'est pas réclamé à son échéance par le
o
prêteur ou par les ayants droit, il pourra l'être par la Compagnie, celle-
« ci agissant en qualité de mandataire.

« ART. 3. — La prime est le prix de l'assurance.


« La prime est unique et libère la police pour toute sa durée.
« ART. 4. — Dès qu'une retenue lui est signifiée, l'assuré est tenu

<•
qui lui ont été remises à titre de simple dépôt. Les vols au cautionnement sont
«
devenus très fréquents.
"
On a pensé en Angleterre que le système de l'assurance pourrait être utilise
" dans la circonstance. Etant donné un nombre d'employés sur lesquels une Compa-
" gnie, spécialement outillée pour cela, a pris des renseignements, il n'y en a qu'une
"
proportion, qui a pu être rétablie après un temps assez, long d'expérience, qui maii-
« que
à l'honnête. Cette proportion représente un aléa de... qui, réparti sur l'onsem-
• ble, se traduit par une primj de... par tête et par centaine ou millier de francs.
« L'expérience a été
faite en Angleterre et elle va réussi. Elle y a si bien réusai
" que des Compagnies concurrentes se sont formées à la suite du succès do la
«
première. 11 n'est pas do meilleure preuve de ce succès et, par suite, de l'utilité que
" la création de ces entreprises concurrentes.
« M.
Smyth, qui a pris part, dans son pays, à la création de la première Compa-
«
gnie, de celle dont le succès a amené la naissance des autres, et qui, maintenant.
>
vit en France, voudrait introduire chez nous ce qui a réussi de l'autre côté de la
«
Manche, et il nous a saisi, à titre purement consultatif, bien entendu, de son idée.

Il nous a demandé si nous pensions que le système pourrait être introduit en
••
France.
« La
question, ainsi posée, est éminemment délicate. Sans doute chacun de nous
« peut se demander : « Si une semblable Compagnie se fondait, qu'elle présentât, ollo-
i-
môme, des garanties de solvabilité et de bonne administration, aurais-je recours à
«
elle ? » Mais il y a une différence entre une opinion sur l'idée en soi et une adhésion
>
effective, et tel, qui étant complètement désintéressé, pourrait dire : « Pom-
" quoi pas ? » Bans doute hésiterait au moment de réaliser la chose; tel, au
"
contraire, qui répondrait du promier mouvement: « Jamais » serait capable, sous
1

'.
l'empire de certaines circonstances, de devenir un client de la nouvelle entreprise.
a II
n'y a donc, à mon avis, possibilité d'exprimer d'autre opinion que colle-c :
« Sans doute, la combinaison est ingénieuse, elle devrait réussir en Frpnce comme
«
ailleurs. Cependant, le fonctionnementseul peut répondre à la question posée. »
•i
Le caractère français a pour base... en matière commerciale, la prudence, trop
«
de prudence même; nous en avons la preuve par les nombreuses plaiutes que nous
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A I.'ÉTRANGER 231

c
d'en donner avis au plus tard dans les vingt jours. Cet avis doit être
transmis au siège social de la Compagnie et par lettre recommandée.
,
« A
défaut d'avoir transmis l'avis ci-dessus dans le délai prescrit,
,
l'assuré est de plein droit débiteur, envers la Compagnie, de tout le
«
préjudice que l'absence d'avis fait éprouver à celle-ci et le montant de
ce préjudice sera déduit, par privilège, des sommes dues par la Com-
pagnie.
«
ART. 5. — L'assurance, ne pouvant être, pour l'assuré, une cause
quelconque de bénéfice, l'indemnité doit représenter exactement, mais
»
uniquement, le dommage matériel ; elle ne peut, en aucun cas, être
,
supérieure à la somme assurée comprenant le principal et les intérêts.
« ART. 6. — Le
dommage dû est payable dans les trente jours de la
remise des pièces suivantes :

entendons formuler chaque jour sur notre manque d'esprit d'initiative, qui fait que
nos rivaux, les Anglais et les Allemands en particulier, nous enlèvent nos débou-
chés extérieurs et nous empêchent de nous en créer de nouveaux. Nous sommes moins
hardis que nos rivaux, moins novateurs; si, nonobstant ce défaut, la nation française
est une des nations les plus riches du monde, cela tient à son énorme esprit d'épar-
imo. Suivant une expression que j'ai entendu formuler plusieurs fois par des hommes
ayant voyagé ot observé, l'Anglais et l'Américain s'enrichissent en gagnant plus, le
Français en dépensant moins ».
«
C'est le manque de hardiesse, cette crainte de la nouveauté qu'il faut faire
entrer en ligne à propos du projet de M. Smyth; notre caractère national étant ainsi,
il faut nous prendre tels que nous sommes.
«
M. Smyth, nous avons pu nous en rendre compte à la Chambre comme dans la
commission, possède admirablement son sujet ; homme d'expérience, comme la plu-
part de ses compatriotes, il connaît tous les détails de l'entreprise qu'il projette; il
sait ce qui est possible et ce qui ne l'est pas, au point de vue de l'humanité en géné-
ral ; il n'igore aucune des garanties que l'entreprise devrait présenter pour inspirer
confiance, et nous avons été frappés par le lucide exposé qu'il nous a fait ainsi que
par la manière dont il a répondu à toutes nos questions.
" Nous ne pouvons donc que lui souhaiter bonne chance dans l'intérêt général,
s'il réalise son projet ; mais, pour los raisons que nous venons de vous exposer,
nous ne saurions prendre mémo une responsabilité morale, et nous ne pouvons que

répéter : l'expérience seule peut dire si cet ingénieux système est praticable en
l'Yance. Il en coûte à votre rapporteur, dont la crainte des nouveautés n'est pas le
caractère dominant, de tenir ce langage ; mais les objections qu'a rencontrées
M. Smyth dans la commission m'ont amené à partager sur ce point l'opinion de
mes collègues. »
M. Alfred Smyth, membre de la Chambre de commerce anglaise et des Chambres
syndicales françaises, est l'auteur d'un projet de Compagnie anonyme d'assurances
P'iur les emplois de conllance. La Garantie Commerciale devait être le titre de la
S'X'iôté projetée.— M. Smyth a exposé ses idées en brochures éditées par la Librairie
ll;,s Assurances.
232 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« a) Le certificat d'inscription du cautionnement;


«
b) L'expédition de tous actes relatifs audit cautionnement.
« ART.
1. — Le délai de trente jours stipulé à l'article 5 est accorde
« pour permettre à la Compagnie de vérifier l'exactitude des pièces qui
«
lui sont remises.
« Si l'une d'elles est reconnue inexacte, le payement sera suspendu
«
jusqu'à rectification.
« ART. 8. — La Compagnie réserve expressément ses droits et ceux
« de l'assuré contre tous auteurs, garants ou responsables de la faute i.u;
« a donné lieu à la retenue.
« A cet effet, l'assuré la subroge, par le seul t'ait de la présente

«
police, dans tous ses droits, actions et recours, nul réservé ni excepté.
«
11 est tenu de remettre cette subrogation contre le payement do
*
l'indemnité, dans la forme et avec les titres établissant ses droits, le
« tout aux frais de la Compagnie.
« ART. 9. — Cette police est transmissible, soit par avenant, soit par
«
endossement.
« La
cession doit être notifiée à la Compagnie par lettre recoin-
«
mandée ou exploit judiciaire; la Compagnie traitera valablement avec
«
!o dernier titulaire, tant qu'elle n'aura pas reçu cette notification.
« ART. 10. — Toutes les contestations entre la Compagnie et l'assuré
« sur les dispositions de la police seront soumises aux tribunaux. »
En 1889, en Allemagne, est constituée la Fides, première Compagnie
allemande pour l'assurance de cautionnements.
Le capital est de 1,000,000 de marks, dont un quart versé.
Les fondateurs sont tous des notabilités politiques ou financières de
l'Allemagne (1).
La dernière création d'assurance garantie qu'on ait à enregistrer a
pris le titre de « Caisse franco-néerlandaise de cautionnement ». Son
fondateur est M. Van Lier, consul général des Pays-Bas à Paris.
Voici la composition du Conseil :
(1)
MM. Herbig (Robert), de la firme Friedrich-Siemens et C°, conseiller municipal n
Berlin ; Hobrecht (Hoinrich), négociant, président de la Deutsche-Ueassurance île
Francfort, administrateur de la Deutsche Genossenschaftsbank, etc., etc., à Francli"'
1

s/M.; Hummel (E.), de la firme E. Hummel et C°, conseiller de commerce, admi-


nistrateur de la Banque royale de Wurtemberg, administrateur de la Compagnie
d'assurances sur la vie de Stuttgard, à Stuttgard ; Meissner, directeur de la Bau<i"c
Deutsche Genossonschafssbank, à Berlin ; Spielberg, conseiller municipal et memi>''°
de la Chambre de Prusse à Berlin ; Neber (Cari), consul, membre de la Chambre de
Prusse, à Berlin.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A 1,'ÉTRANGER 233

Fondée sous forme de Société anonyme, au capital de 2,000,000 de


lianes, la Caisse se charge de fournir des cautionnements aux fonc-
tionnaires de l'État, des départements et des communes, ainsi qu'aux
employés d'administrations particulières, etc., en un mot à toutes per-
sonnes ayant une responsabilité financière, sans exiger de leur part la
production d'une contre-garantie ou d'une assurance sur la vie.
Au moyen d'amortissements réguliers, le cautionné pourra devenir
propriétaire du cautionnement.
Pour obtenir un cautionnement, le fonctionnaire ou employé a à
payer annuellement et d'avance une prime de 3 1/2 0/0 due seulement
sur le capital restant à amortir.
La prime et les montants destinés à l'amortissement pourront être
payés annuellement, semestriellement ou trimestriellement.
Pour les employés d'administrations particulières, la prime à payer
pourra être augmentée de 1/2 à 1 1/2 0/0, suivant les cas (1).

Assurance de dividendes, de primes et de garantie d'emprunts. —


L'assurance des dividendes, que nous avons vue fonctionner à la Com-
pagnie des Indes en 1720, est reprise par la Banque d'Escompte qui, au
temps de sa prospérité, devait émettre les actions d'une Société ayant pour
objet l'exploitation d'une vaste concession de terrains situés en Nouvelle-
Calédonie, tant au point de vue agricole, notamment l'élevage du bétail,
qu'au point de vue industriel, exploitation de mines, etc.
Aux termes du traité intervenu entre la Société nouvelle et deux
Compagnies d'assurances anglaises, ces deux dernières s'engageaient
» garantir aux actionnaires de la Société la Calédonie un dividende de
23 francs par action de 500 francs, pendant 20 ans, moyennant le payement
d'une redevance annuelle de 37,500 francs à chacune des deux Compagnies
anglaises, soit 75,000 francs.
Voici, à titre de document, la police par laquelle les deux Compagnies
ci-dessous dénommées devaient garantir aux actionnaires de la Société la
Calédonie un dividende minimum de 25 francs pendant 20 ans :

« Entre la Société agricolo, industrielle el commerciale de la Nouvelle-


-
Calédonie, Société anonyme, ayant son siège social à Paris, 3, rue des
'•
Moulins (France), ci-après dénommée la Calédonie, d'une part ;

(l) La Compagnie anglaise « The Fine art and General insurance Company,

amited » assure par polices incontestables le vol, l'incendie, le cautionnement ot les
"-'livres d'art. Cette Société fonctionne eu Franco et en Belgique.
18
234 HISTOIRE GÉNÉRALE DE 1,'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« Et Securities insurance Company, limi'ed, dont le siège


1° The
R
social est, 26, Old Broad Street, Londres ;
« 2°
The National insurance and guarantee Corporation, limiti>:f
« dont le siège social est, 3, Royal Exchange
Buildings,Londres, ci-après
«
dénommées ; les Assureurs, d'autre part ;
« Attendu que la
Calédonie a soumis une proposition pour la garantir',
« par
les Assureurs, pendant 20 ans, à partir du 7 mars 1S93, jusqu'au
« 8 mars 1913, ou
aussi longtemps seulement que la prime annuelle con-
te venue sera
dûment payée, d'un revenu annuel de 25 francs sur chacune
«
des 23,0i)0 actions, numérotées de 1 à 25000, de 500 francs chacune,
« formant la
totalité du capital actuel de 12,500,000 francs de la Calédonie,
« et a
également soumis aux assureurs un état de comptes, lesquels pro-
«
positions et état doivent être considérés comme faisant partie de la
« présente et comme
formant la base de la police de la manière ci-après
« convenue;
« Et attendu que
la Calédonie a payé à chacun des Assureurs lu
« somme de
1,500 livres sterling (37,500 fr.), étant la première prime
«
annuelle convenue pour ladite assurance à partir du 7 mars 1893 j usqu'au
« 7 mars 1894, et a convenu
de payer par la suite annuellement et à
« l'avance, le 7 mars
de chaque année, à chacun des Assureurs à son
«
siège social respectif à Londres, une somme annuelle de 1,500 livres
«
sterling (37,500 fr.) pendant le cours de la présente police;
« Celte
police fait foi que chacun des Assureurs séparément, aux
«
conditions ci-dessus indiquées el aux conditions générales, d'autre part,
i-
garantit par le présent aux porteurs desdites 25,000 actions, numérotées
«
de 1 à 25000, de la Calédonie le payement d'un revenu annuel de 5 0/0
« sur ces actions, soit 25 francs par an par coupons semestriels
de 12 fr. 30

chacun, payables les l" janvier et lor juillet de chaque année, au fur et à
« mesure que ces coupons viennent àôchéance et sont
exigibles respec-
« tivement, et
dans le cas où une réclamation quelconque surviendrait on
« vertu de
la présente police, chaque Assureur y contribuera jusqu'à con-
« currence de la
moitié et pas davantage.
« En foi de quoi chacune d'elles, The Securities insurance Compati;/,
«
limited, et The national insurance and guarantee Corporation limitcd,
« a
fait apposer à ces présentes, faites en trois originaux, son sceau et fait
« signer pour son compte par
deux des administrateurs et le secrétaire,
« et la Calédonie a
fait signer par le directeur et un administrateur (1). »
cet ordre d'idées signalons la tentative à Stockholm de la création d'une
(1) Dans
Compagnie au capital de 100,000 couronnes (139,000 francs) pour l'assurance des pri-
mes d'assurances sur la vie. L'assuré étant dans l'impossibilité de continuer fos
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 235

L'assurance contre le remboursement au pair des titres amortissables


tirages au sort. L'Assurance des Émissions. — Tous ceux qui
,!:ir —
possèdent des actions, obligations, bons, etc., remboursables par voie
de tirages au sort, sont perpétuellement exposés à une perte plus ou
moins importante, quand le cours de ces valeurs a dépassé le pair.
Cette perte, qui doit fatalement se produire un jour ou l'autre, corres-
pond à l'écart entre le taux de remboursement et le cours coté à l'époque
du tirage. Elle varie de 10 francs à 200 francs par titre et quelquefois
davantage.
Cet aléa auxquels sont sujets les porteurs de titres a donné lieu à une
tentative intéressante d'assurance. En voici le mécanisme exposé par une
circulaire de la maison Er. Crestey et C", Paris :

« Pour chaque valeur et à chaque tirage, l'indemnité à recevoir e&t


t désormais fixée d'avance, en même temps que
la prime à payer.
« Le montant
de la prime et celui de l'indemnité seront portés à
•<
la connaissance du public un mois ou six semaines avant chaque
<
tirage.
« Cette assurance
s'applique à toute valeur, française ou étrangère,
«
dont le cours dépasse le taux de remboursement.
« La
prime est payable au moment où se contracte l'assurance.
«
L'indemnité est réglée dans les trois jours, au plus tard, qui suivront
i
la publication officielle des listes de tirage.
« Les porteurs de
titres qui désirent s'affranchir de la surveillance
« que
nécessite le retour trimestriel ou semestriel des tirages d'amortis-
« sèment, peuvent contracter un
abonnement annuel dont le prix est
«
proportionnellement moindre que pour un seul tirage.
« Le détenteur n'a
point à déposer ses titres. Il se borne à remettre
» ou à envoyer
la liste des numéros de ses obligations ou actions, etc.,
« en
même temps qu'il verse ou qu'il envoie le montant-de la prime.
« Les titres remboursés avec lots se trouvant
amortis à un prix

lavements, la Compagnie paye en son lieu et place, mais il faut que la police ait déjà
drux années d'existenco. En 1869 le Teutonia Association of Policg holders garantis-
sait à ses sociétaires en cas de maladie ou d'incapacité de travail le payement de leurs
primes aux Compagnies auxquelles ils étaient assurés (voir plus loin Assurance
'•omplémentaire).
En 1894, en Angleterre, est inaugurée une nouvelle branche d'assurances. Moyen-
nant une prime annuelle, calculée à un taux déterminé, une Compagnie d'assurances
S-'irantit les obligations des emprunts de Sociétés industrielles, ainsi que les intérêts
'tu ces mômes obligations.
236 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« supérieur au cours, leurs détenteurs n'ont droit, dans ce cas, à aucune


« indemnité.
« Le payement de l'indemnité s'effectue soit au guichet, soit par

« correspondance (auquel cas les frais d'envoi sont à la charge du


« destinataire).
« L'indemnité est toujours payée au comptant et en espèces, la
« maison ne se chargeant pas d'échanger les titres amortis contre d'autres
« non amortis... »

circulaire était annexée une liste des prochains tirages et la


A cette
nomenclature des principales valeurs admises à l'assurance et dont lu
cours dépassait à l'époque (1891) le taux des remboursements (1).

L'assurance des obligations à lots. — La Caisse des obligations d'as-


surances, créée en 1890, signalait ainsi sa combinaison dans une circulaire,
dont on ne trouve pas plus de traces que de celles de la Société qui en a
été l'inspiratrice :

« Au moyen d'une Police d'assurance, qu'il paye par versements



« mensuels, le public devient propriétaire d'Obligations du Crédit Foncier
« et de la Ville de Paris. Ces Obligations sont achetées au cours de la
« Bourse du jour, et les numéros lui en sont remis à la signature de la
« Police;
« 2° L'assuré profite de tous les tirages afférents à ses Obligations.
« Pendant la durée du contrat, un lot sort-il au tirage, il est immédiatc-
« ment payé au titulaire, et l'Obligation sortie est remplacée par une autre
« Obligation qu'on lui achète, s'il le désire ;
« 3° Sitôt le contrat expiré, les Obligations sont remises au con-
te tractant, ainsi que le montant de tous les coupons échus pendant le
« contrat ;

L'assurance des émissions est signalée à Londres vers 1893; elle esc conrue
(1)
par un syndicat formé de cinq Compagnies d'assurances avec l'objet suivant :
Lorsqu'une Société voudra faire une émission, la Compagnie l'Assurance de*
Émissions garantira, moyennant une prime : 1° Aux souscripteurs, .quoi qu'il arriva,
leur capital versé et à verser et les intérêts promis; 2° A la Société qui fait l'émission,
la souscription de tous les titres à émettre. Ne seront admises aux bénéfices de cette
assurance que les Sociétés qui, avant toute émission, auront communiqué toules leurs
pièces à l'Assurance des Émissions et soumettront à son contrôle mensuel toutes IOLUS
opérations, comptes, bilans, etc.. !l
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER- 237

«
Si le contractant meurt avant l'expiration de sa Police, n'eût-il

effectué qu'une seule année de versements, les Obligations sont remises

immédiatement à ses héritiers, sans que ceux-ci aient à payer quoi que
,.

,.
ce soit.
«
Mécanisme de l'Opération. — Moyennant un versement mensuel
niui varie selon le groupe choisi), nous remettons une Police émanant
le la Compagnie d'assurance « X... ». Cette Police assure au con-
tractant :
«
1° La somme nécessaire au payement intégral des Obligations de

.
son groupe ;
«.
2° Une seconde somme payable à ses héritiers, lors de son décès. »

Assurance contre les faillites. — Assurance contre la perte des effets


de commerce. — Le « Ducroire ». — V Assurance contre les pertes d'ar-
gent. — L'Assurance commerciale. — L'idée de l'assurance contre les
laillites remonte, croyons-nous,au temps où Emile de Girardin voulait tout
assurer (1).
En 1846, MM. Maillet et C", banquiers à Paris, boulevard Sôbastopol,
créent Y Assurance du crédit de commerce. Cette assurance est régie par
la prime fixe et, disent les journaux de l'époque, elle paye les sinistres
comptant.
Enfin, en 1845, Y Union du Commerce est fondée, ainsi que la Sécurité
Commerciale, en 1851.
Cette Société fonctionnait depuis 1850 et son premier compte rendu
publié en 1852 — exercice 1850 et 1851 — présente un chiffre raisonnable
d'affaires.
Les primes s'élevaient à 1,198,846 fr., les créances admises à
2,484,573 fr. Enfin le compte de profits et pertes se balançait par un excé-
dent d'actif de 20,716 fr.
La même année, le Ducroire fait son apparition (2). En Belgique,
sont créées des Sociétés de ce genre ; elles contractent avec les Compagnies
françaises des traités de garantie réciproque.
En 1857, on retrouve le fonctionnement d'une Société d'assurances
'•ontre les risques de non-payement des effets de commerce, intitulée le
Crédit commercial.

(t) Voir page 113.


(2) Le Ducroire est la dernière Société commerciale fondée par MM.Maillet etC'*,
''iinquiers (voir Journal des Assurances, 1862, p. 411).
238 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

C'est là une idée d'un rédacteur du journal la Presse qui vent


étendre la pensée de Girardin son Maître.
Après des fortunes diverses, le liquidateur arrête les opérations de
la plupart de ces Sociétés fondées vers le temps où l'assurance semblait
devoir être universelle.
En 1884, le titre du Ducroire est repris avec comme sous-titre
Compagnie d'assurances contre les risques commerciaux ; il présente au
public les trois combinaisons suivantes :

i 1" Combinaison — Police d'abonnement. — Cette combinaison pér-


it met à
chaque fabricant, négociant, commerçant vendant à des manu-
«
facturiers ou fabricants, marchands en gros, demi-gros et détaillants,
« de souscrire une police d'abonnement avec la Compagnie le Ducroire,
« moyennant le versement d'une somme de 20 francs, plus 1 fr. 20 pour le

« coût du
timbre.
« A cette police d'abonnement est joint un carnet sur lequel l'assuré
a inscrit, au fur et à mesure de ses expéditions, le montant des factures
« qu'il entend faire garantir par la Compagnie.
« L'assuré peut, à sa volonté, faire couvrir, aux taux du tarif indiqué
« dans sa police d'abonnement, la totalité ou partie seulement de ses
« ventes.
« De son côté, la Compagnie le Ducroire s'engage, en cas de non-
ce
payement desdites factures, à rembourser cinquante pour cent des
« sommes assurées, immédiatement, ou dans les délais prescrits par les

* conditions générales et particulières de la police d'abonnement.


« Cette combinaison offre cet avantage important pour le négociant
« de n'être pas astreint à payer de suite une prime considérable d'après

« le principe, exclusivement appliqué jusqu'ici, de l'assurance basée sur

« le chiffre total de ses affaires annuelles.


« En résumé, la police d'abonnement dispense le négociant du paye-
ce
ment immédiat d'une prime souvent très élevée, en lui permettant,
« comme il vient d'être expliqué, de fractionner l'assurance ainsi que la
ce
prime, à payer qui sera perçue mensuellement.
t 2° Combinaison. — Cette combinaison est déjà pratiquée par des
« Sociétés similaires. Elle a pour but de garantir également le rembour-
« sèment des pertes résultant du non-payement des factures, depuis
«
cinquantejusqu'à soixante-quinze pour cent et ce, moyennant une prime
«
qui varie depuis 0.30 centimes jusqu'à 0.80 centimes, un franc, un franc
«
cinquante centimes pour cent, ladite prime perçue sur le chiffre total des
c affaires annuelles faites par les négociants.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 239

«
La prime peut être acquittée d'avance, en un seul versement ou par
fractions trimestrielles ou semestrielles.
,

ce
La nature du commerce de l'assuré détermine toujours le taux de
f
la prime à appliquer dans les limites indiquées ci-dessus.
« 3°
Combinaison. — Cette combinaison s'applique à tous les nôgo-
.,
riants et principalement à ceux qui font un chiffre considérable d'affaires.
« Elle permet à tout négociant, chef de maison qui traite annuellement

« pour
10, 15, 20 ou 30 millions d'affaires de payer une primo au prorata
,
des pertes réellement faites dans l'année, au lieu d'une prime qui s'ôlô-
,
verait, d'après les bases indiquées dans la deuxième combinaison, à
«
30, 50 et môme à 90,000 francs.
i Exemple: Un négociant justifie que la perte annuelle éprouvée par
«
lui a été, en moyenne, pendant les cinq dernières années, de 10,000 fr.
,.
La Compagnie, dans ce cas, moyennant une prime proportionnelle
«
d'environ 8,000 francs par an, fixée à forfait, s'engagea rembourser les
pertes, qu'elle qu'en soit l'importance, que ce négociant subirait dans le
cours d'une année, sans cependant excéder la somme maximum à
»
déterminer par les parties, s

De toutes les Sociétés d'assurances contre les risques du crédit,


fondées de 1880 à 1895, Y Assurance Commerciale est seule en fonction-
nement. Dans une circulaire datée de 1892, M. du Bois d'Auberville
exposait ainsi le genre des opérations de la Société dont la création
remonte à 188-2 :

e<
h' Assurance Commerciale contre les pertes d'argent a pour but de
" protéger le capital contre les éventualités auxquelles il est exposé et
d'indemniser l'assuré des pertes qu'il peut subir au même titre que les
' autres
Compagnies d'assurances réparent les dommages causés par
«
l'incendie, les accidents, etc., etc.
« h'Assurance Commerciale contre les pertes d'argent est devenue
« une nécessité pour tous ceux qui traitent des opérations commerciales,

" industrielles, financières ou autres.


ce
Les propriétaires eux-mêmes pouvant garantir le chômage ou la
« perte de leurs loyers ou fermages, sont appelés à profiter des avan-

* tages que leur offre Y Assurance Commerciale.

« Les notaires, les banquiers, les négociants et industriels, les capi-


« talistes, les propriétaires ont intérêt non seulement à
se couvrir eux-
8 mêmes contre ces éventualités, mais encore à imposer cette garantie à

« fous ceux avec lesquels ils sont en relations d'affaires, à l'exemple du


240 HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

ce
notaire qui exige des propriétaires qui empruntent sur leurs immeu-
ce
blés, l'assurance contre l'incendie.
t L1 Assurance Commerciale contre les pertes'd'argent débarrasse tes
« assurés de tous les ennuis de procédure avec lesquels ils sont pou
ec
familiarisés et leur évite ainsi des pertes de temps et d'argent souvent
« très
préjudiciables à leurs intérêts.
« Il Assurance Commerciale, qui possède un service de contentieux
«
des mieux organisés, se charge, à ses risques et périls, de toutes les
« avances
de fonds nécessaires aux recouvrements des créances, qui lui
« sont
confiées à titre contentieux moyennant un prélèvement de 10 0/o
ce au moins et de 25 0/0 au plus sur les sommes encaissées.
« Les risques garantis par la Société sont : 1° la totalité des crédits
« annuels ; 2° la moyenne des pertes annuelles ; 3" les comptes de crédits

«
particuliers; 4° les commandites; 5° les placements de fonds; 6" les
« créances
particulières; 7° les hypothèques ; 8° les éventualités de
«
l'inexécution d'engagements verbaux do toute nature, les fonds placés
« par
actions ou obligations, les propriétaires d'immeubles contre les
non-valeurs locatives, et généralement tout ce qui peut constituer une
ce

« perte d'argent. »

Dans ces dernières années quelques Sociétés du même genre tentent


de réveiller l'émulation commerciale et offrent d'assurer les risques du
crédit ; comme la Protection Générale elles étendent môme leur champ
d'opérations; elles offrent en outre du remboursement des pertes, d'opé-
rer, pour le compte de leurs assurés, le recouvrement de leurs créances
non comprisesdans l'assurance ou antérieures à l'assurance ; de faciliter,
à tout assuré qui le désire, l'escompte de son papier commercial, par la
nature même de son contrat d'assurance et par sa mise en rapport avec
une maison de Banque.

Assurance des frais de justice. — Dans le même ordre d'idées, mais


sans aucun succès, en 1885 paraît la Prévoyance judiciaire fondée dans
le but de faire face aux frais de justice, résultant des procès que sesadhé
rents auraient à faire ou à soutenir.
Son programme est le suivant :

« Sont seuls considérés comme frais, les assignations, cita-


« tions, levées de jugements et enfin honoraires d'avocats, avoués,
« agréés.
HISTOIRE GÉNÉRALE DR I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 241

« N'a pas droit aux privilèges de la Prévoyance judiciaire tout


«
adhérent qui se trouverait sous le coup de poursuites criminelles.
« Tout
adhérent s'engage à verser mensuellement la somme de trois

francs et ce, pendant une durée minimum de une année à dater du pre-
«
mier versement qui est de cinq francs.
ce
La Société se réserve de n'accepter les adhésions qu'après ren-
seignements. Un dividende égal au minimum; un 10 % du montant de
,

«
l'adhésion sera distribué chaque année aux adhérents.
ce
Tout adhérent ayant un procès en cours au moment de l'accepta-
,
tion de son adhésion ne pourra pas s'en faire régler les frais par la
«
Prévoyance.
Lorsqu'un adhérent se trouvera dans le cas d'avoir à faire ou à
ec

«
soutenir un procès quelconque, il devra de suite en aviser la Prévoyance
«
judiciaire, qui se réserve le droit de conciliation.
Les frais seront payés parla caisse sur justification : aux huissiers,
ce

i.
avocats, avoués ou agréés.
Tout adhérent, pour avoir droit à la gratuité des frais ci-dessus
ce

t.
énoncés, devra justifier de son dernier versement, faute de quoi il n'aura
" aucun recours contre la Prévoyance judiciaire.
«
L'engagement de l'adhérent étant d'une année au minimum ne sera
J
résiliable qu'en cas de force majeure sinon tous les versements mensuels
sont exigibles.
La Prévoyance se met à la disposition dé ses adhérents pour
ec

«toutes questions de contentieux à résoudre ou recouvrement à faire.


L'adhérent dans ce cas fera à la Prévoyance une remise de 20 %
ec

« sur toutes les sommes qu'elle pourra recouvrer. »

Assurance de l'entretien des immeubles.— L'assurance contre les dé-


'jùls causés par les eaux ménagères, pluviales et de vidange.— ni
Assurance
de la responsabilité civile des propriétaires d'immeubles, gérants et loca-
taires en cas d'accidents causés aux tiers par le fait de l'immeuble ou de
so/t entretien.
L'assurance des charges d'entretien des immeubles bâtis a vu le
jour en 1882 et a été fondée par un ancien inspecteur d'assurances contre
l'incendie, M. Palombe, qui créa le Bâtiment, sous la forme
anonyme au
capital de 1,500,000 francs, divisé en 3,000 actions de 500 francs chacune.
L'objet de la Société était l'assurance des charges d'entretien de tous
'^meubles bâtis, soit pour le compte des propriétaires, soit pour le compte
des locataires et occupants. La Compagnie
se chargeait de faire exécuter
19
242 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

les travaux de réparation nécessités par les assurances, les réparations


locatives représentant bien un risque pouvant varier d'intensité et s0
prêter à une garantie spéciale.
Pour diverses causes le Bâtiment n'eut aucun succès ; mais son fon-
dateur, homme énergique, n'abandonna pas son idée première. Au
commencement de l'année 1884, il imagina de créer, pour l'exploiter à
nouveau, une Société sous le nom du Bâtiment de Paris, avec la forme
de la mutualité, telle qu'elle est établie par le règlement d'administration
publique, annexé à la loi du 24 juillet 1867 et portant la date du 22 janvier
1868.
Le Bâtiment de Paris sombra comme le Bâtiment et laissa le pro-
blème de l'assurance de ce risque sans solution appréciable.
Ne sortons pas des immeubles sans épuiser les risques auxquels ils
donnent lieu en dehors de l'incendie et des responsabilités qui en sont la
conséquence. Ainsi la Lutèce est une Société d'assurances en commandite
par actions contre les dégâts causés par les eaux distribuées à domicile,
ménagères, pluviales et de vidanges. Les deux articles suivants de ses
polices nous donnent quelques détails complémentaires sur son objet :

ee
ARTICLE PREMIER. — la Société a pour but de garantir moyennant
« une prime fixe et annuelle les biens meubles et immeubles contre les
ce
dégâts causés par les infiltrations des eaux distribuées à domicile, mena-
ce gères,
pluviales et de vidanges, et résultant :
e<
1° De la rupture, de l'engorgement et de l'écoulement des conduites
« de distribution d'eau, réservoirs, appareils hydrauliques et
hydrothé-
« rapiques, robinets et appareils à effets d'eau.
ce
2° De la rupture ou de l'engorgement des tuyaux de descente des
« eaux ménagères ou de toilette.
« 3° Det la rupture ou de l'engorgement des chôneaux, caniveaux et
ec tuyaux
de descente des eaux pluviales.
« 4° Enfin de la rupture ou de l'engorgement des tuyaux de
descente
« des eaux de vidanges ou de water-closets.
«.
La garantie de la Société étant limitée aux dégâts causés parle
« contact direct des eaux distribuées, ménagères, pluviales et de
vidan-
« ges, les recherches de fuites et les réparations à faire aux
conduites,
« tuyaux, chôneaux, caniveaux, robinets et
appareils qui peuvent faire
« l'objet d'un contrat spécial ne sont pas
compris dans le présent.
« ART. 2. — L'assurance comprend les dommages causés auxassu-
« rés par lesdites infiltrations, accidentellement, par leur fait ou par le

« fait d'autrui et ceux causés à


autrui par les assurés ou les personnes
HISTOIRE GÉNÉRALE DE 1,'ASSURANCE EN FRANCE ET A I,'ÉTRANGER 243

dont ils seraient responsables. Et cela, quelles qu'en soient les causes :
«
oubli, négligence, gel, pression et coup de bélier hydrauliques, tasse-

ments, etc., pourvu que les causes soient involontaires et accidentelles.
,
ce
Ne sont pourtant pas comprisles dommages résultant d'infiltrations
au travers des toitures, ciels ouverts, vitrages, fenêtres ou croisées,

mansardes, lucarnes, oeils-de-boeuf, châssis à tabatières et fixes, à moins
,,
que les dégâts n'aient pour cause la rupture ou l'engorgement d'une

conduite d'eau, d'un chéneau, caniveau ou d'un tuyau de descente
.
«
quelconque. »

Enfin l'assurance de la garantie civile des propriétaires d'immeubles,


o-érants et locataires, en cas d'accidents causés aux tiers par le fait de
l'immeuble ou de son entretien, est une combinaison imaginée par
M. d'Arloz, représentant à Paris de la Lutèce, lequel avait à ce propos
créé une Compagnie nommée la Garantie civile immobilière. La Société
n'a pas eu de lendemain, cette idée ne pouvant devenir pratique que si
ello est adoptée par une Compagnie sérieuse organisée déjà pour l'assu-
rance contre les accidents.

L'assurance des funérailles et crémations précipitées, caisses d'enter-'


rement. — L'Assurance funôratienne, qui était une institution du Bas-
Empire (1), a survécu sans altération de sa forme primitive à l'accumulation
des siècles.
En Angleterre, en France, en Belgique, dans les États civilisés
les adhérents aux Sociétés de secours mutuels, humanitaires, de bienfai-
sance, aux Associations professionnelles, ont droit aux funérailles et leurs
veuves aux premiers secours que nécessite la disparition du chef de la
famille.
C'est la Hollande qui possède l'ensemble le plus complet de caisses
d'enterrement, la « Société de l'intérêt général » de ce pays en indiquait
•'<3.i dans
ses statistiques de 1892.
Ces caisses se divisent en 192 caisses d'enterrement, 170 d'enterre-
ment et de maladie, 12 sociétés de secours mutuels s'occupantde l'assurance
«es frais funéraires et contre la maladie, 22 caisses diverses. En 1891, le
nombre des assurés était de 1,959,966 et le capital assuré de 127,631,456
francs. La moitié de la population hollandaise est donc assurée
aux cais-
ses d'enterrement dont la situation a été reconnue bonne pour 81 d'entre
e"os, médiocre
pour 89, mauvaise ou inconnue pour 177.
0) Voir page 18.
•J'i'l IIISTOI'.IIJ Cil'iNRIiALE l>lî 1.'ASSURANCE UN FRANCE ET A I.'ÉTRANORR

Ces caisses sont constituées : 24 en Sociétés anonymes, 37 sont


reconnues par la loi de 1855, 9 sont coopératives, 353 ont des consliin.
lions diverses.
En 1891, une Commission gouvernementale a eu pour mission de
faire une enquête dans le but de réglementer le fonctionnement de ces
caisses (1).
En France, une honorable Compagnie d'assurances sur la vie a toute
de lancer l'assurance des funérailles. Ainsi moyennant une prime annuelle
très minime, elle assurait une somme variant de trois cents à deux mille
francs dont une partie devait être appliquée par elle à payer les frais Je
funérailles et la différence restant était remise immédiatement aux héri-
tiers désignés par l'assuré ou à ses ayants droit.
Ainsi, par exemple, M. X... meurt, et sa famille se trouve, à cause
de la situation qu'il occupait, obligée de lui faire des funérailles dont le
coût est de 300 francs. La Compagnie (2), sur la présentation du certificat
de décès émanant de la municipalité, soldait immédiatement le coût des-
dites funérailles et remettait le jour même, au porteur de la police, la dif-
férence entre la somme assurée et celle payée aux pompes funèbres, soit
700 francs.
Malheureusement en France les moeurs, les idées semblent contraires
à la garantie de ce genre de risque qui pourtant a sa raison d'être, puis-
qu'il est pratiqué dans toutes les Sociétés d'assistance.
L'assurance des tombeaux a été essayée par la Caisse des familles.
Une Société de prévoyance israélite dite La Terre promise, fondue
en 1854, approuvée, agréée et autorisée par divers arrêtés, nous donne
un exemple curieux de ce qui peut être réalisé dans cet ordre d'assurances.
La Terre promise est composée uniquement d'adhérents juifs, le
président honoraire en est le grand rabbin de France.
Voici les principaux articles de ses statuts.

«
ART. 2. —Elle a pour but de garantir à chacun de ses membres,
« au moyen d'une répartition à part égale entre tous les sociétaires, des
« frais résultant du décès de l'un d'eux :

Une Compagnie d'Utrechtfonctionneen Belgique, où elle possède 75,000 contrats.


(1)
Une Société de Leyde, d'après ses statuts, présente cette originalité : les membre8
du Conseil d'administration et les principaux adhérents se réunissent une fois I"»
mois. Ils ont droit, pendant la délibération, à, deux bocks de bière et à deux |ii|'os
bourrées ! !

L'origine des Caisses d'enterrement des Pays-Bas remonte au xvi° siècle.


(2)' L'Abeille
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 245

«
1° Une concession dans un caveau réservé aux sociétaires de la
même famille, construit dans l'un des cimetières affectés aux inhu-

«
mations des israélites de Paris. Cette concession sera perpétuelle ; en
cas de suppression de la perpétuité par les pouvoirs publics, la con-
«

«
cession sera de la durée la plus longue fixée par les arrêtés muni-
cipaux, et comportera toutes les prolongations prévues par lesdits
a

«
arrêtés.
« 2° Les
frais d'inhumation comprenant :
« A. La
construction du caveau et la pierre tumulaire avec inscription ;
« B.
La voiture de 7° classe ;
« C.
L'acquit du droit municipal et du droit consistorial.
« ART. 3. —
La Société inhume dans le même caveau tous les socié-
«
taires de la même famille par ligne directe ascendante, descendante cl
« par
alliance.
a Elle attribue plusieurs caveaux à une même famille lorsqu'un seul
i ne suffit pas pour l'inhumation de tous ses membres sociétaires.
« Les places
dans ces caveaux sont occupées suivant l'ordre établi
» par
le bureau lors de la construction du caveau.
« ART. 4. —Si, après le
décès d'un ou de plusieurs membres d'une
«
fami.le, tous les survivants quittent la Société, le bureau se réserve le
«
droit d'attribuer les cases restées disponibles dans le caveau à d'autres
«
sociétaires.
« En tous cas, les places déjà occupées sont respectées et les inscrip-
«
lions maintenues.
« AitT. 5. — S'il se trouve des places libres dans un caveau do
«
famille, ces places pourront être attribuées à des membres de cette
«
famille non sociétaires, moyennant un droit fixe de 200 francs par
«
place, prix moyen de revient du terrain et des constructions, déboursé
* ou
à payer par la Société.
« Les frais accessoires de voitures, de droit de réouverture, droits
«
municipaux et consistoriaux, seront acquittés par les intéressés.
« ART. 6. — Lors d'un premier décès, la famille devra déclarer les
« noms et prénoms
de tous ses membres sociétaires et leur degré de
« parenté avec le défunt.

« ART. 7. — Lors du décès d'un sociétaire, après les déclarations


« que doit faire la famille du défunt à l'état civil, au Consistoire et au

" siège social, le Président est mandataire et reste chargé des dispo-

« sitions funéraires conformément aux Statuts.

« La Société n'est tenue qu'à l'exécution du premier paragraphe et


" de la partie A de l'article % et sera exonérée de tous les frais de
246 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

«
l'enterrement dans le cas où la famille prendrait une classe supérieure
« à celle fixée dans cet article. »
Tout récemment, encore, on pouvait lire dans quelques journaux des
notes et annonces exposant les avantages de l'assurance contre les inhu-
mations et crémations précipitées. La Société avait pris le titre de la Vi,\
Le fonctionnement de cette Société n'a pas été appréciable.
Une assurance des funérailles a été instituée à Brooklyn, près de
New-York. En voici l'économie principale : la préparation et la conser-
vation des corps pour l'enterrement, une bière avec nom sur une plaque,
un double cercueil en chêne ou en noyer, un suaire, une garniture de
porte, un corbillard et cinq voitures, la présence d'un maître de céré-
monies, ouverture et fermeture de la tombe. Les polices sont transfé-
rables et toutes les formalités et cérémonies religieuses requises par les
convictionsde l'assuré sonl'garanties. Enterrement d'un enfant,150 francs,
payement hebdomadaire, 1 fr. 50. Adultes, 1,250 francs, payement
mensuel, 12 fr. 50. Si l'assuré survit au payement intégral de la police, il
lui est délivré une police libérée.

L'assurance des marins. — La France est le pays maritime le plus


étendu. — La profession de marin pécheur est la plus dangereuse. — Le
marin et la prévoyance. — La Caisse des Invalides de la marine. —
Sociétés de secours, de sauvetage, Compagnies d'assurances. — Congrès
de sauvetage et professionnels ; manifestations législatives et gouverne-
mentales en javeur des marins pécheurs. — A l'Étranger. — La
situation naturelle et géographique de la France en ferait un pays essen-
tiellement maritime, si l'attention de son gouvernement n'était partagée
entre le littoral et les frontières Nord-Est, Est et Sud-Est. Pour sauve-
garder l'intégrité du territoire, une immense armée, composée d'hommes
recrutés dans les départements terriens, est massée sur les Vosges et
sur les Alpes; pour garder nos côtes et nos colonies, le contingent
militaire est tiré de la population du littoral, qui vit des produits de la
pêche, et de laquelle on tire les inscrits maritimes, c'est-à-dire une
classe spéciale de citoyens que la loi nomme gardienne de nos côtes et qui
est constamment dépendante de l'administration de la marine et placée
sous l'autorité directe de ses commissaires.
La France est donc le pays maritime de l'Europe le plus étendu; son
domaine est immense, et les villes, les ports, les petites stations qui se
blottissent dans les creux des falaises, des rochers ou des dunes, sont
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 247

autant de ravissants tableaux qu'encadrent en franges d'argent les


longues lames des océans.
Il n'est donc pas de puissance européenne qui soit partagée comme
nous sous le rapport maritime ; eh bien ! c'est nous qui faisons le moins
pour les marins incorporés, immatriculés dès la naissance à l'inscription
maritime, défenseurs des côtes de France en cas de guerre et pourvoyeurs
de l'alimentation des villes et villages en temps de paix.
Sans chercher à amoindrir aucune classe de travailleurs, nous pou-
vons dire que les ouvriers de la mer appartiennent à une catégorie
spéciale qui ne peut être comparée (1).
Les statistiques de mortalité professionnelle des marins sont là
navrantes, qui constatent une moyenne dix fois supérieure à celles des
ouvriers des industries de nos départements.
Le marin, cet éternel voyageur ouvrier de la mer et citoyen français
au même titre que l'ouvrier terrien, est, jusqu'à présent, resté en dehors des
bienfaits de l'assurance. Accumulant sur ses épaules de déshérité tous les
risques, toutes les infortunes, il semble ne pas être un élément bien en-
viable pour l'assurance, aussi l'injuste, l'impitoyable loi le place-t-elle en
dehors de la société comme elle l'a rejeté en dehors du droit commun.
En ce qui touche le point spécial qui nous occupe, c'est-à-dire la
prévoyance, il est facile d'admettre que l'industrie terrestre donne des
profits suffisamment rémunérateurs pour permettre aux ouvriers terriens
d'économiser et de s'assurer un petit capital pour leurs vieux jours, ou
un léger patrimoine pour leurs enfants, alors que l'ouvrier de la mer ne
peut même songer, dans les conditions actuelles de salaire et de bénéfice
sur la pêche, à prélever sur son traitement une somme, si minime soit-
elle, pour l'assurance à quelque Société que ce soit ou pour la retraite, en
dehors du prélèvement obligatoire que lui impose la pension de la Caisse
de la marine, ou enfin pour la maladie et l'accident, en dehors de ce qui
peut lui être acccordô par l'armateur aux termes des articles 262, 263, 264
du Code de commerce.

(1) Diverses conférences sur les marins que l'auteur a eu l'honneur défaire à Paris
on 1888, sous la présidence de M. Charles Benoist; en 1889, à Paris, sous la prési-
dence de S. A. S. le prince régnant Albert de Monaco ; en 1890, à Toulon, sous la
présidence de M. Lisbonne, ancien directeur des constructions navales ; enfin, en
1S94, à Saint-Malo,
sous la présidence de M. le vice-amiral Charles Duperré, lui ont
permis de publier une étude intitulée : La Prévoyance chez les marins ; amélioration
Je leur situation matérielle et sociale, étude complète à laquelle nous renvoyons nos
lecteurs. (Annales du Bien, 1894. Rennes.)
248 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCK EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

À l'époque où tout était à faire pour donner à la France le rang que


lui traçait sa destinée géographique et sociale dans l'humanité, un grand
ministre, sous un grand roi, entreprit la tâche de créer la marine, pnis
de consolider son établissement à l'aide d'un Code. Ce monument lui
élaboré et il a traversé les siècles sans que son éclat, sa netteté en soient
affaiblis par les années de progrès que nous avons franchies. Colbert pen-
sait justement que le commerce de la mer, sa production industrielle et ali-
mentaire étaient l'un des plus puissants moyens pour apporter l'abondance
pendant la paix et rendre en guerre la force d'un État plus formidable.
Aussi, est-ce sous l'empire de cette haute pensée, de cette grande préoc-
cupation, qu'il dirigea tous ses efforts, tout son talent vers l'idée fixe de
la codification maritime.
De l'ordonnance admirable de 1682 (1) sortit la « Caisse des Invalides
de la marine ».
Essentiellement démocratique, cette Caisse, seulement destinée aux
matelots, a subi en 1791, par l'Assemblée Constituante, et sous l'Empire
en 1811, diverses transformations qui l'ont réduite à l'état de caisse de
retraites, prélevant annuellement 3 0/0 sur le salaire des marins et leur
donnant, en échange, une pension contre trois cents mois de navigation
de mer.
Dans une étude remarquable publiée en mai 1892 par la Réforme
sociale, lors de l'apparition du rapport de M. Fabre, répondant à certaines
critiques dirigées contre la Caisse des Invalides de la marine, M. Le Cour-
Grandmaison, député, exposait son opinion autorisée sur l'organisation
de l'oeuvre de Colbert. C'est, disait-il, une tontine perpétuelle où, depuis
deux siècles, des millions de marins sont venus déposer leur épargne et la
léguer aux survivants.
M. Le Cour rappelait les travaux historiques de M. de Crisenoy et de
M. Delarbre, la personnalité êminente et si philanthropique que ses
hautes facultés ont amenée à la présidence du conseil des chemins
de 1er de l'Ouest, puis il retraçait les longues vicissitudes subies par la
Caisse.
« Cette grave question, concluait M. Le Cour, de la situation de la

« Caisse des Invalides de la marine n'intéresse pas seulement les pêcheurs,


« mais elle mérite d'être étudiée par tous ceux qui s'occupent des ques-
« tions sociales.
« fl convient cependant de signaler l'opposition d'éléments nouveaux

« de production qui auront pour effet d'attirer l'attention du législateur sur

(1) Voir page 28.


HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER
249

une modification possible du Code de Commerce en ce qui touche à la


«
marine et à l'assurance, et, par la même occasion, au fonctionnement
a

i de la Caisse des Invalides de la marine (1). »


Fort heureusement, nous possédons sur le littoral une ceinture de
Sociétés dues à la philanthropie, dues à l'initiative privée, dues à l'esprit
de prévoyance, dues aussi à la charité. Quelques-unes ont leur centre à
Paris.
Signalons la première, fondée en 1879 par un assureur, un homme
de bien, M. Alfred de Courcy : La Société de Secours aux familles des
marins français naufragés. M.Henry Desprez, directeur du Comptoir
maritime, est président de cette grande Société.
Viennent ensuite diverses Sociétés de secours et de prévoyance qui
vivent modestement et difficilement à l'aide de minimes cotisations, de
faibles dons et de quelques fêtes données de temps à autre; elles accordent
en échange des secours aux naufragés, aux orphelins. Citons : la Caisse
du Casino de Boulogne-sur-Mer, qui a un système d'assurance, ainsi que
la Caisse de Dunkerque, créée en faveur des morutiers ; la Société de
Noire-Dame de Bon-Secours, de Dieppe et du Trôport; la Société générale
maritime, de Nantes ; l'Institut de sauvetage de la Méditerranée, qui pos-
sède un système d'assurance mixte; la Caisse mutuelle des pécheurs
'l'Islande; Y Union syndicale mutualiste des marins du commerce du Havre.
Signalons encore la Caisse de Saint-Valery-en-Caux, du Crotoy, de
Saint-Valery-sur-Somme, de Courseulles, de Roscoff, de Douarnenez, de
Saint-Brieuc, d'Aberwrach, des Sables-d'Olonne, de la Seyne.
En résumé, ces diverses Sociétés ou Caisses de secours et de pré-
voyance fournissent des indemnités à ceux de leurs adhérents qui sont
victimes d'accidents de mer, ou perdent leurs bateaux, leurs filets ou
autres engins de pêche. Elles consentent à des avances et assurent des
pensions et des secours.
Ces Sociétés sont des oeuvres d'ordre privé. Les commissariats de la
marine n'ont sur elles qu'une autorité purement morale.
Enfin, à côté de ces Sociétés ou Caisses de secours et de prévoyance,
dont la tâche est si grande, mais que les durs événements du métier de
marin rendent si pénibles, parfois même stériles, il convient de placer les
Sociétés de sauvetage, dont les principales, celles qui ont des rapports
avec les sauveteurs de la mer, avec ceux de la terre, celles qui glorifient

(1) La Caisse des Invalides do la marine est à la veille de subir d'heureuses


modifications, une caisse d'assurance est même projetée.
250 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

tous les actes courageux, sont : la Société centrale de sauvetage, pré-


sidée par M. le vice-amiral Lafont. Cette Société, la plus connue, la plus
riche, possède des postes de secours, des canots de sauvetage abrités et
des marins sauveteurs sur un grand nombre de points du littoral. Fondée
en 1865, elle a établi jusqu'à ce jour 79 stations de canots de sauvetage,
et plus de 400 postes de porte-amarres et de secours, Elle a sauvé ou
secouru un millier de navires, et le nombre des personnes qu'elle a arra-
chées aux tempêtes ne s'élève pas à moins du chiffre de 9.000.
Viennent encore : la Société Française de Sauvetage, présidée
par une haute personnalité dévouée à la cause du marin, par M. Boucher-
Cadart ; la Société des Sauveteurs de la Seine, présidée par un sénateur
éminent, ancien ministre, qui s'émeut des misères et tente de les soulager,
nous avons nommé M. Gomot; la Société des Sauveteurs bretons, bien
connue sur les côtes de Bretagne.
Cette Société de sauvetage rayonne d'une façon tutélaire sur la vieille
Armorique, elle étend son influence sur les côtes depuis Rouen jusqu'à
Bordeaux et compte actuellement plus de six mille membres.
Elle a pour fondateur M. Nadault de Buffon et elle est en même temps
Société de sauvetage et de sauveteurs; elle donne, selon l'expression du
fondateur, des engins de sauvetage aux sauveteurs et des sauveteurs aux
engins de sauvetage.
Elle a installé sur les différents points du littoral 76 stations de sau-
vetage, et dans l'intérieur, sur les rivières, canaux, etc., 150 postes de
secours contenant boîtes de médicaments, lignes, engins de sauvetage de
toute sorte.
Elle a dépensé depuis sa fondation, 1873, en secours et matériel, une
somme dépassant cinq cent mille francs.
La Société, reconnue d'utilité publique, possède un organe : les
Annales du Bien, Le président actuel de la Société est un homme de grand
coeur et d'ardent dévouement : le commandant Coignerai :

Le risque maritime attirait également le capital : aussi avons-nous à


enregistrer l'acte de naissance, puis l'acte de décès de plusieurs Sociétés
d'assurances, qui se créèrent en vue d'assurer le marin.
La tâche, en effet, était ingrate, car le marin, plus que l'ouvrier, est
rêfractaire à l'idée de l'épargne. Quant à la prévoyance, il n'en a nul
souci. Aussi, les moyens employés par certaines de ces Compagnies
étaient-ils des plus originaux. Ainsi, Y Étoile de la Mer, autorisée par
décret du 1" novembre 1871, était, à ses débuts, encouragée par l'État;
le ministre de la marine avait adressé une lettre confidentielle à MM. les
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 251

commissaires de l'Inscription, afin qu'ils provoquent le consentement à


l'assurance dans les milieux de pêcheurs et chez les amateurs (1); d'autre
part, la Compagnie avait su gagner les femmes; elle avait ses courtières
dans chaque port, dans chaque station, et à l'époque des bains, alors que
(1) Le Ministre de la marine et des colonies à Messieurs les Préfets maritimes
Chefs du service de la marine et Commissaires de l'inscription maritime.— (3° direc-
tion : Services administratifs, lor bureau: inscription maritime et Police de la naviga-
tion.) — Versailles, le 6 novembre 1872.
Assurances sur la vie des marins el des passagers. — « Messieurs, la Société
d'assurances maritimes l'Étoile de la mer a été autorisée, par décret du 1er novem-
.
bre 1871, à comprendre dans ses opérations l'assurance sur la vie des marins et des
« passagers
victimes d'accidents de mer. Je crois utile de vous signaler les principales
bases des contrats qu'elle se propose d'offrir à tous ceux que les risques de la navi-
..
gation peuvent atteindre.
«
Ces contrats garantissent à l'assuré, ou à ses ayants cause, le payement d'une

indemnité convenue dans le cas où, pendant le cours de l'assurance, l'assuré
u
deviendrait victime d'un événement de mer entraînant la mort ou une mutilation
.
grave. La Compagnie ne répond pas de la mort naturelle résultant de maladie ;

mais si ce cas de mort vient à se produire pendant la durée des risques, la prime
»
entière est restituée à la famille de l'assuré.
ii
L'assurance peut être faite soit pour un voyage déterminé, soit pour un ou
'.
plusieurs mois, soit pour une année entière : elle se prête ainsi aux exigences par-
ii
ticulières à chaque espèce de navigation.
« Le
maximum des sommes qui peuvent être assurées sur une seule tète est fixé
'i
ainsi qu'il suit pour les officiers du commerce :
« Long cours. — Capitaine, commandant le navire.' 10,000
— Officier 6,000
«
Cabotage. —Maître au cabotage, commandant 6,000
— Second ' 4,000
.
« Petite pèche.— Patron 5,000
»
Pour tout autre marin, et quel que soit le genre de navigation, le maximum de
«
l'assurance est de 3,000 francs.
« Le
chiffre des primes annuelles varie suivant la nature du contrat, le genre
|
de navigation et l'étendue des risques inhérents aux saisons et aux parages. Il suf-
fira de citer quelques exemples :
« Long cours. — L'assurance au voyage pour Terre-Neuve, le Canada, les États-

" Unis, le Brésil, etc., entraine une prime variant de 3/8 à 5/8 pour 100 francs de capi-

11
tal assuré.
" — pour les Indes, la Cochinchine, la Chine, le Japon l'a l1 50" 0/0
" — Assurance pour une année 2 40
— — pour moins d'une année, chaque mois >
25
« Cabotage. — Au voyage, la prime la moins élevée est de 0.10 c. 0/0 (ports an-
« glais) ; la plus forte est de 1 franc (mers Noire ou d'Azof).

" — Assurance pour une année 21 40 0/0


« Pour moins d'une année : fin mai, juin, juillet et août 0 fr. 20; mars, avril, sep-

" tembre et octobre 0 fr. 25 ; novembre, décembre, janvier et février 0 fr. 30,
252 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L*ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

l'air marin sollicitait les terriens à quitter les villes pour accourir à la
côte, c'était, le soir venu, des bals, des fêtes dans les Casinos en faveur
de l'assurance du marin pêcheur. D'ailleurs, ces courtières étaient de
fervents disciples de la charité, et c'était en son nom qu'elles opéraient
des miracles. Et puis encore, Y Étoile de la Mer avait été autorisée par la
Société centrale de sauvetage à accorder une assurance de 500 francs a
chaque sauveteur victorieux des éléments et revenu à terre avec la victime
arrachée aux flots et vivante.
C'était, on le voit, bien organisé; mais YÉtoile de la Mer, malgré son
beau programme, n'a pas obtenu tout le succès désirable, et, quoique
morte de sa belle mort, après d'honorables années écoulées, elle a aban-
donné en chemin l'assurance du marin comme étant impossible à
effectuer.
Auparavant, la Société anonyme la Sécurité Générale, autorisée par
décret impérial du 15 novembre 1865, avait également entrepris l'assu-
rance du marin. Cette Compagnie actuellement se nomme Soleil, Sécurité
Générale et Responsabilité réunies, et possède une place de premier
ordre parmi les Compagnies assurant le risque professionnel.
Comme le découragement ne peut exister en matière de prévoyance
et qu'il peut surgir, un jour prochain, un assureur de marins, voici, à
titre de document, les conditions d'assurance indiquées sur la police de
Y Étoile de la Mer :
Cette Société garantissait aux marins une pension viagère dans le cas

« Les sommes assurées sont payées aux intéressés dans les quinze jours qui sui-
n vent
la remise des pièces constatant leur droit.
« La Compagnie considère comme ayant succombé à un cas do mort accidentelle,
«
dont elle répond, tout assuré embarqué sur un navire dont on n'aura pas eu de nou-
« velles pendant un
laps de temps de :
« Six
mois, pour les voyages de cabotage ; huit mois, pour les voyages de Ion;.'
« cours en deçà des caps Horn et de Bonne-Espérance ; un au, pour les voyages an
« delà des caps.
« Le département
de la marine a eu plusieurs fois déjà l'occasion de témoigner de
« ses sympathies pour les institutions qui, en développant parmi les populations
«
maritimes, le sentiment de la prévoyance, leur procurent de sérieuses ressources
« pour
le jour où le malheur vient les frapper. Je vous prie donc, Messieurs, de facili-
« ter autant
qu'il dépendra de vous, aux agents de la Compagnie l'Étoile de la Mer,
H
l'exécution du mandat qui leur est confié. 11 est d'ailleurs entendu que votre action
« dans ce sens doit se borner à donner aux armateurs et aux marins des
conseils
«
bienveillants, en évitant avec soin tout ce qui pourrait ressembler à une pression, à
« un
degré quelconque.
« Recevez,
Messieurs, l'assurance do ma considération la plus distinguée,
« Le
Vice-amiral, Ministre de la marine et des colonies. Signé : A. POTHUAU. »
HISTOIRE GÉNÉRALE DE I,'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 253

d'incapacité de travail causée par un accident, et une indemnité pour


leurs héritiers en cas de mort. La garantie s'étendait aux naufrages et
aux accidents arrivant à bord, y compris tous les accidents arrivés à terre
pour le service du bord et ceux qui pouvaient arriver pendant le rapa-
triement.
Les primes étaient fixées de la manière suivante pour assurer une
indemnité de 1,000 francs à la famille en cas de mort, et 50 francs de rente
viagère en cas d'incapacité permanente :
Pour les marins naviguant au long cours ou à la grande pêche,
15 fr. 50 pour le cas de mort ou incapacité de travail; 20 francs environ
pour les deux cas réunis. Les primes étaient augmentées de 5 à 7 francs
pour les mêmes risques atteignant les marins du cabotage, du touage, de
la petite pêche, de la navigation de plaisance.
L'Étoile de la Mer garantissait à l'assuré ou à ses ayants droit le
payement d'une indemnité convenue dans le cas où, pendant le cours de
l'assurance, l'assuré devenait victime d'un accident de mer entraînant la
mort ou une mutilation grave.
L'assurance était faite soit pour un voyage déterminé, soit pour un ou
plusieurs mois, même pour l'année entière; elle se prêtait aux exigences
particulières de chaque navigateur.
Les primes annuelles variaient suivant la nature du contrat.
Le genre de navigation était partagé en deux divisions : le long cours
et le long cabotage.
Au long cours, les primes étaient de 3.8 à 5.8 0/0 du capital assuré.
Au cabotage, la prime variait de 0.10 à 1 0/0, suivant les régions (1).

(1) En outre de la police d'assurance sur la vie des marins contre les périls de la
navigation, l'Étoile de la Mer contractait des polices spéciales pour la pèche à la
morue, pour la petite pêche, sur la vie des passagers et enfin pour les canots de sau-
vetage et les sauveteurs ainsi que nous venons de le signaler plus haut.
Voici les termes de cette police humanitaire :
« En
considération des services que les canots de sauvetage peuvent lui rendre,
« et pour seconder, dans la mesure de ses forces, l'oeuvre si éminemment philanthro-

"
pique du sauvetage^des naufragés, la Compagnie l'Étoile de la Mer assure gratui-
« tement une somme de cinq cents francs sur la tête de tout marin qui prendra part à

« une opération de sauvetage entreprise par le canot ci-dessus désigné, à dater d

« jusqu'

« En conséquence, en cas d'accident survenu pendant une opération de sauvetage

"
dans les limites du temps ci-dessus spécifié, la Compagnio l'Étoile de la Mer payera
• aux ayants droit une indemnité qui sera fixée ainsi qu'il suit :
«.
La mort immédiate ; les blessures entraînant la mort dans les trente jours
« donnent droit à la totalité de la somme assurée (500 fr.).
— La perte de la vue
« (cécité complète) ; la perte d'un membre et d'un oeil dans un mémo événement ; la
254 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Signalons encore la tentative plus récente d'un assureur, de M. Collet


Qu'avait donc imaginé M. Collet? M. Collet, innovateur de l'assurance
des marins par le système d'un centre commun, était persuadé qu'il
fallait créer des Sociétés nouvelles partout où il n'en existait pas et les
relier à un centre mutuel social.
En appliquant ce système, toutes les Sociétés du Nord, ainsi que
celles du Midi, devaient verser chaque année à ce centre mutuel une somme
même inférieure à celle qui représentait leur moyenne de risques, et ce
centre mutuel leur devait donner chaque année, à son tour, les sommes
nécessaires pour payer les indemnités dues aux sinistrés.
Pour obtenir ce résultat, il était indispensable de fonder une Société
reliant entre elles toutes les caisses de secours du littoral et assurant
individuellement les marins par l'intermédiaire de l'armateur.
Ce but semblait atteint par la création de la Société YAssurance
mutuelle des marins.
Mais M. Collet ne réussit pas, aucun concours ne lui ayant été
apporté.
M. Collet avait sans doute puisé son idée dans le fonctionnement
d'un système inauguré par le fondateur d'une Société anonyme nommée
la Garantie générale, centre commun, banque de cinquante mutuelles
incendie, grêle et bétail, disséminées un peu partout en France, mais
possédant chacune leur autonomie et un conseil d'administration com-
posé des autorités du pays.

« perte de plusieurs membres dans un même événement, donnent droit à la moitié de


« la somme assurée (250 fr.). — La perte d'un seul membre ; la perte d'un seul oeil
« donnent droit à un cinquième de la somme assurée (100 fr.).— Aucun autre accident
« ne donne droit à une indemnité.

« Tout marin, ayant contracté personnellement avec la Compagnie


l'Étoile de lu
« Mer une assurance à l'année ou au mois pour naviguer à bord d'un navire désigné
« est garanti, sans surprime, contre les accidents qui pourraient le frapper pendant
« un service à bord du canot ci-dessus désigné. —L'accident q4ii l'aura frappé pendant
«
qu'il faisait le service dudit canot sera considéré comme s'il l'eût frappé pendant
« son service à bord de son propre navire. En conséquence, il aura droit :
« 1° A l'indemnité ci-dessus stipulée gratuitement pour le service du canot ;
« 2° A l'indemnité due en vertu de sa propre police, comme s'il eût été frappé à
« bord de son propre navire.
« Le rapport du patron, certifié sincère et véritable par le Comité d'administration
« de la Sociale centrale de sauvetage des naufragés, sera la pièce justificative des
«
accidents survenus pendant le service du canot ci-dessus.
« Les sommes dues par la Compagnie seront payées, dans les quinze jours de la
« production de cette pièce, entre les mains du Comité d'administration, qui en fera
« la répartition aux ayants droit. »
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L*ASSURANCE EN FRANCE ET A
L'ÉTRANGER 255

Moyennant une quote-part sur les affaires, ces Sociétés recevaient la


garantie de la Garantie générale, bien dénommée, qui acceptait au besoin
la réassurance des risques dont elles avaient dépassé le plein.
Cette idée de M. Roussel appliquée aux risques terriens, puis.de
M. Collet en faveur du marin, est une des plus fertiles en ingéniosité
que nous ayons jamais rencontrées.
Malheureusement, aujourd'hui il ne reste que le souvenir de ces
institutions, de ces tentatives, de ces idées !
Actuellement, voici quel est l'état de la question en ce qui touche
l'assurance des marins par les Compagnies privées d'assurances.
L'assurance des marins est restée jusqu'à ce jour limitée aux équi-
pages des navires de commerce affectés aux transports, tant pour navires
à vapeur que pour navires à voiles. Ces assurances, qui se sont déve-
loppées dans une assez large proportion depuis plusieurs années, sont
ainsi basées : moyennant payement d'une prime calculée sur les gages
payés aux équipages, les assureurs garantissent une somme déterminée
pour le cas de mort et pour le cas d'incapacité permanente. En outre,
l'assureur paye aux armateurs les frais d'hôpital occasionnés par un acci-
dent, ainsi que les frais de rapatriement quand, à la suite d'un accident,
l'armateur est obligé de rapatrier les matelots devenus incapables de
continuer leur service. Des capitaux différents sont stipulés pour les
matelots et pour les officiers. En outre de cette assurance profitant aux
hommes de l'équipage en cas d'accidents les frappant tant qu'ils figurent
sur le rôle d'équipage, l'armateur fait garantir sa responsabilité civile
pour le cas où l'accident serait attribué à une faute de l'armateur ou de
ses préposés, et où il aurait à payer une indemnité aux hommes blessés
dans ces conditions. Certains armateurs assument seuls la charge de la
prime ; d'autres font contribuer leurs équipages dans une faible propor-
tion, par une faible retenue sur leurs gages, à l'assurance qui les couvre
spécialement et dont ils profitent. Ces assurances se développent chaque
année et entrent dans la pratique des armements.
L'assurance des marins affectés à la grande pêche (Terre-Neuve et
Islande), de même qu'à la petite pêche ou pêche côtière, a donné lieu à
des études diverses; mais elle n'a pas fonctionné, sauf dans quelques
cas isolés. Cette assurance est très pratique et peut facilement être orga-
nisée par l'industrie privée, du jour où les intéressés, armateurs et
matelots, consentiront à payer une prime, Or, jusqu'à présent, personne
n'a voulu payer cette prime. C'est pourquoi ces assurances sont restées
dans l'oubli et qu'on s'est borné à constituer, dan 3 quelques ports, de
simples Sociétés de secours permettant de soulager certaines misères
256 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

criantes, et n'ayant rien de commun avec l'assurance, qui crée aux inté-
ressés un droit et les fait sortir du rôle de solliciteurs invoquant la charité
publique ou privée. Pour que ces assurances se développent et deviennent
pratiques, il faut qu'elles se généralisent et embrassent l'ensemble du
personnel affecté tant à la grande pêche qu'à la pêche côtiôre. Il faudrait
arriver à faire payer les primes par les armateurs, tout en demandant
aux matelots une faible contribution, afin de les associer aux mesures de
prévoyance qui s'imposent à tout homme vivant de son travail. La cotisa-
tion à réclamer au matelot ne peut être que minime ; mais elle paraît
indispensable, plus peut-être au point de vue moral qu'en raison du
concours pécuniaire qu'elle apporterait au service des assurances.
Si ces assurances devaient se généraliser, on pourrait les entre-
prendre moyennant le payement de primes représentant, pour la pêche à
Terre-Neuve et à l'Islande, une prime de 30 francs par homme embarqué ;
et, pour la pêche côtière, une prime annuelle de 8 à 10 francs par homme.
Peut-être même pourrait-on réduire sensiblement ces taux si l'assurance
se généralisait d'une manière absolue.
Moyennant ces primes on garantirait 1,000 francs en cas de mort et
1,000 francs en cas d'incapacité ou infirmité permanente et, de plus,
l'assureur payerait les frais d'hôpital et de rapatriement. Les officiers
auraient à régler une prime plus élevée. Dans ces conditions, il y aurait
à payer, pour la pêche à Terre-Neuve, une prime d'environ 900 à
1,000 francs, les équipages étant composés de trente à trente-cinq hommes ;
et, pour l'Islande, d'environ 600 francs, les équipages étant en moyenne
de vingt et un à vingt-deux hommes.
Pour la petite pêche, il est facile de se rendre compte de la charge
que l'assurance ferait peser sur les armements, en raison du nombre
d'hommes embarqués, lequel varie beaucoup.
Des armateurs parlent avantageusement de l'organisation de la caisse
d'assurances par la Caisse des Invalides de la marine. La Caisse des
Invalides, ne pouvant se charger de ce service onéreux avec ses ressources
actuelles, devrait frapper une contribution supplémentaire atteignant les
matelots en même temps que les armateurs. Dans ces conditions, et du
moment où il faudrait payer, il est douteux que ce système puisse être
préférable à l'assurance par l'industrie privée.
Il nous faut signaler, pour rester dans l'historique des faits, que la
Foncière-Transports,Société puissante d'assurances maritimes transports
et contre les accidents, se trouve fréquemment en rapport avec les arma-
teurs, et conclut avec eux l'assurance des marins pêcheurs à la grande
pêche. Il nous a été confirmé que cette Compagnie avait une combinai-
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 257

son avantageuse, acceptée des armateurs, afin d'assurer les marins de


Terre-Neuve et d'Islande lors de la prochaine campagne de 1897. Nous
sommes même autorisés à croire que l'assurance des marins à la petite
nôche suivra l'assurance de la grande pèche.
A la Martigue, un accord existe entre patrons et pêcheurs, qui forment
une assurance entre eux. Cette assurance porte sa garantie sur la coque
du bâtiment et sur une partie delà mâture. Les patrons pêcheurs s'enga-
gent à verser la somme de 5 fr. par semaine, soit, pour trente-quatre
bateaux assurés, 170 fr. par semaine.
Un décret du 19 novembre 1859 réglemente la pêche côtiôre dans le
cinquième arrondissement maritime de Marseille.
La Zurich, Compagnie suisse honorable et de grande importance, qui
a une direction en France, fait l'assurance d'équipages de bateaux à vapeur
pour la pêche, le cabotage et le long cours. Les assurances se contractent
avec les armateurs collectivement, en faveur des équipages, avec et sans
garantie de la responsabilité civile de l'armateur.
Les contrats stipulent des indemnités pour les cas de mort, d'invali-
dité et d'incapacité temporaires.
Le cas de fortune de mer est généralement exclu, et, s'il est compris,
il implique une forte augmentation de prime.
Les armateurs payent toute la prime et ne font pas de retenue aux
équipages. Ceux-ci sont presque toujours sûrs d'avoir une indemnité, que
l'accident provienne de leur faute ou non. Seulement, si la fortune de mer
est exclue, la Compagnie ne doit rien, en cas de naufrage, de noyades, etc.
Les indemnités sont, en cas de mort, de une à deux fois la paye
annuelle; en cas d'invalidité, du double.
La Zurich fait aussi quelques assurances de bateaux à voile, surtout
de pêche, et alors c'est le patron du bateau qui contracte l'assurance et qui
pave pour l'équipage, et ce dernier paye sa part. Mais, nous venons de le
dire, cette assurance est peu développée, les Compagnies craignant ce
risque.
Comme nous l'avons noté plus haut, la Foncière-Transports et la
Zurich contractent des assurances de ce genre. Signalons encore Y Abeille
et le Secours et une autre Compagnie suisse, la Winterthur.
Enfin, Y Institut de Sauvetage de Marseille a présenté au Congrès de
Toulon une combinaison spéciale d'assurance-épargne, offrant à tous les
travailleurs, sauveteurs et marins compris, la possibilité de constituer à
leur profit un patrimoine
au bout d'un nombre déterminé d'années, avec
retour immédiat dJun- même capital aux héritiers, en cas de prédôcès du
titulaire.
20
258 HISTOIRE GÉNÉRALE DE l.'ASSURANCE EN FRANCE ET A [.'ETRANGER

La combinaison que patronne Y Institut de Sauvetage de Marseille


émane de la Compagnie d'assurances sur la vie Y Abeille et se nomme
YAssurance-Épargne. Les conditions en sont très libérales, et le verse-
ment mensuel d'une cotisation minime permet d'aborder cette assurance»
dont nous signalons l'existence.
Un exemple tout récent nous montre que le marin, instruit de ses
obligations et de son intérêt, se laisserait facilement tenter par l'assurance.
En 1894, à l'issue du Congrès de Saint-Malo une Société s'est fondée et a
été autorisée à fonctionner par arrêté du Ministre de l'Intérieur (1). Elle a
pour but de créer sur le littoral des écoles techniques et profession-
nelles à l'usage des marins. Elle possède notamment une école à Croix
suivie par une centaine de marins pêcheurs; or, après un an d'expé-
rience ces marins viennent de créer une Société d'assurances mutuelles,
en vue de venir en aide aux propriétaires, armateurs, patrons de
bateaux détruits en mer, hors de service par des événements de mer, de
quelque nature qu'ils soient, du moment que la responsabilité ne peut
en être imputée au patron. Cette association de prévoyance entre les
armateurs et patrons de pêche des bateaux pontés du quartier de Groix
a été autorisée par arrêté de M. le préfet du Morbihan, en date du
30 septembre 1895.
(1)Société d'Enseignement technique et professionnel des pèches maritimes.
CONSEIL D'ADMINISTRATION : Présidents d'honneur : MM. l'amiral Duperré, président
du conseil des travaux de la marine; Jules Simon, sénateur, ancion ministre. —
Président : M. Emile Cacheux, membre du conseil supérieur des habitations à bon
marché. — Vice-présidents : MM. commandant Bollot, commissaire du gouvernement
au 2° conseil de guerre ; P. Guieysse, député du Morbihan; Le Coupanec, député du
Morbihan. — Trésorier : M. Trigant de Benumont, chef de bureau du ministère de
l'intérieur, en retraite. — Secrétaire général : M. G. Hamon, professeur à l'Institut
commercial. — Secrétaire : M. G. Leroy, secrétaire de la Société d'aquiculture. —
Membres : MM. G. Batiot, député de la Vendée ; C. Bailly, secrétaire général des
OEuvres de mer ; docteur Beaudouin, rédacteur en chef des Archives principales de
chirurgie; Benoit Lôvy, secrétaire général de la Société du Crédit populaire;
Bougault, directeur des établissements Cail; E. Brûlé, architecte delà Compagnie lo
Monde ; P. Dubar, directeur des anciens établissements Cail, Saint-Denis ; Duchesne,
ingénieur au Bureau Veritas; Guérin Catelain, président de la Société des Conférences
populaires ; G. Roche, inspecteur principal des poches; Durassier, directeur du bureau
des pêches; Paul Belon, publiciste ; Ch. Moutier, directeur de la Foncière-Transports',
Ch. Barrât, délégué de l'Office du Travail ; Chancarel, sous-directeur du bureau dos
pêches. — Membres correspondants : MM. Joubaud, président de la chambre du
commerce du Morbihan; Odin, conseiller municipal des Sables-d'Olonne ; Paubert (
conseiller général et maire de Port-Louis; Romieux, maire de Groix; le colonel Van
Zuylen, de l'Institut des ingénieurs des Pays-Bas; Mme la doctoresse Pokitonolî, de
l'Université de Saint-Pétersbourg.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A I.'ÉTRANGER 259

N'est-ce pas là un très heureux résultat de la prévoyance bien


enseignée'?

Au nombredes manifestations de la Société, soit en faveur des reven-


dications d'une classe, soit pour l'étude des questions techniques ou pro-
fessionnelles, il faut compter les Congrès.
Les Congrès sont constitués par un comité d'organisation, composé
de hautes personnalités, de savants, d'économistes, de journalistes et de
professionnels, qui préparent les questions à discuter contradictoirement
en séance publique, dans un lieu
choisi.
Les Congrès expriment des voeux qui sont adressés aux pouvoirs
publics.
En faveur des marins pêcheurs, on compte plusieurs Congrès dus à
l'initiative privée, notamment ceux de sauvetage de 1888, 1889, 1890, et
celui de Saint-Malo en 1894.
Dans le laps de temps qui nous sépare de 1889, époque des grandes
manifestations, on compte encore quelques Congrès professionnels où la
cause du marin a été plaidôe. Citons : les Congrès de Marseille, Bordeaux,
Paris, puis de Bordeaux, en juillet 1895.

Remontons à l'époque assez lointaine où M. Cordier montait à la tri-


bune du Sénat, alors qu'on discutait un des premiers projets de loi sur le
risque professionnel, c'est-à-dire sur l'assurance contre les accidents du
travail. L'honorable sénateur, ému par de récentes catastrophes, par les
misères toujours nouvelles de la population maritime, conjurait ses collè-
gues de venir en aide aux marins et réclamait en leur faveur une loi
d'assistance.
M. Farcy demandait à son tour aux députés une loi ayant pour objet
d'assurer une pension au sauveteur marin blessé dans le service du
dévouement ou à la suite. M. Farcy étendait les effets de la pension à la
veuve ou aux orphelins du sauveteur victime de son dévouement.
Il n'est pas inutile de signaler en passant que cette loi humanitaire a
été votée, il y a six ans, par la Chambre, mais que le Sénat n'y a pas
encore apposé sa sanction.
M. Félix Faure, notre vénéré Président de la République, s'est beau-
coup occupé des marins. En 1880, il fit àla Chambre un discours remarqué
sur la marine marchande. M. Félix Faure a bien voulu nous confier qu'il
était le père du risque professionnel ; c'est lui qui en a donné l'idée au
prince de Bismarck, en présentant à la Chambre française son fameux
Projet sur la responsabilité des patrons en matière d'accidents.
•200 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

M. Félix Faure, que hantait la pensée de secourir les marins, déposait


en 1889 une proposition de loi tendant à rendre applicables aux marins du
commerce les dispositions du projet de loi adopté par la Chambre des
députés et concernant la responsabilité des accidents dont les ouvriers
sont victimes dans leur travail. Le projet de M. Félix Faure, établi sur des
bases d'assurance jadis mises en vigueur par des Compagnies spéciales
qui avaient tenté d'assurer les marins, présente d'excellents éléments;
mais il a donné prise à la critique, en ce sens qu'il est impossible de
recourir à l'État pour pratiquer l'assurance. En outre, le projet de
M. Félix Faure imposait une trop lourde charge à l'armateur, qui, pour
éviter la loi, aurait pu armer sous pavillon étranger.
Signalons en 1889 l'intervention de M. Barbey, ministre delà marine,
auprès de la Commission chargée d'étudier les modifications à apporter
à l'Inscription maritime. 11 était, paraît-il, question de supprimer l'Inscrip-
tion et les quelques bénéfices qui s'y rattachent pour la raison que, depuis
1872, ce régime spécial procurait à la population qui pratique la navigation
maritime des avantages excessifs.
M. Barbey a obtenu de maintenir le système de l'Inscription.
De son côté, il y a quelques années, M. Adrien Liais, un député de
Cherbourg, réclamait à la tribune qu'on ajoutât à la loi sur les accidents
du travail, en discussion alors, — cette loi est toujours restée en discus-
sion — un article comprenant le travail maritime, et il présentait un amen-
dement en ce sens, amendement qui a été repoussé.
Plus récemment, un honorable député, M. le vicomte de Monll'orl,
député de Rouen, a repris et amendé un ancien projet de M. Le Cour,
député de Nantes.
Le rapport de M. de Montfort est une oeuvre humaine et réparatrice,
digne de tous les respects.
Signalonsencore deux excellentespropositions de loi relatives aux ma-
rins. La première émane de M. le vice-amiral Lefèvre, ancien ministre de
la marine, et de M. Burdeau, ancien ministre des finances. Cette proposition
porte sur la concession des pensions proportionnelles aux quartiers-maî-
tres des équipages de la flotte réunissant quinze années de service et recon-
nus impropres à l'embarquement par suite des fatigues de la navigation.
La seconde est due à M. Gendre, l'honorable et très actif député de
la Dordogne. Cette proposition se rattache à celle de M. de Monfort, car
elle est relative à la création d'une retraite proportionnelle en faveur des
inscrits maritimes ayant moins de vingt-cinq ans ou trente ans de
service accomplis. La proposition de M. Gendre détruit une grande
injustice. Elle est libérale.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 2G1

M. l'abbé Lemire, député d'Hazebrouck, appartient aux déshérités ;


sCs pensées s'en vont aux misères humaines et, quoique représentant
iUi
Parlement d'un département terrien,, son coeur n'a pas hésité : il s'est
donné aux marins. Son désir est que les armateurs soient obligés d'as-
surer sur la vie ces rudes pêcheurs d'Islande que Pierre Loti a chantés ;
on outre,
le député d'Hazebrouck voudrait qu'on remît en vigueur un
reniement de 1839, tombé en désuétude, qui interdisait de prendre la
mer, pour la pêche à la morue, avant le mois d'avril. Pour arriver les
premiers dans les pêcheries, beaucoup de bâtiments bravent les terribles
tempêtes d'équinoxe. Mais le côté original de la proposition de loi dé-
posée par M. l'abbé Lemire est relatif à la côte appartenant aux pêcheurs.
L'honorable député d'Hazebrouck veut doter les marins qui font
la petite pêche et le bornage, c'est-à-dire ceux qui prennent le poisson
en vue des côtes et qui rentrent chaque soir ou chaque semaine au port.
Ces matelots gagnent à peine de quoi vivre et ne peuvent payer une
prime pour assurer leur vie; mais n'est-il pas possible de leur donner
une part de ces terrains communaux comme il s'en rencontre, par exem-
ple, à Gravelines, près du fort Philippe, ou de leur abandonner certaines
terres rapportées peu à peu par la mer et qu'on pourrait protéger par
une digue?
Cette digue ne coûterait pas plus cher qu'un hôpital et chaque famille
de marins serait chez elle, chaque pêcheur serait ainsi attaché à cette
terre du littoral.
Telle est la pensée de M. l'abbé Lemire, pensée charitable et réali-
sable. L'État n'aurait qu'à retenir un tant pour cent sur les primes qu'il ac-
corde à la navigation et à la construction pour acquérir les terrains qu'il
faudrait dans les pays non pourvus de biens communaux ni de terres
rapportées (1).
En présence de la poussée d'opinion qui s'en allait vers le marin, le
ministère qui, assurément, recherche les moyens do satisfaire le pays,
s'émut, et M. le ministre de la marine adressait lo 21 mai 1892 la lettre
suivante à M. Emile Cacheux, le si dévoué Président de la Société de
l'Knseignement technique et professionnel des pêches maritimes :

Monsieur, vous m'avez écrit le 28 avril dernier pour me demander


»
« communication des instructions que j'ai adressées aux autorités mari-

Ci) Voeudans ce sens voté dans la séance du lor avril 1895 par la Société des
Agriculteurs de France.
Rapport de M. Guioysse repoussant le projet Lemire — 21 février 1895.
262 HISTOIRE GÉNÉRALE DE l.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

«
times en vue de provoquer la création d'institutions de prévoyance à
« l'usage des marins.
« J'ai l'honneur de vous faire connaître que les instructions émises à
« cette
intention par mon Département consistent dans des recommanda-
« lions sommaires contenues dans diverses circulaires de mes prédéces-
« seurs,
desquelles je puis vous indiquer la substance.
« Une circulaire du 18 octobre 1861 signale aux autorités maritimes
«
quelques institutions de bienfaisance destinées à exercer d'heureux
«
résultats sur le bien-être et la moralité des populations maritimes, <'e
« sont :
la Société de secours mutuels de Notre-Dame de Bon-Secours, à
«
Dieppe, dont les fonds sont faits, en réalité, par les armateurs, au
« moyen
du prélèvement de un quart pour cent sur le produit brut des
«
pêches; — un atelier, établi à Dieppe également, en 1859, pour la con-
« fection et le ravaudage des filets, et qui ne reçoit que des filles ou des

« orphelines de marins ; — la Société de Secours mutuels de Honjleur,


« analogue à celle de Dieppe. En signalant ces institutions, M. de
«
Chasseloup-Laubat, ministre de la marine, invitait les autorités mari-
«
times à provoquer le développement d'institutions du même genre
« dans tous les quartiers où la population maritime offrirait les éléments
« nécessaires.
« Par une circulaire en date du 16 février 1870, M. l'amiral Rigault

«
de Genouilly, ministre de la marine, réclamait le concours de divers
« corps
de la marine en faveur de l'OEuvre de patronage des Sociétés de
« secours
mutuels entre les anciens militaires des armées de terre et de
« mer, oeuvre reconnue comme établissement d'utilité publique par un

« décret du 24 novembre 1869. Les marins du commerce y peuvent être

«
compris en grande partie, puisqu'ils ont dû servir l'État.
«.
De plus, recevant de M. le ministre des affaires étrangères commu-
«
nication d'un rapport du consul de France à Liverpool sur un projet
« relatif à Y Assurance sur la vie des marins en Angleterre, monprôdôces-
« seur immédiat, M. Barbey, portait ce rapport à la connaissance des
• autorités maritimes le 4 novembre 1891
« Enfin, actuellement, j'ai confié au comité consultatif des pêches
«
maritimes l'étude de l'organisation de Sociétés d'assurances mutuelles
« entre marins de toutes les catégories. Le comité, j'en ai été informé, a

«
déjà réuni une quantité très considérable de renseignements sur le
«
fonctionnement des institutions analogues existant à l'étranger. Le rap-
« port
qui va m'être adressé sans doute prochainement, et puis sera publié
« au Journal officiel, constituera un document d'un très sérieux
intérêt
« sur l'état de la question »
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L*ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 263

Tels étaient les termes en lesquels l'honorable ministre d'alors mani-


festait ses bonnes intentions à l'égard des marins. Et, en effet, le 2 juin 1892
paraissait un rapport de M. Berthoule, membre du Comité consultatif des
pêches maritimes, dont le président était M. Gerville-Réache, député.
Quoique ne professant pas la même opinion que l'honorable rappor-
teur sur le rôle que l'État doit tenir dans la société, nous considérons ce
rapport sur la constitution d'assurances mutuelles comme une oeuvre de
haute portée, destinée à servir grandement la cause du marin, quelle que
soit son application et d'où qu'elle se produise.
Des circulaires ministérielles, qui sont la conséquence du rapport de
M. Berthoule, paraissent enfin.
La première, datée de fin avril 1893, était adressée aux commissaires
et autorités maritimes de France. Son but était d'appeler leur attention sur
l'intérêt qui existe actuellement de voir se développer sur le littoral le
nombre des institutions de prévoyance à l'usage des marins; associations
privées qui, tantôt sous la forme de caisses de secours, de caisses de
retraite, tantôt sous celle de caisses d'assurance sur la vie, de caisses de
prêts ou avances aux marins pêcheurs, ont pour but d'appliquer les idées
de prévoyance et d'assistance mutuelle parmi les populations maritimes.
Une seconde circulaire suivait à la date du 26 août. Le ministre s'y
félicitait du mouvement commencé et des premiers résultats acquis; il y
marquait son désir que les marins s'assurent d'eux-mêmes.
En 1894, YOfficiel publiait un second rapport de M. Berthoule,
adressé au ministre de la marine, et projetant une caisse d'assurances
mutuelles entre les marins français.
Le nombre des inscrits maritimes, dit le rapport de M. Berthoule, est
d'environ 135,000 hommes divisés en sept groupes : petites, pêches,
grandes pêches, bornage, cabotage, long cours, pilotage et plaisance.
La statistique officielle dressée pour la période quinquennale 1887-
1891 donne, comme proportion annuelle de décès accidentels à la mer,
l'énorme chiffre de 835 hommes, représentant 6 0/0 du personnel occupé.
La dépense annuelle prévue pour la caisse d'assurances des marins,
lorsqu'elle aurait atteint son plein fonctionnement, serait, d'après le
rapporteur, de 1,672,248 francs.
Il y serait pourvu au moyen de cotisations imposées aux marins, de
primes à la charge des marins et armateurs, et enfin d'une subvention
de l'État.
M. Berthoule, dans son projet, est partisan de l'assurance obligatoire.
Vers la même époque, M. de Kerjégu fait paraître son rapport sur
l'Inscription maritime.
264 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

En 1895, M. Jacquemin, au nom de la 8° Commission d'initiative


parlementaire, dépose son rapport sommaire sur la proposition de loi de
M. Ernest Roche, ayant pour but d'épargner, dans la mesure du possible,
la vie des pêcheurs d'Islande en reculant la date des départs au lor avril,
et d'assurer aux veuves et aux orphelins des marins décodés en cours de
voyage une pension qui les mette à l'abri de la mendicité.
En février de la même année, MM. Giard, professeur à l'École
normale supérieure et M. G. Roche, inspecteur principal des pêches,
adressent au ministre de la marine un rapport sur les pêches maritimes,
Enfin, lors de la dernière discussion de la loi sur les accidents
au Sénat, M. Ricard, député de Rouen et ministre de la justice, annonce
que prochainement paraîtra une loi d'assurance sur les marins.

Le mouvement en faveur de l'association du marin pêcheur à l'étranger


est plus avancé que le nôtre vers une solution satisfaisante.
A Hambourg, Lofoden, Ostende, en Angleterre, en Amérique, il
existe des Caisses de secours constituées sur le même type que les
nôtres, mais donnant, paraît-il, plus de résultats.
La Chambre de commerce espagnole a conçu le projet d'une Société
ou Compagnie devant assurer les marins contre les accidents ou maladies
qui entraînent la mort ou l'incapacité de travail. Pour la formation des
capitaux, on propose aux armateurs de verser 1 0/0 sur le montant total
des salaires des marins.
En Allemagne, le marin est compris dans la loi du risque d'accidents (1).
Cette année, le gouvernement norvégien a nommé une Commission
pour étudier l'assurance des marins contre les accidents, la maladie et la
vieillesse.
Le Comité exécutif de la fédération des marins à Londres a élaboré un
projet d'assurance coopérative pour les hommes de mer qui a dû entrer
en vigueur le l" janvier dernier. Cette assurance comporte aussi bien la
mort que les accidents ou l'incapacité de travail (2).
(1) Les Lois d'assurances ouvrières à l'étranger, tome II, par Maurice Bellom ;
éditeur, Arthur Rousseau. — Assurance des gens de mer : Etendue de l'assurance. —
Définition et rôle de rétablissement d'assurance. — Objet de l'assurance. — Conditions
et formalités de l'institution de l'établissement d'assurance. — Organisation adminis-
trative de l'établissement d'assurance. Organisation financière de l'établissement
d'assurance. — Dissolution de l'établissement d'assurance.—Surveillancede l'établis-
sement d'assurance par l'État.—Rapports de l'établissement d'assurance avec d'autres
établissements d'assurance ou avec des tiers. — Conflits. — Dispositions générales.
... La Koelnische de Cologne assure également les marins.
(2) Voici, du reste, un document précieux adressé par le consulat de France a
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 5465

La situation des marins sur le littoral belge est la suivante :


Aux termes de la loi du 21 juillet 1844 sur les pensions civiles et
ecclésiastiques, les marins sont divisés en deux catégories: les uns pa-
trons, matelots, mousses, sont compris dans le ministère des finances et
classés dans la douane ; les autres, pilotes et marins, sont classés dans
le ministère de la marine.
Cette loi organique de la Caisse des Veuves et Orphelins a naturelle-
ment suivi l'évolution du temps, elle a été modifiée à diverses époques,
notamment en 1867, où il est institué une Caisse générale de pensions
et de secours pour les pilotes, leurs veuves, leurs orphelins.

Liverpool à M. le ministre de la marine de la République française, sous le titre de :


Rapport sur la fédération des armateurs et l'assurance de la vie des marins :
«
La Shipping fédération de Londres, association composée d'armateurs du
«
Royaume-Uni, jetait, il y a quelques mois, dit ce rapport, les bases d'un vaste projet
»
relatif à l'assurance de la vie des marins. Il s'agissait de constituer un fonds annuel
<- sur
lequel seraient prélevées des indemnités que l'association conférerait, soit aux
«
familles des hommes ayant péri en mer, soit aux matelots que leurs blessures met-
..
traient dans l'impossibilité de reprendre à jamais du service ; soit, enfin, à ceux dont
i des accidents auraient momentanément, et polir une période plus ou moins longue,
«
interrompu la carrière. Au préalable, et avant d'entrer dans une discussion appro-
«
fondie des détails du plan qu'on avait en vue, on a cru devoir consulter les princi-
ii paux centres
maritimes anglais sur le principe môme du problème social qu'on
»
voulait résoudre. De toutes parts, les idées du Comité ont rencontré une approbation
"
chaleureuse. La loi, a-t-on fait valoir, ne protège pas suffisamment l'armateur ; il est
«
à peu près sans défense contre les grèves et les désertions; c'est donc à lui qu'il
«
appartient de surveiller ses intérêts, non pas au moyen de vaines représailles, mais
«
à l'aide d'un système qui sauvegardera la propriété des possesseurs de bâtiments,
« tout en
accordant au personnel naviguant d'inappréciables avantages.
o Le principe, une fois admis et approuvé, on a passé à l'étude et à l'élaboration
«
du projet. Bientôt le Comité exécutif de la Shipping fédération a fait connaître le
" résultat de ses travaux, et il a semblé à tout le monde que ses propositions étaient

« à la fois ingénieuses et philanthropiques.

« En
voici le résumé :
« En cas de mort ou d'accident entraînant incapacité totale de servir, et survenus

" à bord d'un navire de la Shipping fédération, le fonds d'assurance de l'association


" versera aux héritiers du défunt dans le premier cas, à l'homme lui-môme dans le

« second, des sommes dont l'importance sera calculée suivant les fonctions qu'exer-

" çait à bord le marin décédé ou blessé. L'allocation s'élèvera : pour les capitaines, à

«
100 livres sterling; pour le second, le mécanicien en chef, le médecin et le commis-
" saire, à75 livres; à 50 pour le deuxième officier et le deuxième mécanicien ; à 40 pour

1 tout autre officier pourvu de son brevet; elle sera de 35 pour les maîtres et les marins

" occupant une situation supérieure à celle de matelot ou de chauffeur; enfin, les

" autres membres de l'équipage auront droit, pour eux ou pour leurs familles, à une

« indemnité de 25 livres sterling.

« En cas d'accident simple, les six catégories de navigateurs énumérées ci-dessus


266 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Sont compris dans cette Caisse les divers agents appartenant aux
services actifs du pilotage, des phares, fanaux et secours maritimes.
Les recettes de la Caisse se composent : 1° d'une retenue de 2 0/0 sur
tous les traitements fixes et les suppléments ; 2° de la retenue de 2 0/0 sur
la totalité du droit de pilotage.
Les pensions, lorsque le marin est mort par suite de naufrage ou
d'accident, sont payées au maximum de 150 francs aux veuves et orphe-
lins de patrons, contremaîtres et rameurs de secours maritimes.
Autrement, en cas de vie, elles sont acquises lorsque les marins ont
cinquante-cinq ans d'âge et vingt-cinq années de service.

« recevront, pour une période qui n'excédera pas le terme de treize semaines et à
«
condition que, pendant ce laps de temps, ils n'aient ni travail ni salaires : les capi-
«
taines, par semaine, 40 schellings ; les seconds, mécaniciens en chef, médecins et
'•
commissaires, 30 ; le deuxième officier et le deuxième mécanicien, 20 ; les officiers
" pourvus d'un brevet, 16 ; les maîtres et marins au-dessus du grade de matelot et do
"
chauffeur, 11, enfin le reste do l'équipage, une assistance hebdomadaire de 10 schel-
" lings. De plus, les hommes dont il s'agit auront la faculté d'opter pour une combi-
»
liaison mixte, en vertu de laquelle l'indemnité en capital leur sera assurée dans les
" deux cas : mort et incapacité totale d'une part, simple accident de l'autre ; mais
" alors ils n'auront droit, dans l'une ou l'autre de ces éventualités, qu'à la moitié dos
'<
primes susénoncées.
«
Il suffira pour participer à tous ces avantages, qu'un marin ait navigué pendant
ii
six mois sur les bâtiments de la fédération. A l'expiration do cette période, il recevra
« un certificat (l'ederaiion-lickel) qui ne lui coûtera que la somme de 1
schelling, prix
'i du parchemin. Il demeure, on outre, entendu que l'événement
qui aura entraîné la
« mort ou les blessures ne donnera recours à la victime contre la Compagnio que s'il
» s'est passé à bord d'un de ses navires et à l'occasion
du service. En cas de mort,
«
l'argent ne sera payé qu'à la personne quo le titulaire du certificat aura, sur lo
« document dont il sera porteur, préalablement dôsignéo. On
s'explique aisément les
«
motifs de cette clause : l'association veut éviter que ses polices ne soient l'objet
«
d'un trafic et ne tombent dans des mains suspectes, au préjudice de ceux-là mêmes
« à qui elles doivent naturellement profiter.
« Tous les ans, ou le plus tôt possible après la fin
d'une année, le certificat devra .

» être
renouvelé. Il sera purement et simplement annulé en cas de mutinerie et do
« désertion, ou si le bénéficiaire ne rallie pas lebord après avoir reçu des avances ;
les
«
effets n'en seront que suspendus au détriment des marins qui auront manqué le
I départ, désobéi à leurs supérieurs, ou se seront rendus coupables de négligences,
« étant en service, à la mer.
« On a calculé que les libéralités qui précèdent coûteront à
la Fédération des
« armateurs environ 500,000 fr. par an, somme relativement
faible si l'on considère
« que la flotte de cette puissante Association représente à
elle seule un capital de deux
H
milliards et demi. Au surplus, en proposant à l'adoption du monde maritime anglais
« le plan dont nous avons donné la contexture et qui doit entrer en vigueur le 1er jan-
« vier prochain, la Société en question ne se pique pas d'avoir été guidée par
des
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 267

Pour ce qui est des secours, le marin blessé dans l'exercice de ses
fonctions en reçoit aussi longtemps qu'il ne peut reprendre son service.
En cas de maladie, le secours n'a qu'une durée déterminée. Sur l'avis du
conseil de la Caisse, le ministre peut même accorder un secours tempo-
raire au marin pensionné qui se trouve dans une position malheureuse
par suite de maladie ou pour toute autre cause indépendante de sa vo-
lonté.
Il en est de même pour les veuves et orphelins, et il peut être accordé
des secours aux marins du service de sauvetage qui se trouveront hors
d'état de remplir leurs fonctions.
Un arrêté du 31 décembre 1870 a élevé les retenues sur les traitements
payés et les remises à 4 0/0, et cet arrêté royal attribue également à la
Caisse les retenues pour congés, absences ou punitions disciplinaires.
Enfin, un nouvel article 7 est bienveillant, car il autorise, sous cer-
taines conditions, le marin démissionnaire ou révoqué à conserver à sa
femme des droits à une pension.
En Belgique également, la Société Royale et centrale des Sauveteurs de
Belgique a été fondée en 1887, sous le haut patronage du roi Lôopold II.
Mlle a pour président le lieutenant-général Maréchal et pour vice-
président M. Buis, bourgmestre de Bruxelles. Cette Société possède une
caisse permanente de secours pour les travailleurs victimes d'accidents ;
les marins sont compris dans le terme général des travailleurs. Le but de
cette caisse est d'assurer des secours temporaires aux sauveteurs, marins
et autres, en cas de maladies, blessures ou infirmités, et aux veuves et

«
considérations humanitaires. C'est une affaire qu'elle entreprend, pas autre chose, et
'I
l'on se flatto qu'elle sera fructueuse. Elle fortifiera, on l'espère du moins, la cause

sacrée de la liberté du travail ; elle contribuera à établir l'harmonie et la concorde
« entre
capitaines et matelots, à créer une forte école de marins, et, par là, à diminuer
les chances de grôves et de conflits. Si ces prévisions étaient déçues, la Fédération
" des armateurs reprendrait sa liberté ; le capital qu'elle s'apprête à constituer serait
«
dissous au bout d'une année et ferait rotour à ses possesseurs.
,ii Quel que soit l'avenir réservé à cette entreprise, il est permis de l'envisager
' comme l'une des plus pratiques et des plus intéressantes de notre époque. L'État n'y
" est pour rien, bien entendu, et si elle réussit, c'est uniquement à l'initiative privée,

« si hardie en Angleterre, que reviendra le mérite de l'avoir tentée !... »


Une nouvelle Société d'assurances vient de se fonder dans le Lancashire. C'est
une Compagnie d'assurances mutuelles pour les bateaux de pêche. Elle se compose
dûjà de 150 membres, desquels on assure les bateaux pour la pèche de la crevette,
îles moules, et les bateaux de navigation.
D'autre part, une Compagnie d'assurances, qui s'est donné le but d'assurer les
capitaines de vaisseaux, fonctionne en Angleterre sous le titre Briti&h Shipmas-
lers' and Officers' protection Society.
268 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L*ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

orphelins des ayants droit. Suivant le cas, les indemnités varient de


1 fr. 50 à 2 fr. 50 par jour.
Dans la suite, cette caisse, due à l'initiative privée, a été presque
remplacée par la Caisse de prévoyance et de secours en faveur des vic-
times des accidents du travail, qui s'adresse à toutes les misères, au marin
comme à l'ouvrier.
On doit cette Caisse au roi, dont la sollicitude pour la classe populaire
est toujours en éveil. C'est à l'occasion du vingt-cinquième anniversaire
de son règne, et avec la somme destinée à le célébrer, qu'il a créé la
Caisse de prévoyance.
Telles sont les grandes lignes de ce qui se pratique officiellement en
Belgique. C'est un peu notre Caisse des retraites des invalides, avec cette
différence que les marins pêcheurs de Belgique ne semblent pas bénéficier
de la loi belge du 21 juillet 1844.
En Amérique, il a été créé des Associations pour la pêche ; elles fonc-
tionnent de la manière suivante :
Les armateurs fournissent aux marins la barque pourvue de
tous les agrès et de tous les approvisionnements. Au retour, le pro-
duit est vendu ou estimé, déduction faite des frais, et le reste est
partagé entre le patron et l'équipage.
L'armateur prélève une somme à évaluer sur sa part en faveur du
capitaine qui court tous les risques.
Pour la pêche à la morue, l'armateur fournit la barque, et l'équipage
les approvisionnements, les agrès et l'outillage. Les marins touchent les
trois quarts du rendement, et l'armateur le quatrième quart, sur lequel il
paye le capitaine.
Ne serait-il pas à désirer que l'armateur prélevât sur sa part la prime
nécessaire à l'assurance ?

L'assurance des voyageurs. — Railway Passengers Assurance Com-


pany. — Un article de la « Patrie ». — The Travellers. — Allemagne.
— Autriche. — Italie. — Belgique.—France.—
Caisse Paternelle.—
Police du Soleil-Sécurité Générale. —Industrie française. — L'Urbaine
et la Seine. — Les accidents de chemins de fer par M. Cosmann. — Il
existe, pour les voyageurs, une assurance contre les accidents de chemins
de fer. La Compagnie vous garantit en cas de décès ou incapacité quel-
conque de travail (comme dans l'assurance contre les accidents), des
sommes déterminées. La prime est basée sur le montant de la somme
garantie et l'âge de l'assuré.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 269

Cette assurance est d'une grande utilité, notamment pour les commis-
voyageurs. En Amérique, en Allemagne et surtout en Angleterre, elle
est très répandue, même parmi les particuliers qui peuvent prendre un
billet d'assurance pour un simple voyage, si court soit-il.
C'est en effet dans la Grande-Bretagne, en 1848, que se trouvent les
premières traces de cette assurance si intéressante dont l'innovatrice est
la Railway Passengers Assurance Company.
Une étude de la Patrie, rédigée en 1854, va nous donner, pour celte
époque, un aperçu de l'état des assurances contre les accidents de che-
mins de fer à Londres :

« L'Angleterre seule possède une institution pour assurer les pér-


is sonnes
contre les accidents sur les chemins de fer : c'est la Railway
«
Passengers Assurance Company, de Londres, autorisée en 1849, par
« acte
du Parlement. Cette Compagnie possède un fonds social de
«
25,000,000 de francs; elle entreprend l'assurance des voyageurs et
« agents
des lignes ferrées dans tout le Royaume-Uni, en donnant, contre
« le payement
d'une prime, une somme fixe aux héritiers d'une personne
« tuée par
le fait de l'exploitation, et une indemnité proportionnelle en cas
«
de blessures.
« A quelques rares exceptions près, toutes les administrations des
«
chemins de fer contribuent à la prospérité de cet établissement par une
«
cotisation annuelle. Pour faciliter au public l'usage de cette institution,
«
les chemins de fer ont pris le parti de distribuer les billets d'assu-
« rance en même temps que ceux de voyage, et dont on distingue deux

« espèces :

« Les assurances pour un seul et même voyage de la personne


« assurée {single journey assurance) ;

« Et les assurances temporaires (periodical assurances), qui s'étendent,


« comme leur nom l'indique déjà, à une certaine période.

« Dans la fixation de la prime d'assurance, on a fait abstraction de


« la longueur du trajet ; on n'a eu égard qu'à la classe de voitures. Les
« primes sont fixées ainsi qu'il suit :

Voyageurs assurés pour un voyage.


Rapport de
Classe de voitures Somme assurée Prime la prime
h l'assurance
Première 25.000 fr. 0.30 c. 833
Deuxième et trains de plaisir 12.500 0.20 625
.
Troisième 5.000 0.10 500
270 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Voyageurs assurés temporairement.


Durée des voyages Prime à payer pour une assurance de
en mois " 25.000 fr. ' 5.000 fr.""
1 6
3 12
.
6 19 »
12 25 ti

D'après le premier de ces tableaux, il résulterait qu'en Angleterre


«
« on estime la grandeur du danger proportionnellementà l'infériorité de la

n classe de la voiture. Pour les assurances temporaires, il n'est pas fait


« de distinction entre les classes de voitures.
« Les sommes fixées ci-dessus sont payées, en cas de mort, aux
« héritiers du voyageur ; en cas de blessures, l'assuré ne reçoit qu'une
«
indemnité proportionnelle au montant de l'assurance et à la gravité de
« ses blessures. Cette indemnité peut, au besoin, être fixée par des
« tribunaux d'arbitrage.
« Outre cette opération, la Société a fait un traité avec plusieurs Com-
« pagnies de chemins de fer au sujet de l'assurance annuelle de leurs
« employés, d'après le tarif suivant :

Employés assurés annuellement.


Classe d'employés Assurance l'rimu

1° Machinistes et chauffeurs 1.500fr. 57 fr. 50 c.


2" Conducteurs, gardes-freins 1.250 24 40
3" Facteurs, surveillants,gardes-barrières. 1.000 6 50

A part ces prix, stipulés pour les cas de mort, chaque employé reçoit
«
« de la Société d'assurances un secours pendant toute la durée de la guô-
«
rison de ses blessures.
« La troisième et dernière sorte d'assurance est celle que la Société
« entreprend éxtraordinairement pour des personnes voyageant cous-
ue tamment sur les chemins de fer : les employés des bureaux
« ambulants de poste, les conducteurs de bestiaux pourront recevoir,
« contre une prime annuelle de 25 francs, un secours hebdomadaire de
« 50 francs tant que dureront leurs blessures ; en cas de mort, les hôri-
« tiers de ces personnes toucheront une somme de 5,000 francs (1).
Actuellement l'assurance de 1 à 12 mois garantit contre les accidents des
(1)
voyages en chemin de 1er dans toute l'Europe. Il en est de même de l'assurance pour
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 271

« Telles sont les dispositions principales admises par cette Société,


«
qui trouve journellement plus de partisans.
a Quoique les lois du Royaume-Uni comme celles de la France
,i
rendent les Compagnies et leurs agents responsables et les punissent
a
de fortes amendes, dès qu'une négligence grave a été commise et qu'elle
« a
entraîné la mort ou des blessures des voyageurs, il arrive très fré-
«
quemment des accidents, qui ne sont pas précisément le fait d'un
«
employé, et dont la cause ne peut pas être constatée d'une façon nette
«
et précise ; c'est dans cette circonstance que la Société d'assurances,
«
étrangère aux intérêts du chemin de fer, peut suppléer vis-à-vis des
i voyageurs à l'inefficacité et à l'insuffisance motivée des lois...
« En Allemagne,
le projet présenté à plusieurs reprises, pour la
«
création de Sociétés d'assurances spéciales de chemins de fer, n'a pas
« encore été
exécuté.
« Les directeurs
de ces railways, réunis en congrès à Vienne,
« en
1849, et à Aix-la-Chapelle, en 1850, ont reçu des propositions à ce
«
sujet, les ont examinées, discutées et finalement ajournées. Les offres
«
faites par la banque générale des assurances contre l'incendie môri-
«
taient de fixer l'attention : cette banque s'engageait à entreprendre
«
l'assurance contre l'incendie sur les chemins de fer, et en général,
« contre tous les dommages,
de quelque nature qu'ils soient, sur ces
«
nouvelles voies de communication; elle s'étendait aux personnes et
* aux
objets. Les Compagnies de chemins de fer se seraient engagées à
«
prélever sur chaque voyageur une taxe uniforme de 0 fr. 250 pour la
«
première classe; de 0 fr. 125 pour la deuxième classe, et enfin de
«
Ofr. 50 pour la dernière classe. La banque aurait payé, outre les indem-
«
nités, une somme de 50 0/0 de ses bénéfices, pour être versée dans la
«
caisse de secours des employés.
« Un autre projet, celui des assurances mutuelles entre les chemins
«
de fer, présenté à la même époque, avait pour but d'équilibrer rôcipro-
« quement les dommages résultant des accidents de diverses natures qui

« arriveraient par le fait de l'exploitation au mobilier, aux approvision-

« nements, aux marchandises, aux bagages et au matériel fixe et roulant;

« les personnes se trouvaient exclues de ces assurances mutuelles.

« On a l'intention de créer actuellement à Berlin une Compagnie

la vie entière. Le maximum est alors de 25,000 francs. La prime peut être unique, ou
annuelle, avec décroissance. Dans toutes ces assurances le risque de mort seul était
garanti; mais depuis quelques années, la Compagnie donne la moitié du capital, en
cas de perte d'un oeil ou d'un membre, et la totalité, en cas de perte des deux yeux
ou de deux membres.
272 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A I.'ÉTRANGER

« d'assurances contre toute espèce d'accidents occasionnés par les


« chemins de fer. Les nombreux
malheurs arrivés en Allemagne dans
« ces derniers temps, sur ces
nouvelles voies de communication, onl
« provoqué cette
institution.
« La France ne possède encore aucune
Société de ce genre; l'idée
« seule lui en appartient : un plan
d'une assurance mutuelle entre toutes
« les administrations
de chemins de fer, tant pour les voyageurs que pour
« les agents de l'exploitation, a été proposé
il y a déjà plusieurs années
« ànos Compagnies, qui
l'ont repoussé et ont laissé à l'Angleterre la gloire
« de l'exécuter, dans un
but d'utilité publique ; la conception de ce projet
« appartient à M. Biaise (des Vosges),
rédacteur en chef du Journal des
« chemins de fer. »

Maintenant suivons la marche de l'assurance des voyageurs depuis


l'apparition de cette étude :
En 1855, The Travellers (Le Voyageur), Compagnie anglaise fondée
à Londres, organisa une administration centrale pour l'Empire Français,
à Paris, 15, rue Drouot.
Voici en quels termes l'administration de cette Compagnie annonçait
son entrée en France :

« La Compagnie The Travellers (Le Voyageur), en étendant ses opé-


« rations à
l'Empire Français, fait jouir un pays ami des bienfaits d'une
«
institution qui, si elle ne peut empêcher les malheurs, les prévoit et les
« répare.
« ACCIDENTS DE CHEMINS DE FER:
Depuis la création en Angleterre de
« l'Assurance contre
les accidents de chemins de fer, son utilité a été si
« bien
comprise que tout homme sage et prévoyant croit de son devoir
« d'en
profiter.
« Par une
combinaison nouvelle et qu'aucune autre Compagnie ne
« saurait offrir avec
sécurité sans embrasser un champ d'affaires aussi
« vaste, la
Compagnie assure moyennant une prime fixe de vingt francs
« par an.
« 20.000 fr. — Capital en cas de mort.
« 2.000 fr. — Rente viagère en cas d'incapacité de travail.
« 1000 fr. — Rente viagère en cas de perte d'unejambe, d'un oeil ou du
« bras gauche.
« 200 fr. — Par
mois en cas de lésion ou fracture.
t Dans le cas où la mort ou la perte d'un membre résulterait d'un
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A 1,'ÉTRANGER 273

«
accident pour lequel la Compagnie aurait fait un ou plusieurs paye-
»
ments à l'assuré, le chiffre total de ces payements serait déduit des
«
sommes spécifiées par la Police pour chaque cas particulier. Accidents
de toute nature sur terre et sur mer, avec les mêmes indemnités que
,.

.1
pour les accidents de chemins defer.
«
Prime 50 fr. par an pour la lr6 catégorie.
«
Prime 100 fr. par an pour la 2° catégorie.
«
La première catégorie comprend toutes les personnes que la nature
«
de leurs occupations n'expose pas à des risques spéciaux.
t La deuxième catégorie comprend les architectes, entrepreneurs,
«
ingénieurs et toutes personnes que la nature de leurs occupations expose

à des risques spéciaux.
« Pour mettre l'assurance à la portée de toutes les positions,
l'admi-
».
nistration rédige des polices d'assurances, pour des sommes infé-
»
rieures à celles indiquées ci-dessus. Les primes sont proportionnées
« aux
indemnités assurées, et peuvent être payées par trimestre ou par
«
semestre. »

Vers l'année 1872, les différentes administrations de chemins de fer


de l'Allemagne, à la suite de la promulgation de la loi fédérale, d'après
laquelle les Compagnies peuvent être condamnées à des dommages et
intérêts pour blessures ou morts de voyageurs, se réunissent pour
former une Société d'assurances mutuelles destinée à couvrir ces dom-
mages :
Les sommes au-dessous de 5,000 th. restent à la charge de la Com-
l'iignie responsable ; celles au-dessus de ce chiffre se payent comme suit :
•>
0/0 pour la Compagnie responsable, 95 0/0 partagés entre les autres,
on proportion de la quantité des wagons et des voyageurs.
Dans ce même pays, il est actuellement question de la création d'une
branche d'assurance pour les accidents des voyages en mer.
Vingt Compagnies veulent avoir cette branche ajoutée à celles
qu'elles ont déjà. A cet effet, elles ont formé un fonds de garantie de
l,U00,000 de marcs consistant en 40 parts de 25,000 marcs.
L'aménagement de l'affaire est accordé gratuitement par la Cologne
iïe-Insurance Company.
En Autriche, une Compagnie d'assurance contre les accidents vien
do conclure
avec la direction générale des chemins de fer de l'État un
^'rangement aux termes duquel l'assurance contre les accidents de
chemins de fer pourra être introduite, au moyen de simples tickets, sur
toutes les lignes exploitées par l'État. La Compagnie installerait dans
21
—74 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

toutes les stations des appareils automatiques pour ces tickets, à l'instar
de ceux qui fonctionnent avec un réel succès en Allemagne, en Suisse et
aux États-Unis.
En Italie, on vient d'inaugurer l'assurance contre les accidents de
chemins de fer. Dans presque toutes les stations, on organise des appa-
reils automatiques, qui, moyennant une des nouvelles pièces en nickel
d'une valeur de vingt centimes, délivrent un livret de police d'assurance
au voyageur.
En cas de mort pendant le voyage, les héritiers de ce dernior
louchent un capital de 5,000 lires ; si le voyageur est blessé de façon à lui
empêcher tout travail, il reçoit une somme de 2,500 lires.
En Belgique, moyennant une prime {prime unique) de 5 francs, quel-
ques Sociétés garantissent le payement d'un capital de 1,000 francs
aux héritiers de l'assuré, en cas de mort de celui-ci par suite d'un
accident de chemin de fer, ou une indemnité de 2,000 francs en cas
d'incapacité totale et permanente résultant d'un tel accident. Si l'inca-
pacité n'est que partielle, l'indemnité est réduite de moitié, et si les bles-
sures n'entraînent qu'une incapacité momentanée, l'assuré touche nue
allocation journalière de 1 franc.
L'avantage de cette combinaison, c'est que la prime, relativement
très minime, ne se paye qu'une fois pour la vie entière.
Donc à l'étranger l'assurance des voyageurs existe ; aussi ne pou-
vons-nous que regretter qu'on n'ait pas appliqué en France cette idée
française qui adonné notamment en Angleterre et eu Amérique les résul-
tats les plus satisfaisants.
Rien n'est plus simple; avec son billet, le voyageur prend un ticket
d'assurance qui coûte très bon marché, et dont le prix est proportionnéau
chemin à parcourir.
En cas d'accident arrivé pendant le voyage, la victime est indemnisée
si elle n'est que blessée; si elle est tuée, les ayants droit touchent un
capital déterminé.
Cependant on a voulu tenter l'expérience en France, nous croyons
même qu'une Compagnie accidents s'est adressée aux Compagnies de
chemins de fer pour aboutir, mais ces dernières n'ont pas été favorables
à ce projet. Elles ont supposé que le public verrait d'un mauvais oeil une
combinaison semblable, et que beaucoup de personnes timides hésite-
raient à voyager, si en leur donnant leur billet on était obligé de leur dire:
« Vous savez que vous pouvez
être tuée ou blessée, assurez-vous donc
avant de partir. »
C'est une erreur, l'assurance rentre de plus en plus dans nos moeurs,
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 275

et rien n'empêchait de faire un essai. Les catastrophes qui se produisent


impressionnent bien plus le public que l'idée de se garantir des consé-
quences d'un accident par une police de voyage.
D'un autre côté, les Compagnies des chemins de fer trouveraient de
grands avantages dans une assurance de cette nature, qui, grâce à une
convention, les déchargerait des indemnités à payer et des pensions à
faire aux victimes.
Mais l'assurance des voyageurs est encore bien neuve, et comme rien
de ce qui est neuf ne réussit en France, il faudra sans doute que nous atten-
dions que tous les peuples aient pratiqué longtemps encore ce système,
pour songer enfin à l'appliquer convenablement nous-mêmes chez nous.
Signalons pourtant les tentatives que quelques assureurs actifs ont
laites pour acclimater cette assurance dans le public français.
En 1856, la Caisse Paternelle est autorisée à assurer contre les
accidents de chemins de fer, elle élabore des tarifs, mais elle ne poursuit
pas l'expérience. Signalons aussi la police imaginée par le Soleil-
Sécurité Générale. Cette police est accordée à tout acheteur d'un Indica-
teur de chemin de fer de Paul Dupont ou d'un numéro du journal
l'Intransigeant.
Cette police est individuelle et garantit pendant huit jours une
indemnité de cinq mille francs dans les conditions suivantes :
ARTICLE PREMIER. — La Compagnie Le Soleil-Sécurité Générale et
Responsabilité civile réunies assure, aux conditions qui suivent, le titulaire
de la présente Police contre les accidents mortels dont il peut être atteint
en voyageant en chemin de fer sur le territoire français, pendant une
semaine à partir du jour de l'émission de l'Indicateur Paul Dupont
annexé à ladite Police, par suite d'un accident survenant au train dans
lequel voyage l'assuré.
ART. 2. — La Compagnie n'admet pas au bénéfice de cette assu-
rance pendant les heures où ils sont en activité de service : 1° Les
chauffeurs et mécaniciens de chemins de fer ou les personnes attachées
à leur matériel ; 2° les employés de l'administration des Postes et
Télégraphes.
Sont exclus également de l'assurance : les accidents provenant de
suicide, alors même qu'ils seraient dus à un dérangement de facultés
mentales, de pari, de rixe, de guerre, d'émeutes, d'ivresse manifeste,
d'infraction aux lois et règlements, soit publics, soit particuliers, relatifs
11 la sûreté des personnes.

ART. 3.
— La Compagnie payera cinq mille francs à l'époux survi-
vant ou, à son défaut, aux héritiers réservataires de l'assuré victime
27G HISTOIRE. GÉNÉRALE DE l.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

d'un accident de chemin de fer entraînant la mort immédiate ou, dans le


délai de deux mois, à la condition expresse qu'il, sera établi, par un
procès-verbal de l'autorité, qu'au moment de l'accident, la victime a été
trouvée porteur de l'Indicateur Paul Dupont et de la Police y annexée,
daté de la semaine en cours et que le nom, le domicile et la signature
habituelle du titulaire, à l'exclusion de tout signe ou griffe, figureront à
l'encre à la place réservée à cet effet sur la Police.
Toute Police non numérotée et ne portant pas le timbre de la Com-
pagnie 2-e Soleil-Sécurité ne donne aucun droit à l'assurance.
ART. 4. — Dans les huit jours qui suivront l'accident, le titulaire de
la Police ou les ayants droit devront, sous peine de déchéance, faire
parvenir à la Compagnie, à Paris, et à leurs frais : 1" la déclaration
signée par deux témoins ou un agent de l'autorité, contenant les nom,
prénoms, profession et domicile du sinistré, les circonstances, l'heure et
le lieu de l'accident, les numéros et la date d'émission de l'Indicateur
Paul Dupont, et de la Police ; 2" un certificat du médecin appelé à donner
les premiers soins, relatant les causes de l'accident et ses conséquences
probables ; 3° la copie du procès-verbal prescrit par l'article 3 de la pré-
sente Police.
ART. 5. — Le payement de l'indemnité stipulée est subordonné à
l'exécution des conditions qui précèdent.
ART. 6. — L'indemnité sera, versée aux ayants droit, à Paris, au
siège social de la Compagnie, dans les trois mois de l'accident, contre
remise par les bénéficiaires des pièces justificatives de leurs qualités.
Toute action en payement est prescrite par quatre mois, à partir du
jour de l'accident. En conséquence, la Compagnie, le délai expiré, ne
peut être tenue à aucune indemnité, quelle que soit la cause qui puisse
mettre obstacle à l'action.
ART. 7. — Nul ne peut être détenteur de plus d'une Police, quel que
soit le nombre d'Indicateurs Paul Dupont possédés par un seul et même
acheteur, la Compagnie entendant limiter à cinq mille francs le maximum
de sa garantie par personne et par accident.
ART. 8. — La Compagnie abandonne, en faveur des bénéficiaires
de la présente assurance, tout recours contre les auteurs responsables de
l'accident
De son côté Y Industrie Française passe un traité avec le journal le
Malin qui publie chaque année un agenda de voyageurs contenant un
ticket d'assurance valable pendant deux mois et stipulant les dispositions
suivantes :
L.'Industrie Française toute personne porteur du présent
« assure
HISTOIRE GÉNÉRALE DE l/ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 277

ticket contre les risques d'accidents qui peuvent l'atteindre dans les voi-
»•
tures, wagons et sleeping-cars des Compagnies de chemins de fer,
K

,r
pendant deux mois.
« Les accidents
donnent droit aux indemnités suivantes :
« En cas de mort, un
capital de 5,000 francs, payable à la veuve ou
aux enfants mineurs du sinistré ; à défaut de veuve ou d'enfants mineurs,
.

u aux
ascendants de la victime.
« En cas
d'infirmité 1" degré, un capital de 5,000 francs ; 2° degré,
, 2,500 francs; 3° degré, 1,250 francs. »

En vertu d'une police créée par Y Urbaine et la Seine, cette Compa-


gnie assure pour un an, six mois, et même pour un simple voyage de
quelques heures, le titulaire de la police, contre les accidents corporels
qu'on peut éprouver en chemin de fer, omnibus, tramways, voiture
publique ou privée, en bateaux sur rivières, fleuves, canaux et lacs, et
enfin sur les navires allant d'un port de France à un port d'Algérie et
cice versa.
Le voyageur est assuré pour un an, six mois ou trois mois, moyen-
nant une prime de 25, 14 ou 6 fr. En outre de cette police, elle a créé des
tickets de voyages d'une durée de vingt-quatre heures, qui ne coûtent que
10 centimes.
Ces polices et ces tickets donnent droit, en cas de mort ou
d'incapacité absolue de travail causé par le voyage, à une indemnité de
10,000 francs.
Chaque personne ne peut prendre plus de deux tickets, la
Compagnie ne voulant pas assurer plus de vingt mille francs par
voyageur.
La police de voyage de 1' Urbaine contient une clause qui abandonne
au profit de l'assuré tout recours contre les auteurs responsables des acci-
dents. Il s'ensuit donc que la victime de l'accident peut, tout en touchant
la somme assurée par la Compagnie, obtenir de l'administration des che-
mins de fer une autre indemnité
Voilà, certes, des combinaisons extrêmement attrayantes et ingénieuses,
le principal maintenant est de les rendre indispensables. Or, répétons-le,
malgré leurs efforts, les Compagnies n'ont que peu de chance de déve-
lopper ces assurances tant qu'une entente n'interviendra pas entre les
assureurs et les Compagnies de chemins de fer.
Nous savons bien qu'en France, les Compagnies de chemins
de fer font leur devoir quant aux précautions à prendre et aux indem-
nités à donner en cas d'accidents, mais est-ce suffisant avec la loco-
278 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A I.'ÉTRANGER

motive : cette bête humaine sans cesse perfectionnée, sans cesse plus
menaçante? (1)

L'assurance chômage involontaire et contre la grève, le chômage


incendie. — En Suisse, cantons de Berne, de Saint-Gall, de Bdle. — Le
chômage involontaire en France. — Projet Jouffray. — L'assurance chô-
mage au point de vue privé. — En Allemagne, l'assurance contre la perte
des emplois. — En Angleterre, les Trades-Union. — En Belgique, les
Travailleurs Unis. — Italie, États-Unis. — Chômage incendie. — L'ac-
cueil qui a été fait à la proposition de discuter la question de l'assurance
du chômage involontaire,lorsque M. Eugène Rostand a exposé les grandes

(1) Quelles sont ces précautions, quelle est la limite des garanties de protection
que les Compagnies de chemins de fer peuvent assurer, et à partir de quel point
commencent ces éventualités qui déconcertent toutes les prévisions? M. Cosmann.
ingénieur des arts et manufactures, ingénieur en chef des services techniques du
l'exploitation des chemins de fer du Nord, les signale dans une conférence spirituelle,
tout en restant très technique, qu'il a faite en 18!)2 à Nancy et qu'a publiée le journal
l'Assurance Moderne (30 novembre, 15 et 31 décembre 1892). Voici la conclusion do la
conférence de M. Cosmann :
«
Nous voilà arrivés au terme de notre énumération; puisse-t-elle n'avoir pas
ii
rebuté nos auditeurs et leur avoir prouvé qu'on a fait déjà de grands efforts, qu'on
ii ne cesse
d'en faire encore pour réduire autant que possible les chances d'accidents
ii sur
les chemins de 1er. Mais, comme l'a constaté le Congrès tenu en 1885,
« à
Bruxelles, « à raison de l'imperfection fondamentale des personnes et des choses,
« toutes
les mesures déjà prises, toutes celles que l'on pourra prendre encore, n'auront
« jamais pour effet de supprimer absolument
les accidents de chemins de fer ». Il ne
«
faut pas s'imaginer que la perfection est possible en cette matière, ni les hommes ni
«
les instruments n'étant infaillibles. Ce que nous devons donc souhaiter, c'est que les
« chances d'accident deviennent aussi réduites qu'il sera possible, étant données
«
l'augmentation continuelle de la circulation, les exigences croissantes qui en résul-
« tent, tant au
point de vue de la vitesse que de la charge des trains et l'extension
«
prodigieuse qu'a prise la pose des rails sur tous les points du globe. La vio humaine
ii comporte tant
d'éventualités si diverses qu'il serait excessif d'exiger la sécurité
«
absolue dans une circonstance plutôt que dans une autre. C'est pourquoi nous ne
« pensons pas
plus aux accidents possibles, quand nous montons en chemin de fer
« pour nos affaires, que nous y prêtons attention quand nous nous enfermons pour
H notre plaisir dans un théâtre, voué à des risques d'incendie bien plus redoutables
' encore que les déraillements. Entre la collision de Velars et' la catastrophe
« de
l'Opôra-Comique, il y a des proportions à garder. Le nombre de voyageurs qui
«
continuent à fréquenter les trains, des spectateurs qui, tous les soirs, s'asseyent
'• sur
les banquettes de salles non éclairées à l'électricité, prouve que le bon sens du
«
public sait encore triompher des craintes chimériques qu'on voudrait lui faire
«
concevoir. »
L'ÉTRANGER 279
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A

lignes de son projet au Congrès de Milan, de 1894, n'a pas été absolu-
ment encourageant et pourtant il faut bien aujourd'hui s'en préoccuper
puisque l'assurance chômage semble sur le point d'être créée.
C'est la Suisse qui a commencé le mouvement ; Berne a donné
l'exemple, en 1893, vers le printemps, époque des grèves, en fondant une.
Caisse d'assurance à laquelle pouvaient adhérer facultativement tous les
ouvriers désireux de se prémunir contre les risques de chômage.
La Commission d'administration de la Caisse a publié un rapport sur
les opérations de son premier exercice, dont voici un extrait :
Le nombre des membres de la Caisse s'est élevé pendant l'année 1893
a quatre cent quatre. Deux cent
seize d'entre eux se sont annoncés
comme étant sans ouvrage, sur lesquels cinquante ont trouvé du travail
pendant la première semaine de leur chômage. 11 en est resté cent
soixante-six qui ont eu droit aux prestations de la caisse.
L'indemnité était fixée par jour à 1 franc pour les célibataires et à
I fr. 50 pour les hommes mariés.

Le payement de la solde avait lieu une fois par semaine, tous les
samedis soir.
Les indemnités payées se sont élevées en moyenne à 41 fr. 40 par
assuré sans ouvrage. Quelques-uns d'entre eux ont touché jusqu'à
105 francs. Si l'on songe que la prime s'élève à 4 fr. 80 par an, on se
rendra compte des services que ces caisses peuvent rendre aux assurés.
Les dépenses totales ont été de 7,815 francs, dont G,835 pour les
indemnités, le reste pour frais d'administration, etc. Les cotisations des
membres, dons volontaires et contributions des patrons se sont montées
à y,080 francs, le subside de la ville à 4,735 francs.
De son côté, le canton de Saint-Gall suit l'impulsion, mais en
imprimant le sceau de l'obligation à l'initiative prise par la ville de Berne.
Une loi est votée par le Grand Conseil Saint-Gallois en vue d'organiser
dans les communes l'assurance obligatoire contre le chômage (1).

(1) Voici les principaux articles de cette loi :


ARTICLE PREMIER. — La commune est autorisée à introduire par elle-même, ou
avec le concours d'autres communes, l'assurance obligatoire contre les suites du
chômage.
ART. 2.
— La Caisse est placée sous la suveillance des autorités communales.
— L'assurance est obligatoire pour tous les ouvriers dont le gain jour-
ART. 3.
nalier ne dépasse pas 5 francs.
Les personnes qui ont une assurance dans une Compagnie ne peuvent faire partie
de la Caisse. Les statuts pourront prévoir l'admission des femmes.
ART. 4.
— La contribution hebdomadaire ne peut pas dépasser 30 centimes ;
Les_secours ne seront accordés qu'aux assurés qui ne sont pas en chômage par
280 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Cette loi n'est pas appliquée, un contre-projet étant venu la modifier


dans le sens suivant :
La Caisse est administrée par 9 membres : 5 choisis par l'Union des
travailleurs, 4 par le Conseil municipal, dont 2 parmi les ouvriers non
syndiqués.
La prime varie de 15 à 30 centimes par semaine et le secours en
cas de chômage involontaire varie de ,1 fr. 80 à 2 fr. 40 par jour. — La
leur faute ; ils doivent avoir payé régulièrement leurs cotisations hebdomadaires
pondant six mois. Pour les étrangers, le délai peut être plus éloigné ;
11 sera remis à l'ouvrier sans ouvrage une indemnité minimum de 1 franc
par
jour;
Un manque de travail de cinq jours consécutifs pendant trois mois n'a droit, à
aucune indemnité ;
Au môme ouvrier il ne pourra être accordé l'indemnité prévue que pour dix
semaines (= 60 jours) pendant la môme année ;
11 sera adjoint à chaque Caisse d'assurance un bureau d'offres du travail. Les frais
d'administration seront supportés à Saint-Gall par la caisse de police.
ART. 5. — Les dépenses de la Caisse d'assurance sont couvertes:
Par les versements hebdomadaires des assurés ;
Par les dons et legs ;
Par les contributions communales, qui no pourront toutefois pas dépasser 2 francs
par assuré ;
Par des allocations de la Confédération. .
Si les recettes susmentionnées ne sullisaient pas pour couvrir les dépenses, le
découvert de l'année en cours sera supporté moitié par la commune, moitié par
l'État.
ART. 6. — L'État peut autoriser et subventionner des associations volontaires qui
s'occuperaient do l'assurance contre les effets du chômage.
ART. 7. — Les journaliers faisant partie do l'assurance obligatoire qui ne paye-
raient pas leurs cotisations, après les sommations d'usage, seront punis par le Conseil
communal d'une amende de 3 à 25 francs; ou à défaut de payement, d'un à cinq jours
de prison.
Si, après ces mesures, le sociétaire no s'exécutait pas, il serait rayé de la Caisse
d'assurance et renvoyé au « fonds » des pauvres.
ART. 8. — Un sociétaire qui se sera acquis des secours par des données men-
songères ost tenu de rembourser ce qu'il aura ainsi reçu...
Trois communes, celles de Saint-Gall, de Tablait et de Straubenzell, appliquant
cette loi, ont conclu entre elles une sorte de consortium pour la création d'une Caisse
d'assurance. Les statistiques établissent qu'environ cinq mille cent ouvriers seront
soumis à l'assurance. Le produit de la cotisation montera donc à 53,040 francs par an,
la cotisation hebdomadaire étant fixée à 20 centimes. On calcule que 10 0/0 des
membres de la Caisse seront dans le cas de recevoir l'indemnité statutaire de 2 IVams
par jour pendant 60 jours : il en résultera une dépense de 61,200 francs. Le dèuVit
serait donc de 8,160 francs que devront couvrir les contributions des communes et
les dons volontaires.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 281

subvention de la ville est fixée à 2 francs par tête d'assuré et par an. —
il faut avoir versé pendant 6 mois sa cotisation (un an pour les étrangers)
pour avoir droit aux indemnités.
Font obligatoirement partie de la Caisse toutes les personnes sans
distinction de nationalité et d'âge, qui pourvoient à leur entretien par le
travail de leurs mains et qui ne gagnent pas plus de 1,500 francs par an,
y compris celles
qui travaillent pour leur propre compte
Cette assurance obligatoire a soulevé de grandes difficultés et de légi-
times protestations.
A Bàle, la question se présente d'une façon plus vaste et plus com-
plexe, car c'est l'État lui-même qui devra prendre les rênes de cette assu-
rance, laquelle sera encore absolument obligatoire.
D'après ce projet, l'assurance contre le chômage ne s'étendra provi-
soirement qu'aux ouvriers de fabriques, à ceux qui sont employés dans les
travaux de construction et aux ouvriers terrassiers. Plus tard, quand ce
genre d'assurance aura fait ses preuves, d'autres catégories d'ouvriers
pourront y être astreintes.
Pour qu'un ouvrier puisse avoir droit à un secours de la Caisse
d'assurance, il faudra qu'il fournisse la preuve qu'il ne peut pas trouver
de travail en rapport avec ses aptitudes, ce qui suppose des rapports cons-
tants entre la Caisse d'assurance et les bureaux chargés de procurer du
travail aux ouvriers. En outre, l'ouvrier perd tout droit à l'assurance s'il
est prouvé qu'il a quitté de lui-même la place qu'il occupait, ou si son
départ est la conséquence de contestation ayant trait au salaire, comme,
par exemple, lorsqu'il s'agit de grèves. Enfin, l'ouvrier perdra tout droit
à l'assurance s'il a été congédié par sa propre faute, par exemple, pour
cause de paresse, d'inconduite, de désobéissance ou d'ivrognerie.
Pour avoir droit aux secours de la Caisse d'assurance, il faut y avoir
payé sa cotisation depuis au moins six mois. Les secours seront accordés
au bout de la première semaine de chômage et cesseront de l'être au bout
de treize semaines.
Pour élaborer son plan d'assurances, l'auteur du projet gouverne-
mental, M. le Dr Adler, professeur à l'Université de Bâle, s'est basé sur
les données statistiques suivantes : le nombre des ouvriers qui seront
astreints à l'assurance dans le canton de Bàle-ville s'élève à environ 9,000,
le nombre des sans-travail s'élèvera à 20 0/0 par an et les jours de chô-
mage atteindront 67 par an.
Au point de vue de l'importance des secours à distribuer, les ouvriers
assurés seront répartis en trois classes, selon l'importance de leur salaire
ordinaire, et, dans chacune de ces classes, les secours accordés varieront
282 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L*ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

selon que les assurés seront célibataires ou mariés, qu'ils auront charge
de famille ou non.
La première classe comprendra les ouvriers dont le salaire ne dépasse
pas 15 francs par semaine. Dans cette classe, les secours accordés se
monteront à 0 fr. 80 par jour pour un homme célibataire ou pour une
femme mariée, à 1 fr. 20 pour un homme marié sans enfant ou ayant un
enfant au-dessous de quatorze ans, et 1 fr. 50 pour un homme marié ayant
plus d'un enfant au-dessous de quatorze ans.
La deuxième classe comprendra les ouvriers dont le salaire s'élève
de 15 à 24 francs par semaine. Dans cette classe, les secours s'élève-
ront, en se basant sur les mêmes principes que dans la classe précé-
cédente, à 0 fr. 90, 1 fr. 40 et 1 fr. 70 par jour.
Enfin, la troisième classe comprendra les ouvriers dont le salaire
hebdomadaire dépasse 24 francs. Les secours accordés, toujours sur la
même base, seront de 1 franc, 1 fr. 80 et 2 francs par jour.
Quant aux fonds nécessaires à l'alimentation de la Caisse d'assu-
rance, ils seront fournis par les ouvriers eux-mêmes, par les patrons,
par l'État, et, enfin, par les dons volontaires ou legs. Les ouvriers appar-
tenant à la première classe payeront 20 centimes par semaine, ceux de
la seconde 30, ec ceux de la troisième 40. Les ouvriers employés aux cons-
tructions étant, par suite des intempéries, plus exposés au chômage que
les autres, auront à payer respectivement, selon leur classe, 40, 50 et 60
centimes par semaine. Quant aux patrons, ils payeront 10 centimes par
semaine pour chacun de leurs ouvriers assurés. L'État, de son côté, four-
nira une contribution annuelle de 25,000 fanes.
D'après les prévisions du professeur Adler, la Caisse d'assurance
aura des recettes annuelles de 221,220 francs, sur lesquelles il lui fau-
dra prélever 176,100 francs à répartir parmi les victimes du chômage.
L'excédent des recettes servira à constituer un fonds de réserve auquel
on pourra faire appel dans le cas d'une crise imprévue qui viendrait
augmenter le nombre des ouvriers sans travail.
Aujourd'hui, ce projet n'est pas encore réalisé.
En France, on veut suivre la Suisse dans cette voie de réforme à
outrance, et M. Jouffray, maire de Vienne, député de l'Isère, dépose en
janvier 1895 une proposition de loi, renvoyée à la Commission de pré-
voyance sociale, sur l'assurance obligatoire contre le chômage.
D'après la loi projetée, les communes seraient autorisées à réunir
en une assurance mutuelle contre les risques de chômage involontaire
les travailleurs français des deux sexes, âgés d'au moins quinze ans, ayant
acquis leur domicile de secours, gagnant moins de 2,000 francs par an
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 283

etnon affiliés à une Société autorisée leur garantissant une indemnité


équivalente.
La Caisse d'assurance serait alimentée par les primes des ouvriers
assurés et les contributions des patrons, ainsi que par les subventions de
la commune, du département et de
l'État.
La prime à payer par les ouvriers varierait entre 15 centimes et
in centimes par semaine, suivant leur salaire. La prime à payer par les
patrons serait de 10 centimes ou de 15 centimes.
Les ouvriers assurés contre le chômage involontaire auraient droit à
une indemnité qui pourrait être payée pendant soixante-quinze jours par
an, et qui ne serait ni inférieure à 1 franc ni supérieure à 2 fr. 50 par
jour.
Pour être efficace, dit M. Jouffray dans son exposé des motifs,
«

«
l'assurance en matière de chômage doit être obligatoire dans certaines
i-
limites, car l'obligation entraîne avec elle le nombre des adhérents, et
le nombre est indispensable pour la réduction certaine et au minimum
<
du risque couru. »
En dehors de l'assurance obligatoire par l'État tant désirée par
M. Jouffray, le chômage involontaire est un risque assurable par l'initia-
tive privée.
Ainsi M. Rostand croit que rien ne s'oppose, ni théoriquement, ni
pratiquement, à la garantie de ce nouveau risque au moyen de l'assu-
rance. Certes, il y aura à le définir, à en délimiter les diverses moralités,
à procéder aux éliminations nécessaires, depuis « la grève jusqu'à la
perte méritée du travail » ; mais, même après ces restrictions et plusieurs
autres, une large part restera encore à l'assurabilité, présentant les néces-
saires éléments d'imprôvision, d'extériorité, de division dans le temps et
l'espace.
L'Economiste français, qui a étudié la question et commenté le rap-
p'irt de M. Eugène Rostand, repousse avec raison l'intervention de l'État
cl des communes, mais il craint que les Compagnies privées d'assu-
rances contre les accidents ne soient pas en mesure de couvrir ce risque.
Comme Y Economistefrançais, nous trouvons qu'en pratique il sera
épineux de circonscrire avec une parfaite sûreté le champ du chômage
volontaire et celui de l'involontaire, et malaisé de discerner la juste durée
do secours ; mais il faut observer que certains
cas de l'assurance acci-
dents offrent des difficultés de même ordre et comportent des inconnues
l'Hit aussi caractéristiques, et qu'on n'en
a jamais déduit que ce genre
d'assurance .soit irréalisable.
D'ailleurs, si nous voulons remonter le cours des ans, nous relevons
284 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L*ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

qu'au commencement de 1893, en effet, a été créée en Allemagne une


Compagnie d'assurance contre les pertes d'emploi. Tout assuré y sous-
crit une police au reçu de laquelle il verse 3 0/0 de son traitement commo
taxe d'entrée et 2 0/0 par mois d'avance comme prime; de son côté, hi
Compagnie s'engage à payer 60 0/0 des salaires pendant les six mois qui
suivent la perte d'emploi. L'indemnité n'est due qu'après six mois
d'assurance, et sous condition que la prime aura été régulièrement versée
et qu'il sera bien constaté que le chômage n'a pas lieu par le fait do
l'assuré.
Antérieurement à 1893, en 1885 une Caisse d'assurance contre
la chômage a été créée à Berlin par l'Union des commerçants allemands.
Elle avait pour but de garantir une somme déterminée en cas de chômage
de commerçantsou employés, ses sociétaires. Ces derniers ne devaient pas
avoir dépassé 45 ans. Il leurfallait avoir payé deux années de prime. Enfin,
ils avaient droit au secours pendant six mois et en proportion des primes
payées.
Cette création berlinoise n'est pas parfaite, on retrouve encore dans
ses statuts des tentatives d'oppression.
D'autre part, en Angleterre, les Trades- Union pratiquent très large-
ment le secours, non pas seulement pour le chômage en cas de grève,
mais aussi pour le chômage involontaire; on en a vu un exemple en 1803
où 298 Unions comprenant 745,648 membres ont payé en secours de
chômage, distinctement des secours de grève, maladies et accident,
9,674,325 francs. D'autres exemples pourraient être invoqués en Allemagne
et en Amérique. En d'autres cas, l'assurance par les mutualités s'exerce
en dehors du cercle professionnel.
Une Compagnie qui peut rentrer dans cette catégorie, les Travailleurs
Unis, a été créée à Bruxelles, le 30 avril 1893, par M. Mahillon, le très
regretté directeur général de la Caisse générale d'épargne et de retraite
de Belgique (1).

Par contre, les directeurs de charbonnage du Ifainaut (Belgique) viennent do


(1)
fonder un syndicat qui a pour but d'indemniser les compagnies charbonnières dans les
établissements desquelles une grève aurait éclaté. Quand un chômage se produira,
l'association ayant constitué un fonds de caisse de deux millions, interviendra et
dédommagera le charbonnage dans lequel le conflit ou la grève se sera produit.
L'indemnité sera fixée à 1 franc pour chaque tonne extraite en moins que dmis
une période normale. Elle pourra atteindre jusqu'à 6,000 francs par jour.
Chacun des charbonnages affichés versera, pour sa cotisation, 10 centimes par
tonne pendant toute l'année. L'association se compose des charbonnages de trois
grands bassins houillers du Hainaut.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 285

Le capital était formé à l'aide de donations particulières et de cotisa-


tions des membres honoraires.
En Italie, depuis 1893, deux syndicats ouvriers, celui des boulangers
et celui des garçons limonadiers, qui appartiennent à la Bourse du tra-
vail de Bologne, viennent en aide d'une façon intéressante aux chômeurs
de leur profession, chaque membre pourvu d'un emploi abandonnant à
ceux-ci, au moyen d'un roulement, un ou deux jours de travail chaque
mois.
8,700 journées de travail ont été ainsi attribuées aux chômeurs de ces
deux corporations, du 1" juin 1893 au 15 avril 1894, tandis que le nom-
bre d'emplois permanents procurés par la Bourse du travail, pendant la
même période, n'a été pour tous les corps de métier réunis que de
"281 : 207 de ces emplois concernaient les maçons et les maçons-
briquetiers.
A New-York une Compagnie d'assurances appelée la Position Com-
pany a été organisée dernièrement. Pour la somme de 5 fr. 60, plus un
jour de salaire par an, cette Compagnie s'engage à trouver une nouvelle
place à l'assuré et lui payera ses appointements pour le temps qu'il aura
perdu. Une condition de la police, cependant, est que la place de l'assuré
aura été perdue par suite de la faillite ou de l'incendie de l'établissement
de son patron.
En France, la proposition de M. Jouffray a eu pour effet d'attirer
l'attention des pouvoirs publics sur cette question du chômage involon-
taire qui est à l'ordre du jour du Conseil supérieur du Travail. L'Office
du Travail prépare d'importants travaux qui permettront peut-être d'ap-
porter une solution à ce grave problème social.

On a créé, il y a quelques années, une nouvelle branche d'assurance


qui s'est répandue promptement, parce qu'elle répondait à d'impérieux
besoins; c'est l'assurance contre le chômage industriel et la perte des
loyers résultant d'incendie ou d'explosion.
Cette assurance a pour but de tenir compte à l'assuré des dom-
mages que lui cause, après un incendie ou une explosion, l'interruption
forcée de ses affaires pendant le temps employé aux réparations ou à la
reconstruction de l'immeuble.
Une Compagnie d'assurance contre le chômage s'engage donc
envers ses assurés :
S'ils sont propriétaires, à les indemniser de la perte de leurs loyers
ou de la privation de leur immeuble, depuis le jour du sinistre jusqu'au
complet achèvement des travaux.
286 HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

S'ils sont locataires, négociants, industriels, à les indemniser de


l'intérêt des capitaux rendus improductifs ou des bénéfices qu'ils n'ont
pu réaliser pendant la disparition temporaire de leurs mobiliers, mar-
chandises, outillage, machines, etc.
On voit par ce qui précède que l'assurance contre le chômage est le
complément indispensable de l'assurance contre l'incendie. En effet, en
principe, tandis que la seconde procède à la reconstitution de la chose
détruite, la première dédommage du préjudice causé par l'absence mo-
mentanée de ladite chose.
De son côté, M. Sainetelette écrit dans son excellent Recueil
périodique :

« Après tout incendie, il y a privation de jouissance des objets dé-


« truits pendant un temps plus ou moins long, l'assuré doit supporter
« les frais d'expertise souvent considérables et perdre un temps précieux
« à des démarches de toutes sortes; de plus, il subit un dommage cer-
« tain lorsqu'il pourvoit au remplacement des objets incendiés. Le prôju-
« dice qui en résulte pour l'assuré est certainement appréciable en argent
« et, dès lors, il peut faire l'objet d'une assurance.
« Dans l'assurance chômage, telle qu'elle est actuellement pratiquée,
« ce préjudice ne donne pas lieu à évaluation par experts, après le
«
sinistre, mais il se règle à forfait entre les parties, au moyen d'un com-
« plôment de 10 0/0 sur l'assurance incendie. Ce mode d'opérer conserve
« à
l'indemnité chômage sa proportionnalité avec les pertes subies et
« ne peut donner prise à aucune
critique sérieuse, attendu que la répa-
« ration reste toujours au-dessous
du dommage réellement subi.
« Le syndicat des Compagnies françaises d'assurances contre l'in-
«
cendie (1), en autorisant d'une manière générale ses agents à contrac-
« ter des assurances
chômage sur toutes les polices incendie dans la
« limite
de 10 0/0 de l'assurance incendie, reconnaît formellement que
« l'assuré
subit toujours une perte au moins équivalente et que cette
« indemnité complémentaire n'est pas exagérée; son appréciation en
« pareille matière a la plus
grande autorité. »

L'assurance a été tentée en 1877-1878 par quelques Sociétés dont


le Globe, le Monde, la Métropole et la Foncière.
Une Société spéciale intitulée : Le Chômage International, Compagnie
anonyme internationale d'Assurances et de Réassurances à primes
(1) Décision prise en 1893<
HISTOIRErGÈNÈRALE DE L'ASSURANOE'EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 887

fixes contre le chômage des capitaux, la perte des salaires et loyers,


résultant de l'incendie, essaya de se constituer en 1887, mais elle n'obtint
aucun crédit.

Les assurances complémentaires. — La Compagnie d'assurance com-


plémentaire contre le chômage, la perte de loyers et autres risques.— L'as-
surance complémentaire de la Compagnie lJ Urbaine-Vie et Urbaine-Seine.
— La police de l'Union le Phénix espagnol. — M. Sainctelette, dont
nous venons de résumer l'opinion sur l'assurance chômage contre l'in-
cendie, a recueilli tous les éléments pour constituer une Compagnie
d'assurance complémentaire contre le chômage, la perte des loyers et
autres risques.
M. Sainctelette présentait ainsi son idée au public :

« La Société a pour objet de garantir, en cas de sinistre, des indem-


«
nitôs complémentaires contre le chômage, la perte des loyers, perte de
«
clientèle, perte de la comptabilité, salaire des ouvriers, frais d'exper-
«
tise, etc.
« Ces
dommages, conséquence indirecte mais forcée de tout incendie
« ne sont pas couverts par
l'assurance incendie; ils constituent cepen-
«
dant un risque grave et réel contre lequel il importe à tout homme
«
soucieux de ses intérêts de se garantir au moyen d'une assurance.
« L'assurance contre
l'incendie ne répare que les pertes matérielles
« provenant
de la destruction des biens mobiliers ou immobiliers. Aux
« termes
mêmes de leurs statuts et des conditions générales de leurs
«
polices, les Compagnies ne doivent aucune indemnité pour les pertes
« non
matérielles, telles que chômage, perte des loyers, perte de clientèle,
« etc., etc.

« Il en résulte qu'en cas de sinistre le propriétaire, le négociant, l'in-


« dustriel ne trouvent dans l'assurance
incendie, telle qu'elle est pra-
« tiquôe, qu'une réparation partielle et incomplète du préjudice éprouvé.

« En effet, indépendamment du dommage matériel pour lequel il est


« accordé une indemnité, l'incendie cause aux personnes, même les

1 mieux assurées, bien d'autres pertes : les capitaux restent improductifs

<•
durant la période de reconstruction des immeubles, d'où perte de loyers
« ou privation de jouissance; — les commandes ne peuvent être livrées

« ni les marchés exécutés; — la clientèle s'éloigne et se perd; —si la

« comptabilité a été détruite, sa reconstitution est longue et laborieuse,


« et il faut compter avec la mauvaise foi de certains débiteurs : durant
288 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER
*

« la période de chômage, les frais généraux ne sont pas complètement


* arrêtés; —
les traitements et salaires des employés et ouvriers conii.
« nuent à courir, tout au moins en partie;—pour arriver à la fixation do
« l'indemnité, l'assuré doit recourir à des hommes spéciaux dont les
« honoraires restent à sa charge, etc.
« Il existe là un ensemble de risques indirects mais réels, pouvant
« être garantis au même titre que le dommage matériel. L'assurance
« spéciale de chacun de ces risques se rattache intimement à l'assurance
« incendie dont elle suit la fortune et qu'elle complète efficacement.
« La nouvelle Compagnie peut donc baser avec certitude son fonc-
« tionnement sur celui des Compagnies d'assurances contre l'incendie et
« profiter des statistiques établies et de l'expérience acquise.
« Aussi, tout en faisant oeuvre nouvelle, elle ne marchera pas à
« l'inconnu, les résultats de ses opérations peuvent être prévus et déter-
« minés mathématiquement.
« Afin de suivre les données de la statistique, dans chaque police
« complémentaire, le montant de l'assurance, le taux de la prime et le
« quantum de l'indemnité sont fixés à forfait en appliquant un prorata
« variable, mais identique, à chacun des éléments correspondants de
«
la police incendie.
« La statistique des opérations des Compagnies d'assurances contre
« l'incendie établit que la moyenne des sinistres, par rapport aux primes
« perçues, est de 55 0/0. Dans cette proportion, le chiffre des sinistres
« comprend non seulement l'indemnité payée à l'assuré, mais encore
« toutes les dépenses accessoires et relativement élevées du règlement,
« telles que frais d'expertise, d'inspection et frais judiciaires. Le pour-
« centage des sinistres, déduction faite de ces frais, doit être ramené à
« 50 0/0 des primes.
« Les tarifs appliqués par les Compagnies incendie sont donc large-
« ment rémunérateurs et peuvent servir de base à Y Assurance complé-
« mentaire, qui évitera d'ailleurs les frais très élevés et souvent dis-
« proportionnés qui, dans l'assurance incendie, absorbent en majeure
« partie le reliquat des primes.
« Ces frais, la Compagnie d'Assurances complémentaires n'aura pas
« à les supporter : — Pas de frais d'expertise ni de règlement, puisque
«
l'indemnité se calcule au prorata de l'indemnité principale payée par
« l'assurance incendie. — Pas de frais d'organisation de succursales en
« province, toutes les affaires se traitant par les soins de l'Administration
« centrale, au siège social ; la Compagnie aura pour correspondants et
« auxiliaires les courtiers et agents d'assurances contre l'incendie, qui
HISTOIRE GÉNÉRALE DU l.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 28!)

«
trouveront ainsi un moyen facile d'augmenter rapidement leur porte-
feuille, en s'adressant à leurs propres clients, sans se faire concurrence
,
, entre eux, puisque la Compagnie d'Assurances complémentaires s'in-
«
tordit par ses Statuts de réaliser des polices d'assurances contre
l'incendie. »
c

L'Assurance complémentaire de l'assurance en cas de décès, extrê-


mement ingénieuse, est spéciale aux Compagnies Y Urbaine-Vie et Y Ur-
baine et la Seine.
Garantissant le service de la prime en cas d'incapacité temporaire de
travail et donnant droit au payement anticipé du capital assuré, en cas
d'incapacité définitive de travail elle est très humaine, car elle couvre en
même temps le risque de maladie et le risque d'accident.
Ainsi que son nom l'indique, YAssurance complémentaire appliquée
avec le concours de Y Urbaine-Vie ajoute aux assurances en cas de décès
ce qui leur manquait pour qu'elles répondent à toutes les éventualités qui
peuvent suspendre ou détruire l'activité de l'homme. En elïet, les assu-
rances en cas de décès ne couvrent que la mort prématurée de l'assuré,
elles ne tiennent pas compte des maladies et ne garantissent rien aux
bénéficiaires dans les cas si nombreux d'incapacité définitive de travail,
résultant de l'état de santé ou d'accidents, cas cependant plus désastreux
que la mort, puisqu'ils paralysent la valeur de l'individu, non seulement
sans mettre fin aux dépenses nécessaires à son entretien, mais encore en
les augmentant.
Grâce à l'assurance complémentaire, ne laissant place à aucune
équivoque, les maladies ou les accidents ne pourront plus neutraliser
l'acte de prévoyance, de générosité ou de garantie que l'assuré cherchait
à réaliser au moyen de l'assurance en cas de décès (1).

(I) Extrait des conditions générales de l'Assurance complémentaire :


" ART. 7.—
Incapacité temporaire.— En cas de maladie ou d'accident causant une
(
incapacité complète de travail ou,du moins, obligation de garder le lit ou la chambre,
" l'assuré en donnera avis à la Compagnie ot fournira a l'appui une attestation détaillée

"
do son médeci n.
« De la date de cet avis seulemont comptei^ont les délais dont il va être parlé
'-i-dessous.
« Quarante-cinq jours après l'avis de la maladie ou de l'accident, s'il y a toujours
incapacité complète de travail, les primes du présent contrat cesseront temporairo-
'• ment d'ètro dues, et la Compagnie prendra pour son compte et par douzième le

" sorvioe de la prime d'assurance en cas de décès, et ce, à partir du jour de l'avis, et
" >ant que durera l'état d'incapacité du malade.
22
290 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

La prime annuelle de l'assurance complémentaire se calcule à l'aide


d'un pourcentage sur le montant de la prime annuelle de l'assurance en
cas de décès à laquelle elle est jointe. Ce pourcentage est fixé suivant la
profession de l'assuré, il est de 10 à 20 0/0 pour l'assurance vie entière et
de 5 à 10 0/0, pour les assurances mixtes, termes fixes et effets multiples.

« La prime sera directement verséoen sonlieu et place par l'Urbaine et laScine à


«
la Compagnie d'assurances sur la vie V Urbaine-Vie.
« ART. 8.—
Incapacité permanente.— En cas de maladie ou d'accident, ayantamem:
n une incapacité permanente et complète quelconque de
travail, tels que :
« Paralysie de la moitié du corps ou
de la langue ;
« Impossibilité absolue de faire usage des deux
membres supérieurs ou inférieurs
ii par
le fait soit d'une paralysie, d'une ataxie prononcée, soit d'une atrophie, soit
« de rétractions ou
d'ankyloses plaçant ces membres dans une position vicieuse et irré-
n médiable ;
« En cas d'affaiblissement
progressif des facultés intellectuelles,perte de la faculté
n
du langage, quand ces phénomènes seront reconnus être sous la dépendance d'une
« lésion des centres nerveux non susceptible de réparation.
« De cécité complète et
incurable ;
« D'affections chroniques ayant amené un état
de cachexie tel que le malade est
« définitivement condamné à l'immobilité ; et
dans tous les auti'es cas semblables d'in-
«
capacité permanente et incomplète ;
« En cas de
surdité complète chez les médecins, d'aphonie caractérisée chez les
« avocats,
chanteurs, acteurs et professeurs, avant l'âge de 55 ans.
u Et, aprèsdeux années
de durée, du jour de la constatation,la Compagnie versera
« par anticipation au contractant
le montant du capital assuré,à la déchargede l'Urbaine-
« Vie.
En cas d'aliénation mentale et après trois années, du jour de la constatation, la
»
«
Compagnie versera par anticipation au tuteur du contractant le montant du capital
« assuré à la décharge
do l'Urbaine-Vie.
« Pour les assurances à terme
fixe dont le capital n'est payable qu'à l'échéance du
n contrat, le capital résultant
de l'assurance complémentaire subira la réduction do
« l'escompte à 5 0/0 du jour du versement
à celui de l'échéance du contrat.
» ART. 9. —
Incapacité immédiatement définitive. — En cas d'accident ayant
« amené une
incapacité complète et définitive de travail, tel que la perte des deux
« membres inférieurs ou
des deux yeux, la Compagnie versera immédiatement au
« contractant le montant du capital assuré.
« ART. 10. — Constatations médicales. — Dans tous les cas, au commencement do

l'incapacité, durant son cours, à l'époque des règlements, etc., la Compagnie a le


ii
droit, de faire visiter l'assuré, par son médecin et par ses inspecteurs, quand et
«
« autant de fois que bon lui semblera.
« En cas de contestations entre
les parties sur l'état de santé de l'assuré, la Coin-
l'assuré choisissent troisième médecin, sinon il désigné par '°
ii
pagnie et un sera
«
Président du Tribunal civil de l'arrondissement. L'avis du troisième médecin sera
n
obligatoire pour l'assuré et pour la Compagnie. Les frais de sa nomination et ses
o honoraires seront supportés à
frais communs. »
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A I,'ÉTRANGER 291

L'Union le Phénix espagnol, Compagnies d'assurances réunies, a


adjoint à son contrat d'assurance sur la vie un avenant dont on ne pour-
rait trop apprécier les avantages.
En effet, d'après cet avenant, la Compagnie assure la personne dési-
gnée dans la police contre les accidents provenant d'une cause extérieure,
violente et involontaire n'entraînant pas la mort, mais déterminant la
suppression totale ou partielle des facultés productives.
Les maladies ordinaires, êpilepsie, apoplexie, aliénation mentale,
opérations chirurgicales et autres qui ne sont pas la conséquence d'un
accident, sont exclues de l'assurance.
Les accidents entraînant la perte ou la suppression des facultés pro-
ductives sont classés en trois catégories :

«
lr° — Accidents détruisant complètement les facultés
CATÉGORIK.

»
productives (perte de deux membres, des deux yeux, ou toute autre
«
infirmité équivalente).
«
2° cATiÎGORiiî. — Accidents diminuant de moitié au moins lesfacul-
«
lés productives (perte d'un membre, d'un oeil, ou toute autre infirmité
c
équivalente).
«
3° CATÉGORIE.
— Accidents déterminant une diminution notable
«
des facultés productives (perte d'un pouce, de plusieurs doigts ou toute
«
autre infirmité équivalente).
« Les indemnités à payer dans les différents cas seront réglées comme
«
suit :
« Pour la première catégorie, il est payé un capital égal à celui assuré
« par
la police.
« Pour la seconde catégorie, il est payé moitié du capital assu ré par
«
la police.
« Pour la
troisième catégorie, il est payé un cinquième du capital
« assuré par la police. »

L'Assurance-Transport des billetsde banque, titres, coupons, diamants,


bijoux, etc.— L'Assurance-Transport, quoique de création récente, a déjà
acquis une importance considérable, et les services qu'elle rend dans le
commerce et l'industrie font prévoir, pour cette branche, un développe-
ront aussi rapide que celui de ses aînées.
L'Assurance-Transport a pour objet de garantir les commerçants,
banquiers, commissionnaires et autres contre la perte des objets de
valeur envoyés par la poste, les chemins de fer, les messageries, etc.
292 HISTOIRE GÉNÉRALE OE I.'ASSURANCE EN l'RANCE ET A L'ÉTRANGER

Les lois et règlements qui fixent le mode d'envoi des valeurs décla-
rées expédiées par l'entremise de l'Aministration des Postes comportent
certaines restrictions gênantes pour les expéditeurs en même teni|)S
qu'ils leur refusent la garantie complète des risques auxquels ils st)lll
exposés.
C'est ainsi qu'il est interdit de mettre plus de dix mille francs dans
un seul pli ; qu'il n'est admis de déclaration de valeur sur les titres i.me
pour le montant des arrérages, des dividendes ou des coupons échus, et
qu'il n'est dû aucune indemnité à l'expéditeur d'un pli chargé perdu par
suite d'un événement de force majeure.
De telles restrictions ne sauraient convenir aux maisons de banque,
de commerce et de change ; aussi, la plupart d'entre elles préfèrent-elles
à la garantie de la Poste celle des Compagnies d'assurances contre les
risques de transport, y trouvant, à un prix inférieur, une garantie plus
complète et des facilités plus grandes.
Par l'assurance, les banquiers, les commerçants, les agents de
change, etc., peuvent en effet se couvrir d'une façon complète des risques
du trajet ; le taux de garantie est des plus minimes ; l'expédition de som-
mes importantes est autorisée.
Pour ce genre d'opération, voici d'ailleurs le mode de procéder d'une
importante Compagnie française : La Foncière, qui garantit largement ce
risque.
I. ASSURANCE.— Police d'abonnement. Afin de leur éviter les frais
qu'entraînerait l'établissementd'une police spéciale à chaque expédition, la
Compagnie envoie à ses clients une police d'abonnement couvrant, jusqu'à
un maximum déterminé, tous les envois de valeurs qui les concernent.
Ce maximum est indiqué seulement comme limite de l'engagement de la
Compagnie pour les envois faits le même jour d'un même point de départ
à un même lieu de destination, mais les primes ne sont calculées que
sur la valeur réelle des expéditions effectuées.
Ce système convient notamment aux maisons importantes qui font
des expéditions fréquentes, car il leur permet d'éviter des frais que cette
fréquence même rendrait assez lourds, sans les obliger au payement
immédiat d'une prime quelconque.
Il y a deux sortes de polices d'abonnement :
La police d'abonnement obligatoire ;
La police d'abonnement facultative.
La police d'abonnement obligatoire repose sur un engagement réci-
proque : engagement pour l'assuré de déclarer en aliment à cette police
tous les envois faits pour son compte ou voyageant à ses risques; enga'
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A 1,'ÉTRANGER 293

sèment pour la Compagnie de couvrir à l'avance tous ces envois pourvu


que les conditions imposées par le contrat pour leur notification soient
exactement remplies.
Avec celte police la Compagnie accorde un délai de huit jours
pour la notification des aliments, ce qui constitue une grande commo-
dité.
Avec la police d'abonnement facultative cette facilité ne saurait être
accordée; car cette police laissant à l'assuré la liberté de ne déclarer
qu'une partie de ses envois, il est naturel que la Compagnie ne soit enga-
gée que si l'intention de réclamer sa garantie est manifestée avant, le
commencement des risques.
Cahier de déclarations. — Malgré cette différence de traitement le
mode suivi par les assurés pour la notification de leurs envois est
le même, quel que soit le caractère de leur police d'abonnement. La
Compagnie remet à chacun d'eux, en même temps que cette police, un
cahier de déclarations contenant des bulletins à souche, sur lesquels les
envois sont inscrits au fur et à mesure. Ces bulletins détachés de la sou-
che sont adressés à la Compagnie dans les délais fixés par la police, et
la Compagnie en échange la copie signée par sa direction, copie établie
suc une formule semblable et qui peut être facilement adaptée à la sou-
che des déclarations. De cette façon, toute correspondance inutile est sup-
primée et le contrôle est des plus simples.
Sur chaque feuille, il est mis à jour le compte des primes du
trimestre.
Tarif. — Les primes du tarif sont très modérées et inférieures aux
tarifs de l'Administration des Postes pour les valeurs déclarées, bien
que la garantie de la Compagnie soit plus complète, puisqu'elle com-
prend les risques de force majeure, exclus par cette administration.
II. MODF. D'KNVOI. — Billets de banque, titres et coupons. Les valeurs
assurées doivent être expédiées sous plis chargés ou sous plis recom-
mandés.
Plis chargés.— Les plis chargés sont ceux pour lesquels il est déclaré
une valeur à l'Administration des Postes. La Compagnie accepte que pour
la France cette déclaration soit limitée à cinq cents francs, même pour les
plis d'une valeur supérieure, ce qui entraîne le payement d'une taxe de dix
centimes, en dehors du droit fixe de chargement. L'Administration
des Postes exige au moins deux cachets de cire sur l'enveloppe des plis
chargés.
Les plis chargés sont pesés par l'administration, qui mentionne le
poids sur l'enveloppe.
294 HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'A.SSURAXCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Cette constatation de poids est d'une grande utilité; elle fournit, en


cas de spoliation, une présomption en faveur de l'assuré.
Aussi, dans l'intérêt même des assurés, la Compagnie recommande,
t-elle, pour les expéditions par poste, l'usage du pli chargé avec déclara-
tion de 500 francs au maximum; l'emploi du pli recommandé, particuliè-
rement du pli recommandé non muni de cachets de cire, pouvant compro-
mettre le recours de la clientèle dans le cas de vol partiel, par suite de
l'absence de présomptions matérielles de spoliation.
Plis recommandés. — Pour les plis recommandés, l'Administration des
Postes n'admet pas de déclaration de valeur, le poids n'est pas cons-
taté et l'administration n'exige pas la fermeture par des cachets de cire,
prétendant être dégagée de toute responsabilité si elle livre au destinataire
l'enveloppe, même vide. Les assurés feront sagement en employant pour
les plis recommandés des enveloppes en papier fort, fermées par cinq
cachets de cire, de sorte que les spoliations ne puissent passer inaperçues
avant l'ouverture des plis. La meilleure manière d'éviter toute spoliation
est de mettre les valeurs dans une première enveloppe qui, une fois fermée,
est enduite de colle, puis introduite dans une deuxième enveloppe que l'on
presse sur la première pour qu'elles adhèrent complètement. Cela fait, on
cacheté à la cire, et la soustraction ne devient possible qu'en déchirant
l'enveloppe extérieure d'une manière apparente. De cette façon les desti-
nataires seront moins exposés à donner, sans protestation, décharge à
l'Administration des Postes de plis ayant été l'objet d'une spoliation, cette
décharge créant forcément un obstacle absolu à toute réclamation, soil
contre l'Administrationdes Postes, soit contre la Compagnie d'assurance.
Diamants, bijoux. — Les indications qui précèdent, concernant le
mode d'envoi, ne s'appliquent pas aux diamants, bijoux et objets précieux.
Pour ces objets, l'Administration des Poste» n'accepte pas l'expédition
sous plis cachetés; elle exige que l'envoi ait lieu dans des boîtes de valeurs
déclarées. La Compagnie admet que la valeur déclarée soil au maximum
de cinq cents francs par boîte. Los conditions de confection et de ferme-
ture des boîtes prescrites par l'administration doivent être scrupuleuse-
ment observées.
III. FORMALITÉS A REMPLIR EN CAS DE PERTE. — Non-arrivée. En cas
de non-arrivée d'un ou de plusieurs plis dans un délai normal, l'assuré doit
faire réclamer par écrit à l'Administration des Postes, soit par l'expéditeur,
soit par le destinataire, une enquête sur le sort des plis en retard. I''"
même temps, il doit aviser la Compagnie, de façon que, s'il s'agit de valeurs
dont la circulation ou la négociation puissent être arrêtées, les mesures
à cet effet soient prises sans délai.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 295

L'Administration des Postes est dans l'usage de tenir les réclamants


aU
courant des résultats de l'enquête. Les renseignements ainsi reçus
devront être transmis à la Compagnie.
Lorsque l'enquête aura établi suffisamment la disparition du pli, la
Compagnie, dans la plupart des cas, remboursera la perte, sans attendre
le règlement par l'Administration des Postes de l'indemnité dont elle est
redevable.
Arrivée en mauvais état. — Si les plis ne leur sont pas remis en par-
lait état et si une spoliation est à craindre, les destinataires doivent les
refuser.
Les plis retourneront alors au bureau de Poste, où ils seront ouverts
régulièrement en présence des destinataires.
Si le contenu des plis n'est pas intact, les destinataires ne devront
signer un récépissé qu'en indiquant sur cette pièce les valeurs disparues
et en faisant toutes réserves
En France, les administrations des chemins de fer font payer le trans-
port des papiers-valeurs d'après un tarif «ci valorem et, par suite, exigent
que le montant intégral des valeurs expédiées par leur entremise leur
soit déclaré. Toutefois, sous l'empire de certains tarifs spéciaux pour le
transport à responsabilité limitée des titres et papiers-valeurs, les déclara-
tions partielles sont admises. Dans ce cas, l'assurance peut intervenir
pour la garantie du risque de transport; les polices des assureurs couvrent
les valeurs expédiées par l'entremise des Compagnies de chemin de fer en
se bornant à ajouter aux conditions la seule obligation de déclarer au
transporteur 5 0/0 de la valeur entière.
La tarification varie selon les pays de destination : 1° par terre, s'il
s'agit de titres et valeurs, de 0.10 à 0.15 0/0; coupons,0.10 à 1 0/00; billets
de banque, métaux, bijoux, etc., de 0.10 à 2 0/00; par mer, par vapeurs
postaux, pour tous objets précieux transportés, 1/5 à 1 1/2 0/00.
A l'étranger, peu de Compagnies fonctionnent largement, quoique
la matière assurable présente un vaste champ d'exploitation à côté de
l'assurance officielle qui existe généralement.
Ainsi le ministère des postes et télégraphes du royaume de Belgique
vient de publier le compte rendu de ses opérations d'assurances postales
pendant l'exercice 1893.
Il résulte de ce document qu'en 1893, il a été expédié 242,549 lettres
assurées, en provenance et à destination du royaume, d'une valeur totale
île 288,918,959 fr. 28 cent. C'est,
sur 1892, une diminution de 9,385 en
nombre et de 13,951,585 fr. 73 en valeur.
Le montant moyen de l'assurance par lettre a été de 1,191 francs
29(5 HISTOIRE GÉNÉHALK DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A 1
,'lVl liANC.EIÎ

pour 1893; il était de 1,283 francs en 1890, de 1,261 francs en 1891, cl de


1,202 francs en 1892.
Le produit des primes d'assurance et de la taxe fixe perçues, en 18'. »3
sur les valeurs à l'intérieur, atteint 104,420 fr. 20. La diminution, sur isiio
est de 2,806 fr. 65. Le montant de la taxe au poids de ces mêmes envois
est de 44,288 fr. 70, en 1893, contre 43,468 fr. 60 en 1892, soit une aug-
mentation de 830 fr. 10.
En service international, il a été échangé 138,142 lettres de l'espèce,
valant ensemble 122,065,739 fr. 30. Comparativement au mouvement de
1892, c'est une augmentation de 3,049 en nombre et une diminution de
trois millions 472,406 fr. 73 en valeur.
Le mouvement général des lettres assurées (service intérieur et ser-
vice international) atteint donc, en 1893, le nombre de 380,691 envois
représentant une valeur de 410,983,698 fr. 58 avec un produit de
215,693 fr. 40.
Six lettres ont été perdues en 1893.
En Allemagne et en Angleterre, l'assurance-transport est de prati-
que courante; au contraire eii Autriche-Hongrie, elle ne joue, parait-il,
qu'un rôle très secondaire en ce qui concerne les assurances maritimes,
par suite du peu d'importance du commerce d'outre-mer.
Les Compagnies austro-hongroises se bornent donc, à une ou deux
exceptions près, à assurer les transports par voie fluviale ou par voie de
terre.

L'Assurance maladie. — Son organisation privée et officielle, son


fonctionnement, ses résultats en Angleterre, en France, en Allemagne, en
Autriche, Danemark, Suède, Suisse.
Le germe de l'assurance maladie existait dans les associations d'as-
sistance de l'antiquité.
De nos jours, cette assurance est pratiquée dans les Sociétés desecours
mutuels en France et autres associations humanitaires ou profession-
nelles.
Mais c'est en Angleterre qu'il faut constater ses progrès au point de
vue de l'initiative privée.
Si nous consultons le bulletin de Y Office du Travail, nous enregis-
trons que les Industrial Companies, les Friendly Societies ordinaires, les
Trades-Union et les Associations of employed sont les organes ordinaires
de l'assurance contre la maladie en Angleterre.
Les Industrial Companies font, en principe, l'assurance2maladie;
HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANC F. EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 297

mais ce genre d'affaires est très peu développé, en comparaison du mon-


tant des assurances sur la vie. Les contrats sont individuels ou collectifs.
Pendant l'année 1893, ces Compagnies ont encaissé 382,000 francs de
primes et payé aux assurés une somme de 389,000 francs en indemnités
de maladie. Ces nombres sont, pour ainsi dire, insignifiants en regard des
primes et des capitaux d'assurances sur la vie, qui se chiffrent par
dizaines et centaines de millions.
Dans les Friendly Societies, Trades- Union, etc., l'allocation de secours
pécuniaires en cas de maladie est un des objets fondamentauxdes statuts.
Le payement a lieu par semaine et pendant une durée plus ou moins
longue, indépendamment,de la gratuilô des soins médicaux et de la four-
niture des médicaments. Quelquefois, le traitement à l'hôpital est substitué
à l'indemnité pécuniaire. Il n'existe à ce sujet aucune règle générale; les
dispositions statutaires sont très variables, et, dans certains cas, la fixa-
tion du maximum de durée d'allocation de secours est même laissée à
l'entière discrétion du Comité central exécutif.
On possède, pour les années 1892 et 1893, les renseignements statis-
tiques suivants touchant les dépenses de maladie effectuées par 167 et
228 Sociétés :
En 1892, 167 associations renfermant 551,333 membres ont dépensé
5,307,000 francs;
En 1893, 228 associations renfermant 622,908 membres ont dépensé
5,969,000 francs.
Ces chiffres ne représentent d'ailleurs qu'une partie des sommes dé-
pensées annuellement pour l'assurance maladie, caries autorités chargées
de recueillir et de centraliser les résultats statistiquesn'ont reçu de rapports
sur la question que d'une fraction du contingent total des associations.
L'Office du Travail fait remarquer à ce sujet que le rapport du Chief
registrar of Friendly Societies, pour 1892, constate un total de 441 trades-
union enregistrées avec 1,049,000 membres et un revenu annuel de plus
de 39 millions de' francs, et que le rapport du Chief labour correspondent on
trades-union indique, à la fin de 1893, le chiffre de687unions (enregistrées
et non enregistrées) avecl,271,000 membres,accusantunrevenude49mil-
lions de francs et une dépense, pendant l'exercice, de 56 millions de francs.
En France, nous avons possédé plusieurs sociétés maladies: la Caisse
Médicale, devenue plus lard Y Assurance maladie (I), la Métropole et le
(I) L'Assurance maladie avait pour objet :
L'assurance et la réassurance des personnes contre les maladies;
L'assurance et la réassurance contre les accidents de toute nature pouvant
atteindre les personnes et provenant de causes extérieures, violentes et involontaires.
298 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Progrès, qui existe encore. Seule des Compagnies d'assurances, la Caisse


Généraledes Familles (1) a.abordé celte combinaison. L'Urbaine accidents
en a fait un complément de l'assurance sur la vie (2).
Le maximum de la somme que la Société peut assurer sur une personne, pour uuo
assurance de maladies ou d'accidents, est fixé à :
Vingt-cinq francs d'indemnité journalière en cas d'incapacité temporaire de travail
occasionné par une maladie;
Vingt-cinq francs d'indemnité journalière on cas d'incapacité temporaire de tra-
vail occasionnée par un accident ;
Trois mille francs de rente viagère annuelle en cas d'incapacité permanente do
travail provenant de maladie ou d'accident;
Cinquante mille francs de capital fixe si l'accident a causé la mort.
La Société, qui était à primes fixes, a été fondée au capital social de 550,000 francs
pouvant être porté successivement à 5 millions 500,000 fr. Elle avait à sa tête le
docteur Cottard et plusieurs médecins attachés aux liôpitaux de Paris, dont la compé-
tence est incontestable, et enfin quelques personnalités des plus honorables.
(1) La Caisse Générale des Familles n'admet les assurances maladie que pour les
hommes ou les femmes qui ont plus de vingt ans et inoins de soixante ans. Un tarif a
été dressé d'après l'âge de l'assuré. Il couvre les deux risques do maladie et d'acci-
dent; mais il est permis de ne s'assurer que contre le risque de maladie naturelle;
dans ce cas, les primes du tarif sont diminuées de quotités variables suivant la classe
a laquelle appartient l'assuré.
Les classes sont au nombre de quatre. La première comprend les professions
libérales : officiers ministériels, avocats, magistrats, littérateurs, artistes dramatiques,
peintres, musiciens, négociants, employés sédentaires, voyageurs do commerce, méde-
cins, ingénieurs, etc. Dans la seconde classe figurent les employés supérieurs des
chemins de fer, postes et télégraphes, ingénieurs, patrons et contremaîtres dirigeant
les travaux des usines et chantiers sans prendre aucune part aux travaux manuels des
ouvriers. Enfin, les deux dernières classes comprennent toutes les professions
manuelles, pour les ouvriers aussi bien que pour les patrons et les contremaîtres qui
prennent part à leurs travaux.
Chacune de ces classes acquitte, sauf la première, les primes annuelles des tarifs
avec une surprime croissante. Moyennant ces primes et surprimes, la première classe
a droit à une indemnité quotidienne dont le maximum est fixé à 15 francs par jour. Ce
maximum s'élève à 10 francs pour la seconde classe, 5 francs pour la troisième et
3 francs pour la quatrième.
Les tarifs sont au nombre do deux. L'un assure une indemnité quotidienne après
sept jours au moins de maladie, sans qu'elle puisse dépasser 120 jours. Une limita-
tion analogue a lieu dans les Sociétés de secours mutuels et dans l'assurance acci-
dents. Ce délai de quatre mois suffit pour tous les cas de maladies aiguës, même les
plus graves. Le second tarif, qui couvre les risques des maladies chroniques ou d'in-
firmité permanente, assure une indemnité quotidienne après 120 jours d'incapacité et
sans aucune limite tant que l'assuré est incapable de se livrer a aucun travail. Mais
elle est limitée à dix-huit mois à partir du jour où l'assuré, sans pouvoir reprendre
ses occupations personnelles, est reconnu capable d'un autre travail.
(2) Voir page 289, Assurance complémentaire.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 299

L'Allemagne a imposé officiellement l'assurance maladie qui a pour


but de venir en aide à l'ouvrier que sa santé condamne au chômage. Elle
a été rendue obligatoire par loi du 15 juin 1883 pour les
ouvriers indus-
triels et du 5 mai 1886 pour les ouvriers agricoles. La loi complémentaire
du 10 avril 1892 autorise les corporations à se charger du traitement des
blessés.
Chargé d'une mission en Allemagne afin d'y étudier les assurances
ouvrières, M. Maurice Block a lu, ces temps derniers, à l'Académie des
sciences morales et politiques, un rapport qui expose le fonctionnement
des Caisses maladies allemandes et commente leur législation.
Cette législation institue une double obligation : celle pour les
ouvriers et employés de verser une cotisation, celle pour les patrons d'a-
jouter une subvention égale à la moitié de cette cotisation.
Cette première obligation incombe à tous ceux qui travaillent
pour un salaire, mais le patron doit faire inscrire à une caisse ses
ouvriers, s'ils ne le sont déjà. C'est une des premières questions que
l'employeur a le devoir d'adresser à un nouveau collaborateur, et, s'il ne
le faisait pas inscrire, les frais de maladie seraient à sa charge.
La loi connaît sept catégories de caisses. Il y a d'abord la caisse
communale, mais elle ne fonctionne que s'il n'y en a pas d'autres. Dans
ce dernier cas et si les employeurs demandent à faire inscrire leurs
collaborateurs, l'autorité communale doit ouvrir un compte de recettes et
de dépenses spécial ^qui figurera ou représentera la caisse d'assurance
contre les maladies. Les versements seront de 1/2 à 2 0/0 des salaires,
et l'indemnité payée au malade sera égale à la moitié du salaire d'un jour-
nalier. Comme la caisse communale est ici un pis aller, ses indemnités
représentent un minimum.
La principale catégorie de caisse est celle dite caisse locale. Il serait
plus exact de l'appeler caisse professionnelle. On la trouve dans les villes
où l'autorité municipale doit grouper, autant que possible, les ouvriers
par industrie. Dans cette caisse les indemnités, comme les cotisations,
sont plus élevées que pour la caisse communale.
Il y a ensuite les caisses de fabrique comprenant les ouvriers d'un
même établissement; il faut au moins cinquante ouvriers pour que la
caisse soit obligatoire ;
Puis, les caisses d'entreprises de construction, créées par des cons-
tructeurs de chemins de fer, de canaux, etc. Ce sont des établissements
temporaires ;
Les caisses de corporations industrielles, qui sont spéciales aux
ouvriers de ces corporations ;
300 HISTOIRE GÉNÉRALE DE 1,'ASSURANCE EN FRANCE ET A I.'ÉTRANGER

Les caisses des mineurs, dont les plus vieilles datent de quatre à
cinq siècles ;
Enfin, les caisses libres, qui sont également en partie anciennes,
créées par des ouvriers, et ne sont pas obligatoires comme les autres,
mais seulement tolérées. Cependant les membres des caisses libres ne
sont pas tenus de se faire inscrire à une autre caisse.
Passons maintenant aux résultats.
D'après les chiffres de l'Office du Travail, le nombre moyen des cais-
ses contre la maladie,qui ont fonctionné pendant l'année 1893, s'est
élevé, pour tout l'Empire, à 20,681. Le nombre moyen total des personnes
assurées a été de 7,107,000; ce chiffre correspond à une population
moyenne de 344 assurés par caisse.
Les recettes des caisses se sont montées à 165,172,000 francs et les
dépenses à 157,524,000 francs.
Les recettes comprennent 131,075.000 francs de cotisations, ce qui
représente, en moyenne, par assuré 16 fr. 40, dont deux tiers, soit 12fr.25,
à la charge de l'ouvrier assuré, et un tiers, soit 6 fr. 15, à la charge de
l'employeur.
Quant aux dépenses, elles s'élèvent à 154,524,800 francs.
Le nombre des jours de maladie s'est élevé à 46,199,436. La somme
des indemnités ayant été de 57,219,000 francs, l'indemnité moyenne par
journée de maladie ressort, par conséquent, à 1 fr. 25 (1).
L'Autriche a suivi l'Allemagne dans cette voie, et la loi du 30 mars
1888 a réglementé d'une façon obligatoire l'assurance des ouvriers de
l'industrie contre la maladie.
Antérieurement à cette époque, l'assurance contre la maladie avait
déjà, en partie, fait l'objet de lois spéciales. Mais la loi du 26 novembre
1852 ne concernait que les caisses de secours mutuels. Celle du 23 mai
1854 instituait les caisses de secours pour les ouvriers mineurs. La loi
du 20 décembre 1859, loi industrielle, modifiée en 1883 et 1885, ordonnait
la création par les soins des patrons de caisses de maladie dans la
grande industrie. Enfin, une loi du 15 mars 1883, réinstituant les
corporations pour la petite industrie, stipulait qu'elles devaient éta-
blir des caisses de secours pour protéger leurs membres contre la
maladie.
La loi du 30 mars 1888 est venue combler les lacunes de la lôgisla-
(1)Comme nous l'avons déjsï dit page 154, cette loi sera prochainement modifiée,
car elle n'a pas absolument réussi au gré do ses partisans. Voir Réforme sociale,
février 18%. Projetd e transformation des assurances sociales en Allemagne,
M. Gruner.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L*ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 301

lion précédente, en généralisant l'application du principe de l'obligation


de l'assurance pour les ouvriers industriels.
Le premier paragraphe de l'article premier est ainsi conçu :

« ARTICLE PREMIER. — Tous les ouvriers et employés assurés contre


«
les accidents survenus au cours de leur travail, conformément à la loi
« sur
l'assurance des ouvriers contre les accidents, sont assurés contre
«
la maladie, en vertu de la présente loi. »
Ainsi que le mentionne dans ses remarquables études sociales
Y Office du Travail (1), en Autriche, comme en Allemagne, ce sont des

organes locaux, appelés caisses de maladie, qui sont chargés de l'assu-


rance. On en peut distinguer six types principaux :
« 1° Les Caisses
de district qui reposent sur le principe de la mor-
«
talitô. En thèse générale, il en doit être créé une par chaque circons-
«
cription judiciaire, au siège du tribunal de district.
« 2° Les
Caisses de fabriques qui sont établies, comme les caisses
«
allemandes de la catégorie similaire, dans les usines et fabriques de
«
certaine importance. Généralement, un patron qui occupe cent
« personnes ou
plus a le droit (sauf pour le cas où il ne fournirait à
«
l'autorité politique provinciale des garanties suffisantes pour le bon
«
fonctionnement financier de la caisse) d'instituer une caisse de
«
fabrique.
« 3° Les
Cuisses d'entreprises de construction dont l'autorité politique
«
provinciale peut imposer la création aux chefs d'entreprises, môme
« pour des travaux d'un caractère
provisoire quand de nombreux ouvriers
«
doivent y être occupés pendant un certain temps.
« 4° Les Caisses de corporations
qui sont spéciales aux corporations
« ou corps de métiers,
principalement recrutés dans la petite industrie.
« 5° Les Caisses minières instituées en vertu de la législation sur les
«
mines.
« 6° Les Caisses de Sociétés dans la catégorie desquelles rentrent
« toutes les Caisses non obligatoires, telles que les Sociétés de secours

« mutuels.

« Ces dernières correspondent aux Caisses libres d'Allemagne. »

En principe, les cotisations pour les personnes assujetties à l'obliga-


tion de l'assurance sont supportées, pour les deux tiers, par les assurés
et pour un tiers par les patrons.
Résultats statistiques de l'assurance obligatoire contre la maladie en
(1)
Allemagne, fasc. V. — Idem en Autriche, fasc. VI.
302 HISTOIRE GÉNÉRALE DE 1,'ASSURANCE EN FRANCE ET A I,'ÉTRANGER

Cependant l'article 34 de la loi autorise une modification au profit


des ouvriers si « dans l'assemblée générale, les délégués des patrons
« d'abord, puis ceux des membres de la Caisse l'ont décidé après discus-
« sion séparée et vote séparé des deux classes d'intéressés... »
En cas d'excédent de recettes les cotisations peuvent être diminuées.
Enfin si les receltes sont insuffisantes pour faire face au payement
des secours, c'est au patron qu'incombe la charge de parfaire la différence
de ses propres deniers (art. 47 de la loi).
Chaque caisse de district doit prélever par an, au minimum, deux
dixièmes des cotisations annuelles reçues par la caisse. Ce prélèvement
constitue les fonds de réserve dont une partie est consacrée à la constitu-
tion des fonds de réserve de la caisse elle-même, et le reste est affecté au
fonds de réserve de l'Association des Caisses. Car, tandis qu'en Allemagne,
pour les caisses communales et locales, l'association est facultative, il
importe de remarquer que les caisses de district autrichiennes doivent, au
terme de la loi, se grouper en associations (1).
Ces associations ont pour objet de régler les questions qui intéressent
l'ensemble des caisses réunies. Grâce à cette organisation, une,caisse do
district n'est jamais isolée, car elle est reliée administralivement et finan-
cièrement à un groupe constituant une unité d'ordre supérieur. L'autorité
provinciale est chargée d'exercer une surveillance officielle sur l'Asso-
ciation.
Les secours alloués en cas de maladie comprennent : les soins du
médecin et moyens thérapeutiques divers et les secours en argent. Une
indemnitéfunéraire est, en outre, accordée aux ayants droit, en cas do
décès d'un assuré.
Le minimum de ces secours en taux et en durée est déterminé par la
loi autrichienne qui en afait l'objet d'une prescription générale s'appliquant
à toutes les caisses qu'elle reconnaît ou institue comme organes de l'assu-
rance obligatoire.
Elle détermine aussi le maximum des secours, mais seulement pour
les caisses de district, les caisses de fabriques et les caisses d'entreprises
de construction.
Les femmes en couches ont droit aux secours de maladie pendant
quatre semaines au moins, après l'accouchement, si celui-ci s'est effectué
normalement. L'indemnité funéraire, en cas de décès d'un assuré, est au
moins égale à 20 fois le salaire quotidien.
Enfin, pour toute maladie qui dure plus de trois jours, si le malade

(1) Journal la Lanterne, 1894. L'assurance maladie on Autriche."§


HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A J.'ÉTRAN'GER 303

est incapable de travailler, il est alloué à l'assuré un secours pécuniaire


quotidien depuis le premier jour de la maladie. Il doit être égal à 60 p. 100
du salaire quotidien moyen des ouvriers ordinaires de la circonscription
judiciaire, soumis à l'obligation de l'assurance. Ce secours est dûpendant
toute la durée de la maladie, et, si elle ne prend fin plutôt, au moins pen-
dantvingt semaines, depuis le commencement de la maladie. Il est payable
à la fin de chaque semaine.
Comme maximum, le secours pécuniaire de maladie ne peut excéder
75 p. 100 du salaire de base. La durée des secours de maladie (médecin,
pharmacien, etc.) ne peut dépasser un an. Pour les indemnités funéraires,
le maximum est fixé à 50 florins (125 fr.).
En 1893, le nombre des caisses d'assurance contre la maladie s'est
élevé à 2,813, et le nombre moyen des personnes assurées à 1,840,000.
Si à ce dernier chiffre l'on ajoute les 145,000 ouvriers mineurs affiliés
aux caisses spéciales minières (Brudcrladen) pendant le même exercice,
on arrive à un total de 1,085,000 personnes assurées contre la maladie,
en Autriche, dans le courant de l'année 1893; ce qui représente, en
moyenne, 83 assurés par 1,000 habitants.
En ce qui concerne spécialement les 2,813 caisses ci-dessus mention-
nées, le relevé des jours et des cas de maladie indemnisés a donné les
résultatssuivants :

Nombre de jours de maladie 15.089.873


Nombre de cas de maladie 900.342
Nombre moyen de jours de maladie par assuré. 8.20
Nombre moyen de cas de maladie par assuré.
Durée moyenne des cas de maladie
...
. .
0.49
16 j. 8

Les recettes totales ont été de 15,062,557 florins et les dépenses


totales de 13,865,353 florins.
Les recettes comprennent 14,100,906 florins de cotisations. Cette
somme correspond à une cotisation moyenne de 7 fi. 66 par assuré (envi-
ron 16 francs).
Les dépenses se sont élevées à 13,865,353.
Les frais d'administration se montent à 7.9 0/0 du total des dépenses,
soit à 8.9 0/0 des dépenses utiles ou frais de maladie.
Evalués par assuré, les frais de maladie atteignent une valeur
moyenne de 6 fi. 65 par tête dans l'ensemble des caisses.
Par jour de maladie indemnisé, la moyenne des frais s'est élevée à
0 A. 81. Sur cette
somme, 0 fl. 21 ont été dépensés en honoraires de
304 HISTOIRE GÉNÉRALE 1)13 L'ASSURANCE EN FRANCE ET A I.'ÉTRANGEH

médecins et en médicaments, et environ 0 il. 60 distribués en argent ou


payés aux hôpitaux pour frais de traitement.
Quelques pays d'Europe semblent vouloir suivre les deux grands
États dans la voie de l'assurance officielle maladie.
En Norvège, le gouvernement vient de présenter au Storthing un
projet de loi établissant une assurance d'État contre les maladies de.;
classes laborieuses.
En Danemark, le Rigsdag sera prochainement appelé à se pro-
noncer sur divers projets de loi établissant, en faveur des ouvriers, des
assurances contre la maladie, les accidents et la vieillesse.
Ces projets, dus à l'initiative des députés socialistes, sont presque
entièrement calqués, pour les détails et pour les sommes, sur les lois
allemandes; mais ils en diffèrent par le principe, en ce sens que les
employeurs restent étrangers au payement des diverses indemnités ; ils
sont remplacés par les contribuables sur lesquels devra de ce chef peser
un impôt nouveau.
Les socialistes danois ont introduit dans leurs projets une autre
innovation : l'attribution d'une rente minima de 200 à 250 couronnes à lu
veuve ou aux enfants de tout assuré décédé.
En Suisse, M. Forrer a présenté au Conseil fédéral un projet relatif
à l'assurance ouvrière en cas de maladie (1).
Dans ce système, l'assurance contre la maladie devient obligatoire
pour ceux qui travaillent au service d'autrui d'une manière permanente,
facultative pour les autres catégories de travailleurs. Le patron paye la
moitié des cotisations des assurés obligatoires. Les communes et les
cantons supportent le poids de l'assurance ; la Confédération leur vient
en aide par le centime fédéral, subside quotidien d'un centime par
assuré.
Le coût total se chiffrerait par une dépense annuelle d'environ
25 millions.
La difficulté sera de trouver les ressources nécessaires, soit 5 à 6 mil-
lions, représentant la participation de la Confédération. «. On a songé au
monopole du tabac, mais il ne faut pas oublier qu'en Suisse (2) le légis-

(1) En novembre 1890, le peuple suisse a voté un article 34 bis à la Constitution,


en vue de l'établissement de l'assurance obligatoire, ainsi conçu :
La Confédération! introduira par voie législative l'assurance contre les accidents et
la maladie, en tenant compte des caisses de secours existantes. Elle peut déclarer Ui
participation à ces assurances obligatoires ea général pour certaines catégories déter-
minées de citoyens.
(2) Journal le Temps, 1895.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 305

lateur propose et le peuple dispose •, ce serait vouer le projet à un échec


assuré que de le combiner avec un monopole nouveau, et surtout celui
du tabac, contre lequel se lèveraient d'enthousiasme 4 à 500,000
tumeurs. »
Nous venons de voir dans la note ci-contre qu'il existait en Suisse
des Caisses libres.
En 1880, d'après M. Kinkelin, elles sont au nombre de 919, dont
7 caisses d'entreprises de chemin de fer.
La population assurée à ces Caisses s'élève à 149,397.
Le nombre annuel moyen de jours de maladie par tête, ou coefficient
de morbidité, a été calculé par groupe d'âges.

Assurances invalidité, vieillesse, retraites. — Historique, critique. —


Loi sur la majoration des retraites. — Loi sur les ouvriers mineurs. — Loi
dit, 27 décembre 1895 concernant les caisses de retraites, de secours et de
prévoyance fondées au profit des employés et des ouvriers. — Les caisses
patronales des Compagnies d'assurances ; quelques types de caisses ; France,
Belgique. — L'Épargne. — La Cagnotte. — Le Travail. — Projet
Oulmière. — Suisse. — Projet Tirard. — Projet Lebon. — Société de
retraites : Prévoyants de l'Avenir, France Prévoyante, etc. — Retraites
au Angleterre. — Invalidité et vieillesse en Allemagne. — Caisse des
mineurs en Autriche — Danemark — Hollande — Belgique — Suède.
La retraite, l'invalidité et la vieillesse sont les grands problèmes que
les législateurs auront à résoudre un jour prochain.
Mais qu'on ne s'y trompe pas, avec leur solution législative surgira
la paix sociale ou la révolution sociale.
Que la sagesse inspire nos maîtres !
En France, un nombre incalculable de projets a été déposé (1). Le
(l) En voici la nomenclature :
1° Proposition de loi tendant à instituer une Caisse nationale des retraites du
travail, présentée par MM. Laisant, Gabriel, députés. — 18 janvier 1890.
2° Proposition de loi sur la Retraite des ouvriers de l'agriculture et de l'industrie,
présentée par M. Bôrard, député. — 27 mars 1890.
3° Proposition de loi sur l'organisation d'une Caisse de retraites, présentée par
M. Papelier, député.
— 3 juin 1890.
t° Proposition de loi sur l'organisation d'une Caisse de retraites des ouvriers,
présentée par MM. Adam et Piôrard, députés.
— 3 juin 1890.
5° Proposition de loi sur l'organisation d'une Caisse de retraites des travailleurs
et des invalidas du travail et d'une Caisse de capitalisation, présentée par MM. de
Hamel, Le Gavrian, députés.
— 8 juillet 1890.
23
306 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

principal est celui qui a pour but de créer une Caisse nationale des
retraites ouvrières.
Ce projet, dont l'honorable M. Guieysse, député du Morbihan, a été
le rapporteur, a soulevé certaines critiques (1) dont il semble que le
législateur a tenu compte, puisqu'il s'en est tenu, quant à présent, à voter
simplement une amorce à la loi future au moyen d'une subvention de

6° Proposition de loi tendant à organiser une Caisse nationale de retraites pour


les travailleurs des deux sexes, présentée par MM. Isambard et Goujon, députés.

21 mars 1891.
7° Projet de loi concernant la création d'une Caisse nationale de retraites
ouvrières, présenté, au nom du Gouvernement, par M. Constans, ministre de l'inté-
rieur. — 6 juin 1891.
8° Proposition de loi sur l'organisation d'une Caisse d'épargne-retraite, présentée
par M. Papetier. — 30 décembre 1891.
9° Proposition de loi tendant à instituer : 1° une Caisse nationale de retraites
pour les vieillards des deux sexes âgés de plus de soixante ans ; 2° une Caisse de
secours pour les incapacités absolues et temporaires du travail ; 3° une Caisse de
secours immédiate à l'extrême misère, présentée par M. Lacôte, député. —
16 février 1892.
10° Proposition de loi concernant la création d'une Caisse générale de retraites,
présentée par MM. Chassaiug, Girodet, députés. — 11 avril 1892.
(1) M. Albert Gigot, ancien préfet de police, Président en 1894 de la Société
d'Économie sociale : Conférence de Nancy. Journal l'Assurance Moderne du 15 sep-
tembre 1894.
M. René Lavollôe : Société des Agriculteurs de France, session de 1894.
MM. Leroy Beaulieu, Journal des Économistes, 1894; Imbert Cyprès, dans son
ouvrage : L'Assurance sur la oie et les caisses de retraite.
Eugène Rochetin : La Caisse nationale de Prévoyance ouvrière et l'intervention
de l'État.
Au sujet d'un projet antérieur des pensions de retraite et de l'épargne obligatoire
que M. Martin Nadaud voulait, à un moment, imposer à l'ouvrier en lui retenant une
partie de son salaire, M. de Kertanguy, alors actuaire de la Compagnie d'Assurances
Générales sur la vie, actuellement directeur général de cette Compagnie, a répondu dans
son étude si positive sur le nouveau projet de loi concernant la Caisse des retraites :
« Un Etat n'est pas autorisé à porter ainsi une atteinte violente à la volonté
«
individuelle ni aux oeuvres qui peuvent être le résultat de l'initiative privée. Une
«
pension de retraite convient à beaucoup d'ouvriers, peut-être à la plupart ; cepen-
« dant, il en est d'autres à qui leur situation de famille ou l'importance de leur

« salaire permet d'ambitionner la création d'un petit capital qu'ils laisseront


« après eux en patrimoine à leurs enfants. D'autres désireront acquérir une maison,
« un
petit établissement où d'ouvriers ils deviendront patrons. Est-on en droit de
«
détourner leurs économies du but qu'ils leur assignent, et ne serait-ce pas apporter
« un obstacle à l'élan de leurs bonnes inspirations que de les obliger à diriger, vers
« un but différent de celui qui les attire, leurs épargnes si péniblement amassées ".'

« Certes, l'idée est belle, philanthropique et charitable de vouloir amener l'ouvrier


HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 307

deux millions (1), pour la majoration de certaines pensions servies par


la Caisse nationale des retraites pour la vieillesse.

»
à songer à son avenir personnel, à celui de sa femme et à celui de ses enfants ; de
«
lui apprendre la valeur de la plus petite économie, et comment, par des épargnes
,i
successives, il peut arriver, sinon toujours à l'aisance, du moins à se défendre contre
»
le danger d'une misère absolue. Mais les agents financiers ne sont ici que les servi-
«
teurs des agjnts moraux, et c'est au coeur de l'ouvrier qu'il faut frapper avant de
«
lui demander d'ouvrir sa bourse. Hélas ! que fait-on aujourd'hui pour rendre le
« coeur
de l'ouvrier accessible au sentiment du devoir et à l'amour do la famille? »
(1) ARTICLE PREMIER. — Le crédit ouvert au chapitre 13 du budget du ministère du
commerce et de l'industrie est affecté à la majoration des rentes viagères constituées
au profit des titulaires de livrets individuels de la Caisse nationale des retraites pour
la vieillesse, et des membres des Sociétés de secours mutuels ou de toute autre
Société de secours et de prévoyance servant des pensions de retraite, qui justifieront
de la continuité des versements exigés par la présente loi, âgés de moins de
soixante-dix ans.
ART. 2. — Pour avoir droit à cette majoration, les titulaires de ces rentes, outre
la condition d'âge indiquée à l'article précédent, devront :
1° Justifier qu'ils ne jouissent pas, y compris ladite rente viagère, d'un revenu per-
sonnel, viager ou non, supérieur à 300 francs ;
2° Avoir effectué pendant vingt-cinq années, consécutives ou non, des actes de
prévoyance, soit par vingt-cinq versements annuels au moins opérés sur un livret de
la Caisse des retraites, soit par vingt-cinq cotisations régulières en qualité démembre
participant d'une des Sociétés visées à l'article lor, ayant, depuis le môme temps, établi
un fonds de retraite.
Des comptes annuels seront produits par ces Sociétés à l'appui de leur demande.
A titre transitoire et pendant une période de dix années, à partir de 1895, le nom-
bre d'années de prévoyance exigées de chaque pensionnaire sera toutefois abaissé ainsi
qu'il suit :
Quinze ans de prévoyance pour les pensionnaires qui demanderont la bonification
do retraite en 1895 et, d'ailleurs, réuniront a cette date les conditions exigées;
Seize ans pour ceux qui feront la demande eu 189ij, et ainsi de suit9, en exigeant
une année de plus à chaque exercice nouveau, jusqu'en 1905, date à laquelle la condi-
tion de vingt-cinq ans sera définitivement exigée de tous.
ART. 3. — Un règlement d'administration publique déterminera la répartition au
marc le franc des crédits ouverts pour la bonification des retraites. Ces crédits seront
versés à la Caisse nationale des retraites à capital aliéné. Les arrérages de ce capital
ne pourront être dépassés, et les pensions servies, majoration comprise, ne devront
pas s'élever à une somme annuelle supérieure à 360 francs.
Sur l'avis de la Commission supérieure de surveillance de la Caisse nationale des
retraites pour la vieillesse, des bonifications spéciales pourront être attribuées aux
parents ayant élevé plus de trois enfants.
ART. 4.
— Indépendamment des crédits ouverts annuellement au budget, le revenu
de la moitié du produit de la vente des joyaux de la couronne formera
une dotation
spéciale affectée au service des pensions exceptionnelles créées en vertu de l'article 11
de la loi du 20 juillet 1886.
308 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Dans un chapitre précédent (1), nous avons signalé l'existence de la


Caisse nationale des retraites pour la vieillesse, nous ne reviendrons pas
sur les critiques observées ; quelques mots de son histoire et de son
fonctionnement suffiront.
Proposé primitivement par Duvillard, le dépôt d'un projet gouverne-
mental a été effectué en 1848.
La Révolution alors déclarée reporte l'étude de l'idée gouvernemen-
tale à 1849.
Le projet fut repris devant l'Assemblée législative par MM. Dufournel
et Lestiboudois. Puis le Gouvernement présenta le 26 novembre 1849 un
projet plus développé, dans lequel on proposait, afin de donner à l'institu-
tion à créer un large et rapide essor, d'allouer des primes de 25 francs
aux 100,000 ouvriers de l'agriculture et de l'industrie, qui auraient, les
premiers, réalisé pendant cinq ans un versement annuel de 15 francs au
moins. Quelques membres de l'Assemblée, partisans des principes qui
ont été depuis appliqués en Allemagne à l'assurance ouvrière en cas de
maladie, en cas d'accidents et contre la vieillesse et les infirmités,
demandaient que tout ouvrier travaillant pour gagner sa vie comme
simple salaire fut affilié obligatoirement à la Caisse des retraites et
réclamaient la participation des patrons et les subventions de l'Étal.
Dans le rapport présenté au nom de la commission de l'Assistance et de
la prévoyance publiques, M. Thiers combattit ces propositions.
Bref, le côté de la modération l'emporta, on laissa la question obliga-
tion de côté et, sur les conclusions exprimées par un second rap-
porteur M.- Benoist d'Azy, l'Assemblée , législative de 1850 vota le
projet (2).
La Caisse nationale des retraites est donc créée, elle est instituée
pour recueillir et faire fructifier, par l'accumulation des intérêts, l'épargne
réalisée par le déposant en vue de s'assurer une pension de retraite pour
ses vieux jours.
Elle permet également la constitution de rentes viagères au profit
de toute personne au nom de laquelle des versements sont effectués à
partir de l'âge de trois ans.

Le bénéfice de l'article 11 de la loi du 20 juillet 1886 est applicable aux membres


participants des Sociétés de secours mutuels.
La dotation mentionnée au paragraphe 1er du présent article est versée à la Caisse
des dépéts et consignations, qui lui bonifiera un intérêt égal à celui qu'elle sert aux
fonds des caisses d'épargne.
(1) Caisses régies par l'État, p. 169 etp.171, rapport de M. le baron de Beauverger.
(2 1889, Rapport de M. Fontaine. Section d'Economie sociale.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 309

Les rentes auxquelles donne droit chaque versement, à l'âge fixé au


moment du versement, sont inscrites sur le livret individuel.
Le maximum de la rente totale inscrite sur une tête est de douze
cents francs.
Les rentes varient selon que le versement est effectué à capital aliéné
ou à fonds perdu, et à capital réservé, c'est-à-dire devant être remboursé,
au décès du titulaire de la rente, soit à ses héritiers ou ayants droit, soit
au donateur.
L'entrée en jouissance de la pension est fixée, au choix du déposant,
à partir de chaque année d'âge accomplie de 50 ans à 65 ans. Dans le
trimestre qui précède l'entrée en jouissance de sa rente, le titulaire peut
reporter cette jouissance à une autre année, ce qui augmente le chiffre
de sa rente.
A l'époque fixée par le déposant, le droit à la pension est constaté
par la remise d'une inscription de rente viagère. Les arrérages en sont
payables chaque trimestre à la Caisse des dépôts et consignations
et, dans toute la France, chez les receveurs des finances et percepteurs.
Les rentes sont incessibles et insaisissables jusqu'à concurrence de
360 francs.

La loi sur la majoration des retraites avait été précédée d'une loi de
juin 1894 sur les caisses de secours et de retraites des ouvriers mineurs.
Trente et un articles concernent cette loi (1) qui n'a pas donné les
résultats qu'en pouvait attendre le Pouvoir.
Cette loi en effet n'a pas satisfait les intéressés ; elle a fixé un chiffre
dérisoire pour les pensions ; par contre, elle a consacré le principe de la
retraite due à tout ouvrier âgé de cinquante-cinq ans, ayant travaillé
pendant trente ans dans n'importe quelle mine ou dans n'importe quel
bassin houiller de France.
Avant la loi de 1894, les mineurs étaient placés, au point de vue
des retraites, sous le régime patronal. Ainsi dans le bassin de la Loire,
cinq Compagnies, celles de Villeboeuf, St-Étienne, de la Loire, de Mont-
rambert et de la Pôronnière, étaient syndiquées et payaient des retraites
à leurs ouvriers. En ces dernières années, la Compagnie de Montrambert
avait porté les retraites de ses ouvriers à 540 francs et elle avait institué
des retraites proportionnelles; la Compagnie de Firminy avait suivi
depuis peu cet exemple.

(1)Bulletin du Comité permanent. N6 2,1894 : texte. — Circulaire du Ministre des


travaux publics relative à l'application.
310 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A 1,'ÉTRANGER

Les mineurs du bassin de la Loire et certains autres bassins ont


marqué leur préférence en faveur de ce régime et manifesté leur sentiment
hostile pour celui institué par la loi de 1894.
L'application de cette loi a naturellement provoqué de très sérieuses
études au nombre desquelles nous signalons celles de M. A. Gibon, inge
nieur des arts et manufactures, ancien président de la Société d'Économio
sociale, ancien directeur des mines de Commentry.
M. Gibon est absolument contraire à l'ingérence de l'État dans les
institutions patronales.
Enfin, par une loi récente, celle du 27 décembre 1895, concernant les
Caisses de retraite, de secours et de prévoyance fondées au profit des
employés et ouvriers (1), l'État soulève une révolution dont, assurément,

(1) ARTICLE PREMIER.


— En cas de faillite, de liquidationjudiciaire ou de déconfiture,
lorsque, pour une institution de prévoyance, il aura été opéré des rolenues sur le?
salaires, ou que des versements auront été reçus par le chef de l'entreprise, ou que
lui-même se sera engagé à fournir dos sommes déterminées, les ouvriers, employés
ou bénéficiaires sont admis de plein droit à réclamer la restitution de toutes les
sommes non utilisées conformément aux statuts.
Cette restitution s'étendra, dans tous les cas, aux intérêts convenus des sommes
ainsi retenues, reçues ou promises par le chef de l'entreprise. A défaut de convention
les intérêts seront calculés d'après les taux fixés annuellement pour la Caisse natio-
nale des retraites pour la vieillesse.
Les sommes ainsi déterminées et non utilisées conformément aux statuts devien-
dront exigibles en cas de fermeture de l'établissement industriel ou commercial.
Il en sera de même en cas de cession volontaire, à moins que le cessionnairo no
consente à prendre les lieu et place du cédant.
ART. 2. — La Caisse des dépôts et consignations est autorisée à recevoir, ù tiire
de dépôts, les sommes ou valeurs appartenant ou affectées aux institutions de pré-
voyance fondées en faveur des employés et ouvriers.
Les sommes ainsi reçues porteront intérêt à un taux égal au taux d'intérêt du
compte des caisses d'épargne.
ART. 3. — Dans les trois mois qui suivront la promulgation de la présente loi,
toutes les sommes qui, à l'avenir, seront retenues sur les salaires des ouvriers et
toutes celles que les chefs d'entreprise auront reçues ou se seront engagés a fournir
en vue d'assurer des retraites devront être versées, soit à la Caisse nationale àc>
retraites pour la vieillesse, au compte individuel de chaque ayant droit, soit à la
Caisse des dépôts et consignations, soit à des caisses syndicales ou patronales spécia-
lement autorisées à cet effet.
L'autorisation sera donnée par décret rendu dans la forme des règlements d'admi-
nistration publique. Le décret fixera les limites du district, les conditions de fonction-
nement de la caisse et son mode de liquidation. Il prescrira également les mesures ;i
prendre pour assurer le transfert, soit à une autre caisse syndicale ou patronale»
soit à la Caisse nationale des retraites pour la vieillesse, des sommes inscrites a"
livret de chaque intéressé.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 311

ne bénéficieront pas les employés, car les clauses restrictives de cette loi :
l'introduction de l'inspecteur des finances, le contrôle du receveur, les
résultats de la prévoyance patronale déposés à la Caisse des dépôts et
consignations, auront sans doute pour effet d'amener la suppression de
la plupart de ces caisses (1). Il ne semble pas que cette loi soit absolument
une oeuvre de paix sociale.
Les sommes versées par les chefs d'entreprise dans la caisse syndicale ou patro-
nale devront être employées, soit en rentes sur l'État, en valeurs du Trésor ou garan-
ties par le Trésor, soit en obligations dos départements, des communes, des Chambres
rie commerce, en obligations foncières et communales du Crédit foncier, soit en prêts
hypothécaires, soit enfin en valeurs locales énumérées ci-après, à la condition que
ces valeurs émanent d'institutions existant dans les départements où elles fonction-
nent : bons de mont-de-piété ou d'autres établissements reconnus d'utilité publique.
Les titres seront nominatifs.
La gestion des caisses syndicales ou patronales sera soumise à la vérification de
l'inspection des finances et au contrôle du receveur particulier de l'arrondissement
du siège de la caisse.
Si des conventions spéciales interviennent entre les chefs d'entreprise et les
ouvriers ou employés, en vue d'assurer à ceux-ci, à leurs veuves ou à leurs enfants,
soit un supplément de rente viagère, soit des rentes temporaires ou des indemnités
déterminées d'avance, le capital formant la garantie des engagements résultant des-
dites conventions devra être versé ou représenté à la Caisse des dépôts et consigna-
tions ou dans une des caisses syndicales ou patronales ci-dessus prévues.
ART. 4. —Le seul fait du dépôt, opéré soit à la Caisse des dépôts et consignations,
soit à toute autre caisse, des sommes ou valeurs affectées aux institutions de pré-
voyance, quelles qu'elles soient, confère aux bénéficiaires de ces institutions un droit
do gage, dans les termes de l'article 2073 du Code civil, sur ces sommes et valeurs.
Ce droit de gage s'exerce dans la mesure des droits acquis et des droits éventuels.
La restitution des retenues ou autres sommes affectées aux institutions de pré-
voyance qui, lors de la faillite ou de la liquidation, n'auraient pas été effectivement
versées à l'une des caisses indiquées ci-dessus est garantie, pour la dernière année
(l ce qui sera dû sur l'année courante, par un privilège sur tous les biens meubles
et immeubles du chef de l'entreprise, lequel prendra rang concurremment avec le
privilège des salaires des gens de service établi par l'article 2191 du Code civil.
ART. 5. — Pour toutes les contestations relatives à leurs droits dans les caisses
do prévoyance, de secours et de retraite, les ouvriers et employés peuvent charger,
;i la majorité, un mandataire d'ester pour eux en justice, soit en demandant, soit en
défendant.
ART. 0.
— Un règlement d'administration publique déterminera le mode de
nomination du mandataire et les conditions suivant lesquelles seront effectués le
dépôt et le retrait des sommes et valeurs appartenant ou affectées aux institutions de
prévoyance.
11 déterminera de même le mode de liquidation des droits acquis
et des droits
éventuels, ainsi que le mode de restitution aux intéressés.
(I) La question est actuellement à l'étude dans les Compagnies d'assurances.
312 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

La plupart des Compagnies d'assurances sur la vie, contre l'incendie,


maritimes, accidents, ont créé des caisses de prévoyance pour leurs
employés, il nous semble impossible de parler de chacune de ces caisses
quelques mots sur le fonctionnement des principaux types en faveur sulii.
ront pour montrer que les directions et conseils des Compagnies sont à
l'avant-garde du mouvement patronal vers le bien-être de leurs employés.
M. de Courcy s'exprime ainsi dans son ouvrage : Y Institution des
caisses de prévoyance desfonctionnaires, employés et ouvriers :

« La Compagnie d'Assurances Générales a été fondée en 1818 pour


« une
durée de trente ans. Pendant cette première période, elle n'eut pas
« la pensée
de consacrer à l'avenir de ses employés une institution spé-
«
ciale. Tous les ans elle était dans l'usage de prélever sur ses bénéfices
« une somme
distribuée en gratifications, sans règle fixe, suivant le mérite
« de chacun. Peut-être ces
libéralités inégales et un peu arbitraires amr-
«
neraient-elles autant de mécontentement que de reconnaissance. Les
«
petits employés, les jennes gens avaient bien vile dépensé la gratifica-
tion pour leurs besoins urgents ou leurs plaisirs ; il ne restait pas de
« trace
du bienfait.
« En 1851, la Compagnie ayant été récemment prorogée, résolut do
«
substituer à cet usage la fondation d'une caisse de retraites, alimentée
« par une
participation aux bénéfices. L'assentiment de l'Assemblée des
«
actionnaires était indispensable et fut donné avec empressement. 11 fut
«
décidé que désormais les gratifications seraient réservées aux besoins
«
extraordinaires, comme récompense exceptionnelle, mais que tous les
« ans une somme
égale au vingtième des bénéfices répartis serait
« versée à
la caisse de prévoyance des employés. Une première dotation
« de 150,000
francs fut généreusement votée par les actionnaires. »

La Caisse fonctionne dans les conditions suivantes :


Le Conseil d'administration détermine quelles sont les catégories
des employés des trois branches qui sont admis à bénéficier de l'insti-
tution de la caisse de prévoyance. Les employés ne commencent à par-
ticiper aux bénéfices qu'après la première année qu'ils ont passée tout
entière au service de la Compagnie.
Il est versé au premier janvier de chaque année une somme égale
à 5 0/0 des bénéfices nets répartis aux actionnaires, soit en dividende,
soit en accroissement du capital des actions.
Il est ouvert, au nom de chaque employé participant, un compte
individuel, et les sommes versées à la caisse de prévoyance sont repor-
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 313

tôes entre les livrets individuels au prorata des traitements reçus par
chaque employé dans l'année précédente.
Tous les comptes individuels sont bonifiés d'un intêrêta4 0/0par an.
Lorsqu'un employé a terminé sa vingt-cinquième année de service,
ou à défaut, sa soixante-cinquième année d'âge, son droit à la caisse
est acquis. Sur sa demande ou d'office, une décision du Conseil d'admi-
nistration peut prononcer sa mise à la retraite. Suivant le choix de
l'employé, la somme disponible peut être employée, soit à constituer
une rente viagère, soit à acquérir des rentes françaises, etc., avec cer-
t licats nominatifs dont les titres restent en dépôt à la caisse de la
Compagnie jusqu'au décès du titulaire pour être remis à ses ayants
droit. Certaines circonstances exceptionnelles dont le Conseil est seul
juge, sans être tenu de donner le motif de ses décisions, peuvent amener
le Conseil à consentir un autre emploi : réunir en argent comptant par
exemple.
Tout employé dont le compte est liquidé, souscrit un engagement
d'honneur de ne pas prêter ses services aune autre Compagnie d'assu-
rances, sans une autorisation écrite de la Compagnie. S'il manque à
cet engagement ou si, pour un autre motif quelconque, le Conseil
l'ordonne, toute somme, tout arrérage peuvent lui être supprimés.
Dans tous les cas les sommes à payer, les rentes à servir sont
d'avance déclarées, accordées à titre de libéralité et pour aliments, et
comme telles, incessibles et insaisissables.
En cas de décès d'un employé en activité de service, laissant une
veuve, des ascendants ou des descendants légitimes, les sommes por-
tées à son compte sont remises à ses ayants droit, quels que soient son
Lige et la durée de ses services.
Si un employé est atteint d'infirmités entraînant une incapacité de
travail, le Conseil peut disposer, en sa faveur, de tout ou partie de la
somme portée a son compte.
L'employé démissionnaire, destitué ou congédié, sauf dans le cas de
dissolution de la Compagnie ou par mesure de réduction du person-
nel auquel cas le montant de son compte lui est remis, est déchu de tous
ses droits, même éventuels, à la caisse de prévoyance. La somme inscrite
à son compte est répartie au 31 décembre de l'année entre tous les comptes
participant au prorata des sommes qui y sont déjà inscrites. Toutefois
le Conseil usant d'indulgence peut remettre une partie des sommes ins-
crites au compte individuel.
L'actif de la caisse de prévoyance des employés de la Générale était
de 2,184,064 francs au 31 décembre 1895.
314 HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

L'Urbaine incendie possède avec l'Urbaine vie une caisse de pré-


voyance dont voici les grandes lignes.
Cette caisse a été instituée par délibération du Conseil d'administra-
tion des 15 et 22 avril 1875. Son règlement est analogue à celui de la Compa-
gnie d'Assurances Générales sur la vie, cependantles articles 1 et 3 diffèrent
;

« Article premier. — La caisse de prévoyance, fondée à titre de pure


« libéralité en faveur des employés et garçons de service des deux
« Compagnies Y Urbaine, est régie sous l'autorité du Conseil d'adminis-
«
tration conformément aux conditions ci-après :
« Art. 3. — Chaque année, il est versé à la caisse de prévoyance
« une somme
qui pourra être égale à 4 0/0 des bénéfices nets distribués.
« Ce versement a une valeur du 1™ janvier qui a précédé la
«
répartition.
« L'assemblée des actionnaires pourra toujours modifier, pour
« l'avenir, cette allocation sur la proposition du Conseil.
« Article transitoire. — Les fonds de la première dotation, destinés
« à rémunérer
les services passés, sont attribués exclusivement et dans
«
la proportion déterminée par le Conseil aux employés entrés au service
«
de la Compagnie antérieurement au lor janvier 1875, qui sont encore
« en
activité de service, mais les intérêts portés au livret de chacun
« d'eux ne commenceront à
courir qu'à partir du lor janvier 1S76. »

L'Urbaine et la Seine possède également une caisse de prévoyance


semblable à celle de Y Urbaine incendie et vie. L'article 6 en diffère seu-
lement.
La caisse de prévoyance de Y Union (branche vie et incendie) est
particulièrement intéressante.
Les institutions de prévoyance de l'Union comprennent :
1° Les fonds de secours et de retraites ;
2° Les assurances à demi-primes ;
3° Une caisse de prévoyance;
4° La participation aux bénéfices.
Comme pour la Générale, les sommes formant ces comptes sont
accordées aux employés à titre de libéralité et pour aliments et, à ce titre,
sont incessibles et insaisissables.
Voici quel règlement régit ces diverses caisses :
Tout employé dont le compte est liquidé prend l'engagement de
ne pas porter ses services à une autre Compagnie sans l'autorisa-
tion écrite de la Compagnie.
HISTOIRE GÉNÉRALE. DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A I,'ÉTRANGER 315

L'infraction à cet engagement ou toute autre faute grave aurait pour


conséquence le retrait des sommes accordées au profit de la caisse de
prévoyance.
FONDS DE SECOURS ET DE RETRAIT]-:*. — Il est accordé aux em-
ployés des allocations ou des primes, à titre de secours ou de récom-
pense.
ASSURANCES. — Les employés de Y Union vie sont tenus de souscrire
une assurance mixte sans participation échéant à l'âge de cinquante-
cinq ans et d'un capital de 5,000 francs.
La prime de cette assurance est payée moitié par l'employé sur le
montant de sa participation, moitié par la Compagnie sur les frais
d'administration. Si le montant de la participation de l'employé est infé-
rieur à la demi-prime à sa charge ; le complément est soldé par la
Compagnie.
L'obligation de contracter l'assurance n'a lieu que pour l'employé
ayant moins de quarante ans à la première répartition des bénéfices à
laquelle il participe.
Toute augmentation de traitement accordée à un employé qui n'a
[tas quarante ans au moment de l'augmentation donnera lieu pour lui à
une souscription d'une assurance mixte à demi-prime de 500 francs.
CAISSE DE PRÉVOYANCE. — Un livret individuel est ouvert à chaque
employé.
Sont portés à titre obligatoire sur ce livret :
Une retenue mensuelle de 5 0/0 sur le traitement fixe ainsi qu'une
retenue du douzième de ce traitement annuel lors de la première nomi-
nation et du douzième de toute augmentation ultérieure ;
Le montant total de la participation aux bénéfices, sauf déduc-
tion de la demi-prime des assurances réglementaires ;
La part proportionnelle dans les déchéances encourues au profit de
la caisse de prévoyance.
Les comptes individuels sont crédités des retenues supportées par
les employés de leur part dans les déchéances et bénéfices d'un intérêt
de 4 0/0 capitalisé tous les ans au 31 décembre.
Après deux ans de services, l'employé quittant la Compagnie a droit
au, montant de ses retenues capitalisées ; si l'employé quitte avant, le
montant des retenues profite à la caisse de prévoyance.
Le montant du livret est acquis au titulaire lorsqu'il compte 55 ans
d'âge. Si l'employé âgé de 55 ans est maintenu dans ses fonctions, son
compte n'est liquidé qu'à sa sortie de l'a Compagnie.
Le capital des assurances mixtes arrivant à échéance à cette époque
316 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

est, dans ce dernier cas, versé à son compte individuel, et porte intérêt
dans la suite comme les autres sommes inscrites.
Les employés qu'un accident grave met dans l'impossibilité de con-
tinuer leurs fonctions reçoivent, après décision spéciale du Conseil, le
montant total de leur compte.
L'employé révoqué pour faute grave n'a droit qu'au montant du
compte des retenues faites sur son traitement. L'employé congédié pour
cause de suppression d'emploi a droit à l'intégralité des sommes inscrites
à son livret.
L'employé démissionnaire, s'il compte moins de dix années de
service, n'a également droit qu'au montant du compte de retenues sur
son traitement fixe. S'il compte plus de dix ans révolus de service, il a
droit au montant de son compte de retenues et au total des versement
faits sur sa participation. L'employé ne peut toucher les sommes qui lui
sont dues qu'un an après le jour où sa démission a été acceptée.
L'employé démissionnaire pour raison de santé a droit à la totalité
de son compte.
Les sommes dues à un employé ne lui sont pas remises, mais elles
sont employées, soit en achat de rentes françaises, etc., qui sont con-
servées jusqu'à son décès à la caisse de la Compagnie, ou en constitution
d'une rente viagère, réversible au moins de moitié sur la tête de la veuve
si l'employé est marié.
Si l'employé meurt en activité de service, après deux ans de fonc-
tions, le montant total du livret est attribué à la veuve ou aux enfants. Si
l'employé meurt célibataire ou veuf, sans ascendant ni descendant, le
montant de son compte de participation fait retour à la caisse de pré-
voyance et le montant de son compte de retenues fait partie de sa
succession.
PARTICIPATION DANS LES BÉNÉFICES. — Elle s'opère :
Pour les chefs de bureau, titulaires ou adjoints, proportionnellement
au double du traitement ;
Pour les sous-chefs, proportionnellement à une fois et demie de
eur traitement ;
Pour tous les employés, proportionnellement à leur traitement.
Six mois de service donnent droit à cette participation.
La part des bénéfices répartie aux employés est de 5 0/0 du bénéfice
net de la Compagnie, dont 4 0/0 répartis et 1 0/0 en fonds de retraite.
En 1891, le directeur de la Fraternelle Parisienne a élaboré un
projet de statuts appliquant l'assurance sur la vie à la caisse de
prévoyance du personnel de l'administration centrale de sa Société, et
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 317

ce projet,
9
mûrement étudié, il l'a présenté au Conseil général qui a donné
son approbation à cette création.
Voici les grandes lignes de cette combinaison intéressante :
A partir du 1" juillet 1891, chaque employé qui sera dans les condi-
tions d'admissibilité requises, sera tenu, au moment de la titularisation,
de souscrire une police d'assurances mixte sur la vie à la Compagnie qui
sera désignée par le Conseil d'administration.
La Compagnie d'assurances s'engagera par cette police à payer
le capital assuré au décès de l'employé ou lorsque celui-ci aura atteint
l'âge de 55 ans accomplis.
Les primes de cette assurance seront payées par les soins du direc-
teur de la Fraternelle Parisienne au moyen d'une retenue de 5 0/0
elTectuée mensuellement sur les appointements des employés.
Les employés désigneront le bénéficiaire de l'assurance pour le cas
de décès.
Les polices et avenants seront déposés dans les caisses de la Société.
Si, pour un motif quelconque, un employé quitte le service de la
Société, la police contractée par cet employé lui sera remise au moment
de son départ.
Il en aura dès lors la libre disposition.
La Fraternelle Parisienne contractera sur la tête de chaque
employé qui aura souscrit une police d'assurance mixte sur la vie, une
assurance de même nature dont elle acquittera les primes au moyen
d'une allocation gracieuse égale à 5 0/0 du traitement.
Cette police sera au profit de la Fraternelle Parisienne.
Si l'employé vient à décéder avant la date d'échéance du contrat, la
police qu'il a souscrite personnellement et celle que la Fraternelle Pari-
sienne a souscrite sur sa tête, seront remises à ses ayants droit.
Dans le cas où des employés seraient congédiés par suite de disso-
lution ou de liquidation de la Société, ou par simple mesure de réduction
de personnel ou de suppression d'emploi, les deux polices leur seront
remises et ils en pourront disposer à leur gré.
Dans le cas où un employé quitterait le service de la Société par
suite de démission ou de révocation, la police qu'il a souscrite person-
nellement lui sera seule remise. Il perd tous ses droits au bénéfice de la
police alimentée par les allocations gracieuses de la Société et à la
participation au fonds de réserve prévu par l'article 16.
Le directeur de la Fraternelle Parisienne, sur l'avis du Conseil
d'administration, réalisera la valeur de la police souscrite par la Société,
pour le produit en être versé au fonds de réserve.
318 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCS KT A L'ÉTRANGER

Les Compagnies d'assurances des divers États du continent ont leurs


modes spéciaux de procéderen faveur de leur personnel; signalons cepen-
dant pour la Belgique la création récente d'une caisse de prévoyance qui
est, croyons-nous, la première dont aient été dotés les employés d'assu-
rances de ce pays.
Cette caisse de prévoyance est due à l'initiative du Conseil d'admi-
nistration de Y Urbaine belge et à la sollicitude directoriale de M. Gobert.
En voici le règlement :
ARTICLE PREMIER. — Il est fondé en faveur des employés et inspecteurs
de la Compagnie Y Urbaine belge, une caisse de prévoyance ayant pour
but de développer le goût de l'épargne et de venir en aide aux partici-
pants, lorsqu'ils auront atteint la vieillesse ou qu'il leur surviendra un
accident ou une infirmité graves les mettant dans l'impossibilité de conti-
nuer leurs fonctions.
ART. 2. — Tous les employés sont tenus d'adhérer à la caisse de
prévoyance, lorsqu'ils font partie du personnel depuis un an. Les inspec-
teurs en fonctions depuis le même laps de temps sont inscrits d'office par
le Conseil d'administration, sauf les inspecteurs producteurs qu'il est
loisible au Conseil d'admettre.
ART. 3. — Chaque participant est tenu de verser à la caisse de pré-
voyance une somme égale à 2 0/0 de ses appointements.
Il peut verser des sommes supérieures, mais sans dépasser le taux
de 5 0/0 de ses appointements.
Ces versements se font à la fin de chaque mois.
ART. 4. — Il est établi, au nom de chaque employé participant, un
livret contenant le présent règlement et dans lequel sont inscrits les ver-
sements effectués par lui.
Ce livret reste au siège de la Compagnie.
ART. 5. — La Société versera au compte de chaque employé, et cela
chaque année, une somme égale à celle qu'il aura lui-même versée, plus
l'intérêt à 3 0/0, lorsque les fonds ne seront pas convertis en valeurs.'
ART. 6. — Le Conseil d'administration de Y Urbaine belge proposera
en outre, â l'Assemblée générale annuelle, d'affecter une somme à la
caisse de prévoyance. Cette somme sera répartie entre les participants,
au prorata des appointements.
ART. 7. — Lorsqu'un employé aura atteint sa trentième année de
service ou, à défaut, 65 ans d'âge, son compte pourra être réglé, soit sur
sa demande, soit d'office par le Conseil d'administration, et la somme lui
revenant lui sera remise en un titre de rente ou en une assurance de
rente viagère à une bonne Compagnie belge acceptée par l'intéressé.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 319

ART. 8 — Si un employé vient à être atteint d'infirmités entraînant


incapacité de travail, le Conseil, en dehors des conditions ci-dessus d'âge
et de durée de service, pourra disposer en sa faveur et de telle manière
qu'il jugera devoir être plus profitable, de la somme formant le relevé de
son compte.
ART. 9. — En cas de décès d'un employé en activité de service, son
compte sera arrêté au 31 décembre précèdent et la somme qui en formera
le solde sera remise en toute propriété à sa veuve ou à ses enfants.
A défaut de ceux-ci, s'il laisse dans le besoin une personne dont il
était le soutien, il sera loisible au Conseil d'attribuer à cette personne les
sommes versées qui lui reviendraient.
ART. 10. — En cas de démission volontaire ou de révocation, les
sommes versées par les employés eux-mêmes, avec les intérêts, seront
seules exigibles.
Le Conseil serajuge de prendre telles décisions que les circonstances
auraient rendues justes ou nécessaires à l'égard des employés des deux
catégories, pour ce qui concerne les sommes provenant de la Com-
pagnie.
ART. 11. — Toutes sommes non remises aux titulaires dans les cas
ci-dessus prévus, seront réparties entre tous les employés participants,
au prorata des appointements et des années de service.
ART. 12. — Les sommes portées au compte des employés et tous
avantages résultant de la caisse de prévoyance sont, à quelque
moment que ce soit, déclarés accordés à titre de libéralité et pour ali-
ments, et, comme tels, incessibles et insaisissables.
ART. 13. — La comptabilité de la caisse de prévoyance sera admi-
nistrée par une commission composée du Directeur-gérant et de trois
employés nommés par les participants, sous la haute surveillance du
Conseil d'administration.
ART. 14. — Les présentes dispositions prendront effet à partir du
1" juillet 1895. Elles pourront être modifiées par le Conseil, mais les
changements n'auront pas de rétroactivité.

Les employés d'assurances ne sont pas restés en arrière du mouve-


ment de la prévoyance, ils y sont même entrés franchement en consti-
tuant en 1859 une Société de secours mutuels nommée Y Épargne.
Les statuts ont été approuvés par des arrêtés ministériels du 17 octo-
bre 1869, 7 juillet 1877 et 15 mars 1893.
Elle a un double objet :
1° Donner aux membres participants, pendant leurs maladies, les
320 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

soins des médecins désignés par elle et les médicaments fournis par ses
pharmaciens ;
2° Servir à ses sociétaires-participants, ayant 60 ans d'âge, une pen-
sion dont le taux est fixé chaque année par l'Assemblée générale et qui a
pu être maintenu jusqu'à ce jour au chiffre de 300 francs.
En 1894, elle compte 521 membres participants.
Les secours médicaux et pharmaceutiques distribués par elle, frais
funéraires, indemnités aux veuves se sont élevés, pour chacune des trois
dernières années, à 8,000 francs, et, depuis qu'elle existe, à plus de
150,000 francs.
Elle sert, en 1894, 76 pensions de 300francs, et en a constitué 116 du
même chiffre depuis sa fondation.
Elle n'aurait jamais pu obtenir ces résultats et ne pourrait les assu-
rer dans l'avenir, si, aux cotisations des membres participants que la
baisse continue de l'intérêt rend chaque jour moins productives, ne
venaient se joindre les cotisations et les dons de membres honoraires qui,
sans participer aux avantages de l'Association, lui donnent un généreux
concours (1).
Leur nombre s'élève à 456.
Il existe encore une Société d'épargne en participation intitulée : la
« Cagnotte ».
Cette « Cagnotte » a été fondée parles employés de Y Urbaine en 1884.
Le but de la Société est d'acquérir des obligations françaises à lots dont le
capital et les intérêts seront partagés, ainsi que les lots, s'il y a lieu, entre
les sociétaires.
En faveur des agents il existe également quelques oeuvres de pré-
voyance et d'assistance.
En 1869, le très estimé M. Louis Pouget, directeur du Journal des
(1)La commission d'administration est composée des noms connus et estimés
suivants :
M. Leviez, président, Directeur de la Compagnie d'assurance l'Urbaine (incendie).
M. Cauvin, vice-président, chef des bureaux et du contentieux à la Compagnie la
Confiance. M. Balas-Troy, trésorier-comptable, secrétaire général des Compagnies
l'Urbaine (vie et accidents). M. Delorme, secrétaire, caissier principaldes Compagnies
l'Abeille. M. Hôdoux, secrétaire adjoint, sous-cliet de la correspondance à la Compa-
gnie la France. M. Bescherelle, sous-chef de bureau de Paris à la Compagnie le
Monde. M. Beu/.on, Directeur des Compagnies la Providence (vie et accident;)).
M. Durand, secrétaire général de la Société la Fraternelle Parisienne. M. Francholli,
chef de la correspondance à la Compagnie le Phénix. M. P. Labreuil, sous-directeur
de la Compagnie la Paternelle. M. Le Bel, chef de service aux Compagnies du SoU^I
et l'Aigle.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A I/ÉTRANGER 321

Assurances, fondait une Société intitulée le « Travail » ayant pour but :


iu de venir en aide aux agents dans le besoin, ainsi qu'à leurs
tommes, veuves et enfants; 2° de concentrer, pour les répartir d'une
manière efficace, les dons, à titre de secours, qui devaient être mis à sa
disposition.
Malheureusement, la guerre de 1870 est venue arrêter dans son essor
cette jeune Société déjà si pleine de promesses à ses débuts.
Actuellement existe: la Société de secours mutuels des agents d'assu-
rances de Paris, approuvée par divers arrêtés ministériels.
En 1894, les recettes ont été de 3,070 fr., les dépenses de 2,241.
L'actif de la Société est de 22,842 fr. Depuis sa fondation (1892), la
Société a payé aux malades 28,785 francs.
Enfin, récemment, M. E. Oulmière, ingénieur civil, architecte à Castres,
élaborait un projet de Société de secours mutuels des chefs de services,
inspecteurs, agents et employés des Compagnies d'assurances de France,
auquel il donnait une grande publicité et que le succès n'est pas venu
couronner (1).
En Suisse, signalons la belle étude publiée par M. le docteur Kummer,
directeur du Bureau fédéral des assurances : « L'assurance des employés,
c'est-à-dire l'application de l'assurance dans la prévoyance en faveur des
employés et de leurs familles ».
Le savant directeur traite largement le sujet, il passe en revue les
principaux systèmes de prévoyance en faveur des employés dans les dif-
férents pays, et il conclut que l'assurance sur la vie telle qu'elle existe

(l) Cette nouvelle Société avait pour but :


1° De donner aux membres participants, à leur femme et à leurs enfants, pendant
les maladies, les soins dos médecins désignés par elle et les médicaments fournis par
si's pharmaciens.
2° De servir aux mômes membres participants, à partir de (50 ans d'âge, pour ceux
entrés dans l'association avant 4-5 ans, et à partir de 65 ans d'âge, pour ceux entrés à
•>'> ans, une pension viagère de 1,000 fr. avec cetto condition, qu'en
cas de décès avant
les limites d'âge ci-dessus, une rente viagère proportionnelle aux versements annuels
cllectuès sera servie aux veuves et aux enfants légitimes ou légitimés au-dessous de
"~'> ans sans avoir à
verser aucune cotisation supplémentaire.
Les célibataires ou veufs sans enfants qui ne bénéficieront pas de ce dernier
avantage auront droit à une remise de 25 0/0 sur les tarifs des cotisations.
3° De servir aux veuves et aux enfants légitimes ou légitimés au-dessous de 20 ans
et on cas de décès du mari ou du pôro, après les limites d'âge de 60 et 65 ans, une
l nsion viagère fixe de 500 francs.
1'

'1° Do servir
aux sociétaires participants, à partir des limites-d'àge de 60 et 65 ans,
'"'. supplément de rente de 250 ou 500 fr., moyennant le versement supplémentaire du
M "art ou de là moitié des cotisations.
24
3'22 HISTOIRE GÉNÉRALE DE 1,'ASSURANCE EN FRANCE ET A l.'ÉTIl ANC.ER.

actuellement ©st parfaitement en état de se charger de l'assurance des


familles des employés. Il considère que la question de l'assurance des
familles des employés est résolue quand de leur côté les entrepreneurs
supportent à eux seuls les frais pour les pensions à ceux qui sont devenus
infirmes à leur service.
A côté de l'Etat et des Compagnies d'assurances, l'initiative privée
ne reste pas en arrière.
Des caisses patronales, dans la grande industrie, sont généralement
adoptées et fonctionnent depuis un certain nombre d'années.

En 1888. MM. Tirard, Sarrien et Dautresme, alors ministres, dépo-


sent un projet de loi portant création, sous la garantie de l'Etat, d'une
Caisse générale de la prévoyance industrielle, commerciale et agricole.
Cette Caisse était destinée à recevoir en dépôt facultatif et à employer
les fonds appartenant à un litre quelconque, coopération, participation
aux bénéfices, dons volontaires, subventions ou autrement, à des institu-
tions libres de p'révoyance fondées par dos Sociétés ou des individualités
commerciales, industrielles en faveur de leurs associés employés cl
ouvriers.
Ce projet n'a jamais vu le jour de la discussion.
Dans l'ordre de l'assurance contre l'invalidité et la vieillesse il nous
faut signaler une proposition nouvelle due à M. Lebon, ancien ministre du
commerce, qui désire assurer des retraites aux vieillards de la classe
ouvrière et aux invalides du travail pour une cause quelconque (1).
L'économie du système de M. André Lebon repose sur la formation
de caisses de retraites alimentées par trois sources différentes : la cotisa-
tion du patron, celle de l'ouvrier, celle de l'Etat.
Dans sa combinaison, le chiffre fourni par l'Etat ne devrait jamais
dépasser 30 millions ; et comme cette somme importante ne saurait être
qu'un appoint, il en résulte que le concours du budget serait surtout un
appui moral.
La première classe comprendrait les salaires annuels de 500 francs
et au-dessous; la deuxième, ceux de 501 francs à 800 francs; la troisième,
ceux de 801 francs à 1,200; la quatrième, tous ceux dépassant ce
chiffre.
Les cotisations seraient, pour la première classe, de 0 fr. 50 par
(1) Do IStiO (voir page .'$05) à 1894, notons encore les projets suivants ayant priiu'
objet les retraites ouvrières : Chuutomps, de Ramcl, Baulard, Maurice Faure, on lt''l,;
lsambert, Jouffroy, Chassaing, Michelin, liey et Lachieze, Brincard, Gendre, Dejcante,
on 18!) I ; Carnaud, on 1805.
HISTOIRE liÉNÉRAI.E DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTHAXGER 323

semaineou 11 fr. 75 pour 47 semaines de versement; 0 fr.66, soit 15 fr. 50,


pour la seconde; 0 fr. 80, soit 18 fr. 80, pour la troisième; et 0 fr. 86, soit
v;i fr. 15, pour la quatrième. Ces diverses sommes représentent, suivant
|,<s classes, 2 à 3 0 0 du salaire.
Moyennant ces versements pendant cinq années, les travailleurs
auraient droit à la pension d'invalidité qui comprendrait : 1° une somme
lise de 100 francs; 2° pour chaque semaine de cotisation versée un sup-
plément égal à 0 fr. 08 pour la première classe, 0 fr. 12 pour la deuxième,
0 IV. 17 pour la troisième et 0 fr. 21 pour la quatrième (1).
Constatons, sans aller plus loin, que cette proposition de M. Lebon
est imitée des lois allemandes

Si, nous avançant au delà des limites où confine la prévoyance,


nous jetons un regard sur ce qui se passe, nous voyons apparaître quelques
Sociétés de capitalisation ou de retraites qui malgrôleur but très humain,
malgré leurs tendances généreuses, n'ont pu encore franchir les lignes
qui les feront comprendre dans la grande famille des Sociétés classées où
tout fonctionne sans aléa, les calculs de ces dernières étant basés sur des
données exactes et mathématiques.
11 y a quelques années le journal le XIXe Siècle publiait une étude

intéressante donnant le mécanisme de ces Sociétés de retraites, dont les


principales sont : les Prévoyants de l'Av.nir, la France prévoyante, le
Snu quotidien, \& Boule de neige...

« Un connaît, dit le rédacteur du XIXe Siècle, le système des Pré-


0 rayants de l'Avenir; vous versez un franc par mois et vous êtes pensionné
" après vingt années de présence dans la Société.
« La Société, fondée en 1880, ne commencera le service des pensions

" qu'après vingt années d'existence;jusque-là les intérêts des cotisations


« sont capitalisés et réunis au capital.
«
La rente servie aux ayants droit se compose de l'intérêt de l'avoir
1
de la Société.
« Ce qui fait que les sociétaires de la
première année, peu nombreux,
« toucheront pour leur première pension une somme relativement élevée,
" laveur statutaire dont se plaignent d'autres adhérents.
« La France prévoyante, fondée en 1886, assure toute personne ayant
" versé mensuellement, durant quinze années consécutives, une somme
(0 lîn 1800, la Providence a innové l'assurance industrielle ou assurance popu-
''"'u d invalidité sur laquelle nous reviendrons plus loin (page .'13 I). Le tarif s'êlablis-
SI|L siU. ia j„.;mo
a payer p0Ul. l'assurance de retraite pour la vieillesse.
32'l HISTOIRE GÉNÉRALE DE 1,'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANCER

« variant de un à cinq francs, une rente permettant au bénéficiaire de vivre


« à l'abri de la misère pendant toute sa vie.
« Le Sou quotidien a pour but : Prélever sur le salaire de chacun une
« part
infime, au moyen de l'association développer ces parts, les faire
«
fructifier, et permettre aux travailleurs, après quinze années do socié-
« tariat effectif, de se mettre, autant que possible, à l'abri de la misère et
«
du besoin.
« La Boule de neige esi encore plus catégorique : Elle servira à chaque

« personne qui aura versé mensuellement, pendant douze années conse-


« cutives, une somme de un à six francs, une rente assez forte qui lui assu-
« rera un moyen d'existence pour sa vie. »

Tout le monde, à un moment donné, moyennant un sou et moins par


jour, pourrait être rentier : par les Prévoyants de l'Avenir, à l'âge de
trente-cinq ans ; par la France prévoyante et le Sou quotidien, à trente ans,
et par la Boule de neige à vingt et un ans.

« Si l'argent qui est demandé pour arriver à un tel résultat devait


«
avoir une telle puissance, conclut le rédacteur du XIX' Siècle, il y a
« longtemps que ce serait fait, ou bien alors, il ne resterait plus qu'à
« (axer d'ignorance les grands hommes qui ont écrit sur la question
« sociale et qui n'ont pas découvert cette solution si simple. »

De France traversons le détroit et voyons ce qui se passe chez nos


voisins de la Grande-Bretagne.
Ce n'est jusqu'à présent que parmi les Trades Union et autres asso-
ciations professionnelles que la question des retraites ouvrières est entrée
dans la voie des réalisations pratiques. Les résultats obtenus sont, du
reste, assez considérables. D'après les statistiques publiées par le Labeur
départaient, les années 1892 et 1803 ont fourni les résultats suivants :

Nombre d'I'nions Dépenses annuelles


Allâtes payant des retraites Nombre de membres en aimnjîcs de pension-
1892 72 428.914 2.6497 000 fr.
1893 80 454.398 2.915.000

ce qui représente, par membre, une dépense moyenne de 6 fr. 2" ct


6 fr. 30 par an.
Les dispositions adoptées pour l'organisation des retraites sont U'és
variables. Voici l'analyse fort intéressante qu'en fournit le bulletin do
Y Office du Travail :
Le plus souvent cependant la pension est allouée à partir d'un •P,!
HISTOIRE GÉNÉRALE PE I.'ASSVRANC'E EN KIIANf'E ET A I,'ÉTRANGER 325

lixé par les statuts aux membres qui ont accompli dans la Société un
-tngo plus ou moins long. Le montant de la pension dépend de la durée
de sociétariat en qualité de membre cotisant. Exemple : dans la United
Kingdom Society oj'coachmahers, la pension est due à partir de 60 ans
aux membres qui ont fait partie de la Société pendant 30 ans au moins et
qui sont devenus incapables de travail. La pension varie de 7 fr. 50 à 10 fr.
par semaine.
Dans certaines Unions, c'est plutôt l'assurance-invaliditô, sans condi-
lion d'âge, qui est en vigueur. Tel est le cas de la Amalgamated Society
ol'railway servarUs, qui garantit une pension de 500 francs par an à ceux
do ses membres devenus invalides à la suite d'infirmités.
Dans un petit nombre de Sociétés, le nombre de pensionnés admis
annuellement no doit pas dépasser une limite fixée en raison des ressour-
ces disponibles. Exemple : la Philanthropie Society of coopéra.
Il n'existe pas davantage de règle unique en ce qui concerne le sys-
tème financier adopté pour garantir le payement des pensions. Bien que
les Sociétés soient astreintes à faire dresser au moins tous les cinq ans
leur inventaire par un actuaire et, qu'en principe, leurs opérations de
rentes viagères doivent reposer sur des tarifs approuvés par un actuaire
agréé du Gouvernement, il s'en faut de beaucoup qu'elles pratiquent
lotîtes rigoureusement le système de couverture qui seul, dans le cas de
l'assurance libre, garantit exactement le payement des pensions sans
escompter outre mesure les ressources futures. Un assez grand nombre
d'Unions no possèdent, en réalité, que des réserves insuffisantes et il en
est môme qui vivent presque au jour le jour, puisant dans le produit de
leurs recettes annuelles les sommes exigées pour le service des rentes.
L'action patronale en matière de retraites ouvrières n'est soumise à
aucune obligation. Cependant, dans certaines Unions, soil ouvrières, soit
mixtes, les patrons contribuent par des versements volontaires à la cons-
titution du fonds de retraite. Ceci a lieu surtout pour les industries dan-
gereuses. On peut citer, comme établissements fournissant des exemples
de participation très large des patrons à l'uiuvro des pensions, la South
Wide and Lancushire coal-owners Society, la London andNorth Western
railway Cv, la London and Brighton C\ la Amslrong's Work C'y, etc.
L'aciion de l'Etat est jusqu'à présent demeurée à l'état de projet. Il
> a lieu de citer le projet Chamberlain (1), présenté au Parlement le
"i mars 1892 par MM. Chamberlain, Mallock, Hunter et Rankin. D'après
'" Projet, il serait institué une caisse officielle de pensions, recevant une

(.1) Voir page 155.


326 HISTOIRE GÉNÉRALE HE I.'ASSURANGE EN FRANCE ET A I.'ÉTRANGER

subvention annuelle votée par le Parlement. Tout ouvrier ayant versé,


avant l'âge de 25 ans, une somme de 125 francs, à laquelle l'État ajoute-
rait une subvention de 375 francs, et qui payerait ensuite une cotisation
annuelle de 25 francs, aurait droit, à 65 ans, à une pension de 6 fr.25 par
semaine.
Ce projet a reçu l'assentiment de la Poor lato s Association et de la
National provident Leaguc; mais les associations ouvrières ainsi que les
Friendly Societies lui sont en général peu favorables.
Mentionnons encore, d'après Y Office du Travail, le projet p'réscnlé à
la Chambre des communes, le 8 février 1895, par M. Bartley, sous le
titre : « Loi en vue d'assurer des pensions de vieillesse aux pauvres qui
auront fait acte de prévoyance ».
Toutefois, la caisse d'assurance du Post Office pratique depuis plu-
sieurs années des opérations de rentes viagères sous la garantie de l'État.
Les rentes sont inscrites à capital aliéné eu à capital réservé (comme
à notre Caisse nationale des retraites). Les versements des assurés sont
reçus dans tous les bureaux de poste.
Voici, d'après les renseignements publiés par le Select Commiitce <>n
National provident Assurance, quelles ont été, en moyenne, les opérations
de renies effectuées annuellement, de 1879 à 1881 :
Le Government annuities Ad, do 1882, relatif au fonctionnement de
la caisse de pensions du Post Office, en étendant le champ de ses opéra-
lions, a eu pour effet d'augmenter dans une certaine proportion le chiffre
de ses affaires. Cependant, ce développement, a été jusqu'ici trop peu
sensible pour qu'on puisse mettre actuellement celle caisse officielle,
comme importance, au rang des Compagnies privées qui continuent à
jouir presque exclusivement de la faveur du public en ce qui regarde
les assurances de capitaux.

T Rentes viagères immédiates.


Nombre de contrats .Montant des rentes Moyenne par contrai

876 362.600 IV. 414 fr.

2° Rentes différées.
<;A1'ITAI. AI.IKNK CAI'ITAI. Ki'.SKltVK

Nombre Montant Moyenne Nombril Montant Moyenne


de contrats des rentes par contrat de contrats des rentes par contrat

18 7 775 1V. 432 1V. 48 26.200 fr. 546 1V.


I

HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE HT A L'ÉTRANGER 327

Pour l'assurance contre l'invalidité et la vieillesse, qui fonctionne en


Allemagne, nous suivrons, comme nous l'avons fait envers l'assurance-
maladie, le compte rendu de l'enquête faite sur ce sujet en Allemagne
môme par M. Maurice Block :
La loi qui a institué ces deux assurances est du 22 juin 1889; elle est
rentrée en vigueur en 1890. Elle assujettit à l'assurance, à partir de
seize ans, tout ouvrier, apprenti, domestique des deux sexes travaillant
pour un salaire ou des gages, puis les contremaîtres et employés dont
le traitement ne dépasse pas 2,500 francs. Les petits entrepreneurs ou
artisans peuvent être admis à s'assurer volontairement.
Ce ne sont pas les ouvriers ou employés qui font les versements,
mais les patrons; seulement les patrons peuvent retenir sur les salaires
la moitié des sommes versées.
Les cotisations versées sont proportionnelles aux salaires, non aux
salaires réels, mais à des moyennes pour ainsi dire conventionnelles de
salaires, qui sont300 marks, 500,720, 9(50 marks; et la loi fixe le nombre
des centimes que le patron doit verser chaque semaine pour chaque
ouvrier qu'il occupe. La cotisation ainsi fixée est pour moitié à la
charge du patron et pour moitié à celle de l'ouvrier. Le taux des verse-
ments est do 17 centimes 1/2 au minimum et de 37 centimes 1/2 au
maximum.
Pour qu'un ouvrier ou employé ait droit à une pension il faut, en
cas d'infirmité, que les versements aient eu lieu pendant au moins cinq
ans; en cas de vieillesse, qu'ils aient eu lieu pendant trente ans, l'année
élant comptée pour quarante-sept semaines; en cas de maladie et pen-
dant le service militaire, l'assujetti n'a pas besoin de verser sa cotisation;
les semaines lui comptent néanmoins.
La pension se compose de la subvention de l'Etat et du produit des
cotisations. Les cotisations perçues hebdomadairement sont administrées
par des assurances mutuelles territoriales ou régionales au nombre de
'rente et une; il y a, en outre, neuf caisses publiques qui peuvent assu-
i'er le personnel qui s'y rattache. Ces assurances ou Etablissements
il'assurances placent les fonds en effets publics et en bonnes hypo-
thèques (1).

il» Les Assurances ourricres eu Allemagne, Maurice Hlock, librairie Gttillaumin.


Dn fonctionnement de l'assurance contre l'invalidité et la vieillesse en Allemagne,
'apport do M. lîfiîdikcr au Congrès de Milan (1801).
La Loi allemande d'assurance contre l'invalidité cl lu vieillesse, historique, analyse
'•' iM'iiiquc, par Thomas Emley Young, vice-président de l'Institule of Actuaries of
'<reut liritain and Ireland, traduit de l'anglais avec l'autorisation de l'Institut dos
328 HISTOIRE GÉNÉRALE 11E I.'ASSURANCK EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Voici un aperçu financier de cette grande assurance qui va subir,


nous l'avons déjà dit dans un chapitre précédent, de profondes modifica-
tions.
Environ 11,200,000 personnes ont été assurées en Allemagne, pendant
l'exercice de 1893, contre l'âge et l'incapacité de travail. Une rente a été
payée à 240,500 personnes, en tout pour une somme de 27,900,000 marks
(34,875,000 francs). La rente établie depuis 1891 représente un capital do
114,200,000 marks (142,750,000 francs) et avec les fonds de réserve une
somme totale de 317,500,000 francs.
Sans compter les rentes, il restera, pour l'année 1895 où commencera
la restitution de cotisation et de la rente viagère, un capital de 117 mil-
lions de marks (146,250,000 francs).

En Autriche, l'assurance invalidité et vieillesse n'existe pas étendue


comme en Allemagne ; elle englobe seulement les ouvriers mineurs.-
Voici comment s'exprime, au sujet de ces Caisses, M. J. Kaan, ins-
pecteur supérieur au département des assurances du ministère de l'inté-
rieur, à Vienne, dans son rapport au Congrès de Milan :

« Les ouvriers mineurs ont été, en Autriche, comme presque partout


« ailleurs, les premiers ayant à leur disposition des institutions pour les
« secourir dans leur vieillesse ou invalidité, ainsi que pour venir en aide
« à leurs veuves et à leurs orphelins. Ces institutions, dites Caisses des

«
frères mineurs, dont la fondation date depuis de longues années,
« avaient déjà, à plusieurs reprises, attiré l'attention de la législature.
« Ces Caisses étaient organisées, originairement, de la façon la plus pri-
« milive et destinées à venir en aide à leurs sociétaires en cas de besoins,
« sans leur accorder, cependant, des droits absolument assurés; ce n'est
« qu'avec le temps et par la conviction qu'on avait de l'importance do
« leur existence que ces Caisses devinrent de vraies institutions de

« secours, sans
cependant être dotées des fonds nécessaires pour satis-
t faire à toutes les exigences.
« Les inconvénients de cet état de choses commencèrent à se faire

« sentir
dans plusieurs de ces Caisses, il y a une dizaine d'années. Leur
<t
situation défavorable se révélait clairement aussi à ceux ne possédant

actuaires de Londres, et sous le contrôle de l'auteur, par George H. Adan, ancien


officier d'artillerie, directeur adjoint de la Rogale Belge.
Les Projets do transformation des assurances sociales en Allemagne, communi-
cation de M. Gruner à la réunion du groupe de Paris de la Société de l'Économie
sociale du 24 décembre 1895. Réforme sociale, février 1890.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE 1,'ASSURANCE EN I'RANCE ET A L'ÉTRANGER 329

pas une c< nnaissance profonde des choses, de telle sorle qu'une inquié-
*
tude s'empara des ouvriers mineurs intéressés qui obtinrent une en-

»
quête officielle sur la situation de toutes les Caisses des mineurs.
« Les
résultats de cette enquête furent très défavorables, car on trouva
• que
les fonds de la plupart de ces Caisses et les cotisations payables ne
pouvaient pas suffireàsatisfaireauxobligations qu'ellesavaienlacceptées.
« Par conséquent, on se
vit dans la nécessité d'organiser les Caisses
«
des ouvriers mineurs selon les exigences de notre temps, et l'on créa la
.,
loi du28juillet 1889 « concernant l'organisation des Caisses des ouvriers
«
mineurs déjà existantes ou celles à instituer en vertu de la loi gônô-
«
raie sur l'exploitation des mines ».
« Les Caisses des
frères ouvriers mineurs doivent fournir :
«
1° Des secours pécuniaires en cas de maladie, et pour l'enterrement

» en cas
de mort;
« 2° Des secours aux invalides, aux veuves et aux orphelins.
« Le montant
des secours pécuniaires en cas de maladie, et pour
«
l'enterrement en cas de mort, doit au moins être équivalent aux
«
indemnités stipulées par la loi sur l'assurance maladie.
«
Les rentes annuelles allouées aux hommes invalides doivent
«
atteindre la somme de 100 florins au moins, et celles allouées aux femmes
«
invalides de 50 florins au moins.
« Dans
le cas de mort d'un homme invalide recevant une rente, il
« est
dû à sa veuve une rente égale à un tiers au moins de la rente du
«
mari décédé; les enfants légitimes, jusqu'à l'âge de 14 ans accomplis,
« ont
droit chacun à une rente égale à un sixième au moins de la rente
"
du père décédé lorsqu'ils sont orphelins de père, et à un tiers au moins,
«
lorsqu'ils sont orphelins de père et de mère.
« Tous les ouvriers mineurs sont obligés de s'associer aux Caisses
instituées spécialement pour les ouvriers mineurs. Les ouvriers employés
« temporairement à un travail étant seulement en relation immédiate

avec l'exploitation d'une mine ne sont obligés de s'assurer qu'au dépar-


- tement affecté aux maladies dans la Caisse des ouvriers mineurs et ne
" sont assurés dans cette dernière que contre les accidents survenus

"
durant le travail. »
En 1892, le nombre d'assurés à ces Caisses était de 110,343 (1).
Telles sont les grandes lignes de la loi autrichienne de 1889.

(1)Consulter Tutudo sur les derniers résultats des assurances sociales en Allemagne
ci en Autriche.
— 11° partie. — Office du travail.
330 HISTOIRE GÉNÉRALE DE 1,'ASSURANCE EN FRANCE ET A I.'ÉTRANGKR

#
Le budget de l'État participe aux caisses communales de vieillesse el
d'invalidité en Danemark.
D'après la loi élaborée en 1893, tout sujet danois arrivé à soixante
ans accomplis, et incapable de pourvoir à ses besoins ou à ceux
des personnes dont il a charge immédiate, aura droit, dans certaines
conditions que la loi détermine, à une pension de vieillesse. Cette pension
devra être « suffisante pour l'entretien de la personne secourue et pour
«
celui de sa famille, et aussi pour leur traitement en cas de maladie ».
La pension sera fournie soit en argent, soit en nature, selon les cir-
constances; elle pourra égalementconsister dans l'admission de l'intéressé
dans un « asile de vieillesse ou tout autre établissement de ce genre ».
Le travailleur pensionné ne devra jamais être placé dans une maison
de pauvres, ni dans aucun établissement de cette nature.
Les conditions exigées par la loi pour être admis en qualité de
travailleur pensionné sont les suivantes :

« 1°N'avoir jamais encouru une condamnation judiciaire pour une


« action entachant l'honorabilité, à moins qu'il'n'y ait eu réhabilitation.
« 2° L'état de pauvreté du postulant ne devra
jamais être la consô-
« quence d'actes par lesquels il aurait aliéné, en faveur des siens on
« d'autres personnes, toutou partie des moyens de subsistance qu'il pou-
« vait posséder, ni avoir été causé par le désordre, des excès dans le
« genre de vie, ou toute autre circonstance imputable à faute à l'inté-
« ressé.
« 3°
Pendant les dix années qui auront précédé la demande de pen-
te
sion pour la vieillesse, l'ouvrier aura dû avoir une résidence fixe dans
« lepays, n'avoir point été àla charge de l'assistance publique, et n'avoir
« encouru aucune condamnation pour vagabondage ou mendicité. »
En 1895, on prête aux législateurs danois l'intention de présenter
des projets nouveaux au Rigsdag (1)
En Hollande, les journaux de ce pays annoncent qu'un député,
M. Heldt, d'Amsterdam, vient de présenter à la seconde Chambre une
motion tendant à l'institution par l'État de retraites pour tous les
ouvriers parvenus à la vieillesse, subsidiairement la nomination par le
gouvernement d'une Commission d'enquête chargée de rechercher les
voies et moyens à employer dans ce but.
Mais, ajoutent les journaux, « le ministre des affaires étrangères, tout
en rendant hommage à l'esprit de la proposition, ne veut pas rechercher
(1) Voir page 304, Assurance maladie.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A I,'ÉTRANGER 331

si ses prédécesseurs avaient pris ou non des engagements. Ce qu'il sait,


c'est qu'on s'expose à exciter des espérances qu'on ne pourra pas satis-
faire et à créer des mécontents. Le ministre veut fonder une caisse de
rentes viagères qui pourra rendre des services analogues ; mais il a
peur de ces retraites universelles qui engageront à un degré inconnu les
finances do l'Etat »
En Belgique, plusieurs projets sont déposés. L'un d'eux institue des
Caisses de pension pour les diverses professions, métiers et industries,
à l'effet d'assurer les ouvriers et employés contre l'invalidilô et la
vieillesse.
Chaque Caisse groupera en général les ouvriers d'une même indus-
trie et pourra étendre son action sur une ou plusieurs communes, can-
tons, arrondissements ou provinces.
Il y aura des pensions d'invalidité et de vieillesse.
Les premières seront acquises à l'assuré qui, en raison de son état
intellectuel ou corporel, n'est plus en état de gagner le quart de son
salaire habituel.
Les pensions de vieillesse seront acquises à soixante et soixante-
cinq ans.
Ces pensions seront au minimum de cinquante centimes par jour et
au maximum de la moitié du salaire moyen.
Le Comilô clo la Caisse fixera la cotisation hebdomadaire de l'ouvrier
ou employé salarié en rapport avec le taux delà pension et c'est l'Etal
qui recevra les versements, payera les pensions et tiendra la comptabilité
de ton les les Caisses.
Tout ouvrier et employé gagnant moins de 1,800 francs par an et
qui prouvera ne pas posséder les ressources suffisantes pour se passer
de la pension, sera astreint aux versements à partir de l'âge de 18 ans.
La cotisation sera fixée d'après l'ùge des assurés.
La Cai-S3 scia alimentée par les versements de l'ouvrier, du patron
et de l'État.
Par une loi du 16 mars 1865 modifiée en juillet 1869, une Caisse
Générale d'épargne et de retraite a été instituée en Belgique. Une troi-
sième loi du 21 juin 1894 a créé, comme annexe à la Caisse Générale
d'épargne et de retraite, une Caisse d'assurances sous la garantie del'Elal.
Grâce à une intelligente impulsion la situation de cotte Caisse va
toutes les années en progressant.
L'exercice 1891 a vu s'ouvrir 4,438 livrets, lo nombre des. versements
» atteint (59,242, il était de 4,887 en 1888.
Le nombre des associations mutualistes, en outre de l'affiliation do
332 HISTOIRE GÉNÉRALE DE 1,'ASSURANCE EN FRANCE ET A [.'ÉTRANGER

sociétés mutualistes reconnues légalement et de sociétés de grande indus-


trie qui ont opéré les versements de la prévoyance patronale en faveur de
leurs employés, s'élève à 118.
La Caisse Générale d'épargne et de retraite a reçu en 1894 en verse
ments la somme de 1,762,792 francs
En Suède, un projet relatif à l'assurance d'une pension en cas d'inca-
pacité de travail temporaire a été élaboré, en 1894, par M. le professeur
Lindstedt.
En voici les grandes lignes qu'en a tiré de sa traduction M. Maurice
Bellom, ingénieur au corps des mines (1).
Le projet soumet à l'obligation de l'assurance l'ensemble des tra-
vailleurs, y compris les gens de mer, âgés de plus 18 ans: il prévoit
toutefois une dispense en faveur des membres de Caisses de pensions
présentant certaines garanties.
L'assurance ne vise quo les cas d'incapacité permanente et de vieil-
lesse à partir de 70 ans.
Les assurés sont répartis en trois classes, savoir :
Classe I: ouvriers du sexe masculin dont le salaire atteint ou excède
10 couronnes par semaine ;
Classe II: ouvriers du sexe masculin do salaire inférieur à 10 cou-
ronnes par semaine;
Classe III: ouvrières et femmes d'assurés.
Les cotisations correspondantes sont, suivant la classe, de 50, 30 ol
20 ôre par semaine.
La pension annuelle est de 50 couronnes au minimum : elle s'accroît
de 10.5 ou 2 ôre suivant la classe, par cotisation payée.
Les cotisations sont perçues par voie d'apposition de timbres sur
les livrets de pensions : la moitié de la valeur des timbres est à la charge
du patron.
Une direction des pensions et des commissions régionales de pen-
sions assure le fonctionnement de l'institution. Chaque Commission de
pension se compose d'un président et de quatre assesseurs ; le président
est nommé pour 4 ans par le Gouvernement provincial ; deux assesseurs
sont élus parmi les patrons, et deux parmi les ouvriers, par l'assemblée
des électeurs.
Les ressources sont assurées, tant par les cotisations que par une
subvention de l'État, qui atteint 2 ôre par cotisation et par an : l'État
supporte en outre les frais d'administration.

(1) Bulletin du Comité permanent des accidents du travail, n° 2, 1894.


HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 333

Les cotisations sont versées à un fonds spécial dit fonds de pen-


sions.
Lo payement des pensions a lieu par l'intermédiaire de l'administra-
tion postale.

L'Assurance contre l'infirmité. — Les Compagnies d'assurances


contre les accidents qui, les premières, ont garanti les conséquences
résultant de l'accident, qui ont étendu leur assurance à la responsabilité
civile, qui ont créé l'assurance individuelle et mille autres combinaisons
ipii répondent aux aléas de la vie, viennent d'élaborer en Syndicat deux
nouveaux projets concernant: l'un l'assurance individuelle, l'autre l'assu-
rance des risques provenant de maladies.
Nous voilà encore en pleine assurance sociale.
L'assurance contre l'infirmité ou incapacité permanente résultant de
maladie est un complément de l'assurance individuelle et de l'assurance
sur la vie.
En 1882, [a. Caisse des familles a innové cette assurance que le Syn-
dical veut étendre (1).
Les conditions de la Caisse des familles étaient les suivantes :
1° Dans le cas où l'incapacité de travail professionnel est temporaire
et d'au moins trente jours : une indemnité mensuelle égale au douzième
do la prime annuelle. Cette indemnité est payable jusqu'à guérison et
imputation sur la prime;
2° Dans le cas où l'incapacité de travail professionnel est permanente :
une indemnité égale à la prime totate, payable en déduction de ladite
primo, pendant tout lo temps que cette prime sera due, sauf guérison ;
3° Dans le cas où l'incapacité de travail est ou devient absolue: une
rente annuelle do 40 francs par chaque 1,000 francs de capital assuré,
payable jusqu'à échéance do ce capital.

L'Assurance populaire. — La Caisse de l'État français. — La


«
Providence », polices à double effet, vie entière, mixte.— Métropole.
— L'Ouest. — Le Progrès national. — La Garantie Générale vie. —
— L'Abeille. — La Fourmilière. — Les
IM. Caisse des familles.
Sociétés d'assurances, de prévoyance mutuelle en cas de décès et de
rentes viagères. —Assessment. —Extrait d'un rapport du Bureau fédé-
(l) Lo Syndicat a confié a M. Léon Marie,actuaire, la tâche d'aplanir les difficultés
techniques pour la mise on pratiquo de cette assurance.
334 HISTOIRE GÉNÉRALE DE l.'ASSURANCE EN FRANCE UT A l/ÉTRANGER

rai Suisse. —
L'Assurance populaire en Angleterre. — En Suisse. — Eu
Allemagne.- — En Italie. — Eu Belgique.
En fait, l'assurance populaire existe en France depuis le 11 juillet
1868, date à laquelle l'Empereur signa le décret constituant la Caisse
d'assurance en cas de décès, puisque le capital assuré ne devait pas fran-
chir la limite de 3,000 francs. On sait les résultats obtenus (l).
A coté de l'Etat, l'initiative privée a été tentée par celte assurance qui
s'adressait aux humbles, qui s'en allait conquérir la prévoyance au sein
même des plus modestes foyers.
Suivons donc la trace qu'a laissée cette oeuvre si parfaitement
humaine.
En réponse à M. Gibon qui traitait en 1890, à la Société de Géogra-
phie, la question de l'assurance au point de vue social, M. Albert Gigot,
ancien préfet de police, ônumérait les succès de l'assurance populaire en
Angleterre et ajoutait : Une Compagnie française, la Providence, vient
d'entrer dans la môme voie et organise sur les mêmes .bases l'assurance
individuelle. Nous applaudissons à cette généreuse lenlalive et nous lui
souhaitons tout le succès qu'elle mérite
En effet, c'est M. Vermot, un publicisto très compétent, alors direc-
teur de la Providence, qui établit l'assurance populaire en 1889. Voici le
mécanisme de cette assurance :
Les risques sont divisés en cinq catégories, suivant les professions.
En outre, cinq combinaisons différentes sont offertes au public : l'assu-
rance pour la vie entière, l'assurance à double effet, l'assurance mixte,
l'assurance de retraite pour la vieillesse et l'assurance de dotation.
L'assurance à double effet garantit une somme 500 francs, par exemple,
au décès de l'assuré ou de 1,000 francs au bout de 20 ans.
Les primes sont payables tous les quinze jours: l'assuré n'a pas de
participation aux bénéfices, ni de faculté de rachat. Au bout de cinq
années de payement régulier, l'assurance, en cas de cessation de paye-
ment, est simplement réduite.
L'examen médical est facultatif pour les assurances en cas de décès
ne dépassant pas 1,000 francs; mais dans lo cas où l'examen n'a pas eu
lieu, le capital assuré n'est pas dû si la mort arrive la première année;
les primes sont alors remboursées avec intérêt de 4 0/0 l'an. Néanmoins,
si le décès survient cette première année par suite d'accident, lo capital
est payé entièrement, quoique l'assuré n'ait pas subi d'examen
médical.

(1) Page 1()3. — La Caisse va étendre sos opérations aux assurances mixtes.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 335

La police, sous peine de nullité, ne peut être ni hypothéquée, ni enga-


gée, ni transférée ; cette mesure est excellente, car, sans elle, neuf fois
-ur dix, l'ouvrier, dans un moment de gêne, serait tenté d'emprunter sur
son contrat, ot il arriverait peu à peu à l'aliéner complètement.
L'assuré peut changer de résidence, séjourner à l'étranger, dans
n'importe quel pays, situé à plus de 32 degrés de l'équateur, sans aug-
mentation de prime, mais après que la police a une existence d'au moins
une année (1).

11) Conditions principales des polices :


Art. 2. — La prime annuelle doit être acquittée d'avance, par fractions bi-
mensuelles.
Le payement des primes devra être effectué au domicile du contractant, entre les
mains de l'Agent de la Compagnie, qui en donnera reçu par sa signature sur le livret
îles reçus do primes délivré à cet effet à l'Assuré par la Compagnie.
Art. •'!. — A défaut do payement à l'échéance, et huit jours après l'envoi par la
Compagnie d'une lettre recommandée contenant rappel de l'échéance, laquelle est
détachée d'un livre à souche et adressée au domicile de l'assuré, tel qu'il est indiqué
ilans la police (à moins qu'antérieurement l'assuré n'ait officiellement avisé la Com-
pagnie de sou changement de domicile), l'assurance est de plein droit résiliée sons
.pt'il soit besoin d'autres sommations et autres formalités quelconques, la lettre
recommandée dont il vient d'être parlé constituant de convention expresse une miso
en dt-mouro suffisante. Los avis do changement de domicile devront être adressés à
la Compagnie par lettre recommandée.
Ces formalités peuvent être évitées et la résiliation peut être déterminée par le
simplo fait de la remise par l'assuré du livret des reçus do primes à la Compagnie.
Art. 4. — Si les cinq premières annuités n'ont pas été payées intégralement a la
date où cesse l'cITot do la police, les primes payées seront acquises à la Compagnie.
Si, au contraire, les cinq premières annuités ont été payées, le capital assuré sera
simplement réduit d'office proportionnellementau nombre de primes payées antérieu-
rement.
Art. C). — La Compagnie no répond pas des risques de duel, suicide ou condam-
nation judiciaire.
Art. 7. — La Compagnie ne répond pas des risques de voyage ou do séjour hors
des limites de l'Europe et do l'Algérie, ni des risques de voyage par mer autres que
'•eux d'un port d'Europe à un autre port d'Europe ot d'Algérie et vice versa, à moins
d'une convention expresse et spéciale, à défaut de laquelle la police est résiliéo de
plein droit à partir du jour de l'embarquement.
Art. 8. — Si l'assuré est ou devient militaire, ou marin au service de l'Etat, môme
par engagement volontaire, la Compagnie garantit les risques de tous services mili-
iaires on temps de paix en Franco, ainsi que le risque de mort reçue dans la répres-
sion d'un attroupement, d'uno émeute, d'une sédition ou d'une insurrection.
Les mêmes risques dans les colonies françaises no sont pas compris dans l'assu--
ranee, à moins d'uno convention expresse ot spécialo.
Si l'assuré militaire ou marin au service de l'Etat est appelé à un service de
336" _" HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Telles sont lesconditions principales de l'assurance ouvrière créée,


par la Providence et malheureusement aujourd'hui abandonnée.
Une suite de Compagnies disparues entreprennent l'assurance popu-
laire. Ainsi :
La Métropole constitue l'assurance épargne. Dans cette assurance
la visite médicale est obligatoire, mais gratuite. L'assuré doit produire un
acte de naissance ou un acte de baptême. Les primes s*e payent : dans
des bureaux de poste autorisés, ou bien encore s'acquittent à l'aide de
transfert dans les caisses d'épargne postales.
De son côté le Progrès National fonde une assurance populaire sur
les bases de la Prudential (1).
L'Ouest ainsi que le Progrès National inaugurent une combinaison
relative aux petits contrats.
D'après les conditions de Y Ouest tous les contrats de 1,000 à 3,000 fr.
se présentent au public dans des conditions extrêmement simples :

guerre contre une puissance ètrangôro, l'assurance est de plein droit résiliée au jour
do l'entrée en campagne, à moins d'uno convention expresse et spéciale.
Art. S). —Si l'assuré est vivant à l'échéance du contrat, les sommes ducs par la
Compagnie sont payées au siège social de la Compagnie, dans les huit jours qui
suivent la remiso de la police, de l'acte de naissance ot du certificat de vie légalisés
de l'assuré, auqttol la Compagnie délivre, en outre, contre la remis} do la police, un
nouveau tilre do la somme stipulée payable au décès de l'assuré, sans qu'il reste
aucune prime A payer.
Si l'assuré est décédé, les sommes dues par la Compagnie sont payées au siège
social de la Compagnie dans les huit jours do la remise de la police et dos pièces
justificatives dûment légalisées, lesquelles comprennent notamment l'acte de nais-
sance, l'acte de décès de la personne dont la vie était assurée et h; certificat du médecin
constatant lo genre de maladie ou d'accident auquel elle a succombé.
Art. 11. —-Si lo décès survient pendant le cours de la première année qui prend
naissance à la date de souscription de la police, la Compagnie no sera pas tenue au
payement du capital assuré en cas de décès. Dans ce cas, elle restituera, sur produc-
tion des pièces justificatives, aux ayants droit la prime ou les fractions de prime
payées augmentées de l'intérêt à 4%. Toutefois, si, avant de souscrire, l'assuré s'est
soumis à l'examen du médecin de la Compagnie, le capital assuré sera payable immé-
diatement après le décès, dans les conditions stipulées au deuxième paragraphe de
l'article 0. 11 en sera de même si le décès est détermine par un accident provenant
d'une cause matérielle extérieure et involontaire, lors môme que la police aurait été
souscrite sans que l'assuré se soit soumis à un examen médical préalable.
Art. 12. — Si, à une époque quelconque, une personne déjà assurée à la Compa-
gnie contractait une nouvelle assurance, sans en avoir obtenu l'autorisation préalable,
la seconde police serait nulle et de nul effet, et les primes payées demeureraient
acquises à la Compagnie.
(1) Voir pages 343, 341, 345.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 337

1° Pas d'examen médical ;


2° Versement des primes au gré de l'assuré (annuellement, semes-
triellement, trimestriellement ou mensuellement) ;
3° Payement de l'assurance, dans les huit jours, au bônôliciaire ou
mi simple porteur de la police, à la seule condition que celui-ci remette à
la Compagnie les pièces suivantes : 1° la police ; 2° l'acte de naissance de
l'assuré ; 3° l'acte de décès de l'assuré ; 4° un certificat du médecin rela-
tant la maladie qui a causé le décès; 5° un certificat d'identité du bénéfi-
ciaire ou du porteur de la police.
La Garantie Générale rie, Société mutuelle à cotisation fixe, lance en
IS85 un système de Caisse populaire et de livrets-quittance? particulière-
ment intéressant dont nous avons pu retrouver le fonctionnement (1).

t^l) ARTICLE PREMIER. — Chaque titre de la Caisse populaire d'assurances donne


droit : 1° à un capital de 500 fr., payable à l'assuré en cas de vie après vingt ans ; 2° au
remboursement en cas do décès de l'assuré avant l'échéance du contrat, des verse-
ments effectués au moment du décès, sans intérêts et sans que ce remboursement
puisse être inférieur à un minimum garanti de 100 fr. par titre, sauf les cas prévus
aux articles 5 ot 7 ; 3° à la répartition dans les bénéfices de la Société ainsi qu'il est
dit à l'article 5.
ART. 2. — Un môme assuré ne peut être souscripteur de plus de quarante titres
sur sa propre tête.
La cotisation pour chaque titre de 500 francs est fixée à. 1.50, payable au commen-
cement de chaque mois, soit au siège de la Société, soit au domicile dos agents géné-
raux ou représentants de la Société en province.
La Société se réserve le droit d'en opérer le recouvrement par les agents do la
(IOSIC.
ART. 3. — En cas de non-payement des cotisations mensuelles dans les 90 jours
de leur échéance : l°s'il a été payé moins de douze cotisations mensuelles, le contrat
est annulé do plein droit, ot les sommes versées restent acquises à la Société ; 2° s'il a
été payé douze cotisations mensuelles ou davantage, le capital assuré est réduit pro-
portionnellement au nombre dos cotisations payées ; mais l'assuré peut rentrer dans
tous ses droits moyennant le payement des cotisations en retard et de leurs intérêts, à
raison de 0.01 par mois etpar cotisation de 1.50. Il peut aussi, môme sans acquitter les
primes arriérées, reprendre le cours de ses versements ; le capital est alors
réduit proportionnellement au nombre des cotisations restées impayées à l'échéance ;
:|' si l'assuré meurt avant l'expiration du contrat, le bénéficiaire n'a plus droit au mini-
um m garanti de 100 fr. par titre, mais seulement au remboursement des cotisations
(•'ll'octivement
versées.
— Le souscripteur peut, après payement de vingt-quatre cotisations men-
ART. 4.
s"elles, demander à toute époque la liquidation anticipée do son contrat, en cas d'inca-
pacité permanente de son travail.
La Société est seule juge des justifications à fournir à cet égard. Si elle admet la
"Oinando, la liquidation a lieu jusqu'à la dixième année de l'assurance, moyennant le
25
338 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'A.SSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Parmi les Compagnies qui pratiquent actuellement la petite assu-


rance signalons encore la Caisse des familles.
Voici, d'après le rapport officiel de la section d'Économie sociale do
l'exposition de Toulon en 1890, les explications qui concernent celte combi-
naison spéciale à la Caisse des familles :
Le but de ces assurances est de faciliter l'épargne aux petites bourses
et de garantir aux travailleurs et à leurs familles des ressources certaines,
au moment où leur force productive est atteinte par la mort, la guerre, la
maladie ou le chômage. Moyennant 2 fr. 50 par mois, on souscrit un titre
de 500 fr. payables :
1° Immédiatement, si le titre sort à un des tirages annuels :
2° Ou au décès de l'assuré;
3° Ou, enfin, après 28 ans si l'assuré est alors vivant.
Chaque titre donne droit, en outre : à une part d'accumulation avec
minimum garanti de 150 fr. après vingt ans.
Ainsi, à l'expiration du contrat, le bénéficiaire reçoit au moins
650 francs.
L'assurance couvre le risque de guerre.
Elle réserve aux souscripteurs, dès la cinquième année, une large
faculté d'emprunt.
Dans une autre combinaison, la prime est seulement de 2 francs par
mois, mais en cas de décès de l'assuré, la Compagnie ne rembourse que
le montant des primes payées.
Inaugurées en 1874, ces assurances populaires sont les premières
qui ont été mises, en France, à la disposition des classes laborieuses.
remboursement sans intérêts des sommes versées. Au delà de la dixième année, les
cotisations sont remboursées sur les bases suivantes :
1° De la onzième à la treizième : 1.00 par chaque versement do 1.50 ;
2° De la quatorzième à la seizième : 1.70 par chaque versement de 1.50;
3° A partir de la dix-septième année : 1.80 par chaque versement de 1.50.
ART. 1. —'L'assuré n'est soumis à aucune visite médicale et à aucune déclaration
sur son état de santé. S'il meurt dans la première année qui suit la signature du contrat,
les cotisations versées restent acquises à la Société. S'il meurt dans la deuxième année,
les cotisations versées sont remboursées sans intérêts.
Dans aucun do ces deux cas, le bénéficiaire n'a droit au minimum garanti de 100 fr.
Il en est de même si le décès de l'assuré survient à la suite d'un duel ou d'un
suicide.
Si l'assuré meurt des suites d'un accident, à quelque époque que ce soit, le mini-
mum de 100 francs est garanti.
Les souscriptions reposant sur des assurés âgés de moins de vingt ans ot do plus
de soixante ans no donnent pas droit au minimum de 100 fr., en cas do décès desri'is
assurés.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 339

Du lor juillet 1814 au 31 décembre 1889, il a été souscrit par 85,000


adhérents 158,000 titres représentant.un capital de 79,000,000 de francs.
Aujourd'hui, la Caisse des familles a délivré 110,000 livrets de sa
Caisse populaire.
L'Abeille, qui marche hardiment vers la voie du progrès, a, elle
aussi, un système d'assurance épargne (1).
lin voici le tarif pour chaque police de 500 francs :
Durée de 15 ans.
\"o do l'assuré Montant do la mensualité
1 )e 21 à 30 ans. Pour toutes professions : 2 fr. 70. Pour les navigateurs 3 fr. 10
Do 30 à 40 — — 2fr.80. — 3IV. 22
De iO à 45 — 21V.95. — 3IV. 39

Durée de 20 ans.
Do 21 à30ans. Pour toutes professions: 2 fr. Pour les navigateurs 2 fr. 20
De 30 à 35 — — 2fr. 10. — 2fr. 31
De 35à 40 — — 2IV. 20. — 21V.42

N. B. — Le risque de la profession de navigateur étant plus dan-


gereux, une surprime était nécessaire pour pouvoir faire participer les
marins aux avantages de la combinaison d'un revenu-épargne (2).
A côté des Compagnies d'assurances sur la vie, des Sociétés d'assu-
rances mutuelles en cas de décès se sont fondées.
il) Voir Assurance des marins, page 258.
ci\ Dans les conditions générales du contrat nous relevons spécialement les
articles ci-dessous 2 ot 3, définissant les bases de l'engagement :
ART. 2.
— La somme à assurer par le présent contrat no peut être supérieure
à :!,noii francs ni, en cours régulier, ôtro inférieure à 500 francs.
Le contrat d'assurance-épargno porto un numéro général ot est composé d'un
'"irnol do polices distinctes do 500 francs chacune, numérotées do 1 à 6 et régies par
les conditions générales et particulières du présent contrat. Chacune de ces polices
est complètement indépendante des autres.
— La somme de 500 francs assurée par chaque police du carnet est
ART. 3.
Payable à l'époque fixée aux conditions particulières, ou au décès de l'assuré, s'il
survient avant cette époque.
Néanmoins, si l'assuré vient à décéder dans les douze mois qui suivront le paye-
ment de la première mensualité, la Compagnie sera seulement tenue au rembourse-
ment dos mensualités perçues, à moins que le bénéficiaire ne prouve que l'assuré est
't'vedé dos suites d'uno blessure accidentelle provenant d'uno cause violente,
''MiTieuro ot involontaire ; auquel cas la somme de 500 francs sera payée intégralement.
si I assuré vient à décéder dans les douze mois suivants, la Compagnie sera seu-
' ment tenue
au payement d'uno somme de 250 francs par police, à inoius que lo
340 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE UT A L'ÉTRANGER

Les unes peuvent être classées dans la catégorie des Sociétés à assu-
rances populaires, les autres dans celle des Sociétés d'assessment.
La Fourmilière, qui peut entrer dans la première catégorie, pratique
l'assurance populaire dans les conditions suivantes (1) :
La Fourmilière (2) permet l'accès à deux combinaisons distinctes
d'assurances temporaires annuelles, assurances se renouvelant d'elles-
mêmes, d'année en année, par tacite reconduction et sans aucune forma-
lité; et ce, jusqu'au décès de l'assuré, sauf les cas de démission ou de
radiation mentionnés aux articles 16 et 17 des statuts.
La première combinaison a pour but d'assurer, en cas de décès, aux
ayants droit des adhérents et moyennant le payement d'une cotisation
invariable, quel que soit l'âge de l'assuré, une indemnité dont l'importance
est fixée par l'article 10 des statuts.
La deuxième combinaison est destinée à permettre aux intéressés de
laisser à leurs ayants droit un capital fixe, moyennant le versement
d'une cotisation variant annuellement avec l'âge de l'assuré, cette cotisa-
tion est indiquée à l'article 11 des statuts.
La responsabilité des adhérents est limitée au montant des cotisations
versées ou statutairement appelées, lesquelles constituent un maximum de
garantie ou de contribution aux charges sociales.
Première combinaison :
Résultats avee 5 parts souscrites
Prime mensuelle: 5 fr. ; Prime annuelle: 60 Ir.
(Indemnité décroissant avec l'âge)
I.A KOIIUMII.H.HF.
Colonne iiuliq. les âges (capil. décroissant)
de décos payera quelle que soil la
pour la Fourmilière ilnte Un l'inscription
à 25~ans 5.000 fr.
à 30 ans 5.000 fr.
à 35 ans 5.000 fr.
bénéficiaire ne prouve que l'assuré est décédé des suites d'une blessure accidentcllc)
provenant d'une cause violente, extérieure et involontaire.
Si le décès se produit après le ving-quatrième mois, la somme assurée sera duc
intégralement.
ART. 4. — Si l'assuré perd la vie par le l'ait volontaire du bénéficiaire du présent
contrat, l'assurance est complètement annulée et sans valeur et les mensualités versées
restent acquises à la Compagnie.
(1) La Fourmilière a, dans l'esprit de ses fondateurs, complété le système prati4110
par la Fourmi, Société en participation d'épargne, fondée en 1879.
(2) Autorisée par décret présidentiel et statuts approuvés par le Conseil d'Etat.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FHANCE ET A 1,'ÉTRANGER 341

I.A KIII.'IWIILIKIU;
Colonne indiquant les âges (capil. décroissant)
do décès payera quelle que soil In
pour la Fourmilière iule île l'iiiscriptttH
à 40 ans 4.550 fr.
à 45 ans 3.700 fr.
à 50 ans 2.775 fr.
à 55 ans 2.000 fr.
à 60 ans 1.400 fr.
Seconde combinaison :

Prix avec 5 parts souscrites


Coût d'une assurance fixe de 5.000 francs
(Primes annuelles croissant avec l'âge)
I.A FOUHMII.IKIIE
ASSUH.VXCK (primes croissantes) fera
contractée payer annuellement
à 25 ans 60 fr.
à 30 ans 60 fr.
à 35 ans 00 fr.
à 40 ans 66 fr.
à 45 ans 81 fr.
à 50 ans 108 fr.
à 55 ans 150 fr.
à 60 ans 213 fr.

Les Sociétés d'assurances, d'assistances coopératives, ou de pré-


voyances mutuelles en cas de décès et de rentes viagères(1), autorisées ou
non par arrêté ministériel, fonctionnent en très grand nombre sur notre sol
de France.
On les nomme généralement assessments ou Sociétés au décès.
Ces Sociétés ont ordinairement pour but, moyennant une légère cotisa-
tion individuelle payée, au décès de chaque adhérent, par les adhérents
survivants :
1° De constituer au conjoint de l'adhérent décédé ou à
ses héritiers, ou
;i la personne qu'il a désignée, une indemnité qui est de 20,000 francs
pour les assurés de la première catégorie, de 10,000 francs pour ceux
delà deuxième catégorie, enfin de 5,000 francs
pour ceux de la troisième
'-atégorie ;
(1) Journal l'Observateur,année1895. Controverse sur la question de l'autorisation.

'''.'/«s, existence illégale, 13 janvier 1895.
342 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A I.'Él'RANGER

2° De payer à l'adhérent survivant, inscrit depuis vingt ans dans l;i


Société, une indemnité mensuelle dont l'importance est fixée par l'Assem-
blée générale.
Ainsi qu'il vient d'être dit plus haut, il est établi trois catégories de
membres associés :
1™ CATÉGORIE.
— La première catégorie est formée d'un groupe de
deux mille cinq cents adhérents payant chacun une cotisation de dix francs
au décès de chaque membre du groupe.
2° CATÉOOUIK. — La deuxième catégorie est formée d'un groupe de
doux mille cinq cents adhérents payant chacun une cotisation de ciinj
francs au décès de chaque membre du groupe.
3e CATÉCORIK.
— La troisième catégorie est formée d'un groupe de
deux mille cinq cents adhérents payant chacun une cotisation de deux
francs cinquante centimes au décès de chaque membre du groupe.
Chaque groupe ne peut comprendre que deux mille cinq cents adhé-
rents, mais le nombre des groupes est illimité.
En cas do décès dans un groupe incomplet, la Société ne paye que le
capital formé par les cotisations des membres inscrits dans ce groupe
proportionnellement à leur nombre et aux versements effectués.
Dans aucun cas la Société ne peut être tenue au delà des cotisations
effectivement encaissées dans le groupe du décédé.
Un état de chaque groupe est à la disposition de tous les adhérents
qui le composent.
Un adhérent peut se faire inscrire dans autant de groupes qu'il le
désire ; mais il ne peut être inscrit deux fois dans le môme.
Toute personne, sans distinction de sexe et de nationalité, âgée de
vingt et un ans au moins et cinquante-cinq ans au plus, étant dans les
conditions normales de santé, et déclarant de bonne foi ne se reconnaître
ni infirmité, ni maladie organique grave, est admise sur sa demande à
faire partie de l'un ou de plusieurs groupes de ces Sociétés.
La visite médicale peut toujours être exigée, elle a lieu aux frais de
l'adhèrent.
Ce système, importé des Etats-Unis et d'Angleterre sur tout l'ancien
continent, a donné lieu à des critiques très vives (1).

La grande majorité de ceux qui sont réduits à vivre surtout du modoste produit
(1)
de leur travail doivent voilier, en première ligne, à mettre à l'abri du besoin leurs
survivants, quels qu'ils soient, quand la mort sera venue tarir cette source de revenu*-
L'assurance en cas de décès garantit à la famille aussi, dans le cas de décès préma-
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 343

C'est l'Angleterre qui a le plus profondément pénétré dans le domaine


de l'assurance populaire.
Le rapport du Board of Trade a permis de recueillir les élé-
ments qui mettent en lumière la situation de cette assurance dans le
Royaume-Uni.

Des assurances de petits capitaux ont pris, depuis une quinzaine


«
«
d'années environ, un développement énorme par suite de la création
«
des Industrial Companies et des Collecting Societies (1).
« Les
Industrial Companies sont des Compagnies d'assurance
«
ouvrière qui pratiquent l'assurance de petits capitaux avec collection
«
hebdomadaire des primes à domicile. Leur clientèle se recrute presque
«
exclusivement parmi les ouvriers et les membres des Friendly Socie-
«
lies. Il existe actuellement 11 Compagnies de celte espèce ; dont voici
«
la liste :
«
Prudential C° ;
« Abstainers and General C° ;
«
British Légal C°;
«
British Workman's and General C°;
«
London and Manchester C° ;

titré du chef, la somme qu'il eût pu épargner avec les mêmes sacrifices pondant lo
temps qu'il avait oneore à vivre suivant la moyenne des observations. Mais quelle
caricature les Frankcnrereine ont faite do cette assurance ! A l'aide de ses bases
techniques, l'assurance sur la vie est on état de calculer assez exactement la prime
annuelle pour une somme assurée déterminée, et rend à l'assuré, sous forme de
bénéfice, l'excédent de prime qu'elle peut avoir demandé de trop dans son budget,
'l'ouïes ces garanties positives disparaissent dans l'assurance Frankenvereine. Leurs
assurés savent une chose et ne savent que cola, c'est qu'ils ont à payer 1 franc à
chaque décès d'un sociétaire ; mais la Société ne peut pas dire à l'assuré si ce cas se
présentera dix ou vingt l'ois pendant l'année, et encore moins si, lors de son décès,
*os survivants reçoivent 2,000, 1,000, 500 francs, ou si, peut-être, ils no recevraient
tien du tout... Lors même qu'uno caisse n'accorde pas l'entrée aux personnes âgées
do plus de claquante ans, ses mombros avancent cependant de plus en plus en âge et
atteignent les classes d'âge élevées ; la mortalité moyenne devient chaque année plus
défavorable ; elle augmente jusqu'à 2.2 1/2, voir 3 0/0, morne lorsque dos membres
décodés sont toujours remplacés encore par des jeunes. Mais cette alïluencedc jeunes
'•esse complètement, aussitôt que les frais atteignent ou dépassent 2 1/2 0/0 de la
xomme assurée ; car, invités à entrer dans la caisse, ils répondent évidemment :
" Votre assurance est déjà plus chère que celle des grandes Compagnies 1 Ce sont

' justement ceux qui ont payé le plus longtemps qui, finalement, ne reçoivent rien. »
iRetrait du rapport officiel du Bureau fédéral suisse, 1885.)
(1) Bulletin de l'Office du Travail, janvier 1890: Étude sur les assurances ouvrières
en Angleterre.
344 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN l'RANCE ET A L'ÉTRANGER

«London, Edimburg and Glascow C°;


« Pearl C° ;
« Refuge C°;
« Universal C° ;
« Wesleyan and General C° ;
« Yorkshire Provident C°.
« Voici, d'après les rapports publiés par le Board of Trade, le
« résumé des opérations effectuées en 1892 et en 1893 (les deux dernières
« années pour lesquelles on possède des comptes rendus), par l'ensemble
« de ces Compagnies :
Assurances ouvrières.
•1892 181)3

Disignaticin des assurances Nombre de Capitauv en Nombre de ('..i|iil;nix en


polices cours polices cours
Vie entière à primes
viagères 12.705.029 3.OIS.375.000 12.872.220 3.048.613.000
Vie entière à primes
temporaires
Total.
. . .
.... 128
12.765.157
75.000
3.018.450.000
453
12.872.1)70
88.0111)
3.048.70.1.0(1)
Assurances dotales. . 92.010 31.250.000 93.210 31.373.000
Assurances mixtes. . 154.368 40.375.000 156.066 40.882.000
Assurances sur deux
têtes 201.413 79.875.000 202.823 80.647.000
Total des assurances de
capitaux 13.213.554 3.169.950.000 13.324.778 3.201.603.000
Rentes viagères
... 1 375 1 37f>

« Comme on le voit par les chiffres ci-dessus, les assurances de


« capitaux, assurance en cas de décès (à l'exception des assurances
« dotales) représentent plus de trois milliards de capitaux répartis sur
« plus de 13,0(10,000 de polices. Le nombre des assurés dépasse
sensi-
K
blement le tiers de la population totale du Royaume-Uni, néanmoins
« les sommes assurées individuellement sont peu considérables : la
« moyenne par contrat n'est que de 235 francs environ.
« On voit, en môme temps, que les Industrial Companies ne font pour
« ainsi dire pas de rentes viagères.
« Le montant des primes encaissées a été de 142,742,000 francs,
« en 1892, et de 148,196,000 francs en 1893, soit, en moyenne, par contrai
« et par an, 11 francs environ.
« Il a été payé pour les sinistres une somme de 61,299,000 frane-
i- en 1892 et de 63,696,000 francs en 1893,
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 345

«
La majeure partie des primes est recueillie à domicile par les agents

des Compagnies, par semaine le plus souvent, quelquefois par quin-
a
/.aine et par mois. Ce mode de payement, très favorable au dôvelop-
«
pement de l'assurance parmi les classes pauvres, n'est pas toutefois
sans inconvénients, car il augmente dans de fortes proportions les
a

«
frais de recouvrement.
« D'un autre
côté, les Compagnies font des dépenses considô-
râbles en commissions de toutes sortes. La somme des frais d'adminis-
u

«
tration et de commissions allouées aux agents représente annuellement
« pour
l'ensemble des Compagnies 42 à 43 0/0 des primes ! Le minimum
«
est fourni par le Prudential (41 0/0 des primes), et le maximum par la
«
Yorkshire Provident, où il atteint 91) 0/0 des primes. On voit par là que
«
les frais de gestion sont extraordinairement élevés ; cela tient princi-
.
paiement à la nécessité d'entretenir un personnel nombreux d'agents,
«.
tant pour recueillir hebdomadairement les primes d'assurances, que
« pour
activer la production courante, dont l'arrêt ne manquerait pas de
«
compromettre gravement, du moins dans certaines Compagnies, la
«
sécurité des engagements antérieurement acquis.
« L'assurance de petits capitaux en cas
de décès est encore pratiquée
« sur une
vaste échelle par les Collecting Societies qui sont un genre
«
particulier des Friendly Societies.
« Les
Collecting Societies se distinguent des Friendly Societies ordi-
o.
naires en ce sens que certaines ne font que l'assurance sur la vie, et
« non l'assurance contre la
maladie ou les accidents. Les Collecting
«
Societies se rapprochent de nos Sociétés anonymes d'assurances mu-
c
tuelles dans lesquelles la Société gérante est entièrement distincte de
'
l'association mutuelle des assurés (exemple : le Conservateur, en
1
France).
« On comptait, en 1888, 52 Collecting Societies pour l'ensemble du

Koyaume-Uni, dont 47 en Angleterre, 5 en Kcosse.
« Parmi les 47 Sociétés anglaises, 4 assurent chacune plus de
«
100,000 personnes. Ce sont :
« The Royal Liver Society ;
« The Liverpool Victoria and Légal Society ;
« The Royal London Society ;
« The Blackburn Philanthropie Burial Society.
« Les autres sont beaucoup moins importantes et n'englobent, prises
ensemble, que 10 0/0 du total des membres des Collecting Societies
anglaises.
« Parmi les cinq Sociétés écossaises, une, The Scottish Légal Life
346 HISTOIRE GÉNÉRALE DE l.'ASSUliANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« Assurance Society, possède plus de 400,000 assurés, et deux autres ont


« plus
de 10,000 et moins de 100,000 membres.
« Les Collecting Societies font l'assurance en cas de décès et l'assn-
« rance dotale pour des sommes peu élevées. La moyenne, par contrat,
« du capital assuré n'est que de 150 francs environ; elle est inférieure
« à la moyenne accusée par les Industrial Companies.
« Les Collecting Societies recueillent les primes à domicile au moyen
« de collectes hebdomadaires, comme leur nom l'indique. Le montant de
« la cotisation hebdomadaire n'est que de 1 à 3 pence (0 fr. 10 à 0 fr. 30).
« En dehors de ces Sociétés, proprement instituées en vue de l'assu
« rance de capitaux, les Friendly Societies et les diverses associations
« de travailleurs {Trades Union et autres Associations of Empltiycd)
« garantissent à leurs membres le payement d'une certaine somme au
« décès, destinée principalement à couvrir les frais d'enterrement... (1). »

Le Post Office possède une Caisse distincte d'assurance sur la vie,


analogue à la Caisse nationale d'assurance en cas de décès française (2),
mais qui ne fonctionne guère avec plus de succès en Angleterre que cette
dernière institution en France, malgré les tarifs meilleur marché que
ceux des Industrial Companies.
Le rapport du Select Commitlee on National Provident Assurance a
relevé, en 1885, comme moyenne annuelle des opérations souscrites à
cette Caisse, dans l'intervalle de 1879 à 1884, 255 contrats par an, repré-
sentant 510,000 francs de capitaux assurés.
La moyenne, assez élevée, de 2,000 francs par contrat paraît, du
reste, indiquer que les assurés du Post Office appartiennent plutôt à la
petite bourgeoisie qu'à la classe ouvrière proprement dite.
Avant de quitter la Grande-Bretagne, signalons encore l'existence de
la Whittington qui a créé des primes de cinq francs par mois et dont la
direction française a été, en 1889, confiée à M. Delaquys
En Suisse, un procédé assez intéressant est employé par la
Société Suisse d'Assurances Générales sur la vie, pour faciliter, en le
morcelant, le payement des primes et vulgariser ainsi la pratique de
l'assurance en la mettant à la portée des petites bourses.
Ce procédé consiste à délivrer, sans frais, aux assurés, des cartes
valables pour un trimestre et divisées en treize cases.

(1) Voir page 243, Assurances des funérailles. En Angleterre, en dehors des
Trades Union, il existe des Sociétés de funérailles fonctionnant sur le genre des
Caisses d'enterrement hollandaises.
(2) Voir page 173.
1IIHT0IRE GÉNÉRALE DE 1,'AS.SURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 347

L'intéressé est invité à apposer chaque semaine dans une de ces


cases un timbre-poste de valeur variable et à renvoyer, le trimestre
écoulé, à la Société, la carte ainsi revêtue de timbres dont la valeur totale,
qui est remboursée par la poste, représente le montant de la primo
trimestrielle.
L'assurance est faite avec ou sans visite médicale; le payement du
capital est intégral pour les visités, quelle que soit l'époque de la mort;
pour les non visités, il est intégral en cas de décès causé par maladies
ôpidômiquos ou s'il survient après la deuxième année.
L'assurance populaire comprend l'assurance vie entière à primes
temporaires et l'assurance mixte; les primes sont de 0 fr. 25 à 1 franc
payables par semaine : les assurés participent aux bénéfices. L'ensemble
des assurances d'une môme personne ne doit pas excéder 2,000 francs.
Les conditions d'assurances sont inscrites dans le livret. En voici
les principales :

«
Celui qui fait une proposition d'assurance doit être absolument
«
sincère envers la Société. Si dans les documents concernant l'assu-
« rance, ou
à l'occasion de l'examen médical, il a trompé la Compagnie
« par
de fausses déclarations ou des réticences frauduleuses, il est
«
déchu de tous ses droits et les sommes payées ne sont pas restituées.
« Tout assuré est tenu, à moins qu'il ne meure pendant la première
« année,
d'acquitter intégralement la prime de quatre trimestres au
«
moins.
« Si un assuré, qui a intégralement acquitté les primes de douze
«
trimestres, ne veut plus "ou ne peut plus continuer ses payements, son
« assurance n'est pas perdue, mais la Société lui offre une assurance

«
réduite, pour laquelle il n'aura plus de primes à payer, ou la valeur
«
de rachat.
« Une assurance peut être remise en vigueur dans les douze mois
« qui suivent l'échéance de la dernière prime trimestrielle, pourvu que

« l'assuré acquitte les primes non payées, avec un supplément de


« 1/3 0/0 de la somme assurée et fournisse la preuve que sa sanlô n'a pas

'< subi d'altération.


« Si l'assuré perd la vie au service militaire en temps de paix, ou en
« campagne lors d'une mobilisation non suivie de guerre, la somme
" assurée est payée en entier.
« Si, au contraire, ilsuccom.be dans un service de guerre, sans s'être
" entendu pour une surprime, les primes payées sont restituées.
« Si un assuré meurt par suicide ou duel, après trois années
348 HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A l/ÉTRANGER

« entières, la Société paye intégralement la somme assurée. Pour moin


.
« de trois ans, la Société paye la réserve.
« Tous les bénéfices afférents à la branche assurance populaire
« appartiennent aux assurés. L'assuré qui a payé intégralement les pri-
« mes de douze trimestres participe aux bénéfices. Les parts de bénéfices
« sont déduites des primes. »
Toutes ces conditions sont parfaites, mais il est un point qui nous le
semble moins, c'est la tarification.
En effet, l'assurance populaire est coûteuse aussi bien en Suisse qu'en
Angleterre ou en France; aussi pour ne pas travailler à perles, la Société
Suisse d'Assurances Générales a-t-elle été obligée d'augmenter les tarifs
ordinaires de 40 0/0 !

Dans ces conditions le côté humanitaire de l'oeuvre échappe à l'ana-


lyse, l'assurance populaire n'ayant sa raison d'ètro qu'en raison de la mo-
dicité de la prime et de sa perception hebdomadaire ou mensuelle.
Quoi qu'il en soit, constatons que le peuple suisse apprécie favorable-
ment le système inauguré par la Société Suisse d'Assurances Générales.
LuBdloise qui a établi en France une succursale importante souscrit dos
polices garantissant de petits capitaux au profit des employés et des ouvriers
dont les primes sont payables hebdomadairement ou mensuellement
En Allemagne, l'assurance populaire existe. On cite la Victoria de
Berlin comme opérant des merveilles en ce genre d'assurance.
Le système allemand repose sur le payement mensuel de la prime
L'Italie compte notamment une grande compagnie d'assurances popu-
laires : la Populare de Milan.
L'assurance décroissante est la forme d'assurance adoptée par la
Populaire.
Avec le contrat d'assurance décroissante à prime constante, la
Société s'oblige à payer à la mort de l'assuré un capital qui va graduelle-
ment en diminuant d'année en année pour s'éteindre à l'époque où
l'assuré aura 80 ans.
En équivalence on doit verser une prime annuelle divisible aussi en
parts semestrielles, trimestrielles ou mensuelles, constante pour toute
la durée de la police.
En Belgique, YAntiverpia est une des Sociétés qui pratiquent l'assu-
rance populaire. Elle comptait 152,000 assurés au 1er janvier 1896.
En France, cette oeuvre de l'assurance populaire, entendue comme
le désirent les philanthropes, reste à l'état de simple expérience;
IIISTUllll! GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANGE ET A L'ÉTRANGER 349

11 en sera ainsi tant que le problème de la perception des primes


no sera pas résolu.

L'Assurance de natalité, — Repopulatrice. — La Maternelle. —


/.'Assurance dotale. —L'Assurance à terme fixe. — La Métropole, la
l'iovidence, l'Abeille.— La Famille française. — Société de dotation

le la jeunesse. — En Italie, — En Allemagne,— Au. Canada.— L'Assu-
rance de première communion. — L'Assurance des jumeau, r,— tin célibat.
— Système
de la Prorideitce.— L'Assurance contre le divorce.

De l'assurance populaire, passons aux assurances qui en découlent.


C'est d'abord l'assurance de natalité imaginée par M. Noguez :
Le père de la jeune tille versera une prime à la compagnie, afin de
constituer un capital à la naissance de chacun des enfants qui naîtront
du mariage de sa fille... (1).
Puis ensuite éclôt l'assurance repopulatrice de M. Camille Rey :

a Vous avez, je suppose, une place de 4 ou 500 francs par mois et


« vous épousez une
jeune fille qui vous apporte une dot de 20,000 fr.
«
Le jour de votre mariage vous contractez une assurance repopulatrice
«
de 20,000 francs et vous versez les 20,000 francs à la Compagnie avec
" laquelle vous avez contracté. A la naissance de chacun de vos enfants
' vous toucherez 800 francs
de la Compagnie, et le jour où chacun de
« vos enfants aura vingt-cinq ans, il touchera 20,000 francs. Si vous avez
«
cinq-enfants, vos 20,000 francs vous rapporteront 104,000 francs.
« Si vous n'avez pas un
capital suffisant pour verser en une seule
«
fois les 20,000 francs, vous pouvez les verser en douze ans, avec les inté-
« rôts, à raison de 2,258 francs par
chaque versement annuel. Dans l'un
« comme
dans l'autre cas vous assurerez à chacun de vos enfants, à
«
l'âge de vingt-cinq ans, une somme égale à celle que vous avez versée
" vous-même. Enfin, vous n'avez pas plus à verser pour deux, trois,
« quatre, cinq enfants que pour un seul. »

Telle est la façon dont M Rey explique les avantages de son


assurance.
La Maternelle, compagnie d'assurance, d'aide et de protection,
repose sur les mêmes principes.
(1) Voir page 352.
350 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

L'assurance dotale est la suite naturelle de l'assurance de natalité.


Toutes les Compagnies d'assurances possèdent en l'assurance à
terme fixe la véritable assurance dotale (1).
Plusieurs Compagnies ont, en outre de l'assurance dotale à ternie
fixe, quelques combinaisons spéciales à la dot.
Signalons d'abord la Métropole et la Providence (2).
(1) Exemple : Un père de famille contracte, en 1881, une assurance à terme lixe
(assurance dotale) de 20,000 francs payables en 1001 à son enfant.
Si ce père meurt avant cette époque (serait-ce mémo le lendemain de la signature
du contrat), il n'y a plus de primes à payer et l'enfant recevra les 20,000 francs
en 190-1.
Si c'est l'enfantqui meurt avant l'époque fixée, lo père peut l'aire reporter cette assu-
rance, dans les mêmes conditions, soit sur un autre enfant, soit sur une autre personne
quelconque, soit sur lui-même.
Enfin, si, par suite d'un accident de fortune ou pour toute autre cause, le pèro ne
peut plus ou ne veut plus continuer le payement des primes, l'assurance n'est pas
annulée (pourvu que le contrat ait au moins trois ans d'existence), elle est réduite pro-
portionnellement au nombre des primes payées ; c'est-à-dire que si, par exemple, .">

primes seulement ont été payées sur 20, l'assuré ne recevra, en 190 1, que 5,000 francs.
Dans ce cas, le père en question peut même faire toucher cette soinmo immédia-
tement, par le bénéficiaire s'il le désire, en l'escomptant.
(2) Assurance de dotutimi simple. — Il s'agit uniquement de constituer à un enfant
une dot pour l'époque de sa majorité, et de la constituer aussi forte que possible avec
les plus faibles versements possibles. — Si donc l'enfant meurt prématurément, comme
la dot est payable on cas de vie, les faibles cotisations versées resteront sans résultat,
mais elles auraient été tout do même dissipées en pure porte, et s'il vit, le capital
obtenu n'aurait jamais pu l'être par tout autre moyen.
TARIF.— Prime bimensuelle assurant un capital de 100 francs, payable à un enfant
a l'âge de 21 ans, s'il est vivant à ce moment :
AGE Prime l'rimo Prime
an prechain anniversaire pour 10» fr. pour -250 fr. pour !j(X) h.

1 » 15 »
35 .»
(15
2 »15 ..35 » 70
3 ..15 »
40 ..
80
4 ..20 » 45 ..
85
5 -20 » 50 .. 95

Nota. — Il peut arriver que lo père de famille ne puisse continuer le payement


des primes jusqu'au terme du contrat. Ce payement peut, par exemple, êtro interrompu
par suite de son propre décès. — Dans ce cas, si le contrat a au minimum 5 ans de
durée, l'enfant reste assuré pour un capital proportionnel au nombre des primes
payées.
Assurance à terme Ji.re, tarif unit[iie. — Dans ces conditions, lo père de l'auiill.
contractant payera, quel que soit son âge compris entre 21 et 45 ans, une prime
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 351

Puis ensuite Y Abeille (1).


A côté des Compagnies d'assurances des Sociétés de dotations ont
,;tc fondées.
luinensuelle uniforme de 20 centimes pour un capital de 100 francs, payable dans
ungt ans.
Cette prime serait de 0,55 pour 250 francs.
— de 1.10 — 500 francs.
— et de 2,20 — 1.000 francs.
Nota. — Si l'enfant auquel est destinée la somme assurée vient à décéder avant le
terme du délai, il n'y a rien de perdu, car, l'assurance étant faite sur la tête du père
il peut en transporterie bénéficesoit à un autre enfant, soit à sa femme s'il ne lui reste
pas d'enfant, soit à une autre personne, désignée parlui, et enfin le toucher lui-même
s'il est vivant au terme du contrat. (Conditions de la Providence.)
(1) Le placement dotal de l'Abeille est un contrat d'après lequel, moyennant une
prime annuelle, la Compagnie s'engage, en cas de vie d'un enfant à un âge déterminé,
à payer un capital fixe, indépendant de l'augmentation résultant des bénéfices. En cas
île décès du contractant (père, mère ou toute autre personne qui souscrit le contrat), la
prime cesse d'être due à la Compagnie, qui n'en reste pas moins obligée au payement
du capital fixe, si l'enfant vit au terme indiqué.
Le but de cette combinaison est de constituer le plus gros capital possible sur
la lèto d'un enfant, s'il vit à une époque déterminée.
Voici quatre exemples qui on expliquent le mécanisme :
1° M. Durand; 2° M. Benoit; 3° M. Dumont; I" M. Bonnard, âgés de trente ans,
souscrivent chacun un contrat de placement dotal sur la tête d'un enfant d'un an pour
lui constituer à sa majorité, moyennant lo versement d'une prime annuelle de 194 fr.,
un capital do 5,000 francs, avec l'augmentation résultant de l'accumulation ot de la
'•apitalisation des bénéfices indiqués ci-dessus.
M. Durand perd son enfant avant le terme fixé dans le contrat. La dot qu'il se pro-
posait de constituer n'a plus sa raison d'être, et il lui sera rondu simplement, sans
intérêt ni bénéfice, à ladite époque, les sommes versées par lui.
M. Benoît décède lui-môme. Le contrat se trouve entièrement libère ; la famille n'a
plus rien à verser et son enfant touchera, s'il existe au terme fixé, l'intégralité du
rapital de 5,000 francs garanti, mais sans aucun autre bénéfice ni intérêt, à moins que
la famille, dans le cas où il n'y a plus qu'un petit nombre de primes à verser, estime
'l'i'il y a intérêt pour l'enfant à continuer ce versement, afin de le faire participer à la
' .partition des bénéfices. Dans le cas où l'enfant, aussi, viendrait à décéder, la famille
"'aurait droit, à l'expiration du contrat, qu'au remboursement des sommes versées,
sans intérêt ni bénéfice.
M. Dumont interrompt ses versements. S'il n'a pas effectué lo versement de cinq
l'i'imes, il perd tous ses droits. S'il a effectué le payement des cinq primes, au moins,
u a droit, au terme fixé, en cas de vie comme en cas de mort de son enfant, au simple
vmboursement des sommes versées.
M. Bonnard effectua ses versements jusqu'au terme fixé, et son enfant vit à cette
",""</«<;. 11 a droit au capital de 5,000 francs garanti, plus à sa part proportionnelle dans
11 totalité des bénéfices laissés
par MM. Durand, Benoit et Dumont, et qui sont capi-
'«lises au taux de 4 0/0 pour le compte de l'association.
352 HISTOIRE GÉNÉRALE DE l/ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Signalons la Famille française de M. Noguez qui constitue à toute


jeune fille une dot payable le jour de son mariage.
La Société est créée dans un but d'intérêt général : doter les jeunes
filles, favoriser la multiplicité et la natalité (1)
La Société de dotation delà jeunesse de France est encore une Société
de ce genre
En Italie, on prête au ministre de la guerre l'intention de remplacer
l'obligation de la dot par celle de mettre à couvert l'avenir de la femme
et des enfants moyennant une assurance de 10,000 lires, imposée à tons
les officiers qui se marient avant d'avoir atteint 33 ans. Les officiers qui
se trouvent dans ce cas pourront choisir en toute liberté la Compagnie
d'assurances qui leur plaira et les primes qui doivent être couvertes seront
formées avec la retenue mensuelle d'une partie de la solde qui corres-
pond aux officiers selon leur grade
En Allemagne des Compagnies assurent la dot dans des conditions
très avantageuses ; on peut faire des versements de primes toutes les
semaines; la plus petite cotisation est de 10 pfenings (12 centimes) par
semaine.

(1) Cotisations annuelles pour une dot de 100 francs pagable le jour du tnari«<jt'.

AGE -
Colisalions payables AGE Cotisations njyiihh.s
de l.i jusqu'il dix-huit ans delà jusqu'à dix-huit ans
J1ÎUNE l'Tl.l.lî. au maximum. JKUNK l'H.LK. au maximum.

Naissance 2.15 Sans 3.50


1 an 2.80 4 ans 3.90
2 ans 3.10 5 ans 4.40

Moyennant une cotisation supplémentaire, il peut être spécifié sur le contrat :


1" Que les cotisations versées seront remboursées en cas do décès de la jeune lillo
avant dix-huit ans.
2° Que la dot sera versée h la jeune fille, à vingt-cinq ans, même si elle n'est pas
mariée.
Observaiions générales. — 1" Il suffit de prendre les chiffres ci-dessus comme base
pour trouver la cotisation garantissant une dots'élevant à une somme quelconque jus-
qu'à dix mille francs.
2" Si la jeune fille se marie avant dix-huit ans, toute cotisation cesse et la dot est
payée le jour même du mariage.
3° Si la jeune fille n'est pas mariée à dix-huit ans, toute cotisation cesse après i:et
âge, et la dot n'en reste pas moins garantie, payable le jour du mariage.
4° Pour les jeunes filles de plus de 10 ans, les cotisations sont fixées de gré à
gré.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A
L'ÉTRANGER 353

La Canadienne de Montréal pratique également l'assurance pour


enfants (1)
L'Antwerpiad'Anvers, en outre de l'assurance populaire et du recru-
tement, pratique l'assurance de première communion
L'assurance des jumeaux est une combinaison de la Provident
Bounty Association.
Moyennant une légère prime payée le jour de leur mariage, les
époux seront assurés contre la perturbation jetée dans le budget d'un
ménage par la soudaine apparition des jumeaux.
La Compagnie, dans cette éventualité, payera une somme de 250 à
r>,000 francs
L'assurance du célibat et des vieilles filles existe en Danemark et
en Autriche.
L'assurance est prise généralement lors de la naissance de l'enfant ;
le père verse un capital déterminé et s'astreint, en outre, au payement
d'une prime annuelle.
La mort ou le mariage de l'assurée éteint l'assurance ; les fonds
versés sont définitivement acquis à la Société. Le contrat a plein et entier
effet lorsque la jeune fille assurée atteint l'âge de 24 ans sans être ou
avoir été mariée; elle a alors le droit au service d'une rente déterminée
et à l'habitation dans un édifice spécial appartenant à la Société.
Cet édifice est entouré de jardins et d'un parc, il est occupé exclusi-
vement par des personnes du beau sexe qui y ont acquis droit de cité par
l'effet d'un contrat d'assurance.
(1) Tables pour enfants. Primes hebdomadaires... cinq contins.
Bénéfices paya-
blés si la mort
arrive après trois
mois et
2 3
™» i
4 5 6
: —.——^
AGE AU PROCHAIN ANNIVERSAIRE

7 8 9 10 11 .—
12
— — — — — — — — — — —
Avant 1 an ,115 -5 11 5 20 5 24 6 2!) 5 35 5 42 5 50 5 60 5 75 5 95
. . .
Après 1 18 20 24 29 35 42 50 00 75 95 115
— . . .
— 2 ans 20 21 29 35 42 50 00 75 95 115
. .
— 3 — .
24 29 35 42 50 m 75 95 115
.
35 42 50 60 '75 95 115
— 4 — . .
29
— 5 — 35 42 50 00 75 95 115
. .
— 6 — 42 50 00 75 95 115
. .
— 7
— 50 60 75 95 115
. .
— 8
— 60 75 95 115
. .
— 9 — 75 95 115
. .
~ 10 — . .
95 115
— 11 — . .
115
Note : ii D'après ce tableau, on voit que dans le cas d'un entant d'un an, par
" oxemple, une prime hebdomadaire de cinq eentins payera une assurance de 515,00,
26
354 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSUUANCE EN l'RANOE ET A L'ÉTRANGER

La mort du chef de famille donne ouverture immédiate au droit


d'habitation; quant à la rente, elle n'est acquise, dans ce cas, comme dans
le précédent, que par l'arrivée de l'âge déterminé de la jeune fille.
L'Assurance épargne imaginée par la Providence est également une
assurance pour les célibataires (1)
A Chicago, on vient de fonder une Compagnie d'assurances contre le
divorce :
Chaque somme versée par les associés non divorcés forme une
prime que l'on remet aux mains d'un des divorcés. Au début, on pensa
indemniser celui qui demande et obtient le divorce; mais, après avoir
examiné la question, on a reconnu plus équitable d'indemniser l'autre
conjoint ; car, a-t-on dit, la victime est celui des deux époux qui, se trou-
vant relativement bien, ne désire pas rompre le lien conjugal.
Cette nouvelle Compagnie ayant dessein de mettre des obstacles au
divorce, il est très naturel qu'elle favorise ceux qui ne divorcent pas et
non ceux qui demandent la séparation.
En outre, le règlement de la Compagnie comprend un article spécial
qui prévient que les associés convolant en secondes noces, après avoir
divorcé, payent double prime s'ils veulent entrer de nouveau dans la
Société.

Risque de guerre eu temps de paix. — Conditions des polices. —


L'Association mutuelle des risques de guerre et d'émeute. — Association
mutuelle des risques du siège de Paris. — Le Palladium. — L'Ordre. —
La Citadelle. — Mutuelle militaire : accidents de manoeuvres et incendie.

« après avoir été assuré pendant trois mois : c'est-à-dire ; si l'enfant mourait aprùs
«
trois mois et avant un an, à compter de la date de la police, la Compagnie payerait
« 515.00; s'il mourait durant la seconde année, 517.00 seraient payées ; à la sixième
« année, 5 35.00; de sorte que l'assurance augmente à chaque année jusqu'à ce qu'elle

«
arrive à 5 115.00 à l'âge de douze ans. Ce montant de 5 115.00 est le môme aussi long-
'i temps que la prime hebdomadaire de cinq centins est payée. »
(l) Extrait des conditions générales :
L'Assurance d'épargne, sans demander aucun dérangement à l'assuré vient régu-
lièrement, toutes les quinzaines ou tous les mois, recueillir quelques centimes qui
seraient probablement gaspillés, et dont l'abandon n'impose aucune privation sensible,
puis elle les transforme en capitaux qu'elle remettra à l'assuré au bout de 15 ans, s'il
est vivant à cette époque.
TARIF UNIQUE. —Dans ces conditions, et quel que soit l'âge de l'assuré contractant!
compris entre 21 et 45 ans, une prime de 0 fr. 20 payable le 10 et le 25 de chaque
mois assure un capital de 100 francs payable au bout de 16 ans.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 355

En Suisse : la Zurich. — En Allemagne : L'assurance du service mili-


__
taire. — En Autriche. — Le remplacement et le recrutement, historique. —
Sociétés d'assurances : Associations des familles, la Sentinelle, etc.. —
j.a Société d'assurances mutuelles en cas de décès des gardes nationaux. —
Vu décre' du Gouvernement de la Défense nationale. — Statuts. — La
Défense mutuelle de Paris. — Lyon. — Rouen. — Lille. — L'assurance
rentre la dynamite.
Les polices d'assurances contre l'incendie contiennent une clause obli-
geant à une surprime tout propriétaire d'immeuble assuré qui logera en
temps de paix un nombre quelconque de militaires, par suite de mobilisa-
tion, manoeuvres ou simple déplacement de troupes.
Cette surprime est extrêmement minime et couvre un risque impor-
tant.
Par contre, ainsi que le signale le dictionnaire Bozérian (série 10) :

« Les conditions des polices d'assurances contre l'incendie excluant


••
formellement les risques qui proviennent cle guerre, d'émeute, etc., des
»
Compagnies ont pensé qu'il était possible de garantir par une assurance
'.
spéciale ce genre de risque. Cette assurance s'applique aux pertes
«
éprouvées par les propriétés mobilières et immobilières, mais exclusi-
i vement par suite d'incendies causés par guerre, invasion, force ou
«
occupation militaire, insurrection ou émeute. Elle ne couvre pas les
«
pertes ou dommages que l'assuré pourrait éprouver par suite de défaut
«
de location, changement d'alignement, résiliation de baux, chômage,
"
privation d'e gain ou de jouissance, en un mot toutes autres pertes et
dépréciations dont le sinistre serait l'occasion. Cette assurance parti-
'<
culiôre n'a pas obtenu jusqu'à présent une grande faveur dans le public
" et
il ne faut pas s'en étonner ni le regretter beaucoup. Elle a bien des
«
défauts pratiques:
« 1° L'éventualité des sinistres n'est pas suffisante pour permettre de
« grouper les assurés ; 2° les risques ne sont pas suffisamment divisibles,

« ce qui rend cette assurance impraticable.


Évidemment le risque couvert
" est
éloigné, douteux, improbable si l'on veut; mais enfin dans le cas où
*
il se réaliserait, dans le cas où des faits semblables à ceux qui se sont
« passés sur tant de points pendant la guerre de 1870-1871 viendraient à se

« renouveler, dans n'importe quel pays où fonctionnerait l'assurance en

« question, il n'est pas téméraire d'affirmer qu'il n'y a pas de Compagnie

* qui fût en mesure de tenir ses engagements.

« Une seule Compagnie pratique cette assurance, et elle ne semble


1 pas avoir jusqu'à ce jour réalisé de très nombreux contrats. Une Société
356 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

«
mutuelle s'est également formée dans le môme but; c'est là, croyons-
« nous,
les deux seules Sociétés de ce genre existant en France. »
Le dictionnaire Bozérian vise en effet Y Association Mutuelle des ris-
ques de guerre et d'émeute fondée en 1873 par M. Amôdôe Thouret(l).
Celle création de M. Tbouret procédait en effet d'une Société fondée
au mois de septembre 1870 et intitulée : Association Mutuelle des risques
d t siège de l'aris.
Cette dernière Société, en raison de l'urgence, fut dispensée de l'ac-
complissement des formalités légalement nécessaires pour la constitu-
tion d'une Société ; le décret de dispense, en date du 15 septembre 1870,
fut publié au Journal officiel, du 20 du môme mois. Pendant son fonc-
tionnement elle couvrit 4,236 risques, formant ensemble 332,823,199 fr.,
chaque assuré paya en moyenne (la prime variant suivant les zones)
1 IV. pour 1,000, et s'engagea jusqu'à concurrence d'un maximum vingt

l'ois plus élevé. La Société reçut en espèces une somme de 356,318 fr. 20.
La cotisation portée au maximum pouvait produire 7,126,364 fr. La
Société éprouva 187 sinistres, s'élevant ensemble à 192,700 fr. 18; les
fonds versés, représentant le vingtième du maximum, payèrent les
sinistres et les frais ; il n'y eut aucun appel supplémentaire à faire et
même la Société restitua aux assurés 31 0/0 de ce qu'elle avait perçu,
soit 110,458 fr. 64; la prime moyenne ne dépassa donc point 0 fr. 62
par 1,000 fr.
Ces deux Sociétés : Association Mutuelle des risques de guerre et
d'émeute et Association Mutuelle des risques du siège de Paris ont été
imitées, dans la suite, par le Palladium et la Citadelle.
Le Palladium garantit d'une part l'assurance corporelle, c'est-à-dire
qu'il donne une indemnité en cas de mort et en cas d'incapacité relative ou
absolue de travail ; et d'autre part l'assurance matérielle, c'est-à-dire qu'il
assure contre l'incendie, contre la destruction totale ou partielle par suite
des faits de guerre ou d'émeute, contre la destruction des récoltes pen-
dantes ou engrangées, la coupe des bois ordonnée par l'autorité militaire
régulière ou non ; contre les réquisitions, les contributions en nature ou
en argent, l'entretien forcé de troupes régulières ou non, en un mot contre
tous les dommages pouvant résulter de tous les faits do guerre, d'émeute
et d'insurrection.
La cotisation varie de 1 à 6 pour 1,000 dans l'assurance corporelle,
(1)En 1885, la Société couvrait 92,140,350 fr. de risques, son capital de garantie
était de 2,014,391. — Le Président de son Conseil d'administration était M. Ilol'er,
directeur de la Fraternelle Parisienne. En 1892 la Société couvre 93,600,000 fr. de ris
ques ct'eMe garantit contre les explosions de dynamite (voir page 361).
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 357

suivant la catégorie militaire de l'assuré, et de 1 à 2 pour 1,000 dans


l'assurance des pertes matérielles. •
A côté du Palladium qui est une Société mutuelle, fonctionne
y Ordre, Société annexe à capital-actions qui se chargeà forfait des frais de
toute nature au moyen des intérêts produits par les cotisations qui lui sont
réservés statutairement, de sorte que le capital des cotisations reste '
absolument libre.
Si pendant les quinze ans que dure l'assurance, un sinistre a lieu, le
capital en question est employé à le réparer d'après les règles de la
mutualité; si, au contraire, aucun sinistre ne survient, ce capital reste
entier et il est restitué aux assurés.
Il s'ensuit donc que l'assurance n'a coûté à ces derniers que l'intérêt
des cotisations annuelles durant quinze ans.
La Citadelle, créée par M. Robert, garantissait, en outre des risques
ci-dessus, les dégâts causés par les tremblements de terre.
L'idée de MM. Thouret, Fouzès et Robert est excellente, mais les
années sombres sont loin et l'homme vit d'espérance, il songe peu aux
catastrophes à venir.
Plus appréciable est l'assurance corporelle contre le risque de
manoeuvres et de mobilisation.
Le risque de guerre et de manoeuvres au point de vue accident est
couvert par quelques Compagnies. Signalons en France, la Mutuelle
militaire qui offre aux officiers français d'intéressantes combinaisons leur
permettant de se garantir, moyennant une prime modique, contre les
accidents corporels qui peuvent les atteindre, non seulement en temps de
guerre, mais pendant les périodes de grandes manoeuvres et d'exercices,
comme, par exemple, les chutes de cheval, les accidents résultant du tir
a la cible, etc., etc. (1).
La Mutuelle militaire étend sa garantie à l'assurance contre l'incendie
dos effets personnels de ses assurés consistant en linge, effets d'habille-
ment militaires ou civils, bijoux, armes ordinaires ou de luxe, et tout ce
(l) ART. 35. — La totalité du capital assuré est due en cas de mort et d'incapacité
delà première catégorie : l'incapacité de la deuxième catégorie donne droit à la moitié
fit l'incapacité de la troisième catégorie au quart du capital assuré.
§ 1.— La première catégorie d'infirmités est constituée par une incapacité perma-
nente et absolue, telle que perle de la vue, de l'usage de deux membres.
§ 2.
— La deuxième catégorie comprend les infirmités permanentes, telles que la
l>vrlc d'un membre ou un trouble fonctionnel équivalent, résultat de blessures.
§ 3.
— La troisième catégorie comprend les infirmités relatives, telles que : perte
d'un oeil, de plusieurs doigts, gêne fonctionnelle équivalente, paralysie permanente,
partielle résultant de blessures.
358 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

qui constitue l'équipement d'un officier, y compris le harnachement du


cheval s'il y a lieu...
Sur meubles de garni ou appartenant à l'officier.
La prime est de 0 fr. 60 0/0.
En Suisse, la Zurich assure les troupes mobilisées pour la concen-
tration des grandes manoeuvres. La Compagnie garantit aux officiers
10,000 francs en cas de mort et 10 francs par jour d'incapacité tempo-
raire et aux hommes 3,000 francs en cas de mort et 3 francs par jour
d'incapacité temporaire.
La prime fixée à 5 francs par officier et 1 fr. 50 par homme pour
l'artillerie et la cavalerie, est réduite à 3 fr. 50 par otficier et 1 franc par
homme pour l'infanterie.
En 1892, notamment, la VI0 et la VII" division en bloc, c'est-à-dire
un peu plus que la moitié de toutes les troupes mobilisées, en tout 12,200
hommes de toutes les armes, ont participé à l'assurance.
Il y a eu 73 accidents, dont deux ayant eu pour conséquence des
invalidités partielles, pas de cas de mort.

L'assurance du service militaire, sorte d'assistance pécuniaire en


faveur des incorporés, se pratique en Allemagne (1), en Autriche et
en Hongrie (2) ; quant à l'assurance contre le recrutement et le rem-

(1) Deutsche Militàrdiensi-Versicherutigs-Anslalt inHannover (Institution d'assu-


rances pour le service militaire allemand à Hanovre). Au mois de janvier 1896, cette
institution qui comprend deux branches : assurance pour le service militaire allemand
et assurance sur la vie, avait 1,631 individus assurés pour un capital de2,146,000 marks.
Depuis l'établissement de cette institution (1878) jusqu'à la fin de janvier 1890, il
y a 280,967 assurés pour un capital-assurance de 331,786,000 marks. L'actif de cette
Société s'élevait, au mois de janvier, de 68,522,000 à 69,871,000 marks.
D'autre part, l'Union des officiers de l'armée allemande est une association dont
le but est de procurer à ses membres certains avantages dans l'acquisition des objets
de première nécessité ; elle opère d'après le système des Sociétés coopératives
d'alimentation. En 1894, elle a décidé qu'elle ajouterait à ses opérations l'assurance
contre l'incendie de ses sociétaires. Elle a, à cet effet, conclu une convention avec la
Commercial Union anglaise, qui a consenti à assurer les habitations et les mobiliers
des officiers associés, à des conditions exceptionnellement avantageuses.
(2) La Première Assurance autrichienne pour le service militaire est une nouvelle
Compagnie d'assurances de Vienne, qui a pour but de venir en aide aux familles des
soldats appelés sous les armes et aux soldats eux-mêmes pendant la durée de loin'
service militaire.
Le but de la Société est le suivant : 1° donner une assistance pécuniaire aux
soldats appelés pour deux ou trois ans sous les drapeaux, ou aux volontaires d'un an;
2° fournir aux anciens soldats des moyens d'existence jusqu'à ce qu'ils aient pu
HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 359

placement, elle existait, en France, en 1856, en 1859, en 1861 et même


postérieurement. Elle fonctionne en Belgique. L'Antwerpia assure contre
le tirage au sort.
L'institution du remplacement remonte à l'origine des temps. D'après
les auteurs : Homère, Eschyle, Démosthène, les Cariens passent pour les
premiers guerriers qui proposèrent leurs services à prix d'argent (1).
A Athènes, en Asie, le contrat du remplacement était inconnu.
C'est Valens, empereur romain, qui, le premier, par une loi datée
d'Antioche, le 4 des nones de juin 375, a taxé l'exemption du service
militaire à trente-six sous d'or (2,400 francs).
En France, le remplacement date de Louis XIV, on le retrouve
ensuite dans plusieurs lois de l'an VIII, en 1818, puis en 1832.
Sous l'Empire le remplacement est en vigueur et les Compagnies de
remplacement comme intermédiaires ou par voie d'assurance (2) sont, dit
l'ouget, devenues dès lors nécessaires, le père de famille ne pouvant que
difficilement se mettre en rapport avec le remplaçant ; d'ailleurs le
compétent écrivain reconnaît qu'il n'est pas plus blâmable d'assurer
contre le service militaire que contre tout autre risque (3).
La prestation que l'appelé par la conscription doit payer à l'État pour
se libérer en 1861 donne à l'assurance un nouvel élément au lieu de la

trouver une situation en quittant le service ; 3° fournir une alimentation aux femmes
et aux enfants des hommes appelés sous les drapeaux ; 4° indemniser les réservistes
du tort que leur cause l'interruption de leurs affaires pendant le temps de l'appel
annuel sous les drapeaux; 5° enfin faciliter aux volontaires d'un an l'achat de leur
(quipement et de leur armement.
(1) Voir Histoire et jurisprudence du remplacement, Journal des assurances,
novembre 1851.
(2) Association pour le remplacement militaire .-Engagement.
— « Art. 1er. MM. X...
« et Cie s'engagent par ces présentes, à leurs risques et périls et sans pouvoir exiger

" aucune autre somme que celle ci-après fixée, envers M. P... à garantirM. B... contre

"
les chances du sort au tirage delà classe 18..., à procurer à ce dernier, au cas où il
' viendrait à faire partie du contingent des hommes fixés par la loi, un remplaçant
propre au service militaire, qui sera présenté immédiatement, môme quand il ne
« ferait partie que de la réserve ; à faire admettre ledit remplaçant parle Conseil de

" révision, à le désintéresser du prix de son engagement, à répondre de ce remplaçant,

" et à en fournir un ou plusieurs autres, pour le cas de désertion ou d'annulation de


11
l'acte de remplacement, conformément aux articles 23 et 43 de la loi sur le recru-
« tement, dételle sorte que M.B... obtienne sa libération entière et définitive du service

" militaire, sans qu'il soit recherché ni inquiété. » (La police avait généralement 10
articles — Dictionnaire des Assurances, L. Pouget p. 1289.)

(3) L'assurance du remplacement a donné lieu à de violentes polémiques
en 1811,
voir notamment Gazette des Tribunaux, 21 avril 1841.
360 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANGE ET A l/ÊTRANGER

détruire. Ainsi, à cette époque, des Sociétés se fondent pour pratiquer


l'assurance sous forme de forfait ou sous forme de mutualité. Signa-
Ions : L'Association des familles, la Prévision, la Caisse d'exonération
militaire. A Orléans M. Dugnolle fonde la Sentinelle-Bourse industrielle
M. Hamel à Paris constitue la Bourse générale des familles...
En 1870, le Gouvernement de la Défense nationale signe le décret
suivant (1) :
Décrète :

ARTICLE PREMIER. — Est autorisée, vu l'urgence, sans qu'il soil


besoin d'observer les formalités ordinaires, la Société d'assurances
mutuelles en cas de décès entre les gardes nationaux de la Seine, dont
les statuts sont joints au présent décret.

Statuts :
« ARTICLE PREMIER. — Il est formé, avec l'approbation du Gouverne-
« ment, une Société d'assurances mutuelles entre tous les gardes natio-
« naux incorporés dans la garde nationale de la Seine, et qui adhéreront
« aux présents statuts.
« Le siège de la Société est établi à Paris, au domicile de la Compa-
« gnie d'assurances sur la vie, le Phénix, rue de Lafayette, 33.

« Néanmoins, les souscriptions seront reçues au siège de chacune des
« Compagnies d'assurances sur la vie désignées en l'article 17 des pré-
ce
sents statuts.
« ART. 2. — La Société est constituée pour toute la durée de la

« guerre, à moins que cette durée ne se prolonge au delà d'une année,


« auquel cas la Société expirera une année au plus tard à partir de la
« date du décret d'autorisation.
« ART. 3. — La Société a pour but d'assurer le payement d'une
« indemnité aux familles ou ayants droit des sociétaires morts par suite
« de blessure ou de maladie pendant la guerre ou dans le mois qui suivra

le terme de la Société.
« ART. 4. — Elle prend le nom à!Assurance mutuelle en cas de déci's
« entre les gardes nationaux de la Seine.
« ART. 17. — Sont nommés membres du Conseil d'administration :
« MM. P. de Hercô, directeur de la Compagnie d'Assurances Gêné-

(1) Un premier décret avait été déjà signé pour l'Association Mutuelle des risques
du siège de Paris (Voir page 355).
HISTOIRE GÉNÉRALE DR 1
.'ASSURANCE EN FRANCE ET A I.'ÉTRANGER 301

,
raies sur la vie, établie à Paris, rue de Richelieu, 87; Onfroy, direc-

teur de la Nationale, Compagnie d'assurances sur la vie, établie à
«
Paris, rue de Grammont, 13 ; E. Maas, directeur de 1' Union, Compa-
-,
gnie d'assurances sur la vie, établie à Paris, rue de la Banque, 15-,
11. .loliat, directeur de la Compagnie d'assurances sur la vie, le Phénix,

<
établie à Paris, rue do Lafayette, 33; T. Cloquemin, directeur de la
«
Caisse Paternelle, Compagnie d'assurances sur la vie, établie à Paris,
« rue de Mônars, 4, G. de Bonnefons, directeur de Y Urbaine, Compagnie
«
d'assurances sur la vie, établie à Paris, rue Le Peletier, 8. »
Une seconde Société intitulée la Défense mutuelle de Paris, assu-
rance mutuelle en cas de décès causé par le fait de la guerre pendant le
siège, fait son apparition ; elle est fondée par M. Ogerdias, inspecteur de
la Compagnie Gresham.
La Société a pour but de parer autant que possible à la perte maté-
rielle résultant du décès occasionné par les faits du siège, et de combler
la lacune existant à cet égard dans les polices des Compagnies d'assu-
rances sur la vie qui n'acceptent pas les risques de guerre (1).
La durée de la Société était limitée à la fin de la guerre, elle devait
(art. 5) entrer en liquidation le jour de la signature du traité de paix entre
les belligérants
Le mouvement est général : sous les auspices de la Mutuelle
immobilière de Lyon, la Société lyonnaise d'assurances mutuelles immo-
bilières contre les risques de guerre et d'émeutes est fondée ainsi que la
Fraternelle de MM. Forest et Tribollet. A Lille, on a la Lilloise, la Répa-
ratrice de l'Invasion est créée à Orléans... Fort heureusement la paix
survenant, la constitution de sociétés d'assurances contre le bombarde-
ment prend fin.
L'assurance naît des calamités ou des besoins, elle est selon les cas
immuable ou opportune.
Dans les risques de siège, d'émeute, de dynamite, elle est simplement
opportune.
Ainsi en 1892, la propagande par le fait, innovée par les anarchistes,
appelle l'assurance contre la dynamite. L'Assurance mutuelle des risques
de guerre et d'émeute, qui existe encore, convoque une Assemblée géné-
rale de ses sociétaires et modifie l'article 2 de ses statuts dans ce sens :
La Société répond des pertes résultant de guerre, siège, invasion,
occupation militaire, émeute, « explosion ou destruction quelconque et,

(1) Voir : Assurances sur la vie.


27
302 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

en général de tous les faits même isolés dommageables à la propriété


immobilière ou mobilière, ayant un caractère de malveillance politique
ou sociale ».
Peu après la Mutuelle immobilière : l'A. M. et l'M. A. C. L. élaborent
des combinaisons spéciales contre la dynamite.
Les Compagnies d'assurances anonymes suivent le mouvement. Les
actionnaires sont convoqués en Assemblées générales extraordinaires et
bientôt les statuts modifiés contiennent la clause garantissant contre les
dégâts produits par diverses causes d'explosion, notamment par les
effets de la dynamite et autres substances analogues, les cas d'insurrec-
tion et de guerre étrangère exceptés.

Assurances des aveugles, — aliénation mentale, — des refusés, — des


intellectuels, — des bagages, — contre l'affichage, — desobjets d'art. — Pas-
sons maintenant aux assurances modernes.
A Londres, est créée : The Blindness Insurance Cy, Compagnie
d'assurance au capital de 25,000 livres, ayant le but tout particu-
lier d'assurer des moyens d'existence à tout individu devenant aveugle.
A Vienne, la Correspondance austro-hongroise lance l'idée de
l'assurance contre l'aliénation mentale.
La Correspondance émet l'avis que les statistiques, qui sont dressées
très exactement dans tous les pays d'Europe, fourniraient une base solide
aux calculs pour la rédaction des statuts et la fixation de la prime. Elles
permettraient également de distinguer les cas d'aliénation mentale ordi-
naires de ceux qui seraient causés par le delirium tremens, ou qui pro-
viendraient d'une sorte d'hérédité. Ces derniers cas, — et c'est la grande
majorité — devant être exclus.
Également en Autriche, le docteur Blaschkô publie un mémoire
relatif à l'assurance des personnes dont la santé n'offre pas des
garanties suffisantes et ne permet pas d'espérer une durée d'existence
normale (1).

(1) L'auteur passe en revue les divers systèmes qui ont été employés jusqu'ici à
l'effet d'assurer sur la vie les personnes qui no possèdent pas les chances de longévité
ordinaire.
L'auteur donne la définition précise d'un risque anormal et base ses calculs sut'
une statistique, aussi complète que possible, des diverses catégories de maladies-
Toutes celles qui ont amené des décès prématurés s'y trouvent ônumôrôes d'après les
données émanant de la Société mutuelle de Gotha, qui embrassent une période àe
HISTOIRE GÉNÉRALE DE l/ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 303

L'idée originale de créer une Société de crédit intellectuel a été


agitée en France il y a quelques années.
Moyennant une prime annuelle d'assurance, on devait avancer des
prêts d'honneur aux artistes, écrivains, savants, inventeurs, pour leur
permettre de travailler à leur oeuvre avec calme et sans souci d'argent.
L'idée essentielle de cette assurance a été primitivement conçue par
lsaac Pereire et les Saint-Simonicns, et décrite par M. de Fleury dans le
Figaro.
On supposait, par exemple, que M. X..., écrivain, âgé de ving-cinq
ans, a besoin de la somme de 5,000 francs pour écrire un roman qui doit
consacrer sa jeune réputation.
Il fait demande de celte somme à la future Société amicale de crédit
intellectuel. Un comité technique, composé d'écrivains, d'éditeurs, de
critiques, examine les oeuvres antérieures du postulant, le plan du livre
qu'il médite, et se renseigne sur sa valeur intellectuelle et morale.
Si ce comité technique rédige un rapport favorable, le Conseil d'admi-
nistration, statuant en dernier ressort, approuve et décide qu'il sera
prêté à M. X..., une somme de 5,000 francs remboursable en dix
annuités.
En recevant ces 5,000 francs, M. X..., souscrit une police d'assu-
rances sur la vie comme garantie nécessaire au cas où il viendrait à
mourir dans ce délai de dix années.
M. X... aura donc à rembourser chaque année :
1" Le dixième de cinq mille francs, soit 500 francs ;
2° La prime annuelle d'assurances ;
3° L'intérêt qu'il se sera engagé à servir.
L'oeuvre semblait réalisable étant donné que ses promoteurs

'•uiquante-huit ans (de 182'J à 1887) et n'enregistrent pas moins de 32,807 causes de
décès.
Los bases de cette statistique permettent à M. Blasclilvè do calculer avant tou
combien il est mort de personnes sur 100, dans un âge déterminé, e par suite do
chacune des catégories de maladie.
1-n chapitre spécial est consacré aux prédispositions héréditaires, qui
y sont
'objet d'intéressantes constatations.
U'aprôs ces donnéos, qu'il s'efforce do traduiro on formules mathématiques
-\l. Ulaschkô établit trois
groupes do risques, à savoir : les risques peu normaux ne
rel>ondanl pas aux chances ordinaires de longévité,
— les risques anormaux préson-
<u>t des chances moindres,
— et ceux qui comportent de réels dangers.
Les tarifs de primes adaptés à ces trois groupes,
pour tous les âges, et un tableau
orphique de mortalité d'après chaque groupe, complètent le travail du docteur
aschkô (analyse d'après la Correspondance austro-hongroise).
304 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

comptaient sur la bienveillance active du gouvernement et sur la partici-


pation de toutes les âmes généreuses. On supposait, d'autre part, que le
ministre dés finances autoriserait le Crédit foncier à émettre un emprunt
de 50 millions, composé d'obligations remboursables au pair en cinquante
ans, ne rapportant pas d'intérêt et donnant droit à un certain nombre de
lots.
On espérait, en outre, que les dons, les legs, les cotisations annuelles
augmenteraient encore les ressources.
Malheureusement les concours ne se produisirent pas et ce généreux
projet de création du Crédit intellectuel n'eut pas de suite.

L'assurance des bagages est faite par la maison Tliomas Cook and
Sons, plus connue sous le nom d'agence Cook.
L'agence a fondé un département des assurances ayant pour objet
d'indemniser les personnes qui feront des voyages sous sa direction de
la perte de leurs bagages ou des dégâts qui pourraient y survenir.
Cette assurance est très commune en Suisse. Les voyageurs la
pratiquent.

A la grande époque du boulangisme, on affichait partout, du bas au


faite des maisons. Or, l'assurance contre l'affichage a été créée ;'t ce
moment.
Des circulaires invitant à l'assurance étaient envoyées aux proprié-
taires d'immeubles. Voici en quels termes on réclamait leur adhésion :

« Beaucoup de propriétaires ont renoncé, de guerre lasse, à pour-


suivre les afficheurs, car que de temps perdu pour ne rien obtenir!
« Pour
obvier à ces inconvénients, nous avons créé la Ligue d'assu-
rance contre l'affichage et nous avons établi une prime d'abonnement
insignifiante variant de G à 10 fr. par année suivant l'importance des
immeubles.
« Nous nous engageons moyennant cette
prima à enlever, dans les
vingt-quatre heures, toute affiche apposée sur les immeubles appartenant
à nos assurés et h prévenir toute nouvelle apposition d'affiches.

Les objets d'art ou de valeur sont l'objet d'une assurance spéciale


que pratique une Société anglaise : The Fine Art and General Insurance
Cy Ld {Les Beaux-Arts).
Les opérations de la Société qui fonctionne en France sous l;l
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 305

direction de M. Georges Taleonor Allée, vice-consul d'Angleterre, sont les


suivantes :
Assurances contre tous dégâts, vol et perles quelconques de tous
objets d'art (en séjour ou en transport), des expositions d'art (contrats
oônôraux), des ateliers d'artistes (contrats spéciaux).
Assurances contre l'incendie, toutes explosions, le vol avec ou sans
effraction et les dégâts qui en résultent des mobiliers d'habitation, des
bijoux, valeurs et monnaies (en coffres-forts), des bibliothèques et
manuscrits, des églises, des marchandises commerciales, des instruments
de musique (séjour et transport).
Assurances contre tous dommages, vol ou pertes quelconques de
transport d'objets d'art et mobiliers, de transport de bijoux et valeurs,
des bagages et bijoux en voyage.

Les assurances fluviales, — contre l'inondation. — Les assurances


lluviales se pratiquent ordinairement entre bateliers; ainsi, de ces der-
niers, habitant le nord de la France, ceux de l'Escaut et de la Scarpe
constituent entre eux des Sociétés d'assurances mutuelles contre tous les
accidents de navigation ou d'incendie.
M. Bozôrian, dans son dictionnaire, donne l'analyse sommaire des
statuts de la Société do Saint-Julien « les Amis du Commerce », fondée à
Saint-Ghislain (Hainaut belge) il y a plus d'un siècle, statuts renouvelés
par acte reçu de M° Mention, notaire à Condé, le 10 août 1861.
Le capital social n'est pas déterminé, la forme de la Société est civile,
elle a pour objet l'assurance des bateaux et marchandises des associés.
Les gérants se renouvellent chaque année. Une autre Société d'assu-
rance mutuelle des bateliers, la Concorde, a été constituée par acte de
M° Mention, notaire à Condé, le 13 septembre 1838. Elle est formée pour
un temps indéterminé ; le maximum du risque pour les marchands est
de 4,500 francs. S'il arrive quelque contestation, soit relativement à la
Société, soit entre sociétaires, soit sur le sens de l'acte de Société, soit
pour toute autre cause ayant trait à la Société, elles sont vidées par la
voie d'arbitrage et sans appel (art. 4 des statuts). En 1872, la Concorde
comprenait: 41 membres bateliers, possédant 58 bateaux, jaugeant un
tonnage total de 8,385 tonnes.

L'inondation, dit Pougct, culmine tous les ans des pertes très gran-
des. Certaines Compagnies, qui se sont fondées pour en conjurer les effets,
3G0 HISTOIRE GÉNÉRAL DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

ont pour but, non seulement d'indemniser l'assuré, mais encore d'entre-
prendre des travaux qui empêchent le débordement des fleuves.
De son côté Bozôrian étudie ce risque et après en avoir déterminé le
caractère et les pertes qu'il occasionne, il conclut que le risque inondation
n'est applicable ni par le système de la prime fixe qui exigerait des paye-
ments annuels exagérés, ni par le système de la mutualité qui ne donne-
rait aux adhérents que des indemnités hors de toute proportion avec leurs
pertes.
Quelques Sociétés françaises et italiennes ont tenté sans succès celle
assurance.
Signalons notamment la tentative suivante qui avait pour objet de
créer une Société grêle, bétail, inondation el incendie.
D'après une circulaire publiée vers 1858, les fondateurs de l'ylssu-
rance mutuelle française devaient établir une contribution moyenne pour
le risque contre l'inondation.
Cette contribution devait être dans les communes déjà incendiées de.
0.60 0/0, frais d'administration compris, pour les maisons et édifices; de
1.40 0/0 pour les meubles meublants et mobilier do ferme; de 2.40 0/0
pour les denrées et marchandises; de 4 0/0 pour les récoltes sur
pied.
Les contributions étaient établies et combinées de telle sorte que
selon les plus grandes probabilités les sinistrés auraient reçu une indem-
nité intégrale, en même temps qu'il devait être pourvu à l'entretien d'un
fonds de réserve pour parer aux nécessités des années calamileuses.
Étaient compris dans l'assurance, les maisons, meubles, mobilier des
villes, des campagnes, bestiaux, denrées, marchandises, récoltes,
champs ensemencés, bois, valeur des terrains qui peuvent être arrachés,
bouleversés, ensablés... — En 1885, M. Pithon a essayé d'organiser la
Tempête, Société contre Jes ouragans, inondations, trombes, cyclones,
etc..
Comme pour les précédentes tentatives aucun succès n'a été
obtenu par le novateur.

L'assurance des vers à soie. —• Le Trésor du sommeil. — Phylloxéra.


En dehors des conditions générales de la police incendie à laquelle il
y a lieu de se référer pour l'assurance des vers à soie, des conditions
particulières sont stipulées. En voici leur teneur :

« En cas d'incendiependant l'élévation des vers à soie, la Compagnie


HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'A.SSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 3(57

,,
rembourse les dommages d'après les proportions ci-après déterminées,

savoir :
K
De la première à la deuxième maladie, un dixième de la valeur
,.
assurée ;
«
De la deuxième à la troisième maladie, un quart de la valeur assurée;
<i
De la troisième à la quatrième maladie, trois huitièmes de la
«
valeur assurée ;
« De
la quatrième période à la montée, moitié de la valeur assurée ;
i Enfin les trois quarts de la valeur assurée lorsque les cocons
«
auront été formés depuis deux jours au moins, jusqu'au prélèvement
«
de la récolte (1). »

Le phylloxéra, ennemi de la vigne, a donné lieu à des tentatives


d'assurances, notamment en Italie dans la province de Pise où la Commis-
sion de viticulture de cette province a approuvé l'année dernière les
statuts présentés par M. Bianchi et la Direction du Comité agraire,
ayant pour but de constituer une association mutuelle pour l'assurance
des viticulteurs contre les dommages causés par le phylloxéra.
Selon lesdits statuts, tout associé payerait une lira pour chaque
hectare de terrain assuré : la prime annuello serait d'une///'«pour chaque
millier de ceps compris dans l'assurance.
La somme des primes reçues serait répartie annuellement entre les
assurés ayant souffert des pertes, mais avec la limite suivante : si la répar-
tition donnait une compensation supérieure au dommage, on limiterait la
quantité à la compensation et le surplus irait grossir le fonds de réserve.
Seront exclues de l'assurance les propriétés limitrophes ou à moins
d'un kilomètre d'un lieu infesté.

L'Assurance mutuelle contre la destruction par l'incendie des titres


et minutes déposés chez les officiers ministériels.
Cette Société d'assurance n'a pu fonctionner n'ayant pas reçu
l'autorisation du gouvernement (1853).
(1) Kn 1857, les tribunaux eurent à juger un diifércnd survenu entre un abonné
décoré du titre d'assuré et les gérants de la Société le Trésor du sommeil, Société d'assu-
I'RIICO (?) contre les insectes.
Les gérants do cotte Société étaient les inventeurs d'uno poudre pour la destruc-
l|on des insectes incommodes dans les appartements, et leur industrie consistait h
l'crherelierdoa abonnés,notamment dans loshùtols meublés pour la propreté et le repos
('es locataires,
— On peut considérer cotte assurance comme absolument drolatique.
31)8 HISTOIRE GÉNÉRALE DE 1,'AS.SURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Son butétaitde réparer envers coux qui en avaient fait partie, les
dommages causés par l'incendie, de quelque cause qu'il provienne, et de
les assurer :
1° Contre les recours que les tiers exerceraient utilement contre eux
pour préjudice causé à ces tiers, par la destruction des titres, minutes et
autres actes remis aux officiers ministériels ou confiés à leur garde en
leurs dites qualités, toutefois en justifiant de leur existence au moment do
l'incendie et de leur destruction ;
2° Son but était encore de les indemniser des frais que leur occasion-
neraient la recherche et la réunion des matériaux nécessaires h la
reconstruction des titres et actes détruits et des recouvrements qu'ils
seraient empochés de faire, par suite de l'incendie des pièces qui donnent
lieu à ces recouvrements,pourvuqu'ils n'aient pas encouru la prescription
ou qu'ils ne remontent pas à plus de dix années;
3" Enfin dans le cas où l'incendie ne donnerait lieu contre eux à
aucun recours de la part de tiers, la Société avait encore pour but de les
indemniser de la perte que leur ferait éprouver dans la valeur de leur
office la destruction de tout ou partie dos titres ot minutes qui en dépen-
dent (1).

Assurance contre la contrefaçon des produits brevetés, marques de


fabriques. — Celle assurance a donné lieu, vers 1855, à la création
d'une Société ayant pour objet :
1° D'assurer aux personnes porteurs de brevets d'invention, les
chances de toute contrefaçon des produits pour lesquels les brevets
auraient été pris;
2» D'assurer tous négociants et industriels contre la contrefaçon qui
pourrait être faite des produits pour lesquels ils auraient pris des mar-
ques de fabriques, et tous autres signes distinctifs déposés aux greffes
des Tribunaux de commerce et aux Prud'hommes.
ART. 20. — Lors de chaque assurance, l'assuré devra payer à la Société :
Premièrement, pour les brevets d'invention :
1° La prime d'avance, trente francs 30 »
2° Le coût de la Police et plaque, cinq francs 5 »

Total
.... 35 »

(1)Actuellement, certaines Compagnies d'assurances contre les accidents assu-


rent contre le chômage les études de notaire dont les minutes ot archives ont été
détruites en totalité ou en partie pur l'incendie ou l'inondation.
IIISÏ'OIHK flKNKIIM.K DE 1,'ASSUUANCK V.K FRANCK KT A 1,'KTRAXGEK
360

Deuxièmement, pour les marques de fabriques, modèles et dessins


déposés :
1° La prime d'avance, vingt francs 20 »
2° Le coût de la Police et plaque cinq francs 5 »
Total 25 »

La Reconstitution des capitaux. — L'Avenir Populaire. — Enfin dans


ces dernières années nous avons vu naître et disparaître l'Avenir Popu-
laire, Société mutuelle d'assurances pour la reconstitution des capitaux.
Voici, détaché, de ses statuts, les articles essentiels à son fonction-
nement :
ART. 7. — L'Avenir Populaire assure les capitaux employés et à
cinployer par l'assuré contre tous risques et pertes, notamment :
1° La perle par la dépréciation des valeurs mobilières et immobiliè-
res (reconstitution du capital affecté à l'achat des valeurs) ;
2° Les pertes par le non-payement des créances de toute nature
(reconstitution du capital représentant les créances);
<3" La perte par le payement des impôts, des primes d'assurances,

vie, incendie, etc.. (reconstitution du capital affecté au payement des


primes et des impôts);
4° La perte par détérioration, destruction, disparition, usure ou con-
.sommation, de tout objet donnant lieu à une dépense quelconque (recons-
titution du capital dépensé).
AIIT. 8. — L'Avenir Populaire procède à la reconstitution ou à Ja
constitution du montant de la somme assurée, au moyen du versement
unique ou des versements mensuels et des intérêts capitalisés d'une par-
tie des sommes ainsi versées.

Tels sont jusqu'à présent les divers risques garantis par l'assurance.
Sauf quelques-uns dont l'usage s'impose, beaucoup n'ont pas donné de
résultats pratiques et sont tombés dans le domaine de l'oubli.

Modalité de l'assurance. —Mutualité,prime fixe, mixte, coopératives,


caisses départementales. — Organisation des Compagnies et Sociétés en
comités et en syndicats.
Nous en sommes arrivés à parler de la forme de l'assurance, c'est-
à-dire de la modalité de l'assureur.
Trois systèmes d'assurances sont offerts à l'assuré : l'assurance
mutuelle, l'assurance à prime rixe ou l'assurance mixte.
370 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Les Compagnies d'assurances mutuelles sont formées par la réunion


d'individus qui mettent leurs risques en commun et s'engagent à réparer
collectivement les dommages éprouvés par les membres de leur associa-
tion; ils sont par le fait assureurs et assurés. A la lin de l'année, on addi-
tionne les indemnités et le montant en est payé par l'ensemble des mem-
bres de la mutualité, proportionnellement pour chacun à la valeur de
l'objet qu'il a assuré. La redevance annuelle que chacun a à payer, par
suite de celte répartition, s'appelle contribution. Cette contribution est donc
essentiellement variable, et rien n'en peut faire prévoir à l'avance le
montant.
En dehors de cette contribution, il y a une cotisation; c'est une rede-
vance fixe payable d'avance, destinée à faire face aux frais d'administration
de l'association.
Les Compagnies d'assurances à primes fixes sont des Sociétés ano-
nymes créées par un groupe d'actionnaires qui apportent le capital social
et qui sont exposés à toutes les chances de l'entreprise. La Compagnie
comprend un directeur et un conseil d'administration responsables. Tant
que le capital n'est pas entièrement versé, les actionnaires peuvent être
appelés à parfaire le montant de leur souscription. Les opérations sont
conclues par le directeur, qui engage seul la Société et au nom de qui
toutes les assurances sont faites.
Ici, les primes sont fixes; on les calcule d'après les tables ou les chiffres
donnés par les statistiques.
Certaines Compagnies procèdent àla fois de la mutualité et de l'assu-
rance à primes fixes; elles s'appellent pour cette raison : Compagnies
mixtes.
Ainsi, dans les Compagnies d'assurances mutuelles, la contribution
variable est souvent un inconvénient pour l'assuré, car elle peut atteindre
un taux très élevé à la suite d'un sinistre important. On parvient à la
rendre fixe en adjoignant à la mutualité une Compagnie pourvue d'un
capital qui comble ou encaisse les différences entre la contribution fixe et
la contribution réelle. Les Compagnies d'assurances qui ont adopté ce
principe s'appellent : Compagnies mixtes.
La pratique de ces deux systèmes, le système mutuel et le sys-
tème à primes, possède chacun ses partisans, chacun ses adver-
saires.
Alauzet, Troplong, Quenault, Grûn et Joliat, Boudousquié, Le Hir,
de Juvigny, Pouget, Gauvin ont présenté sur les systèmes en présence
des observations pour et contre ; qu'il nous suffise de constater que le temps,
qui atténue, qui nivelle, qui crée des intérêts nouveaux ou communs, a
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 371

apporté d'heureux adoucissements dans les relations entre mutuelles et


primes fixes.
Les amis de l'assurance ne peuvent que s'en féliciter (1).
Afin d'obtenir le privilège de se constituer en une union profession-
nelle sous le patronage de la loi sur les syndicats professionnels de 1884,
il était indispensable que les Compagnies d'assurances fussent d'abord
liées par des liens de solidarité. Elles le sont ("2).

Régime des Soci(:tés d'assurances en France, loi de Î867; autorisation,


surveillance, législation. — Directeurs, administrateurs, commissaires. —
Capital social, actionnaires', loi de 18(17 modifiée, actions. — Maisons
d'achats et de ventes. — De l'assuré.
De la modalité, passons au régime de l'assurance en France.
La loi du 24 juillet 1867 a modifié l'esprit du code de commerce qui
soumettait à l'autorisation gouvernementale les Sociétés anonymes,
sauf celles en nom collectif ou en commandite, en imposant seulement
aux associations de la nature des tontines et les Sociétés d'assurances
sur la vie, mutuelles ou à primes, l'autorisation et la surveillance gou-
vernementale ÇY).
(1) Pour IGS Sociétés qui, sous la forme coopérative, t'ont de l'assurance, voir aux
chapitres réservés à la branche incendie et à la branche vie. Pour les Caisses départe-
mentales, voir à la brandie incendie.
(2) Los Compagnies d'assurances contre l'incendie : le Phénix, l'Union, le Soleil,
l'Urbaine, l'Aiyle, la Paternelle, la Confiance, Y Abeille, le Monde, la Foncière, la
Métropole, ont fondé un syndicat'général on janvier 1882.
La Générale, la Nationale, la Procidence sont en comité depuis le 24 mai 1895.
Les Compagnies d'assurances sur la vie possèdent également Syndicat et Comité.
Font partie du Comité (1895) : la Générale, la Nationale, ['Union, le Phénix.
Font partie du Syndicat (1895) : la Caisse paternelle, Caisse des Familles, Monde,
Urbaine, Soleil, Aifjla, Confiance, Patrimoine, Abeille, France, Foncière, Nord,
Providence.
Les Compagnies accidents sont aussi en Syndicat (1895) : Urbaine et Seine, Soleil-
Sécurité générale, Secours, Patrimoine, Précoyance, Caisse des Familles, Abeille, Pro-
l'idence.
Les Compagnies grêle Y Abeille et la Confiance ont formé un Syndicat également
or. 1895.
Les Sociétés Mutuelles Agricoles (grêle, bétail, accidents) sont en Syndicat Cérès,
:
( m nantie agricole, Ferme, Avenir, Mutuelle Générale, Récolte, Mutuelle de Seine-et-Oise,
l'rolerlrice, Minorée, Association fraternelle, Protection agricole, Toulousaine, Grêle
'"ronde, Garantie, Allas, Domaine, Orayc, Garantie fédérale, etc..
1.3) La législation de l'assurance
sur la vie, en Franco et ù l'étranger, est extrème-
memont étendue : voir au chapitre de l'assurance sur la vie : législation, autorisation,
surveillance, procédure de l'autorisation, surveillance modifiée en 1891 ; modèles de
372 HISTOIRE GÉNÉRALE DU L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Les Sociétés mutuelles pratiquant d'autres branches que la vie sont


dispensées de l'autorisation, mais elles sont réglementées. Les prescrip-
tions relatives à la constitution des Sociétés d'assurances mutuelles font
la matière du Titre II du règlement d'administration publique du 22 jan-
vier 1868. On trouve dans ce règlement les formalités concernant la
constitution des Sociétés mutuelles, leur objet, leur administration, la
formation de l'engagement, la déclaration, l'estimation et le payement
des sinistres, enfin la publication des actes de Société.
Les Sociétés anonymes d'assurances à primes fixes sont soumises,
comme toutes les autres Sociétés anonymes, aux lois générales qui
régissent les associations. En outre, elles doivent observer les conditions
spéciales destinées à suppléer à l'absence de l'examen des statuts par le
gouvernement.
Elles doivent notamment se soumettre au lexle du règlement du 22 jan-
vier 18(18, en ce qui touche leur forme, la conversion des titres, les
réserves statutaires, l'emploi des fonds et ce que doivent contenir les
polices (1).

Les Compagnies d'assurances qui forment un corps social sont


administrées et dirigées par des personnalités diverses :
Les administrateurs d'une part, le directeur de l'autre.
Ls rôle de ce dernier est multiple, son autorité s'étend sur tous les
services : inspection, agences, bureau de Paris, primes, sinistres,
transferts, actions, comptabilité, correspondance, actuariat, statistique,
économat.
Une réunion mensuelle réunit le Conseil d'administration qui examine
les affaires en cours ou en suspens; en outre, un administrateur est
délégué chaque jour pour la signature de la correspondance et l'examen
des opérations courantes»
L'administration des Compagnies est complétée par les commissaires-
censeurs qui sont des personnes nommées par les assemblées d'action-
naires, à l'effet de vérifier les comptes et bilans des Compagnies et de faire
un rapport de leurs observations.
Les livres de la Société sont toujours à leur entière disposition, et
ils ont la faculté de pouvoir convoquer d'urgence l'assemblée des action-
comptes rendus; dispositions légales auxquelles sont soumises les Compagnies en re
qui concerne les comptes et documents exigés, les dépôts qu'elles doivent effectuer et
les taxes qu'elles doivent acquitter dans les divers pays —lois organiques en vigueur
dans les divers pays.
(1) Voir codification, page 376.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 373

naires s'ils découvrent quelque chose d'anormal dans la gestion et s'ils


jugent à propos de lui faire connaître à une époque quelconque une
situation qu'ils croient grave ou compromettante pour l'intérêt des
actionnaires.
Chaque année, le Conseil convoque les actionnaires en assemblée
générale ordinaire, afin d'examiner les comptes des administrateurs, de
procéder aux élections nécessaires el de voter sur les questions à l'ordre
du jour. L'assemblée est extraordinaire, si elle se réunit exceptionnelle-
ment sur la convocation du Conseil d'administration, pour une raison
majeure quelconque. Une assemblée ordinaire n'est valable que lors-
qu'elle réunit au moins le quart des actionnaires et le quart du capital
social en numéraire. L'assemblée extraordinaire doit représenter la
moitié du capital. Elle représente alors l'universalité des actionnaires, et
ses décisions, prises à la majorité, sont obligatoires pour tous sans
exception, présents ou absents.
A l'assemblée générale ordinaire, le Conseil d'administration donne
lecture du compte rendu de l'exercice, qui expose l'état des opérations
de la Compagnie, actif et passif. Ce compte rendu contient le rapport du
Conseil d'administration et celui des commissaires-censeurs nommés
par l'assemblée générale.

Le capital social, dans une Compagnie d'assurances, est le montant des


souscriptions effectuées par les actionnaires. Ce capital sert à faire face
aux frais d'installation, d'administration, etc.; et il supplée, dans les
années où les sinistres dépassent la moyenne prévue, à l'insuffisance des
cotisations ou primes des assurés.
Le capital social est formé de souscriptions d'actions.
Les actions sont des litres émis par les Sociétés pour la formation
ou l'augmentation de leur capital. Ces titres ne sont négociables que
lorsque la Compagnie d'assurances est conslituôe définitivement et que
le versement du quart du capital-actions a été effectué; ils ne peuvent
être mis au porteur qu'après le versement de la moitié. Ils donnent droit
à un intérêt fixe et à une part dans les bénéfices, dans les proportions
déterminées par les statuts. Les souscripteurs sont toujours respon-
sables de la portion du capital restant à verser.
La loi de 1867 sur les Sociétés a été modifiée en avril 1893. Elle a
apporté de 1res heureuses modifications à la législation (1).
(I) 1° Le montant minimum dos actions est fixé à 25 francs pour les Sociétés dont
le capital ne dépassera pas 200,000 francs, et à 100 francs au delà, ce qui laisse,
d'ailleurs, toute latitude de les l'aire plus fortes ;
374 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Les actions d'assurances font l'objet de négociations spéciales et 1res


importantes (1) dont les intermédiaires directs sont des maisons finan-
cières particulièrement estimées. Citons notamment les Banques Chopv
et Cio, Tricard et Ci 0, Dupau, etc.
Ces maisons publient généralement un bulletin spécial aux valeurs
d'assurances qu'elles adressent aux porteurs d'actions et intéressés à la
marche des Compagnies.

De l'actionnaire si nous passons à l'assuré, nous voyons que ce


dernier est celui sur lequel repose l'assurance.
Si l'assurance est faite à son profit, il est à la fois assuré et béné-
ficiaire; si l'assurance est faite au profit d'une tierce personne, c'est cette
dernière qui est bénéficiaire, et l'autre no conserve que le titre d'assuré
avec les charges qui en dépendent. Enfin, il peut arriver qu'un individu
souscrive une assurance sur la vie sans être l'assuré lui-même; dans ce
cas, il faut que la personne sur la tête de laquelle repose l'assurance
donne son autorisation. Il est nécessaire de bien saisir ces différences,
pour ne pas faire de confusion, notamment dans les combinaisons de
l'assurance sur la vie.
L'assuré doit, en contractant, déclarer à l'assureur en quelle qualité
il agit. Il doit, en outre, l'avertir de tous les changements susceptibles de
modifier la valeur du risque. Toute déclaration fausse de l'assuré peut
amener la déchéance des droits de ce dernier.
Les assurés ont, à l'égard de l'assureur, des obligations importantes
à remplir que nous retrouverons dans un chapitre suivant (2).

2° Les actions ne seront plus mises au porteur qu'après libération complète, quoi
qu'en soit le montant;
3° Les actions d'apport devront être entièrement libérées au moment de la forma-
tion do la Société et demeureront inaliénables pendant deux ans;
4" La responsabilité de l'actionnaire ou du porteur qui aura transmis son titre
cessera au bout de deux ans après la transmission ;
5° La demande en nullité contre une Société ne pourra plus être formée rétroac-
tivement, lorsque la clause de nullité aura cessé d'exister;
<)° Les Sociétés formées tant sous le régime de la commandite que sous le régime
de l'anonymat restent néanmoins Sociétés commerciales au point de vue juridique, et
soumises comme telles aux formes du droit commercial ;
7° Les porteurs d'actions, ne possédant pas individuellement le nombre de titres
exigé par les statuts pour assister à une assemblée générale, ont le droit de se
grouper, de réunir entre eux le chiffre nécessaire et de se choisir un représentant.
(1) Certaines actions se sont négociées jusqu'à 70,000 francs.
(,2) Voir assurance contre l'incendie.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 375

De la réassurance. — Compagniesde réassurances à Paris. —Réassu-


rance de portefeuille.— Cession. — Vente. — Faillite. — Codification. —
Pardessus, Alauzet, Quenaull, Pougel, de Delàs. — Les impôts. —
La Compagnie au-dessous de sa mission doit, ou réassurer son por-
tefeuille, ou liquider purement et simplement, vendre son portefeuille ou
enfin déposer son bilan.
La réassurance de portefeuille est une opération qui tire sa source
dans l'article 342 du Code de commerce.
«
L'assureur peut faire réassurer par d'autres les effets qu'il a assu-
rés. L'assuré peut faire assurer le coût de l'assurance. La prime de réas-
surance peut être moindre ou plus forte que celle de l'assurance (1). »
Une Compagnie qui a conclu une assurance a donc le droit de faire
assurer en totalité ou en partie, par une autre Compagnie, le risque qu'elle
vient de prendre, si elle trouve ce risque trop élevé pour elle. Néanmoins,
c'est toujours elle qui reste en rapport direct avec l'assuré, qui touche
ses primes et lui remet l'indemnité en cas de sinistre. Elle aura elle-même
des primes à payer à la Compagnie réassureur, mais dans des condi-
tions qui lui permettent de recouvrer ses frais généraux et de réaliser
même une légère commission.
Cette opération, qui se fait à l'insu de l'assuré, est une garantie de
plus pour le public, puisqu'elle augmente la solidité des Compagnies.
En ce qui touche spécialement la réassurance de portefeuille, cette
opération a soulevé de nombreux jugements et de fameuses controverses;
mais aujourd'hui les tribunaux sont ralliés à la thèse soutenue par l'émi-
nent professeur Labbô et résumée avec distinction par les auteurs notam-
ment par M. Hecht, docteur en droit, dans son livre intitulé: Assurances
à primes fixes et mutuelles, la prime et la cotisation dans l'assurance
contre l'incendie.
La réassurance, dit M. Hecht, loin de diminuer les sûretés de
(.1) Les Compagnies françaises réassurent entre elles, mais elles réassurent égale-
ment et surtout à des Compagnies étrangères qui possèdent des agences, des fondés
de pouvoirs ou des représentants dans les grands centres.
A Paris, les réassureurs sont formés en syndicats.
En 1896, les Compagnies étrangères suivantes réassurent à Paris :
Commercial Union, Equitable (1'), Franco-Hongroise, Guardian, Lancashine,
Lùerpool London and Globe, Lloijd Belge, Munich, Norlliern, Norieich, Palriotic,
l'ttlaliiic, Phénix Autrichien (le). Royal, Soatli liritish, Transatlantique, Triesie et
>
enise, Union de Londres, United.
Les réassureurs représentant ces Compagnies sont MM. Moreau, Hanne, de Heyn,
do Tracy, Coulardot, Wintor, de Guerville, Olarte.
Une seule Compagnie française existe, c'est la Société anonyme de réassurance.
376 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSUHANOIÎ EN FRANCK ET A L'ÉTRANGER

l'assuré, a eu plutôt pour effet de les augmenter. La réassurance n'opère,


pas novation. C'est un contrat qui n'oblige que les deux parties contrac-
tantes et demeure étranger à l'assuré à l'égard duquel il est res intm
alios acta. L'assuré ne peut s'en prévaloir et on ne peut le lui opposer.
L'assureur reste devoir l'indemnité à l'assuré qui est toujours tenu de la
prime. Quant aux sûretés de l'assuré, elles n'ont pas diminué, puisqu'on
cas de sinistre, l'assuré, loin d'être lésé par cette opération, y trouve
l'avantage d'une double garantie; puisque, outre son action contre l'assu-
reur, il peut exercer contre le réassureur les droits de l'assureur, en
vertu de l'article 1166 du Code civil
Lorsque la Société cesse ses opérations et se met en liquidation, il
résulte de la jurisprudence que le liquidateur est tenu de remplir les
obligations prises par cette Société.
La mise en liquidation prononcée par justice, pour défaut de publi-
cité légale, d'une Société anonyme, ne l'ait pas obstacle à l'exécution des
obligations des actionnaires, concernant les actes antérieurement accom-
plis par le gérant conformément aux statuts. Mais, si ces actes constituent
une violation des statuts, les actionnaires, aussi bien que les tiers, oui
le droit de se prévaloir de cette violation, pour refuser d'exécuter les
engagements qui en résultent pour eux.
Comme pour la réassurance de portefeuille, la liquidation ne délie pas
les assurés de leurs engagements tant que la Compagnie conserve son
existence légale cl garde ses garanties intacles.
D'après certains autours, la cession de portefeuille équivaut à sa
vente et délie les assurés do leurs engagements.
Enfin, en ce qui touche la situation de la faillite, elle est réglée par
l'article 346 du Code de commerce.
La faillite de l'assureur n'entraîne pas de plein droit la résolution de
la police, mais l'assuré a le droit de demander la résiliation, si l'assureur
ne lui offre pas caution.

Mais ce régime des Sociétés d'assurances est-il parfait? Ne présente-


t-il pas des lacunes i Enfin, au lieu de chercher sa manifestation un peu
partout, dans la jurisprudence, dans les lois, dans le Code de commerce
qui est le reflet do l'ordonnance de Colbert, pourquoi ne pas codifier
l'assurance terrestre l M. l'avocat général Glandaz l'a parfaitement dit eu
son discours de rentrée de 1845, alors que la jurisprudence entr'ouvrait
seulement ses portes aux assurances.
«... Pour le magistrat et à son point de vue, disait l'ôminenl
« orateur,
il y a là encore un vaste sujet de méditations et de recherches.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE 1.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 377

o
doit être prêt pour le jour où la sagesse sera interrogée sur les ques-
11

«
tions nées de ces conventions nouvelles. Il faut que ses arrêts

puissent combler les lacunes de la législation dans le présent, en
<-
même temps qu'ils en prépareront les bases dans l'avenir. »
11 s'agissait bien dans l'esprit de M. l'avocat général d'un futur code

dos assurances.
Ainsi que nous l'avons signalé au chapitre qui traite de l'ordonnance
Colbert, du code de commerce, du code de l'assurance maritime, le code
des assurances terrestres est encore à faire (1).
Nonobstant, cette absence de code en France, l'assurance terrestre a
aujourd'hui une existence légale : elle est consacrée par le fait.
Ainsi que l'indique Pardessus dans son cours de droit commercial, le
contrat d'assurancepeut s'appliquer à toutes sortes de choses et de risques.
On peut, dit-il, assurer une maison contre l'incendie, une vigne, un champ
contre la gelée, la grêle et autres cas fortuits, des marchandises expédiées
par terre ou sur rivières et canaux contre les dangers et accidents imprévus
du transport et de la navigation. Un créancier qui aurait quelque inquié-
tude sur la solvabilité de son débiteur pourrait s'adresser à un homme
plus hardi, et, moyennant un prix, recevoir de lui l'engagement de payer
si le débiteur est insolvable à l'échéance. Un associé pourrait se faire
assurer par un tiers ou par ses co-associôs le capital qu'il a mis dans la
Société, dont la perte est possible si la Société fait mal ses affaires...
Comme le signale, de son côté, Pouget, la jurisprudence a suppléé à
l'absence d'un code en matière d'assurances terrestres (2).
Alauzet, Quenault sont de cet avis. Il est cependant avéré qu'un code
sur les assurances donnera à. la jurisprudence l'unité désirable pour satis-
faire à toutes les exigences et tous les besoins.

il) Voir pages 28 et 52. Pour les lois organiques de l'assurance contre l'incendie
ot accidents en France et à l'étranger, voir aux chapitres
assurances contre l'incendie
et assurances contre les accidents.
Page 54, nous avons signalé l'Allemagne, la Suisse, la Hollande et Hambourg
comme puissances possédant un code maritime. Ajoutons que les articles 417 à425 du
L'odo espagnol traitent de l'assurance terrestre
; les articles 246 à 280 du code hollan-
dais parlent des
assurances en général; le titre X, des articles 287 à 308 reposent sur
1 assurance
incendie, et des récoltes et de l'assurance sur la vie ; le code de Wurtem-
""'g, assurances en général, articles 428 à 478, assurances incendie, grêle et les
lis<iues auxquels sont exposés les produits de l'agriculture, articles 470 495,
rances sur la vie, articles 490 à 501, assurances transports, articles 505 à 533.
a assu-
i2) En 1868, M. Fernando de Delâs, directeur de la Catalane, écrivait
une excel-
0lll° lettre à M. Pouget
pour lui soumettre ses idées, relativement à la création d'un
'-°de international des
assurances. — Journal des Assurances, 1868-352.
28
378 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURAXCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Si le code des assurances terrestres manque, empressons-nous de


dire que les lois qui frappent d'impôts les assurances terrestres forment
un bloc respectable.
Passons donc en revue les impôts qui, en France seulement, pèsent
sur les Compagnies d'assurances.
Le timbre et l'enregistrement sont les deux impôts principaux.
L'impôt du timbre remonte à 1850.
Une loi du 5 juin soumet à un droit de timbre de dimension les con-
trats d'assurances et les conventions postérieures contenant prolongation
de l'assurance, augmentation de la prime ou du capital assuré. Cette même
loi donne aux Compagnies incendie et grêle la faculté de s'affranchir des
obligations imposées par le timbre des polices, en contractant avec l'Ktat
un abonnement annuel à raison de 2 centimes par 1,000 francs du total
des sommes assurées. Les Compagnies vie ont la même faculté moyen-
nant un abonnement de 2 francs par 1,000 francs du total des versements
qui leur sont faits chaque année.
En 1800, au mois de mai, une loi étend la faculté d'abonnement aux
Compagnies qui prennent pour objet la mortalité du bétail, la gelée, l'inon-
dation et autres risques agricoles.
La redevance exigée pour la faculté d'abonnement est portée, par une
loi du 2 juillet 1862, à 3 centimes par 1,000 francs du total des sommes
assurées pour les Compagnies incendie et grêle seulement, puis par la loi
du 23 août 1871 à 3 centimes 6 dixièmes.
Au mois de décembre 1884, une loi nouvelle est rendue pour rendre
l'abonnement obligatoire pour les assureurs contre l'incendie, sur la vie
et contre les accidents corporels. Pour les premiers, la taxe a été portée
de 0 fr. 036 à 0 fr. 04 et à 0 fr. 03 p. 1,000 ou 0.01 0/0 plus 2 décimes, sui-
vant qu'il s'agit des Compagnies à primes, mutuelles ou Caisses dépar-
tementales. Les assurances sur la vie gardent leur taxe d'abonnement de
1850. Les accidents payent 2 0/00 plus 2 décimes.
Les Compagnies grêle, mortalité du bétail, gelée, inondation et
autres risques agricoles conservent la taxe de 0.3 0/0 plus 2 décimes
avec l'abonnement du timbre facultatif, enfin toutes les assurances
autres que celles ci-dessus désignées ont le timbre au comptant;
La loi du 23 avril 1871 amena l'enregistrement avec la taxe obliga-
toire de 8 0/0 plus 2 décimes 1/2 sur le montant cumulé des primes pour
les Compagnies incendie et de 0.50 0/0 plus 4 0/0 du principal pour le*
Compagnies maritimes;
Les assurances sur la vie n'ont à payer l'enregistrement que dans le
cas où les polices sont produites en justice, et le droit proportionnel s'élève
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 379

alors al fr. 25 par contrat, ce droit passant sur dix primes annuelles poul-
iesassurances vie entière, et sur toutes les primes pour les assurances
mixtes. Une loi du 21 juin 1875 a établi un droit de mutation pour les
bénéficiaires à titre gratuit des capitaux assurés. Ce droit doit être
acquitté suivant la nature des titres et suivant les relations des bénéfi-
ciaires avec le défunt, conformément au droit commun.
La patente des Compagnies à primes lixes a subi, à son tour, une
aggravation depuis 1870. Lors de la revision des patentes par la loi du
ir> juillet 1880, les Compagnies d'assurances à primes fixes ont été

placées, à l'exception des Compagnies d'assurances maritimes, dans le


tableau C, où figurent les professions imposées sans avoir égard à la
population et elles ont été taxées au droit fixe de 100 francs par chaque
département où elles opèrent. Dans le tableau D, le droit proportionnel a
éle élevé du quinzième au dixième delà valeur locative de tous les locaux
occupés par les Compagnies. Et il faut remarquer que presque toutes les
Compagnies ont leur siège social à Paris et que le droit proportionnel s'y
trouve presque doublé par les centimes additionnels.
Les agences de réassurances, qui devaient payer la moitié des droits
payes par la Compagnie la plus imposée parmi celles avec lesquelles
elles sont en rapport, ont bénéficié on 1870 d'une réduction, grâce aux
démarches entreprises par les réassureurs syndiqués.
Mnfin, les Compagnies françaises ont, en outre des droits que nous
venons d'énumôrer, à acquitter le droit de timbre des quittances, les
droits de timbre et de transfert pour les actions, la taxe des biens demain-
morte, la taxe de ïl 0/0 sur le revenu.
Passons maintenant aux tentatives législatives pour augmenter
encore les impôts sur l'assurance.
Un 1887, M. Borie a déposé une proposition do loi demandant que
les primes d'assurances sur la vie soient imposées
comme les primes
incendie.
Heureusement, c'est là une injustice qui n'a pas été appliquée à la
prévoyance familiale.
Au mois de mars 1889, la Chambre rejeta la proposition Bourgeois
(du Jura), ayant
pour but de remplacer la taxe de 9 fr. 60 0/0 établie
c'i 1871 sur les primes de l'assurance contre l'incendie, par un impôt
do 0.08
c. pour 1,000 fr. sur le capital assuré.
Un 1895 M. Bourgeois reprend son projet de 1889,
sans plus de succès
d'ailleurs (l)s

l'i Voir Assurance contre l'incendie, pompiers et assureurs, pages 431 à 135.
380 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Rappelons, pour fermer ce chapitre, que, d'après les comptes rendus


des Compagnies d'assurance à primes fixes notamment, le fisc a reçu du
ces dernières la somme de 150 millions depuis dix ans, soit quinze millions
annuellement !

Les vulgarisateurs de l'assurance : les assureurs, les agents, insjice*


teurs, courtiers. — La presse.—Les auteurs. — Pholographies et biographies
de MM. Badon- Pascal, Bergeron, Caeheux, Chauf'ton, Clieysson, de
Courcy, Gauvin, de Gourcujf père et fils, Guieysse, Lechartier, Lc/'nri,
Lucas, Marestaing, Mauriac, Pouget, Richard, Reboul, Tournai,
Thomereau, Vermot.
Les assureurs, les agents, les journalistes, les écrivains sont les
vulgarisateurs de la prévoyance.
Voici d'abord les agents, les courtiers, les inspecteurs dont le rôle.
en ces derniers temps où l'institution a été mise en péril, a été si bâille-
ment remarquable.
Les agents d'assurances sont les représentants des Compagnies,
qu'ils ne peuvent engager que dans les limites de leurs mandats.
Les agents ont pour mission de conclure des assurances, selon la
branche à laquelle ils appartiennent, de montrer leur utilité, de l'aire
connaître et d'expliquer, notamment dans la branche vie, les nombreuses
combinaisons auxquelles l'assurance donne lieu, soit pour améliorer une
situation, soit pour consolider une fortune, établir un crédit, constituer
une dot, etc., etc.. Ils sont donc toujours d'un précieux conseil dans le?
familles où ils sont à même d'indiquer les moyens de sortir d'une situa-
tion difficile ou de prévenir des embarras futurs. Ils sont chargés, en outre,
de procéder à l'accomplissement des formalités qu'entraînent les contrats,
ainsi qu'aux encaissements et aux payements pour le compte do la
Compagnie.
Les agents d'assurances, sont appelés : agents généraux, départe-
mentaux, principaux, ou encore directeurs divisionnaires, directeurs par-
ticuliers, etc. Mais ces différentsqualificatifs s'appliquent au même mandai.
Ces agents, nommés directement par les Compagnies, ont le droit de
choisir dos auxiliaires appelés sous-agents ou agents particuliers qui sont
sous leur dépendance et qu'ils rétribuent à leurs frais-, ces derniers n'en'
d'autre mission que de rechercher les affaires et de faire connaître aux
agents généraux qui les ont nommés les propositions d'assurances qu'on
leur soumet.
Le mandat des agents d'assurances sur la vie diffère sur certa",s
HISTOIRE GENERALE DE L ASSURANCE KN' PRA.NCE ET A L ETRANGER 381

points de celui conlié aux agents do la branche incendie et autres. Des


conditions spéciales leur sont donnons par les Compagnies.
Dans tous les cas le rôle de l'agent est absolument délicat; c'est une
mission de confiance et d'honneur.
Les autres collaborateurs des Compagnies sont la presse spéciale
dito dos assurances et les écrivains.
I,a presse des assurances, en Franco, composée d'une quinzaine de
journaux, présente les éléments les plus divers de propagande et de
combat,
on peut la diviser en plusieurs catégories : les journaux de doctrine
ei de hautes études scientifiques, les journaux de jurisprudence ci les
journaux de lutte, de controverse, d'informations, qui partent en guerre
pour soutenir la cause de l'assurance, qui rompent des lances contre ses
adversaires, enfin qui louchent à toutes les questions de jurisprudence,
d'économie sociale, de doctrine, de science, alors que l'assurance est en jeu.
Ces journaux sont dos combattants redoutables qu'on rencontre un
peu partout en ces temps d'orage où le monopole drosse ses convoitises;
ils stimulent le zèle des agents, concourent aux pétitions, dévoilent, en de
savantes analyses, les pensées des novateurs; bref, ils forment la ceinture
de tirailleurs, d'estafettes, qui protège le gros bataillon de l'assurance
menacée.

M. Louis Pouget, M. Kdouaril Badon-Pascal


directeur de 1849 à 1870 directeur depuis 1870

Dans les deux premières catégories citons le Journal des Assurances,


dont le directeur actuel est M. Edouard Badon-Pascal.
382 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Les premiers fondateurs du Journal des Assurances sont MM. Griïn


et Joliat, avocats, qui l'ont dirigé de 18fî0 à 1840.
A celte époque, M. Joliat ayant été nommé directeur du Phénix, la
publication du recueil a été suspendue. Après une interruption de neuf
années, soit en 1849, M. Louis Pouget, avocat, a repris la publication du
journal qu'il a dirigé pendant vingt et un ans, de 1849 à 1870, époque do
son décès.
Le recueil a été continué depuis 1870 par M. Edouard Badon-Pascal,
avocat, membre de la Société d'économie politique de Paris.
Le Journal des Assurances est le recueil général de jurisprudence, de
législation et de statistique des assurances contre l'incendie, sur la vie,
les accidents, etc.; il comprend tout ce qui a paru sur ces matières pon-
dant une période de quarante ans...
Le Moniteur des Assurances, créé en 1868 par un ôminenf mathé-
maticien, un apôtre de l'assurance, M. Eugène Reboul (1), ne pouvait so
soustraire à l'obligation que lui imposaient ses origines. Il ouvrit donc
largement, mais avec entendement, ses portes, ou plutôt ses colonnes, à
ceux qu'attiraient les études sur l'assurance. C'est là une tradition que
M. Thomereau ("2), un vulgarisateur très estimé, lui aussi, et ses hono-
rables successeurs, assureurs érudits, pleins d'activité et do courtoisie,
ont tenu à conserver.
Les écrivains, les brochuriers, les journalistes sont bien reçus au
Moniteur, leurs idées y sont écoutées avec une discrétion toute profession-
nelle et, si elles sont bonnes et pratiques, on puiso en une causerie fami-
lière les meilleurs encouragements et quelques documents nouveaux dont
est libérale la direction de cet excellent journal qui, en même temps, est à
la têtedel'importante Librairie des Assurances fondée enlSGG par M. Anger.
Dans cette librairie, où sont venus s'entasser livres, brochures,
journaux, documents divers et sans nombre sur les assurances, le
chercheur, le professionnel, le savant recueillent de précieux éléments dû
travail et de succès....
Le Bulletin des Actuairesfrançais, dont nous avons déjà parlé précé-
demment (.'!), entre dans la catégorie des journaux très savants; il en esl
de même du Recueil périodique des assurances, dirigé avec une grande
distinction par MM. Georges Sainctelette, avocat, et Georges Blanchard,
docteur en droit, ancien magistrat. Ce recueil s'occupe plus spécialement
de jurisprudence.
(1) Directeur du Moniteur des Assurances de 1873 à 1887. Voir aux auteurs.
(2) Voir plus loin aux auteurs.
(3) Voir page 80.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L ASSURANCE EN FRANCE ET A L ETRANGE» 383

Le Bulletin du Comité permanent des accidents du travail et des assu-


rances sociales, Comité dont nous parlerons plus loin (1), public des études
très importantes sur les questions du risque professionnel et on général
iii- tout ce qui a Irait à la prévoyance en Europe...
La forme spéciale de l'Avenir économique des assurances et la dispo-
sition méthodique de son texte indiquent l'esprit novateur, actif de son
excellent directeur, M. E. Lechartier.

Lechartier

D'ailleurs, voici un aperçu de ses travaux :


1" Dictionnaire pratique des assurances ;
"2" Le Livre d'or îles assurances, <) volumes;

3° Paris assureur, liste générale de tout le haut personnel des Com-


pagnies, par Compagnie et par ordre alphabétique, pour 1891, 1892, 1893,
1894 et 1895;
i" Le Vade-Mecumjudiciaire de l'assureur et de l'assuré;
5° Le.s Clauses des polices d'assurances contre l'incendie;
6° Le Tableau des Compagnies d'assurances pour 1890, 1891, 1892,
1893, 1891, 1895;
7" Une mappemonde sur laquelle les pays réputés malsains pour les
européens sont teintés d'après le degré do danger qu'ils offrent. Cette
carte indique également les surprimes à payer pour chacun dos pays
mentionnés;
8° Un plan de Paris sur lequel une série de drapeaux, aux armes des
Compagnies d'assurances sur la vie, indique la situation de tous les
immeubles achetés par ces Compagnies-,
il) Voir aux assurances accidents.
384 HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

9° Une carte des Compagnies ayant des agences directes à l'étranger;


10° Une carte des experts de France en matière d'assurances contre
l'incendie, grâce à laquelle les Compagnies peuvent, de suite, savoir quels
sont les experts les plus près du lieu du sinistre.

Les journaux qui viennent en dernière ligne sont les périodiques,


ceux qu'il est convenu de nommer journaux de propagande et de combat.
Citons :
Agent d'Assurance, Assurance, Assureur français, Assurance
moderne. Audience, Argus, Assureur parisien, Conseiller des Assu-
rances, Corsaire, Diogène, Économie, Economiste rural, Gazette des
Assurances, Gazette des Assurés, Journal de l'Assureur et de l'Assuré,
Observateur, Opinion, Petit Assureur, Semaine, Stentor, Veilleur.
Tous les pays possèdent des journaux d'assurances (1).
De la Presse, passons aux auteurs (2).
Ceux-ci sont nombreux et ici la quantité n'abaisse pas la qualité, ainsi
que nous allons en pouvoir juger.
Les auteurs se divisent, eux aussi, en diverses catégories.
En première ligne, signalons le brochurier.
Comme le journal, la brochure est un puissant moyen de propa-
gande, de persuasion et souvent de combat.
Sa forme discrète, son peu de volume, son bon marché permettent de
l'utiliser au moment opportun, c'est-à-dire à cette minute psychologique
où celui qu'on veut assurer vacille et ne dit ni oui, ni non, la brochure
alors est la dernière cartouche de l'agent.
Le brochurier, le plus souvent, est journaliste; souvent aussi il est
employé d'assurance : nos maîtres n'ont pas dédaigné la brochure, car ils

(Il Italie : Assicurasione, Cornière délie Assicirrasioni, Gazelta délie Assicuru-


sioni, Ohscrcaiore, Scoita, El Secolo. — Belgique : Avenir, Assurance, Chronique
des Assurances et du Commerce, Gazette des Assurances, Mutualisl (de), Pélican, Recru-
des Assurances. — Angleterre : Assure, Agents, Insurance Reformer, Insurance Post,
Insurance Record, Post Magasine. — Autriche : Assecuranz-Reoue, Allgeincine
Vensicherunys Zeilung, Correspondance arisiro-hoiiyroise, Contrôle, Versicherungs
Freund. —Espagne : Diario ciel Commercio, Defensor del Asegurado, Faro del Seguro,
Prooisor, Revisla, espanolade Segurvs, Los Segunos.— Canada : Insurance el Finance
chronicle, Moniteur du Commerce, Prix courant. —Hollande : Zoruieschijn. — Allema-
gne : Allgemeine Versicherungs Presse, Revue internationale de droit el de science
en matière d'assurance, Versicherungs Bote, Versicherungs Agent. — Buenos-Ayros :
Bancos Seguros y Commercio. — Etats-Unis : The Spcctalor... etc., etc..
(2) Consulter la liste alphabétique des auteurs,pages 415 et 416,
HISTOIRE GENERALE DE 1, ASSURANCE EN FRANCE ET A f. ETRANGER 38r»

l'ont considérée, avec raison, comme le véritable moyen do répandre et


de faire aimer l'assurance.
Mais aussi, quels charmants conteurs furent MM. de Courcy,
Edmond About, Francisque Sarcey! Car notre grand critique a touché au
lulh de l'assurance. Arnous-Rivière, Alfred Assolant, Charles Avenant,
pseudonyme qui voilait la sympathique et spirituelle ligure do Tournai,

M. Tournai M. Edouard Vermot

Edouard Badon-Pascal, qui entre deux études de savantes doctrines


taquinait finement la prose légère de la brochure, Henri Barety, A. Bellier,
qui unit la brochure à la conférence. Citons encore 11. Bernard, Bernet,
Hollande, Alfred Boitard, Alfred Bonnet, Victor Borie, Emile Carlier, qui
occupe avec une extrême compétence la place d'avant-garde dans une
grande Compagnie d'assurance sur la vie ; Saint-Léger, Daubige, Emile
Déliais, Delmas, Alexandre Ducros, du Quesnay, Elkan, un lettré, ancien
directeur de la succursale belge de la Compagnie anglaise le Gresham;
MM. Franchetti, Gourdon de Cenouillac, baron Grivel, l'apôtre delà
cause du marin, Isnard Jourdan, abbé Quérant.
Il y a encore: Vauzanges, puis Vermot, le si aimable écrivain (1) qui
enseigna l'assurance à l'aide d'un catéchisme célèbre qu'on trouve entre
les mains de tous les bons agents ;
M. Georges de Serbonne, directeur distingué de l'Abeille, qui a mis
également sa plume alerte, son style sans reproches, sa haute compétence
il) M. Vermot a écrit la préface du l^ctit Dictionnaire des Assurances. Ancien
directeur do Prooidence vio, il est actuellement le très compétent secrétaire des
Syndicats vie et accidents.
1586 HISTOIRE GÉNÉRALE DE 1,'ASSURANOE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGEI

d'assureur au service do la prévoyance. Ses brochures, ses études sont


très justement appréciées,
M. Louis Richard, lui aussi, était un apôtre, il a fondé l'Économie.

Louis Richard

lorsque l'assurance s'éveillait cl a suivi le chemin des de Courcy. des


Bergeron, des h'oboul.
De ses brochures, nous voulons citer : Aux mères de famille, Aux
pères de famille, l'Homme est un capital.,.

Lucas

Nous avons encore M. Judenne, un auteur délicat convaincant,


enfin M. Lucas qui a dirigé pendant de longues années le Petit Assureur,
tribune d'où il lançait d'excellentes doctrines en faveur de l'Assurance
HISTOIRE GÉNÉRALE DE l/ASSORANCE EN FRANCE ET A i/ETRANGER 387

Citons toujours MM. Alfred Bécourt, Darodes de Tailly, Debrock,


Muiard, Louis Massé, Paul Moulin, aussi ôrudit que modeste, C. Oudiette,
p'.dgard Pourcelle, Perriaud, Emile Sorel, Paul Sidrac, Victor Sènes,
dont l'esprit fécond livre mille pensées utiles ; est intarissable la source
merveilleuse où il puise ses sujets d'assurance.

Des brochures, feuilletons les livres.


D'abord, si nous jetons un coup d'oeil dans le passé, nous recueillons
des noms connus :
Alauzet, Traité général des assurances ; Barreau, Manuel des pro-
priétaires de toutes les classes ou Traité des fléaux et des cas fortuits ;
Estrangin, Traité du contrat d'assurance de Pothier ; Grùn et Joliat, Traité
des assurances terrestres; Persil, Traité des assurances terrestres; Pouget,
son admirable Dictionnaire et le Manuel de l'agent d'assurances, les Droits
et obligations du locataire et du propriétaire sous le rapport de l'incendie;
de la Situation du créancier hypothécaire au point de rue de l'incendie ;
Quenault, Traité des Assurances terrestres; Sauteyra, Commentaires sur
la police française; Marshall, Traité sur la législation de l'assurance, le
Propagateur des assurances contre l'incendie, le Code de famille ; Bellet,
Laguepierre et Castellan, Gtdde des Assurances contre les incendies;
Raymond, Dictionnaire de l'assurance contre l'incendie ; Desfrançois,
Commentaire des conditions générales de la police.
Dans le domaine spécial de l'assurance maritime, signalons : Alauzet,
Boautemps : Nouveau manuel du capitaine au long cours et du maître
au cabotage en matière d'assurances maritimes; Benecke, Traité des prin-
cipes d'indemnités en matière d'assurances maritimes; Emerigon, Traité
des assurances et des contrats à la grosse; Hache et Cruysmans, Commen-
taires sur la police d'assurance maritime d'Anvers ; Lafond, Guide général
des assurances maritimes et fluvial es ; Lehir, Des armateurs et des proprié-
taires de navires; Lemonnier, Commeidaires sur les principales poliees
maritimes usitées en France; Morel, Manuel de l'assuré; Pardessus, Droit
commercial,rôles d'Oléron, ordonnance de Wuisby, de la Hanse Teutonique,
à'Anvers, le Consulat de la Mer; Sibilo, Traité de l'abordage ; Vauché
Police d'assurance maritime; Cleirac, Guidon de la Mer, Us et Coutumes
de la Mer; Nicolas Maquens, Essai sur les assurances; Valin, Comment
(aires sur l'ordonnance de 1681.
L'assurance sur la vie attire des noms illustres à sa cause
Lorsque nous avons donné l'histoire de l'actuariat (1), les grands tra
vaux de probabilités des Pascal, des Newton, des Leibniz, des Jean de
(1) Voir pages 72 à 99.
388 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'A.SSUUANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Witt, des Christians Huygens nous ont permis de retrouver les origines
de la marche en avant de l'assurance sur la vie; d'ôminents successeurs
sont venus à leur lour apporter leur science à l'institution des assurances.
En 1693, l'astronome Halley dressa une fable de mortalité suivant les
décès de Breslau (Silésie).
En 1707, John Smont publia les premières tables de l'intérêt composé
et, en 1725, le célèbre de Maire fit impri mer son Traité des annuités viagères,
Plus tard, en 1744, Thomas Himpson donna sa 'Théorie des annuités
et reversions. En 1779, nous voyons apparaître la Théorie des assurances
sur la vie, de Price-William Morgan; en 1815, c'est Milne qui vient per-
fectionner les méthodes de ses devanciers et qui publie la table de Mor-
talité dite table de Carlisle. A ce propos, il serait injuste de passer sous
silence les tables analogues dressées en France par Deparcieux (1746),
essai sur les probabilités, et par Duvillard (1800) (1). Ces tables, qui
aujourd'hui s'écartent notablement des données de la statistique contem-
poraine, n'en constituent pas moins un travail remarquable, étant donnée
l'époque de leur établissement. Au reste, elles servent encore de base
aux tarifs actuels des Compagnies françaises.
Vient ensuite sur le même sujet le livre de M. de Saint-Cyran, en 1779,
et ceux de Buffon, Dupré de Saint-Maur, Duvillard, aussi fameux dans les
annales de l'assurance.
Nous devons aussi rappeler le nom du célèbre Francis Bailly, qui est
l'un des principaux fondateurs de la science financière et l'auteur du Traité
des annuités viagères, publié en 1810. Après lui, nous nommerons Burrett,
l'inventeur des premières méthodes de commutation dites à colonne;
et Griffith Davis, qui, modifiant et complétant ce système un peu trop
simple, créa des tables de commutation encore usitées de nos jours.
Enfin, nous relaterons les travaux de Benjamin Gompertz et de Max
Lefranc, principalement au sujet des formules fameuses qu'ils ont don-
nées pour le calcul des annuités viagères sur deux têtes.
Jusqu'en 1870, les mathématiques financières étaient à peu près lettre
morte en France. Il convient cependant de citer la Théorie des annuités
viagères de Maas, publiée en 1860 et où se trouvent reproduites les
méthodes de commutation de Burrett; puis la Théorie mathématique des
opérationsfinancières de Charlon, imprimée en 1868.
La Théorie mathématique des assurances sur la vie, de M. Dormoy,
est un ouvrage des plus intéressants. Les travaux de M. Laurent ne doi-
vent pas non plus être passés sous silence.
(1) Voir aux Assurances sur la vie.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 389 '

Signalons encore Loua, Montferrand, Eugène Pereire, Violeine,


Léon-Marie, Achard, Quiquet, Georges King et Bégault, Mahillon, auteur,
traducteur et commentateur du Texte Book, Bôziat d'Audibert, Fouret,
qui ont écrit spécialement des ouvrages relatifs aux lois de la mortalité,
aux calculs d'intérêt et à la science actuarienne (1).
A l'étranger, les livres se multiplient surtout sur la question des
probabilités; en dehors des ouvrages techniques et d'actuariat signalons :
E.i.plications très simples sur la nature, les avantages et l'importance des
assurances sur la vie, de Pocock, paru en 1842, à Londres, et celui de
Tarren, publié en 1844 et intitulé : Essai historique de la naissance et des
premiers procès, en Angleterre.
Plus contemporains viennent les auteurs estimés au nombre desquels
citons : MM. Adan, directeur de la Royale Belge, dont les travaux si
appréciés et si nombreux le placent, avec raison, au premier rang des
écrivains d'assurances ; Henriquez Pimentel, Neumann, H. Sohsenfeld,
Ludwig Grossmann...

Les docteurs, appelés eux aussi à entrer dans le mouvement de


l'assurance, grâce à l'examen médical qu'ils font passer aux futurs
assurés, ont apporté à la bibliothèque de cette industrie leur contingent
d'études professionnelles extrêmement intéressantes.
Signalons, comme ayant écrit des ouvrages sur la matière,
MM. Legrand du Saulle, Bertillon, Taylor, Tardieu, Vibert et Mareau...
Le Traité complet de l'examen médical dans les assurances sur la vie
est dû à un praticien renommé, un maître, M. le docteur Mauriac, qui
depuis longtemps est le médecin d'une de nos grandes Compagnies
d'assurances sur la vie.
Ce traité est accompagné et suivi de conseils administratifs et de
uotes statistiques qui en forment un ouvrage des plus remarquables.
L'oeuvre est divisée en trois parties principales qui indiquent : 1° L'ôtio-

(1) Signalons encore pour l'assurance vie : Berthet, Du contrat d'assurances sur
tu rie; Bossant, Théorie d'assurances sur la cie; Guilmin, Petit traité théorique el
pratique de l'assurance sur la rie; Herbault, Traité des assurances sur- la cie; Isnard,
Le bien-être, la famille et l'assurance. Cet ouvrage est adopté par les bibliothèques
scolaires. Merger, Des assurances terrestres; Emile Miégeville, Manuel de l'assurance
sur la cie; Molineau, Jurisprudence des assurances sur- la oie en France cl en Belgique;
Philou/e, Des assurances terrestres; Pothier, Du contrat d'assurance sur la rie en
préseiu-c de la loi cie i te; De la loi commerciale et des lois sur l'enregistrement; Rougier,
l-<'s assurances populaires ; Tisser, Des assurances sur la rie en droit français; Trop-
long, Des contrats aléatoires; Agnel, Manuel général des assurances.
o'.lll HISTOIRE GÉNÉRALE HE 1,'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

logie dans ses rapports avec les assurances sur la vie ; 2" le passe
pathologique des proposants dans ses rapports avec l'assurance sur la
vie; enfin, l'examen clinique des proposants.
(Jette partie technique est suivie d'un appendice traitant des rapports
médicaux étrangers, des probabilités de vie et de l'analyse dos urines.
Ce grand travail doit être aujourd'hui traduit en plusieurs langues.

M. le docteur Mauriac

Lors de son apparition, le Traité complet de l'examen médical dans


les assurances sur la rie, édité à la Librairie des Assurances, souleva un
légitime sentiment d'intérêt, car jusqu'alors le rôle du médecin dans l'as-
surance n'avait pas été mis en lumière; on en soupçonnait seulement
l'importance. Grâce au beau travail de M. le docteur Mauriac, aujourd'hui
on est éclairé. Le médecin et l'actuaire sont les facteurs scientifiques sur
lesquels repose l'assurance sur la vie.

Cet ensemble des auteurs passé en revue, retournons à quelque dix


ans en arrière et relisons les pages des livres parus depuis cette époque.
Nous retrouverons des noms amis, car voici venir dans cette revue
rétrospective le bataillon do ceux qui lurent incorporés dans l'assurance
à la grande époque, à celle où les nouvelles Compagnies naissaient et où
les capitaux affluaient, vers 1879 enfin.
1879. — M. Denis Weil, avocat, ouvre la marche avec un com-
mentaire pratique du livre II du Code de commerce sur les assurances
maritimes et les avaries. Voyons la suite :
M. Auguste Lassaigne, avocat, inspecteur de la Compagnie VUrbaine,
publie le contentieux de l'assurance contre l'incendie en son Manuel des
assureurs.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A
L'ÉTRANGER 391

1880. —Henri de Beauquesne, Notions élémentaires de l'assurance


sur la rie humaine.
1881. — Encyclopédie de l'assurance, par Cornélius Walfond.
Le suicide ancien el moderne, par Legoys.
Traité des assurances sur la vie, Emile Couteau.
Traité des causes d'incendies, M. Maxime.
1882. — De YAssurance sur la vie, Florian Grosjean.
Guide des agents et des assurés dans l'assurance incendie, par S. Leroy.
Études sur les assurances ci primes contre l'incendie, par Georges
Pérot.
Bergeron poursuit ses études et fait paraître d'excellentes brochures.
Manuel des assurés contre l'incendie, Lassaigne.
IlAssurance contre les accidents parait sous la signature d'un assu-
reur pratique M. G. Delcaire, aujourd'hui directeur de la Mutuelle militaire
et de Y Industrie française, Compagnies d'assurances contre les accidents.
Louis Bonneville de Marsangy fait paraître son incomparablevolume
sur la jurisprudence générale des assurances terrestres. Ce livre est un
répertoire annoté des décisions rendues en matière d'assurances terrestres
par la Cour de cassation, les Cours d'appel, les tribunaux de première
instance, etc.
Malheureusement cette oeuvre est unique et n'a pas eu de suite.
1883. — Assurances populaires : du développement des assu-
rances sur la vie dans les classes ouvrières, Degalle.
Manuel de l'assuré sur la cie, F. Esselin.
Elude sur les patentes des Compagnies d'assurances terrestres,
F. Bourgade»
1884. — M. Alfred Mayen, le distingué président du Syndicat acci-
dent, étudie déjà la question ouvrière en de très intéressants opuscules.
Formules el tables pour les calculs d'intérêts composés, d'annuités et
d'amortissement, Krauss-Tassins.
Simeson, un écrivain actuaire dont on regrette la fin prématurée,
publie sa première brochure: la Tirelire merveilleuse.
1885. -- M. le baron G. Cerise, ancien inspecteur des finances, sous-
directeur de l'Union incendié, fait paraître un opuscule fameux et très
documenté qu'il tire de ses études sur l'ancienne France : la Lutte contré
l'incendie avant 1789 (1).
M. Chaui'ton, avocat à la Cour de cassation et au Conseil d'État,
publie ses deux excellents et très appréciés volumes : Les assurances, leur
passé, leur présent, leur avenir an point de vue national.
(1) Voir pages 37 et'123.
;>92 HISTOIRE GÉNÉRALE DE 1.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Chaufton est un de nos Maîtres estimés qui a mis son grand


M.
talent d'écrivain et d'avocat à défendre la cause de l'assurance. Cette
science ne pouvait avoir de meilleur défenseur.

M. Chaufton

M. de Kertanguy, aux ouvrages duquel nous avons fait des emprunts,


publie une étude remarquable sur : le Nouveau projet de loi concernant lu
caisse des retraites pour la vieillesse (1).
Traité historique et pratique du contrat d'assurance contre l'incendie,
ouvragede bibliothèque de MM. H. de Lalande et Couturier.
1886. — Nature juridique rie la réserve mathématique dans les assu-
rances sur la vie, Cesare Vivante.
Annuaires rie l'assurance en. Allemagne, Neumann.
Archives pour l'arithmétique politique et sociale cl pour la science
il'assurance, David et A. Seniot.
En outre de diverses brochures dont le Mariage, de Jeanne (assu-
rance dotale) ; Demain (assurance collective et individuelle) ; En wagon
(assurance individuelle), le Petit Dictionnaire des assurances «le
M. Georges Hamon est publié par la Librairie des Assurances.
Traité des causes des incendies dans les usines et. /tabitalions,Meumcv-
M. de Chamberet, écrivain délicat et assureur distingué, publie les
Conférences sur l'assurance sur la vie.
M. Joseph Lef'ort, avocat au Conseil d'Etat et à la Cour de cassation,
Commence ses éludes sur les assurances, études précieuses qui doivent
doter l'institution d'importants ouvrages dont nous signalons plus loin
l'apparition.
(1) Voir pages 164, 401, -\02.
HISTOIRE GENERALE DE L ASSURANCE EN FRANCE ET A L ETRANGER 393

Traité de Droit commercial (Assurances maritimes, tome IV), Arthur


Desjardins.
M. Gauvin fait paraître, en un volume très apprécié et des plus
>avants, les dix cours qu'il a professés à la mairie Drouot(l). La carrière
d'assureur de M. Paul Gauvin est bien fournie. C'est en qualité de chel
de bureau de Paris deYUrbaine incendie qu'il s'est fait connaître,grâce à
ses travaux de publiciste.
Disciple de l'êmiiient directeur de Y Urbaine incendie, M. Leviez, les
qualités d'assureur de M. Gauvin se plient à la doctrine du maître et il
suit l'impulsion qu'il en reçoit.
En outre de ses cours publiés M. Gauvin est l'auteur do livres excel-
lents : Le Manuel rie l! Inspecteur, ouvrage important et des plus recherchés
el l'État assureur ont placé très en lumière son savoir professionnel et
ses qualités d'économiste.
Entre temps, collaborateur ici et là à l'Argus, à la Semaine, à YAssu^
i m/ce
Moderne, M. Paul Gauvin a été nommé directeur de l'Aigle incen-
die en juillet 1892, puis directeur du Solr'il incendie un an après.

M. Paul G a ri ci n

Conditions de la police d'Anvers, A. Gocmarc.


Les Expertises agricoles, M. Bore, ancien professeur de Grignon
et ancien directeur de la Confiance grêle.
1888. — Du bénéfice de l'assurance, instructions pratiques par
^1. A.Dubois, avocat, et le très compétent sous-directeur de la Compagnie

a Assurances Générales sur la. vie. Ecrivain de carrière,M. Dubois a donné

(1) Voir pages 136-204.


29
394 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

à l'assurance de très nombreuses et excellentes études où la science juri-


dique la plus éclairée laisse place à cet esprit délicat et philosophique dont
l'auteur scelle ses écrits.
Responsabilité ries accidents, Bézial d'Audibert.
L'Assurance contre la vieillesse et l'invalidité en Allemagne, Ed.
Grïiner, le très savant secrétaire du Comité permanent des accidents du
travail.
Le Risque professionnel et la Responsabilité en cas d'accidents,
étude appréciée dont l'auteur modeste signe d'un pseudonyme, Marc
Abiane (?)
Manuel pratique de l'inspecteur et de l'agent d'assurances sur la vie,
J.-M. de Martres.
Dans cette année 1888, on voit apparaître les premières études qui
engagent le combat en faveur de l'assurance contre les accidents par
l'industrie privée, que l'initiative parlementaire veut rendre obliga-
toire et mettre entre les mains de l'État.
1889. — L'année de la grande Exposition fait éclore de nombreux
ouvrages sur les assurances. Le pavillon de l'économie sociale, où régnent
les institutions de prévoyance, met les esprits en mouvement et ouvre
l'ère des thèses sur les questions de la garantie des risques, que vont
soutenir, les candidats au doctorat ou à la faculté de droit.
Essai d'une Théorie rationnelle des Sociétés de Secours mutuels,
Prosper de Lafitte.
Entretien et Conseils pratiques, par Frédéric Buval, un assureur
expérimenté.
Des Assurances mutuelles, commentaire du décret du 22 janvier 1808,
René Clément.
Un poète délicat, M. Colom-Delsuc, fait paraître une fable intitulée :
Le Commerçant et ses enfants.
M. Ernest Hecht, docteur en droit, un érudit, publie un volume qui
vient à son heure, car la Réassurance de portefeuille est d'actualité. Ce
livre donne la véritable marche à suivre et consacre la légalité de cette
opération encore peu connue qui consiste à transférer le portefeuille
d'une Compagnie à une autre, sans vicier et anéantir le contrat (1).
L'ouvrage de Ernest Hecht est intitulé : La Prime et la Cotisation
dans l'assurance contre l'incendie.
M. Ernest Tarbouriech, également docteur en droit, entre largement
dans la question des accidents du travail ; son livre, couronné par la

(\) Voir page 375.


HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGEU 395
.

faculté de droit, est le résultat d'un travail opiniâtre, disséquant en ses


plus profonds organes la question du risque professionnel.
Ce livre, une oeuvre, répond péremptoirement à toutes les interro-
gations du législateur et, après sept années écoulées, il semble avoir été
écrit d'hier.
Dans son introduction, l'auteur expose les dispositions, les généra-
lités, l'état de la question de l'assurance accidents, en France et à
l'étranger, puis il passe au contrat, et commente le projet de loi adopté
par la Chambre des députés.
La première partie traite de l'assurance collective et la seconde partie
de l'assurance de responsabilité.
Le livre de M. Tarbouriech a pour titre Les Assurances contre les
accidents du travail.
Entre temps, l'auteur écrit de très savantes études sur l'assurance en
général.
Lechartier fait paraître le Livre d'Or ries assurances.
Traité théorique et pratique des Sociétés par actions françaises et
étrangères et des Sociétés d'assurances, C. Houpin.
1890. — En cette année 1890, on voit paraître plusieurs ouvrages
scientifiques sur la prévoyance; les actuaires se comptent, pèsent leurs
forces et s'élancent à la conquête de l'assurance.
C'est surtout l'Ecole Polytechnique qui fournit aux Compagnies ceux
dont la fortune va grandir.
M. Léon Marie, connu sous un pseudonyme aussi transparent
que professionnel, est ce que l'on est convenu dénommer un jeune; très
instruit, d'ailleurs, et ne reculant devant aucun travail, accumulant
rapports sur rapports, articles sur articles ; fort estimé partout et
accueilli avec empressement dans le monde des économistes, de la
politique et des savants, il marche un des premiers sous le drapeau
actuariel.
En 1890, vers le commencement de l'année, M. Léon Marie fait
paraître son premier livre intitulé Traité mathématique et pratique des
opérations financières.
Au mois de décembre, la Théorie mathématique des assurances sur
In oie, de M. Carréa, fait
son apparition.
Paraissent également le Dictionnaire de Médecine à l'usage des assu-
i'"uces sur la vie, du docteur Ernest Mareau, puis la Responsabilité des
(ifi>iurances contre les accidents industriels, par M. E. Burel.
La brochure n'est pas oubliée et MM. Georges de Serbonne, Petit,
Esselin publient de gracieuses et convaincantes plaquettes.
396 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

1891. — En 1891, on compte la publication d'ouvrages très inté-


ressants :
Les accidents du travail manuel dans le louage rie services, deM. Bcn-
zacar.
Loi du 9 mars 1891 sur les droits de l'épou.r. survivant, de M. A.
Dubois, et un livre d'actuariat : Les calculs usuels effectués au moyen ries
abaques, par Maurice d'Ucagne.
Lechartier lance son très utile Paris assureur, annuaire qu'il
éditera chaque année.
1892. — Les ouvrages se succèdent et rien d'étonnant à cela, car
chaque jour amène avec lui une révélation, un procès fait surgir tout un
monde de controverses, et puis l'assurance devient science sociale, alors
que de pensées nouvelles pour les esprits généreux !

De la première escarmouche de l'État contre les Compagnies d'assu-


rances, il sort l'Etat assureur de Paul Gauvin ; puis viennent tour à tour
se ranger dans le camp des accidents du travail : De l'Assurance obliga-
toire contre les accidents et. les maladies, par E. Ceresolle ; enfin un livre
magistral de Maurice Bellom sur les Lois ri'assurances ouvrières ù
l'étranger.
Sur l'Assurance en général paraissent :
Petit manuel pratique de l'Assurance sur la wx'.par Henri Willocq.
Vade-Mecum judiciaire de l'assureur et de l'assuré, par Lechartier.
Le Code manuel de la responsalnlitê civile des propriétaires et loca-
taires eu matière d'incendie, par R. Rosse.
Enfin de la Tacite reconduction rlans les assurances terrestres, par
E. Lefrançois.
1893. — A l'année 189'i est réservée une oeuvre remarquable.
Paraît chez Thorin et fils, éditeurs, le premier volume d'un ouvrage
intitulé : Traité théorique et pratique du contrat d'assurance sur la vie ;
et, comme titre oblige aussi bien que noblesse, l'auteur en est un juris-
consulte éminent : M. J. Lefort, avocat au Conseil d'État et à la Cour de
cassation, lauréat de l'Institut. M. J. Lefort aime l'assurance sur la vie ;
c'est un ardent défenseur de notre forme nationale d'assurance, le lan-
gage du contrat ne lui est pas inconnu, au contraire, il lui est très familier;
aussi, imbu des grandes et vieilles traditions qu'on recueille chez les
créatrices de l'assurance, son ouvrage est-il une oeuvre considérable de
nature à satisfaire les idéalistes comme les savants de l'assurance.
D'ailleurs, M. J. Lefort s'occupe depuis longtemps de cette grave
question du contrat : en 1883, nous l'avons signalé, paraissait de lui
une brochure intitùôe : Étude sur les assurances sur la, vie; puis se suc-
HISTOIRE GÉNÉRALE DE 1.'ASSURANCE EN PRANI E UT A L'ÉTRANGER 397

cèdent d'année en année : Nouvelles éturles sur les assurances sur lu vie,
y Assurance sur la vie au profit d'un tiers et In donation à nuise de mort;
lu néforme rie la léqislature concernant li's cissurances sue In vie; les
[ssttra/ices sue In ru 1 n In Cour rie cassation eu 1888, 188'.), 1890,
1891, 1892, les Assurances terrestres, enfin le Traité théorique et prrr-
lir/ue du contrat d'assurances sur la ni'.
L'oeuvre de M. Lefort est divisée en quatre parties : 1° Notions géné-
rales: 2° Histoire dos assurances sur la vie ; 3e Fonctionnement des assu-
rances sur la vie ; A" Le contrat, ses éléments constitutifs, sa nature
juridique et sa formation
.

.1/. ,/. Lefort

Paraissent ensuite : le Code manuel il" droit industriel, par Dufour-


m an tel le.
Les Clauses des polices d'assurances contre les incendies par Lechar-
lier; Des Assurances sur In rie, spécialement en cas dedéci'S, par F. Fur-
quim d'Almeda.
Les actuaires suivent le mouvement. M. Léon Marie publie un
rapport fait au nom de la Commission des Sociétés de secours mutuels et
M. A. Quiquel, le très estimable actuaire actuel de la Nationale vie,
donne un excellent aperçu historique sur les formules d'interpolation des
laliles de survie ; et la représentation algébrique des tables de survie et de
mortalité suivie de la généralisation des lois de < compertz et de
M.ikeham.
Ouvrages savants nés d'un milieu éclairé.
Avec le Contrat en faveur des tiers, par Edouard Lambert, revient la
question de doctrine et la gravure dans l'assurance avec les Luttes contre.
!'< muet, de M. G. Hamon.
398 HISTOIRE GÉNÉRALE DE 1.'ASSURANCE EN FRANCE ET A I.'ÉTRANGER

Enfin, M. Ricou, un assureur expérimenté, met la dernière main au


troisième volume de son Recueil judiciaire accidents.
189/. — Les législateurs, les gouvernements harcelés par l'hydre
socialiste veulent donner l'assurance en pâture à son insatiable voracité.
Les articles, les écrits, les études, les livres publiés en 1894 recèlent
les craintes qu'éprouvent les bons esprits de voir l'Etat se lancer dans
l'inconnu en ouvrant la porte aux injustices et en violant la liberté.
M. Thomereau fait sur le socialisme d'Etat plusieurs conférences
qui sont recueillies et paraissent en librairie sous le titre de : Un premier
essai rie socialisme d'Etat sous Napoléon III ; il s'agit de la fameuse
Caisse générale des assnranr-r's agricoles dont l'existence fut si éprouvée.
L'S Assurances agricoles au point rie vue rie la statistir/ue et culiu Quelles
sont les limites rlr' l'iiiterrention tir' VEtat e i matière d'assuranrws {\).
Deux livres non de luttes, mais sur le contrat, sur le risque jettent une
note professionnelle au milieu du trouble dans lequel les projets de loi
nombreux contre les assurances plongent le monde de la prévoyance.
Le premier livre intitulé: Etude théorique et pralirpresur les/irneédes
rie fabrication, leurs dangers d'incendie et les primes y relatives est do
M. A. Candiani, l'estimable professeur à l'Association philotechnique,
sous-chef du bureau de l'industrie de la Métropole incendie.
Cet excellent ouvrage, édité par M. Warnier, le très sympathique
directeur de la Librairie ries Assurances et du Moniteur des Assurances,
est composé de monographies industrielles à l'usage des inspecteurs,
vérificateurs de risques, employés des Compagnies.
L'auteur a conservé l'ordre alphabétique et la terminologie du tarif
des Compagnies d'assurances, sauf en ce qui concerne la partie théorique
placée en tête de l'ouvrage.
Ce livre comprend trois parties distinctes :
1° La. partie théorique, où se trouvent exposés les principes sur les-
quels repose tout un groupe d'industries; cette partie est précédée d'un
tableau d'ensemble présentant un classement des industries traitées par
groupes chimiques ;
2° La partie technique, donnant la description très détaillée de chacune
des industries chimiques ;
3° La partie professionnelle traitant des dangers d'incendie de chacune
de ces industries et des primes y afférentes.
Une table alphabétique de toutes les matières traitées, même incidem-
ment, permet de se servir de cet ouvrage comme d'un dictionnaire industriel.
Le second livre a été écrit par M. Paul Baily, avocat, chef de con-
(1) Voir pages 131, 382, 403, et 404.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 399

lontieux de la Compagnie le Monde. Il traite d'assurance sur la vie et de


la transmission du bénéfice du contrat. C'est d'ailleurs son titre.
L'ouvrage est divisé en plusieurs parties, dont il est intéressant de
dégager le sujet. Première partie: Distinction des cas où le droit de béné-
ficiaire de l'assurance prend directement naissance dans sa personne
même, et des cas où, au contraire, l'acquisition du droit par le bénéficiaire
est corrélative à une aliénation par le preneur d'assurance.
Deuxième partie : De l'endossement des polices d'assurance sur la
vie; enfin de l'avenant d'attribution.
L'ouvrage de M. Baily est savant et fait grand honneur à ses con-
naissances techniques de l'acte, qui, né si modeste à Barcelone en 1G35,
devait en 1895 embrasser la société dans un grand élan de solidarité,
d'humanité et de reconnaissance.
M. Imber Cyprès ferme la marche dos livres parus en France en 1894
avec son excellent livre dont nous avons tiré précédemment quelques
arguments précieux contre l'Etat assureur (1). Ce livre a pour titre : Y Assu-
runr-e sur la. vie et les misses rie retraites.
1890-1896. — Au point de vue officiel, il convient de placer au pre-
mier rang les études très intéressantes de YOffi.ec du Travail ; elles
portent principalement sur les assurances d'Etat; en voici les titres :
Statistir/ue ries accidents du travail, d'après les rapports officiels sur
l'assurance obligatoire en Allemagne et en Autriche. — Résultats finan-
ciers de l'assurance obligatoire contre les acciilcntsdu travail eu Allemagne
et en Autriche.— Résultats statistiques de l'assurance obligatoire contre
lu maladieen Allemagne. — Résultats statistiques de l'assuranceobi'igaloire
l'autre la. maladie en Autriche. — Etude sur les derniers résultats des
assurances sociales en Allemagne et en Autriche.
Mais, ces études savantes ne sont que le début d'oeuvres nouvelles
sur les sciences sociales, auxquelles collabore le personnel éclairé de
l'Office du Travail.
Signalons encore la belle et magistrale publication du Bureau fédéral
suisse qui paraît, chaque année, sous forme de rapport sur les entreprises
privées d'assurances en Suisse. Le Bureau de statistique du département
lédéral de l'intérieur publie également de précieux documents. Les résul-
tats de la statistique suisse des accidents du 1e'' avril 1888 au 31 mars 1891
on est un des plus récents et des mieux compris (2).

(1) Voir page 140.


(2) Cette liste des auteurs revue, nous nous sentons pris par l'appréhension d'en
'woir omis dans l'examen rapide que nous en avons fait, Aussi, pris de.scrupules, nous
400 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Détachons encore de ce cadre de conteurs érudits et aimables, la


grande figure de M. Alfred deCourcy dont les oeuvres touchent aussi bien
à la science professionnelle, qu'à la petite brochure qui s'envole sur

feuilletons à nouveau et voici recueillis encore, les ouvrages suivants parus ù dos
dates différentes :
Les Accidents du traçait, responsabilité des patrons, par P. GANDOUIN; Assurainr
contre les accidents, par Paul Aucocjdo l'Assura lire contre les accidents du traçait, par
VILLETARD DE PRCNIÈRKS; Assurances maritimes sur corps de navires. Du règlement
des sinistres, par A. RICORDEAU, docteur en droit ; de Y Assurance sur la cie contractée
par l'un des époux au profit de l'autre, par Edgar BAZEXKT ; do l'Assurance sur la tir,
et spécialement de la donation contenue dans l'assurance au profit d'un tiers, par
BLIN, docteur en droit; les Assurances srrr la pic, au point de vue théorique et pra-
tique, par A. TYPALDO-BASSIA; Calculs ries probabilités, par J. BERTRAND; Commentaire
rie la loi du 24 juillet 18f!7 sur les Sociétés, par Louis TRIPIER; le Contrat d'assu-
rance en cas de décès, par REUFOUS, docteur en droit, avocat; traité pratique du
Contrat d'assurance sur la rie, droit civil, — droit fiscal, avec formules, par Ch.
DEFRENOIS, avocat ; du Contrat d'assurance sur la cie, en droit civil ot en droit fiscal,
par Ch. DL'MAINK ; du Contrat d'assurance sur la rie, sa nature et ses effets on
cas de décos, par Henri MORNARD, docteur en droit, avocat à la Cour d'appel :
du Contrat rie l'assurance sur la rie en présence de la loi civile, de la loi
commerciale et des lois de Ponregislromont, par J. ROME, docteur on droit; F.tmlc
des droits de l'assuré, des bénéficiaires, des cessionnaires et dos créanciers, dans les
assurances sur la vie, par Maurice DESI.ANDRES, avocat à la Cour d'appel ; Etude sur le
contrat d'assurance contre l'incendie, par Eugène DUUAIL, docteur en droit, avocat;
Étude sur les assurances sur la rie, tant au point de vue fiscal qu'au point de vue civil,
parFernand PAULMIER, avocat; Jurisprudence des assurances sur la rie eu France et
en Belgique, par MOI.INRAU, ancien notaire ; Manuel arithmétique des assurances sur tu
oie, à l'usage de MM. les inspecteurs et agents, par Charles NOIOI. : Manuel de l'assu-
rance contre l'incendie (prime fixe), par LAMIRAULT; Manuel général des assurances ou
guide pratique dos assureurs et des assurés, par AONKI.; Recueil complet de législalinn
et de jurisprudence en matière d'assurance sur la oie, L. LKIIIR, docteur en droit; do
la Responsabilité des locataires ois-à-ris du bailleur eu cas d'incendie, d'après le nou-
vel article 1731 du Code civil, par Marc SAITZET, professeur à la Faculté de Lyon ; nou-
velles Tables pour les calculs ri'intérêts composés, d'annuités et d'amortissement, par
VIOLEINE; Table ries logarithmes rï 27 décimales pour les calculs de précision, pur
M. FÉDOR THOMAN ; Table pour faciliter les calculs des prohabilitéssur la vie humaine,
par VIOLEINE; Théorie pratique ries donationspar contrats d'assurance en cas de
décès, par Alphonse JOUAUI.T; Traité rie la responsabilité civile en matière d'incendie
par Albert RICHARD et Maxime MAUCORPS ; Traité des assurances el des contrats à lu
grosse, conféré etmis en rapport avec le nouveau code de commerce et de la jurispru-
dence, par BOULAY-PATY; Traité des assurances maritimes, par Emile CACVET, président
du tribunal de première instance de Narbonne 1879-1881 ; Traité des assurance*
maritimes, du délaissement el des «.cartes, par Alfred Duoz, avocat à la Cour d'appel do
Paris, docteur en droit, lauréat de l'Institut ; Des Assurances maritimes, par
COUI.ON ot HOUARD; Du Contrat d'Assurances sur la Vie, par AMBROSELLI.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER '.01

l'aile do la renommée et s'en revient, sous forme do contrat, grossir le


budget de la prévoyance.
La mort de M. de Courcy, survenue en 1888, a causé une perte vive-
ment ressentie dans le monde de,la prévoyance où son esprit de justice
et d'humanité rayonnait et rassérénait,

XI, île Courcrj

Un de ses collaborateurs, un disciple de ses oeuvres, M. do Kortan-


"uv,lui aussi écrivain, auteur d'études savantes (l),en des pages vibrantes
d'émotion et de reconnaissance, a rendu un suprême hommage à la vie
si laborieuse, si pleine de charité, si éminemment combative du maître
qui s'en allait.
(.1) Diro.clour do la Compagnie d'Assurances Générales sur la. rie. Voir page 392.
402 HISTOIRE GENERALE DE L ASSURANCE EN FRANCE ET A I, ETIIANGKH

Esprit d'élite, très préoccupé des misères humaines, en outre do


l'assurance propagée, de Caisses de prévoyances patronales créées en
faveur des employés, la Société lui doit une grande oeuvre de soulage-
menl et de paix : la Société de secours au r familles des marins français
naufragés. Celle création était son ouvrage de prédilection.
Ainsi que les autres institutions dues à cet homme de bien, à col
esprit bienveillant et si supérieurement aimable, la Société de secours des
marins a prospéré cl comme l'a écrit si bien M. de Kcrtanguy :

«
Celle prospérité lui survivra, comme sa mémoire restera parmi les
a
malheureuses populations de nos côtes ; son nom béni tombera long-
« temps des lèvres des pauvres veuves agenouillées dans les églises do
« nos plages, et le soir, à la veillée, quand la mer mugira, quand les
u
rafales de venl secoueront la porte el le loil dos chaumières, bien de
«
chapelets seront égrenés pour celui qui veilla.il de si loin sur le pain
«
des veuves et des orphelins de la mer. »

XI. Eugène Reboul

Vient ensuite Eugène Reboul, le très estimable fondateur du Monitem


dr-s Assurances, dont l'esprit, le ton charmant de la phrase se retrouve
en une quantité do brochures dont une des plus célèbres est intitulée :
Qui s'assure s'enrichit.
M. Eugène Reboul, qui joint à la science, car il est de toutes les
grandes institutions d'actuaires, de vrais moyens de persuasion, so
devait à la vulgarisation de l'assurance. 11 s'est acquitté de sa haute
mission en apôtre, avec la vigueur que donne la foi robuste, avec le talent
qu'apportent la science et l'expérience.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 'l<>3

M. Alfred'1'homcreau, ancien directeur du Moniteur des Assurances, est


ni lutteur: ses conférences savantes, ses articles, ses brochures
emplis-
eut l'existence déjà si employée qu'il a vouée à la cause de l'assurance.
M. Thomereau entre franchement dans l'arène et se bat en soldat
l'entre les ennemis de l'assurance; il écrit de mordantes vérités à ceux
qui osent la provoquer.

M. Alfrerl Thomereau

Et do l'esprit, il en a à revendre; qu'on on juge par cette lettre


ographique qu'il nous a fait l'honneur de nous adresser, et que nous ne
mvons nous résigner à sceller du cachet de la discrétion professionnelle :

«
Mon cher confrère,
« Je trouve votre lettre en rentrant ici après plusieurs jours
d'absence. Nous voulez bien me demander quelques renseignements en
vue d'une notice que vous ave/, l'intention de me consacrer dans votre
importante Histoire générale rie l'Assurance.
« Comme c'est la première, et probablement la dernière fois qu'on

me fait cet honneur, je voudrais vous satisfaire malgré mon peu de


goût pour l'autobiographie. Mais je ne me fais pas d'illusion : je sais
très bien que la postérité se souciera médiocrement de savoir que je
suis né à Paris, le 1 février 1834 ( hélas ) ; que j'ai fait mes études au
!

collège de Versailles; que j'ai passé, par hasard, vers 1860, d'une
étude d'avoué dans les bureaux de la Générale ; que j'ai été appelé,
d'abord, en 1868, à organiser la Compagnie la Paix (absorbée depuis
par la Foncière), ensuite, en 1870, à diriger cotte fameuse Caisse
404 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L ASSURANCE EN FRANCE ET A L ETRANGER

«
générale des assurances agricoles, dont j'ai écrit l'instructive monogm-
« phie, mais dont les circonstances ne m'ont pas permis d'opérer le sau-
« vêlage ; enfin que j'ai pris, de 187;l à 1887, la direction du Moniteur des

« Assurances.

«
Tout cela lient à l'aise dans le cadre microscopique si joliment
« tracé par
Emile Augier, lorsqu'il disait : « .le suis né le..., et depuis
« lors, il ne m'est jamais rien arrivé. » Il est vrai que,pour Augier, on a
« le droit d'ajouter qu'il lui est pourtant arrivé de faire beaucoup de
«
bonnes comédies, ce qu'on ne peut dire do moi : c'est la seule
« différence.
« Veuillez agréer, mon cher confrère, l'assurance de mes sentiments
<•
dévoués. » THOMEREAU.

Jlcrgcron

Mais à côté de M. de Courcy, de MM. Reboul et Thomereau, celui de


tous qui s'est distingué dans l'art délicat de dire les choses... un peu
HISTOIRE GÉNÉRALE 1)E L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 405

ingrates de l'assurance, celui qui les a entourées d'un luxe de sentiments


et d'esprit fécond et plein d'humour, celui-là était le brave Bergeron.
Lorsque le temps d'épreuves qu'il traversait depuis de longues
années prit fin avec sa vie, un ami souleva le crêpe de son existence et,
cn un style ému, plein d'élégance et
d'élévation, il retraça l'odyssée
du brave homme dans une préface qui, placée en tète de ses oeuvres
recueillies, honore Bergeron, ainsi que son anonyme ami..,..
La haute personnalité des de Gourcuff, fondateurs et directeurs de la
première Compagnie d'assurance française, la Compagnie d'Assurances
Générales maritimes, incendie et sur la vie, s'élève majestueuse et presque
prophétique.
Quelle plume assez autorisée peut tracer la biographie de ces deux
hommes d'élite?
Nous avouons être au-dessous de cette tâche, aussi emprunterons-
nous à notre maître, M. Eugène Reboul, le bel éloge qu'il fit de M. de
Gourcuff lorsque la mort vint briser son existence si pleine d'honneur et
de justice (1) :

«
Samedi ont eu lieu à Saint-Roch, au milieu d'un immense concours,
«
les obsèques de M. de Gourcuff, le doyen des fondateurs de l'assurance
« en
France.
«
Tous ceux qui, de près ou de loin, appartiennent à cette graude
«
institution, ont tenu à honneur de rendre les derniers devoirs au véri-
«
table homme de bien dont la perte est universellement regrettée.
« C'est avec un sentiment de profonde vénération que nous venons

«
ici rendre hommage au caractère de l'homme énergique et bienfaisant
«
qui a doté son pays de nouvelles sources de sécurité, de travail et de
*
richesses, et qui a contribué pour sa part à l'agrandissement moral de
" la France par une des plus belles conquêtes pacifiques dont puisse
«
s'enorgueillir un peuple civilisé.
« Né le Tl novembre 1780, M. le comte Auguste de Gourcuff, chef
«
d'une famille de la plus ancienne noblesse de Bretagne, avait épousé,
« en 1818, la fille de l'amiral comte de Kersaint, femme selon
l'Évangile,
" et dont les vertus firent la consolation et le doux ornement de sa vie. Il
1
s'est éteint près d'elle, à l'âge de quatre-vingt-cinq ans, entouré de ses
« enfants, qui savent si bien porter l'honneur d'un nom sans tache.

« M. de Gourcuff avait dirigé pendant près d'un demi-siècle la Coin-


» pagnie d'Assurances Générales, dont il créa successivement les quatre

« branches.

(.1) Almanaek des Assurances, 1807.


406 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« 11a eu la satisfaction profonde de voir cet établissement grandir cl


« s'élever à la hauteur des plus puissantes institutions financières, tout
« en conservant intactes les
traditions de loyauté, de courtoisie et d'ho-
«
norabilitô parfaites, si chères à son fondateur.
«
Aujourd'hui que l'idée de l'assurance est universellement admise,
« on ne se rend
plus compte de ce qu'il a fallu d'énergie, de persévérance,
« d'activité infatigable pour vaincre les préjugés et les obstacles do toute
« nature
qu'elle a rencontrés, en France, à ses débuts.
« M. de Gourcuff possédait ces qualités au plus haut degré. Toute sa
« vie, si honorable, a montré en lui cette force de volonté, cet esprit de
«
suite dans les idées et d'ordre dans les affaires, cette fermeté inébran-
« lable, sans lesquels il est impossible aux hommes, même les mieux
«
doués, d'accomplir un grand dessein.
«
Une idée juste et féconde comme celle de l'assurance, quand elle
« est
conduite à travers la vie par un homme de cette trempe, finit tou-
«
jours par triompher malgré toutes les difficultés et toutes les résistances,
« comme on
voit toujours dans la nature une loi dominer et prévaloir au
« milieu des oscillations du hasard.
«
Emigré à l'âge de douze ans, formé à la rude école de l'exil, M. de
i Gourcuff avait de bonne heure habitué sa vie à la sévère discipline du
«
travail. Fidèle à toutes ses convictions, peu soucieux des honneurs, il
« resta modestement attaché aux seuls devoirs de ses fonctions. 11
«
déploya dans les orages de la vie cette intrépidité calme qui décourage
«
l'adversité, cette force d'âme qui est la plus héroïque des vertus
«
morales. C'était bien l'homme dont parle Horace :
lustuni et tenacem propositi viruin,
Impaviduin ferient ruina:...

« Cette vertu antique était tempérée en lui et comme rehaussée par le


«
sentiment chrétien et par les nobles traditions de sa race.
«
Il est impossible d'être plus accessible, plus affable en ses relations,
«
plus patriarcal dans sa famille, d'une urbanité plus parfaite que ne
«
l'était M. de Gourcuff. Jamais plus de bienveillance et d'aménité n'ont
« été unies à plus de fermeté et de véritable amour du bien et du juste.
« Aussi avait-il su conquérir l'affection et le dévouement de tous ceux
« qui l'entouraient, la sympathie et le respect de tous ceux qui ont eu l'hon-
« neur de le connaître.
« Peu de carrières furent aussi noblement et utilement remplies que
« celle de M. de Gourcuff. Aujourd'hui, à raison des préjugés que l'on
« rencontre encore, il importe à la bonne cause de rappeler que ce fut
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A l/ÊTRANGER 107

lui, un homme de la meilleure noblesse, qui créa les assurances sur la


,
vie en France et qui fut le premier assuré.
11 donna un grand exemple do bon sens et de vraie dignité en ne
«
craignant pas d'attacher son nom et de consacrer ses éminentes qualités
au développement d'une institution qui était destinée à rendre de grands
«
services à son pays.
«
C'est ainsi qu'eu vrai gentilhomme, il avait compris la belle devise :
«
Noblesse oblige. »

XL de GourcujQ
fondateur de la Compagnie d'Assurances Générales (1819-1863)

Le lils de M. do Gourcuff eut en partage l'héritage d'Alexandre, il


lui à hauteur de sa tâche et l'assurance aussi pleure sa mort.
Voici en quels termes la Semaine s'est exprimée sur cet éminent
directeur :
«
Mardi dernier ont eu lieu, à Saint-Augustin, les obsèques do M. le
comte de Gourcuff, ancien Directeur de la Compagnie d'Assurances Géné-
mies contre l'incendie, décédé à l'âge de 7^ ans. Il était le lils aine de
M. de Gourcuff, fondateur de la première Compagnie d'assurances à
primes fixes ayant existé en France.
« Né à Paris en
1819, M. de Gourcuff fils avait été de bonne heure
" initié aux questions d'assurances par sou père, ainsi que parles colla-

"
borateurs distingués dont cet homme éminent avait su s'entourer. Le
"
disciple fut digne de ses maîtres cl. durant sa longue carrière, on l'a vu
' défendre avec la ténacité de sa race bretonne les principes qui lui
avaient été inculqués.
«
Entré en 1839, à l'âge de 20 ans, dans les bureaux de la Compa-
1 unie, il s'assimila promptemenl tous les détails des divers services.
408 HISTOIRE GENERALE DE I. ASSURANCE EN FRANGE ET A L ETRANGER

«
Successivement comptable, vérificateur, inspecteur, etc., il était chef
«
des bureaux en 1852, lorsque, par suite d'une grave indisposition de
« son père, il fut nommé Directeur par intérim.
« Dès ce moment, M. de Gourcuff lils dirigea en réalité la Coinpa-

«
gnie d'Assurances Générales contre l'incendie. En 18.77, le Conseil
«
d'administration, appréciant les méritesdu jeune intérimaire, le nomma
« Directeur adjoint et, quelques années plus tard, en 186;!, lui confia la
« Direction de la Compagnie à titre définitif.

Comte de GourcuJJ
directeur de la Compagnie d'Assurances Générales (1863-1888)

n M de Gourcuff exerça ces fonctions jusqu'à la lin de l'année IN,ss.


«
("esta cette époque que le Conseil d'administration, désireux de enn-
« server le concours de cet homme ômérite, l'appela dans son sein, en
«
remplacement de M. de Courey décédé.
«
Il avait été nommé, eu 1874, Président du Comité des Compagnies
«
d'assurances.
« Secondé par un Conseil d'administration aussi puissant qu'éclairé,
« dont il avait la confiance, M. de Gourcuff avait su, continuant l'oeuvre
«
de son père, donner aux opérations de la Compagnie une brillante
te
impulsion. Nul assureur ne l'ignore. Ce que l'on sait moins, c'est que
« ce succès était le résultat du labeur assidu, incessant, d'un Directeur
« attentif aux moindres détails et donnant à tous l'exemple du travail. H
« ne se reposait jamais, estimant qu'il y avait toujours quelque perfection-
« nement à apporter, quelque progrès à accomplir, ('eux qui ont pu cou-
« naître de près M. de Gourcuff savent quelle était la profondeur de ses
« vues et combien son désir d'être juste et équitable a dominé toutes ses
« actions.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 409

«
La mort de M. do Gourcuff laisse un grand vide à la Compagnie
<f Assurances Générales. Tous les employés qui ont servi sous les ordres
de ce Directeur, aussi bienfaisant que bienveillant, gardent pieusement
la mémoire de ce noble caractère, de ce grand laborieux, ravi si préma-
turément à leur affection et qui était resté constamment fidèle à la devise
de son antique maison :
«
l'lus Jaire que dire. »
Mais d'autres ligures apparaissent, car fort nombreuse est cette
|ihalange d'élite qui se presse élans le temple de la prévoyance.
M. Emile Cheysson est un de ceux qui considèrent l'assurance comme
une oeuvre sociale susceptible d'amener la solution pacifique des plus
redoutables problèmes, aussi la désire-t-il voir triomphante el libre des
derniers liens qui retardent son apparition à toute l'humanité.

M, Km ile. Cheysson

Au premier rang des combaltants pour soutenir la cause des humbles


et des ouvriers, M. Emile Cheysson a la perception très nette que notre
société s'en va vers un mystérieux avenir de rénovation qui modifiera
profondément la condition des classes.
N'écrit-il pas, en une de ses études : « Ce siècle à son déclin méri-
tera devant l'histoire le nom de « siècle des questions sociales », non
pour les avoir résolues, mais pour les avoir posées et en avoir
' compris la grandeur. »

Dans le mouvement social qui nous entraîne aujourd'hui, M. Emile


'Iteysson joue un rôle très important, car il est un des chefs qui le dirige
M. Emile Cheysson est président, vice-président, membre de plus
do vingt Sociétés savantes
ou humanitaires ; il est autour d'ouvrages
M
410 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

nombreux en lesquels la science et l'élégance marchent en une harmo-


nieuse entente.
Ancien directeur des machines à l'Exposition universelle de 1867,
ancien directeur des usines du Creusot, ancien directeur au ministère
des Travaux publics, il est aujourd'hui inspecteur général des Ponts et
Chaussées et professeur d'économie politique el d'économie sociale à
l'Ecole des Mines et à l'École des Sciences politiques.
M. Emile Cheysson prend part aux grands congrès sociaux; ceux
des accidents du travail notamment le comptent au nombre des plus
compétents orateurs.
Vice-président de Y Institut des Actuaires français, et président des
divers comités, où la question de l'assurance est à l'ordre du jour, la
solution à intervenir qu'il indique est toujours marquée de l'esprit de
soucieuse justice dont le Maître est animé.
M. Paul Guieysse, député du Morbihan, hier encore ministre des colo-
nies, est le très savant président de cet Institut des actuaires français (\),
qui recèle dans son sein les hautes notabilités de la science mathématique.
L'honorable M. Guieysse est un vrai savant, c'est dire que sa modes-
tie égale son extrême compétence.
En ces questions sociales où l'assurance domine, M. Guieysse est
un des Maîtres très écoutés, aussi est-ce avec l'attention la plus soutenue
que sont suivis ses travaux législatifs en vue d'adoucir le sort dévolu à la
classe des travailleurs.
Entré à l'Ecole Polytechnique en 1860, il en est sorti en qualité d'in-
génieur hydrographe. L'année de 1874 le voit à nouveau à l'École Poly-
technique, mais en qualité de répétiteur de mécanique.
Auparavant, en 1870, pendant la guerre, M. Guieysse est attaché à
l'état-major de Paris, et le Gouvernement le charge d'une mission de
confiance : il est placé à un poste d'observation chargé de surveiller les
mouvements des Prussiens.
A la fin de la campagne, il est décoré de la Légion d'honneur pour
faits de guerre.
Ses oeuvres de savant sont les suivantes :
A publié un important mémoire scientifique sur la théorie des
marées et divers autres travaux sur la propagation des marées dans les
rivières, les sondages à grande profondeur et les satellites de Mars.
S'est mis à l'étude de l'égyptien, principalement dans le but d'appro-
fondir les connaissances scientifiques et astronomiques de ce peuple.
(1> Pages 12 à 111.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER Ai

A publié dans les recueils spéciaux d'égyptologio un grand nombre


de mémoires de philologie et des traductions de différents textes.
Entré comme actuaire à la Compagnie Y Union en 1880, s'est de suite
occupé des applications de la science pure aux questions sociales trop
longtemps livrées à l'empirisme.
A cherché à développer à ce point de vue le rôle des actuaires.
A été à la Chambre l'auteur de plusieurs projets do loi sur les ques-
tions sociales, entre autres, le projet de loi sur les retraites ouvrières (1).
A fait partie do la Commission du travail pendant la législature de
[889 à 1803, et a été, pendant celte législature, vice-président de la Com-
mission de prévoyance et d'assurance sociales (-1).
A côté du savant, de la haute personnalité politique, le caractère
honnête, loyal do l'homme privé mérite également la profonde sympathie
île tOUS.

XL Pau/ Guieysse

M. Emile Cacheux est le philanthrope aimable et savant; sa préoccu-


pation constante est do plaire, de se rendre ulile. Très doux, accessible à
la pitié, les misères humaines à soulager sont ses constantes préoccupa-
lions; aussi, est-il do toutes les Sociétés dont le but est d'améliorer le sort
'les déshérités.
En outre des habitations ouvrières dont il est l'un des créateurs,
M. Emile Cacheux s'occupe très largement d'hygiène, de pèches maritimes
el de sauvetage. C'est en qualité de président des OEuvres de sauvetage
qu'il s'est occupé d'assurance.

(I) Page 306.


(2) Page 174,
412 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE HT A I,'ÉTRANGER

Les accidents du travail, l'assurance des marins, les moyens pour


prévenir les incendies, les abordages, les accidents, sont des questions
qu'il a fait traiter dans tous les Congrès de sauvetage organisés chaque
année par lui depuis 1888.
Beaucoup de ces questions sont aujourd'hui ou résolues ou à la veille
de l'être, aussi saluons-nous en lui non seulement un bienfaiteur, mais
encore un vulgarisateur aussi infatigable que modeste de la grande
OEuvre de l'assurance.

Xi, Emile Cacheux

M. Hippolyte Mareslaing est le Maître très respecté epii a donne a


l'assurance contre les accidents du travail la grande valeur scientifique
et humanitaire qu'elle possède aujourd'hui.
C'est, lui aussi qui en a semé,en France, les premiers germes, en 1861,
alors que les idées de réparation n'existaient pas dans le sens social qui
convenait de les appliquer.
Voici, détaché du Livre d'Or ries Assurances, une note relative à
l'oeuvre d'apaisement, de concorde et de philanthropie entreprise par
M. Hippolyte Marestaing :

«
M. Hippolyte Marestaing, le fondateur de la Société la Préscrva-
« trice, a surtout obéi, lors de la création de la première Société, à une
« pensée de justice et d'apaisement.
11 s'est proposé,
« par le procédé mutuel, do sauvegarder, dans la
«
plus large mesure possible, deux intérêts distincts et en lutte jusque-là:
«
celui do l'ouvrier lorsqu'il est atteint d'un accident dû à une cause
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 413

«
fortuite ou à son imprudence, et celui du patron lorsque la cause de
»
l'accident provient de son fait ou du fait de ses préposés.
11 est vrai que la réalisation de cette oeuvre ne pouvait manquer,
«

u
avant d'aboutir, de se heurter à bien des traverses.
«
C'est que, en réalité, l'étude de la question, à l'époque de la fon-
,,
dation de la Préservatrice, n'était même pas ébauchée. Personne
.,
n'avait songé à recueillir, dans l'ordre et d'après la méthode statis-
.,
tiques, le nombre et la nature des accidents qui se produisent clans les
..
diverses catégories d'entreprises. On ne pouvait, faute de tables d'expé-
«
rience, fixer des taxes rationnelles.
«
L'établissementetla rédaction du contrat de garantie ne présentaient
., pas
de moindres difficultés. Du moment d'abord qu'il s'agissait de
«
couvrir, à l'aide de la même police, le risque professionnel de l'ouvrier
.
et la responsabilité civile du patron, comment faire le départ de la
<>
charge qui devait ôquitablement incomber à chaque partie ?
«
On sait d'autre part que le nombre des travailleurs dans les entre-
«
[irises est incessamment variable. A l'aide de quel rouage, aussi précis
« que
facile à manier, pourrait-on arriver à noter el à saisir, jour par
c
jour, l'exacte durée de travail de chaque salarié 1?
«
D'ailleurs, — pourquoi ne pas le dire? — pas plus l'ouvrier que le
" patron ne
manifestaient le souci de voir résoudre ce problème. —
"
Indifférents, ils vivaient au jour le jour, isolés dans leurs camps
«
respectifs, mais toujours prêts, après chaque accident, à lutter devant
la justice.
« Entre eux,
l'hostilité venait do l'interprétation faite par les tribunaux
«
des articles 1382 et suivants du Code civil dont il convient de rappeler
«
ici l'exacte portée.
« D'après la
disposition de ces articles, tout chef d'entreprise est res-
«
ponsable des accidents causés à ses salariés, non seulement par son
«
fait, mais encore par le fait de la négligence ou de l'imprudence de
« ses préposés.

« D'un autre côté, les accidents qui ont pour cause la témérité de
«
l'ouvrier, son imprudence, le hasard ou le danger inhérent à sa profes-
«
sion ne créent ni pour lui, ni pour les siens aucun droit à l'indemnité.
« Pratiquement, voici ce qu'il advenait :
« Les victimes d'accidents ou leurs ayants droit, sans toujours se
" rendre un compte bien exact du bien ou du mal fondé de leurs prôten-

« lions, demandaient l'assistance judiciaire, l'obtenaient généralement, et

« les procès surgissaient.

« Or, ou le chef d'établissement était rendu responsable et alors il


414 HISTOIRE GENERALE DE .1. ASSURANCE EN FRANCE ET K L ETRANGER

e
devait réparer le dommage et supporter les frais judiciaires ; dans
«
certains cas l'ensemble de la condamnation constituait une lourde
"
charge pouvant devenir un obstacle au développement de ses affaires,
" surtout
s'il était nouveau venu dans les entreprises.
«
Ou bien le recours était rejeté, et dans ce cas, l'ouvrier infirme, la
«
femme devenue veuve, les enfants et les parents sans appui restaient
«
dans le dénuement le plus triste; la perte du procès laissait au fond
«
do leur coeur une profonde amertume : ils avaient perdu tout moyeu
«
d'existence dans une entreprise qui donnait peut-être de gros profits à
«
l'entrepreneur déclaré irresponsable de leur malheur.
"
A des conflits si irritants, à des malheurs qui, indistinctement et
« sans
règle, frappaient tantôt l'une et tantôt l'autre partie, le système
«
de l'assurance, en tenant, compte des deux intérêts en cause, pouvait
«
soûl apporter un remède efficace.
C'est ce que le fondateur de la Préservatrice fut le premier à
<

«
comprendre, lorsque, il y a 36 ans, après avoir recueilli un certain
"
nombre de données auprès de la grande industrie, il apporta la
«
formule do l'assurance collective.
"
Cette formule était appuyée do tarifs forcément encore imparfaits,
' mais qui, conçus dans un bon cadre, devaient, grâce au développement
graduel de l'assurance, acquérir les très sérieuses conditions de certi-
<•

o
lude qu'ils présentent aujourd'hui. »

M. Hippolyte Marestaing

Depuis 1861, M. H. Marestaing n'a cessé de lutter; il a mis à la


défense de la cause de l'assurance accidents menacée sa profonde
connaissance du risque, sa foi d'apôtre et son grand talent d'écrivain.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A I,'ÉTRANGER 415

Le triomphe du risque professionnel repose sur ses doctrines et sur


ses principes.
«
Fermons ce chapitre des auteurs sur ces derniers noms détachés de
la glorieuse liste de ceux qui ont écrit ou écrivent encore sur l'assu-
rance (1).
(1) Ce chapitre dos auteurs est divisé on plusieurs parties. La première comprend la
généralité, l'ensemble do tous les autours, la-seconde repose sur les auteurs qui ont
produit ou se sont révélos depuis 1879 ; enfin, détachées sont quelques personnalités
qui se sont vouées très particulièrement à la cause de l'assurance et qui nous ont fait
l'honneur de répondre favorablement à notre appel en nous autorisant à reproduire
leur photographie dans notre Histoire générale de l'assurance :
A. — Abiane, page 30-1 ; About, page. 385 ; Achard, page 380 ; Adan, page 380 ;
Agnel, page 380; Alau/.et, page 387 ; Ambroselli, page 400; Assolant, page 385 ; Aucoc,
page 100 ; Avenant, page 385.
13. —Badon-Pascal, pages 381, 385 ; Bailly, page 388 ; Baily Paul, page 398 ; Barety,
page 385; Barreau, page 387; Ba/onet, page 100; Beauquesne, page 391 ; Boautemps,
page 387 ; Becourt, page 387 ; Bégault, page 389; Bellet, page 387 ; Bellier, page 385 ;
liellom, page 390 ; Ben/.acar, page 300 ; Bergeron, pages 380, 101 ; Bernard, page 385;
lionecke, page 387 ; Bcrnot, page 385: Borthet, page 389 ; Bortillon, page 389 ; Ber-
trand, page 100; Bé/.iat d'Audibert, pages 389, 394; Blanchard, pago 382; Blin,
page 100; Boitard, page 385; Bonnet, pago 385; Bonnevillo, page 391 ; Bore, page 393;
Uorio, page 385; Bossand, page 389; Boulay Paty, page 400; Bourgade, page 391;
Huffon, page 388; Burrett, pago 388; Bureau Fédéral Suisse, page 399; Burel,
page 395 ; Buval, pago 391.
C. — Cacheux, page 111 ; Candiani, page 398; Carlior, pago 385; Carea, page 395'
Cauvot, page 100; Corosolle, page 300; Cerise, page 391; Ghamberet, page 392;
Charlon, page 388; Chaufton, pago 391; Cheysson, pago 109; Cloirac, page 387;
Clément, nage 301 ; Colom-Dolsuc, page 391 ; Coulon et Houard, pago 400 ; Couroy,
pages 385, 380, 400, 401; Couteau, page 391; Cyprès, page 399.
D. — Darodes, page 387; Daubige, page 385; David ot Somot, page 392; Debrok,
pago 387; Degalle, page 301 ; Déliais, pago 385 ; Delcaire, page 391 ; Delmas, page
385; Deparcieux, page 388; Defrenois, page 400; Desfrançois, page 387 ; Desjardins,
page 303 ; Deslandres, page 400 ; Dormoy, pnge 388 ; Droz, pago 100 ; Dubail, page 400 ;
Oubois, pago 303 ; Ducros, page 385; Dufourinantolle, page 397 ; Dumaine, page 400;
Duprô de Saint-Maur, page 388 ; Duvillars, page 388.
E. — Elkan, page 385 ; Emerigon, pago 387; Esselin,page 391; Estrangin, page 387.
F. — Franchetli, page 385 ; Fourot, page 389 ; Furquim d'Almeda, page 397.
G. — Gaudoin, page 400 ; Gauvin, pages 393, 396; Goemare, page 393 ; Gom-
portz, page 388 ; Gourdon de Gonouillac, pago 385; Gourcuff (de), page 405 ; Gros-
jean, page 391 ; Grossmann, pago 389; Griffilh Davis, pago 388; Grivel, pago 385;
Grûn, page 387 ; Grimer, page 394 ; Guieysse, page 410 ; Guilmin, page 389.
H. — Hache, page 387 ; Halley, page 388; Ha mon, pages 392, 397; Hecht, page
394; Herbault, page 389 ; Ilimpson, page 388 ; Houpiu, page 395 ; Huygens, page 388 ;
Uuiart, page 387.
/. — Isriard, page 389,
416 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Puisse leur lumineuse intelligence servir encore longtemps la cause


de la Prévoyance.

J. — Jouault, page 400 ; Jourdan, page 385 ; .ludenne, page 386.


K. — Kertanguy, pages 392, 401 ; King, page 389; Krauss-Tassins, page 391.
L. — Lafitte (de), page 394 ; Lafond,- page 387 ; Laguepière, page 387 ; Lalande el
Couturier, pago 392 ; Lambert, page 397 ; Lamiraud, page 400; Lassaigne, page 39(1 ;
Laurent, page 388 ; Lechartier, pages 383, 390 ; Lefort, pages 392, 396 ; Lefrançois,
page 396; Lefranc, page 388; Legrand du Saulle, page 389 ; Legoyt, page 391 ; Leliir,
pages 387, 400 ; Leibnit/., page 387 ; Lomonuier, page 387 ; Leroy, page 391 ; Leviez,
page 393; Loua, page 389 ; Lucas, page 38(1.
M. — Maas, page 388 ; Mahillon, page 389 ; Maire, page 388 ; Maquens, page 387 ;
Mareau, page 389; Marestaing, pago 412, Marie, pages 389, 395, 397; Marshall, page 387;
Martres, page 394; Massé, pago 387; Mauriac, page 389; Meunier, page 392; Maxime,
page 391; Mayon, page 391 ; Merger, page 380 ; Miegevillo, page 389 ; Milne, page 388;
Morgan, page 388; Molineau, pages 389, 400 ; Montforrand, page389 ; Morel, page 387;
Mornard, page 400 ; Moulin, page 387.
N. — Neumann, pages 380, 392; Newton, page 387; Noël, pago 400.
O. — Ocagne, page 39(1 ; Office du Travail, pago 399; Oudietto, page 387.
P. — Pardessus, pago 387 ; Pascal, page 387 ; Paulmier, page 400 ; Pereiro,
page 389; Perot, pago 391; Perriaud, page 387; Persil, page 387; Petit, page 395; Phi-
louze, page 389; Pimentel, page 389; Pocock, pago 389; Pothier, page 389; PougeU
pages 381, 387; Pourcolle, page 387.
Q. — Quéant, page 385 ; Quenault, pago 387 ; Quiquet, pages 389, 397.
R. — Raymond, page 387; Reboul, pages 382, 380, 402, 404, 405; Reliions,
page 400 ; Richard, page 385 ; Richard-Maucorps, page 400 ; Ricordeau, page 400 ;
Ricou, page 398 ; Rivière, page 385; Rollande, pago 385; Rome, page 400; Rosse,
page 396 ; Rougier, page 389.
5.— Sainctelette, page 382; Saint-Cyran, pago 388; Saint-Léger, page 385; Sauteyra,
page 387; Sarcoy, page 385 ; Sauzot, page 400 ; Schsenfold, page 389 ; Sénés, page 38";
Serbonne, pages 385, 395 ; Sibille, page 387 ; Sidrac, pago 387; Simeson, page 391;
Smont, page 388 ; Sorel, page 387.
T. — Tarbourioch, pago 39-1 ; Tardiou, page 389; Tarren, page 389; Taylor, page
389; Tournai, pago 385; Thomereau, pages 382, 398, 403,404; Thoman, page 400;
Tisser, page 389 ; Tripier, page 400 ; Troplong, page 389; Typaldo-Bassia, page 400.
V. — Valin, page 387 ; Walfond, page 391 ; Warnier, page 398 ; Vauchô, page 387 ;
Vauzanges, page 385; Vermot, page 385; Vibert, page 389 ; Violeine, pages 389, 400;
Vivante, page 392 ; Weil, page 390 ; Villetard de Pruniôros, page 400 ; "Willocq,
page 396 ; Witt, page 388.
III

HISTOIRE DE L'ASSURANCE INCENDIE

LE FEU. — LA PRÉVENTION. — LA RÉPARATION

LK FKU

Son rôle. — Perles et causes. — Le feu joue un rôle dans la lutte


sociale, car il est l'hôte inattendu qui ravage tout sur son passage ; avec
lui, la misère règne, les infortunes sont profondes.
Le feu est le fléau contre lequel l'homme doit se garantir sérieuse-
ment et sans restriction, car l'ennemi est redoutable et impitoyable. Avec
lui pas de merci, pas de pitié, l'homme et son oeuvre disparaissent, plus
de trace de ce qui a été, sinon l'immortelle poussière de ce qui sera.
Et puis, le feu n'est-il pas l'ennemi intime? S'il ne pardonne pas les
imprudences, ne cause-t-il pas de ces joies chères qui nous le font recher-
cher. N'est-il pas la source de vie qui féconde la terre et anime les êtres?
Oui, le feu est l'ami d'abord, puis devient l'ennemi selon qu'on le traite.
Par exemple, il n'est pas bon joueur et ne tolère aucune liberté avec
lui ; il déteste les enfantillages et donne de terribles leçons aux étourdis,
aux imprudents.
En France, les pertes annuelles causées par les incendies s'élèvent
environ à 60 millions de francs, sur le continent européen elles peuvent
être évaluées à huit cents millions de francs, soit une moyenne de 2 francs
par habitant, tandis qu'en Amérique du Nord, en 1893, elles forment la
forte somme de 156,400,000 dollars, soit 782 millions (1).

(1) A ce sujet, le gouvernement des États-Unis a établi une statistique comparant


les villes des États-Unis, y compris celles du Canada, ayant 20,000 habitants et au-
dessus, avec 87 grandes villes européennes. Il résulte de ce travail que les incendies,
par rapport à la population, sont cinq fois plus nombreux dans l'Amérique du Nord
qu'en Europe. Cette statistique donne les chiffres suivants pris principalement en 1891
pour l'Europe et 1892 pour l'Amérique. Villes européennes : Londres, 0.68 par cent
habitants ; Paris 0.43 Vienne 0.71 Hambourg 1.17; Glascow 0.88 ; Edimbourg 1.43;
• :
418 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Que dire des causes qui provoquent les incendies?


Elles sont si nombreuses que les ônumérer toutes nous entraînerai!
au delà des limites que nous nous sommes tracées; qu'il nous suffise do
de reproduire ces quelques considérations publiées par le Journal des Assn.
rancesQn 1866, lors des grands incendies de Sainte-Pélagie et de Limoges:

« L'incendie ne provient pas seulement d'un foyer trop activé, d'une


« lumière mise en contact avec une matière inflammable, du frottement
«
d'une allumette mêlée à des objets combustibles ; certaines marchan-
« dises prennent feu d'elles-mêmes, par la pression, la fermentation,
« l'élévation de la température, comme le charbon de terre, la laine, le
« foin, l'alcool, les huiles minérales, etc., etc.; un rayon de soleil tamisé
« par une vitre épaisse peut faire l'effet d'une lentille et donner naissance
« à un incendie; une poutre placée près de l'âtre d'une cheminée, un tuyau
« de poêle passant à travers des boiseries, par un vice de construction
« trop fréquent, carbonisent lentement les objets qui les entourent, puis
« l'incendie éclate tout à coup sur une large surface, le feu du ciel frappe
a au moment où l'on s'y attend le moins, etc.
« S'il se produit alors un manque d'eau par la gelée ou par la séche-
« resse, un grand vent, un défaut momentané de secours, une circonstance
« insignifiante parfois; s'il se rencontre un amas de bois ou de fourrages,
« des provisions alcooliques, des huiles, des essences, etc., l'incendie prend
« des proportions indomptables ; il n'y a plus ni pierre, ni fer, qui résiste
« dans ce milieu incandescent, la destruction est complète, absolue... »

Actuellement les causes principales sont : négligence avec des lampes


ou des bougies, enfants jouant avec les allumettes ou le feu, rideaux des
fenêtres, cheminées en mauvais état, malveillance, fils électriques, etc.
Copenhague 0.80 ; Dresde 1.21 ; villes américaines : New-York 2.24; Chicago 2. Hi;
Philadelphie 1.34; Saint-Louis 1.08; Boston 1.70; Brooklyn 1.08 ; Cincinnati 2.5S;
San-Francisco 1.96 ; La Nouvelle-Orléans 2.72 ; Détroit 2.40 ; Saint-Paul 2.51 ; Inilia-
nopolis, 2.69. La comparaison est encore plus frappante si l'on considère le montant
total des portes qui ont été à Paris de 4 millions 587,220 francs avec une population
de 2 millions 424,705 habitants ; à Berlin, de 1 million 744,710 francs avec une popu-
lation de 1 million 553,000 habitants ; à Constantinople 2 millions 950,000 francs avec
1 million d'habitants. Pendant la même année de 18i)2, New-York avec une population
d'environ 1 million 700,000 habitants, la perte totale par incendie a été de 24 millions
457,730 francs; Chicago avec une population de 1 million 500,000 habitants a eu a» 0
perte de 15 millions 786,740 francs et Montréal avec une population de 250,000 habi-
tants a eu une perte de 3 millions 875,000 francs. Les mômes résultats ont été enre-
gistrés dans les autres grandes villes américaines. La principale raison de cet état do
choses est attribuée principalement à la défectuosité des constructions,
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 419

I.A PR.15VKNTION

OEuvres morales. — Engins de. sauvetage et d'extinction, produits


incombustibles. — Comment combattre ce fléau et en réduire l'action?
Par la prévention, d'abord, et la réparation ensuite. Les moyens préven-
tifs consistent en engins de sauvetage et d'extinction, en produits incom-
bustibles, en hommes dévoués qui exposent leur existence, enfin en
oeuvres morales qui imposent à l'esprit les lois de la prudence, lois qui
ouvrent la marche des mesures préventives à l'égard du feu.
Après la prévention vient la réparation, c'est-à-dire l'assurance
contre l'incendie ; oeuvre sociale que presque indistinctement toutes les
populations urbaines ou rurales apprécient et pratiquent.
En première ligne des mesures préventives, plaçons l'oeuvre de
M. Fritz Zbinden de Lausanne qui, sous la forme d'une touchante his-
toire ornée de gravures, enseigne, tout comme notre bon La Fontaine —
aux petits les lois de la prudence afin que les grands imitent l'enfance.
Ce tableau et cette histoire font actuellement le tour de l'Uurope ; en
Suisse, en Allemagne, les ministères les placent en bon endroit dans les
écoles, les Compagnies d'assurances les livrent dans leurs agences, les
journaux populaires de l'Helvétie, à grand et petit tirage, les donnent en
jirime à leurs abonnés ; un des cantons de Suisse, même, vient de l'adop-
ter comme un moyen d'enseignement.
La prévention est l'alliée de l'assurance, c'est elle qui moralise et
modifie le risque, et l'oeuvre de M. Fritz Zbinden est essentiellement
préventive, c'est pour cette raison qu'elle obtient un succès mérité à
l'étranger ; d'ailleurs, la simple statistique suivante prouvera mieux sa
valeur que les meilleurs raisonnements :
Statistique des incendies causés dans le canton de Vaud (environ
250,000 habitants. — Sommes assurées, environ 900 millions) par les
enfants jouant avec le feu :
1° Avant le placement du tableau : Prenons garde au feu dans les
écoles :
lSn 1884(4° trim.), 16,597 francs; en 1885, 77,832 francs; en 1886,
32,833 francs; en 1887, 9,118 francs; en 1888, 7,192 francs; en 1889,
24,184 francs. Total, 167,758 francs de dommages.
2° Après le placement du tableau : Prenons garde au feu dans les
écoles :
En 1890, 495 francs ; en 1891, 170 francs ; en 1892, 18,682 francs; en
*893,1,315 francs. Total, 20,662 francs de dommages...
Il y a aussi les plaques des Compagnies d'assurances qui arrêtent
420 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

souvent les incendiaires (1). Mais le champ de la prévention est vaste,


parcourons-le donc et glanons çà et là quelque nouvelle perfection, quel-
que récente découverte dues à l'activité industrielle, à la philanthropie, ;\
l'humanité.
D'abord, il y a les avertisseurs, puis les diverses substances usitées
comme protectrices contre le feu.
De nouveaux procédés rendant les objets incombustibles sont expôri.
mentes.
De son côté, l'amirauté anglaise a fait des essais qui ont révélé la
grande efficacité d'enduits de verre soluble pour diminuer l'inflamma-
bilité des bois.
D'autre part, le liège joue son office d'extincteur ou plutôt d'étouffeur,
Il en est de même de la vapeur d'eau.
Mais l'ingéniosité humaine continue sa marche ; ainsi, au Canada, on
fait à présent des allumettes en pulpe de bois. Puis çà et là des expérien-
ces ont été faites sur les dangers des lampes incandescentes.
Bref, dans le monde des inventeurs des appareils ingénieux et puis-
sants sont mis à la disposition du public. Mais arrivons aux pompiers qui
possèdent les meilleurs moyens d'extinction connus jusqu'à ce jour et qui
suppléent à leur insuffisance par le courage et le dévouement.

Les Pompiers. — Coup d'oeil vers le passé : Triumvirs, nocturni,


quinqueviri, oediles, tribuns, proefectus vigilum ou préfet des gardes île
nuit ; les cohortes, collegium, leur constitution civile, le collège des Fabri;
lettre de Pline à Trajan et réponse de ce dernier. — L'Association ou
Gildes du moyen âge, la Gilde de Cambrai. — La confrérie. — Le guet,
sa constitution. — Le couvre-feu. — Le lieutenant général de Police. —
L'ère des grands incendies (1737). — La Pompe, son histoire. — Création
du premier corps de sapeurs-pompiers de I^aris, son organisation primi-
tive et son histoire ; les sapeurs-pompiers de province, leur organisation ;
la question des assurances en 1889. — Projet Bérard et projets antérieurs.
Conseils généraux. — Hôtel de Ville de Paris. — La Réparation. —
L'organisation des pompiers à l'étranger : à Londres, à St-Pétersbounj,
Moscou, Varsovie, Vienne, Berlin, Belgique, Suisse, Le Caire, Chicago,
Boston, New- York; Écoles d'extinction d'incendies ; Pompiers au Japon.
— Pour se faire une idée de la lutte de l'homme contre le feu, il faut
suivre l'histoire qu'en donne avec tant d'autorité M. Henri Bunel, archi-

(1) Voir page 41 et aux incendiaires.


HISTOIRE GÉNÉRALE DE L*ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 421

tecte en chef de la Préfecture de police, dans son très récent rapport


au Préfet, sur la revision de l'ordonnance de 1875 concernant
les incen-
dies, il faut lire également la curieuse plaquette de M. le baron Cerise :
I,u lutte contre le feu (1).
M. H. Bunel trace en de minutieux détails historiques ce qui se
passait à l'époque des Triumvirs alors que Rome était à son premier
ùge.
Les Triumvirs ou nocturni, puis les Quinqueviri, étaient chargés de
combattre les incendies. En outre, les Édiles, les Tribuns et certaines
familles gagées par le public ou gratuitement apportaient leur concours
pour l'extinction des incendies.
Dans la suite, les Ediles, au nombre de seize, furent spécialement
chargés de l'extinction des incendies. On les nommait oediles incendiorum
citinguendoruin. Sous Auguste, un magistrat nouveau, le Prcefectus
rii/ilum apparaît; il remplace édiles, consuls et tribuns (2).
Les vigiles sous les ordres du Préfet des gardes de nuit étaient tous
affranchis, ils portaient chacun une sonnette pour s'appeler mutuellement.
Les cohortes étaient établies dans chaque quartier, et chacune d'elles
possédait des piscines spéciales où tous les hommes de la cohorte allaient
prendre leur bain.

^1)Voir pages 37, 123.


(2) Co Proefertus rigitum sous l'autorité du Préteur crée un tribunal particulier
pour connaître de certaines affaires ot rend des prescriptions.
Ainsi, le paragraphe 1" du livre I, titre XV du Digeste se termine ainsi : » Auguste
;i mieux aimé prendre ce soin par lui-même. » En l'an 747, il avait donné six cents
esclaves aux édiles eurules pour le service des incendies sous les ordres des curateurs
4es régions et « parce que plusieurs incendies étaient arrivés dans un môme jour ». Le
paragraphe3 du même livre continue comme suit : " En effet, Auguste a cru que le salut
<
delà République devrait faire l'objet dos soins de l'Empereur et que nul autre
« n'était suffisant pour une fonction aussi importante ; c'est pour cela qu'il a établi

sept cohortes dans des postes convenables, de manière que chaque pût défendre deux
« quartiers. 11 mit à leur tète des tribuns et donna à tous pour chef un homme distin-

" sué qu'on peut appeler le Préfet des gardes do nuit.

« § 1er. — Le Préfet des gardes de nuit juge les incendiaires... Comme le plus sou-

' vent les incendies arrivent par la faute de ceux qui habitent les maisons, il peut
faire punir avec le Miton ceux qui ont eu la négligence de laisser du feu, ou leur
" remettre la punition on leur faisant une sévère réprimande.

« îj 3. — Le Préfet des gardes de nuit doit veiller toute la nuit et faire faire des
" rondes avec des crocs et des pioches.

" §4. — Il doit avertir les locataires des maisons d'avoir soin qu'aucun incendie
" n'arrive par leur négligence ot lour ordonner de tenir toujours de l'eau dans l'étage
supérieur. »
422 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L*ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

L'une de ces piscines particulières, appartenant aux pompiers de la


7° cohorte, a été retrouvée en 1868, danslesfouilles faites au Transtevère
(quartier de Rome) (1).
Sur la porte était gravée l'inscription suivante :

« De par Sylvain, qu'aucune femme n'ose descendredans les piscines


« des hommes; autrement elle n'aura qu'à s'en prendre à elle-même, car
« cet asile est saint. »
Ces vigiles recevaient un puissant appui des corporations d'ouvriers
du bâtiment : charpentiers, maçons et ouvriers en fer, organisés en
collegium (2)=
Sous Auguste, tous les collèges sont supprimés, sauf celui des faim
tignarii à cause de la nature de leurs métiers et de leurs habitudes qui les
rendaient les plus aptes à escalader les maisons incendiées, à abattre ou
à démolir les pans de mur pour faire la part du feu.
En échange d'avantages importants ces ouvriers du bâtiment étaient
chargés d'éteindre les incendies.
Le Digeste, dit M. Bunel, nous donne d'ailleurs une nomenclature du
matériel employé pour combattre les incendies : « On garde aussi dans
«.
les maisons du vinaigre pour éteindre les incendies ainsi que les mor-
« ceaux de laine, les pompes ou tuyaux, les perches, les échelles, les nat-
« tes, les éponges, les crocs, les balais. »
A la constitution civile de ce collège des J'abri tignarii qui comprenait
des décuries composées du commun, plebs, des membres honoraires,
honorati, et des chefs élus, magistri, nommés pour cinq snia,(/uinqucnualis,
ou pour toute leur vie, per/telui, il convient d'ajouter une organisation
toute militaire comprenant des ceinturons, avec un aspirant, optio, des
sous-officiers, principales, des exempts, immunes, les porteurs de mots
d'ordre, lesserarii, des porte-drapeaux, vesillarii, un garde d'arsenal,
curator instrumenti, et enfin à leur tête un Préfet.
Réquisitionnés en temps de paix pour la construction des temples et
des édifices municipauxqu'ils devaient même construire gratis, ils l'étaient
aussi en temps de guerre pour construire et réparer les armes et les
machines, toujours dans l'intérêt suprême de la ville, ad summum urbi*
usa m. Enfin chargés d'éteindre les incendies, il était bon qu'ils fussent
enrégimentés et disciplinés.
Les services de toute nature qu'ils étaient appelés à rendre à l'Etal

(1) Du Bulletin des Sapeurs*-Pompiers.


(2) Le collegium peut être assimilé aux syndicats professionnels de nos jours.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'A.SSURAXCE EN FRANCE ET A I.'ÉTRANGEH
423

justifient pleinement les immunités qui leur étaient accordées et la faveur


dont ils ont joui auprès des empereurs du bas empire. Une loi de Cons-
tantin adressée au Préfet du prétoire est ainsi conçue: « 11 convient que
dans toutes les villes où l'on trouve des dendrophores, ils soient réunis

aux centenarii el aux J'abri, il estutileque les corporations de ce genre

soient fortifiées par l'abondance des membres ». Symmaque écrit à

Valentinien I"r : « .sur ces corps pèse tout entier l'entretien de cette
ville;
.. d'autres s'occupent d'arrêter les incendies. »...
«
immense
Mais ces fabri étaient redoutés par l'Empire qui considérait leur collège
comme sociétés secrètes des plus dangereuses. Cette lettre de Pline à Tra-
jau et la réponse do l'Empereur sont des indices suffisants qui marquent le
sentiment qu'ils inspiraient au pouvoir.
Pline voulait créer un collège de fabri à Nicomédie, il en référa à
Trajàn : « Pendant que je visitais une autre partie de ma province, un
i
incendie affreux a consumé, à Nicodémie, non seulement plusieurs mai-
' sons
particulières, mais même deux édifices publics, la maison de ville
el le temple cl'lsis, quoique la rue les séparât. Ce qui a contribué à en
«
étendre les ravages, c'est d'abord la violence du vent, ensuite l'insou-
"
ciance du peuple, car il paraît certain que, dans un si grand désastre, il
«
est demeuré spectateur oisif et immobile. D'ailleurs il n'y a dans la
ville pour le service public ni pompes, ni crocs, enfin aucun des instru-
ments nécessaires pour éteindre le feu. J'ai donné des ordres pour qu'il
« y en ait à l'avenir. C'est à vous, Seigneur, d'examiner s'il serait bon
«
d'établir une communauté de cent cinquante artisans. J'aurai soin, en
effet, que l'on n'y reçoive que des artisans et qu'on ne fasse point servir
»
à autre chose le privilège accordé. 11 ne serait pas difficile de surveiller
< une
association aussi peu nombreuse. »
Trajan lui refusa l'autorisation et lui répondit: « Vous avez pensé
' qu'on pouvait établir une communauté à Nicomédie, à l'exemple de
"
plusieurs autres villes. Mais n'oublions pas combien cette province et
« ces villes surtout ont été troublées par des sociétés de ce genre. Quelque

« nom que nous leur donnions, quelque raison que nous ayons de former

« une corporation de plusieurs personnes, il s'y établira, au moins passa-

« gèrement, des intelligences de confréries. Il sera donc plus prudent de

" se procurer tout ce qui peut servir à éteindre le feu, d'engager les posses-

" seurs des biens de ville à en arrêter eux-mêmes les ravages, et, si les

,( circonstances l'exigent, d'y employer le concours de la multitude. »

Dans la lutte contre l'incendie avant 1789 (études sur l'ancienne


l'rance) de M. G. Cerise, on voit d'abord l'homme du moyen âge com-
424 HISTOIRE GÉNÉRALE »E I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

battant le terrible fléau au moyen de l'association, puis on assiste aux


censures ecclésiastiques qu'ont à subir les associés en divers conciles,
ceux notamment de Nantes en 656 et de Septenes en 743.
Ces vastes associations, où l'on banquetait à frais communs, se
nommaient Gildes, ainsi que nous l'avons vu dans les généralités
précédentes, et tiraient leur étymologie de la langue théotisque (1).
La Gilde traverse les siècles et, vers l'an 900, nous la trouvons à
Exeter prescrivant à tout associé en cas d'incendie de la maison de l'un
d'entre eux de donner un denier au sinistré. On agit ainsi dans la Gilde
danoise.
La Gilde de Saint-Omer remonte au x» siècle, elle garantit contre
les pertes causées par le naufrage ou par l'incendie.
Les Gildes, dit M. G. Cerise, avaient résisté aux invasions des
Normands comme aux efforts de Charlemagne et de ses successeurs.
Mais elles tendaient peu à peu à se transformer. D'abord associations
sans limites territoriales, personnelles, c'est-à-dire s'adressant aux habi-
tants de toute origine et de toute condition, jusqu'aux serfs do la glèbe.
dans un but d'assurance mutuelle strictement déterminé, elles finissaient
par embrasser un trop grand espace de territoire et avaient besoin d'un
trop grand nombre de volontés diverses. Aussi prirent-elles peu à peu le
caractère d'associations purement locales.
La ville qui s'avisa la première de former une association de garantie
mutuelle, restreinte à ses habitants seuls et obligatoire pour eux tous,
fut la créatrice d'une nouvelle Gilde, non plus mobile et flottante, mais
fixée invariablement dans des limites territoriales. Ce serait à Cambrai
que cette transformation aurait été opérée tout d'abord, car, dès
l'année 1076, il y avait déjà dans cette ville, suivant l'expression d'un
chroniqueur, conjuration commune. La Gilde fut donc la base de l'admi-
nistration municipale; le mouvement se propagea à Bruges, Ardres,
Gand, Arras, Douai, Amiens, Beauvais, Aire, Saint-Omer et en général
dans toutes les anciennes villes comprises entre l'Escaut et l'Oise. Dans
la charte concédée en 1127 aux bourgeois de Saint-Omer, la Gilde semble
complètement assimilée à la commune ; il y est dit que les produits de la
monnaie concédés aux habitants de la ville seront affectés au soutien de
la Gilde
Cinq siècles s'écoulent et la Gilde est remplacée imparfaitement par
la Confrérie, ou Sociétés mutuelles de secours spirituels, issue du droit
féodal, c'est-à-dire du plus fort.

(1) Voir page 190.


HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A I.'ÉTRANGER 425

Voici enfin venir la lutte contre le feu à l'aide de moyens préventifs,


car clans la Gilde la prévention n'existe que dans l'acte de la solidarité.
En 1358, Charles, régent du royaume, frappé des nombreux sinistres
qui désolent Romans et sa banlieue, fait sonner du cor, à chaque incendie
aperçu, par un guetteur placé sur une tour de l'abbaye de St-Barnard.
Les chartreux, ordre fondé par saint Bruno, donnent l'exemple d'une
grande humanité et luttent contre l'incendie au moyen de l'assistance et
île la prévention.
Mais nous voici au Guet, cette reproduction des coutumes romaines,
en vigueur alors que les Francs eurent conquis les Gaules.
Ici, nous allons suivre M. Bunel et l'attrayant tableau qu'il fait de
l'organisation contre l'incendie à cette époque :

« Le Guet et le Chevalier du Guet font l'office des triumviri nocturni


et des cohortes sous les ordres du Préfet des vigiles qui, de la chute du
«
jour jusqu'au matin, doivent parcourir les divers quartiers de la ville et
«
veiller aux incendies; le Chevalier du Guet est aux ordres du Prévôt
de Paris comme le Préfet des vigiles, à Rome, était aux ordres du Prô-
«
fet delà ville; au premier cri d'alarme, au son du tocsin de Notre-Dame,
«
les corporations de charpentiers, de maçons et de couvreurs doivent,
« sous
peine d'amende et do la perte de la maîtrise, accourir avec leurs
"
outils pour combattre le llêau et, comme les collèges de fabri, l'arrêter
« en démolissant les maisons non atteintes et en faisant la part
du feu; et
« comme
ceux-ci, ils jouissent de certains privilèges et de certaines
"
immunités. Les dépôts de crocs, de haches, d'échelles et de seaux impo-
« ses aux
quartiniers de la cité étaient réclamés par Pline àTrajan, pour
«
la ville de Nicomédie; le seau plein d'eau que, dès le xv° siècle, chaque
"
habitant devait tenir la nuit à la porte de sa maison et l'entretien des
<
puits avec vingt-deux pouces d'eau, munis de leurs agrès en bon état,
« remplacent la provision d'eau exigée des locataires par deux textes du

« Digeste et par Néron après l'incendie de Rome; le couvre-feu ou l'obli-

« gation de couvrir le feu de cendres et d'éteindre les lumières, Sévère et

« Antonin l'exigeaient dans leur rescrit à Rufus; l'interdiction de ne plus

« bâtir en bois sur la rue, ou tout au moins de latter ou de recouvrir de

" plâtre ou de mortier les bois apparents, Néron l'avait ordonnée en impo-

" sant pour les façades la pierre d'Albe ou de Gabies, ainsi que l'ôlargis-

" sèment des rues; l'éloignement du four et de la forge de la propriété

« voisine et la protection du mur mitoyen contre la flamme du foyer,

" prescrits par la coutume de Paris, étaient implicitement compris dans

« les sentences du Digeste-, les couvertures de laine et les éponges que le


31
426 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« pompier de garde, derrière le mur de scène de nos théâtres, doit avoir


« sous la main, les Pandectes nous apprennent que les Romains avaient

«
soin d'en avoir dans leurs maisons pour combattre les incendies; l'inin-
«
flammabilité que nous prescrivons dans nos salles de spectacle était
«
déjà recommandée par Aulu-Gelle, par Ammien Marcellin et par Vitruve;
« enfin, le Lieutenant Général de Police, créé par Louis XIV en 1667, a,
« comme l'édile romain, le soin de la ville. »
L'institution du Guet fut surtout fixée par l'ordonnance du roi Jean
sur le guet de nuit fait par les gens de métier, du 6 mars 1364, qui donne
sur le service du Guet royal et des métiers les renseignements les plus
précis. Elle porte notamment que : « Ja pieça par nos prédécesseurs Roys
« de France, et de si long temps qu'il n'est mémoire du contraire, pour
« la garde et seuretô, tant de notre bonne ville de Paris... affin de pour-
« veoir et remédier aux perilz, inconvéniens et maulz qui toutes les nuiz
« pourraient seurvenir en ladite ville, tant par fortune de feu... etc. »

La loi du couvre-feu, établie en Angleterre, fut introduite en France


au xi" siècle; elle obligeait chaque habitant, après huit heures du soir,
d'éteindre au son de la cloche son feu et sa lumière.
En 1308, Philippe le Bel, frappé des désastres causés par le feu dans
sa bonne ville de Paris, prescrivait, dans l'intérêt de la sécurité publique,
à tous marchands groupés dans les rues tortueuses de la cité et dans celles
qui descendent de la montagne Sainte-Geneviève, où étaient entassées de
vieilles et étroites masures, de fermer leurs boutiques le soir et d'y étein-
dre toute lumière quand les cloches de Notre-Dame et de Saint-Morry
avaient sonné Y Angélus.
Dans le Ménagier de Paris, par un bourgeois parisien, on lit : « Lors-
« que le feu des cheminées sera couvert partout, vos gens se retireront;
« et ayez fait adviser par avant qu'ils aient le chandelier à platine pour
« mettre sa chandelle et les ayez fait instruire sagement de l'estaindre à
« la bouche ou à la main, avant qu'ils entrent en leur lit et non mie à
la
« chemise. »
Les bourgeois de Paris, obligés de couvrir leur feu et d'éteindre leurs
lumières quand le couvre-feu avait sonné, devaient cependant pourvoir à
l'éclairage des rues pour guider le Guet, les crieurs de nuit et les cloche-
teurs des trépassés, qui avaient aussi mission de veiller aux incendies.
D'après A. Franklin, c'est à Philippe le Long que nous devons la pre-
mière ordonnance relative à l'éclairage de Paris pendant la nuit.
En juillet 1465, à l'approche de l'armée des Bourguignons, il fut publié
à son de trompe, par tous les carrefours, que chacun, sous peine d'être
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 427

pendu, eût à mettre devant sa maison une lanterne et une chandelle allu-
mée et, par crainte des incendies, au seuil de sa porte un seau d'eau.
La charge de Lieutenant Général de Police fut créée par Louis XIV
en 1667 et M. de la Reynie en fut le premier titulaire; il s'occupa du soin
de nettoyer les rues et de les éclairer. Il fit établir 0,500 lanternes distri-
buées dans tous les quartiers de la ville et jusque dans les faubourgs.
Louis XIV, pour en conserver le souvenir, fit frapper en 1668 une médaille
avec la légende : Securilas et Nitor.
En outre du Guet, des lanternes, des seaux d'eau, ajoute M. Bunel,
il y avait encore, au moyen âge, des veilleurs, des crieurs de nuit et
dos clocheteurs des trépassés qui, la nuit, parcouraient toutes les rues
do la ville et avaient pour mission non seulement de crier l'heure aux
habitants, mais aussi de veiller aux incendies et à l'extinction des feux.
Ces crieurs devaient tenir en éveil les bourgeois de la ville, réveiller ceux
chez lesquels ils apercevaient quelque lueur qui puisse faire craindre un
commencement d'incendie, et dans chaque rue, après avoir donné
l'heure, ils criaient :
Réveillez-vous, gens qui dormez,
Priez Dieu pour les trépassés.
Pensez à la mort! Pensez à la mort!

Viennent aussi les projets proposés au comte d'Oldenbourg»


projets que nous avons déjà mentionnés, puis la réparation ration-
nelle de l'incendie par les Compagnies d'assurances contre l'incendie
telle qu'elle fonctionne de nos jours et telle que nous le verrons plus
loin.
La nécessité, le besoin ont naturellement fait naître, d'une part, la
prévention, d'autre part, la réparation, c'est-à-dire l'assurance.
Mais n'anticipons pas.
Nous voyons s'ouvrir, dès 1737, l'ère des grands incendies.
Avec les maisons agglomérées, les dangers augmentent, c'est ainsi
que, dès cette année, brûle la Chambre des comptes. L'Opéra est consumé
en 1763. L'Hôtel-Dieu est détruit en 1772, alors, les dégâts deviennent
immenses et les victimes se chiffrent par centaines. La province suit
Paris, les sinistres deviennent plus nombreux et plus importants et
les moyens d'extinction restent tout à fait primitifs.
Les seaux et les seringues sont insuffisants ; enfin, la pompe
aPparaît en 1693, à Douai et dès cette époque, les villes prescrivent des
règlements en cas d'incendie.
428 HISTOIRE GÉNÉRALE DE l/ASSURANCE EN FRANCE ET A 1,'ÉTRANGER

Alors, dès ce moment, chaque habitant a un poste assigné : magis-


trats, sergents de mairie, de police, charpentiers, couvreurs, maçons,
donnent de leur personne, mais Paris suit l'exemple de la province et
adopte la pompe nouvelle. Si les chroniques sont exactes, l'usage de
la pompe remonterait vers les temps les plus reculés (1).
C'est donc en 1793 que du Mouriez du Pôrier, d'Aix-en-Provence,
sociétaire de la Comédie-Française de 1686 à 1705, donne à la ville de
Paris la pompe à incendie, et crée le corps des pompiers de la ville de
Paris.
Ce service lui vaut la charge de directeur général des pompes de
Paris (2).
En 1740, le corps des pompiers, composé de 160 hommes, fonctionne
sous la direction de Pierre Morat.
Ce corps est caserne au centre de Paris, rue de la Jussienne. L'uni-
forme est en drap bleu de Berri, garni de boutons unis en cuivre jaune
avec parements de panne noire au collet et ôpaulettes jaunes.

(1) Ainsi qu'en témoigne Pline, les Romains en avaient. Apollodoro, architecte
de l'empereur Trajan, parle aussi do sacs de cuir auxquels étaient attachés des
tuyaux d'où l'on projetait l'eau en les pressant. Sous Ptoléméo 11, Ctôribius inventa
la pompe foulante. Cette pompo a été utilisée par les Grocs, vulgarisée par les
Romains qui en ont perpétué le souvenir en leurs bas-reliefs. Une pompe beaucoup
plus ancienne encore était employée en Egypte. Héron, d'Alexandrie, dans son
traité des pneumatiques, la décrit environ 150 ans avant l'ère chrétienne. Il appelle
cette machine: siphon employé dans les incendies. La pompe, dit-il, consistait en deux
cylindres avec pistons joints ensemble par uno barre faisant le va-et-vient qui élevait
et abaissait les pistons alternativement. Alors, avec l'aide de soupapes, qui s'ouvruioiil
du côté du jet. l'eau était projetée, mais le jet n'était pas continu, car la pression
cessait après chaque mouvement; la chambre tï air n'avait pas encore été inventée.
La machine de Héron fut-elle beaucoup employée? C'est ce que nous ne savons pas.
Il est clair que des machines de ce genre étaient pour ainsi dire sans utilité. A moins
qu'il n'en fut fait usage de plusiours à la fois ; cependant l'invention de Héron fut une
grande découverte, car, en y ajoutant la chambre à air, les tuyaux ot quelques perfec-
tionnements de détail, on a la pompo à incendie de nos jours. Jusqu'en 1518, on no
note aucun progrès, bien que quelques années avant cette dernière date, à la maison
do ville d'Augsbourg, on avait inauguré des instruments que l'on appelait serin-
gues pour projoter l'eau en cas d'incendie. En 1657, on a employé à Nuremberg une
machine presque identique à celle de Héron. Il fallait 23 hommes pour la manoeuvrer
et elle projetait un jet d'eau d'un pouce de diamètre à 80 pieds do distance. Plus tard,
dans le dix-septième siècle, la chambra à air fut trouvée et les tuyaux firent leur
apparition. Les tuyaux pour aspirer ot refouler furent inventés par Van der Heide
en 1670, mais leur emploi de concert avec la chambre à air est du à Perrault
en 1684.
(2) Voir page 39.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 429

Le casque apparaît en 1772 et des sections sont créées dans les


divers quartiers de Paris. Les pompiers manoeuvrent au sifflet.
Les frais et l'entretien du corps, le renouvellement des pompes et des
voitures est à la charge du directeur général des pompes du Roi, comman-
dant la compagnie de gardes-pompes qui reçoit 73,000 livres par an.
En 1775, pour reconnaître les bons services du directeur, le Roi le
nomme chevalier de l'ordre de St-Michel.
Les villes de France suivent l'exemple de Paris qui possède aujour-
d'hui le corps de pompiers le plus parfait qu'on puisse imaginer. Le
corps des pompiers est formé de militaires inscrits dans l'armée active,
il est régi par la loi militaire et la loi municipale, son existence est double,
il appartient à Paris et à la France.
Voici sur son organisation actuelle quelques notes puisées dans le
curieux livre de M. Paul Strauss, conseiller municipal :

«
Autrefois, les sapeurs-pompiersétaient recrutés dans les armes du
génie et de l'artillerie; c'est depuis 1850 qu'ils ne l'ont plus été que dans
«

«
l'infanterie. Leur régiment est placé, pour le service militaire, sous
«
les ordres du général commandant la place de Paris, et, pour le service
«
technique, sous la direction du Préfet de Police.
«
L'élat-major occupe la caserne voisine de la Préfecture. C'est là
"
qu'est le quartier général. Toutes les informations télégraphiques et
»
téléphoniques y aboutissent.
&
Les casernes de sapeurs-pompiers sont au nombre de douze.
" Quatre ont été
construites en ces dernières années : celles de Chaligny,
'<
Port-Royal, Grenelle, Château-Landon. Les huit autres sont celles de
«
Jean-Jacques-Rousseau, de Montmartre, de la rue de la Mare, de la
« rue
Blanche, du Trocadêro, du A7ieux-Colombier, de Sôvignô et de
«
Poissy.
« Chaque caserne loge
environ cent cinquante hommes ; le personnel
«
de service, chaque jour, se compose de 343 pompiers de piquet dans
«
les casernes, de 72 pompiers de garde dans les postes de pompe à
« vapeur,
de 242 pompiers dans les petits postes et enfin de 199 pom-
< piers envoyés dans les
théâtres ; les officiers de service sont au nombre
« de 23.
Dans les établissements et monuments publics, le matériel com-
«
« porte généralement une canalisation spéciale d'incendie, d'eau en
"
pression, installée sous la direction des officiers du corps; les moyens
"
d'action consistent en robinets de secours placés aux points dangereux
" et armés à poste fixe de tuyaux et de lances.
430 HISTOIRE GÉNÉRALE PE I.'ASSURAXCE EN l'HANCE ET A I.'ÉTRANGER

« Voulez-vous connaître le nombre des bouches d'eau pour incendie?


«
11 est de 4,607, mais sera porté à 7,900. Ces bouches seront espacées

«
de cent mètres en cent mètres dans toutes les rues. Il est bien entendu
« que tous les autres appareils d'eau installés sur la voie publique peuvent
«
être aussi utilisés. Etes-vous curieux de savoir le nombre des appa-
« reils avertisseurs ? Il est actuellement de 202. Le réseau télégraphique
« servant à ces appareils mesure 410,497 mètres. »
A ces renseignements, ajoutons les suivants :
Les pompiers se servent de deux sortes de dévidoirs, les dévidoirs
de pompes à vapeur, appareils traînés par deux chevaux et portant
200 mètres de tuyaux, et les dévidoirs de postes, traînés par les sapeurs,
portant une bobine sur laquelle s'enroulent 120 mètres de tuyaux.
L'échelle à crochets est un appareil de sauvetage dont on so sert
fréquemment. Les pompiers, grâce à elle, s'élèvent à la force du poignet
du bas de la maison au dernier étage en appuyant les crochets soit aux
balcons, soit aux saillies de la muraille.
Le sac de sauvetage est un tube en toile dont l'un des bouts est fixé
au bas d'une fenêtre, tandis que. l'autre bout est maintenu à une certaine
distance de la maison par plusieurs sapeurs, de manière à lui donner
une certaine inclinaison. Il est destiné principalement aux femmes, aux
enfants et aux infirmes.
L'appareil à feux de caves se compose d'une blouse à capuchon qui
enveloppe le sapeur de la taille à la tête. Au-devant de la figure se trouve
une espèce de lucarne vitrée qui permet de distinguer les objets et de
reconnaître le foyer de l'incendie. Une pompe projette de l'air dans l'appa-
reil afin de permettre au pompier de respirer.
Le ventilateur est destiné à envoyer à l'aide d'un tuyau en toile de
l'air pur dans les endroits où se dégagent des gaz délétères.
Le matériel de sauvetage s'est augmenté de voitures d'ambulance
qui sont à l'êtat-major, boulevard du Palais.
Bref, il y a cinquante-deux ans, en 1841, la superficie de Paris était
de 3,43i) hectares, la population se composait de 935,261 habitants et,
dans l'année, on constatait 203 incendies. L'effectifdu corps des sapeurs-
pompiers était de 808 sapeurs. Il est aujourd'hui de 1,700 sapeurs et
51 officiers. La superficie de Paris est de 7,802 hectares, la population
comprend 2,450,000 habitants, et, sans compter les feux de cheminées, il
y a eu, en 1892, 1,070 incendies. Ainsi la surface de Paris a augmente
dans la proportion de 1 à 26 ; le nombre des incendies a plus que quintu-
plé, l'effectif du corps a simplement doublé.
HISTOIRE GÉNÉRALE DÉ L'ASSURANCE EN FRANCE ET A
l/ÉTRANGER 431

Les villes et communes de France possèdent également des pompiers,


mais leur organisation diffère complètement de celle imposée aux corps
de Paris.
Dans les départements les pompiers ne sont pas sous le régime mili-
taire, les hommes sont volontaires et recrutés parmi les habitants, ils sont
alors formés en compagnies commandées par des officiers et astreints à
des manoeuvres régulières. Les communes, c'est-à-dire les contribuables,
assument les frais de leur entretien.
Les pompiers de France et d'Algérie sont attachés à des unions ou à
la fédération à la tête de laquelle se trouve un président et un Conseil
d'administration.
La fédération, dont le siège est à Charleville, a principalement pour
but de créer un lien de solidarité entre les adhérents, de provoquer des
concours et de tenir des congrès au cours desquels les questions profes-
sionnelles et d'intérêt général sont traitées.
Les pompiers départementaux possèdent une caisse de retraite (1).
Un des sujets qui revient périodiquement à chaque Congrès, qui a
provoqué, sinon un soulèvement général de cet honorable corps, du
moins de nombreux projets de loi au Parlement, au Conseil municipal de
Paris et d'innombrables chroniques, est celui qui a trait aux rapports entre
les pompiers et l'assurance.
Membre honoraire de la fédération, commissaire à l'Exposition
de 1889, nous avons eu la tâche ingrate de traiter, en qualité de rappor-
teur, cette question au Congrès de 1889.
(1) EXTRA.IT DES STATUTS. — La Société a pour but d'assurer une pension de retraite
à tous les sapeurs-pompiers qui ont accompli 25 ans de service.
Les membres actifs payeront un droit fixe de cinq francs par an.
Indépendamment de la cotisation annuelle de 5 francs, tout membre actif paye un
droit d'admission fixé à 3 francs.
Le montant de la pension est fixé à 200 francs par an.
Ont droit à la pension :
1° Tout membre actif qui, ayant fait partie de la Société pendant 25 ans, aura
atteint cinquante ans d'âge ; — 2° Les veuves des membres actifs tués au l'eu ou morts
des suites de blessures contractées dans un incendie. La pension cesse de-droit si la
veuve vient à contracter un nouveau mariage ; — 3° Les enfants d'un membre actif
veuf, mort de la même manière ; — 4° Toux ceux qui auront contracté dans un incen-
die ou dans un service commandé des blessures entraînant une incapacité absolue et
permanente de travail.
Par dérogation au paragraphe lor de l'article qui précède, tout sapeur-pompier en
activité ayant encore au moins 15 années à accomplir pour atteindre 25 ans de service
et 50 ans d'âge pourra faire partie de la Société aux conditions indiquées par les statuts.
432 HISTORIE GÉNÉRALE UE L'ASSURANCE EN KUANCE ET A L'ÉTRANGER

Après avoir rappelé les lois de la responsabilité communale à l'égard


des pompiers, leur caractère civil, la gratuité de leurs fonctions, nous
avons signalé les tendances provinciales et les pétitions au Gouvernement
qui en ont été les conséquences et dont le but était de faire participer les
Compagnies d'assurances dans l'entretien des pompiers, dans l'achat de
leurs engins et la charge de leur bien-être matériel.
Nous avons ensuite retracé l'historique des Congrès de la fédération
où la question avait été discutée, puis nous nous sommes étendu sur
l'organisation étrangère, et enfin nous proposions un terrain d'enlenle
qui n'a pas eu l'honneur d'être agréé.
Depuis 1889, la question n'a pas changé, elle est aussi complexe,
aussi irritante.
C'est, poussés par des influences électorales sans nombre et, sans
aucun doute, par le grand désir d'amener une solution profitable à ces
hommes dévoués et intéressants, qu'en 1890 M. Bérard et dix-neuf de ses
collègues ont déposé sur les bureaux de la Chambre un projet aux termes
duquel les Compagnies d'assurances contre l'incendie seraient tenues de
verser dans une Caisse d'assurances contre les accidents, créée dans
chaque département au profit des pompiers, 2 0/0 du montant des primes
d'assurances. Le même projet avait été présenté le 8 décembre 1888, à
titre d'article additionnel au budget, par MM. Hubbard, Pôrillier et Mon-
taut, et repoussé, malgré l'insistance de M. Hubbard, sur les observations
de M. Peytral, ministre des finances, et de M. Rouvier, rapporteur, par
414 voix contre 106.
Le ministre des finances et M. Rouvier ne firent d'ailleurs que rap-
peler le principe posé par toutes les lois françaises (lois des 16, 24 août IT.Kl,
du 11 frimaire an VII, loi du 5 avril 1884, art. 37) et par la Cour de cassa-.
tion (arrêts des 9 et 15 janvier 1866, du 3 mars 1880 et du 3 janvier 1883),
à savoir que les secours contre l'incendie constituent au premier chef un
service public municipal dont les frais doivent être mis à la charge des
communes, et que les couvrir à l'aide d'une taxe sur les primes d'assu-
rances qui frapperait nécessairement les assurés, c'était violer le principe
de l'égalité devant l'impôt et aboutir à une iniquité, puisqu'on ferait porter
exclusivement le fardeau sur les propriétaires assurés et qu'on en exemp-
terait les propriétaires non assurés, qui cependant sont encore plus intéres-
sés que les premiers à la bonne organisation des secours contre l'incendie.
Empressons-nous d'ajouter que le projet Bérard n'est pas le premier
de ce genre dont ait été saisi le législateur.
En remontant le cours des ans, nous voyons (1) que le premier de
(1) D'après l'Argus, 6 mars 1896.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 433

ces projets s'est manifesté dans le décret du 18 septembre 1811 qui,


prévoyant la création d'une Compagnie investie du monopole des assu-
rances, se proposait de mettre à sa charge l'entretien des corps de
sapeurs-pompiers.
Le deuxième projet date de 1850, il a pour auteur M. Antony Thouret.
Le troisième projet se place à la date du 8 décembre 1863 ; c'était
une pétition adressée au Sénat, « tendant à obliger les Compagnies
«
d'assurances à concourir à l'entretien des compagnies de sapeurs-
.,
pompiers ». Sur le rapport de M. de Goulhot de Saint-Germain, le
Sénat renvoya la pétition au ministre de l'intérieur.
Le 16 décembre 1871 (quatrième tentative), l'Assemblée nationale
renvoya de même au ministre de l'intérieur une pétition semblable,
accompagnée d'un rapport défavorable.
La pensée du concours obligé des Compagnies d'assurances a été
ensuite officiellement désavouée dans l'exposé des motifs présenté au
Conseil d'État par M. de Marcôre, ministre de l'intérieur, à l'occasion du
décret réglementaire sur l'organisation des corps de sapeurs-pompiers
du 29 décembre 1875. Le fait de ce désaveu formel a été révélé par une
lettre de son successeur, M. Constans, écrite en 1880, dans laquelle il
donnait lui-même, à la commission des pétitions, son avis.
En 1888 (cinquième projet), MM. Hubbard, Perillier et Montaut pro-
posèrent un amendement additionnel au budget, aux termes duquel une
taxe spéciale de 1 1/2 0/0. des primes perçues par toutes Compagnies
mutuelles et à primes fixes, étrangères ou françaises, pour assurances
des meubles et immeubles situés sur le territoire français, serait perçue
pour former un fonds de subvention aux communes pour le service des
sapeurs-pompiers communaux : fonds dont la distribution serait «.faite
« aux communes, proportionnellement au nombre des pompes entretenues

•> par elles ».


Combattu par le ministre des finances, M. Peytral, et par le rappor-
teur du budget, M. Rouvier, cet amendement fut repoussé par 414 voix
contre 106 (1).
Présentée de nouveau à la Commission du budget de 1892 (sixième
projet), cette proposition a été, encore une fois, rejetée.
Le septième projet repose sur ce fait que la Commission chargée
«'examiner la proposition de loi tendant à conférer à l'Etat le monopole
des assurances contre l'incendie
a adopté le rapport de M. Paulmier qui
conclut au rejet de cette proposition. Mais, en même temps, le rapporteur
demande qu'un prélèvement de 30/0 soit effectué
sur les primes réservées
(1) Journal officiel, 9 décembre 1888.
434 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

aux Compagnies d'assurances à primes fixes pour être affecté à l'achat


du matériel et à l'organisation du service d'incendie dans les communes.
Quant au projet Bérard, il contient des dispositions nouvelles en ce
sens qu'il ajoute aux impôts actuels un impôt de plus (1).
En 1855, 1864, 1868, 1869, et à partir de 1890, les Conseils généraux
soulèvent, eux aussi, la question des pompiers et des Compagnies d'assu-
rances.
A leur tour, les conseillersmunicipaux de Paris s'attachent à cette ques-
tion, et MM. Leclerc,enl887, et Blachette, enl894, déposent divers projets (2).

(1) Aux termes du projet, les Compagnies d'assurances contre l'incendie seraient
soumises à une taxe spéciale dont le produit servirait à constituer des Caisses do
retraites et de secours au profit des sapeurs-pompiers.
Il y a en France 280,000 sapeurs-pompiers. La taxe des Compagnies d'assurances
serait égale à un pour cent du total des primes annuelles, soit 1,400,000 francs par an.
Cette taxe serait recouvrée par l'administration de l'enregistrementet versée dans
une Caisse administrée par un conseil spécial. La moitié de son produit servirait à
constituer des retraites aux sapeurs-pompiers ayant vingt-cinq ans de services. L'autre
moitié, versée dans les Caisses départementales, serait employée à donner des secours
aux pompiers blessés et aux familles des pompiers tués au l'eu.
(2) Projet Leclerc : ARTICLE PREMIER. — M. le Préfet de police est invité à entamer
de suite des négociations avec toutes les Compagnies d'assurances contre l'incendie
établies à Paris ou y ayant des agences, afin d'obtenir d'elles une part contributives
dans les dépenses des divers services de secours contra l'incendie.
ART. 2. — M. le Préfet de police devra rendre compte, dans un délai de deux mois,
du résultat de ses négociations.
ART. 3. — L'administration est invitôo à soumettre d'urgence au Conseil les pro-
positions de dépenses nécessaires pour l'amélioration des services de secours contre
l'incendie, en accompagnant ces propositions de plans et devis.
Projet Dlachclie : ARTICLE PREMIER. —11 est établi à Paris un service d'assurances
mobilières et immobilières sous le contrôle de l'administration municipale.
ART. 2. — L'assurance s'applique aux risques contre l'incendie.
ART. 3. — Le montant des primes sera calculé de manière que l'ensemble dos
primes soit suffisant pour couvrir les frais d'administration et le montant dos portes
occasionnées par les sinistres et pour constituer un fonds de réserve.
ART. 4. — 11 sera prélevé chaque année sur le fonds de réserve une somme à
déterminer qui servira à doter la Caisse de retraite des invalides du travail.
ART. 5. — Les propriétaires ou chefs d'établissements industriels sont admis &
garantir dans les polices d'assurances contre l'incendie de leurs établissements, et
moyennant un capital assuré, le montant des salaires à payer aux ouvriers en cas
d'incendie pendant une période déterminée, à la volonté de l'assuré.
ART. 6. — Tout sinistré devra faire à la mairie de son arrondissement, où elle sera
immédiatement affichée, la déclaration détaillée de ses pertes et, partant, de l'indem-
nité à laquelle il croit avoir droit.
L'affichage durera quinze jours après lesquels, s'il n'y a pas eu de contestation,
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 435

En 1882, l'industrie privée tenta de résoudre le problème et la


Réparation, Compagnie d'assurance contre l'incendie, créa une Caisse
spéciale gérée par le Conseil d'administration lui - même, composé
d'officiers de sapeurs-pompiers.
Cette Caisse recevait de la Compagnie 10 0/0 des bénéfices sociaux
destinés à être distribués en gratifications, en secours et en pensions de
retraite aux pompiers, ainsi qu'à donner des pompes aux communes
qui en manquaient.
Cette Compagnie reçut un accueil des plus favorables, son capital
primitif d'un million dut bientôt être porté à 3 millions. Malheureuse-
ment, après une opération de réassurance de portefeuille, le succès
cherché ne vint pas et la Compagnie disparut en laissant un très mauvais
souvenir dans l'esprit des pompiers. En France et à l'étranger, les Com-
pagnies d'assurances contre les accidents assurent les pompiers à des
conditions spéciales et générales (1).

A l'étranger, l'organisation des corps de pompiers est également


un élément très efficace de prévention.
A Londres, le service de l'incendie est très important. La brigade
possède : à terre, 56 stations de pompes, 4 stations de pompes de
rivière ou flottantes, 50 stations avec des voitures à tuyaux, 3 stations à
échelles, 180 stations avec des appareils de sauvetage, 9 pompes à
vapeur sur l'eau, 49 pompes à vapeur à terre, 79 pompes à bras,
104 voitures à tuyaux ou dévidoirs, 34 milles ou environ 47 kilomètres
de tuyaux, 8 remorqueurs, 13 chalands, 12 bateaux, 213 appareils de

l'indemnité sera immédiatement payée au sinistré. Avant ce délai le sinistré pourra


réclamer un acompte.
ART. 7. — L'assurance municipale aura toujours le droit, s'il s'agit de biens meu-
bles, de remplacer les objets brûlés ou de payer l'indemnité pour le tout, et de faire
vendre ce qui reste à son profit.
S'il s'agit d'un immeuble, elle aura le droit de faire réparer ou reconstruire à ses
frais au lieu de payer l'indemnité. Dans ce dernier cas, le délai pour la réparation ou
la reconstruction sera fixé par le tribunal dont il sera parlé ci-dessous.
ART. 8.
— Toute contestation sur le règlement d'un sinistre sera jugée en première
instance devant le Conseil municipal et en appel, sans recours possible en cassation,
devant un tribunal composé :
Du président et des vice-présidents du Conseil général ;
De trois conseillers d'arrondissement;
Du Préfet de la Seine ;
Du Préfet de Police ;
Et du président du Conseil de préfecture.
(1) Voir Assurances contre les accidents.
436 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

sauvetage, 7 grandes échelles, 9 voitures à échelles, 2 camions-échelles


2 trucs à machines, 12 voitures pour transport des tuyaux et du charbon
une voiture de magasin, 5 voitures pour le service des rues, 9 stations de
rues, 133 postes-vigies, 720 pompiers y compris le commandant en chef,
le commandant en second, les inspecteurs et les hommes de tous
grades, 26 hommes à l'instruction, 17 pilotes, 74 cochers, 135 che-
vaux, 75 téléphones entre les stations, 56 circuits d'alertes autour des
stations avec 563 points d'appel, 21 téléphones avec les postes de
police, 1 télégraphe aux monuments publics et autres, 75 téléphones
pour les mêmes monuments, 7 sonneries électriques aux monuments
publics pour signaler les incendies, et un tube acoustique avec un
monument public.
11 y a 126 hommes de service par jour et 332 par nuit, soit 458
chaque 24 heures. La moyenne des hommes disponibles la nuit est de 325.

En 1893, le Gaulois a fait faire une enquête sur l'organisation des


pompiers en Russie, en Autriche et en Allemagne.
Voici un résumé de cette enquête :

« A Saint-Pétersbourg le personnel du corps des pompiers est civil.


« Son chef actuel
appartient seul à l'armée ; il a le grade de colonel. Le
« corps comprend 20 sous-chefs et 1,030
aides et sapeurs répartis en 14
<*
compagnies, soit une moyenne de 75 hommes par compagnie.
« Ces 14 compagnies sont réparties en 18 postes dispersés sur toute
« la surface
de la ville et formant un réseau dont les mailles sont très
<
sensiblement inégales, telles cependant que, hormis sur 4 points, les
«
diverses régions à protéger sont défendues par des postes dont l'éloi-
« gnement varie entre 1,000 et 3,000 mètres.
« Le caractère principal de l'organisation russe des secours contre

« l'incendie est la rapidité de l'avertissement.

« La plus grande partie des maisons étant construites en bois,


la
«
promptitude des secours est une question vitale. On a donc imaginé
«
d'élever des tours de vingt à trente mètres de hauteur et d'en faire des
«
observatoires pour surveiller les incendies sur tous les points de la
« ville. Lorsqu'un feu se déclare, le sapeur-pompier de
service donne
«
l'alarme et fait les sigaux indicateurs au moyen de boules noires pen-
«
dant le jour et de lanternes de couleur pendant la nuit-
« Mais une institution spéciale à la Russie a singulièrement
aidé à
«
l'efficacité des tours : c'est l'institution des portiers ou dvorniks qui, à
« la fois au service des propriétaires et au service de la police,
gardent la
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 437

maison pour le compte du propriétaire et la rue pour le compte de la


,,

«
police.
«
Les dvorniks doivent donner l'alarme en cas d'incendie; et pour
faciliter leur tâche, un certain nombre de propriétaires d'immeubles,

a
choisis avec discernement, ont reçu un avertisseur d'incendie relié
«
lôlégraphiquement au poste le plus proche. Il y en a ainsi trois
«
cent vingt-quatre à Saint-Pétersbourg.
a Enfin, dernier perfectionnement,
le téléphone communique à tous
,.
les postes.
« En dehors de
l'avantage de son système d'avertisseurs, Saint-
«
Pétersbourg en a d'autres. Le nombre des bouches d'eau est considé-
«
rable, il en existe même dans les maisons particulières, et la pression
«
de l'eau est très élevée.
« En outre,
les plaques indicatrices sont nombreuses et la rêparti-
«
tion des postes est très bien faite, car ils ne sont éloignés que de 1,000
«
à 3,000 mètres les uns des autres.
« A Moscou, le service est à peu près
organisé comme à Saint-
«
Pétersbourg, moins complètement toutefois. Mais il manque dans
«
l'ancienne capitale de la Russie une chose essentielle, l'eau.
« Aussi les
sapeurs-pompiecs sont-ils plus sapeurs que pompiers et
«
munis de haches très coupantes, ils font le plus rapidement possible la
« part
du feu. »
Ajoutons que Moscou aussi bien que Varsovie possèdent une bonne
répartition des grands postes et des tableaux avertisseurs en nombre
considérable.
Enfin la Société Nationale de sauvetage contre l'incendie a créé en
1893 le premier régiment de pompiers volontaires, fort de 800 hommes.
L'idée de la formation de ce régiment est due au comte de Scherêmô-
tieff. Ne se contentant pas d'une compagnie de pompiers organisée par
lui-même et entretenue à ses frais dans sa propriété située dans la pro-
vince de Smolensk, il a voulu élargir le rayon de son activité en fondant
des compagnies dans les villages de tous les environs et qui y ont formé
le premier régiment.
Le ministère des affaires intérieures n'est pas resté indifférent au
progrès du sauvetage; il a fait étudier un projet portant la création des
bureaux spéciaux dans les districts qui seront chargés d'élaborer les
mesures à prendre contre les incendies. Le ministère se propose un jour
prochain d'allouer 5 0/0 des recettes provenant de la vente des patentes
aux marchands de boissons alcooliques dans les villages, pour l'organi-
438 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

sation du sauvetage rural et pour l'achat des machines nécessaires


pour lutter contre les incendies.
«
A Vienne l'organisation des avertisseurs d'incendie est très com-
« plète. Mais le public ne peut en faire usage lui-même.
« La Feuerwehr remet la clef de l'avertisseur à une personne digne
«
de confiance, et celle-ci doit veiller à ce qu'il n'en soit pas fait un mau-
« vais usage.
« D'ailleurs toute clef qui a servi à l'ouverture d'une boîte d'avertis-
« seur ne peut être dégagée de la serrure que par la Feuerwehr, et comme
« chaque clef porte le nom de son détenteur l'enquête est facilitée en cas
« d'abus.
« En principe, on trouve dans les rues, aux angles principalement,
« sur une plaque rouge et blanche, l'indication de l'endroit où est installé
« l'avertisseur; puis, sur place, l'adresse des détenteurs de clef ; mais on
« a grande
chance de rencontrer un agent de police qui remplit en gêné-
« rai
l'office de détenteur.
« Lorsqu'un appel est fait, les sapeurs-pompiers répondent par une
«
sonnerie, et il ne reste plus qu'à attendre sur place les secours pour
« les diriger sur le
lieu même de l'incendie. »

A Berlin, dans la capitale allemande, la Feuerwehr, ou corps de


«
«
sapeurs-pompiers, est civile. Elle est composée d'anciens soldats qui se
«
nourrissent et se logent à leurs frais.
« A Berlin il y a exactement
lemême nombre de bouches d'eau qu'à
« Paris, quoique la
ville soit beaucoup moins étendue. De plus, et c'est là
« le point le plus important, les
avertisseurs sont beaucoup mieux répartis
« et la multiplicité des
indications guide plus sûrement le public et hâte
« l'arrivée des secours. Les postes, installés non dans de vieilles maisons,
«
mais dans des constructions spéciales, sont mieux distribués et leurs
« distances sont assez
faibles pour que les secours arrivent en dix minutes
« au plus.
« Il faudrait ajouter
aussi que les avertisseurs sont installés à Berlin
« depuis trente ans
déjà, que le public en a pris l'habitude et qu'on ne
« voit pas, comme à
Paris, de mauvais plaisants déranger inutilement
« un poste.
« En
revanche, les bouches d'eau sont trop petites ou de très faible
« débit et les
détachements de la Feuerwehr doivent traîner avec eux des
« tonneaux d'eau très lourds, très encombrants, et
des pompes à bras
« très peu
efficaces. »
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER
439

La Belgique possède un corps de pompiers d'élite, Bruxelles est,


crovons-nous, la capitale la mieux organisée pour le combat de l'incendie.
L'effectif réglementaire du corps de sapeurs-pompiers de Bruxelles
est de 6 officiers et de 168 sous-officiers, caporaux et soldats.
Un officier de santé est attaché au corps pour le service des incendies.

En Suisse, des corps spéciaux fonctionnent dans chaque canton et


dans chaque ville.
A Genève a été créée, par un règlement du Conseil d'État en date du
4 novembre 1844, une caisse de secours, dont le but est de fournir aux
hommes gradés ou non gradés, faisant partie du corps des sapeurs-
pompiers, des secours ou indemnités en cas de maladie grave ou d'acci-
dent survenu dans leur service relatif aux incendies.
Le capital est formé par des legs, par les dons ou gratifications faits
à la caisse par les intérêts des capitaux de réserve.
Une loi du 18 octobre 1882 attribue à ces caisses le produit d'un droit
de patente sur les Compagnies d'assurance qui ont un bureau d'agence
dans le canton.

En Egypte, voici quelques notes puisées dans le plus récent rapport


du commandant des pompiers du Caire :

« Les dispositions qui existent actuellement pour les voitures d'eau


«
qui circulent dans la ville sont des plus défectueuses. Il est impossible
« d'alimenter, d'une manière ininterrompue, les pompes à vapeur
obli-
« gées,
faute d'eau, de cesser à tout instant leur travail. Lorsqu'unincendie
« éclate en plein jour, les voituresd'eau sont
réquisitionnées dans toute la
«
ville et amenées sur le théâtre du sinistre, ce qui fait déjà perdre un
« temps considérable avant de pouvoir utiliser les pompes à vapeur.
La
« nuit, une vingtaine de voitures d'eau, avec leurs mules tout
attelées,
« sont prêtes en permanence et rejoignent les pompes à vapeur
aussi
« promptement que possible. Aussi longtemps que la ville sera privée
5 d'une installation de conduites d'eau, le service de secours ne pourra

« fonctionner d'une manière satisfaisante. Les pompes à vapeur et les

« autres engins de secours sont tenus avec le plus grand soin et les méca-

« niciens et les chauffeurs méritent sur ce point les plus grands éloges,

« car leur matériel peut rivaliser avec celui de toute autre brigade de

« pompiers. Le travail des mécaniciens et des chauffeurs pendant un grand

* incendie est fatigant au possible. Je constate sincèrement que le zèle


* et le dévouement déployés par tous les hommes de la brigade ont
440 HISTOIRE OÈNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« excité plus d'une fois ma réelle admiration, et je puis certifier que les
«
officiers, les officiers non commissionnôs et tous les hommes de la bri-
« gade, sans exception, ne pourraient faire preuve de plus de courage et
« être animés d'un meilleur esprit que ceux actuellement sous mes
« ordres.
<r
J'espère qu'avant qu'il ne soit longtemps, nous aurons une brigade
« de pompiers régulièrement constituée, ayant l'équipement et le costume
« appropriés à l'usage des corps de pompiers d'Europe. J'estime qu'une
« telle brigade donnerait d'excellents résultats et qu'elle marquerait un
« sérieux progrès dans l'organisation municipale de la ville du Caire. »

Ce voeu du commandant semble avoir été exécuté par le Khédive qui


a ordonné la formation d'une brigade de pompiers, sur le modèle de la
Five-Brigade de Londres. Les pompes à vapeur et tout l'équipement ont
été fournis par une maison anglaise.

Enfin, pour avoir un aperçu de l'organisationdes pompiers aux États-


Unis, voici le rapport de 1893 publié par le maréchal des pompiers de
Chicago :

« Les avertisseurs publics spéciaux au service d'incendie qui trans-


« mettent les appels télégraphiques sans l'aide du téléphone sont à
« Chicago au nombre de 1,003! Cent neuf nouveaux avertisseurs ont élé
« installés l'année dernière. 11 y a en outre 773 avertisseurs de police avec
« téléphone placés dans les rues et 372 placés chez des particuliers. Cela
« fait un total de 2,148 avertisseurs servant aux appels de secours contre

« les dangers de l'incendie.


« Ces appareils sont reliés au poste central et celui-ci est relié aux
« postes casernes au moyen de conducteurs partie aériens, partie sou-
« terrains. La longueur des premiers est de 3,318 kilomètres; celle
des
« seconds est de 923
kilomètres. L'ensemble du réseau ne comprend
« donc pas moins de 4,221 kilomètres de fils conducteurs .
« La valeur des bâtiments, des appareils et des pompes dépasse
o 12 millions
de francs ; celle du système télégraphique s'élève à elle
«
seule à 2,786,000 francs.
« Le système d'appels est
si parfait que, malgré la grande extension
« du
service et l'immense étendue de la ville, 1,037 hommes suffisent au
« travail; dans ce nombre sont
compris les employés des bureaux et
« 9 inspecteurs du service
d'éclairage électrique dépendant de la muni-
« cipalité. »
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 441

« Ces hommes ont dû répondre à 6,970 alarmes pendant la durée


do l'année 1893. C'est une augmentation de près de 5 0/0 sur le chiffre
,<

«
de l'année précédente, elle est due en partie à l'affluence de monde
«
occasionnée par l'Exposition universelle. Il a fallu combattre5,224 incen-
«
dies qui ont occasionné une perte totale de plus de 15 millions et demi
«
de francs, plus du double de l'année précédente, ce qui correspond
«
à une perte de 9 fr. 85 par habitant. C'est une somme très faible qui
« prouve
l'excellente organisation du service préventifbasé sur l'emploi
«
des avertisseurs électriques. »

En ce qui touche l'organisation du service des incendies à Boston,


il nous faut remonter aux premiers essais d'avertisseurs par la télégraphie
électrique.
La première étude faite pour prévenir l'incendie fut celle du docteur
américain Channing.
En 1845, dans un rapport lu par lui devant le Smithsonian Institute,
il suggéra l'emploi du télégraphe comme moyen de donner l'alarme du feu.
La question fut prise en considération, étudiée, et en 1848, elle fut
portée par le maire de Boston devant le gouvernement local. Des
expériences furent alors décidées et des fonds votés ; une somme de
r>0,000 francs fut employée en 1851 aux derniers essais et, en 1852, le ser-
vice d'alarme était définitivement organisé et fonctionnait avec succès.
Au 1°''janvier 1882, ce service spécial comprenait, tant pour la ville
do Boston que pour sa banlieue, 598 boites d'alarme établies soit sur la
voie publique, soit dans les établissements industriels, soit dans ceux
d'utilité publique.
Ces boîtes sont fixées d'une manière très apparente, l'ouverture en
est facile, et la communication est directe avec le poste central établi
dans le dôme de l'Hôtel de Ville et avec chaque poste de section. Le
service de ces postes est permanent ; de nuit, comme de jour, des
veilleurs sont constamment debout et leur présence, de même que leur
vigilance, est constatée par un appareil enregistreur spécial.
Quelques minutes séparent le moment de la demande de secours de
l'arrivée des pompes sur le lieu du sinistre.
Il serait inutile de faire ici le récit d'un départ de pompes aux Etats-
Unis, attendu qu'un départ des pompiers de Paris est maintenant à peu
l>rcs identique.
La seule différence consiste dans la notification qui est faite au public
do l'endroit où le sinistre
a éclaté, au moment même qu'elle est faite au
poste central et aux postes secondaires.
32
442 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Le système se compose de trois alarmes et d'une alarme générale


faites sur les cloches de la ville ou des districts environnants.
Elles ont lieu suivant le danger et les besoins, de la manière
suivante :
La première alarme est donnée en sonnant trois fois le numéro delà
boîte.
La deuxième alarme, en sonnant dix coups suivis du numéro de la
boîte, et la troisième alarme en sonnant douze coups répétés deux fois.
Quant à l'alarme générale, elle est donnée par douze coups répétés
trois fois.
Pour prévenir le public soit d'une fausse alerte, soit de la rentrée des
pompes, le signal de retour est donné par un coup de cloche répété quatre
fois.
Ce sage système permet aux citoyens disséminés d'être renseignés
exactement et sans délai ; en outre, il leur permet de se rendre sur le
lieu de l'événement sans aucune perte de temps et de contribuer efficace-
ment au sauvetage.
A côté des pompiers se trouve le service des Assurances. Ce service,
reconnu officiellement en 1874, est, comme en Angleterre, sous la direction
des Assureurs-Incendie.
Deux voitures et cinq hommes sont en permanence. Dès que l'incen-
die est signalé ils partent, arrivent sur le théâtre de l'incendie en même
temps que les pompiers et bien souvent avant eux, coopèrent au sauvetage
et préservent les meubles et marchandises exposés sur la voie publique,
soit de l'eau, soit des voleurs, au moyen de bâches goudronnées qu'ils
relient entre elles.
Après l'organisation moderne de Chicago, nous avons tenu à faire
connaître l'organisation de la ville de Boston, d'abord parce qu'elle a été
la première dans son genre, ensuite parce qu'elle a servi de type à celle
des autres villes de l'Union, en même temps qu'à celle de certaines villes
d'Europe.
Paris lui doit en partie la sienne. — L'installation des postes de
pompes à vapeur et celle des avertisseurs d'incendie sont presque
semblables à ceux qui fonctionnent à Boston.
Il y a loin, on en conviendra, entre ces organisations puissantes tlo
prévention à celle adoptée en 1803 à New-York par une Compagnie
mutuelle de sauvetage:
Chaque associé avait un grand sac et, aussitôt qu'un incendie était
signalé, il devait courir au lieu du sinistre, entrer dans l'immeuble incen-
dié, remplir son sac d'objets de valeur et le déposer en lieu sur. Les assii-
HISTOIRE GÉNÉRALE DE h'ASSURANCE EN FRANCE ET À L'ÉTRANGER 443

raiices étaient peu communes en ces temps-là, d'où l'importance de sauver


ce qui avait le plus de valeur.
Signalons encore, à New-York, la fondation récente d'une école
d'entraînement pour l'extinction des incendies, sous la direction de
l'ancien chef de pompiers. Celte école est pourvue de tous les appareils
nécessaires à l'instruction des pompiers et elle fait aussi des cours aux
hommes chargés des appareils à incendie dans les grandes fabriques (1).
En Hongrie une institution similaire fonctionne.
Le ministre de l'instruction publique s'applique à introduire dans les
écoles professionnelles de l'État des cours spéciaux, destinés à exercer

(1) En 1805, le Conseil municipal de Paris a voté le crédit nécessaire afin


d'envoyer en Amérique une commission dont la mission devait être d'étudier le
service dos incendies dans ce pays. Cette commission, composée d'officiers de pom-
piers, aujourd'hui do retour, vient de publier un mémoire intéressant duquel nous
détachons celte noto qui complète notre étude.
Le personnel chargé du service d'incendie en Amérique est exclusivement civil ;
les officiers et les pompiers sont choisis par la « commission du fou », sans contrat de
part ou d'autre. Le lireman doit d'abord se fairo admettre comme postulant, et à. cet
effet remplir certaines conditions déterminées; dès qu'il a été définitivement reçu, il ne
peut ùtro renvoyé qu'après enquête et décision des commissaires, et il conserve le
droit de se retirer à tout moment.
Il doit ùtro citoyen des Etals-Unis,parler et écrire intelligiblement la langue anglaise,
justifier d'un an de présence dans le pays, être reçu par le service médical, être âgé
de vingt et un ans au moins et de tronte au plus.
L'effectif du y/re department américain est constitué suivant le tableau ci-dessous :

Effectif
Villes Population des pompiers

New-York 2.000.000 1.250


Boston 500.000 630
Québec 70.000 50
Montréal 250.000 180
Chicago 1.800.000 1.063
San-Francisco 300.000 445
Nouvelle-Orléans 260.000 280
Washington 200.000 140

La/tre brigade de New-York a un service médical particulier et compte quatre


ofliciers-môdecins.
Dans plusieurs villes, il existe une Société de secours mutuels formée par les pom-
piers eux-mêmes. Elle a pour but d'assurer une indemnité régulière pendant un cer-
tain temps aux malades incapables de servir.
Cette Société assure également le versement d'un secours pouvant s'élever à quel-
'llLes centaines de dollars à la veuve ou aux héritiers.
444 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

les élèves dans l'art de combattre les incendies. Il désire que ces jeunes
gens, qui, au sortir des écoles, entrent dans les fabriques ou les ateliers
soient en état, par l'étendue de leurs connaissances, de surpasser rapi-
dement les ouvriers ordinaires et d'arriver en peu de temps à diriger leurs
travaux.

Voilà en quels termes un lettré et humoriste japonais, Motoyosi


Saizan, a dépeint dernièrement, à la salle des Capucines, les incendies et
le service du feu dans son pays :

« Lorsque l'incendie s'est déclaré, le commissaire fait sonner une


« grosse cloche placée au sommet d'une tour très élevée. Cette cloche

« doit sonner jusqu'à ce que le feu soit éteint. A ce signal, les pom-
« piers (qui travaillent ordinairement avec les charpentiers à la construc-
« tion des maisons) revêtent au préalable leur costume de circonstance,

«
tandis que leurs femmes leur servent à manger.
« Ils mettent des chaussures de paille qu'on nomme
waradji (sandales)
« et se munissent d'un tobigutci (petit bâton dont le bout inférieur est
«
garni de fer, d'une longueur d'environ deux mètres, qui sert à faire
« tomber les parois des maisons).
« Avant de se rendre sur le théâtre de l'incendie, leurs femmes leur
« servent une tasse
d'eau et leur remettent un petit billet sur lequel est
«
inscrite une formule religieuse qui doit leur donner du courage et les
« préserver de tout accident. Au moment du départ, chaque pompier
«
reçoit de sa femme un petit briquet à titre de porte-bonheur et comme
« symbole de purification.
« Et pendant qu'ils s'habillent, s'équipent, boivent leur tasse d'eau et
« font leurs salamalecs..., la maison
brûle.
« Cependant, les voilà réunis, généralement au coin d'une grande rue
« prise comme centre de ralliement, vêtus de leurs uniformes somptueux
« qu'envieraient les sapeurs de France et que rehaussent des dessins fan-
« tastiques aux couleurs aveuglantes et représentant des dragons terribles
i ou de chimériques guerriers.
« On
confie au plus fort l'échelle de bambou et la troupe de pompiers
> s'ébranle enfin pour se rendre sur le lieu d'incendie.
« Un autre fait qui prouve que les pompiers japonais ne sont
jamais
« pressés, c'est que, tout en « courant », si un peloton en rencontre un
« autre, il prend le temps de le saluer avec le matoï, sorte
d'étendard on
«
papiers de couleurs collés les uns aux autres et enroulés autour d'une
« grande perche
HISTOIRE GÉNÉRALE DE 1,'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 445

«
Enfin, les voici arrivés.
«
C'est alors seulement, en présence du fléau, qu'éclate leur bravoure.
«
Ils escaladent les cloisons des toitures, font pleuvoir les tuiles et se
«
rendent maîtres du feu en en faisant la part et en jetant bas la maison. »
Il faut avouer que le service des incendies dans ce pays a besoin de
quelques perfectionnements.

Les Sauveteurs. — Corps de sauvetage de Londres. — Les Congrès.


A côté des pompiers, se trouvent les sauveteurs en cas d'incendie ;

leur dévouement est proverbial.
Nous venons de voir qu'un corps de sauveteurs existe à Boston ; or,
linéiques villes du continent, Vienne et Londres, possèdent cette double
institution qui manoeuvre conjointement (1).
Le sauvetage a ses congrès tout comme les pompiers.
Organisés par un philanthrope de haut mérite, M. Emile Cacheux (2),
ces congrès ont, à leur programme, des questions sur le sauvetage en
cas d'incendie.
En 1889, M. Guibillon, ingénieur des arts et manufactures, secré-
taire de la Société du travail professionnel, s'est acquitté consciencieuse-
ment de sa tâche et a porté ses investigations sur la législation préventive
et les appareils de prévention, sur les matériaux incombustibles et sur
l'ininflammabilité.

1,1) Renseignements de M. Gamble, second officier du Métropolitain de Londres.


Le corps de sauvetage de Londres est subventionné par 40 Compagnies d'assu-
rances et a pour but de sauvegarder les immeubles mis en danger par l'incendie.
L'effectif consiste en : 1 officier commandant; 5 surintendants; 10 préposés;
1S hommes de lro classe ; 20 hommes do 2° classe ; et environ 70 hommes de 3e classe.
Les cinq casernes sont dans différents quartiers de Londres, et les hommes y
doraeurent.
La paye est établie ainsi :
Surintendants, 155 à 245 livres sterling par an; préposés, 40 à 50 schellings par
semaine; hommes de lt0 classe, 36 à 38 schellings par semaine; hommes de 2° classe,
;!1 à 35 schellings
par semaine; hommes do 3° classe, 28 à 33 schellings par semaine
cochers, 25 à 30 schellings par semaine.
Tous sont habillés gratuitement ; les surintendants, préposés et hommes de
!"' classe sont logés et chauffés gratuitement.
Le corps ne s'immisce en rien au service dos pompiers ; de fait, les deux services
marchent admirablement ensemble.
(2) Voir page 412.
446 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Il a donné des instructions précieuses aux personnes en danger, a


signalé les dispositions prises pour assurer la fuite dans les théâtres, les
écoles, les usines et les maisons particulières. Enfin, il a exposé les
moyens employés pour combattre les incendies.
De son côté, M. Paul Bernard exposait au congrès de Toulon de 1800
un excellent mémoire sur l'organisation des premiers secours en cas
d'incendie dans les communes suburbaines.
Nous verrons dans le chapitre réservé à l'assurance contre les acci-
dents ce que font les sociétés d'assurances en faveur des sauveteurs.

Législation internationale des incendies. — Règlement pendant le


siège de Paris. — Avant de clore ce chapitre de la prévention, signalons
les principaux règlements en vigueur contre l'incendie.
Cette tâche nous sera, d'ailleurs, rendue extrêmement facile, grâce à
un travail très complet qu'a bien voulu nous adresser, en 1890, un homme
de grande érudition, dont la fin prématurée a frappé de deuil ses amis et
les lettres auxquels il donnait tour à tour quelque chose de son esprit et
de son savoir. Nommons Antony Rouillet, avocat, lauréat de l'Institut.
Mesures générales. — Au titre des Mesures générales, la loi française
défend d'allumer des feux à une distance trop rapprochée des lieux ou
des objets qui peuvent alimenter les incendies; elle sanctionne ses
défenses par des peines qui ont un caractère répressif; au point de vue
préventif, il devait être et il est non moins défendu de brûler de la paille
sur aucune partie de la voie publique à Paris (1) et dans les villes, il
n'est pas non plus permis d'en brûler dans l'intérieur des abattoirs, des
halles et marchés, dans les cours, les jardins et terrains particuliers ; on
général, défense est faite de mettre le feu à aucun amas de matières
combustibles.
Quelques-unes de ces mesures préventives sont en dehors de l'action
municipale qui n'a pour mission que de les faire exécuter; mais il est
d'autres mesures ayant un caractère préventif qui sont du domaine de
l'autorité locale.
Nous noterons encore parmi les mesures générales que les maires
peuvent interdire : les dépôts de bois et autres matières combustibles

Ordonnance de police du 15 septembre 1875, article 24. Voir l'excellent et


(1)
savant Rapport à M. le Préfet de police sur la revision de l'ordonnance de 1875,
concernant les incendies, par M, Henri Bunel, architecte en chef,
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 447

contre les murs et cheminées (I), mais il est bon d'ajouter qu'une sem-
blable défense ne saurait s'appliquer par exemple « à des bois de
construction d'un diamètre qui ne les rend pas facilement infiam-
«
mables (2) ».

Dans toute commune, l'autorité municipale peut prescrire que les
meules de paille et de foin, etc., seront placées à une distance déterminée
des habitations et de la voie publique (3).
Comme en Suisse, ainsi qu'il est indiqué plus loin, les maires des
communes françaises- peuvent défendre de transporter du feu dans les
rues dans des récipients non clos (4) ; ils peuvent défendre d'ailleurs des
feux sur la voie publique ou sur les quais, de tirer des pièces d'artifice
sur la voie publique ou dans l'intérieur des agglomérations (5). Il a même
été jugé que l'arrêté municipal qui défend d'allumer des feux dans les
cours des maisons s'applique non seulement aux feux de plaisir, mais
à « ceux que nécessite l'exercice d'une profession (G) ».
La Cour de cassation a été encore plus loin; elle a reconnu Ci) qu'il
appartenait aux maires de prendre des mesures pour prescrire « même
<
dans les cours, jardins et enclos, la défense de tirer des pièces
«
d'artifice ».
Rappelons aussi que de nombreux arrêtés préfectoraux ont défendu
depuis longtemps (8) de faire usage des armes à feu à l'occasion des fêtes,
mariages ou baptêmes visant des coutumes anciennes fort répandues
dans nos campagnes.
Notons également que jadis l'article 148 du Code forestier dut être
souvent rappelé aux autorités municipales pour qu'elles aient à défendre
de la manière la plus expresse de porter ou allumer des feux dans l'inté-
rieur et à la distance de 200 mètres des bois et forêts, sous peine d'une
amende de 20 à 100 francs, sans préjudice, en cas d'incendie, des peines
portées par le Code pénal et de tous dommages-intérêts s'il y a lieu.
On signala à l'époque dont nous parlons, dans le département de

(1) Arrêt de la Cour de cassation (3 septembre 1807, Vanault).


(2) Arrêt de la Cour de cassation (26 avril 1860, Gallard).
(3) Arrêts de la Cour do cassation (13 avril 1823, Gaborit ; 12 juillet 1866,
Chatel).
(1) Arrêts de la Cour de cassation (6 juin 1807, Blanche ; 28 mars 1844, Maillard).
(5) Arrêt de la Cour do cassation (12 décembre 1816, Ilusson).
(6) Arrêt de la Cour de cassation (2 juin 1859, Failli ot Delbalat).
1,7) Arrêt du 8 mai 1858.
(8) Nous citerons comme l'un des plus anciens un arrêté conforme de M. le Préfet
1, 0 la Moselle, reproduit dans l'École des Communes, 1859, p. 133.
448 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Loir-et-Cher notamment, de nombreux incendies dans les bois, par suite


de l'usage suivi d'allumer des feux pour détruire les fourmilières.
D'ailleurs, il ne faut pas l'oublier, celte surveillance de l'autorité
municipale s'étend même plus loin que ne le disent les lois et règlements
dont le texte ne peut prévoir tous les cas.
C'est ainsi, par exemple, que l'autorité préfectorale a été amenée à
prescrire aux maires de défendre d'avoir des « chandelles » allumées à
l'air libre dans les granges.
Ainsi donc, comme nous l'avons déjà dit, en France, c'est à l'autorité
locale, le plus généralement, qu'il appartient de prendre les mesures
générales préventives des incendies et, dans cette direction, ses pouvoirs
sont fort étendus.
En Belgique, à Bruxelles, il est également défendu, par l'ordonnance
de police concernant les incendies, délibérée par le Conseil communal le
27 avril 1868 (art. 13), de transporter du feu ; cette ordonnance va
même plus loin, elle porte (art. 14) que les marchands colporteurs de
menues denrées et généralement tous ceux qui circulent dans les rues
avec des fourneaux allumés devront se servir de lampes à l'esprit-de-vin
ou de fourneaux au charbon de bois, « conformes aux modèles prescrits
« par le collège des bourgmestres et ôchevins ». Les fourneaux qui lais-
sent échapper des charbons enflammés sont saisis.
En Suisse, dans le canton de Genève, un règlement de police,
du 8 septembre 18T7, défend « de transporter du feu autrement que dans
« des vases clos et couverts (art. I0') », et il est interdit « dans les villes,
« bourgs et villages de faire du feu sur les places ou voies publiques,
« sur les chemins, dans les cours et allées, sans une permission de
« l'autorité (art. 8) ».
Dans les campagnes, il est aussi défendu d'allumer « aucun feu qui
a puisse compromettre la sécurité des bâtiments, des bois ou des récolles
« et de faire, en plein air, aucun feu par un gros vent ou de nuit ».
Toutefois est excepté de- cette dernière défense le « brûlement des
« terres dit écobuage (art. 9) ».
Aucune meule de paille, de foin ou autre, ne peut être établie à moins
de trente mètres de toute maison ou habitation (art. 7).
Le même règlement défend « dans les villes et leurs banlieues, dans
« les bourgs et les villages de tirer des boîtes, des coups de fusil, pistolet
« et autres armes, ainsi que de faire usage de feu d'artifice » sans une
autorisation spéciale (art. 10).
Le tirage des boîtes est même interdit sous certaines conditions
déterminées « dans le voisinage immédiat des habitations ».
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 44lJ

Nous n'insisterons pas davantage sur les mesures générales, car elles
se retrouvent à peu près les mêmes dans toutes les législations.
Il est cependant un point qu'il est bon de noter encore sous cette
rubrique.
L'usage si répandu de fumer a nécessité diverses mesures préven-
tives. C'est à l'autorité municipale, en France, qu'il appartient d'inter-
dire de fumer dans les lieux publics et autres endroits où peuvent se
produire des accidents.
A Paris, c'est aux termes de l'ordonnance de police du 15 septembre
1875 qu'il est interdit de fumer dans les salles de spectacle (1), sous les
abris des halles, dans les marchés et, en général, dans l'intérieur de tous
les monuments et édifices publics placés sous la surveillance de la préfec-
ture de police, à Paris et dans son ressort.
Il est également interdit de fumer dans les magasins et autres
endroits renfermant des spiritueux, ainsi que des matières combustibles,
inllammables ou fulminantes.
En Belgique, il est même défendu « de fumer dans les ateliers de
«
charpentiers, menuisiers, magasins de combustible, greniers à four-
« rage
et dans tous autres lieux semblables » qui présentent des dangers
d'incendie (2), notamment dans les salles de spectacle, dans les corridors
et escaliers, sur la scène, dans les magasins, foyers, loges d'artistes et
généralement dans toutes les dépendances quelconques des théâtres (art. 8).
En Suisse, le règlement de police du 8 septembre 1877 défend, dans
le canton de Genève, de fumer dans les écuries, granges, fenils et
greniers, dans les ateliers de charpentiers, menuisiers, ébénistes, tour-
neurs et autres ouvriers travaillant le bois, ainsi que dans certains lieux
où une défense spéciale a été faite par l'autorité.
Aux termes du dernier paragraphe de l'article 3 du même règlement,
il « est défendu de se servir de sciure de bois pour garnir les cra-

«
choirs ».
Dans le canton de Schaffhouse, c'est une ordonnance du Conseil
d'tttat, en date du 29 décembre 1829, qui défend de fumer dans les lieux
où se trouvent des matières facilement inflammables.
Nous ajouterons, d'ailleurs, que cette défense de fumer, qui rentre
bien dans les mesures générales préventives des incendies, se trouve
dans plusieurs autres textes sous des formes plus ou moins impératives.

(1) Cette prescription se retrouve dans l'article 90 de l'ordonnance de 19 mai 1881


concernant les théâtres, cafés-concerts et autres spectacles publics.
(2) Ordonnance de police pour la ville de Bruxelles, en date du 27 avril 1868 (art. 3).
450 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Autorités chargées de prendre les mesures préventives des incendies,


ou d'en assurer l'exécution. — Dans la plupart des législations, il est
réservé à l'autorité municipale de prendre des décisions édictant dos
mesures préventives des incendies.
En France, c'est en exécution de la loi actuellement en vigueur du
5 avril 1884 (1) qu'il appartient aux maires de prendre des arrêtés,
notamment (art. 97,6°) pour « prévenir, par des précautions convenables »,
les incendies.
Sans vouloir faire ici l'historique delà législation, ilest bon de rappeler
que la loi des 28 septembre, 6 octobre 1791 et celle du 18 juillet 1837 sur
l'organisation municipale avaient déjà donné aux autorités municipales
le pouvoir de régler ce qui concerne les incendies et nous tenons à
ajouter que ces autorités n'y avaient pas manqué.
La plupart des villes possèdent des règlements spéciaux sinon
pour prévenir les incendies, dans le sens absolu du mot, tout au moins
pour les combattre.
Dans toutes les communes de France, Paris excepte, aux termes de
la loi des 28 septembre, 6 octobre 1791, les maires, adjoints et commis-
saires de police doivent s'assurer, au moins une fois par an (2), de l'état
des cheminées et fours de toutes maisons et bâtiments éloignés de moins
de deux cents mètres des autres habitations en prévenant les habitants
de cette visite au moins huit jours à l'avance. Procès-verbal doit en être
dressé et mention doit y être faite des fours et cheminées qui n'ont pas
été trouvés en bon état et nettoyés.
L'intéressé d'un four ou d'une cheminée non ramoné ou en mauvais
état doit être mis en mesure de faire les réparations nécessaires et, à son
refus, l'autorité y fait procéder d'office et aux frais de qui de droit sans
préjudice de l'amende encourue, conformément à l'article 471 du Code
pénal (3).
C'est aussi à l'autorité municipale qu'il appartient de réglementer
la construction des cheminées, la hauteur des tuyaux, etc., etc. (4).
A Paris, c'est le préfet de police qui rend les ordonnances concernant
les incendies, en exécution des lois des 16 et 26 août 1790 et 19 et22 juillet
1792, des arrêtés du gouvernementdu 12 messidor an VIII (i" juillet 1800)

(1) Loi sur l'organisation municipale.


(2) Cette visite doit être faite pendant le mois de février.
(3) Répertoire administratif, par MM. Antony Rouillet et Th. Ymbert. Paris, Paul
Dupont, 1870.
(4) Arrêt de la Cour de cassation, 13 avril 1849 (Gouttey), 17 janvier 1845 (Boutignyj-
HISTOIRE ÛÉNÈRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 451

ot du 3 brumaire an IX (25 octobre 1800), ainsi que des articles 471 et 475
du Code pénal.
C'est par application de ces dispositions qu'ont successivement été
prises les ordonnances de police du 24 novembre 1843, du 11 décembre
1852 et enfin celle du 15 septembre 1875 concernant les incendies (1).
Notons, à titre de souvenir, les règlements et ordonnances des
20 janvier 1672, 11 avril 1098, 28 avril 1719, 20 janvier 1727, 10 février
1735 et 15 novembre 1781.
Concurremment avec la préfecture de police, et en exécution des
mêmes lois et arrêtés, le préfet de la Seine prend aussi des arrêtés qui
contiennent, ou peuvent contenir, des mesures préventives des incendies,
notamment en ce qui concerne la construction des tuyaux de cheminées
dans Paris. (Arrêté du 8 août 1874.)
A l'étranger, c'est aussi l'autorité locale qui, le plus souvent et avec
raison, est chargée de prendre les mesures préventives des incendies.
Ainsi, en Allemagne, ce sont les baillis et les administrations de
police des villes qui prennent les arrêtés et dispositions nécessaires con-
cernant les incendies. Le droit de prononcer sur les réclamations que
ces mesures font naître appartient au comité de cercle (2) aux termes du
titre III, VI de la loi du 13 décembre 1872 (3).
En Autriche, aux termes do la loi du 19 mai 1884, sur la police des
incendies, tout ce qui concerne la matière des incendies appartient exclu-
sivement à l'autorité municipale. La commune pourvoit à toutes les
dépenses relatives à la police des incendies, si ce n'est dans les cas où la
loi elle-même prescrit des exceptions. C'est le « magistrat » de la commune
qui est le chef de cette police; c'est lui (art. 4) qui doit surveiller et pro-
venir tout ce qui est de nature à occasionner des incendies ; l'action du
( onseil municipal est déterminée par l'article 5 de cette loi qui permet

au Conseil et au « magistrat » de prendre des mesures spéciales pour les


cas non prévus par la loi.
En Belgique, c'est aussi le « Conseil communal » qui, aux termes
des lois des 16 et 24 août 1790 (titre XI, art. 3) et de celle du 30 mars 1836,
rend les ordonnances concernant les incendies. Nous aurons à citer, en
ce qui concerne la ville de Bruxelles, l'ordonnance de police délibérée en

(1) Voir note pago 446.


(2) Le cercle (Kreise) est une circonscription qui tient le milieu, àdivers points de
vuo, entre l'arrondissement et le canton français.
(3) Cette loi concerne l'organisation des cercles dans les provinces de Prusse,
nraudebourg, Poméranie, Posen, Silésie et Saxe.
452 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L*ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

séance du Conseil, le 27 avril 1868, et le règlement « sur les bâtisses » en


date du 8 janvier 1883, qui ont abrogé les arrêtés et ordonnances des
29 janvier et 5 juillet 1811,15 avril 1828,19 janvier 1839 et 13 janvier 185;!.
La plupart des autres grandes villes possèdent des « règlements sur
les bâtisses et les logements » comme celui délibéré par le Conseil com-
munal de Liège, en date du 20 juin 1879, qui ne compte pas moins de
115 articles ; ou des « règlements de police » qui traitent des incendies ci
des mesures préventives les concernant, comme celui de la commune
d'Ixelles, délibéré le 20 mai 1874 et qui renferme 518 articles dont un
grand nombre traitent de ce qui touche aux incendies et aux précautions
à prendre pour les éviter, notamment le titre XVI.
L'Angleterre, qui possède une vaste législation, n'a cependant que fort
peu de lois contenant une série de prescriptions sur un objet bien
déterminé et bien limité. La matière des incendies n'est pas de celles qui
ont, comme la santé publique, par exemple, un texte coordonné. C'est
cependant dans cette loi qui renferme « le résumé des efforts accomplis
depuis trente ans par le législateur anglais on vue d'améliorer la situation
sanitaire des habitants des villes et des campagnes (1) », que se trouvent
les données les plus intéressantes au point de vue qui nous occupe.
Le Public Health act du 11 août 1875 a maintenu ou amendé cer-
taines lois concernant ce que l'on appelle dans la Grande-Bretagne « la
santé publique »; en faisant remarquer que cet act ne s'applique pas à la
ville de Londres (cité et métropole) non plus qu'aux villes de Cambridge
et d'Oxford qui ont des organisations spéciales.
En 1847 un act (2) attribuait ce pouvoir aux autorités administratives
organisées ou, à leur défaut, à des commissaires, notamment en ce qui est
de la police des bâtiments et des constructions.
En 1848, le législateur trouva de nouveau utile d'intervenir et, enfin,
en 1875 il rendit cette loi considérable qui est connue sous le nom de
Public Health act.
Dès lors ce fut au « bureau local », sous la surveillance du « bureau
général de santé », qu'il appartint de prendre les mesures jugées néces-
saires pour prévenir les incendies ; ce bureau général disparut on 1858 et
ce fut alors le Ministère de l'intérieur qui devint l'autorité centrale compé-
tente.
Les bureaux locaux sont constitués : dans les bourgs par le maire et

(1) Des habitations à bon marché. Législation, par M. Antony Rouillet, Pans,
Guillaumin et Cie, 1889.
(2) Towers improtiemenl act, 10 et 11 Vict. c. 34.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 453

le Conseil municipal; dans les autres localités par un bureau élu dans des
conditions qui diffèrent assez peu de celles de l'élection des bureaux de
santé qui créait Y act de 1848.
Les règlements faits par l'autorité locale, en vertu de Y act de 1875,
sont imprimés et affichés dans les bureaux de l'autorité locale et une copie
do ces règlements est, sur demande, délivrée à tout contribuable du district.
Vacl de 1875 (1) s'applique dans ce que la loi appelle les districts
sanitaires urbains et ruraux, avec le concours des bureaux locaux (local
lourds); dans les districts ruraux par les autorités rurales dont les
pouvoirs, comme ceux des autorités urbaines, sont longuement énumérôs
dans la seconde partie de ce code spécial (XI).
En Irlande, les mêmes dispositions, ou à peu près, se retrouvent
dans Y act du 8 août 1878 qui est appelé (art. 1er) The Public Health
(Ireland) act 1878; ce sont les mêmes autorités qu'en Angleterre qui ont à
prendre et à surveiller l'exécution des mesures préventives des incendies.
Dans les villes du royaume de Suède, c'est en exécution d'une
ordonnance en date du 8 mai 1874 que chaque ville, bourg, port, pêcherie,
etc., en un mot toute agglomération d'habitants, doit posséder un
règlement spécial sur les incendies se référant, pour les pricipales
dispositions, à l'ordonnance royale précitée.
Pour être valables, ces règlements doivent être revêtus de l'approba-
tion préfectorale.
En Russie, la fréquence des incendies, qui s'explique en partie par la
nature des constructions dont la plupart sont en bois, a obligé le
gouvernement à s'occuper tout particulièrement de cette question et la loi
est intervenue notamment en ce qui concerne les assurances (2) afin de
favoriser le développement des institutions de ce genre.
En Suisse, les mesures préventives des incendies se trouvent parfois
dans des ordonnances cantonales ; parfois, comme à Genève, dans des
arrêtés pris par le Conseil d'État. Tout ce qui concerne les incendies res-
sort du département de police, ainsi que nous le verrons par la suite.
Dans le canton de Vaud, ce sont les autorités communales qui, aux
termes de la loi du 22 mai 1875 sur la police des constructions, prennent,
chacune dans leur ressort, les mesures qu'ellesjugent convenables en ce
qui concerne la police des constructions et signent à cet égard des arrêtés.
Ces règlements, après enquête préalable, sont soumis
au Conseil d'Etat
et ont ensuite force de loi.

(1) Public Health 36 et 39. Vict. ch. 55.


(2) Loi du 30 décembre 1878.
454 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Dans le canton de Lucerne, des pouvoirs très étendus, c'est là un


point intéressant à noter, sont attribués à une autorité toute spéciale par
une loi du 9 janvier 1877 qui a consacré à nouveau le principe de l'assu-
rance immobilière obligatoire déjà admis à Lucerne par la loi du 7 avril
1868 (1). Cette autorité qui n'a pas un caractère officiel est appelée : « la
Chambre d'assurances » ; elle a des attributions considérables en ce qui
concerne les mesures préventives des incendies.
En Portugal, tout ce qui concerne la salubrité et l'hygiène publique
de la ville de Lisbonne a été réglé par le titre V de la loi du 8 juillet 1885.
En Italie, c'est en vertu de la loi du 22 décembre 1888 que les admi-
nistrations locales prennent les mesures nécessaires en ce qui touche la
sécurité des habitations.
En Turquie, les municipalités sont également chargées d'organiser les
secours contre l'incendie en exécution du chapitre Ior (Des attributions des
municipalités)de laloi sanctionnée le 27 ltama?.an 1294 (6 octobre 1877) (-2).
Enfin, en dehors de l'Europe, et pour ne citer que les législations se
référant à de puissantes nations, rappelons que, dans les États-Unis tic
l'Amérique du Nord, il existe l'organisation particulière « Fire Depart-
ment » qui, dans les grandes villes comme Boston, New-York, Chicago,
Cincinnati, etc., sont les autorités compétentes pour tout ce qui a trait
aux incendies (3).
Il n'existe pas, à vrai dire, d'ordonnances urbaines spécialement pré-
ventives ; mais nous devons signaler quelques-unes des nombreuses déci-
sions rendues par les «législatures» de divers Etats, tels que ceux de
Massachusetts (4), de l'Illinois, de l'Ohio, de New-York, dans lesquels
les grandes villes se trouvent situées, ou dans le district de Colombia qui
renferme Washington (5), la capitale fédérale.
A Boston, l'autorité compétente « the fire Marshal » a été établie en
vertu d'un act qui date de 1886 (6), et chaque année, au mois de mai, ce
(1) Le principe de l'assurance obligatoire mobilière est également admis dans les
cantons do Berne, de Vaud et de Neufchàtel, de môme qu'en Saxe où l'État paye les
indemnités résultant de pertes causées par les incendies. Ce principe a été étendu sur
les assurances mobilières dans le canton do Vaud par une loi du 23 mars 1878 (.voir
page 157).
(2) Annuaire de Législation, 1878, page 739.
(3) Voir pages 410 à 443 inclus.
(1) Public Slalules of Massachusetts, 1882. Chapitre 205. Sections 1 à 9.
(5) Dans lo district de Colombia il faut citer notamment la section 1161 de l'ouvrii,^
U. S. Statales ut large, communément appelé « Post Roacls », concernant la ville 4c
Washington.
(6) Acts and Resolces of Massachusetts, 1886. Chapitre 351. Sections! à5et section >
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 455

fonctionnaire présente un rapport détaillé au Conseil communal. Il y a


dans ces rapports annuels des documents d'une réelle valeur et dans
lesquels abondent les renseignements les plus intéressants.
Dans l'État d'Ohio, les attributions du « fire Marshal » ont été révi-
sées en ce qui concerne la ville de Cincinnati (1).
A New-York, les commissaires du bureau des incendies ont des
pouvoirs bien déterminés depuis 1882 (2); dans le môme Etat la ville de
Syracuse possède une organisation complète en ce qui concerne les incen-
dies (3) ; cette administration, composée de commissaires nommés pour
quatre ans, fonctionne sous la surveillance du Conseil municipal.
Dans l'Amérique du Sud nous devons noter la loi organique des
municipalités pour la capitale de l'Etat de Buenos-Ayres (Confédération
Argentine), qui attribue au département dôlibôratif (4) le soin de prendre
les mesures nécessaires pour empêcher les incendies (art. 38) ; il appar-
tient d'ailleurs aux autres municipalités de prendre les précautions vou-
lues pour éviter les incendies.
Ainsi qu'on le voit par le rapide examen qui précède, partout ou pres-
que partout, ce sont les autorités locales qui ont la mission de prendre et
d'exécuter les mesures préventives des incendies ; c'est bien à elles, en
effet, qu'un tel pouvoir doit être conféré, car, il ne faut pas l'oublier, la
plupart des mesures destinées à prévenir les incendies sont, avant tout, du
ressort de la police, et labonne police est celle qui est faite sur les lieux et
selon la nature et l'importance du lieu; c'est alors de la bonne police et
elle n'est réellement efficace que lorsqu'elle est essentiellement préventive.
A ces mesures générales sont jointes les mesures internationales
concernant la construction ou la reconstruction des maisons à l'usage
d'habitation ; les mesures internationales concernant les propriétaires et
les locataires; les mesures internationales concernant l'entretien et les
réparations des locaux à usage d'habitation, les mesures concernant les
poêles mobiles, les appareils de chauffage, le gaz, etc., concernant
certains établissements industriels, les forges et fours de boulangers et
pâtissiers, les charrons, carrossiers, menuisiers, les entrepôts et débits
de matières combustibles et inflammables ; les mesures concernant les

(1) Reoised Statules of Ohio. Volume 1. Partie première, titre 12; 8° division. Cha-
P'tro 2. Sections 2449 ot 2150.
(.2) Lato of New York 1882. Vol. 2. Consolidated act law affection city of Ncu>
Y<>rk. Chapitre 410. Sous-chap. XL Titre 4. Sections466 h 470.
(3) Loi du 30 mars 1877.
(4) Ces conseils sont divisés en 2 sections : le département délibératif et le dépar-
tement exécutif.
456 HISTOIRE GÉNÉRALE DE 1,'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

magasins renfermant des spiritueux et, en général, des matières déga-


geant des gaz et vapeurs inflammables, les magasins et entrepôts de
fourrages, d'artifices ; enfin, des mesures concernant les lieux publics,
salles de bals, cafés, estaminets et théâtres

Pendant la durée du siège de Paris, la commission du génie civil a pu-


blié différentes instructions relatives à la défense de la Ville; nous repro-
duisons les suivantes, qui ont rapport au bombardementet aux incendies :

VILLE DE PARIS

(Commission du Génie civil)

// est rappelé que, jusqu'ici,


les Compagnies d'assurances ne répon-
dent pas des incendies occasionnés par guerre, invasion, émeute et force
militaire quelconque.
I. — Dans chaque maison, à tous les étages, spécialement aux étages
supérieurs, dans chaque cour, des cuves, to nneaux défoncés, baquets,
etc., devront constamment être tenus pleins d'eau ; on aura, à côté, des
seaux en nombre suffisant : l'approvisionnement devra être en rapport
avec l'importance de la propriété. Au moment du bombardement, il sera
bon de placer dans chaque chambre un seau plein d'eau ou tout autre
récipient de capacité équivalente.
II. — Les puits, pompes, cordes, poulies, seaux, etc., seront mis et
entretenus en parfait état de service ; à côté de chaque puits, on devra
placer des réservoirs ou tonneaux défoncés.
III. — Dans les maisons où il y aurait des approvisionnements
d'essence, d'alcool, de pétrole, etc., on devra placer, à proximité, du
sable ou de la terre en quantité suffisante pour éteindre le feu. Les ton-
neaux ou bonbonnes renfermant ces matières doivent toujours rester
dans les caves, et autant que possible être enterrés.
Les dépositaires de poudre, cartouches et autres substances fulmi-
nantes devront prendre la plus grande précaution pour les abriter et les
noyer en cas d'urgence.
IV. — Les approvisionnements de bois et de toute autre matière
combustible qui seraient déposés dans les cours des maisons d'habita-
tion, devront être enlevés ou descendus dans les caves. En cas d'impos-
sibilité, il faudra placer des réservoirs, des tonneaux pleins d'eau, et, à
côté, des seaux en nombre suffisant.
On devra maintenir, à proximité des soupiraux de caves, des sacs
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EX FRANCE ET A L'ÉTRANGER 457

de terre ou des volets permettant de fermer complètement ces ouvertures,


en cas d'incendie.
V. —Dans l'intérieur des appartements, les rideaux et tentures, en
étoffes autres que celles en laine ou en soie, devront être retirés au
moment du danger.
VI. — 11 faut absolument enlever des greniers et autres pièces de
débarras des étages supérieurs les caisses, amas de bois et matières
facilement inflammables. Ces emplacements, ordinairement encombrés,
sont les plus exposés et exigent le plus de précautions.
VII. — Afin de permettre l'accès immédiat des logements dans le
cas de pénétration de projectiles ou d'un commencement d'incendie, les
personnes qui s'absenteront, même momentanément, devront remettre
leurs clefs étiquetées chez le concierge.
Les clefs des maisons ou appartements non occupés devront égale-
ment être déposées chez les concierges ou chez les voisins.
NUI. — Dès qu'un commencement d'incendie se manifeste, il faut
prévenir immédiatement le poste de pompiers le plus voisin et maintenir
fermées les portes, fenêtres et cheminées.
IX. — Dans toutes les maisons, il devra être ménagé un moyen facile
d'arriver sur les toits.
X. — Les planches, madriers et autres pièces mobiles, faisant partie
des échafaudages des maisons en construction, seront descendus dans
les caves, ainsi que les bois de charpente et de menuiserie non encore
utilisés. Des tonneaux défoncés et pleins d'eau serontdisposôs à proximité.

LA RÉ P AltATION
La réparation- aux premiers figes. —Les grands désastres; intervention
monarchique. — La. charité el les bureaur des incendiés. — Sociétés
mutuelles et Compagnies.— Extrait des statuts de 1816 de la. Compagnie
'l'Assurance Mutuelle contre l'incendie; ordonnance rot/aie; acte rie cons-
titution; statuts, chapitre premier relatif à la fondation. — Nous avons
vu dans les premiers âges l'assurance s'éveiller sous la forme de gildes
et de confréries, sortes de sociétés d'assistance et de prévention rem-
placées au xvui0 siècle par la Municipalité qui.est toute-puissante.
Alors, sous le patronage de la Municipalité, la charité accomplit son
oeuvre et, grâce aux réserves qu'elle produit, les bureaux des incendiés
apparaissent (i;.
(1) Voir page 38. Consulter égalemont l'ouvrage de M. G. Cerise : La lutte contre
l'incendie avant 1789.
33
458 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'A.SSUUANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« Si le bureau des incendiés, dit M. G. Cerise, dans son excellente


« élude : La
lutte, contre l'incendie avant 1789, venait en aide à ceux que
« le fléau
avait atteints, le roi, de son côté, les parlements, les municipa-
« litôs
prêtaient aussi assistance aux victimes. Après le sinistre du Pont
« aux Changeurs, les
incendiés étaient autorisés à se retirer à l'hôpital de
« Saint-Louis pour y être
logés pendant six mois ; un crédit de 6,000 livres
« était ouvert à cet effet aux administrateurs de cet hôpital. 11 était sursis
« pendant un an à toutes
contraintes par corps, sentences et arrêts rendus
« contre les
incendiés. Par arrêt du conseil du Roi du G septembre 1723,
« après l'incendie qui, à Chàleaudun, détruisit l'hôtel de ville, les halles,
« le grenier à sel et une partie de la ville, remise fut faite aux habitants
« de 10,560 livres restant dues sur des tailles échues et décharge de toute
« imposition fut accordée pour
dix ans aux sinistrés. En outre, cet arrêt
«
ordonnait la levée d'une somme de G00.000 livres dans les vingt géné-
« ralités des pays
d'élection, à raison de 200,000 livres par an ; il auto-
«
risait des coupes dans les forets domaniales, ecclésiastiques et commu-
«
nales ; le bois qu'on en lira, évalué par les grands maîtres des eaux
« et forêts, fut
employé, ainsi que le produit des levées en argent, à la
«
reconstruction des édifices publics et privés. Voici par pays d'élection
« la répartition de la somme de 200,000 livres qui devait être prélevée
« chaque année, pendant
trois ans, en vue d'un intérêt public dans les
« vingt généralités. N'est-ce pas un peu le germe de l'assurance obliga-
« toire par
l'État, telle qu'elle est actuellement appliquée en Suisse? Ce
« tableau offre un
certain intérêt au point de vue de la proportion pour
«
laquelle entre chaque généralité dans la charge commune :

Report 103.096 livres


Paris 19.560 livres Poitiers 11.500 —
Soissons 5.600 — Limoges 9.370 —
Amiens 5.120 — Bordeaux 13.772 —
Châlons 8.492 — La Rochelle 6.432 —
Orléans 11.704 — Montauban 11.380 —
Tours 17.590 — Auch 8.320 —
Bourges 4.050 — Rouen 13.068 —
Moulins 7.890 — Caen 9.364 —
Lyon 8.150 — Alençon 8.480 —
Riom 14.940 — Grenoble 5.812 —
A reporter 103.096 livres Total 200.594 livres
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 459

Les intendants de province, dont la correspondance jette une lu-


«
mièresi vive sur l'administration aux xvue et xvni0 siècles, et montre avec
«
quelle sollicitude, quelle impartialité, quelle préoccupation des principes
,,

,<
économiques, et avec quelle connaissance des besoins de leurs admi-
«
nis-lrés ces fonctionnaires remplissaient leur mission, attirèrent frôquem-
«
ment l'attention du contrôleur général des finances et du Roi, sur les
,
désastres causés parle feu dans leurs provinces. C'est ainsi que l'inten-
«
dant de Champagne, M. de Miromesnil, demande l'autorisation de
«
fournir des grains et des subsides en argent aux incendiés, pour leur
«
permettre de reconstruire leurs maisons et de racheter des meubles
. (;1 oct. 1686).

Si le principe d'association étroit qui avait contribué à la formation


«

»
des gildes disparait au moyen âge, la nécessité de parer aux pertes
.
causées par les incendies fait renaître en France comme un sentiment
»
do solidarité ayant un caractère général. Nous avons vu, d'une part, le
«
Uoi intervenir en affectant à la réparation des dommages lo produit de
«
certains impôts; de l'autre, le clergé faire appel à la charité de tous
« pour
alimenter les ressources des bureaux des incendiés, institués
«
dans un même esprit de prévoyance. Il était impossible que ces divers
«
exemples ne donnassent pas l'idée de s'organiser plus complètement
« encore pour
combattre ce terrible fléau, et pour atténuer, clans la plus
»
large proportion, les ruines qu'il ne cessait de semer de toutes parts.
«
Nous avons parlé de la tentative du comte d'Oldenbourg en 1609 ; c'était
«
le principe même de l'assurance à primes fixes nettement posé(l), mais
«
l'initiateur avait reculé lors de la mise à exécution de son projet.
" L'Allemagne offre dés la première partie du xvu" siècle des exemples

«
d'associations mutuelles : dans plusieurs villes, les habitants forment
l( une société autorisée et protégée par le souverain : ils s'engagent entre

l( eux à rebâtir à frais communs leurs maisons détruites par l'incendie.

" Chaque bâtiment est préalablement estimé par un expert désigné et la

' valeur en est portée sur un registre déposé à l'hôtel de ville. Tout propriô-
* taire associé est tenu de payer une somme proportionnelleà la valeur de

" son immeuble, ce qui forme un fonds destiné à dédommager celui dont

' la maison est incendiée. Des bureaux d'incendiés, comme celui qui fut
* fondé à Paris dès 1717, furent créés à Hanovre en 1750, dans le
<( Wurtemberg
en 1753 et à Bade en 1758. »

(1) Pago 37.


460 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Mais les bureaux des incendiés ont vécu, du moins momentané-


ment (1), et l'assurance sous forme de Sociétés Mutuelles et de Compagnies
à primes fixes entre en scène.
Nous avons enregistré avec quelques détails cette éclosion de l'assu-
rance, d'abord sous forme anonyme et à capital-action avant la Révolu-
tion, en mutualité en 1817, puis à prime fixe par actions en 1819. Nous
avons eu la bonne fortune de reproduire le fac-similé de la première
police de la Compagnie d'Assurance contre les incendies de 1786 (2).
Voici maintenant un document qui remonte à 1817 et a trait à la
Compagnie d'Assurance Mutuelle contre l'incendie intitulée de nos jours
Société d'Assurance Mutuelle Immobilière de la Ville de Paris (3).

Ordonnance du Roi, qui autorise ta Compagnie d'Assurance Mutuelle


contre l'incendie (4).
Louis, par la grâce Dieu, Roi de France et de Navarre,
A tous ceux qui ces présentes verront, Salut :
Vu l'Acte de Société passé sous seing privé, le 6 janvier dernier, et
reçu chez maître Roard, notaire, et son confrère, à Paris, le 8 du même
mois;
Les changemens apportés audit Acte, par les Sociétaires, d'après les
observations de notre Ministre Secrétaire d'État de l'Intérieur;
Une nouvelle rédaction dudit Acte, avec nouvelles modifications,
transmises au Comité, au nom des Sociétaires, par le Directeur général,
le 30 avril dernier ;
Vu l'article premier dudit Acte de Société, par lequel il est déclaré
qu'elle forme une Société anonyme ;
Vu les observations de notre Ministre d'État, Préfet de Police, en
date du 28 mars dernier ;
Vu les modifications apportées au projet de Statuts de la Compagnie,
par acte passé devant Roard, notaire, le 29 janvier dernier;
Sur le rapport de notre Ministre Secrétaire d'État de l'Intérieur ;
Notre Conseil d'Etat entendu, Nous avons ordonné et ordonnons ce
qui suit :
ARTICLIC l'RUMiiîii. — La Société anonyme formée à Paris sous le

Voir Caisses départementales, page 105.


(1)
(2) Voir pages 39, 42 et 48.
(3) Voir page 65.
(4) Ce document disparu aujourd'hui nous été communiqué par M. Salusse,
employé d'assurances.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 461

nom de Compagnie d'Assurance Mutuelle contre l'incendie est et demeure


autorisée, conformément aux Statuts compris dans l'acte passé par-devant
Roard, notaire à Paris, le 29 juin dernier, lesquels demeureront annexés
à la présente Ordonnance, et seront affichés avec elle.
II. — Devront, les Sociétaires, se conformer à toutes les dispositions
du Code de Commerce, aux Lois, Règlements et aux Ordonnances de
Police sur le fait des Incendies.
III. — Notre Ministre Secrétaire d'État de l'Intérieur désignera un
Commissaire chargé, conformément à l'article 27 des Statuts, de prendre
connaissance des opérations de cette Société. Le Commissaire surveillera
ces opérations et en rendra compte à notre Ministre Secrétaire d'État de
l'Intérieur ; il informera notre Préfet de Police, à Paris, de tout ce qui
pourrait intéresser l'ordre et la sûreté publics.
II pourra suspendre provisoirement celles des opérations de ladite So-
ciété qui lui paraîtraient contraires aux lois et aux Statuts de la Société,
ou dangereuses pour l'ordre et la sûreté publics, et ce jusqu'à la décision
à intervenir de la part des Autorités compétentes.
Il préviendra notre Préfet de Police des réunions du Conseil général
des Sociétaires qui auront lieu conformémentaux articles 16 et 17 de l'Acte
de Société.
IV. — Notre Ministre Secrétaire d'État de l'Intérieur est chargé de
l'exécution de la présente Ordonnance qui sera insérée au Bulletin des
Lois.
Donné en notre château des Tuileries, le 4 septembre, l'an de grâce
mil huit cent seize, et de notre règne le vingt-deuxième.
Signé : Louis.
Par le Roi,
Le Ministre Secrétaire d'État au département de VIntérieur.Signé : LAINE.
Pour ampliation,
Le Secrétaire général du Ministère de l'Intérieur, chevalier de Saint-Louis
et de la Légion d honneur. Signé : PAULINI DE FONTENILLE.
Pour copie conforme :
Le Directeur général, P. V. MUNIER.

Extrait du Registre des Délibérations du Conseil d'Administration


de la Compagnie d'Assurance Mutuelle contre l'incendie.
L'an mil huit cent dix-sept, et le trois avril, le Conseil d'Administra-
hon, composé de MM. le vicomte Pinon, président; Dejean, avocat aux
402 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTUANGER

Conseils du Roi ; Costé, ôcuyer, ancien magistrat; le baron de Portalis:


le baron de Sennevas, suppléant de M. le marquis de Gontaut-Biron; et
Damêmme, négociant, suppléant de M. Ternaux l'aîné, négociant;
MM. Le Vacher-Duplessis, commissaire du ltoi; Roard, notaire ; Aubcr)
Peyre neveu, architectes; et Munier, directeur général, présens à la
séance ; prenant en considération le rapport fait par le Directeur
général sur la situation de la Compagnie;
Ouï le rapport de M. le Commissaire du Roi, qui constate que,vérili-
calion faite des actes d'adhésion, il existe plus de 25,000,030 de propriétés
engagées dans l'Assurance ;
Vu le registre des engagemens et les actes d'adhésion ;
Vu l'article 7 des Statuts;
Considérant qu'il est instant de proclamer immédiatement la mise en
activité de la Société,

ARRÊTE :

ARTICLE PREMIER. — La Société, composée de propriétaires engages


dans l'Assurance pour plus de 25,000,001), est, aux termes de l'article 7
des Statuts, en activité à partir do ce jour 3 avril 1817.
II. — M. le Directeur général est chargé de faire parvenir, le plus
promptement possible, aux Sociétaires de la Compagnie, des Polices
d'assurance qui constatent leurs droits aux avantages do l'Etablisse-
ment.
III. — M. le Directeur général est chargé de se concerter avec M. le
Commissaire du Roi, pour donner connaissance de la mise en activité de
la Société à S. Exe. le Ministre Secrétaire d'Etat au département de l'In-
térieur; à M. le Préfet de police et à M. le Préfet de la Seine.
Il est également chargé d'en instruire les Sociétaires de la Compa-
gnie : 1° par la voie des journaux; 2° par l'envoi de l'extrait de la pré-
sente Délibération.
Pour extrait conforme :
Le Directeur général, P. V. MUNIER.

Chapitre premier des statuts relatifs à, la fondation de la. Coni/ni-


gnie d'Assurance Mutuelle contre l'incendie.
ARTICLE PREMIER. — Ily a Société entre les propriétaires de maisons
à Paris, soussignés, et ceux des propriétaires en la même ville, q 111

adhéreront aux prôsens Statuts.


HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 463

Cette Société est anonyme. Elle a pour unique objet de garantir


mutuellement ses Membres des dommages et risques que pourrait causer
l'incendie, et même tout feu du ciel ou de cheminée, aux maisons et
bâtiments qui participent au bienfait de l'association, tout objet étranger
à l'immeuble lui-même étant et demeurant expressément excepté.
Ne sont pas compris dans la présente assurance, et ne peuvent
donner lieu à aucun payement de dommages, tous incendies provenant
soit d'invasion, soit de commotion ou émeute civile, soit enfin de force
militaire quelconque.
Les spectacles ne peuvent faire partie de la présente association.
IL — La Société est administrée par un Conseil général des Socié-
taires, un Conseil d'administration et un Directeur général.
III. — Cette Société exclut toute solidarité entre les Sociétaires, dont
chacun, en tout état do cause, ne peut supporter que la part dont il est
tenu dans la contribution à laquelle le risque peut donner lieu.
IV. —Le Conseil d'administration, s'il le juge avantageux pour les
intérêts des Sociétaires, pourra, par une délibération spéciale, déter-
miner les bases d'augmentation progressive d'après lesquelles les pro-
priétaires devront concourir au payement des dommages, suivant le plus
ou moins de risques que présentera leur immeuble.
V.— Chaque Sociétaire est assureur el assuré pour cinq ans, à partir
du premier jour du mois qui suit celui dans lequel il est devenu Socié-
taire.
Trois mois avant l'échéance des cinq ans, il fait connaître, par une
déclaration consignée sur un registre tenu à cet effet, s'il entend conti-
nuer de faire partie de la Société, ou s'il y renonce.
Par le fait seul du défaut de déclaration à l'époque donnée, on lui
suppose l'intention de demeurer attaché à la Société, et il continue d'en
l'aire partie.
S'il continue, toutes les conditions de l'assurance, une nouvelle
expertise même comprise, doivent être remplies avant l'échéance du terme
de l'engagement.
S'il y renonce, son immeuble est dégagé de toutes charges sociales,
comme il cesse de profiter d'aucun bénéfice de garantie, à partir de
l'échéance dudit terme, et son dernier jour compris.
VI. — La durée de la Société est de trente années, pourvu, toutefois,
qu'au renouvellement de cinq ans en cinq ans, il se trouve toujours pour
vingt-cinq millions de propriétés engagées à l'Assurance.
VII. — La présente association ne peut avoir d'effet que du moment,
ûl'i, par suite des adhésions aux présents Statuts, il se trouve pour une
4G4 HISTORIE GÉNÉRALE DE L'ASSUHAXOK EN FRAMI-) ET A L'ÉTRANGER

somme de vingt-cinq millions de propriétés ongagées à l'Assurance


Mutuelle.
Un arrêté du Conseil d'administration, dont il sera donné connais-
sance parle Directeur à chaque Sociétaire, déterminera le jour de la mise
en activité de la Société.
Cette somme de vingt-cinq millions n'est point limitative : le nombre
des Sociétaires est indéfini, la Compagnie admettant à l'Assurance Mu-
tuelle tous les propriétaires de maisons, à Paris, qui adhéreront aux
prôsens Statuts.
VIII. — La présente Société ayant pour objet, tout à la fois, une
police d'assurance et une association de bienfaisance, le dixième de la
somme que doit verser chaque Sociétaire, aux termes de l'article XXXIII
ci-après, est attribué aux hospices de Paris.
Le Président de leur Commission et leur Trésorier se concertent avec
l'Administration et le Directeur de la Compagnie pour l'exécution du
présent article.
De 1819 à nos jours, le flot des créations de Compagnies à prime
fixe et Sociétés Mutuelles s'élève formidable dans tous les pays (1).
Beaucoup ont prospéré, mais certaines, mal constituées ou trop
entreprenantes peut-être, sont tombées en route (2).
(1) UnFrance signalons notamment :
1820 Ancienne Mutuelle, il a Crr Irai tos, Caen ; 1873 liresse, Bourg; 1833 CaennuiM..
Caen ; 1832 Centre Mutuel, Paris; 1874 Comtoise, Vesoul ; 1811 F.conomie, Limoges:
1837 Fraternelle Parisienne, Paris ; 1825 Mutuelle de l'Allier, Moulins ; 1828 Mutuelle
Immobilière du Mans, Le Mans ; 1825 Mutuelle d'Indre-et-Loire, Tours ; 1838 Mutuelle
rie Loir-et-Cher, Mois ; 1820 Mutuelle rie I.gon, Lyon ; 1842 Mutuelle Mobilière <ln
Mans,ho Mans ; 1884 Mutuelle de l'Ouest, Rouen; 1838 Mutuelle rie Poitiers, Poitiers;
1820 Mutuelle de Valence, Valence; 1830 Normandie, Rouen. (Pour les Sociétés
créées avant 1819 voir page 061.
Les Compagnies françaises d'assurances à prime fixe contre l'incendie créées
depuis 1819 sont les suivantes :
1819 Compagnie d'Assurances Générales ; 1819 Le Phénix ; 1820 La Nationale; 1828
L'Union ; 1829 Le Soleil; 1837 La France; 1838 L'Urbaine; 1838 La Providence;
1840 Le Nord; 1813 L'Aigle; 1813 La Paternelle; 1841 La Conjiancc; 1854 La Union-
lc Phénix espagnol; 1857 L'Abeille ; 1863 La Centrale ; 1864 Le Monde; 1872 LaNation;
1877 La Foncière; 1879 La Métropole; 1837 La Rouennaise; 1881 La Clémentine;
1887 Commerciale.
(2) Sociétés disparues depuis 1870 :
Assurance coloniale, Caisse générale agricole, Caisse générale de réassurance et
coassiirance (Caisse llarbct), Caisse méridionale, Le Capital, Le Cercle, Compagnie
française, Compagniefrançaise rie réassurance, Compagnie, rie réassurances générale,
Continentale, L'Economie Nationale, Fr/uitable, Europe, Fraternité, Garantie Gène-
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 465

Caisses départementales ; leur histoire. — Projets de loi divers. —


Quelques opinions. — Les Mutuelles professionnelles ; les Sociétés coopé-
ratives. — La Garantie Générale et sa constitution particulière, garan-
tissant les opérations de Sociétés Mutuelles d'assurance contre l'incendie. —
Dans un chapitre précédent nous avons défini le rôle de la Mutualité et
celui de la prime fixe. Nous n'y reviendrons pas (1).
Voyons seulement la mission que se sont donnée les Caisses
départementales, les Mutuelles professionnelles et les Sociétés coopé-
ratives (2).

Les Caisses départementales sont les héritières directes des anciennes


Caisses diocésaines fondées par les évoques au xviit0 siècle et connues
alors sous le nom de bureau des incendiés (3).
Elles étaient constituées sur le modèle des Caisses ecclésiastiques de
l'Allemagne du Sud connues en 1750 sous le titre de Brand Kassen.
Ainsi que nous l'avons mentionné (4) ces Caisses ont suspendu leurs
opérations pendant la Révolution et ont été réorganisées au commence-
ment du premier Empire en 1804 avec la dénomination de Caisses
départementales.
Ces Caisses sont actuellement au nombre de cinq : La Caisse des
Ardennes ; Caisse de la Marne ; Caisse de la Somme, Caisse de la
Meuse et celle de la Creuse.
La Caisse des Ardennes a été créée par une lettre pastorale de l'arche-
vêque de Reims, S. E. Alexandre Angélique de Talleyrand-Périgord, en
date du 3 décembre 1179.
Cette lettre indiquait que le but principal était de venir en aide aux
pauvres au moyen de dons volontaires des riches, et incidemment on

ride, Globe, La Grande Compagnie, L'Industrielle, Meunerie française, Midi,


Mutuelle rie France, Mutuelle de Roubai.v-Tourcoing, Prévoyance nationale, Préser-
vatrice incendie, Progrès national, Prospérité, Provinciale, Prudence, Renaissance,
Réparation, République, Réunion, Ruche, Le Rucher (ancienne Ruche), Sauvegarde,
Union nationale, Univers, Universelle, Ville de Lyon
Le Paris-Assureur de M. Lechartier donne en détail la date de création, le capi-
tal, la valeur des actions, leur état de libération, la situation, la date des jugements,
le nom des liquidateurs et syndics et enfin la répartition accordée
aux intéressés de
ces sociétés.
(1) Voir pages 309 à 371.
(2) Voir page 369.
(3) Voir page 38 et pages 457-458.
(4) Voir page 460.
4G6 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

voulait soustraire les campagnes aux visites périodiques et mena-


çantes des bandes de soi-disant incendiés qui rançonnaient les pro-
priétaires.
Cette Caisse des Ardennes a cessé de fonctionner après la Révolution
de 1789, mais elle fut rétablie, sur la demande du Conseil général, par un
arrêté préfectoral du Pr prairial an NUI sous le même nom de Caisse ries
Incendiés.
Les collectes furent confiées non pas au clergé seul, mais aux maires,
aux curés, etc. La répartition des secours fut faite alors proportionnelle-
ment au montant des pertes de chaque individu, combiné avec celui do
ses offrandes.
De 1814 à 1818, les opérations de la Caisse des Incendiés sont inter-
rompues.
Sur la demande du Conseil général, un arrêté du 23 décembre 181 S!

rétablit définitivement l'institution et stipula que tout habitant des


Ardennes qui serait victime d'un incendie aurait droit à recevoir un
secours de la Caisse des Incendiés, s'il avait fait une offrande pour celte
Caisse. Dans aucun cas, ni sous aucun prétexte quelconque, les secours
ne pouvaient excéder le tiers de la perte de chaque incendié.
En 1868, puis par un règlement de 1875, cette Caisse a voulu revêtir
le manteau d'une Société d'assurance.
En effet dans ce règlement, il est question de cotisations fixes, d'in-
demnités à payer avec ces cotisations ou à réduire proportionnellement.
La Caisse est administrée par un Conseil d'administration, présidé parle
préfet et composé de six membres du Conseil général et de six membres
choisis par l'assemblée générale. Cette assemblée générale comprend les
administrateurs et les maires des quarante communes où la cotisation
est la plus élevée.
La Caisse de la Marne a été créée à Chàlons le 22 février 1801 ; elle
prit pour modèle la Caisse des Ardennes et elle a été, comme celle-ci, à
l'origine, une Caisse de secours pour les incendiés. C'était purement une
oeuvre de bienfaisance.
Ses commencements ont été difficiles ; pendant les premières années,
ses collectes ne produisaient qu'environ 25,000 fr. En 1810, elles étaient
de 29,796 fr..54. En 1820 de 30,255 fr. 16.
Jusqu'en 1880, c'est-à-dire pendant soixante-seize ans, la Caisse n'a
pas pu payer plus de 70 0/0 des pertes et sa réserve était de peu d'impor-
tance.
Le 28 octobre 1889, un nouveau règlement a profondément modifié
la Caisse de la Marne ; c'est alors qu'elle devient une Caisse d'assurance,
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A l/ÈTRANGER 467

sans cesser en même temps d'être une Caisse de secours, c'est-à-dire une
institution de bienfaisance.
Ses ressources se composent :
1° Du produit des collectes faites annuellement dans toutes les com-
munes du département ;
2° Des subventions et dons qui peuvent être obtenus de l'État, du
département, des communes et des particuliers ;
3" Et des intérêts provenant du placement des fonds et restés sans
emploi après le règlement des sinistres.
La Caisse de la Somme, créée par arrêtés des 14 septembre 1819 et
18 décembre 1860, est aussi, comme les précédentes, une institution de
bienfaisance. Elle est administrée par une commission dont fait partie le
préfet du département, le procureur général de la cour d'appel, un membre
désigné par le Conseil général, des maires, des conseillers d'arrondisse-
ment.
Les ressources de la Caisse des incendiés se composent de dons, de
versements spéciaux pour l'assurance des récoltes en meules, des
intérêts de fonds en réserve.
Ses dépenses consistent en indemnités et secours payés aux incendiés,
donateurs ou indigents non assurés ; en subventions allouées aux com-
munes pour équipement des pompiers, etc.
La Caisse de la Meuse a été créée par arrêté du préfet du 16 novem-
bre 1805, approuvé par le ministre de l'intérieur le 11 décembre
suivant. Elle se nomme, comme celles des Ardennes, de la Marne et de
la Somme, de la Creuse, Caisse des incendiés, et non pas Caisse d'assu-
rance contre l'incendie. Elle a été, elle aussi, à l'origine, une institution
privée de bienfaisance, et ce n'est qu'en s'enrichissant et en accumulant
des réserves qu'elle s'est transformée en Caisse mixte de bienfaisance et
d'assurance (1).
Les collectes, depuis le commencement de son existence, sont faites
par le clergé et les maires. Aujourd'hui encore, le maire doit s'entendre
avec le curé pour que les principales dispositionsdu règlement soient lues
au prône du dimanche qui précède la collecte.
Les ressources de la Caisse se composent :
De son capital de réserve ; du produit des collectes faites annuelle-
ment dans toutes les communes du département ainsi que des assurances
effectuées au bureau des receveurs des finances; des intérêts des fonds

\l) Progrès rie ta Côie-rTOr, 1895, Observations sur les Caisses départementales,
étude intéressante de M. Lévèque.
468 HISTOIRE GÉNÉRALE DE I,'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

placés ; des sommes que le Conseil général juge à propos d'y affecter;
des dons offerts par la bienfaisance, indépendamment du produit des
collectes et des versements particuliers.
Ses fonds sont destinés à payer des indemnités dans le cas de pertes
résultant d'incendie ; à secourir les incendiés qui, n'ayant fait aucun ver-
sement ou n'ayant fait qu'un versement insuffisant, sont notoirement
reconnus indigents; à donner aux communes une pompe à incendie
complète ou des accessoires, ou à les aider dans l'acquisition de pompes
à incendie ; à accorder des indemnités aux personnes qui ont reçu des
blessures graves dans les incendies, etc.
La Caisse est administrée par un bureau central composé :
Des membres du Conseil général du département et de sept citoyens
notables du département.
La Caisse de la Creuse, établie à Guôret en 1860, possède le même
fonctionnement que les précédentes.
Les tendances de l'État à prendre les assurances ont, dans ces der-
niers temps, favorisé la présentation de propositions de lois tendant à
multiplier ces Caisses départementales (1).
Fort heureusement, des écrivains de talent, des économistes ont
tenu à étudier cette nouvelle mais très singulière forme, que certains
novateurs s'efforçaient de donner à l'assurance, alors apparurent de
sérieuses études déterminant la question et signalant le danger de ce

(1) Au Sénat, la proposition do loi de M. Calvot |n° 200 des impressions, session
extraordinaire de 1895), relative à l'Organisation nationale de l'Assurance el du Crédit
agricole, et dont le but, indiqué por l'auteur, est de « constituer une Caisse nationale
d'assurances agricoles par le groupement des Sociétés départementales solidarisées -,
a été prise en considération le 28 janvier 1896 sur le rapport do M. Alfred Poirrier,
sénateur de la Marne (n° 46 des impressions). Cette proposition de loi avait été
envoyée d'urgence, en juillet 1895, sur la demande de M. Calvet, par les soins de
la questure du Sénat, a tous les préfets.
Enfin, la Chambre des députés vient de mettre on même temps à son ordre du
jour la première délibération sur :
1° Le projet de loi Viger ayant pour but d'instituer, avec le concours de l'Etat, des
Caisses d'assurances mutuelles en vue de venir en aide aux cultivateurs ayant éprouvé
des pertes résultant de la grêle et de la mortalité des animaux de ferme. Ce projet,
modifié par la Commission, ne concerne plus la branche incendie ;
2° La proposition de loi de M. Philippon, ayant pour objet la création d'une Caisse
nationale d'assurances mutuelles contre les sinistres agricoles ;
3° La proposition de loi de M. Emile Rey (Lot) et plusieurs de ses collègues, ayant
pour objet la création d'une Caisse nationale d'assurances mutuelles agricoles entre
les communes, gérée et administrée par l'État (n"s 6, 39, 190, 558, 1319).
M. Bertrand est le rapporteur de ces trois projets.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCS ET A L'ÉTRANGER 469

système, passable au temps où l'assurance était inconnue, mais exécrable


aujourd'hui.

« Ce sont, écrit M. Duhamel dans le Dictionnaire Bozèrian, des So-


»
ciétés hybrides qui tiennent de l'assistance et de l'assurance. Elles
d
constituent une véritable violation de la loi de 1867 et du règlement
«
d'administration qui porte la date du 22 janvier 1868. Ces documents ne
«
permettent en France que deux formes de Sociétés d'assurances : la
«
Compagnie à primes fixes et la Société mutuelle. La Caisse départe-
«
mentale ne rentre ni dans l'une ni dans l'autre, et il ne peut dépendre
«
d'un préfet ou d'un ministre de lui donner une existence légale. Elle
a a pu avoir sa raison d'être avant la Révolution ou dans les premières
«
années qui l'ont suivie ; mais, depuis la création des Mutuelles et des
«
Compagnies à primes fixes, les Caisses départementales auraient dû
«
disparaître. »

Nous ne pouvons reprendre toutes les opinions produites en ces


derniers temps contre la création de nouvelles Caisses départementales.
Signalons seulement celle de la Société des Agriculteurs de France :

Considérant que l'organisation administrative des Caisses dépar-


«

«
tementales priverait les assurés des garanties les plus élémentaires de
«
compétence et d'impartialité en ce qui touche la fixation du laux de la
«
cotisation, la constatation des dommages et le règlement des indem-
«
nités » (1).

Il semble enfin que les Conseils généraux, réunis dans leur session
d'avril 1896, en rejetant les projets de création de Caisses départementales
qui leur étaient soumis, ont compris les dangers qu'il y aurait d'étendre

(1) Voir le monopole de l'Etat en matière d'assurances contre l'incendie, par


Henry Cuënot. Réforme sociale, l" mars 1896.
— Etude sur la Caisse départementale des Ardennes. Moniteur ries Assurances,
15 avril 189G.

— Note relative aux projets do Caisses départementales ot nationales d'assurances


contre l'incendie, qui étaient à l'ordre du jour d'un certain nombre de Conseils
généraux pour leur session d'avril. Impriinorie Chaix, 1890.
Argus, 4 août 1890 : Analyse de la proposition Calvet.
Opinion des Chambres de commerce d'Abbeville, de Lyon, etc..
Statistique des protestations des Chambres de commerce.
470 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EX FRANCE ET A L'ÉTRANGER

ce système, qui tire son principe de la bienfaisance et non de la pré-


voyance rationnelle (1).
Les assureurs ne peuvent que se féliciter de cette tendance.

Viennent ensuite les Mutuelles professionnelles. Citons d'abord, à


leur propos, cet avis autorisé, dont la date remonte à quelques années :

« Depuis 1870, dit M. Senez, plusieurs tentatives ont été faites pour
« soustraire certains risques professionnels aux prétendues exigences
« des Compagnies à primes fixes, et des Mutuelles se sont formées pour
« grouper des industriels qui courent des risques professionnels ana-
« logues. Ces tentatives n'ont pas été toutes heureuses. On peut citer
« dans cet ordre d'idées la Mulliousiennc, qui a dû disparaître après
« quelques exercices défavorables ; la Mutuelle du Bois, qui est en train
« de mourir obscurément. D'autres Mutuelles, créées tout d'abord pour
« un risque spécial, ont été forcées d'étendre leurs opérations à tous les
«
risques de la branche incendie.
« Le succès
relatif de quelques-unes de ces créations ne prouve rien.
« La Mutuelle des fabricants rie sucre n'a presque pas apporté d'écono-
« mies de cotisations à ses adhérents et elle a eu la chance, depuis 1874,
« d'être épargnée par les grands sinistres. Une Mutuelle spéciale de ce
c genre a été créée, également, à Roubaix-Tourcoing. Elle se propose
« d'assurer les peignages, tissages et filatures, toujours pour se sous-
« traire au relèvement
des tarifs amené par de nombreux sinistres.
« Le danger de ces créations est
incontestable. Elles seront une
« grande déception pour les sociétaires. La faible cotisation des pre-
« mières années se transformera rapidement en appel du maximum et
« les indemnités risqueront de ne pas être payées intégralement, malgré
« ces appels. La réassurance fonctionne, d'ailleurs, très mal pour ces
« Mutuelles, et l'on sait que c'est là une condition nécessaire du bon
« fonctionnement des assurances.
« Le commerce des tissus de Paris semble ne pas avoir compris ces
« dangers. Une brochure intéressante publiée par un assureur compé-
« tent, M. Doucerain, fournit des détails très précis sur les projets
« de la Chambre syndicale des Tissus et Matières textiles.
« A la suite du relèvement des tarifs pour certains magasins de
« nouveautés, cette Chambre a nommé une
commission qui a conclu
« que « le groupement en une
mutualité spéciale professionnelle des nô-
(1) Consoils généraux : Aisne, Doux-Sèvres, Dordogne, Lot, Meurthe-et-Moselle--
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTUANGER 471

^ociants en nouveautés et tissus procurerait à ses adhérents une



économie annuelle considérable sur leurs frais d'assurances ».
»
«
La brochure de M. Doucerain répond victorieusement à tous les
,-irguments que la commission a mis en avant. Ce n'est pas sans raison

que les Compagnies à primes fixes ont relevé les primes de certains
,
«
magasins de nouveautés. Depuis quinze ans, ces magasins ont occa-
sionné aux Compagnies une charge de quatorze millions et demi de
,

francs environ. Mais, dans les tarifs, il est tenu compte de la différence
»
dos risques.
«i
Les grands magasins qui renferment des produits de toute sorte,
,
la plupart étrangers aux tissus, forment un risque à part, qui est la rô-
ti
sultante des risques très variés, et l'expérience a appris le côté dange-
« reux
de ce risque. Aussi nos Compagnies, suivant en cela l'exemple
.,
des pays étrangers, ont taxé fortement ces établissements, véritables
-
bazars de l'industrie. Le Printemps et la Place Clichy sont tarifés à
«
ô francs pour 1,000. Quatre autres magasins payent 0 francs. Ce sont :
«le Tapis-Rouge, la Ville-de-Sainl-Denis, le Petit-Saint-Thomas et
t l'ggmalion.
«
Quant aux magasins de tissus en gros ou en détail et leurs congé-
i'
nères, merciers, bonneterie, etc., ils sont soumis à l'échelle la plus
«
basse du tarif : 75 centimes par 1,000 sur marchandises. Les fabriques
;'i rez-de-chaussée payent 1 franc par 1,000 et les fabriques à étages
"

«
1 fr. 50. Un voit
que les deux natures de risques sont traitées tout
<•
différemment.
* Dans ces
conditions, convient-il aux négociants et détaillants en
"
tissus ou matières textiles de se grouper et de former une mutualité
*
spéciale? La question est complexe. Si les négociants et détaillants
"
ordinaires pouvaient espérer une réduction de leurs primes, on com-
" prendrait leur union en mutualité; mais ils trouveront en face d'eux
«
les propriétaires des grands magasins de nouveautés, qui ne manque-
« ront pas de leur demander des tarifs abaissés pour eux ; et que deviendra

' alors la mutualité privée de la plus grande partie de ses cotisa-


« tions 1?

« M. Doucerain l'a dit avec raison : ce sera le voyage du pot de fer


* et du pot de terre. Gare au premier choc! Ce n'est pas tout : la réassu-

" lance est indispensable aux Sociétés qui acceptent des risques impor-

" tants. Peut-elle être fournie par d'autres Compagnies sur des tarifs

« réduits? Et, si elle ne l'est pas, quel danger courra la Mutuelle! Le

* Louvre a un total assuré de 26 millions ot demi pour marchandises, le

* tion Marché de plus de 24 millions, le Gagne-Petit de 7 millions et demi


472 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« en nombre rond, la Ville de Saint-Denis de près de 5 millions et


« demi.
« Qu'un sinistre fasse disparaître un de ces établissements, et la Mu-
« tuelle qui l'aura assuré sera paralysée pour longtemps dans son fonc-

« lionnement. Le dilemme est donc celui-ci : ou les négociants cl


« détaillants se grouperont en dehors des grands magasins de nouveautés
« et ce groupement n'amènera aucune économie notable, tout en suppri-
& mant
la garantie certaine de la prime fixe — ou la Mutuelle aura pour
,
« adhérents les grands magasins et ses tarifs seront augmentés pour les
«
petits sociétaires et les chances de pertes seront plus élevées pour eux.
« Cet exemple prouve, une fois de plus, que la mutualité profession-
« nelle a ses dangers. Elle ne pourrait se comprendre qu'avec des risques
« d'égale intensité, très divisés et peu importants. Avec des risquesdau-
<t gereux
et divers, la porte est ouverte à toutes les aventures et à toutes
« les incertitudes de l'avenir. »

Naturellement les opinions varient; ainsi au sujet de la Meunerie


française d'ardentes polémiques ont été soulevées et, se basant sur l'opi-
nion d'auteurs et d'avocats en renom, il s'en est peu fallu que les parti-
sans des Mutuelles professionnelles ne triomphent. La voix de la raison
l'a emporté et, sauf pour l'assurance contre l'accident où il existe quelques
Caisses syndicales d'assurances mutuelles qui sont en leur genre des
Mutuelles de risques spéciaux, la branche incendie ne compte plus de
Mutualité professionnelle.

La Société coopérative fonctionne et prospère non en France — malgré


les voeux des Congrès de la coopération, — mais en Belgique et en Angle-
terre notamment.
En Angleterre, dans la ville de Manchester, il existe une Société
coopérative d'assurance très estimée. Elle a été fondée en 1867, et
s'occupe à la fois des assurances contre l'incendie et la fraude et de l'assu-
rance sur la vie (1).
.
Sa situation financière, à la fin de 1888, était la suivante :
Actions souscrites Fr. 796,379
Capital versé — 398,129
Primes encaissées — 7,806,375
Solde créditeur — 285,000

(1) Conférence de M. J. Odgers, traduit de la Coopérative New par Mauiii; 0


Jametel. — Globe, février 1887.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 473

Les règles adoptées par la Compagnie coopérative d'assurances de


Manchester sont les suivantes : un intérêt fixe au capital ; les bénéfices
sont ensuite accumulés comme garantie.
En Belgique, la première Société d'assurance qui a pris la forme coo-
pérative, c'est 1' Urbaine belge.
Cette Société a son siège à Bruxelles. Fondée en 1888 par M. Joseph
Gobcrt, elle a pour objet l'assurance à primes fixes contre l'incendie et
contre tous autres risques. Elle peut aussi accepter et céder des réassu-
rances. Ses opérations s'étendent en Belgique et à l'étranger.
Le capital social minimum est fixé à 2,000,000 de francs, divisé en
'1,000 actions d'une valeur nominale de 500 francs chacune. Sur chaque
action il doit être versé une somme de 125 francs, dans les six premiers
mois de l'admission. Le restant ne doit être versé qu'en cas de besoin et
par quotités de 25 francs par action. Les versements devront être
distancés de six mois au moins.
Pour être admis comme associé, il faut avoir des valeurs assurables
contre l'incendie, et prendrel'engagementde les faire garantirpar la Société.
Sur les bénéfices, après la formation de réserves suffisantes, il est
prélevé la somme nécessaire pour servir : 1° un intérêt de 50/0 au capital
versé ; 2" aux assurés belges 5 0/0 de la prime annuelle si celle-ci est de
5 francs au moins et si l'assurance est conclue pour plus d'une année. Le
quart des bénéfices est ensuite réparti aux bons de participation. Le
restant est partagé comme suit : 50 0/0 aux assurés belges dans les
conditions indiquées ci-dessus ; 40 0/0 aux actions sans tenir compte de
la somme versée, et 10 0/0 aux membres du Conseil général
Enfin, il nous reste à signaler le système de feu la Garantie
générale, dont nous avons déjà parlé, qui avait pour objet :

— De garantir la sécurité des opérations des Sociétés mutuelles
d'assurances contre l'incendie, l'explosion de la foudre, du gaz et des
appareils à vapeur, existant en France ;

— De provoquer la formation de nouvelles Sociétés mutuelles
contre les mêmes risques ; de concourir à cette formation, et de garantir
la sécurité desdites nouvelles Sociétés
;
— D'aider au fonctionnement régulier des mêmes Sociétés mu-

tuelles d'assurances, en leur fournissant tous fonds nécessaires.
Le maximum de la garantie de la Société, sur un seul et même
risque, ne peut, sans réassurances, excéder 500,000 francs pour ceux de
l'espèce la plus dangereuse, ni 1,000,000 de francs pour ceux de l'espèce
ta moins dangereuse.

34
474 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A i/ÊTRANQKR

Police française. — Fac-similés. — Première, police belge.— Les (rois


plus fortes polices du monde.—La police d'assurance est le contrat que les
Compagnies passent avec l'assuré ot qui stipule les conditions de l'assu-
rance.Ces conditions sont générales et particulières. Les conditions géné-
rales sont celles qui s'appliquent à tous les assurés et qui, pour cette
raison, sont imprimées sur les polices; tels sont tous les articles qui indi-
quent à l'assuré ce qu'il doit faire en cas de voyage, vente, décès, liqui-
dation, sinistre, et qui lui fixent les causes de déchéance, résiliation, etc.
Les conditions particulières sont celles qui sont applicables à chaque
assuré séparément, par exemple : le montant de l'assurance et celui de la
prime, le mode de payement, la qualité de l'assuré, le nom du béné-
ficiaire, etc. Ces conditions particulières sont manuscrites. (Voir page 60.)

FAC-SIMILK'D'UNH POLICK D'UNI-: COMPAGNIE IUANI.AISI-: D'ASSU-


RANCE CONTRE L'iNCHNUlH, [FAISANT PARTIE UU SYNDICAT
GÉNÉRAL 18'J(j.

POLICE
CONDITIONS GÉNÉRALES
OBJET OE L'ASSURANCE tde*unm obilitrt's. tuais aussi a l'assnrancrdu renourt locatif, du recourt dei««friu) du rv.ir
et
locataires routre lit prupneUires et * Cissuraucc contre t'eiploiiou de IJ JmJit. i a
AftTlCLK PhCMlE* La Coin |>i£n ic assure outre l'ni'-emltr 1„, m*,»,. ,.,|-;t ,.<;t oi*<-:uiiin>u' de -i] l'électricité cl de la sapeur. . >

Sar lr feu du ciel, toutes lud propriétés injbilleros ut tunuibitiùroa di-i^nee*. ART. L'assurance ne peut Jamais erre uns cause de Iwnifler pou» l'usiné : ill- ><• ii
mis la présente police, il in» le» situation* qm y sont IIIJI|<IVO» et II.KI uiikjii, sauf ic i)ui «araulit6.
est il il a I article 11 ci après. lapurées,
, une rind-uiiiilè des perles réelU** 'in'd approuvées, lîn cnu^ioencf. le- u
Klkass.ureausii,encasd'inrcndic.tlquindlasti(>ul-ili<inviie*t'.i.Udtn» les
la poliovi-lrtan*le< pMifcut être prîmes pcr;Uï!s, tei désiuiL.itmn» cl étilnaiioiis contenues dinv U |>>i : ,i
UDIICI indique*par les condition* généralesri partieulu-ri-de n-iie pulnv.les risquesi-aprrs : ',
Le recours looatil, e'e*l-à-dirc lt» cJcl» maléucUiU-la n-|»m>ilnlii.'ra l.iqucllt: I assuré \présomption de ieust-uce
np|iDsi:us ni uno'|<iè^« par I assuré i.uimue uiw rac(miiai*s'iiiee un- |>i
uu de la »aleur des objets assuréi, soit ab luoiucui <!• i v<<" r
»•'
est -iuitn». connue locataire, ans tenues de; artiel'i* lî'ij ri i ; w d'i dde >IMI, soit au inomeot de l'iuccudie.
Lu rocoura contre le colon paritaire, rcii-â-dne I > ciltts HIJUIK-K de I.I n« DU PAVEMENT DES PRIMES
puiisabilité ii laquelle l'assuré peut élrr tournis, u'iintiu' LUIJII pailum- JU! k.inc île IJ l-ti
du li juillet U83, Code rural, litre IV, article % A Ht T. Les primes d':i* *u rinces, • compris U:s droits d'ent'^'islr.'iueut >*t J- ti'nt-r> riil.'i
Lo recours dus voisina. c'cst-a-dire les su.tirs tniiériclles il.! linlt- iflion tpir tes par le-, lois du il a'iiit IHl 1 cl du 'sa deVeiiittr* iss; el h-* Irais d- ntyerlu.u ne . »i
voisins pourraient cterrer outre l'apuré, pour <onuii>ini. jiion il'iurcii lit; à l.:m -. tniiuienis, I'JIIS,
mobilier» et marchandtsc*. en vertu des arliulcs iiil. I:MJ, IJU et tisô ditil C-ide.
I

i<ne annuellede cifi'|'n<it: centimes. »uut pivibte^ ciuipta >t el d nm-r '•, (m ,
au sie^îdila Cu<ii|>a^mc, et dans lu* depuiUmcuû,au bjrejii de l A;>,i:c |n». ,-•
J
La rcoour* das
sabiluc encourue par ce*
locataires
derniers,
contra les propriétaires, on les cMs de l.i u-pori. Celte de Inn été souscrite.
ou
lut termes de* articles UiO >! 1721 tin même C« le pmir raii.e est a C Tel
les du minages iLiatéiii:lscau»c>au i mobilier.» cl uuiii !i,mdis>-su',s<litslu'Ml:iires.iiiruu niccii-lic
la police
lire mure auuée se paye au moment d: la Mjinl'in-
<U l'iidcnaiu iViuv
''
h |ioli>v. namil i i- i
h ca< ou l'eilet i-u e>l il nier,'. Ii (,i,uiu-!t rnu. . .
de
qui aurait eu pour cause un vice construction ou un iWaut d'entretien «le l'immeubleInné. n'être payée qu-: la veille du jour où cou»mince l'issiiranti1 llm< le r\- u-i l-aii'lit lt ,«,'
La Compagnie a*iuic également,contre le* dominâtes autres ipiect'iu trnKendie.prmiNi.iiii lunliri! serj nécessaia-, le cuit eu rettera a ta cliar-ji- dus a%Min:> p-mr tous lo* ;t'ni|"f-
de (explosion de la foudre, dj cjoa ou do l'cloctrlclta striant a édairei. ci dos
appareils ù vapeur, b» objets dé|3 js>.ure> par elle contre )mendie. Inr.qu: rlinmin <lc dnïèrenls droits,
llatu
reiiicnl
tous
établis
les
sur
ca»,
le*
l-;s taies,
contrats
droit-, et impôts a>i|uurJ'liuictiilanls on <|m seriivut I"MI .
nu pri mes d'assurancs.ainsi ^ u-He.^ frais de rcrooTi-iii'iM'
les
c naque* est siiéeifle dans la police par une clause >pcciale.clIIU/CIIHJIIIun ..uppléiueiilde
prime paye par l'assuré. \ La pru de h
ta tes
police,
et
thé
iiupolssonl
a, *2 Traucs.
A la charge de l'assuré etsunl payable en <"' -b- p>- » •
ci te pr.i de laïuuji.l. tlie a I franc. M»UI I lt au-,
AHT. 2. ta Compagnie n'assure pis Ici dépit*, tin^imis et fabriques de poudre a tirer, de l'assuré et se payent lors de la signature.
k» litres de toute nature, le» pierreries el perles unes, autre» que cwlle* iujntées tt à usage Il n'y a assurance que lorsque la.surc a paye une première prime a la 0»U|JI-:"" ' l '
prr*-i>imel. le* billets d» l>aiii|ue, lingots et les monnaies d'or on d'ar-unl. te liante celle-ci lut a lait tiçner et remis uiu,police datée, et sijjiiën des partit--.. oi.w ' '-•''
I:i1e ne ftarautil pas le» dwiuiuaget d'inceiidit: «a a ni lui veea^ioiiiiés par les volcan* et Cl. dans le cas oïl cette pûliee no <: un «laie pas le payement de la iireiiiirre pnnu\ I"! ' ' ll
tM'iÉitilei|iL'Lils de terre nue quittance séparée juUJIicalitc dudit payement él signée par i'A^-ul i-'m^H" !L"l,k J 1

Kl le lie répond, eu aucun cas, des objets perdu* ou volés pendant ou aprrs l'incendie. poa«uirs. L'elT^l de l'assurance ne commence jamais quj le lendemain a midi.
AHT. 3. 1.'assurancecontre l'incendie ne cuinpren<t|ui Ici dcicnoraliuii* quekumpies pro- A«r. 8. Les primes dcvauniies smvauies dunenl cire étalement payées luniiitin' " ^ "

*e»aiil de la fonnentalion ou du lice nropre de la eliusr assurée, nonplui que Ici pertes ré- des termes liiés par la police, uu à l'aman siejçe de l.i Connu;;me. QtuhHsIryl-i""'^'
sultant d'un défaut vu d'un accident de fabrication ou de tout autre accident qui n'est ras an bureau de l'Agenceprincipaleon lu police a élesuiiserile. La seule écliéamc il" t' ' "' ''
un incendiei nolaintuont les bm de places, icneî. crul.im, v.ise;,'n>teusilesde niC-ua^c, lui. tilue l'assuré en demeure, sans ju il soit besoin de Icllre cliarxéeou déclare
d jele i-itraj".1""-' *••'
brûlures aul vêtements, la perte des uujels qu'on a ]ilci par urreur ou dt>trjcti'in, uui l'y eonstitiier.cl r.e, de convention e»presse avuc l'apuré qui de* a preiem i1 • ''
lamé loinlwr pii-mé/arde dans II foyer, et autres .n-i-i.k-m-, tau.ta par la clialcuv ud le feu, se prévaloirdans aucun cai. i0it du ikl.iul de im-c en ileuieuce, soit de I u-.i-;e "" l' ' "''',<
!,aii4 incendie, ne sont pas a la charge de la Compagnie être la Compagnie de
ou ses Agents taire réclamer ofdcttiuM'ineiit. •|""' d** l'ur l': '" ' ' '^
^

L'a-isurance contre la foudre ne comprend pas les dt-^ab muses par les tromhts. U\ OIIIM-. primes à domicile. II est en compensation accordé à l'assuré, pour acqjittcr le-uu M"
i;ans. les tourbillons, coups tic vent, cyclones uu par luul pliénouirue luetéurulv^ique autre; des années suivantes, uu délai di $;râr.e de quiu/e jour*.
que la ctmte de la fuudre- c
A déraul de paycinent,dans délai,de l'une des primeséchues. *l smis AU, il son in- '
Celle contre l'ei(iloskon des chaudières a vapeur ne s'étend pas non plus aui dominâmes des eu ne demande on mise en denAure. t'eifcl de l'assurance l«^le SUSIUTIHIH: l^s<" ^ ^
i ll<
{

droit 4 aucune indemnité,et la Co-iipa^nie se réserve le druit il'; r*s ,;,'., h(l.,
c refasses ou û.isure.- causées par l'usure uu les coupa de leu. l.a Compagnie n'est icipuiisablc
.
e sinistre, n'a
que des dommages d'tiictiidic qui sont la suite de ces accid<:ni.s. inoycn d'une simple notiliralion p»r lettre recommandée, on
La Compagnie ne répond' des tulles, des, dentelles, du» cachemire», des mcil.ii!1es. desi l'eiécution. L'assuré encourra cctl* dédiéan :e connue pénalité stipulée pour \t . ^ ( 11(
d'en pojirsunre pi --
j,rc.,lc-
( ^
bijout, de l'argenterie, des 4ableaut, des gravures. dc« statues, il. en }• 'iii'c»!. détins le»i l'etéoiition de son cnaa^cmenL et par l'eil'et de ta coovcutiun ci-d-ssus (<\ri ij,)1,.|j,
objets rares cl précieux, mobiliers ul uiiiiiobilicrs, que lorsqu'ils sont spécialementd-Hi^iiess S"' slinéa.du C. C). a laquelle le recouvrementd: piuues antérieuresupc-re au uni . fij ,|tlJII
dans la pulice.elqu'uucapital distinct est alfectêa la garantie de chacune de ces espùces d'objets. sure, que c« recouvrementail été accidentel ou bahituKl. ne pourra appo-rter an "?5 ,,,,„, „
AHT. 4. § I". lin cas de guerre, d'invasion, d'insurrection, d'émeute, de amiplot. de inou-
. L'as>urance resta suspendue, même peiidanl Ws poursuite cu-çcess par ia . ' ,r,,,i
vémeut populaire quelconque, la Compagnie n'est rcspun»ablc de l'incendie soit dus bâtiments payement Ai la prime écluie. Mais la police reprend «ou eifet le leiidemm»,»•""" ,|; ,Jf ,ue
su il desolijets mobiliers y rinfennes ou placés au deliors, que si l'assuré prouveque cet incendie
payemnt.tdsla prime arnéréeet des (rais, s'il va lieu, a «i e ta) l *la *-oini«a««»l* " ,, 4 t m -«-"Jl*
11 e*l biencnlenduqnele payementde la nriineéctiue. auecluê pendant uu Jj
B
ne proîient ni directement ui iiidirecleiiienl d'aucune des circonstancesci-dessuscruinerét:s 1

^ 2. Les dispositions du para^raplie précédenl sont également applic-diles en temps deL. ne donne a l'assuré aucun droit d une indemnité.
paii, eu cas dif canlouueuieut de soldais cliti Itiabiianl par hintc de inobilisatiun,lu-iiiniiivre I DES DÉCLAHATIONS ET OBLIGATIONS DE L'ASSUMÉ
ou simple déplacement de troupes, à moins cependant que, psr une clause manuscrite de la
police et moyennant une surprime spéciale, la Compagnie n'ait consenti à accepter cellee Art ». La police d'assurance est rédigée d'après les dé'l.iration-. «lu I J'''!1^fl,CK,(inir*
Eujgravation île risque éventuelle. La Compagnie se borne â appliquer-,en raison de ces ilit-laraiioiis,les n i ^ çlt,^,
AHT. S. La Compagnie nesl jamais responsable que des dommages matériels; clic ne c tarifs. Aucune allégation ne peut doue, après sinislrj, être opposée, IK u (
doit aucune indcmntto pour retard dans le ri^lL-ment ou payemi'iit des dommages, pourr outre ou contre les cnonciatious de la pulîce. . n'^wnr '''"'' (1
cliarmement d'alignement, défaut de location ou de jouissance, résiliation lit; biui. cbouiagec L'assuré doit déclarer et (aire mentionner sur sa police, sout Peln'~'
, tR (ui3iitr
>"»

eut o"i««iWie, d aucun* indemnité, ù le* nbjels assurés lin "pl^'V".,!;«


.
et toute autre perle non matérielle. a<lui"">1"'
Toutes les dispositions et eicepttom résultant du paragraphe précédent, ainsi que des ir.. eo partie, «'il est usufruitier,créancier, locataire, coi»missionnaire,aepo* * ^ u ,, jjgt
ticle. 2.2CI *<i-d"»«s. sûiil,iiqnV:diU-n-.i. sciilemeiit âTavuraiice <ler.V".|.(n-l^ iii-iliiliêi'ckk leur, •lutidaiam*. a.-ioëic» wn.U-ur a réméré, et uenérilemeiiien uueue. i
HISTOllïK filiNÉRALK 013 I.'ASSUIIANCB EN FltANCE ET A i/ÉTRANOEK 475

,i n;tt ; sf les
bâtimentssr.nl rr-nstrnlts sur Ir trrratn d'autrui. si 1rs divers étapes, lines.lneetitairrset
li rart'tres.t-ir.ar tons aulrrs nitrjrnsfldonitnenlscn son pmroir.de11listti'e
,,|! i-riïfs du bâtiment qui lormc on qui renferme le risque assuré apparlicniinil cl de la valeurdes ohirt s assurésau moment «k l'uicrndii:.amsiqHrderiiuporfancedu dommeRi.
' "i.ri."ii""- diflérrnls. si les bltimrnls assurés sont contiens a des halimenls r.iu- L'assuré qui ria;:rrc snnntncnl le montant des dnimnages. relui qui suppose détruits pat If
'''i' rn chaume, en papier on tissus jjnndronnés,vernis ou
bitumas, a une usine, foi
fr des ohjrts qui n'eustairnt pas au tnomrnt du sinistre, celui qui dissimule tout ou paMi*
'"- r ilr'i'rr. ou a des êlanlis*crornts conlenantdrs marchandises on des produits d une drs
,« >l< objets sauvés, relui qui emploie, romuir justification,des movi-ns ou dorumrnts mensoo-
i*' ï'".fr'ti*r. La stipulationque ("assurante est laite pour le compte de qui il appartirn- pt-rspi ou fraiiduleut, celui mbii qui a voloiitanni.riit ransé Tinrrndie éîrs objets assurés n.»
*< " !ff„ )i!iniir. lorsqu'il s'afiit dr tnarrhandisrs. Nonobstant relie clause, l'indemnité, m ri a farilité les progrès, est entitrrinint déctii de tous droits i une indemnité, sans qVil
f'' ''' i, s'in-ire. se rèftle eitlnr-tvcmcnl avec le signataire de la polire. et les causes de puisse, p1 en auriiti ras', demander la division entre les objets assurés, cl la Cororajtnif a 11 F»-
> '' " ,.„, <mi avant, so'l après le sinistre.pourraientêtre rnrouriirs par son fait, s'anpli- rullé n de résilirr. mrmr par lettre reronimandfc.toutes 1rs polices qu'elle a rootrartétsavtt lui.
'''J'i'r«''î'',"ïCII°niaui •n8rf',:,l|disrsdont il est propriétaireet à relies dont il a le dépôt. OU RÉGLEMFNT ET DU PAYEMENT DES DOMMAGES
'*'" 'i-"
rj* de rtérrs dr l'assuré, la polire continue de plein droit en faveur des litri- ART. 19. Lrs dommatics d'incendie sont réslés de ^ré a pré, ou évalués en suite 4*«-
ir i,it,ni tinu* solidairement au pavement des prime*, quéle.
q s'il y a lieu, nar don experts choisis par les parties, soit *or Us licin, soit ailltur*
"" ' ,if K nie eu de donation drs olijels assurés, le vendeur ou le dcnalenr est tenu on Ils' f s'adjoignent, s'ils ne sont pas d'accord, un troisième eipcrt ; les trois eiperts opèrent »o
' ,',r, prnpriélairr, une stipulation spériale, désignant l'assurance nui- roiiiinun, à la inaionté drs von. Les parties peuvent ei^ger rcpcrtnemcnt ijue le troisiinje
:>" nciiran l'^Vlipatifn de par
* '•'" àgBtt*% continuer la police, ou ik payer a la Compagnie, outre reiperl soit choisi riois de l'arrondissementon réside l'assuré
"' ' -'f^^î^onemdrmnité éfiale à deui années de prinir, i litre de dommage*-intérêt s
,.
Vante par Tune des partie; de nommer <on eiperl, ou par les e inerte de s'entendre sur le
'V "' i!- <*•'!'. dr veille nu de donation. 1rs bon tiers im non v< mit propriétairesdruvtnt rlmn d'un tnusirme ripeit. il est désipnéd'office par le président du Tribunal de coiomerrr.
'.'.', -'i
>'Mi
if'ir qualité dans le délai d'un mois, à dater du j»nr du arecs, de la vente rou. 0 a défaut, par le [ursnlent du Triitunsl rivil de l'arrondissementoù le sinistre a e« lici
'' " ';, i.ih.ni. rt faire constater Irur diVlataliou par un avenant. Les ciperls sont dispensés de toute formalitéjudiciaire.
,'".*,'.î,- (|i(.M.iriti«>n iln risque pour cessation de roiiuiierrcnu (ouïe autre cause, il est du a la Chaque partie paie son eiprrt. sans quote-part dans l'indemnité. Les-honoraires du t»m-
.'Vf i nir>-d'indemnité,unr somme épalc.i uni" année tic prime,outre 1rs prunes érburs. sirmr rsprrt et les frais jaits dans un intérêt cuuimun sont supportés par moitié cotre la
f .*'"•-t-' i-'inidatinn de Société, de snsprnsion dt payemmls.. df déconfiture,rie faillite, de ,.i'.onipat;nie i et l'assuré.
!. |i;.lri,iivr,drfaisicmobilière
. on immobilière,i'a«u ré «n 1rs ayants droit sonl Irnu* Taiit'que.l'cipertiseamiable n'a pas eu lieu, l'assuré n'est recevante t intenter atituar
lor-Vril. dans le délai de Irois jours, la liquidation,sirpension,déconfiture,faillite. arlion
i f/r
s en justice contre la rompajime.
',''".
un iiiîli.'wirc ru saisie, rt de demanderartc de leur ilér'aralinn par un avenant. ABÏ. 20. Les iuiuioihles, y compris les ravrs rt fondations, mats déduction faite dt la
il Aonl *'c transporter 1rs objets assurés dans d'autres lient <]lic ccui désipnés valeur du sol. el les rlftts mobiliers, sonl estimés d'après leur valeur vénale au jour de l'in-
'''.', (r||ff' t
mnsferr-rd'unlieu dans un antre l'eBtt de l'assurancedes risques locatifs, cendie, en tenant compte, notamment,(de Tétai de conservalion ou de vétusté, ou d'anti»»
''' î..['.. «!>ftilr -in propriétaire.del'ciptosinnde ta fondre,du gai ou de» chaudières,i vapeur ; causes
(
de moins-saluc,des phi récents d'acquisition,ainsi que de tous autres dornintuls.
'i!-rnl. (un-dans1rs bSlinirnls assurés on ri'iifrrmanl les objets assurés des changements r Les matières, denréeset marrlianrii?csde tonte nature sont évaluées chez les marchand*
t-i.iiri-ftinii* I 11' a"pinrnlcnt 1rs risques: et
f négociants au cours d'achat du jour du sinistre; clin les fabricants, les marchandât*
iii-i
...
,1,tntlir dans rcs batiuimls une fabrique, une iisnir, un théâtre, une profession ou fabriquées j voie de fabrication, sont estimées au cours d'achat, du jour du sinistre.
..'.viv'iHii' qui-lronque augmentant les danpers du (eu; ou en
, matières premières,a Téiat brut, augmenté des frais ordinaires de fabriralion déjà faits
drs
.
"\, ,< i<:ii<iiliiirc
i
1"
.(f'r-'ris itatis Tassuranee.
des denrées, drs marchandisesou drs objets d'une nature autre que an - jour de l'incendie : toutefois si. par *uilc de nrrcn'tanccs quelconques,re prii de rrvirnv
dépassait le prit de s tu le du cours du jour du sioislre, celui-ci serait applique sous la
,
i.-ir'i
"t ifiiti. sous peine de déchéance, dr le déclarer par érril, tl de faire mrntionnrr déduction
V ,nin i .!?iitla polirr. rtdr pajer. s'il y a bru. une aupmtntatioo de prime, d'aprrs le
i , des frais restant a faire.
Dans aucun ras, la Compagnie ne doit de bénéfice : elle ne peut non plus être tenue de
j'(,.,;,
,
h l'' mpapiiie rn ti^uriir anTiniiiirnl de la derjaralion. rien
i payer au riilà de la somme assurée et de ;a part daus les frais d'eiperlise
propriélé coiitiuur a celle asMiréc que $nrvirnnfnt 1rs modifiratir-ns api:ra- ART. îl. S'il résulte de l'évaluation de pré à cré ou de Tcipcrliscque la val ru r des objet*
, ,.i -lin- li Ions autres rhati^rniruls à sa ronnaissanri-pouvant ausmenlerlcs rbaure*s' ;assurés par l'artirle atteint de la police était intérieure 1 la somme assurée,l'assuré n'a droit
,.. i!---;]s, rt
de le ilerlartr par écrit a la Tvmpagnie dans le délai d'un nmis. qu'au
) .
est
;t •i-vtr talion de prime
\ trnu remboursementde la perte récite et constatée.
-ri n: nifii détiriiunrr par les iarifs de la Compaqirn* di iium-ur au1 , Si, au contraire, il est reconnu que la valeur drsdils objets eirédait. au moment de Tin-
'.
. ,.-
.
ii.ulifititipns«m rliatiptiufiitr. L'anurc peut toutefois, dans l<-us 1rs thiUrrnts tciiilie, la somme a'-sun'e, l'assuré est son propre assuirur pour l'cicédent, cl il support!,
i,",. - tr.client, s'il ^r refuse a acrrptrrrrltc auptnrntalion rie prime, oblrnir la résiliation1 ,en n-tle qualité, sa part des dommages au centime" rt franc.
'/.,', }o>aut a h Çnir.pacnir. nnlrr 1rs primes échu», unn indemnité é^alc a dru t. S'il y a plusieurs assuianccs. la Compagnie supporte, au centime le Ira ne de la sotuiuc
| >'--. f.i
,-.„i,'- (.niTtr. i titre de uomin.-iee.s-iiitêréts. auVrririirroirntou s'il loiisrrtt poslérieurrmrut a la date dr assuiée par ellr. la perle récite suivant 1rs clauses de h présente police.
\}j i; ">i t'.isMirr a snusrni ART. îî Si les bâtimentsassurés pai la Oompaaenr sont cndotnmasrs ou détruits par wdie
,,(..,.?'. p.iiiu- a drs Snrirtrs uiutuçllr^ on à d'autres assureurs, quels qnr Muent leurr dr, l'autorité, pour arréUr les propres de l'ir.cendie, la Compagnie re'nibonrieles dommages

)
'.; r ; it-on n Imf titrr, une mi plusïrurs asruraiirrs, soit sur 1rs inémrs »l'jrts. soit surr Elle lient lomptc également des débits et avaries qu'ont éprouves les objets mobilieis
d !(> (nniii pailie drstinfs du mriiir risqiir, que rrs innlrals. antérieurs ou pesterirur s .1 la' assures, par smie de loir déplacement pour 1rs soustraire aui atteintes du feu ; mais elle n>-i
-...,!', [ |n^ snn-nl a garantir ou Ir risque d'mrendie. «a Ir nsqur du «bônia;-?. Itniic. en aucun cas, de rembourser les frais faits par l'autorité, ni les gratifications, ni 1rs
•i , [nii i<f< |n\rt». on toute autre
ttrnlualité d'un dotnui.ifC quelrMiqurrn ras d'iurni- diitribués aui pompiers ou autres personnes avanl porté setours, m enfin les dégals
fi I.VH. MUIS peine de déchéamr.de1* déclarer par écrit rt de taire ronsiatrrr vivres tcui-ci ont pu occasionner a des objets non assures, quel qu en soit le propriétaire.
;, ,i, ...i. que
., ."H|iii!« anirnrurrs dans la pnbre ri les souscriptionspostérieurespat des avenants * AHT îi. L'assuré ne peut (aire aucuu détabscuient oi total ni partitl des dhjctsasiuré».
i1"!]- 1 "'i tl"lai *l«t ne pourra drpassrr un mois. «variés ou non avariés
I -' i r^iKin'iil. lorsque 1rs ronliats passés avec un On plnsirurs
des rnassnrrurs d(si- I.a Compa^ine reprendre, en totalité ou en pattlr, pour le montant de leur estimation,
r . i»r ii iti'iuii ailirle sont dans résdiéi pour une ranse quelrnni|ur, m tout ou ni partir, lec les objets avànéspeut et les matéviauv provenant drs bâtimentsincendiés.
•i itt i ( i-rni lr m(tut dtUi d'un mois. Elle peut de tuéou. daus 1rs délais dilrrminés a (amiable ou a dire d'etprrls. faire réparti
*M li 1. n «ts s drrlarations prescrites par les artirlrs 10. Il et 13. la Compagnie se c ou reconstruire 1rs baitmcnl* que l'incendie aurait endommagés ou détiuits tt faire rem-
"Tu • <lrnl 'lr rf'ilifr la pobrr par une simple notiliration,nu par lettre ricomijiaiidée. placer en nature les objets avariés ou déliuits.
du Er I-I . fruits rt crlh s pa>ers lui demrurrnt arqmsrs. Une fois Tciptrtisr a 1 amiable terminer, le sau*tla|r,e. même rn cas dr ccnteslatim». dt-
Fj.t'd- •fMli.tir.ilion*dans Ir délai sonl u.rt de leur nient nui sur la poli ce on dan1- un air fiant, meure aui risque» et périls de l'a<MIIr,qui ffiU seul responsable des
i ;' '* '' ri|,rffiiiont|.f.uîrsajanij (austii onldroil.iiKisd'inrriidicàaucijiitindeminlé,< rait éprouver ullénrureinent.
' • iiii.ti ruui les disrrs aitulrs <U déclarées la polire.
• dommages qu'il pour-
AHT. H. L'assiiianecdu tisqur toralif est basée sur la valeur totale des bâtiments,lorsque
r-:n[,,i:nift. mi moinrnt oit lui sont drs souscriptionsd'assnranrrs sur 1rss tciit-ri sont nrtiiprs par on seul lecalairr. eu lorsqu'ils sont loués eu entier a un principal
• •• <li<i-.iio)*rnià
donner on a continuer »a garantie A l'assuté, r 11r ne lui tlrtra d'in- locataire, aU-rs uume que crlui-ri ne Ici uiruptrait pas ou ne Ici occuperait qu'en partit, el
iii' -Ir .iiiisire. qu'an piorsia île la somme assnrét par ellr, sauf a lut i se pc-ur- dans
''M ' i> 'tij.liis.. â les mqtir» rt périls, contre tri autre» asMirnu* ' S'il
re ras, 1rs domtnaiirs d'incendie te rr^ltnl lonforinéuittit aui ailirles ;'0. it et 32
plusieurslurataïus, l'assura:.*cdu risipic locatil a pour base leclnlliedub>)rr. tl
a
i" ii li l.iHiii'n^nie sr ré>rr»e le droit, lorsque l'assuranrr porte sur marrliiiulim. niiand le loeaiaitc a fait eousnr une sounne éph
y
à qnmic fois au uiout» le inoulani annuel
L' 1 >-u>r. nidinlirr industriel, rrtolirt ou autres objet i undiibirs, de riiliiirr un toutI i)« son loyer, la Comp^iut répond, a sa plare. du dommage jusqu'à tonrmrrncr de la
'-;• H i v,-i. ^it- le montant de l'assurance. somme
s'il n a tait jsMiitr qu'iine somiui' innindir, la Compagnierepond sciileiurni du dnrn-
>
l'ii'.
.'ir
: r.. nutsrnl |>as imnirdiakmtnl aui léduclions voulues par la
,r h polirr m tout ou m partir, par lettre rnoinmaudrc L'assuré a, de ion colé.'.
Compagnie.relle-ri assurée L
'• uiaKcdaus la piopoitimiuUiani tnirt lasomnirassuive et le montantdr quinie année s de lover.
;
1 ;J itiliuiinii lui est iiolifitf. IL- droil d'éviter la n'siliation iMalt
L r- il, lï icduriion
ou de la résiliation prévu r par 1rs deui parapraplirspn'réilenls, laa
En aucun tas, l'assuiaiiccdu risque loiatif ne peut avoir p!us d'cllel que n'en aurait c'cllo
de t'iintiieiible.
Aht. TJ l'ar le seul lait de la présente police, et sans qu'il soit besoin d'aucune autra
i !;i.i n l'Miiurra la purlion rie prune piiér. piopotlionnclle au Irn.ps rtsunt à courir
m ti!niiuniiÉFtii t il ici nrt sur le capital assuré r cession, transport, titre ou mandat, la Compagnie est subroger dan» tous tes droits, recours
sir iv Toute irlitrurr. tonte fausse déclaration de la part de l'jisuré. qui diu muerait et achons dt '(assure cenue toutes ptisonnes Cirante* on responsables du sinistie, a quelque
II litre et pour riiulc-uc cause (|uc ce «oit. t-i même tiiitre les assureurs, s'il y a lieu. L'assuré
• ^ 'lu riMpu, n» en chan^rrait le injei. annule l'assurance.L'assurance est nullr.
r- couseni cipiesMincnti rc-tte Mibro^alioii, tl ! stia tenu, s'il rn ni ret]uis, lors du paiement
J ;

';'" ,r ':' la rctirenrr ou la fauffu derlarnlioun'aurnit pas indue sur le dommage :e de Tiuilcuiuilé, île la mit-1 et' dans sa quittance. |>a> nclc tioiane ou sous signature privée
' i i '!• lr- l'ilijii asuité. (Cddr rie
roDimcrrc. article 3ia.) L'assuré oc peut, daus aucun n Si le loi se to m mu nique d'un Mttuunl assuré par la Comp:ij;nH-a un autre bàlimenl quVllo
'i'.d.ijii île la visite des licul par l'Agent
assuic é^alemrnt. elle renonce a mictr son iccuurs contre I assuré dont le tautuent aurait
DES SINISTRES communique l'intcndit
i- A'D-iii'il i|ii'un incendie sedérlarr,lassurédoil rmplojer tous les moyrns
Am 5ft La soiiiiite i laquelle le dommage a été fii* est paiëc, comptant, en lolaliié et
î ,' [ ",' Ul J.m',tl' 'es profits, sauver lu objet» a>snn-s i l'vcilli r â Uur coiisers.ntion. mandats
en son
m non par fractions, au siîpe de l'AjErnie oil la polirc o élé soiisrnlr, suit en tspceo, >oit (u
J-'^''_''il'-ii.arin sianliiiéiiie.donneravis de l'évriienienta Tapenteoiiîapolire a éir>ou sente n. a suc sur In sucriir^ale di- la flanque de l-'ianre la plus inisine.
e La Compagnie, api's le sinislti-, et quelle que suit l'iiu porta nce du donima^e. peut résilii
(vVi i' '^""f'baictuttil âpre* l'incendie. l'aoïiré doit, a <ei frai*, en taire la ilérlaratiou iiiiiiicdiattnunt la,po1ue r
' !• in.i i!i'
|,in du canton; cette déclaration indique la dau et TIM-UIC «le l'uiceudit, u atteinte, par une Ittiic ittrinniaiulcc. SJIIS être tenue laïuiine
^,''•'' !" tainfi connut; c, Kstitutioii de la prune. Elle peut aussi, dans te ras. cl dt la même ui3niMt', i tu lui hmtt •
ou présumées, les mosens i.ris pour tu arrêter les progrès. s. les aunes points au nom du mém« assiiré, eu Un itmlmuisaut la liaction dt pi nue aQeicnie
.' ' '"',|S 'r 11 orcciistaiitcs qui l'ont arronipasnt :
tilt- indique rm-orc la nature rt la au tetops restant .i couiir pour finir l'année dasnirance.
t;t,
,'.'.' ,,ll,r''H'iialncdes dommages. L'ne rs|'é<lituin"en II-IILC rsl iransniin.
'''.Vf t'i"' ,'a**"r*t eit ,c"u de fournir dans II dil.-.i tle qninraint l'élut sans dflji. auni ii UT. 21 Lis dommages itiullaiil de TiuFtndic dLÎvciit étn; i et lamés par Ta<suré eu ses
diiailié et atauts cause, quels qu'ils sonnt. dans un délai ilrsi.r XKUS a roinpler du jt-ur d<- Tnitoidie
l.':' ; l,"tiHi' par lui. des ulqeis iteimiu. asaru-s ti >auu« Si. dans le* quiu;t JOUI;, de 1e dis dtmitres poursuites. Ce délai tvpiié, la Compagniene pi ut i tie Itnut a aut ui.t inut-miiitr ou
l-'t-f I'I'I" ,"";'"* d'impossibilitéconsiaite. l-j»nrt n'a i-as transmis les piétés ciitccs par ar *KT -* l'our Tevtiulioii des clauses jenrr.itcs el pariirulièits de la priM.ntt- point, les
Att 'i- ,"''' " **' décbn de loiii us droiti ton tir. la f.ot.ipapiiic.
i LisMin-cM teiiudcjuslititrala parties tout lespcriiiemtnt tlt-ction de domicile attributif de juiidiction au sii^edt l'Aveute
Uu.pagine ou a l'A^tui compétent,par MF litres. :s. de IJ Couiva^nic où la'police a été souscrite.
iris ÛC la Pouce : 2 francs; do l'Avenant : 1 iranc. Frais annuels de répertoire et d'admlnisLraliOD : 50 centimes.

•CONDITIONS PARTICULIÈRES
476 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Texte des conditions générales de la première police de la Compagnie


d'assurance à prime contre l'incendie, les Propriétaires Réunis^ r(P
Bruxelles, autorisée par arrêté de S. M. du 15 mars 1821.

ARTICLE PREMIER. — La Compagnie estrégie par son acte social, approuvé par S.M,
et par ses règlements.
ART. 2. — La Compagnie assure, contre l'incendie et le feu du ciel, toutes les
valeurs mobilières et immobilières, ainsi que les marchandises.
Sonl exceptés les fabriques et magasins à poudre, les titres de toute nature, les
bijoux, les dentelles, l'argenterie, les lingots, les espèces d'or et d'argent.
ART. 3. — La Compagnie ne garantit pas les incendies provenant do guerre, inva-
sion, insurrection, émeute populaire, force militaire, ou ordre d'une autorité quelconque
ou d'un désastre général, causé par un tremblement de terre ou par un ouragan.
Elle garantit, iititra de réassurance, les risques résultant d'assurances déjà consen-
ties par les Compagnies du pays et étrangères, et par les associations mutuelles.
ART. '1. — Si, dans les bâtiments assurés ou renfermant des olijets assurés, il es!
fait des changements ou dos constructions qui multiplient et aggravent évidemment
les risques; s'il y est établi une fabrique ou usine, une profession dangereuse, un
magasin ou entrepôt de matières combustibles ; si, parmi les marchandises assurées,
on en introduit une certaine quantité d'espèce plus inllammable, l'assuré doit on donner
avis à la Compagnie ot payor, s'il y a lieu, une augmentation do prime, sous poino do
ne pouvoir réclamer, en cas d'incendie, les effets do la présente police.
ART. 5. — La primo est payable comptant, pour toute assurance qui n'excède pas le
terme d'une année; lorsque l'assurance est faite pour plusieurs années, la primo de la
première se paye comptant; colles des autres années, dans la quinzaine qui précède
leur échéance; à défaut do payement, l'assuré ost privé, on cas d'incendie, du droit
d'exercer aucune réclamation contro la Compagnie, pour les effets do la police ; ces
payements doivent se faire entre les mains de l'Agent.
ART. 6. — Si les valeurs assurées par la présente police ont été couvertes par
d'autres assurances, ou si elles le sont postérieurement, l'assuré sera tenu d'en faire lii
déclaration à la Compagnie, et mention en sera faite aussitôt sur la police. En cas
d'incendie, les pertes seront supportées au centime le franc par les divers assureurs,
en proportion des sommes qu'ils auront souscrites ; à défaut de cette déclaration, la
présente police sera do nul effet, et les primos payées demeureront acquises à la
Compagnie.
—Tout événement d'incendie sera dénoncé immédiatement à l'Agent local
ART. 7.
par l'assuré, qui devra déclarer devant le juge de paix du canton, ou, à son défaut,
devant l'autorité municipale, la cause présumée de l'incendie, l'étendue et la valeur
approximative du dommage. Une expédition de cette déclaration sera transmise à la
Compagnie par l'assuré ; il devra y joindre un compte circonstancié de ce dommage,
signé et certifié par lui; la Compagnie pourra exiger son serment devant le juge de
paix du canton, sur la sincérité de ladite déclaration, en ce qui concerne la cause de
l'événement.
ART. 8. — Le dommage étant constaté, il sera procédé à son estimation de gré a
gré, ou par deux experts choisis, l'un par la Compagnie et l'autre par l'assuré; ces experts
seront autorisés à en nommer un troisième, dans le cas où ils ne seraient pas d'accord
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 477

entre eux ; les frais de l'expertise seront à la charge delà Compagnie. Le montant du
dommage sera payé comptant, sans retenue ni escompte ; dans aucun cas, la Compa-
gnie ne seratenue de payer au delà do la somme assurée et des frais d'expertise.
ART. 0. — En cas de démolition légale d'une maison assurée, pour arrêter le pro-
grès du feu, la Compagnie remboursera le dommage.
ART. 10.—Si, au moment de l'incendie, la valeur des objets couverts par la présente
police surpasse le montant de la somme assurée, la Compagnie ne payera le dommage
que dans la proportion de la somme assurée à la valeur totale des objets sur lesquels
porte l'assurance.
Les marchandises et provisions du fermier seront évaluées au cours clujour où
l'incendie aura eu lieu.
ART. 11. — L'assuré ne peut en aucun cas faire le délaissement des objets assu-
rés, et à cet effet les parties dérogent autant que de besoin à l'art. 309 du Code de
commerce.
ART. 12. —Lorsqu'il y aura contestationentre la Compagnie et l'assuré sur l'exé-
cution do la présente, ello sera jugée par des arbitres choisis, l'un par la Compagnie,
et l'autre par l'assuré ou ses ayants droit; en cas do refus par la Compagnie ou par
l'assure d'en nommer un, il sera désigné d'oflioe, dans les villes où il existe un tribunal
de commerce, par le président de ce tribunal, et dans colles où il n'en existe pas, par
le prôsidentdutribunal de première instance Ces deux arbitres en nommeront immé-
diatement un troisième qu'ils s'adjoindront pour se départager s'il y a lieu; et s'ils
n'étaient pas d'accord sur le choix de ce tiers arbitre, ils auraient de nouveau recours
au moine tribunal.
Les jugements des arbitres et tiers arbitres seront souverains, les parties renon-
çant formellement à tout appel et recours en cassation; lesdits jugements seront éga-
lement dispensés de toute l'orme judiciaire.
ART. 13. — Si l'assuré le demande, il pourra lui être payé un acompte sur le
dommage présumé, avant son estimation définitive; mais à condition qu'il en fournisse
caution si la Compagnie l'exige, puisqu'il est tenu d'employer les sommes à recevoir à
la reconstruction du bâtiment incendié, à moins qu'il no prenne d'autres arrangements
avec la Compagnie.
ART. M. — La valeur dos sinistres sur marchandises sera constatôede la manière
suivante :
Dans les établissements publics par les registres.
Dans tout autro établissement par les factures, lettres do voitures etd'envois, et
par les livres d'entrée et de sortie.
Dans le cas où il serait constaté que les livres eussent été brûlés, l'assuré fera sa
déclaration des pertes et en certifiera la vérité, la Compagnie pourra en exiger la
confirmation, soit par la notoriété publique, soit par le serment de la partie.
ART. 15. — L'offet de la police cesse à la date et à l'heure qui y sont indiquées.
ART. 16. — L'assuré payera, pour le coûtde la police, 50 cents monnaie des Pays-
Bas; i florin pour la grande plaque, et pour la petite 50 cents.
478 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSUIÎ.VNCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 479

ANNEXE A LA. POLICE 3998529 DE « TUE PHOENIX ASSURANCE C° » (1)

Atchison, Topeka et Santa Fe Railroad System


SPECIAL CONDITIONS

The following policies having been issued by the Pbcenix Assurance C° of


London, as bereunder enumerated :
Scliedulos Vrcmiums

3998529 Atchison, Topeka et Santa Fe


Railroad Co & 17.380.156 » 169.109.03
3998527 Gulf, Colorado et Santa Fe Rail-
way Co 2.592.460 86.210.97
3998528 St. Louis et San Francisco Rail-
wayCo 3.044.715 27.675.62
3998530 Atlantic et Pacifie Railroad Co . 1.256.298 18.933.86
3998531 Colorado Midland Railway Co. . 1.277.520 12.112.59
3998532 Southern California Railway Co . 613.100 8.261.87
3998533 Sonora Railway Co 436.680 7.167.40
3998534 St Joseph Therminal Railroad Co. 119.000 2.051.05
3998535 Si Louis, Kansas City et Colorado
Railroad Co 78.345 842.61
& 26.828.274 ,8 332.365.00

To atlacb for twenty-one monllis from Mardi 22nd, 1893, at noon, uutil December
22nd, 1894,
Jt is furtber understood and agreed, that if on the termination of said policies, the
total losses when adjusted, aggregate more than 75 0/0 of the premiums paid, then
tlie Atchison, Topeka et Santa Fe System, as above insured, agrée to pay an addi-
tional premium not exceeding # 25,000, equal to an ainount sufficient to bring the
average of adjusted losses down lo 75 0/0 of the premiums paid.
lt being also understood that Rolling Stock and Merchandise in Transit shall not
be covered on other Railroads hereafter acquired, nor shall this insurance apply to
any Rolling Stock acquired or to be acquired under the terms of any Car Trust.
Attached to Policy n° 3998529 of the PHOENIX ASSURANCE C° OF LONDON.
From CLARENCE KNOWLES,
Atlanta, Ga.
F. et Du B., L. S.
New-York. Manager.

(1) Conditions spéciales de neuf polices souscrites au Phoenix Assurance Ca


imposant à l'assuré la limitation de son indemnité de sinistre à 75 % des primes.
Cette clause des plus originales est en usage en Amérique.
480 III ffiIRE GÉNÉRAI.H DE L'A.SSIJIIANCE EN l'IlANCE ET A l.'ÉTUANGEH
HISTOIRE GÉNÉRALE DE 1,'AS.SUHANCK EN FRANCE ET A 1,'ÉTRANGER 'l81
482 ' HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Le mot. incendie et la définition r/u'il convient de lui appliquer tlai,-,


l'assurance. — Petits sinistres. — Incendies volontaires. — Le texte de In
police française d'assurances contre l'incendie vient de nous domici-
les droits et obligations, devoirs et responsabilités des assureurs et il»^
assurés, propriétaires et locataires (1). Voyons maintenant quelles soin
les différentes définitions données au mot incendie. Commençons par les
lexicologues.
D'après Littré, c'est un « feu très grand, très étendu, surtout celui qui
« consume
des édifices, des forets, un vaste amas de matières » cet
auteur fait même remarquer que jadis, au lieu de « incendie », on
employait le mot embrasement.
Bcscherelle définit ainsi le mot incendie : « Feu violent qui gagne,
a s'accroît et consume des bâtiments, des villages, des forêts... » ; le
Dictionnaire de l'Académie : « Ln grand embrasement », el Larousse :

« Feu qui se
développe sur une étendue considérable ».
Le grammairien (liraull-Duvivier établit une légère différence cnli-o
l'incendie et l'embrasement ; voici ce qu'il dit à ce propos : « L'embraso-
« ment est une sorte de conllagration ou de combustion totale, ou plmùt
« un feu général;
l'incendie, au contraire, a des progrès successifs il :

«
s'allume, iJ s'accroit, il se communique, il se gagne, il embrase îles
« masses énormes,
des maisons, des villages, des bois, des forets. »

Un voit, par ce qui précède, que tous les lexicologues s'accordent


pour entendre, par le mol incendie, un feu considérable qui détruit un
vaste amas de matières. Examinons maintenant les définitions techniques
des assureurs.
Dans son petit ouvrage : « Commentaire des conditions générales de
« la police d'assurances », M. Desfrançois donne la définition suivante :

«L'assurance contre l'incendie ne doit pas, dit-il, s'entendre absulu-


« ment de tout dommage causé par le feu. Ces deux mots ne sont pas
« synonymes ; ce n'est que par une interprétation abusive et intéressée
« que certaines personnes les confondent dans une même signification.
« Un four s'effrite et s'écroule sous l'action du feu intérieur qui est sa
« raison d'être ; la chaleur du bec de gaz fait éclater une glace qui en est
« trop rapprochée : il n'y a pas là incendie. Une femme laisse tomber une
« étincelle sur son vêtement; une ménagère jette, par distraction, ou
« laisse échapper par mégarde un objet dans le foyer : il y a là ll"

(l) Voir des diverses responsabilités des hommes dans leurs rapporis entio <-'-l,x>

page 224.
HISTOIRE GÉNÉRALE DU L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 483

accident par le feu, mais il n'y a pas non plus incendie. Le mot incendie
,
veut dire embrasement, en dehors du foyer, du fourneau, du poêle, du
,
four, de tout appareil, en un mot, destiné au chauffage ou à la cuisson.
i est
donc bien à tort que se produisent et sont accueillies des
.,
demandes d'indemnité pour des accidents du genre de ceux dont il
,
«
vient d'être parlé. D'après le sens vrai des mots, elles ne sont nulle-
«
ment fondées. Si les Compagnies y font droit quelquefois, c'est pure
*
gracieuseté de leur part. »

Dans son cours sur l'assurance contre l'incendie à l'Association


pliilotechnique, M. Paul Gauvin dit également :

«... L'assurance contre l'incendie couvre seulement le risque des


i
dommages causés par l'embrasement des édifices et des objets mobi-
liers compris dans l'assurance. Et encore, il faut que l'embrasement
«
soit anormal et que, notamment, il se soit accompli en dehors du
loyer... Lorsque des habits ou des pièces de linge sont brûlés devant le
l'eu ou par des fers à repasser, que des chaussures sont ôbréchées ou
*
brûlées pour avoir été mises sur les cendres ou charbons d'une chauf-
«
lei'ctte ou d'une cheminée, lorsqu'un fumeur laisse tomber une étincelle
sur son vêtement, lorsque le verre d'une lampe se brise au moment où
in n allume celte lampe, dans tous ces cas cl autres semblables, il n'y a
«
ni incendie, ni môme commencement d'incendie ; il s'agit là d'un
"
simple surchauffement ou d'une brûlure, en un mot d'accidents de
« ménage
qui n'entrent pas dans le domaine de l'assurance. »

Voici maintenant l'avis de plusieurs légistes. En 1828, alors que


la>surance était à ses débuts, MM. Grûn cl Joliat, avocats à la cour
l'uvale de Paris, publièrent leur « Traité des assurances terrestres », dans
lequel nous lisons :

« Les Compagnies d'assurances contre l'incendie garantissent les


" nsques d'incendie et du feu du ciel. Il faut, pour qu'elles soient respon-
'' tables, qu'il y ait incendie, feu effectif.
« L'incendie, selon F encyclopédie, est un grand feu allumé par
" méchanceté ou par accident. Le Dictionnaire de l'Académie le définit
" "n grand embrasement. Il résulte de ces définitions qu'il ne peut y avoir
" 'nceiidie que lorsqu'il y a combustion, conflagration ; hors de là, il est
'^possible de concevoir soit un feu allumé, soit un embrasement.
" S'il faut donc, pour qu'il y ait incendie, une action physique et
"ûecte du feu, une conflagration, les assureurs ne sont pas tenus des
484 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« dommages causés seulement par l'action de la chaleur sur les c<m,s


« environnants ou par tel ou tel procédé de fabrication.

« Une difficulté s'était élevée à ce sujet entre une Compagnie d'assn.


« rance et un sieur B..., raffineur de sucre. Le dommage, dont ce dernier
a.
réclamait le payement, n'avait point été le résultat d'un incendie pn>-
« prement dit; mais la chaleur du foyer des chaudières, en échauffant le
« mur qui séparait l'usine des magasins de sucre brut, avait causé la
« fusion des marchandises et produit l'avarie. Des arbitres condamnèrent
« les assureurs, en se fondant sur ce qu'il y avait eu incendie véritable
« occasionné par Faction d'un feu violent contigu au mur de séparation;
« que les sucres fondus et réduits à l'état de charbon avaient prévenu
« un plus
grand dommage, que l'assuré ne ferait rien pour arrêter les
« progrès de Fincendie si l'assureur ne voulait répondre que de Fembra-
« sèment; enfin, que la commune intention des parties avait été la garau-

« tie de tous les risques du feu...

« Les arbitres ont, selon nous, confondu l'action du feu avec celle «le
«
la chaleur; les assurés ne sont pas mieux fondés à réclamer l'indem-
«
nité d'un semblable dommage qu'ils ne le seraient si, par leur impO-
« ritie, les objets assurés eussent été avariés par l'action de l'eau ou de
« l'humidité; il y a parité entre les deux hypothèses; la différence physique

« entre le calorique et l'eau ne peut en produire aucune dans la couse-


« quence. Au surplus,
il était évident, dans l'espèce, que l'accident avait
« eu pour cause première la faute de l'assuré, dont les assureurs ne sont

* pas responsables. »

Cette appréciation de MM. Grûn et Joliat est absolument juste el


résout parfaitement bien la question.

De son côté, M. H. de Lalande, avocat à la Cour de Paris, a


publié, en 1885, un traité théorique et pratique du contrat d'assurance
contre Fincendie, dans lequel, après avoir défini le mot incendie à peu
près dans les mêmes termes, il ajoute :

« ...
Pour qu'il y ait incendie, il faut donc : 1° que le feu ait causé un
« dégât appréciable; 2° que la combustion ait été provoquée et effectuée
« dans le but déterminé de produire de la chaleur ou d'être utilisée pour
« un usage quelconque; 3° que l'objet endommagé par le feu ne fût pas
«
destiné à être détruit par combustion au moment où il Fa été.
Ainsi, une pièce de bois au milieu d'un chantier prend feu accidentel-
«
« lement, il y a incendie. La même pièce de bois placée dans la cheminée
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 485

et entourée de braise s'enflamme et brûle; il n'y a pas incendie, parce que


,
le feu a été allumé uniquement dans le but de produire de la chaleur.
,
«
Tout incendie se traduit par un embrasementou, au moins, par une
combustion, et on peut dire que c'est là le signe caractéristique de
.
l'incendie. Cette combustion a une durée plus ou moins longue, mais

elle doit exister. Et c'est précisément l'embrasement initial qui distingue
,
,
l'incendie de l'explosion...
«
Le mot incendie ne s'applique pas aux dégâts causés par un sim-
«
pie excès de chaleur, résultant de ce que des appareils de chauffage ou
<,
d'éclairage ont été mal réglés, alors que le feu ne s'est communiqué à
aucune partie de la maison ni du mobilier. Ainsi, lorsque la chaleur
»

«
excessive d'un appareil à gaz détériore un panneau, une peinture, l'as-
« sureur
n'est point responsable du dommage. 11 n'y a pas, en effet, d'em-
«
brasement ni de combustion. »

Dalloz, dans le chapitre relatif aux assurances terrestres, donne au


mot incendie la même définition et il termine en disant :

«Les effets immédiats du feu qui a brûlé ou détérioré partiellement


« mi
objet sont à la charge de l'assureur, si, d'ailleurs, il n'y a pas faute
<
de l'assuré; c'est ce qui arriverait, par exemple, si un tison échappé du
«
foyer brûlait un tapis sans le consumer. Si la chose assurée n'a pas été

atteinte par le feu, mais a seulement éprouvé des dégâts par l'action
«
de la chaleur, de la fumée ou de la vapeur, il faut faire une distinction;
« ou
bien les accidents sont le résultat d'un incendie proprement dit, et
' alors ils sont à la charge de l'assureur, par exemple, si la chaleur d'un

' incendie détériore des matières assurées en les mettant en fusion ou


" en dissolution; ou bien les dégâts sont produits par un feu ordinaire et

« régulier, comme celui d'un, calorifère, et alors ils ne sont pas à la charge

« de l'assurance, qui ne répond que des conséquences des événements cxtra-

" ordinaires d'incendie et non des suites de l'usage habituel et régulier du

« Jeu; par exemple, si la chaleur ou la fumée du poêle qui chauffe un

« appartement, si la flamme ou la fumée d'un quinquet ou gaz détériore

« des objets assurés, si des procédés chimiques ou des moyens de fabri-

« cation conformes aux règles ordinaires n'ont donné lieu à aucun acci-

« dont qu'on puisse regarder comme un incendie, ces dommages ne sont

* pas au compte des assurés. »

Ainsi donc, pour nous résumer, une étoffe qui est roussie par un
-01' à repasser trop chaud,
un objet qui tombe dans un foyer, etc., sont
486 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

autant d'accidents qui n'ont aucun rapport avec Fincendie, puisqu'il n'y a
pas eu feu effectif communiqué aux objets.
En conséquence,
Tous les accidents dus au feu ne doivent pas être considérés comme
rentrant dans le terme incendie et comme couverts par les polices d'à <u-
rances. Pour que le dégât causé par le feu à un objet assuré fasse nHiiy
une créance d'indemiaité, il faut qu'il présente les trois caractères >uj.
vants : 1° qu'il constitue une combustion; 2" que cette combustion soi)
due à un feu brûlant d'une manière singulière, violente et anormale eu
dehors de tout foyer, ou se répandant en dehors du foyer qui lui émit
assigné; 3° qu'il soit de nature à dégénérer en un embrasement plus ou
moins important (1).

La question de Fincendie volontaire est un des plus graves problèmes


sociaux dont le législateur devrait se préoccuper, car il n'est pas résolu
malgré et surtout à cause de l'article 434 du Code pénal qui punit de mon
ou de travaux forcés, selon les cas, celui qui met le feu volontairement ù
des édifices, navires, magasins, maisons, granges, récoltes, bois, etc.,
que ces choses lui appartiennent ou ne lui appartiennent pas.
Cet article en effet n'atteint pas son but.
Nous en trouvons la preuve officielle, indiscutable dans les réponses
faites par les procureurs généraux au questionnaire — sur les moyens
d'arrêter les progrès des incendies volontaires, — qui leur a été adresse-
eh 1880 par le ministre de la justice.
Ces magistrats se sont prononcés, en majorité, pour une réforme de
la loi contre les incendiaires. Ils ont fait remarquer que le Code civil,
ayant été promulgué à une époque où les Compagnies d'assurances contre
Fincendie n'existaient pas encore, n'avait pu prévoir les crimes et délits
auxquels les assurances contre Fincendie pourraient donner naissance.
Ils ont ajouté que, si le genre particulier d'escroquerie qui s'appelle
l'incendie volontaire relevait de la police correctionnelle, comme tous les
autres délits de même espèce, la justice pourrait les atteindre plus facilc-

(1) C'est ainsi que ces principes ont été consacrés :


1° Par les Auteurs;
2° Par les Comités d'assureurs : Syndicats des Compagnies alsaciennes, anglaises
et suisses opérant en Alsace-Lorraine (1882). — Le Comité des Compagnies d assu-
rances belges (1883);
3° Par les Polices des Compagnies d'assurances;
4° Enfin, par certains Tribunaux, dont la Cour d'appel de Paris.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER
487

ment et arriverait, sans nul doute, par une répression plus fréquente, à
cndiminuer le nombre.
Correctionnaliserle crime, déclarer la personne incendiaire en cas de
présomption jusqu'à justification par elle que la faute de l'incendie ne
provient pas do son fait, ce sont là les seuls remèdes au mal qui s'aggrave
chaque année.
En Allemagne, le Kreisdirec.lor est chargé de l'enquête et personne ne
se plaint de son intervention, sauf les coupables qu'il
sait trouver.
Or, dans ce pays les incendies volontaires ont considérablementdimi-
nué depuis l'application de la loi de 18T1.
En Angleterre et en Amérique, le Coroner fait une enquête immé-
diate; elle est publique : elle se fait sur les lieux mêmes où l'accident est
survenu; tout le monde est invité à témoigner ; on saisit là, sous le
coup môme de l'événement, des indications dont la spontanéité est très
précieuse.
Ajoutons que celte enquête n'a rien de blessant, parce qu'elle est une
formalité nécessaire à laquelle tout le monde est soumis.
Ce système donne, partout où il est appliqué, des résultats admirables.

En 1881, le Journal officiel a publié le rapport de M. Humbert,


ancien ministre de la justice, sur l'administration de la justice criminelle
en France.
La partie de ce rapport concernant les incendies volontaires est parti-
culièrement intéressante. Voici, d'après une Revue d'Assurance aujour-
d'hui disparue, une note relative à ce document du ministère résultant du
questionnaire adressé en 1880 à tous les procureurs généraux par le
ministre de la justice :

« De 1826 à 1830, on n'avait compté, en moyenne annuelle, que 81 in-


"
cenclies portés à la connaissance de la juridiction chargée de connaître
"
des crimes d'incendies volontaires, c'est-à-dire du jury.
« Pendant les cinq périodes quinquennales suivantes, le nombre va
" en augmentant, dit le rapport, à mesure que les Sociétés d'assurances
« se multiplient.

De 1831 à 1835 118


De 1836 à 1840 126
De 1841 à 1845 160
De 1846 à 1850 228
De 1851 à 1855, 244
488 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« M. le ministre parait attribuer l'extension des crimes d'incendies


« à l'augmentation du nombre des Compagnies d'assurances. Or. en 18'; 1,
«
cinq Compagnies seulement existaient en France, et de 1831 à 1856, <»n
« ne compta que huit Compagnies nouvelles. De 1856 à 1880, plus do
« trente autres Compagnies furent fondées. Cependant les crimes d'incou-
«
dies déférés au jury diminuèrent notablement pendant celte dernière
« période.
« M. le ministre se trompe donc, ou n'explique pas suffisamment sa
« pensée; car si la multiplication des Compagnies avait engendré noces-
«
sairement celle des crimes d'incendies de 1831 à 1855, ces crimes
«
n'auraient pas diminué d'une façon constante et progressive, de 1856 à
«
1880, période pendant laquelle un nombre bien plus considérable de
«
Compagnies s'est créé. En voici le tableau :

De 1856 à 1860 205


De 1861 à 1865 202
De 1866 à 1870 202
De 1871 à 1875 180
De 1876 à 1880 180

Le nombre croissant des Compagnies n'est donc pas la seule rai-


«
« son de cet état de chose, car il ne peut expliquer à la fois l'augmentation
« et la diminution des incendies.
« Les chiffres indiqués dans le rapport du ministre sont intéressants
« à un autre point de vue.
« Les six dixièmes des poursuites pour incendies volontaires, de'187(i
« à 1880, ont eu lieu dans le Nord (23 p. 100), le Nord-Ouest (21 p. 100),
«.
Nord-Est (10 p. 100). Ensuite viennent le Sud-Ouest, avec 13 p. 100, le
« Centre, avec 11 p. 100, le Sud, avec 9 p. 100, et le Sud-Est mecl p. 100.
« Pendant la même période, le jury a déclaré bien fondées 824 pour-
« suites, et voici à quels motifs l'instruction écrite et orale les a attri-
« buées: désir de toucher une prime d'assurance 159 (19 p. 100); res-
te
sentiments éprouvés à la suite de querelles de voisinage, de procès
« perdus, etc., 155 (19 p. 100); vengeances de domestiques ou d'ouvriers
« mécontents ou congédiés, 113 (14 p. 100); dissensions de famille,
« 83 (10 p. 100); instinct du mal, ivresse, 81 (10 p. 100); cupidité, 5*
«
(7 p. 100) ; désir de prisonniers de se faire transporter dans une colonie
« pénitentiaire, 54 (7 p. 100) ; jalousie, débauche, 27 (3 p. 100) ; motitV
« divers ne rentrant pas dans l'ônumération qui précède, 94 (M p. 100).
« Quant aux incendiaires, leurs professions sont ainsi
définies : si"'
HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 489

100 accusés, 54 sont cultivateurs, 22 ouvriers d'industrie, 10 vagabonds


ou mendiants, 8 commerçants, 4 domestiques et 2 propriétaires, rentiers
ou exerçant des professions libérales.
«
Quelque soin que l'on mette à l'interroger, cette statistique ne peut
rien nous apprendre sur les tendances de cette criminalité spéciale, car
les incendies volontaires ne sont pas des événements constatés par la
justice d'une manière précise et ne pouvant échapper à l'attention de
l'administration, et le plus grand nombre de ces crimes se dérobe, pour
une raison ou pour une autre, aux investigations et aux poursuites de
la justice. Le compte rendu ministériel ne mentionne, d'ailleurs, que les
crimes portés à la connaissance du jury, et non les crimes commis.
i On ne peut donc, d'après ce rapport, affirmer qu'une seule chose,
c'est que, de 1826 à 1855, le nombre des poursuites a été en augmentant,
et que de 1855 à 1880, il est allô en diminuant. Telle est la seule conclu-
sion à tirer des chiffres produits.
« Et cependant, depuis 1855, le nombre total
des incendies — volon-
i
tàires ou non — loin de diminuer, a été en augmentant d'une façon
considérable, depuis quelques années notamment. Un chiffre donnera
<
la mesure de cette augmentation : les Compagnies à primes fixes, qui
<
payaient il y a cinq ou six ans, en règlement de sinistres, 46.70 p. 100
<
des primes encaissées, payent aujourd'hui en moyenne plus do 60 p. 100,
«
el cette proportion, loin d'être en voie de diminution, s'élèvera proba-
;
blement cette année à 80 p. 100.
« Mes
confrères de la presse spéciale n'hésitent pas à rendre les
«
incendiaires volontaires seuls responsables de cette effrayante augmen-
«
talion.
« Et voilà comment ils raisonnent : les Compagnies d'assurances,
«
disent-ils, ont tenté les incendiaires par leurs complaisances calculées
«
clans le règlement des sinistres. Désireuses d'éviter toute difficulté et
o
cédant au désir d'élargir le cadre de leurs opérations, elles ont pris
«
l'habitude de régler, sans contrôle et sans conteste, les sinistres de
«
minime importance
« Mais les Compagnies ne sont pas les seules coupables, et l'on peut
« affirmer, sans crainte d'être contredit, que, dans la plupart des cas, les

« parquets se montrent à l'égard des incendies présumés volontaires

>
d'une négligence incroyable.
« On voit bien encore de temps à autre poindre à l'horizon une
* enquête, une instruction sur le sinistre soupçonné; mais quand les

•' poursuites aboutissent, c'est une exception.

« Le parquet craint un échec. Celui qui met le feu a sa maison, à sa


490 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« grange, à son magasin, est seul. Faute de témoins, la justice osi


« paralysée, et il est parfois très difficile, surtout dans les risques indus
« triels, d'établir une ligne précise de démarcation entre l'extrême nôgli-
« gence ot la mauvaise foi. Aussi les magistrats hésitent-ils souvent
a avant d'agir, craignant d'aboutir à une ordonnance de non-lieu ou i

» un
acquittement en cours d'assises.
« La moralité de cette constatation indiscutable, est que les Compa-

«
gnies devraient elles-mêmes, dans la plupart des cas, conduire les
« enquêtes et ne devraient pas reculer devant les frais d'une inyestiga-
« tion sérieuse.
« Le législateur, il faut bien le dire, s'est inconsciemment rendu
« complice de ce regrettable état de choses. Le Code pénal punit do la
« mort, des travaux forcés à perpétuité, ou de la réclusion suivant les cas,
« le crime d'incendie. Le jury semble, et non sans raison, hésiter à appli-
« quer ces peines, quelquefois trop sévères. Aussi est-ce en matière
« d'incendie, que le jury prononce le plus d'acquittements. Le rapport
« officiel signale que de 1873 à 1880, sur 1,211 incendiaires poursuivis, le,
« jury en a déclaré coupables seulement 438, c'est-à-dire 36 p. 100. Pour
« les crimes d'une autre nature, la proportion de déclarations de Guipa-
it
bilitô a été dans cette dernière période de 47 p. 100 jusqu'à 70 p. 109.
« Evidemment on ne saurait chercher l'explication de cette
différence
« dans le mode de procéder des parquets qui ne sont jamais plus scrupu-
« leux que dans les poursuites d'incendie. Il est avéré que
la plus grande
« partie des incendies volontaires échappe à la répression.
Ceux que la
« justice voit, saisit et frappe, sont
loin de donner la véritable mesure du
«
mal. Pour que les parquets interviennent, dans un intérêt supérieur
« d'ordre public, entre une Compagnie et son
client, il faut qu'il y ait,
« pour
ainsi dire, eu cas de scandale de la part de l'assuré. Les crimes
« ignorés, ou soupçonnés et
impunis, sont de beaucoup les plus nombreux.
« Il en faut faire remonter la cause à la sévérité trop grande du
Code.
« qui, par
l'excès même de la peine, désarme le juge.
« La statistique suivante est une preuve irrécusable déplus à
l'appui
« de notre dire. Sur les condamnations, il y a eu, pour les
crimes d'in-
« cendie, 99 0/0 d'admissions de circonstances atténuantes.
Ce chiffre
« exlraordinairement élevé n'a été atteint que par les
infanticides, et
« prouve à l'évidence la préoccupation du jury. Pour les autres
crimes,
« il est en effet de 75 à
800/0 au plus.
« Que
conclure de tout ceci?
« C'est que les
Compagnies devraient s'entendre pour renoncer à ce
« système de tolérance si préjudiciable aux intérêts de l'assurance, et ne
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 491

devraient reculer devant aucun sacrifice pour mener à bien lesenquêtes


dans tous les cas d'incendie. C'est que, par leur vigilance et l'âpretêmème
,.
de leurs investigations, elles devraient décourager les tentations cri-
minelles. C'est enfin qu'elles devraient s'unir pour obtenir une réforme
de la législation et une graduation plus équitable des peines.
«.
Il y a là, pour l'assurance, une question vitale, en faveur de laquelle,
dût-on prêcherdans le désert, il ne faut pas hésiter à ouvrir une croisade. »
C. V.

Législation de l'assurance contre l'incendie.— l'rejetsde lois. — Dans


les généralités sur l'assurance, au sujet du régime des Sociétés d'assu-
rances en France, de la loi de 1867, de l'autorisation, de la codification et
des impôts (pages 28, 52, 54, 371 à 379), nous avons esquissé à grands
traits la législation on vigueur en différents pays pour les assurances en
général et aussi pour les lois d'assurances obligatoires.
Reprenons, en ce qui touche spécialement le contrat incendie, la
législation qui lui est propre.
Le Répertoire général alphabétique du Droit français (1), un véri-
table monument juridique, va nous guider dans notre travail qui sera
il'ailleurs aussi restreint que possible.
La législation étrangère contre l'incendie a subi comme plus tard la
législation étrangère contre les accidents une double influence, l'influence
française qui se manifeste en Belgique, en Hollande, en Italie, en Espa-
gne, en Portugal, en Grèce, en Roumanie, en Egypte, en Turquie et dans
l'Amérique centrale et méridionale ; l'influence allemande qui s'étend en
Prusse, en Autriche, en Suisse, en Hongrie, en Danemark, en Suède et
Norvège et Russie ; enfin le droit anglais qui touche aux Etats-Unis et
au Canada (2).
Cette double influence constatée en 1884 ne se réunira-t-elle pas un
jour prochain : l'obligation se substituera-t-elle à l'initiative privée, ou
bien l'influence française, qui caractérise la liberté, Femportera-t-elle
sur l'erreur économique exportée d'Allemagne? Nous ne pouvons répon-
(1) Publié sous la. direction de Ed. Fuzior-Horman, édité par L. Larose et Forcel,
-2, rue Soufftot, Paris.
(2) Droit comparé; Assurances en général -. Allemagne, Autriche Hongrie,Belgique,
Brésil, Canada, Chili, Cosla-Kira, Egypte, Equateur, Espagne, Etats-Uni-:, Grande-
Bretagne, Grèce, Haïti, Italie, Pays-Bas, Portugal, Prusse, Roumanie, Russie, Saint-
Bominique, Scandinaves (Etats), Suisse, Turquie, Uruguay, Venezuela. M0 1377 à 1081
licpertoire général alphabétique du Droit français, t. Y. — L. Larose et Forcol,
492 HISTOIRE GÉNÉRALE IÎE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

dre décisivement à cette grave question, quoique nous notions actuelle-


ment un arrêt marqué de l'influence allemande.
Il est probable que les résultats obtenus en 1900, par trois années
de plus d'expérience, détermineront définitivement le triomphe d'une des
deux influences.

Et maintenant passons en revue la législation étrangère spéciale à


l'assurance contre l'incendie :
ANGLETERRE : Le contrat est principalement régi par la common lato
ou loi coutumière; dépendant de la loi écrite ou statute lato; il existe
plusieurs actes législatifs intéressant les assurances, par exemple, le
Gambling aet de 1774 pour les assurances contre l'incendie, ainsi que les
lois sur les Sociétés de 1862,1865, 18G7, 1869 et de 1870.
BiïLGiQuii : La matière est régie par les articles 33 et S. L. 11 juin 1874
contenant les titres X et XI, livre I", Code de commerce.
ESPAGNK : Art. 386 à 415 du Code de commerce espagnol de 1885.
ETATS-UNIS : Les trente-six Etats de l'Union possèdent des lois
particulières, à l'examen desquelles nous ne pouvons nous arrêter (1).
ITALIH : Code de commerce italien de 1882, art. 441 à 445.
PAYS-BAS : Code de commerce néerlandais, art. 288 à 298.
PORTUGAL : Code de commerce de Portugal de 1888, art. 443 à 446.
ROUMANIE : Code de commerce roumain de 1887, art. 465 à 469. Ces
articles sont la reproduction des articles 441 à 445 du Code italien.
FRANCE : En outre de lois spéciales relatives à l'Enregistrement et
au Timbre (2), la législation française des assurances repose donc sur les
articles 332 et suivants du Code de commerce (3), sur l'art. 1964 du Code
civil et sur les lois des 5 juin 1850 et 24 juillet 1867.

Nous avons vu en 1852., M. Dubroca (4) demander une loi d'assu-


rance au Prince-Président, plus tard, M. Lehir réclame également une
loi sur les assurances contre l'incendie comme moyen de mettre fin ou
prévenir les incendies volontaires ou par imprudence.
Mais avant MM. Dubroca et Lehir, avant le projet Louis Blanc de
1848, avant celui d'Huguenin de 1851, deux projets de loi étaient soumis,

(1) Consulter : Annuaire des législations étranç/èras. — Recueil périodique des


asmrances. — Répertoire général alphabétique du Droit français.
(2) Voir pages 378 et 379.
(3) Voir page 53.
('t) Voir pages 116 et suivantes.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 493

celui de 1834 au Conseil d'État, celui de 1837 au Conseil général du


commerce et des manufactures (1).
Des nombreux projets de lois ou propositions élaborés par le légis-
lateur sur l'assurance contre l'incendie (2), trois projets ont donné lieu à
controverses.
Ces projets sont ceux de MM. Bourgeois (du Jura), Viger et Calvct.
Nous ne reviendrons pas sur la question d'assurance par l'Etat
soulevée par ces divers projets et propositions (3), rappelons simplement
leur but.
La proposition Bourgeois (du Jura) posait le grand principe fonda-
mental de l'assurance obligatoire.
Tel est l'article lor.
L'article 2 porte que, chaque année, la loi de finances déterminera le
montant des primes à payer à l'Etat sur les meubles et immeubles
assurés.
L'article 3 décide que la prime d'assurance sera perçue par les
agents comptables de l'État, dans les formes usitées pour la perception
des impôts.
L'article 4 institue une Commission d'assurances composée de fonc-
tionnaires de l'Etat et présidée par un directeur des travaux publics.
Cette Commission sera chargée de la surveillance des services à
(1) Projet do 1831, article premier :
Aucune entreprise d'assurance contre l'incendie ne pourra se former qu'avec
l'autorisation du roi. Cette autorisation sera donnée dans la t'ormo d'un règlement
d'administration publique; elle devra être publiée dans les formes et les délais otiblis-
par l'article 12 du Code de commerce.
Dans le cas où une entreprise d'assurance commencerait ses opérations avant que
l'autorisation royale fût intervenue ou avant quo les conditions imposées par l'ordon-
nance d'autorisation eussent ôté remplies, les entrepreneurs, gérants ou directeurs
seront poursuivis correctionnellement et condamnés au payement d'une amende do
1,000 francs au moins et de 5,000 francs au plus....
Projet de 1837, article premier :
Aucune entreprise d'assurances contre l'incendie, soit française, soit étrangère, no
peut exister ou opérer en France qu'après l'autorisation du gouvernement. Cette
autorisation sera donnée dans la forme prescrite pour les règlements d'administration
publique.
L'acte d'administration devra être affiché pendant trois mois dans la salle des
audiences du Tribunal de Commerce de l'arrondissement du siège de l'entreprise,
indépendamment des publications qui pourront être ordonnées par le gouvernement.
Les Sociétés qui seraient instituées pour assurer contre l'incendie ne pourront
être formées que par actes publics....
(2) Voir page 127, note 2.
(3) Voir pages 112 à 163 ; 182 à 199.
494 HISTOIRE GÉNÉRALE »I: L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

organiser en vue : 1° de l'évaluation des meubles et immeubles ; 2° do


l'appréciation des indemnités dues aux sinistrés après constatation des
dommages par expertises contradictoires.
Le même article dit qu'une loi devra être présentée pour déterminer
les attributions et le fonctionnement de cette Commission.
Les articles 5, 6, 7 sont relatifs à la liquidation des Compagnies
privées et à l'indemnité du rachat
Il s'agit bien là d'un nouveau monopole dont nous avons retracé, dans
un chapitre précédent, les périls et les désavantages (1).
D'ailleurs, la Commission, chargée d'examiner cette proposition
tendant ;'t conférer à l'Etat le monopole des assurances contre l'incendie,
a l'ait justice de ces idées en la rejetant purement et simplement.
Le projet Viger, sur lequel nous reviendrons plus loin, porte princi-
palement sur les assurances agricoles (2).
Cependant l'article 13, supprimé depuis par l'auteur, portait que « les
caisses départementales peuvent ajouter aux assurances contre les
sinistres agricoles, les assurances contre l'incendie des bâtiments ruraux
et des récoltes, dans les conditions prévues par la présente loi ».
Reste enfin la proposition de loi de M. Calvet, sénateur (3), qui est la
reprise, sous une autre forme, du projet de M. Viger avant la suppression
de l'article 13, comprenant l'assurance contre l'incendie dans les attribu-
tions des caisses.
Comme les précédentes, la proposition Calvet soulève d'unanimes
protestations : Chambres de commerce, pétitions, mémoires, etc. .
La plus récente manifestation contre le système d'accaparement de
l'assurance par l'Etat et particulièrement contre la proposition du sénateur
de la Charente-Inférieure est celle du Congrès du Crédit populaire cl
agricole tenu à Caen sous la présidence de M. Eugène Rostand.
C'est grâce au rapport très brillant présenté au Congrès par le comic
de Rocquigny, que le voeu dont il vient d'être question ci-dessus a été
pris à l'unanimité des membres présents (4).

En résumé, de tous les projets de loi ou propositions relatifs ;i


l'assurance incendie, déposés par le législateur depuis 1840, la proposi-
tion Calvet existe seule actuellement.

(1) Voir page 189, lu note 1.


(2) Voir page 468.
(3) Voir page l'U.
(l)Voir plus loin aux Assurances agricoles. Lire aussi VOryaïiis'ilioii admim
tratice des assurances et du crédit ugrictdi'. (iuillaumin et Cie, éditeurs»
HISTOIRE UÉNÉHALE DU J.'ASSURANCE EN KHANCK ET A L'ÉTRANGER 495

Il y a lieu de croire que son sort ne sera pas contraire à celui des
précédents.
L'Assurance réparatrice. — Résultats en France de 1889 à 1894
,
i tjuclfjuas résultats à l'Etranger : Belgique, Italie, Russie, Suisse,
( nnuda, Autriche
Passons maintenant aux résultats généraux produits par la répara-
tion de l'incendie :

SITUATION 1>KS COMPAGNIES FRANÇAISES L)'ASSUI!ANCKS CONTUK


I:INI:KNHIK KN 1879, 1888, 1894 (1)

l'.n IBT'J l-'.ii 1SHM •: iS'j.1

Du par les actionnaires. 172.612.000 172.105.000 104.350.996


. . .
Konds placés 159.109.000 152.278.000 185.210.868
Primes à recevoir 408.787.000 421.859.080 475.890.000
Actif total 834.402.000 742.000.000 805.082.157
Capital social 242.804.000 183.000.000 162.000.000
Réserves diverses 87.021.000 86.220.000 69.329.203
Passif total 366.143.000 321.721.000 329.192.157
Voici maintenant l'ensemble des opérations avec la moyenne du pour-
centage des sinistres :
Kn ISÏ'.I Kn ISSS Kn I8!»t

Sinistres 50.504.000 47.285.000 44.568.393


Rapport pour cent des sinistres
aux primes encaissées. . . . 51.67 0/0 51.97 0/0 45.95 0/0
Rapport pour cent des commis-
sions aux primes encaissées. 22.17 0/0 23.78 0/0 23.95 0/0
Rapport pour centdes frais géné-
raux aux primes encaissées. 10.08 O/O 10.32 0/0 10.39 0/0
Total du débit 88.542.000 78.423.000 78.054.300
l'rimes encaissées 97.721.000 90.984.000 90.985.141
Total du crédit 106.531.000 97.337.000 105.60;'.. 111
lia marche générale de l'assurance contre l'incendie, pendant cette
période générale, est la suivante (2) :

(1)Les Compagnies qui ont donné ces résultats sont les suivantes : délierait1,
Phénix, Nationale, Union, Soleil, France, Urbaine, Procidence, Nord, Aigle, Pater-
nelle, Confiance, Abeille, Monde, Foncière, Métropole, Clémentine, Commerciale.
(2) Chiffres relevés dans le Journal des Assurances.
496 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Pourcentage pur rapport aux primes

Kiercices Primes encaissées îles sinistres îles commissions

1879 97.721.000 51.07 22.17


1880 109.980.000 61.75 23.85
1881 98.263.000 67.93 23.36
1882 104.982.000 66.19 25.92
1883 93.390.000 62.70 25.72
1884 87.473.000 57.24 24.37
1885 90.571.000 53.79 24.09
1886 89.957.000 57.02 23.65
1887 93.626.000 56.72 23.34
1888 90.984.000 51.97 23.78
1889. 92.224.357 51.33 23.15
1890 95.445.641 52.41 24.60
1891 97.163.707 51.14 24.24
1892 93.395.301 52.96 23.80
1893 95.290.601 59.87 23.34
1894 96.985.141 45.95 23.95

SITUATION DUS COMPAGNIES HELGES D* ASSURANCES CONTRE


L'INCENDIE EN 1894 (1)
Capital social 50.094.819
Primes 29.490.183
Sinistres 13.986.721
Commissions 6.197.250
Frais généraux 2.452.256
Réassureurs 3.606.053
Solde créditeur 4.432.301
Réserves diverses et statutaires
^.
.«*.
.
26.149.707
. .

Chiffres extraits de la Revue des Assurances. Les Compagnies suivantes ont


(,1)
donné les résultats indiqués ci-dessus :
Securilas, 1819 ; Compagnie de Bruxelles, 1821 ; Escaut, 1821 ; Propriétaires Réu-
nis, 1821 ; Union lielgc, 1824; Assurances Générales, 1830; Belgique, 1855; Lloyd Bd-
gc, 185C»; Nationale Belge, 1858; Industriels Réunis, 1873; Sucreries Réunies, 1871:
Brasseurs Réunis, 187(1 ; Assurances Belges, 1882; Espérance, 1887; Urbaine Bcly-,
1888 ; Union des Propriétaires belges, 1890.
Nous devons noter que plusieurs de ces Compagnies ont les branches maritime-,
accidents et transports annexées à la branche incendie.
La Confraternité fonctionne sous le régime de la mutualité à Bassilly et la Nèer-
landia est une coopérative annexée à l'Urbaine Belge. La Meuse, non comprise daus
ce tableau, a son premier exercice en 1895.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 497

SITUATION DES COMPAGNIES ITALIENNES D'ASSURANCES CONTRE


L'INCENDIE EN 1894 (1)

Capitauv assurés Primes réalisées Sinistres Ctmniiiioii tt fuli

Compagnies anonymes. 6.354.143.050 5.057.665 3.162.299 1.531.748


Sociétés mutuelles. . . 3.835.250.623 4.288.928 2.716.529 1.623.769

RUSSIE : La Russie possède de sérieuses Compagnies d'assurances


incendie.
Ces Sociétés, qui fonctionnent sous la forme anonyme, sont au nombre
de treize. Elles se nomment :
Première Russe, Seconde Russe, Salamandre, Nadeshda, Saint-
Pétersbourg, Moscou, Troisième Russe, Commerce, Varsovie, Nord,
Volga, Jacor, Rossija.
Voici les résultats généraux de l'exercice 1893 :
Les recettes en primes de ces 13 Compagnies se sont élevées pendant
ladite année à 104,362,176 francs. Les sommes payées à titre de domma-
ges-intérêts se sont élevées à 22,530,327 francs. Les fonds de réserve
pour les risques non expirés à la fin de 1893 se sont chiffrés par 18 mil-
lions 112,908 francs. On a distribué comme dividende la somme de 9 mil-
lions 175,000 francs sur les capitaux par actions qui se sont élevés en
tout à 69,300,000 francs, soit 13 0/0.
SUISSE : D'après le rapport du Bureau fédéral, voici, pour 1893, les
résultats généraux obtenus en Suisse :
Les sommes assurées en 1893 par les Sociétés privées autorisées se

(1) Chiffres extraits de l'Argus. Les Compagnies suivantes ont donné les résultats
signalés plus haut: primes nettes de réassurances :
Compagnies anonymes: La Fondiaria, Florence; Compagnie d'Assurance* de
Milan, Milan ; Compagnie anonyme d'assurances, Turin ; Société coopèratioe anonyme,
Milan ; Italia, Gènes. — Sociétés mutuelles : Société royale mutuelle, Turin ; Société
yénèrule italienne, Padoue; Muiua Parmense, Parme; La Provinciale,Bologne; L'Emi-
lie, Bologne; La Bene/ica, Turin; La Piemoniese, Turin; La Felsinea, Bologne; La
(ii-ornase, Livourne ; La Volpianese, Volpiano ; La Coopérative de Galliate ; La
Mutuelle de Tigliole, Tigliote ; La Mutuelle coopérative de Pragelato ; La Mutuelle de
l''"(jlixsese, Foglizzo ; La Mutuelle deBollengo; La Mutuelle coopèratioe de Mongraudo
S. L. ; La Mutuelle coopérative de Mongrando G. ; La Mutuelle coopérative de Borgo-
d'Alo; La Mutuelle coopérative de Mongrando S. M. ; La Mutuelle coopérative de
K;tvallermaggiore; La Mutuelle coopérative de Quassolo ; La Mutuelle coopérative de
tèui-olo ; La Mutuelle coopérative de Azeglio ; La Cooperaxione, Monteu da Po ; Fede-
rasione agricola, Milan; Mutuelle coopérative, Valsanglio; La Boschettese, Boschetto;
Lu Scttinese, Settino Cooperativa Boresana, Bores ; La Cavagnolese, Cavagnolo La
; ;
Vitioria, Pérouse.
36
498 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

montent à 5,396,720,277 francs (1); les petites caisses locales pour l'assu-
rance contre l'incendie dans les cantons d'Appenzell-Rhodes Intérieures
et Berne ont assuré, déduction faite des réassurances aux grandes
Sociétés privées, une somme de 9,415,040 francs nets de réassurances.
A côté de ces Sociétés et de ces petites caisses locales, les établissements
cantonaux pour l'assurance immobilière, au nombre de 17, et un établis-
sèment cantonal pour l'assurance du mobilier (2) ont assuré une somme
totale de 4,415,592 francs.
Le montant total assuré en Suisse, pendant l'exercice, sur immeubles
et sur mobilier, atteint ainsi le chiffre de 9,821,627,900 francs.
CANADA : En 1894, l'assurance-incendie était pratiquée au Canada
par 35 compagnies. Ce chiffre ne comprend pas les compagnies mutuelle^
locales qui ne sont pas soumises à la surveillance du ministère fédéral
des Finances.
Sur ces 35 compagnies, 6 sont des corporations canadiennes (3), 21 des
corporations anglaises et les 8 autres ont leur siège social aux États-
Unis.
Voici le relevé des opérations de ces Compagnies pour 1894 :

Dollars.

Compagnies canadiennes : primes nettes 4.142.923


— sinistres. 2.749.953
Compagnies britanniques : primes nettes 4.618.207
— sinistres 3.104.490
Compagnies américaines : primes nettes 1.021.471
sinistres 694.934

AUTRICHE : D'après les travaux de statistique et les tableaux si


intéressants et si complets que publie M. B. Israël, les Compagnies autri-

(1)Les Sociétés autorisées se décomposent ainsi :


Quatre compagnies nationales qui sont la Société Suisse à Berne, fondée en 1820;
l'Helvetia a Saint-Gall, fondée en 1861 ; la Bûloisc à Bàle, fondée en 1863 et la Sooiétà
JÇmmental à Biglens, fondée en 1874.
Les Compagnies étrangères : 6 allemandes, 7 françaises, 1 italienne, 1 anglaise
(2) Les établissements cantonaux qui pratiquent l'assurance sont les suivants :

Zurich, Berne, Lucerne, Unterwald-le-Bas, Glaris, Zug, Fribourg, Soleure, Bàle-


YiUe, Bâle-Campagne,Schaffhouse, Appenzell-Rh. Ext., Saint-Gall, Argovie, Thurgovie,
Vaud (immobilier), Vaud (mobilier), Neuchàtel.
(3) Amérique Britannique, Amérique de l'Est, Mutuelle de Londres, Mercantile,
Québec, Amérique de l'Ouest.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 499

chiennes et hongroises ont donné les résultats suivants pour 1894 (1) :
Primes 99.068.904
Primes réassurées 46.442.899
Sinistres 49.915.339
Sinistres réassurés 13.576.700
Impôts et frais 11.431.692
Provision 7.245.177
En outre, les Compagnies par actions : Allians, Papierindustrie,
Sccuritas de Vienne ; Assec. V. v. Zuckerfabriken, de Prague ; Weclisels
de Krakau ; Wechsels de Gratz et Pannonia de Budapest qui ont plusieurs
branches, ont donné :
Primes et impôts encaissés 9.530.582
Sinistres, excepté les réassurances
Capitaux assurés en cours
....3.802.000
2.053.238.612
Réserves statutaires 7.228.545

(1) Compagnies mutuelles contre l'incendie : A Linz {Limer Brandschaden) ; à


Vienne (Wiener Brandschaden) ; pour le Tyrol (Tiroler Brandschaden), à Insbrûck ;
Première pour la Bohême (Erslo Bbhmische Brandschaden), à Prague ; pour la Styrie
(Gruzer Brandschaden), à Gratz ; pour la Moravie et la Silésie (Miihr.-Sehles. Brand-
sckaden), à Brunn ; pour Salzburg (Salsburger Brandschaden) ; pour la ville de Prague
(Pragerstadlische Brandschaden).
Compagnie mutuelle à Cracovie (Krakauer Versich-Gesellschafl) ; Sucreries
( Verband der Zuckerfabriken);St-Florian, à Eger Slavie à Prague (Slavia); Concordia,
;
àReiuhenberg; Transsyleania, à Hermansiadt.
Compagnies mutuelles d'agriculture : (Landwirthschaflliche), à Prague ; Unio
Cathulica, à Vienne ; Dnierstcr, à Lemberg ; Assicurazioni Geûerali, à Trieste ;
Hiunione Adrialica, à Trieste ; Première lijngroise (Erste Unyarische), à Budapest;
l'Iiénix Autrichien (Oerslcrr. Ph'ônix), à Vienne; Foncière, à Budapest; Danube
(L>unau), à Vienne; Franco-Hongroise (Ungarisch-Franzosische),à.Baâa.^Q&\.;Viennoise,
a Vienne (Wiener Versiclierungs-Gesellschafi).
IV

HISTOIRE DE L'ASSURANCE VIE

LA VIE. — L'ASSURANCE SUR LA VIE


SES BASES SCIENTIFIQUES ET TECHNIQUES
SON OEUVRE SOCIALE — LÉGISLATION

LA VIE
(Entre nous et le ciel, l'enfar et le
néant, il n'y a donc que la vie, qui est
la chose du monct» la plus fragile.)
Paical.

Cette fragilité de la vie est la cause naturelle de l'assurance sur la vie,


alors que sa raison logique d'être est un effet de la Civilisation et de la
llichesse.
Aux premiers âges, l'homme4 achetait sa nourriture au prix de sa vie,
qui était menacée à chaque heure du jour et de la nuit.
C'est qu'en effet, en ces temps éloignés, où la nature venait à peine
d'éclore, l'homme était l'ouvrier primitif qui semait de son sang le
î^erme initial des mondes civilisés
Les premières luttes sont provoquées par le besoin de vivre ; viennent
ensuite les expéditions territoriales qui ont pour but «le remplacer le besoin
par l'abondance.
Alors la famille est créée, puis se constituent sur la même image le
village, la cité, les Etats Les richesses s'accumulent. Pour la sauve-
garde sociale et la consolidation de l'argent apparaissent les institutions
'le Prévoyance dont l'assurance sur la vie est le terme le plus perfectionné,

L'ASSURANCE SUR LA VIE

Son histoire. — Les abus de Van XIII. — Ordonnances et règlements


prohibant l'assurance sur la vie. — Vact de la 14" année du règne de
502 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Georges III. — Pascal, Halley et les premiers calculs. — Institutions


anglaises de 1698; l'Amieable. — Les Tontines. — Déclaration de
Louis XVI en faveur de l'assurance. — Premier code d'assurance sur la
vie: « Allgemeine Landrecht » de 1789 à 1819.—Le pour et contre
l'assurance vie. — A l'étranger.
Nous avons vu dans les origines de l'assurance (1) que Rome et
Athènes sont les premiers champs d'où se développe l'idée de l'assu-
rance sous la forme d'assistance et de secours mutuels, embryons des
Gildes anglo-saxonnes et des corporations du moyen âge.
C'est en l'an 1300, dit M. Àdan, que l'on vit poindre le premier
précurseur de- l'assurance sur la vie, dans la Casualty assurance
érigée par les cliambres d'assurances maritimes et courtiers d'assurances
de Londres, en vue de procurer la rançon nécessaire au rachat de ceux
qui tombaient captifs des Turcs ou des Maures.
Malheureusement les abus survinrent. Depuis 1720, écrit Francis
dans les Annals of life assurance, les spéculations, les gageures avaient
remplacé les affaires régulières en Angleterre.
On souscrivait des polices sur la vie des hommes politiques avec une
légèreté honteuse.
La vie de sir Robert Walpoole fut assurée pour plusieurs millions de
livres à différentes époques de sa carrière ; les primes haussaient quand
son existence semblait en jeu, soit à cause des émt utes lors du Bill d'Accise,
soit à cause de la haine des partis, au moment de sa mise en accusation.
Lorsque Georges II livrait bataille à Detlingen, on pariait 25 0/0 contre
son retour
Il n'était rien sur quoi l'on ne souscrivit de police, ou qui ne servit
de matière à gageures.
C'était déjà pour enrayer ce courant très frauduleux, qu'en 1570, le
duc d'Albe avait rendu une ordonnance que nous avons publiée (2) et dont
l'article 32 prohibait l'assurance sur la vie.
L'ordonnance clos Pays-Bas 1574, les statuts de Gênes de 1588, l'ordon-
nance d'Amsterdam de 1598, celle de Middelbourg de 1600, de Rotterdam
de 1604, de Colbert de 1681, le code suédois de 1666, la Coutume d'Anvers,
l'Act du Parlement anglais dit de la 14° année (3) prohibent ou régle-
mentent l'assurance sur la vie.

(1) Voir pages 17 à 19.


(2) Voir page 99.
(3) Acte de Parlement de la 14° année du règne de Georges 111 ayant pour objet
de réglementer les assurances sur la vie et de les prohiber, excepté pour le cas où la
personne assurante avait un intérêt direct à l'existence de l'assuré :
HISTOIRE GÉNÉRALE DE 1,'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGRR 503

Toutefois, il semble établi d'après les documents que nous avons


consultés, qu'en ces temps assez reculés, l'assurance sur la vie et la
trno-eure sur la vie étaient confondues.
Cette confusion cesse cependant avec l'arrivée des Pascal, des Halley
qui élaborent la première table de mortalité (1), des Jean de Witt (2) qui
jette les bases scientifiques de l'assurance sur la vie.
De 1098 à 1700 (3), quelques vagues institutions d'assurances sont
créées à Londres; elles perçoivent une prime égale à tous les âges (4), e*
vers 1706 YAmicable anglaise est constituée en vertu d'une charte de la
reine Anne sur la requête de l'évêque d'Oxford.
C'est à partir de 1766, lors de la fondation de Y Équitable (5), que
l'assurance sur la vie prend dans la Grande-Bretagne un essor que les
siècles ont de plus en plus élargi.
En France, tout le contraire se produit; au lieu de suivre l'Angleterre
l'ans la voie rationnelle ouverte par le système des tables, on crée la
tontine, c'est-à-dire l'antithèse la plus absolue de l'assurance en cas de
décès.
1° L'expérience ayant prouvé que l'assurance d'une vie ou de toute autre chose à
laquelle l'assuré n'a pas un intérêt direct donnait lieu à uno sorte de jou malfaisant,
Sa Majesté le roi, pour y remédier, arrête qu'aucune assurance no sera faite par une
ou plusieurs personnes, corps politique ou corporation, sur la vie ou les vies d'une ou
de plusieurs personnes ou sur quoique autre événement que ce soit, si la personne ou
les personnes pour l'utilité, le bénéfice ou le compte desquelles ces assurances sont
faites n'y ont aucun intérêt ou ne font qu'un jeu ou pari et que toute assurance faite
contrairement au véritable esprit et à l'intention de cet article sera nulle ot de nul
effet à tous égards et sous tous les rapports;
2" Qu'il ne sera pas permis de faire une ou plusieurs assurances sur la vie ou les vies
d'une ou do plusieurs personnes ou sur tous autres événements, sans insérer dans les
polices le nom ou les noms de la personne ou des personnes qui y seraient intéressées
"ti pour l'utilité, le bénéfice ou le compte desquelles l'assurance ou les assurances
•seront faites;
3° Et que dans tous les cas où l'assuré aurait un intérêt à telle ou telles vies, à
tel ou tels événements, il ne pourrait obtenir ni recevoir de l'assureur ou des assu-
reurs une somme supérieure au montant ou à la valeur de son intérêt.
(1) Voir plus loin : Bases scientifiques.
(2) Voir page 73.
(.3) Nous avons enregistré uno police faite à la Bourse Royale de Londres en 1583,
voir page 27 et Traité du contrat par J. Letort, page 39.
il) En 1098, est organisée la Société des Merciers. Cette Société s'engageait à
verser tous les ans une somme de 7,200 francs comme fonds destiné à assurer le
payement annuel de 750 francs la vie durant, à toute veuve dont le mari aurait remis
•M00 francs au fond commun pendant son existence, et ainsi proportionnellement à
imite contribution plus ou moins considérable.
(5) Voir,page 72, note 1.
504 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Les tontines sont, en effet, des associations dans lesquelles les


membres versent annuellement des cotisations fixes dont le produit, au
bout d'un nombre déterminé d'années, accru de la part des morts et des
intérêts, est partagé entre les survivants. Verser un capital afin d'en
partager les intérêts annuellement entre les survivants jusqu'à l'extinc-
tion de ceux-ci était la combinaison créée par Tonti et pratiquée par
Lafarge (1).
Dans les tontines, le capital à recevoir est inconnu, et la mort du
bénéficiaire entraîne la perte des sommes versées.
L'article 66 de la loi du 24 juillet 1867 (2) a rapport aux tontines et
les accole aux Sociétés d'assurances sur la vie.
Quelques Compagnies à primes fixes et le Conservateur, compagnie
anonyme d'assurances mutuelles sur la vie, ont formé ou administré des
associations tontinières.
C'est ce qui motive sans doute l'article 66 de la loi ci-dessus précitée.
En 1786, Louis XVI privilégie la Compagnie Royale d'assurances
générales (3) et déclare dans l'exposé des motifs de son ordonnance que :
« Le roi s'étant fait rendre compte de la nature et des principes des
« divers établissements fondés en Europe sous le nom d'assurances sur
t la vie, a reconnu qu'ils renfermaient des avantages sérieux ; que, natu-
« ralisés en France, ils y seraient d'une grande utilité ; qu'un nombre
« considérable d'individus de tout sexe, de tout âge, y trouveraient la
i facilité de s'y faire assurer sur leur vie, ou sur des termes de leur vie,
« des rentes ou des capitaux, soit pour eux-mêmes dans leur vieillesse,
« soit après eux en faveur des survivants auxquels ils voudraient laisser
t des ressources ou des bienfaits ; que ces sortes d'assurances modérées
« et ôquilablement arbitrées, affranchiraient de l'usure trop commune la
« vente de toute espèce de capitaux, des rentes viagères, on en étendraient
« la jouissance à des survivants ; qu'enfin, ces combinaisons variées,
« liant utilement le présent et l'avenir, ramèneraient ces sentiments

« d'affection ou d'intérêt réciproques qui font le bonheur de la Société


« et en augmentent la force »
C'est en Prusse que se retrouve le premier Code d'assurances sur la

(1) Au nombre des Tontines célèbres est celle de Tonti, organisée pour faciliter les
emprunts de l'Etat. Cette tontine avait été créée par un ôdit de 1653, resté sans exécu-
tion, le parlement ayant refusé de l'enregistrer. La Tontine que Louis XIV ouvra
après le traité d'Àugsbourg est également fameuse, elle prit fin en 1726. Signalons
encore les tontines : les Employas et le Pacte Social.
(2) Voir pages 67, 371, 372 et Législation de l'assurance sur la vie.
(3) Voir pages S9, 42, 65.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 505

vie Allgemeine Landreeht ou Code du Droit commun promulgué en


:
1794(1).'...
Ainsi que nous l'avons consigné dans les « Généralités », de 1789 à
1819 rien de particulier ne vient pousser les esprits vers l'assurance,
tombée dans le courant révolutionnaire (2); tout au contraire, les doctrines

Art. 1968. « Chacun peut faire assurer sa propre vie.


(1)
Art. 1970. « Mais si quelqu'un a fait assurer la vie d'un tiers, l'assureur est engagé
par le décès de l'assuré, quand bien même le fait serait imputable à ce dernier lui-
même, à moins que le contraire n'ait été stipulé expressément.
Art. 1971. « Les aïeux, enfants, époux ou fiancés peuvent faire assurer, pour leur
propre compte, la vie de leurs enfants, aïeux et de l'autre conjoint ou fiancé.
Art. 1972. « On comprend en général sous la dénomination d'enfants, les descen-
dants légitimes.
Art.1973. « En dehors de ces catégories, nul ne peut faire assurer à son profit, la
vie d'un tiers, sans son consentement.
Art. 2026. « Si l'assuré passe sous silence les circonstances qui, d'après l'appré-
ciation d'experts éclairés, ont pu avoir une inlluence sur la détermination prise par
lui, de conclure le contrat, l'assurance est nulle et les primes sont perdues.
Art. 2050. « Dans le cas d'assurances sur la vie d'un homme, on doit principale-
ment signaler son âge, son état de santé et sa profession.
Art. 2064. « Tout contrat d'assurances qui sera conclu entre des sujets du roi, ou
l>ien, dans ce pays, entre des sujets du roi et des étrangers, doit sous peine de nullité,
être constaté par écrit.
Art. 2085. « Dans le cas d'assurances sur la vio ou la liberté d'un tiers, la police
finit contenir ses noms et prénoms, ou son nom avec un signe distinctif ou un autre
signalement précis qui le distinguo d'autres personnes du même nom.
Art. 2089. « En tout cas, quand la vie ou la liberté d'un homme est assurée, le
contrat doit spécifier exactement ce que l'assureur doit payer pu exécuter, faute de
quoi le contrat est nul.
Art. 2117. « Pendant la durée do l'assurance, l'assuré ne doit, sous peine de perdre
sus droits, rien entreprendre ou laisser entreprendre par d'autres qui changent au
détriment do l'assureur les circonstances dans lesquelles l'assurance a été conclue ou
JNï augmentent les risques.
Art. 2152. " Si quelqu'un a fait assurer sa propre vie, l'assurance cesse si sans le
consentement de l'assureur, il quitte l'Europe, va à la guerre, voyage sur nier, adopte
mi genre de vie dangereux pour son existence ; à moins que l'assurance n'ait été
appliquée expressément à ces différents cas.
Art. 2154. Si une personne a fait assurer la vie d'un tiers, do pareils événements
H

ne détruisent pas par eux-mêmes le contrat, s'ils ont lieu sans la participation de
l'assuré. »
existe en ce moment un combat à mort entre tous les marchands d'argent
(2) a II
et l'affermissement de la République II faut donc tuer toutes ces associations
'-'

:
destructives du crédit public si nous voulons établir le règne de la liberté. » —
'Jambon, discours à la Convention qui détermina le décret de suppression dos com-
pagnies-vie.) Voir page 12.
506 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L*ASSURANCE EN FRANCE ET A I.'ÉTRANGER

émises par Portalis, Corvetto et Merlin tendent à faire retomber l'assu-


rance au rang des gageures.
Après une ardente polémique sur l'assurance sur la vie à laquelle
prennent part : Pardessus, La Place, le Conseil d'Etat (1), Favard de
Langlade; Juvigny, membre delà Société royale académique des sciences,
fait paraître la première brochure sur les assurances sur la vie : Coup
d'oeil sur les assurances sur la vie des hommes.
Cette brochure fut décisive et donna à l'assurance vie ses lettres
de créances sur notre sol de France (2)
A notre époque, l'assurance sur la vie existe dans tous les pays du
monde.
L'Angleterre possède 15 Compagnies ou Sociétés d'assurances sur la
vie en 1816, 78 en 1860 et 100 environ en 1896. En 1864, l'Etal anglais
tente, sans succès, rlo créer une caisse d'Assurances sur la vie (3).
En Allemagne, le premier code d'assurance-vie de 1794, ne sollicite
pas les Compagnies à se fonder. Ce n'est qu'en 1829 que la Gotha commen-
ce ses opérations.
En 1839, l'Allemagne possédait 6 Compagnies, 19 en 1859,34 en 1883
et 50 environ en 1896.
Sauf pour les employés des postes, l'État allemand n'a rien édifié de
personnel pour l'assurance sur la vie.
Notons simplement avec MM. Chaufton et Lefort, la caisse spéciale

(1) Avis du 23 mars 1818 :


«
Considérant que ce genre de contrat peut être assimilé aux contrats aléatoires
« que permet le Code
civil, qu'il est même plus digne de protection que le contrat de
« rente
viagère, puisque l'un est trop souvent le résultat de l'égoïsme, de la cupidité,
H
tandis que l'autre ne peut naître que d'un sentiment généreux et bienveillant, qui
« porte le souscripteur à
s'imposer des sacrifices annuels pour assurer aux objets de
« son
affection un bien-être et une aisance dont la mort pourrait les priver ;
ii
Est d'avis que l'engagement de payer une somme déterminée, au décès d'un
« individu, moyennant une
prestation annuelle à faire par cet individu, peut être
ii
autorisé, mais qu'il ne doit pas être permis d'assurer la vie d'autrui sans son consen-
« tement. »
(2) Consulter pour VHistcire de VAssurance sur la Vie :
— Notice sur l'Histoire d'Assurance sur la Vie', 1871, Bruxelles, E. Gonweloos.
— Traité théorique et pratique du Contrat d'Assurance sur la Vie,- par J. Lefort;
Thorin et fils, éditeurs.
— Moniteur des Assurances, 1S68, pages 3 et suivantes.
— Revue des Deux Mondes, 15 septembre
1895.
— Moniteur des Assurances, 1SS8. Corn.
Walford : Histoire de l'Assurance-Vu'
dans le Royaume-Uni.
(3) Voir pages 172 et 173.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE i/ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 507

établie à Berlin : Kaiser Wilhems Spende créée, grâce à un don populaire,


pour assurer une rente ou un capital au terme fixé si l'assuré survit à
cette date, mais avec faculté pour le preneur de rentrer, après un certain
laps de temps et de reprendre, le montant bonifié de ses versements.
En Belgique (1) l'Etat a provoqué la création de Caisses destinées, au
moyen de retenues obligatoires pratiquées sur les traitements, à fournir,
en cas de décès, une rente viagère à la veuve et une rente
viagère tempo-
raire aux enfants ; en 1849, la Caisse d'épargne et de retraite était créée
ci avait pour objet de donner aux classes laborieuses le moyen
de se
ménager une vieillesse à l'abri du besoin (2).
A cotte Caisse Générale d'Épargne et de Retraites a été annexée une
caisse d'assurance qui avait pour son premier exercice 1893-1894 :
2,456 contrats.
Signalons encore comme encourageant ses employés à l'assurance
sur la vie, la Banque Nationale et la Société Générale pour favoriser
l'Industrie nationale en Belgique.
En Autriche-Hongrie, l'assurance fait son apparition en 1859. En
1S85, il existait 20 Compagnies, en 1895 on en compte 18.

Fonctionnement en France. — Compagnies, Sociétés Mutuelles,


Coopératives, Populaires, Amortissable par tirages, Caisse d'Etat. —
Comité, Syndicat. — Compagnies françaises à l'étranger. Compagnies
étrangères en France. — Compagnies américaines.
Comme nous l'avons vu aux généralités, c'est véritablement à partir
de 1819, que l'assurance sur la vie, dégagée du voile originel, s'élève
brusquement au rang d'institution sociale.
La Compagnie d'Assurances générales sur la Vie créée en 1819 est
suivie à diverses époques de vingt-cinq Compagnies à primes fixes, dont
dix-sept fonctionnent actuellement (3).
Sous le régime de la Mutualité fonctionnent la Mutuelle Vie fondée
(1) Voir page 67.
(2) Voir page 331.
(3) Ces dix-sept Compagnies sont : 1819 Compagnie d'Assurances Générales ;
1820 L'Union; 1830 La Nationale; 1811 Le Phénix; 1850 La Caisse Paternelle;
1858 IM Caisse Générale des Familles ; 1861 Le Monde; 1865 L'Urbaine ; 1872 Le Soleil;
1875 La Confiance; 1877 Le Patrimoine; 1878 L'Abeille; 1880 La Foncière; 1880 La
Prance ; 1872 L'Aigle (ancienne Compagnio l'Atlas) ; 1880 Le Nord ; 1881 La Providence.
'es Compagnies disparues sont: L'Alliance; La Centrale; Le Crédit viager; La
Métropole ; Le Progrès national ; La Réserve (ancienne Garantie Générale) ; Le
Temps ; L'Ouest.
508 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

en 1881 à Rouen et le Conservateur qui, autorisé par ordonnance du


2 août 1844, pratique l'assurance mutuelle sur la vie sous la garantie de
l'anonymat.
Comme dans la branche incendie, un comité et un syndicat se parti-
gent les Compagnies d'assurances sur la vie (1).
Comme nous l'avons signalé précédemment (2) l'État possède deux
Caisses nationales, l'une d'assurances en cas de décès, l'autre pour les
retraites et la vieillesse.
Les résultats acquis à ce jour pour la caisse en cas de décès sont
à peu près nuls. Une loi récente autorise cette caisse à constituer des
assurances mixtes.
L'assurance sur la vie existe également sous la forme coopérative.
Aux Etats-Unis les Industrial Kilsk sont des coopératives populaires
dans le genre des assurances ouvrières anglaises.
Ainsi quatre Compagnies de ce genre ont produit 1,499,810,590 IV.
en 1888 dont 2,748,801 polices de 545 fr. environ avec primes hebdoma-
daires de 50 centimes (3).
En 1888, le nombre des polices s'élevait pour toute l'Union Américaine
à 10 millions de polices, chiffre qui représentait à cette époque le dixième
de la population américaine.
A côté de cette assurance populaire, on comptait également, en 1888,
170 Sociétés enregistrées sous le nom de Coopérative Association (4).
Ces sociétés très nombreuses dans l'Union ont pour objet, non seule-
ment de donner des secours en cas d'accidents et de maladies, mais encore
et surtout de constituer un fonds spécial au profit des veuves et des orphe-
lins des sociétaires.
Il y a des coopératives pour toutes les professions, pour toutes les
opinions, pour tous les cultes (5).
En 1888, les capitaux assurés s'élevaient à 14,735,029,465 fr.; les
primes 172,176,697; les frais généraux étaient de 25,963,228 et les paye-
ments aux veuves et orphelins de 120,530,932. Les 170 sociétés possé-
daient 1 million 188,508 polices.
On reste confondu devant ce chiffre de 172 millions de primes encais-
sées par mois ou par semaine et l'on est également frappé de la somme
énorme de 120 millions retournée aux veuves et aux orphelins.
(1) Voir page 371.
(2) Page 163.
(3) Voir Assurance Populaire, page 344.
(4) 38° Rapport du surintendant des assurances de l'État de New-York.
(5) Moniteur des Assurances, 1890 : Les assurances sur la vie et les Sociétés
coopératives aux États-Unis..
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 5C9

Enfin si, pour cette même année, en Amérique, on constate que l'assu-
rance sur la vie, l'assurance populaire et l'assurance coopérative ont
donné 32 milliards de capitaux assurés, on peut être émerveillé de la
luarche rapide de cette oeuvre sociale qui était si calomniée il y a quelque
vingt ans.
En Angleterre, la forme coopérative est également très en vigueur
dans l'assurance sur la vie.
En Belgique, quelques tentatives ont été faites pour l'acclimater, de
même en France (1).
Voici à titre de document un extrait d'une circulaire publiée dernière-
ment par les créateurs d'une Société accidents et vie devant fonctionner
sous forme coopérative :
L Assurance Coopérative est une mutualité qui a pour but de mettre
les assurances vie et accidents à la portée de tous au moyen de la coopé-
ration.
Elle groupe ses assurés par sections nommant chaque année leurs
Bureaux et s'administrant elles-mêmes.
Les tarifs appliqués sont aussi réduits que possible.
Exemple : Moyennant une prime mensuelle de 0 fr. 70 un sociétaire
de 20 à 30 ans peut s'assurer sur la vie pour un capital de 500 francs. Une
prime mensuelle de 1 fr. 40 donne droit à 1,000 francs; et ainsi de suite
jusqu'à 4,000 francs, chiffre maximum accepté par la Société ; la visite
médicale n'est pas exigée.
Pour l'assurance contre les accidents, tout Sociétaire appartenant, par
sa profession, à la première classe peut, moyennant une prime mensuelle
de 0 fr. 40, assurer contre les accidents professionnels ou autres, pour
un capital de 1,000 francs, en cas de mort, 1,000 francs en cas d'invalidité
du l0'degré, et 500 francs en cas d'invalidité du 2e degré.
Pour les professions dangereuses, la prime est naturellement un peu
plus élevée : elle est, suivant les cas, de 0 fr. 60,0 fr. 80 et de 1 franc par mois.
De même que dans l'assurance sur la vie, le capital assuré ne peut
dépasser 4,000 francs.
L'article 43 des statuts accorde aux assurés une participation de 50 0/0
dans les bénéfices. Cette participation, qui pourra s'élever à 80 0/0, leur
est attribuée par voie de tirage au sort.
Il est important de remarquer que des Sections de l'Assurance Coopé-
rative peuvent être créées partout où se trouve un groupement : usine,
atelier, chantier, fabrique, magasin, etc. Il suffit que dix ou quinze pér-

il) La Générale Coopérative, société bolge en formation.


510 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

sonnes réunies demandent à la direction de la Société à créer une Section,


Enfin le tarif de l'assurance sur la vie qui est à primes croissantes
par périodes de dix et cinq ans, a été établi de la façon suivante :
Primes mensuelles pour
des polices de
500 fr. 1.000 fr.
De 18 à 30 ans 0 70 1 40
De 31 à 40 ans 0 80 1 60

De 41 à 45 ans 0 90 1 80
.
De 40 à 50 ans 1 20 2 40
De 51 à 55 ans 1 65 3 30
De 56 à 60 ans 2 10 4 20
De 61 ans et au-delà 2 50 5 »
Les marins et les mineurs payent une
surprime professionnelle lixée à 0 15 0 30
.

Aucune autre nouvelle ne nous est parvenue sur cette Société.


Enfin, la forme d'assurance sur la vie amortissable par tirages est
une création de la Caisse des Familles.
Des Compagnies françaises d'assurances sont établies en Angleterre,
en Autriche-Hongrie, en Allemagne, en Belgique, en Egypte, en Espagne,
en Grèce, en Hollande, en Italie, dans le grand-duché du Luxembourg,
en Portugal, en Russie, en Turquie, en Suisse, en Suède et Norvège, au
Maroc.
A l'origine, les plus anciennes Compagnies ne se sont risquées qu'avec
beaucoup de timidité sur le territoire étranger et n'ont pas dépassé la
zone des États limitrophes qui peuvent être considérés comme pays d'in-
fluence et, en partie, de langue française, — ainsi : la Belgique, la
Suisse, le Luxembourg, la Hollande.
C'est dans ces limites que fonctionne la Compagnie d'Assurances
,

Générales. La Compagnie possède une agence en Egypte.


L'Union ne dépasse pas les lignes du territoire français, sauf iMI
Belgique et en Suisse.
La Nationale possède des succursales en Belgique, Hollande, Luxem-
bourg et Suisse, en Italie, en Espagne et Portugal, et en Egypte. De la
Belgique, la Hollande, le Luxembourg et la Suisse, le Phénix a étendu
ses opérations à l'Allemagne du Sud, à l'Autriche-Hongrie, et même à
l'Angleterre. L'Assureur Parisien, de qui nous tenons ces notes, remarque
que le Phénix est la seule Compagnie française d'assurances sur la vie
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 511

qui ait osé aller affronter, sur place, la concurrence des Compagnies
anglaises.
Le Phénix a établi aussi des agences en Italie, en Espagne, en Egypte,
au Portugal et au Maroc.
La Caisse Paternelle a une moindre extension internationale. Cepen-
dant, en dehors des États limitrophes, on la trouve encore au nord et au
centre de l'Europe, en Danemark et en Allemagne ; et au sud, en Italie,
tëlle a, de plus, une agence en Egypte.
L'Urbaine est la Compagnie qui a donné le développement le plus consi-
dérable à ses opérations à l'étranger. Elle entretient des agences en Bel-
gique, Hollande, Luxembourg, Suisse, Italie, Espagne, Portugal, Autriche-
Hongrie, Danemark, Egypte et Russie.
Ceci dit, récapitulons combien de Sociétés françaises d'assurancee sur
la vie se trouvent actuellement représentées dans chaque État :
En Allemagne, 3 ; Angleterre, 1 ; Autriche-Hongrie, 4 ; Belgique, 14 ;
Danemark, 5; Egypte, 6 ; Espagne, 6; Hollande, 11; Grand-Duché de
Luxembourg, 9 ; Italie, 5 ; Portugal, 3; Russie, 1 ; Suisse, 8; Suède et
Norvège, 3; Turquie, 1.
Par contre, la France possède des directions de quelques Compagnies
étrangères.
Ces Sociétés sont de très importantes institutions, mais leur nombre
est restreint. Signalons par ordre alphabétique :
La Bdloise. — Compagnie suisse.
La Compagnie Belge d'Assurances Générales. — Compagnie belge.
Le Gresham. — Compagnie anglaise (1).
La Société Générale Néerlandaise. —Compagnie hollandaise.
L'Union de Londres. — Compagnie anglaise.
L,'Union, le Phénix Espagnol. —Compagnie espagnole.
La France est honorée par la présence de ces Compagnies qui
fonctionnent en suivant les mêmes principes de rigoureuse honnêteté que
les Sociétés nationales....
A leur tour des Sociétés Américaines, en créant des succursales
sur le Continent Européen, y ont introduit des traditions, des formules,
des combinaisons nouvelles qui nous semblent incompatibles avec nos
idées sur la prévoyance en France.
La Neto-York, l'Équitable des États-Unis et la Mutual Life sont
trois Sociétés qui fonctionnent en France.
(1) Les actes de cette Compagnie en France sont réglés par une convention passée
entre S. M. la reine Victoria et S. M. l'empereur des Français et signés à Paris, le
30 avril 1862. Voir journal Assurance Moderne 1892,
page 80.
512 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Une quatrième Société américaine évolue sur le Continent. Comme


elle ne s'oblige à aucune constitution de réserve, au contraire de l'assu-
rance ordinaire sur la vie, on lui a donné comme titre : La Réserve
Mutuelle des Etats-Unis. Il s'agit d'ailleurs d'une Société assessment (1).
Il va sans dire que ces Sociétés avec leur système très particulier
d'assurance se sont attiré les foudres de la critique. En effet, c'est par
centaines qu'il convient de compter les articles et brochures dirigés contre
leurs combinaisons et leur fonctionnement (2).

(1) Voir page 341.


(2) A titre de curiosité, voici
la liste de quelques brochures dont la publication a
été provoquée par les différents systèmes d'assurances des Compagnies américaines.
1881. — Un mot aux assurés de la Compagnie la New-York sur les vicissitudes
de son prospectus. — Paris et New-York. — New-York et Paris ou Compagnies
mutuelles et Compagnies à primes fixes.
1882. — L'argent français et les assurés. — Peut-on s'assurer aux Compagnies
américaines ?
1883. — Confession d'un Français marié et négociant reçue par un agent de la
New-York.— L'affaire de la New-York et de l'Equitable (nouvelles diverses sur la
situation des Compagnies américaines apportées par les journaux américains et
anglais).
1884. — Assurances sur la vie et rentes viagères américaines. — Voyage autour
de la New-York. — Rentes viagères de la New-York et de l'Equitable des États-Unis
(dangers des assurances américaines). — La. New-York et son existence légale en
France. — Le taux des rentes viagères à la New-York, tableau. — Les promesses de la
police d'accumulation, comparaison entre 1881 et 1883. — La New-York, 1872-1881-
1884, chiffres et tableaux établissant les promesses exagérées de la police d'accumula-
tion. — Le krach aux États-Unis et les Compagnies américaines. — Pignon sur ruo
et explication en un tableau des systèmes des polices d'accumulation des bénéfices en
un fonds spécial.—La New-York et l'Equitable; mémorandum à l'usage des agents des
Compagnies françaises d'assurances sur la vie. — Les Compagnies mutuelles oi
à capital-actions devant la New-York. — Promettre et tenir.
1885. — La vérité sur les Compagnies d'assurances la New-York et l'Equitable. —
Nouveau voyage autour de la New-York. — Troisième voyage autour de la New-York.
— Les Compagnies américaines d'assurances sur la vie en Europe. — Un des mille
moyens de propagande de la New-York (le certificat d'ami). — Taux français, taux
américains (comparaison). — Promesses de ^Equitable. — Police-déficit. — Réponse
à l'Equitable. — Les Tontines américaines. —Une nouvelle étude sur les Compagnies
américaines. — Un péril national. — Les Tontines américaines. — L'Assurance-
placement de la New- York. — Encore la police-déficit.
1886. — Nouvelles observations sur les promesses et les garanties de la Compa-
gnie la New-York. — L'Équitable et la New-York jugées par les Américains eux-
mêmes. — Les Compagnies américaines. — Opinion de la Correspondance Nouvelle
et de la presse départementale. —Une concurrente de la New-York et de l'Equitable:
la Mutual Life. — La New-York et l'Equitable en Angleterre. — Leurs comptes
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE HN FRANCE ET A i/ÉTRANGER 513

La Mutual Life est des Sociétés américaines établies en France celle


,;.,nt il est le plus question en ce moment (1).
Accueillies en France avec des avantages que n'ont pas nos Compa-
gnies nationales, les Sociétés américaines ont vu interdire à certaines
,li> leurs combinaisons l'entrée de plusieurs États, entre autres : la
Suisse (2), l'Allemagne et la Russie, où les polices d'accumulation et de
s. mi-accumulation, ont été interdites par arrêté du Comité des Ministres
sanctionné par l'Empereur en 1894 (3).
Chez nous, quelques projets de loi, qui ne donnent aucune satisfac-
tion à nos Compagnies nationales, ont été élaborés en vue de réglementer

a'inuels déposés au « Board of Trado ». — Comparaison entre les bilans anglais et


les bilans américains ; faits inexplicables.
1887. — Charybdo et Scylla.
— Les polices lontinières ou polices d'accumulation
dos Compagnies américaines et leurs promesses. — Un document. — La Mutual
h serve fund de New-York.
1888. — Le fonctionnement do l'Equitable dos États-Unis.
— Les évaluations
relatives de la New-York. — La police d'accumulation interdite en Suisse.
1889. — Les Compagnies françaises et les Compagnies américaines : 1° compa-
raison de leur fonctionnement; 2° comparaison de leurs polices respectives. —La
Mutuelle de New-York (the Mutual life insuranco Company) comparée avec les autres
Compagnies américaines. —La Réserve Mutuelle des Etats-Unis (Mutual Reserve fund
lifo association). Les dangers de son fonctionnement. —On rend l'argent? — L'envers
do la médaille. —Surveillance des Compagnies en France, en Amérique et en Suisse
(Conférence de M. Gigot à la Société d'Economie sociale). — Rapport sur l'exposi-
tion de Toulon.
1890. — Jugement porté sur les promesses tontiniôres do la New-York et l'Equi-
Uiùle. — Les Sociétés américaines d'assurances sur la vie.
— Compagnies améri-
iaines, vio. — VEquilable des États-Unis; la valeur de ses promesses dans le passé,
le présent et l'avenir.
— L'assurance à l'étranger. — Distinguo. — La vérité sur les
Compagnies américaines.
1891. — La New-York et les révélations de la presse. — La New-York en Hollande

L& New-York elle Gil Blas.—LaA7t'<t:-yor/cetson caissier.—LaNew- York en Suisse^
1892. — La New-York. Ce qu'ont dit les journaux français. — La New-York. Co
qu'ont dit les journaux américains.
1893. — Étude sur les polices lontinières dites d'accumulation ou de distribution.
(1) La Générale vie a intenté un procès en concurrence déloyale à la Mutual life.
l'.n première instance le tribunal a condamné la Mutual life qui
en a appelé. Le procès
d'appel vient d'être jugé ; il confirme le premier jugement en l'aggravant.
(2) Rapport du Bureau fédéral des assurances sur les entreprises privées d'assu-
rances en Suisse, 1886, XXXI et s.
(3) Voir journal l'Assurance Moderne du 30 juin 1896 : Rapport de la Commission
'l'; Ministère des Finances chargé do l'examen des polices d'accumulation.
— Voir
Moniteur des Assurances 1894, p. 223. Revicw,
— Argus, 15 décembre 1895. — The
Ifc décembre 1895.

3T
514 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A I.'ÈTRANGER

les Sociétés étrangères et spécialement les Compagnies américaines (I),


mais aucune solution n'en est advenue (2).

Marche de Vassurance sur la vie en France, de 1819 à 1895. —


L'Assurance sur la vie en Europe. — Résultais divers en 1895. — Assu-
rance dans le monde entier.
De 1819 à 1859 exclusivement, les Compagnies françaises ont réalisé
40,258 contrats d'assurances diverses donnant en capitaux 350 mil-
lions et 26,900 contrats de rentes viagères s'élevant à 17,490,000 francs
de rentes.
Voici maintenant par année les capitaux assurés et les rentes cons-
tituées par les Compagnies françaises :
Capitaux Rentes Capitaux Komis
Aimées assurés uoiistiluuos Années assurés consliliins

1860 44.300.000 1.720.000 1878 315.060.000 3.41.9.000


1861 46.700.000 1.700.000 1879 335.425.000 3.532.000
1862 60.000.000 2.050.000 1880 455.275.807 3.982.000
1863 72.200.000 1.615.000 1881 556.924.463 3.595.000
1864 106.900.000 1.520.000 1882 589.855.166 2.503.000
1865 134.300.000 1.7-5.000 1883 518.998.857 2.631.000
1866 172.200.000 1.840.000 1884 514.755.794 2.707.000
1867 145.400.000 1.995.000 1885 441.130.068 3.518.000
1868 198.600.000 2.490.C00 1886 429.847.628 3.212.000
1869 201.800.000 2.570.000 1887 405.741.234 3.471.000
1870 141.400.000 1.600.000 1888 420.543.417 3.498.000
1871 89.000.000 948.000 1889 390.196.165 4.355.000
1872 170.600.000 1.469.000 1890 425.042.429 5.640.000
1873. 187.000.000 1.594.000 1891 446.961.659 5.919.000
1874 237.100.000 2.164.000 1892 474.281.695 8.057.000
1875 254.600.000 2.470.000 1893 495.852.282 8.757.000
1876 284.840.000 3.042.000 1894 295.684.153 6.495.000
1877 278.370.000 2.904.000 1895 280.205.718 6.304.000
Cet état comporte son enseignement.

Voir Législation.
(1)
Voir Histoire de l'assurance aux États-Unh, p. 219. — Traité théorique <''
(2)
pratique du contrat d'assurance vie, J. Lefort, page 85.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 515

L'histoire de l'assurance sur la vie est surtout intéressante depuis


1879, époque qui marque l'ouverture de la période des grandes affaires,
la création de Sociétés nombreuses d'assurances et un grand mouvement
d'argent.
Si nous suivons la ligne du graphique ci-dessous donnant la marche
de la production totale des Compagnies françaises d'assurances sur la vie
depuis 1879 (1), nous voyons la période 1879 à l'année 1882 favorisée
grâce aux grandes opérations financières traitées à ce moment; suivant
la ligne dans sa course, nous constatons une baisse continue jusqu'en 1890
pour remonter jusqu'en 1893 et redescendre brusquement en 1894 et 1895.
Mille et uno raisons peuvent être invoquées pour motiver ces mouvements
divers de hausse ou de baisse.

Notons que les principaux facteurs de baisse ont été : la situation


politique intérieure et extérieure, les mesures d'ordre moral et financier
prises par les Compagnies: augmentation des tarifs, réglementation des
commissions aux agents, la concurrence des Compagnies américaines,
l'indifférence de l'épargne
Afin de compléter le graphique ci-dessus donnant l'ensemble de la
production des Compagnies, nous croyons intéressant de lui en joindre
un second (hors texte) donnant la marche des Compagnies depuis 1879 (2).

(1) Chaque ligne horizontale représente 25 millions. Les lignes verticales marquent
'es années. La ligne brisée signale la hausse ou la baisse. Exemple
: en 1879, la pro-
duction était de 335,425,105 millions,
en 1893 elle s'élevait à 495,852,282, soit un chiffre
0 1<>0,427,177 francs en plus en comptant 25 millions par chaque ligne horizontale
iut-dossus de la ligne initiale de 1879 ; en 1895, on enregistre 75,000,000 en moins sur
1879.
(2) Cegraphique est composé do lignos verticales qui représentent les années, et
10 lignes horizontales qui aboutissent à uno colonne chiffrée, laquelle indique la
Progression ou la diminution des millions do production, selon que la ligne noire de
\
516 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Voici maintenant, pour donner une idée des opérations des Compa-
gnies, deux tableaux intéressants à consulter :
Résumé des opérations des Compagnies françaises à primes fixes
sur la vie, pendant l'année 18g4.
Capitaux assurés 290.451.2tM
Capitaux disparus par suite :
,
1° de sinistres 53.005.0^}
2° de paiements à échéances 29.079.ni
3° de rachat, résiliation, réassurance, etc. 256.039.357
. .
Rentes immédiates constituées 5.924.3'irt
Rentes différées et de survie constituées 570.69;!
Rentes immédiates éteintes 2.496.57'.)
État des opérations
des Compagnies d'assurances à primes fixes
sur la vie, au 31 décembre 1894.
Capitaux en cours au 31 décembre 1894, réassu-
rances déduites 3.496.962.000
Rentes immédiates en cours 56.74l.8U"2
Rentes différées et de survie en cours 3.896.69.1
Réserves pour risques en cours :
1° Pour les assurances de toutes natures. 978.750.185
. .
2" Pour les rentes immédiates (Vn.245.78r>
Passons à l'actif des Compagnies françaises d'assurances sur la vio
au 31 décembre 1894.
Fonds publics français 299.094.481
Fonds d'État étrangers 113.172.770
Valeurs étrangères diverses 17.196.159
Obligations de chemins de fer 528.168.09:>
Obligation* diverses 24.639.00:'.
.
Actions diverses 10.994.22t)
Valeurs sur villes et départements 40.399.03-
Immeubles 438.995.21;!
A reporter 1.378.058.97ii
. . .

zéro la coupe au-dessus de 1 ou au-dessous. Cette ligne noire est la ligne initiale d;>
1879, point duquel on part et d'où s'échappent les lignes de la production dos Compa-
gnies.
Selon que ces lignes tombent ou s'élèvent, elles marquent l'augmentation ou h
diminution de la production.
Le tableau chiffré annexé au graphique est la résultante des lignes.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 517

Report 1.378.658.978
. . .
Créances hypothécaires 97.227.180
Nues propriétés et usufruits 40.199.652
Prêts sur polices. . . 68.487.307
Loyers et intérêts échus 17.850.330
En caisse et chez les banquiers 8.318.972
Agences et primes à recevoir 31.111.533
Fractions de primes non échues 2.761.895
Divers comptes débiteurs 27.476.667
Valeurs diverses 4.226.727
Actionnaires 147.874.400
Total 1.914.290.706

11 est enfin intéressant de connaître le rapport des sinistres aux


•apitaux en cours. Voici ces chiffres (1) :
Rapport des sinistres Rapport des sinistres
Années aux capitaux en cours Années aux capitaux en cours

1875 1.22 0/0 1885 1.47 0/0


1876 1.20 » 1886 1.47 »
1877 1.24 » 1887 1.47 ->
1878 1.23 » 1888 1.56 »
1879 1.30 » 1889 1.46 »
1880 1.24 . 1890 1.62 »
1881 1.26 » 1891 1.60 »
1882 1.32 » 1892 1.57 »
1883 1.20 » 1893 1.55 »
1884 1.30 » 1894 1.54 »

L'Institution de l'assurance sur la vie étend ses rameaux sur toute


l'Europe. Voici un aperçu général des opérationsauxquelles elle donne lieu.
Le bulletin d'une Compagnie hollandaise : la Société Générale Néer-
landaise, nous permet de jeter un coup d'oeil sur la situation de l'assu-
r.uice sur la vie en Europe, en 1890.
Voici les pays pour lesquels les recherches ont abouti à un résultat
'^prôciable : Angleterre, Allemagne, France, Autriche •Hongrie, Suède,
1-ussie, Pays-Bas, Suisse (pour laquelle il est rendu compte de l'exer-
ce 1889, le Conseil Fédéral de ce pays mettant un an à préparer son
(1) Ces chiffres proviennent du Moniteur des Assurances et du Journal des
'tisurawes.
518 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L*ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

rapport sur la situation des assurances-vie), Italie, Danemark et Norvège.


Les capitaux en cours au 31 décembre 1890, additionnés, s'élèvent à :
Pour l'Angleterre 10.758.130.512 »
» l'Allemagne 5.070.396.307 »
» la France 3.612.219.200 »
» l'Autriche-Hongrie 1.386.107.658 »
y,
la Suède 418.484.875 »
» la Russie 336.102.652 »
» les Pays-Bas 334.012.232 »
• »
la Suisse 256.914.701 »
»
l'Italie 144.959.362 »
» le Danemark 131.450.361 »
» la Norvège 50.309.424 »
Soit en francs 22.505.087.284 »
. .

Pour qu'on puisse se faire une opinion sur le développement de


l'assurance sur la vie, proportionnellement au nombre des habitants,
voici ci-dessous les sommes assurées par tète dans chaque pays :
Autriclic-
Anglcterro Allemagne France Suisse 1889 Suéde Pnjrs-llns Kancmarl Hongrie Norvège Italie Ita
fr. c. fr. c. fr. c. fr. c. fr. c. fr. c. fr. c. fr. c. fr. c. fr. r. fr.
En cours avant 1890 308.63 104.43 93.53 82.93 76.48 70.54 59.74 32.28 19.84 4.7(1 U
Contracté en 1890.. 30.28 10.26 13.35 8 » 14.70 11.13 8.96 5.20 4.62 0.80 0.S
Disparu en 1890... 31.54 4.33 8.48 4.00 5.78 4.16 2.98 3.25 0.52 0.52 n.f
Progrès en 1890... 1.26 5.93 4.87 3.40 8.92 6.97 5.98 1.95 4.10 0.2S û.î
Encours fin 1890.. 307.37 110.36 98.40 86.33 85.40 83.51 05.72 31.23 23.94 5.01 4.1

Ces chiffres sont naturellement approximatifs, les Compagnies


n'ayant pas la même méthode pour la rédaction de leurs comptes
rendus.
En tous cas, ces indications donnent un curieux aperçu de la situa-
tion générale de l'assurance.
Enfin, le rapport de la dernière assemblée des actuaires des Compa-
gnies américaines permet d'exposer un relevé également approximatif
des assurances en cours dans le monde entier en 1894.
Il résulte de ce rapport que le chiffre des assurances en cours dans le
monde entier est de 53 milliards 743 millions 675,000 francs et l'actif total
41 milliards 524 millions 615,000 francs. Aux États-Unis, le total des
assurances est de 24 milliards 488 millions 655,000 francs et l'actif de
4 milliards 537 millions 205,000 francs; la Grande-Bretagne a 14 milliards
823 millions 300,000 francs d'assurances avec un actif de 2 milliards
HISTOIRE GÉNÉRALE DE l/ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 519

859 millions 605,000 francs. Les chiffres des autres pays sont : Canada,
778 millions 545,000 francs d'assurances avec un actif de 125 millions
795,000francs; Europecontinentale,12milliards466millions805,000 francs
d'assurances et 3 milliards 504 millions 120,000 francs d'actif; Australie,
1 milliard 691 millions 640,000 francs d'assurances et 492 millions 890,000
francs d'actif dans l'espace de 50 ans, au commencement desquels l'assu-
rance totale était de 325 millions de francs et l'actif 5 millions de francs.
Des résultats généraux, passons aux opérations réalisées par les
divers Étals européens.
ITAI.II-: : Résultats au 31 décembre 1893
Total

Polices Capitaux assurés Rentes


réalisées encours eonsti tuées en cours
Assurances Générales (Trieste). 12.318 106.882.711 152.024
. . .
lù.ndiaria (Florence) 12.922 81.550.762 351.890
Royale Italienne (Milan) 7.954 61.060.236 380.883
liituiione Adriatica (Trieste) 4.999 38.693.761 151.935
La Populaire (Milan) 2.510 8.598.911 9.203
La Milanaise (Milan) 2.132 13.678.689 286.212
Initiative (Gènes) 1.202 1.716.786 830
Assurances diverses (Naples) 347 4.764.303 4.507
BKI.GIQUKLes Compagnies nationales sont : La Compagnie Belge
:

d'Assurances Générales, la Royale Belge (cette Compagnie exploitant la


branche vie et accidents, les primes de deux branches sont fusionnées),
YAntwerpia qui s'occupe spécialement d'assurance populaire et enfin
l'Européenne dont la création est récente.
SUISSK Ce pays possède sept Compagnies nationales d'assurances
:

•sur la vie, qui avaient réalisé les opérations générales suivantes en 1894 :

Opérations générales
Primes Sinistres
Sociétés [réassurance déduite) (réassurance déduite)
Société Suisse d'Assurances Générales 4.280.079 2.539.128
. . •
La Suisse 997.511 790.776
\<&Bdloise 5.055.249 2.800.709
\& Genevoise 1.460.955 793.262
baisse cantonale de Berne 131.815 69.115
Société Suisse d'Assurances sur la vie 352.222 244.274
. .
'aisse de Prévoyance suisse 527.635 155.484
12.805.266 7". 392.808
520 HISTOIRE GÉNÉRALE DU L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

CANADA : Ce pays ne reste pas en retard dans le mouvement de l'assu


rance; voici, d'après une récente communication faite à la Société de-
actuaires d'Edimbourg, par M. Sanderson, directeur de la Canada vie,
quelques notes sur la situation générale de l'assurance dans ce pay-
aux sympathies françaises si puissantes.
Donc, le rapport de M. Sanderson constate que l'ensemble des assu-
rances sur la vie effectuées en 1870 au Canada se rôpartissait par
13 pour cent dans les Compagnies canadiennes, 14 pour cent dans les
Compagnies anglaises, et 73 pour cent dans les Compagnies améri-
caines. Sur les assurances en cours, la mémo année, les Compagnies
canadiennes en détenaient 15 pour cent, les Compagnies anglaises
41 pour cent et les Compagnies américaines 44 pour cent. En 1892 : sur
le chiffre total d'assurances effectuées, les Compagnies canadiennes
comptent 57 pour cent, les Compagnies anglaises 8 pour cent et les Com-
pagnies américaines 35 pour cent. Les assurances en cours pendant la
même année donnent 55 pour cent pour les Compagnies canadiennes,
12 pour cent pour les Compagnies anglaises et 33 pour cent pour les
Compagnies américaines.
Les Compagnies vie mentionnées au rapport officiel et qui fonctionnent
au Canada, sont la Canada Life, la Confédération, la Dominion Life, la
Dominion Safety Fund, la Fédéral., la Grcat West, la London Life, la
North American, la O/dario Mutual, la Sun Life, la Tempérance and
General, la Canadienne.
Le total des opérations de ces Compagnies se décompose comme suit
pour l'année 1893 :
1893

Primes # 5.471.985
Nombre des polices nouvelles. 27.641
Valeur de polices nouvelles
Nombre de polices en vigueur
....
.

.
.

.
.

.
# 31.056.168
121.818
Valeur nette en vigueur # 176.730.049
Nombre de polices échues 1.191
Valeur des polices échues #1.744.852
Sinistres payés #1.413.635
Échéances payées #206.618
Sinistres non réglés :
Contestées #17.000
Non contestées . . . #291.012
AUTRICHE : D'après la Correspondance Austro-Hongroise, les rôsul-
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 521

obtenus, au cours de l'exercice 1894, par les Compagnies Austro-


t:its
Hongroises, sont les suivants:
Les Compagnies sont au nombre de 18, dont 9 à primes fixes et 9 à
cotisations mutuelles. D'après les données du docteur Hoenig, le montant
(l>s assurances en cours au 31 décembre 1894 (non compris les assu-
rances d'associations et les combinaisons similaires) s'élèvent à
S'.4,791,266 florins en 598,514 contrats, en augmentation de 49,409,078
florins et 34,426 contrats. Comparé à celui de l'année précédente, le
chiffre de l'accroissement net a subi une diminution de 5,318,561 florins
en 749 polices. Les risques se répartissent comme suit:
1801
Millions de llorins
Assurances en cas de décès 613
Assurances en cas de vie 280
Renies constituées 1.6
Le tableau suivant indique la production en primes nettes, le montant
des indemnités payées aux assurés, et la moyenne des frais généraux par
rapport aux primes.
Primes Indeni- Frais en «'0
nottos nités des prime*

Millions de llorins
Allianz 514 121 43.06
Ancre 5.740 1.200 15.69
Assicurazioni Generali 6.418 3.041 16.44
Auslria 651 412 25.29
(oncordia 260 68 23.86
Danube 903 534 21.73
Beamten-Verein 2.393 1.413 13.92
Première Hongroise 3.928 2.096 17.58
Foncière Austro-Hongroise. 881 368 25.60
. . .
Oisela-Verein 1.563 149 15.81
Jaaus 1.334 923 21.88
Mutuelle de Cracovie 1.042 436 17.90
Phénix Autrichien 2.114 1.145 18.79
Pialia 334 108 22.32
l'iunione Adriatica 2.801 1.274 18.75
Si*via 871 359 22.20
'IVanssylvania 107 58 20.50
Viennoise 1.099 226 21.52
32.961 13.941 17.9 0/0
522 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

HOLLANDE : La Hollande figure parmi les pays où prospère


l'assurance sur la vie, car, durant les dix dernières années, cette
branche de l'assurance a effectué dans la nation hollandaise une marche
en avant qui est constatée par les chiffres suivants: en 1885, les Compa-
gnies hollandaises d'assurances sur la vie obtinrent, comme capitaux
assurés, 94,589,697 florins ; en 18871a production s'éleva à 122,889,812 flo-
rins; en 1889, à 138,808,625-, en 1890, à 153,969,029; en 1891, à
178,975,083; en 1893, a 230,962,581 ; en 1894, à 269,925,315 florins.
ALLEMAGNE: Un journal de Vienne, le National OEkonomist, a
dressé un tableau général sur les opérations des Sociétés allemandes
d'assurances sur la vie pendant l'année 1895. Celte statistique embrasse
54 Sociétés, c'est-à-dire en outre des grandes Sociétés d'assurances, les
Caisses mortuaires et les assurances sur le service militaire. Ces divers
établissements ont émis, en 1895, 475,915 polices, représentant un
capital de 412,700,000 marks. Entrent dans ces totaux 22 Sociétés par
actions et 32 Compagnies d'assurances mutuelles. Sont échues des polices
dont le montant s'est élevé à 90 millions de marks, et celles qui ont été
annulées prématurément représentant 169,030.000 marks.
Le solde des assurances en vigueur à la fin de l'année est de
5,839,830,000 marks ; il dépasse de 353,760,000 marks celui de l'année
précédente.
ANGLETERRE: Les Compagnies d'assurances sur la vie en Angleterre
ont eu une recelte totale, en 1895, de 27 millions de livres, au lieu de
23 millions en 1890 ; leurs dépenses de toute nature ont été de 19 mil-
lions contre 17 millions il y a six ans.
Les fonds constituant les ressources des Compagnies ont rapporté
3.S5 0/0 en 1895, 3.92 en 1894, 4,03 en 1893, 3.80 en 1892, 4.07 en 1891.
A la fin de 1891, sur 226 millions de livres, 84 millions étaient placés sur
hypothèques, 22 millions avaient été avancés sur des taxes locales, 5 mil-
lions étaient placés en fonds anglais, 16 millions en fonds indiens et
coloniaux, 4 millions 1/2 en fonds étrangers, 29 millions en obligations,
16 millions en actions. Depuis 1890, le montant placé en fonds étrangers a
augmenté de un million de livres.
La Russie possède quelques compagnies nationales qui ont donné
les résultats suivants en 1895 :
Cnpitnux assurés
Polices —
Roubles

Ro?sia 7.361 17.725.480


Compaqnie Russe de 1835. 4.560 11.665.939
. .
A reporter 11.921 29.391.419
. . .
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 523

Report . . .
11.921 29.391.419
Jakor 1.880 6.274.591
Compagnie de St-Pélersbourg 1.869 4.915.840
.
Zabotlivost 1.084 1.959.009
.
Le Commerce 544 828.900
Total. 17.298 43.309.759
. . .

En Bulgarie, on compte \a.Bulgaria,compagnie nationale; en Grèce,


la Nationale d'Athènes fonctionne pour le royaume ; en Espagne, il
existe plusieurs sociétés importantes dont l'Union et le Phénix Espa-
gnol, la Banco Vitalicio de Calaluna et la Prévision.

Applications diverses de l'assurance sur la vie. — Combinaisons. —


l'olices. — Fac-similé de la première police de la première com-
pagnie du Continent. — La flo/landsche Socieieil van Lerensverze-
1,-eritigen, créée à Amsterdam en 1807. — La table de Kersseboom.
— Vignette des premières polices de la Compagnie
d'Assurances
Générales sur la vie. — L'association pour la protection mutuelle
des porteurs de fio/ice. —Note sur la plus ancienne police du monde:
lù/ttilable 1765. — Le suicide. — Le risque de guerre en France et
à l'Etranger ; tableau syno/)li(/ue.
L'assurance sur la vie est une mesure de prévoyance par laquelle
une Compagnie offre les moyens, soit de réparer les dommages que cause
le décès, soit encore d'améliorer la situation de l'assuré durant son
existence.
De là, deux grandes divisions:
L'assurance en cas de décès ;
L'assurance en cas de vie.
L'assurance en cas de décès comprend :
1° L'assurance temporaire ;
2° L'assurance pour la vie entière sur une seule tête ;
3° L'assurance pour la vie entière sur deux tètes ;
4° L'assurance de survie. — L'assurance mixte. — L'assurance à
terme fixe.
L'assurance en cas de vie comprend :
1° Les renies viagères immédiates sur une seule tête ;
2° Les rentes viagères immédiates sur deux tètes ;
3° Les rentes viagères différées ;
524 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCB EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

4* L'assurance de capitaux différés.


Chacune de ces combinaisons particulières rend d'immenses
services.
L'assurance sur la vie, en effet, par ses applications nombreuses
permet de consolider l'épargne, d'établir le crédit, d'améliorer les situation
sociales, d'assurer, dans le commerce et l'industrie, le succès d'une foui.
d'entreprises, de constituer des dots et des héritages, et, enfin, de sauve
garder les intérêts de la famille.
On rencontre tous les jours des individus qui ne peuvent pas s'établir
ni trouver du crédit; d'autres qui végètent sans ressource dans leur
vieillesse, d'autres encore qui songent à se suicider, à la suite d'une perte
considérable ; combien voit-on aussi de familles que la mort d'un parent
a laissées dans la plus profonde misère; il est certain que tous ceux qui
se trouvent dans de telles situations n'en seraient pas là s'ils avaient en
recours à l'assurance.
En travaillant pour ses enfants, un père de famille n'accomplit que la
moitié de son devoir-, il doit aussi se mettre en garde contre les éventua-
lités dont nous sommes tous menacés et qui, en le frappant, détruiraient
le fruit de tous ses efforts antérieurs. L'assurance sur la vie ne réclame
de lui que quelques sacrifices pour lui donner, au moment voulu, les
ressources nécessaires et lui assurer tout de suite, et quoi qu'il arrive,
l'avenir de ses enfants.
En outre de ces diverses combinaisons, les Compagnies d'assu-
rances sur la vie, toujours à la recherche du progrès, élargissent chaque
jour le champ de leur évolution sociale.
Signalons notamment l'assurance des pupilles de l'Assistance publi-
que que la Compagnie Y Abeille présente aux départements (1) :

La police d'assurance sur la vie présente des dispositions diverses


(t) Conditions générales du contrat. — La police n'a d'existence et d'effet qu'aprct-
la paiement de la premiôro prime.
Le paiement des primes étant toujours facultatif, la police ne continue à avoir son
plein effet que si La prime a été acquittée à l'échéance ou, au plus tard, dans les trois
mois suivant cette échéance.
A défaut de paiement dans ledit délai, et sans mise en demeure d'aucune sorte,
l'assurance est, de plein droit, résiliée ot la somme assurée, divisée en autant dr
fractions égales qu'il y avait d'annuités stipulées dans la police, est réduito au chillVi
d'une do ces fractions, multiplié par le nombre d'annuités payées.
La somme ainsi réduite reste payable à l'époque et dans les conditions prévues
par la police.
Toutefois, le département du pourra, pendant un délai d'un an, à compter
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 525

uant à l'incontestabilité, quant au suicide, au duel, au risque de guerre


,

i! de voyage, à la participation aux bénéfices selon les combinaisons et


I s Compagnies.

Nous ne pouvons donc donner le fac-similé des conditions générales


nus polices de toutes les Compagnies, voici seulement la reproduction
i ;i
texte de la police de l'assurance sur la vie entière en vigueur pour le
comité des quatre compagnies la Générale, la Nationale, le Phénix,
1 Union :

CONDITIONS GÉNÉRALES DE LA POLICE

L'assurance pour la vie entière est un contrat par lequel la Compagnie s'oblige,
moyennant une prime qu'elle porçoit pendant la vie de l'assuré, à payer, lors du décès

au jour de l'échéance de la primo, obtenir la remise en vigueur du contrat pour son


intégralité, moyennant le paiement de la prime on retard, accrue de l'intérêt annuel
au taux do 3 0/0, pour le temps écoulé du jour de l'échéance de la prime au jour de
son paiement.
Conditions particulières. — Aux conditions générales qui précédent et à celles
particulières qui suivent, l'Abeille. Compagnie anonyme d'assurances sur la vie,
s'ongage, sur la proposition de M. le Préfet du département du agissant
en vertu d'une délibération du Conseil général en dato du 24 avril 1805, a payer la
somme do cinq cents francs, le est alors vivant Dans le cas où viendrait
:i décoder au cours de co contrat, les primes payées seraient remboursées, sans
intérêts, par la Compagnie, aussitôt la dénonciation du décos.
Si le susdit pupille vouait, pondant le cours du contrat, à ne plus faire partie,
pour une cause quelconque, des Pupilles de l'Assistanco publique du la Compa-
gnie l'Abeille, solon la décision que prendrait, à cet égard, l'autorité préfectorale,
rembourserait, sans intérêts, toutes les primes versées sur la présente assurance par
lo département (déduction faite des versements dont il est parlé ci-après et qu'elle
aurait effectués, à litre de part contributive, sur ladite assurance), ou délivrerait un
«outrât dont le capital serait réduit dans la proportion du nombre des primes versées
•ii nombre des primes stipulées.
Le paiement des sommes assurées, ou le remboursementdes primes versées, sera
alablemcnt opéré par la Compngnie l'Abeille entre les mains do M. le Comptable-
gérant des deniers pupillaires, ou de M. le Trésorier général du selon le cas.
Le présent contrat est fait moyennant la prime de payable chaque année, le
: partir du jusques et y compris le
Toutefois, en raison du caractère do cette assurance, la Compagnie l'Abeille,

oulant participer à l'oeuvre de bienfaisance entreprise par le département, s'engage
:- y contribuer en versant, chaque année, à la Caisse des Pupilles du une
omme équivalente à fi 0/0 des primes reçues par elle pour les assurances desdits
pupilles
Voir également les divers risques couverts par les assurances, pages 221 à 369.
526 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

do ce dernier, quelle qu'en soit l'époque, une somme déterminée à ses héritiers ou
ayants droit ou aux bénéficiaires désignés.

I. — DISPOSITION FONDAMENTALE.
ARTICLE PREMIER. — Les déclarations, soit du contractant, soit du tiers assuré,
servent de base au présent contrat. Toute réticence, toute fausse déclaration qui dimi-
nueraient l'opinion du risque ou qui en changeraient le sujet, annulent l'assurance ci,
dans ce cas, les primes payées demeurent acquises à la Compagnie.
Toutefois, après cinq années entières écoulées depuis la souscription de l'assu-
rance, les dispositions du paragraphe ci-dessus ne pourront plus être invoquées par
la Compagnie.
II. — PAIEMENT DES PRIMES ET TAXUS.
ART. 2. — La prime est acquittée d'avance, soit pour l'année entière, soit pour
une partie de l'année, suivant le modo de paiement déterminé aux conditions manu-
scrites de la police.
Les droits de timbre et do toutes les taxes existant actuellement ou établies
postérieurement à la souscription do la police, ainsi quo les frais de perception de
ces différents impôts sont à la charge de l'assuré, et sont acquittés en môme temps
que les primes.
Le paiement des primes et des droits do timbre et autres doit être effectué, soit
au siège de la Compagnie, soit entre les mains des personnes chargées d'en recevoir
le montant, contre quittances signées par le directeur de la Compagnie.
ART. 3. — La police n'a d'existoneo et d'effet qu'après lo paiement de la première
prime.
Le paiement des primes (autres que la première) étant toujours facultatif, la polieo
ne continue à avoir d'effet que si la primo a été acquittée à l'échéance ou, au plus
tard, avant l'expiration des délais fixés au paragraphe suivant, qui sont laissés à
l'assuré pour manifester sa volonté d'acquitter ou non ladite prime.
A défaut de paiement dans les trente jours qui suivent l'échéance et huit jours
après l'envoi par la Compagnie d'une lettre recommandée, détacliéo d'un livre ù
souche et contenant rappel de l'échéance, l'assurance ost de plein droit résiliée sans
qu'il soit besoin d'aucune sommation ni autre formalité quelconque, la lettre recom-
mandée dont il vient d'être parlé constituant, de convention expresse entre les parties,
une mise en demeure suffisante.
Il est également de convention expresse entre les parties qu'il sera suffisamment
justifié de l'envoi do la lettre recommandée au moyen du récépissé de la poste, cl du
contenu de cette lettre, au moyen de la production du livre à souche mentionné ci-
dessus.
L'assurance résiliée est de nul effet ou réduite d'après la distinction établie en
l'article suivant.
ART. 4. — La police est annulée et les primes payées sont acquises à la Compa-
gnie si les primes des trois premières années n'ont pas été intégralement acquittées.
L'assurance est réduite, conformément au tableau imprimé au bas du présont
contrat, si les primes des trois premières années au moins ont été intégralement
payées. La somme réduite reste payable au décès do l'assuré.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÈTRANGER 527

III. RlSQUBS GARANTIS.

ART. O. — La Compagnie garantit tous les risques de mort, quello qu'en soit la
causé, sous les seules exceptions énumôrôes aux articles suivants :
ART. 6. — Si la personne sur la têto do laquelle repose l'assurance perd la vie
par le fait du bénéficiaire du contrat, ou par suite de duel, suicide ou condamnation
judiciaire, l'assurance est de nul ell'et et les primes payées restent acquises à la
Compagnie.
Toutefois, si les primes dos trois premières années au moins ont été acquittées,
la Compagnie tient compte aux ayants droit de la valeur qu'elle aurait payée si elle
avait racheté le contrat la veille du décès : cette valeur est calculée conformément à
l'article H ci-après.
La déchéance prononcée par le premier paragraphe du présent article n'ost pas
applicable en cas de suicide inconscient; mais il est de convention expresse entre les
parties que, dans ce cas, la preuve do l'inconscience de l'assuré suicidé sera à la
charge des bénéficiaires do l'assurance.
ART. 7. — La Compagnie répond par la présente police des risques de voyage par
terre ou par mer, et des risques de séjour :
1° Dans l'Europe tout entière ;
2° Dans tous les autres pays et régions situés au nord du 35° degré do latitude
nord, excepté, en Asie, à l'est du 50° degré de longitude ;
3° Dans tous les pays ou régions situés au sud du 30'' degré de latitude sud ;
4° En Algério, en Tunisie, en Tripolilaine, au Maroc, en Egypte, jusqu'à la
deuxième cataracte, en Syrie, en Palestine, dans toutes les iles de la Méditerranée ;
5° Dans la République Argentine, au Paraguay et dans la Caroline du Nord ;
6° En Nouvelle-Calédonie et à Ta'iti.
Mais la Compagnie ne répond pas des risques de voyage et do séjour au delà de
«es limites et en dehors de ces contréos, à moins d'une convention expresse et spéciale,
à défaut de laquello la police est résiliée de plein droit a compter du jour du départ ou
de l'embarquement.
Dans le cas de rosilioment stipulé par le paragraphe précédent, si les primes des
trois premières années n'ont pas été payées, la police est de plein droit sans effet, et
les primes payées demeurent acquises à la Compagnie.
Si les primes des trois premières anuées au moins ont été acquittées, la Compa-
gnie tient compte aux ayants droit de la valeur qu'elle aurait payée si elle avait
racheté le contrat la veille du départ ou de l'embarquement.
ART. 8. — Si l'assuré est ou devient marin de profession, ou fait partie à un titre
quelconque du personnel de la flotte, la police est résiliée de plein droit à partir du
jour de l'embarquement, à moins d'une convention expresse et spéciale.
Dans le cas de résiliement prévu par lo paragraphe précédent, si los primes des
trois premières années n'ont pas été payées, la police est do plein droit sans effet et
les primes payées demeurent acquises à la Compagnie.
Si les primes dos trois premières années au moins ont été acquittées, la Compa-
gnie tient compte aux ayants droit de la valeur qu'elle aurait payée si elle avait
racheté le contrat la veille de l'embarquement.
ART. 9. — Si l'assuré est ou devient militaire, la Compagnie garantit los risques
de tous services militaires, en temps de paix, en Europe, en Algérie et en Tunisie, y
528 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A I.'ÉTRANGER

compris le risque de mort reçue dans la répression d'une émeute, d'une sédition ou
d'une insurrection.
La présente police ne couvre pas les risques do guerre contre une puis'santv
étrangère (ce risquo pouvant toutefois faire l'objet d'un contrat distinct, souscrit
conformément aux conditions arrêtées, pour cette assurance spéciale, par le Conseil
d'administration, et qui seront en vigueur au moment de la déclaration de guerre;.
Si l'assuré est appelé à prendre part à une guerre contre une puissance étrangère,
soit comme combattant, soit dans un des services auxiliaires de l'armée, l'assurance
est suspendue de plein droit du jour où l'assuré est entré en campagne ; elle reste en
suspens pendant toute la durée delà guerre et pendant un délai de huit mois à compter
do la cessation définitive des hostilités.
ART. 10. —Si l'assuré placé dans les conditions de l'article précédent décède, soi:
dans le cours de la guerre, soit dans le cours du susdit délai de huit mois, sans qu'il
y ait à distinguer si le décès est la conséquence de la guerre, ou s'il est dû à dos
causes indépendantes de la guerre, l'assurance est annulée, mais quel que soit lo
nombre des primes payées, la Compagnie verse aux bénéficiaires du contrat le mon-
tant intégral de la réserve établie conformément aux procédés de calcul adoptés par
la Compagnie.
Si l'assuré est vivant à l'expiration du délai de huit mois ci-dessus spécifié, l'assu-
rance rentre en vigueur de plein droit, sans examen médical, mais sous la condition
expresse du paiement préalable de toutes les primes qui auraient pu échoir pendant
la suspension de l'assurance, ainsi que des intérêts do retard à 4 0/0 pour les primes
qui n'auraient pas été payées à l'échéance.
A défaut de paiement dos primes dans ce délai, et après envoi de la miso on
demeure prescrite par l'article 3, paragraphe 3, la police sera résiliée ou réduite
suivant la distinction établie en l'article 1.
L'assuré qui, rentré dans ses foyers, aura fait constater le bon état de sa santo
par un médecin désigné par la Compagnie pourra, en versant, s'il y a lieu, les primos
échues avec intérêts de retard, obtenir la remise en vigueur de sa police, sans
attendre l'expiration dudit délai do huit mois.
IV. — RACHAT. — CESSIONS.
ART. 11. — La Compagnie rachète, à la demande des intéressés, les polices sur
lesquelles les primes des trois premières années au moins ont été acquittées. Le prix
de rachat est déterminé d'après les bases adoptées par la décision du Conseil d'admi-
nistration et en vigueur au jour de la demande de rachat.
ART. 12. — Le contractant peut, s'il a été expressément stipulé dans les condi-
tions manuscrites que la police est faite à son ordre, en transférer la propriété par un
endossement régulier, conformément aux articles 137 et 138 du Code de commerce.
Les oessionnaires successifs ont la même faculté.
Toute cession, sous quelque forme qu'elle ait lieu, doit, à peine de nullité, être
approuvée par la pèrsonno sur la vie de laquelle l'assurance repose.
V. — PAIEMENT DES SOMMES ASSURÉES.
Art. 13. — Le décès de l'assuré doit être notifié à la Compagnie, par les ayants
droit au bénéfice de l'assurance, dans un délai de trois mois, à compter de la date do
ce décès.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 529 j{.

Ce délai est porté à six mois pour l'assuré auquel s'appliquerait l'article 7 de la
:>résente police.
ART. 14. — Les sommes dues par la Compagnie sont payées au siège social dans
es trente jours de la romise de la police et des pièces justificatives dûment légalisées, '
;esquelles comprennent notamment l'acte de naissance, l'acte de décès de la personne
iont la vie était assurée, et le certificat du médecin constatant le genre de maladie ou
l'accident auquel elle a succombé.
Toute différence constatée entre la date de la naissance déclarée, lors de la sous-
cription du contrat et celle portée dans l'acte de naissance, donnera lieu à une réduc-
iion proportionnelle du capital assuré, soit au remboursement sans intérêts des
sommes perçues en trop sur les primes. ' I

VI. — ATTRIBUTION DE JURIDICTION. !

ART. 15.—Toutes les contestations, de quelque nature qu'elle soient, qui pour-
raient être intentées, directement ou indirectement,, contre la Compagnie, il l'occasion
du présent contrat ou pour son exécution, seront de convention expresse, soumises
aux tribunaux du déparlement de la Seine.

I-'AC-SIMII.IÏ DR LA POLICU N° 1 TARIF N° 2 DE LA « IIOL-LANDSCHE SoCIETEIT VAN LEVENS-


VKRZEKKRINGEN », CRÉÉE A AMSTERDAM EN 1807 ET PREMIÈRE COMPAGNIE D'ASSURANCES
SUR LA VIE DU CONTINENT (GRANDE-BRETAGNENON COMPRISE).
03.0 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'A.SSURAN.K KX FltAXCi: ET A L'ÉTRANGKR
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L ÉTRANGER 531
£32 IHSTOIRE GÉNÉRALE
DM L'ASSURANCE
ION FRANCE ET A L'ÉTRANGER

de «es travaux, date de 1742.


lV Plus
^
p us loin :
^^ ^ ^^ ]° '"» ~quable
Bases acientiliques de l'assurance-vie.)
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 533

VIGNETTE DES PREMIÈRES POLICES n'rc LA «(


'ÔMPAGNIE D'ASSURANCES C.ÉXÈRAI.I*S SUR LA VIE »

— Kn 1870, une réunion de porteurs de polices de plusieurs Compa-


gnies anglaises a eu lieu à Londres en vue des dangers que courent las
porteurs de polices et de rentes sur la vie par suite de la mauvaise admi-
nistration des Compagnies d'assurances.
Cette assemblée a ['onde une union de garantie mutuelle qui avait
pour objet de veiller aux intérêts de ses membres en cas de faillite. La
nouvelle union avait pour titre : /.ssociation pour la protection mutuelle
des porteurs de polices.
Kn France on n'a jamais eu besoin d'institution de ce genre.
— La plus vieille police du monde entier à été souscrite en Angle-
terre à l'Equitable.
Ce contrat, qui n'était, à l'origine, que de 25,000 francs avait été réalisé
en décembre 171)5 sur une tète do 13 ans; la prime annuelle était de
i70 Francs.
La somme payée aux ayants droit de l'assuré, après une durée de
79 ans de contrat, s'élevait à 197,025 francs, soit près de huit fois le mon-
tant de l'assurance primitive.
Cette augmentation du capital assuré était due à la participation dans
les bénéfices de l'Equitable.
Les tarifs définitifs de l'Equitable datent de 176.5, époque de l'enre
gistrement de la Société à la cour du Banc du roi. Ils sont dus à Dodson'
le premier actuaire de la Société (1). Ces tarifs ont été modifiés par le
1> Price, auteur de la table de Korthampton, qui a été publiée en 1780.

(1) Voir la note page 72.


534 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANGE ET A L'ÉTRANGER

Les polices d'assurances sur la vie ont donné lieu à des controverses
extrêmement intéressantes, notamment sur Pincontestabilité, sur le
suicide, le duel, sur le risque de guerre, enfin sur l'examen médical (1),
passé par les docteurs de la Compagnie assureur.
Le suicide surtout est la pierre d'achoppement qui arrête la création
tant désirée de l'assurance intégrale et quoique plusieurs Compagnies
françaises aient presque supprimé cet obstacle (2), rien de décisif n'est
encore apparu dans un sens absolument libéral.
Cette question du suicide est de tous les jours, elle défraye les
chroniques, on la trouve dans les statistiques, les penseurs, les écrivains,
les romanciers lui consacrent de longues études, de poignants chapitres ;

(1)Voir plus loin : Basos scientifiques.


(2) La police complète du Phénix et la police de l'Urbaine sont cependant extrê-
mement libérales.
En Franco, toutes les Compagnies d'assurances sur la vie ont, dans leurs polices,
des clauses prévoyant le cas de suicide, et stipulant qu'en ce cas elles seront déchar-
gées de toute obligation. Le Conseil d'Etat, par qui sont approuvés los statuts de ces
Compagnies, exige que ces clauses y soient énoncées.
Il est évident néanmoins, dit un arrêt de cassation du 30 novembre 1875, que le
suicide doit avoir été volontaire, et que l'assuré ne peut être déchu de ses droits au
cas où il a cédé à un acoès de folie. Toutes les l'ois qu'il s'est tué dans un moment
d'inconscience, la déchéance ne s'applique pas. La prouve incombe, d'ailleurs,
en ce cas à la Compagnie qui refuse d'exécuter sa police : « 11 s'agit — disait M. l'avocat
général, le 3 août 1876 à la cour de cassation, dans une cause relative au suicide —
il s'agit de résilier un contrat : la base de la résiliation, c'est le suicide. C'est donc
aux Compagnies qui demandent la résiliation à faire la preuve. Cette preuve, elles
peuvent la demander à des constatations matérielles ou fi des constatations morales. »
Ainsi, en France, la législation est bien simple : en cas do suicide volontaire,
résiliation des polices; la prouve à faire appartient aux Compagnies demanderesses.
Dans d'autres pays, en Angleterre, en Suisse, on Hollande, en Amérique, on
admet parfois que le suicide volontaire n'entraîne pas la résiliation du contrat, mais
on exige qu'il ait été opéré le versement de plusieurs primes, trois, généralement,
entre l'engagement et le suicide, afin d'éviter toute spéculation possible d'un homme
aux abois, se suicidant pour sauver, par sa mort, la situation des siens.
Il est bien rare, en effet que l'on poursuive l'idée du suicido pondant trois années.
C'est ainsi que certaines Compagnies américaines admettent, le suicide qui a lieu
un an et un jour après le contrat d'assurance. La Compagnie anglaise le Gresham
l'admet aussi après le versement de trois primes. La Compagnie Belge d'Assurances
'Générales, les compagnies la Bâloise et la Société Générale, Néerlandaise l'acceptent
également après trois ans.
Les mêmes Compagnies appliquent des principes analogues en cas de duel et
d'exécution capitale.
Quelques Compagnies allemandes paient après cinq ans.
HISTOIRE GÉNÉRALE T)E L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER
535

au théâtre, elle trouve place, on l'y considère même comme étant d'un
effet essentiel au succès d'une pièce. Bref, de quelque côté qu'on se tourné,
le suicide apparaît enveloppé de son saisissant mystère.

L'homme qui doit se tuer est, depuis quelque temps, détaché dés
choses de la vie, il ne sait souvent pas pourquoi il veut mourir, il l'a su
peut-être, sans doute même, mais il l'a oublié, il meurt seulement parce
qu'il a l'idée fixe de mourir et comme l'idée fixe est une folie douce
Concluez.
Naturellement, il y a des exceptions chez les suicidés, comme il en
doit exister dans les règles générales, mais elles proviennent d'un accès
subit d'anéantissement en présence d'une grande émotion, d'une déception,
d'une catastrophe.
Le suicide a existé de tout temps, mais chaque siècle lui a imprimé
un caractère spécial, les statistiques nous prouvent aujourd'hui que c'est
une maladie contagieuse qui naît de préférence dans certaines régions
et dont les causes remontent aux habitudes et aux vices de l'homme.
Nous reviendrons sur ces causes ; auparavant jetons un rapide coup
d'oeil sur l'histoire du suicide.
« Tu ne tueras pas », a
dit le Décalogue, et les Hébreux se tuaient
rarement, étant entendu que le meurtre de soi-même était assimilé à
l'homicide. Les adorateurs de Bouddha, de Brahma, de Vichnou se
tuaient par fanatisme; il en était de même en Chine, au Japon et en Perse.
Le Coran considère le suicide comme un crime. Clôopàtre, qui se suicida,
avait fondé, après la bataille d'Aetium, une société de stdcidistês. Les
Grecs se suicidaient beaucoup ; à Athènes, uno loi autorisait le suicide
quand l'Aréopage en approuvait les motifs.
Vers la fin de la République romaine, il y eut une véritable épidémie
de suicide ; à la suite de défaites, les vaincus se tuaient ; également sous
l'Empire, les suicides politiques furent'nombreux. Sous Justinien, l'épidé-
mie des suicides continue; le Romain avait pour principe : liber tnori.
Voici d'après M. Gaston Garrisson, qui a écrit avec talent sur cette
question, les huit catégories de mort volontaire acceptées chez les
Romains : Dégoût de la vie, désir de se soustraire à une maladie dange-
reuse, regret causé par la mort d'une personne chérie, honte d'être débi-
teur insolvable, désir de faire parler de soi, folie, démence, outrage
à la pudeur.
Les suicides suivants tombaient sous l'application de la loi : suicide
sans cause, suicide ayant pour but d'échapper à une condamnation,
suicide militaire, suicide chez les esclaves.
536 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

En Gaule, le suicide était un honneur, les vieillards qui ne pouvaient


plus aller au combat se suicidaient. Avec saint Augustin et la religion
chrétienne qui étend son influence civilisatrice sur toute l'humanité, le
suicide est prohibé ; dans les conciles le droit canonique est formel : à
Arles, à Pragues, Auxerre, Troyos, le suicide est condamné. A côté du
droit canon, s'élève le droit laïque ou droit coulumier, qui assimilait
généralement le suicide au meurtre. La confiscation des biens en était la
peine.
Le protestantisme se prononçait formellement contre le suicide.
L'ordonnance de 1670 apporte quelque adoucissement à la répres-
sion du suicide, toutes les pénalités vont être supprimées ; et en effet, 1799
bouleverse le droit et proclame la liberté humaine.
Voltaire, Montesquieu, Rousseau admettent le suicide, et il est curieux
de connaître les raisons qu'ils exposent dans leurs ouvrages.
Pendant la Révolution, on signale beaucoup de suicides poli-
tiques.
Au dix-neuvième siècle, où nous sommes arrivés, les suicides tendent
à augmenter, les lois françaises ne marquent pas sa répression et les lois
étrangères ont des pénalités très douces.
Les causes de suicide les plus fréquentes sont : les crises écono-
miques, les perturbations financières ou politiques ; voilà au point de vue
social. Sous le rapport médical, nous voyons que le suicide est hérédi-
taire et qu'il est classé au nombre des maladies graves qui affligent
l'humanité.
L'ivrognerie est le vice qui donne au suicide le plus de victimes, car
avec l'ivrognerie on devient fou, on contracte des maladies cérébrales et
ces dernières portent généralement au suicide.
Les autres causes diverses sont la misère, les revers de fortune,
chagrins de famille, amour, jalousie, inconduite, afflictions et souffrances
morales et physiques.
La statistique est intéressante, mais affligeante à suivre.
En Europe, d'après le travail savant et consciencieux d'un écrivain
russe, M. Pavlovzky, on ne compte pas moins de 25,000 cas de suicides
par an.
En Russie, dans les cinq dernières années, le nombre des suicides
s'est accru de 53 0/0 sur la période précédente !
En Saxe, il a augmenté de 70 0/0 ; dans le grand-duché de Bade, de
60 0/0 ; de 60 0/0 également en Bavière.
En Autriche, il y avait, il y a vingt ans, à peu près quinze cents
suicides par an ; il y en a maintenant environ quatre mille.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 537

En France, dans la seconde moitié du siècle, jusqu'à 1880, le nombre


ilis suicides a augmenté du triple.
A partir de 1880, les chiffres deviennent encore plus gros. L'an
il rnier, il y en a eu huit mille deux cent vingt-six!
Mais, croit-on que le suicide soit le monopole de l'homme, non, il
ii :scend jusqu'aux enfants. On en compte quatre-vingts morts en 1894;
n'est-ce pas le cas de se demander avec le poète sous quel fardeau leur
pensée succombe?
Dans cette course à la mort, les femmes sont amplement partagées ;
et c'est la campagne qui fournit le plus gros contingent. La ville donne
-20 0/0 de suicidées; le village 22 0/0.
Le plus grand nombre de ces suicides féminins se rencontre en
Angleterre, puis dans les pays Scandinaves et en Hongrie. En Hollande
t -t en France, ils sont dans la proportion de 21 0/0 ; il en est à peu près de

même en Russie. En Belgique, cette proportion descend à 15 0/0.


Les femmes se tuent surtout pendant la jeunesse, alors que leur
pensée vagabonde dans le sentier du tendre, de seize à vingt ans, il y a
une proportion de vingt-huit suicides d'hommes pour cinquante-sept de
lemmes; le mariage n'éloigne pas l'idée du suicide. En France, notam-
ment, sur un million d'adultes, on compte quatre-vingts suicides de
jeunes filles et quatre-vingts suicides de femmes mariées. En Saxe, les
jeunes gens se suicident moins que les gens mariés.
D'une façon générale, de cinquante à soixante ans, le nombre des
suicides est deux fois plus grand que de quarante à cinquante ans.
C'est qu'en effet, à cet âge, où la désespérance est aiguë, la mort
tntr'ouvre sa porte, et la vie va fermer la sienne en une rafale de misères
et de déceptions.
La classe sociale qui produit le moins de suicides est celle des
commerçants.
Après les commerçants, ceux qui se tuent le moins sont les agricul-
teurs et les domestiques. Par contre, c'est dans le prolétariat ouvrier, et
surtout dans le prolétariat intellectuel, que les suicides sont les plus
fréquents. Ces désespérés se considèrent comme des vaincus de la vie.
Si la statistique du suicide porte sur les religions, on constate que
los Israélites ne l'alimentent que très peu et que les protestants (surtout
en Allemagne) pratiquent le suicide plus souvent que les catholiques.
Des observations très intéressantes portent sur les suicides militaires.
Kn France, depuis la réduction du service militaire, les suicides ont
'iiminuô; en Allemagne, c'est le contraire.
Malgré tout, on peut espérer que la loi du progrès effacera dans un
538 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

temps prochain la clause du suicide des polices françaises d'assurances


sur la vie.

Antérieurement à 1870, ni les Compagnies d'assurances sur la vie,


ni le public n'avaient porté une grande attention à l'assurance du risque
de guerre.
Il est certain, cependant, que les hommes au-dessous de
quarante - cinq ans, devant servir en cas de guerre, courent un
risque de plus. Ils sont, en effet, dans la période où chacun se crée
une situation, une famille, et songe à prévenir les conséquences
que pourrait provoquer sa mort. Et c'est justement le risque auquel
ces hommes sont le plus exposés qu'on ne garantissait que timide-
ment avant la grande guerre.
Il résultait de cette situation que beaucoup de jeunes pères de
famille, à tort ou à raison, ne s'assuraient pas, dans la crainte
qu'une guerre ne vint, en occasionnant leur mort, enlever la garantie
qu'ils cherchaient.
Les Compagnies françaises ont alors compris qu'il y avait là une
grande lacune, et après la dernière campagne, plusieurs d'entre elles
ont décidé de couvrir le risque de guerre, moyennant une surprime
variant de !? à 10 0/0, selon la catégorie militaire de l'assuré ou le
genre de service auquel il était astreint.
Ce système reconnu insuffisantquelques années plus tard par le Cornilô
eut pour effet de lui faire adopter une combinaison nouvelle en 1887.
Cette combinaison consistait, en principe, à ne pas s'engager
d'avance à payer, en cas de décès à la guerre, un capital déter-
miné moyennant une prime déterminée, mais simplement un capital
subissant, dans une certaine limite, la tarification imposée par les
événements.
La circulaire que les compagnies du Comité ont adressée aux
agents à ce sujet indique deux dispositions essentielles :
1° Il est formé, au moyen de cotisations versées par les assurés
militaires, un fonds spécial sur lequel sera imputé le paiement des
sinistres survenus pendant la guerre, sur la tête desdits assurés; les
capitaux correspondant aux cotisations versées seront payés inté-
gralement, si le total des cotisations est suffisant, ou réduit propor-
tionnellement, dans le cas contraire ;
2" La Compagnie garantit que, dans ce dernier cas, le capital
réduit ne sera pas inférieur au tiers de la somme correspondant
à la cotisation.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE BN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 539

En résumé, la situation des assurés d'une Compagnie était


colle-ci :
Si un assuré, qui n'a pas contracté un contrat spécial pour le
risque de guerre, meurt pendant la campagne, la compagnie ne
paiera que la valeur do rachat de la police, mais dans les con-
ditions les plus favorables.
Si cet assuré survit, sa police, dont l'effet a simplement été
suspendu, est remise en vigueur à la seule condition de payer les
primes arriérées avec les intérêts de retard.
En 1889, un nouvel avenant militaire pour constater le « dépôt
préalable des surprimes ou cotisations de guerres » a été difiniti-
vement adopté.
Cette disposition toute facultative ne changeait rien aux con-
ditions fondamentales établies par le Comité, en J887, pour l'assu-
rance du risque en question= 11 était seulement donné plus de
facilité aux titulaires de polices, lesquels pouvaient pourvoir, par
anticipation, à la libération d'une charge éventuelle, tout en retirant
un léger intérêt de leurs dépôts.
Deux modèles d'avenants ont été rédigés : un pour la prime
fixe, un autre pour la mutualité militaire.
Le texte en est à peu près semblable — sauf les adaptations
nécessitées par les différences de système (1).
Vers la môme époque où paraissaient les avenants des compa-

(II Nous nous contenterons do transcrire l'avenant relatif à In combinaison


mutuelle :
ART. I. — Un prévision do lit siirveiianeo d'une guerre, M a déposé
H la date de co jour, à la Compagnie qui lo reconnaît, la somme de

Ce dépôt est ainsi fait pour être appliqué d'ol'lice, le cas échéant, au paiement
d'une cotisation d'assurance spéciale de guerre, dans les termes et conformément
aux conditions générales de l'assurance du risque de guerre.
ART. 2. — Cette application sera faite aux taux de 5 0/0, 3 0/0 ou 2 0/0, suivant
la catégorie dans laquelle Al sera appelé à prendre part à
la guerre.
À titre do renseignement seulement, M déclare qu'il est
actuellement soumis au service militaire en qualité de
ART. 3. — La Compagnie tiendra compte, à dater de co jour a M
'les intérêts au taux do deux pour cent l'an, de la somme présentement consignée.
Lesdits intérêts seront réglés à M
aux échéances convenues pour le paiement des primes de la police n°
ART. 4. — Le cours desdits intérêts cessera de plein droit du jour où, par suite
de la survenance d'une guerre, ladite somme recevra, l'affectation tï laquelle elle est
destinée.
540 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

gnies du Comité sur le risque de guerre, la France innovait a


combinaison suivante :
Les assurés susceptibles do partir sont classés en trois catégories :
1° Coux qui font partie de l'armée active, de ht réserve de l'armée
active et de l'armie territoriale; 2" ceux qui font partie de la réserve
de la territoriale; .'1° enfin ceux qui participent à. la guerre en qualité,
de fonctionnaires ou d'employés civils ou militaires.
Chacune de ces catégories doit, pour conserver son contrat intact,
payer, au plus lard dans le mois de l'entrée en campagne, une sur-
prime qui est de :
12 0/0 du capital versé pour la l'° catégorie.
7 0/0 — — 2°
5 0/0
Ce qui constitue une
— — -
il"
innovation des plus heureuses dans la com-
binaison, c'est que l'assuré est libre :
Soit de payer la surprime en totalité, ou par fraction de dou-
zièmes, septièmes ou cinquièmes, selon qu'il appartient à la 1", la
2° ou la 3° catégorie.
Cette surprime ou fraction de prime peut être payée à sa convenance
aux époques qu'il lui plaît.
Ou bien, si la police a au moins trois années d'existence à l'époque,
de ne pas opérer ce versement, mais de déclarer alors qu'il affecte

ART. 5. —Jusqu'aiulit jour, AI pourra retirer ladite


somme des mains de la Compagnie, eu lui donnant avis do son intention deux ami-.
à l'avance.
A dater du jour de cet avis, les intérêts cesseront do courir sur ladite somme.
ART. (>. — Le présent dépôt cessera également de produire dos intérêts à partir
du jour où AI sera lihôré du service militaire.
ART. 7. — lin cas de rachat ou de résiliation de l'assurance, la. Coinpagni
tiendra à la disposition de M la somme présentement consignée,
et les intérêts seront arrêtés, de plein droit, au jour du rachat ou do l'échéance de h
prime dont le non-paiement, mira motivé la résiliation de; l'assurance.
Il on sera de inétiie, en cas de réduction, pour le moulant de la somme q"i
excéderait la cotisation correspondante au capital réduit.
ART. 8. — Si l'assuré décède avant que la somme présentement consignée a:i
reçu l'affectation à laquelle elle est éventuellement destinée, ladite somme sera rem
boursôe à ses héritiers avec intérêts arrêtés au jour du décès.
ART. 9. — Dans aucun cas et sous aucun prétexte, AI ne pourre
invoquer le dépôt présentement fait pour refuser le paiement de ses primes ordi-
naires, demander les délais supplémentaires ou contester la légitimité d'une résiliation
ou réduction d'assurance; aucune compensation ne pouvant être établie entre le*
primes do l'assurance et la somme consignée, laquelle a une affectation spéciale.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCli ET A
L'ÉTRANGER 541

la valeur de rachat de sa police, jusqu'à due concurrence, au ser-


vice de la surprime de guerre
En 1890, la question du risque de guerre est seulement agitée
dans le congrès des oeuvres d'assistance en temps de guerre. Le
(imité était composé des personnalités les plus sympathiques : le
marquis de Vogi'ié, président; MM. Mézières, Rochard, Mgr Perraud;
Mmes Koechlin-Schwartz, etc. Les principales questions traitées ont-
clé les suivantes : Préparation en temps de paix du personnel et
da matôri d es Sociétés de secours... Rôle des Sociétés privées
dans l'assistance des prisonniers de guerre... Assistance à donner
aux femmes et aux enfants des soldats mobilisés en temps de guerre...
Assurances destinées à fournir immédiatement un capital aux veuves
et enfants des militaires morts à la guerre.
Jusqu'en 1896, en France, l'assurance du risque de guerre a sommeillé,
cile vient d'avoir un brusque réveil.
La police complète du Phénix, qui comprend entre autres modi-
fications l'assurance du risque de guerre, vient en effet d'apparaître.
Voici, en résumé, le mécanisme de la combinaison du Phénix :
Pendant toute la durée du service militaire, la participation
des assurés dans les bénéfices n'est pas versée à ces derniers. Elle
est mise en dépôt dans une caisse spéciale dite : Fonds de guerre.
Si le contrat arrive à terme ou si l'assuré décède sans que la guerre
ait éclaté, toutes ces participations réservées sont restituées à leurs
légitimes possesseurs. Mais si la guerre éclate, c'est le fonds de
guerre qui paye les sinistres. Ainsi l'assuré ne débourse pas un
centime de plus que la prime normale des assurances en usage
aujourd'hui. Si la paix se maintient, il ne perd môme pas un cen-
time de ses participations, alors que si la guerre vient obliger la
Compagnie à régler de très nombreux sinistres, c'est la participation
soûle qui est mise à contribution.
Dans le cas où les participations réservées ne suffiraient pas au
règlement de tous les sinistres, le Conseil d'administration a décidé qu'il
sorait prélevé sur les bénéfices de la Compagnie des sommes supplé-
mentaires à verser au fonds de guerre, de manière à le mettre en état de
faire toujours face aux dépenses les plus fortes dans les cas les plus
défavorables, sans avoir besoin de recourir en aucune façon à toutes les
autres réserves de la Compagnie. L'Assemblée générale du 30 avril 1896
a voté ainsi un premier versement de 1,500,000 fr. au fonds de guerre,
cii qui permet d'envisager les éventualités les plus extrêmes pour plu-
sieurs années.
542 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE UN FRANCE ET A 1,'ÉTRANGER

Enfin la Compagnie a encore envisagé le cas où les assurés ne pour.


raient pas payer leur prime dans les délais voulus pendant la durée de
la guerre, soit par suite de l'interruption des communications, soit par
suite de la difficulté de faire rentrer les fonds. Elle avancera d'office ces
primes aux conditions ordinaires de ses avances et les assurés n'auront
ainsi nullement à craindre de voir résilier leurs polices malgré leur désir.

De la France transportons-nous dans les autres pays d'Europe cl


voyons ce qui a été fait pour l'assurance du risque de guerre.
En Allemagne, où l'on vit avec l'idée toujours présente à l'esprit
d'une guerre probable, toutes les Compagnies se sont occupées du risque
de guerre.
L'origine de l'assurance du risque de guerre en Allemagne remonte
à 1871.
En effet l'Empereur et Roi d'Allemagne approuvait, le 10 décem-
bre 1871, les statuts delà Compagnie d'assurances sur la oie pour l'armée
et la marine, sous la condition d'une garantie éventuelle accordée par lui
et fixée à un maximum de 3,750,000 francs; en outre la Société était
placée sous la haute surveillance du ministre de la guerre.
En 1S73, l'oeuvre de l'Hmpereur provoque l'émulation des Compa-
gnies allemandes qui, au nombre de treize, fondent l'Association des
Compagnies allemandes sur la vie ayant pour but de déterminer les
conditions dans lesquelles un contrat d'assurance sur la vie pouvait être
accepté ou maintenu en vigueur par ces Compagnies, dans l'éventualité
d'une guerre (1).
En ce qui touche l'assurance moderne du risque de guerre en Alle-
magne, voici ci-contre et hors texte un tableau synoptique que nous avons
dressé grâce aux notes recueillies dans l'excellent ouvrage de M. J. Nett-
mann (2).
En Autriche, en outre de la Janus et de la Compagnie d'Assurances
Générales de Trieste qui assurent le risque de guerre, notons 1' Union
Autrichienne-Hongroise d'assuranees de guerre.
Cette Société mutuelle, n'établissant aucune distinction entre les caté-
gories, elle fait payer une prime de 7 0/0 à tous les soldats, gradés ou
non, de l'active ou de la réserve; le capital assuré ne peut dépasser
12,500 francs.
Les autres Compagnies nationales Austro-Hongroises ont, à peu de
(1) N° 68 du Deutsche Versicherungs Zeilung de Berlin, journal des assurances, 1875
(statuts, conditions et formulaire).
(2) Publié in-extenso dans la Zeitschrift fur Versicherungswesen (Berlin 1892).
Tableau, synoptique de© Gonapa9fnies d'assurances assurant le risque de guerre en Allemagne
guerre
•MIei aux conditions du règlement du MAfiDI-BUltt; qu'à
..u'ti concurrencedo la souimoussui"e d'après 11 Siins surprime pourtous les assurés eu descoiidaitt
11. pourles capitauxassuressu-
UKK1.IN HIlAl-'XSCHWKHi
BraunsohweiglBobo
BertlntBoheLebens-Versloherungs-Ge- rungs-Anatalt, S,»i.-ie mtiuiell^ f.-nd,.- laiid.
LobeiiB-Ver.iiohe- Lobeaavoraiohorungabank J fur DauUofc- sommes " lïï SeptembreIK88, jusqu'à concurrenceJOK
"0'u assurées.
WUhelma
V tn Magdeburg, Allgemotne les conditions
Veralcberuags-Aotiea-Oeaellsohaft,
Vol capi-
< du règlementde 1801.
8. — Système do l'assurance:
usireiuls
usir
fession,
fe.ss
mi service,pour les soldats de pro- périeurs
les employésmililairt*s et autres qui
jièr
<
û 0 000 M.|.
C Pourles non cnuibattants:
C.
lai Sueièio uit.M.êllufondée en IJtîï-
BOllsohaft, C-utnni')<>•'p»i' nation*-nucapital
do 3.000.000do M f f-mdèctu l&lu. ,'" 1811.
et.
7. — IJI S,..-ii-lén'ii^ilie pa- *i" '•• "'l!" Soe.e.e S"
7- - A^urun.v .lu risque de giierre'- H
«,.,.,.,,„. |„ ,.,,ra,/.ie du ii*|ue de font
»- — Systemo do l'assurance:
8.
». Graluiiomeiit]ioui les personnesqui
a.
tal action
i :t.000.000 M fondéeru 187». 1 Sanssurprimepour los assurésastreints ne sont
L
7. — Assurancedu, risque de guerre: lu au sorvieo obligatoire, pour los soldats de suhuiites *""
: pat coinbalta nis sous les conditions
; pendantles3
peu
pfnduil
l^aunéosS•/«. I in 2 V
6 ooii
7. — Assurance.lu risque «1» guerre pour -"
-'..•ne,,,,,,,,-,,,,,,,,.,,,.,, de),, somme tlve !> « leur sorvieo pour satisfaireuniquement Compagnie Cou acceptela garantiede ce risquo profession proi non coinballants et pour lus inÔ- A La police d'usstirancen'est vulublu pour
A. la 4« i 3/1 •/• » 5/0 %
les assurés allemr.i-dsfaisant partiede Par- que de
f,U* devoirs générauxet qui ont nu grade jusqu'à

' giieM'M. MiivaiO les cnvenlions cl les ,i.ii«t* ''» aux concurrencede 20.000 M. par léte, decius. de guerre que s'il s'est écoulé au
mfre de terre, tl'i,iiès les règlements do
la Compagnie|)0UI-l'exercice 1892 : lu Com-
Breraor
IIHKMKN'
Lebons-Voralclierungs-Bank,
IKjaiiM.-i-IKSS.
1K(
u
! K....,
>Meuii' , |,i
, liissurauce:
i.
inférieur
"!
dit"
ilition
.
a celui d'oflicior siilialterno,à cou- suivuut
1(110 l'nssurancoait déjà u annèosdo
jus<
sui<
vembre
yen
les conditionsdu règlementdu 15No-
1880.
doc
pital
pita assuré pour les soldats do iiofcssiou
ie risque
le
1"
r
U Avec surprimeannuellede 2 ',.« du ca- au moins ',10 jours outre lo payement de la
IL
prime
| et le 1" jour de la mobilisation. Si
--2 5*
IV

— 2 1/8 •/. 1 2/3 •/•
i/d Vo 1 1/2 V-
2 •/• 1 1/3 Vo
pagnie accepte r.»!-sni*nii,-,«'du risque de
S,N-iéiémutuelle f-u-l 1*17.
•">-
1.
'
-
Av.,- Mir|„.,m.. nuimcllril- » '"'-. - 1" date. .
d"." 8 — Systèmedo l'assurance: avec une combattants
8. cou (obligatoire pour les iouveaux la mobilisation u commenceavant le 30* jour, «'' — — 1 3/1 •/• 1 ï/0 %
guerre jusqu'àe,on<iirrenredp W.OOO M. par ri-|i-. de la '" •iil"'- 1 l'"iir li ilr |ir.i.i'Wi»ii- 1>.
>. I.'assurouco peutêtre nlitonue au moyeu sur surprimeunique de : participants).
par la prime
p payée, si elle excède 1/1 do primo, O1 et suiv. 1 1/2 % I V»
lèle, aveu les prine'- mentionnées dans les ". — A«suraiHVdu guerre: s"'« I.iillniil-.
"
d'un payomeut unique de 2 M %* du capital ti "', du capital assuré pour les ofliciers III. Avec prime unique est restituée, d éduction Copen- la' les
Soeiéli- aecepi- la L-IUMIIÙ" du rr*-|iie de Il
I Mirpri.nt, |„.iir K's iissmv» ns«»- "'• a
a. II une supplémentaire fuite du quart. Depi-.is
V. d* année, pour non com-
tarifs A, M, As, en I»- *)'
:»'M«H»M. «ir jel j-ltis .- vi,,. ..I.lignl,.!,,, lu» «.1- assuréa»« pour les personne» qui veulentélre et les I aspirants. do: 2 % du capital pourles combattants ot dnnl
Au: dnn elle doit élre réclaméedans les 3 mois battants, bâti ta surprimen'est payable que si la
8. — Systèmes,r;i->siiranrrpour le risquo guerre Jusqu'il eiirivne- de ... |.ou, garantiesaussitôtaprès la signaturedu cou- li I " pourtousles autres combattants
**'
da •!-• l'iiifossinn i.mi ,;„iuli:illailH.
.lai« '-'''"', b. . eu 1/2*/»1/2 pour les pou combattantsqii suivent qui suiventla mobilisation. assuréetlépasso 0000M.
do guerro: '." lête «uiivamles eMudiiimi»«lu r-Vlement
utiu uni et pourcelle.-) qui satisfont A leurs obli- ylescomprenant
irai ci les médecins, les inlirmierset l'arméevolontairement.
l'ai' H Les polices d'assurancedo guorro uo
IL
son
somme
Cos
C surprimossont réduites 6 00 •/• de
I. Sans surpiinv | «H"' les non combattants, île '" 1KS1'. gâtions
%[ milituires à titr.i «l'officier. Cettei les musiciens. établiesqu'avecparticipationdans les leur
notammentles pin] I ijés de l'administration I. \vee sui|iriilie uniiiii'1 -'•' :
militaireot los médecins.
K.
-
SyHéinedol'a>:urvir.'-
''
II.M.I.I.U. S.
Irlum, Lebena-, Pension»uudl.oibron- même surprime do 2 "/«•o«t perduepourles: c 2 1/2 */o pourles non cniiibutlants.
c.
d 1 •'. pour les personnesqui n'acenni-
sont
son
l.èu
bénéfices, et reçoiventlo même quantumdo pour
leu vatourpour les catègoriog d'assurances
poi lesquelleslos sommes assurèosne sont
u. -l'^iln c:ipi(alp..ui 1 M'îiieiei^depni- to; lon-VoraloliBrungs-OosollacUart. Sci.i.lo poesounes qui servent comme non combat- d. STUTTUAHT ben
bénéfice que les autres assurances; mais pas pue payablesà lu it.ort de l'assuré, mais t
II. Avec surprimeannuelle do 1 •/•* de 'a
fi'ssioii. n.iu..|ii<r.,i„i(.,. tants
,,,",
j
ou comme employés milttuires, qti'cllosi jtagneiit paj pas l'ariuéop-nd.u.t i(,uie la durée i
AUgemeineRenton-Anstalt, Société mu- le payement ne eotninnnce quo 5 ii-.nèos une uni datedéterminéefTnb,13 A., 13 C. 13 U.
Bonniiegarantie r.n.h" le risque do guerre "' ky*«, nu
" P11isr.i.
Assuni,,,.,. ,l„ rislni0 ,1,. ^iioii-L-: U soient sous les
drapeauxvoluulairnmont oui de la ^uei i . un pin-. ( i.i^temps. tuollo
tue fondée en 1833, réorguniséo en 1855. après apr lu souscriptiondu contrat. Ix>< divi- (pour (po la moitiédu c( pitalassuré)et 8 li.-G.).
pour lus hommes •lt' troupe;i0,'„jnMv\vs de profession, pour les ollii-iers q-u ne *"»( |>a« — lut
Introduction dans les opérations d e l'Assu- demies
don des 3 initiées écoulées sont versés
homiiusastreints ;nt service avec IUII^ d'of- simples xddats. ',' les non ....ir-aMaiils .-i lo-* ,-.
l'.niipa^tiii. la yaraiitio «lu l'is'l-L--'<l<- |||(I|
non. On
C no tient pas co-upto do la surprimedo
u(.f(..|,u.
jus,,,.','. ilo L'O.UOOM. |im- .„., c Uno primeplusélevée à User ol h dis-
c. JIUNIHKN ran vie en 1S01.
raucc provisoirement
jno au fonds de guerreet ne sont guerre gui pour le calcul qui sert do bnso à la
licier; 3 ",'„„ poui* i -n; les militairesde pro- *' ,!iiiTiv
,rii
il'.iiuvs |CS,.,„ii:urn!iii'<> danschaque casparticuliersera perçue, 7 — Assuranco du risquede guerre: la à
7. I; disposition de l'assuré qu- lorsqu'ilu
fession. II. Avee surprime p-mt la durée de ta uni., ,,-,, ..Mutilions Ju i',.al,'iiioiildu cuter ^, le* do profession, les BayerlsohsHypotheken und Weohsol- garantitle risquede guerreaux atteint
il la répartition
ré[ des bénéfices, pour los assurances
guerre: I" 0,-l..l„'o insu. P^1 soldais volontairement
pour pour per-
Bank,
Ba
1
capital action ^0.000.000 M., fondée conditions
Coi
Compagnie ntt< Ij ans, nu plus tnnl, l'>rsqu'ilquittelo avec ave participation ou pour la délermiiiation
a. Pour les iillieiers a« pr^fi-sii-m p<mr 8. — Syst.'ni(. de l'assunim-e : sans sur- «onnes qui parient ïila guerre, , .,,, d u règleinenl du 23 Août 1888. service,
ser s'il est militaire de profession; û cou- de lu valeur acluolbi d'un contrat (rachat,
Victoria tu Berlin, AllgeinelneVersl- iurerieure prime, d'aprè, ""
ou qui courentle risque de guerre aussitôt t en 18;[f». n — Système île l'assurance: avec sur- ditiou
8. «lit* toutefois que la poncesoit encore eu avances). Dans tous l?s cas, elle reste la pro-
une
! assurance
chorungs-Actteur.i'^ollschatt.Compagnie de 5 10 minées (i -le plu-» de W ans I ' n "> années *> " «. |ir un des tnlileaiis l A, 1 11, et prèsla signal uro de la polieo.On peutverserr 7.
"
— Assurance du risquede guerre: lu prime i,,-; annuellede : vigueur
vig û cette èpuquu cl qu'uiicune guerro priété
uvr
"' à | VII h <q || .\ J) a,| ,,iail uVs <M,ér;iàoiis a
I| !:. JM pri de lu Compagnie. Co n'ost qu'au cas
pur actionsau cap.' d b> 0000.000M. l8-r»J. «,<..
t.. l'oiir les uftieiers qui ne s.>m pas >!.• pr..- pour
...
,„ les assurée .astreints au service uhli- d'avance des du inimitiés do 1 •„ au moins et aui Compagnie <"o acceptel'assurancede ce risque -, :t °'w du capital assurépour les ofliciers.
a. n'a éclaté depuis ta rédactiondu contrat. où. aprèsun eotnmeiicemeiit do mobilisation
n'ait
7. — Assurnnc !'i risqiie de guerre: la fession 10 °'o capitalassuré; jusqu'à
j"* do 10.000 M. par tôle, t 1 •'„ puiir toutes les autres p'i'sonnes Sous
Compagnie uccenn- r.i»ur;iiice ilu risque de {l'une "I les hommes qui i-m une iissiiritiii;- g.iloire et pour les soldats de curriere noti total . .* ces sommess
''a
1 coiicttri-ence b. Soi cette même toserve.les dividendesre- 1rs les hostilitésréellesn'auruientpas eu lieu et
.L
durée iiilerieiire :i 5 Mis I " ... de 5 :i eouilialianii.
^., rapportent
'*Jj un intérêt composé de 'A 1/2 "/->„ d'après les cuiiditions du i-ê<r|i-nieuldu payable jusqu'à 15 ans. tenus
ton sont payes eu mémo temps que lo la dislocation des troupes effectuée, que la
guerreju-qu'a couru renne de lîÔ.OOO M. par "10 années:»" de plus d.>|tiniu
iJU1
,,„ Si la Compagnie nesupporteaucuneguerro, 1er Mars IHWI.
1" capital les polices échues avant l'âge Compagnie
tète, règlement d u *;».', par ,
de . ca( pour Co resti'ueiwitles surprimos sans
suivant los ..>.>t,,'liions du
an.
,., les annuitéssont rembourséesavec leurs s 8.
i — Système rassurane-- ''° mai--.
do int
intérêt el déduction fiite do 5 Vi» du capitnl
I*r Juillet 1SSH. I.AsMiiunce du risque de HAMm-Ht: intérêts. Les primes de guerre payées parr
in|( I .Sans .-"in>i iuic pi,ne les assurésustrciut*
L IIASËL
Mois seulementsi lu réclamationen
guerre i-sl obligatoire pour l-ius les assurés 'l! e. Pour les mm c-miliiitlauls fi pour une J.inus,Lobens und Pensions-Versicbo- \Gjf assurésn'appartiennent la Coinpugnie au service obligatoire et les suidais de pro- Basler
1 Lebens-Versloherungs-OeseU- ' assuré.
0S!
soumis au service militaire, d'après lu lut, assurance de moins de Ï» u^ tle iliite L,U .,, de rungs-Gesellaohaft,eapital action I.D00.O0U les f t i»
schaft,capital
sol action 8.000.000M., fondée en NKW-YORK Jjst faito un mois au [lus aprèsla dislocation
est
jusqu'à 15 ans. 5 a 10 ans 1 1 *",. et plus .! III an> 1 " ., pat M., N, f-.ndée en 181S. ,.,„ si l'asnir'îfait un serviceactifde guerre,
que -, fession
fes non combullunis.
I Avec surprimeannuellede .1 °
IL *8( autoriséeen Prusseen 18G7.
180-1, Die
I Mutual Lobons- Versleherungs- des ' ° troupes.
^;ri elle est restituée avec une retenue
sinon e «. du eu-
8. — Systèmed'assurance («'ur le risquo an. 7. — Assurance du i-iaque de guerte: la
pour
.„-,, frais d'adniiiiistrulion c alculée a 5 "/• !'' pour
pitul les soldats de profession i-nin- 7. • —
Assurance du risque de guerre: la Oesellsohaft
(le auf QegenseltigkeU von
do guerre: UKHSLAI'J Compagnie
[f 1 accepte l'assurancedu risque de \Pour les assurés qui participentdansles
,.
s battants.
ba Co
Compagnie accepte la garantiedu risque de New-York Ne (The Mutual Life Insuranco
I. Um* surprimo, pour toiis le* soldais de jusqu'àconcurrencodu 20.000M. par Company
c- 'f III. Surprimeuniquede :
SchleslsoheLebeUs-VorsicherungB-A guerrejusqu'à, eoncurrencetle 1V).000AI. }iar bénéfices, leurs paris no sont pas employée.* guorro
Hu Coi of New Yorki, Société mutuelle WIKM
profession combattants, a débattre avec la ,.tien Oosellichart, capital action S.000.000M. tète, d'aju-es les eonveniions du I*r Jan- i,G| payement des sinistres do guerre, bienu
.*
ï*'. du capital pourles combattants vulon- tête,d'après
lèt les conventions du iègi(tnetit du fondée fou eu 1813, autoriséeen Prusseon 1887. "Janus", WechsalseltlgeLebens-Ver-
Compagnie duns elia-pn* '"as spécial. vioi-l«W. au taires. 1S Décembre 1888. " — Assurancedu risquede guerro: la sIcherungs-Anstalt,
7.
fondée
,( en 187^. %l u
plus, il n'y a quo lo capitalde la Compagnie e (a 15 slt Société mutuollo fon-
II. Sans surprimepour les -<OMMSde pro- 8. — oystimie d'assurance: avec une sur- qui 1 "U du capital pour le* non combattants 8. — Système do l'afi>Mira.'-'.e: pour ^M - autir Compagnie Co accepte 1» ^uranliedu risquede dée
qU puisse otro employé a cet objet.
! d,;. et- 1830, autorisée eu Allemagne en 1887.
fession non conibniiauts elles sold.its soumis t.'ompa-jniu 7. — Assurancedu risque de guerre: la prime annuelletle I à l°,,„. '° payement
lo do rindemni' e en eus de .sin islre, guerre, d'aprèsles conditionsdu nouveau rè-
., accepte la garantie du risquede '" volontaires. gu T. — Assurancede risque do guerre: la
au servicedu lu |«i. guerre
„ jusqu'àeoneurreueedu eapilal assuré, —— on perçoit uno surprime, aprè« ta guerre, glement glu du 1"Janvier 1802. Cjiupiignio
c. acceptelit garanliodu risquedo
LEIPZIG |J" peut s'èiover.auplus, pour-moqu-;assuré,
qui î — Système de 1'a-tsurauco: avec eue quelle
8. jusqu'à concurrenced*un capitaldo
stiivani les e<>iultti-uisd t l'ègliMuen! du HANNOVIIH J>bens-Veraioheruogs-Oesellsohaft eu NUItNBLfflfi ^u
PreusslschoLebens-Verslohoruugs-A o- 15 j Ocl.ihre 1888.
u à 5 •/. du i^ipital assuré, d-'auetion faite des sui surprimede : £_(
ô.tNm n. Oe. W. (10.000R.-M.), obligatoire
tlon-Qesollsohait, capital action a.OOO.OOO Haniioversolieliobens-VeraioheruugB- Loiprlg, Société mutuellefondée en lo".W.
JJ( NttrnbergerLebensversIeherungs-Bank, réservesaccumulées; si fissuré est décédé,
,[
* on t 3 "/.... du capital assuré pour les officiet*a et faccHatifuu-dessus do cette somme jusqu'à
u.
M., fondée en 1805. S. — Système de l'assu-anet: sa.is sur- A A natall, Société mutuelle fondée ou 1831. 7. _ Assurantedu risquo do guerro; la capital en action H.000.000M., fondée en 188 t. retranche
re cette surp-ïmedu capita qui est (Kahnriohe. Vicefeldwelwl, Vicewuchtineis- concurrence
jH-ime, contre le payeui"in des prime» nor- 7. Assurance du risque de risquu 7. Assuranco du risque do la (Ki co de la somnoassurèo.
la ! accepte la garantie du co
7. — Assurance du risque do guerre:
lo Compagnie accepte l'assurancedu risque males augmentées(TarifI. K.). ('
Compagnie

assure le risque de guerrepour
guerre: I Coinpagui
'*
çc
jiisqti'a'eo.ieurronco
j„. do'10.000 M. par tête,
lu
d — accepte l'assuranceduguerre:
c, Compagnie
versé
risquo do V(J aux ayants
1 <*.foit. ter) de la Réserve et de la Landwelir jusqu'à 8. — Systèmede l'iissuruiico: l'assurance
toi
15
-15 ans. facultative
fn, est acceptée pour uno durée de
1. :is*n'aiicos en cas de décès(tarif I, I
les règlement Octobre guerre
g' jusqu'à concurrence de 20.000M. sur
de guerre jusqu'à concurrence do :t0,0U0 M. a
II all
aux conditions du d u 20 ce b.
l 2*•',.„ peur tous tes autres sous-nfil- p, .années(périodepr oa'de deguerre)contre

part tôte d'après le-- condition*du nouveau UAHMSTAD'l' e ItVi d iprés les conditions du règlementde'' 1888.
et i« "' téta,d'aprèslos conditionsdu règlement
une 1 l.ONIX)N ciers
ci. et les hommes de la Réserve et de la payeiuenl d'unosurpr.mequi se calcule,sui-
règloinunl du 1" Avril 18SS. Renton und Lebens - Versloherunga- IS'.tf. '<
y. — Système t' : l'assurance: sans sur- r- du di l" Mai 1880. UnionAssuranceSociety, capital action Landwelir La jusqu'à 15 uns. Kti cas do décèsou pa
Anstalt. 8. îî; slèuie de l'assurauco de
le 8. Systemo do l'assurance vant la naturede l'asuiraiico,en 0 classes,h
8. — SystèmedV-miauc p..iir lo risque ^ Siieiété miiluelle fondée en 1Sri"». — : prime, aveu lulltèsion de
.„ l'assuré modo — : avec sur-' ,)r,
<.r>').000 L. st. fondée en 1813, autorisée eu de rachatde lu polieo tous doivent payer,si v:t ruis-.n do ti °'w. I \fi »f„ et :i •'«, du capital
de yuerro: 7. — Assuiauccdit risque de guerre: l'Ad- a. Sniis surprimepour les conilnittanls do» r0 répartition(cf. 10). prime
pi annuelleîle : ^
.Allemagne en 1837. ce n'est déjà fait, les surprimes oxigiblosi assure
ru
lîn outre, les assurésdoivent verser
I. Sanssurprime p'»ur l|,s ««"ddtits soumis riministration:n'cepte In j-'aranliedu risquede Nla Hèseive et de la Landueltrqui jmyenl leo a. -I %. du capital assurépour les ofliciers* 1. — Assuranco du risquo do guerro: lai ju: jusqu'à-15 ans. as
edisntioude 1T» V» du capitalasssurè.
nu serviceiiblîgatoiiv. ^guerrejusqu'àeoneurreuee île ÏII.OfM M. sur tarif
lt mentionné au u" 7. d
do profession. {,
Compagnie accopto la garantie du r.squo doi
ut
une
U. Avec surprimedo !t %» du capital assuré LKIPZIO b. :t ",'», pour los sous-ofllci-ji-sde j .oies- ' L- propositions d'asturaricessur le risquo
Les
II. Avec -surprime p"iir les s.ildrns «le pro- ^ une tète, suivant les eondilionsdiit'égleinent
•' e Allgomeino Konten, Capital-und Le- si'in. guerre jusqu'à concurrenco îles soininos', (1| guerro no sont acceptéesqu'en temps do
de
Cession. du
l' I" Janvier 1«:W. pour
P les soldats de profession.
Dens-Veraioherungabank "Tautonia" ca- sj gurantiosd'après les conditions du règlo-
„,
NBW-YOHK
S. — Système del'assurance : avee surprime Dl c. 'i *.'oopour les assurésast-.-inSau ser-" ,,, du 31 Murs 1883. New-York Lebens-Versloherunga-Oe- paW ,,; et coueniTonunenl aveu une assuranco
FriedrlohWlIholm.ProussiaohoLobeiiB- "annuellede l "',.., à I "A--
pital
I»' action L800.0WJ M. fomléo ou 1852. vice obligatoire dans los arméesdo 1M ligne,'* nient 2. — Système do l'assurance: seUsohaft(New York Lifo InsuranceCoin-\ nouvelle.
8C ''' Les assitrances peuventêtre sous-
WNNOVKK 7. — Assurancedu risquod' guerre: i* .la vHèservo crite!'
*' jusqu'au jour do la mobilisation(à
und Garantie-VorslohruDgs-Action-OB- ^ ou Lainlwelir. I. Avec surprimeanmiolio do 3 V» du ca-\ panyï, '"' Société niuliielle fondée eu 1815,
Preussiaolie> Beamton-Veroln, Société ^
Compagnie neuopio In garnntîe -lu risque do d. 1 °/eo les I-.JII combnttauls et luss pitul '" en Prusseon 1882. ' condition quo la guorro n'oit pas
dèclarèdV, mais, dans co cas, las oncoro
été
pour les soldats do profession corn- tiutorisèo
0 c*
sellsohaft,Capitola.-tionIJ.OOU.UOt) M., rrmdeu IIRKSDI4N
Draula, Aotlon-Oesellsohaftfttr Kran- mutuelle ' foiulèi -u I87ô. guerrojusqu'àC-MICUII-ÏIICO«C 20.000M.
g' Y soldats de lupour
|iar l.jiidstnrm.
()j
[,, 7. — Assurancedu risque do guorro: lat &°»Vde.,Laji/i^J^^ surprimos
on 18HQ. 7. risque "
télo, d'après les conditions du i">gliMiioiit du s Imitants.
.,
7, — Assurancedu ri«ii«u dt< .tfiifrrft i In 1ken-, ITnfall-und Lebena-Verflioherung,
' — jusqu'à
Assurai <• d-t de
uccept-» lu guijiut'u du rlaqut) ilo
guerre: s 15 l'As-
|D " Octobre 188H. \ II. Uiio-prime supplémentaire»*
'" Compagnie pourchaqueannée do guerro £
Compagnin
payerpar guorrojusqu'A UAanpto ItLgaranlîa i lu-riiaut
conourrencodo 100.000M. par légrnlénipnt
'>. Los surprimosdo piur
d»>- ^-i
glierroVdôivonTïtrom- ..
ncc>>|ilu Ingtu.inliedu M^IIUOdoi 4capita§uutiou 1.000.000M., fondée en 1801. ' »IIC.I>I..»II la uno dùr6oidd0 au-
7. -| Assurancedu risque do guerre :' *guerre
Ooinpaynio ,, payées
1 ' '• nèeir;'è^pthiir*8l ^^^î«WWirT«Jt^^
8, — Système do Tasauranco : .
guerrejusqu'à conçurreneodu. capual total
-wtoui'û «aivonHodcondition» dû roglomenl la ' CuiAingnio ucoupto l'utsurancudu risquo uno tète, d'après
t neurretieedo 20.0011Al. sur
los
du Ier .Septoml/ie 1888.
ouiivuntiuita du t'èglo-
„.
,_ XVI) *
l. Avuo uno primo spéciale
qui c«' flxôo pour lo risquede giurro
(arif XV Cl et Vesta,
POSftN
Labens-VerBhherungs-Bank
(Oegensoitlgkelt,Société mutuollo fondéQo
tuf , suivant
* los circoiistoiicos, ot dpnt le^quan-
tùni resteà fixer. "
i,
loto,
*
d'aprèsV^.oondUiQiisjlu reglonwntdii
î«JahvférT&fll>" "' ^ ^ ' ~ " . '".
(l du servico inililaiVoest tonninôo,
(|uo
do guerre eommo uns assuranceavec pur- mont
10 8. —*Système do l'assurauco:
du 1» Avril 1888. colle primo e t payablejusqu'il l'ûge v£ fWl1H::t' III. Sanssut'|irimo pourlos assurés astreints Les suprhnossont diminuéesnu prorata
8. — Système dWtu'nnua puiir Ir» risqim, tieiputton ' dans les liôtiofïiics,jusqu'àeoiujur-w prime. 8. — Système do rassuraneo: sans sur- r. °compris;
d
do tant que l'assurén'a prouvé a
au sorvieo obligatoire (Ofliciers do Rosorro, L Avec surprimoannuollepayublo jusqu'à . selon la durée d'une assuranconormalede
do guerre: de ÎO.ODI)M. sur une tète, selon le '
«15 ans, pas '** 7 — Assurance du risque do guerre: sur-|U et do la Landwelir, otc). ' 15 ., mis, s'élovniit à: * *'
est libéré do tout sbi'vii'e. I V*o du capitalassuré pourlos offlciors 1 % par année d'assurance.IJI diminution
r.Mtoo
< qu'il
q annuelle do :
I. Sanssurprimepour les ^ddnl»jutqu'iut renleitiiint du i-mue
, a.
i ' IN'.JS*.
KAHLSIUUIK IL Avec une surprt'nc annuolle do 4 */« \<<" 2 '2 °/M du capital assuré payable jus- Kahnriclto
K (Soe-Cadelten) et Viccfeldvvebol n'outre
" en ligno do compto qu'après3 ans,
K. — Système del'assurance:avec unesur- a. i-
I •
gradt- do sous ofilcier Huuinfca» «fÉ-vi*:»nU\- AUgoroolno Vorsorguuga-AnstaU,So- du d capital assuréque ios ofliciers do carrière ilf. qu'un
gnioin-,n nomlition que 1< f.iutrii';ut .". nu- prime île 1 n !?0'0„. lit Décembre do l'annéedans laquellee NBW.YORK & profession.
do
I cièlé mut' de fondée doivent
" payeren plus de la prime du tarif (
|
rassuré a atteint " Bqultablo", Lebens-Verslcherungs- b. 2 •/•• le» sousoffleiors, los hotninos,
nie:* de diile. Puiir le.s a>^irnitri » qui tvit eu ]Ht>J.
pendant toute lu durée '* l'as^u-
1 ses 115 ans. p"1"* i,
1. — Assurance du risque de guerre: jla spécial s m~ b. S ° '„ du capilnl depuis lo 1"Janvierdo lo Oesellsohaftder
c VorelnlgtenStaaten,ca-,. les ^ médecin^. 1- s oui|iloyès, à condition qu'ils
uno durée iiiff-rieuroa 5 nu-t I» 5<>in',m' jts'-u- Ki.imitnu.i) (Jompiiguie ju-t-eptela ^anuiliedu ristpie de l'année suivantejusqu'au 81 Décembre île dt-'- !a<:lassed*iissurancodiirisquo
* ZIÎLST
le l',,1M'l!- i_ ontiiîront
'' I lo pital action lOO.flOODell, fondée en 18&0, au- " 0
rfti» suivit uni'ivtliictionM*f. H >. VatorlinâiaoltoLebooB-VorsIcherungB- " glieive, d'apn-- le* eondilious du re-lenieiil l'année duns luqiiullo l'assuré ulleint sa
p
loriséo Prusso do
d- guorre.cm:' laquelle n'acceplo " Koamos", Lobons- Versloherungi-
II. Payemi'tii unique d'iinf -m p.m- !.• AoUou-aesellgchafteu Elborfeld, capital du l" Ucr'
m 1 n >a • en en 1877. vu que 0 jBank, capital action 3.UK5.711 M., fondéo e»
ti % du cnpiial iiNsureptmr l>-s ii^i-.'iirr*, 0.rMKI.IH'>0 M. l'ondée eu 1872.
11
,-(, 1.S.S8. LI-:il>ZHi •lôr année. 7. Assuranco du risque de guerro: la n des d polices universelles ol incontestables 8 autorisèo en AllDumgneen IK02.
:l % du capital as^nVi p..ur \v> -n-.u MHI1-.II- ,
7. — Assurancedu risque de ^iierr-': la
H. — S-.M, „„. de Inssuranée:
l.Jnsqi.";i eoiiciirrencedi'
LelpzigerKranUon,Invaltdon und Lo- JO- Ces surprimesdoivent avoirété payées au t —
ni Compagnie accoplo la garantiedu risquo do0 avec. <• ticcuinillali-Mitlos bénéfices pondant 1
tHOi,
^
7. — Assurance du risque de guorro: la
Ullll.S.
.
t't»iupa:_-ineaeecple:i -les conditionsp:n lieu- «t la souniie assurée èe bens-VoKtoherungs-Oesollsohart,
1 Qegen-
BU- i moins pendant !l ans. ^guerrojusqu'àconcurrenco do 180.1KM)M. par ir au '• moins Miami-*" Au cas oi't l'assuré n'atl-
'* Compagnie
, accepte la garniiliedo co risquo
lière* i'iis-iuritiiee du risqua do i-neire puni sans surprime, sans déclaration spémalo do soUlgb&U,Société inutuelln fondée en 181iiii. il. ilèle. d'tiprès les conditionsdu règlemont du u '* mit pus atteint sa.'tir*année et si lu duréedo 0 jusqu'à
autre tVirni.ililépour les non cinnl.allants (
7. — Assurance du risquede guerro: lu la I" Il police a atteitit "U dépassé20 ans, la pé-
la
: concurrencedn 10.000M. par tèlo,
Nordsteru, Lobons-Vorilohoruugs-Ac- les personnesailr"inies MI s. rvn.-e idtli^a-" ou et pour les faisant partie de 'o.
Us
la Compagnie POTSUAM
I Novembre I88S.
' riode d'acciiiiinlïMiondes bèitélices no doit11 l"
!.~ d'après
, les conventions du règlement du
tlou-QosollschaftIEU Berlin, cnpiml IMMJOII loin- jusqu'i eoiHiiri l'itei de "H.UOOM. et l.Htidstnrui ii.>siir''-.s ( accepte la gnrautiodu risquo do M. — Système do l'assurance: i Janvier iSS'.l.
u iillenuMidcet aussi de la Land- d- }guerrejusqu'àconcurrencedo 20.01(11 M. par DeutsobeLebens-Versloherung&Pots- L Kormalinu d'une "Tontine do guorro", " pus ôtro inférieureà 20 ans.
It.TTrfl.lXKJ M., fond/.»
en I8tî7. pour le.s s.ildnl- de carrieir jlt-i;i':. I r..lHH)M., •' vvcln- et île la landstiirmsuisse. conditions règlement du dam, Société mutuelle fondée
S- l1
Si arrête potiro soit lo
8. —Système de l'assurance:avecsurprime
7. — AHsiinitiredu risque de1 ^m-iri' la„ siiîvniiLle ré-lcuwi.tdu l"f Avril l»8. \tète,d'aprèsles d u eu 18(18. pour
| les assurés qui ne sont pas suldats de [o ' on lu par payement 11 annuellede
II. Jusqu'A coiicurretH'o de -10.001)M. sur 7. — Assurancedu risipto de guerro: la ,3 ''de )u valeur de rachat, soit ou la transfor-
:
f'Oiupa^nio iKieejMe In ^nrntiliodu risqiu . du 8.—Système del'assunuiee; S;É:I«>iirp!'iino une tête ,iv»'' surprimeannuelle ur 28 : Avril 1880. lu profession
j et servent obligatoirementdans r" a. 0 Vt» du capital assuré pour les soldats
0 Mlivnttl le larif ave- piinici|.iiii--" -lins les de : 8. - Système de l'assurance: Compagnie acceptela garantiede ce risque ne l'urmée I de terre ou dans la marine, moyen- matit
l eu une polieo réduite et libérée.In va- ft" de profession de l'année de terre cl de tuor.
glhMTO jusqu'il rjos,-l|l nn»;« de .«1.00(1 M. par ,.
ii'ile suivant les militions du S 8 des cuii-. Ijénèflces; la prime pour les i.i:i-n i s tle car- de cnrrièr>.
^ n. ;i ',.'„ tin ctipiod assure pour los oflietors
;râ I. ' : pl'icalioti d'un tarif spécial qui couvre vre jusqu'à concurrenco do 111.000 M. pur tète,e, liant i une primepayable pondant la duréedo
n-
10 '
leur de rachatest diiniuiièo du monluuldos a.a b. 3 V- 1"»'»' 'os auties assurés qui pren-
dilions généralc< -•<li< Pu^suratice. rière <le lal.amlwflir-!d<-lalt.'-s,-r..-. et pour ••* i > ,' -.t pour les aus£ .o risquede guerre (tarif 1.1. 7.) les <l'uprèsles conditionsdu règlementAQ 1888. &• lu 1 sorviludo mililuire. Pour cette classe d'as- g. !surprimospayables jusqu'à \t> ans inclusi- "* lientpart à la guerro.
tispinii.lj ll\êe '.'. /.„ du capital
''• - m
t eapii.il i non coinlial-. ftl- primes s""t payables jusqu'il -lô un.- jus- jus- 8. — Système do l'assurauco':surprime no sures ou no délivre do polices que pour les fs vomeut
f el non encore payées.
H. Système i!-> riHsiiriiin;- du rïsqilo do les est a rli
tant.- qu'à ce i l'assuréait fait la pieu- qu'il d'il annuellede :
«
II. ContreIn payementannuel d'uno sur- c. 3 "/• du capitalassuré par au ot durant
— 0 itontinesd'unodurée do 15 ou 20 annéos. Au
guerre: nuiiucs )iriiLt;i|><.-sijtic pour l*»s assu- assuré. Têts les assuré-? pour i-i-pie du
I
I 1,'ï 'aa pour les personnesassujetties a. 2-*> l*f. par U)0 Marks payables jusqu'à
lu p" la | guerre pour los personnasnyant plus do
ranees en cas di< lé(-i:s RVI-I- participation n guerre cunsliliienl un ;.-r..tipe panieuiior îr aue.scnîee ulditfa'oire qa'uîl-s
'*>« est
, liber». . ) tout servico.
de
t'a cas i où une guerro viendraità ùelnlcr, pou- u„ Iprimependantla guerre: lô uns iL-jâ assuréesnu "Kosmos".
dans los lit>iu:lici--*. dans l.-{)iiel les différentsuieuiluesMippor- r tie do l'arméeallemand-- -1'- ligne, lUsei>vo ta m font par-
"f- 11. Tous les oïliciors de carrièreainsi quo l'âge !lti uns. idaut l'époque où l'assuré peut être uppelè le a. 10 •/* ^,0,l,' 'us personnes èmiinôrècs es La surprimen'est plus perçue,ou réduite
tenl ousemlde les pênes prohahles li.tns ce t" et «• Uèsei-ve)de la Landwi-lirde I" ligne 'v« U-s Vicu*l?old\vobol,los ofliciers de ligno réserve,
-vo, b- 2*1 PL par 100M. de .11}à 15 ans. sous les drapeaux, que l'assuré soit ou non ,1! ' § I a. '
au a il 0» pour les assurésdo la 1** catégorie,ot
des Ti premièresan- °» de Laiohvelir do marine do 2
ou de Les surprimesci-dessus doivent ètru payées es convoque, la perteprobableavec les intérêts -ts b. r» *.', pour celtes ènuinéréesau g 10.
OegensoltlgoLnbons-,Invaliditilts-und groupe les liéiiéliecs fonrUde " do la marinealloiniuide. L/iudsiuriu doiventpayerle tai'ifspècialalug* moins pendant ( le.s dividentles retenus pendant les fi pre-
ug- au icl les frais est A la charge du capital do la
H uns.
UnfaU-Voraichorttngs-OtâseUscliafl Pro- nées sonl versés au rései-M-.:( ne —- mières«nuées sont payés de nouveau, si la
metheus, Soi-ii-i,'. I:lutui-lle iv.nilè.- eu 1871. serventqu'à punir île la t'f aiméeà la par- ^ la d.huudwclir I u/oo P<»nr les personnesaiqiarlciiaiii
11 et à la convention suisse.
t àa meute d'une surprime. Tonlinodo guerre.Si l'assuréest tué, lo ca-
pital assuré ost payé intégralement;mais s'il
;a-
i'jl TRIMST part prise sur le fonds do guerre atteint le
7. — Assurflj.'*- .!.( risquodo ^iieriv : au- ticipation. l.'iissuranco militairenst obligatoire pour >ur SCHWKUIN i. M. survità lu duréede la Tontineon lui verse la K. K. prlv, Asstcuraslonl Oenerall, mutilant pie l'on aurait obtenu au moyeu
cune clause iio'iv. 'le n*a «"e insérée pourp
l'assurancede ce iHqHe iiii jj S du plan dos8 Klil-'ÏJIÏT
VorBtoherunga-aoaollsoUft/t Tbui-lugia, a,
les nouveaux contralK.
' T.ebnns -
LKIPZKi
Varalnhnrnnes - ft^aatlanliaft
linft
MecklembuTglsebeLebena-Versiche
t*Angs und Sparbnnk, Société iiiiiliielle
e~- rèsorvo accumulée sur sa police,
fou-
IM)" faite de vc qu'un appelle la police lî^énftp01
déductionun
ol
capital
7. —
action
A—eicn»ine
.V^iU.OiHI
ihi
l-'l.,
rimpn*de
fondée ' en 1831.
guerre : Ia
*
la
d'une pr me simple, calculée au moyon d'uno
table sjt.uùalo pourl^^arunlindu riuquado
la duréeentière de la vie pour
opérations:" Ln (JOIHCH-;IIÎOprendraen con- Atropos,Société mutuellefondée en 1300/71. "u guerre,pour
- 1/71. dee eu IS;>;I.
Bidomtiuii l'assui'i»ni;e 'supplémentaire du '* capital action 0.000-tlOO M-, fondée «MI IS50. *'• KAULSRDIIH 7. — L'assurancedu risque de guerrej ne 7.— Assurancedu risque de guerre: 1,la1 cL réduite; mais si l'époquo du la l'onlino no Compagnie accepte ia garantie de ce risquo les assurésqui ne sort militairesde pro-
î1 7.—Assuramtcdu riMpicde. guerre: Uit'oin- n.~ BadisolieMilitâr-Ve/slohepunga-Ans- partie opérations. garantiede arriveà l'échéanceavant qu'il no sot libéra ira jusqu'à concurrencede 21.IMH)M. pour los /ia fession, et d'aprèsÎViu«pas do l'assuré contre le
risquede jçutM're, nuian', que cela sera posai- as- fuit pas dos Société accepte In co risque aux de la jusqu'à ll't.OOO'M.' risquede
t>lo et conviendra,«liinsce cas, do primeset pngnie accepte la garantie du
"* ris-pie do tait, Société inntiiello fondée lU* de tout service, los dividondos aemmulôs lès soldais LamUturm et où se fuit le cal-
en 1875. conditions du règlement d u II Juin 1888. restentdans la Tontine jusqu'àson t;rme ot pour la Réserveet la Landwelir. guerre nu uoincnl
de 'îonditiuiis spe^i'iles " sinon l'assurance Kiierro jusqu'àcniuuirruncc de :i0.0i)0 M. par ',", 7. — Assuraiieo du risquo do guerre:: la 8. — Système de l'assurance:sanssurprime cul de la purlicipati.ilde chacun au tonds
K0 léte, d'apnis les nouvelles conditions du Société l'assurauco risque *
LUHI'.CK nic ils lui sonlpayés avec intérêtsà l'expiration <lo do 8. — Système de l'assurance: de
sera suspcmluo. 0 Mai ISVI. accepte du do pour lus assurés astreints au sorvieo obli- " service,si aucuneguorron'a édité pon- 1. Sanssurprimepourla Landsturmet jus- «lierre,
8. — Système de l'assurance: prime im- '"" guerre
jusqu'àconcurrencedos sommes déjà lôjii Deutsche Lebens-Veralcho rungs-Oesell-
sell- gutoite, à condition que l'assuranceait été son
°j° m-
qu'à uu capitnl assuréde 0.000M. pour IIÎS
lia-
it»
LebeiiB-Versicheriings-AnataltfOr die ite nollede l'a ^";„,. assurées,d'aprèslos eouditionsdiirèglement ent aohaft, capital 1.r>:t0.0lH>M., fondée en 1K'>8. 858. souscrite 8 semainesavant la déclaration1dee daut ce temps. Si la durèo do la Tontine dô- LIÔ-
Armée und Marins, Société imiluelle fou- do 7. L'assurance du risque de est passe l'époquo on il osl libéré de tout service ico combaltnuisde terre, depuis le grudo do
JII- —-—
187Ô. — guerre guoiTe ; pour les oïticiors de profession lo
0 l'assuré peut choisir aussi uno pol.ee dite ito Feldwcbol, et pour les non combattantsà k 7.ULICK
dôo on I87i.
*. VHXSKVVIVV S. _ Svstèmo d'assurance: avec sur primo
inio en preparûlion. capital assuréosl réduit. lorre, si l'assuranceu moins de 3 nus d'oxis-
i
ScbwelserlscheRf-nton-Anstait. Société
7. — Assiii'iiiice du risqin: il" guerre a. AI. libéré,c'est-à-dire réduite. tis-
Société, imciqiic la gantittie du risque: dc
la
In Frankfurter Lobens-Ver»iohorunga^Go- to_ aniinelledo: IL Contre payement d'uno surpr.me do tonce. miKiiellefondée eu 18>7, aulorisôoonPrusse
de sellschaft, capital .icii.:i.V) 1J.8I0M., l'oiidrc l(',L, a. I l.'2*/0 dos sommoH assurées par los
MAGDGUUKG 3 Vo» du capital exigible pendanttoute la du- tu- IL Avoe. une surprime qui est, suivant lus en 18n!'..
guerre jusqu'à coii.nirreii.:i ,],.. 30.tKi<) M. M, eu 1811. ofliciers à partir dos lieutenantson second ÛHj STIÎTTIN 7. — Assuranco dn risquo do guorre: la
d'aprèsles éruditionsdes stuniis Magdeburger Lebens -Versicherungs- ET3- Qermanin, Lebens-Versieherungs-Ao- rèc du servicemilitaire, avec obligation pour mi* Clls» de :
7. — Assurant-.- dn ri^.pie de g.mn-e : l;i lu ihchisivomenl.
j], Gosellschaft,capital action 0.000.0^ M., tten-aessellsehaft,
i
'os Sl)ldnts de profession de pnyer la jriine«lala A. Pour les combattants, depuisle gradojdo do Compagnie accopto -letto garantio jusqu'à
8. — Système de l'assurance sans sur- u- (î-.ui])a^n'nfitecuplela L nantir du risque de h. I »'„ pour los sous-ol'ftciors jusqu'au
,.au ^1
- capitnl action 000
iiOOO.000 feldewobel descendant, de 20.00) M. par tète, confor-
prime. foiulûo 1850. plus élevée de la combinaison I. l.or.-que les
[os en concurrence
guerrojusijii'à c-imcuirete-e de £0.000NI. *<iv
une (été, d'aprèsle-: nouvelles coiidiliim.-,|(ll
.,lr ser^ont
tlti
major inclusivomonl et pour los sim-
pies soldats ot les gardos-malades des troupes
dm-
''
ipos Cnmpaguio
011
— Assurancedu risque tio guerro: 'il la
M., roudèe en 1857.
7. — Assurancedu risque de gitorro;.i la |a assurésquittent le service, on n'oxigt plusi lo
surprime
L Pour uno assurance de 0.000 M. indu,
sivementdans les:t premièresannées«loi
,;lu. inèment au règlementdu 1" Mai 1888.
** — Système do l'assuranco: surprime
Deulschland, Lebons-Veraicliorungs- de 1" ligno. accepte la garantie du risque* de CiMitpa^nic accopto l'assuranceilu risque do payement de la de 3 °/fl0, à retidition
iun 1 "/•
"/«
fS- 1" Juin L8S0. ilats K"0''i'ajusqu'àctmeurroncede 20.0110M. par guerrejusqu'àconcurrencede .10.000 M. nar i,ss,irt'' fournisse n KCS frais un cïililical cal pour 1 an, el 2 2/.I */• pour0 mois. uniquedo 1 •/" du eapital assuré pour loulos
Oesellsobart zu Berlin, Sociéf inutuollu Ile 8. — Système de l';i-s-|i\iin>' : Mirprimc c- '/'^ "/« Pm"* 'ca sotis-ofllciors et soldats par 'l"c 2. Pour les assurancesdo plus de 00OQM. les armes, tous lessorvicosot touslesgrades;
(jusqu'au IÔ mai J8SU; •• Ste'-lt-kasieDeuts- ts- unique do ;{".',.„ ilu i_Mpil.ilassure. de la l.amhvohT,et pour tous les autreslui qui tèlft' d'aprèsles conditions du règlement it du tête, d'après les conditions du règlementju du de brume santé.
cher Wrsi(;!ii>rmig.s-Hi:itiiteii"). prennentpart à la guerre. Les surprimes mes
>"AvriM880. K.Juin1808. comme IL payable campiunton augmentée d'intérêts
7. — Assui*rtiu;ndu riv|ue (lt!
Suuiélé ii.-ceple l'a^siinnoe du JUICM'IT : la
rivjiie do
KHANKl-rUTu.
Providentia, Frankfurter Arerstcho-
M.
'?Z
doivent être pendantles ô promièresannéos
de l'assurance; a près l'expiration dos
diaipioannôo
léos
-I pro-
' "' — Système de l'assuranco:
^vo« surprimeannuelledo:
a".'' "/»» des sommes assurées pour f los les et
S. — Système de l'ussurauce : avec sur-
imc annuelle do :
sur-
"Gormania '
X1ÎW-YOHK
LebensVersteherungsGo- „
IL Pouf les combattantsd'un grado supîs-
rieur à celui de Ketdwebol (Ofliciere);
pé- composèsA'l ° „; surprimcoxigiblo
en temps de paix à l'ocpiraiton du contrat.
seulement

guerrejusqu'àconmim-nc-de 10,000M. sur iur rungs-OeseUsoliaft, capital action t7.I I°.8:i7 uiiéicsannées doit
'" une ctiiisaiion deon1 Mark.puyor
inôo
ofliciers d'activé et de réserve, u. t' %„ du capital assuré pour lus soldats tlats sollsohaft in N>w-York (YUa tiirmania iliia pour I an pour Q mois DIS
lion pondantles 3 l^nnnécsfi «/„
une leio d'après le* «:'uuliiious du l*r Jan-
vier 18!)l. m- M., fondée en 18Ï7.
7. — Assurancedu risquo de guerre; la In ~*
b. ii "/oo des sommes apurées pour les offl-
ciors de lu I,andwolii' I ol pour los soldats
ofil-
do profession et los ofliciers.
b. 1 -La pour tous les autres assurés.
Life In sunuico Coinpauv), capital action
850.000 M. versés, fondée en 18oÛ, aulorisôo ,3ôo - lft 1, r* >/*V. 3.2/3°/.
\ »/0
,,,,*
3 1/3 •/„
APPIÎNDICE
1. AlimentuttonilosranUles dus Allemands tomu&a
8. — Systoino d'ajuiiunce Surprime
nuelle do :t *fm du capital assure : m- Compagnie accepte la garantie du risquede
an-
pnvaldc jus-
us- giiorrii jusqu'àconcurrencede 20.000M. sur
KÔI.X
Ooncordin,KôlnlacheLebens-Veralche- ohe- jor.
«le profession jusqu'augi'inlo do sergonl-ma-
ildnts
i-ma-
. on Prusse en 1808.
7,— Assuranco du risquo do guerre:: la ,
-- f»*
<>•
— f. V»
*'
4 V.
V3 Vo 3 %
2 2.3 V
'" —
psmlniu lt» guorro (loi du .'7 juin tSJl).
Ib — froscriiulonm-onf-oi-iarUlcBpcmonncn nstreinlés
«ju rt <I5 nus, on si l'assure restedans l'nrmfto
aciivo au dolAjusqu'àro qu'il la quilto.Cotto
siirprmiudoitaussiêtre payûoou moins non-
160 uno loto, d'après les nouvelles convention*
tto du 31 Mai 1880.
ons ruuga-oosellsobaft,capitalaction30.000.000
M., fondée en 1^1.
.000 c. 2 "/,,,, pour tous le* autresassurés parti-
ripant à la guerro et non combattants. Bank, Société
STUTTGART
Lebens-Verslohorungsuad Ersparniss-
initluollo fondée ou 1851.
Compagnie accepte la garantie du rifquo3 do
kiss* guorre,d'aprèslo règlementdu 15 Aci'tt1889.
g, — Système do Tassuranco:
88D. - "*
»
W ot sutv.
3 W % 2 »/a %
3 "/• 2 %
i j
au nervi™militaire en Allcfingno(extrait de la lotdu
lt ftrritr IHS8).
III.- - Proscriptions fionr.ortiftnl
le»pertûnneBiwirointe»
dant&niis. 3ii- 8. — Système do l'assurauco: avoe sur- iir- 7. __ Assuraiie-e du risquo do guerro: la d t <yM pt>,„. ios Ofiiciors Qy |09 bommos os do 7. — Assurancede guerro: la Coinpngnio 8n'o 1. Avec surprimodo 3 °/«> du capital ùtftl (Coilo surprimes'appliqueaussi pour. 1,i,w les3 nu anrvicomlllintro en AiieicUa-llor.Bilot&ïi'rciHde la
prime:onnuollo do 2 et ;i%°. Compagnie accoplo là gnfaillio du risquoo do la Landwohr II, accepte la garantiedu risque do guorre jus* jus- assuré pouruno los soldats do profession. combattantedopuis lo grade do b'oldwebol ot
du 6 juin 1886).
Ol Ot
lof </« // avril 1839 tt ii«la toi »ur la Landtturm
HISTOIRE GENERALE DE 1,'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 543

chose près, adopté des conditions dont voici la teneur : Les membres du
Landsturm, dont l'assurance remonte de six mois au moins avant
l'explosion de la guerre, demeureront assurés pendant la durée des
hostilités sans avoir à payer aucun supplément jusqu'à concurrence
d'un capital maximum de 15,000 llorins, ou de 1.500 florins de rente
viagère. Mais les soldats qui font partie de l'armée active ou de la
Landwehr ne jouiront des mêmes avantages que jusqu'à concurrence de
,r,,ii00 llorins, au maximum, ou 500 florins de rente.
En Angleterre, cette assurance nous semble avoir été étudiée avec
çri-and soin, elle offre des conditions en rapport avec les besoins du public;
elle est, en un mot, très pratique.
Au Gresham, l'assurance du risque de guerre a été mise à la portée
Je lout le monde.
Les conditions suivantes, insérées dans la police, donneront une idée
assez, complète de l'économie du système :
1. — Les assurés actuels du continent auront la faculté d'étendre leur
assurance au risque de décès provenant de la guerre ou de ses consé-
quences. Ils devront en donner, dès maintenant, avis à la Compagnie,
durant la paix, dans un délai que déterminera le Conseil d'administration.
-2.
— Les assurés à venir pourront, en temps de paix, assurer le
risque de guerre, en faisant leur demande sur la proposition ordinaire.
;i. — La prime supplémentaire pour risque de guerre sera payable,
au choix de l'assuré, d'une des façons suivantes :
a) — Par prime unique couvrant le risque de toute guerre pendant le
cours entier de l'assurance ;
li) — Par prime unique couvrant le risque d'une seule guerre qui
surviendrait dans le cours des six années qui suivraient le versement ;
c) — Par primes annuelles décroissant avec l'âge de l'assuré et
cessant à l'âge de 44 ans.
Cette combinaison couvrirait le risque de toute guerre pendant toute
lu- durée de l'assurance.

Voici une idée du tarif du Gresham; pour 100 francsdecapital assuré:


A 20 ans A 30 ans A 40 ans
o/o o/o o/o
V'me unique couvrant le risque de toute guerre
| pendant la vie entière 7.88 3.99 0.78
I >rime unique couvrant le risque d'une guerre
pendant six ans 3.71 2.59 0.78
"me décroissante annuelle couvrant le risque
de toute guerre pendant la vie entière
... 0.70 0.00 0.25
544 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

L'Union de Londres possède aussi une combinaison simple.


La Compagnie l'Union de Londres s'est efforcée de garantir |e
risque de guerre dès le début de l'assurance.
En conséquence, elle a fait rentrer le risque de guerre dans les
conditions générales de la police*, elle couvre le risque, pour l'assuré qui
n'est pas soldat de profession, sans exiger aucune surprime. Ainsi, un
jeune homme qui s'assure sur la vie et qui peut être appelé en cas de
guerre est garanti, quoi qu'il arrive, sans avoir aucune surprime à
payer ; s'il &uccombe en campagne, son contrat a la même valeur que s'il
mourait dans les conditions ordinaires.
L'assuré militaire de profession paye une surprime de 3 0/00 du
capital ancien, pendant tout le temps de l'assurance. Si cependant ii
préfère attendre l'ouverture des hostilités, il le peut-, mais alors le taux de
la surprime est fixé de gré à gré entre la Compagnie et lui, au moment
de la déclaration de guerre.
Eu Amérique, existe une association d'assurance mutuelle fondée
en 1874, à Washington, entre les officiers de l'armée des Etats-Unis,
nommée Army Mutual and Association.
Cette Association a pour but de secourir les familles des membres
décédés, et cela « promptement, simplement, matériellement ».
Tout officier de l'armée peut en devenir membre, pourvu qu'il n'ait
pas dépassé cinquante ans d'âge, qu'il ait un certificat de bonne santé et
qu'il soit agréé par le Comité de la Société. Le droit d'admission est
d'un demi-dollar, 2 fr. 50.
Le l*r avril de chaque année, chaque sociétaire est classé suivant
son âge dans une dés neuf catégories formées par l'Association, et il est
laxô pour l'année à la contribution fixée pour sa classe. Des neuf caté-
gories dont nous venons de parler, la première comprend tous le?
hommes au-dessous de 20 ans, et la neuvième tous les hommes au-denm
de 65 ans. Entre ces deux limites, les classes procèdent par intervalle de
cinq ans. La cotisation, qui est de deux dollars pour la première cla-so.
s'augmente de 50 cents ou 2 fr. 50 c. par chaque période. A 65 an et ;

au delà, on paye 6 dollars ou 30 francs par an.


Les bénéficiaires de la police ne peuvent être que la femme ou
les enfants, à moins d'une autorisation spéciale du Comité. Au dôcès
d'un membre, le trésorier doit, dans le délai le plus court, payer
aux ayants droit une somme qui ne peut excéder 3,000 dollars ou
15,000 francs. .
Les sommes encaissées par le trésor de l'Association se composent:
1° des contributions pour payer, le capital au décès d'un sociétaire ; 2' d un
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A 1,'ÉTRANGER 545

droit d'admission ; 3° d'une taxe pour les frais d'administration ; 4° des


intérêts réalisés sur les placements.
Le fonctionnement financier de l'Association est assez compliqué.
Tour en assurer la régularité, le Comité a jugé nécessaire de créer diffé-
rents fonds :
1° Une réserve spéciale, ou fonds de mortalité ; c'est le fonds parti-
culier de l'assurance :
2° Un fonds de réserve générale qui appartient à l'Association et non
aux membres individuellement. Ce fonds n'a pas d'application déter-
minée-,
3° Un fonds de dépenses, destiné à payer les dépenses de l'Associa-
tion autres que les payements après décès.
Les officiers de la marine des Etats-Unis ont suivi l'exemple que
leur avaient donné leurs camarades de l'armée de terre. Dès le 28 juillet
1879, c'est-à-dire à une distance de six mois, ils ont fondé, également à
Washington, une Navy aid Mutual Association, Association d'aide
mutuelle de la marine. Les règlements de cette Société sont à peu près
los mêmes que ceux de YArmy Association. Cependant le but de cette
coopération est un peu plus large, puisque l'Association se propose :
1" de procurer le plus promplemont possible un capital aux ayants droit
de l'assuré; 2" d'aider gratuitement ses membres à obtenir la pension de
retraite qui leur est légalement due.
Voici encore quelques différences :
Dans YArmy Association, la participation s'arrête au grade de sous-
lieutenant ; dans la Navy Association, le maître d'équipage, le maître
charpentier et l'aide-ingénieur peuvent être sociétaires. Au delà de 45 —
et non 65 ans —nul ne peut être membre de la Société. Enfin pour l'année
1889, le droit d'entrée a été fixé à 10 dollars, au lieu d'un demi-dollar.
Le capital auquel a droit le bénéficiaire est de 5,000 dollars ou
25,000 francs ; mais ce maximum n'a pas encore été atteint.
Puisque nous venons d'enregistrer l'assurance en cas de guerre en
Angleterre et en Amérique, il nous semble utile de rappeler les termes
d'un rapport publié en 1861 par M. William Barns alors superin-
tendant du département des assurances dans l'État de New-York.
Ce rapport visait l'éventualité d'une guerre avec l'Angleterre :
La menace récente d'une guerre avec l'Angleterre nous amène à
envisager la situation des assurés américains et le recours légal qu'ils
pourraient avoir envers les Compagnies étrangères, si la guerre venait
malheureusement à éclater. D'après la loi anglaise, il est de principe que
toutes assurances portant sur la propriété d'un ennemi sont nulles et
39
546 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

illégales. « Les primes d'assurances ne seraient pas môme remboursées


à l'assuré, que la police ait été établie avant ou après le commencement
des hostilités, sauf dans le seul cas où une assurance aurait été faite en
Angleterre par l'intermédiaire d'un agent ignorant, n'ayant pas connais-
sance du commencement des hostilités au moment de la signature du
contrat ; dans ce cas le remboursement pourrait être obtenu, mais en
arguant d'une erreur de fait, lors du payement de la prime. Toutes les
polices de Compagnie d'assurances anglaises doivent donc être consi-
dérées comme ne garantissant aucun sinistre qui pourrait avoir lieu
pendant toute la durée des hostilités entre les nations auxquelles appar-
tiennent l'assureur et l'assuré. Quant aux polices établies avant la décla-
ration de la guerre, leur effet est suspendu jusqu'à la cessation des hosti-
lités, époque où elles reprennent leur cours normal. »
La Suisse a songé, elle aussi, à garantir le risque de guerre, quoi-
que sa neutralité la mette à l'abri, plus que tout autre pays, des guerres,
des révolutions et des cataclysmes qui menacent les principales nations
de l'Europe.
Dès 1860, le département de la Guerre fit élaborer un projet d'assu-
rances générales et mutuelles sous la garantie de l'État.
D'après le plan adopté, cette institution devait se diviser en deux
sections : 1° une section des assurances sur la vie proprement dite ;
2° une section des assurances obligatoires.
Les assurances de la première section créées pour les Suisses et les
militaires seulement étaient facultatives ; le tarif était uniforme pour les
civils et les militaires ; on n'aurait demandé à ces derniers, même en
cas de guerre, aucune surprime, jusqu'à concurrence d'un capital assuré
de 10,000 fr.
Les assurances de la deuxième section auraient été absolument indé-
pendantes des autres ; elles ne garantissaient que le risque de mort à la
guerre. Moyennant une retenue sur la solde quotidienne, chaque mili-
taire se serait assuré un capital de 1,000 fr. par année de service.
Il devait être formé, en outre, en dehors du capital réglementaire de
garantie, une réserve de guerre, à l'aide d'un prélèvement de 5 0/0 fait en
temps de paix sur les bénéfices à provenir des assurances facultatives des
militaires et des civils de la première section.
Mais ce projet, qui présentait d'ailleurs des inconvénients et qui
avait le tort de confondre l'élément militaire et l'élément civil, n'a pas
été réalisé.
Aujourd'hui, en Suisse, il n'y a à peu près que la Bâloise qui assure
le risque de guerre.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A l/ÉTRANGER 547

Cette Compagnie, fondée en 1864, a pensé que le risque de guerre


pouvait être garanti d'après le principe de la mutualité. Elle l'assure
ainsi à des conditions spéciales, pour les Suisses et pour les étrangers.
A chaque assuré suisse qui doit être garanti contre le risque de
guerre, la Bdloise fait signer un contrat aux termes duquel ce dernier
s'engage à tenir compte, après la guerre, à la Compagnie, de la surprime
qui sera devenue nécessaire pour le règlement des sinistres survenus aux
militaires assurés.
Mais la surprime en question ne peut dépasser 5 0/0 du capital
assuré, déduction faite des réserves.
En conséquence, le contrat suit son cours naturel, sans aucune modi-
fication. Au moment de l'entrée en campagne, l'assuré n'a rien à payer
puisque la surprime n'est versée qu'après les hostilités.
S'il périt, ses ayants droit touchent le capital assuré, duquel il est
simplement retranché la surprime de guerre.
La Compagnie a cru prudent de limiter son risque personnel à
-20.000 fr. ; elle réassure le surplus. Il y a donc de ce côté une double
sécurité pour les assurés.
La landsturm, c'est-à-dire les hommes de 45 ans, pour lesquels le
risque de guerre est beaucoup moins dangereux, est assurée sans
surprime.
La Bdloise assure également les étrangers, mais à d'autres condi-
tions. Cette assurance, qui est créée depuis 1865, est consentie moyennant
une surprime de :
3 0/0 pour les non-combattants appelés sous les drapeaux;
5 0/0 pour les simples soldats et les sous-officiers ;
1 0/0 pour les officiers.
Cette surprime est fixe ; elle est payable avant l'entrée en campagne.
On admettra que cette restriction est juste, quand il s'agit d'étrangers,
car les recouvrements de primes pourraient être très difficiles à opérer.
Pour cette catégorie d'assurés, comme pour l'autre, le capital ne subit
aucune réduction; et la Compagnie limite également son risque à
'20,000 fr. et réassure le surplus.
En Italie, bf Fondiaria exige une surprime que les assurés militaires
doivent payer à l'entrée en campagne. Une année après la déclaration de
l-aix, il est établi un compte spécial et si, les sinistres étant déduits, il
reste une partie des surprimes, elle est restituée aux assurés survivants
au prorata de leurs primes. La quotité de la surprime est fixée à l'occa-
sion de chaque guerre. Pourtant la limite maximum est la suivante :
10 0/0 du capital si l'assuré fait partie de l'armée active ;
548 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

71/2 0/0 s'il appartient à la milice territoriale ;


5 0/0 s'il fait partie des corps spéciaux non combattants.
Au début de la campagne d'Afrique, le maximum de la surprime a
été fixé à 5 0/0 ; ce taux, eu égard à la localité et aux conditions spéciale-
ment périlleuses de cette guerre, prouve que la Fondiaria, à l'occasion
n'applique pas rigoureusement les surprimes susindiquées et se montre
en pratique plus généreuse que, par raison de prudence, elle ne se montre
en théorie.
Pour les attachés à la marine militaire, la Fondiaria n'exige pas de
surprime en temps de guerre ; mais selon les localités où ont eu lieu les
combats et selon que la fortune de mer a contribué ou non au décès, elle
paye le capital entier ou le réduit d'un cinquième, d'un quart, ou d'un
tiers, suivant que les susdites circonstances ont plus ou moins contribue
à aggraver le risque.
En Suède, signalons une récente circulaire adressée par certains
membres du Parlement suédois aux officiers des armées de mer et de
terre, leur demandant leur coopération pour la formation d'une associa-
tion d'assurances militaires sur la vie.
Enfin, comme récente manifestation en faveur de la garantie des
risques de guerre, enregistrons la décision prise par uno Compagnie
japonaise d'assurances sur la vie, La Japon, lors de la guerre de cette
puissance avec la Chine. La Japon a annoncé à ses assurés qui étaient
engagés dans la guerre qu'ils pouvaient considérer comme suspendue la
clause de la police exigeant un supplément de prime en temps de guerre.
Non seulement elle annonçait qu'elle payerait le montant des polices, mais
encore un intérêt de 10 0/0 sur les polices, du jour où elle sera avisée du
décès, à celui du règlement des sommes dues.
En Espagne, lors de la récente guerre du Maroc, la Compagnie
d'assurances Banco Vitalicio de Cataluna a envoyé une circulaire à ses
assurés militaires, offrant de couvrir le risque extraordinaire de guerre,
moyennant la prime en sus de 2 0/0 du capital assuréjp^

Pour conclure, voici un tableau de ce qu'ont «routé les dernières


guerres en hommes et en argent :

Hommes Francs

Guerre de Crimée 15.000 9.950.000.000


Guerre d'Italie de 1859 . .
45.000 1.500.000.000
Guerre danoise de 1864. .
3.000 115.000.000
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 549

Hommes Francs

Guerre de Sécession (1861- 1280.000 p» les États du Nord. 22.500.000.000


j
1864) 520.000 pr les États du Sud 11.500.000.000
.
Guerre allemande de 1866. 45.000 1.650.000.000
Expéditions du Mexique, de
Chine et de Cochinchine 65.000 1.000.000.000
Guerre franco-allemande de t 130.000- pour la France . . . 15.000.000.000
i
1870-1871 53.000 pour l'Allemagne. » »
.
Insurrection servo-bulgare 25.000 880.000.000
liuerre russo-turque . . . 250.000 5.625.000.000
Guerres de l'Afrique du Sud 30.000 43.750.000
Guerre afghane 25.000 66.250.000
soit, d'après la statistique du' docteur Engel, 2,000,000 d'hommes et
67,000,000,000 de francs d'engloutis.

TJASKS SCIENTIFIQUES KT TECHNIQUES


Probabilité et longévité. — Table de mortalité, histoire. — Table
d'Ulpien. — Table du docteur Halley. — Table de Jean Hudde, de 1586.
A travers les siècles. — Tables du Comité français. —Auteurs et colla-
borateurs, photographies. — Les actuaires au Congrès de Bruxelles,
i/roupe photographique. — Fac-similé de la table C. — La Prime.
— La Réserve.
—Examen médical. —Rôle du médecin. — Secret profes-
sionnel.
Entr'ouvons la porte de la science et jetons un coup d'ceil sur le méca-
nisme des prévisions mathématiques qui ont permis d'établir l'Assurance
sur la vie.
La première question qui se présente est celle de la probabilité.
Les événements qui se produisent sont dus à des causes que nous
pouvons diviser en trois catégories :
1° Ces causes nous sont complètement connues ;
2° Ou bien elles nous sont incomplètement connues ;
3° Ou enfin elles nous sont complètement inconnues.
La plupart des événements importants qui se produisent : morts,
mariages, succès des entreprises, loteries, etc., ont des causes apparte-
nant à la deuxième catégorie ; il s'ensuit que le calcul des probabilités est
d'une grande utilité pour l'homme. Cette science est, en tous cas, la base
fondamentale des assurances.
Quand il s'agit de préciser d'une façon mathématique les probabilités
550 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

relatives à un événement, on ne doit pas se lier aux appréciations des ]>r(>.


miers venus ; il faut, au contraire, recueillir avec soin toutes les causes
connues de l'événement, calculer sur des chiffres et donner des formules.
Mais il est des événements qui sont dus au hasard, et dans lesquels
la probabilité est tout à fait mathématique.
Si nous mettons dans une urne vide une seule boule blanche, nous
sommes persuadés, en y plongeant la main, de retirer cette boule blanche
du premier coup ; nous en avons la certitude, puisqu'elle est seule. A
cette boule blanche joignons-en une noire, alors notre certitude disparait,
car nous avons autant de chance de tirer la blanche que la noire ; autre-
ment dit, si nous convenons de représenter par 1 la certitude, dans le
second cas, nous aurons pour chaque boule une probabilité de sortie
qu'on pourra évaluer par la fraction 1/2. Ajoutons à ces deux premières
une troisième boule bleue ; chacune de ces trois boules ayant une égale
chance de sortie, leur probabilité respective sera représentée par la
fraction 1/3 ; il y aurait 10 boules, ou 100 boules, que la probabilité de
chacune d'elles serait égale à 1/10" ou 1/100».
Si maintenant, au lieu de mettre la main une seule fois dans l'urne
contenant 100 boules, nous la mettons 2 fois ou 5 fois (1), la probabilité
de sortie de chacune de ces 100 boules se trouve naturellement doublée
ou quintuplée, c'est-à-dire égale à 2/100" ou 5/100".
Précisons encore : supposons que les boules soient numérotées de 1 à
100. Nous voulons évaluer la probabilité de sortie de la boule n" 25 en
opérant 5 tirages. Cette probabilité, d'après ce qui précède, sera égale
à 5/100*.
Or, le chiffre 5 (le nombre de tirages) représente naturellement le
nombre de cas favorables à l'événement attendu : (la sortie de la boule
n° 25), et 100 représente le nombre de cas possibles, puisque à chaque
tirage un des cent numéros peut sortir.
Il s'ensuit que nous pouvons formuler le théorème suivant :
La probabilité d'un événement attendu est égale au nombre de cas
favorables à cet événement divisé par le nombre de cas possibles.
Supposons maintenant que nous ignorions le nombre de boules qui se
trouvent dans une urne ; nous savons seulement que la boule n» 25 est
sortie 10.000 fois sur 1 million de tirages. Ce document nous prouve,
par conséquent, que la probabilité de sortie de cette boule était de
/coooôo S0li ^e
> "W ' ce ^
veut d're <lue> Pour 1 cas favorable, il y avait

(1) Il est entendu que la boule tiréo sera remise dans l'urne avant chaque nouveau
tirage.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 551

|<X) cas possibles. Cela indique donc qu'il y avait 100 boules dans l'urne.
On voit qu'ici, ne connaissant pas les causes de l'événement, nous
avons dû nous reporter à la proportion des faits qui s'étaient produits dans
le passé. En général, pour calculer la probabilité d'arrivée d'un événe-
ment dont on ignore les causes, il faut calculer la probabilité des événe-
ments analogues arrivés antérieurement.
On obtient pareillement des probabilités mathématiques très précises
sur la durée de l'existence d'un groupe d'hommes, en prenant pour base
les observations faites antérieurement sur des groupes analogues
disparus.
La science qui recueille ces renseignements, qui enregistre les
événements intéressants, n'est autre que la statistique. C'est à l'aide de la
statistique qu'on peut établir, pour l'assurance, la probabilité de la durée
dos existences humaines.
L'excellent ouvrage de M. le docteur Mauriac sur l'examen médical
va nous permettre d'entrer plus avant dans cette question.
L'ôminent praticien traite de la probabilité et de la longévité, les deux
éléments principaux de l'Assurance sur la vie ; donc, commentons cette
page si intéressante de l'Examen médical (1) :
« De tous les êtres supérieurs, l'homme est certainement celui dont
* la
durée de la vie est la moins certaine. Son existence n'est pas seule-
«
ment exposée aux maladies et aux accidents. Elle est encore mise en
«
péril par des excès qui enfreignent à chaque instant les lois protec-
<
trices de l'instinct; elle est surtout dépendante des passions et des
«
préoccupations morales ou intellectuelles. Ces désordres physiques ou
«
psychiques qui sont particuliers à son espèce, en raison de sa liberté,
« sont
même les causes les plus fréquentes de l'affaiblissement de son
«
organisme et de sa mort. »
C'est ce qui a fait dire à P. Flourens : « L'homme ne meurt pas, il
» se tue
!
»
Ainsi nous connaissions depuis longtemps la durée ordinaire de la
vie des animaux domestiques bien avant d'être fixés sur celle que la
nature nous a départie.
Cependant, depuis un siècle, la question a fait de grands progrès grâce
aux travaux des mathématiciens et des assureurs, et nous sommes en
mesure de la résoudre à l'aide de documents dont personne ne pourra
contester la valeur.
En ce qui concerne la longévité, les auteurs s'accordent à trouver que

(1) Voir pages 390 et 568: de l'Examen médical.


552 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L*ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

l'augmentation de la durée de la vie humaine est constatée par les tables


de mortalité. Cette longévité n'est que la continuation d'une progression
que le docteur allemand J.-L. Casper (1835) s'est attaché à mettre en
lumière dans son remarquable ouvrage sur la durée probable de la vio
de l'homme.
Il l'a fait justement en vue des assurances sur la vie dont il a été un
des premiers à prévoir le développement.
Il a démontré que la vie humaine avait augmenté depuis Ulpien et il a
prouvé qu'elle s'était accrue de dix ans depuis un siècle seulement.
Cela n'a rien dJétonnant si l'on tient compte du progrès des sciences
et des arts, de l'adoucissement des moeurs, de l'amélioration des usages,
de la vulgarisation du confortable et de l'hygiène, surtout si l'on croit à
cet aphorisme de Buffon : « L'homme qui ne meurt pas de maladies acci-
« dentelles vit partout 90 ou 100 ans. s
Il est certain qu'un des plus précieux efforts de la civilisation est de
diminuer le nombre des maladies accidentelles.
Mais Buffon n'a voulu parler que de l'homme bien constitué, et c'est
pour cela que Flourens a osé dire dans la Longévité humaine : « Buffon
« a
raison. La « durée de la vie ne dépend ni du climat, ni de la nourri-
tture, ni de la race; elle ne dépend de rien d'extérieur; elle ne dépend
t que de la constitution intime, et, si je puis ainsi parler, que de la vertu
t intrinsèque de nos organes. »
Le rôle du médecin d'assurances est justement de s'assurer que tous
les organes du proposant fonctionnent normalement et que sa constitution
ne présente aucun vice originel ou acquis.
Cependant, ce serait téméraire de sa part d'appliquer à l'individu co
que Buffon disait de l'espèce considérée dans l'ensemble de ses races
répandues sur le globe. Il est essentiel, au contraire, de tenir compte du
sexe, du milieu social, de l'êtajt de fortune, de l'état civil et de la profes-
sion de la personne examinée.
A ce sujet, nous croyons intéressant de citer quelques observations
et quelques chiffres qui ont été recueillis par nos meilleurs statisti-
ciens et qui ont été corroborés par l'expérience des Compagnies
d'assurances.
Les femmes ont presque pendant toute la vie, sauf à l'époque de la
puberté et à celle de l'âge critique, une existence plus longue que les
hommes.
Benoiston de Châteauneuf a fait une étude spéciale de la question.
Sur mille individus pris dans chaque sexe, au jour de la naissance,
il est resté :
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L*ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANOER 553

llnmnii'S l-'iMnim-s A l'agi- <li- :

544 579 10 ans


485 527 20 —
307 332 50 —
229 255 60 —
133 151 70 —
44 53 80 —

L'inégalité est si grande entre les deux sexes qu'elle compense l'excé-
dent des naissances des garçons sur celles des filles, et neutralise les
dangers qui sont particuliers à la femme : les grossesses et les accou-
chements. • •

La durée de la vie est plus longue chez les individus mariés que chez
tes célibataires.
La mortalité est plus forte chez les pauvres que chez les riches.
Elle se manifeste suivant les professions dans un ordre qui n'est pas
encore bien défini, mais en tète duquel se trouvent les ecclésiastiques et
les savants, les cultivateurs et les négociants aisés, et qui se termine par
les médecins et certaines catégories d'ouvriers ou de professions et
métiers dangereux.
Après avoir donné d'intéressants documents de statistique sur ce
sujet, les auteurs disent encore :
A défaut des indications qui nous manquent, nous nous bornerons à
rappeler que la mortalité d'un pays est toujours en proportion du nombre
des naissances. « La mort frappe en raison de la fécondité, » dit Casper.
Cette dure mais admirable loi sert de compensateur à l'accroissement et
à la diminution de la population du globe. Elle fonctionne avec une telle
régularité que, grâce à elle, il est toujours possible d'évaluer approxima-
tivement la durée de la vie dans une contrée dont on connaît le nombre
annuel des nouveau-nés.
Dans l'assurance sur la vie, c'est l'existence de l'homme qui est en
jeu. A chaque instant, le même problème se pose : il s'agit de savoir si
tel individu sera encore vivant à telle époque. Il s'ensuit donc que tous
les renseignements relatifs aux décès des hommes sont extrêmement
précieux pour les assureurs.
On est remonté le plus haut qu'on a pu dans l'antiquité pour cher-
cher des documents. Il fallait savoir, en effet, dans quelles conditions la
mortalité humaine variait, par rapport aux temps, aux climats, aux
moeurs, aux professions, aux sexes, etc.
Il existait sous les Romains des registres où l'on inscrivait la percep-
554 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

tion des impôts que l'on devait payer à différentes époques, entre autres
à la naissance et au décès de chaque citoyen. Ces registres ont dû servir
au célèbre jurisconsulte Ulpien qui, au II" siècle de notre ère, établit une
espèce de table de mortalité (1), la plus ancienne que l'on connaisse. Les
chiffres donnés par cette table présentaient, pour différents âges, une vie
moyenne de dix ans environ plus petite qu'aujourd'hui.
Voici cette table quo Walford a présentée dans The Insurance Guide
and HandBooketqueM. A dan a reproduite dans sa notice sur l'His
toire des Assurances sur la Vie :
Ages Vie moyenne suivant Ulpien

De la naissance... à 20 ans 30 ans


20 à 25 » 28 »
25 à 30 » 25 »
30 à 35 » 22 »
35 à 40 » 20 »
40 à 41 » 19 »
41 à 42 » 18 »
42 à 43 > 17 »
43 à 44 » 16 »
44 à 45 » 15 »
45 à 46 » 14 t,
46 à 47 » 13 »
47 à 48 » 12 »
48 à 49 » 11 »
49 à 50 » 10 »
50 à 55 » 9 »
55 à 60 » 7 »
60 et au-dessus 5 »

Après Ulpien, voici venir le fait le plus important dans l'histoire


des Tables de mortalité :
Les auteurs, c'est-à-dire Montuela, S. Kok, la Bibliographie univer-
selle ancienne et moderne ont bien remarqué que Jean Hudde avait écrit
sur les rentes viagères et sur l'application des calculs de probabilité,
mais ils n'avaient pu déterminer sa participation exacte dans la vulgari-
sation de la science actuarielle.
Grâce à la publication des lettres de Christian Huygens on vient

(1) Une table de mortalité proprement dite est un tableau indiquant, pour chaque
âge, le nombre des survivants d'un groupe pris à un âge initial arbitraire.
HISTOIRE GÉNÉRALE DB L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 555

«le découvrir dans la correspondance qu'il a échangée avec Jean Hudde,


un document extrêmement curieux et très intéressant pour l'assurance
sur la vie (1).
Voici les faits : Jean de Witt, le Raadpensionnaris, ainsi qu'on le
nommait, s'occupait de résoudre l'affirmation suivante :
1 florin de rente viagère annuelle sur la tète d'une jeune personne
vaut 16 florins.
Christian Huygens s'intéressait à cette solution. Jean Hudde, de
son côté, consulté par Jean de Witt et Christian Huygens, adressa la
lettre suivante à ce dernier :
« Je vous ai écrit que j'avais trouvé pour la valeur des rentes via-
• gères dans les dix premières colonnes
du petit tableau transmis, en
1 f. : 1 : 11 florins, ce qui doit être 17 : 6 : 3 1/2 florins ; il y
» moyenne

( avait une petite faute de calcul. A ajouter encore environ 5 sous pour
« autant
qu'elles augmentent quand on calcule sur un semestre, on
«
trouverait donc pour une demi-année, en moyenne, lf. : 11 : 3 1/2, ce
«
qui ne donnerait, avec le calcul du « Raadspensionnaris » (Jean de
«
Witt), basé sur dix catégories pareilles, mais de plus de personnes et
»
tirées d'autres registres, qu'une différence de 6 sous 4 1/2 deniers. Car
« ce
dernier trouve en moyenne pour une demi-année 1 f. : 17 : 8 florins. »
Il résulte de ces faits que Hudde avait connaissance des solutions
du Raadpensionnaris, ce qui concorde avec la circonstance que le
travail de de Witt avait été soumis aux États le 30 juillet pourvu d'une
note approbative de Hudde. Il s'ensuit encore que Huygens connaissait
le « petit tableau » que Hudde lui avait adressé et le considérait comme
un document précieux. 11 l'intitule dans sa correspondance un «c tableau
de mortalité dressé par J. Hudde », tiré des registres de personnes sur
la tête desquelles des contrats de rentes viagères ont été vendus par le
Gouvernement des Provinces réunies, en 1586, 1587, 1588, 1589 et 1590.
Ci-contre nous publions ce document, récemment découvert, dont
nous devons la copie à la gracieuseté de la Société Générale Néerlandaise.
Dans ce tableau, les nombres placés au-dessus de la ligne
horizontale indiquent l'âge des rentiers viagers au commencement du
contrat. Au-dessous de chaque âge est indiqué le nombre d'années pen-
dant lesquelles ces personnes ont vécu ensuite, par ordre de durée.
En considérant que Jean de Witt ait bien communiqué les résultats de
ses observations, mais pas ces observations mêmes, nous avons le droit
de supposer qu'il s'agit ici d'un des plus anciens, sinon du plus ancien,de

(1) Voir page 73, la biographie de Christian Huygens et de Jean de Witt.


556 HISTOIRE OÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE
BT A L'ÉTRANGER

Rentes Tableau de la mortalité des personnes


viagère!
sur la tête desquelles des Contrats
achetées à Ans on 1586, i587 1588, 1589 el
l'âge de 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23
2t»L 112101 133 32034
642232143 473503 412 405012
6 8 2 2
94823
5 3 2 4 3
31

7
71

7 5 9 3 3 9 12 10 6
6

10 6 4
7
15
13 11 3 2 5 3 2 5 4 7 7 7 9 3 13 10 12 14 9
15 11 4 2 7
16 6 fi ls
3 5 5 4 9 12 10 9 4 13 10 13 14 14 16 11 6 »;
15 13 7 3 9 4 5 6 11 9 12 12 10 5 14 10 14 15 16 23 14 7 27
15 13 10 3 10 4 6 6 12 10 13 12 14 6 14 11 16 17 22 23 10 8 W
16 13 12 4 10 5 7 10 13 12 14 12 14 8 14 14 19 17 23 27 22 13 lit
22 15 13 5 10 6 9 11 14 13' 15( 15 15 8 15 15 23 18 26 27 24 18 3X
23 15 14 12 U 6 10 11 15 13 1GJ 15 15 9 15 23 24 18 26 28 27 23 Il'.i
23 16 14 12 12 7 10 12 15 13 17 15 16 9 18 20 25 25 31 30 28 24 3!)
24 16 15 13 13 7 11 13 15 13 19 16 17 10 20 26 30 31 31 30 36 24 43
24 16 16 13 13 11 12 14 17 14 19 16 18 12 20 27 31 35 32 35 37 28 43
25 17 16 13 14 12 12 14 18 14 20 18 18 12 20 27 31 35 34 37 37 29 41'-
25 20 17 14 14 13 14 15 19 15 22 19 19 12 21 27 32 36 34 38 37 31 4'.i
25 22 17 15 14 13 15 16 20 15 27 21 20 14 22 31 34 36 35 39 42 31
25 25 17 15 14 13 15 16 24 16 28 22 21 15 27 35 37 36 36 41 49 38
26 25 18 16 15 13 15 16 25 16 30 23 21 16 30 36 37 37 36 41 50 45
31 26 19 16 15 13 15 19 27 17 31 24 22 16 30 37 38 37 36 44 52 51
31 26 21 17 15 14 15 19 27 17 32 24 25 18 35 37 39 44 37 44 57 52
31 27 22 17 15 15 16 19 28 17 33 28 26 18 35 38 40 48 40 45 58 53
31 29 22 18 16 17 16 20 29 18 34 29 29 20 36 38 40 48 42 47 54
32 30 23 19 16 17 16 22 29 19 35 31 31 21 39 39 41 49 54 49 56
33 31 24 19 10 18 17 22 34 19 35 32 32 21 39 39 45 49 55 50 58
38 33 24 20 16 18 17 22 36 20 36 35 32 24 39 41 48 50 62 50 61
40 33 24 20 17 18 18 22 37 21 37 35 32 26 40 42 49 51 63 50
41 34 26 22 17 18 18 23 37 25 39 36 36 27 43 47 51 59 50
41 35 26 22 18 19 20 24 38 26 40 36 36 29 44 47 52 59 51
44 35 27 23 18 21 20 26 39 30 40 38 38 30 45 49 52 60 53
44 36 27 24 18 26 20 27 40 31 42 39 38 33 40 51 53 73 54
46 36 27 26 19 27 21 29 41 33 43 39 38 35 46 51 53 59
46 38 28 26 19 27 22 29 45 33 44 39 39 35 46 56 58
47 38 28 27 20 29 65
23 29 46 34 46 39 41 37 49 57 60
48 38 29 28 20 30 24 30 46 37 48 40 42 41 50 60 65
50 44 29 31 23 30 26 30 47 37 49 42 49 42 52 61
52 47 29 32 24 31 26 30 47 38 50 43 49 45 53 62
52 50 30 32 25 31 26 31 47 39 50 46 49 46 54
56 51 33 33 26 32 28 31 49 39 50 46 52 48 54
57 52 34 33 28 34 29 32 49 40 51 47 52 49 55
58 53 34 33 28 34 29 33 49 41 52 47 53 49 55
58 54 34 34 29 35 29 34 49 44 54 48 53 50 55
65 56 34 34 29 36 30 35 50 45 54 49 53 50 55
65 56 35 35 30 36 31 37 51 46 55 51 54 52 56
66 57 35 35 37 38 32 37 51 46 56 52 55 52 59
66 57 35 36 37 38 33 38 51 47 58 52 57 53 60
68 59 35 36 37 38 33 38 51 48 59 53 57 57 60
68 60 37 37 38 39 35 38 52 48 59 56 59 57 62
68 61 37 37 38 39 36 38 53 48 60 56 60 58 62
69 62 37 37 38 40 38 39 54 48 61 57 60 59 63
70 63 38 38 40 40 38 39 54 49 62 58 60 60 64
71 64 38 38 40 40 39 40 55 49 62 58 61 60 65
71 64 38 39 42 42 40 41 57 50 62 59 63 62 67
71 65 39 39 43 43 41 41 59 50 63 63 67 63
72 66 39 39 45 44 45 43 61 51 70 64 68 68
72 68 39 40 45 44 46 43 63 53 73 64 71
73 72 41 40 47 46 53 44 64 53 70 83
74 72 42 41 50 47 56 44 64 54 72
75 73 43 41 51 48 56 45 64 54 76
77 74 46 42 51 48 59 46 65 59
79 74 47 43 51 50 59 48 66 60
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 557

de Rentes viagères ont été vendus par le Gouvernement des Provinces réunies
1590, établi par J. Hudde.

24 25 26 27 28 29 39 31 32 33 34 35 '36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 50

4 2 O 8 4 11 5 13 8 18 15 23 4 19 9 7 17 3 6 9 7 13 3 7 11 3
7 2 2 26 10 12 12 19 12 18 19 25 8 24 12 13 18 4 6 14 10 14 24 21 13 8
'.) 3 6 29 11 16 14 19 13 19 38 37 8 29 12 21 19 16 20 15 17 36 23 18 8
12 3 14 34 12 20 16 24 16 20 42 42 10 22 25 19 17 17 27 18 20
13 5 17 36 14 26 19 28 26 20 46 14 24 26 23 23 26
II) 10 18 37 25 42 21 39 45 23 15 39 26 44 28 30
17 10 25 39 31 22 29 21 30
20 13 33 42 35 34 32 24
21 13 34 48 35 36 33 29
25 14 36 36 41 43 46
26 14 36 36 49 52
27 19 38 37
28 20 42 42
29 30 56 47
33 31
35 34
35 37
;j0, 46 „0Iltes (Suite)
viagères
30 52
Ans
;«j
achetées à
''àgu <iu 12345678 9 10
38 ^fjg
Véi'ii
80 75 48 43 51 53 59 49 69 65
39 79 49 44 52 53 59 51 70 65
10 80 50 47 53 53 60 51 78 66
'5 84 51 50 55 54 61 52 78 66
10 51 50 56 54 61 52 69
'18 52 50 59 55 62 52 70
50 52 51 59 55 02 53 71
r'~ 53 51 59 56 63 54 72
53 53 60 58 03 54 74
'-1 54 53 60 59 65 54

54 54 61 60 65 54
56 55 61 60 67 55
56 56 61 60 09 55
57 57 62 61 72 57
58 57 62 62 77 57
58 58 62 62 78 59
59 58 62 02 84 60
62 60 62 64 60
62 61 63 64 62
63 61 63 64 62

66 63 65 65 62
66.64 66 66 64
67 66 66 67 64
69 67 66 67 70
72 67 67 70 71
72 70 67 71 75
72 76 67 71 77
72 79 68 71
72 84 68 72
73 69 73
73 70 73
78 72 74
83 72 74
72 78
73 78
i 77 80
558 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

tous les tableaux d'observations soigneusement coordonnées, et cela


non seulement des Pays-Bas, mais du monde entier. Il n'est guère diffi-
cile de composer d'après ce tableau une table de mortalité et de cal-
culer d'après celle-ci les prix de rentes viagères. Aussi, nous pouvons
hardiment admettre que les tables de rentes viagères des Résolutions
d'Amsterdam de 1671 et 1672(1) sont basées sur ce tableau, et ce qui rend
la chose plus intéressante encore, c'est que les registres établis par suite
de ces résolutions ont servi à leur tour pour fournir à Nicolas Struych
les données sur lesquelles il a calculé sa table de mortalité.
Un peu plus tard, le clergé catholique prit note des naissances
et des décès dans quelques paroisses, avec une certaine régularité ;
on a trouvé de ces registres de plusieurs époques, et notamment du
XVI* siècle. La peste de Londres, en 1592, donna lieu à rétablissement
d'une statistique mortuaire, qui fut continuée pendant un certain temps
après l'épidémie.
Pascal en 1661, Petty et Graunt en 1662, et Jean de Witt en 1671,
firent d'intéressants travaux sur la mortalité. Enfin, en 1693, le mathé-
maticien Halley publia une table de mortalité sur la ville de Breslau. Il
eut de nombreux imitateurs par la suite.
Table de Mortalité de Halley, d'après des observations faites à Breslau.
Nombro Nombre Nombre Noubre
Ages do Ages de Afîos du Ages de
Vivants
T 1ÔÔ0 il Vivants
573 47
Vivants
377 70
Vivants
142
2 855 25 567 48 367 71 131
3 798 20 500 49 357 72 120
4 760 27 553 50 316 73 109
5 732 28 546 51 335 71 98
6 710 2'.) 539 52 324 75 88
7 692 30 531 53 313 76 78
8 680 31 523 54 302 77 68
9 670 32 515 55 292 78 58
10 661 33 507 56 282 79 49
11 653 34 499 57 272 80 41
12 646 35 490 58 2(52 81 34
13 640 30 481 59 252 82 28
14 634 37 472 60 242 83 23
15 628 38 463 61 232 84 19
16 622 39 454 62 222 85 15
17 616 40 445 63 212 86 11
18 610 41 436 "64 202 87 8
19 604 42 427 65 192 88 5
20 598 43 417 66 182 89 3
21 592 44 407 67 172 90 1
22 586 45 397 68 162
23 579 46 387 69 152
(1) Voit' également les titres de rentes viagères dont les fac-similés sont reproduits
pages 68 et 69.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L*ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 559

Mais les tables les plus renommées sont celles de Kersseboom, 1742,
et de Dôparcieux en 1746.
Nous avons eu sous les yeux un des rares exemplaires du livre où
Deparcieux trace ses premières Tables. Il est intitulé : Essai sur les pro-
habilités de la vie humaine, d'où l'on déduit la manière de déterminer les
rentes viagères, tant simples qu'en tontines.
Cet ouvrage porte la date de 1746. On y trouve de très curieux docu-
ments relatifs aux registres mortuaires de certaines grandes villes et
confréries religieuses, ainsi que d'intéressants essais sur la probabilité de
ki durée de la vie humaine. Signalons notamment un état des morts de
la paroisse de Saint-Sulpice, del715 à 1744 inclusivement. L'ouvrage est
suivi d'objections de MM. Berthier, jésuite, auteur (sic) du Journal de
Trévoux, Thomas, auteur (sic)du Journal de Verdun, Nicole de Buffon...
Citons encore les Tables de Dupré de Saint-Maur, en 1749; de
Northampton, en 1780 ; du docteur Price, en 1780; de Duvillard, en 1806 ;
de Demontferrand, en 1832, et du docteur Farr, en 1836 (1).

Aujourd'hui, la statistique a pris une grande extension, et des


annuaires spéciaux donnent de nombreux documents sur la mortalité
dans presque tous les pays, aussi l'introduction placée en tête de l'ou-
vrage, qui contient les tables de mortalité du Comité des Compagnies
françaises d'assurances sur la vie, est-elle des plus instructives à ce sujet :
Voici cette introduction remarquable qui trace dans le détail l'histoire
dos Tables dont nous avons seulement noté les événements marquants :
Les observations faites à diverses époques sur la mortalité de la
population française ont été enregistrées dans un assez grand nombre de
Tables; il suffit de citer celles de Deparcieux (1746), de Duvillard (1806),
de Demontferrand (1838), de Hubbard pour les Sociétés de Secours
mutuels (1852), des trois Compagnies (Assurances Générales, Union et
Nationale) pour leurs rentiers viagers (1860), de Beauvisage (1867), de
M. de Kertanguy pour les assurés en cas de décès de la Compagnie
d'Assurances Générales (1874), de MM. Achard et Charlon, pour les
pensionnaires civils de l'État (1879), de M. Louis Fontaine pour les
rentiers de la Caisse nationale des retraites pour la vieillesse (1887).
(1) Voir au sujet des tables do mortalité : Rapport du Bureau Fédéral des assu-
rances sur les entreprises prioées en matière d'aisurance en Suisse, en 1893. —
^surances sur la oie. Rapport de M. H. T. G. Adan. Groupe XI, Economie sociale,
Imposition de 1889. Bruxelles, Weissenbrach, éd. et sa notice sur l'Histoire des
"Garances sur la vie. — Texte Book par George Kiug, traduit de l'anglais
l^i" Amèdée Bégault, préface de Lôou Manillon.
560 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANOER

Mais la plupart de ces Tables n'ont pas été construites à l'aide


d'éléments fournis par la catégorie spéciale de population qui forme la
clientèle des Compagnies d'Assurances sur la vie. Deux seulement
présentent cette origine, celle des trois Compagnies et celle de M. do
Kertanguy ; malheureusement, les observations qui leur servent de base
portent sur un nombre de tètes excessivement restreint, et sont, en
outre, antérieures à la période d'expansion des opérations viagères on
France.
Les Compagnies françaises d'assurances sur la vie se sont donc vues
contraintes d'utiliser, pendant de longues années, des Tables construites
à l'aide d'éléments tout à fait étrangers à leur clientèle, et ne représentant
pas la mortalité véritable de celle-ci. L'inconvénient de cet emploi n'a
pas besoin d'être démontré, car il est admis aujourd'hui sans aucune
contestation. Néanmoins, jusqu'à ces derniers temps les Tarifs français
étaient calculés à l'aide de la Table de Duvillard, pour les Assurances en
cas de décès; et, pour les Assurances en cas de vie, au moyen de la Table
encore plus ancienne de Deparcieux, qu'on avait essayé de perfec-
tionner en 1878, à l'aide des résultats fournis par l'expérience des trois
Compagnies (1).
Hors la France, la situation des Compagnies est restée longtemps
la môme. La Table anglaise de Carliste, par exemple, n'était pas
mieux appropriée à leur industrie que celles de Deparcieux ou de
Duvillard.
Mais l'Assurance sur la vie s'est développée en Angleterre un siècle
plus tôt que sur le Continent. Aussi, dès l'année 1843, dix-sept Compa-
gnies anglaises ont mis en commun leur expérience pour faire dresser
par YInstituteof Actuaries une Table spécialement destinée au calcul de
leurs tarifs d'assurances en cas de décès. Vingt-six ans plus tard,
en 1869, la môme corporation établissait une nouvelle Table, la célèbre
Table Hm, au moyen d'observations réunies par vingt autres Compa-
gnies. L'année précédente, l'actuaire Finlaison avait encore publié une
Table, construite avec les éléments fournis par les rentiers viagers du
Gouvernement britannique.
Imitant un aussi bon exemple, vingt-trois Compagnies allemandes
ont, à leur tour, mis en commun leurs observations pour dresser,
en 1883, une Table donnant exactement la mortalité de leurs assurés en
cas de décès.

(1) Voir page 388. Ainsi que nous l'avons marqué, ces tables servaient encore
récemment de base aux tarifs des Compagnies.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 561

De son côté, l'Amérique, si elle ne construisait pas d'aussi vastes


monuments statistiques, utilisait cependant l'expérience de ses Compa-
gnies pour obtenir plusieurs Tables intéressantes, comme celle due à
l'actuaire Sheppard Homans (1868).
La France ne pouvait se dispenser de prendre part à ce mouvement
scientifique universel. Les tentatives de 1860 et de 1874, fort remar-
quables comme conception théorique, n'avaient pu recevoir de véritable
sanction pratique à cause du manque d'éléments, dû lui-même au peu
d'extension prise jusqu'alors par les Compagnies françaises. Mais l'idée
n'était pas abandonnée.
Le 21 novembre 1876, le Comité des six Compagnies (1) décidait
l'établissement d'une Table de mortalité pour les rentiers viagers, à
l'aide d'observations fournies par les Compagnies syndiquées et par la
Compagnie Le Monde. L'exécution de cet important travail fut confiée
aux actuaires des six Compagnies, sous la présidence de M. de Ker-
Kttigu-y, actuaire de la Compagnie d'Assurances Générales.
Après avoir examiné les procédés qu'il convenait de mettre en
usage, la Commission des actuaires adopta la méthode employée par son
président pour la construction de la Table de 1874. Puis on établit dos
cartes pour toutes les polices réalisées dans les Compagnies associées
depuis 1819, date de la fondation de la plus ancienne d'entre elles, jusqu'au
'.il décembre 1877.
L'insuffisance des moyens matériels dont pouvait disposer la Com-
mission rendit assez long le travail de la confection et du dépouillement
dos cartes, qui fut seulement terminé en 1887. A celte époque, on appro-
chait de la grande Exposition qui devait, deux ans plus tard, faire
converger à Paris des millions de visiteurs, accourus do tous les points
du globe.
Le Comité (2) pensa qu'il serait intéressant d'exposer aux yeux des
statisticiens, des assureurs et des actuaires étrangers le résultat de ses
observations. Mais il ne lui sembla pas suffisant de borner cette Expo-
sition à la seule Table des rentiers viagers, qui ne constituent à vrai dire
qu'une faible minorité de la clientèle des Compagnies. Malgré le peu de
temps qui devait s'écouler jusqu'à l'ouverture de l'Exposition, le Comité
décida, dans sa séance du 22 novembre 1887, la construction d'une
seconde Table avec les éléments fournis par les assurés en cas de décès

(1) Compagnie d'Assurances Générales, Union, Nationale, Phénix, Paternelle et


L''Indue.
i'~)Réduit alors à quatre Compagnies : Compagnie d'Assurances Générales, Union,
^''•Uoiude ot Phénix.
40
562 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

des quatre Compagnies. Les observations portaient sur toutes les polices
réalisées depuis 1819 jusqu'au 31 décembre 1887.
Grâce aux moyens d'action très efficaces qui furent mis en oeuvre,
les deux Tables des rentiers français (RF) et des assurés français (AFl
purent figurer à l'Exposition, après avoir subi un ajustement rapide par
la méthode de Woolhouse.
Le jury leur décerna un Grand Prix, accompagné de quatre Médailles
d'or de collaborateurs pour les actuaires qui avaient dirigé l'exécution du
travail.
Malgré cette haute récompense, le Comité ne crut pas devoir utiliser
les Tables exposées, sans les perfectionner. Dans sa séance du 18 juin 188',),
il avait décidé que la Table RF serait complétée par les observations
faites sur les rentiers viagers depuis le lor janvier 1878 jusqu'au 31 dé-
cembre 1889. En outre, l'ajustement provisoire fut remplacé par un autre
ayant pour base la formule de Makeham (1).
Enfin, le Ie'' avril 1892, le Comité décida la publication des Tables
sous leur forme définitive dont nous détachons ci-contre la table C.

Nous venons de le voir, le promoteur, l'initiateur et le premier


directeur de ces Tables est l'honorable directeur général de la Compa-
gnie d'Assurances Générales sur la vie, M. de Kertanguy ; c'est
également lui qui le premier en France a essayé de substituer une
Table exacte à la Table approximative.
« Espérons,
écrivait M. de Kertanguy, dans le Journal des Actuaires
de Londres, en 1875 (2), que le développement toujours croissant des
assurances sur la vie en France mettra avant peu d'années entre les
mains des Compagnies des documents plus nombreux, qui permettront
alors d'établir d'une manière certaine les lois de la mortalité parmi les
assurés français. »
L'honorable actuaire a tenu parole, car il a doté l'assurancede Tables
déduites de l'expérience des Compagnies françaises.
Nous avons vu également que cette tâche ardue, qui a consisté à
dresser ces Tables et les travaux qui en découlent, a été effectuée avec le
concours de collaborateurs très érudits qui sont les actuaires des quatre
Compagnies du Comité.

(1) Page 388, au lieu de Max Lefranc, lire Makeham.


(2) Dans sa séance du 21 juin 1875, l'Académie des Sciences a décerné le p'-'i^

de statistique à M. de Kertanguy.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 563

_^
Table C. — Nombre des vivants
Kxtrail «le l'ouvrage intitulé : Tables de mortalité
rlu Comité des Compagnies d'Assurances à primes fixe* sur la rie.
l'ARLKS
^__
Kinlîi«ii J'«l'«»«« '!« 2» f' n ï- tlaiss'eiiatioiiale J" J'1
«l«
Mp.iroim
'!«
htivillnnl
il«
Carli^l- "'„ " mfntm- aiixhi»
23
»ll.-niai s il» retraites î""^
. e",'eir,s
f«r la vieillesse j/™^,;
V.f
(1710; (1S0IJ) (1X16)
'7™;^ (IX«S; D». Il «B»; () ; | s»», ï VjsO»)
R.

Il » 1000000 lOtHin n „
127283 ; .
100000(1
i , 707525 s ici .. ..
112025 „ ,. irawr»
2 «
(1718*1 777e.) •> • 108003 ., ..
037188
:! 1000 (121(108 7271 1000000 , 1(111588
• 100000 1I17031)
I 070 M1871 a ODDS ,.)'.)02lll • 1(1 11) 12
••
'.)'.»285 003 180
5 «118 583151 (1707 1)81231) - 103(117 »
'.18708 8! 127(15
C 1)30 573025 (1C7C 1)73030 - 10255(1 .,
1)8211 881751
7 1)15 5115838 C51M 0(15511 ..
101701 • 117871) S78I17C
8 1)02 5(10215 (153(1 058736 101021 • 1)75(11 «731)32
II 81)0 55518(1 (111)3 1)52510 ..
1001(11 - 1)7201 87005(1
10 880 551122 (11(10 111(1851 101)000 100000 .,
1)7015 8I1G081
11 872 5 1(1888 (1131 «.111505 1)0251 111)51)2
»
«.IC7ÏH) 86352'J
12 8(1(1 512(130 (1100 1)31130 1 1)8505 1)1)223 .
1)11505 8110371
13 «CO 538255 (13(18 1)31031 D77IV2 1)8877 HG17(1 857013
Il 851 533711 (1335 1)25175 1)7022 1)8510 '.157*. M «531211
15 818 5281)11'.) (1300 1)11)13'.) 1)11285 1)8203 1)53(11 «HUIO
Kl 812 521020 112111 01273(1 1)5550 1)7813 1)1870 8150111)
17 835 5188113 (1211) 1)05211 1)1818 07151) 1(12787 1)132(1 8-1021)8
18 «28 513502 1117(1 «0(1771 1)1080 1)7031 101878 1)3731 835173
11) 821 507DI0 CI33 887381 1)33(12 1)115(1'.) I00012 1)301)11 821)7112
20 SU 5022111 (101)0 877071) 1)21137 0I10G1 100000 112123 8211511
-.'I «0(1 11)11317 (1017 «11110 10 1)11)11 1)5513 '.)!)( 181 1)1721 818171
22 7DS 11)02(17 11005 «51551 1)111)2 1)11)31 1)8173 '.111)11 «128011
23 700 181083 5'.)C3 812000 1)0171 1)1322 1)728(1 1)0207 807271
21 7S2 177777 5021 «31370 «0751 1)3(11)1 0(1125 «1)508 8010211
25 771 1713(1(1 587'.) 82020 1 «0032 1)3011 '.)5500 881)18 7'.)(>7«0
2.1 7(1(1 1(118(13 583(1 «01)525 8831 I 023811 1)1771 «82(10 701780 *70Ï«Ï7'
27 758 158282 5703 7'.)1)3(13 «75011 01722 '.)3!>70 87(123 78(1713 7811827
28 750 151(135 5718 7S0il«il 8(1878 1)1010 03173 «7002 781578 781811
211 712 II 1032 5(11)8 7«OII7 «(11(10 1)0371 02378 «(1388 77(13(18 77(17(11
30 73 1 138183 5(112 771 1511 851 II 80(185 1)1578 85777 771075 7711181
31 72(1 13131)8 5585 7(12(101 81721 880111 00770 851(15 7(15111)0 7(11155(1
32 718 421583 5528 751021 81000 8821)1 80052 «1551 7(10203 7(11383
33 710 117711 "5172 715313 83277 875S5 80121 83035 75.11100 751115(1
31 702 -11(188(1 5117 73(1582 8.2551 8118(111 «S280 833111 748887 750811(1
35 (101 K) 1012 53(12 727(183 81822 8(1137 «7121 «2701 71303(1 715508
3(1 08(1 307123 5307 7181110 81000 85305 8(1551 82081 737030 710070
37 (178 3110211) 5251 701) 171 80353 811131) 8511(12 81-15-1 730881 731515
38 (171 383300 5101 700221) 70(111 838(11) S17511 80817 72155(1 728022
30 (ICI 37(13113 513(1 (1110055788(12 83083 83828 801115 718012 723100
10 (157 3(11)101 5075 (181701 7810(1 82277 82878 7011)5 71132-1 717338
11 (150 3(12111) 5001) (172515 77311 «1151 81003 78807 70138(1 711352
12 (113 355100 11)10 (1113111 7(15(17 801108 80807 78102 (11)7210 705210
13 (13C 318312 18110 (15IIII 75782 70737 708(12 77382 (180777 (11)8025
Il (120 311235 1708 (1 15-11)8 71085 78812 78701) 7(1111(1 (1820117 (102152
45 (122 331072 -1727 (13(1(153 71173 771)18 77707 75801 (171058 (185781
l<> C15 32(1813 11157 1127811 73315 701104 7(1500 75120 (1(15721) (1781102
IT (107 310531) 1588 (118801 72107 75078 75-150 7131(1 (15705(1 (171787
18 500 3121-18 1521 1101)780 71(127 71057 71281 73172 (118015 (1(11117
l'-l 500 30-1(1(12 1158 (1003(10 70731 7380(1 73077 72571) (138581 (15(1770
••') 581 207070 1307 51)0511) (11)80-1 72705 71831 71(120 C28727 (1-18823
:'l 571 281)3(11 1338 580262 (18842 71651 70528 70618 (118420 (140548
r'2 5(10 281527 427(1 5(1941)1 67841 70458 (10166 61)046 607650 631021

.') Ajustée d'après la formule do Makeham par i'Inttitiue nf Aeiaariea (18S k


564 HISTOIRE «1ÉXÉUALK l>E (/ASSURANCE UN FRANCE ET l.ïlïTi.Wi 1ER
A

Table t". — Nombre des virants.


TAHI.KS
•lo .!.• île
t;i:„,,l
U-II il'ni'îrii'ii.'C île» 2» !'"• f-'
îles 23 l'sisse nationale ,''''.. ,.,'''.'
«I J",".,
Mnaiviem
<i:if,:
Htr.illar.l
une.
farlisl.'
ISdi) »™;.s'
aiitérieaiiie
ISIÏS-.
anglaises
Il- 'ixiiii: M;
sllemamUs
-isx::.
île- retraite*
mm Usi.ill.-sse ^
^ "»'>.•
'.'
R.fiV .

53 5 11) 2735110 1211 558261 6(1707 60215 (17711 68117 506380 622013
51 538 265150 1113 5 161116 65706 67011) 66251 67.233 58 150 1 613IV |
55 526 .2571113 1073 53 1611 61563 66566 61605 6511011 572216 (103631
5(1 511 218782 1000 522311 63361 65162 63071 61717 550322 5033(12
57 502 21021 I 3021 500781 6210 63677 1 61383 63387 5 15707 582 Uni
58 480 231188 38 12 1070 18 60770 6213(1 511621 62007 531610 57IO'J2
51) 176 222605 3710 181127 50385 6052 1 57702 60577 516861 55111 i'.i
60 163 213567 36 13 17001)8 57017 58,8 12 55802 50003 501117 5l(l(lti|
III 150 21)1380 3521 157503 56371 57087 53016 57552 1.85307 533 12;
(12 137 10505 1 3305 113808 51713 55257 51878 55051 168525 5P.I5SS
63 123 185600 3268 120538 53030 53351 10781 5 1285 151075 5(>5(i,'.n
61 II 10 176035 3113 II 1682 51230 51368 17632 52518 132061 I.XD82H
(15 305 166377 3018 300161 103 II 10300 15 135 50736 111.211 173851
06 38(1 156651 281)4 382036 47361 47176 13180 188 12 301851 I5713H
(17 3111 11(1882 2771 365001 15201 11072 10887 16861 371018 I31ICSH
68 317 137102 26 18 3 18357 13133 126110 38532 11701 35 1168 12117s
(11) 320 1273 17 2525 330100 IOSOII 10365 311133 12612 333567 4025 15
70 310 117656 2101 311320 385611 37077 33701 10107 312200 3«2'.H1>
71 201 108070 2277 20.2188 36178 35513 31210 38006 200750 36263't
72 271 08637 2113 272807 3373(1 33075 2870 1 35718 2601162 3 II 7 II
73 251 80 101 1007 253627 31213 30585 26358 33282 217333 3.2032s
71 231 80 123 18 11 23 1525 28738 28080 2305.2 30700 225711 208IM
75 211 71715 1675 215700 211237 25602 21502 28.288 201350 27632:.
76 102 63 124 1515 107150 23761 23143 10203 25760 183 130 25308l
77 173 55511 1350 178851 2133(1 20731 17(183 23265 163006 23161s
78 151 18057 1213 160828 18061 18388 111180 20802 113530 20113! N
70 13(1 11107 1081 113153 16670 16133 12008 18 100 12 1806 187512
80 118 3 1705 053 125076 114 71 13087 H 150 lilJO'.l 1(17351 lilillil.'
81 |(ll 28886 83V 10053 12383
1 11060 0 120 1302',' 010 17 11555:;
82 85 23680 7.25 01071 10110 1H006 7821 11883 76001 I25X1U
83 71 10106 623 70700 8,'10f! 838 1 (1378 00! 15 627.88 1073',
SI 50 15175 r>20 66835 6055 68 11 5111 8275 50.588 001*5
I

85 18 11886 115 55285 5 185 5 183 103 1 6737 10118 7 117;


«6 38 0221 367 151 II 1103 1303 3138 5388 31150 6037.'
«7 20 71.15 206 36365 3070 3301 2123 1231 23658 170 17
88 .22 5670 232 28862 211(1 2 171 1«57 3261 17523 37232
80 16 1686 181 22525 1102 1800 1115 2170 1.2632 28201
00 11 3830 112 17.234 8 17 1273 1838 88 11 20701
.. t M
01 7 3003 105 12010 162 «71 13 17 5002 187
02 • I I
I 2 166 75 0 130 216 575 072 30.20 102'.','
03 2 1038 5 1 6682 70 3611 111)1 2168 6873
04 I 1100 10 1510 21 222 182 1100 I lus
05 .,
1140 30 2882 3 120 330 ,850 27o.'>
06 • «7)0 23 165(1 71
.
2.20 471 1583
07 621 18 «17
,. •
>
37 ••
142 .215 87S
!)« 4 12 11 327 10 «S 120
00 307 • .. 15! '
, 1 I 04 » 0 ..
.52 55 225
100 ,.
207 0 II I 2,8 23 103
10J >. ,.
135 7 I Il 0 II
102
->
84 5
„ „ ,
» ,. ., ..
2 3 i;
103 51 3
.. ,. ,. , . I 6
10-1
, 20 1
105 [-) 16
„ , „ , „ „ . .,
I

(t, Ajustée d'après la formule de Makeham par Vlnstitutu of Ac-luaries (tse>7,..


[-) Celte Table donne te nombre des vivants jusqu'à 109 ans.
r, La fin de cette 4'able n a pas été publiée.
HISTOIRE UI;M:RAI.E DE i. ASSURANCE EX FRANCE ET \ L'ÉTRAMIEII .567,

Nous sommes heureux do reproduire lu photographie fie ces person-


:
alités scientifiques dont nous avons ou l'heureuse fortune de signaler
es multiples I nivaux dans notre chapitre des auteurs.

M. Martin-Duprug M. Paul Gitiegsse


Compagnie d'Assurances (Jénérnlcs Compagnie l'I ni.MI

M. t'o.tmau Duma.noii M. Léon Marie


La Nationale 1 .c Phonix

M.Paul Guieyssc ayant quitté l'Union a été remplacé par M. Oltramare


dans la direction des travaux des Tables.
D'autre part, M.Cosmao Dumanoir, décédé, avail pour collaborateur
mssi compétent que dévoué Al. Quiquet, actuaire actuel de la Nationale,
dont nous donnons également la photographie.
Ne quittons pas les actuaires sans marquer, par la reproduction de la
photographie ci-contre des membres présents au Congrès à Bruxelles
on 1895, combien cette scient* do l'actuariat comporte de personnalités
}66 HISTOIRE OÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE EX FRANCE ET A L'ÉTRANGER

.'./. Quiquet
Actuaire actuel do la Nationale

éminentes et désireuses de développer encore les bases scientifiques di


l'assurance sur la vie (1)
Ceci dit, en ce qui concerne la Table de mortalité, voyons celte Table
fonctionner, jouer son rôle, c'est-à-dire donner naissance à la prime.
L'assurance sur la vie a pour but, avons-nous dit, la réalisation de
toutes les opérations dépendant de la vie humaine. Or, quelle qu'en soit
la nature, ces opérations représentent, de la, part des deux parties con-
tractantes, des obligations réciproques.
L'une d'elles apporte un capital, l'autre, en échange, lui verse de:
primes.
Ces primes seront donc calculées de façon à pouvoir faire face à
toute éventualité et devront, par conséquent, découler directement des
Tables de mortalité. C'est par l'emploi pratique desdites Tables que l'un,
des parties arrive à pouvoir remplir les engagements qu'elle a pris vis-à
vis de l'autre.
Le mode auquel sont soumises les [trimes est très variable.
Mlles sont uniques, constantes, croissantes ou décroissantes, viagères
ou temporaires, suivant qu'elles se payent pendant toute la vie ou seule-
ment pendant un nombre déterminé d'années.
Elles se calculent sur une ou plusieurs têtes.
Du calcul des primes, il ressort que l'on peut se libérer
immédiatement par un seul payement ou se libérer partiellement par des
payements annuels. Pourtant, quel que soit le mode choisi, il y a équi-
valence.
Enfin les primes se calculent en tenant compte de la mortalité indi-
111 Voir |>agos 72 à 00 : 5° période, Histoire de l'Actuariat.
§
—•
>

|
H

I>
3
>
-r-

Clintoek. — 9. Altenljurj: >


L. Mahillon. — 2. A. Bégault. • Grosse. — J. Uuboisdentrlticn. 5. Paraira. 0. r'iiilaison. î. O. King. S. Me Toja.
3. y.
1.
Martin
10. A. Lindstedt. — 11. Dupray. 12. S. de Savitrh. - 13. Samwer. - II. lîernacrt, -
Uennetjuin.-
15. Vaao.
23.
--
nûttncr.
10.
24. S.
- 17. 11.
Ilomans.
Pimentel.
25. t iobbe.—
T.
T.
19. O'Connor Martins. — 20.\\'olterbcek. 21. 17. W. Si-ott. 22. (i —
[s. ch. Lejeunc. Cornet. Van Dorsteu.
Maingie. 30. P. Soulier. - 31. II. Adan. - 32. 33. 17.
20. Meikle. — 27. l-'rûlich.— 28. Léon Marie. — 2'J. !.. H. St-John. H). I'. Hankar. — 41. de stuers. -
-
Itadon-Pascal. Hamoir. -38. II. W. Manly. 39.
31. ti. II. Kyan. -85. siersack. — 30. — 37. -
Sehevk-haven. 'Jui'iuet. 45. C Plamont. 10. .1. Chisholm. — 17. J. Wouters.— 18. Welier. — 19. J. Doussault.
12. Grossmann. —43. \ an — 11. — I lamza. — 57. t lerkrath. —58. Maeaulay. -
50. Lépreux. — 51. !.. Meerens. r.2. G. Sestilli. — 53A an L)ael. —54. Kahn. -- 55. A. Vellut. —50. 17.
- 61. .1. Kafmiann. 02. T. 1. straehan. 03. Masson. 01. C. Van Vyve. — 05. il.
[Inckner. —00. P. Capouillet.
59. ( idelunç. —On. J. C. Pierson. — — —
r>C>8 HISTOIRE C.KXERALK DE I. ASSURANCE EN FRANCE ET A I. ETRANGER

quôe par les tables et de l'intérêt de placement. Une des méthodes pour
établir ce travail consiste :
1° A la recherche de l'annuité viagère.
2° Au calcul de la prime unique.
'1° A la transformation de la prime unique en primes annuelles.

Dans les Compagnies d'assurances sur la vie, les primes et les fonds
qui doivent servir, aux différentes époques, à la constitution des rentes
viagères et des capitaux assurés, l'ont partie d'une réserve spéciale. Celte
réserve nommée mathématique est employée, conformément aux statuts,
en immeubles et titres garantis par l'État.
La réserve mathématique est la reproduction exacte et actuelle de In,
valeur du risque à l'époque où il a été calculé.

Avant la signature décisivequi lie les contractants, l'assuré se trouve


en présence de l'examinateur médical qui lui pose des questions et lui
fait subir une visite, très simple, très sommaire, mais indispensable pour
la consécration de l'assurance.
L'examen comprend quelques auscultations et analyses, un ques-
tionnaire sur l'état général de la santé de la personne., ainsi que sur ses
habitudes et sur les causes de mort ou de maladies de ses ascendants.
11 est inutile de dire que l'assuré doit répondre avec la plus grande
franchise et qu'une dissimulation de sa part pourrait provoquer la
déchéance de ses droits.
L'examen médical a généralement lieu à la Compagnie, il est
gratuit. Il n'est exigible que pour les assurances en cas de décès et les
assurances individuelles contre les maladies.
Le certificat délivré par le médecin délégué de l'assureur reste
confidentiel entre eux et ne peut être invoqué par des tiers ; il ne saurait,
du reste, faire disparaître le vice de dissimulation qui altère les conditions
essentielles de la police.
Jadis, c'étaient les agents eux-mêmes qui questionnaient le client.
Aujourd'hui le questionnaire, ainsi que nous venons de le dire, est
confié au docteur ; voyons donc le rôle du médecin au point de vue de la
responsabilité médicale et du secret professionnel.
Il fut un temps où plusieurs Sociétés médicales se refusèrent abso-
lument à fournir aux Compagnies des renseignements sur la santé do
leurs clients, sous prétexte que ces révélations étaient contraires à l'article
378 du Code pénal, relatif au secret médical.
En dehors do cette raison, ces Sociétés alléguaient des arguments
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L*ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 56',»

pratiques. Elles faisaient valoir, par exemple, la situation embarrassante


dans laquelle on mettait un médecin, en lui demandant de se prononcer
sur l'état de santé d'un client atteint d'une affection quelconque pouvant
nbrôger ses jours.
Sur cette responsabilité médicale, d'une part, et sur le secret profes-
sionnel, d'autre part, s'élevèrent des controverses très savantes dont
il peut résulter les points suivants :

«
Plusieurs jurisconsultes, dit M. Vibert dans son ouvrage sur la
médecine légale, admettent que la divulgation du secret n'est punissable
que si elle a été faite dans l'intention de nuire, ou par un esprit de causti-
cité, par le désir d'alimenter la malignité au moyen de confidences indô-
i
entes, d'anecdotes scandaleuses, etc. »
MM. Taylor, Tardieu, Legrand du Saulle, Brouardel, Mauriac,
Mareau, J. Weil-Mantou, qui se sont beaucoup occupés de questions
médico-légales sur l'assurance sur la vie, partagent cette opinion qui nous
semble bien dans l'esprit de la loi (1).
Enfin, le docteur Gaide, chargé par la Société médicale du 3° arron-
dissement de Paris de faire un rapport sur la question du secret profes-
sionnel, a conclu en disant : « Qu'il n'est pas de règle absolue pour la con-
duite du médecin dans ce cas ; que si le plus souvent il doit se taire et
garderie secret, selon l'article 378, il est aussi des circonstances dans les-
quelles sa conscience parlant plus haut que la loi, c'est d'elle seule qu'il
doit s'inspirer. »
Cette appréciation nous semble absolument conforme à la raison.
Malgré tout, la question du secret professionnel donnera lieu encore
à de nombreuses controverses, mais nous estimons que les débats iront
t;n s'élargissant pour le plus grand profit de la science, de la morale et de
l'assurance (2).

OEUVRKS SOCIALKS

Les habitations à bon marché el l'assurance sur la vie en France, en


Belgique, en Allemagne, aux États- Unis.
Si l'assurance sur la vie donne quelquefois naissance à de sinistres
drames de substitution de cadavres et d'assassinats, tels que les dernières

(1) Voir page 561.


(2) La question de la suppression de la visite médicale a été examinée en Autriche
ui on Allemagne. La Caledonian Insurance Company, Compagnie anglaise presque
'iitenaire, Omet pour les femmes des polices où l'examen médical n'est pas exigé.
570 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

chroniques belges nous l'ont révélé à propos de l'affaire Joniaux, elle


provoque l'expansion de nombreuses oeuvres humanitaires et sociales.
Les crimes qu'elle suggère sont l'exception, alors que les sentiments
honnêtes qu'on recueille à la connaître sont induis.
Pour terminer cette histoire de l'assurance sur la vie, passons on
revue les institutions sociales qu'elle couvre de son ombre.
En première ligne viennent les habitations à bon marché, puis les
caisses patronales de retraites....
Ceux qui désirent le bien-être chez les ouvriers et employés doivent,
à côté des diverses caisses de prévoyance qu'ils ont instituées, fournir à
leurs collaborateurs les moyens d'habiter ou de posséder des habitations
dites ouvrières et à bon marché.
Dans un centre industriel, où la population ouvrière est légion, il est
facile de se rendre compte, pour peu qu'on soit observateur, combien la
maison a d'influence sur l'avenir des familles d'ouvriers ou d'em-
ployés.
Apporte/, dans la construction de la maison les soins, la science qui
doivent la rendre commode, saine, et donnez à l'ouvrier, chargé d'entants,
soit les facilités pour en devenir acquéreur à un temps donné, soit au
moins la possibilité de l'habiter, et vous verrez bientôt l'amour de la
famille naître là où le penchant au désordre existait: le bien-être matériel
et moral remplacera l'aléa, l'indifférence du lendemain et l'oeuvre sociale,
que, dans un cercle restreint, vous avez entrepris de créer, prospérera et
sèmera autour d'elle de précieuses graines.
Mais à côte de la philanthropie des grands industriels ou des grandes
Sociétés, qui emploient des milliers d'ouvriers et qui leur doivent aide,
assistance, qui les englobent dans un cercle de travail et de prévoyance,
qui créent des hospices, des écoles, qui bâtissent des maisons et tiennent
ainsi leurs ouvriers et employés sous la discipline administrative et u
proximité de l'atelier, il y a l'ouvrier des grandes villes qui habite les
faubourgs et loge dans des maisons délabrées, malsaines, malpropres,
dépourvues de clarté, sortes de taudis qui offrent le spectacle des triste»
conséquences de la promiscuité dans ce qu'elles ont de plus néfaste.
C'est donc surtout pour l'amélioration de ces logements d'ouvriers,
c'est pour la solution de ce problème : la moralité par l'habitation, que
des lois sont faites, que des Sociétés se sont fondées et que le concours
et la collaboration des architectes, des hygiénistes, des économistes, des
financiers et aussi des assureurs sont recherchés.
En France, la question des habitations ouvrières remonte à 181*-' :
celle des habitations à bon marché est plus récente.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER
57l

A côté des fameuses « cités-casernes » si odieuses à l'ouvrier fran-


çais, s'élève la maisonnette imaginée par M. André Koechlin, de
qulhouse.
L'usine de Mulhouse possédait, en 1835, une cinquantaine de petites
utilisons contenant deux chambres, une cuisine, un grenier, une cave et
un jardin. Le loyer en était fort modique, mais le locataire était obligé de
cultiver lui-même son jardin, d'envoyer ses enfants à l'école et défaire,
chaque semaine, un dépôt à la caisse d'épargne.
En 1850, une loi, inspirée par M. de Vogué, réglementait dans les
villes les logements affectés à la population ouvrière et pauvre au point
de vue delà salubrité.
Sous l'inspiration de M. Jean Dolfus, la Société Mulhousienne des
Cii,'>s ouvrières est fondée en 1851. M. Emile Muller, mort récemment,
l'ut le collaborateur de M. Dolfus.
( e dernier, très humanitaire, voulut doter certaines régions de la

Frunce d'habitations ouvrières, et il en confia l'exécution à son collabo-


rateur, qui s'adjoignit lui-même M. Emile Cacheux.
Le but des Sociétés k créer était de construire des maisons à bon
marché et de les vendre par annuités à des ouvriers.
Un grand mouvement se prononce vers 1880-85 en faveur de l'habi-
tation ouvrière, une véritable croisade s'organise et les corps savants
mettent la question à l'ordre du jour.
L'année 1889 s'ouvre, et la section d'économie sociale de l'Exposition
universelle recueille tous les documents qui ont une relation avec les
feiivres de prévoyance quelles qu'elles soient. Naturellement les habita-
lions ouvrières occupent une place prépondérante dans la section. On y
petit suivre pas à pas la marche de l'oeuvre.
On y voit qu'à Paris les essais pour loger les ouvriers remontent à
IMS; à cette époque le passage Valladon futbordé de petites maisonsvendues
l»ai' annuités ; en iSî)1-!, l'empereur donna dix millions pour améliorer les
logements ouvriers.
A Clichy, à Charenton, des constructeurs suivent l'exemple de Mul-
house et vendent des maisons à bon marché par annuités.
Vient enfin un Congrès, présidé par M. Jules Siegfried, qui a pour
conséquence immédiate la constitution de la Société française des habita-
tiotis à bon marché reconnue d'utilité publique.
La Société française des habitations à bon marché veut voir l'ouvrier
propriétaire et cet espoir n'est pas exagéré, puisque le taux décroissant
de l'intérêt éloigne
peu à peu l'ouvrier des pensions de retraites pour
le porter
vers d'autres combinaisons.
572 HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Tous les États d'Europe étudient cette question, en Amérique c'est


l'initiative privée qui ouvre la marche.
C'est à la Belgique que revient l'honneur d'avoir officiellement inau-
guré le système de l'habitation ouvrière avec combinaisons d'assurance
mixte.
La loi du 9 août 1889, dit M. E. Cheysson dans une étude intitulée :
L'assurance sur la vie et les habitations à bon marché, autorise,
par son article 8, la Caisse générale d'épargne el de retraite « à traiter
« les
opérations d'assurance mixte sur la vie, ayant pour but de
« garantir le remboursement, — à une échéance déterminée ou à la

« mort
de l'assuré, si elle survient avant cette échéance, — des prêts
« consentis par cette Caisse pour la construction ou l'achat .d'une maison
«
d'habitation ».
Cette organisation a commencé à fonctionner le 1er septembre 18',I1.
Le 4 septembre 1895, c'est-à-dire quatre ans après, elle avait obtenu les
résultats suivants :
Le nombre des contrats en cours était de il,4îll pour un capital de
8,382,091 francs, ce qui représente une valeur moyenne de 2,145 francs
par contrat;, le montant des primes encaissées dans l'année s'élevait u
500,000 francs.
La Caisse générale d'épargne el de retraite, ajoute M. Cheysson, no
s'est pas crue investie par laloi de 1889 d'un monopole rigoureux pour les
avances et les assurances qui visent les habitations ouvrières et, loin tle
traiter en concurrents irrespectueux, qu'il faut réduire à merci, l'es Com-
pagnies privées qui se permettraient de chasser sur ses terres, elle les
encourage et s'applaudit de leurs succès.
C'est ainsi que la Compagnie belge des Assurances Générales sur la
vie vient, tout récemment, de se mettre à pratiquer le système des avan-
ces et des assurances pour les maisons à bon marché. Elle prête 60 0/0de
la valeur de l'immeuble, à la condition que l'emprunteur contractera
auprès d'elle une police d'assurance mixte.
Ces emprunts se font par l'intermédiaire officieux de la Société coopé-
rative d'Ixelles pour la construction des habitations à bon marché.
Deux administrateurs de cette coopérative sont assimilés en nom
personnel aux agents généraux de la Compagnie. Ils touchent donc une
commission lors de l'encaissement de la première prime et un droit de
recette annuel. Cette commission ne leur est pas allouée en totalité ; ils
n'en retiennent qu'un tiers pour eux et abandonnent les deux autres tiers>
par parts égales, à l'assuré lui-même et à la Société coopérative, donlr-o
dernier tiers viendra accroître la réserve.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANCIER 573

«
Les opérations de l'espèce, dit enfin une note de la Compagnie
belge d'Assurances Générales, se divisent en deux parties distinctes : la

première, l'avance, est le simple prêt hypothécaire sur bâtiments cons-
«
Iruits ou à construire. Si la maison est déjà construite, la valeur en est

,
appréciée par l'expert de la Compagnie; si elle est à construire, les
,.
plans et devis sont soumis à l'approbation de la Compagnie, qui pro-
portionnera ensuite ses avances à l'avancement des travaux. La Com-
pagnie se procure ainsi un placement sérieux à i 0/0 de ses fonds
«
disponibles, et la garantie peut être considérée comme de premier
,
ordre.
«
Sur cette opération de prêts vient se greffer une assurance mixte,
contractée au taux du tarif en vigueur. Cette assurance donne à l'assure
«
la sécurité pour le payement de son annuité et la libération de sa
«
maison, alors même qu'il mourrait avant le terme du contrat, et elle a
pour effet de charger la Compagnie de se rembourser à elle-même le
capital qu'elle a avancé. La combinaison est ainsi deux fois avanta-
geuse : pour la Compagnie d'abord, en procurant de bons placements à
ses capitaux; ensuite en développant sa clientèle d'assurés et les con-
trats d'assurance mixtes qui sont en général rémunérateurs. Los
'•
résultats obtenus jusqu'ici et les nombreuses demandes qui parviennent
*
à la Compagnie belge d'Assurances Générales pour la conclusion de
"
prêts sur maisons à bon marché prouvent que cette combinaison atteint
son but et a su être appréciée par le.s personnes auxquelles on la
"
destine. »

En France, quoique l'assurance des habitations à bon marché ait


donné lieu à diverses combinaisons et applications, entre autres pour les
ouvriers des mines deBlanzy, par la Compagnie d'Assurances Générales
Vie et à la Société coopérative de la Pierre du, foyer à Marseille, c'est la loi
du 30 novembre 1894, qui règle la question.
L'article 7 de la loi qui s'occupe de cette matière est ainsi conçu :
"
La caisse d'assurance en cas de décès, instituée par la loi du 11 juillet
« 181)9, est autorisée à passer avec les acquéreurs ou les. constructeurs

<
de maisons à bon marché, qui se libèrent du prix de leur habitation au
« moyen d'annuités, des contrats d'assurances temporaires, ayant pour

«
but de garantir à la mort de l'assuré, si elle survient dans la période
« d'une année déterminée, le payement des annuités restant à ôcheoir.

« Le chiffre maximum du capital assuré ne pourra pas dépasser


la
somme déduitedu taux de capitalisation de 4.27 0/0 appliqué au revenu
' net énoncé à l'article r>.
574 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« Tout signataire d'une proposition d'assurance faite dans les coiuli-


« lions du g 1 du présent article devra répondre aux questions et se s)U.
« mettre aux constatations médicales qui seront prescrites parles polices.
«.
En cas de rejet de la proposition, la décision ne devra pas être motivée.
« L'assurance produira son effet dès la signature de la police, no.
« nobstant toute clause contraire.
« La somme assurée sera, dans le cas du présent article., cessible eu
« totalité dans les conditions fixées par les polices.
« La durée du contrat devra être fixée de manière à ne reporter
« aucun payement éventuel de prime après l'âge de 65 ans. »
Le règlement d'administration publique du 21 septembre 1895 consa-
cre à cet article 7 son titre IV, intitulé : Des Assurances en cas de décès
(art. 11 à 37).
11 ne s'agit dans ces textes, dit M. E. Cheysson, que de l'assurance
par
l'État. Comme l'industrie privée s'est jusqu'à présent abstenue de prati-
quer ce genre d'assurances, l'État a offert ses services sans les imposer;
mais il ne s'est pas réservé le monopole de ces opérations et n'a l'ait que
suppléer à l'abstention des Compagnies....
En Amérique, dans l'île de Staten existe une combinaison presque
semblable à celle de la Pierre du foyer de Marseille.
Par suite d'un arrangement intervenu entre M. Wiman, propriétaire,
et la Compagnie d'assurances sur la vie The Trarel/er, il fournit aux
pères de familles, moyennant 90 francs par mois, une maison dans l'ilo
de Staten. Mais où sa méthode diffère de celle des Compagnies de cons-
truction de maisons à bon marché américaines, c'est que le père de
famille se trouve assuré par une prime prélevée sur son versement men-
suel. L'assuré et propriétaire paye jusqu'à sa mort. S'il vient à mourir,
la Compagnie libère ce qui reste dû sur la maison, qui est alors remise,
nette de tous frais, à la veuve et aux enfants..D'une manière comme de
l'autre, que le chef de famille vive ou meure, la famille reste en possession
de la maison.
En Allemagne, une Société immobilière de Berlin, la Deulsdic
Volksbau-Gesellschaft, moyennant une police d'assurance sur la vie
qu'elle procure elle-même avec un rabais sensible sur les tarifs en vigueur,
offre au contractant de bâtir une maison sur un plan à son choix et
d'une valeur égale au montant de l'assurance. Les assurés entrent im-
médiatement en jouissance, en payant 4 0/0 en plus de leur prime.
Pour réaliser le plus d'économies possibles, la Société ne construit pas
moins de cinquante maisons à la fois dans la même localité.
En Autriche, il vient de se fonder à Vienne une association d'entre-
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 575

preneurs, sous le nom de Heimslatten-Gesellschaft. Cette association s'est


donné pour tâche de faciliter, par la voie du contrat d'assurances, aux
personnes de la classe moyenne, l'acquisition d'une maison de famille
avec ou sans jardin, dans des conditions telles que le chiffre annuel des
primes à payer ne dépasse que très peu le montant d'un loyer annuel.
Toute personne qui veut acquérir une propriété dans ces conditions
peut le faire au moyen d'une assurance sur la vie. Elle a à verser une
somme de 15 0/0 sur le prix d'achat, plus l'intérêt du capital de ce prix et
une légère cote d'amortissement. Elle contracte donc une assurance sur la
vie pour le montant de ces sommes réunies, et dans des conditions telles
qu'elle n'aura à payer que des primes inférieures de moitié aux primes
normales, attendu que l'assurance n'a jamais à couvrir que le restant non
encore amorti du prix d'achat.

L'assurance sur la vie favorise encore l'expansion des Caisses de


retraite (1) et bientôt nous la verrons popularisée, unir le capital et le
travail dans un même sentiment de solidarité.

LÉGISLATION

Jurisprudence d'assurances sur la vie.— Législation ; lois et décrets


depuis 1681. — Surveillance. — Projets Bozérian, Roche, Guieysse,
arrêté ministériel de 1894 sur les comptes rendus. — Etranger.
Pour suppléer à la législation absente, une jurisprudence se forma
pour l'assurance sur la vie de 1849 à 1895.
Les questions de jurisprudence se divisent en deux catégories : celles
qui intéressent les Compagnies et celles qui intéressent les bénéficiaires
des contrats. On pourrait ranger dans la première catégorie les questions
do fausses déclarations ou de réserve, et les questions de déchéance
pour défaut de payement de primes ; dans la seconde, les questions
d'attribution du bénéfice de l'assurance.
La plupart des grandes questions d'assurances sur la vie sont actuel-
lement résolues grâce aux Compagnies d'assurances qui ont provoqué
pour la conquête de la justice des consultations de jurisconsultes et des
discussions dans la presse spéciale, et soumis même, jusqu'à la Cour de
cassation avec le concours de leurs avocats, les problèmes qu'il fallait
trancher dans l'intérêt de la famille.

(1) Voir page 312.


576 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Répétons-le encore, les Compagnies ont trouvé d'éminents collabo-


rateurs, de très compétents auxiliaires pour soutenir la cause de lu
'libéralité du contrat. MM. de Courcy, Chaufton, Dubois, Lefort, Badon-
Pascal, Bailly sont au nombre des commentateurs du contrat, ce sont eux
qui ont ouvert à l'assurance la porte qui donne vers la popularité.
Des lois et décrets qui ont été rendus pour l'assurance sur la vie
depuis 1681 (1) détachons les principaux :

AVIS DU CONSEIL D'ÉTAT DU 1818

«
Le Conseil d'État, sur la quatrième question : Y a-t-il lieu d'aulo-
« riser les Sociétés anonymes à s'engager à payer une somme déterminée
« au décès d'un individu moyennant une prestation annuelle à payer par
« cet individu?... Considérant que ce genre de contrat peut être assimilé
« aux contrats aléatoires que permet le Code civil ; qu'il est ainsi plus
<
digne de protection que le contrat de rente viagère, puisque l'un est
« trop souvent le résultat de l'égoïsme et de la cupidité, tandis que
«
l'autre ne peut naître que d'un sentiment généreux et bienveillant qui
« porte le souscripteur à s'imposer des sacrifices annuels pour assurer
« aux objets de son affection un bien-être et une aisance dont sa mort
« pourrait les priver; est d'avis que l'engagement de payer une somme
«
déterminée au décès d'un individu, moyennant une prestation annuelle
« à faire par cet individu, peut être autorisée, mais qu'il ne doit pas être
« permis d'assurer sur la vie d'atutrui sans son consentement. »

Cet avis a servi de base aux autorisations données par l'Etat aux
Compagnies d'assurances sur la vie qui se sont fondées depuis 1818.

LOIS DK 1850, 1867, 1875

« du 5 juin 1850.— La première loi qui ait expressément


1. Loi
«
mentionné l'assurance sur la vie et reconnu, d'une manière implicite,
« mais formelle, le contrat qui la constitue, est la loi du 5 juin 1850.
« Cette loi fiscale est consacrée au timbre des effets de commerce, des
a bordereaux de commerce, des actions dans les Sociétés, des obligations

Voir Moniteur des Assurances. Liste des dispositions législatives adoptées vu


(1)
France, de 1681 n 1868, et arrêts du Conseil d'État dos 3 nov. 1187 et 27 juillet 18SS.
autorisant, confirmant ot réglementant los opérations de la Compagnie royale de-
assurances sur la aie, p. 215, 216, 217, 1868.
HISTOIRE GENERALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER
577
^ | , Il l lt I 1
.
.1 I I ' ' '-~'~ '"~ "
négociables des départements, communes, établissements publics, et
«
Compagnies, et des polices d'assurances. L'article 33 dispose que « tout
,
contrat d'assurance » sera rédigé sur papier timbré, et, aux termes
«
de l'article 37, « les Compagnies et tous assureurs sur la oie » peuvent
,
contracter l'abonnement au timbre.
«

« 2. Loi du 24
juillet 1867.— Ce n'est que dix-sept ans plus tard, et
encore d'une manière incidente, que le législateur s'occupa de nouveau
,<
de l'assurance sur la vie. Le titre V de la loi du 24 juillet 1867 sur les
«
Sociétés est consacré aux tontines et aux Compagnies d'assurances.
«

« Le règlement
d'administration publique prévu par la loi de 1867
pour la constitution des Sociétés d'assurances a été édicté par un décret
«

«
du 22 janvier 1868, qui prescrit les formalités à remplir par les Sociétés
i anonymes d'assurances à
primes et par les Sociétés d'assurances mu-
«
tuelles, mais ne contient aucune règle particulière à l'assurance sur la
»
vie.
« 3. Loi du 23 juin 1875.— Enfin, une loi du 23 juin 1875, relative à
»
divers droits d'enregistrement, a soumis aux droits de mutation par
«
décès les sommes, rentes ou émoluments quelconques dus par l'assu-
« reur
à raison du décès de l'assuré. »
Depuis cette loi de 1875, relative à l'enregistrement, aucune autre
loi n'est venue modifier le fonctionnement des Sociétés d'assurances sur
la vie.

Toutefois les tentatives législatives visant la surveillance des


Compagnies françaises et étrangères ont été nombreuses, passons-les en
revue.
En 1885, M. Bozérian, sénateur, s'occupe de la surveillance (1) et de
l'autorisation des Compagnies d'assurances sur la vie, à propos delà
nouvelle loi sur les droits dont il est le rapporteur. A cette époque déjà
ou agitait la question de savoir s'il ne conviendrait pas de doter les Com-
pagnies d'assurances vie d'une loi spéciale. Toutefois la nouvelle loi de
1^07 sur les Sociétés, modifiée, est promulguée en mai 1894, sans toucher
particulièrement à l'assurance sur la vie.
En 1889, M. Saint-Germain, député d'Oran, dépose une première pro-

lira avec intérêt les chapitres consacrés à ce sujet dans le dictionnaire


(1) On
uoxôrian pages 40 et suivantes : VI. Autorisation et surveillance des Compagnies d'assu-
faiices sur la vie ; procédure de l'autorisation ; projet du conseil d'État; texte : 1° des
Sociétés françaises d'assurances sur la vio ; 2° des Sociétés étrangères d'assurances
sur la vie. Voir également p. 67 et pages 173 et 374 à 379, 513 de l'Histoire générale de
l'Assurance.
41
578 HISTOIRE GÉNÉRALE "DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

position de loi relative aux Sociétés d'assurance, sur lavie ; cette proposi-
tion était renouvelée en 1894 en même temps que M. Jules Roche
élaborait une loi relative aux associations de la nature des tontines et
aux Sociétés d'assurances sur la vie (1).
Enfin également en 1894, M. Guieysse, député du Morbihan, déposait
un projet de loi analogue, quant au fond, à celui de M. Jules Roche, imùs
instituant un Comité consultatif des assurances sur la vie (2).
En 1894, diverses modifications sont à enregistrer. Presque simulta-
nément à la modification des tarifs et à la réglementation des commis-
sions, un arrêté ministériel impose aux Compagnies d'assurances un
modèle conforme de comptes rendus annuels.
Chaque compte rendu doit contenir:
1° Un compte de profits et pertes, avec une annexe : a) Comptes finan-
ciers détaillés, relatifs aux diverses catégories d'assurances ;
2° Une balance générale des écritures, avec 2 annexes : a) État des
valeurs immobilières et mobilières comprises dans l'actif de la balance ;
b) État des réserves pour risques en cours ;

^1)Le projet Saint-Germain a pour but de soumettre les Compagnies étrangères à


l'autorisation du Gouvernement et de les obliger à employer la moitié des sommes
perçues pour les assurances contractées en France et les intérêts produits par ces
titres en rentes sur l'État ; ces rentes seraient déposées à la Caisse des dépôts t;i
consignations a Paris et seraient affectées, par privilège, au profit des assurés, à la
garantie des opérations faites en Franre.
Passons maintenant à la loi Roche. Ici, le législateur englobe Sociétés françaises
et étrangères dans une môme réglementation ; M. Jules Roche considère que nos
Compagnies nationales ont besoin de lois rigoureuses et il dresse, à l'effet de leur on
donner, tout un projet dans lequel il comprend les associations de la nature des ton-
tines, les Sociétés d'assurances sur la vie, mutuelles ou à primes fixes, françaises nu
étrangères.
Au fond, M. Jules Roche s'est attribué, pour les Sociétés étrangères, le projet
de M. Saint-Germain. En outre il a en vue : 1" de constituer les réserves des Compa-
gnies d'après une formule à déterminer, et offrant aux assurés les plus grandes
garanties ; 2° de publier annuellement le compte rendu des opérations d'assurances
sur la vie en y annexant des tableaux conformes à des modèles établis par les soins 'le
l'administration, etc..
(2) Dans l'esprit du promoteur, ce Comité aurait pour objet la solution de toutes
les questions techniques et financières jusqu'à présent attribuées directement, en
matière d'assurances sur la vie, à la haute compétence du Conseil d'État.
Dorénavant, le Conseil d'État n'interviendrait plus qu'en cas de contestation entre
les intéressés et le Comité.
Le Bureau des assurances aurait également pour mission d'examiner les tarifs et
de tenir la main à l'exécution des mesures administratives édictées pour rétablissement
de la situation des Compagnies et la publication de leurs comptes rendus.
HISTOIRE GÉNÉRALE DB L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 579

3° Tableau du mouvement des polices, capitaux et rentes assurés


pendant l'exercice, réassurances non déduites ;
4° Tableau du mouvement des capitaux et rentes assurés pendant
l'exercice, réassurances déduites ;
5° Tableau de la statistique sommaire des décès survenus pendant
l'exercice ;
6° Réassurances.
Sauf diverses modifications qui portent principalement sur les
comptes et documents exigés par les États, sur les dépôts et sur les taxes
que les Compagnies doivent acquitter, la législation de l'assurance sur
la vie a peu varié depuis les indications suivantes que nous trouvons
dans le Recueil périodique des assurances de 1884, et dans l'excellent
rapport que M. Harding a présenté au Congrès des actuaires de 1895 (1).
Au point de vue de la législation, les États de l'Europe et les États de
l'Union américaine peuvent être classés en quatre catégories.
Dans la première catégorie, on peut comprendre les États où les
Compagnies étrangères d'assurances sur la vie sont admises à opérer
librement, ce sont : la Belgique, la Hollande, le Danemark, la Suède et
la ville de Lubeck.
Dans la deuxième catégorie, on peut comprendre les États où les
Compagnies étrangères d'assurances sur la vie ne sont admises à opérer
qu'à la condition de demander aux gouvernements étrangers une autori-
sation préalable et le dépôt possible d'un cautionnement, ce sont : la Grèce,

(1) Tous les ans, depuis 1884, M. J. Lefort, avocat au Conseil d'État et à la
Cour de cassation, a tiré de l'Annuaire de la Société de législation comparée ce
i|tii a trait aux changements survenus dans la législation européenne relativement
unx assurances en général et particulièrement aux assurances sur la vie. 11 y a donc
lieu de se reporter au Recueil périodique : lois étrangères sur les assurances en 1883,
cti 1884, en 1885, en 1886, en 1887, eu 1888, en 1889, en 1890 et en 1891 {Rèc. per. des
ussur., 1885, page 243; 1886, page 389; 1889, pages 232, 234; 1890, page 194; 1892,
fjuye 658 ; 1893, page 115 ; 1894, page 282).
Consulter Journal des Assurances, voir répertoire 1873-83. Assurances sur la vie.
Consulter le rapport de M. H. R. Harding, au Congrès des actuaires de Bruxelles :
De la législation gouvernementale à l'égard du fonctionnement des Compagnies
d'assurances sur la vie et les noies qui lui sont jointes.
De l'assurance par l'État suivie de : Les Sociétés étrangères d'assurances sur la vie
autorisation et surveillance), de Courcy. Warnier, éditeur.
Contrat d'assurance sur la vie, par J. Lefort. Thorin et fils, éditeurs.
Nécessité d'une législation spéciale concernant les principes généraux du contrat
('assurance sur la vie. Rapport de M. Adan au Congrès des actuaires de Bruxelles
«a 1895.
680 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANOER

la Serbie, la Prusse, la Bavière, la Saxe, le Wurtemberg, Y Alsace-Lor-


raine, les villes de Brème, Hambourg, la Suisse, l'Espagne.
Dans la troisième catégorie, on peut comprendre les États où 1 s
Compagnies étrangères d'assurances sur la vie ne sont admises à opérer
qu'à la double condition de demander une autorisation aux gouverne-
ments étrangers, et d'effectuer le dépôt d'un cautionnement, ce sont ;
Y Autriche, lo. Hongrie, le Grand-Duché de Luxembourg, la Roumani
le Portugal, les États de V Union américaine. ,

Dans la quatrième catégorie, on peut comprendre les États où les


Compagnies étrangères d'assurances sur la vie ne sont admises à opérer
qu'à la condition de demander «ne autorisation aux gouvernements étran-
gers, ou de faire une publication spéciale et d'effectuer un dépôt spécial
sur les encaissements des primes, ce sont : la Russie, l'Italie, l'Angleterre.
Voici donc la législation étrangère de l'assurance sur la vie d'après
ce classement :
I" Catégorie. — BELGIQUE: La situation légale des Compagnies
d'assurances sur la vie en Belgique est réglée par la loi sur les Sociétés
du 18 mai 1873.
L'article 128 de cette loi porte que :
« Les Sociétés anonymes et les autres associations commerciales,
industrielles ou financièresconstituées et ayant leur siège en pays étran-
ger pourront faire leurs opérations et ester en justice en Belgique. »
Ces Sociétés qui veulent s'établir et fonctionner en Belgique doivent
se soumettre aux lois belges et à la juridiction des tribunaux belges.
Traité de réciprocité signé entre la France et la Belgique le 30 no-
vembre 1851 (1).
HOLLANDE : Les Compagnies étrangères d'assurances sur la vie peu-
vent étendre leurs opérations en Hollande, sans solliciter l'autorisation
du gouvernement, et sans cautionnement, mais elles doivent se soumettre
aux lois hollandaises et à la juridiction des tribunaux hollandais.
Le gouvernement n'a pas entravé l'assurance par des lois fiscales ai
frappé les primes d'impôts spéciaux.
SUÈDE : Les Compagnies étrangères d'assurances sur la vie qui
veulent étendre leurs opérations en Suède n'ont qu'à déclarer aux magis-
trats qu'elles entendent s'établir dans le pays.
Elles doivent se soumettre aux lois suédoises et à la juridiction d< s
tribunaux suédois.
(1) Une loi du 7 juin 1894 annexe une caisse d'assurances à la Caisse générale
des retraites.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 581

Un décret du 22 octobre 1886 contient les principales dispositions


auxquelles sont soumises toutes les Compagnies.
DANEMARK : Les Compagnies étrangères d'assurances sur la vie
jv
uvent, librement et sans autorisation, s'établir et fonctionner en Dane*
niirk, à la condition toutefois de choisir un représentant danois et de
f;iire enregistrer leurs statuts à la préfecture.
Elles doivent faire élection de domicile en Danemark, se soumettre
ar.x lois danoises et à la juridiction des tribunaux du pays.
II0 Catégorie. — ESPAGNE : Les Compagnies étrangères d'assu-
rances sur la vie qui veulent s'établir et fonctionner en Espagne doivent
obtenir l'autorisation du ministre du commerce, justifier de leur existence
légale suivant les lois de leur pays d'origine ;
Publier leurs statuts dans la Gazette de Madrid et le Journal
officiel de chacune des provinces où les Compagnies étrangères établis-
sent des agences.
Elles doivent faire insérer dans la Gazette de Madrid et le Journal
officiel de chaque province le bilan général de leurs opérations.
EJles doivent reconnaître les lois espagnoles, la juridiction des
tribunaux espagnols, enfin remplir toutes les formalités exigées par les
lois pour les Sociétés espagnoles. (Loi du 20 juillet 1862. Ordonnance
royale du 3 novembre 1865.)
La revision du Code de commerce espagnol, et notamment le titre
VIII consacré aux assurances, a provoqué une loi nommée loi Ga-
in azo (1).
GRÈCE La Grèce n'accorde aux Compagnies étrangères d'assu-
:

rances sur la vie le droit d'opérer sur son territoire (loi du 18 avril 1861
modifiée par la loi du 21 mars 1881) qu'autant que les gouvernements
étrangers accordent, à titre de réciprocité, la même faveur aux Compa-
gnies grecques.
SERBIE : En Serbie, les Compagnies étrangères d'assurances sur la
vie peuvent s'y établir et y fonctionner à la condition de demander l'auto-
risation du gouvernement serbe. Les Compagnies n'ont pas besoin de
J poser un cautionnement : elles doivent pourtant se soumettre aux lois
y.rbes et à la juridiction des tribunaux serbes.

(1) En Espagne, la loi sur le budget de 1895-1896 comprend une nouvelle régie*-
t' ntalion des Compagnies d'assurances sur la vie: taxe de 1/2 0/0 des primes reçues,
^'•is de. perception, etc..
Ajoutons que le gouvernement espagnol réclame aujourd'hui aux Compagnies un
1 pût rie 20 0/0 des sommes reçues l'année antérieure. (Voir journal l'Assurance
Moderne, 28 février 1895.) '
582 HISTOIRE GENERALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

ALLEMAGNE : Une loi sur les Sociétés par actions est à l'étude <n
Allemagne. La commission nommée vient de déposer son rapport, cette
loi sera applicable à tous les États confédérés. En attendant qu'elle soit
présentée au Reichstag, les lois spéciales de chacun de ces États sont
restées en vigueur.
PRUSSE: Une loi du 8 mai 1867 déclare qu'une Compagnie étrangère
ne peut opérer en Prusse qu'avec l'autorisation du ministre de l'intérieur,
autorisation toujours révocable. L'autorisation doit être publiée au
Journal officiel (A).
BAVIÈRE: En vertu d'une ordonnance royale du 4 janvier 1872, les
Compagnies ou établissements d'assurances qui ont leur siège hors de la
Bavière ne peuvent y opérer qu'avec l'autorisation du ministre d'État,
Elles doivent adresser chaque année les comptes rendus de leurs opéra-
tions, ainsi que leur bilan au ministre d'État chargé de les publier dans
la feuille officielle.
Les Compagnies étrangères doivent se faire représenter par un agent
général autorisé par le gouvernement. Elles sont tenues, en cas de difli-
cultés relatives à l'exécution des contrats passés en Bavière, d'accepter la
juridiction des tribunaux bavarois.
Enfin, les droits des assurés peuvent être garantis par le dépôt d'un
cautionnement, si le ministre. d'État le juge nécessaire, et dans ce cas il
en fixe le chiffre.
SAXE : Les Compagnies étrangères doivent demander au gouverne-
ment saxon l'autorisation préalable. Elles doivent publier dans un certain
nombre de journaux les noms de leurs représentants.
WURTEMBERG: La loi du 19 mai et l'instruction du 29 mai 1852, les
ordonnances royales des 15 août 1865 et 14 décembre 1871 ont réglementé
l'assurance pour les Compagnies indigènes ou étrangères. La législation
de ce pays, en matière d'assurances, se rapproche beaucoup de la légis-
lation saxonne, régissant la même matière. Le dépôt d'un cautionnement
peut être demandé.
BRÈME ET HAMBOURG : La législation de l'empire allemand sur les
Sociétés par actions y régit l'assurance.
ALSACE-LORRAINE : Les Compagnies étrangères d'assurances sur la
vie doivent, pour opérer dans ce pays, obtenir une autorisation spéciale.
On sait que les Compagnies françaises ont été expulsées en 1881, et que

(1) En Prusse, une circulaire ministérielle du 2 février, modifiée en 1892, et les ordon-
nances et arrêtés des 22 février, 6 novembre 1893, l 01" mars 1894, imposent aux Com-
pagnies des modèles décomptes de profits et pertes et de la balance des écritures lr<is
complets. (Voir Moniteur des Assurances 1896, page 187.)
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 583

]e gouvernement allemand refuse de les autoriser à s'établir en Alsace-


lirraine.
La loi fédérale du 25 juin 1885 et les règlements des 12
SUISSE :
et 29 octobre 1886 régissent toutes les Compagnies d'assurances. Elles
doivent fournir au Conseil fédéral, en outre des conditions générale des
contrats, des rapports statistiques annuels et des bilans et comptes de
profits et pertes suivant un formulaire officiel.
Les documents qui doivent être fournis pour les opérations traitées
à l'intérieur du pays consistent en trois états indiquant :
Le premier — le mouvement pendant l'année et l'effectif des assu-
rances en cours en Suisse à la fin de l'exercice;
Le deuxième — le détail de ces assurances ;
Le troisième — l'état, par cantons, des primes encaissées et des
capitaux constitutifs de rentes encaissées et des capitaux et rentes payées
en Suisse pendant l'exercice.
Les Compagnies doivent faire un dépôt de 100,000 francs, soit
en espèces, soit en valeurs de tout repos indigènes ou étrangères. Le
gouvernement se prononce dans chaque cas particulier sur leur ac-
ceptation.
Il est perçu des Compagnies d'assurances qui ont reçu l'autorisation
d'exercer leur industrie en Suisse une contribution fixée administrative-
meilt jusqu'à nouvel ordre à 1 pour mille sur les primes brutes, soit
réassurances comprises, perçues annuellement en Suisse (1).
III0 Catégorie. — AUTRICHE : Une loi du 7 février 1873 permet aux
Compagnies étrangères d'assurances sur la vie d'opérer en Autriche. En
vertu de cette loi, les Compagnies étrangères sont admises à opérer, en
se conformant à l'ordonnance impériale du 29 novembre 1865.
Depuis, une nouvelle ordonnance (ordre du cabinet) du 18 août 1880
est encore intervenue pour réglementer les conditions auxquelles sont
soumises et les Compagnies nationales et les Compagnies étrangères.
Enfin en 1896 la législation des assurances austro-hongroises vient
de subir des modifications importantes.

(1) Cette loi fédérale suisse a confié au Conseil fédéral la surveillance de l'exploi-
tation des entreprises privées en matière d'assurances qui veulent opérer en Suisse.
l^n bureau fédéral a été créé avec la mission de faire un rapport sur l'exploitation en
question. (Voir page 181.)
En 1889, le chef du département de la justice élabora un projet d'assurances
''''ligatoires sur la vie qui doit servir de base aux études que le Conseil d'État est
iiivitè à faire sur la question de l'assurance au décès. (Voir journal l'Assurance
Moderne, 31 octobre 1893.) '
584 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Un très récent arrêté des ministères de l'intérieur et du commerce


relatifà la fondation des Compagnies réglemente leur fonctionnement (1).
HONGRIE : La situation légale des Compagnies est réglée par Se
Code de commerce hongrois de 1875.
Le dépôt de 100,000 florins est maintenant exigé des Compagnies
avec la remise des statuts.
GRAND-DUCHÉ DE LUXEMBOURG : Les Compagnies étrangères d'assu-
rances sur la vie qui veulent s'établir et fonctionner dans le grand-duche
de Luxembourg doivent être autorisées par arrêté royal grand-ducal.
L'autorisation est subordonnée à la remise des statuts, d'un exem-
plaire du dernier bilan, et le dépôt d'un cautionnement (au minimum
50,000 francs).
Ce cautionnement peut être majoré par le gouvernement, si le chiffre
des affaires dd la Compagnie l'exige, jusqu'à concurrence du double du
montant des primes annuellement perçues.
Les Compagnies étrangères doivent se conformer à toutes les pres-
criptions de la loi luxembourgeoise sur les Sociétés anonymes, et accepter
la juridiction des tribunaux du grand-duché.
ROUMANIE : Les Compagnies étrangères d'assurances sur la vie qui
veulent étendre leurs opérations en Roumanie doivent préalablement
demander l'autorisation du gouvernement roumain, déposer un cau-
tionnement de 150,000 francs à la Banque nationale, se soumettre aux
lois roumaines et à la juridiction des tribunaux roumains.
Toutefois le gouvernement roumain, en donnant à une Compagnie
étrangère, notamment à une Compagnie française d'assurances sur la vie,
le droit d'opérer en Roumanie, exige que le gouvernement français
accorde la même faveur aux Compagnies roumaines.
PORTUGAL : Les Compagnies étrangères d'assurances sur la vie qui
veulent opérer dans le royaume de Portugal doivent solliciter l'autorisa-
tion du gouvernement portugais, effectuer un droit de patente (loi
21 juillet 1883), et se soumettre aux lois portugaises et à la juridiction
des tribunaux portugais.
ÉTATS-UNIS : Pour être admises à fonctionner aux États-Unis, les
Compagnies locales ou étrangères doivent, en principe, dans chaque
État, déposer leurs statuts, leurs comptes rendus, ainsi que les noms des
membres du Conseil d'administration, des directeurs et des agents. Co
dépôt doit être fait entre les mains des superintendants des assurances.

(1) Le dépôt de 100,000 florins est exigé avant de pouvoir entreprendre d< s

affaires. (Voir journal l'Assurance Moderne 17 avril 1896.)


HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 585

En dehors de ces formalités, il existe dans divers États des conditions


imposées aux Compagnies en ce qui concerne le montant effectif de leur
capital et le dépôt de cautionnements (1).
Alabama: Le dépôt de 200,000 dollars est obligatoire en fonds d'État
entre les mains du trésorier, pour les Compagnies étrangères.
Connecticut : Le dépôt obligatoire est de 200,000 dollars.
Géorgie : La garantie de 100,000 dollars est obligatoire ; elle doit
cire en fonds d'État ou en hypothèque sur immeubles, d'une valeur
é^ale au double.
Illinois : Le dépôt obligatoire en fonds d'État entre les mains du
trésorier est exigé en cas de réciprocité.
Indiana : Le dépôt du compte rendu doit être fait semestriellement.
Une garantie de 100,000 dollars est exigée.
Kansas : Les Compagnies doivent opérer le dépôt de 200,000 dollars
entre les mains du trésorier de l'État.
Kentucky : Les Compagnies étrangères sont astreintes aux mêmes
règles que dans le Kansas.
Massachussets : Le dépôt de 200,000 dollars est obligatoire.
Michigan : Le dépôt de 200,000 dollars est obligatoire.
Minnesota : Le dépôt de 200,000 dollars est exigé.
Mississipi : Le dépôt obligatoire varie d'après le capital ; il est au
moins de 26,000 dollars.
Missouri : Le dépôt obligatoire est de 100,000 dollars.
Nebraska : Le dépôt obligatoire est de 100,000 dollars.
Nevada : Les agents des Compagnies étrangères sont astreints à une
patente trimestrielle de 15 dollars pour chaque comté dans lequel ils
opèrent, en plus d'un droit fixe d'admission de 100 dollars par Compa-
gnie.
New-York : Le dépôt obligatoire est de 200,000 dollars. Tout agent re-
présentant une Compagnie à New-York doit fournir des cautions pour la
somme de 1,000 dollars, afin de servir à la garantie de la taxe sur les
primes.
Ohio : Le dépôt obligatoire est de 100,000 dollars.
Pennsylvanie : Pas de dépôt. Les Compagnies sont tenues de dé-
poser leur Compte rendu comprenant l'ensemble de toutes les opérations
do la Compagnie avant le 1er juillet.
Tennessee : Le dépôt obligatoire est de 200,000 dollars. Une amende

(1) Voir note de Me Clintock. — Rapport Harding. Congrès do Bruxelles: docu-


uents. Bruxelles. Imprimeur, Emile Brugeant, 67, rue de la Régence.
586 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L*ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÊTRANGER

de 500 dollars peut être infligée à une Compagnie en retard pour le dépôt
de son compte rendu.
Wisconsin : Le dépôt obligatoire est de 200,000 dollars.
IVe Catégorie.— RUSSIE : En Russie, l'établissementdes Compagnies
étrangères est réglementé par une ordonnance du ministre de l'intérieur
de 1872.
D'après cette ordonnance, les Compagnie étrangères d'assurances sur
la vie ne peuvent s'établir ou fonctionner en Russie, qu'en se soumettant
aux mêmes conditions que les Compagnies russes et à certaines condi-
tions supplémentaires telles que :
Remise, avec leur demande de concession, d'un exemplaire de leurs
statuts et de leurs inventaires des trois dernières années ;
Dépôt à la Banque de Russie, pour la garantie des indemnités a
payer, d'une somme proportionnée à l'importance du chiffre de leurs
affaires et fixée par le ministre de l'intérieur;
Obligation de prouver, que les agences en Russie ont constamment
à leur disposition une somme suffisante pour subvenir à un prompt règle-
ment des indemnités qu'elles ont à payer;
Obligation de se conformer, pour les conditions des assurances et
pour le mode de payement des indemnités, aux statuts d'une Compagnie
russe dont le nom devra être indiqué dans la demande de concession ;
Obligation de publier chaque année dans le Journal officiel, non
seulement l'inventaire et le bilan de l'ensemble de leurs affaires, mais
encore un inventaire et un bilan spécial de leurs opérations en Russie.
Le gouvernement russe se réserve le droit de retirer toute conces-
sion accordée, à un moment quelconque, sans être obligé de rendre
compte des motifs de sa détermination (1).
ITALIE: Le Code de commerce italien de 1883 a édicté lesconditions
auxquelles les Compagnies étrangères d'assurances de toute nature pour-
ront opérer en Italie. (Loi promulguée le 2 avril 1882.)
Art. 230. Les Sociétés d'assurances établies à l'étranger qui veulent
fonder dans le royaume une succursale ou une agence sont soumises aux
dispositions du présent code en ce qui concerne le dépôt et l'enregistre-
ment, la publication par voie d'affiche ou autrement de leur acte consti-
tutif, de leurs statuts, des modifications dont ces statuts peuvent être
l'objet et du compte rendu de leurs opérations. Elles sont également
tenues de faire connaître les noms des personnes qui dirigent ouadminis-
(1) En outre de cette réglementation, la loi du 25 mai-6 avril 1894 et celle <U
4-16 juin 1894 s'appliquent la première aux Sociétés américaines (Voir page 513) et t
seconde institue le contrôle du gouvernement.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L*ASSURANCE EN FRANCE ET A L* ÉTRANGER 587

trent ces agences ou, de toute autre façon, représentent la Société dans
l'État.
Ces personnes ont vis-à-vis des tiers la responsabilité établie pour
les administrateurs des Sociétés nationales.
Les Compagnies étrangères sont soumises à toutes les conditions que
le. présent code impose aux Compagnies nationales.
L'article 145 est très rigoureux pour les Compagnies étrangères, il
est ainsi conçu :

« Les Compagnies d'assurances sur la vie, ainsi que les Sociétés


lontinières, tant nationales qu'étrangères, devront déposer en titres de la
Dette publique, à la Caisse des dépôts et consignations dans la propor-
tion d'un quart pour les premières, de moitié pour les secondes, le montant
des primes qu'elles auront encaissées et des intérêts produits par le pla-
cement du montant desdites primes. La forme de ce placement et les
conditions du retrait des sommes ainsi déposées seront l'objet d'un décret
royal.
Par décret royal (du 31 octobre 1882), le ministre du commerce est
autorisé à envoyer, à la fin de chaque trimestre, des délégués spéciaux
au siège de chaque Compagnie, pour inspecter ses livres et s'assurer que
les dispositions de l'article 145 du Code et 55, 56 et 57 du règlement d'ad-
ministration publique qui en détermine l'application ont reçu leur entière
application. Au cas où ils acquerraient la preuve contraire, ils dénonce-
raient le fait au tribunal compétent, pour statuer sur les infractions aux
dispositions de l'article 247 du Code de commerce (amende pouvant
atteindre 5,000 francs).
L'article 59 règle ce qui concerne le remboursement des sommes
déposées à la Caisse, remboursement qui doit avoir lieu au fur et à mesure
que les Compagnies ont rempli leurs engagements.
L'article 60 spécifie les formalités à remplir par les Compagnies pour
obtenir ce remboursement (1). »

ANGLETERRE : La loi du 9 août 1870 régit les Compagnies étrangères


d'assurances sur la vie, qui voudraient fonder des agences en Angleterre,
car elle s'applique à toute Compagnie établie ou ayant le projet de s'è-

En Italie, en 1895, M. Barazueli, ministre du commerce, a présenté à la


(1)
hambre un projet de loi sur les Compagnies d'assurances sur la vie et autres
isques. Ce projet modifiera complètement la réglementation en vigueur jusqu'à présent.
Voir journal l'Assurance Moderne, 31 décembre 1895.)
588 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANGE ET A L'ÉTRANGER

tablir hors du Royaume-Uni, qui, après la promulgation delà loi, com-


mencera des opérations d'assurances sur la vie dans le Royaume-Uni.
Aucune distinction n'est faite entre les Sociétés nationales et les So-
ciétés étrangères. Du reste les Compagnies américaines qui ont établi
des agences en Angleterre se sont soumises à la loi du 9 août 1870.
Cette loi prescrit :
1° Le dépôt préalable de 20,000 liv. st. (500,000 fr. entre les mains du
comptable général de la Cour de Chancellerie, jusqu'à ce que les fonds
d'assurances provenant des primes accumulées aient atteint 40,000 liv. st.
1,000,000 fr.)
2° Compte distinct pour les assurances sur la vie et les rentes
viagères.
3° États qui doivent être fournis pour les comptes des Compagnies
d'après les modèles déterminés et envoyés au ministère du commerce.
4° Vérification de la situation financière une fois tous les cinq ans
par un «actuary».
5° Le ministre du commerce soumettra chaque année au Parlement
les comptes rendus et extraits des rapports déposés.
6° Liquidation de la Compagnie, en cas d'insolvabilité, par ordre do
la cour des faillites ; — Forme de la liquidation.
Loi du 24 juillet 1871 autorisant la Chancellerie à recevoir les fonds
des Compagnies d'assurances et à en donner quittance.
Loi du 6 août 1872 qui a modifié la loi de 1870, exige qu'il soit établi
une distinction des réserves avec les autres fonds d'assurances.
Au Brésil, une loi relative aux Compagnies d'assurances étrangères
sur la vie qui fonctionnent sur le territoire du Brésil vient d'être promul-
guée. Elle porte sur la taxe, sur l'autorisation et sur la publication des
noms des assurés (1).

LES SOUVERAINS ET L'ASSURANCE SUR LA VIE

A Londres, dans les bureaux de l'association Le Lloyd, on conserve


l'original d'une police Reposant sur l'existence de Napoléon Ier.
D'après le Spectator de New-York, cette police a été établie pour un
mois, moyennant une prime de 3 guinées pour cent: voici d'ailleurs le
texte même de ce document, classé dans les archives du secrétariat :

(1) Moniteur des Assurances, 15 mars 1896.


HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L ÉTRANÛER 589

f En considération du payement de trois guinôes pour cent livres


«
sterling, et sur la base de ce taux pour toute somme supérieure ou
«
inférieure, versée par M. "William Dorrington, nous soussignés, tant en
a
notre nom personnel qu'au nom de nos héritiers respectifs, exécuteurs
,,
testamentaires, administrateurs ou mandataires — et non point solidai-
«
rement l'un ou les uns de nous pour les autres ou pour les héritiers
«
exécuteurs testamentaires, administrateurs ou mandataires des uns ou
«
des autres.
« Prenons l'engagement el faisons la promesse de payer, nous ou
« nos
héritiers respectifs, exécuteurs testamentaires, administrateurs ou
«
mandataires, ou de faire payer à M. William Dorrington, la somme
( ou
les sommes d'argent qui auront été respectivement souscrites ci-
«
dessous, et cela sans réduction d'aucune sorte :
«
Dans le cas où Napoléon Bonaparte cesserait d'exister, ou serait
*
fait prisonnier le 21 juin 1813 ou auparavant, à partir de ce jour.
« Londres, 21 mai 1813.
«t
£ 100. R. HEATH, cent livres, 21 mai 1813.
« £ 450. ANTHONY FINN-KEMP, cent cinquante livres, 21 mai 1813.
« £ 150. B. 1. MITCHELL per ANTONY FINN-KEMP, cent cinquante
«
livres, 21 mai 1813. »

Dans cette assurance, il s'agit plutôt d'une police gageure que d'une
assurance, mais d'après les chroniques :
Georges IV d'Angleterre était assuré pour deux millions de francs
et, grâce aux augmentations successives du capital résultant de la parti-
eipation dans les bénéfices, il aurait accru son avoir de seize millions.
Aujourd'hui l'assurance a gravi les marches des trônes. Sauf le
Czar et le prince Ferdinand de Bulgarie,- tous les souverains d'Europe
sont assurés.
Ainsi le prince de Galles, héritier présomptif de la couronne d'An-
gleterre, a souscrit, au moment de son mariage, une assurance consi-
dérable au profit de la princesse, sa femme.
Le roi de Portugal est assuré pour 600,000 livres.
La reine régente d'Espagne est assurée en faveur de ses deux filles;
son mari, le roi Alphonse, était également assuré pour 400,000 livres.
Le roi Oscar a contracté une assurance pour 850,000 francs, etc..
Ces assurances sont contractées dans diverses grandes Sociétés
d'assurances françaises et étrangères dont : l'Urbaine et la Nordjernan.
V

HISTOIRE DE L'ASSURANCE ACCIDENTS

L'ACCIDENT ET LA RESPONSABILITÉ.
LA PRÉVENTION.
RÉPARATION HUMANITAIRE RÉPARATION SOCIALE.

LE RISQUE PROFESSIONNEL ET LA LÉGISLATION.

L'ACCIDENT ET LA RESPONSABILITÉ

L'accident défini. — Genre de morts accidentelles. — Classement des


professions en Europe. — Responsabilité tardive des accidents. —
Classement des infirmités. — L'accident est un choc extérieur causant
un dommage et pouvant entraîner la responsabilité de son auteur. Les
Compagnies d'assurances contre les accidents réparent les dommages
occasionnés à leurs assurés, quand ceux-ci sont les victimes de l'accident ;
elles assument aussi en leur lieu et place la responsabilité qu'ils
encourent, quand ils sont les auteurs d'accidents arrivés à des tiers. Il
faut toutefois qu'il n'y ait pas eu calcul ou fraude de leur part, autrement
dit, il importe que l'accident soit bien imprévu et involontaire.
L'article 475 du Code pénal dit que tous ceux qui auront con-
trevenu au règlement de police relativement à la circulation des voitures,
à leur solidité, à leur mode de chargement, etc., seront punis d'une
amende de six francs à dix francs.
Le paragraphe 12 du même article dit en outre que la même amende
sera infligée à « ceux qui, le pouvant, auront refusé ou négligé de faire
les travaux, le service, ou de prêter le secours dont ils auront été requis,
flans les circonstances d'accidents, tumulte, naufrage, inondation,
incendie ou autres calamités, ainsi que dans le cas de brigandage,
pillage, flagrant délit, clameur publique, ou d'exécution judiciaire ».
L' « Annuaire statistique de la France » indique ainsi pour l'année
Î891 le nombre et le genre des morts accidentelles :
f
592 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

• Noyés. ...."...
Genre do mort Franco entière
3.609
Tués ou écrasés :
Par des voitures, charrettes, chevaux 1.140
Par des corps durs, éboulements de terrains ou de
constructions 752
Par des roues de moulins, mécaniques et explosions
démines. 156
Par des accidents de chemins de fer 514
Tués en tombant d'un lieu élevé 1.445
Tués par l'explosion d'armes à feu 180
Asphyxiés ou brûlés par le feu 871
Asphyxiés par la foudre 123
Morts de faim, de froid, de fatigue 410
Victimes d'ivresse 407
Victimes de tout autre genre de mort accidentelle. 1.245
.
Morts subitement 2.014
Total 12.872

Le suicide donne en outre un total de 8,884 victimes.


Dans cette statistique ne sont pas compris les accidents profession-
nels et autres accidents corporels ne déterminant que blessures ou
infirmités.

Le classement des professions au point de vue de l'assurance est un


travail assez délicat, car il repose sur la statistique, et celle-ci, qui est
établie après de longs efforts, n'a qu'une valeur relative, car elle est
toujours rétrospective.
Voici cependant quelques renseignements à ce sujet que nous avons
puisés dans un ouvrage de M. Lavollée qui traite spécialement de la ques-
tion ouvrière dans tous ses détails.
En France, sur 37 millions d'habitants, il y a une armée de plus do
dix millions d'ouvriers ou patrons qui se décomposait comme suit
en 1885 :

Agriculteurs, fermiers et métayers. 6.124.300


Forestiers, bûcherons, charbonniers 256.500
Mines, carrières, usines 433.800
A reporter. .... 6.814.600
HISTOIRE CÛNÛRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 593

Manufactures, ateliers
Report .... 6.814.600
962.400
Petite industrie, chefs de métiers, façonniers
travaillant chez eux 2 804.200
Transports par terre, fleuves, canaux. . . . 130.000
Marine marchande 82.000
Total 10.793.200

L'annuaire de 1891 mentionne 11,500,000 ouvriers.


La Belgique est, avec l'Angleterre, le pays où la production est la
plus grande, par rapport à la population. Ainsi, en France, avec
;>8 millions d'habitants, on obtient une production de 9 milliards; en

Angleterre, avec 28 millions, une production de 16 1/2 milliards, et en


Belgique, avec 5 1/2 millions, une production de 2 1/2 milliards.
Voici comment se répartissaient les professions en Belgique en 1869 :

llahilmilK

Agriculture 773.000
Manufactures 449.000
Arts et métiers 433.000
Commerce 83.000
Autres professions 223.000
Sans profession 2.907.000
Total 4.868.000

Comme on le voit, la population ouvrière est très importante dans ce


pays; ajoutons que la Belgique est un Etat riche où ne manquent ni
les capitaux, ni les débouchés.
En Suisse, c'est tout le contraire; cette nation a un sol ingrat, elle
manque de débouchés maritimes et de capitaux; les transports y sont
très difficiles l'hiver, impossibles même, mais elle possède une population
très clairsemée; elle jouit, en outre, d'une organisation industrielle et
financière très bien comprise; le travail agricole se trouve, pour ainsi
dire, associe au travail industriel.
11 en résulte qu'avec les habitudes économes de sa. population, la
Puisse, tout en étant un pays pauvre, voit cependant son industrie pros-
pérer et qu'elle arrive à occuper un rang important parmi les puissances
N'inufacturières de l'Europe.
42
594 HISTOIRE GENERALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Voici comment, en 1880, sur une population de 2,840,102 habitants,


on répartissait le taux des différentes professions :
Agriculture 44.40 0/0
Industrie 34.50 0/0
Commerce 7 0/0
Professions libérales et emplois publics 3.90 0/0
.
Domestiques 0.30 0/0
Sans profession 3.90 0/0
100.00 0/0

C'est encore l'agriculture qui emploie le plus de monde ; mais il faut


dire que beaucoup de paysans s'occupent alternativement de l'agriculture
et de l'industrie, selon les saisons.
Si nous passons on Italie, nous obtenons les chiffres suivants
eu 1885 :
lluliihiliM
Agriculture 8.701.000
Industrie 3.287.000
Mines et carrières
.....
Commerce et transports. . .
58.000
471.001 >
Divers 2.511.000
Total 15.028.000

11faut ajouter à ce chiffre de 15,028,001), celui de 11,773,000 qui repré-


sente la partie non active de la population, les personnes sans profes-
sion : vieillards, femmes, enfants.
L'Italie, depuis quelques années, est entrée dans une ère de pros-
périté industrielle. La main-d'oeuvre y est très bon marché. L'ouvrier
italien, sans avoir l'agilité de l'ouvrier français, ne manque pas de goûl
ni d'intelligence ; il est, en outre, excessivement sobçe et ignore les
grèves.
En Allemagne, le recensement de 1875 a donné pour tout l'Em-
pire, sur une population de 42,727,360 habitants, un chiffre de 3 millions
626,000 habitants compris dans la classe industrielle.
Mais il manque dans cette statistique faite en bloc plusieurs corps
de métier, et d'autre part ces chiffres ne comprennent que les ouvriers
salariés et non ceux qui travaillent pour leur propre compte.
HISTOIRE GÉNÉRALE IJE L'ASSURANCE EN KRANCE ET A L'ÉTRANGER 595

Quant à la population ouvrière industrielle, l'ensemble dos pays de


l'Allemagne a donné les résultats suivants, d'après les statistiques dres-
sées de 1867 à 1872 :

Prusse 6.067.000
Saxe 487.000
Hambourg 105.000
Brème 21.000
Cobourg et Gotha 20.000
Grand-duché de Bade 33.000
. . .
Wurtemberg 270.000
Total 7.003.000
Mais plusieurs de ces statistiques ne comprennent pas les familles
,
en outre, il manque le grand-duché de Hesse et la Bavière.
En 1885, l'Allemagne contenait approximativement, en dehors de sa
population agricole, 10 millions de personnes (sur 43 millions) employées
et alimentées par les manufactures, les usines et les métiers de toutes
sortes.
Telle était en 1885 la situation ouvrière de l'Allemagne, aujourd'hui
l'assurance obligatoire contre les accidents a tout changé i_ ainsi, d'après
la statistique de l'Office Impérial des Assurances, relative à 1894, l'assu-
rance a été appliquée en 1893 à 5.829,345 ouvriers industriels, et à
12,400,000 ouvriers agricoles sur une population de 50,000,000 d'habi-
tants (1).
Dans l'Autriche-Hongrie, ce n'est guère que depuis les événements
de 1866, qui ont singulièrement modifié la situation de ce pays, qu'on voit
l'industrie et le commerce prendre une certaine extension ; d'un autre
côté, les expositions de Vienne, de Philadelphie et de Paris ont mis en
relief quelques-uns de ses produits.
L'Autriche-Hongrie se fait remarquer surtout par son blô, son vin et
son bétail, ses minerais et ses grandes forêts.
Beaucoup de paysans, notamment du côté de Vienne, sont à la fois
agriculteurs et tisserands. Us figurent dans les tableaux de statistique
comme ouvriers agricoles.
La population de l'Autriche-Hongrie était de 36 millions d'habitants
en 1885.
En 1894, les résultats donnés par les lois contre les accidents du
il) Voir plus loin, Législation.
596 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN HtANOE ET A L'ÉTRANGER

travail nous permettent de classer ainsi la population ouvrière de col


Étal (1) :

Ouvriers employés dans l'industrie


Ouvriers agricoles
.... 1.070.428
395.842

En Russie, la profession normale est l'agriculture. L'industrie n'en


est encore qu'à son enfance; mais elle a certainement de l'avenir, car le
pays possède des richesses minérales, de grands fleuves très profonds
qui sont des voies de communication excellentes. En outre, l'ouvrier
russe ne manque pas d'intelligence, et il est doué d'une facilité d'assimi-
lation étonnante.
Aucune statistique complète n'a été dressée en Russie; on ne peut
donc évaluer le nombre des ouvriers dans l'industrie.
En 18G5, le duché de Finlande a établi une statistique d'après
laquelle il résulte que sur 1,842,000 habitants, il existe 7,000 artisans
manouvriers dans les villes, 13,000- dans les campagnes, et 8,000 em-
ployés dans les manufactures.
La Suède est un pays agricole el forestier par excellence : l'industrie
y tient peu de place.
En 1873, sur 4,298,000 habitants, on comptait :

Classe agricole
Industrie
.... 3.000.000 hab.
150.000 —

Mais dans ce chiffre de 150,000 habitants pour l'industrie, les familles


des ouvriers ne sont pas comprises.
La Norvège n'est pas plus industrielle quo la Suède ; elle s'occupo
surtout de la pèche, du bétail et de ses forêts. Sur 1,700,000 habitants
environ, on compte :
Ihhihmls
Classe agricole 1.035.000
Classe industrielle 241.000
Professions diverses
Total
.... 407.500
1.683.500

Dans le Danemark, la classe industrielle est relativement plus

(1) Voir plus loin, Législation.


HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 597

importante qu'en Suède et en Norvège. En 1860, sur 1,800,000 habitants,


la classe industrielle comptait environ 600,000 ouvriers.
Dans la Hollande, l'Espagne et le Portugal, la statistique manque à
peu près complètement.
L'ouvrier hollandais est généralement assez, heureux; il aime le con-
fortable. La Hollande n'est pas un pays industriel ; on s'y occupe surtout
d'agriculture, d'élevage et de commerce maritime.
En Espagne, l'industrie est presque absolument morte. On s'y
livre au travail agricole; mais dans certaines localités, le nombre des
ouvriers ne suffit même pas à la consommation.
On n'a quelques données que sur la Catalogne, où se trouvent des
fabriques do coton qui emploient 110,000 ouvriers. Quant à la petite
industrie, elle occupe dans cette province environ 490,000 personnes. Ce
qui représente en tout un total de 000,000 personnes, soit le sixième à peu
près de la population.
La culture est aussi très arriérée en Espagne où la classe moyenne
manque de capitaux et où les habitants se contentent généralement de
peu, vivant pauvrement de l'élevage des moutons, préférant se priver
plutôt que de travailler d'une façon assidue.
L'ouvrier portugais est plus actif et plus industrieux que l'ouvrier
espagnol. 11 gagne peu, mais comme il est aussi très sobre, il trouve
moyen de vivre dans une aisance relative.
Dans le Portugal, on n'a pas non plus de statistique sérieuse; sur
une population de 4,300,000 habitants, on ne compte guère que 180,000 per-
sonnes appartenant à la classe ouvrière.
D'après ce qui précède, on voit,malgré les statistiques qui manquent,
que la classe ouvrière compose dans chaque pays une armée colossale.
Or, c'est cette armée, c'est sa valeur, ce sont ses qualités qui constituent
pour une nation une de ses principales richesses.
C'est sur ce champ très vaste qu'évolue l'assurance contre les acci-
dents.

Malheureusement, on ne considère pas l'accident sous son véritable


jour, c'est-à-dire, non pas sur le rapport du mal qu'il cause, mais au
point de vue de ses conséquences tardives et des responsabilités qu'il
soulève.
La question de responsabilité, tout est là.
En 1886, à ce propos, le docteur Charles Vibert, expert près le tribu-
nal de la Seine, publiait un très remarquable ouvrage intitulé : Précis
de médecine légale.
598 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Ce travail s'adressait principalement aux médecins légistes chargés


des expertises ; il donnait des indications précieuses sur les constata-
tions de morts subites, d'assassinats, de suicides, d'aliénations mentales
et d'accidents de toute sorte.
Abordant la question des accidents, l'auteur montrait que ces der-
niers ont souvent des conséquences tardives, après une période plus ou
moins longue pendant laquelle la victime a pu être considérée comme
guérie.
Ainsi, d'après l'auteur, une personne victime d'un accident quelcon-
que peut, après quelques jours de maladie, reprendre ses occupations
pendant un certain temps et éprouver ensuite des troubles cérébraux
ou des affections graves produites tardivement par l'accident, mais que
l'on attribue à tort à des causes inconnues ou étrangères.
Il s'ensuit donc que la victime n'est indemnisée que de l'incapacité
temporaire qui a suivi l'accident et non de celle qui est survenue après
une guérison qui n'était qu'apparente. U y a là une question qui intéresse
vivement les assureurs au point de vue de la responsabilité des auteurs
d'accidents.
Le docteur Vibert insiste de préférence, dans son livre, sur les
blessures causées par les chemins de fer, parce que ce sont celles qui
appartiennent surtout à la médecine légale proprement dite, tandis que
toutes les autres regardent plutôt la pathologie chirurgicale.
M. Ch. Vibert parle également de la durée de l'incapacité de travail,
en faisant remarquer qu'elle a une grande importance puisque, selon que
cette durée est inférieure ou supérieure à 20 jours, la peine encourue par
l'auteur responsable varie considérablement. Ce sont là des questions
qu'il importe de ne pas négliger si l'on veut populariser l'assurance.

La question de l'infirmité touche également à l'assurance accidents


et sa nomenclature a fait l'objet d'un travail très important présenté en
1895 à l'Institut International de statistique par M. J. Bertillon (l).
L'auteur a divisé son étude en trois catégories dont voici la
dernière qui comprend 99 cas.

/. — Infirmités affectant l'organisme tout entier :


1. Faiblesse de constitution. — 2. Cachexie, leucémie, etc. — 3. Ca-
chexie palustre. — 4. Cachexie sénile. — Tuberculose des poumons. —
6. Tuberculose affectant un autre siège. —7. Scrofule. — 8. Tumeur,

(1) Voir l'nssuranop ronli'i1 l'Infirmité, pago 333.


HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 599

9. Rhumatisme et goutte. — 10. Diabète. — 11. Saturnisme. —



12. Autres intoxications professionnelles. — 13. Autres intoxications
chroniques.—14. Autres infirmités et maladies affectant l'organisme
tout entier.

II. — Infirmités affectant le système nerveu-r. et- les organes des sens :
15. Idiotie. — 16. Crôtinisme. — 17. Ramollissement cérébral. —
18 .Aliénation mentale. — 19. Paralysie. —20. Épilepsie. —21. Chorée.
..-22. Bégaiement. —23. Névralgie (sciatique, etc.). —24. Autres affec-
tions chroniques du système nerveux (ataxie, etc.). — 25. Cécité com-
plète, congénitale ou survenue peu après la naissance. — 26. Cécité
complète, acquise. — 27. Perte complète d'un oeil ou de son usage. —
Perte partielle de la vision par : — 28. Myopie. — 29. Hypermétropie. —
;i(). Astigmatisme. —31. Albugo. —32. Strabisme. — 33. Autres affec-
tions de l'oeil. — 34. Conjonctivite et blépharite chroniques. — 35. Autres
affections des yeux. — 30. Surdi-mutité. — 37. Surdité acquise. —
:!S. Autres affections permanentes de l'appareil auditif.

///. — Infirmités affectant l'appareil circulatoire :


39. Affections organiques du coeur et des gros vaisseaux. — 40. Va-
rices (excepté varicocôle et hémorroïdes) et ulcère variqueux. —41. Autres
affections chroniques de l'appareil circulatoire.

IV. —
Infirmités affectant l'appareil respiratoire :
42.0/.ène. — 43. Autres affections chroniques des fosses nasales ot
des sinus. —44. Aphonie et laryngite chronique. — 45. Goitre. — 40. Tho-
rax insuffisant. — 47. Bronchite chronique. — 48. Emphysème pulmo-
naire. — 49. Asthme. — 50. Autres affections chroniques de l'appareil
respiratoire.

V. — Infirmités affectant l'appareil digestif :


51. Division congénitale de la lèvre supérieure du palais ou du voile
du palais (bec de lièvre, gueule de loup, etc.). — 52. Perforation acquise
de la voûte palatine ou du voile du palais.
— 53. Perte ou mauvais état
des dents. — 54. Perte ou affection permanente des maxillaires.

55. Perte ou affection permanente de la langue.
— 56. Autres affections
chroniques de la bouche et de ses annexes. — 57. Maladies chroniques
de l'estomac (cancer excepté).
— 58. Hernies. — 59. Hémorroïdes. —
GOO HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER
:
f à

60. Autres affections du rectum et de l'anus. — 61. Autres affections


chroniques de l'appareil digestif.

VI. — Infirmités affectant l'appareil génilo-ttrinaire :


62. Calculs rénaux ou vésicaux. — 63. Cystite chronique. — 64. Fis-
tules urinaires.. — 05. Hypertrophie de la prostate.— 66. Incontinence
d'urine. — 67. Hydrocèle. — 08. Varicocèle. — 09. Perte ou arrêt de
développement des organes génitaux. — 70. Métrite chronique. — 71. Dé-
placements utérins. — 72. Autres affections de l'appareil gênito-
urinaire.
VII. — Infirmités affectant la peau et ses annexes :
73. Cicatrice déformante. — 74. Dermatose chronique. — 75 Nmvus
vasculaire. — 70. Calvitie, alopécie. — 77. Sueur fétide. — 78. Obésité.
— 79. Elephantiasis et sclèroderme. — 80. Lèpre. — 81. Teigne, pelade,
etc. — 82. Autres infirmités affectant la peau et ses annexes.

VIII— Infirmités afl'eeiant les os, les articulations et les muscles :

83. Rachitisme, ostéomalacie. — 81. Abcès froid ou par congestion


(non compris le mal de Pott). — 85. Mal de Pott. — 80. Gibbosilé, dévia-
tion de la colonne vertébrale. — 87. Perte du bras, de l'avant-bras ou do
la main. — 88. Perte de un ou plusieurs doigts. — 89. Perte de l'usage
du membre supérieur par tumeur blanche, résection, ankylose, luxation
irréductible. — 90. Perte de l'usago du membre supérieur par arthrite
déformante. — 91. Perte de l'usage du membre supérieur par arthrite
déformante ou autre cause. — 92. Perte de la cuisse, de la jambe ou du
pied.—93. Perte d'une partie du pied. — 94. Cagnosilé. — 95. Claudi-
cation. — 96. Pied bot. — 97. Pieds plats. — 98. Autres déformations
du pied. — 99. Autres affections des os, des articulations ou des
muscles.

LA l'UKVENTION

Les E.(positions de protection. — Les Musées sociaux. — Les Congrès.


— Les Associations industrielles de prévention.
Comme dans l'incendie, la prévention existe pour l'accident.
Voyons donc se manifester son existence:
Dans la lucidité d'un avenir prochain que lui révélait le sens approfondi
qu'il possédait de la connaissance des hommes et des institutions nées en
HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 001

1789, Emile de Girardin prêchait la prévention : il faut tout prévoir pour


tout prévenir, disait-il, et il avait raison, car aujourd'hui la prévention et
la réparation sont les lois qui gouvernent notre société.
Si d'Emile de Girardin nous arrivons à l'époque actuelle, nous rele-
vons cette phrase que contenait naguère l'exposé des motifs d'un projet de
loi sur les accidents du travail qu'avait élaboré un législateur italien :
«
Il est plus important de préserver la vie et la santé des travailleurs que
d'indemniser les victimes, une fois l'accident produit. » Ceci équivaut à
dire : Prévenons d'abord, réparons ensuite.
Étant donnée l'actualité de ce problème que pose la Prévoyance et que
résoud l'Assurance, reportons-nous à quelques années et suivons le che-
min que la prévention a parcouru en ce qui touche aux accidents du
travail.
Au point de vue historique, la question de la prévention peut-être
sectionnée en quatre divisions.
Les Expositions de protection; les Musées sociaux; les Congrès où
sont développées les idées de prévention ; enfin les Associations indus-
trielles pour l'étude et la propagation des engins propres à préserver les
ouvriers des accidents du travail.
La première Exposition d'économie sociale et de prévention date de
1807, elle est due à l'illustre Le Play. Un groupe spécial contenait les
objets spécialement exposés en vue d'améliorer la condition physique et
morale de la population. En outre, un concours fut institué en faveur des
personnes, des établissements ou des localités qui, par une organisation
ou des institutions particulières, avaient développé la bonne harmonie
entre ceux qui coopèrent aux mêmes travaux et assuré aux ouvriers le
bien-être matériel, moral et intellectuel.
A ce concours prirent part six cents maisons environ tenant la tète
•le l'industrie dans le monde entier.
Aucune Exposition n'eut lieu de 1867 à 1887.
Depuis 1888, on compte plusieurs Expositions d'engins préventifs
contre les accidents, signalons celles de 1888 à Paris, de 1889 à Paris et à
Berlin, de 1890 à Toulon, de 1890 à Amsterdam.
En 1889, le cadre de l'Exposition de l'Économie sociale s'est élargi,
le grand public a parcouru les salles
aux murs desquelles de nombreux
graphiques étaient appendus; les statistiques les plus savantes exposées,
ot sur les tables il trouvait des statuts, des comptes rendus statistiques et
administratifs; mais ce qui lui a permis, à ce public, un peu interloqué
de se trouver au milieu d'une telle science, de comprendre de quoi il
s'agissait, c'est que les commissaires de la section avaient eu le soin de
602 HISTOIRE GÉNÉRALE DÉ L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

réclamer aux exposants des dessins, des tableaux muraux, des emblèmes,
des modèles en relief explicatifs et parlants.
On juge combien les esprits méditatifs ont pu recueillir d'enseigne-
ments à cette Exposition sociale, encore restreinte, mais germe de l'idée
féconde des musées permanents.
Ces Expositions portaient également sur les mesures d'hygiène dans
les ateliers. L'Exposition de Berlin s'étendait en outre à la prévention des
maladies professionnelles, elle était divisée en trois classes : 1° de l'éclai-
rage dans ses rapports avec la garantie contre les accidents ; 2" dos
mesures préventives contre les accidents provenant des matières véné-
neuses ou corrosives, de gaz délétères et de diverses autres causes;
3" de l'équipement personnel des ouvriers.
L'Exposition de Toulon était également divisée en trois parties :
hygiène, sauvetage, prévention des accidents.
L'hygiène a donné lieu à des observations très utiles. On a reconnu,
en effet, que les accidents étaient plus fréquents dans les ateliers où les
lois de l'hygiène étaient inobservées.
On s'est donc occupé de la salubrité des ateliers et des magasins, de
leur éclairage, des moyens de leur donner de l'air en suffisance, de faire
disparaître les effets des vapeurs et des gaz délétères, selon les métiers
et les industries, autant de questions qui concernent l'hygiène.
On a discuté, au même point de vue, la disposition plus ou moins
commode des machines ; on n'ignore pas que la position prolongée du
corps dans certains cas peut nuire à la santé ; la hauteur des tables sur
lesquelles on se penche, les dimensions des manivelles, des pédales, etc.,
le manque de sièges dans plusieurs métiers ont parfois, pour les artisans,
des résultats regrettables que l'usage a fait connaître et qu'il faut, autant
que possible, éviter pour l'avenir.
La section du sauvetage a examiné le sauvetage en cas d'incendie,
le sauvetage en cas de naufrage, le sauvetage dans les mines, dans les
carrières, dans les usines.
Les soins à donner en cas d'accidents ont fait partie de la section du
sauvetage ; là encore on doit avoir recours à l'hygiène et à la médecine,
pour indiquer la nature de ces soins et les remèdes à donner, selon qu'il
s'agit d'une victime d'un incendie, ou d'une victime d'un naufrage, dîme
chute, d'une asphyxie, etc..
L'Exposition d'Amsterdam présentait tous les appareils servant à
prévenir les accidents, dans toutes les branches de l'industrie, de quel-
que nature qu'ils soient.
Citons entre autres ; les appareils de sûreté pour chaudières et pour
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER
003

autres machines à pression ; les appareils de sauvetage et de précautions


en cas
d'incendie, d'accidents sur mer et d'inondations ; tous les moyens
usage pour rendre les ateliers aussi hygiéniques que possible, obvier
en
l'influence nuisible des gaz délétères, des vapeurs dangereuses, des
;i
poussières irritantes, des germes morbides, etc., et enfin toutes les
mesures à prendre pour améliorer la santé des ouvriers.
Enfin l'Exposition de Chicago et celle de Lyon contenaient, elles
aussi, des pavillons renfermant les enseignements de l'Economie sociale;
la grande Exposition qu'on annonce pour 1900 aura un seizième groupe
comprenant : l'économie sociale, l'hygiène et l'assistance publique.
Mais, l'Exposition ne garde pas ses trésors, comme en un conte des
Mille et une Nuits tout s'évanouit avec elle, et cependant, ne faut-il pas,
de ces choses de progrès social, en faire profiter le public d'une façon
permanente?
Le Musée social était nécessairement indiqué. L'Exposition est
I'M'IIVTC éphémère, le musée est l'oeuvre qui reste.
Donc, l'Exposition de 1889 fermée, M. Siegfried, alors ministre du
commerce et de l'industrie, estima justement qu'il serait profondément
regrettable de voir dispersées ses collections. 11 les fit acheter par l'État,
puis se préoccupa de les installer dans un local accessible au public.
M. le comte de Chambrun offrit à M. Siegfried un immeuble qui lui
appartient, rue Las-Cases, et, en outre, mit à la disposition de l'insti-
tution projetée une somme de 200,000 francs.
Un comité d'organisation et de direction fut aussitôt constitué.
L'oeuvre était créée...
.
La Société du Musée social a pour but de mettre gratuitement à la
disposition du public, avec informations et consultations, les documents?
modèles, plans, statuts, etc., des institutions et organisations sociales
qui ont pour objet et pour résultat d'améliorer la situation matérielle et
morale des travailleurs.
Elle s'interdit toutes discussions politiques et religieuses.
Les principaux moyens d'action que la Société se propose d'employer
sont :
Une Exposition permanente d'économie sociale;
I"
2° Une bibliothèque et une salle de travail ouvertes gratuitement ;
3° La communication aux intéressés de tous les renseignements qui
pourront être demandés par eux au sujet des oeuvres sociales ;
4° Des consultations techniques, soit sur l'agencement d'oeuvres à
créer, soit sur la situation d'oeuvres existantes, et les modifications que
ceWe situation pourrait comporter ;
604 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A l/ÉTRANGER

5° L'organisation de conférences, de cours et de démonstrations


orales ayant pour but de commenter les documents exposés et de vulga-
riser les institutions d'économie sociale ;
0° Des missions d'étude et d'enquête en France et à l'étranger ;
7° Des publications servant à faire connaître les travaux de la
Société dit Musée social et les documents assemblés par elle ;
8° Des prix et des médailles à décerner aux travaux les plus remar-
quables, et l'organisation de concours sur des sujets spéciaux.
Ce Musée a été inauguré en mars 1895. Vers la même époque,
au
Conservatoire des Arts et Métiers, M. Laussédat ouvrait les portes d'un
second Musée social.
Certaines salles de ce dernier Musée sont consacrées aux institutions
de prévoyance, aux Sociétés pour prévenir les accidents du travail et à
la participation des ouvriers aux bénéfices. Dans d'autres salles se trou-
vent les tableaux des syndicats ouvriers et agricoles, des maisons ouvriè-
res et des associations patronales.
Ces Musées sont l'exposition permanente des moyens préventifs et
de la science réparatrice....
Les Congrès ferment le cercle au centre duquel doit s'élever, puis-
santes et tutélaires, les Sociétés industrielles de prévention.
Les Congrès ont marché de pair avec les Expositions, pas d'Expo-
sition sans Congrès, pas de Congrès sans Exposition.
Dans ces joutes oratoires, des personnalités compétentes sont
venues exposer soit les résultats obtenus parla prévention dans l'indus-
trie, soit présenter à l'observation des moyens préventifs nouveaux.
A Nancy, en juillet 1892, M. Edouard Thiolère, ingénieur, inspecteur
de Y Association des Industriels de France, fait une très intéressante con-
férence sur la prévention des accidents du travail par l'initiative privée;
mais, où la question suit une marche ascendante, c'est aux Congivs
internationaux des accidents du travail.
Au plus récent, à Milan, il nous a été donné d'entendre diverses con-
férences sur ce sujet.
M. Henry Mamy a signalé l'existence de moyens préventifs nou-
veaux; M. Olry, ingénieur en chef des mines, a présenté les résultats
obtenus par les associations instituées en vue de prévenir les explosions
de chaudières; M. R. Pellaté, ingénieur, inspecteur principal des mines
en Italie, a parlé des mesures préventives dans les mines et des résultats
obtenus.
M. Delafond, ingénieur en chef des mines, a traité le même sujet ;
enfin, M. Pessaro, ingénieur, membre du conseil du Patronat de Milan, a
HISTOIRE GÉNÉRALE IJE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 605

entretenu ses auditeurs des systèmes et des mécanismes adoptés dans les
divers pays, pour prévenir les accidents du travail.
Il est incontestable que l'action des Congrès, des Expositions et celle
dos Musées permanents aura été un facteur puissant de développement
pour les. Sociétés industrielles de prévention.
En France ces sociétés dues à l'initiative privée sont au nombre de
deux, mais elles ont été précédées dans leur mission humanitaire par
l'Association de Mulhouse (1).
..
En 1880, la Société industrielle de Rouen créait une Association ana-
logue localisée à la région normande. Cette Association prenait, en 1890,
le litre de Association Normande pour prévenir les accidents du travail
et était reconnue d'utilité publique en 1892.
Grâce à de persévérants efforts, la Société a fait de grands progrès.
En 1883, sur l'initiative de la Société de protection des apprentis et
sous la présidence de M. Emile Muller, est fondée Y Association parisienne
des industriels pour préserver les ouvriers des accidents du travail.
Cette association était localisée au début dans les départements de la
Seine et de Seine-et-Oise. Mais bientôt, sur les demandes nombreuses
qui lui furent adressées par des Sociétés industrielles et par des indus-
triels des départements, elle dut élargir le cercle de son action, se
transformer, et, en 1887, elle devint l'Association des Industriels de
Fiance contre les accidents du travail.
Elle compte aujourd'hui près de 1,400 membres et son action s'exerce
déjà dans 67 départements et sur plus de 160,000 ouvriers.
M. Périsse, ancien industriel, ingénieur-expert près des tribunaux,
ancien vice-président de la Société des Ingénieurs civils, a été appelé en
188!) à succéder à M. Emile Muller, dont il avait été, depuis la fondation
do l'Association, le collaborateur dévoué.
Son directeur est M. Henry Mamy, ingénieur des Arts et Manu-
factures.
L'Association des Industriels de France est formée d'un certain
nombre de groupes régionaux dont chacun a un inspecteur à poste fixe.
Ces groupes sont aujourd'hui les suivants :
Groupe de Paris; groupe du Nord, dont le siège est à Lille; groupe
du Nord-Est, à Reims groupe de l'Est, à Ëpinal; groupe du Sud-Est, à
;

(.1) Estimant 411e sou rôle était désormais toi'ininô on présence du développement
pris par l'inspection officielle des usinés depuis l'introduction, en Alsace-Lorraine, do
ils*iu'an<;e obligatoire contre les accidents et de l'application do plus en [dus stricto
1,
11 code industriel allemand, cette association s'est dissoute eu décembre 18'.»5.
(506 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Lyon; groupe de Marseille; groupe de Toulouse; groupe de Bordeaux;


groupe de Nantes.
L'Association a été reconnue comme établissement d'utilité publique,
par décret du 8 avril 1891
Ce grand mouvement d'initiative privée s'est étendu hors de France.
11 faut citer notamment Y Association de Miïnehen-Gladbach, da,ns la
pro-
vince rhénane et VAssociation des filatures de coton de Vienne,
en
Autriche.
Enfin, en 1890, ont été créées, à Bruxelles, l'Association des Indus-
triels de Belgique pour combattre les accidents de fabriques, et à Amster-
dam, Y Association néerlandaise contre les accidents du travail.
L'Association de Belgique est dirigée par M. Félix Jottrand; celle
d'Amsterdam possède à sa tête M. Westerouen van Meeteren.
Ces Associations fonctionnent en général de la manière suivante :
Les inspecteurs visitent l'usine ou l'atelier sous la conduite du chef
d'industrie ou de son délégué et prennent, d'un commun accord avec lui.
les mesures de protection dont l'utilité et la possibilité sont démontrées.
Ils s'appliquent, à donner à leurs conseils un caractère essentielle-
ment pratique, c'est-à-dire ne gênant pas le travail et n'entraînant pas
de dépenses ou les moindres possibles.
Le chef de maison conserve toujours, bien entendu, son libre arbitre,
et discute avec l'inspecteur les mesures proposées.
Ces inspecteurs ont pour auxiliaires des études spéciales aux diverses
industries, ainsi que des règlements et instructions destinés à être affi-
chés dans les ateliers, de manière à rappeler constamment aux ouvriers
et aux contremaîtres ce qu'ils doivent éviter. Un bulletin annuel résume
les travaux de l'Association et donne une statistique des accidents et leurs
causes.
L'industriel entre dans l'Association pour une année et peut toujours
annuler ou renouveler son adhésion. Il ne prend d'autre engagement que
celui de recevoir la visite des inspecteurs de l'Association et de payer
une cotisation annuelle minime calculée d'après le nombre d'ouvriers.
Enfin les chefs d'industrie retirent les avantanges suivants de leur parti-
cipation à ces associations :
Le premier est d'obtenir une sécurité plus grande et de diminuer
dans une forte proportion le nombre d'accidents qui surviennent chez eux-
Le deuxième est de créer en leur faveur une présomption de pru-
dence et de prévoyance, dont la justice leur tiendrait compte si un acci-
dent se produisait chez eux malgré les précautions prises.
Le troisième est de chercher à réduire au minimum possible le^
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER G07

jn-imes d'assurance, en réduisant au minimum les accidents eux-mêmes,


et par conséquent les indemnités à payer.
Enfin, c'est le seul moyen de rendre inutile l'intervention de l'État
dans l'usine ou atelier où s'exerce la surveillance d'une Association.

LA HKI'AHATION Hl.iMANlTAllt.l-:

Secours aux blessés par accidents de 1600 à 1895. — OEuores


humanitaires: Union des Femmes de France, Samaritains, Maisons de
secours. — Congrès de sauvetage. — Tableau synoptique des secours en
cas d'accidents.
Après l'accident et la prévention vient la réparation.
Celle-ci se divise en deux classes : la réparation humanitaire qui tire
sa source de la philanthropie et de la charité publique et la réparation
sociale, qui relève de l'initiative privée et du libre arbitre, celle enfin qu'on
nomme l'assurance réparatrice.
Dans ce chapitre, parlons d'abord de la réparation humanitaire dont
l'existence se perd dans la nuit de ces temps où les gildes et les oeuvres
d'assistance primitives accordaient leurs premiers bienfaits à la jeune
société.
Si nous en croyons l'histoire, les secours en cas d'accidents sur la
voie publique remontent à 1772 en France.
L'ôclievin Pia, ancien pharmacien, fut chargé d'organiser à cette
époque un service de soins à donner aux noyés.
Dès 1667, la Hollande possédait des postes de secours de ce genre.
Mu 1674 on en comptait un grand nombre en Angleterre, en Ecosse et en
Irlande. En 1794, Gunter en organisait à Hambourg et publiait sur ce
sujet un remarquable ouvrage.
Depuis ces temps anciens, dit M. le docteur L. Rey dans l'excellent
compte rendu qu'il a publié sur le livre du docteur A. Rousselet : les Secours
publics en cas d'accidents, des médecins français s'occupèrent de celte
intéressante question. Petit, en 1719, présenta à l'Académie royale des
sciences un mémoire rempli de judicieuses remarques sur la durée de
l'asphyxie chez les animaux et chez l'homme, et en 1786 il est créé une
société pour porter secours aux noyés et aux personnes en état de mort
apparente. Cette société a été dissoute en 1880. Ces premiers efforts,
interrompus par la Révolution, ne furent repris qu'en 1806, lors de l'insti-
tution du Conseil d'hygiène et de salubrité du département de la Seine.
Des postes de secours aux noyés et asphyxiés furent alors définitivement
établis par les soins de l'administration. A Paris, jusqu'à cette époque,
G08 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

les soins étaient donnés aux noyés par les secouristes choisis parmi les
gardiens des ports et qui recevaient une instruction spéciale.
Ce ne fut qu'en 1855, sous l'influence d'un rapport du docteurRigaud,
qu'on s'occupa très sommairement, à Paris, de secourir les gens tombés
malades ou blessés sur la voie publique.
De 1860 à 1880, rien de nouveau ne fut fait pour remédier à l'insuffi-
sance de l'organisation première.
En 1880, le docteur Nachtel tenta une démarche auprès de l'Académie
de médecine pour établir à Paris des ambulances urbaines sur le modèle
de celles qui fonctionnaient depuis longtemps à New-York et qui com-
.
prenaient un matériel de transport pour les malades et blessés,
permettant de les conduire rapidement et dans de bonnes conditions au
lieu où on pouvait les panser ou leur donner les soins nécessaires.
L'Académie avait accepté le principe, mais elle ne put s'entendre avec
le Conseil municipal, et les divers projets émis successivement ne
reçurent aucune application.
A ce sujet, de grands débats eurent Heu à l'Hôtel de Ville, mais
aucun des projets ne parvint à être adopté malgré l'éloquent rapport
qu'en présenta M. Bourneville.
Heureusement, grâce à l'initiative privée, M. Natchel obtint d'installer
à l'hôpital Saint-Louis, en 1888, un service d'ambulances urbaines,
et à quelque temps de là se formait une société des Kiosques d'ambulance.
M. le docteur Le Roy de Mêricourt combattit devant le Conseil
municipal cette institution rivale et voici comment, depuis, les choses se
passèrent.
En 1890, M. Georges Berry, dans un nouveau rapport, demandait à
l'administration de fournir à bref délai au Conseil une étude sur la créa-
tion d'un service d'ambulances à l'hôpital Beaujon. M. Millardconclut au
rejet absolu du mémoire de l'administration. La question fut reprise le
5 juin 1890, mais M. G. Berry abandonna le projet coûteux d'installation
de nouveaux postes d'ambulance, et, s'appuyant sur des renseignements
fournis par M. Jansens, directeur du Bureau d'hygiène, à Bruxelles, où le
service des postes de secours fonctionne très bien, il proposa d'installer
dans dix postes de police un service de voilures de secours sur le modèle
des chariots organisés par le Bureau d'hygiène de Bruxelles.
La création des Ambulances urbaines du docteur Natchel eut pour
conséquences l'organisation à la préfecture de police du service des trans-
ports des contagieux par les voitures municipales ainsi que l'adoption des
ôtuves à désinfection. 11 faut signaler aussi le service médical do nuit
installé depuis 1876 et dû à l'initiative du docteur Passant avec le concours
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 609

do 554 médecins. Actuellement tous les services d'ambulances urbaines


smt municipaux....
Détachons de cet ensemble de créations quelques institutions de haute
humanité :
L'Union des Femmes de France a pour but d'organiser, dans toute la
France, un personnel et un matériel qui seront, en cas de guerre, mis à
la disposition de l'autorité militaire.
Tel est le but principal; à côté de ce but un second apparaît, et c'est
en celui-là que l'oeuvre devient sociale.
L'expérience ayant prouvé que le dévouement et l'intelligence, quels
qu'ils soient, ne peuvent suffire et ne sauraient, en aucun cas, suppléer
aux connaissances techniques, l'Union des Femmes de France donne à
sos membres le moyen d'acquérir une instruction théorique et pratique en
rapport avec les fonctions diverses qu'ils pourraient être appelés à
remplir.
Guidée par son comité consultatif, l'Union a organisé à Paris et en
province, avec le concours du corps médical, des cours publics et gratuits
qui ont pour objet de répandre les notions indispensables de l'hygiène,
ainsi que les connaissances nécessaires pour administrer les premiers
secours aux malades et aux blessés....
A Paris, ou a voulu créer une société de Samaritains, sa constitution
était calquée sur une société de ce genre qui fonctionne à Vienne, mais
l'idée n'a pas eu de lendemain ; et pourtant l'Angleterre, l'Allemagne,
l'Autriche et la Suisse possèdent de ces institutions et s'en trouvent très
bien.
.En voici quelques exemples : « The Saint-John s ambulance asso-
ciution », est une société anglaise en pleine activité.
Un grand nombre d'agents de police, de pompiers, d'employés de
chemin de fer portent son médaillon, et peuvent être facilement requis,
ou cas de besoin, pour donner les premiers soins aux victimes d'accidents.
Dans plusieurs régions on a organisé des corps d'ambulanciers dont
les membres sont des élèves diplômés par la société ; dans d'autres
endroits on a créé des corps d'infirmières qui ont la mission de garder les
malades pauvres et de donner des soins aux personnes atteintes de
maladies infectieuses ou épidémiques.
La Société a également organisé, à l'usage des blessés et des malades
un service do transport, soit par terre, soit par eau.
En Autriche, le service de secours aux blessés sur la voie publique
esi organisé par la Société des Sauveteurs volontaires de Vienne, fondée
a^os l'incendie du théâtre de Vienne eu 1881.
43
610 ^HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'BTRANQBR I

Les premiers soins sont donnés, en cas de maladies soudaines *

de blessures et de suicides. La Société se charge du transportdes malades,!


de l'établissement d'ambulances volantes, du fonctionnement des postes 1

de secours pendant le jour et la nuit. i


La Société possède, en outre, deux sections qui ont pour objet de
donner des secours, l'une en cas d'incendie et l'autre en cas d'inoi-'
dation. La première de ces sections se compose de 500 membres, et l'autre
de 280 membres. Ces sections fonctionnent admirablement de concert
avec les corps constitués militairement, soitpar la municipalité de Vienne,
soit par l'État. En cas d'accident de chemin de fer, la Société, par suite
d'arrangement avec les Compagnies, est autorisée à donner les premiers
soins aux blessés. Deux cents médecins accordent également leur concours
à la Société et se relayent pour faire le service de nuit. A cet effet, les
médecins de service placent la nuit une lanterne allumée devant leurs
portes. i
Citons aussi la Société des Ambulances urbaines de Bordeaux
dont le secrétaire fondateur est M. le docteur J. Mauriac, inspecteur
général de, la salubrité et membre du conseil central d'hygiène de la
Gironde.
L'Association Samaritaine allemande, fondée à Kiel en 1882, au bout
d'un an d'existence avait créé des groupes dans 69 villes de l'empire
allemand.
A Buda-Pesth une société de ce genre existe, mais elle ne concourt
pas à l'extinction des incendies.
A Copenhague, une société ayant pour objet la création de postes
médicaux a été fondée en 1886.
En 1890, les 18 médecins de la Société firent 1,175 visites pendant la
nuit ; 65 des malades étaient dans une situation aisée, 250 étaient à l'abri
du besoin et les 860 autres étaient de malheureuxouvriers ou des femmes
seules.
Les postes de secours sont organisés là où il y a de grands établis-
sements industriels et où il est difficile de trouver l'assistance médicale.
Ces postes sont dirigés par des barbiers que la Société a instruits pour
cet objet. En outre, la Société a organisé des stations de voitures dans
les postes de police de Copenhague. Les voitures peuvent être demandées
par téléphone de 300 endroits dispersés dans la ville et les faubourgs-
Les voitures contiennent des objets d'habillement et de pansement.
Les agents de police ont été exercés à se servir des voitures, et plu-
sieurs d'entre eux ont suivi un cours de Samaritains qui a été fait par la
section danoise de la Croix-Rouge
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 6l'ï

L'assistance aux mutilés pauvres, fondée en 1868, est une institution •


do haute humanité qui fonctionne actuellement.
Enregistrons encore la maison de secours fondée à Lille par la Com-
pagnie d'assurances la Providence accidents.
La direction très compétente de cette société a parfaitement compris
qu'il existait un lien très intime entre le secours et l'assurance, c'est-
iv
dire entre l'humanité et la réparation rationnelle de l'accident.
Nous pourrions mentionner mille et une de ces sociétés privées qui
précèdent l'oeuvre réparatrice, nous ne le pouvons malheureusement pas,
mais nous ne voulons' pas fermer ce chapitre sans rappeler le nom de
de la Société Royale des sauveteurs de Belgique, fondée,en 1869 et dont le
but est de prévoir, puis de réparer l'accident (1).
Les congrès de sauvetage organisés par M. Emile Cacheux ont pro-
voqué un mouvement décisif dans l'organisation méthodique des secours ;
ou leur doit notamment le tableau ci-conire publié par les soins de la
Société française d'hygiène et adopté par les associations pour prévenir
les accidents du travail (2).

(1) Voir page 267.


(2) Le congrès de sauvetage en 1889 a traité les questions suivantes qui ont rapport
aux accidents : >

PREMIÈRE SECTION. — Président : M. Ragiot, administrateur délégué de la Société


wnlrale des Naujragés. — Rapporteur: M. Potel, ingénieur, membre du Comité d'ins-
tallation de Ja section do sauvetage à 1'lix.positioii de 188'J (classe 05).
Sauvetage des naufragés sur toutes les eûtes. — Stations do sauvetage et postes
de secours, — Canots de sauvetage. — Canons, fusées, fusils porte-amarres ; appareils
ili' va-et-vient, bouées.
— Lignes diverses, galïcs, etc., ceintures et corsets do sauve-
tage, vêlements insubmersibles. — Emploi de l'huile. — Sauvetage en nier, cauots do
Siiuvetago à bord dos navires, bouées, engins divers, vêlements insubmersibles. —
i'Iuues, bouées, balises, etc. — Statistiques dos accidents et des personnes sauvées.
DEUXIÈME SUCTION. — Président : M. .Voisin (Je docteur), chef du service des secours
sur la voie publique de la ville de Paris. — Rapporteur : M. Guillennn, inspecteur
jj'i'uéral de la navigation de la Seine.
Sauvetage le long des fleuves et dos rivières. — Statistiques des accidents. —
l-o^islatiou préventive. —Règlements relatifs à la navigation sur les lacs, les fleuves,
1rs, rivières el les
cours d'eau. — Appareils de sauvetage. — Postes de secours.— Per-
sonnel ai'léolô au sauvetage.
QUATRIÈME SECTION.
— Président : M. Mariô-Davy,
président de la Société fran-
fiiise d'hygiène. —Rapporteur : M. de Hacker, ingénieur, secrétaire du 3" congrès de
"^vêlage.
Sauvetage dans les rues et sur les roules. — Prévention des accidents causés
par des hommes, des animaux, des véliieulos et dos objets. — Lois. — Mesures de
— Secours donnés aux blessés. — Transports. — Organisation dos secours
police.
•t-i'is les
campagnes, sur les routes, les passages dangereux, dans les montagnes. —
612 HISTOIRE GÉNÉRALE DE ^ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

SECOURS EN CAS D'ACCIDENTS

NATURE AVANT L'ARRIVÉE DU MÉDECIN


PATÏÏB
DE t ACCIDEHT CE QU'IL |(AUT FAIRU CK QU'IL NU l'AUT PAS
""" *"-

Porter la malado a-l'aîr ou dans un local Lien aéré. L'étendre en lui tenant la Proscrire l'emploi Je (oui èlisir dit a nti-apoplectique.
Apoplexie* tètclejjéroment élevée, desserrer ses vêtement*.— Compresses d'eau fraîche,
sinapisme» aux jambe», lavement purgatif, sangsues a l'anus.
!" L'aire loi fouille» avee prudence; relever les membres avec circonspection, [>enti3nl (a fouille, éviter tout cltoutement de terre ou de tf«c«inlir. -7£
n» .l«.,Um.ni
pareillement. car ,ls f»"""1 iln <™ç»«r*i; relever le corps ; sortir la terre de la do bou- rencontre de» inslrimicnls atec la victime.
che Mec un doigl
langue. _ Respiration artificielle. — Traction rythmée la

lïriser les ^^_^__^^^__________________^__^^^^__^^_


portes et les fenêtre» du dehors; si c'est impossible, se couvrir le frv,lrr t exposition au soleil; ne faire respirer aucune vapeur irritant, JT^
"«ressortir
« houctie
I» <*'«n l«»ge imbibé do vinaigre, courir briser une feutire ,,ae,eoucncrfa tdelime dans un (il chaud.
,,imill <Ie
fumée ,,.„,,„„
,,„ charbon. ct aussitôt ; le courant d'air établi porter la victime a loir. — '
Respirationartificielle. — Traction rythmée oc la langue.
ï Fermer le robinet principal do la conduite, procéder'commedans lo cas pré- \iemrx ubscrcalions nue dans la cm prvccdrnt; nu aimai* vutir,~~7Tr
gU>|
U" «éclairage,
.. , . cèdent. ,„„ lKmii„ drr. u»c enceinte remplie de par.
Verser de l'eau de chaux, brûler de la paille en n'éloignant rapidement de Mêmes observation* que précédemment. '
kl( fosses d'aisance.
— peur d'explosion; linge imbibe-sur la bouche et le nez; descendre par
échelle ou cible tendu avec une corde do signal en main, et une ceinture
Q-l _ puits, etc - portant deux cordes ; altacher la victime au deuxième cable et la faire
J remonter.— Respiration artificielle.
l'endainon! -
Couper la corde. Respiration artilkiclle. — Sinapisme»«ni mollet». M.'m^a otaernaftom que précédemment.
E"}™* lc' vêtements; nettoyer la bouche, le gosier cl le n» avec mie tari» .Vc jtmaut eus,Klldre Je
noue par le» pieds; pas du secousse*; p» ,- V
~~~

Submersion, de plume ou le doigl ; frictions avec linges chaud.; briques chauffées et ^


u * d ' fuyions
couvertures.— Respirationartilicielle avec traction rythmée do la langue. J ' de boissons,
;' pas
N'agir qu'en l'agence d'une saçc-femmc on d'eue femme. L'enfant sera ç„n- Ktuigntr tout ,c monite. Uteuu„lf. r«couehr« le ...un* twssibfe. ":TT.
c,,e «"T le.J" d«» '» «l*pw»«on formée par les deux jambes de |*e. Jc,(Cr
^nnine, (ou((, intcrcl.atiQn de pcrtQanct incompétentes. -
l/acwuc*. .,,
Attouchement. couchée;, la tête placée du cote des pied» sera seule hors des vêtements, voiler toute secousse en transi*riant l'accouchée,
liaccouchementaccompli, lier le cordon a dix centimètresdu nombril de
l'enfant. — Nettoyer la Imuclicde l'enfant avec le petit doigt. I
~
S par le feu.
-
Couper les babil* de la victime. l-au fraîche souventrenouvelée;gaw ai.li- „ déchire,- les amiwûlcs, n'appliquer aucune subsMucc irrU^'i
.optique imbibée de glycérine i applicationde vaseline honquiu ; ouate tic I Yc ,jrosej(j,.s 0jlt encre
bandage avec huile d olive ou graisse pure. I ' '
~
*•

*fc l*«"«nenl avec linge us* ou o.iale; lavage eau Ironie alcaline; paiement M vt>aevalions.
par le.
mr ics acides
aciucs. gras, compressesfroides par dessus.
par les alcalis. Mêmes soin», en remplaçant l'eau alcaline par de l'eau vinaigrée. Même* obsurv.tlitiiis.

Congélation
Itéchauflcr le malade en élevant peu a IWJI la: temperaiare du local o.i .1 a Se
été placé ; frictionner te corps itepooillc de» vc cmei.ls avec des bnges
tacfr lr ,„.,,,„,,.tlans „„ ,.,,.,, r(|,1|tt( ,(1 deca„t ,u, { . , r;
lui administrer d-r IWIJSOM lant .in'il' n'ait rrprm connais.!nw;.pa» .t . - .,<
chaud»; taire prendre du café chaud légèrement alcoolise. )(r
Appliquer des compressesd'eau fra.cbc. ,.;,((,.r Us ,,„.,,, m,,,l„-,JI,n-,; rlv ,,.M tmvr tes Landes; pas tfj/.p . .""J
Con((JBlOMii
1 irn/.inlc», tettr* f()rr l'uriru-; p.is de sangsues.
Provoquerles yoinistcmcnt.,puis eau de MYWI,de^chaux, tnelanijee de cra.c ; (.„ m.dccm «.( peut dt..ir,n- U- cu«lr.<poi«oii. ~
Sm acides
aciae». lait; nulle dolive. ' '
« Provoquer les vomisiemenis,puis eau vinaigrecavec jus de citron ; lait ; huile îdëm
I . ..
aie»»» d'olive.
"

I'rovoi|tier les vomissements ; envoyer chercher le conlrc|iui-on spccial s'il Idem


S .
«riento. y a urnenco absolue; huile et ci» de chaux, parties égales.
i phouphore. Provoquer les vomissement*, puis magnésie,calcinée ; lait. ~~ Idem.
S* Provmiuer les vomissements, puis cafe noir 1res fort ; compresses Iroi-le* *" ~ lilcm.
poisons vrgêlauv. *ur la ttlo ; sinapisme» aux mollets ; limonade» ; boissons neitlc* ; llio

K«lora*e. Comprcues d'eau fraîche fc'uler les lin-jen uialpr.iprcs; (<-*' 'applications irritante*, telles <p" ' ' " ''.

Fnllt>Mle.
______^_^___^______^^^_^^_^
___^_^_____^_^______ Eiandre le malade, deserrer
ses vêtements, surveiller i>es inoin-euin.ls pour
pa* de hanijsitcs. — .Ve pas terrer te» (i.nidcs.
.lULtl.lc boisson. — Ke pas css-iuer de /t.cfnr les membresr.ndis.
K.ps»cF"'g' 1empêcherdo se biffer.
Coucher le blesse •«> un lit bien Uorizoïital; envolnppor lo mei.itm- d.- .-oui- .Vc
presses d eau Iralcl.e ou .1 eau blnnche, dan» la partie atteinte. Phror le
,:•- c'K-.-chcr a s'assurer o'it V a fracture ou no» en Miriuant -TT-
rritinrn.
Practtsree. inembro dan» une Koulliéro on fil de fer, ou, ft suti défaut, l*imiiiol.i|iser
Lrc; cvtlvr ,uul limlKcmenl brmqut.
iycé des attelles en bois.
i
___„ lîlcvst brusquementle brn* du c<.h- delà nariuoquisaigii':, pendantquelques Hvitur tes cu'mpi-mr's »Ml;»-oprcs. '
B du ne* minutes, on bouchant U narine ; compressesd eau froide sur la Iront ; ouate
g si dan» ta narine maintenue par compressioni grand air.
*"aV| ^________ Maintenir sur la plaie un linge- plia en appuyant du bout des d,.ixi». — ,.rt(l.r ies jmi/(Jl natprvprcs, les toiles d'arainnir, te vinatnre, t'ar^T^
* .. membre.
I dur» , En cas d bétnorraçie {trove, faire une ligature du membre. — Uiploi de pt, chlorure de fer. — Ne pas irai. .porter le Messe, autant que r -•'
ilet-Hlea» Faire des frictions lr>n<re* ; bains et application do glace. iiuiirr Us muuKcinriit* t-riitnuts.
titendro Cl déshabiller lo malade i surveillée ses mouvcmonls pour empêcher
Usetfrle.
""_!___ qu i| ne se blesse. '
AV/^irc rvspiror aucun sel, ni aucun parfum.
r
Porter lo malade au (fois, desserrer le» vêlements; compresses d'eau froidu Huiler la cltateur.
Isieolattoni à la tele ; frictionner loir* les membres et la poitrine', sinapismes nux
* jarulut,

nw^r*ee«f*
___._»
Provoquerles vomissements __^_
par l'emploi d'eau tiédo ou lo chatouillementde"
|a gorge; cnu additionnéedo 10 gouttes d'alcali volatil. Ëuitt-r loulciMlloiiatcooliouc. " " *

I.oxutlow*. iJonipreMes-d'caii frolcho.


^itei- li.iiji-» wialjtroarea, urine, sangsues. - A'tf p.» iwwr fc4 to'"Ç
m dan* Vreil.
^l''"" fAkho'' d*M '* l'"eC"°ndM &n^i01' ,,,MIB*" ,a P*«l»*re i bain ,Vc pas frotter foelt. A'e pas chercher a extraire le corps A vce un o'vri ; ,«< <

KS dan» l'oreillo~ Injections d'hwle et, son défaut, de dOcoctions cniolheiilcs.


A A'e p,-,s chercher a oitratner ta corps en introduisant un ohjel
quiTT-T^
3* Chercliert» entraîner lo corps a\c: le* doiyi» ; faire avaler de» boulcite* do jVi.iiroduiro auciui objet.
b gorge. mie de pain ou des fragmentsde pomme de terre, aussi gros que possible;
*\
JS ^°1*
au bcsmn provoquer les vomissements.
Lava«o avec un linge iré» propre trempé dan» une solution antiseptique, Eviler tc, ,,„
?toi„ malprwprcK cl ,a el,arp,e, l'emploi d«l ln.1, u,-,.
^'
>tal«S. puis compresse delà mémo solution ou laile d ouate hydrophileou de gaze Uel ((M t< .
^c urelr

<,aucun i(lf|rl,M1#nl
antiseptiquemaintenuepar une bnnde. " '
Couehn le pauçnt a l'air, la tète basse ; des^rm les vêtements ; bassiner Evilei. Je ,Ilc|lrg ,c ,.lllC(ll tur (0)l (caril ,, lo Wa jlûu(<
•jneopo !«• tempe* et lo front 6 leau froide; faites respirer do léllicr çt, A «on de- «..»(-
faut, du vinaigre. — Respiration artificielle

Reaplrnllnn nrliflelclle
*rocMé Sulecaier. — Coucherl'asplivxié sur lc dos et soulever la tele ri les épaules par un vêtement roule, uno couverture, en coussin..... '-"
aide lient les pied* pour maintenirle corps immobile. — L'operateur placé à la lêle *aiail le* bras de l'asphyxié prts des coudes, tes ovanl-!'-'
•tant portés rapidement,mais aans violence, au-dessusde la i*je en leur faisaiitdêcriic unnre de cercle. Puis il les rameno & la première posi'.
ei rteoinmence,U s'arrête de temps en temps. — Pyocédè Laoardt. — Saisir la langue avec un mouchoiret sutercer une tradjoi! rylbmve.

Suicides. — Sauvetage en cas d'accidents de chemin do fer, d'éboulemont de maism,


de tremblement do terre, d'avalanche, etc. — Transport des malades en cas
d'épidémie.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 613

RÉPARATION SOCIALE

Origine de l'assurance contre les accidents du travail : Ordonnance


(!<> 168i, règles maritimes de Wisby.
— La République de Hollande de
1665.— Les Compagnies : créations anglaises en 1849, des États-Unis en
(863, d'Allemagne en 1865, de Belgique en 1853, de Suisse, des Pays
s
andinaves, de Russie, d'Italie. — L'assurance accidents en France et
mn fonctionnement : La Seine, (chevaux et voitures), fac-similé d'une
ri cille police. — La Caisse paternelle (assurance des voyageurs).
- - La Préservatrice mutuelle (assurance collective). — Le Soleil-
Sécurité générale et Responsabilité civile réunis, compagnie à primes.
-La Caisse nationale de 186S. — De 1876 à 1884, de 1884 à 1895. —
Créations et disparitions de Compagnies. — Sociétés de secours mutuels,
professionnelles et Caisses syndicales. — Compagnies étrangères en
France. — Syndicat général, son but.
Si nous ouvrons le livre de l'histoire, nous trouvons quelques docu-
ments recueillis par les auteurs, nous permettant d'assigner une nais-
sance déjà bien ancienne à l'assurance contre les accidents.
Chez les Romains où le travail servile résumait toute l'organisation
économique, la réparation sociale de l'accident ne pouvait exister, l'homme
était soigné comme peut l'être un animal domestique, c'est-à-dire en rai-
son du profit personnel que le propriétaire attachait à sa guôrison.
Plus tard, avec le travail libre développé, viennent les corporations
romaines, les Grildes germaniques et saxonnes, les corporations fran-
çaises, les confréries qui accordent seulement l'assistance, c'est-à-dire la
réparation humanitaire de l'accident.
On retrouve seulement des vestiges d'existence de l'assurance contre
les accidents aux mots :' Assurance et police contenus dans l'édition du
Dictionnaire de Trévoux. « On peut faire assurer — disent les commen-
tateurs de l'Ordonnance de Colbert — la liberté, non pas la vie des
personnes ; on peut pourtant assurer contre tout accident, excepté la
mort naturelle. Par l'Ordonnance de la Marine de l'année 1681, il est
défendu de faire assurer le profit espéré sur les marchandises chargées
dans le vaisseau, et de faire assurer au delà de la valeur des marchan-
dises. L'assurance n'a point de temps limité, et celle qui se fait par mois
e l usuraire.

De son côté M. H. Lomas Smith a affirmé, à l'Institut des Assurances


d-.: la Nouvelle-Galles du Sud,
que l'assurance accidents était vieille d'au
moins trois siècles. Enfin dans un article intitulé: Genèse de VAssu-
614 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

rance contre les Accidents, la W estent Insurance Review écrivait en


1888 :
« Dans les Règles Maritimes de Wisby, portant la date de 1541, il
est fait mention d'une pratique des armateurs, assurant la vie de leu s
maîtres d'équipages contre les périls de mer. Un travail français, publié
en 1661, contient le détail des diverses formes d'assurances, et l'on y
trouve ce qui suit : « Une autre espèce d'assurance est en usage chez
« certaines nations, où l'on assure la vie des hommes, c'est-à-dire qu'en
« cas de décès accidentel, pendant un voyage, on paye une certaine
« somme à leurs héritiers ou créanciers, »
Enfin la Revue des Assurances a apporté sa pierre à la reconstitution
de l'histoire et publié ce qui suit en 1889:
Lorsque l'Angleterre déclara la guerre à la République de Hollande
en 1665, le gouvernement de ce dernier pays, pour favoriser les enrô-
lements, institua lui-môme une sorte d'assurance militaire contre les
accidents et blessures du fait de guerre. Voici l'échelle des indemnités qui
furent fixées, suivant la nature des blessures.
Bien entendu, il s'agit d'une somme une fois versée, et non d'une
retraite :

Perte des yeux fr. 1.600


— d'un oeil 300
— des deux bras 1.600
— du bras droit 500
— du bras gauche 300
— des deux mains 1.300
— de la main droite 300
— de la main gauche 250
— des deux jambes 150
— d'une jambe 350
— des deux pieds 500
— d'un pied 210

Il reste donc acquis la preuve que l'assurance accidents existait avant


1849, époque où l'Angleterre en révèle la pratique par la création de la
Railway passengers insurance Company.
Sept années plus tard apparaît à Londres la seconde compagnie, 1;*
Norwich and London et l'Accident, en 1866.
En 1869, la London garantee and accident est également créée.
-• L'activité anglaise ne s'étend cependant pas au delà de l'assurant:: 1
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 615

des voyageurs (1), on ne connaît pas encore au delà du détroit


l'assurance collective et l'assurance pour la responsabilité civile des
patrons.
C'est de 1875 à 1882 seulement que, poussées par la législation
qui poursuit son oeuvre, on voit naître l'Impérial Union accident,
la Provident Clerk, la Scotish accident, YEmployers liability and
loorkmen, YEmployers liability insurance corporation, la Northern
accident.
Au risque professionnel qui se développe peu chez nos voisins, les
Compagnies joignent l'assurance cautionnement qui obtient un vif
succès (2)....
En 1863, aux États-Unis, deux Compagnies seulement existaient dans
TÉtat de Connecticut, à Hartford : la Railvoay passengers insurance et la
Travellers insurance Company. Celte dernière, créée sur le modèle des
sociétés anglaises, et n'ayant d'abord pour but que les risques de voyage,
étendit peu à peu ses opérations à tous les accidents, puis à l'assurance
sur la vie et aux rentes viagères. Elle n'assure pas les incapacités tem-
poraires, mais seulement la mort et l'incapacité absolue ; elle ne pratique
pas l'assurance collective. Les deux compagnies qui viennent d'être dési-
gnées ont fusionné en 1876.
A partir de cette époque, les États-Unis couvrent largement le risque
accident en général et l'assurance individuelle en particulier (3).
Les sociétés genre assessment qui exploitent de préférence l'assu-
rance individuelle deviennent très importantes dans ce pays. Ainsi, pour
on donner un exemple, en 1892, la United States Mutual accidents avait
921,024 dollars d'encaissement de primes et 1 milliard 500 millions de
francs d'assurances en cours...
-
En Allemagne, on crée une Compagnie accidents en 1865 à Franciort,
ses opérations étaient limitées aux risques des voyageurs.
D'ailleurs, en Allemagne, l'assurance des personnes contrôles risques
des voyages formait depuis longtemps une branche accessoire d'assurance
exploitée par quelques Compagnies d'assurances sur la vie (la Concordia,
la Thuringia), quand, on 1871, fut votée la loi du 7 juin 1871 réglant la
responsabilité des accidents occasionnés par l'exploitation des chemins
de fer, des mines, etc., déclarant l'entrepreneur responsable de tout
accident qui n'est pas causé par la force majeure ou la faute de la victime.
Cette loi a fait prendre à l'assurance contre les accidents un rapide essor.

(1) Voir page 268.


(X) Voir page 228.
(3) Voir Histoire de t'Assurance aux États-Unis, page 219.
616 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

D'après une étude de M. Lefort dans le Recueil périodique, à la fin do


l'année 1879 l'Allemagne comptait neuf Compagnies d'assurances contre
les accidents : le Prometheus, fondé à Berlin en 1871, la Compagnie d'As-
surances Générales contre les accidents et V Association allemande contre la
accidents et l'incapacité de travail créées à Leipzig en 1871 et en 1872, la
Société d'Assurances contre les accidents de Chemmitz (1872), la Compa-
gnie d'Assurances de Magdebourg (1872), la Compagnie silésienne d'assu-
rances sur la vie établie à Breslau en 1872, et la Rhenania de Cologne
(1873), la Société Générale d'Assurances allemande de Stuttgard (1875), et
la Banque d'assurance contre les accidents de Dresde et de Stuttgart
instituée à Dresde en 1876.
A cause des lois d'assurances obligatoires de 1881 dont nous avons
parlé précédemment (1) et dont nous verrons les résultats plus loin,
l'assurance ouvrière étant fermée aux Compagnies, celles-ci se rejetèrent
sur l'assurance individuelle. Actuellement ces sociétés sont nombreuses
et prospèrent. L'Autriche et le Danemark ont suivi le mouvement
allemand.
En Belgique, il existe deux Compagnies, la Royale Belge fondée
en 1853, et qui exploite les deux systèmes de l'assurance individuelle
et de l'assurance collective, et la Compagnie Belge d'Assurances
Générales.
La Suisse compte trois grandes Compagnies d'assurances contre les
accidents, la Zurich, la Bàloise, la Widerthur.
Les pays Scandinaves ont adopté vigoureusement l'assurance
contre les accidents. Six Compagnies ont été fondées à Stockholm,
de 1881 à 1891, une autre à Christiania en 1885, une à Copenhague
en 1884.
La Russie possède deux Compagnies ainsi que l'Italie qui a inauguré
un système d'État au moyen d'une caisse nationale dont nous noterons
plus loin les résultats.
La France est le pays où l'assurance accident est le plus développée,
mais au contraire de l'Angleterre ni l'assurance cautionnement ni
l'assurance des voyageurs ne se pratiquent. Par contre, les Compagnies
garantissent tous les autres risques qui peuvent atteindre les hommes dans
l'exercice de leur profession.
En 1830, la Seine, devenue dans la suite V Urbaine et la Seine,
pratique l'assurance des chevaux et voitures.
Voici lé fac-similé d'une de ses premières polices.

(1) Voir page 595.


HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET.A
L'ÉTRANGER 617

Les articles suivants 1 et 12 de la police en vigueur aujourd'hui : ce


qu'on assure et ce qui est excepté de l'assurance, exposent suffisamment
lo but de cette assurance :
ARTICLE PREMIER. — U Urbaine et la Seine assure les propriétaires
contre les accidents qu'ils peuvent causer au préjudice d'autrui, en circu-
lant avec leurs voitures désignées dans cette police.
Cette garantie s'étend à toute la France ; mais elle ne comprend que
les voitures attelées, appartenant à, l'assuré, et conduites par lui ou par
ses préposés, du sexe masculin, âgés d'au moins dix-huit ans.
Les accidents causés par les chevaux montés ou conduits haut-le-
pied peuvent aussi être assurés par une clause spéciale, moyennant
une prime complémentaire.
ART. 12.
— Les accidents éprouvés par les personnes transportées
(eonducteurs, préposés, voyageurs et autres) ; ceux qui surviendraient
p;1!- suite de l'état d'ivresse du conducteur; les dégâts ainsi que la perte
de- objets contenus dans les voitures assurées et les dommages que la
cli'Ue ds ces objets pourrait occasionner à des tiers,
— ne seront pas
garantis par cette assurance.
618 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Quelques années plus tard, la Caisse paternelle entreprend l'assu-


rance des voyageurs (1).
Quoique de nombreux projets de loi sur l'assurance ouvrière aient
été déposés et discutés depuis quinze ans, les Compagnies conservent
encore la garantie du risque qu'elles ont créé : LE RISQUE PROFESSIONNEL,
C'est en effet la Préservatrice Mutuelle qui, en 1861, innove la police
collective (2). La Caisse des Entrepreneurs de Paris et la Sauvegarde des
Travailleurs contre les accidents corporels, constituée à Rouen, sont
également établies vers cette ô ] ce ne.
Quatre ans après, en 1864, est fondée la Préservatrice, compagnie
anonyme à primes fixes. En 1865, la Sécurité générale, qui devint le Soleil-
Accident-Sécurité générale et Responsabilité civile réunies, est constituée.
La loi du 11 juillet 1868 institue la Caisse Nationale d'assurance contre
les accidents, garantie par l'État, dont nous avons déjà parlé et que nous
verrons plus loin fonctionner (3).
Enfin, de 1876 à 1884, cette branche d'assurance se développe et un
grand nombre de Compagnies s'organisent pour l'exploiter.
Vers la fin de 1884, dix-neuf compagnies d'assurance contre les
accidents existaient à Paris seulement, c'étaient la Préservatrice, le Soleil-
Sécurité générale, l'Assurance française, la Compagnie générale, la Con-
fiance, le Monde, la Centrale, la France industrielle, le Secours, l'Indus-
trie nationale, l'Urbaine et la Seine, le Patrimoine, la Prévoyance, la
Garantie générale, la Caisse Générale des Familles, l'Abeille, la Provi-
dence, la Caisse paternelle, la Prospérité.
De 1884 à 1895 un certain nombre de Compagnies disparaissent soit
par la liquidation, soit par la réassurance de portefeuille. Citons : Y Acci-
dent, Y Assurance française, la Caisse paternelle, la Cen'rale, la Cité, la
Confiance, la France industrielle, la Garantie générale, l'Industrie natio-
nale, Y Industrielle, le Monde, la Prospérité, la Protection.
Actuellement, les Compagnies nationales d'assurances contre les
.
accidents qui existent en France sont au nombre de 15. En voici la liste :

1861, la Préservatrice. —1865, le Soleil-Sécurité générale.— 1876,1a


Compagnie générale. —1877, la Foncière Transports. — 1880, le Secours,
l'Urbaine et la Seine, la Prévoyance, le Patrimoine. — 1881, la Caisse
des Familles, Y Abeille, la Providence. — 1882, la Thémis. — 1883, Y Éter-
nelle. — 1884, la Prévoyante,—1885, la Française.—1890, l'Industrie fran-

ci) Voir page 275.


(2) Voir pages 412 à 415.
(3) Voir pages 163 à 173 et plus loin p^ges 638 à 644.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L ÉTRANGER 619

aise. —1892, la Réparatrice. —18,93, la Société Générale des Assurances



agricoles et la Mutuelle Générale française.
La Parisienne créée en 1829 et la Célérité fondée en 1865 assurent
pécialement contre le bris des glaces....

A côté des Compagnies d'assurances évoluent les Sociétés de secours
;
uduels qui n'assurent pas les adhérents dont le métier ou la profession
-ont dangereux, les Sociétés ouvrières de production qui organisent
(litre leurs membres des associations de secours mutuels, les Caisses
patronales qui fonctionnent, sous la forme de Sociétés de secours mutuels,
en faveur des ouvriers de la grande industrie (1), les caisses spéciales
d'assurances patronales qui sont complètement à la charge du chef de
l'industrie, les Assurances mutuelles par les Chambres syndicales dont
la plus ancienne est la Mutuelle des Entrepreneurs de maçonnerie fondée
en 1859, enfin les Caisses syndicales.
Au nombre de ces dernières, notons la Caisse d'Assurance mutuelle
des Chambres syndicales de la rue de Lancry, la Caisse mutuelle
si/ndicale des Forges de France et celle des Matières textiles.
Voici, d'après Ernest Tarbouriech, le fonctionnement de ces caisses
professionnelles :
75. — Caisse mutuelle syndicale des Forges de France et Caisse des
industries textiles.—La première a été fondée par le syndicat patronal inti-
tulé Comité des forges de France, le 27 juin 1891. Elle assure les ouvriers
ci employés des grandes industries du fer et de l'acier (extraction de
minerais, fours à coke, hauts fourneaux, fonderies, forges, laminoirs,
ateliers de chaudronnerie, de construction mécanique, tréfileries,
clouteries, fabriques de ferronnerie), dont le salaire annuel ne dépasse
pas 3,000 francs.
Elle assure aux victimes les indemnités suivantes :
Pour l'incapadté permanente absolue, une rente variable entre
20 et 33 0/0 du salaire annuel, suivant les charges de famille de la
victime, sans que la rente puisse dépasser 600 francs par an, le minimum
do 20 0/0 étant attribuable au célibataire sans ascendants à sa charge,
et une augmentation de 5 0/0 donnée par personne à la charge de la vic-
time, jusqu'au maximum de 33 0/0 ;
Pour l'incapacité permanente partielle, une rente variable entre
>> et 25 0/0 dusalaire, suivant la capacité restante de travail et les charges
du famille, avec maximum de 365 francs par an ;

(1)Consulter: la Responsabilité des accidents dont les ouvriers sont eiciimes dans
ktt." travail, Tarbouriech.
— V. Giard et E. Briôre, éditeurs, à Paris,
620 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Pour l'incapacité temporaire absolue de plus de quatre-vingt-dix


jours, une indeiinité égale à la moitié de la fraction correspondante du
salaire annuel, avec maximum de 2 francs par jour ouvrable, et ce jus-
qu'à la guôrison constatée par un médecin agréé par la société ;
En cas de mort, sur la rente qu'aurait reçue la victime en cas d'inva-
lidité permanente absolue, il sera attribué un tiers au conjoint non séparé
ou non divorcé, à la condition que le mariage ait été contracté avant
l'accident; un tiers à répartir entre les enfants jusqu'à l'âge de 14 ans,
légitimes ou reconnus avant l'accident, à condition qu'aucun ne reçoive
plusd'un sixième. Au cas où l'une des parties attribuées, soit au conjoint,
soit aux enfants, serait disponible, cette part serait attribuée, jusqu'à
concurrence d'un sixième, aux ascendants qui justifieraient qu'ils étaient,
au moment de l'accident, à la charge de la victime (article 5 des statuts).
A défaut d'entente entre le patron, la victime de l'accident et la société,
et dans le cas de procès, la caisse syndicale d'assurance mutuelle, quelles
que soient les condamnations qui pourraient être prononcées contre les
patrons, garantit ceux-ci de toutes les conséquences des condamnations,
indemnités et frais de justice de toute nature. Les rentes sont payables
par trimestre, et d'avance; elles peuvent être converties, en tout ou en
partie, en capital payé une fois pour toutes aux bénéficiaires.
76. — « Le système financier adopté, dit M. Fontaine, pour le fonc-
tionnement de la caisse, est le système do couverture : le service dés pen-
sions viagères est garanti par la constitution d'une réserve ou capital de
couverture, dont le montant est au moins égal à dix fois celui de la rente
à fournir. Un fonds de réserve de prévoyance est de plus formé avec les
économies faites sur les cotisations et autres produits de la société.
77. — Les cotisations sont proportionnelles aux salaires et à un
coefficient de risque, variable selon le danger de l'établissement. Le
tarif des risques comprend actuellement trois classes. Le taux maximum
de la cotisation annuelle, par 1,000 francs de salaire, est de 1.80 0/0 pour
la première, de 1.50 0/0 pour la deuxième et de 1.20 0/0 pour la troisième.
Jusqu'à présent il a été perçu seulement 1.62 0/0,1.35 0/0 et 1.08 0/0 et il
en sera de même en 1896. Elle se paye d'avance et par fractions trimes-
trielles
On comptait 21 établissements affiliés au 31 décembre 1891 ; ils em-
ployaient 41,000 ouvriers et leur payaient45,253,735 fr. de salaires ; trois
ans plus tard, le nombre des ouvriers assurés était de 55,801, recevant
66,439,621 francs, et travaillant dans 42 maisons.
La moyenne des indemnités payées par sinistre s'est élevée,pour mie
période de 4 ans et demi, à 1,856 fr. 40.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANOER 621

C'est à l'imitation de la Caisse des Forges, et en lui empruntant ses


statuts, qu'a été fondée, en septembre 1894, la Caisse des industries
textiles. Les recettes se sont élevées, pour l'exercice 1895, à 32,413 francs,
(i,les dépenses, à 22,047 francs ; les cotisations sont de 0 fr. 40 et 0 fr.
95 0/0 du salaire.
...
Les Compagnies étrangères qui fonctionnent en France sont :
La Zurich, la Bdloise, la Société Suisse d'Assurances contre les acci-
dents de Winterlhur, la Compagnie Belge d'assurances générales, la
Royale Belge.... (1).
Comme pour l'incendie et la vie, les Compagnies contre les accidents
sont syndiquées.
Le Syndicat général des Compagnies d'assurances â primes fixes
contre les accidents a pour but : 1° l'étude en commun des questions
coutentieuses, administratives, économiques ou financières qui intéres-
sent l'industrie des assurances contre les accidents, et en particulier
l'élude des tarifs actuels, de leur mode d'application et de la rédaction
des polices; 2° i'organisation sur un pian uniforme des statistiques qui
servent de base aux tarifs, ainsi que le classement et la coordination des
résultats ainsi obtenus ; 3° la représentation des Compagnies adhérentes
auprès du Gouvernement et des pouvoirs publics dans toutes les circons-
tances où une action commune serait jugée nécessaire.
Quelques Compagnies préférant leur indépendance restent en dehors
du Syndicat général.
En date du 18 mars 1895, le Syndicat accidents a fait partie du Syn-
dicat professionnel des Compagnies à primes fixes intitulé : Union syndicale
des Compagnies d'assurances à primes fixes de toute nature (2).
Telles sont les grandes lignes historiques de la branche accidents en,
France et à l'Étranger.

Applications de l'assurance accidents. — Combinaisons diverses :


usauraiiee individuelle {texte de la police). — Collective. — Responsabilité

(1) Dans le cliapitro de l'Histoire de l'assurance sur la vio, page 519, nous écrivons
au sujet de la Royale Bc/ge : Cette Compagnie exploitant la branche vio et accidents,
'is primes des deux branches sont fusionnées ; or, le compte rendu dos opérations de
exercice 1895 nous permet de constater que les primes et les réserves de la branche
vu; et celles de la branche accidents sont portées séparément au bilan. D'autre part
'a branche vie l'orme lc chapitre 1er du compte rendu et la branche accidents le
chapitre II.
(2) Voir pages 193 à 198.
622 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

civile (police). — Bris des glaces. — Chevaux et voitures. — Pompier*


{police). — Chasse. — Vélocipédie. — Contre l'explosion du gaz, etc., cie.
— Fac-similé d'une importante police accident souscrite à l'occasiv.'
de L'Exposition de Chicago.
De l'histoire et du fonctionnement passons à l'application de l'assu-
rance contre les accidents.
Dans un accident, on considère deux personnes : la victime ci
l'auteur. La victime éprouve naturellement un dommage, elle peut êtie
blessée ou avoir un objet détérioré, elle peut aussi être tuée ; c'e, i
alors la famille qui éprouve le dommage. Quant à l'auteur, il encourt
la responsabilité du préjudice qu'il a causé. De là, deux choses assu-
rables : d'une part le dommage occasionné, de l'autre, la responsabilité
encourue.
Pour répondre à tous les besoins qui peuvent se présenter, les
Compagnies d'assurances contre les accidents offrent une foule de combi-
naisons dont les deux principales sont : l'Assurance individuellei faite au
profit exclusif de l'assuré ou de ses ayants droit, et l'Assurance collective
faite en faveur des employés ou des ouvriers attachés au service de
l'assuré et laquelle est suivie d'un contrat dégageant la responsabilité
civile de ce dernier. Il faut citer encore au nombre des principales assu-
rances accidents l'assurance agricole, l'assurance contre les bris de
glaces, l'assurance contre les accidents de voilures et de cheoau.e,
l'assurance des sapeurs-pompiers.
il n'existe pas un seul individu, quel que soit son état, à quelque
classe qu'il appartienne, qui ne trouve dans l'assurance contre les acci-
dents une combinaison répondant complètement aux exigences de sa
situation.

L'assurance individuelle est une des divisions de l'assurance contre


les accidents. C'est une assurance qui s'attache spécialement à l'individu;
elle couvre non seulement les accidents pouvant résulter de l'exercice de
sa profession, mais encore tous ceux qui proviendraient de n'importe
quelle cause; elle le suit partout, à tout moment, en voyage, dans &<;*>

promenades, dans son atelier, dans son propre domicile. Elle prévoit los
cas de mort, d'infirmité, d'incapacité temporaire, de mutilation plus ou
moins grave. Dans chacun de ces cas, elle accorde l'indemnité convenue ;
s'il y a mort, l'indemnité est acquise aux héritiers ou à la personne
désignée.
Les métiers offrent des dangers plus ou moins grands. Pour ce.te
raison on a divisé les professions par classes, en rangeant dans Uiie
HISTOIRE GÉNÉRALE DB L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 623

même classe toutes celles qui présentent un risque égal. Quand un


assuré change de profession, il doit avertir la Compagnie, pour que sa
m-ime soit modifiée, selon le risque que son nouvel état lui fait courir.
Plusieurs Compagnies, en cas de sinistre, paient l'indemnité convenue
celui qui est victime d'un accident, sans lui demander aucune subroga-
:;
tion ; de sorte que ce dernier, après avoir reçu l'indemnité de la Compa-
gnie, peut agir contre l'auteur de l'accident, pour tenter d'obtenir de lui
des dommages-intérêts.
Certaines Compagnies françaises et étrangères cherchent à émettre
des polices individuelles intégrales comprenant sans surprime les risques
do chasse, d'escrime, etc...
Comme on le voit, l'assurance individuelle est le complément indis-
pensable de l'assurance sur la vie.

POLICE INDIVIDUELLE.
CONDITIONS GÉNÉRALES.
Tout contrat est souscrit sur la foi des déclarations de t'assura ou du contractant,
ci-après transcrites. L'assuré est la personne sur la tète de laquelle repose
l'assurance ; il peut être à la fois l'assuré cl le contractant.
(Articles principaux.)
ARTICLE PREMIER. — La Compagnie assure la personne ci-après dénommée contre
les accidents dont elle peut être atteinte durant le cours de la présente police.
ART. 2..— Les conséquences que les accidents entraînent sont divisées en trois
classes : la mort ; l'infirmité peruianonto et définitive, telle qu'elle est spécifiée par
l'article suivant ; l'incapacité temporaire de travail.
Les conditions particulières ci-après indiquent les classes d'accidents à l'égard
desquelles la présente assurance ressort eiTet, ainsi que lo chilïro des indemnités
correspondant à chacune d'elles.
Un même accident ne pouvant jamais donner droit à plusieurs indemnités,
l'assuré ou ses ayants cause ne reçoivent que l'indemnité inscrite aux conditions
particulières ci-après, savoir : ou le capital stipulé on cas de mort, ou l'une des
indemnités stipulées en cas d'infirmité, ou l'indemnité quotidienne stipulée en cas
d'incapacité temporaire de travail.
Les indemnités ne sont dues que lorsque la mort, l'infirmité ou l'incapacité tempo-
raire de travail ont pour seule et directe cause un accident traumatique occasionné
p;ir le feu, les jets de vapeur, les chutes dans l'eau et par tous chocs violents avec un
corps compact, la garantie dans les cas de chute daus l'eau étant limitée à la mort
résultant d'asphyxie immédiate.
Ne sont pas considérés comme accidents et sont par suite exclus de la garantie
iUi la présente police les durillons enflammés, les
ruptures de vai\ces, les hernies
anciennes ou récentes, les rhumatismes, les maux de reins et lumbagos, les ruptures
musculaires, les furoncles et toutes autres affections ne résultant ni d'un choc violent
ivec un corps compact, ni de l'action du feu, ni de jets de vapeur.
624 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

ART. 3. — L'infirmité est divisée en six catégories :


1° Perte complète de la vue ou de l'usage do deux membres;
2° Porte complète de l'usage d'un membre inférieur; amputation ou fracture 111,11
consolidée de la cuisse ;
3° Perle complète de l'usage ou amputation d'un membre supérieur ; de toutes lus
parties situées au-dessous du coude ; d'une main ; des parties situées au-dessous du
genou ; d'un pied ; — fracture non consolidée de la jambe ;
4° Perte complète de l'usage d'un oeil; ablation de la mâchoire inférieure; fracluie
non consolidée d'un bras; amputation ou perte complète de l'usage de quatre doiyis
d'une main ; amputation partielle du pied comprenant tous les orteils et une partie «lu
pied ;
5° Perte complète dos mouvements ou de l'usage do l'épaule, du coude, de la
hanche, du genou, du cou-de-pied; amputation ou perte complète de l'usage du pouce
ou de trois autres doigts d'une main; amputation du gros orU-il ou de quatre autres
orteils d'un pied ; fracture non consolidée de la mâchoire inférieure; fracture de la
rotule vicieusement consolidée ; raccourcissement d'un membre inférieur de ciinj
centimètres au moins; fistule uriuaire; anus contre nature;
6° Amputation ou perte complote de l'usage d'un ou do doux doigts d'une main:
amputation de deux ou trois orteils d'un pied ou de (maire phalanges d'une main ;
perte Complète des mouvements du poignet; raccourcissement d'un membre inférieur
de trois centimètres au moins.
Toutes les infirmités non ônumérées dans les six catégories ci-dessus seront consi-
dérées comme une incapacité temporaire de travail et ne donneront droit qu'à
l'indemnité quotidienne prévue par les conditions particulières ci-aprôs.
Lorsqu'il résulte d'un même accident plusieurs des infirmités prévues et définies
par le présent article, les indemnités attribuées ;i chacune d'elles par la poiice se
cumuleront, sans que, néanmoins, le total do ces indemnités puisse dépasser le chiffre,
de l'indemnité correspondant à la catégorie qui précède immédiatement la catégorie
de la plus grave infirmité dent l'assuré aura été atteint.
En uucun cas l'assuré n'aura droit à une indemnité plus forte que celle prévue
dans la police pour les infirmités do la première catégorie.
ART. 7. — La Compagnie no répond pas des cas de mort, d'infirmité ou d'incapa-
cité de travail résultant :
1° D'une maladie quelconque se déclarant avant, pendant ou après un accident,
qu'elle soit directement ou conjointement avec l'accident la cause de la mort ou du
l'incapacité de travail ;
2° De suicide, de mutilation volontaire, d'empoisonnement, de duel, d'insurrection
et de guerre ;
3° D'ulteututs et agressions quelconques, de rixes, do luttes, sauf le cas constaté
de légitime défense;
4° D'aliénation mentale, d'épilepsio, de surdité, d'ivresse, de hernie, d'une
opération exécutée pour la guérison des maladies, excepté l'opération chirurgicale
exécutée pour la guérison d'accidents garantis par cette police ;
5° D'actes ou actions contraires aux lois, règlements ou ordonnances soit public*,
soit particuliers, relatifs à la sûreté des personnes, de l'usage d'un vélocipède à moins
de dérogations aux conditions particulières ci-aprôs, d'un steeple-chase ou d'une luitc
de vitesse à cheval sur un champ de course, d'ascension aérienne.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE Et A L'ÉTRANGER 625

ART. 8. — En cas d'accident, le contractant ou toute personne en son nom doit,


dans les deux jours do l'accident, en l'aire la déclaration au siôgo do la Compagnie ou
de l'agence, et, dans les dix jours, produire au mémo siège :
I" Une déclaration écrite indiquant la date de l'accident, lo lieu et les circons-
tances dans lesquelles il s'est produit, le nom et la demeure des témoins et des tiers
,.ui ont pu le causer; elle devra aussi relater si les représentants do l'autorité sont
intervenus pour dresser procès-verbal do l'accident;
;>" Un certificat d'un médecin ou d'un chirurgien diplômé relatant les causes do
l'accident, sa nature, ses conséquences connues ou présumées ('mort, infirmité ou
incapacité temporaire de travail).
L'inexécution do ces formalités dans les délais prescrits l'ait perdre le droit à
l'indemnité.
Les documents ci-dessus sont fournis aux frais dos bénéficiaires et doivent être
revêtus des signatures et des légalisations nécessaires pour en assurer l'authen-
lii'ito.
Lo paiement des indemnités dues par la Compagnie reste toujours subordonné à
la production do ces pièces et de tons autres documents prouvant le droit de représen-
tant ou de bénéficiaire légal.
AHT. 18. — La durée do la présente police est i'wèe à dix années consécutives. Si,
>is mois au moins avant son expiration, l'une des parties n'a pas déclaré à l'autre
partie, pur lettre recommandée, son intention de faire cesser l'assurance, la police
rouanne pendant une nouvelle période de dix années.
ART. 1!;. — L'assurance est résiliée do plein droit, sans qu'il soit besoin d'aucune
notification, à dater d'un accident ayant entraîné la mort ou l'une des infirmités
prévues par l'article 3 ci-dessus, et à dater du jour où l'assuré a atteint l'âge do
îu ans, lors même que la prime aurait continué par erreur à être perçue.
Après chaque accident ayant entraîné une incapacité leniporairo de travail, la
Compagnie aura le droit de résilier la police, par simple lettre recommandée, si lo
montant dos indemnités quotidiennes payées depuis la dato de la police dépasse 50 0/0
du montant des primes échues.

I,'assurance collective s'adresse aux chefs d'établissements, usines,


chantiers, ateliers, etc., qui ont un personnel à leur service. Elle est sou-
scrite par le patron au profit de ses ouvriers et porte non seulement sur
toutes les personnes salariées par le souscripteur au moment de la signa-
ture du contrat, mais encore sur celles qui pourraient l'être durant le
(•ours delà police. Le patron est donc tenu d'inscrire très régulièrement
les noms, salaires et heures de travail de tous ses salariés sur des
registres spéciaux. Le groupe des travailleurs constitué par une môme
«sine ou entreprise est censé former un seul et même risque dont
1ensemble, pour l'application de la taxe, est représenté, tout à. la fois, par
la totalité des journées de travail de dix heures et
par le montant de la
"lain-dVi-uvre y correspondant. L'assurance collective garantit aux
ouvriers, en cas d'accident arrivé dans l'exercice de leur profession, une
indemnité ou une rente viagère, selon que l'accident a entraîné une inca-
44
620 HISTOIRE GÉNÉRALE OE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

pacitô temporaire ou une incapacité permanente et absolue. Quand il y a


mort, l'indemnité convenue est versée par la Compagnie aux héritiers.
Cette assurance couvre gratuitement en même temps la responsabilité
civile du patron jusqu'à une somme déterminée. Cette responsabilité
découle des articles 1382, 138:}, 1384, 1385 et 1386 du Code civil et aussi
de certaines ordonnances de police (1). C'est le patron qui contracle l'assu-
rance et qui paye les primes; c'est donc à lui, s'il le juge à propos, de
réclamer à ses ouvriers la prime qu'il peut facilement retenir sur leur
salaire; il y ajoute souvent la part qu'il doit pour la garantie de s;i
responsabilité civile. Kntln, le patron concourt au payement des charges
annuelles au prorata des indemnités garanties et du coefficient de risque
représenté par son établissement, et cer en conformité des indications
fournies par des tableaux de classification préalablement dressés.
Ces tableaux toutefois restent toujours révisables à mesure des
éclaircissements apportés par l'étude de la statistique, sans que la révision
puisse avoir d'effet rétroactif.
Le souscripteur, à la fin de chaque trimestre, dresse un étal des
journées de travail de dix heures faites, ainsi que du montant de la main-
d'oeuvre gagnée par tout son personnel; il transmet cet état à la Société.
Ces feuilles et ces registres de comptabilité étant la base d'après
laquelle se calculent les cotisations dues et se justifie l'identité des salariés
atteints d'accidents, la Société les fait vérifier à domicile par des agents
et inspecteurs de son choix, afin de s'assurer si les inscriptions sont
régulièrement faites et si les déclarations trimestrielles, en ce qui
concerne le nombre des journées de travail et le montant des salaires,
sont sincères et exactes (2).
Les accidents sont divisés eri cinq catégories, selon qu'ils entraînent :
l°la mort ; 2° une incapacité permanente et absolue (autrement dit, impos-
sibilité, par suite de mutilation, de faire aucun travail); 3" une iurapm /V
permanente du travail professionnel (impossibilité, par suite demulilalion,
de continuer le travail de sa profession) ; 4° incapacité permanente
partielle (infirmité diminuant ht valeur du travail professionnel) ; 5° enliu,
incapacité temporaire (blessures nécessitant un repos temporaire).
A chacune de ces catégories s'applique une indemnité spéciale. l£*
primes se calculent sur le montant du salaire.
Il y a quelquefois des patrons qui ne tiennent à dégager leur respon-

(1) Quelques Compagnies ont étendu la garantie de la responsabilité civile ;i"s


propriétaires d'immeubles (voir page 2-131.
Ci) Voir pages 412 à -115.
HISTOIRE (1ÉNÉRA1.E DE L'ASSURANCE EN FRANCK KT A l.'ÉTRANGER 027

siljililê civile que lorsqu'il y a mort ou infirmité. Les Compagnies leur


offrent alors des polices qui limitent la garantie aux accidents graves.

POLICIÎ COLLECTIVE
EXTRAITS DES CONDITIONS (1ÉNÈ1!AI.ES.
ARTICLE PREMIER. — La Compagnie garantit, dans les termes de la présente
police, les pertes pécuniaires qui résultent des accidents corporels dont pouvenl être
atteintes les personnes salariées par l'assuré, lorsque ces personnes travaillent pour
son compte dans les établissements, entreprises ou services désignés aux
conditions
parliculiéres ci-après.
La garantie ressort tant à l'égard des accidents inhérents aux risques profession-
nels des salariés qu'à l'égard de ceux qui, aux termes des lois actuellement en
vigueur, peuvent engager la responsabilité civile de l'assuré.
list considéré comme sinislro tout accident corporel traumatique occasionné par
le feu, les jels de vapeur, les chutes dans l'eau et par lous chocs violents avec un
corps compact.
La garantie dans les cas do chute dans l'eau est limitée à la mort par asphyxie
immédiate.
Sont exclus de la garantie de la présente police les durillons enflammés, les
ruptures de varices, les hernies anciennes ou récentes, les rhumatismes, los maux de
reins et lumbagos, les ruptures musculaires, les furoncles et toutes autres affections
ni! résultant ni d'uv. choc violent avec un corps compact, ni de l'action du feu, ni do
jets de vapeur.
ART. 2. — Sous la réserve prévue au troisième paragraphe du présont article
l'assurance porto et la prime est due sur toutes los personnes do tout sexe qui sont ou
seront, pendant la durée do l'assurance, employées dans les travaux en vuo desquels
la police a été souscrite,
— que ces personnes soient salariées à la journée,
à la
semaine, au mois, à l'année ou à la tâche.
En conséquence, l'assuré est tenu, sous peine do déchéance on cas de sinistres,
d'inscrire régulièrement, jour par jour, sur les feuilles do paie et les registres dont il
ot parlé à l'article 2(i ci-après, les nom, prénoms, âge, profession et domicile do
chacune des personnes travaillant ou employées pour son compte, ainsi quo le nombre
dos journées de travail de dix heures faites et le montant des salaires gagnés par
elles.
Toutefois, la Compagnie no garantit pas, lors mémo qu'ils auraient été inscrits ot
pie la prime les concernant aurait été payée, los salariés âgés de plus de 70 ans ni
ceux atteints d'une infirmité affaiblissant la vue ou l'ouïe ou causant une gène dans la
l'onction normale d'un bras ou d'une jambe, à moins qu'elle n'ait consenti à les
assurer nominalement par une clause spéciale do la police ou par un amenant ulté-
riimr.
La primo de l'aimée eu cours afférente à ces salariés, si elle a été payée par
erreur, est sujette à remboursement.
ART. 3. — La prime n'est calculée et la garantie n'est due quo sur la durée
cliéctivc du travail exécuté par chaque salarié pour le compte de l'assuré.
ART. 4. — Les conséquences qu'entraînent les accidents atteignant les salariés
soul divisées en trois classes : la mort, l'incapacité permanente de travail, l'incapacité
temporaire do travail.
628 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Suivant les conditions particulières de la police, la garantie porto ou sur les trois
classes, ou seulement sur deux : les cas de mort et d'incapacité permanente <lc
travail.
ART. 5. — L'incapacité permanente de travail se divise en trois catégorie;,
distinctes, savoir :
l catégorie : Accidents suivis de la perle complète de la vue, de l'usage de deux
1'1'

membres ou de toutes autres lésions équivalentes entraînant une incapacité porinn-


ncnte et absolue de travail;
2" catégorie : Accidents suivis do la porte complcie de l'usage d'une jambe, d'un
pied, d'un bras, d'une main ou de toutes autres lésions équivalentes entraînant une
incapacité permanente de travail professionnel ;
3" catégorie: Accidents suivis do la perlo complète d'un oeil, de trois doigts d'une
main ou d'un pied ou de toutes autres lésions équivalentes entraînant un abaissement
irrémédiable de la valeur du travail professionnel.
Tous autres cas d'incapacité de travail non énumérés dans les trois catégories
ci-dessus seront considérés comme n'ayant entraîné qu'une incapacité temporaire île
travail.
ART. (I. — Un même accident ne donne droit qu'à l'indemnité inscrite sur la
police en vue de la conséquence délînitivc qui on résulte, suivant la classe et la
catégorie dans lesquelles cette conséquence rentre, savoir : ou le capital stipulé eu
cas do mort, ou l'une des indemnités stipulées en cas d'infirmité, ou l'indemnité
quotidienne stipulée eu cas d'incapacité temporaire de travail.
ART. !). — Tout paiement est l'ait à la charge par rindoinni.sé de subroger la
Compagnie dans tous les droits qu'il peut avoir contre tous tiers responsables îles
sinistres autres que l'assuré.
Tout assuré, sinistré ou bénéficiaire do l'assurance qui traite ou plaide avec les
tiers responsables, à raison d'un sinistre garanti par la police, sans avoir obtenu
l'autorisation de la Compagnie, perd lo droit à l'indemnité prévue en sa faveur par les
conditions particulières ci-après.
ART. 10. — Les sinistrés salariés ou leurs ayants droit sont également déchus de
leurs droits à l'indemnité,- lorsque les sinistres proviennent de : suicide, mutilation
volontaire, rixe, attentat, agression, ivresse, surdité, épilepsic, aliénation mentale,
infraction aux lois, décrets, ordonnances ot règlements de l'autorité, ainsi que de fuiis
délictueux ou criminels.
ART. 11. — La Compagnie ne garantit pas los accidents qui ont eu pour cause
une infraction aux lois, décrets, règlements, ainsi qu'aux ordonnances de police
relatives à la sûreté des personnes et, notamment, au travail des personnes dans les
manufactures, ainsi qu'à l'âge et au sexe des conducteurs do chevaux et voitures
attelés ou non attelés.
Dans ce cas, l'assuré reste seul tenu vis-à-vis des bénéficiaires de l'assurance ; il
est tenu do leur solder lo montant de leurs droits, quels qu'ils soient, à raison de
l'assurance ou de la responsabilité civile.
ART. 12. — Tout sinistre doit être, par écrit, dénoncé par l'assuré ou par toute
autre personne en son nom, dans les vingt-quatre heures, au siège de la Compagnie
ou de l'agence
ART. 13. — Les indemnités dues par suite d'accident s'ont réglées après que le
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCK ET A l/ÉTRANCVER 029

médecin, délégué à cet effet par la Compagnie, a déterminé dans son rapport les
^oisjéquences définitives do l'accident
ART. l'I. — Pendant toute la durée de l'incapacité de travail, le sinistré est tenu,
JJDIIS
peine de la perle de ses droits, de se laisser visiter par les médecins et par les
inspecteurs que peut déléguer à cet effet la Compagnie.
ART. 17. — L'indemnité due par suite, soit d'incapacité temporaire de travail, soit
,1'iinapacité permanente do travail, une fois payée, dégage complètement la Compagnie
,|,.s suites que l'accident peut avoir, lors mémo que la mort ou une incapacité do
travail postérieure peut en être présumôo l'effet immédiat.
ART. 20. — Lorsque l'indemnité consiste en une rente, l'assuré, le sinistré ou
<c- avants
droit no peuvent prendre sur la Compagnie ni exiger d'elle de garantie
spéciale, sous l'orme d'inscription hypothécaire ou autrement; la Compagnie est
<('uleinent tenue à servir les arrérages do la rente jusqu'à épuisement du maximum
île garantie stipulé aux conditions particulières ci-après.
AIIT. 21. — Dans les contestations par suite d'accidents atteignant les salariés,
soii entre l'assuré et les tiers, soit ontro l'assuré et ses salariés ou ayants cause, la
Compagnie fait plaider au nom de l'assuré, lequel, par le seul fait des présentes, lui
donne tous pouvoirs nécessaires pour la direction des procès.
Tout assuré qui traite ou plaide à raison d'un sinistre garanti par la Compagnie
est considéré comme ayant renoncé aux avantages du contrat et est déchu des droits
attachés à l'assurance.
Toute signilieation, tout acte judiciaire ou extrajudiciairo notifié à l'assuré doit
('•Ire transmis, dans los quarante-huit heures do sa date, ausiègo de la Compagnie ou
île l'agence, sous peine pour l'assuré de la perte totale des droits résultant de l'assu-
rance pour les sinistres qui ont donné lieu aux significations ou actes notifiés.
Il est donné récépissé de cotte remise par la Compagnie.
L'assuré, dans les procès à lui intentés par les sinistrés ou leurs ayants droit, ne
peut, en aucun cas, mettre en cause la Compagnie ni l'appeler on garantie à peine
il'èlre déchu du bénéfice de l'assurance.
Si la Compagnie refuse de se charger du sinistre, l'assuré et la Compagnie font
ju^er séparément leurs contestations par los tribunaux compétents.
L'assuré s'oblige à aider la Compagnie par tous los moyens en son pouvoir en vue
ilu règlement amiable do toutes contestations avec los salariés et à lui fournir tous
lenseigriemonls ot documents possibles, soit pour faciliter les transactions, soit pour
la défense en cas de procès.
ART. 22. — L'unité de risque et de primo est représentée par la journée de travail
'le dix heures.
Toutefois, la police peut stipuler que lo taux de l'unité de prime inscrit sur la
police sera décompté à raison d'un quantum équivalent, perçu sur le montant de la
iiiiiin-d'oeuvre payée en espèces à l'ensemble des salariés. Dans ce cas, le prix moyen
de revient de dix heures de travail, déclaré par l'assuré, sert de base pour déterminer
le chiffre de
ce quantum.
ART. 23.
— Sous peine do déchéance en cas de sinistre, l'assuré est tenu, à la fin
('o chaque trimestre, de faire connaître à la Compagnie le nombre total des journées
'le travail de dix heures effectuées par tout
son personnel pendant les trois mois
''oulés ainsi que le montant total des salaires y correspondant
— Toute réticence, toute fausse déclaration de l'assuré, au moment de
'VUT. 29.
IÎ3II HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANTE EN FllANVE ET A L'ÉTRANGER

la signature de la police ou durant son cours, dégage la Compagnie de toute garamie


à l'égard tant de l'assuré que des sinistrés et de leurs ayants droit, notamment si elle
a eu pour effet, par exemple :
1° De diminuer l'importance de la prime à appliquer au risque inhérent à la naluio
dos travaux garantis et au nombre de personnes y occupées ;
2° De modifier la cause et la nature des sinistres ;
3° D'induire la Compagnie en erreur relativement au nombre do journées. il(:
travail effectuées par l'ensemble du personnel et au moulant total de la main-d'nnivre
payée.
Dans chacun de ces cas de réticence ou de fausse déclaration, la Compagnie poui
exiger le paiement des primes réellement ducs et répéter contre l'assuré le montant
des dépenses qu'elle aurait indûment pavées par suite de sinistres; elle peut eu outre
résilier le contrat par lettre recommandée.
ART. 30. — La Compagnie se réserve le droit de résilier la police après clinqi»,
sinistre déclaré, liquidé ou payé, par lettre recommandée.
Celte résiliation, pour être valable, devra être notifiée dans le délai d'un mois à
partir de la date du sinistre ou do son règlement et huit jours au moins avant la prise
d'effet de la résiliation.
ART. 31. — La durée de la présente police est fixée à dix années consécutives non
seulement pour les parties, mais encore pour les ayants droit, associés, représentants
ou successeurs de l'assuré ; si, six mois au moins avant son expiration, l'une nV
parties n'a pas déclaré à l'autre partie, par lettre recommandée, son intention dp
faire cesser l'assurance, «la polico continuo pondant une nouvelle période de dix
années.
GOND1TIONS PAHTICULIKRES.

Lesquels accidents donnent droit aux indemnités ci-après :


En cas de mort .'
1" A l'époux survivant non séparé ni divorcé qui reste avec un ou plusieurs
enfants légitimes au-dessous do sci/.e ans, ou aux enfants légitimes âgés de moins Je
seize ans s'il n'y a pas d'époux survivant, à une indemnité de douze cents francs ;
2° A l'époux survivant non séparé ni divorcé, sans enfants ou ayant des cillants
légitimes âgés de plus de seize ans, à une indemnité de neuf cents francs ;
3° Si le sinistré est célibataire, vouf, séparé ou divorcé sans enfant légitime, aux
ascendants ou aux frères et, soeurs, ces derniers âgés do moins de seize ans, dont i!
est le soutien, à une indemnité de trois cents francs ;
En cas d'incapacité permanente de traçait, à la victime :
1° Pour les infirmités de la première catégorie, à une indemnité de trois milli'
francs ;
2° Pour les infirmités de la deuxième catégorie, à une indemnité de deux mill'
francs ;
3° Pour les infirmités de la troisième catégorie, à, une indemnité de mille francs;
En cas d'incapacité temporaire de travail, à la ciciime :
Pendant une période n'excédant pas quatre-vingt-dix jours, à une indemne
quotidienne de et, à partir du quatre-vingt-dixième jour jusqu'à la guérison, à I»
moitié de cette indemnité ; le premier jour de la. cessation effective du travail, I'"
dimanches et jours fériés no donnent pas droit à l'indemnité.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L*ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 631

Le principe de l'assurance collective à été appliqué aux ouvriers


employés aux travaux d'agriculture. Ceux-ci ont droit à une indemnité
,|Uotidienno en cas d'incapacité temporaire, et à une rente viagère en cas
d'incapacité permanente. S'il y a mort, les héritiers touchent une indem-
nité déterminée à l'avance. Le prix des primes est basé suivant les dangers
qu'offre l'exploitation...
Il s'est formé des Compagnies qui assurent le bris do glaces, cat'roaux,
vitres, etc. L'importance du risque varie selon la situation des glaces et
la profession exercée par l'assuré.
Toute personne qui brise une glace doit payer le montant d'une
»-lare de même dimension et de môme qualité; elle est responsable, en
outre, des frais de pose.
L'article 1154 du Code civil établit qu'un propriétaire n'est pas tenu
,i la réparation des vitres, à moins qu'elles no soient cassées par la grèln

ou autres accidents extraordinaires el de force majeure, dont le locataire


ne peut être tenu
L'assurance des chevaux et voitures est une des grandes divisions de
l'assurance contre les aecidenls. Il faut considérer trois sortes d'accidents:
l'accident causé à des tiers par les chevaux et voitures de l'assuré ; l'acci-
dent causé aux chevaux et voitures de l'assuré par des tiers; enfin
l'accident causé aux chevaux et voitures de l'assuré par lui-même ou ses
préposés. Dans ce dernier cas, il peut y avoir choc avec un tiers, oU
contre un mur, un arbre, etc., comme il se peut très bien qu'il n'y ait ni
contact ni participation des tiers.
Les primes varient selon la nature de la voiture et des chevaux,
l'usage auquel ils sont employés et les pays où ils circulent (1).
L'initiative communale et l'initiative privée n'ont pas attendu la
promulgation de lois pour venir en aide aux pompiers victimes d'acci-
dents (2).
l>'n France, toutes les Compagnies accidents accordent aux communes
,
ou aux pompiers qui désirent s'assurer, une tarification spéciale en rapport
avec le risque. En Belgique, mêmes procédés sont employés à l'égard des
pompiers libres. Voici sur quelles bases les communes de ce pays
contractent leurs assurances :
Le taux de la prime est de 41 centimes par 100 francs assurés ;
chaque homme étant censé gagner 5 francs par jour ou 1,825 francs par
an, la prime annuelle est donc de 7 fr. 48 par an et par homme.

il) Voir page (il7 la. Police de la Seine.


i'4) Voir Assurance incendie, nages 431 et suivante*;.
032 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Moyennant quoi les assurés auront droit à 3 fr. 75 par jour en cas
d'incapacité totale temporaire et ce, pendant six mois au plus.
En cas d'incapacité partielle, permanente et incurable de travail
constatée dans les trois mois, le blessé reçoit une rente viagère calculée
sur 53:5 fois, 267 fois ou 160 fois le salaire quotidion (supposé do 5 IV.j
selon le plus ou moins de gravité de la blessure.
Tous les cas d'accidents sont parfaitement stipulés dans la police
d'assurance.
En cas de mort, les héritiers directs de l'assuré reçoivent 800 fois le
salaire quotidien, soit 4,000 francs.
En France, des dispositions à peu près semblables ont été prises
entre la Fédération des pompiers et la Mutuelle militaire (1).
Voici, d'après une police d'une grande Compagnie française, un
aperçu des conditions en vigueur pour l'assurance des pompiers en
France :
l'OI.IfT. 1)KS SAPKURS-eoMl'imiS
EJ (rails des Conditions générale*
ARTICLE P-REMIER. — La Société assure la commune désignée ci-après, et jusqu'à
concurrence des indemnités stipulées aux conditions particulières qui suivent contre
los secours et pensions qu'elle peut avoir à servir en vertu des dispositions do
l'article 3 do la loi du 5 avril 1851 : 1° à ses propres sapeurs-pompiers atteints d'acci-
dents pendant lo service commandé; 2° à ses propros sapeurs-pompiers et aux
sapeurs-ï-ompiers d'autres communes atteints d'accidents en luttant contre un incendie
survenu sur son territoire.
ART. 2. — La prime est due pour toutes les personnes qui l'ont ou feront partie
du bataillon, de la compagnie ou do la subdivision de compagnie de sapeurs-pompiers
de la commune assurée. A cet effet, en contractant l'assurance, la oommuno remet à
la Société une liste indiquant les noms, prénoms, âge et professions des personnes
faisant, au moment des présentes, partie du corps dos sapeurs-pompiers. Toute

d) L'assurance est laite pour un an à partir du l'- lévrier lS'.ll, aux condition-;
1'

ci-dessous :
garantis. — !" Un cas de mort, 1,(100 francs ;
Rifti/uns
2" Cas d'infirmité : l'° catégorie, 1,000 fr. ; 2'\ (MiIV. 70; :tn, ÎWM IV. :i5 ;
'S" Incapacité temporaire de travail, provenant d'accidents survenus à la suite de

manoeuvres, exercices, incendies, services commandés : 1 IV. 50 par jour, sans limite
de jours ;
I" Incapacité temporaire de travail, provenant de maladies survenues à la suit''
de inuuiijuvres, exercices, services commandés (fièvres, l.ironchilcs, etc.;: 1 IV. 50 par
jour, sans limite de jours ;
5" Accidents survenus en temps de guerre (mort, infirmité): 1,000 francs.
Pour los années 1800 et suivantes, la Fédération a souscrit cette assurance an
Soleil-Sécurité générale.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 033

mutation ou augmentation dans l'effectif du corps doit, dans les huit jours, être
,1011011060 à la Société; passé ce délai, les personnes non dénoncées n'ont droit, en cas
,1,. sinistres, à aucune indemnité.
Toute augmentation ou diminution dans l'effectif du corps donne lieu à une
augmentation ou à une diminution proportionnelle do la prime. — La Société a
uni jours lo droit do faire vérifier par un agent de son choix si les déclarations
faites
ou vertu du présent article sont exactes.
ART. 3. — Les personnes atteintes d'une infirmité affaiblissant la vue ou causant
nue gène dans la fonction normale d'un bras ou d'une jambe sont exclues du bénéfice
de la présente assurance, quand même la prime qui leur est afférente aurait été
payée.
ART. d. — Les conséquences que les accidents entraînent sont divisées eu trois
dusses : 1" la mort; 2" l'infirmité permanente et définitive, telle qu'elle est spécifiée
par l'article suivant ; 3° l'incapacité temporaire de travail.
Les conditions particulières ci-après indiquent les classes d'accidents à l'égard
desquelles la présente assurance ressort effot, ainsi que le chiffre des indemnités
correspondant à chacune d'elles.
'Un accident ne peut jamais donner droit à plusieurs indemnités; il no donne
droit qu'à l'indemnité spécialement prévue pour les accidents do la classe à laquelle il
appartient.
Les indemnités ne sont ducs que lorsque la mort, l'infirmité ou l'incapacité
temporaire do travail ont pour seule et directe cause un accident provenant d'une
cause violente, extérieure et involontaire.
ART. 5. — L'infirmité est divisée en six catégories :
I" Perte complète de la vue ou de l'usage do doux membres :
2° Perte complète de l'usage d'un membre inférieur; amputation ou fracture non
consolidée do la cuisse ;
3" Perte complèto de l'usage ou amputation d'un membre supérieur; de toutos los
parties situées au-dessous du coude ; d'une main ; dos parties situées au-dessous du
l-M'iion : d'un pied; fracture non consolidée de la jambe.
!" Porto complète do l'usage d'un nul ; ablation do la mâchoire inférieure ; frac-
ture non consolidée du bras ; amputation ou perte complète db l'usage do quatre
doigts d'une main ; amputation partiollo d'un pied comprenant tous les orteils et une
partie du pied;
5° Perte complète des mouvements ou de l'usage de l'épaule, du coude, de la
hanche, du genou, du cou-de-pied; amputation ou perle complète dé l'usage du pouce
un de trois autres doigts d'une main ; amputation du gros orteil ou de quatre autres
orteils d'un pied ; fracture non consolidée de la mâchoire inférieure; fracture de la
rotule, vicieusement consolidée ; raccourcissement d'un membre inférieur de cinq
eentimètres au moins; fistule urinairc ; anus contre nature ;
0° Amputation ou perte complète de l'usage d'un ou de deux doigts d'une main ;
amputation de deux ou trois orteils d'un pied ou de quatre phalanges d'une main;
porte complète des mouvements du poignet ; raccourcissement d'un membre inférieur
do trois centimètres au moins.
Toutes infirmités non ônumérées dans los six catégories ci-dessus seront considé-
rées comme une incapacité temporaire do travail et ne donneront droit qu'à l'indemnité
l'iolidienne prévue par los conditions particulières ci-après.
034 HISTOIRE GÉNÉRALE ni? L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ETRANUUR

ART. 8. — La Société no répond pas des cas de mort, d'infirmité ou d'ineapaeitp


de travail résultant :
1° D'une maladie quelconque, môme contractée au cours d'un incendie ou dans le
service, ou se déclarant avant, pendant ou après un accident, qu'elle soit directement
ou conjointement avec l'accident la cause do l'incapacité de travail ;
2" De suicide, de mutilation volontaire, do duel, de rixe, d'insurrection, de guerre,
d'invasion, de condamnation judiciaire, d'empoisonnement, d'attentats et d'agressions
quelconques ;
3° D'actes ou actions contraires aux lois, règlements ou ordonnances de l'auto-
rité ;
'1° D'une opération exécutée pour la guérison de maladies, oxcepté l'opération
chirurgicale exécutée pour la guérison d'accidents garantis par la police:
5° D'aliénation mentale, d'ôpilepsie, de surdité, d'ivresse, de hernie ;
6° D'un accident survenu en dehors du service commandé ou dans le cours
d'un incendie sur le territoire d'une commune autre quo celle qui contracte
Le tarif suivant est ordinairement appliqué :
l'rimt annuelle par sapeur-pompier
pour avoir droit à :

0 fr. 'M p:ir


100 fr. jour en cas
Villes cl Communes 1,1 lOOfr. do renie . il'iiica|ini-iti''
en cas viagère en ras temporaire
île mon d'inllrmilé (le travail
IV. c. Tr. t: fr. r.
Villes au-dessous de 3,000 habitants. 0 15 0 15 0 20
. .
Villes au-dessus de 3,000 jusqu'à 5,000h. 0 15 0 20 0 25

10,000 — 15,000h. 0 30 0 25 0 35
— 25,000 — 30,000 h. 0 35 0 35 0 45
-- 35,000 — 40,000 h. 0 45 0 40 0 50
— 40,000 — 50,000 h. 0 50 O 45 0 60
UAssurance des sauveteurs se pratique à l'étranger surtout en Suisse
et en Autriche.
En outre de ces combinaisons diverses que nous venons d'ênumérer,
les Compagnies assurent spécialement les accidents de chasse, de salles
d'armes, de tir, de vélocipèdes, les accidents de voyage, les marins,
(Voir pages 278, 268, 246. 255, 228, 233.)
Signalons enfin la récente combinaison imaginée par la Thémis :
Y Assurance contre l'explosion du gaz.
A titre de curiosité, nous donnons ci-contre le fac-similé de la plus
forte police qui ait été souscrite en assurance individuelle.
C'est à l'occasion de l'exposition de Chicago, que la Foncière
Transports, Société faisant partie du Syndicat européen des Compagnies
d'assurance contre les accidents, a établi ce contrat.
HISTOIRE GENERALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER (335

KAC-SI.M1LIÏ n'UNK l'ORTE POLICE I)'ACCIDENTS INOIVIPUHI.S

Assurance de Chicago.
63(i HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Résultats obtenus en France par les Compagnies et Sociétés d'assu-


rances et par la Caisse nationale. — En France, ainsi que l'a si bien fait
remarquer M. de Thieriet à la Société d'Économie sociale, lors d'une
discussion sur les accidents du travail, l'organisation de l'assurance
contre les accidents du travail n'est plus à créer comme en Allemagne :
l'initiative privée, depuis trente-cinq ans, sous l'orme de Sociétés à primes
fixes ou de mutualités, s'est efforcée de résoudre cette question des acci-
dents et de venir en aide aux ouvriers victimes ou à leurs familles...
En effet, l'assurance contre les accidents est inhérente à l'industrie;
.
elle est la conséquence de l'outillage perfectionné et de l'incessant progrès,
aussi les Compagnies qui l'ont créée en France la vulgarisent-elle et la
développent-elle avec la foi persévérante qu'il convient de vouer à une
oeuvre si humaine et si sociale.
Voici d'ailleurs, ci-contre, d'après le journal l'Argus, la statistique
des opérations des Compagnies d'assurances contre les accidents, pen-
dant la période de 1884 à 1895, cl spécialement durant le dernier exercice :
STAT/STIQUE DES DOUX;: DKKNIKWKS ANXIïliS I'HL'H l.'ASSl RANCI'. I'IINTUH l.l'.S Al ( -llil'.N i'S l.N V'U.VSlT-. 1
Compagnies anonymes accident>
Sinisire» Somme*
l'rimes Commissions Frais généraux distribuées

ucites Sommes — — aux
Années i-ii'-aissées '.Frais compris) Sommes Sommes actionnaires
ce
7 -i
1884.
1885
1886
... 11.077.607
10.378.674
11.559.839
6.256.926
5.951.307
6.521.915
2.078.708
2.133.71!)
2.235.269
2.498.401
2.370.038
2.298.019
\
'
T~7
Les
chiffres
O
E
2.252.926 O
1887 11.500.171 6.582.926 2.156.533 1
m,nmsn(
manquent
2.261.124 ) Z
1888 12.008.796 6.871.943 2.367.596
1889 13.172.161 7.881.832 2.569.057 2.401.089 721.000 s>
1890 14.371.471 8.011.114 2.641.937 2.277.717 928.000
1891 16.199.126 9.744.346 3.017.811 2.444.087 846.000
1892 17.073.395 9.926.086 3.176.466 2.613.457 1.080.900 S
1893 18.229.779 10.367.558 3.341.864 2.683.323 1.334.800
1894 19.000.945 11.226.029 3.603.941 2.811.557 1.528.800 r
20.850.081 1.728.800 >
1895 11.867.275 3.888.663 2.815.230 05
01
ç
STATISTIQUE DES OPÉRATIONS DE L'EXERCICE 1895
Primes Sinistres. Irais Bénéfice industriel Sommes zo>
nette* — Commissions jféaéraiix ou perte disiribuées EU
encaissée> Sommes — - — Capital ans K
Compagnies enl,SU5 (Frais compris) Somme i Sommes Sommes social actionnaires Z
Préservatrice (anonyme) 1.786-183 95G\497 288.321 23(iJ>77 {- 3tfo88 5.000.000 300.000 •a
. . 400.000 3
Soleil-Sécurité 3.209.707 1.999.825 516.442 285.191 -f 378.249 10.0D0.000 >
Compagnie Générale
Secours
Urbains-Seine
.... 628.219
2.247.728
3.945.655
341.602
1.423.296
1.906.687
125.563
353.970
830.570
146.905
331.873
675.711
-4-
-f-
14.179
135.583
532.687
3.000.000
10.000.000
12.000.000
»
160.000
432.000
zo.
H
-h
Patrimoine 1.302.357 803.415 2t;0.394 144.398 +
4-
88.150 5.000.000 40.000
;>
Caisse des Familles 524.540 300.246 72.024 95.360 56.310 3.000.000
Abeille 1 .'664.967 961.432 347.360 228.392 + 127.783 4.000.000 80.000
Procidence • . . 3.438.953 2.013.527 005.726 437.241 + 382.459 5.000.000 250.000
Précoyanca 1.665.967 891.632 366>80 202.885 + 204.570 2.000.000 51'.000
>
Union industrielle du Nord. 135.775 275.116 S4.S07 58.006 -j- 17.846 800.000 16.800 Z
TOTAUX 20.850.081 11.867.275 3.888.663 2.815.239 +2.248.904 59.800:000 1.728.800

Société mutuelle
Ci
Préservatrice (mutuelle). . . 2.572.276 1.764.711 331.396 396.014 + 77.155 » •>
ce
038 U1ST01RI3 Gl'iNl'-iRALR DU L'ASSURANCE UN l'RANOli UT A L'ÉTRANGER

A côté des Compagnies d'assurances, apparaît la Caisse nationale


dont voici les opérations depuis l'origine (1) :
Du 14 juillet 1868 au 31 décembre 1895, les versements effectués a
la caisse d'assurance en cas d'accidents au nom de 38,166 assurés se sont
élevés, y compris les intérêts de retard et le montant des dixièmes de
garantie, à 241.584 O1.)
Le règlement des sinistres, les frais accessoires et
les remboursements de versements irrêguliers et de
dixièmes de garantie n'ont entraîné qu'une dépense de. 182.741 n
.

qui n'atteint que 75.61 0/0 dus versements et laisse un


excèdent de 58.842 -,
La subvention de l'Etat 2.100.000 .
Le don de M. le baron de Beauverger 1.000 »
Et les arrérages de rentes encaissés 4.048.408 25
qui ajoutés à la somme ci-dessus portent l'excédent total
des recettes sur les dépenses à 6.208.310 )S7

Sur cette somme do 6.208.310 87


il a été employé en rentes sur l'Ktal 6.19(5.399 21

et il restait au 31 décembre 1895, un solde non employé


de 11.911 «6
Au 31 décembre 1895, le revenu du portefeuille était de 199.560 »

soit de 3.22 0/0 du capital employé.


Le nombre moyen des personnes assurées annuellement est do
1,413 seulement.
Sur 38,166 assurances, la caisse n'a eu à régler que "8 sinistres, dont
59 ayant occasionné une incapacité permanente de ti'avail et 19 ayant clé
suivis de mort.
C'est une moyenne de 2.04 par 1,000 assurés.
Enfin les recettes provenant des cotisations, intérêts de retard ci
dixièmes de garantie ont dépassé les dépenses de 58,842 fr. 62, son
32.20 0/0 du montant des dépenses.

RtSQUK. PltOVKSSIONNKL, HT LÉGISLATION


Le risque professionnel existe. — Législation et projets français. —
Opinions. — La. Caisse de l'Etat. — A l'étranger, législation, projets,
(1) Voir pages 163 à 173, 618 et. plus loin » la législation, 611.
HISTOIRE GENERALE DE I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A I.'ETRANGER 6LÎ9

résultats : Allemagne, Autriche, Angleterre, Suède, Norvège, Finlande,


Russie, Italie, Belgique, Suisse, J'ays-Bas, Roumanie, Espagne, Mexique.
Quoique les partisans de la dignité humaine poussée aux plus extrê-
mes limites nient l'existence du risque professionnel., ce risque existe
cependant, car il est inhérent à la production professionnelle ; d'ailleurs,
le germe du risque professionnel se trouve dans l'article 262 du Code de
commerce. Les articles 1382, 1383, 1384 du Code civil et la loi du
11 juillet 1868 consacrent la nécessité de garantir ce risque professionnel
et de s'assurer contre les accidents de toute nature. Enfin, le juriscon-
sulte et le législateur se sont saisis de la question; tous les jours les
tribunaux s'en occupent et les Parlements s'en préoccupent.
Depuis quinze années, en effet, divers projets ou propositions ont été
déposés et discutés par les Chambres françaises ; jusqu'à présent, aucune
loi n'a pu être élaborée définitivement, la Chambre des députés repoussant
de parti pris tout projet venant du Sénat et marquant quelque tendance
pour la liberté de l'assurance.
Le texte d'une conférence de M. Cibon sur les accidents du travail
va nous permettre de reconstituer l'histoire de ces nombreux projets (!)..•
lin premier texte a été adopté par la Chambre des députés, le 23 octo-
Kro 1884 ; il créait deux actions distinctes et simultanées devant le juge
de paix et le Tribunal civil. Une proposition de M. Lagrange, qui affirmait
ce système dangereux, permit à la Chambre de se déjuger , M. Lagrange
lui-môme reconnut sa proposition inacceptable, elle eut été une source de
conflits, le premier texte fut abandonné.
En 1885, M. Rouvier présenta un projet qui admettait en principe la
charge d'une assurance à frais communs, entre patrons et ouvriers,
pour couvrir lc risque professionnel ; l'assurance était obligatoire : ce
projet l'ut écarté.
lin autre projet du gouvernement, présenté en 1886 par M. Lookroy,
ministre du commerce, fut rejeté pour le principe de l'assurance obliga-
toire et aussi parce qu'il présentait de grandes difficultés judiciaires.
Une autre proposition de M. Félix Faure, également de 1886, repre-
nait le projet de M. Lagrange, et l'appliquait, sans distinction, à toutes
lus industries ; elle fut écartée.
M. de Mun, encore-en 1886, propose la distinction du risque profes-
sionnel et des fautes lourdes; il constituait des corporations, proposait le
partage des charges : 60 00 pour les patrons, 40 0/0 pour les ouvriers.
t.l) M. Gihoii, ancien directeur des l''orges de Cliàlillon et ancien président de la,
•V> ii-ic d'lùeunomic suciulc, avait voué
sou existence, hélas préinaturénietil terminée, à
'•! '-'•ilnliuii dus grands problèmes sociaux.
640 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Le projet fut repoussé, parce qu'il substituait la responsabilité d'une


corporation à la responsabilité individuelle.
M. E. Keller, en 1887, proposa un contre-projet très simple, partu-
géant les accidents en trois catégories, admises depuis par le Sénat ot
par le nouveau projet du ministre : l'auto lourde du patron, à sa charge ;
de môme pour l'ouvrier ; risque industriel à la charge de l'industrie ; mais
à défaut d'une caisse de prévoyance possédant des ressources suffisantes,
l'ouvrier doit contribuer, au maximum, jusqu'à concurrence de la moitié
delà prime d'assurance, qui garantit le payement des indemnités, dont
la loi se borne à fixer le minimum. L'assurance reste libre, M. Keller
repousse toute assurance obligatoire. Son contre-projet a eu le sort de
ses devanciers.
Enfin, après ces multiples discussions de 1883 à 1887, la Chambre de*
députés a voté un projet de loi qui, en principe, repoussait l'assurance
obligatoire, tout en laissant, à ce sujet, un privilège marqué à l'Ktat ; ce
projet de loi visait la généralité des industries et rendait les patrons
responsables même de la faute lourde de l'ouvrier.
Le Sénat, dans la session de 1800, a profondément transformé ce
projet de loi ; il n'a admis au bônélice de la loi que les industries oi'i le
travail est reconnu dangereux et quand l'accident est le l'ail du travail ; il
laisse les fautes lourdes à la charge de leurs auteurs, et lo risque indus-
triel à la charge de l'industrie; il fixe les indemnités relativement aux
salaires: il laisse l'assurance libre ; autorise la création do caisses spéciales
d'assurance par des syndicats, constitués d'après la loi du 21 mars 1884 (I);
l'assurance est, dans tous les cas, et absolument, en dehors de l'action de
l'Ktat. Cette solution se rapprochait du contre-projet de M. E. Keller.
En 1891, le Ministre du Commerce et de l'Industrie présente un
nouveau projet qui modifie profondément celui volé par la Chambre des
députés en juillet 1888 et celui voté par le Sénat dans la session de 189".
En voici l'économie :
Il admet en principe le risque industriel au titre de droit nouveau ;
mais, comme le Sénat, il ne l'admet que pour les industries où le travail
est reconnu dangereux et quand l'accident est le t'ait du travail ; comme
le Sénat également, il laisse les fautes lourdes à lu charge de leurs
auteurs, elles restent sous le régime du droit commun.
Ce point excepté, tout ce qui suit est en opposition avec les voles
antérieurs des deux Chambres.
Le nouveau projet de loi, dit M. le Ministre, n'est fait, en principe,

(1) Voir, page 019, Caisse syndicale des Forges.


HISTOIRE GÉNÉRALE DR L'ASSURANCE EN tfRANCE ET A L'ÉTRANGËR G41

que pour les invalides du travail : il se désintéresse absolument du trai-


tement des blessés; il détermine les pensions des invalides frappés d'inca-
pacités permanentes, absolues ou partielles; il règle les pensions des
ayants droit, des victimes qui ont succombé, et accorde une indemnité
aux ouvriers blessés, dont l'incapacité temporaire absolue excède quatre-
vingt-dix jours.
L'assurance obligatoire par l'État, repoussôe jusqu'ici dans tous les
projets, est le caractère distinctif de celui de M. le Ministre,, qui affirme
qu'une contribution de 2 0/0 sur le salaire sera largement suffisante, non
seulement pour couvrir les frais de gestion, les charges d'indemnités et
les pensions, mais encore pour constituer le capital utile au service de ces
pensions... Quoi qu'il en soit, l'ensemble de ces charges formera un total
dont le recouvrement sera réglé par un impôt spécial sur l'industrie.
Enfin, des modérations variant de 5 à 25 0/0 pourront être accordées,
sur des certificats dôlivrôspar l'Administration, c'est-à-dire par l'État,
aux industriels qui prendront des mesures spéciales on vue d'éviter les
accidents. L'ensemble de ces mesures constitue un acte indéniable de
socialisme d'État.
Ce projet est adopté par la Chambre des députés le 10 juin 1893; il
concerne les responsabilités des accidents dont les ouvriers sont victimes
dans leur travail et consacre l'organisation de l'assurance obligatoire.
Le 5 décembre 1895, le Sénat adopte en première délibération un
projet d'assurance obligatoire, dont le texte lui est présenté par
M. Poirrier; le 21 mars 1898, en seconde délibération, un contre-projet
de M. Bérenger fait écrouler l'édifice du rapporteur, et le Sénat vote
enfin une loi affirmant la liberté de l'assurance et la retourne à la
Chambre.
Voici les articles principaux de cette loi du Sénat qui nous semble
élaborée avec le souci des situations acquises et des droits de l'ouvrier, du
patron et de l'industrie des assurances ;

Projet de loi concernant les responsabilités des accidents dont les ouvriers sont
victimes dans leur travail, voté par le Sénat le 24 mars 1896.

ARTICLE PREMIER. — Les accidents survenus par le fait du travail ou à l'occasion


du travail aux ouvriers et employés occupés dans l'industrie du bâtiment, los usines,
manufactures, chantiers, entreprises de transports par terre et par eau, de chargement
et de déchargement, les magasins publics, mines, minières, carrières, et en outre
dans toute exploitation ou partie d'exploitation dans laquelle sont fabriquées
ou
employées des matières explosibles ou dans laquelle il est fait usage d'une machine
mue par une force autre quo celle do l'homme ou des animaux, donnent droit, au
profit de la victime ou de ses représentants, à une indemnité à la charge du chef
45
042 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

* i i i ii. i i .i i . . . .— — i i i i i ,._^

d'entreprise, à moins qu'il n'y ait eu faute inexcusable de la part de l'ouvrier ou dc


l'employé et à la condition que l'interruption du travail ait duré plus de trois jouis.
Les ouvriers qui travaillent seuls d'ordinaire ne pourront être assujettis u ia
présente loi par le fait d'une collaboration accidentelle avec un ou plusieurs de leurs
camarades.
ART. 2. — Pour l'incapacité temporaire de travail, l'indemnité ne pourra rire
supérieure à la moitié du salaire, ni inférieure au quart.
Pour l'incapacité partielle permanente, elle ne peut être supérieure à la moitié de
la réduction que l'accident aura fait subir au salaire, ni inférieure au quart de celte
réduction.
Pour l'incapacité absolue permanente, elle ne peut être supérieure aux deux tiers
du salaire ni inférieure au tiers.
Si l'accident a entraîné la mort, l'indemnité à accorder à l'époux, aux enfants
légitimes ou naturels reconnus, s'ils sont mineurs âgés de moins de dix-huit ans ou
infirmes, et aux ascendants qui auraient eu droit à une pension alimentaire, ne pourra
dépasser le maximum fixé par le paragraphe précédent, ni être inférieure à vingt
pour cent du salaire de la victime. Pour l'ouvrier âgé de moins de dix-huit ans ou
l'apprenti victimes de l'accident, le salaire qui sert de base à la fixation de l'indemnité
ne doit pas être inférieur au salaire le plus bas des ouvriers valides do la même
catégorie occupés dans l'entreprise.
Dans le cas où l'indemnité est constituée sous forme de pension, elle est payable
d'avance et par trimestre. Elle est incessible et insaisissable.
ART. 3. — Si l'accident a eu pour cause la faute inexcusable du chef d'entropriso,
il n'est en rien dérogé à l'article 1382 du Code civil.
ART. 4. — Le chef d'entreprise supporte, en outre, les frais médicaux et pharma-
ceutiques et les frais funéraires.
Toutefois, les frais médicaux et pharmaceutiques ne tombent à sa charge, si la
victime a fait choix elle-même de son médecin, que jusqu'à concurrence de la somme
lixôe par le juge compétent.
ART. 5. — La victime ou ses ayants droit conservent contre les auteurs ils
l'accident, autres que le chef d'entreprise ou ses ouvriers et préposés, le droit à la
réparation du préjudice causé, conformément aux règles du droit commun. L'indemnité
qui leur sera allouée de ce chef exonérera, à due concurrence, le chef d'entreprise
des obligations mises à sa charge.
Cette action contre les tiers responsables pourra même être exercée, à ses risques
et périls, par le chef d'entreprise, au lieu et place de la victime ou de ses ayants droit,
si ces derniers négligent d'en faire usage.
ART. 10. — La créance de la victime de l'accident ou de ses ayants droit est
garantie par le privilège des articles 2101 et 2104 du Code civil. Il est inscrit sous le
n° 6 de l'article 2101. Toutefois, il ne s'exercera sur les immeubles qu'après les
privilèges spéciaux de l'article 2103 existant avant l'accident et après les créances
hypothécaires antérieurement inscrites.
11 n'a d'effet, si le chet d'entreprise a contracté avec une Compagnie d'assurance,

une Caisse syndicale d'assurances mutuelles ou un Syndicat de garantie, qu'en cas


d'insolvabilité de ces établissements.
Cette créance jouit, en outre, du privilège de l'article 2102 sur l'indemnité duc
par l'assureur.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 043

Si l'indemnité, consiste en une rente viagère, le chef d'entreprise pourra s'affranchir


du privilège des articles 2101 et 2101 en garantissant le payement de cette rente parla
constitution d'un capital suffisant pour assurer le service des arrérages. A cet effet, il
pourra soit effectuer un dépôt à la Caisse des dépôts et consignations, soit fournir
une affectation hypothécaire, soit contracter avec une Compagnie d'assurance, une
mutualité ou un syndicat de garantie d'une solvabilité notoire.
ART. 12. — Dans le cas où la victime de l'accident aurait droit de la part d une
Caisse quelconque à un secours, à une pension ou à une indemnité qui auraient été
obtenus à l'aide d'un concours du chef d'entreprise, la part provenant de ce concours
no pourra se cumuler avec l'indemnité due en vertu de la présente loi.
ART. 15. — Les Compagnies d'assurance contre les accidents, françaises ou
étrangères, sont soumises à la surveillance de l'État et astreintes à constituer des
réserves dans les conditions déterminées par un règlement d'administration publique.
Le montant des réserves sera affecté par privilège au payement des pensions et
indemnités.
Les Caisses syndicales mutuelles d'assurances et les Syndicats de garantie seront
soumis à la même surveillance, et un règlement d'administration publique déterminera
les conditions de leur création et de leur fonctionnement.
Los frais de toute nature résultant de la surveillance sont couverts au moyen do
contributions proportionnelles au montant des réserves et fixés annuellement, pour
chaque Compagnie ou chaque Caisse syndicale, par arrêté du Ministre du Commerce

Nous en sommes là... (1).

(1) Voir l'Assurance par l'État : Opinions, pages 127 à 148 el 163 a 199.
Spécialement sur les divers projets discutés et volés, les opinions et les protes-
tations ont été nombreuses ot autorisées. Signalons iiolaniuinut :
Protestation do la Chambre syndicale dos constructeurs-mécaniciens du Havre
cuiiifo le projet Félix. Fauro 1883 ; journal l'Assurance moderne; Société industrielle
'le Rouen, aujourd'hui dénommée Association normande ; Clianibro do commerce do
Lille; l'oncycliquo de Sa Sainteté Léon XIII sur la protection do l'ouvrier contre los
uiridents; l'Union des syndicats professionnels, 22 novembre 1891; M. Marestaing,
dans ses lettres et rapports adressés aux Présidents des commissions parlemen-
taires des accidents du travail à la Chambre dos députés ot au Sénat ; le Syndicat
général dos Compagnies d'assurances contre les accidents, dans ses rapports aux
l'ièsidents des Commissions parlementaires des accidents du travail, à la Chambre et
au Sénat (notamment la note complémentaire, résumant les dispositionsverbales faites
le 17 janvier 189-1 â la Commission du Sénat, 1895) ; M. Ribet, substitut au Procureur
général de la Cour d'Alger, son discours de rentrée en 1894 ; Monde économique,
'S mai 1895, M. de Beauregard ; M. Leroy-Beaulieu, son discours à la Société d'Éco-
ictude politique do Paris, 5 mars 1895.
Consulter tout particulièrement l'ouvrage de M. E. Tarbouriech : De la responsa-
bilité des accidents dont les ouvriers sont eictimes dans leur travail, Giard et Brière,
éditeurs, Paris.
La bibliographie de cet ouvrage, classée méthodiquement,comporte: 1° do la ros-
l")iisabilitô des accidents du travail devant la jurisprudence ot la doctrine française;
" ouvrages généraux sur la responsabilité, sur lo contrat de travail; la question de«
644 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Comme nous l'avons déjà signalé (1), une Caisse d'État existe depuis
1868.
Les résultats qu'elle a produits depuis son origine sont insignifiants.
En 1885, le rapport adressé au Président de la République par la
commission supérieure des Caisses concluait ainsi :
« L'institution des Caisses d'assurances en cas de décès et en cas
« d'accidents n'a pas donné les résultats que l'on en avait espérés...
« L'insuccès manifeste qu'a éprouvé la Caisse d'assurances en cas d'ac-

.accidents du travail dans la jurisprudence et la. doctrine françaises et belges avant 1K8<),
et de 1881 a 1890; 3° réparation des accidents : institutions patronales; ouvrages et articles
généraux; assurances mutuelles, assurances des Chambres syndicales, caisses syndi-
cales, Compagnies et Sociétés d'assurances, Caisso nationale; 4° projets de loi concer-
nant la responsabilité dos accidents ; documents officiels, texte, rapports oldiscussimis:
première phase : Chambre, dol880 à 1881; Chambre, do 1885 à 1888; Sénat, de 18SC ,i
1890 ; Chambre, de 1890 à 1893; Sénat, de 189.1 à 1890 ; Chambre, do 1893 à 1890 ; In,.-
c h lires et articles sur les divers projets do 1880 à 189(1; 5° Congrès internationaux de
Paris, de Borne, de Milan, comité permanent; publications officielles et des Congrès,
articles sur les Congrès; l>° voeux des associations et corps constitués : Chambres de
commerce, do 188S à 1890 ; associations d'industriels, syndicats do patrons et d'ouvriers.
Comités et syndicats des Sociétés et Compagnies d'assurances, vnuix des Congrès
ouvriers français
Ou peut juger par ces nombreux projets et non Ira-projets quo le risque profes-
sionnel pose un grand problème a l'humanité.
En ell'et, los luttes dos advorsaires et des partisans du socialisme rappellent les
fameuses controverses dos temps si loin de nous, où, de la montagne Sainte-Geneviève,
s'élevait la voix puissante d'Abèlard, jetant à ses disciples subjugués, ù l'église inquiète,
les enseignements do sa dialocliqito philosophique, do sa théologie extra-positiviste.
En ce temps-la, coinino aujourd'hui, l'évolution sooialo s'accomplissait ou tentait
de s'accomplir parla révolution municipale. La bourgeoisie affranchie, la transformation
du servage en glôbo, la liberté dos roturiers ou dos paysans, lo droit eoulumior des
non nobles, l'établissement du régime consulaire dans les villes, la Commune établie,
étaient dos mesures qui romuaient profondément la société... et puis, étaient agitées
los graves questions du droit roturier ot du droit eoulumior qui portaient les penseurs
vers les sphères élevées do la philosophie scolastiquo, problèmes ardus a l'étude
desquels se sont consacrés de siècle on siècle les grands génies do la France.

Aujourd'hui, un nouveau grand problèmo divise on deux camps los économistes.


Attente l-on a. la liberté individuelle on créant l'état socialiste ou bien celui-ci remplit-il
sa mission en se déclarant la providonce de l'individu?...
Telle osl la controverse qui agito les philosophes à l'aurore du xx" siècle et (j»c
relève, en une puissante analyso, M. E. Tarbouriech dans son livre sur la responsa-
bilité des accidents.
(1) Voir pages 103 à 173 et 638.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 645

cidents révèle des vices de fonctionnement sur lesquels nous croyons


,
devoir appeler la haute attention du gouvernement. *
,
Et plus loin :
« Le développement
de cette Caisse ne paraît pas possible sans une
modification des bases d'après lesquelles les pensions sont liquidées. »
«
La conclusion de ce rapport a provoqué quelques observations dans
la presse et notamment celles du Petit Journal, qui pensait que
l'État
dovrait se désintéresser de cette question d'assurance en reportant ses
privilèges sur les sociétés privées.
Comme nous venons de le constater précédemment, en 1895, les
résultats de la Caisse de l'État sont aussi insignifiants qu'en 4885.

De la France passons à l'étranger et feuilletons les recueils qui vont


nous donner l'état de la question, la législation et les résultats acquis.
La loi allemande sur les accidents du travail ferme, dans ce pays, le
triangle dans les limites duquel on croit entrevoir le bonheur de
l'ouvrier (1).
Pour l'assurance contre les accidents, suivons le travail qu'a exposé
à l'Académie des sciences moralos et politiques M. Maurice Block, à
laquelle il rend compte d'une enquête qu'il a l'aile sur ce sujet en Alle-
magne.
M. Maurice Block rappelle d'abord qu'en 1871 une loi de l'empire
allemand avait établi une présomption en faveur de l'ouvrier victime d'un
accident d'atelier et imposé au patron la preuve de son irresponsabilité.
Il n'en était pas résulté grand avantage pour l'ouvrier. Néanmoins, ce
n'est qu'en 1878 que les idées socialistes commencèrent à se manifester.
Le gouvernement soumit les sociétés ou caisses de secours mutuels à des
règles absolues, en obligeant tous les ouvriers et employés à y adhérer
en qualité de participants et tous les patrons à les subventionner. Il créa
ensuite une législation spéciale à l'assurance contre les accidents. 11 admit
le principe du risque professionnel sans maintenir, ni pour l'ouvrier ni
pour le patron, l'obligation de prouver à qui en incombe la responsabilité.
Déplus, en 1881, une loi institua entre le patron et l'ouvrier un régime
transactionnel assurant une indemnité modérée aux victimes d'accidents
et à leurs proches.
En 1883 et enfin en 1884, l'édifice allemand est élevé, les ouvriers de
la grande industrie sont assurés, tous les travailleurs de l'Empire doivent
bénéficier de l'aéte social de Guillaume 1". Alors, cinq ou six lois succes-
(1) Voir pages 153, 181, 299, Assurance maladie, et page 327, Assurance invalidité
°t vieillesse.
646 HISTOIRE GENERALE DE L*ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

sives ajoutent à la grande industrie une série d'autres industries, puis


l'agriculture, les employés de commerce, les marins, les employés d ^
postes et des télégraphes et autres gagnant moins de 2,000 marks
(2,500 fr.). Pour ces employés et ouvriers, l'assurance est obligatoire
pendant qu'ils travaillent. Les patrons sont obligés de les faire inscrire;
ils sont punis s'ils négligent de se conformer sur ce point à la loi.
Les patrons sont donc chargés de l'assurance ; mais, quant à son
exécution, voici comment M. Maurice Block la détermine :
1° Pour la grande industrie, l'ensemble des établissements ou exploi-
tations a été divisé en 64 associations professionnelles, embrassant soit
l'Allemagne tout entière, soit seulement une partie du territoire. Chaque
association comprend tous les établissements de la même industrie situés
dans la circonscription et ces associations sont érigées en mutualités. Ces
établissements sont, dans leur ensemble, pécuniairement responsables de
tout accident subi par leur personnel qui comprend, pour les 64 associa-
tions, environ 6 millions d'individus des deux sexes, âgés de plus do
seize ans (1).
2° Pour l'agriculture, comme on ne pouvait pas comprendre l'en-
semble des agriculteurs travaillant, c'est-à-dire 12 à 18 millions d'indi-
vidus, en une seule association, on l'a divisée en 48 associations
territoriales, chaque association comprenant un État allemand, ou
seulement une province et même une circonscription moins étendue.
Chacune de ces associations forme une assurance mutuelle séparée, dont
les recettes doivent couvrir les dépenses.
3° Pour les employés et ouvriers de l'État ainsi que pour ceux des
provinces et des communes, on n'a pas formé de mutualités. L'État et
les provinces assurent directement leur personnel et les budgets doivent
'prévoir la dépense.
4° Quant à la petite industrie, la loi n'est pas encore votée, mais lo
projet propose de l'organiser comme l'agriculture.
La question des dépenses a été ainsi résolue : sauf pour les accidents
très petits : toute la dépense est à la charge des patrons. C'est par voie
de répartition entre les établissements que les fonds sont réunis. Chaque
industrie payera en proportion du danger que courent les ouvriers.
En cas d'accident causant une incapacité de travail, l'ouvrier est
d'abord soigné aux frais de l'association, si c'est possible, ou, suivant la
gravité de l'accident, reçoit une indemnité proportionnelle. Si la victimo
vient à mourir, sa veuve, ses enfants, ses ascendants reçoivent des

(1) Voir classement des professions, page 595.


HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER <Vl7

pensions fixées par la loi. Le comité directeur des associations a le droit


(lo prescrire des mesures de précaution pour diminuer le nombre des
accidents ; les patrons, sous peine de fortes amendes, sont obligés de les
appliquer.
Nous ne reviendrons pas sur les critiques auxquelles cette loi a donné
lien (1), indiquons seulement les résultats acquis en 1894 (2).
Le nombre des personnes assurées contre les accidents s'est élevé,
6111894,418,191,000.
Ce total renferme :
5,244,000 personnes appartenant à l'industrie ;
12,289,000 personnes appartenant à l'agriculture et aux forêts;
058,000 personnes appartenant aux administrations publiques.
Le nombre des accidents (c'est-à-dire des personnes tuées ou blessées)
survenus pendant l'année et qui ont motivé indemnité est de 68,677, dont :
6,250, soit 9.1 0/0, ont été suivis de mort ;
1,752, soit 2.6 0/0, ont été suivis d'incapacité de travail permanente
totale;
38,952, soit 56.7 0/0, ont été suivis d'incapacité de travail temporaire
partielle ;
21,723, soit 31.6 0/0, ont été suivis d'incapacité de travail temporaire
(de plus de 13 semaines).
lin ce qui concerne les corporations industrielles seules, on a relevé
los chiffres suivants, pour l'ensemble des corporations :

Nombres Moyennes
absolut par 1,000 assurés
Cas de mort 3.438 0,66 (0,69 en 1893)
Cas d'incapacité permanente totale. 855 0,16 (0,27 — )
Cas d'incapacité permanente par-
tielle 20.025 3,82 (3,82 — )
Cas d'incapacité temporaire. 8.479 1,61 (1,25 — )
. . .

TOTAL des accidents indemnisés 31.797 6,25 (6,03 — )


.

(1) Voir note 1, page 327 cl page 153. Voir également : Résultais de sept années
'''"Migations on Allemagne, Office du Travail, et les Lois d'assurances ouvrières à
i'Hranger, Maurice Bellom, tome II, Arthur Rousseau éditeur. V. Journal des
débats. 8 septembre 1895, M. Raiïalowicli. V. Petit Journal, 16 juin 1888 : une expô-
''ii'itoo avortée. V. Parti National, 17 niai 1888 : Y Assurance en Allemagne, par
' li. Lelort. V. Conférence do M. Moreau, professeur de droit à la facullô des sciences
'I' Marseille, journal l'Assurance moderne, 1892.
1

(2) Chiffra ot statistique de Y Office du Travail français.


648 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Le nombre total des accidents déclarés, en 1894, dans les mêmes


corporations, se monte à 190,744, ce qui correspond à une proportion de
36.37 accidents déclarés par 1,000 assurés. Le rapport du nombre do
cas ayant motivé indemnité au total des cas signalés est de 17 0/u
environ.
Voici quels ont été, dans les corporations les plus importantes,
les résultats de l'année au point de vue de la fréquence des
accidents :

Nombre moyen
par 1,000 assurés des
accidents accidents cas de
Désignation des corporations déclarés indemnisés mort

Mines 89.65 11 20 1.86


Industries du fer et de l'acier
Industries chimiques
. ... 73.53
46.91
7.88 0.48
6.69 0.78
Industries textiles 13.04 2.93 0.11
Industries du bois 38.47 10.00 0.52
Meunerie 33.11 9.76 1.00
Sucrerie 26.23 5.20 0.47
Brasserie et malterie 85.37 12.30 1.04
Industrie du vêtement 7.98 2.0» 0.06
Industries du bâtiment 28.16 6.58 0.73
Chemins de fer privés 48.29 6.13 1.57
Tramways 42.21 2.88 0.26
Conduite des voitures 41.11 13.76 1.98
Navigation fluviale 35.62 7.95 1.95
Navigation maritime 46.54 2.51 2.45
Travaux de terrassement et de cons-
truction en profondeur 27.81 7.60 0.65

Les dépenses pour l'assurance se sont montées, au total, à 78,827,901)


francs (73,681,000 francs en 1893). Sur cette somme, 54,552,000 francs
ont été affectés aux secours et indemnités, 12,904,000 francs versés aux
fonds de réserve des corporations, 7,941,000 francs absorbés par les frais
courants d'administration, et 3,430,000 francs absorbés par les frais
d'enquête, de mesures préventives et de justice arbitrale.
Dans les corporations industrielles envisagées dans leur ensemble,
les charges ont été les suivantes :
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 649

Montant moyen
par assuré par l,0OU francs
Dépenses o de salaire
N

Secours et indemnités 7.42 9.06


Frais d'administration 1.16 1.42
Versements aux fonds de réserve 2.23 2.73
Frais d'enquête, de justice arbitrale et de
mesures préventives 0.46 0.56
Total des dépenses 11.27 13.77

Le rapport des dépenses annuelles au montant du salaire, entrant en


ligne de compte pour l'assurance, varie considérablement suivant la
nature des industries, laquelle influe sur la fréquence des accidents et,
par suite, sur le montant des secours et indemnités ainsi que sur les autres
frais de l'assurance.
En 1894, la dépense moyenne, par 1,000 francs de salaire assuré, a
atteint, dans les principales corporations, les valeurs ci-dessous :
Dépense
moyenne totale
par 1,000 francs
Désignations des corporations de salaire
Mines 22.26
Industries du fer et de l'acier 12.39
Industries chimiques 14.01
Industries textiles 5.21
Industries du bois 15.86
Meunerie 23.19
Sucrerie 16.27
Brasserie et malterie. 23.92
. .
Industrie du vêtement 3.31
Industries du bâtiment 17.63
Chemins de fer privés 15.44
Tramways 8.48
Conduite des voitures 26.74
Navigation fluviale 18.79
Navigation maritime. 20.45
.
Travaux de terrassement et de construction en profon-
deur 17.18

— De l'Allemagne passons à l'Autriche :


La question ouvrière en Autriche, où le régime corporatif est tou-
650 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

jours en vigueur, ne se présente pas sous le même aspect qu'en Alle-


magne (1).
L'Autriche est une collectivité de nationalités hétérogènes, de races
distinctes par la langue, les moeurs, la religion, souvent ennemies les
unes des autres, réunies par la force des circonstances et pour lesquelles
les intérêts particuliers priment les raisons de politique générale.
D'autre part, le socialisme a pu, durant ces dernière années, recruter
quelques adeptes parmi les habitants des provinces allemandes, mais
ses théories subversives n'ont pas encore pénétré dans la masse de la
population. D'ailleurs, l'arme principale du socialisme, le bulletin dévote,
manque en Autriche, où le Parlement de l'empire ne comprend que des
membres élus par les Parlements particuliers dans la constitution des-
quels l'influence de l'ouvrier est insignifiante.
Au point de vue moral, la différence n'est pas moins sensible. Les
haines de caste sont inconnues en Autriche, où des relations de cordialité
et d'amitié existent entre patrons et ouvriers ; dès lors la question des
assurances ne présentait pas en Autriche le caractère d'acuité qu'elle
avait en Allemagne.
Cette question a passé successivement par trois phases : le régime
préventif, la législation sur la responsabilité civile, et enfin la loi de 1887
sur les assurances.
Pendant la première phase, des lois nombreuses ont été promulguées
dont la plus importante, celle de 1883, prescrit des mesures préventives
pour certaines industries et crée les inspecteurs de fabrique. Une per-
mission spéciale, qui n'était jamais accordée qu'après justification des
aptitudes techniques du patron, était nécessaire pour se livrer à une
exploitation comportant l'usage d'engins dangereux ou de matières explo-
sibles.
Le législateur s'est, en second lieu, occupé de la responsabilité civile
du patron, mais au point de vue pénal seulement, aussi n'en parlons-nous
que pour mémoire.
C'est le 17 décembre 1887 que fut votée la loi qui établit l'assurance
obligatoire pour les ouvriers et employés des fabriques, usines, chan-
tiers maritimes, carrières, travaux publics, en un mot pour les profes-
sions et industries où il est fait emploi de machines à vapeur ou com-
portant des risques dangereux.
Le service des assurances est organisé par province et dans cha-
(1)Nous extrayons une partie de cet exposé do l'assurance en Autriche d'uni'
conférence do M. Moreau à la Faculté des sciences do Marseille, 1802, analysée pur
M. Georges Bernard, administrateur à la Thémis. Journal l'Assurance, moderne, 18°2
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANOER 651

ciine d'elles tous les patrons soumis à la loi, quelle que soit la nature de
leur industrie, sont réunis en une même société d'assurance mutuelle.
I,e système allemand du groupement des patrons par industrie était
jnaplicable en Autriche, en raison même des différences de race que
nous avons signalées.
Les établissements provinciaux d'assurance sont gérés par un
(imité de direction dont les membres sont nommés en nombre égal par
le pouvoir exécutif, les patrons et les ouvriers. Le gouvernement n'a
donc pas la majorité et, comme il ne songe même pas, et n'a pas d'ail-
leurs les mêmes raisons qu'en Allemagne d'exercer une influence pré-
pondérante, il choisit des personnes familiarisées avec ces questions
techniques.
Les accidents doivent être déclarés par les patrons dans les cinq
jours et, après enquête administrative, les comités sont autorisés à payer
le montant des indemnités fixées par la loi et dont les chiffres se rappro-
chent assez sensiblement de ceux établis en Allemagne.
Tout entrepreneur qui s'établit, alors même que l'entreprise n'est pas
soumise à l'obligation de l'assurance, doit en faire la déclaration à
l'autorité administrative, indiquer la nature exacte de son industrie, les
engins dont il fera usage, enfin les renseignements qui serviront d'élé-
ments pour l'établissement du coefficient. Au moyen de ces données,
l'autorité administrative dresse les statistiques et fixe les coefficients
maxima par industrie qui doivent concourir avec le salaire et le nombre
dos ouvriers à établir le taux de la prime. Ces coefficients ne sont pas
immuables. Les établissements principaux sont tenus d'adresser chaque
année un rapport spécial au Ministre de l'Intérieur, qui les résume tous
dans un travail d'ensemble qui est présenté au Parlement, et c'est en
tenant compte des résultats de l'expérience que les coefficients sont
remaniés tous les cinq ans.
Les cotisations sont supportées par les patrons jusqu'à concurrence
de 90 0/0; les autres 10 0/0 forment la part contributive des ouvriers.
La loi autrichienne contraste par son extrême prudence avec la loi
allemande. Elle demande aux cotisations, non seulement les sommes
nécessaires pour la constitution des capitaux correspondant aux pen-
sions et aux secours à servir, mais encore les ressources suffisantes
pour alimenter deux fonds de réserve obligatoires.
Le premier est spécial à chaque patron, le second commun à l'éta-
blissement provincial des patrons et, en
cas d'insuffisance des cotisations,
il ost fait emploi des
sommes qui les composent. Jamais l'État ne prend
9 a charge le service des pensions.
652 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L*ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER
—*^-^ -: ' ' i nui - — -...--_
Elle n'affecte pas le caractère de généralité que présente aujourd'hui
la loi allemande; les catégories d'industrie sont restées les mêmes, la
grande industrie seule a été visée, et, dans l'empire, le nombre des
ouvriers soumis à la législation sur les assurances ne dépasse pas
900,000. Les autres classes de travailleurs ne sont point pour cela
dénuées de protection ; les corporations subviennent largement à leurs
besoins....
Les résultats de 1893 sont les suivants pour cette assurance
d'État (1) :
Le nombre moyen total des personnes assurées pendant l'année 189;!
s'est élevé à 1,466,270 et celui des établissements assurés à 160,357.
Ces totaux comprennent :
1,070,428 ouvriers de l'industrie et 64,441 établissements, et
395,842 ouvriers de l'agriculture et des forêts et 95,916 établissements.
Il a été déclaré en tout 32,917 accidents, dont 10,901 motivant indem-
nité et se décomposant, d'après la gravité des conséquences, en :
Cas de mort 649, soit 6,0 p. 0/0 du total
Cas d'incapacité permanente totale.. 115, soit 1,1 —
.
Cas d'incapacité permanente partielle. 3.129, soit 28,7 —
Cas d'incapacité temporaire de plus de
quatre semaines. 7.008, soit 64,2 —
Les recettes des établissements d'assurance se sont élevées, en 1893,
à 14,134,345 florins (29,250,000 fr.) et les dépenses à 14,684,896 florins
(30,250,000 fr.).*
Les cotisations payées en 1893 se sont montées à 9,390,000 francs, ce
qui représente une charge moyenne de 6 fr. 40 par assuré (5 fr. 90 en
1892 ; 5 fr. 20 en 1891 et 5 fr. 30 en 1890).
La somme des salaires assurés a été de 622,000,000 de francs
environ.
La cotisation moyenne, par 1,000 francs de salaires assurés, ressort
à 13 fr. 69 en 1893; 13 fr. 72 en 1892; 13 fr. 66 en 1891 ; 13.96 en 1890, en
ne considérant que la part afférente à l'exercice correspondant.
Les charges occasionnées par les accidents survenus pendant l'année
s'élèvent à 8,917,000 francs; elles représentent 104.76 0/0 des cotisations
de l'année (en ne considérant que la portion afférente à l'exercice). Si
l'on y ajoute les frais d'administration de l'année, qui représentent
12.90 0/0 des cotisations, on trouve une dépenses totale égale à
127.60 0/0 des cotisations.
.
(1) Chiffres do YOffice du Travail,
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A i/ÉTRANGER 653

Les 8,917,000 francs affectés à la réparation des accidents survenus


en 1893 comprennent 8,057,000 francs, formant le capital des rentes via-
gères aux blessés et aux ayants droit des ouvriers tués, et 860,000 francs
payés à titre d'indemnités pour incapacité temporaire, de premiers arré-
rages de rentes et d'indemnités funéraires.
Le montant moyen des rentes, à la fin de 1893, était de :
400 francs pour les personnes totalement invalides ;
160 francs pour les personnes partiellement invalides ;
147 francs pour les veuves;
95 francs pour les orphelins ;
110 francs pour les ascendants.
— En Angleterre, jusqu'à présent, l'assurance contre les accidents
est régie par les principes de liberté.
La loi de 1880 touche indirectemennt l'assurance- accidents ; elle a été
élaborée en vue d'atténuer celle de Charles II déclarant l'irresponsabilité
patronale.
Cette loi de 1880 a été complétée en 1888 par un Act nouveau concer-
nant la responsabilité des patrons. En 1893, un projet de loi sur les
risques professionnels est soumis à la Chambre des communes par le
Ministre de l'Intérieur; mais la Chambre des lords le rejette. Enfin,, en
1895, une proposition nouvelle est présentée à la Chambre des com-
munes (1).
— Suède, Norvège, Finlande : Nous puiserons dans une étude que
M. Maurice Bellom a publiée dans l'Économiste français les éléments
relatifs à l'état de la question dans ces trois pays.
Le gouvernement suédois, à la suite de l'échec que le projet d'assu-
rance obligatoire contre les accidents avait en 1891 éprouvé devant le
Parlement, chargea une commission d'élaborer un texte relatif à l'assu-
rance contre les incapacités de travail permanentes. Les travaux de la
commission, précédés d'une mission à l'étranger, ont été résumés en
quatre volumes adressés au roi le 30 mars 1893 : le premier volume
comprend le texte du projet de loi accompagné d'un exposé de motifs et
d'un commentaire de chaque article ; le second, une discussion mathéma-
tique des charges probables de l'assurance calculées par M. le professeur
Lindstedt ; le troisième, un tableau de la législation sur la matière dans
les divers pays ; le quatrième, une statistique des assurances ouvrières
en Suède (2).
(1) Voir page 15G. Plan Chamberlin ot Bulletin du comité permanent des accidents
du travail, 1895, p. 410.
(2) Projet déposé eu 1895.
654 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Le gouvernement et le Parlement norvégiens se sont également


préoccupés des mêmes questions : le Oldething norvégien vient do
voter le 14 juin 1894 un projet de loi sur l'assurance des ouvriers contre
les accidents (1).
En Finlande, les travaux d'une commission spéciale, instituée par le
gouvernement le 11 octobre 1889, ont abouti dans le courant de l'année
1892 à la présentation successive de trois études, dont l'une relative à
l'assurance contre les accidents.
Le gouvernement élabora, d'après le résultat de ces travaux que
complétaient deux statistiques dues à M. Aug. Hjelt, un projet de loi sur
l'assurance contre les accidents, que M. le ministre Von Dahn présenta
au Parlement le 22 février 1894 ; le comité de législation et d'administra-
tion, auquel ce projet avait été soumis, lui a substitué, le 21 mai 1894, un
texte relatif à la responsabilité patronale.
Les préoccupations qui ont inspiré les travaux suédois, norvégiens
et finlandais sont loin d'être identiques.
Le texte suédois a pour objet de répondre aux critiques de ceux
qui considèrent l'assurance contre les accidents comme insuffisante, si
l'assurance contre l'invalidité ne vient lui fournir son complément
nécessaire.
Le projet du Oldething norvégien institue, au contraire, l'assurance
contre les accidents suivis d'une incapacité de travail d'une durée supé-
rieure à quatre semaines. C'est également la période qui a été adoptée
dans le projet du gouvernement finlandais, tandis que le comité suédois
substitue une durée de 120 jours à celle de 28 proposée dans le texte dont
il a été saisi. Les secours qui peuvent être nécessaires à la victime
pendant la période initiale consécutive à l'accident sont laissés, aussi
bien dans le projet norvégien que dans les textes finlandais, à la charge
du patron, si aucune caisse de maladie n'est obligée d'y pourvoir.
Ces projets s'appliquent à l'ensemble des travailleurs industriels, soit
qu'ils se bornent, comme le texte suédois, à ôdicter dans des termes
généraux l'obligation de l'assurance pour tous les ouvriers, sous réserve,
toutefois, de l'accomplissement de la dix-huitième année, soit qu'ils
énumèrent, comme les textes norvégiens et finlandais, la série des
professions assujetties.
En raison du caractère même des infortunes qu'il propose de soula-
ger, le projet suédois répartit les assurés en trois classes désignées dans
le tableau suivant :

(1) En vigueur du l"rjanvior 1895. '


HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 655

Cotisations Taux de
hebdomadaires pension
(liasses Définition des momlires de cliai(itc classe — —
— — (orc) (ore)
I. Ouvriers du sexe masculin dont le salaire
hebdomadaire est égal ou supérieur à
10 couronnes 50 10
II. Ouvriers du sexe masculin dont le salaire
hebdomadaire est inférieur à 10 cou-
ronnes 30 5
III. Ouvrières et femmes d'assurés 20 2

Les projets finlandais et norvégien contiennent des tarifs d'indem-


nités basés, comme ceux des lois allemande et autrichienne, sur l'impor-
tance des suites de l'accident.
L'organisation de l'assurance n'a pas été, dans ces différents projets,
réalisée sous la même forme : le texte norvégien prévoit, en effet,
l'intervention nécessaire d'un établissement d'État, tandis que les textes
suédois et finlandais laissent aux intéressés la liberté d'opter entre un
certain nombre de solutions qu'ils ênumôrent et au nombre desquelles
l'assurance aux Compagnies privées est indiquée.
— En Russie, un grand travail de réparation sociale se produit.
M. Raffalowich, délégué en France par le ministère des finances, a
publié dans le Journal des Économistes une élude dans Iequelle il remonte
à l'origine des tentatives faites en Russie pour créer le risque profes-
sionnel.
Dès 1859, une commission fut nommée à Saint-Pétersbourg pour
se livrer à une enquête sur les accidents dans les usines et fabriques;
mais rien de définitif ne sortit de là. Ce fut seulement en 1880 que
le Conseil d'Empire vota certaines résolutions tendant à une législation
générale.
Entre temps, la Société impériale technique avait demandé qu'on
limitât à 5 heures la durée de la journée de travail pour les enfants entie
12 et 15 ans.
En 1882, une loi interdisant le travail de plus de 8 heures aux
enfants au-dessous de 12 ans a été votée et sanctionnée par l'Empereur,
ainsi qu'un service d'inspection.
En 1884, nous trouvons une autre loi concernant l'instruction des
enfants.
La loi du 3 juin 1885 interdit le travail de nuit pour les femmes et
adolescents âgés de moins de 17 ans.
Une série de désordres et de grèves ont fait naître la loi du 3 juin 1886.
656 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Cette loi est relative à la surveillance des établissements de l'industrie


manufacturière et aux rapports entre fabricants et ouvriers.
M. Raffalowich fait ensuite quelques observations relatives au louage
du travail, aux salaires, à l'assistance médicale et la fourniture des
médicaments, qui sont à la charge du patron.
Le soin de veiller au maintien du bon ordre dans les fabriques est
confié à l'autorité provinciale locale ; cette surveillance est exercée avec
le concours des commissions provinciales pour les affaires de fabriques,
ainsi que des inspecteurs des fabriques et de police.
D'après les renseignements recueillis par les inspecteurs, la plus
grande diversité existe dans les heures de travail des différentes fabriques.
Le plus souvent, la durée du travail est égale pour les hommes et les
femmes, mais, en Russie on est loin du chiffre des c trois 8 », que d'ail-
leurs les ouvriers russes ne demandent nullement.
M. Raffalowich constate enfin qu'en Russie, patrons et ouvriers ont
entre eux des rapports moins tendus que dans la plupart des autres pays
d'Europe.
En 1893, le ministère des finances avait élaboré un projet de loi relatif
à la responsabilité des patrons pour accidents du travail de leurs ouvriers.
Ce projet a été renvoyé à ce ministère pour recevoir des modifi-
cations et des amplifications.
Ajoutons que la responsabilité personnelle des patrons, établie
par le projet de loi, rencontre de vives objections de la part des
fabricants.
Rien n'est donc fait en Russie, mais de nombreux projets d'assu-
rance obligatoire sont à l'étude dans les divers ministères : assurance
obligatoire des églises; assurance obligatoire des récoltes, du matériel
agricole, des paysans, du bétail, assurance contre les accidents du
travail (1).
— Italie : Cette puissance, qui peut compter au nombre des États les
plus disposés à favoriser l'expansion des idées d'économie et de progrès
social, a créé un système mixte d'assurances assez ingénieux (2).
Voici l'économie de ce système : une convention a été conclue, le
18 février 1883, entre le Ministre de l'agriculture, de l'industrie et du

(1) En 1891, M. Pingaud, consul de France à Saint-Pétersbourg, a fait un 1res


remarquable rapport sur los conditions du travail dans l'Empire Russe, publié dans le
Journal officiel de 1891.
(2) D'abord, la question était rôj,lôo par los articles 1151 a 1153 du Code civil Je
1865 qui n'étaient que la traduction peu modifiée de no3 articles du code français, 3ttë
et suivants.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 657

commerce et dix établissements financiers pour la fondation d'une Caisse


nationale destinée à assurer les ouvriers contre les accidents résultant
de leurs travaux. Cette convention a été approuvée par une loi du
1 juillet 1883.
Les établissements fondateurs ont concouru à la formation d'un
fonds de garantie de 1,500,000 francs.
La Caisse nationale d'assurance contre les accidents arrivés aux
ouvriers dans leur travail est administrée par le comité exécutif de la
Caisse d'épargne de Milan. Chacun des dix établissements contribue aux
dépenses d'administration proportionnellement à sa part de garantie,
mais il aura la faculté, au bout de dix ans, de se soustraire à cette obliga-
tion, soit en versant un capital correspondant à sa part de dépenses, soit
en assurant le service d'une annuité équivalente. Le conseil supérieur
de la Caisse, qui est composé des membres du comité exécutif de la Caisse
de Milan et d'un représentant de chacun des autres établissements, règle
les questions importantes d'administration, délibère sur les revisions de
tarifs, approuve les comptes de gestion, remplit en un mot l'office d'une
assemblée générale d'actionnaires.
La Caisse nationale admet à l'assurance les personnes âgées de dix
ans au moins et occupées à des travaux manuels, ou comme domestiques.
Les tarifs de primes sont arrêtés par le comité exécutif de la Caisse
d'épargne de Milan ; ils sont revus tous les cinq ans. L'actif de la Caisse
comprend les primes et, en outre, le produit des fonds placés et des legs,
donations ou autres ressources éventuelles. L'excédent des receltes, tous
sinistres et frais payés, forme un fonds spécial qui est employé pour
moitié, tous les cinq ans, à la libération du fonds de garantie. L'autre
moitié est attribuée, au prorata, aux personnes qui ont reçu, dans les
cinq années antérieures, une indemnité pour incapacité absolue et
permanente de travail.
La Caisse nationale a commencé ses opérations au mois d'août 1884.
L'année de 1894 nous donne les résultats de dix années d'expérience.
A la fin de l'exercice, il y avait en cours 3,501 polices collectives,
pour 135,900 ouvriers, et la prime totale annuelle afférente à ces polices
était de 519,397 francs.
Les indemnités payées par la Caisse, en 1894, s'élèvent à 459,703 fr.,
soit une moyenne de 88.50 0/0-, les frais généraux se sont élevés à
101,128 francs, soit 19.66 0/0 de moyenne.
Les ressources de la Caisse se composent de 2,119,665 francs.
Voici maintenant les résultats des diverses agences de la Caisse
nationale italienne pour l'exercice 1894 :
46
058 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L*ASSURANCE EN FRANCE ET A I.'ÉTRANORR

'total dis
Directions divisionnaires Primes Sinistres Frais sinistres et rni,

Bologne.
Cagliari
..... 32.73812
13.324 03
22.68670
6.513 79
5.42143
660 »
28.10813
7.173 79
Gênes 101.604 » 89.522 91 8.961 » 98.483 il]
Milan 168.436 40 138.988 65 52.698 22 191.086 87
Naples 8.226 18 3.108 22 3.404 90 6.512 12
Palerme 28.560 39 33.032 51 8.275 40 41.307 1)1
Rome 9.998 36 7.816 22 5.306 62 13.122 81
Sienne 43.731 69 59.644 11 4.032 95 63.677 OC
Turin 90.938 68 61.770 49 0.964 » 68.734 49
Venise 21.839 65 10.239 21 4.095 76 24.934 91

519.397 56 443.322 81 109.419 98 543.742 09

Avant même que la Caisse nationale fût créée, le 19 février 189:!,


M. Berti, ministre de l'agriculture, de l'industrie et du commerce, pré-
sentait à la Chambre un projet de loi sur la responsabilité civile des
patrons, entrepreneurs et chefs d'industrie, en cas d'accidents à lents
ouvriers. Ce projet, imité de la législation suisse, consacrait la régie de
l'interversion de la preuve, limité à la seule question de la-responsabililô,
il donnait aux patrons assurés un grand avantage, et devait donc pousser
les industriels à l'assurance sans les y contraindre. Il fut voté le 15 juin
1885 par la Chambre, mais ce fut son seul succès. Il a été en effet aban-
donné d'un accord unanime, et l'Italie entra dans la troisième phase où
elle se trouve encore, celle de l'assurance obligatoire.
On peut signaler sur ce sujet cinq projets successifs :
I. Projet présenté à la Chambre des députés, par le ministre Micoli,
le 8 février 1890. {Bulletin du comité permanent du Congrès des
Accidents, 1890, p. 13.)
II. Le projet du rapporteur à la Chambre M. Cliimirri, 7 juin 1890.
{Ibid.,\x 420.)
III. Le projet du ministre Chimirri, 13 avril 1891. {Ibid. 1891,
p. 294.)
IV. Le projet adopté par l'office central du Sénat, le 19 février 1892.
(Tord. 1892, p. 4.)
V. Le projet adopté par le Sénat, le 3 mars 1892, déposé le 26 mars à
la Chambre qui ne l'a pas encore examiné. {Ibid. 1892, p. 222.)
Ces projets présentent les caractères suivants :
1° Organisation d'un régime de prévention contre les accidents
,
HISTOIRE GÉNÉRALE OE I.'ASSlTRANnF, EN FRANCE ET A L ÉTRANGER 659

2° Abandon du principe de la responsabilité civile et adoption du


système de l'assurance obligatoire ;
3° Liberté pour le patron de choisir entre les divers organismes
d'assurance, mis à sa disposition.
— Belgique : Nous avons déjà mentionné les grandes lignes de
l'oeuvre belge (1).
En 1890, la Caisse des victimes du travail est créée.
L'exposé des motifs du projet de loi instituant une caisse de pré-
voyance et de secours pour les victimes des accidents de travail com-
prend une lettre du roi, dont nous détachons ces quelques fragments :
Si j'ai toujours favorisé de toutes mes forces la poursuite de nou-
veaux débouchés qui sont indispensables à notre activité industrielle et
dont, dépendent tant de nos concitoyens, les uns pour faire fructifier leurs
capitaux, les autres pour obtenir de leur travail un salaire, rémunérateur,
j'ai à me préoccuper au même degré des travailleurs qui, par suite d'ac-
cidents, no peuvent plus que difficilement ou pas du tout pourvoir à leur
existence.
Mais que d'infortunes individuelles, — souvent imméritées,—
secourir ! Que d'ouvriers incapables de travailler et manquant du nêces}
sairo !
Il y a quelques années, les Sauveteurs belges, cette phalange de
quatre mille citoyens d'élite, dont tant de membres se sont dévoués, bien
souvent au péril de leur propre vie, pour secourir leurs semblables, ont
fondé une Caisse de secours au profit des blessés du travail. Leurs
premiers fonds leur viennent du produit d'un carrousel militaire, de
réunions publiques organisées dans l'intérêt de l'oeuvre et de souscrip-
tions particulières.
C'est à une caisse permanente du môme genre, mais administrée ou
contrôlée par l'État, que je vous demande de remettre les sommes que
l'intention du cabinet était de solliciter en vue de lacôlébration du 25" anni-
versaire de l'inauguration do mon règne. Les intérêts pourraient en être
distribués aux blessés du travail par une commission dont je tiendrai
à suivre les travaux...
Le projet de loi, contresigné par tous les ministres, est ainsi libellé :
ARTICLE PREMIER.— « A l'occasion du 25° anniversaire de l'inaugu-
« ration du règne de S. M. Léopold II, il est institué une Caisse de prô-

« voyance et de secours en faveur des victimes des accidents du travail.

ARTICLE II.— « La Caisse jouira de la personnification civile.

(1) Voir Assurance des îniriin, pijo 237. — Secours ol sauvota^o, px.p (511.
660 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE BN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

ARTICLE III.— « Il lui est alloué à charge du Trésor public un capital


« de deux millions de francs.
ARTICLE IV.— « Les ressources de la Caisse seront affectées soit à
« encourager l'assurance contre les accidents du travail, soit à l'octroi
« de secours aux victimes de semblables accidents ou à leurs familles. »
Mais la fièvre de réglementation exalte les esprits en Belgique comme
ailleurs et les projets succèdent aux projets. Procédons par ordre :
En 1891, un projet est proposé à la Chambre, il porte sur le louage
de service des ouvriers et des domestiques.
La Revue des Assurances, fort au courant des choses de l'étranger
•t notamment de Belgique, va nous donner l'ensemble de ce projet.
Le projet pose en principe l'assurance obligatoire, tout en laissant
aux intéressés, sous certaines conditions, le choix de l'assureur.
C'est donc l'obligation mitigée sans le monopole. La Caisse
d'Épargne et de Retraite de l'État y jouera bien un certain rôle ; mais
l'assurance aux Sociétés ou Compagnies privées continuera d'avoir le
champ libre, dans les limites de la loi sur les assurances ouvrières.
Les primes ou cotisations sont à la charge des patrons, des em-
ployeurs...
Les articles 21, 22, 23, 24 et 25 sont applicables en matière d'assu-
rance obligatoire.
L'article 20, auquel on renvoie pour les conditions d'assurance, stipule
que le « chef d'industrie ou patron » peut souscrire une assurance, soit
individuelle, soit collective, pour le compte et au profit des ouvriers qu'il
emploie. Il en est de même en ce qui concerne le « chef de ménage » et
les domestiques...
Qu'arrive-t-il s'il n'y a pas assurance, si la police est expirée ou
insuffisante, etc"?
Les patrons sont tenus de « verser immédiatement dans une caisse
« de
l'État ou garantie par l'État, soit à titre de cautionnement, soit à
« titre de décharge définitive, le capital nécessaire pour assurer le service
« des rentes allouées par le juge », avec amende de 50 à 500 francs.
Les indemnités et les rentes dues en cas d'accident peuvent s'élever
jusqu'à 60 0/0 du « salaire quotidien moyen ».
En cas de mort, la veuve a droit à une pension viagère atteignant
20 0/0 du salaire; les enfants et les ascendants, les frères et soeurs, ont
droit à 10 0/0.
Le patron doit, en outre, les frais de médecin et de pharmacien,
jusqu'à concurrence de 100 fr. par sinistré, et en cas de mort une contri-
bution pour frais funéraires n'excédant pas 50 francs.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 661

La procédure en matière d'accidents est un peu compliquée : en


effet, la Section V ne comprend pas moins de 18 articles, avec renvois
fréquents à d'autres dispositions ; enfin, ce qu'il faut approuver sans
réserve, ce sont les mesures prises pour prévenir les accidents.
Quoi qu'il en soit de ce projet, il ne semble pas que la majorité du
Parlement belge accepte d'entrer dans la voie du socialisme d'État ;
aussi les propositions diverses de MM. Léon Dufuisseaux et de Malander
restent-elles sans aucune sanction législative.
— La Suisse est un des pays où le problème de l'assurance obligatoire
a été posé. Les
questions ouvrières y sont, d'ailleurs, depuis longtemps
à l'ordre du jour, et elles figurent dans les programmes politiques des
différents partis : socialistes, radicaux progressistes et démocrates. Mais,
soit esprit d'imitation, soit influence des cantons allemands, les principes
germains ont semblé un moment prévaloir chez nos voisins.
Les lois fédérales de 1877 et 1881 avaient déjà implanté une législation
uniforme à la place des règlements particuliers cantonaux et, le 26 octobre
1890, le peuple suisse, par 283,000 voix contre 92,000, donnait son appro-
bation sur le droit de légiférer sur l'assurance contre les accidents du
travail.
L'ouvrier suisse est cependant dans une situation heureuse qui ne
paraît pas justifier une législation exceptionnelle : sa journée de travail
est limitée à 11 heures, il entretient avec son patron, dont il partage le
plus souvent la vie commune, des relations agréables. La distance qui
sépare partout ailleurs le patron et l'ouvrier est insignifiante dans ce
pays où la petite industrie est seule développée et donne au patron des
grains trop modestes pour exciter les convoitises de l'ouvrier.
Malgré tout, le Conseil fédéral s'occupe de la question des accidents
du travail, qu'il lie à l'assurance contre la maladie.
Il veut que tout salarié des deux sexes, âgé de plus de quatorze ans
et dont le gain annuel ne dépasse pas 5,000 francs, soit obligatoirement
assuré contre les conséquences économiques de ses maladies et des
accidents qui pourraient lui survenir.
L'assuré recevra gratuitement les soins médicaux ainsi qu'une
indemnité de chômage. En cas d'accident entraînant une indemnité
durable, il aura droit à une rente égale aux deux tiers de son gain.
Ces projets ont été préparés par M. le conseiller national Forrer.
A leur sujet le journal le Temps écrit :
« C'est une très grosse entreprise, pleine de difficultés et d'imprévu,
« qui n'a pas absolument réussi en Allemagne, ce qui ne veut nullement

* dire qu'on ne puisse l'amener à bien en Suisse. Le coût total se chiffre-


662 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L*ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER
"
-«i

« rait par une dépense annuelle d'environ 25 millions. La moitié de cotte


« somme serait à charge des patrons, un peu moins d'un quart à charge
« des ouvriers, le reste serait supporté par le budget « fédéral ».
« La difficulté sera de trouver les ressources nécessairos, soit à r>

« 6 millions, représentant la participation de la Confédération. On a songe


« au monopole du tabac, mais ne faut pas
il oublier qu'en Suisse le lêgisla-
« teur propose et le peuple dispose ; ce serait vouer le projet à un échec
« assuré que de le combiner avec un monopole nouveau, et surtout celui du
« tabac, contre lequel se lèveraient d'enthousiasme 4 à 500,000 fumeurs..
Quoi qu'il en soit de ces projets, il semble que tous les hommes d'Kiai
sont loin d'être partisans de l'assurance obligatoire par l'État; certainv
d'entre eux même, après on avoir accepté le principe au début de lu
question, se sont, dans la suite, franchement ralliés à l'assurance libre (I).
— Dans les Pays-Bas, on s'inquiète également des accidents du travail,
dernièrement a eu lieu, à la Haye, avec le concours de plusieurs députés,
une grande réunion de délégués de fédérations ouvrières : Algemcen-
Nederlandsch Werkleeden-Verbond, Palrimonium ot Nederlandsche,
Roomsch-Katholieke Volksbond. Les délégués ont adopté à l'unanimité
une résolution demandant au gouvernement de nommer une commission
pour étudier la question de l'assurance obligatoire des ouvriers contre les
accidents.
— En Roumanie, M. Carp, ministre des domaines, a déposé deux
projets de loi qui constituent la première tentative de ce pays dans la voie
du socialisme d'État. La première do ces propositions crée des Caisses de
secours ouvrières, organisées sur le modèle des institutions analogues
fonctionnant en Allemagne et en Autriche.
Le second projet prévoit la création d'une Caisse générale dépendant
exclusivement de l'État et ayant pour objet d'assurer aux ouvriers des
mines infirmes par suite de maladies, d'accidents ou de vieillesse, des
pensions et des secours, ainsi qu'à leurs veuves et à leurs orphelins.
— En Espagne, la Commission des réformes sociales, constituée par
le gouvernement espagnol, avait élaboré un projet sur la responsabilité
industrielle, qui a été l'objet d'une étude détaillée au Congrès des accidents
du travail et des assurances sociales, tenu à Berne en 1891.
Le gouvernement,en s'inspirant de ce travail a présenté, le 5 juin 1891,
par l'organe de M. Aguilera y Velasco, ministre de l'intérieur, un projet
qui reproduit la pi jpart des dispositions du texte de la commission sous

(1)Voir page 179 : Bureau Coderai. M. Numa Droz, ancien président do la (lonlr-
dèration, repousse l'assurance obligatoire, voir page 162 ot note 1.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L*ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 663

réserve des deux modifications suivantes : d'une part aux jurys mixtes
prévus dans le texte de la commission, le projet du gouvernement subs-
titue un jury spécial afin de ne pas retarder la discussion de la loi sur la
responsabilité par la préparation non encore terminée de la loi sur les
jurys mixtes ; d'autre part, le taux des indemnités a été réduit pour ne
pas imposer à l'industrie des charges excessives eu égard à la modicité
des salaires des ouvriers de la péninsule.
Le législateur mexicain, écrivait dernièrement Y Écho du Mexique,
—«
«
s'est occupé de beaucoup de questions, mais il a, à peu près, complè-
«
tement négligé une de celles qui intéressent tous les prolétaires, c'est-
(
à-dire l'immense majorité du pays. Il y a bien, dans les anciennes
ordonnances de mines, quelques articles qui réglementent l'exploitation
>.

*
de façon à empêcher le plus possible les accidents ; mais rien dans cette
«
législation n'est venu donner une sanction à ces prescriptions et indi-
.< quer, par
exemple, dans quelle mesure l'expLoitant sera responsable
«
des accidents arrivés à ses ouvriers.
« Il en va de môme pour
le travail dans los usines et fabriques... »
Le journal mexicain n'est pas partisan de l'assurance obligatoire
contre les accidents, il demande que la législation, sur ce point, soit mise
au niveau de celle des autres pays et des principes proclamés par la
Constitution.

Les Congrès contre les accidents du travail. — Paris 1889.-— Création


du Comité permanent des accidents du travail et des assurances sociales.
— Congrès de Berne. — Congrès de Milan.
Au nombre des Congrès de 1889 qui n'ont pas disparu dans l'indif-
férence à cause de leur inutilité, il convient de citer celui des accidents du
travail, car il a provoqué une très forte création dont nous parlons plus
loin et dont l'action aura été d'un grand poids pour la solution à interve-
nir dans la question des assurances sociales et du risque professionnel.
Le 10 septembre 1889, la première séance du Congrès a lieu, elle est
ouverte sous la présidence de M. Ricard, vice-président du comité d'orga-
nisation.
11 est procédé à la constitution du bureau. M. Linder, président du
Congrès, est nommé président;
MM. Ricard, Cheysson, Dejace et Bertrand, président de l'Union des
Chambres syndicales du bâtiment, sont nommés vice-présidents;
MM. Toqué, ingénieur des mines, Gandouin et Tarbouriech, docteurs
en droit, sont nommés secrétaires.
664 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L*ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

L'ordre du jour appelle la discussion du rapport de M. le professeur


Dejace sur la responsabilité des accidents du travail et le risque profes-
sionnel.
A la deuxième séance, l'ordre du jour appelle la discussion du rapport
de M. Jourdain sur l'intervention des tribunaux pour la fixation des
indemnités en cas d'accidents du travail.
Les troisième et quatrième séances sont consacrées à un rapport de
M. Luzatti sur l'assurance obligatoire et sur l'assurance facultative.
Un gros débat est soulevé par cette question. MM. Adan, Ricard,
Meyrueis, Burelle, Cheysson, Imbert et Joubert se déclarent contre le
principe de l'assurance obligatoire.
M. Ricard déclare notamment qu'il ne lui paraît pas possible de se
rallier au principe de l'assurance obligatoire, sous peine d'arriver fatale-
ment à l'assurance obligatoire par l'État, ce dont personne ne veut en
France. Dans cet ordre d'idées, pourquoi ne pas forcer également tous
les industriels à s'assurer sur la vie et à s'assurer contre les incendies?
L'orateur conclut ainsi :
Le contrôle de l'État est intolérable pour le patron, exposé à tout
instant à subir la visite d'inspecteurs, comme pour l'ouvrier, obligé de
reprendre le livret. Le système de l'assurance obligatoire tarira tout
esprit de bienveillance chez l'ouvrier ; il faudra dire adieu à toutes los
institutions qui sont l'honneur des industriels et dont l'Exposition d'Éco-
nomie sociale nous offre le beau spectacle. On en arrivera à faire les
élections en demandant que les indemnités soient augmentées et les
primes diminuées, l'État devant payer la différence...
Dans la cinquième séance, M. le président fait le résumé des travaux
du Congrès. Des discussions de la section technique, il résulte que les
dispositifs inventés pour prévenir les accidents sont assez nombreux, que
leur installation a amené une diminution considérable du nombre des
accidents, mais qu'ils ne sont pas encore assez répandus dans l'industrie.
Dans la deuxième section d'administration on a constaté que les
règlements préventifs d'accidents sont nombreux. Il y en a qui sont
sérieusement appliqués, car ils sont confiés à un personnel spécial et
compétent, la surveillance des appareils à vapeur et des mines est très
bonne.
Malheureusement cette surveillance, si bien organisée soit-elle, est
encore insuffisante.
La même section a reconnu la nécessité d'établir les bases d'une
statistique des accidents du travail qui fait absolument défaut. Il faut
d'abord donner une définition de l'accident, uniformiser cette statistique
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L*ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 665

pour rendre comparables les résultats obtenus dans les différents pays.
La section a insisté sur la nécessité d'exiger la déclaration des accidents
dans les formes usitées dans le canton de Bâle.
Le président résume ensuite les travaux de la section économique et
de législation. Tout le monde considère que le statu quo n'est plus admis-
sible, qu'il y a lieu de modifier la situation actuelle par une législation
spéciale.
Le principe du risque professionnel semble adopté par la presque
unanimité des membres du Congrès ; on demande seulement qu'il soit
défini dans sa portée juridique et limité dans ses conséquences pécu-
niaires. Enfin, la section repousse le principe socialiste allemand. Ses
membres veulent conserver aux patrons leur responsabilité, mais aussi
leur liberté et leur initiative individuelle. Le principe de l'assurance
obligatoire et avec lui l'assurance par l'État semble repoussé par la
majorité du Congrès.

Une des manifestations immédiates de l'Exposition d'Économie sociale


de 1889 et la conséquence très directe du Congrès des accidents du
travail a été la constitution des membres du bureau de ce Congrès en un
comité qui prit le nom de Comité permanent international du Congrès de*
accidents du travail et des assurances sociales.
De suite, cette réunion d'hommes d'élite a pris un caractère très
marqué en faveur de la solution de la question du risque professionnel.
Afin de donner une consécration officielle aux travaux du Comité, la
publication d'un bulletin mensuel a été décidée.
Ce bulletin, envoyé à tous les adhérents, est un recueil remarquable
qui renferme tout ce que produisent d'intéressant les États européens ou
américains sur le risque professionnel et sur les assurances sociales (1).
L'oeuvre principale du Comité a été l'organisation de divers Congrès :
ceux de Berne et de Milan ont eu lieu au milieu d'un grand concours de
personnalités ôminentes venues de tous les pays.
Nous croyons nécessaire à la marche régulière de cette histoire de
donner en un compte rendu fidèle le programme des questions à l'ordre
du jour, et les résolutions prises par chacun de ces Congrès.
Congrès de Berne en 1891. — Les questions à l'ordre du jour étaient
les suivantes :
L'assurance contre les accidents du travail en Allemagne.
Des rapports de l'assurance allemande contre l'invalidité et la vieil-

li) Voir page 333.


666 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L*ÉTRANGER

lesse, entrés en vigueur le lor janvier 1891, avec les assurances déjà
existantes contre les accidents et la maladie.
De la nécessité d'inspections officielles dans les mines et manu-
factures pour arriver à l'application sérieuse des mesures préventives
contre les accidents de machine, et de l'opportunité d'une législation
spéciale destinée à endre obligatoire l'emploi des appareils reconnus
pratiques.
État de la question des accidents du travail en Autriche.
De quelques accidents de manufactures en Angleterre.
État actuel de la question des accidents du travail en Belgique.
Statistique des accidents considérés surtout au point de vue de l'étude
des moyens préventifs.
La législation des Étals-Unis sur les accidents du travail.
État présent de la question des accidents du travail en France.
Du rôle de l'initiative privée dans l'organisation de la prévention des
accidents.
Condition d'une statistique rationnelle des accidents.
Des caisses syndicales d'assurances mutuelles dans les différentes
industries
Le rôle et les travaux du Comité permanent depuis le Congrès de
1889.
La question des accidents et la législation ouvrière dans les Pays-
Bas.
État de la question des accidents du travail on Italie.
De la question ouvrière dans les États Scandinaves.
La statistique des accidents en Suisse ; état actuel des travaux.
État actuel de l'assurance contre les accidents en Suisse.
Assurances contre la maladie, les accidents et l'invalidité, et le?
rapports qui existent entre elles.
Les résolutions suivantes ont été adoptées par la commission des
Présidents et acceptées par le Congrès.
Prévention et réparation des accidents du travail.— C'est un devoir
impérieux, à notre époque, de prévenir, par tous les moyens possibles,
les accidents du travail et les maladies professionnelles et d'en réparer
les conséquences :
a) En ce qui concerne les mesures préventives, il est désirable de
combiner l'action des initiatives individuelles avec celle des associations
et de l'État,
b) En ce qui concerne la réparation des conséquences, il convient,
pour la garantir en tout état de cause, qu'elle soit l'objet d'assurances
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 667

organisées dans chaque pays suivant le système qui s'adapte le mieux à


ses conditions particulières.
c) En organisant ces assurances, il parait avantageux d'en détacher
les accidents dont la conséquence est de courte durée pour les rattacher,
autant que possible, à la même organisation que celle qui se rapporte
aux maladies en général.
d) L'attention des pays qui voudraient en outre organiser l'assurance
contre l'invalidité et la vieillesse est appelée sur la convenance de
combiner, autant que possible, le réseau de cette assurance avec
celui de l'assurance contre les accidents graves et les maladies profes-
sionnelles.
Statistique. — Convaincu de la nécessité d'asseoir les lois d'assu-
rances sociales sur de bonnes statistiques ot de l'utilité de les dresser
pour chaque pays sur des bases qui facilitent les comparaisons interna-
tionales :
a) Le Congrès exprime le voeu que les divers gouvernements qui ne
l'ont pas encore l'ait veuillent bien prendre les mesures nécessaires pour
procéder à des relevés, méthodiques et aussi détaillés que possible, des
accidents du travail, en appuyant sur un bon recensement des pro-
fessions.
6) Le Congrès confirme à son Comité permanent le mandat de pour-
suivre l'étude des cadres d'une statistique internationale des accidents et
l'invite à les soumettre au prochain Congrès, après s'être concerté, s'il y
a heu, avec l'Institut international de statistique, le Comité international
d'hygiène et de démographie ot autres corps analogues, pour amener
une entente internationale sur les éléments servant de bases à cette statis-
tique, tels que la nomenclature des causes de décès et celle des pro-
fessions.
Congrès de Milan, octobre 1895, programme des questions à traiter :
Des systèmes et des mécanismes adoptés dans les divers pays pour
prévenir les accidents du travail.
Moyens préventifs nouveaux contre les accidents du travail, résultant
des concours ouverts par l'Association des industriels de France contre
les accidents du travail.
Des mesures préventives contre les accidents du travail dans les
mines, et des résultats obtenus.
Résultats obtenus pour les diverses associations pour prévenir les
explosions des chaudières.
Organisation des inspections de fabrique en France et résultats
obtenus.
668 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE BT A L'ÉTRANGER

L'inspection des fabriques en Allemagne.


Le travail des femmes et des enfants clans les établissements indus-
triels et dans les mines.
Des maladies professionnelles.
Les différentes combinaisons à offrir au choix des patrons, dans un
même pays, pour l'assurance contre les accidents, avec garanties efficaces
en faveur des victimes.
Avantages du libre choix de l'assureur en cas d'asurance obliga-
toire; opportunité d'organiser, mais non d'imposer, des Caisses officielles
ayant pour mission de servir de type au point de vue de la solvabilité,
de l'économie et de la rapidité des règlements. — Du rôle réservé dans
cet ordre d'idées aux Caisses nationales constituées par les Caisses
d'épargne.
L'assurance obligatoire.
L'organisation et les résultats de la statistique suisse des accidents
du 1* avril 1888 au 31 mars 1891.
Du fonctionnement des assurances en Autriche.
Données statistiques sur les résultats des assurances ouvrières dans
les divers pays et charges correspondantes.
Relation entre l'assurance contre les accidents et le nombre des
accidents.
Du fonctionnement de l'assurance contre la vieillesse et l'invalidité en
Allemagne.
Les musées sociaux. — Leur rôle.— Leurs avantages.
Les accidents du travail dans l'industrie sôricicole.
État actuel de la question des accidents du travail dans les diffé-
rents pays.
La responsabilité des patrons en Angleterre.
L'assurance obligatoire contre les maladies et les accidents en
Suisse.— Portée économique des projets de loi.
État des travaux législatifs en Italie pour la protection des ouvriers
et l'assurance contre les accidents du travail.
La question des accidents en Suède.
La situation des questions ouvrières en Espagne.
État actuel de la question des accidents en Russie.
Aperçu des lois russes sur le contrat de louage, sur les rapports
entre patrons et ouvriers, sur l'inspection des fabriques, sur la responsa-
bilité des patrons, sur le repos hebdomadaire et la limitation de la durée
du travail.
De la faute lourde en matière d'accidents du travail.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSORANCK EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 669

Sur la nécessité d'étendre l'assurance à tous les accidents causés


directement ou indirectement par le travail industriel.
De l'influence de l'assurance contre les accidents sur l'amélioration
du traitement des blessés et le rétablissement de la capacité au travail.
De l'importance de l'assurance individuelle et du concours des insti-
tutions de bienveillance pour en favoriser l'application.
Du rôle des patronats dans la diffusion des assurances.
Par quels moyens l'assurance sociale est-elle efficace?— Contribu-
tion de l'assurance sociale à l'assistance et à l'éducation.
A propos des règlements sur la surveillance des chaudières à
vapeur.
Résultats obtenus par les Sociétés de secours mutuels par rapport
aux subsides en cas d'accident.
De l'assurance contre le chômage involontaire.
Les résolutions du Congrès ont été les suivantes :
Prévention des accidents. — Le Congrès émet le voeu que, pour
réaliser dans les meilleures conditions possible la prévention des accidents
du travail et la salubrité des ateliers, les pouvoirs publics favorisent le
développement des associations créées dans ce but par l'initiative
privée et qu'ils combinent l'action de l'État avec celle des associations
libres.
Le Congrès émet le voeu que les associations fondées dans les divers
pays pour prévenir les accidents du travail étendent leur action sur les
travaux agricoles.
Le Congrès émet le voeu, que dans les divers pays il soit constitué
des musées sociaux qui exposent au public des documents et des modèles
relatifs aux assurances sociales et notamment à la prévention des acci-
dents.
Atténuation des accidents.— Qu'entre la prévention et la réparation
des accidents, l'attention des gouvernements et des établissements d'assu-
rances soit appelée sur l'atténuation des accidents, c'est-à-dire sur les
mesures à prendre pour diminuer leurs conséquences traumatiques.
Réparation des accidents. — En ce qui concerne l'organisation de la
réparation des accidents, le Congrès ne voit pas de raison actuelle pour
modifier les résolutions du Congrès de Berne et les confirme (1).
Statistique. — Qu'il soit dressé une statistique annuelle et complète
sur les circonstances et les conséquences des accidents du travail,
notamment au point de vue de la nature des blessures et de la durée de

(1) Voir page 666 : Prévention et Réparation b, c, d.


670 HISTOIRE GÉNÉRALE DR L'ASSURANCE EN FRANCE ET A i/ÉTRANGER

l'incapacité de travail, en centralisant autant que possible le dépouille-


ment de ces éléments.
Que cette statistique soit étendue aux maladies professionnelles.
Que les divers pays utilisent pour ces statistiques le cadre dressé par
l'Office Impérial des assurances et adopté par le Comité permanent et
publié par lui dans le Bulletin en 1893.
VI

HISTOIRE DES ASSURANCES AGRICOLES

LES RISQUES AGRICOLES. — LE CRÉDIT AGRICOLE.


L'ASSURANCE GRÊLE. — L'ASSURANCE BÉTAIL
LÉGISLATION ET ÉTAT DE LA QUESTION SUR LES
ASSURANCES AGRICOLES
EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER
LES RISQUES AGRICOLES
Les risques que court l'agriculture : l'incendie, la perte du bétail,
les accidents divers, notamment les écroulements de maisons par les
orages, la grêle, la gelée et l'inondation, occasionnent chaque année une
perte qui s'élève à la somme de 105,000,000 francs environ et qu'on peut
décomposer ainsi :
Francs

Sommes payées par les Compagnies grêle 9.000.000


— — bétail 900.000
— —
l'État, pour les
incendies, les accidents, le bétail, la grêle, la gelée,
l'inondation 4.800.000
Sinistres reconnus, non secourus par l'État, ou non
couverts par l'assurance (1) 90.300.000
Soit 105.000.000

La matière assurable grêle en France porte sur les céréales, sur les
(1) Dans ce chiffre sont compris 1,500,000 francs environ provenant de pertes
déclarées aux quatre Caisses départementales do la Marne, de la Somme, de la Meuse
et des Ardennos et non indemnisées par elles. Sur 1,509,804 francs de pertes on 1895,
elles n'ont payé que 117,573 francs qui se décomposent ainsi :
Portos (lâclaréos Portes payées Moyonnes
t Exploitations rurales. 785.753 70.946 9.02 0/0
, la
Caisse de -„
, Marne. '
,..
. <{ Vignes et, jardins.
. ,. . .
.„„ .„,
102.431 „„ .__ 9.93
10.177 „ 0/0„
— Meuse 604.447 28.926 4.78 0/0
— Somme 17.233 7.524
— Ardennes (Cette caisse a reçu une somme insignifiante pour couvrir
le risque grêle).
672 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

récolles diverses et sur les vignes; elle varie de 6 à 7,500,000,000.


Sur cette somme l'assurance couvre seulement 510,000,000 environ ! ! !

En ce qui touche au bétail, la dernière statistique française donne


44 millions d'animaux de ferme et, d'après un récent recensement, le
bureau de statistique du ministère de l'Agriculture des États-Unis
comptait sur la surface du globe : 227,336,475 bêtes à cornes,
59,839,329 chevaux, 449,668,456 moutons et 95,544,447 porcs. La matière
assurable en France peut être évaluée de 4 milliards à 4 milliards et demi,
la perte annuelle de 17 millions environ, sur lesquels l'État en accorde un
à peine. Enfin l'assurance couvre seulement la somme de 40 millions.

LE CRÉDIT AGRICOLE

La question de savoir si le Crédit agricole doit avoir pour bases les


assurances a été soulevée à diverses reprises : au Parlementen 1893, lors,
de la discussion sur les Sociétés coopératives, puis dans le projet
Calvet.
Cette doctrine, sujette à controverse, a provoqué une résolution
importante au VIII» Congrès du Crédit populaire et agricole de 1896 que
nous n'hésitons pas à reproduire (1) :
« En ce qui concerne le Crédit agricole qui, dans la proposition
Calvet, est, selon l'expression très juste d'un agent d'assurances, le mot
magique destiné à séduire et à illusionner sur la valeur du système tout
entier, nous ne saurions protester trop énergiquement contre son organi-
sation nationale, administrative, annexée à celle des assurances dont les
bénéfices présumés doivent la doter.
« Le Crédit agricole national, étroitement lié à la fortune si douteuse
de l'assurance nationale et fonctionnant dans les conditions étranges que
nous avons rapportées, ne peut que leurrer les populations rurales.
Les déceptions auxquelles il donnerait lieu, à coup sûr, détruiraient la foi
des cultivateurs en l'efficacité des services du crédit, services qu'ils
peuvent, au contraire, légitimement attendre de leur affiliation aux insti-
tutions locales, autonomes, responsables, régulièrement constituées,
dont il existe déjà des types si nombreux et si variés.
« Et lors même que l'exploitation administrative des assurances préco-
nisée par M. Calvet devrait être productive des ressources qu'il escompte,
(1) VoirOrganisation administrative des Assurances et du Crédit agricole.
Y —
Quillaumin et Cie, éditeurs.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 673

le Crédit agricole, qui est par essence une oeuvre de liberté et de


mutualité, ne saurait accepter de devenir bénéficiaire d'une traite tirée
sur l'industrie des assurances, de recueillir les profits enlevés par une
concurrence inégale à des institutions privées »

L'ASSURANCE CONTRE LA GRÊLE

La grêle et les particularités qu'elle présente. — Origine des


Sociétés.— La Société d'Assurances réciproques contre la grêle de l'an IX,
sa situation au 30 fructidor de l'an XIII. — La Cérès de 1823 et la
Société de Toulouse de 1826. — La Compagnie d'Assurances Générales
et l'Abeille.— Note, lettre et projet de décretprésenté au Prince-Président
Napoléon pour la constitution de l'assurance grêle par l'État. — Consti-
tution de la Caisse Générale des Assurances agricoles, refus du Conseil
d'État, liquidation de la Caisse en 1889. — Les diverses phases de
l'assurance grêle. — Résultats des Compagnies et Sociétés en 1895. —
Compagnies existantes et disparues. — Les Caisses départementales. —
La Caisse des tabacs du Lot. — Texte des conditions générales des
polices.

Il existe pour les agriculteurs une branche d'assurances contre la


grêle pour toutes les sortes de récoltes. Cette assurance ne garantit
absolument que les sinistres causés par la grêle, et non ceux que
pourraient occasionner une trombe, une tempête, une inonda-
n ou tout autre accident, précédant, accompagnant ou suivant la
grêle.
Les risques sont classés d'après la nature des récoltes ; l'assurance
peut être contractée, à n'importe quelle époque de l'année, par toute
personne intéressée à la conservation du risque, mais le contrat ne peut
profiter qu'au propriétaire ou à ses ayants droit. Cette assurance part du
15 avril.
La grêle présente des particularités intéressantes. Ainsi, certaines
contrées sont ravagées presque tous les ans, tandis que des localités
voisines le sont très rarement ; les coteaux longeant les cours d'eaux
souffrent généralement plus que les pays de plaines ou déboisés. On a
remarqué par contre que plus on s'approche des côtés de la mer, moins la
grêle est fréquente. Quant aux saisons, elles influent aussi, d'une manière
47
674 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

différente, selon les pays. Sur cent fois qu'il tombe de la grêle dans une
année, on a :
Hiver Printemps Étô Automno
En Angleterre . 45.5 29.5 3~0 277 0
En France 32.8 39.4 7.0 20.7
. . .
En Allemagne. 10.3 46.7 29.4 13.6
En Russie. . . 0.9 35.5 50.6 13.0
L'assurance contre la grêle est assez ancienne, car sa pratique
remonte à l'an IX de la première République, c'est-à-dire à 1799.
Nous sommes en effet en possession d'un document qui nous permet
d'assigner au siècle dernier la création de la Société d'Assurances récipro-
ques contre la grêle, à Toulouse.
Le rapport sur la situation de la Société lu à l'assemblée générale
des sociétaires le 30 fructidor an XIII par M. Barrau, directeur, est parti-
culièrement intéressant, car à la Caisse des grains et des vins déjà
existante depuis six ans il mentionne la constitution d'une Caisse contre
la mortalité des bestiaux.
Le directeur de la Société s'exprimait ainsi :
Mon intention, en me livrant à ce dernier travail, a étô de vous
mettre, autant qu'il est possible, à l'abri des revers de la fortune et dos
caprices des éléments.
Bientôt, je l'espère, nous ne redouterons pas plus les maladies qui
font périr les animaux, que la grêle qui ravage les récoltes ou l'incendie
qui détruit les maisons.
Si vous jugez que mon plan peut être mis à exécution tel qu'il vous
est présenté, tout sera organisé incessamment pour recevoir les déclara-
tions d'assurance ; mais nous nous réservons de corriger et de rectifier
nos premières idées et cette organisation provisoire, à mesure que
l'expérience nous aura appris à mieux diriger, s'il y a lieu, cette branche
d'administration nouvelle.
Voici, Messieurs, la situation de la Société en général, et celle de la
Caisse des vins en particulier.

Situation générale de la Société à ce jour, 30 fructidor.


825 associés.
Francs

Récoltes en grains assurées 2.519.634


Vins assurés 755.501
Total des récoltes assurées 3.275.135
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANOER 675

Situation de la Caisse des vins audit jour.


554 associés intéressés.
755,501 francs de vins assurés ont produit une masse de vingt-deux
mille six cent soixante-cinq francs quatorze centimes, ci 22,665 fr. 14
.
49 associés ont été grêlés ; s'il ne survient pas d'autre orage malfai-
sant, ils seront suffisamment dédommagés, eu égard au peu de valeur de
cette denrée.
Je terminerai, Messieurs, ce rapport par la lecture de mon compte
rendu.

Compte rendu par le Directeur de la Société, de l'exercice de


l'an XIII, 4° année de l'Établissement, pour ce qui concerne la Caisse
des grains.
714 associés ont fait assurer des grains pour la Fr!Tcs 1
somme de deux millions cinq cent dix-neuf mille six
cent trente-quatre francs, ci 2.519.634 »
Les primes, sur cette somme, à 3 0/0 se sont élevées
à soixante-quinze mille cinq cent quatre-vingt-neuf
francs deux centimes :
Savoir :
En argent comptant, lors des inscrip-
tions d'assurance 19.005 53 /
„,. ___ ._
En billets des associés 56.583 49)
A déduire :
Pour le coût de soixante-une expertises
et les frais applicables à la Caisse des
grains, eu égard à la portion qui complète
la caisse des vins 955 » j
Pour les dépenses imprévues et extra- r
. »-,,
ordinaires, dont le compte ne doit être
*
(
présenté que le 20 août prochain 300 »
]

Reste en masse 74.334 02


60 associés ont été grêlés ; la somme totale de leurs
pertes, d'après les rapports des experts, s'élève à quatre-
vingt-deux mille trois cent quatre-vingt-quatorze
francs quarante-huit centimes, ci 82.394 48
———i»Bia^B=Sa
676 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

La Cérès pour les départements de la Seine, Seine-et-Oise, Seine-et-


Marne, Aisne, Oise, Eure-et-Loir, Marne, Yonne, Aube, Loiret,
Loir-et-Cher, Somme, Seine-Inférieure et Eure a été créée en 1823
par ordonnance royale du 29 janvier. Le siège social était situé :
91, rue Neuve-des-Petits-Champs et le directeur-gérant était
M. P. Truelle (1).
Tout en conservant le second rang de création pour les Sociétés
mutuelles, la Cérès occupe le premier rang des Sociétés existantes et la
Société de Toulouse créée en 1826 le second (2).
Poursuivons les révélations de l'histoire.
En 1854, .M. de Gourguff (3), directeur-fondateur de la Compagnie
d'Assurances Générales, met à exécution un projet que depuis quelques
années déjà il étudiait ; il dote sa Compagnie de la branche grêle ; en
1856, l'Abeille se fonde à Dijon et garantit également le risque grôle à
primes fixes.
Il faut lire l'étude de M. Darodes de Tailly et celles très autorisées de
M. Jean Perriaud, pour se rendre compte des difficultés qui dès les
débuts ont assailli les premières Compagnies à primes fixes qui assuraient
le risque grêle.
Mais, la voie était ouverte et la suivre devait séduire bien des
esprits.

Un novateur, dont le nom révélé soulèverait de justes susceptibilités


— aussi ne le divulguerons-nous pas — adressait en 1850 un dossier à
Louis Napoléon, président de la République française.
Des documents présentés, et qu'il nous a été possible de nous pro-
curer, nous détachons : 1° une note sur l'assurance grêle ; 2° une lettre
et un projet de décret.
(1) Le Conseil d'administration était composé de :
MM. le duc de Montmorency, pair de France, président; le comte de Courtarvel,
pair de France, vice-président ; le comte de Chastellux ; le marquis de Courtarvel ; le
comte de Laborde, député, membre de l'Institut ; le baron E. de Bray, conseiller du
roi prés les manufactures ; Tessier, membre de l'Institut ; le duc de Grillon, pair de
France ; le marquis de Rougé ; le duc de Rauzan ; le marquis de la Guiche ; le comte
de la Briffe, pair de France; le comte d'Haussonville, pair de France; le duc de
Caraman, pair de France; André Tronchon, député de l'Oise, propriétaire-cultivateur;
Théodore Lemaire, député de l'Oise, propriétaire-cultivateur ; le comtede Montguyon,
pair de France; Maxime Lemaire, propriétaire-cultivateur;Labbé, maître de poste;
le comte Defitte, député de Seine-et-Oise, propriétaire-cultivateur.
(2) Voir plus loin, page 684 et 685, la liste des Sociétés et leurs résultats.
(3) Voir pages 407.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 677

Note sur les Assurances contre la grêle et la gelée


(texte d'après l'original).
L'assurance contre la grêle n'a jamais été sérieusement essayée en
France. De 1820 à 1839 une vingtaine de Sociétés mutuelles se sont
formées. Après les désastres de 1839 qui ont coûté à la France en sinis-
tres de grêle 102 millions, sur 10 Sociétés en exercice 4 se sont dissoutes
et 6 n'ont donné que des parcelles d'indemnité.
Aucun pays plus que la France, à raison de sa richesse agricole et de
la susceptibilité de plusieurs de ses produits, n'aurait besoin d'être
garanti contre la grêle et la gelée.
La matière assurable contre ces risques est évaluée :
5 milliards par M. Dupin {Forces productives de la Finance;
7 — par M. Moreau de Jones {Statistique officielle) ;
8 — par M. Millot;
7 — par M. Masson, ancien Maître des requêtes.
Il y a à déduire de ce chiffre l'importance des récoltes qui ne sont pas
soumises aux fâcheuses influences de la grêle. En supputant un milliard
et demi, ce qui est énorme, pour la matière assurable, reste 5 milliards
et demi.
Sur ces 5 milliards et demi l'assurance couvre 300 millions seule-
ment contre la grêle et zéro contre la gelée !

La contribution d'assurances, frais compris, est pour la grêle de


1.37 0/0 et, malgré l'élévation de ce prix, les Compagnies ne peuvent
jamais indemniser complètement leurs assurés.
Voici donc, au plus favorable, la situation actuelle de l'assurance
contre la grêle en France :
300 millions garantis sur 5 milliards et demi exposés,
3 millions réparés sur un dommage moyen de45 millions.
D'où perte annuelle occasionnée par la grêle 42.000.000
Parlagelôe 13.000.000
Ensemble 55.000.000
de perte que supportent chaque année les classes agricoles sans compter
les dommages résultant de l'épizootie et des inondations.
A cette note était annexée la lettre suivante :
Au Prince Président de la République.
Monseigneur,
t Votre décret sur le Crédit Foncier, appelé à régénérer la propriété
678 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« en France, en répandant dans les campagnes les bienfaits d'un prêt peu
« onéreux et d'un remboursement facile, a trouvé de l'écho dans la plu-
« part des départements.
« De tous les points du territoire nous parviennent des demandes
« en formation de Société.
« Il m'a paru, Monseigneur, que pour seconder cet élan, on devait
« rechercher les moyens de donner aux capitaux qui entrent dans cette
« voie toute la sécurité possible, afin que cette sécurité même tournât au
« profit commun.
c Soit que la lettre de gage repose sur la terre, soit qu'elle ait sa
« représentation dans l'immeuble, sa solidité ne peut être complète qu'au-
« tant que ces valeurs seront à l'abri des deux fléaux destructeurs qui
« l'atteignent le plus habituellement, le feu et la grêle.
« Dans l'état actuel des choses, l'assurance contre l'incendie peut,
« si elle n'est pas à la portée de toutes les fortunes, se généraliser cepen-
« dant avec le concours de
l'État de manière à réaliser une somme
« complète de sécurité. Mais en ce qui concerne le fléau de la grêle, il est
« douloureux de reconnaître que les institutions actuelles, sans force et
« sans crédit, laissent chaque année à découvert six milliards de valeurs
t et que la France perd, chaque année, de ce chef seul, de 40 à 45 millions.
« Persuadé, Monseigneur, que ces pertes si considérables condui-
« sent naturellement à l'inexécution des engagements pour les emprunts
« contractés et par suite à des emprunts nouveaux qui mènent à la
« ruine, je viens vous proposer de remettre aux mains puissantes de
«
l'État les intérêts agricoles du pays, en décrétant obligatoire l'assu-
« rance contre la grêle, de manière à ce que les sacrifices de tous rendus
« presque insensibles par l'importance de la matière assurable aient pour
« unique destination de réparer les pertes de quelques-uns.
<f
Mais à côté de cette obligation impérieuse de s'assurer, indispen-
« sable pour que la contribution commune fasse de cette mutualité gêné-
« raie une chose éminemment utile et peu onéreuse, vient se placer
« l'impossibilité pour les pauvres agriculteurs ayant un champ modeste
« de s'imposer ce sacrifice. Il m'a paru que les cotisations devaient être
« combinées de manière à ce qu'un nombre déterminé de petits cultiva-
* leurs pût jouir des bienfaits de l'assurance gratuite et cette pensée,
«
Monseigneur, ne saurait trouver que des approbateurs parmi les
« personnes qui ouvrent chaque année des souscriptions volontaires
« pour venir au secours de ces infortunes, souscriptions qui ont Pinsuffi-
« sance de l'aumône et qui, transformées en cotisations insensibles,
« auront le mérite d'une oeuvre de haute utilité.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 679

« Malgré cette surélévation comprise dans la cotisation, comme aussi


«
celle résultant de la création d'une réserve annuelle destinée à parer
« aux écarts
dans la moyenne des sinistres qui se sont produits à certaines
« époques,
la contribution arrêtée dans notre travail sera fort au-dessous
«
de celle qui serait exigée aujourd'hui, car il ne faut pas perdre de vue
« que,
si les sinistres varient de 40 à 45 millions annuels, la matière assu-
«
rable est de six milliards.
« Mais, Monseigneur, pour que la solidité des lettres de gage soit
«
complète, il faut appliquer aux pauvres agriculteurs, qui restent en
«
dehors de l'assurance contre l'incendie par suite du peu de valeur des
«
objets qu'ils possèdent, cette garantie gratuite qui leur est si nécessaire;
« en prenant sur
le fonds de réserve que je viens d'indiquer la somme
«
nécessaire à la garantie des objets mobiliers et immobiliers qui ne vont
« pas
individuellement au-dessus de mille à douze cents francs, vous ne
«
laisserez, Monseigneur, aucun intérêt à découvert et vous aurez atteint
i le noble but que vous vous êtes proposé, celui de défendre la propriété
«
publique contre deux fléaux qui la ruinent. »
Enfin le projet de décret suivant couronnait l'oeuvre du novateur :
Au nom du peuple français, Louis-Napoléon, Président de la Répu-
blique Française, sur la proposition du Ministre de l'Intérieur,
Décrète :
« Il est établi par
l'État un système général d'assurances mutuelles
« avec
cotisation fixe contre le fléau de la grêle.
« Cette assurance est- obligatoire et comprend tous les produits du
«
sol soumis à l'influence de la grêle.
« La cotisation, basée sur la moyenne des sinistres observés, et
«
rendue d'autant plus insensible que la matière assurable est appelée
« tout entière à contribuer, devra être surélevée seulement de la

« nécessaire à la formation d'un fonds de réserve destiné à parer aux


« dégrèvements que l'obligation de l'assurance pourrait rendre néces-

« saires et à augmenter le fonds de secours établi au budget du Ministère

« de l'Intérieur, le tout dans les proportions indiquées ci-après :

« Les cultivateurs, dont, la position constatée ne permettrait pas le


« sacrifice de la cotisation, pourront sur leur demande appuyée par les

« autorités locales être dégrevés chaque année de tout ou partie de leur

« cotisation, jusqu'à concurrence d'une valeur assurable de 1,000 francs,

« sans que cependant l'ensemble de ces dégrèvementspuisse représenter

« en cotisations annuelles une somme supérieure à celle de trois millions

« de^francs;
680 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« Sur la portion disponible du boni, reporté au crédit du fonds de


« secours, après les dégrèvements opérés, il sera prélevé chaque année,
« pour les motifs
expliqués dans les considérants qui précèdent, jusqu'à
« concurrence
de un million de francs pour l'assurance gratuite contre
« l'incendie de propriétés mobilières et immobilières d'une valeur
de un
«
milliard divisé en assurances de valeur individuelle de 1,000 à 1,500 fr.,
« appartenant aux petits cultivateurs tenus en dehors de
l'assurance à
« raison de l'impossibilité où ils sont de se faire assurer ou
de payer lo
« prix de l'assurance.
« Les listes de demandes en dégrèvement ou en
participation au fond
c de secours pour l'assurance gratuite seront dressées dans chaque
« commune par les autorités locales et arrêtées par le
Ministre de l'Inté-
« rieur.
« Un règlement
d'administration déterminera les classifications et
t cotisations de risques et les conditions de l'assurance.
« Fait »

L'Empereur Napoléon III devait se souvenir des tentatives de socia-


lisme insinuées au Prince-Président, et la création laborieuse de la Caisse
Générale des Assurances agricoles en fut le résultat (1).

(1) L'organisation de cette institution d'État éprouva en effet de grandes difficultés.


V.ic> à ce sujet la note que M.Jean Perriaud insère dans une de ses études sur lc
sujet (journal l'Assurance Moderne du 30 novembre 1893).
11 s'agit de la raison pour laquelle le Conseil d'Etat a refusé d'agréer la création
de la Caisse Générale des Assurances agricoles :
d Le
Conseil d'État a pris cette décision (24 décembre 1857) parce qu'il a reconnu
«
qu'un danger immense accompagnerait toute immixtion officielle dans l'industrie des
« assurances.
u
Néanmoins l'Empereur, qui tenait à son idée, voulut tenter un essai, en faisant
»
constituer, par une personne acquise à sa dévotion, la Société repoussée par le
«
Conseil d'Etat. Son cousin le prince Murât fut placé à, la tête du Conseil d'adminis-
« tration et, lui-même, pour entraîner par son exemple, s'assura des
premiers ».
Au surplus, M. Perriaud publie le document ci-dessous qui ne peut laisser aucun
doute à ce sujet :
u
Caisse Générale des Assurances agricoles. — Par décret de l'Empereur, en date
«
du 30 décembre 1858, sont approuvés les statuts de la Caisse Générale des Assurancet
« agricoles.
« Les
considérations suivantes extraites d'un mémoire adressé au Conseil d'Etat
« montrent la nécessité, le but et le mécanisme de cette institution, ainsi que les
« avantages qu'elle promet au pays, surtout aux population rurales....
« Telle est l'introduction qui est suivie de huit pages in-8° d'explications.
Cette note a dû certainement être envoyée aux instituteurs, maires, juges de
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L*ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANOBR
681

Cette Caisse Générale des Assurances agricoles vécut jusqu'en 1889,


elle assurait contre la grêle, la gelée, l'inondation et la mortalité des
animaux de ferme; mais sa situation, telle que nous l'a révélée M. Thome-
reau dans son étude signalée précédemment, ne présentait aucune chance
de prospérité.
En effet, écrit M. Thomereau :

Les trois caisses mutuelles, qui devaient supplanter, haut la main,


«
«
toutes les Sociétés en exercice, s'acheminent vers une prompte et
i piteuse liquidation.
« La
Caisse-bétail, après avoir atteint son point culminant en 1864
paix et probablement à tout le personnel administratif pouvant rendre un service
quelconque à la nouvelle création. En effet, dit M. Perriaud :
« M. le Ministre de l'Instruction publique autorisa, par une
circulaire spéciale, les
«
instituteurs à recueillir des adhésions. Des comités patronaux se créèrent dans les
«
chefs-lieux de canton, sous les auspices des juges de paix, et, dans les communes,
• sous
les auspices des maires. Enfin, les notaires eux-mêmes furent priés de prêter
i leurs concours.
«
Voilà donc une Société revêtue suffisamment du caractère officiel pour la faire
« accepter
des populations comme « l'Assurance du Gouvernement », ce qui devait
«
naturellement, dans la pensée des fondateurs, produire des résultats merveilleux.
«
Il fut loin d'en être ainsi ; malgré tous les efforts dépensés par les agents de
«
l'administration, malgré l'appui d'une presse bienveillante, la Société resta station-
«
naire.
« M.
le Procureur prés la Cour de Lyon sonna la retraite le premier. Il adressa
»
(t) décembre 1859) une circulaire à MM. les Procureurs de son ressort, leur enjoi-
> gnant de faire connaître à M. le Président et aux membres de la Chambre de
«
notaires « qu'ils devaient renoncer aux fonctions qui leur auraient étô récemment
«
conférées de Directeur d'arrondissement de la Caisse des Assurances agricoles ou de
«
refuser celles qui leur seraient offertes ».
« A son tour, le 17 décembre, M. le Ministre de l'Intérieur rappelait à MM. les
«
Préfets que la Caisse des Assurances agricoles était une entreprise privée à
• laquelle on ne devait accorder aucune faveur spéciale.
« Enfin, le 26 décembre, M. le Ministre de l'Instruction publique croyait devoir
« écrire, de son côté, à M. Pouget, rédacteur en chef du Journal des Assurances, pour

« lui annoncer qu'aucune faveur ne serait accordée désormais. ...»


— Voir également : Le libre-échange absolu à l'intérieur et à la frontière, par
Alcide Amelin ; Guillaumin, éditeur.
— Un premier essai de socialisme
d'État sous
Napoléon III ; La Caisse Générale des Assurances agricoles (1858-1889), par Thomereau.
— (Journal des Économistes, décembre 1893) Des Assurances agricoles, par Alfred de
Conrcy, (1857) Ch. Doniol, éditeur.
— Les Assurances agricoles, étal actuel de
la
question, A. Thomereau ; Guillaumin, éditeur. — Assurance contre la grêle (cours de
M. Jean Perriaud à l'Association philotechniquo) Warnier, éditeur. Étude écono-
; —
mique de l'assurance grêle, par Jean Perriaud ; Paul Dupont (1892).
682 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« (valeurs assurées ; 12,690,000 francs) voit ce chiffre décroître à


« 4,634,000 francs en 1866 et entre en liquidation le 31 décembre de cette
« année-là.
<r
La Caisse-grêle, après avoir assuré 26 millions en 1864, tombe à
« 7
millions et demi en 1867 et entre en liquidation le 31 décembre.
« Voilà des résultats quelque peu éloignés de ce qu'on avait annoncé
« à si grand fracas ! Ainsi devait finir une expérience contre laquelle
« s'étaient retournés ces présents funestes déposés dans son berceau :
« le patronage de
l'État, la collaboration de l'État, la surveillance de
«
l'État.
« Quant à la Caisse-incendie, elle va jusqu'au 31 décembre 1869, mais,
« en réalité, elle est absorbée depuis l'élévation du capital à deux millions,
« la Société ayant été alors autorisée (décret du 31 décembre 1862) à
« souscrire des assurances à prime fixes, tout en continuant à faire
« souscrire des assurances mutuelles.
« Ces dernières furent aussitôt réassurées en bloc par la Compagnie
« à primes fixes, et à partir de ce moment, la Compagnie, sous sa déno-
«
mination modifiée de Caisse Générale des Assurances agricoles et des
«
Assurances contre l'incendie, ne fut plus qu'une Compagnie comme
« toutes les autres, plus malheureuse seulement que beaucoup
«
d'autres.
« Dès la fin de 1864, toutes les ressources étant de nouveau épuisées,
« on commet la folie de recourir encore à l'emprunt pour échapper à la
* nécessité d'un sérieux appel de fonds. Cette fois, ce n'est plus un pau-
« vre petit emprunt de 250,000 francs, comme en 1860, mais de 2 millions
« qu'on réalise, du reste, très péniblement, à des conditions fort onôreu-
« ses. C'était courir au-devant de la catastrophe finale. ...»
L'étude si complète de M. Jean Perriaud sur l'assurance grêle parue
dans le journal l'Assurance Moderne du 15 septembre 1891 au 15 décem-
bre de la même année indique étapes par étapes la marche de l'assu-
rance grêle de 1872 à 1891 ; elle marque les difficultés des débuts
et les causes qui amenèrent la liquidation de la branche grêle de la
Générale; l'auteur suit pas à pas les progrès de l'Abeille qui a eu la
gloire de surmonter tous les obstacles et de devenir une très puissante
Compagnie.
De 1856 à 1872, dit M. Perriaud, la Compagnie a assuré 1 mil-
«
« liard 147 millions de récoltes moyennant 14 millions 991,400 francs,
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L*ASSURANCE EN FRANGE ET A L'ÉTRANGER 683

, ce
qui fait ressortir la moyenne des primes par rapport aux capitaux

assurés à 1 fr. 30 0/0.
« De 1872 à 1884, cette moyenne est de 1.69 0/0; à partir de 1884,

«
elle est en décroissance à 1.67, pour n'être plus, en 1890, que de
«
1.59 0/0.
« Les capitaux assurés pendant les dix-neuf années ont étô de 3 mil-
«
liards 821 millions et les primes se sont élevées à 64 millions 268,232
t francs.
« Les sinistres ont atteint le chiffre de 43 millions 974,134 francs,
«
donnant ainsi une proportion de 1 fr. 15 0/0 par rapport aux capitaux
«
assurés et de 0 fr. 68.42 0/0 par rapport aux primes.
€ L'agglomération des risques, qui avait été réduite de 1861 à 1872,
« au moyen des résiliations, et dont los effets étaient, en outre, atténués
« par l'augmentation du nombre des agences, s'est reproduite peu à peu
« par la disproportion de production dans ces agences. Quelques-unes
«
étaient encore parvenues à garantir jusqu'aux 3 et 4/5 des produits de
«
leur région, pendant que d'autres pouvaient à peine couvrir 5 0/0 dans
«
la leur.
« Après les dommages considérables éprouvés en 1884 et 1885, où
f les sinistres pour ces deux exercices ont dépassé 9 millions 230,000

«
francs, la Compagnie a procédé à la résiliation immédiate de près de
«
100 millions do valeurs assurées ; consacrant définitivement la fixation
i de pleins par commune, ce qui, jusque-là, n'avait jamais été observé
<
d'une façon précise.
« De ce moment, l'assurance grêle est entrée dans sa troisième
«
phase ; les principes généraux et particuliers de l'exploitation étaient
« résolus. Les deux grands ennemis, l'agglomération et la spéculation,

« étant vaincus, la tarification à son tour ne devait plus monter, mais, au

« contraire, descendre pour être rendue accessible à tous.

« Une lutte de trente ans avait obtenu ce résultat. »

Nous arrivons ainsi à l'époque actuelle où l'assurance grêle, malgré


les tendances de l'État et les nombreux projets de loi
en faveur de l'assu-
rance obligatoire (1), se développe et opère sa mission par les Sociétés
et Compagnies privées.
Les résultats obtenus en 1895 sont d'ailleurs assez remarquables
pour justifier notre appréciation.

(1) Voir plus loin pages 706 et suivantes : Législation.


STATISTIQUE DES OPÉRATIONS GRÊLE DE L'ANNEE 1895
(publiée par le journal l'Argus, le 7 juin 1896)
I
Prime* Sinistres Commissions Ponds Tau
.
on «t frais de de la répartition
Date de la Noms dei Compagnies Nombre Valeurs Cotisations frais généraux réserva aux Capital
création (Par ordre d'ancienneté) d'assurés assurées de 1895 de règlement et impôts fin 1893 sinistrés social a
3
Compagnies par actions o
M
1856 L'Abeille .
35.657 138.558.700 2.231.872 2.380.496 585.458 2.291.916 100% 8-000.000 M
1879 La Confiance 9.855 31.347.209 475.152 648.274 205.941 » 100% 2.000.000 Q
1883 L'Éternelle . 4.179 9.642.688 245.097 184.768 60.000 100% 6.000.000 W-
» 55
49.691 179.548.597 2.952.121 3.213.538 851.399 2.291.916 »
16.000.000 »
H
Sociétés Mutuelles o
1823 La Cérès 7.360 34.572.100 432.151 825.320 215.871 70% H
»
1826 La Société de Toulouse 17.665 55.007.933 680.977 1.071.053 » 360.720 70% r«
1829 La Mutuelle de Seine-et-Marne. * 3.000 39.844.511 598.437 j>83.379 . » 40%
1831 L'Aisne * 300 5.858.800 73.194 138.896 » 76.848 70% a
1834 L'Etoile 6.089 40.841.700 579.083 1.302.373 » 569.017 100%
1849 La Beauceronne-Vexinoise. . . * 3.000 28.094.400 421.416 470.523 » 38.572 50% » Z
1854 La Mutuelle de Seine-et-Oise. . * 1.000 19.471.446 163.178 163.178 » » 100% O
M
1854 La Garantie Agricole 1.657 25.780.200 257.802 396.670 » 63.173 65% H
1869 La Régionale du Nord * 1.600 15.120.890 230.726 300.382 » 8.978 40% SI
1876 La Grêle 5.000 10.434.894 173.647 96.801 • 5.172 55%
Î40°/ céréales »
100% vignes >
»
80 0/° tabacs
1887 La Ferme 9.558 28.069.652 739.348 623.764 . 320.000 100»/° » M
1887 La Vinicole Lyonnaise * 500 2.379.071 110.551 89.958 • » » »
1888 La Toulousaine * 820 1.347.396 28.682 37.083 » » 60%céréales »
* 67.480 329.641.845 4.845.196 6.002.821 » 1.658.351 » »
9
Récapitulation >
%
Compagnies par actions. . . 49.691 179.548.597 2.952.121 3.213.538 851.399 2.291.916 • 16.000.000 M
Sociétés Mutuelles . 67.480 329.641.845 4.845.196 6.002.821 1.658.351
»
Totaux 117.171 509.190.442 7.797.317 9.216.359 851.399 3.950.267 » 16.000.000
HISTOIRE OENBRALB DB L'ASSURANOB BN FRANCE BT A L'ÉTRANGER 68f)

En outre des dix-sept Sociétés ou Compagnies signalées comme exis-


tantes dans le tableau ci-contre, il faut compter la Compagnie Y Argus,
la Société générale des Assurances agricoles et la Garantie.
La Générale grêle, l'Alliance Générale, l'Indemnité, le Midi, le Soleil
et Y Union Nationale ont cessé leurs opérations de 1877 à 1880.
Enfin, à côté des Sociétés et Compagnies qui fonctionnent au gré
des intérêts des agriculteurs, mentionnons les Caisses départementales,
lesquelles, d'après un article statistique qu'en publie l'Argus (1896),ont
donné, nous l'avons déjà constaté, des résultats insignifiants pour les
agriculteurs (1).
Ce journal résume ainsi son article :
La Caisse-grêle des Ardennes, après 54 ans d'existence, est sans
clientèle.
La Caisse-grêle de la Marne n'a pu, en 1895, répartir entre ses
sinistrés qu'une faible partie de leur perte.
La Caisse-grêle de la Meuse a donné moins encore que celle qui pré-
cède.
La Caisse-grêle de la Somme reconnaît qu'elle est impuissante à
garantir efficacement les récolte de ses adhérents, et appelle à son secours
une Société mutuelle
Enregistrons encore l'existence d'une Caisse d'assurance des plan-
teurs de tabac, instituée en vertu de l'article 44 de la loi du 16 avril 1895
par arrêté du Préfet du Lot (2).
L'Abeille et la Confiance forment le syndicat grêle et ont adhéré à
l'Union Syndicale des Compagnies à prime fixe (3).

Polices d'assurances contre la grêle. — Il existe généralement trois


types de polices d'assurances :
1° Police spéciale aux risques des trois premières classes, sauf
vitres, cloches et couvertures.
2° Police spéciale aux risques de la quatrième classe (vignes, char-
dons, safran et houblons).
3° Police spéciale pour l'assurance des vitres, cloches de jardins et
couvertures de bâtiments.
Les types de polices n° 1 et n° 2 possèdent des conditions générales
semblables dont voici les principaux articles :
(1) Voir la note 1, page 671.
(2) Économiste Rural, du 31 janvier 1896.
(3) Voir page 193 et page 710, note 2, pour le syndicat des Sociétés mutuelles
d'assurance» agricoles.
686 HISTOIRE GÉNÉRALE DB L'ASSURANCE BN FRANCE ET A L'ÉTRANOBR

CONDITIONS GÉNÉRALES DE LA POLICE GRÊLE (Récoltes)


Bases de l'Assurance.
ARTICLE PREMIER. — La Compagnie assure contre lo risque de grêle exclusi-
vement.
Elle n'assure pas contre les inondations, trombes, coups de vent et autres causes
de perte qui peuvent précéder, accompagner ou suivre la grêle ; elle ne garantit que
les dommages causés aux récoltes par l'effet du choc des grêlons.
Elle ne répond, en aucun cas, des dommages causés à la qualité des récoltes, et
ne tient compte que des diminutions de quantité.
ART. 2. — L'assurance d'une nature de récolte entraîne l'obligation de comprendre
au contrat la totalité des récoltes de même nature, alors même que ces récoltes
dépendraient de plusieurs exploitations et seraient situées sur plusieurs communes
limitrophes, et ce, sous peine pour l'assuré de n'avoir droit à aucune indemnité, en
cas de sinistre.
ART. 3. — Toutes les parties intégrantes et utiles de la récolte sont comprises
dans l'assurance.
Ainsi, dans les valeurs assurées :
Sur les froments, épeautres, seigles, mèteils, avoines, orges, maïs, millet, pois,
vesces, gesses et coupes de prairies artificielles réservées pour graine, la paille ou la
partie fourragère entre pour un cinquième.
Sur les sarrasins, betteraves (quelle que puisse être leur destination), les plantes
oléagineuses de toutes sortes, colzas, navettes, cameline, oeillette, moutarde, les fcvos
et autres légumineuses, non comprises au paragraphe précédent, la paille ou la
partie fourragère entre pour un dixième.
Sur le lin et le chanvre, la graine est comprise pour un quart.
La valeur des pailles et autres produits accessoires ne peut descendre au-dessous
des proportions indiquées ci-dessus; mais elle peut les surpasser, avec l'assentiment
de la Compagnie.
Quant à la vigne, ses fruits seuls sont assurés.
L'assurance des prairies naturelles ou artificielles comprend toutes les coupes de
l'année, pourvu que l'assuré indique dans sa police la partie du rendement qu'il entend
affecter à chacune d'elles, faute de quoi la première coupe seulo est assurée.
ART. 4. — La Compagnie n'accepte l'assurance des récoltes déjà assurées par
d'autres Compagnies ou Sociétés que sous la condition d'être subrogée à tous los
droits résultant des assurances antérieures, avec engagement par l'assuré do faire, le
cas échéant, toutes les diligences nécessaires à la conservation de ces droits, et de
payer, sans compensation aucune, les primes dues à cause desdites assurances anté-
rieures ; le tout à peine de déchéance de tout droit à indemnité.
ART. 5. — Si, après avoir fait garantir ses risques par la Compagnie, l'assuré
contracte pour les mêmes risques avec d'autres assureurs, la Compagnie, en cas de
sinistre, ne pourra jamais être tenue de contribuer à l'indemnité dans une proportion
plus forte que celle qui existe entre le capital garanti par elle sur les risques sinistrés
et l'ensemble des assurances réalisées sur ces mêmes risques.
Qui peut assurer et à quelle époque.
— Toute personne intéressée à la conservation d'une récolte peut la
ART. 6. faire
HISTOIRE ÛÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN "FRANCE ET A L'ÉTRANGER 687

assurer, mais le contrat ne peut profiter qu'à celui qui est indiqué comme bénéficiaire
do l'assurance dans la Police et qui est, en outre, propriétaire de la récolte assurée.
Par exception cependant, l'acquéreur ou le cessionnaire d'une récolte assurée
aura droit en cas de sinistre à une indemnité si, conformément à l'article 12 ci-après,
la Compagnie a été informée do la vente ou do la cession, si la prime de l'année cou-
tante a été intégralement acquittée, et si cet acquéreur ou ce cessionnaire a été agréé
par la Compagnie.
ART. 7. — L'assurance peut être faite à toute époque de l'aunôe, à la condition
toutefois que la récolte n'ait pas déjà été endommagée par la grêle, et ce à peine de
déchéance de tout droit à indemnité.

Durée de l'Assurance.
ART. 8. — L'assurance est contractée pour une durée de cinq années, à moins de
conventions contraires. Par année d'assurance il est spécifié qu'on n'entend pas une
période de 365 jours, mais bien la période de garantie commençant comme il est dit à
l'article 15 et finissant comme il est dit à l'article 17.
Le taux de la prime fixé par les tarifs pour les assurances de cinq ans ainsi que
los droits de timbre et les frais de répertoire à percevoir subiront, pour les assu-
rances d'une durée moindre, une augmentation d'un dixième.
La Compagnie se réserve expressément, en tout état de cause, la faculté de résilier
la Police à la fin de chaque année, pour les années restant à courir, à la condition de
notifier ce résiliement à l'assuré par lettre recommandée mise à la poste au plus tard
le 31 décembre, et adressée au dernier domicile indiqué dans la Police ou dans la
dornière déclaration d'assolement.
ART. 9. — En cas de décès de l'assuré, les héritiers sont tenus, sous peine de
n'avoir droit en cas de sinistre à aucune indemnité, de se faire connaître à la Compa-
gnie, par une lettre recommandée adressée au siège social, dans le délaide huit jours,
à partir du décès de leur auteur.
ART. 10. — En cas d'aliénation ou cession du fonds sur lequel sont situées le
récoltes garanties par la Police, l'assuré doit imposer au nouveau propriétaire l'obli-
gation d'exécuter le contrat, et fournir à la Compagnie, dans la quinzaine de l'aliéna-
tion ou de la cession, l'acquiescement écrit de l'acheteur ou du cessionnaire à la
continuation de l'assurance, sinon il payera à la Compagnie la prime de l'exercice en
cours, et, en outre, si la Police a encore plus d'une année de durée, une indemnité
égale à la prime de la dernière année.
Lors de la déclaration exigée par l'article 9 ou de l'acquiescement prescrit par le
présent article, la Compagnie a le droit d'opter pour le maintien ou pour la résiliation
immédiate de la Police. Si la Compagnie opte pour la résiliation, et
que la période
do garantie stipulée dans l'article 15 ci-après soit commencée, la prime de l'exercice
en cours est acquise entièrement à la Compagnie et doit être payée immédiatement,
sans que l'assuré puisse se prévaloir du bénéfice du terme stipulé dans l'ar-
ticle 12 ci-après.
Formation du Contrat.
ART. 11.
— L'assuré est tenu de faire connaître la qualité en laquelle il agit, et U
Police doit mentionner, d'après
sa seule déclaration, pour chaque parcelle dont la
récolte est assurée :
688 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

La commune où elle est située ;



2° Le nom, ou lieu dit, sous lequel elle est connue ;
3° L'espèce de la récolte ;
4° La contenance en hectares et ares ;
6° Le rendement en nature espéré.
La Police mentionnera en outre le prix attribué à chaque nature de récoltes par
unité de mesure ou de poids. Ce prix, fixé d'accord entre la Compagnie et l'assuré
servira de base à l'établissement du capital assuré et de la prime et au calcul de l'in-
demnité en cas de sinistre.
Le détail parcellaire est rigoureusement obligatoire ; en cas de sinistre, il n'y aura
lieu à aucun règlement pour toute parcelle qui n'aura pas été séparément désignée à la
Police.
Règlement des Primes.
ART. 12. — La prime de la première année est payée au choix de l'assuré soit
comptant, soit à l'époque qui sera convenue et qui ne pourra dépasser le 30 novembre.
Les payements ont lieu au siège de l'Agence générale contre une quittance détachée
d'un registre à souche.
Dans tous les cas, l'assuré et la Compagnie ne sont définitivement liés l'un envers
l'autre qu'après que la Police a été signée par l'assuré et par l'agent général.
Les primes de chacune des années suivantes se payent au fur et à mesure des
déclarations d'assolement pour les polices dont la prime est au comptant, et à la
même époque que la prime de première année pour les autres.
En cas de faillite ou de déconfiture comme en cas de saisie, de vente ou de
cession de ses récoltes, l'assuré est tenu d'avertir la Compagnie dans les trois jours
de la déclaration de faillite, de la saisie, de la vente ou de la cession, et le plus promp-
tement possible en cas de déconfiture ; il est de plus déchu du bénéfice du terme
pour le payement de la prime de l'année courante, laquelle devient immédiatement
exigible.
Faute de ces déclarations, et tant que le payement de la prime n'a pas été effectué,
l'effet du. contrat est suspendu, et l'assuré n'a droit, en cas de sinistre, à aucune
indemnité sans préjudice du droit, pour la Compagnie, de poursuivre le recouvrement
de la prime, et sans que les dispositions du présent article dérogent en rien à ce qui
est dit au § lw de l'article 6 ci-dessus.
L'acquéreur ou le cessionnaire, pour avoir droit à une indemnité au lieu et place
de l'assuré, devra en outre avoir été, au préalable, agréé par la Compagnie.
Pour les assurés qui ont payé comptant leur prime de première année et qui ne
font pas de déclaration d'assolement les années suivantes, la prime devient exigible
au 30 juin.
A défaut de payement de l'une des primes dans le délai convenu, sans qu'il soit
besoin d'aucune demande ou mise en demeure (art. 1139 du Code civil), l'effet de
l'assurance est suspendu, et, l'assuré, en cas de sinistre, n'a droit à aucune
indemnité.
Le recouvrement des primés antérieures que la Compagnie aurait fait opérer au
domicile des assurés, soit officieusement, soit par suite d'un usage constant de l'agent,
ne peut lui être opposé comme une renonciation aux dispositions précédentes.
L'assurance reste suspendue, môme pendant les poursuites exercées par la Corn-
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 689

pagnie pour le recouvrement de la prime échue. Mais la Police reprend Bon effet,
dans tous les cas, le lendemain à midi du jour où le payement de la prime arriérée et
des frais, s'il y a lieu, a été fait à la Compagnie et accepté par elle.
Il est bien entendu que le payement de la prime échue, effectué pendant ou après
lo sinistre, ne donne à l'assuré aucun droit à une indemnité.
Lorsque la prime n'a pas été payée à l'échéance, la Compagnie peut, à son choix,
ou résilier la Police par une lottre recommandée, ou la maintenir et en poursuivre
l'exécution.
Si la Compagnie opte pour la résiliation, les primes échues lui demeurent
acquises.
Le payement des primes non acquittées à leur échéance se poursuit par les voies
do droit, et tous les déboursés, même ceux d'enregistrement de la Police, des décla-
rations d'assolements et des avenants, s'il y en a, sont à la charge de l'assuré.
ART. 13. — La prime convenue est définitivement acquise à la Compagnie par le
fuit de la signature du contrat, et l'assuré ne peut, pour aucune cause ni sous aucun
prétexte quelconque, en réclamer ni la réduction ni la restitution.
Les frais de timbre de la Police, des déclarations d'assolements et des avenants,
les frais de répertoire, ainsi que toutes taxes et impositions qui pourraient être
établies à l'occasion de la présente assurance ou du contrat d'assurance contre la
grêle, sont à la charge de l'assuré et se payent en même temps que la prime.
ART. 14. — Les héritiers et ayants cause de l'assuré sont tenus solidairement à
l'oxécution de toutes les clauses de la Police, et spécialementau payement de la prime
do l'exercice pendant lequel leur auteur a été, t't un moment quelconque, l'assuré réel
ou apparent de la Compagnie, et ce, sans préjudice de la déclaration qui leur est
imposée par l'article 9 ci-dessus.
Effets du Contrai.
ART. 15. — La première année quoique le contrat d'assurance soit parfait dès
qu'il a été signé par l'assuré ot par l'agent général, les récoltes assurées ne sont
garanties qu'à partir du lendemain à midi du jour de cette signature.
Pour chacune des années suivantes, la garantie de la Compagnie commencera
le 15 avril, à midi, pour toutes les rôcoltos autres que les vignes et le 15 mai à midi
pour les vignes. — En conséquence l'assuré n'a (sauf l'exception indiquée au para-
graphe ci-aprôs) droit à aucune indemnité pour tout sinistre ayant atteint les récoltes
avant les époques ci-dessus fixées.
Toutefois, lorsque la déclaration d'assolement imposée par l'article 16 aura été
faite avant les époques ci-dessus fixées, cette déclaration d'assolement aura effet et la
garantie de la Compagnie commencera (mais pour l'année où cette déclaration aura
été faite seulement), môme avant le 15 avril, à partir du lendemain à midi du jour où
ollo aura été signée par les parties. Jamais cette déclaration d'assolement n'aura d'effet
rétroactif.
Changement dans l'Assurance.
ART. 16.
— Chaque année, après le premier janvier, l'assuré doit faire une décla-
ration d'assolement indiquant les modifications apportées dans ses ensemencements,
ainsi que les rendements espérés de ses diverses cultures.
— Cette déclaration d'asso-
kment devra comprendre obligatoirement, et à peine de déchéance, toutes les natures
do récoltes portées
sur -la Police ou les précédentes déclarations d'assolement et qui
48
690 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

existeraient dans l'année où serait faite la nouvelle déclaration d'assolement. Aucune


nouvelle nature de récoltes ne pourra être comprise dans l'assurance sans le consen-
tement exprès de la Compagnie.
Cette déclaration d'assolement sera dressée dans los mémos formes quo la Police
et comprendra les mêmes détails.
Le prix attribué à l'unité de rendement pour chaque espèce do récolte pourra, en
même temps, être modifié d'un commun accord entre la Compagnie et l'assuré.
Pour les vignes, le rendement par parcelle cl. la somme totale assurée l'année pré-
cédente ne pourront être augmentés qu'avec l'assentiment de la Compagnie.
L'assuré devra faire sa déclaration d'assolement au plus tard le 15 mai.
Passé ce délai, qui est de rigueur, la prime totale do l'année précédente sera due
à la Compagnie pour le recouvrement en être effectué ainsi qu'il est dit à l'article \2,
et ce quels que puissent ôtro l'état et la nature des récoltes de l'année, sous le béné-
fice expressément réservé des conditions stipulées aux articles 20 ( § 3 ), 28 et 2!)
ci-après, et sans quo l'assuré puisse, en cas de sinistre, prétendre à indemnité pour
des récoltes qui ne seraient pas do mémo nature que celles garanties par le contrai
de l'année précédente.
Cependant il demeurera facultatif à l'assuré qui n'aura pas fait sa déclaration au
15 mai, de la faire jusqu'au 30 juin, mais à la condition, sine quâ non, que le chiffre
de la primo qui en résultera ne sera pas inférieur à celui de l'année précédente et
qu'il ne sera point survenu de sinistre.
Lorsqu'un ou plusieurs avenants d'augmentation auront été faits soit à la Police,
soit à la déclaration d'assolement, les effets de ces avenants ne pourront, dans aucun
cas, s'étendre au delà de l'année dans laquelle ils auront été souscrits.
Fin de l'Assurance.
ART. 17. — L'assurance expire pour l'assuré dont le bail est résilié et pour celui
qui cesse toute culture; néanmoins, l'assuré qui se trouve dans l'un ou l'autre de ces
deux cas est tenu d'en faire la déclaration par écrit ot d'en justifier à la Compagnie
avant le 15 avril par lettre recommandée adressée à la Direction, à Paris
Faute par lui d'avoir fait, avant ladite époque, les déclarations etjuslilica-
tions prescrites ci-dessus, il devra, à titre d'indemnité, une somme égale à la prime
de l'année précédente.
Dans le cas où un assuré viendrait à changer de ferme ou de métairie, pour une
cause quelconque, la garantie de la Compagnie ne s'étendrait en aucune façon aux
récoltes situées sur sa nouvelle exploitation, à moins qu'il n'ait contracté à cet ofl'ci
expressément une nouvelle Police.
Sauf pour les prairies, l'assurance pendant la môme année ne peut couvrir deux
récoltes consécutives sur une même parcelle de terre.
La garantie de la Compagnie cesse chaque année, même la première et quelle que
soit l'époque à laquelle la Police ait pris effet, savoir :
1° Au 15 octobre, à midi, pour toutes les récoltes qui ne seront pas rentrées à
cette époque et dont le développement peut se prolonger au delà de ce terme ;
2" Pour les lins et les chanvres, dès que les tiges sont arrachées ;
3° Pour toutes les autres récoltes, après leur enlèvement.
Les récoltes mises avant le sinistre en tas, meules, meulons,moyettesou dizeaux,
sont réputées enlevées.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 691

Déclarations des sinistres. — Formes et délais.


ART. 18. — Tout fait de grêle occasionnant à la récolte d'une parcelle assurée un
dommage dépassant les deux vingtièmes de son produit, sera dénoncé par l'assuré ou
en son nom à
la direction de la Compagnie
Si la perte ne s'élève pas au-dessus de deux vingtièmes, il n'y a pas lieu à décla-
ration, sous peine, par l'assuré de payer trente francs à titre d'indemnité, pour les
frais que sa déclaration non fondée occasionnerait, dans ce cas, à La Compagnie ou à
son expert.
ART. 19. — La déclaration du sinistre doit être faite, à peine de déchéance du
droit à l'indemnité, dans les cinq jours du sinistre pour les grêles antérieures au
I" juillet, et dans les trois jours pour celles postérieures au 1er juillet.
Kl le sera adressée à la direction, à Paris, par lettre affranchie et sans enve-
lappc ; le timbre de la poste fixera la date du jour où elle aura été faite.
Toute déclaration faite verbalement ou par écrit à l'agent général ou à un de ses
auxiliaires sera réputée nulle et non avenue.
ART. 20. — La déclaration, faite conformément ttu modèle imprimé à la fin de la
présente Police, indiquera le nom de l'assuré, le numéro de la Police, l'Agence où
elle a été signée, le jour et l'heure du sinistre.
1511e énoncera de plus pour chaque parcelle sinistrée :
1° Le numéro d'ordre sous lequel elle est inscrite dans la Police ou à la déclara-
lion d'assolement ;
2° La commune où elle est située ;
3° Le nom, ou lieu dit, sous lequel elle est connue ;
4° L'espèce de la récolte ;
5° La contenance en hectares et ares;
6° L'évaluation en vingtièmes de la perte présumée.
Si le sinistre est survenu après l'époque fixée pour le commencement de l'assu-
rance, des récoltes atteintes, avant ou sans qu'il y ait eu de déclaration d'assolement,
la déclaration de sinistre comprendra, en outre, sous peine de déchéance, toutes les
parcelles non sinistrées, appartenant à l'assuré et portant des récoltes de môme
espèce que celles qui font l'objet de la déclaration de sinistre.
ART. 21. — Est déchu de tout droit à indemnité l'assuré qui, dans le cas prévu
par le § 3 de l'article précédent, n'a pas compris dans sa déclaration de sinistre une
ou plusieurs parcelles portant des récoltes de môme nature que celles sinistrées.
F.st également déchu de tout droit à indemnité l'assuré dont la déclaration est
entachée de fraude ; celui qui, contrairement aux dispositions de l'article 2, n'a pas
compris dans son assurance toutes les récoltes de même nature ; comme aussi celui
qui a rentré ou mis en meules ses récoltes, de manière à rendre l'évaluation des
dommages impossible.

Estimation des dommages. — Expertise.


— La Compagnie se réserve, jusqu'à l'époque
ART. 22. de la maturité des récoltes,
'e droit de fixer le jour de l'estimation des dommages.
Si elle le juge convenable, elle pourra provoquer une expertise provisoire.
ART. 23.
— Les dommages sont
réglés de gré à gré entre l'assuré et la Com-
ao»ie, ou évalués, en suite d'expertise contradictoire, par deux experts qui seront
'loisis, l'un
par la Compagnie, l'autre par l'assuré.
692 HISTOIRB GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Ne pourront être pris pour experts les parents, alliés, employés ou salariés d0
l'assuré non plus que les assurés de la Compagnie qui ont étô sinistrés dans l'année
Si les experts ne sont pas d'accord, ils s'adjoignent un troisième expert qu'i|s
nomment eux-mêmes, sauf le droit de chacune des parties d'exiger qu'il soit pris h,,,.s
du canton où réside l'assuré. Les trois experts, dans ce cas, opèrent en commun 01, à
majorité des voix.
Sur le refus d'une des parties de nommer son expert, ou faute par les experts de
s'entendre sur le choix du troisième expert, il est désigné, sur simple requête, par lo
président du tribunal civil de l'arrondissement où est situé le siège de l'agence.
ART. 24. — Les experts sont dispensés de toutes formalités judiciaires, ainsi
que du serment.
Ils sont autorisés à s'entourer de tous titres et renseignements nécessaire» et
' môme à faire une.enquête s'il en est besoin.
L'assuré est tenu de fournir, tant aux experts qu'aux délégués de la Compagnie,
tous les documents qu'il peut posséder sur ses diverses cultures, de repré-
senter sa Police, et au besoin, des extraits de la matrice cadastrale.
Faute par l'assuré d'avoir indiqué dans sa déclaration de sinistre le nom de chaque
parcelle et sa contenance en hectares et ares, ces renseignements seront complétés
d'office, à ses frais, par les experts.
ART. 25. — Les experts, après avoir pris tous les renseignements et vérifié tous
les documents préalables nécessaires, déterminent l'étendue de la parcelle grêlée.
Ils estiment ensuite :
1° Quel aurait étô, en quantité, le rendement du principal produit de la récolte sur
la parcelle sinistrée, si elle était arrivée à maturité sans être grêlée.
2° Quelle est en vingtièmes, et séparément pour chacun des produits compris
dans l'assurance, la perte réelle occasionnée par la grêle.
Us pourront au besoin procéder par fractions de vingtième.
L'assurance ne devant jamais être une cause de bénéfice, les experts dans leurs
évaluations ne doivent jamais perdre de vue ce principe du droit commun, et tiennent
compte en conséquence de tous les sauvetages et compensations qui viennent atténuer
la perte apparente.
Ces sauvetages et compensations, qui comprennent notamment tous les frais faits
pour la rentrée des récoltes, que l'assuré n'a plus à faire en cas de perte totale, m;
peuvent être évalués à moins de trois vingtièmes, si bien que l'indemnité à payer par
la Compagnie ne peut dépasser dix-sept vingtièmes.
ART. 26. — Si la pièce de terre atteinte est d'une grande étendue, les experts
pourront, sur la demande de l'une des parties, la diviser en parcelles de cinquante
ares, et procéder séparément à l'expertise de chacune de ces parcelles.
ART. 27. — Les frais d'expertise sont répartis de la manière suivante :
L'assuré paye seul les droits et frais de timbre de la déclaration de sinistre, des
actes de nomination d'experts et des procès-verbaux d'expertise ou des actes conte-
nant règlement amiable.
La Compagnie et l'assuré payent chacun leur expert, sauf ce qui est stipulé à l'ar-
ticle 18, pour le cas où l'assuré ferait indûment la déclaration d'un sinistre n'attei-
gnant pas plus des deux vingtièmes de la récolte.
Les droits de timbre des procès-verbaux de désaccord ou des actes contenant
nomination de tiers expert, les frais faits pour arriver à la tierce expertise, ainsi «ne
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 693

les frais et honoraires du tiers expert, sont par moitié à la charge des deux parties,
sauf les droits d'enregistrement de la Police, des déclarations d'assolement, des
avouants et des pièces d'expertise qui sont en entier à la charge de l'assuré.
Si, par le refus de l'une des parties de concourir à l'expertise, il y a nécessité de
s'adresser au président du tribunal civil, soit par simple requête, soit par voie de
référé, les frais en seront à la charge de la partie récalcitrante.

Règlement de l'indemnité. — Franchise.


ART. 28. — Le rendement réel constaté par les experts ou à l'amiable, combiné
avec le prix de l'unité de rondement, détermine la valeur de la parcelle sinistrée.
Cello valeur so répartit entre les différents produits suivant les proportions
établies par l'article 3, et sert de base à la fixation de l'indemnité due sur chacun
d'eux.
Cependant si lo rendement réel résultant des constatations est supérieur sur une
parcelle sinistrée à celui porté au contrat, l'assuré sera considéré comme étant son
propre assureur pour la différence, et l'indemnité sera réglée d'après ce dernier ren-
dement.
Si une récolte a été assurée dans plusieurs intérêts différents, l'indemnité sera
régléo au prorata de l'intérêt de chaque assuré, sans que la Compagnie puisse être
loinio de payer, pour chaque parcelle sinistrée, une indemnité supérieure à celle
résultant du rendement réel constaté.
ART. 29. — Pour le règlement des sinistres survenus avant ou sans qu'il y ait eu
de déclaration d'assolement, il est convenu que le rendement assuré l'année précé-
dente, sur une espèce de récolte, sera réparti entre toutes les parcelles de môme
nature, sinistrées ou non, au prorata de leurs contenances, sans report ni compensa-
liuii de l'une à l'autre.
Cependant, si cette répartition donnait un rendement moyen à l'hectare, supérieur
a celui résultant de l'assurance de l'année précédente, c'est ce dernier rendement qui
servirait do base, et sous réserve de l'application de l'article 28, s'il y a lieu. Le prix
attribué à l'unité de poids ou de mesure pour l'assurance de l'année précédente sera
appliqué.
Par exception, en ce qui concerne les vignes sinistrées, avant ou sans déclaration
d'assolement, l'indemnité sera réglée d'après lo rondement assuré l'année précédente
pour chacune des parcelles sinistrées et sans qu'il puisse être fait aucune répartition
ni aucune compensation d'une parcelle à une autre. En conséquence, pour toute par-
celle portée avec un rendement nul l'année précédente, il n'y aura lieu à aucune
indemnité. Il en sera de même pour toute parcelle non indiquée, sans préjudice des
pénalités édictées à l'article 2.
ART. 30. — Il ne sera dû aucune indemnité sur tout produit d'une parcelle ou
traction de cinquante ares, dont la perte n'excédera pas deux vingtièmes ; l'indemnité
"o sera donc due et ne pourra être réclamée, de convention expresse, que pour
chaque parcelle ou fraction de cinquante ares dont la perte du produit excédera deux
tini/liêmes, sans compensation d'une parcelle à l'autre. Lorsque la perte éprouvée par
ce produit dépassera deux vingtièmes, l'indemnité qui résultera de l'expertise faite en
conformité des articles 1er, 25, 28 et 29 de la Police, sera payée intégralement
Les derniers articles portent sur le payement de l'indemnité, sur les dispositions
générales et sur l'attribution de juridiction.
694 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L*ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Nous complétons le texte de cette Police en reproduisant le tableau ci-dessous qui


lui est annexé : '

AGENCE Modèle de déclaration de Sinistre.


de
„.,;„. J'ai l'honneur do vous informer quo les récoltes assurées nir i.
„„ „.„„
1 once n 2650. oi„ demeurant à bureau de poste île
a M ) , .... j,'.
canton de département de la suivant police portant
Sinistre du , et déclaration, d'assolement du 10 nui
15 juin 1891. n° 2650 de l'Agence do
«——^» - 1891, ont été atteintes par la grêle lo là juin 1891, il t> heures du soir.
Je prie en conséquence la Compagnie de faire procéder à l'expertUp'
Ci-joint j'ai l'honneur de vous adresser la déclaration de sinistre. |iPS
récoltes dénommées et désignées dans cotte déclaration font bien pni'tie i|f
celles assurées par les police et déclaration d'assolement susononcées.
Recevez, Monsieur le Directeur, l'assurance de ma considération u<.,
distinguée. (Signature)
Toute parcelle sinistrée doit être portée séparément dans la idclaraiim
de sinistre, faute de quoi elle ne sera pas expertisée (art. 20 de la Potier).
H" d'ordre Étendue Évaluation par Répondre aux qticstiens suivantes
delà „ ÀZ de la partie grêlée l'assuré on ———-~- —— :
—-
parcelle Communes Lieux dits vingtièmes de la Quel est le degré d'avancement 1 qitlle
assurée .A„„iin=
recoucs ^-^^s^~
iMm u(i . perte prtsumé, de la végétation 1
époque la tM<>
doit-elle être hiu '
1 Ghalindrey. Pré-Neuf. Blé. 1 30 4 Commence épier. Fin Juillet.
6 Culmont. Les Poiriers.. Avoine..
. . .
» 40 3 En herbe. 15 Août.
tO . .
Id. . . . Grand-Champ.. Colza. Touche à sa maturité. 24 Juin.
» 40 8
14 Id. . . Sous-la-Côlc. Vigne. » 24 10 A Près de fleurir. 3 Octobre.
. . .
NOTA.
— Colle déclaration doit-être adressée à la Compagnie, à Taris, por lettre affranchie, et saus enveloppe; ]<
timbre de la poste fixera lo jour où elle aura été faite.

Le texte du troisième type de la police qui asssure les vitres, cloches


de jardins et couvertures de bâtiments diffère des textes précédents dans
les articles suivants :

CONDITIONS GÉNÉRALES DÉ LA POLICÉ GRÊLE (Vitres>


Bases de l'Assurance.
La Compagnie assure contre le risque de grêle exclusi-
ARTICLE PREMIER. —
vement les vitres et les cloches de jardin, les ardoises, tuiles et autres couvertures de
bâtiments.
Toutefois, elle n'accepte l'assurance des verres que sous la condition qu'ils
soient de qualité semi-double, c'est-à-dire d'une épaisseur de 2 millimètres 1/2 au
minimum.
ART. 2. — La Compagnie n'assure pas contre les inondations, les trombes, les
coups de vent et autres causes de perte qui peuvent précéder ou accompagner la grêle.
Elle ne tient compte que des pertes causées par l'effet du choc des grêlons.
Elle ne répond pas des dommages occasionnés aux objets abrités par les risques
assurés, non plus que des pertes résultant du bris des lattes, voliges ou autres objets
qui servent à supporter les couvertures.
ART. 3. — L'assurance d'une nature de risques comprend obligatoirement, sous
peine de n'avoir droit en cas de sinistre à aucune indemnité, tous les risques de cette
nature, dépendant d'un même bâtiment ou d'un même jardin.
Elle doit également et sous les mêmes pénalités comprendre les couvertures, de
même espèce, de tous les bâtiments dépendant d'une même exploitation.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 6y5

Changement dans l'Assurance.


ART. 12.—Avant d'augmenter ou de diminuer le nombre des objets assurés;
avant de les transporter dans des lieux autres que ceux désignés dans la Police ;
etilin, avant d'introduire un changement quelconque dans l'état du risque, l'assuré est
tenu d'en faire la déclaration à la Compagnie. Cette déclaration, qui fera avenant à la
Police, sera dressée dans los mômes formes que ce contrat et comprendra les mêmes
détails. Le tout à peine de déchéance de tout droit à indemnité en cas de sinistre.

L'ASSURANCE CONTRE LA MALADIE ET LA MORTALITÉ DU BÉTAIL

L'assurance bétail des Hébreux. — La peste bovine de 1765. — Appari-


tion de l'assurance bétail en France, 1803, 1838, 1849, 1858, 1865. —
Sociétés existantes, résultats. — La Conservatrice, prime fixe. — La
police des Mutuelles.
Dès les premières pages de cette histoire, nous avons vu les Hébreux
constituer des associations d'assurances mutuelles contre la perte des
mulets employés par eux dans leurs expéditions à travers la Palestine,
mais aucun nouveau document ne nous permet de noter l'existence
d'institutions de ce genre avant les xu° et xm° siècles, époque à laquelle,
d'après M. Wollemborg, des associations locales existaient en Islande.
Dans le xiu° siècle, en 1765, Frédéric le Grand rendit obligatoire en
Silésie l'assurance contre les pertes causées par la peste bovine et cet
exemple fut suivi on 1799 dans leliolstein.
En France, l'assurance bétail a pris naissance en 1803 avec la Société
d'Assurances réciproques de M. Barrau (1), mais elle a été pratiquée avec
suite à partir de 1838, date à laquelle la Société des Cultivateurs de Cou-
lommiers ouvre la marche. VÉ'table Charentaise est créée en 1858, ainsi
que la Caisse des Assurances agricoles dont nous avons déjà parlé (2).
Nous devons encore revenir sur les sollicitations dont a été l'objet le
Prince-Présidenten 1849 pour la création d'une vaste mutualité générale(3).
En ce qui concerne la mortalité du bétail, les documents suivants lui
étaient adressés par l'entremise du Ministre de l'Intérieur :
Note sur l'Assurance contre la mortalité des bestiaux.
L'assurance contre la mortalité des bestiaux n'est pas plus appliquée
que celle contre la grêle.

(1)Voir page 674.


(2)Voir pages 125, 680 et note 1, 681 ot voir Table analytique lo mot État.
(3) Voir page 676. Ces projets grêlo et bétail sans être de M. Dubroca, déjà nommé
page 116, ont pu être inspirés par lui.
696 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Dix Compagnies ont été successivement autorisées. Trois ou quatre


sont en exercice, mais elles opèrent sur une échelle si étroite que los
indemnités sont illusoires et les frais d'administration fort onéreux.
La matière assurable pour cette branche est évaluée à 2 milliards,
d'après Michel Chevalier, à 3 milliards, suivant d'autres économistes.
Sur ces 2 à 3 milliards, l'assurance couvre seulement 10 millions.
Les assurés payent une moyenne de contribution de 3 0/0 et cette
contribution ne permet pas de distribuer plus de 85 0/0 des sinistres
éprouvés (soit dans la proportion de 300.000 francs pour 10 millions
d'assurances).
La moyenne générale des sinistres causés par l'êpizootie est de
3 millions par an. De ce chef, l'agriculture éprouve donc une perte annuelle
de 2,700,000 francs.

PROJET DE DÉCRET
Assurance contre la mortalité des bestiaux.
L'assurance contre la mortalité des bestiaux comprend :
1° Les animaux de l'espèce bovine ; 2° ceux de l'espèce ovine ;
3° ceux de l'espèce chevaline.
L'État répond seulement des risques d'ôpizootie.
Un minimum d'âge sera fixé pour chacune des catégories.
L'État ne répond pas des sinistres provenant :
1° D'opérations n'ayant pas exclusivement pour objet la conserva-
tion de l'animal assuré ;
2° De violences dues au fait de l'assuré ou de ceux dont il est civile-
ment responsable.
L'assurance contre la mortalité des bestiaux est obligatoire.
Les propriétaires ou fermiers possédant des animaux soumis à l'assu-
rance sont tenus de les déclarer chaque année, conformément aux
prescriptions de la loi et des règlements qui seront arrêtés par le Gou-
vernement.
En cas de refus ou de retard, les contrevenants encourront une
amende et la déclaration sera formée d'office par l'administration.
Les intéressés peuvent faire remplir leurs déclarations au secrétariat
de la commune, mais sous leur responsabilité.
Les déclarations d'assurance renseigneront :
1° La qualité en laquelle agit le déclarant ;
2° L'espèce, l'âge, la valeur des animaux et toutes les particularités
nécessaires pour les classer et les faire reconnaître.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 697

Les principes relatifs à la remise des déclarations, à la formation des


rôles, ainsi qu'au recouvrement des cotisations, au règlement et au rem-
boursement des sinistres, posés en ce qui concerne l'assurance contre
l'incendie, sont, en tant qu'il y a lieu, également applicables à l'assurance
contre la mortalité des bestiaux.
En cas de maladie survenue à des animaux assurés, l'intéressé est
tenu de recourir à un vétérinaire du Gouvernement pour faire donner
des soins à l'animal-malade.
Si le vétérinaire appelé est d'avis que l'animal n'est plus propre à
aucun service, il en dresse un procos-verbal que l'assuré fait immédiate-
ment parvenir à l'inspecteur d'assurances chargé du service dans le
département.
Selon la gravité et lvurgence des cas, l'abatage est autorisé par l'ins-
pecteur ou le préfet du département.
L'évaluation des sinistres arrivés à des animaux assurés a lieu par
un vétérinaire du Gouvernement, en présence d'un membre de l'adminis-
tration communale et de l'inspecteur.
Aucun délaissement ne peut être fait à l'Ktat d'animaux morts ou
malades, mais leur valeur viendra en déduction de l'indemnité due à
l'assuré.

Les Sociétés qui apparaissent après 1858 sont : la Garantie fédérale,


lo Bon Laboureur, le Bétail et l'Avenir.
Actuellement, le nombre des Sociétés qui exploitent ce risque est
assez élevé (1), quant aux résultats par elles obtenus, ils ne peuvent
donner lieu qu'à une statistique approximative, car les éléments de con-
trôle font défaut pour certaines Sociétés de petite importance qui n'impri-
ment ni ne livrent les résultats acquis à la publicité.
Voici, d'après le journal l'Argus, les opérations effectuées en 1894 par
onze Sociétés d'assurances mutuelles contre la mortalité des animaux:

(1) Voici, d'après le Paris-Assureur de 1896, le nom do ces Sociétés : Association


egricole, La Rocholle; YAssociation fraternelle, Paris; Y Avenir, Paris; lo Bétail,
Paris ; le Bon Laboureur, Dreux ; la Bonne Foi, Paris ; la Caisse des Propriétaires,
Paris; la Caisse centrale, Bordeaux; YÉtable, Paris ; la Garantie fédérale, Paris;
la Garantie mutuelle, Chartres ; la Gironde, Bordeaux ; la Glaneuse agricole, Paris ;
la Mutualité générale, Paris ; Mutuelle de Maine-et-Loire, Angers ; la Mutuelleagricole
du Nord, Valenciennes ; la Prévoyante, Nemours ; la Protection agricole, Lyon ;
la Sécurité de l'Aisne, Laon ; la Société desCultiuateurs, CouLommiers ; Y Union Beauce-
ronne; {'Union centrale, Bordeaux.
STATISTIQUE DES OPÉRATIONS DES SOCIÉTÉS D'ASSURANCES BÉTAIL DANS L'ANNÉE 1894 C5
C9
Sinistres co
Année MoDtant Taux de la
de la Nom des Sociétés Nombre Valeurs des indemnités Réserve répartition
fondation par ordre alphabétique d"assurés assurées Recettes payées lin 1894 aux sinistrés s
5
1874 Acenir 5.791 9.67L978 394.151 300.370 95?597 100~0/0
•3
O
1888 Association agricole 751 338.317 7.874 4.019 4.310 80 0/0 3
. . H
1872 Bétail * 1.000 1.073.159 37.780 * 11.889 » 100 0/0 O
H-
. .
1.294.085 43.685 43.685 12.941 100 0/0
Z
1863 Bon Laboureur 1.400 H-
51
>
1879 Bonne Foi 286 256.843 10.083 4.051 685 60 0/0 r
1879 Caisse des Propriétaires. * 200 * 300.000 * 20.000 * 20.000 » ? o
»
1874 Éiable 1.572 2.175.972 72.649 23.499 »
j c^Z/mlo°,o r>
j oB°ineeioo
1865 ' Garantie fédérale 6.167 20.878.715 610.681 401.862 113.275 o/o ai
w
. . . ( Chevaline 73.33 0/0 a
1872 Glaneuse agricole. . 260 300.000 13.245 5.340 728 60 0/0 »
. . >
j che^ne TO°M) za
1838 Société des Cultivateurs. 1.015 1.250.450 39.650 42.500 1.340 H
.
1881 Union centrale 1.000 1.294.210 41.192 11.509 3.701 80 0/0 H
Z
=3
TOTAUX 19.442 38.833.729 1.290.99U 868.724 232.577 W
>
Z
* Approximativement. o
Pi. B. — Les répartitions payées aux sinistrés et qui varient de ICO à 3d t 0 s'entendent sur la quotité garantie. Sauf i'Acenir et quelques autres qui garantissentla H
valeur totale des animaux, la plupart des Sociétés n'assurent que S0 0,0 de ladite valeur. H
3
STATISTIQUE DES CINQ DERNIÈRES ANNÉES >
Nombre Montant Nombre Montant Réserve r_
Années d'assurés des valeurs assurées Recettes d'assurés sinistrés des indemnités payées en Un d'année
B-
207953 1.197.750 2.971 819.557 1987765 1-3
3
1890 38.386.387
>
38.759.357 1.293.330 3.106 830.743 214.770 Z
1891 20.486 Cl
H
20.806 36.469.292 1.245.078 2.995 838.552 218.000 3
1892
4
1893 21.062 36.843.974 1.305.061 3.282 904.805 230.588
1801 10.412 38.883.759 1.21)0.990 2.892 SCS.724 232.577
HISTOIRE GÉNÉRALE! DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 699

Iln'existe pas de Compagnies à primes fixes dans la branche bétail,


signalons seulement, en 1883, la constitution de la Conservatrice qui,
après quelques mois d'existence, a cessé son fonctionnement.
Dans l'assurance contre la maladie et la mortalité des bestiaux, les
risques sont classés par départements et par espèces d'animaux, les
primes sont calculées à raison de tant pour cent sur la valeur attribuée au
troupeau ou à chaque animal.
Les conditions générales des polices ne sont pas semblables pour
toutes les Sociétés. Voici quelques articles de la police d'une Société
importante qui permettront de se rendre compte du mécanisme de cette
assurance si intéressante pour l'agriculture.

EXTRAITS DES CONDITIONS GÉNÉRALES DES STATUTS ET POLICES BÉTAIL

ART. 6. — La Société assure les animaux ci-après désignés : Espèces chevaline,


mulassière et usine : chevaux, juments, mulets, bêtes asines et les élèves de ces
diverses espèces. — Espèce bovine : boeufs, taureaux, vaches et élèves de l'espèce. —
Espèces ovine, caprine et porcine : béliers, moutons, brebis, agneaux, boucs, chèvres,
chevreaux et porcs.
ART. 8. — Les sinistres contre lesquels la Société assure sont : 1° Les cas de mort
survenus à la suite de maladies ou d'accidents dont la cause est fortuite et involon-
taire; 2° l'abatage des animaux ordonné, soit par les autorités, soit par l'homme de
l'art, soit par la Direction, et nécessité par la nature et la gravité des mnladies et dos
accidents survenus, sauf les exceptions prévues à l'article 10 ci-après. Elle garantit
moyennant une cotisation spéciale contre les accidents provenant du transport du
bétail par voiture, par chemin de fer et par eau, lorsque le voyage s'est accompli sans
accident de route. En outre, au moyen d'une cotisation supplémentaire, payable comp-
tant et à déterminer avant l'opération, par le Directeur, sur la demande du Sociétaire,
elle garantit pendant cinquante jours contre la mort, par suite de la castration opérée
par un vétérinaire ou un maréchal expert, les animaux déjà assurés par elle.
ART. 10. — La Société ne garantit pas les sinistres résultant de la guerre, de
l'émeute, de l'incendie, de l'inondation, de la submersion et de l'immersion, exception
toutefois est faite dans les deux derniers cas pour les animaux amenés à un abreuvoir
réglementaire. Elle ne répond pas : 1° De la mort ou des accidents causés par suite
des maladies qui surviennent dans les neuf jours de la dato de l'admission de la police
ou des avenants comprenant des animaux nouvellement assurés; 2° des cas de morve,
de farcin, survenant dans les cinquante jours de la date de l'admission de la police ou
des avenants; 3° des cas de mètôorisation, de cla^elée, des sinistres occasionnés par
les mauvais traitements ou défauts do soins; 4" d'une opération quelconque qui n'a
pas pour but la guérison ou la conservation de l'animal, sauf ce qui esl dit à l'article 8,
pour le cas de castration; 5° des sinistres provenant de ce qu'un animal assuré contre
la castration a été soumis au travail sans autorisation préalable donnée par celui qui
l'a opéré.
700 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

ART. 11. — Aucun animal n'est admis à l'assurance avant l'âge de trois mois.

Sont exclus de l'assurance les animaux malades, ceux atteints de tares ou de vices qui
les exposent particulièrement à la mort ou aux accidents, et ceux atteints de vices
rôdhibitoiros.
ART. 15. — Pour les animaux des espèces bovine, ovine, caprine et porcine, l'assu-
rance peut être faite en détail par tête ou en bloc par moyenne; pour les animaux do*
espèces chevaline, asine et mulassière, l'assurance ne peut être faite qu'en détail par
tête, mais dans l'un et l'autro cas, elle doit comprendre pendant toute la durée de In
police tous les animaux de la môme espèce appartenant à la même personne dans une
môme commune, sauf bien entendu le droit réservé au Directeur d'exclure tel de ces
animaux qu'il ne trouverait pas convenable de comprendre dans l'assurance. Le Direc-
teur a aussi le droit, dans certains cas spéciaux, de limiter la garantie do la Société
en ce qui concerne les valeurs assurées et de fixer les tarifs à appliquer.
ART. 22. — L'assurance est contractée pour une durée do cinq ou dix années. Tou-
tefois pour des cas spéciaux dont l'appréciation est laissée au Directeur de la Sociélé,
l'assurance peut être consentie pour une durée inoindre, laquelle sera nettement spé-
cifiée sur la police. La duréo de rengagement peut, aussi être réduite quand il s'agit
de bestiaux à l'engraissement pour la boucherie ou do porcs.
ART. 28. — Kn cas de sinistre, l'assuré doit en l'aire la déclaration immédiatement
à la Direction par lettre chargée. — L'assuré, si cette déclaration n'est pas l'aile dans
les trois jours qui suivent le sinistre, subit une retenue d'un cinquième de l'indemnité
à laquelle il a droit. — Si le retard de la déclaration excède huitjours, l'assuré sera
déchu de tout droit à indemnité, tout en restant tenu de ses obligations envers la
Société.
ART. 29. — Cette déclaration indiquera les nom, prénoms, qualité et domicile do
l'assuré, le numéro d'ordre et la dato de la police, le lieu, la commune, le canton et
le département où se trouve l'animal, objet du sinistre.— Elle mentionnera, en outre:
1° La date du sinistre ; 2° l'indication de la cause qui l'a produit ; 3° la désignation
exacte de l'animal ; 4° le nom du vétérinaire qui l'a soigné, ou à son défaut, du maré-
chal expert ou praticien.
ART. 30. — L'expertise a lieu dans le plus bref délai, par ordre do la Direction ou
de l'Agent général dûment autorise par elle, et elle est faite parun vétérinaire diplômé;
s'il n'existe pas do vétérinaire sur les lieux, par un maréchal expert ou un praticien,
contradictoiremenl avec le sociétaire ou avec un expert choisi par lui. — Dans lc cas
de dissidence, il en est référé à un tiers expert vôlôrinaircdiplômô, qui sera désigné à
défaut d'accord entre los parties, par le juge de paix du canton où lo sinistre a eu lieu.
ART. 31. — Il est dressé procès-verbal do cette expertise sur un imprimé fourni
par la Direction. 11 renferme 1° Les nom, prénoms, qualité et domicile de l'assuré; 2"
la date de son engagement à l'assurance, et la qualité en laquelle il agit ; 3° la dési-
gnation exacte de l'animal objet du sinistre, et autant que possible son âge ; 4° la valeur
réelle avant le sinistre ; 5° la cause de l'accident. Ce procès-verbal indiqueraeu outre
si l'assuré a pris, selon le cas, les mesures nécessaires pourprévenir la mort ou éviter
l'accident.
ART. 32. — Le procès-verbal doit être signé par le vétérinaire, le maréchal expert
ou le praticien, ainsi que par l'assuré, ou son représentant, ou par deux témoins s'il
ne sait ou ne peut signer ; il doit être envoyé immédiatement à la Direction, et au plus
tard dans la huitaine de sa date. — Il est soumis au Conseil d'administration qui, après
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 701

oxamen, fixe la somme pour laquelle le sinistré sera admis à la répartition conformé-
mentaux statuts. —Si, pour une cause quelconque, le procès-verbal d'expertise n'est
pas approuvé par le Conseil d'administration, il est fait une nouvelle expertise, dont le
procès-verbal lui est également soumis.
ART. 33. — Les frais d'expertise sont supportés, moitié par l'assuré, moitié par la
Société.
ART. 34 — En cas de maladies, d'accidents ou de mort prévus et énumérés en
l'article 8 ci-dessus, l'assuré est tenu d'en prévenir, dans les vingt-quatre heures, la
Direction par lettre chargée. Il doit appeler immédiatement un vétérinaire breveté, ou
à sou défaut un maréchal expert ou praticien s'il en existe, lequel administrera les
médicaments et pratiquera les opérations utiles, soit comme moyens curatifs, soit
comme moyens préservatifs. — Si l'homme de l'art est d'avis que la maladie doit ren-
dre la mort de l'animal inévitable, il en dresse procès-verbal, lequel est transmis à la
Direction. — Lorsque la vente ou l'abatage de l'animal sera ordonné, soit par l'homme
de l'art, soit par ordre de l'autorité, soit par ordre de la Direction, l'assuré devra te
conformer à l'injonction qui lui sera faite. — Faute par l'assuré de se conformer aux
dispositions du présent article, il perdra tout droit à indemnité.
ART. 36. — Lorsque l'abatage de tout ou partie des animaux aura été ou sera
ordonné par l'autorité, par suite du typhus contagieux, les indemnités allouées aux
sociétaires par le Gouvernement dans la proportion déterminée par la loi du 21 juil-
let 1881, et les règlements d'administratio-i publique ou autres dispositions qui ont été
ou seront prises par les pouvoirs publics, profiteront à la Société, qui ne devra compte
à l'assuré que de la différence entre l'indemnité allouée par le Gouvernement et celle
due par la Société. Dès l'apparition d'une épizootie ou d'une maladie contagieuse quel-
conque et notamment du typhus, l'assuré demeure tenu d'en prévenir la Direction et
l'autorité dans le plus bref délai; il devra également faire appeler un vétérinaire qui
sera chargé de dresser un rapport sur l'état sanitaire des animaux, les conditions de
salubrité des ôtables et les circonstances qui seraient de nature à provoquer, main-
tenir ou conjurer la maladie, ainsi que les moyens préventifs ou curatifs à employer.
— Ce rapport devra être envoyé à la Direction, à la diligence de l'assuré. Si pendant
la durée d'une épizootie ou d'une maladie contagieuse, lo sociétaire qui ne s'est pas
conformé aux règlements de police sanitaire et aux dispositions du présent article, il
sera déchu, en cas do sinistre, de tout droit à indemnité.
ART. 37. — Tout assuré qui par réticence ou fausse déclaration aura sciemment
induit la Société en erreur sur les risques que courent les animaux soumis à l'assu-
rance, perdra, en cas de sinistre, tout droit à indemnité, tout en restant tenu de ses
charges sociales.
ART. 38. — En cas de sinistre, la Société se réserve ses droits et ceux de l'assuré
contre tout garant, à quelque titre que ce soit. A cet effet, la Société demeure subro-
gée à tous les droits, recours et actions de l'assuré jusqu'à concurrence de l'indemnité
qu'elle peut lui devoir : l'assuré doit faire connaître autant que possible les circons-
tances de l'accident, ainsi que les noms ot domiciles de ses auteurs.
ART. 39. — Afin que le sociétaire soit intéressé à la conservation des animaux, il
reste son propre assureur pour un cinquième de leur valeur; l'indemnité, en cas de
sinistre, ne peut jamais excéder, y compris le produit de la dépouille et la vente de l'ani-
mal, les quatre cinquièmes delà valeur assurée ou de celle déterminée par les experts
au moment de la constatatiou du sinistre, si elle est inférieure à la valeur assurée.
702 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

40. — L'animal abattu en cas de maladie ou d'accident, dans les conditions


ART.-
prévues par le paragraphe 2 de l'article 8 ci-dessus, et la dépouille do l'animal mort
appartiennent à l'assuré qui fait compte de leur valeur sur le montant de son indem-
nité. Cette valeur est fixée par le vétérinaire chargé de constater l'acpident.
ART. 41. — L'assurance ne peut jamais être une cause de bénéfice pour le socié-
taire qui ne peut être indemnisé que des pertes réelles qu'il a éprouvées. — Si la
valeur déclarée dans la police d'assurance est supérieure à la valeur réelle au moment
du sinistre, l'indemnité est réglée d'après la valeur réelle. — Si, au contraire, elle est
inférieure, l'assuré est considéré comme son propre assureur pour la différence et
supporte dans la perte la part proportionnelle à cette différence.
ART. 43. — Les animaux soumis à l'assurance étant, d'après leur espèce, leur des-
tination et les lieux où ils séjournent, plus ou moins exposés aux accidents pouvant
amener la mort ou nôcessiler leur abatage sont divisés pour les assurances souscrites
en France en trois degrés de risques ainsi qu'en classes et sections. Pour les assu-
rances souscrites à l'étranger, elles n'auront qu'un seul degré de risques, mais chaque
pays où la Société étendra ses opérations formera une classe distincte, spéciale et
indépendante tant pour le tarif à appliquer, le fonds de réserve à constituer, que pour
la répartition des sinistres. Le Conseil d'administration établit et modifie, s'il y a lieu,
la classification des risques et les tarifs à appliquer. La contribution annuelle due par
chaque sociétaire aux termes de l'article 42 qui précède, est limitée par chaque cent
francs de valeurs assurées ainsi qu'il suit.

CLASSIFICATION DES RISQUES TARIF


par degré de risques, fonds de
Première catégorie. — Risques situés en France et en Algérie. etîïaîs de dïr^cUon compris.
— (Art. 23, 2b, 42,46 et 48
l 8 CLASSE. — Espèces chevaline, usine et mulassière.
1'
^^^jie^atuts^^
— l,r degré 2" degré 3° égré

SECTION 1M.
— Chevaux do luxe proprement dits (chevaux
de course et do chasse exceptés); chevaux d'officiers de l'ar-
mée, chevaux de gendarmerie, chevaux et juments employés
aux travaux agricoles ; juments poulinières; poulains et pou-
liches; mulets et bêles asines; chevaux de selle et de voitures
appartenant à des particuliers; chevaux et juments à l'usage
des médecins, vétérinaires el employés de la régie 2 30 2 80 3 »
SECTION 2°.
— Chevaux de charrettes appartenant aux
fabricants, négociants et industriels et employés au transport
des paquets, colis et marchandises de leur commerce; che-
vaux de voitures dites de remises; chevaux de chasse; che-
vaux employés dans les manèges d'équitation; étalons 3 80 4 30 4 80
SECTION 3".
— Chevaux de gravatiers, de plâtriers, de car-
riers, de meuniers, de fariniers. Chevaux de poste et de dili-
gence; chevaux employés au service des chemins de fer; che-
vaux de fleuves et de rivières; chevaux d'omnibus 5 30 5 80 6 »
SECTION 4° — Chevaux de louage, de fiacre, et de toutes
voitures faisant le service de place, chevaux de roulage 6 80 7 30 T 50
HISTOIRE' GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 703

CLASSIFICATION DES RISQUES TAIHF


par degré de risques, fonds de
garantie, fonds de réserve
Première catégorie. — Risques situés en France et en Algérie, et trais de direction compris.
(Art. 23, 25, 42, 40 et 48
— des statuts.)
. „
l'° CLASSIÏ. — Espèces ,.
chevaline,
. asme et, mulasstere.
, •
— ——-v—- —
loi- degré 2° degré 3» degré

2" CLASSE. — Espèce bovine.


SECTION 1™. — Boeufs et vaches employés aux travaux agri-
coles; élèves de l'espèce bovine 2 »
2 30 2 50
SECTION 2° — Taureaux, boeufs et vaches à l'engrais, ne
consommant pas de résidus de fabrique; vaches laitières 2 30 2 50 3 »
SECTION 3°. — Boeufs et vaches à l'engrais, consommant
des résidus de fabriques (distilleries, féculeries, sucreries et
brasseries) 2 50 3 »
3 30
SECTION 4°. — Vaches de uourrisseurs 3 80 4 80 5 »

3° CLASSE. — Espèces ovine, caprine et porcine.


8 80
— Boucs, chèvres ot chevreaux
SECTION lro. 6 80 1 80
SECTION 2°. — Béliers, moutons, brebis et agneaux 4 » 5 » 6 80
SECTION 3°. — Porcs (par tête et par année) 4 80 5 80 6 80

Deuxième catégorie. — Risques situés en Suisse. Degré unique

4° CLASSE. — Espèces chevaline, usine et mulassière.


Chevaux de luxe et chevaux de particuliers à l'usage de la selle

et de la voiture 3 »
2° Chevaux à l'usage de l'agriculture, juments poulinières, poulains
et pouliches, mulets, bêtes asines, chevaux à l'usage des médecins, vété-
rinaires et petits négociants, étalons 3 80
3° Chevaux à l'usage de l'industrie et du commerce employés au
transport des paquets, colis et marchandises des fabricants et indus-
triels, chevaux de meuniers et de fariniers, chevaux employés dans les
manèges d'équitation 4 80
4° Chevaux de gravatiers, de plâtriers, de carriers, chevaux de poste
et de diligences, chevaux employés au service des chemins de fer, che-
vaux d'omnibus 6 '*'•'»
5° Chevaux de fiacres et de toutes voitures faisant le service de
place, chevaux de louage t 50
5e CLASSE. — Espèce bovine.
Taureaux, boeufs et vaches, élèves de l'espèce bovine 2 50 à 3 »

portions contributives provenant de chacune des classes établies par


ART. 44.— Les
le Conseil d'administration servent à réparer séparément et dans les conditions statu-
704 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

taires les dommages éprouvés par chaque classe sans solidarité entre elles. En consé-
quence laSuisse, où la Société étend ses opérations, forme dans lamutualitôune division
territoriale indépendante pour laquelle il est établi le tarif particulier ci-dessus. 11 en
sera demêmepourles autres pays étrangers oùla Société étendra de même qu'en Suisse
ses opérations. La Société établira chaque année dans les délais statutaires une répar
tition des sinistres spécialement pour la Suisse ou tout autre pays étranger avec lo
pioduit des cotisations qui leur sont propres et avec participation à la garantie du
fonds de réserve et à l'ensemble des frais généraux do la Société, au prorata des
valeurs assurées.
ART. 45.— Il n'y a aucune solidarité eutre les sociétaires qui ne supportent en
tout état de cause que les charges auxquelles donnent lieu les valeurs assurées par
chacun d'eux.
ART. 46. — Les contributions auxquelles chaque sociétaire est soumis par les
articles 23, 42 et 48 des Statuts sont exigibles pour la première année immédiatement
après l'admission de l'adhésion-police, et pour les années suivantes dans la première
quinzaine de la date fixée à l'adhésion-police pour l'échéance desdites contributions
sociales. — Le payement peut être fait, soit en espèces contre une quittance émanée
de la Direction et signée du Directeur général, soit en un mandat sur la poste envoyé
au Directeur,à Paris. —Toutpayemeutl'ait en échange dequittances qui ne porteraient
pas la signature du Directeur général, ou en échange de quittances particulières dos
agents qui n'auraient pas de pouvoirs spéciaux à cet effet, ne libérera pas le
sociétaire.
ART. 47. — A défaut par un sociétaire de payer sa contribution sociale, tant do
première année que des années suivantes, au domicile de l'Agent général porteur de
la quittance, ou au Siège social, au terme fixé dans la police, l'échéance même de la
cotisation constituera une mise en demeure absolue à l'égard du sociétaire. A défaut
de payement dans les quinze jours qui suivront cette échéance, l'effet de la police se
trouvera suspendu et le sociétaire perdra en cas de sinistre tout droit à indemnité. La
police ne reprendra son effet quo le lendemain à midi du jour du payement de la coti-
sation. Malgré la déchéance, le sociétaire n'en est pas moins tenu des charges sociales
et le Conseil d'administration conserve la faculté de maintenir la police, d'eu pour-
suivre l'exécution ou de la résilier.
ART. 48. — Le fonds de réserve pour l'ensemble de la Société sera formé; 1° A l'aide
d'un payement annuel de trente centimes par 100 francs de valeurs assurées; 2° de la
partie du fonds de garantie non absorbée par les dépenses de la Société. Le capital do
ce fonds de réserve sera placé en acquisition d'immeubles ou en obligations hypothé-
caires de premier rang, en rentes sur l'Etat, bons du Trésor ou autres valeurs créées
ou garanties par l'État, en actions de la Banque de France, ou obligations des dépar-
tements et des communes, du Crédit foncier de France ou des Compagnies françaises
des chemins de fer qui ont un minimum d'intérêt garanti par l'État. Le placementsera
fait par l'entremise du Directeur et d'un membre du Conseil d'administration, délégué
à cet effet, et les valeurs seront immatriculées au nom de la Société. Le retrait ou le
transfert de ces valeurs s'opérera de la même manière. Le maximum de ce fonds de
réserve pour les diverses classes d'animaux est fixé tous les cinq ans par
le Conseil général qui détermine la proportion dans laquelle chacune des classes contri-
buera aie former, dans les limites de ce maximum. L'objet du fonds de réserve est do
donner à la Société le moyen de suppléer à l'insuffisance de la contributionannuelle
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCK EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 705

pour le payement des sinistres survenus dans le cours d'un exercice, sans que, dans
aucun cas, le prélèvement puisse excéder le quart de ce fonds de réserve pour un seul
exercice.
ART. 49. — Sont à la charge de la Société : los sinistres, les frais d'expertise et
,1G réexperlise dans les termes de l'article 33, les actions judiciaires, les non-valeurs
constatées par le Conseil d'administration, les frais de perception et d'encaissement,
ceux de revision et d'inspection, d'impressions, de distribution du compte rendu, le
loyer, les impositions,le timbre, les frais de bureau et le traitement du chefde compta-
bilité.
ART. 50. — L'année sociale commence le 1er janvier et finit le 31 décembre. —
Chaque année, après le 31 décembre et la transmission des procès-verbauxd'expertise,
le Directeur établit immédiatement : 1° L'état des indemnités à payer, dans chaque
classe, pour l'exercice expiré ; 2° celui des frais d'expertise et autres qui s'y ratta-
chent; 3° le compte par classes des sommes payées et de celles restant dues par les
sociétaires sur la contribution à la charge de chacun d'eux. Le travail est soumis au
Conseil d'administration, qui fixe les indemnités revenant à chaque sinistré.
ART. 51. — Le payement de ces indemnités est effectué immédiatement après le
recouvrement des contributions sociales, et au plus lard dans le courant du dernier
mois du trimestre de l'exercice suivant, au prorata des sommes qui auront étô encais-
sées et suivant la liquidation approuvée par l'Assemblée générale des sociétaires.
ART. 52. — Le Conseil d'administration détermine dans le cours de l'exercice si
les rentrées le permettent, les acomptes à accorder aux sociétaires qui ont éprouvé
des sinistres, sauf liquidation définitive à la fin de l'exercice, comme il est dit aux
articles 4, 50 et 51.
ART. 53. — Les sommes restant dues à la Société sur un exercice, qui auront été
reconnues irrécouvrables, pour quelque cause que ce soit, et admises comme non-
valeurs par le Conseil d'administration, sont portées en dépense au compte de l'exercice
suivant.
ART. 83. — Toute action judiciaire ayant pour but le recouvrement des cotisations
et autres sommes dues par les sociétaires, à quelque titre que ce soit, la validité des
actes d'assurances, le règlement des indemnités provenant do sinistres, sera intentée
ou soutenue au nom de la Sociélô, poursuite et diligence du Directeur, quia pouvoir de
transiger et compromettre en toutétat de cause. — Toutes mainlevées d'inscription ou
d'opposition serontdonnéesavanteomme après le payement,et tous retraits des sommes
vorsées ou déposées dans les caisses publiques seront faits par l'entremise du Direc-
teur au nom de la Société.
ART. 84. — Toutes contestations entre la Société et l'assuré, à raison du contrat
d'assuranceet des présents Statuts, seront jugées conformément à la loi.
— En vue de
tes contestations, l'assuré fait élection de domicile à Paris, dans les termes de l'arti-
cle 111 du Code civil, et consent toute attribution de juridiction devant les tribunaux
de la Seine, tant en demandant qu'en défendant.
— Extension de compétence peut
également être consentie auxdits tribunaux par les parties contractantes (1).

(1) Extraits des Statuts de la Garantie fédérale.


49
706 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

LÉGISLATION ET ÉTAT DE LA QUESTION DES ASSURANCES AGRICOLES


EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

Projets divers en France. — Mouvement d'opinion contre la législa-


tion proposée. — Législation étrangère : Allemagne, Autriche, Italie,
duché de Bade, Hongrie, Belgique, Suisse, Russie....

En France, il n'existe pas de législation spéciale pour les assurances


grêle et bétail nommées assurances agricoles ; par contre, le législateur
reprenant les idées de socialisme d'État de Napoléon III a élaboré projets
sur projets, propositions sur propositions tendant à créer un monopole
d'État pour les assurances agricoles
En 1893, M. Viger passant en revueles nombreux projets déjà déposés
s'exprimait en ces termes devant ses collègues de la Chambre des
députés :

« On a déposé, depuis le commencement de la législature, un certain


« nombre de propositions concernant l'assurance agricole ; leurs auteurs
« ont préconisé des solutions ingénieuses, multiples ; mais leur examen
« nous prouve qu'il faudrait faire subir de profondes modifications à ces
« projets pour qu'ils puissent remplir le but que poursuivent nos hono-
« râbles collègues
« Ce but, c'est de
garantir la récolte contre les accidents atmospho-
« riques. Doit-on le faire par le prélèvement de
20 centimes sur les
« quatre contributions, ainsi que le propose M. Quintaa?
Doit-on créer
« une caisse mutuelle d'assurance agricole, comme le
demande M. Chol-
« let? Doit-on, ainsi que le réclame M. Jonnart,
faire des caisses régionales
« et une caisse centrale? Est-il possible, comme le désire
M. Daynaud,
« dans un autre projet, de demander à la
suppression du principal de
l'impôt foncier le moyen de remplir les caisses d'assurance pour l'agrï-
«
« culture ? Tels sont les divers problèmes qui sont posés par
les auteurs
« des propositions sur les assurances agricoles. Comme vous le voyez, il

est plus facile de poser là question que de la résoudre et elle nécessite


«
« un examen des plus sérieux, des plus approfondis »

Ces divers projets qu'ônumêrait ainsi M. Viger en 1893 ne sont pas


demeurés les seuls que le législateur ait déposés sur les bureaux de la
Chambre.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 707

En effet, nous comptons encore les propositions de MM. Emile Rey


et Lachieze, députés du Lot, qui réclament la création d'une caisse
nationale d'assurances mutuelles agricoles ; celle de M. Rivet proposant
la création d'une caisse d'assurance pour tous les cultivateurs au moyen
de centimes additionnels au principal des quatre contributions directes
dans la proportion de : pour la cote de 1 à 50 francs, 1 centime, de 50 &
100,2 centimes et ainsi de suite en ajoutant 1 centime par chaque 100 francs
ou fraction de 100francs (1); les propositions Philippon etPochon, réclamant
l'assurance obligatoire en laissant aux assurés la faculté de s'adresser
soit à l'État, soit aux Sociétés privées; la proposition Antonin Proust qui
demande l'organisation du prêt sur gage sans nantissement, sans dépla-
cement; celle de M. Rendu considérant l'obligation comme nécessaire.
Citons encore les propositions de M. de Cassagnac qui veut distraire
tout simplement cent millions du budget général pour les affecter à l'ali-
mentation de la caisse des assurances agricoles et celle de M. Môline qui
allie l'Assurance au Crédit agricole.
A ces diverses propositions dont le sort a été seulement d'espérer la
discussion, sont venus se greffer le projet Viger, Ministre de l'Agriculture,
qui vise la création avec le concours de l'État de Caisses d'assurances
mutuelles et la proposition de M. Calvet, sénateur, qui tend à la constitution
d'une Caisse nationale d'assurances agricoles par le groupement des
Sociétés départementales solidarisées (2).
De toutes ces créations projetées, la proposition Calvet, accueillie

(1) La Commission parlementaire, chargée d'ôtudior cette proposition, l'a repooa-


sée en concluant ainsi :
Des considérations qui précèdent, il résulte qu'on môme temps que la proposition
de M. Rivet ne réaliserait pas une application équitable du principe de solidarité
nationale, invoqué à l'appui, elle entraînerait une augmentation d'impôts trop considé-
rable pour qu'il soit même possible d'en envisager l'établissement,
Aussi votre Commission, tout en s'associant aux intentions de notre honorable
collègue, a-t-elle cru devoir vous demander de ne pas prendre sa proposition en consi-
dération.
(2) Voir page 468, Caisses départementales ; pages 182 et suivantes, l'État assureur
et page 670.
MM. Brnné et Demalvilain, députés, ont déposé une proposition de loi sur
l'assurance des planteurs de tabac basée sur la retenue supplémentaire de 1 à 2 centi-
mes par franc qui sera faite au moment des livraisons de tabac, sur les sommes payées
aux planteurs, à l'effet de les indomniser des avaries que leur récolte aura subies
par suite d'accidents de force majeure, tels que grêle, gelée, inondation, ouragan,
etc.
La répartition en sera faite entre les sinistrés avec l'excédent du premier centime
dans chaque département par les soins de l'administration.
708 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

favorablement par le rapporteur de la Commission sénatoriale chargée


de l'étudier, a soulevé de légitimes protestations que nous allons passer
en revue (1) :
La Société des Agriculteurs de France s'est prononcée hardiment
dans sa session de 1894 contre le projet Viger.
M. Cucheval-Clarigny, membre de l'Institut, fait ainsi l'examen des
.
projets de loi sur les assurances agricoles dans un rapport qu'il rédige en
vue de l'Assemblée générale annuelle de la Société des Agriculteurs de
France :
Quand on veut étudier le problème des assurances agricoles, deux
«
« questions dominent toutes les autres, dit l'honorable et éminent rappor-
« teur :
« 1° L'assurance doit-elle demeurer facultative ou devenir une obliga-
« tion?
« 2° A qui doit être dévolue la tâche d'assurer? »

Alors, en un exposé brillant de la situation de l'agriculture, du crédit


agricole et de l'assurance en regard de l'État, le rapporteur dévoile les
grands dangers auxquels on serait exposé en cas d'immixtion de l'État
dans les affaires privées.
Ses conclusions sont les suivantes. Elles sont décisives :
Considérant qu'il n'existe aucune connexitô entre l'organisation des
«
« assurances en faveur de
l'agriculture et le bon fonctionnement, si
« désirable, du Crédit agricole ;
« Qu'il y a lieu d'attendre de
l'initiative et des progrès incessants de
« l'industrie privée le développement et le perfectionnement des institu-
« tions favorables à l'agriculture ;
« Emet le voeu que le Gouvernement s'abstienne absolument
de
« créer, sous prétexte d'assurance, aucune
administration nouvelle,
€ aucune institution de nature à accroître les charges actuelles de l'agri-
« culture;
Pour les projets et propositions de loi, consulter l'excellente étude de M. Jean
(1)
Perriaud : Le Crédit et les Assurances agricoles (journal l'Assurance Moderne, du
30 avril 1893 au 15 juillet 1893) ; du même auteur : L'Assurance devant les Chambres
(journal l'Economiste rural). L'organisation administrative des Assurances et du
Crédit agricole, comte de Rocquigny, Guillaumin, éditeur. Conférence de M. Thome-
reau faite à la Société d'Économie politique, voir page 131. — Étude sur le contia'
d'assurance ; assurance contre la mortalité du bétail ; assurance contre la grêle ;
assurance contre la gelée. Moniteur des Assurances, 1895, page 559.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN PRANCE ET A L'ÉTRANGER 709

Qu'il s'abstienne également d'imposer aux agriculteurs aucun


<
mode particulier d'assurance....»

De son côté, M. Emile Salle, rapporteur sur l'assurance grêle, conclut


ainsi :

« Que le projet d'assurance par l'Etat, obligatoire ou facultative, soit


,(
absolument écarté ;
»
Que les Syndicats ne créent pas de Compagnies d'assurances soit
,<
à prime fixe, soit mutuelles; qu'ils ne couvrent même pas de leur
«
patronage des Compagnies naissantes ;
« Que les
Syndicats s'adressent à des Compagnies existantes soit à
«
prime fixe, soit mutuelles, mais toujours à des Compagnies honorable-
«
ment dirigées et dont le passé réponde de l'avenir. Réduit à cette
«
fonction d'intermédiaire, le rôle des Syndicats présente encore un côté
«
bien utile : car, d'une part, ils seront les défenseurs naturels des syn-
c
diquês au moment du traité et au lendemain du sinistre ; et, d'autre
«
part, représentant des intérêts collectifs importants, ils obtiendront des
«
Compagnies des avantages particuliers dont les syndiqués profite-
«
ront. »

M. le comte de Rocquigny, dont la haute autorité est reconnue, a


rédigé pour la même occasion, un rapport sur l'intervention des Syndicats
agricoles dans l'assurance mortalité du bétail, dont voici la conclusion :
« En ce qui louche l'assurance contre la mortalité du bétail, la Com-
«
mission est d'avis que les Syndicats doivent tendre à la propager et à
«
l'améliorer, afin d'accrottre la sécurité des cultivateurs qui ne trouvent
«
qu'un appui insuffisant dans l'organisation actuelle de cette branche de
«
l'assurance.
« Elle estime que les
Syndicats agricoles peuvent, sans danger,
«
fonder et couvrir de leur patronage des institutions de prévoyance
«
destinées à garantir, au moyen de la mutualité, les pertes résultant de
«
la mortalité des animaux. »
Ces institutions peuvent être :
« 1° De véritables
Sociétés d'assurances mutuelles régies par la loi
«
du 24 juillet 1867 et le règlement d'administration publique du
«
22 janvier 1868;
« 2° Dés caisses de secours mutuels à rayon étendu et à cotisation
« facultative de taux indéterminé, organisées sur le modèle de celle du

« Syndicat, agricole libre


de la Marne. On sait que la loi du 21 mars 1884
« confère aux Syndicats professionnels le privilège de pouvoir constituer
710 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

« sans autorisation entre leurs membres des caisses de secours mutuels


« ayant une existence propre et une administration distincte;
« 3° Des mutualités à petits rayons et sans cotisation préalable. »

En 1895, la Société des Agriculteurs de France confirme ses voeux


antérieurs contre l'État assureur agricole, la Société d'agriculture de la
Haute-Vienne, la Société des cultivateurs de Coulommiers, la Garantie
fédérale, les Chambres de commerce, l'Union des Syndicats des agricul-
teurs de France, et le Congrès du Crédit populaire et agricole de Caen(l),
enfin le Syndicat des assureurs agricoles protestent contre les projets et
propositions d'assurances grêle et bétail par l'État en général et contre
les projets et propositions Viger et Calvet en particulier (2).

(1) Voir page 607.


(2) Voir pages 182-199, note 1 et pages 672-707.
Consulter : Exposé critique du projet de loi ayant pour but d'instituer des Caisses
d'assurances départementales avec le concours do l'Etat, présenté à MM. les députés,
à MM. les sénateurs par le Syndicat des assureurs agricoles ; journal Économiste
Rural, 31 décembre 1895.— L'organisation administrative des Assurances et du Crédit
agricole, par M. le comte de Rocquigny. Guillaumin, éditeur.
Comme nous l'avons, mentionné pago 199, note 1 et puge 685, afin de défendre
l'industrie des assurances agricoles menacée, les directeurs des Sociétés mutuelles
.
grêle ot bétail se sont constitués en syndicat, comme d'ttillours les Compagnies et
Sociétés dos antres branches. Voici la composition do ce syndicat :
Président : M. Morin, directeur do la Çèrès et de la Garantie agricole; Vice-
présidents: M. J. Renaud, directeur de la Ferme et M. Stalberger, directeur de Y Avenir
(Grêle et Bétail) ; Trésorier : M. A. Maas, dirocteur de la Mutuelle générale (Grêle) ;
Secrétaire : M. A. de Besancèlo, directeur de la Récolle; Membres : MM. A. Papin,
directeur de la Mutuelle de Seine-et-Oise (Grêle) ; J. Duproy, directeur de la Protec-
trice (Grêle) ; A. Auger, directeur de la Minerve (Grêle) ; A. Baslard, directeur de
l'Association Fraternelle (Grêle et Bétail); A. Charreyron, directeur de la Protection
Agricole (Grêle et Bétail); J. de Montozon, directeur de la Toulousaine (Grêle); E.
Bourgier, directeur de la Grêle; E. Fournier, directeur de la Gironde (Grêle et
Bétail); E. Valnot, directeur de la Garantie (Grêle); R. Copie, directeur de YAtlus
(Grêle) ; V. Le Bellec, directeur du Domaine (Grêle) ; A. Le Hugeur, administrateur
du Syndical général agricole (Grêle); E. Denans, directeur do l'Orage (Grêle); H.
Rouzôs, directeur de la Garantie fédérale (Bétail) ; Ducournau, directeur de la Caisse
des propriétaires (Bétail) ; Dupeu, directeur de Y Union beauceronne et gâlinaise (Bétail);
P. Oberhausen, H. Degats et E. Bouchot, inspecteurs (Grêle), Paris.
Les Sociétés d'assurances mutuelles contre l'incendie sont également en Syndicat.
Comme plusieurs Sociétés agricoles en font partie, nous croyons devoir mentionner
sa composition dans ce chapitre :
COMITÉ PERMANENT : Président : MM. Voinchet, directeur de Y Ancienne Mutuelle-
dé Rouen ; Vice-président : Haugk, directe»!' du Centre Mutuel ; Secrétaire : Cravoi-
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L ÉTRANGER 711

Que deviendront ces projets et ces protestations, nous l'ignorons,


quoique le récent avis du Conseil d'État sur les Caisses départementales
nous laisse espérer le triomphe final de l'assurance privée et la fin de cette
utopie dangereuse de l'assurance par l'État ou par les Caisses départe-
mentales (1).
sior, directeur delà Mutuelle de Seine-et-Marne ; Membres : MM. baron Élie Lefebvre,
directeur do la Normandie ; Regnault, directeur de l'Étoile (Grêle).
MUTUELLES FAISANT PARTIE DU SYNDICAT : Ancienne Mutuelle de Rouen; Mutuelle de
Seine-et-Oise; Mutuelle du Calvados; Centre Mutuel ; Mutuelle de Seine-et-Marne ;
Fraternelle Parisienne; Mutuellede l'Indre; Mutuelle du Mans; L'Orlêanaise; Mutuelle
d'Eure-et-Loir; Mutuelle de la Marne ; La Normandie; Mutuelle du Bas-Rhin; Mutuelle
du Haut-Rhin ; Mutuelle do Valence; L'Economie de Limoges; La Cérès ; L'Étoile;
La Nantaise ; Mutuelle de Marseille ; Mutuelle d'Indre-et-Loire ; Mutuelle de Blois.
(1) « Depuis quelques années un certain nombre de départements manifestent la ten-
dance de ne pas s'adresser, pour l'assurance des édifices départementaux, auxCompagnies
particulières, mais de créer eux-mêmes des Caisses. Depuis le commencement du
siècle, il existe déjà des Caisses de ce genre dans quatre départements ; la Meuse, les
Ardennes, la Somme et la Marne. Ces Caisses ont été approuvées par te Gouvernement.
Le Conseil d'État vient d'être consulté sur la légalité de la création de Caisses
nouvelles. Le département d'Oran avait voté un crédit de 100,000 francs à cet effet. Son
but était d'assurer, non pas seulement les bâtiments départementaux, mais encore les
édifices communaux et ceux des particuliers du département. La Caisse projetée
devait être dirigée par un bureau central, composé du préfet, des conseillers généraux
ot de citoyens désignés pour en faire partie ; un bureau particulier devait fonctionner
dans chaque commune.
Le Conseil d'État a estimé que la loi du 10 août 1871 donne incontestablement aux
départements le droit de faire partie d'une Société d'assurances mutuelle. Mais, dans
l'espèce, la Caisse projetée dans le département d'Oran n'affectait pas le caractère d'une
Compagnie mutuelle, car elle avait pour objet d'assurer tout venant contre le risque
d'incendie, moyennant le payement de sommes ne variant que suivant le risque et
constituant de véritables primes d'assurances fixes, le bénéfice recueilli par la Caisse
devant lui être complètement acquis, et les indemnités attribuées aux sinistrés ne
devant être soumises à aucune réduction en cas d'insuffisance de ressources.
En conséquence, le Conseil d'État a estimé quo laCaisseen question aurait consti-
tué en réalité un service d'assurances aux risques et périls du département ot il a déclaré
qu'une création de ce genre est étrangère aux attributions légales d'un Conseil général.
Il faut remarquer que le Conseil d'État ne s'est pas arrêté à un moyen tiré par le
département de ce que la Caisse projetée devrait être considérée comme une * insti-
tution départementale d'assistance publique ». Le département alléguait qu'il se propo-
sait d'allouer, sur les fonds de la Caisse, des indemnités de secours aux personnes
blessées dans les incendies. Mais le Conseil d'État n'a pas pensé que cette disposition
•los statuts fût de nature à donner à la Caisse le caractère d'institution charitable,
puisque son but principal était la réalisation d'opérations d'assurances rémunérées par
une prime. » (Le Temps, 21 juin 1896).
Voir également Caisses départementales et projet Calvet, pages 371, note 1, 465,
607,672,707.
712 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

La question relative soit à la réglementation, soit à la législation ou


bien à l'assurance par l'État des assurances agricoles a été également
agitée à l'étranger :
En Allemagne, en Autriche et en Italie, les assurances mortalité du
bétail et contre la grêle sont très développées; les Compagnies et Sociétés
y sont nombreuses.
Une loi du 13 février 1884 a organisé en Bavière un établissement
public d'assurances contre la grêle, fondé sur le principe de la mutualité.
L'administration de cet établissement est confiée à une section spéciale
de la Chambre royale contre l'incendie.
Dans le Hesse-Darmstadt il est question de créer également une caisse
de secours contre la grêle et de la rattacher à l'établissement des assu-
rances incendie.
En ce qui concerne le bétail, il a été décidé en 1890 de rendre l'assu-
rance obligatoire dans toutes les communes allemandes où il y aurait eu
adhésion de la moitié au moins des propriétaires, à la condition que
ceux-ci possèdent au moins moitié du bétail.
Ce projet n'a pas étô poursuivi.
Voici, d'après la Reçue des Assurances, une statistique intéressante
sur la situation des Sociétés qui pratiquent cette assurance en Allemagne:
L'ASSURANCE BÉTAIL EN ALLEMAGNE EN 1895
l'riiuns Komis
Somniits assurées annuelles (le résern'
NOMS DES SOCIÉTÉS I89u I8',)'i lin l,S',i:i

51. M. 51.
Sâchsische Vieh-Versich.-Bank, Dresden 24.910.206 844.486 100.287
Rheinische Vieh-Versich.-Gesellschaft, Coin . . . . 14.700.150 251.155 28.OUI)
Braunschweigische AUgem. Vieh-Versich.-Ges. 8.857.490 241.140 227.580
. .
Badische Pferde Vers.-Anstalt, Carlsruhe 7.864.795 291.832
Central Vieh-Vers.-Verein, Berlin 5.701.875 115.771 51.453
Vieh-Vers.-Ges. a. G., Schwerin i. M 5.690.754 155.047 6.50K
Vaterlândische Vieh-Vers.-Ges., Dresden 5.273.953 213.057
Perleberger Vieh-Vers.-Ges 4.618.902 253.775 52.105
Stuttgarler Pferde-Vers.-Ges 4.530.315 170.518 21.02-1
Uolzener Vieh-Vers.-Bank 4.487.225 301.445 87.955
Norddeutsche Vieh-Vers.-Ges., Schwerin 4.118.210 105.531 30.224
Trierischer Vieh-Vors.-Verband 4.083.823 78.501 30.625
AUgemeine Deutsche Vieh-Vers.-Ges., Lùbeck . . . 3.515.840 119.361 15.014
Vieh-V.-Verein des Rhein-u. Maingau's, Wiesbaden. 2.837.160 72.122 31.210
Pfàlzischer Vieh-Vers-Verein, Speyer 2.748.300 104.550 12.008
A reporter 103.915.298 3.318.311 694.777
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 713

l'rimos Fonds
Sommes assurées annuelles do résclvo
NOMS DES SOCIÉTÉS 1893 1893 fin 1893

M. M. M.
Report 103.945.298 3.318.311 894.777
Deutsche Vieh-Vers.-Ges., IMau 2.565.910 43.207 28.632
Vieh-Versicher.-Bank f. D. von 1861, Berlin 1.602.980 01.346 13.518
. . . .
Ki'l'urter Vieh-Vers.-Verein 2.565.140 63.190 109.233
Anhaltische Vieh-Versich.-Bank, Cûlthen 1.359.270 49.131 20.478
Vieh-Vers.-Ges. « Veritas », Berlin 1.148.890 66.590 29.789
Zcitzer Vieh-Versicherungs-Verein 1.012.006 38.916 13.839
Wriegnitzer Gesellschaft 882.820 36.465 19.030
National-Vieh-Vers.-Ges., Cassel 422.800 37.0.25 11.283
Halle'scher Vers.-Verein 251.924 11.772 7.116
TOTAUX 115.787.038 3.725.933 947.695
Un récent compte-rendu des opérations des Caisses d'assurances
bétail dans le grand-duché de Bade va nous permettre de voir le fonc-
lionnement de cette assurance dans les pays allemands :
La loi du 21 novembre 1890, relative à l'assurance des bêtes à cornes
dans le grand-duché de Bade, a commencé à fonctionner le lor janvier 1893.
L'union des caisses d'assurances locales vient de publier son rapport
annuel pour l'année 1895; ce rapport contient les résultats comparatifs
obtenus par l'assurance pendant les trois dernières années.
L'union a été créée en vue de permettre aux caisses locales de sup-
porter en commun les indemnités à payer aux sinistrés. Chaque caisse
adhérente n'est tenue qu'à payer un quart des dommages assurés chez
elle; les autres trois quarts sont acquittés par toutes les caisses faisant
partie de l'union, qui centralise ainsi toutes les opérations.
Au 1er janvier 1895, l'union comprenait 118 caisses d'assurances
locales ayant une clientèle de 12,174 propriétaires de bestiaux; 43,174
têtes de bétail avaient été assurées pour une valeur de 12,375,915 marks,
soit une moyenne de 286 marks par tête. L'augmentation du prix du bétail
a amené, depuis 1893, une élévation continue de la valeur moyenne assu-
rée; celle-ci était de 212 marks en 1893 et de 265 en 1894.
L'union des caisses d'assurances, qui a commencé à fonctionner
en 1893, a, malgré certaines difficultés qui ont nui à son développement,
telles que l'influence du manque de fourrages sur l'état des affaires pen-
dant cette année, presque doublé le chiffre de ses opérations en trois ans.
Sur 100 bêtes assurées en 1895, il y a eu 2.29 cas de perte indemnisés;
on en avait constaté 2.87 en 1894 et 2.S4 en 1893. Le chiffre des pertes a
donc diminué d'une façon notable.
Pendant l'année 1895,1,014 demandes d'indemnités ont été adressées
714 HISTOIRE GÉNÉRALE DE I.'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER

à l'union contre 1,101 en 1894 et 846 en 1893. Parmi ces demandes, 978
ont été reconnues bien fondées et dédommagées en totalité, 10 fondées en
partie et 26 mal fondées.
Les animaux ayant donné lieu à des indemnités ou bien avaient péri,
ou avaient été abattus par nécessité, ou bien encore avaient été livrés à
la boucherie pour en tirer le meilleur parti possible.
En recherchant les espèces d'accidents, on remarque que le nombre
des cas d'animaux morts naturellement ou de maladies est excessivement
restreint (7.69 0/0) et qu'il diminue d'année en année.
Les propriétaires de bestiaux semblent s'efforcer d'éviter le cas de
mort dans leur bétail et de recourir en temps utile aux soins des vété-
rinaires de l'union, qui ordonnent l'abatage s'il y a lieu. Les prescriptions
de la loi qui accordent une prime plus élevée pour les animaux dont
l'abatage devient obligatoire que pour ceux qui périssent ont continué à
prouver leur utilité.
En recherchant les causes qui ont amené les dommages, on constate
que les cas de perte occasionnés par un dérangement général des fonc-
tions nutritives sont tombés à 3.4 0/0 en 1895 ; ils étaient de 8.1 0/0 en
1893. Ces résultats sont attribués à une meilleure alimentation.
Par contre, les cas de dommage ayant pour origine la tuberculose
ont été en 1895 de 30 0/0 au total ; ils n'avaient été que de 25 0/0 en 1894,
Aussi l'administration de l'union prête-t-elle la plus vive attention à cette
particularité et multiplie-t-elle les réglementations. Tout animal suspect
n'est pas accepté pour l'assurance ; certains établissements même n'assu-
rent les animaux que s'ils ont étô soumis a l'épreuve de la tuberculine.
Les sommes destinées aux indemnités qui, conformément à la loi,
sont avancées par les caisses des bailliages, se sont élevées à
238,640 marks en 1895 contre 224,151 marks en 1894, soit par tète de
bétail 241 marks en 1895 et 208 marks en 1894. Le produit net des
animaux abattus a été de 82,460 marks, soit 83 marks par tête. En consé-
quence, 34.55 0/0 de l'indemnité ont été couverts par le produit net ; en
1894, cette proportion avait étô de 35 0/0.
En ce qui concerne les dépenses, les résultats de l'année 1895 témoi-
gnent de notables progrès accomplis dans la gestion. Le total des
sommes payées par les propriétaires de bestiaux assurés, tant pour les
dépenses locales que pour les dépenses de l'union, s'élève en moyenne
à 1 mark 29 pfennigs pour 100 marks de valeur Rassurée en 1895, contre
1 mark 40 pfennigs en 1894 (1).

(1) Document publié par la feuille d'informations hebdomadaires du ministère de


l'agriculture.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 715

En Hongrie, on parle de rendre obligatoire l'assurance contre la


mortalité du bétail.
En Belgique, la loi du 11 juin 1894 article 30, et l'art 1769 du Code
civil se rapportent aux assurances agricoles.
Dans ce pays l'assurance obligatoire a fonctionné ; mais les résultats
obtenus, notamment dans la province de Liège (1), ont fait supprimer cette
assurance.
En effet, les cultivateurs de la province de Liège avaient étô obligés
d'assurer leurs bestiaux en vertu d'un règlement provincial mis en
vigueur le 1" janvier 1891 ; mais, à partir du 1" janvier 1893, le gou-
vernement a renoncé à continuer à les assurer par suite de pertes qu'il a
éprouvées.
En présence des résultats défavorables obtenus dans la province de
Liège, la poposition de M. Cartuy vels, membre de la Chambre des repré-
sentants, tendant à l'assurance obligatoire par l'État, n'a pas eu le succès
qu'en espérait l'auteur.
En Suisse, le département de l'intérieur des cantons a, en 1895, orga-
nisé un projet d'assurance obligatoire contre la mortalité de bétail.
Voici un résumé de ce projet :
Des « communes d'assurances » ont été créées, dont le territoire est
identique à celui des communes politiques comme organes d'une com-
mune ou d'un cercle d'assurance. Il y aura : une assemblée des proprié-
taires des animaux assurés; un comité d'administration; des reviseurs des
comptes.
Le montant de l'assurance des animaux sera fixé non plus d'après
leur nombre, mais d'après la valeur de chaque pièce. Il sera établi au
moins une fois par an, les communes d'assurances restant libres d'insti-
tuer trois ou quatre évaluations par an. Chaque propriétaire de bétail a le
droit d'établir lui-même sa taxe, qui sera soumise au Comité et qui ne
sera définitive que quand celui-ci aura donné son assentiment.
L'indemnité, en cas de perte d'une ou de plusieurs pièces de bétail
par maladie ou par accident, se calcule sur les bases suivantes : Dans les
communes qui font opérer une évaluation au moins trois fois l'an, la der-
nière taxation est valable pour la somme à payer. Là où existe seulement
une seule taxation par an, la valeur de l'animal perdu sera fixée par une
expertise spéciale; dans tous les cas, il sera payé la somme que l'animal
valait dans son état de santé. La caisse d'assurance n'indemnise pas des
pertes causées par incendie ou par la faute du propriétaire; elle ne paye

(1) Voir page 155.


716 HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANOER

pas non plus d'indemnité quand ce dernier est dédommagé déjà d'un autre
côté, par exemple en cas d'épidémie.
Le propriétaire est tenu d'aviser sans retard le vétérinaire et le Comité
des cas de maladie ou d'accident, et c'est au Comité qu'il incombe de voir
ce qu'il y a à faire de l'animal. Quand un animal doit être abattu, le Comité
décide s'il y a lieu de le vendre et fixe le prix de la viande; quand une
vente ne peut se faire, les membres de la commune d'assurances sont obli-
gés d'en acheter en proportion du montant de leur assurance. Le produit
de la vente revient au propriétaire; pour le reste du dommage causé, il
est indemnisé de 80 pour 100.
L'assurance du petit bétail (porcs, brebis, chèvres) est facultative,
moyennant que l'animal ait au moins trois mois. L'évaluation est som-
maire; les porcs sont évalués de 50 à 200 francs, les brebis et les chèvres,
à 50 francs....
Nous devons à la vérité de constater que la population rurale des can-
tons de Zurich et de Saint-Gall ont repoussé toute loi qui assurerait obliga-
toirement leur bétail (1). -,
En Russie plusieurs projets sur l'assurance des récoltes ont été éla-
borés. Celui de 1894 soumis au ministre de l'intérieur a pour but d'as-
surer l'avenir des cultivateurs par l'assurance de leur champs. D'après
ce projettes opérations devraient s'effectuer dans les cinquante provinces
de la Russie d'Europe. Il donne deux formes d'assurances des récoltes
et des semailles, à savoir : assurance obligatoire pour les champs appar-
tenant aux paysans, et facultative pour les terrains des grands proprié-
taires fonciers dont la culture est en majeure partie négligée.
Comme prime d'assurance on percevra 60 copecks (1 fr. 60) par dé
ciatine (21,09 hectares); ce chiffre varierait selon les conditions climatô-
riques de chacun des rayons agricoles, et la nature du sol. Des disposi-
tions spéciales règlent non seulement les cotisations annuelles à payer
dans chacune des provinces de l'empire, mais aussi toutes autres condi-
tions locales. Le payement des cotisations pourra se faire soit en espèces,
soit en nature, par la livraison d'une quantité déterminée de grains. Voici,
d'après le même projet, le minimum des primes à percevoir pour diverses
céréales par déciatine. Grains d'hiver : seigle 27 pouds (1 poud égale
16 kilos 380 gr.), soit 4.5 quintaux; blé d'hiver 22.5 pouds, soit 3.7 quintaux.
Grains de printemps : avoine 18 pouds, soit environ 3 quintaux ; orge :

21 pouds, soit 3.5 quintaux; pommes dé terre 200 pouds : 33 quintaux....

Consulter : Préavis concernant la question de l'assurance contre la grêle public


(1)
sur l'invitation du département fédéral du commerce et de l'agriculture par J. J. Kum-
mer, directeur du Bureau fédéral des assurances (1887).
HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ASSURANCE EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER 717
*

Telles sont depuis leur origine jusqu'à nos jours les diverses étape»
parcourues par l'assurance.
Nous souhaitons, en tournant la dernière page de cette histoire si
glorieuse de l'assurance, que le xx* siècle dans lequel nous allons entrer
lui confirme, en même temps que son titre d'oeuvre sociale, le droit qu'elle
a acquis de vivre par la seule force de l'initiative privée et en dehors de
toute contrainte d'État.
Alors, et seulement, à cette condition, la génération qui nous suivra
pourra recueillir les fruits d'une institution féconde en heureux effets.
TABLE DES MATIÈRES

i
PHYSIOLOGIE DE L'ASSURANCE
Pages
Au point de vue social, politique, familial, industriel, l'assurance est-elle réali-
sable? 7
Ce qu'est l'assurance 10
Opinion sur l'assurance 11

II

ORIGINES DE L'ASSURANCE

lr0 PÉRIODE
Sa source remonte aux oeuvres d'assistance de l'antiquité 16
Prêt à la grosse 19
Mutualité de la hanse. — Prohibition du prêt à la grosse 22

2° PÉRIODE
Époque des Ordonnances 22'
Le contrat d'assurance 25
Nouvelles Ordonnances, Lois, Recès, Édits 26
La vieille police d'assurance de 1583 27
Statuts anglais dits de la 43° année 28

3° PÉRIODE
Ordonnance Colbert, naissance du droit maritime 28
L'assurance maritime. — Fortune de mer. — Assurance terrestre 31
Règlement d'une Compagnie générale pour les assurances et grosses aventures
de France en la ville de Paris (1686) 32
Le comte d'Oldenbourg anti-ètatiste 87
Progrès de l'assurance terrestre à l'étranger. — Développement de l'assurance
terrestre en France 38
720 TABLE DES MATIERES

l'aies
Les deux premières Compagnies françaises H'i
Le système Law 10
Marche de l'assurance sous la Révolution 42
Fac-similé d'une police de la Compagnie royale d'Assurances générales 15

4» PÉRIODE

L'assurance sous le premierEmpire.—Acte de constitution do l'Union deLondres. 4!)


Le Code de Commerce 52
L'assurance maritime. — Compagnies d'assurances, situation industrielle et
financière 54
Comité des assureurs maritimes 57
Courtiers 58
Bureaux et registres 50
Polices d'assurances maritimes 00
De 1808 à 1816, les Mutuelles. Fac-similé d'une police d'assurances vie en 1812. 05
L'assurance en 1819 ; création des Compagnies à primes fixes en France et à
l'Étranger (i6
Institutions du troisième Empire, les Caisses nationales 07
Fac-similé du titre de rente viagère d'Enchuysen de 1657 et de celui des États
généraux de Hollande et de la Frise occidentale de 1665, traduction de ces
documents 08

5° PÉRIODE OU PÉRIODE SOCIALE


Actuaires 72
Les précurseurs des actuaires. Biographie de Jean de Witt et de Christian
Huygens 73
Histoire de l'actuariat à l'étranger 78
L'actuariat en France, création de l'institut des actuaires 79
Ce qu'est l'actuaire moderne 80
Tendance des actuaires 82
Nouvelles créations d'Instituts. —Premier Congrès d'actuaires, Historique. —
Jacques Quetelet ; saviio, ses oeuvres do statistique et de mathématiques. 83
Composition du Congrès et discours d'ouverture 86
Programme des questions 90
Compte rendu des travaux du Congrès 91
Les actuaires à Anvers, l'assurance à travers les âges dans la cité d'Anvers 98
. .
Ordonnance de Philippe II pour la ville d'Anversréglementant l'assurance mari-
time et transports et prohibant l'assurance sur la vie 99
La ligue de la Prévoyance et de la mutualité, son organisation 111
Assurance par l'État, le Gouvernement et les idées de 1840, 1850 et 1855 sur les
assurances, luttes mémorables ; Girardin et l'État-Providence 112
L'assurance par l'État repoussée. — Polémique de Presse 114
M. Dubroca, directeur du Palladium et le Prince-Président. Ses projets
....
L'État-Providence et les créateurs de Sociétés. —Les Conseils généraux et leurs
116

voeux de 1847 à 1855 425


L'Empire français et les assurances. — Extension de l'assurance aux colonies . 120
TAItl.i: DES MATIÈRES 721

l'agos
Un 1895,reprise de la lutte. — M. de Courcy, ses idées sur l'assurance par
l'État 127
Une conféronce de M. Thomereau 131
M. Paul Gauviu 13G
MM. Léon Say, Magnin, Maze, Paul Deschanel, Rigaut, Lavollé, Armand
Cyprès ; Sociétés savantes et Congrès. — MM. Léon Bourgeois, Lefort,
Naquet, Leroy-Beauliou, Ruffallovich, Journal des Débuts 138
Encore dos opinions contre l'assurance par l'Etat... MM. Ricard, Claudio Jaunet,
Ludovic Halévy, Emile Choysson, vicomto d'Avonel, Paul Moulin, Gibon. 145
.
Dernières observations critiques sur l'assurance par L'Ktat. — L'obligation et les
corporations; coup d'iuil sur lour histoire. — Opinion de Ueccaria 148
En 4895: voeux dos Consoils généraux 151
Dos faits L'assurance par l'Etat ou obligatoire roponsséo au Sénat français ot à
1

la Société des Agriculteurs de France. — Ebranlement de l'édifice allemand.


L'assurance officielle à Liège. — En Angleterre 152
lïn Suisse, sa forme l'ôdôrative. — Le canton assureur; la police obligatoire du
canton de Vaud, son caractère vexatoire: — Cantons de Fribourg, Glaris,
Genève, Saint-Gall; le socialismo d'Etat repoussé par le peuple, l'assurance
obligatoire repousséo par lo Bureau fédéral des assurances 157
Création d'institutions do prévoyance ol d'assurance par le législateur et par
l'Etat. — Un article de Girardin. — Les Caisses du quai d'Orsay,— Histori-
que, un article do M. Reboul. Rapport du baron Beauverger, député au
Corps législatif, lour situation. — Caisso anglaise do 1864 163
los grandes commissions parlementaires du travail ot dos assurances sociales.
— La direction des assurances sociales au ministère du commerce. —
L'Office du travail, son histoire on France et ù l'étiungor, ses travaux. —
Co qu'il faut penser do ces diverses créations 173
. .
Le Bureau fédéral suisso.
— L'OIïico impérial allemand 178
Los agents d'assurances
— Los Chambres do cctninorce, leurs protestations
contre l'Etat assurour. — La dôfonso dos Compagnies. — L'Union syndicale
dos Compagnies à prime fixe. — L'assurance protégée par la loi de 1884
sur les Syndicats professionnels 182
Mémoire du Syndicat. — Résultats du monopole 189
Los Syndicats professionnels, lour l'orme 190
Les employés des Compagnies en 1848, leur pétition 191
L'onseignement de l'assurance en Franco ol à l'étranger.— lnstitul commercial
de Paris.— En 1871.— Circulaire do M. Emile Ferry.— Association philo-
technique.— Compagniesdonatrices.—Lescoursetprogrammes.— Ecole libro
des sciences politiques, Faculté de droit, lycées. — En Autriche, en Italie, en
Belgique 199
Enseignement de l'assurance par les Congrès professionnels 215
Histoire de l'assurance aux États-Unis et spôcialemeut dans la ville de Phila-
delphie 219

FONCTIONNEMENT DE L'ASSURANCE TERRESTRE


f>es diverses responsabilités
des hommes dans leurs rapports entre eux
Les divers risques couverts par l'assurance.
— Assurances contre le vol
....
....
224
227
50
722 TABLE DKS MATIERES

l'a «os
Assurance cautionnement, infidélité, garantie 228
Assurance de dividendes, de primes, de garantie d'emprunts 233
L'assurance contre le remboursement au pair des titres amortissablespar tirage
au sort. — L'assurance des émissions 235
L'assurance des obligations à lots 230
L'assurance contre les faillites. —Le ducroire. —L'assurance contre les pertes
d'argent. — L'assurance commerciale 237
L'assurance des frais de justice 240
Assurance de l'entretien des immeubles. — Assurance contre les dégâts causés
par les eaux ménagères. — Assurance do la responsabilité civile des proprié-
taires d'immeubles, gérants et locataires en cas d'accidents causés aux tiers
par le fait de l'immeuble ou de son entretien 241
L'assurance des funérailles et crémations précipitées. — Caisses d'enterre-
ment 243
L'assurance des marins. — La France est le pays maritime le plus étendu. —
La profession de marin pêcheur est la plus dangereuse. — Le marin et la
prévoyance. — La Caisse des Invalides de la marine. — Société de secours,
de sauvetage, Compagnies d'assurances. — Congrès de sauvetage et profes-
sionnels ; manifestations législatives et gouvernementales en faveur des
marins pécheurs. — A l'étranger 240
L'assurance des voyageurs. — diuilway Passengers Assurance Company. — Un
article de la Pairie. — The Traeellers. — Allemagne. — Autriche. — Italie.
— Belgique. — France. —
Caisse Paternelle. — Polices du Soleil-Sécurité
Générale. — Industrie française, Urbaine et Seine. — Les accidents de
chemins de fer, par M. Cosmann '. 208
L'assurance chômage involontaire et contre la grève. — Le chômage incendie.
— En Suisse, cantons de Berne, de
Saint-Gall, de Bâle. — Le chômage
involontaire en France. — Projet Jouffray. — L'assurance chômage au point
de vue privé. — En Allemagne, l'assurance contre la perte des emplois. —
En Angleterre, les Trades Unions. — En Belgique, les Travailleurs Unis.
Italie. États-Unis. — Chômage incendie 278
— — . .
Les assurances complémentaires. — La Compagnie d'assurance complémentaire
contre le chômage, la perte de loyers et autres risques. — L'assurance com-
plémentaire de la Compagnie YUrbaine-Vie et Y Urbaine-Seine. — La police
de l'Union-le Phénix espagnol 287
L'assurance-transport des billets de banque, titres, coupons, diamants, bijoux. 291
L'assurance maladie. — Son organisation privée et officielle, son fonctionnement,
ses résultats en Angleterre, en France, en Allemagne, en Autriche, Dane-
mark, Suède, Suisse 290
L'assurance invalidité, vieillesse, retraites.— Historique, critique.— Loi sur la
majoration des retraites. — Loi sur, les ouvriers mineurs. — Loi du
27 décembre 1895 concernant les caisses de retraites de secours et de pré-
voyance fondées au profit des employés et des ouvriers. — Les caisses
patronales des Compagnies d'assurances; quelques types de caisses ; France,
Belgique, — VÉpargne. — La Cagnotte, —Le Travail. — Projet Oulmière.
— Suisse. — Projet
Tirard. —- Projet Lebon. — Sociétés de retraites : Pré-
voyants de l'Avenir, France prévoyante, etc. — Retraites en Angleterre. —
TAHI.I: DES MATIÈRES 723

Pages
Invalidité et vieillesse en Allemagne. — Caisse des mineurs on Autriche.—
Danemark. — Hollande. — Belgique. — Suéde 305
L'assurance contre l'infirmité 333
L'assurance populaire. -7- La Caisse de l'État français. — La Providence, polices
à double effet, vie entière, mixte. — La Métropole. — U Ouest. —Le Progrès
national. — La Garantie Générale vie. — La Caisse des Familles. —
U Abeille. — La Fourmilière. — Les Sociétés d'assurances de prévoyance
mutuelle en cas de décès et de rentes viagères.— Les Sociétés Assessment.
— Extrait d'un rapport du Bureau fédéral suisse. — L'assurance populairo
en Angleterre, en Suisse, — en Allemagne, — en Italie, — en Belgique . . 333
L'Assurance de natalité. — Repopulatrice. — La Maternelle. — L'assurance
dotale. — L'assurance à terme fixe. — La Métropole, la Providence, Y Abeille.
— La Famille française. — Société do dotation do la jeunesse. — En Italie,
— en Allemagne, — au Canada. — L'assurance do première communion. —
L'assurance des jumeaux, — du célibat. — Système de la Providence. — L'as-
surance contre le divorce 349
L'assurance du risque de guerre en temps de paix. — Conditions des polices. —
UAssociation mutuelle des risques de guerre eld'èineule. — Association mutuelle
des risques du siège de Paris.
— Le Palladium. — L'Ordre. — La Citadelle.
— Mutuelle militaire : accidents de manoeuvres et incendie.— En Suisse: la
Zurich. — En Allemagne : l'assurance du service militaire. — En Autriche:
le remplacement et le recrutement, historique. — Sociétés d'assurances :
Associations des familles, la Sentinelle, etc. — La Société d'assurances mu-
tuelles en cas de décès des gardes nationaux. — Un décret du Gouvernement
de la Défense nationale. Statuts. La Défense mutuelle de Paris. — Lyon.

— Rouen. — Lille. — L'assurance contro la dynamite 354
Assurance des aveugles, — aliénation mentale, — des refusés, — des intellec-
tuels, — des bagages, — contre l'affichage, — des objet d'art 362
Assurance fluviales, — contre l'inondation 365
Assurance des vers à soie. — Le Trésor du sommeil. — Phylloxéra 366
L'assurance mutuelle contre la destruction par l'incendie des titres et minutes
déposés chez les officiers ministériels 367
Assurance contre la contrefaçon des produits, brevets, marques do fabrique . 368
.
La reconstitution des capitaux.
— l.'Avenir populaire 369

MODALITE DE I.'ASSURANCE
Mutualité, prime fixe, mixte, coopératives, caisses départementales. — Organi-
sation des Compagnies et Sociétés on comités et eu syndicats ........ 369

REGIME DES SOCIETES «'ASSURANCES EN l'UANCE


Loi de 1867, autorisation, surveillance, législation. — Directeurs, administra-
teurs, commissaires. — Capital social, actionnaires, loi de 1867 modifiée,
actions.—Maisons d'achat et de vente. De l'assuré . 371
lie la réassurance, Compagnies de réassurance a Paris, réassurance de porte-
feuille. — Cession. — Vente. -— Faillite. — Codification. — Les auteurs :
Pardessus, Alauzet, Quenault, Pouget, de Délàs. — Les impôts 375
724 TAHLV: nus MATIÈRES

LES VULGARISATEURS DE l.'ARSURANCE


Pages
Les assureurs, les agents, inspecteurs, courtiers.— La presse.— Les auteurs.—
Portraits de MM. Badon-Pascal, Bergeron, Cacheux, Chaufton, Cheysson,
de Courcy, Gauvin, de Gourguff père et fils, Guieysse, Lechartier, LeforL
Lucas, Marestaing, Mauriac, Pougot, Richard, Reboul, Tournai, Thomereau,
Vermot 380
Table analytique des vulgarisateurs 415

III
HISTOIRE DE L'ASSURANCE INCENDIE

LE PEU
Son rôle. — Pertes et causes 417

LA PRÉVENTION

OEuvres morales. — Engins de sauvetage et d'extinction, produits incombustibles 419


Les Pompiers. — Coup d'oeil vers le passé : Triumniri, noeturni, quinqueviri,
oediles, tribuns, proefectus oigilum ou préfet des gardes de nuit, les cohortes,
collegium, leur constitution civile, lo collège des Fabri ; lettre de Pline à
Trajan et réponse de ce dernier. — L'Association ou Gildes du moyen âge ;
la Gildo do Cambrai. — La confrérie. — Lo guet, sa constitution. — Le
couvre-feu. — Lo lioulonnnl général de Police. — L'ère des grands incen-
dies (1737). — La Pompo, son histoiro. — Création du premier corps de
sapours-pompiors de Paris, son organisation primitive et son histoire ; les
sapeurs-pompiers de province, leur organisation ; la question des assu-
rances en 1889. — Projet Bérard et projets antérieurs. Conseils généraux.
— Hôtel de Ville de Paris. — La Réparation. —
L'organisation des pom-
piers à l'étranger : à Londres, à Saint-Pélersbotirg, Moscou, Varsovie,
Vienne, Berlin, Belgique, Suisse, Le Caire, Chicago, Boston, New-York;
Écoles d'incendies ; Pompiers au Japon 420
Los sauveteurs. — Corps de sauvetage de Londres, les Congrès 415
Législation internationale dos incendies. — Règlement pendant le siège de
Paris 440

LA RÉPARATION

La réparation aux premiers âges. — Les grands désastres; intervention monar-


chique. — La charité et les bureaux des incendiés. — Sociétés mutuelles et
Compagnies. — Extrait des statuts de 1816 de la Compagnie d'Assurances
mutuelles contre l'incendie ; ordonnance royale ; acte de constitution ; statuts,
chapitro premier relatif à la fondation 457
Caisses départementales ; leur histoire. — Projets de loi divers. — Quelques
opinions. — Les Mutuelles professionnelles ; les Sociétés coopératives. —
La Garantie Générale et sa constitution particulière garantissant les opéra-
tions de Sociétés mutuelles d'assurances contre l'incendie 405
TABLE DES MATIERES 725

l'agus
Police française. — Fac-similés. — Première police belge. — Les trois plus
fortes polices do monde 474
Le mot incendie et la définition qu'il convient de lui appliquer dans l'assurance.
— Petits siuistres. —Incendies volontaires 482
Législation de l'assurance contre l'incendie. — Projets de loi 491
L'assurance réparatrice. — Résultats en France de 1889 à 1891 et quelques
résultats à l'étranger : Belgique, Italie, Russie, Suisse, Canada, Autriche. . 495

IV

HISTOIRE DE L'ASSURANCE SUR LA VIE

LA VIE. L'ASSURANCE SUR LA VIE

Son histoire. — Les abus de l'an XIII. — Ordonnances et règlements prohibant


l'assurance sur la vie. — I.'act do la 14° année du règne de Georges III. —
Pascal, Halley et les premiers calculs. — Institutions anglaises de 1698 ;
YAmir.àblc. — Los Tontines. — Déclaration de Louis XVI eu faveur do
l'assurance. — Premier code d'assurance sur la vie : Allgemeine Landrochl
de 1789 a 1819. — Le pour et contre l'assurance vie. — A l'étranger
Fonctionnement en Franco. — Compagnies, Sociétés mutuelles, Coopératives,
.... 501

Populaires, Amortissable par tirages, Caisse d'Etat.— Comité et Syndical


Compagnies françaises à l'étranger. — Compagnies étrangères en France.
Compagnies américaines. ... s.
Marche de l'assurance sur la vie on France, de 1819 à 1895. — L'assurance sur
507

la vie en Europe. — Résultats divers ou 1895. — Assurance dans le monde


entier 514
Applications diverses de l'assurance sur la vie.— Combinaisons. — Polices. —
Fac-similé de la première police de la première Compagnie du Continent.
La Hollandsche Socieleil van Levensverxekerigen, créée à Amsterdam en
1807. — La table de Kersseboom. — Vignette des premières polices de la
Compagnie d'Assurances Générales sur la vie. — L'association pour la pro-
tection mutuelle des porteurs do police. — Note sur la plus ancienne police
du monde. — La Compagnie Y Equitable, 1765.— Lo suicide. — Le risque de
guerre en France et à l'étranger; tableau synoptique 923

BASES SCIENTIFIQUES ET TECHNIQUES


Probabilité ot longévité.— Table do mortalité, histoire. — Table d'Ulpion.—
Table du docteur Halley. — Table do Jean Jlucldo do 1586. — A travers les
siècles. — Table du Comité français. — Auteurs et collaborateurs, photo-
graphies. Les actuaires au Congrès de Bruxelles, groupe photographique.
— Fac-similé delà table C. —La Prime. — LaRéserve. —Examen médical.
— Rôle du médecin. — Secret professionnel 549

oeUVRES SOCIALES
Les habitations à bon marché et l'assurance sur la vie, en France, en Belgique,
en Allemagne, en Autriche, aux Etats-Unis 569
726 TABLE DES MATIÈRES

LÉGISLATION
Pages
Jurisprudence d'assurances sur la vie. — Lois et décrets depuis 1861. Surveil-
lance. — Projets Bozérian, Roche, Guieysse. — Arrêté ministériel de 1894
sur les comptes rendus. — Etranger 575
Les souverains ot l'assurance sur la vio 588

HISTOIRE DE L'ASSURANCE ACCIDENTS

L'ACCIDENT ET LA RESPONSAniI.lTp:

L'accidentet la responsabilité.— L'accident dôliui. — Genres de mort acciden-


telle. — Classement des professions en Europe. — Responsabilité tardive
des accidents.— Classement des infirmités 591

LA PRÉVENTION

Les expositions de protection. — Les musées sociaux. — Les Congrès.


— Les
associations industrielles do prévention 600

LA RÉPARATION HUMANITAIRE

Secours aux blessés par accidents de 1600 à 1895. — OEuvres humanitairos :


Union des Femmes de France, Samaritains, Maisons do secours. —Congrès
de sauvetage. — Tabloau synoptique dos secours en cas d'accidents
.... 607

RÉPARATION SOCIALE

Origine de l'assurance contre los accidents du travail : Ordonnance de 1681,


règles maritimes de Wisby. — La République do Hollande de 1665. — Les
Compagnies : créations anglaises en 1849, des Etats-Unis en 1863, d'Allema-
gne en 1865, de Belgique en 1853, de Suisse, des Pays Scandinaves, do Russie,
d'Italie. — L'assuranco accidents en Franco et son fonctionnement : La
Seine (chevaux et voitures), fac-similé d'une police. — La Caisse paternelle
(assurance des voyageurs). — La Préservatrice mutuolle (assurauco collec-
tive). — Lo Soleil-Sécurité générale et Responsabilité civile réunis, Compa-
gnie à primes. — La Caisse nationale de 1868. — Do 1876 à 1884, de 1884 à
1895. — Créations cl disparitions do Compagnies.
— Sociétés de secours
mutuels, professionnelles et Caisses syndicales. — Compagnies étrangères
en France. — Syndicat général, son but. 613
Applications de l'assuranceaccidents. —Combinaisons diverses : assurance indi-
viduelle (texte de la police). — Collectivo et Responsabilité civile (police).
— Bris des glaces. — Chevaux et voitures. — Pompiers (police) — Chasse.
— Vélocipédie. — Contre l'explosion du gaz, etc., etc. — Fac-similé d'une
importante police accident souscrite à l'occasion de l'Exposition de Chicago. 621
Résultats obtenus en France par les Compagnies et Sociétés d'assurances et par
la Caisse nationale 636
TABLE DES MATIERES 727

RISQUE PROFESSIONNEL ET LÉGISLATION


Pages
Le risque professionnel existe — Législation et projets français. — Opinions.
l'État.
— La Caisse do — A l'étranger, législation, projets, résultats : Alle-
magne, Autriche, Angleterre, Suéde, Norvège, Finlande, Russie, Italie,
Belgique, Suisse, Pays-Bas, Roumanie, Espagne, Mexique 638
Les Congrès contre les accidents du travail. — Paris 1889. — Création du
Comité permanent des accidents du travail et des assurances sociales. —
Congres de Berne. — Congres de Milan 663

VI

HISTOIRE DES ASSURANCES AGRICOLES

LBS RISQUES AGRICOLES. LE CRÉDIT AGRICOLE. L'ASSURANCE CONTRE LA GRÊLE



La grêle et les particularités qu'elle présente. — Origine des Sociétés. — La
Société d'assurances réciproques contre la grêle de l'an IX, sa situation au
30 fructidor de l'an XIII. — La Cérès de 1823 et la Société de Toulouse de
1826. — La Compagnie d'Assurances Générales et l'Abeille. — Note, lettre
et projet de décret présenté au Prince-Président Napoléon pour la constitu-
tion de l'assurance grêle par l'Etat. — Constitution do la Caisse générale
des assurances agricoles, refus du Conseil d'État, liquidation de la Caisse
en 1889 673
Les diverses phases de l'assurance grêle. — Résultats des Compagnies et
Sociétés en 1895. — Compagnies oxislantes et disparues 682
Les Caisses départementales. — La Caisse des tabacs du Lot. — Texte des
conditions générales des polices 685
L'ASSURANCE CONTRE LA MALADIE ET LA MORTALITÉ DU BÉTAIL
L'assurance bétail des Hébreux. — La peste bovine de 1765. — Apparition de
l'assurance bétail en France, 1803,1838, 1849,1858, 1865.— Encore l'assurance
par l'État 695
Sociétés existantes, résultats. — La Conservatrice, prime fixe 697
La police des Mutuelles 699

LÉGISLATION ET ÉTAT DE LA QUESTION


DES ASSURANCES AGRICOLES EN l'RANCE ET A L'ÉTRANGER
Projets divers en France. — Mouvement d'opinion contre la législation pro-
posée 706
Législation étrangère : Allemagne, Autriche, Italie, Duché de Bade, Hongrie,
Belgique, Suisse, Russie V !' )..
. .
712
TABLE ANALYTIQUE
KT

ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES

Agents d'Assurances, 182. (Voir État.


A Voir Vulgarisateurs.)

Abonnement, 378. Agricole. — (Voir Assurances. — Ris-
Accidents. — De chemins de fer, 278, ques. — Crédit.)
Aliénation, 362.
note 1. — Accidents de manoeuvres, 354.
responsabilité. — I/ac- Allemagne. — ébranlement de l'édifice
— L'accident et la allemand, 153. — Ollico impérial allemand,
cident défini, genres do morts acciden-
telles, 51)1-51)2. — Responsabilité tardive 181. — Assurance des marins,264, note l.
des accidents, 507. — Secours aux blessés — Assurance des voyages, 271 à 273. —
par accidents, <i<>7. Assurance contre la porto des emplois,
281. — Assurance transports, 290. — As-
Accidents du Travail. — (Voir Assu-
rance.— l'Haï.— Législation.) surance maladie, 299. — Assurance inva-
lidité et vieillesse, 327. — Assurance
Actes. — (Voir Statuts et. Ordonnances.) populaire, 348. —Assurance dotale, 352.—
Actions, 371. — Maison d'achats et de Assurance du service militaire, 358. —.
ventes, 371. Journaux, 384. — Incendies (voir Statis-
Actionnaires, 371. tique). — Pompiers à Berlin, 438. — Me-
Acts. — Voir (Ordonnances.) sures préventives contre les incendies,
451. — Incendie volontaire, 487. — Pre-
Actuariat. — Précurseurs. — Actuariat mier code d'assurance-vie, 505. — Assu-
a l'étranger. En France, création d'insti- rance-vie (1839), 506. — Statistique de la
tuts. — Ce qu'est l'actuaire moderne. — production dos Compagnies-vie, 522. —
Congrès de Bruxelles, 72 à i)8. Los Assurance-vie : Risque de guerre, tableau
premiers calculs, 503. — Table de syuoptiquo, 542. — Table de Halley, 558.
Kersseboom, 532. — Hases scientifiques
et techniques. — Probabilité et longévité. — Les habitations à bon marché et l'as-
surance sur la vie, 574. — Législation de
— Table de mortalité, histoire. — Table l'assurance sur la vie, 582. — Classement
«i'Ulpien. — 'Fable du docteur Halley. .
des professions, 59-1. — Exposition de

Table de Jean Huddo de 1586. A travers prévention, 602. — Les Samaritains, 610.

les siècles. — Table du Comité français. accidents,
— Création des Compagnies
— Auteurs et collaborateurs, photogra- 615. — L'assurance accidents en Alle-
phies. Les ' actuaires du Congrès de
Bruxelles, groupe photographique. magne : législation existante, résultats
Fac-similé de la table C. — La Primo, — acquis de 1884 à 1894, 045 à 649. Régle-
la mentation et législation de l'assurance
Réserve, 540 à 5G8.
bétail et grêle. — Résultats des Sociétés
Administrateurs, 371. bétail opérant en Allemagne, 712.
.ffidiles. — (Voir Pompiers.) I Alsace-Lorraine.— Habitations à bon
Affichage, 364, marché, 571. — Législation de l'assurance
730 TABLE ANALYTIQUE ET ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES

sur la vie, 582. — Association do Pré- de


cl dividendes, do primes, de garantie
vention, 605. d'emprunts,
d 233. — L'assurance contre
Amérique. — Assurance des chômeurs, 1lo remboursement au pair des titres
285. (Voir Etats-Unis.) amortissables
» par tirage au sort. — L'as-
Angleterre et Irlande. ssurance des émissions, 235. — L'assurance
— La liberté des obligations à, lots, 236. — L'assurance
de l'assurance, 155. — La Caisse de 1864, (
173. — Caisse d'enterrement, 243. (contre les faillites, 237. — L'assurance
— des frais de justice, 240. — Assurance
Assurance des marins, 264. — Assurance (
du voyageur, 269-272. — Assurance chô- de
' l'entretien des immeubles, 241. —
mage et grèves, 284. — Assurance trans- Assuranco contre les dégâts causés par
ports, 296. — Assuranco maladie, 297. — les
' eaux ménagères, 242. — Assuranco
Retraites ouvrières, 324. — Assurance de
' la responsabilité civile des proprié-
populaire,343. — Assurances des aveugles, taires d'immeubles, gérants et locataires
'

362. — Journaux, 384. — Incendies (voir on cas d'accidents causés aux tiers par
statistique). — Pompiers, 435.— Corps de le l'ait de l'immeuble ou de son entre
sauvetage, 145 et note 1. — Mesures pré- tien, 243. — 1/assurance des funérailles
ventives contre les incendies, 152. — ot crémations précipitées. — Caisses
Sociétés coopératives, 472. — Incendie d'enterrement. — Caisses funératiennes,
volonlairo, 487. — Législation incendie, 18-243-346, note 1. — L'assurance des ma-
492. — Institutions anglaises de 1698 rins, 246-634. — L'assurance des voya
(assurance vie), 502. — Assurance vie gours, 268-634.— L'assurance du chômage
(1816), 506. — Statistique de la production involontaire, de la grève et du chômage
des Compagnies vie, 522. — Assurance- incendie, 27N. — Assurance complémen-
vie : Risque de guerre, 543-545. — Légis- taire, 287. — L'assurance transport des
lation de l'assurance sur la vie, 587. — billets de banque, titresjcoupons,diamants,
Classement des professions,593.— Société bijoux, 291. — Assurance maladie, 296.-
do secours aux blessés, 609. — Création Assurance invalidité, vieillesse, relraito,
des Compagnies accidents, 614. — Légis- 305. — Assurance contre l'infirmité, 333.
lation do l'assurance accidents, 653. — Assurance populaire, 333.— Assuranco
Applications. .— (Voir Combinaisons.) de natalité, 349. — Assurance do repopu-
34!). — Assurance dotale, 350.
Arrêtés. —(Voir Législation ot Ordon- lation, Assurance à terme fixe,
-

nances.) 350, note 2, 523.


— Assuranco de premiôro communion,
Assessments, 341. — (Voir Sociétés.) 353. — Assuranco do jumeaux, 353.
-
Assistance. — (Voir Sociétés.) Assurance du célibat, 354. — Assurante
Associations. — Mutuelles des risques contre le divorce, 354. — Assurance du
de guerre en temps do paix et des risques service militaire, du remplacement et du
recrutement, assurance dynamite, 354. --
du siège do Paris, 354. — (Voir Pompiers, Assurance
424.) — De Prévention, 605. des aveugles, 362.— Assurance
de l'aliénation mentale, 362. — Assurance
Association Pbiloteclinique, 202. — des refusés, 362. — Assuranco des intel-
(Voir renseignement de l'assurance.) lectuels, 363. — Assuranco des bagages,
Assurance. — Ce qu'est l'assurance,, 364. — Assuranco contre l'affichage, 361.
10.— Opinions, 11. — Origines, 17. — — Assuranco des objets d'art, 233, nolo I,
Assurance terrestre, 31. — Progros ài 365. — Assurance fluviale, 365. — Assu-
l'étranger, 38. — Développement eni rance dos inondations, 365. — Assurance
France, 38. — Les deux premières Com- des vers à soie, 366. —Assurance du pliyl-
pagnies, 39. — Les plaques d'assurances, loxera, 367. — Assurance contre la
leur histoire, 39, note 2. — Système de3, destruction par incendie des titres et nù-
Law, 40. — Marche de l'assurance souss nutes déposés chez les officiers ministé-
la Révolution, 42. — Sous le premier Em- riels, 367. — Assurance contre la contre-
pire, 49..—De 1808 à 1816, 65. — 1819, 66.i. façon des produits brevetés, marques do
— Congrès d'assurances, 216. — Fonction- - fabriques, 368. — Modalité, Mutualité,
nement de l'assurance terrestre, 224. — primo fixe, mixte, coopérative, 369. —
ASSURANCES DIVERSES : Assurance contre e Forme et régime de l'assurance, 369-371',
le vol, 227. — Assurance cautionnement,., vulgarisateurs, 380. — Assurance contre
infidélité, garantie, 228. — Assurancess l'incendie. — Le mot incendie dans l'assu-
TABLE ANALYTIQUE ET ALPHABÉTIQUE DES MATIERES 731

rance, 482. — Assuranco réparatrice gnies et Sociétés, résultats, texte de


(incendie), 495. — Assurances sur la vie, police. — L'assurance bétail, son histoire.
.Mil. —• Marcne, 514. — Applications. — — Les
sociétés, texte de police. — Légis-
(Voir Combinaisons.) — Suicide, 534. lation et état de la question sur les
.- Risques de
guerre, 542. — Bases scien-
-tifiques ot techniques, assurances agricoles en Franco et à
549. (Voir Actuariat.) l'Ktrangor, quelques résultats acquis, 671
sociales, 569. — Législation,575. à 717. — Voir État. — Polices. — Statis-
- OEuvres contre les accidents, 591 à tique. — Bibliographie.
- Assuranco
fi7l). — Prévention, 600. — Réparation Assurance chômage, 27H à 285.
humanitaire, 607. — Réparation sociale, Assurance contre la grêle. — La grêle
iU3. — Assuranco individuelle, 622. — et les particularités qu'elle prôsonte, 673.
Assurance collective, 625. — Assurance de des Sociétés. — La Société
responsabilité civile, 626. — Assuranco — Origine
d'assurances réciproques contro la grole
(•mitre le bris do glaces, 631. — Assurance do l'an IX, sa situation au 30 fructidor do
ilo chevaux, voitures, 631.— Assurance l'an X1I1, 673. — La Cérôs de 1823 ot la
des Pompiers,632. — Assurance do chasso Société de Toulouse de 1826. — La Com-
Ml. — Assurance de vélocipédic, 631. — pagnie d'Assurances Générales ot l'Abeille,
Assurance contre l'explosion du gaz, 634. 676. — Note, lettre et projet de décret

Assurance de sauveteurs, 631.— Assu- présenté au Prince-Président Napoléou
rance do salles d'armes, 634. — Assurance pour la constitution do l'assurance grcle
de tir, 631. — Statistique, 636. — Législa- par l'État, 677. -—Constitution de la Caisse
tion, 638. — Assurances agricoles, 671. — Générale des assurances agricoles, refus
Assurances grôlo, 673. — Assurances du Conseil d'F.tat, liquidation delà Caisse
Mail, 695.— Législation, 706.— Assurance en 1889, 680. Les diverses phases de

pur l'Klat. (Voir l'Haï.) — En résumé, voir : de l'assurance grôlo, 682. — Résultats dos
Assurance contre les accidents ; Assu- Compagnies ot Sociétés en 1805, 683. —
rances agricoles; Assurances contre la Compagnies existantes ot disparues, 685,
grêle; Assurance contre l'incendie; Assu- Les Caisses départementales. — La

ranco maritime; Assuranco contre la Caisse des tabacs du Lot. — Texte des
mortalité du bétail; Assurance sur la vie. conditions générales des polices, 685.

Assurance contre les accidents. — (Voir F.tat. — Polices.— Statistique. —
Aux Rlats-Unis, 221. — Histoire. — L'acci- Bibliographie.)
dent cl la responsabilité. — Classement Assurance contre l'incendie. — Aux
des professions, 592. - Les inlirmités, Klats-Unis, 219.
Mis. — La prévention, 600. — Réparation
— Chômage, 285. — Le
l'eu. — Son l'ôle. — Pertes ot causes, 417.
humanitaire, 607. — Réparation sociale : La Prévention : oeuvres morales, engins

Origine de l'assurance contre les accidents de sauvetage ot (l'extinction, 419.
— Les
du travail : Ordonnance de 1681, règles Pompiers. — Coup d'ceil vers le passé :
maritimes de Wisby. — La République de Triuinciri noctiirni, quiaquooiris oedilos,
Hollande do 1665. •— Les Compagnies : tribuns, proefcetus niylluin ou préfet dos
iTéations anglaises en 1849, des Etats- gardes de nuit; les cohortes, coUegiam,
l'nis en 1863, d'Allemagne en 1865, do leur constitution civile, le collège des
Holgiquc en 1853, do Suisse, des Pays Fabri ; lettre do Pline à Trajan ot réponse
Scandinaves, de Russie, d'Italie, 613. — de ce dernier. L'Association ou Gildes

L'Assurance accidents ot son fonctionne- du moyen âge; la Gilde de Cambrai.

ment. — Application do l'assurance acci- La confrérie. — Le guet, sa constitution.
dents, combinaisons, 621. — Résultats Le couvre-feu. —Le lieutenant général
obtenus en France, 636. —
Risque pro- de Police.
— — L'ère des grands incendies
fessionnel et législation étrangère, projets (1737). La Pompe, son histoire. —
;

lançais, opinions manifestées à ce sujet, Création du premier corps de sapeurs-
et résultats obtenusà l'Étranger, 638 à 670, pompiers de Paris, son organisation pri-
M uotes.
— -
Voir Etat. Polices. — Sta- mitive ot son histoire; les sapeurs-pom-
tistique.— Bibliographie.— Les Congrès, piers de province, leur organisation la
;
i
lit'kl. question des assurances en 1889. — Projet
Assurances agricoles. — Les risquess Ûôrard et projets antérieurs. Conseils
agrieoles. — Le crédit agricole. —L'assu- géuôraux. — Hôtel de Ville de Paris. —
rance grêle, son histoire. — Les Compa- La Réparation. — L'organisation des
732 TABLE ANALYTIQUE ET ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES

pompiers à l'étranger ; à Londres, Saint- l'amiral Pothuau, 251. — Rapport sur la


I

Pétersbourg, Moscou, Varsovie, Vienne, fédération des Armateurs ot l'assurance


I
Berlin, Belgique, Suisse, Le Caire, Chi- de la vie des marins, 264. — La vie, l'as-
cago, Boston, No\v-Yorl<; Écoles d'incen- suranco sur la vie, son histoire, 501. —
i

die; Pompiers au Japon, 420 a 445. — Les Fonctionnement on France, 507.— Marclio
sauveteurs. — Corps de sauvetage de en France, en Europe ot dans le monde
Londres, 445. — Législation internationale entier, 514. — Graphiques, 514. — Appli-
des incendies. — Règlement pendant le cations divorses, 523. — Le suicide, 538;
siège de Paris, 146. — La Réparation aux le risquo de guerre, lableau synoptique,
premiers âges. — Les grands désastres ; I 542. — Les bases scientifiques ot techni-
intervention monarchique. — La charité ques (voir Actuariat), son oeuvre sociale.
et les bureaux des incendiés. — Sociétés (Voir Habitations à bon marché.) — Légis-
mutuelles et Compagnies. — Extrait dos lation, 575. — Los souverains et _l'assu-
statuts do 1816 de la Compagnie d'assu- rance sur la vie, 588. — (Voir État. —
rance mutuelle contre l'incendie; ordon- Policos. — Statistique. — Bibliographie.)
nance royale; acte do constitution; statuts, Assuré, 374.
chapitre premier relatif à la fondation, 457.
Caisses départementales; leur histoire. Assureurs. — (Voir Vulgarisateurs.)

— Projots de loi divers. — Quelques opi- Auteurs. — (Voir Vulgarisateurs. Voir
nions. — Les Mutuelles professionnelles ; Actuariat.)
les Sociétés coopératives. — La Garantie Autorisation, 371-376-379-513. — (Voir
Générale et sa constitution particulière Législation, 67-173.)
garantissant les opérations de Sociétés
Mutuelles d'assurance contre l'incendie, Axitriche-Hongrie. — Enseignement
465. — Police française. — Fac-similés. — do l'Assuranco, 213 (voir Assurance). --
Les trois plus fortes polices du mondo, 474. Assurance du voyageur, 273. — Assurance
Le mol incendie et la dèuuilioii qu'il con- transport, 296.— Assurance maladie, 3<m.

vient de lui appliquer dans l'assurance. — — Caisses dos ouvriers mineurs, 328. —
Petits sinistres. — Incendies volontaires, Assurance célibat, 353. — Assurance du
482. — Législation de l'assurance conlro service militaire, 358.— Aliénation, refu-
l'incendie. — Projets de lois, 491. — L'as- sés, 362. — Journaux, 384. — Incend'e
— Pompiers
surance réparatrice. — Résultats en Franco (voir Statistique).prôvontives à Vienne,
de 1889 à 1894 et quelques résultats à 438. — Mesures contre les
l'étranger .-Belgique, Italie, Russie, Suisso, incendies, 451. — Statistique sur la pro-
Canada, Autriche, 495. — (Voir État. — duction des Compagnies incendie, 498,40!i
Police. — Statistique. — Bibliographie.) et note 1. — Assurance vie, son apparition,
Assurance maritime, 20. — Droit ma- 507. — Statistique sur
la production des
— Assurance
vie
ritime, 28-31. — Fortune do mer, 3t. — Compagnies vio, 520. 512. — Les habitations
L'assurance maritime, Compagnies d'as- risquo de guerre,
à bon marché ot l'assurance sur la vie,
surances, situation industrielle et finan- 574. Législation do l'assurance sur la
cière, Comité dos assureurs maritimes, —
Classement des professions,
courtiers, Bureaux et Registres, polices vie, t583. —
d'assurances' maritimes, 54-65, — (Voir 595. — Secours aux blessés, 609. — Les
Police. — Statistique. — Bibliographie.) — accidents du travail en Autriche. — Légis-
Aux Etats-Unis, 219. lation existante et résultats acquis en 1S'.)3.
619 à 653. — Assurance bétail, 712-715.
Assurance contre la mortalité du
bétail.— L'assuranco bétail dos Hébreux, Aveugle, 362.
17. — La peste bovine de 1765. — Appa- Avis. — (Voir Législation et Conseil
rition de l'assurance bétail en France, d'État.)
1803,1838,1849,1858,1865. — Encore l'as-
surance par l'État, 695.— Sociétés existan- B
tes, résultats. — La Coneeroalrice, prime
fixe. — La police des Mutuelles, 697. —
(Voir État. — Police. — Statistique. — Bade (Grand-Duché). — L'assurance
Bibliographie.) bétail et résultats des Sociétés locale», "l3-
Assurance sur la vie. — Aux Etats- Bagages, 364.
Unis, 219. — Les marins. — Circulaire dej Bases. — (Voir Assurance.)
TAULE ANALYTIQUE ET ALPHABÉTIQUE DUS MATIÈRES 733

Bavière. —-
Législation de l'assurance Brème. — Législation de l'assurance
sur la vie, 582. — L'assurance bétail, 712. sur s la vie, 582.
Belgique. — Enseignement de l'assu- Brésil. — Législation de l'assurance
rance, 213. — Caisses d'enterrement, 243. sur j la vie, 588.

Caisse générale des pensions de se- Bris de glaces. — (Voir Assurance.)
cours pour pilotes, 265. — Société royale
et centrale des sauveteurs de Belgique,
Broard of trade, 343.
•>(>7,274. — Assurance du voyageur, 274.— Brochures. — (Voir Vulgarisateurs.)
Assuranco chomago involontaire, 284. — Bulgarie.— (Voir Assurance vie ot 523.)
Assurance transports, 295. — Caisses do I Bureaux. (Registres) Veritas. Lloyd

prévoyance, 318. — Retraites ouvrières, Register, 59.— Bureaux dos incendies, 400.
331.-— Assuranco populaire, 348.— Assu-
promièro communion, 353. Jour- Bureau fédéral suisse, 178.— (Voir État
rance — ot Suisse.)
naux, 384. — Incendies (voir Statistique).

Pompiers, 439. — Législation des incen- c
dies,448.—Mesures préventives contre les
incendies, 451. — Sociétés coopératives, Cagnotte. — (Voir Assurance invali-
473.—Conditions générales de la promièro dité, vieillesse, retraites ot 320.)
police belge, 476. — Législation do l'assu-
Caisses d'assurances, 163, 173, 334,
rance contre l'incendie, 492. — Statistique 508.—(Voir État.)— Résultats obtenus
sur la production des Compagnies incen- Franco par la Caisse nationale accidonts, en
die, 496. — Assurance vie, 507. — Coopé-
ratives, 509. -- Statistique sur la produc- 038-614.
tion des Compagnies vio, 519. — Los habi- Caisses d'enterrements, 243.
tations a bon marché ot l'assurance sur Caisses départementales. — Leur-his-
la vie, 572. — Législation de l'assurance toire, projets divers, opinions, 465. — Los
sur la vio, 580. — Classement des profes- risquos agricoles qu'elles garantissent,
sions, 593. — Association de prévention, 67I,nol.o l, 685-710 et 711, notes I.
iKXi.
— Société dos Sauveteurs, Cil. — Caisses funératiennes, 18,243, note t.
Création dos Compagnies accidonts, 616. — Caisse des Invalides de la marine, 248.
Assurance des Pompiers, 631.— La ques-
tion des accidonts du travail : la Caisse clos Caisses mutuelles syndicales, 619.
victimes du travail, à l'occasion du 25" an- Caisses de prévoyance et de retraite.
niversaire du règne do l.éopold II, pour — Caisses patronales, projet Oulmière,
los infortunes. Projets divers déposés au 321. — Caisse dos pompiers, 431. (Voir.

Parlotnont. La Caisse d'épargne et de Compagnies, 312.)
retraite, 659 à 661. — L'assurance bétail. Canada. — Assuranco pour enfants.
-- Tonlulivo à Liège, 155 ot 715. 353. — Journaux, 384.
— Incendies (voir
Bétail.— (Voir Assuranco bétail ot As- Statistique).—Statistiquesur la production
surances agricoles.) dos Compagnies incendie, 498. — Statis-
tique sur la production dos Compagnies
Bibliographie. — (Voir : Biographie ;i vie, 520.
Vulgarisateurs, do 384 à 416 ; Brochures I Capital social,
373.
et articles sur les Compagnies d'assuran-
ces américaines, 512, note 2.) Capitaux.— Reconstitution,369.— (Voir
Bijoux. — (Voir Assurance transports,' Sociétés.)
291.) Cautionnement.—(VoirAssurance,228.)
Biographie. — Jean de Witt, 73. — Célibat, 354.
Christians Huygens, 75. — Jacques Quete-,. Cession. — Do portefeuille, 376.
lot, 84.
— Bergeron, Cacheux, Cheysson,i, Chambre de commerce, 187. — (Voir
de Courcy, Gauvïn, de Gourcuff, Guieysse,
>,
État,
195.)
Lol'ort, Marestaing, Mauriac, Reboul, '> Chasse. — (Voir Assurance.)
Tliomereau.— (Voir Vulgarisateurs, 384 à Chemins de fer. — Accidents, 278,
'116.)
note 1.
Blessés. — (Voir Secours.) Chevaux et voitures.— (Voir Assu-
Boule de Neige, 323. I rance.)
734 TABLE ANALYTIQUE ET ALPHADÉTIQUE ORS MATIÈRES

Chômage. — Assurance de chômage IFranco, 507, note 3. — Compagnies fran-


involontaire et de chômage incendie, 278. çaises
ç à l'étranger, 510. — Compagnies
— Assurance complémentaire, 287. étrangères
i vie en France, 511. — Compa-
Code. — De commerce, 19 52-377, note 1. gnies
ï américaines (voir Etats-Unis). —
Créations des Compagnies accidonts ;
— Divers articles de responsabilité, 224.
*
États et villes, 502. Anglaises, 1849, États-Unis, 18"63, Alle-
— Codes de divers — J
Premier code d'assurance sur la vie de '
magne, 1865, Belgique, 1853, Suisse, Pa\s
1794, 505 et note L—(Voir Ordonnances.) *
Scandinaves, Russie, Italie, 614 à 61(..
Codification. — Opinions, 376. — (Voir — De 1876 à 1884 et de 1884 à 1895 ;

Législation.) création
' et disparitions de Compagnies
Cohortes. — (Voir Pompier», 421.) en France, 618 à 619. — Compagnies
(
étrangères accidonts en France, 621.
Collaborateurs. — (Voir Actuariat.) Résultats obtenus en France par les Com-
Collecting Societies, 343. pagnies accidents, 636. — Résultats olj
Collectives. —(Voir Assurances.) tonus en Franco par les Compagnies
grêle, 683.— (Voir aussi Sociétés, ot St:i
Collège. — Des Fabri. — (Voir.Pom- listique pour les résultats obtenus par les
piers, 422.) Compagnies vie ot incendie.)
Combinaisons. — Amortissables par Complémentaire. —(Voir Assurance.i
voie de tirage, 510. — Combinaisons di-
Comptes rendus.— (Voir Législation et
verses de l'assurance sur la vie, 523. — 578.) — Le compte rendu de la Société
Applications de l'assurance accidents. — d'assurances réciproques contre la grélo,
Combinaisons diverses : assurance indi- du 4° exercice, 675.
viduelle (texte de la police). — Collective.
— Responsabilité civile (police). — Bris
Confrérie. — (Voir Pompiers, 424.")
des glaces. — Chevaux et voitures. — Congrès. — Dos actuaires, 83. — D'as
Pompiers (police). — Chasse. — Véloei- surances, 215.— En faveur de l'assurance
pôdie. — Contre l'explosion du gaz, etc., dos marins, 259. — Congrès de sauve-
etc., 621. tage, 445. — Prévention, 604-611 ot noie 2.
Comités.— Maritimes, 57.— Incendie- — Les Congrès, contre les accidents du
vie, 371, note2,508. — Création du Comité travail, de Paris en 1889, de Berne, 1891,
permanent international du Congrès des de Milan, 1895 ; programmes, aperçu des
accidents du travail et des assurances débals, résolutions adoptées, 663. — Cou
sociales, 665. (Voir Syndicat.) grès du crédit populaire, le crédit et l'assu-
Commissaires, 373. rance agricole, 672.
Conseil d'État. — Avis, 500, note 1, 570.
Commissions parlementaires, 17-1.
(Voir Étal.) — — El la Caisse agricole, 680, note 1. -
Avis sur les Caisses départementales,711,
Compagnies.—Lesdeuxpremières Com- note 1.
pagnies françaises, 39. — Compagnie des Contrat. — A la grosso, 19.
Indes et lo système de Law, 40. — Com-
pagnies d'assurances maritimes, 54 ; de Contrat d'assurance,25. — Civil : ie->
1808 à 1816 : les mutuelles, 65; 1819 : les ponsabilité, 224.
Compagnies à primes fixes par action, Contrefaçon, 368.
66. — Défense des Compagnies. (Voir
État.)— Compagnies donatrices pour l'en- Coopératives. — (Voir Sociétés, 3IW-
472.) — Assuranco vio, 508.
seignementde l'assurance, 200. (Voir En-
seignement.) — Compagnies assurant les .
Cours d'assurances.— (Voir Enseigne
marins, 252. — Compagnies d'assurances, mont.
complémentaires, 287. — Caisses de re- Courtiers. — Maritimes, 58. — (Voir
traites des compagnies, 312.— Compagniess Vulgarisateurs, 380.)
assurant le risque de guerre en temps de 1 Couvre-feu. — (Voir Pompiers, 426.
paix, 355. — Organisation des Compagnies, i

369. — Compagnies de réassurances, 375\ Crédit agricole. — La question du Cré-


et note 1. — Compagnies à primes incen- dit agricole, voeu du Congrès de Crédi
die, créées en France et disparues, 464, populaire, 672.
note 1. — Compagnies à primes vie, eni Crémation, 213.
TAULE ANALYTIQUE ET ALPHABETIQUE DES MATIÈRES
735

Espagne. — Journaux, 384."— Législa-


D tion
' de l'assurance incendie, 492. —
Assurance vie, 523. — Assurance vie ;
548. — Législation de
Danemark. — Assurance maladie, 304. risque de guerre,
j

Retraites ouvrières,330.—Législationdo l'assurance sur la vie, 581. — Classement


597. — Les accidents du
l'assurance sur la vie, 581.— Classement des professions,

'

des professions, 596. travail. — État de la question, 662.


Décrets. — (Voir Ordonnances.) État. — Le comte d'Oldenbourg anti-
Directeur, 371. slatisie,37. — Caisse générale agricole,66.
Caisses d'assurance de l'Etat fran-
Directiondes assurances au ministère, çais, 67.
— État Providence, 112, 125.
175. — (Voir Etal.) — l'État (1848 à
Projets d'assurances sur
Dividende. — (Voir Assurance, 233.) — 1857), 113, note 1. — Assurance par
Divorce, 351. l'État repousséo, 114. — Polémique de
Dotale, 350. presse, 114. — Projets décrétant l'assu-
Dynamite, 361. rance incendie par l'Etal et police, 116, 120.
— Empiro français, 126.—
En 1895 reprise
de la lutte, 127. — Opinions diverses, 127
E à 118. (M. do Courcy. — M. Thome-
reau. — M. Paul Guuvin. — MM. Léon
Sa y, Maguin, May.e, Paul Desehanel, Ri-
Eaux ménagères. — (Voir Assuranco, guult, Lavollé, Armand Cyprès ; Sociétés
242.) savantes et Congrès. — MM. Léon Bour-
École d'incendies. — (Voir Pompiers, geois, Lefort, Naquet, Leroy-Beaulieu,
143.) RalTalovio.h, Journal des Débats.—MM. Ri-
École libre des sciences politiques, card, Claudio Jannet, Ludovic Ilalôvy,
vil.—(VoirEnseignement de l'assuranco.) Emile Cheysson, Vicomte d'Avenel, Paul
Moulin, Gibon). Los corporations ot
Écrivains. — (Voir Vulgarisateurs,384.) Boccaria, 118. — L'assurance obligatoire
Édits. — (Voir Ordonnances.) repousséo : Sénat français, Société des
Egypte. — (Voir Pompiers, 439.) Agriculteurs de Franco. — Ébranlement
Émeute, 356. de l'édifice allemand. — L'assurance offi-
Émissions. — (Voir Assurance, 235.) cielle à Liège, en Angleterre, 152. —
En Suisse, sa forme fédôrative. — Le
Emplois. — Assurance contre la portei Canton assureur: la police obligatoire
des emplois en Allemagne, 284. du canton de Vaud, son caractère vexa-
Employés d'assurance. — Protosta- toiro. — Cantons de Fribourg, Glaris,
tation contre l'État assureur, 191. — (Voir Genève, Saint-Gall ; le socialisme d'Étal
litat; Caisses patronales de retraites, 312;; repoussé par le peuple, l'assui'ance obliga-
l'assurance des employés, 319, 321.) toire repousséo par le Bureau fédéral,
Engins. — De sauvetage etd'extinction, 157. — Création d'institutions do pré-
419. voyance et d'assurance par le législateur,
Enregistrement, 378. et par l'Etat, 163. — Un article de Girar-
din, 165, note 1. — Les Caisses du quai
Enseignement de l'assurance.— L'en-'• d'Orsay. — Loi sur les petites assurances
seignement de l'assurance en France et à11 par l'Etat. Rapport du baron Beauvei'ger,
l'étranger. — Institut commercial. — Enn député au Corps législatif. — Situation
1871. — Circulaire de M. Emile Ferry. — des Caisses d'Etat, 165 a 172. — Caisse
Association philotechnique.— Compagnies s anglaise de 1864, 173. — Les grandes
donatrices. — Les cours, programmes, >>
commissions parlementaires du travail et
tëcole libre des sciences politiques, Faculté
6 des assurances sociales. — La dh'ection
de droit, Lycées.—En Autriche, en Italie, 3> des assurances sociales au ministère du
en Belgique, 199. — Les Congrès d'assu- 1_ commerce, 174. —L'Office du travail, son
reurs et l'enseignementqu'ils comportent, *•> histoire en France et à l'étranger, ses tra-
215. vaux.— Ce qu'il faut penser do ces diverses
Épargne. (Voir Assurance maladie,
B, créations, 176. — Le Bureau tédéral suisso.
— |
vieillesse, retraite, et 319.) — L'Oftico impérial allemand, 178. — Les
736 TAULE ANALYTIQUE ET ALPHAUETIQIIE DES VATlÈllES

agents d'assurances. — Les Chambres de Europe. — (Voir Étranger.)


commerce, leurs protestations contro Examen médical.— Rôle du médecin,
l'Etat assureur. —La défense des Compa-
gnies. — L'Union syndicale des Compa- seci-et professionnel, 551 et 568.
gnies à prime fixe. — L'assurance protégée Explosion. — (Voir Ga/..)
par la loi de 1884 sur les Syndicats Expositions. — De protection, 601.
professionnels, 182. — Mémoire du Syn-
dicat. — Résultats du monopole, 189. — Extinction, 419.
Les Syndicats professionnels, leur l'orme,
190. — Les employés des Compagnies on F
1848, leur pétition, 191. —Caisse nationale
d'assurance en cas de décès, 334, 508. — Fabri. — (Voir Pompiers, 422.)
Autorisation, surveillance, 371. — Caisse •
nationale en cas d'accidents, 638, 644. — Faillites. — (Voir Assurances, 237, 376. \

Les risques agricoles, 671. — Documents Feu. — Son rôle, pertes et causes, 417.
présentés au Président de la République Finlande. — Législation proposée pour
en 1850 en faveur do l'assurance grèlo par les accidents do travail, 653.
l'État : 1° Note sur les assurances grêle i

et gelée, 2° lettre, 3° projet de décret, 677 Fiscales. — Lois, 378.


à 679. — La Caisse générale des assu- Fluviales, 365.
rances agricoles, son organisation, devant Fonctionnement. — (Voir Assuranco,
le Conseil d'Etat, ses résultats, sa chulo, 224.)
680 et note 1 à 682. — Documents pré- — Assurance sur la vie, 507.
sentés au Président do la République en Fourmilière, 310.
1850 en faveur de l'assurance bétail par Frais dejustice.— (Voir Assurance,2K).i
l'État : 1° Note, 2° projet de décret, 695.
France. — Développement de l'assu-
États-Unis. Aperçu historique de rance, 38 à 49. — L'actuariat, 79. Elal-
l'assurance,219.—— Assurance des marins, Providenco, 112. — L'Empire français, 126.
264. — Assuranco chômage involontaire, — 1895, 127. — Lo législateur et l'Élai,
285. — Assuranco divorce, 354. — Jour- 1163. — Protostations contre l'Etat assu-
naux, 384. — Incendies (voir Statistique). reur. — Défense dos Compagnies, 182. —
Pompiers de Chicago, 440. Boston, 441. Ensoignemont do l'assurance, 199.

Écoles d'incendie. Pompiers aux États- Caisses d'enterrement, 213. — Assurance

Unis, 443, noto I. — Amérique du Nord : des marins. — Etoile do la Mer. — Soleil
mesures préventives contre les incendies, accidents. — Assuranco mutuelle des
454. — Incendie volontaire, 487. — Légis- marins. —Foncière transports. — Zurich,
lation de l'assurance incendie, 492. — Los 251.— Législation proposée, 200. — Assu-
Coopératives populaires, 508. — Sociétés rance du voyageur : Caisse paternelle.
américaines en Europe, 511.— Assurancet Soleil accidents. — Industrie française.
vie : risque de guerre, 544. — Les habita- — Llrbaino ot Seine, 275. — Assurance du
tions à bon ^marché et l'assurance sur lat chômage involontaire, 282. — Chômage
vie dans les États de l'Union, 574. — Légis- incendie,285. — Assurance transports, 291.
lation de l'assurance sur la vie dans les — Assurance maladie, 297. — Assurance
États de l'Union, 584. Création des invalidité, viellesso, retraite, historique et
— t
Compagnies accidents, 615. législation, 305. — Assurance infirmité;
assurance populaire, 333. — De Natalité.
Étranger. — Codes des divers États ett repopulatrice, dotale, terme fixe, 349. —
villes, 502. — Compagnies françaisess Risqnes de guerre en temps de paix, 351.
d'assurances sur la vie à l'étranger, 510. — (Pour les assurances diverses fonction-
— Compagnies étrangères en France, 511. nant en Franco, voir au mot Assurance!
— Situation de l'assurance vie on Europea — Mode des Sociétés d'assurances, 309-
et dans le monde entier, 517. — La statis- — Forme et régime des Sociétés d'assu-
tique du suicide, 536. — L'actuariat à1 rances, 371. — Vulgarisateurs, 380. —
l'Etranger (voir Actuariat). — Classementt Incendies (voir Statistique).— Assurance
des professions, 592. — Secours aux4 contre l'incendie : le feu, la prévention, la
blessés par accidents, 607, 608. — Législa- législation, la réparation, 417 à 499.
tion (Voir le nom des diverses puissances). L'Assurance sur la vie, son histoire, ses
TABLE ANALYTIQUE ET ALWIAUETIQUE DES MATIERES 737

bases scientifiques, ses oeuvres, législa- Grêle. — (Voir Assurance agricole et


tion, 501 à 589. — L'assurance accidents Assurance
A grêle.) — Particularité sur le
en France et son fonctionnement : 1/acci- risque,
ri 673.
dent et la responsabilité, 591 ; la Préven- Grèves. — (Voir Assurance, 278.)
tion, 600; la Réparation humanitaire, 607. Guerre.— (Voir Risque.) — Statistique
Réparation sociale La Seine (chevaux

d'une police. — des, morts, 548.)
:
et voitures), fac-similé
La Caisse paternelle (assurance des voya- Guet, 425. — (Voir Pompiers.)
geurs). — La Préservatrice mutuelle (as-
surance collective). — Le Soleil-Sécurité H
générale et Responsabilité civile réunis,
Compagnie à primes. — La Caisse natio-
nale de 1868. — De 1876 à 1881, de 1884 à Habitations à bon marché. — Las ha-
1895. — Créations et disparitions de Com- bitations
^ à bon marché et l'assurance sur
pagnies. — Sociétés do secours mutuels la L vie en France, en Belgique, en Alle-
professionnelles ot Caisses syndicales. — magne,
r en Autriche, aux États-Unis, 569.
Compagnies étrangères en France. — Syn- Hambourg. — Assurance des marins,
dicat général, son but, 613 à 621. — 264. c —Code, 377, note 1.— Législation de
Applications et combinaisons diverses; l'assurance
Polices, 621. — Résultats obtenus, 636. —
i sur la vie, 582.
Historique des projets de loi sur les acci- Hanse, 22.
dents du travail présentés aux Chambres Hollande. — (Voir Rentes viagères,
françaises depuis 1881, 639. — Dernier Police, Biographie.) —Caisses d'enterre-
'

projet du Sénat, texte, 641. — Opinions ment, 243. — Retraites ouvrières, 330. —
diverses, 643, note 1. — Congrès de 1889, Code,377, note 1.—Journaux,384.—Incen-
'

063. — Les Assurances agricoles, 670. — die (voirStatistique). — Législation de l'as-


L'Assurance grêle : son fonctionnement, surance incendie, 492. — Statistique de la
ses résultats, 673. — L'Assurance bétail : production des Compagnies vie, 522. —
son fonctionnement, ses résultats, 695. — Table do Jean Hudde, 556. — Législation
Projets divers présentés au Parlement de l'assurance sur la vie, 580. — Classe-
français sur les assurances agricoles; ment des professions, 597. — Exposition
opinions et protestations, 706. En résumé, de prévention, 602. — Secours aux bles-
voir aux mots : Assurance ; Assurance sés, 607. — République de Hollande de
contre les accidents ; Assurances agricoles; 1665, 614. — Les accidents du travail ;
Assurances contre la grêle; Assuranco étal de la question, 662.
contre l'incendie ; Assurances mariliuies; Hongrie. — (Voir Autriche.)
Assurance contre la mortalité du bétail ;
Assurance sur la vie; Statistique; Ensei-
gnement de l'assurance; Compagnies; I
Sociétés; Etat; Législation; Ordonnances.
France Prévoyante, 323. Immeubles. — (Voir Assurance ; de
Funérailles. — (Voir Assurance, 243- l'entretien, 211 ; de la responsabilité ci-
346.) vile, 243.)
Impôts, 378.
G Incendiaires.— (Voir Incendie.)
Garantie. — (Voir Assurance, 228.) — Incendie. — Causes, 418. — Ère des
Garantie d'emprunts, 233. — Garautie gé- grands incendies (voir Pompiers), 427.—
nérale, 473. Législation des incendies, 446.— Autorités
Gardes nationaux, 360. chargées de prendre les mesures prè-
veutives des incendies et d'en assurer
Gaz. — (Voir Assurance contre l'ex- l'exécution, 450. — Le mot incendie et la
plosion.) définition qu'il convient de lui appliquer
Gildes, 19. — (Voir Pompiers, 424.) dans l'assurance. Petits sinistres. Incen-
Graphiques, 514-515. dies volontaires, 482.
Grèce. — Assurance-vie, 523. — Légis- Incombustibles.— Produits, 419.
lation de l'assurance sur la vie, 581. Individuelle,— (Voir Assurance.)
51
738 TABLE ANALYTIQUE ET ALPHABETIQUE DES MATIERES

Industrial Companies,343. et
i
industriels, par M. le baron de Beau-
Infidélité. — (Voir Assurances, 228.) verger, député au Corps législatif, 170.
Infirmité. — (Voir Assurances, 333.) — Analyse, protestations et délibération
Classement des infirmités, 598. de Chambres de commerce sur des pro-
'

Inondations, 365. jets d'assurance par l'Etat, 187 et note 1.


(Voir État.)
Inspecteurs. — (Voir Vulgarisateurs, Mémoire du syndicat, 189. (Voir État.)
380.)
— Projets de loi en faveur do l'assurance
Institut commercial, 200.—(Voir Ensei- des marins, 260. Rapport Berthoule,
gnement de l'assurance.) —
263, — Lois d'assurances ouvrières à
Intellectuels, 363. l'Étranger, 264 et note 1. '— Législation
Invalidité. — (Voir Assurances invali- étrangère en faveur de l'assurance des
dité, 305.) marins, 264.
Italie. —(Voir Enseignement de l'assu- Rapport sur la fédération des arma-
rance.)— Assurance du voyageur, 274. — teurs et l'assurance sur la vie des ma-
Assurance populah'e, 348. — Assurance rins, 264, note 2.
dotale, 352. — journaux, 384. — Incendies Loi sur le chômage involontaire en
(voir Statistique). — Mesures préven- Suisse, 279.
tives contre les incendies, 454. — Législa- Projet sur le chômage involontaire on
tion de l'assurance incendie, 492.— Statisti- France, 283. Législation assurance

que sur la production des Compagnies in- maladie, 299.
cendie, 497.— Statistique sur la production
des Compagniesvie, 519.— Assurance vie : Propositions diverses sur les retraites,
risques de guerre, 547. — Législation de 305, note 1, 308, 322 et note 1.
l'assurance sur la vie, 586. — Classement Loi sur la majoration des retraités, 307.
des professions, 594. — Les accidents du Loi sur les ouvriers mineurs, 309.
travail en Italie : La Caisse nationale d'as- Loi du 27 décembre 1895, concernant
surance contre les accidents arrivés dans les caisses de retraites, de secours et de
le travail, fonctionnement, résultais ac- prévoyance fondées au profit des em-
quis en 1894, projets divers sur la question ployés et des ouvriers, 310.
présentés au Parlement italien, 656 à 659.
Congrès de Milan, 667. L'assurance Projet Lebon sur une cuisse de retraite
— — et projet Tii'ard, 322.
bétail, 712.
Loi allemande sur l'invalidité et h
• vieillesse, 327, note 1.
J Projets de retraites: Danemark, Hollan-
de, Belgique, Suède, 330 et suivantes.
Japon. — (Voir Pompiers, 444.) Extrait d'un rapport du bureau fédéral
Jumeaux, 353. suisso sur les sociétés de prévoyance mu-
tuelle en cas de décès, 342, note 1.
L Régime des Sociétés d'assurances en
France, loi de 1867, autorisation, sur-
veillance, législation. — Directeurs, ad-
Law.— Son système, 40. ministrateurs, commissaires. — Capital
Législation. — Droit maritime, 28. — social, actionnaires, 371 à 374.— Loi de
Lois de 1850-1867-1875, 07. — Sur les 1867 modifiée, texte 373, note 1. — Ac-
i
petites assurances par l'État, 168.—Projetsi lions, 374.
divers d'assurance par l'État, de 1848 à Codification, opinions diverses, codes
à 1857, 113, note 1.—Projet de l'apport au étrangers, 377 ot note 1.
Président de la République, 1852, 117. —
Projets de 1879 à 1893, 127, note 2. Lois d'impôts et fiscales diverses : Tini-
Rapport fait au nom de la Commissionl bre, enregistrement, abonnement, paten-
Proposition de loi pour impôts,
chargée d'examiner le projet de loi relatifta tes. —378
à la création de deux caisses d'assurances, taxes, à 380.
l'une en cas de décès, et l'autre en casi La question de l'assurance et des pom-
d'accidents résultant de travaux agricoless piers en 1889, projets de loi divers ù lu
TAULE ANALYTIQUE ET ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES 739

Chambre et au Conseil municipal do Paris.


(Voir Pompiers, de 431 à 434 et notes I
M

et 2, page 434.)
Législation internationale des incendies. Maisons. —Ouvrières et à bon marché.
Règlement pendant le siège de Paris. Au- (Voir Habitations.)
torités chargées de prendre les mesures Maladie. — (Voir Assurance maladie,
préventives des incendies ou d'en assurer 296.)
l'exécution, 446 à 457. Manoeuvre, 357.
Proposition do loi sur la constitution Marins. — (Voir Assurance.)
d'une Caisse nationale d'assurances agri- Médecin. — (Voir Examen médical.)
coles par le groupement dos caisses dé-
partementales solidarisées; projet Vigor, Mémoire. — (Voir Etat.)
projet Philippon, projet Emile Boy, -168, Mexique — Los accidents du travail.
note 1. Etat de la question, 663.
lncendio volontaire, 486. Minutes. — (Voir Assurance contre la
Législation de l'assurance contre l'in- destruction..., 367.)
cendie : 491, projets divers, 492, 493 et Mixte, 369.
note 1, 494. Modalité. — De l'assurance, 369.
Jurisprudence d'assurances sur la vie. Monde. — (Voir Etranger.)
Législation ; Avis du Conseil d'Etat, 576.— Monopole. — (Voir Etat.)
Lois de 1850-1867-1875. — Lois de 1681 à Musées sociaux, 603.
1895, note 1, page 576. —Sui-veillance, 577
ot note 1. — Projets Bozôrian, Roche, Mutualité.—De laHanse, 22.—Ligue III,
Guieysse, 578 et note 1.— Arrêté ministé- -369.
riel de 1891 sur les comptes rendus, 578. Mutuelles. — (Voir Compagnies. Voir
— Etrangers, 579 à 588 et notes. Sociétés.) — De 1808 à 1816, 65. (Voir
Législation de l'assurance accident et Associations.) — Assurances, 339. —
projets français.— Projets étrangers et lé- Mutuelles professionnelles incendie, 470.
gislation, résultats : Allemagne, Autriche, — Assurances vie, 504-507. — Mutuelles
Angleterre, Suède, Norvège, Finlande, professionnelles accidents. — Mutuelles
Russie, Italie, Belgique, Suisse, Pays- syndicales, 019. — (Voir Tontines.)
Bas, Roumanie, Espagne, Mexique, 63S il
662.
Législation et étal do la qiiesiiou des N
assurances agricoles on Franco ot a
l'Etranger. Projets divers en Franco, 706. Natalité. — 349.
Mouvement d'opinion couti'ela législation Nocturni. — (Voir Pompiers.)
proposée, 708. — Législation étrangère : Norvège. — Assurances maladie, 301.
Allemagne, Autriche, Italie, Duché de des professions, 596. — Lé-
lîado, Hongrie, Belgique, Suisse, Russie, — Classement
État, Étranger.) gislation proposée pour les accidents du
712.
— (Voir travail, 653.
Lettres. — (Voir Assurance transports,
291.)
Ligue de la prévoyance et de la mu- 0
tualité, 111.
Livres. —(Voir Vulgarisateurs, 384.) Objets d'art, 233, note 1, 365.
Lloyds. — (Voir Bureaux.) Obligations. — (Voir Assurance.)
Loi. — (Voir Législation.) OEuvres humanitaires, 607.
Longévité. — (Voir Actuariat.) OEuvres morales, 419.
Loyer. —(Voir Assurances complémen- OEuvres sociales. — (Voir Assurances
taires, 287.) sur la vio ot habitations à bon marché.)
Luxembourg (grand-duché). —Légis- Office impérial allemand, 153,181. —
lation des assurances sur la vie, 584. (Voir Étal.)
740 TABLE ANALYTIQUE ET ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES

Office du travail, 176. — (Voir État.) P


Opinions. — Sur l'assurance, 11. —
Sur l'assurance par l'État. — M. de Cour- Patente, 378.
cy, ses idées sur l'assurance par l'État. — Pays-Bas. — (Voir Hollande.)
Une conférence de M. Thomereau. — Pertes commerciales. — (Voir Assu-
M. Paul Gauvin. — MM. Léon Say, Ma- rance.)
gnin, Maze, Paul Deschanel, Rigaul, La-
vollé, Armand Cyprès; Sociétés savantes Petits sinistres. —(Voir Incendie.)
et Congrès. — MM. Léon Bourgeois, Photographies.—(VoirVulgarisateurs
Lefort, Naquet, Leroy-Beaulieu, Ralïa- et Actuariat.)
<

lovich. Journal des Débats. MM. Ricard, Phylloxéra, 367,


Claudio Jannet, Ludovic Halévy, Emile Physiologie de l'assurance, 8.
Cheysson, vicomte d'Avenel, Paul Moulin, Plaques d'assurances, 39.
Gibon, 127 à 148. — Opinions sur les
retraites, 310. — Opinions sur les cais- Police. — La vieille police d'assurance
ses départementales,469. — Sur les petits de 1583, 27. — Fac-similé d'une police de
sinistres, 4^3. — Sur l'assurance accidents la Compagnie royale d'Assurances Géné-
par l'Etal, 643, note 1. — Sur l'assurance rales, 43. — D'assurance maritime, 00. —
bétail par l'État, 707, suivantes et notes. Fac-similé d'une police d'assurance sur la
vie do 1812, 05. — Police de rentes via-
Ordonnances (Acls, Arrêtes, Décrets, gères, 68-09. Police d'Anvers, 99. —

Edita, Recès, Règles, Règlements, Statuts). Projet do clauses et conditions générales
Consulat de la mer, 22. — Rôle d'Olèrou, de la police incendie pour l'assurance par
23. — Ordonnances de Yv'isbuy, 21. — l'État, 120. Police du canton de Vaud,
Le contrat d'assurance, 25. — Guidon de 157. —
— Police d'assurance marins, 253. —
la mer, 26. — Ordonnances d'Anvers, 27. l'olico complémentaire de l'Urbaine et do
—f Statuts anglais dils de la 43" anneo,28. l'Union et Phénix Espagnol, 289.— Police
— Ordonnances de Colbert, 28. — Règle- transports, 291. — Police maladie, 297,
ment d'une Compagnie générale pour les note 1, 298, noto 2. Police d'assurance

assurances et grosses aventures de France populaire à double effet, mixte, vio en-
en la ville do Paris, on 1686, page 32-37. tière, 335. — Police de dotation, 351. -
— Acte de constitution de l'Union do Condition dos polices pour le risque de
Londres,49.— Ordonnance de Philippe 11 temps do paix, 355; de ma-
guerre en
pour la ville d'Anvei's, réglementant l'as- noeuvre, 357. — Police française incendio
surance maritime et transports et prohi- (texlo), 171. — Uno première police in-
bant l'assurance sur la vie (art. xxxiu), 99. cendie de Belgique, 470. —Fac-similé des
— Projets de décret pour l'assurance par trois plus importantes polices d'assurance
l'Étal, 118. — Circulaire de l'amiral incendie du monde entier, 478 à 481.

Pothuau relative à l'assurance des ma- Assurunce vio : conditions générales de
rins, 251. — Décret et statuts autorisant la police française, 525. — Fac-similé de
la Société mutuelle en cas ue décès entre la première police do la première Com-
les gardes nationaux de la Seine, statuts, pagnie du comment. La llollaiidsclie
360. — Règlement pendunt le siège de Societeit —
van Levensverzekeriugeu, créée
Paris, 456. — Ordonnance du roi, qui à Amsterdam en 1807. — Vignette des
autorise la Compagnie d'assurances mu- premières polices de la Compagnie d'As-
tuelles contre l'incendie, ses statuts, 460- surances générales sur la vie. L'assoeiu-
462.—Les abus de l'an XU1 ; ordonnances tion la protection mutuelle des poi-
1
pour
et règlements prohibant, l'ussurance vie;' leurs de police. Note sur la plus ancienne
i.et dwi Parlement de ia 14° année du règne police du monde : Equitable, 1765, 52'J à
1
de George 111, 502. - Ordonnance de! 533.
Louis XVI en laveur de l'ussurance sur la1 suicide, — Police d'assurance vie et le
534. — Police d'assurance vie et
vie, premier codo, 504. Arrêté ministériel le de guerre, 538. — Police impo-
de 1S94 sur les comptes rendus, 578. — sant
1
risque
sur la tète de Napoléon lor, 588. —
Ordonnance de 1681, 613. — Règles deJ Fac-similé d'une des premiôi'es polices de
Wisby, 614. — (Voir Code.) la Seine, 617. — Conditions de la Cuisse
Origines. — De l'assurance, 17-22. —- syndicale des forges, 619. — Texte des
De l'assurance accidents, 613. conditions générales des polices d'assu-
TABLE ANALYTIQUE ET ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES 741

rances individuelles, collectives, do res- préventives contre les incendies, 450. —*


ponsabilité civile, des pompiers, 623-627- Les expositions préventives. Musées
632. — Fac-similé d'une forte police acci- sociaux. Congrès, les associations indus-
dents individuels (assurance de Chicago), trielles de prévention, 600.
635. — Assurance grêle (texte police ré- Prévoyants de l'avenir, 323.
colte), 686. — (Police vitres), 694. — Prime. — Assurance, 233. — Création
Extraits des conditions générales des sta- de la prime, 566.
tuts et polices bétail, 699.
Pompe.— (Voir Pompiers et 428 ot note.) Prime fixe, 369.
Pompiers. — Leur histoire. — Coup Probabilités. — (Voir Actuariat.)
d'oeil vers le passé : Triunwiri nociurni, Production. — (Voir Statistique.)
quinqucviri, oediles, tribuns, proefcclus Professions. — Classement des profes-
oigiium ou préfet des gardes de nuit ; les sions en Europe, 592.
cohortes, collegium, leur constitution civile, Projets de loi. — (Voir Législation.)
le collège des Fabri; lettre de Pline à Protection. — (Voir Prévention.)
Trajan et réponse de ce dernier. L'Asso-
ciation ou Gildes du moyen âge; la Gilde Protestations. — Contre l'État assu-
de Cambrai. La confrérie. Le guet, sa reur, 184. — Mémoire du syndicat, 189. —
constitution. Le couvre-feu. Le lieutenant (Voir Etat et Opinions.)
général de police. L'ère des grands incen- Prusse. — Législation de l'assurance
dies (1737). La pompe, son histoire. sur la vie, 582. — (Voir Allemagne.)
Création du premier corps de sapeurs-
pompiers de Paris, son organisation pri-
mitive et son histoire; les sapeurs-pompiers 0
de province, leur organisation, 420. — La
question des assurances eu 1889. Projet Quinqueviri. — (Voir Pompiers.)
Bérard et projets antérieurs. Conseils
généraux. Hôtel de Ville de Paris. La
Société : la Réparation, 431. — L'organi- R
sation des pompiers à l'étranger : à
Londres, "à. Saint-Pétersbourg, Moscou, Rapport, 170,343.— (Voir Législation.)
Varsovie, Vienne, Berlin, Belgique,
Suisse, Le Caire, Chicago, Boston, New- Réassurances. — Compagnies de réas-
York; Ecoles d'incendies ; Pompiers au surances à Paris. Réassurances de por-
Japon, 436 à 445. — (Voir Assurances tefeuilles. — Cession. — Vente. — Fail-
diverses, 632.— Voir Rentes viagères.) lite, 375.
Populaire, 333-508. Recès. — (Voir Ordonnances.)
Portefeuille.—(Voir Réassurance, 375.) Recrutement. — (Voir Assurance.)
Portugal. — Mesures préventives con- Refusés, 362.
tre les incendies, 454. — Législation de Registres. — (Voir Bureaux.)
l'assurance incendie, 492. — Législation Règlement. — (Voir Ordonnances.)
de l'assurance sur la vie, 581. — Classe- Règles. — (Voir Ordonnances.)
ment des professions, 597. Remplacement. — (Voir Assurance.)
Post Office, 346. Rentes viagères. — A Rome, 18. —
Préfet. — Des gardes de nuit. (Voir Fac-similé de titres de rente viagère
Pompiers ot 121, note 2.) d'Enchuyscn do 1657-68, fac-similé du
Première communion, 353. litre de rentes viagères des Etals Géné-
Presse. — (Voir Vulgarisateurs, 384 et raux de llollando et de la Frise occiden-
tale de 1665,69. — (Voir Sociétés. — Voir
note 1.) Combinaisons.)
Prêt à la grosse, 19. —Prohibition, 22. Réparation.— Incendie : aux premiers
Prévention. — Incendie, oeuvres mo- âges, les grands désastres monarchiques,
rales, engins de sauvetage et d'extinc- la charité et les bureaux des incendies,
tion, produits incombustibles. Les pom- Sociétés mutuelles et Compagnies, 457.

piers, les sauveteurs, 419 à 446.—Mesures Assurance réparatrice (incendie) : résul-
I
712 TABLE ANALYTIQUE ET ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES

tats en France de 1889 à 1894 et à l'Etran- I S


ger : Belgique, Italie, Russie, Suisse,
Canada, Autriche, 495. — Réparation Salle d'armes.— (Voir Assurances acci-
humanitaire : secours aux blessés par dents.)
^
accidents de 1600 à 1895. — (Euvres hu- Samaritains, 609.
manitaires : Union des Femmes do France,
Samaritains, Maisons de secours. — Sauvetage, 119. — Les Sauveteurs, le
Congrès do sauvetage. — Tableau sypnop- (corps de sauvetage à Londres, les Congres,
tique des secours on cas d'accidents, 607 445-611
' et note I.
à 612. — Réparation sociale: Origines, Sauveteurs. — (Voir Assurance acci-
l'Assurance accident et son fonctionne- <
dents et Sauvetage.)
ment à notre époque, 613. — Applications Saxe. — Législation de l'assurance sur
et combinaisons diverses, 621. — Résul- la vie, 582.
tats acquis, 636. — Législation, 638. — Secours. — Aux blessés par accidents de
(Voir Assurance contre les accidents.) 1600 à 1895, 607. — Maisons de secours,
Repopulatrice, 319. 611. — Secours en cas d'accidents. Ta-
Réserves, 568. bleau synoptique, 012.
Responsabilité. — Des hommes dans Secret professionnel.— (Voir Examen
médical.)
leurs rapports entre eux, 22-1. — Respon-
sabilité civile des propriétaires d'immeu- Serbie. — Législation de l'assurance
bles, 243. — Responsabilité dans les sur la vie, 581.
accidents, 591. — Responsabilité tardive Siège de Paris, 356.
des accidents, 597. — Responsabilité Sinistres (Petits). — (Voir Incendie.)
civile, 591.— Voir Assurance et Assurance Modèle de déclaration do sinistre dans
contre les accidents et contre l'incendie. l'assurance grêle, 691.
Résultats. — (Voir Statistique.) Sociétés. —(Voir Compagnies.)—Créa-
teurs de Sociétés, 125.— De secours et de
Retraites. — Assurance invalidité, 305. sauvetage pour les marins, 250. — Sociétés
Risques. — (Voir Assurance.) de secours mutuels pour les employés,319.
Risques agricoles, 671.— (Voir Statis- — Projet Oulmière sur une Caisse de
tique.)—Particularité sur le risque grêle,
retraites pour les agents et employés d'as-
673. surances, 321. — Sociétés de retraites :
Pré voyants de l'Avenir, etc., 323. — Sociétés
Risque de guerre. — En temps de de prévoyance mutuelle en cas de décès et
paix. — Accidents de manumvres. — rentes viagères, 339. — Sociétés d'assu-
Incendie, 354. — Assurance sur la vie : rances populaires : la Fourmilière, 340.
risque de guerre en France et à l'étranger, — Sociétés d'assistance coopérative, 311.
tableau synoptique, 538 à 519. — Assessmont, 311. — Société de do-
Risque professionnel, 638.—(Voir Lé- tation, 351. — Mutuelle militaire pour
gislation.) accidents do niant ouvres et incendie. —
Sociôlôs mutuelles de remplacement et
Roumanie. — Législation de l'assu- de recrutement, 359. — Société mutuelle
rance incendie, 492. — Législation de !
on cas de décès des gardes nationaux de
l'assurance sur la vie, 581, — Les accidents 1 la Seine, 360. — Sociétés d'assurances
du travail. Etat de la question, 662. pendant la guerre do 1870, 361. — Société
Russie.—Incendies (voir Statistique).— contre la destruction des litres des
Pompiers. — St-Pétersbourg et Moscou, notaires, 307. — Société de reconstitution
436. — Mesures préventives contre les,i de capitaux, 369. — Régime des Sociétés
incendies, 453. — Statistique sur la pro- d'assurances en France, 371. — Extrait
duction des Compagnies incendie, 497. — des statuts de 1810 de la Compagnie
Statistique de la production des Compa- d'assurance mutuelle contre l'incendie;
gnies vie, 522.— Législation de l'assuranceî ordonnance royale; acte do constitution;
sur la vie, 586. — Classement des profes- statuts, chapitre premier relatif à sa fon-
sions, 596. — Compagnies accidents, 616. dation, 460 à 464. — Sociétés mutuelles
— Législation proposée pour les accidentss créées en France et disparues, 464, note 1.
du travail, 655. — L'assurance bétail, 716. — Sociétés mutuelles professionnelles,
TABLE ANALYTIQUE El ALPHABÉTIQUE DES' MATIERES
743

>
470. — Sociétés coopératives, 472. — de constitution de l'Union de Londres
<

Assurance sur la vie : Sociétés mu- 49. — Staluts do l'Union syndicale, 197.
<
tuelles, 504,507; Sociétés coopératives, 508. Suède. — Retraites ouvrières, 332. —
Sociétés américaines. (Voir États- Incendies (voir Statistiquo). — Assuranco
— ]
Unis.)—Sociétés industrielles do préven- vie ; risquo do guerre, 548. — Législation
tion, 605. — Assuranco accidents : Sociétés de l'assurance sur la vie, 580. — Classe-
de secours mutuels, professionnelles et
,
ment dos professions, 596. — Secours aux
,
syndicales, 619. — Résultats obtenus en blessés, 610. — Législation proposée pour
|
France par les Sociétés accidents, 636. — l'assurance contre les accidents du travail,
Les premières Sociétés grêle : la Société 653.
d'assurances réciproques contre la grêle à Suicide. — Voir Assurance vie, 534.
Toulouse. — Situation de la Société au
30 fructidor, an XIII, 674. — Les premiè- Suisse. — L'assurance par le canton en
res Sociétés, 676. — Résultais des Socié- Suisse, 157. — Bureau Fédéral, 178. —
tés grêle en 1895, 683. — La première Assurance du chômage involontaire, 279.
Société d'assurancebétail en.France (1803), —
Assurance maladie, 304. — L'assurance
695. — Apparition des Sociétés (1858). — des employés, 321. — Assurance populaire,
Sociétés existantes, 697. — Résultats des 342 note l, 316. — Accidents do manoeuvres
Sociétés bétail en 1895, 698. militaires, 358. — Code, 377 note 1, in-
cendies (voir Statistique). — OEuvres mo-
Sou quotidien, 323. rales contre l'incendie, 419. — Pompiers,
Souverains. — (Voir Assurance sur la 439. — Législation des incendies, 447 et
vie et Police.) 448. — Mesures préventives contre les
Statistique. — Résultats acquis par les incendies, 453. — Statistique sur la pro-
Compagnies d'assurances maritimes en duction des Compagnies incendie, 497. —
1895, 56. — Incendie, 417, note L—Statis-
Statistiquo sur la production dos Com-
tique des pompiers, en France et à pagnies vie, 519. — Assurance vie : risque
l'Etranger, 429. — Des incendies volon- de guerre, 516. — Législation de l'assu-
taires, 188. — Assurance contre l'in- rance sur la vio, 583. — Classement des
cendie, résultats en France, de 1889 à professions, 593. — Création des Com-
1894, et à l'étranger : Belgique, Italie,
pagnies accidents, 616. — La question des
Russie, Suisse, Canada, Autriche, 495. — accidents du travail, lois fédérales de
1877, 1881.—Au Conseil fédéral. — Opi-
Marche de l'assurance sur la vieen France, nion, 661. — Congrès de Berne, 665. —
de 1819 à 1895. — L'assurance sur la vie L'assurance bétail, 155, 715.
en Europe. — Résultats divers en 1895. —
Assurance dans le monde entier, 514. — Surveillance,173. — (Voir État, 371-577;
Du suicide, 536. — Des guerres, 548. voir Législation et Autorisation.)
(Voir Actuariat.)—Statistique sur la durée Syndicat.— Syndicat général incendie.
de la vie, 552. — Statistique sur les genres Son mémoire, 189.— (Voir État.) — In-
de morts accidentelles. — Classement —
cendie, accidents, grôle, vie, 371, note 2,
des professions, 592. — Classement des 508. — Syndicat accidents, son but, 621.—
infirmités, 598. — Résultats obtenus en Syndicat des Sociétés mutuelles grêle et
France par les Compagnies, Sociétés et la bétail, 710, note 2. — Syndicat des Socié-
Caisse nationale accidents, 636. — Résul- tés d'assurances mutuelles incendie, 710,
tats en Allemagne, 645; Autriche, 649; note 2. (Voir Comité.)
Angleterre, Suède, Norvège, 653 ; Russie, Syndicats professionnels, 190.— (Voir
655; Italie, 656; Belgique, 659; Suisse, État, 371.)
661 ; Hollande, Roumanie, Espagne, 662;
Mexique, 663. —Statistique sur les risques
agricoles couverts ou non par les assu- T
rances, 671. — Résultats obtenus en France
parles Compagnies et Sociétés d'assurance Table de mortalité. —(Voir Actuariat.)
contre la grôle, 683. — Résultats obtenus
en France par les Sociétés d'assurance Tableau synoptique. — (Voir Risque
bétail en 1895,698. — Résultats obtenus en de guerre.) — Tableau synoptique de se-
Allemagne par les Sociétés bétail, 712. coui-s en cas d'accidents, 612.
Statuts. — Voir Ordonnances. — Acte Taxe, 378.
744 TABLE ANALYTIQUE ET ALPHABÉTIQUE DES MATIERES

Terme fixe, 350. V


Timbre, 378.
Tir. — (Voir Assurance accidents.) Vélocipédie. — (Voir Assurance.)
Tirage au sort.—(Voir Assurance, 359.) Vente. — De portefeuille, 376.
Titres.—(VoirRentes viagères.)—Assu- Vers à soie, 366.
rance, 235. — Assurance transports, 291. Vie, 501. — (Voir Statistique.)
— Destruction, 367. Vieillesse. — (Voir Assurance invali-
Tontines, 67-504. dité, 305.)
Transports. — (Voir Assurance.) Vol. — (Voir Assurance, 227.)
Travail (Le). — (Voir Assurance inva- Voyageurs. — (Voir Assurance, 268.)
lidité, vieillesse, retraites, 321.) Vulgarisateurs. — Assureurs, agents
Tribuns. — (Voir Pompiers.) inspecteurs, courtiers, la presse. — Les
Triumvir. — (Voir Pompiers.) auteurs, écrivains. — Biographies et
Turquie. — Mesures préventives contre bibliographie, brochures, livres. — Por-
les incendies, 454. traits de MM. Badon-Pascal, Bergeron,
Cacheux, Chaufton, Cheysson, de Courcy,
Gauvin, de Gourcuff père et fils, Guieysse,
Leehartier, Lel'ort, Lucas, Marestaing,
u Mauriac, Pouget, Richard, Reboul, Tour-
nai, Thomereau, Vermot, 380 à 416.
Union syndicale des Compagnies, Wurtemberg. — Code, 377, note t. —
93.— (Voir État, 194. — Statuts, 197.) Législation de l'assurance sur la vie, 582.
PREMIER INDEX DES NOMS GITES

( Auteurs et Journaux y compris )

A Assicurazione (1'), 384.


Assolant, 385.
Assurance (journal 1'), 381.
Abiane, 394. Assurance (journal 1'), Belgique, 384.
About (Edmond), 13-14-385. Assuranco Moderne (journal 1'), 118-216-
Achard, 15-80-112-202-203-389-559. 218 278-300-384-511-513-581-583-581-587-
Actionnaires (Journal des), 126. 613-617-050-680-682-708.
Adam, 305. Assuré (l' ), 384.
Adan, 88-91-93-94-98-328-389-502-551-559- Assureur français (journal 1'), 384.
579-664. Assureur parisien (journal 1'), 384-510.
Adelung, 88-98. Àubert, 462.
Adler (Dr), 281-282. Aucoc, 400.
Agent d'assurances (journal 1'), 384. Audience (journal 1'), 384.
Agent's (Journal), 384. Audiffred, 80-111-112-174.
Agnel (Emile), 13-389. Auger(A.), 710.
Aguilera y Volasco, 662, Auzont, 76.
Alauzet, 21-114-370-377-389. Avenel (vicomte d'), 145.
Algemoine Landrecht, 505. Àvenent, 385.
Algemeine VersicherungsAgent, 384. Avenir (journal 1'), Belgique, 381.
Algemeine Versicherungs Bote, 381.' Avenir Économique (journal 1'), 41-383.
Algemeine Versicherungs Freund, 384. Aygurande (d'), 194.
Algemeine Versicherungs Presse, 384. Aymé, 170.
Algemeine Versicherungs Zeitung, 384. Azuni, 22-26.
Alicot, 174.
Alterburger, 89-567.
Ambroselli, 400. B
Amelin (Alcide), 681.
American Record, 60.
Amodru, 174. Backer (de), 611.
Anger, 382. Backley, 156.
Annales du Bien (les), 247-250. Bndon-Pascal (A.), 80-91-93-91-96-567-576.
Annals of Life assurance, 502. Badon-Pascal (Edmond), 381-382-385.
Annuaire de l'Académie royale des scien- Baily, 78.
ces, lettres et beaux-arts de Belgique, 88. Bailly (C), 258.
Arboux (Jules), 111-112-210. Bailly (F.), 388.
Arel, 114-341. Bailly (Paul), 15-398-576.
Argus (journal 1'),55-384-469-497-513-636-697. Balas-Troy, 194-320.
Arloz (d'), 243. Balczeau, 19-1.
Arnaudeau, 80. Bancos Soguros y Commorcio, 381.
Assecuranz-Revue, 384. Bansard des Bois, 171.
746 PREMIER INDEX DES NOMS CITÉS

Barazueli, 587. Berthet, 389.


Barbet, 170. Berthier, 559.
Barbey, 260-262. Berthoule, 263.
Barety, 385. Bertillon (docteur), 111-112-389-598.
Barns William, 545. Bertrand, 194-400-463-663.
Baron, 13. Besancèle (de), 710.
Barrât (Ch.), 258. Bescherelle, 482.
Barrau, 674-995. Bescherelle, 320.
Barré (Joseph), 203. Besso (Marco), 98.
Barreau, 387. Bethmont (Paul), 169.
Barrot (Odilon), 174. Beuzon (H.), 80-194-320.
Barse (Louis), 126. Béziat d'Audibert, 218-389-394.
Barthou, 174. Bianchi, 367.
Bartlev, 326. Bibliothèque universelle, 162.
Basaniele (de), 710. Biès, 111, 112.
Basile, 20. •Bizos (E.), 80-194.
Bastard, 710. Blachette, 434.
Bastiat (F.), 14. Blacktone, 23.
Bastine, 114. Biaise (des Vosges), 272.
Batiot (G.), 258. Blanc (Louis), 492.
Batut (de la), 174. Blanchard (Georges), 382.
Baulard, 174-322. Blanche, 12-447.
Bazenet, 400. Blaschké, 213-362-363.
Bazille, 174. Blin, 400.
Beaudoin (Dr), 258. Block (Maurice), 144-299-327-645-646.
Beauquesne, 391. Boediker, 98-327.
Beauregard (de), 643. Boileau, 12.
Beautemps, 387. Bois d'Auberville (du), 239.
Beauverger (baron de), 169-170-308. Boitard, 385.
Beauvisago, 559. Bollot(commandant), 258.
Beccaria, 151. Bonjean, 218-219.
Bôcourt, 218-287. Bonnefons (de), 361.
Bôgault (A.), 84-89-92-94-98-389-559-567. Bonnet, 15-385.
Hègon (de), 194. Bonneville, 391.
Bellet, 387. Booth, 156.
Bellier, 12-385. Bore, 393.
Bellom (Maurice), 15-112-264-332-396-647-- Borie, 379-385.
653. Bossand, 389.
Belon (P.), 258. Bouchant, 194.
Benecke, 387. Boucher (Vosges), 174.
Benoist (Charles), 247. Boucher-Cadart, 250.
Benoist-d'Azy, 308. Bouchot (E.), 710.
Benoit-Lévy, 258. Boudenoot, 174.
Benoiston de Ohâteauneuf, 552. Boudon, 113.
Benzacar, 396. Boudousquiô, 370.
Bérard, 305. Bougault, 258.
Bérard (Alex.), 174-432-434. Bouge, 174.

Berbi, 658. Boulay-Paty, 400.
Berenger, 641. Boureville (de), 170.
Berger (Georges), 112. Bourgade, 391.
Bergeron, 12-15-386-404. Bourgeois (Jura), 127-142-147-183-184-185-
Bernard, 385-650. 189-196-199-379-493.
Bernard (Paul), 446. Bourgeois (L.), 141-174.
Bernet, 385. Bourgier, 710.
Bernouilli, 78. Bourneville, 608.
Berry (Georges), 174-608. Boutigny, 450.
Berteaux (Maurice), 112. Bovier-Lapierre, 174.
PREMIER INDEX DES NOMS OITÉS 747.

Bozérian, 355-365-366-575-577. Cassai (E.), 80.


Bray (E. de), 676. Caubert (Léon), 112.
Mricard, 174. Cauvet, 400.
li.-iey, 194. Cauvin, 219-320.
liriffe (de la), 676. Ceresolle, 396.
Hrincard, 322. Cerise (Le Baron), 37-194-391-421423-424-
lîrisson, 14. (58.
Brilish Corporation, 60. Chagot, 169-170.
Urouardel, 569. Chainbérot (de), 392.
Unigeant (Emile), 585. Chamberlain, 156-325-653.
Brûlé (E.), 258. Chainbrun (comte de), 603.
Brune, 707. Chancarel, 258.
Bi-y, 219. Channing (D1), 141.
Bull'on, 170-388-552-559. Charles V, 27.
Bull'on (Nadaud de), 250. Charlon (Hippolyte), 79-202-388-559.
Bulletin des'Actuaires français, 382. Charlin (A.), 203-710.
Bulletin du Comité des accidents du tra- Charreyron, 710.
vail, 383-653. Chassaing, 306-322. •
Bulletin de l'Office du travail, 313. Chasseloup-Laubat, 262.
Buis, 267. Cliastellux (de), 676.
Bunel (Henri), 420-421-422-125-427-116. Chaiel, 447.
liurdeau, 111-260. Chaudcy, 174.
Bureau fédéral suisse, 389.
.
Chauflon, 15-80-111-112-113-391-506-576.
Bureau Veritas, 59-60. Chautemps, 322.
Burel, 395. Cliesnclong, 170.
Uurelle, 664. Chevalier (Michel), 11-696.
Burrott, 388. Chevalier, 171.
Bùttner, 567. Cheysson (E.), 80-94-98-111-112-1-11-146-153-
Buval, 394. 409-572-574-063-661.
Chimirri, 658.
Chisholm (J.), 567.
Chollel, 127-706.
c Chopy et C1", 374.
Chronique dos assurances et du commerce,
384-.
Cacbeux (E.), 219-258-261-261-411-445- Cicèron, 20.
571-611. Claude, 20.
Calvet, 468-469-493-494-672-707-710-711. Cleirac, 21-25-26-27-387.
Cmidiani, 206-208-209-398. Clément, 394.
Cuninius Salusle, 20. Clintock (M«), 89-90-98-567-585.
Capmany (de), 26. Cloquemin, 191-361.
Cupouillet, 88-567. Cocliin,. 14-174.
Capperon, 194. Coffinon, 191-192,
Caraman (do), 676. Ctdicn (.1.), 81-112-205.
('ardozo de Bôthoncourt, 211. Coignerai (commandant), 250.
Carea, 395. Colbort, 29-30-37.
Urlel, 111, 112. Collet, 251-255.
Carlier, 385. Collol d'Esoury, 78.
Carlisle, 560. Colom-Delsuc', 394.
Carnaud, 322. Comte, 114.
Carp, 662. Condorcet, 170.
Carteret, 114. Conseiller des assurances (journal le),384.
Cartuyvels, 715. Constans, 306-433.
Cario'u, 111, 112: Constant (Charles), 219.
Casinelli, 205. Constantin, 423.
Casper (J.-L.), 553. Contrôle (journal le), 384.
f:assagnac (Paul de), 127-707. Coopérative New. (Journal), 472.
748 PREMIER INDEX DES NOMS CITÉS

Coke, 23. Delaunay-Belleville, 194.


Copie, 710. Delbalat, 447.
Cordier, 259. Delcaire, 391.
Correspondance austro- hongroise, 213- Delmas, 385.
362-384-521. Delombre (Paul), 111-112-113.
Corriere délie Assicurazioni, 384. Delorme, 320.
Cornet, 567. Demalvilain, 707.
Corsaire (journal le), 384. Démocratie Pacifique (journal la), 114.
Corvetto, 506. Demongeot (Armand), 203.
Cosmann, 268-278. Demont, 113.
Cosmao-Dumanoir, 565. Demontferrand, 559.
Coste, 462. Demosthène, 19.
Coulardot, 201-375. Denans, 710.
Coulon et Houard, 400. Denoix, 174.
Coupanec (le), 258. Deparcieux, 388-559-560.
Courcy (Alfred de), 12-14-127-219-312-362- Deruelle, 113.
385-386-400-404-576-579-681-687. Dervillô, 194.
Courtavel (comte de), 676. Deschauel (Paul), 138.
Couteau, 391. Descubes, 174.
Courtois (A.), 134. Desfrançois, 387-482.
Couturier, 392. ' Desjardins, 393.
Cravoisier, 710. Deslandes, 400.
Crestey et Ci 0 (E.), 235. Desprez (Henri), 249.
Crisenoy (de), 248. Desbaignes, 169.
Cucheval-Clarigny, 152-184-708. Deutsche Versicherungs Zeitung(joumal i,
Cuënot (Henri), 469. 542.
Cyprès, 138-140-306-399. Deynaud, 706.
Diario del Commercio (journal), 384.
Dictionnaire de l'Académie, 482.
D Dictionnaire Bozérian ou dictionnaire do
la Bourse, de la Banque et des Assu-
Dagast (H.), 710. rances. (Voir Bozérian.)
Dalloz, 485. Dictionnaire du commerce et dos mar-
Damèmme, 462. chandises, 113.
Darode de Tailly, 387-676. Dictionnaire de Trévoux, 613.
Daubige, 385. Diogène (journal le), 384.
Daudelin, 85. Dodson, 533.
Dautresme, 322. Dolt'us (Jean), 571.
David, 194. Dormoy, 15-203-388.
David et Semot, 392. Dorrington (William), 589.
Débats (Journal des), 138-144-165-647. Doucerain, 470-471/
Debrock, 387. Doaladoure, 204-219.
Defensor del Asegurado (journal), 384. Doumer, 174.
Defert, 111-112. Doursault, 567.
Defitte, 676. Drake, 174.
Defrenois, 400. Dron, 174.
Degalle, 391. Droz Numa, 162-400-062.
Dehais, 385. Dubail, 400.
Dehesdin, 194. Dubar (P.), 258.
Déjà ce, 663-664. Dubois (A.), 393-576.
Dejean, 461. Dubois (D>), 219.
Dejeante, 322. Duboisdenghien, 89-93-98-199.
Delafond, 604. Dubroca, 114-116-117-118-124-125-41)2-
Delangle, 114. 695.
Delaquys, 228-346. Duchatel, 114.
Delarbre, 248. Duchesne, 258.
Pelas (Fernando de), 377, Ducournau, 710,
PREMIER INDEX DES NOMS CITÉS 749

Ducros, 385. Ferry (Emile), 199-202.


Dufourmantelle, 397. Fillod (J.), 81-194.
Dufournel, 308. Finlaison, 89-98-560-567.
Dufuisseaux (Léon), 661. Finn-Kemp (Anthony), 589.
Dugnolle, 360. Fitsch, 111-112-113.
Duhamel, 210. Fix, 194.
Duhamel, 469. Fleury (de), 363.
Dumaine, 400. Flourens (P.), 551-552.
Du Mouriez du Pôrier, 428. Fontaine (L.), 81-112-308-559-620.
Dupau et Cio, 374. Forest, 361.
Duperrô (Amiral Charles), 247-258. Forrer, 304-661.
Dupeu, 710. Fougerousse, 112.
Dupin, 677. Fourcade, 169.
Dupont (Paul), 169. Fourct (G.), 81-389.
Duprô de Sainl-Maur, 388-559. Fournier, 710.
Duprey (J.), 710. Fouzès, 357.
Durand, 320. Fowler (A.), 220-221-222-223.
Durassier, 258. Franchelli, 320.
Dutreix, 174. Franchetti, 385.
Duvillars, 308-388-559-560. Francis, 502.
Franklin (B.), 13-223.
Frédéric le Grand, 690.
E Fresnay (A. du), 81.
Frolich, 567.
Furquim d'Almeda, 397.
Écho du Mexique (journal 1'), 663. Fuzier-Herman, 491.
Eclair (journal l'j, 112.
Economie (journal 1'), 384.
Economiste Français (journal 1'), 283-653. G
Économiste rural (journal 1'), 381-685-708-
710. Gaborit, 447.
Elkan, 385. Gabriel, 305.
Élu (Alphonse), 204.
Émerigon, 20-387. Gaide, 569.
Équilbecq, 194. Gallard, 447.
Gamble, 445.
Esselin, 391. Gandouin, 400-663.
Estrangin, 387. Garnier, 85.
Euler, 170. Garnier-Pagès, 169.
Expert-Besançon, 194. Garrisson (Gaston), 535.
Gaudin, 170.
Gaulois (journal le), 436.
F Gauvin (P.), 15-127-136-204-219-370-396-483.
Gazetta délie Assicurazioni, 384.
Gazette des Assurances, 384.
Fabre, 248. Gazette des Assurances (Belgique), 384.
Farcy, 259. Gazette des Assurés, 384.
Faro del Seguro (journal le), 384. Gazette des Tribunaux, 359.
Farr (Dr), 559. Gazier, 43.
Fassy (V.), 194. Gen ire, 260-322.
Faure (A.), 194. George IV, 589.
Faure (Félix), 174-639-643-259-260. Gerkrath, 94-96-98-567.
Faure (Maurice), 174-332. Geruaeri, 567.
Favard de Langlade, 506. Gerville-Réache, 263.
Favre (Jules), 169. Giard, 264-619.
Ferdinand de Bulgarie, 589. Gibon (A.), 112-145-147-310-334-639.
Fermât, 76. Gigot (Albert), 306-334.
Ferry (Charles), 174. Gilbert, 99.
750 PREMIER INDEX DES NOMS CITES

Girardin (E. de), 13-14-112-113-114117-165- Hamel, 360.


237-601. Hamoir (L.), 88-567.
Girault-Duvivier, 482, Hamon (Georges), 91-92-163-199-200-210.
Girodet, 306. 217-218-219-258-392-397.
Gladstone, 157-173. Hamza (E.), 567.
Glandaz, 12-376. Hankar (F.), 567.
Globe (journal le), 472. Hanne, 375.
Gobbe, 567. Harding, 94-579-585.
Gobert, 318-473. Harting, 78.
Goemare, 393. Haugk, 710.
Gomot, 250. Haussonville (d"), 676.
Gompertz, 388. Heath (R.), 589.
Gontaut-Biron (marquis de), 402. Hébrard de Villiors, 40.
Gonweloos, 506. Hecht, 375-394.
Gordon, 89. Hôdoux, 320.
Goujon, 174-306. Holdt, 330.
Goulhot de Saint-Germain, 433. Hônault, 112.
Gourcuff (de), 405 à 409-676. Ilennequin (général), 567.
Gourdon de Genouillac, 385. Herbault, 389.
Gousset (Mgr), .15. Herbig (II.), 232.
Gouttey, 450. Hercô (P. de), 360.
Gralï, 113. Héron d'Alexandrie, 428.
Granier de Cassagnac, 126. Heuschling, 87.
Graunt, 558. Heyn (de), 375.
Gravesande, 78. Hilton (James), 223.
Grégoire IX, 22. Himpson, 388.
Grifflth Davis, 388. Hjelt (Auguste), 654.
Grillon (de), 676. Hobrecht (Heinrich), 232.
Grimprel, 194. Hôckner, 567.
Grivel (baron), 385. Ho'nig (docteur), 521.
Gronnier, 194. Ho fer, 356.
Grosjean, 391. Homans, 98-561-567.
Grosmann, 389-567. Hospilal, 27-521.
Grosse, 90-170-567. Houpin, 395.
Grousset-Paschal, 177. Hubbard, 432-433-559.
Gruet, 171. Hudde (Jean), 549-555-557.
Grùn, 114-370-382-387-483-484. Hugo (Victor), 14.
Grûner, 152-300-328-384. Huguenin, 492.
Guôrin-Catelain, 258. Huiart, 219-387.
Guerville (de), 375. Humbert, 487.
Guibillon, 445. Hummel (E.), 232.
Guiche (de la), 676. Hunter, 325.
Guieysse (P.), 80-81-98-112-174-211-258- Husson, 447.
261-306-410-505-575-578. Huygens Christian, 73-75-388-544-555.
Guillaumin et Ci<!, 672.
Guillemet, 112.
Guillemin, 174-611. I
Guillemot, 169-170.
Guilmin, 389. Imbert, 664.
Gunter, 607. Insurance et Finance Chronicle (journal),
384.
Insurance Post (journal), 384.
H Insurance Record (journal), 384.
Insurance Reformer (journal), 384.
Hache, 387. Isambard, 306.
Halévy Ludovic, 145-146. Isambert, 322.
Halley, 75-170-388-503-549-558. Isnard, 389.
.
PREMIER INDEX DES NOMS OITÉS 751

Israël (B.), 498.


Ittmann, 73.
L

J
Laas d'Aguen, 194.
Labbô, 676.
Jacquemin, 264. Labbô, 375.
Jacques, 112. Labarthe, 39-194.
Jaille (de la), 194. Labeaume (de), 39-194.
Jametel (Maurice), 472. Labeyrie, 80.
Jannet Claudio, 545-146. Laborde (de), 676.
Jansens, 608. Labraquo-Bordenave, 21-55.
Jaurès, 142-174-185. Labrouil, 194-320.
Jay (Aimé), 203. Lachiôzo, 127-322-707.
Joliat, 114-361-370-382-483-484. Lacombe, 174.
Joliot, 169. Lacôte, 306.
Jonnard, 127-706. Lacroix, 85.
Jottrand (Félix), 606. Lafarge, 504.
Jouault, 400. Lafitto (do), 81-394.
Joubaud, 258. Lafond, 387.
Joubert, 664. Lafont (vice-amiral), 250.
Jouffray, 174-278-282-283-285. Lafont (de), 194.
Jouffroy, 322. Lagrange, 639.
Jourdain, 664. Laguepierro, 387.
Jourdan, 385. Laisant, 305.
Jourde, 174. Lalande (H. de), 15-392-484.
Journal des Actuaires de Londres, 18. Lambert, 397.
Journal des Assurances, 127-214-237-377- Lamiraud, 400.
382-495-517-542-579. Langlois, 127.
Journal de l'Assureur et de l'Assuré, 384. Lauglois, 194.
Journal des Économistes, 306-655-681. Lanier, 194.

Judenne, 386. Lanjuinais (vicomte de), 169.
Julien, 174. Lannelongue, 174.
Justinien, 20. Lanterne (journal la), 302.
Juvigny (de), 370-506. Laplace (de), 127-170-506.
Laroche-Joubert, 174.
Larose et Forcel, 491.
Larousse, 72-482.
K Lassaigne, 390.
Laurent, 81-388.
Laurent Hermann, 203.
Kaan, 328. Laussedat, 604.
Kahn, 567. Laveleye (G. de), 88-91.
Keller, 640. Lavollôo, 138-139-184-306-592.
Kerjégu, 263. Lavy, 174.
liersseboom, 559. Law, 41.
Kertanguy, (de) 15-81-164-194-306-392-401- Lebel, 320.
559-560-561-562. Le Bellec, 710.
King (George), 85-90-96-98-389-559-567. Lebon (André), 174-322-323.
Kinkelin, 305. Lobreton (général), 169.
Koechlin (André), 571. Lechartier, directeur du journal « l'Aveni
Koechlin-Schwartz(Mme), 541. Économique », 12-204-383-390-465.
Kompass (journal), 153. Leclerc, 434.
Koury et Hédique-Fortemps, 228. Lecour Grand-Maison, 248-260.
Krauss-Tassins, 391. Lefèvro (baron Élie), 711.
Kummer (J.-J.), 181-321-716. Lefèvro (vice-amiral), 260.
752 PREMIER INDEX DES NOMS^OITÉS

Lefort, 15-19-138-142-204-218-219-392-396-
503-506-514-576-578-579-616. M
Lefrançois, 396.
Le Gavrian, 305.
Legeay, 194. Maas, 168-361-388-710.
Legoyt, 391. Macaulay, 91-95-90-98-567.
Legrand du Saullo, 389-569. Macpherson, 28.
Le Hideux, 112. Magnin, 92-138-186.
Le Hir, 370-387-100-192. Mah il Ion, 84-85-87 - 89-93-91 -98-199-284-38!)-
Le Hugeur, 710. 559-567.
Leibnitz, 78-387. Maillard, 447.
Lejeune (Charles), 81-85-89-98-567. Maillet et Compagnie, 237.
Lemaire (Théodore), 676. Maingie, 92-199-567.
Lemire (abbé), 261. Maire, 389.
Lemonnier, 113. Mairon, 111.
Lemonnior, 387. Makehain, 388-502-503-504.
Léon XIII, 613. Malander, 061.
Léopold II, 659-267. Malavois tdo), 120.
Le Play, 15-601. Mallook, 325.
Lépreux, 89-91-567. Man.y (H.), 001-605.
Leroy (Ed.), 112-391. Manoeau, 39-40.
Leroy (G.), 258. Manly (H.-YV.), 507.
Le Roy des Barres, 191. Maquens, 387.
Leroy-Beaulieu, 138-143-306-613. Marcère (de), 433.
Le Roy de Mèricourt, 608. Marcau (docteur), 389-569.
Lesage, 174. Maréchal (lieutenant-général), 267.
Lescuyer, 617. Marestuiug, 412-613.
Lesueur, 112. Marguery, 191.
Lestiboudois, 308. Marie (Léon), LYS1-91-93-91-98112-113-152-
,
Letort (Charles), 204-219-617. 199-333-389-395-397-5G5-507.
Le Vacher, 462. Marié-Davy, 611.
Levasseur, 81. Marshall, 387.
Levasseur (E.), 112. Martel, 169.
Levôque, 467. Martin (Henri), 40.
Leviez, 194-320-393. Martin Dupré, 82-89-91-98-505-567.
Levison, 96. Martres, 394.
Leydet, 174. Maruéjouls, 174.
Liais (Adrien), 260. Massé, 82-387.
Librairie des Assurances, 382. Massias, 26.
Limousin, 228. Masson, 567-676.
Linard, 174. Mathieu, 169.
Linder, 663. Matignon, 82.
Linstedt, 88-89-98-332-567-653-332. Matrat, 111.
Lisbonne, 247. Mauriac (docteur), 219-389-551-569-610.
Littré, 72-482. Maxime, 391.
Lloyd's Begister, 59. Mayen, 191-201-391.
Lockroy, 639. Maze (IL), 14-72-79111-138.
Lomas-Smith, 613. Maze (Paul), 111-113.
Loua, 389. Maze (Mme), 113.
Louis XIV, 32-37. Maze (Maurice), 112.
Louis XVI, 504. Meerens, 98-567.
Lourdelet, 184. Meikle, 98-567.
Lourties (Victor), 111-112. Meissuer, 232.
Louvet, 169. Méline, 707.
Lucas, 386. Mônagier de Paris (le), 426.
Luzzatti, 146-6(54. Mercey, 112.
Merger, 389.
l'KKMIEI! INIH;X DES NOMS U1TES /Ci.i

Merlin, 506. Napoléon I", 588.


Mesureur, 174. Napoléon III, 679-680-706.
Meunier, 392. Naquet, 138-142.
Moyer (G.), 194. National (journal le), 114.
Meyrueils, 664. National OEkonomist (journal), 522.
Môziôros, 541. Neber (Cari), 232.
Mialet, 113. Neuman, 88-89-389-392-542.
Michelin, 322. Newton, 77-387.
Miégeville, 389. Noël, 400. I
Viillard, 608. Nogent, 228. (Voir Sénés.)
Millerand, 174. Noguez, 349-352.
Millot, 676. Nollot, 40.
Milne, 388. Norsk-Vèritas, 60.
Mirabeau, 13-42.
Viiromesnil (de), 459.
Molineau, 389. 0
Molynes (de), 28.
Monaco (prince Albert de), 247.
Monde Économique (journal le), 043. Oberhausen, 710.
Moniteur des Assurances, 18-43-382-469- Observateur (journal 1'), 311-384.
500-508-513-517-576-582-588-708. Ocagne, 396.
Moniteur du Commerce, 384. O'Connor Martins, 88-89-507.
Montaut, 432-433. Odelung, 567.
Montesquieu, 536. Odgers (J.), 472.
Montferrand, 389. Odier (G.). 194.
Montfort (vicomte de), 260. Odilon, 174.
Montguyon (de), 676. Odin, 258.
.Vlontmoroncy (duc do), 676. Officiel (Journal), 356-187.
Montozon (de), 710. Ogerdias, 361.
Montuéla, 544-554. Olarte, 375.
Mook (douleur), 111-112. Oldenbourg (comte), 37-380.
Morat (Pierre), 428. Olivier t Edouard), 148-150.
Moreau, 375-647-650. Ollivier (Emile), 169.
Moreau de Jones, 670. Olry, 601.
Morol, 387. Oltramaro (F.), 82-112-565.
Morgan, 388. Onfroy, 361.
Morin, 710. Opinion (journal I'), 384.
Mornac (Antoine), 24. Osservatore (journal 1'), 384.
Mornard, 400. .
Oudiette, 43-44-387.
Moron, 176. Oulmiére (E.), 321.
Motoyosi Sai/.an, 444. Ouvré, 174.
Motte (de la), 194. Ovide, 13.
Moulin (P.), 82-145-147-387.
Mouriez, du Pôrier, 428.
Moutier (Ch.), 258. P
Muller (Emile), 571-605.
Mulsant, 194. Pacte Social (journal le), 504.
Mun (de), 639. Pailli, 447.
Munier, 462. Palombe, 241.
Mural (prince), 080. Papelier, 112-174-305-306.
Muret Meurice, 112. Papin, 710.
Mutualiat (journal le), 384. Paraira, 90-98-567.
Pardessus, 23-26-377-387-506.
N Paris assureur, 465-697.
Parti national (journal le), 647.
-Nachtel (D'),608. Pascal, 170-387-502-503-558.
Nadaud (Martin), 306.>
I
Passant, 608.
o2
754 PREMIERS INDEX DES NOMS CITÉS

Passot, 82. Poirier (Alfred),- 468.


Passy (Frédéric), 134. Poirier, 152-641.
Patinot, 194. Pokitonoff (Mme la doctoresse), 258.
Patrie (journal la), 269. Portalis (baron de), 462-506.
Paubert, 258. Post-Magazine (joui*nal), 384.
Paulin (Maurice), 112. Potel, 611.
Paulmier, 169-170-400-433. Poterin du Motel, 82.
Paumier, 208-209-210. Pothier, 39-389.
Pavlovzki, 536. Pothuau (vice-amiral), 251-252.
Pays (journal le), 126. Pouget, 9-11-13-26-113-114-115-117-320-359-
Pegolotti, 25. 365-370-377-381-382-387-681.
Pélican (journal le), 384. Pourcelle, 387.
Pellaté (N.), 604. Pradelle, 194.
Pelletan (Eug,), 169. Presse (journal la), 238.
Penn, 221. Prévisor (journal le), 384.
Peny, 89. Price (D1-)', 78-170-533-553-559.
Perèire (E.), 82. Prix-Courant (journal le), 384.
Pereire (Isaac), 363-389. Progrès de la Côte-d'Or (journal le), 467.
Pôrillier, 432-433. Progrès de Saône-et-Loire (journal le),
Périsse, 605. 138.
Perot, 391. Proust (Antonin), 707.
Perozzo, 98. Prugneau, 114.
Perraud (Mgr), 541. Puteaux 112.
Perriaud (Jean), 204-219-387-676-680-681- Puynode (Gustave du), 134.
682-708.
Persil, 114-387.
Pessaro, 604. Q
Petit, 607.
Petit, 395. Queker (de), 92.
Petit (Arthur), 112. Quenault, 11-114-370-377-387.
Petit Assureur (journal Le), 384. Quôrant, 385.
Petit Journal, 645-647. Quetelet, 83.
Pétrone, 72. Quintaa, 127-185-706.
Petty, 558. Quiquet, 82-92-94-389-397-565-566-567.
Peyre-Neveu, 462.
Peytral, 432-433.
Phalange (journal la), 114. R
Philippe II, 27.
Philippon, 127-468-707. Raffaloviwh, 138-143-144-647-655-656.
Philouze, 389. Raffmann, 94-98-567.
Pia, échevin, 607. Ragiot, 611.
Picard (Ernest), 20-169. Raiberti, 174.
Picard (Alfred), 194-197. Rait et Cie (Auguste), 228.
Pierard, 305. Rameau, 174.
Pierson, 98-567. Ramel (de), 305-322.
Pimentel, 87-89-389-567. Rankin, 325.
Pinard, 194. Rauzan (de), 676.
Pingaud, 656. Ray, 194.
Pinon, 461. Raymond, 387.
Pithon, 366. Reboul, 12-15-82-112-168-169-382-386-402-
Plamont, 567. 404-405.
Plassard, 112-113. Recueil périodique des assurances, 280-
Plauhat (de), 115. 382-579-616.
Pochon, 707. Réforme (journal la), 114.
Pocock, 389. Réforme sociale(journalla),161-248-300-409.
Poggiani (Carlo), 213. Registrar Général, 156.
Poincarré, 174. Registre allemand, 80.
PREMIERS INDEX DES NOMS CITÉS 755

Registre italien, 60. Roussel, 255.


Registre maritime, 60. Rousselet (A.), 607.
Registre néerlandais, 60. Rouvier, 432-433-639.
Règles maritimes de Wisby, 614. Rouzès (H.), 710.
.
Regnault, 711. Ruiet, 127.
Rehfous, 400. Ryan, 98-567.
Reinach, 170.
Renaud, 710.
Rendu, 707. S
Répertoire général du Droit français,
491.
Revista espaûola de Seguros, 384. Sainctelette, 219-286-287-382.
Revue des Assurances, 198-384-496-614-660. Saint-Augustin, 536.
Revue des Deux Mondes, 506. Saint-Cyran, 388.
Revue internationale en matière d'assu- Saint-Germain, 170-577-578.
rances, 384. Saint-John, 95-567.
Rewiew (the), 513. Saint-Léger, 385.
Rey (Camille), 349. SainURomme, 174.
Rey (Emile), 127-174-322-468-707. Salle (Emile), 152-184-709.
Rey (L.), 607. Salomon (ses Proverbes),
Ribet, 643. Salusse, 460.
Ribot, 174. Samwer, 89-567.
Ricard (L.), 80-112-145-174-264-663-664. Sanderson, 520.
Ricard (Côte-d'Or), 174. Santerna, 22.
Richard (Louis), 385. Sarcey, 385.
Richard (Maurice), 169. Sarrien, 174-322.
Richard (Maucorps), 400. Sarrut, 12-216.
Ricordeau, 400. Sauteyra, 387.
Ricou, 398. Sauzet, 400.
lligaud (docteur), 008. Savitch (de), 88-89-94-98-567.
Rigaut (Eugène), 138-139. Say (Léon), 80-138-141-144-174.
Rigault de Genouilly (amiral), 262. Scholtz, 98.
Ringel, 112. Schreyer, 194.
Rivet, 174-707. Schsenfeld, 389.
Rivière, 385. Scolta (journal la), 384.
Roard, 462. Scott, 98-567.
Robert (Charles), 112-193-194-357. Secolo (journal El), 384.
liochard, 541. Seguros (journal Los), 384.
Roche (Ernest), 264. Selden, 23.
Roche (Jules), 575-578. Select Committee on National Provident
Roche (G.), 258-264. (journal), 326-346.
Kochetin (Eugène), 306. Semaine (journal la), 384.
Rocquigny (comte de), 152-184-494-708-709- Senès, 228-387-470.
710. Sennevas (de), 462.
Hollande, 385. Serbonnes (de), 194-385-395.
Rome, 258-400. Sestilli (G.), 567.
Romieux, 258-400. Sôvigné (Mme de), 15.
Ronceray (de), 194. Sibille, 387.
Rose, 174. Sidrac, 387.
Rosse, 396. Siegfried (J.), 112-174-571-603.
Rossi, 114. Siersack, 567.
Rostand (Eug.), 278-283-494. Simeson, 391.
Rougô (de), 676. Simon (Charles), 202.
Rougier, 389. Simon (Jules), 169-258.
Rouillet (Antony), 219-446-450-452. S met de Naeyer, 87-89.
Rousseau (J.-J.), 536. Smont, 388.
Rousseau (Arthur), 264-647. Smyth, 228.
75G IM1.F.MIBR INDEX DES NOMS CITÉS

Spectator (journal The), 384-588. I Tribollet, 361.


Spielberg, 232. Tri car t, 374.
Sprague (Dr), 94-95-98. Trigant de Beaumont, 258.
Soleil (journal le), 167. Tripier, 400.
Sonndorfer, 213. Tronchon (A.), 676.
Sorel, 387. Troplong, 370-389.
Soulier, 112-567. Trouillot, 174.
Sowerbutts (Elie), 155-156. Truelle, 194-676.
Stalberger, 710. Turgot, 193.
Stentor (journal le), 384. Typaldo Bassia, 400.
Stracha, 22.
Strachan (T. L), 567. u
Strauss (Paul), 429.
Struych (Nicolas), 77-558. ' Ulpien, 554.
Stuers (de), 567. Uzzano, 25.
Suétone, 20-72.
Suramer (Dr), 98.
Sutton, 85. V
Symmaque, 423. Vacher, 127.
Valin, 20-39-55-387.
Valnot, 710.
T Vanault, 447.
Van Dacl, 567.
Van der Heide, 428.
Talconer Atlee (G.), 365. Van Dorsten, 567.
Talleyrand-Pôrigord(S. Ém._ Mgr de), 465. Vanhoorebeke, 114.
Tarbouriech, 15-87-91-93-96-199-219-394- Van Lier, 232.
619-643-614-663. Van Schovichaven, 567.
Tardieu, 389-569. Van Vyve, 567.
Tarren, 389. Van Zuylen (colonel), 258.
Taylor, 389-569. Vauchô, 387.
Temps ((journal le), 304-661-711. Vauzanges, 385.
Ternaux (l'aîné), 462. Veilleur (journal le), 384.
Terrier, 174. Vellut, 93-199-567.
Tessier, 676. Veritas Austro-Hongrois, 60.
Thareau, 219. Veritas Grec, 60.
Thézard, 112. Vermot, 13-82-194-334-385.
Thieriet (de), 194-636. Vernier, 169-170.
Thiers, 308. Vibert, 389-569-597-598.
Thiolôre (Edouard), 604. Viger, 183-184-196-468-493-494-706-707-
Thoman, 400. 708-710.
Thomas, 559. Ville, 174. j
Thomereau, 15-127-131-184-219-382-398- Villetard do Prunières, 400.
403-404-681-708. Vincens, 114.
',

Thomson (W. T.), 75. Violeine, 389-400.


Thorin, 579. Vivante, 392.
Thouret, 356-357-433. Vogué (Marquis de), 541-571.
Tillancourt (de), 169. Voinchet, 710.
Tirard, 164-322. .
Voisin (Dr), 611.
|
Tisser, 389. Voltaire, 536.
Tite-Live, 20. Von Dahn, 654.
Toja, 89-98-567.
Tonti, 504.
Toqué, 663. W
Tournai, 385.
Tracy (de), 375. Waldeck-Rousseau, 112-191.
Trajan, 423. Walfond (Cornélius), 75-391-506-554.

PREMIER INDEX DES NOMS CITÉS 757

Walpoole (sir Robert), 502. Woolhouse, 562.


Warnier (L.), 44-398-579. Wouters (J.), 567.
Weber, 87-567.
Weil, 390.
Weil-Mantou, 569. Y
Weissenbruch, 559. Yano, 89-567.
Western Insurance Review, 614. Ymbert (Th.), 450.
Westerouen van Mateeren, 606. Young Thomas Emley, 327.
Whelen (Israël), 221.
Willocq, 396.
Wiman, 574. z
Winter, 375.
Witt (Jean de), 68-73-74-221-388-503-555- Zbinden (Fritz), 419.
558. Zeitschrift fur Versicherungswesen (jour-
Wollemborg, 17-695. nal), 542.
Wolterbeck, 98-215-567. Zonneschijn, 384.
SECOND INDEX DES NOMS CITÉS

(Compagnies et Sociétés d'assurances. — Institutions diverses)

A Ancre, 521.
Anhaltische Vieh-Vers. Bank Côlthen,712.
Abeille, 66-83-194-200-204-211-257-320-339- Antwerpia, 348-353-453-359-519.
350-371-385-464-495-507-521-618-637-676- Argus, 685.
682-084-685. Armorique, 56.
Arbre vert (1'), 223. Army Mutual and Association, 544.
Abstainers and General C°, 343. AssecV. v. Zuckerfabriken, Prague, 499.
Académie des sciences morales et poli- Assicurazionigenerali, Trieste, 499-521.
tiques, 139-143. Assistance aux mutilés pauvres, 611.
Accident, 614-618. Association agricole, 697-698.
Acturial Society of America, 79-81-82. Association allemande contre accidents
Affiliated Orders, Old Fellows Foresters, et incapacité de travail, 616.
156. Association des Compagnies allemandes
Aigle, 80-194-200-204-320-371-464-495-507. sur la vie, 542.
Aisne, 684. Associations of employed, 296-346.
Algemeen Nederlansch Weskeeden Ver- Association des familles, 355-360.
bond, 662. Association des filateurs de coton de
AUgemeine Deutsche Vieh Vers-Ges., Vienne, 606.
Llibeck, 712. Association fraternelle, 371-697-710.
AUgemeine Renten-Anstalt, 542 Association des industriels de Belgique,
AUgemeine Renten, Capital-und Lebens- 606.
Versicherungsbank (Teutonia), 542. Association des industriels de France,
AUgemeine Versorgungs-Anstalt, 512. 605-667.
Alliance, 507. Association de Mulhouse, 605.
Alliance belge, 229. Association de Miinchen Gladbach, 606.
Alliance générale, 685. Association mutuelle des risques de
Allianz de Vienne, 499-521. guerre et d'émeutes, 354-356.
Amalgamated S1* of railway servants, 325. Association néerlandaise contre les acci-
Ambulances urbaines, 608. dents du travail, 606.
Ambulances urbaines de Bordeaux, 610. Association normande, 604-605-643.
Amérique britannique, 498. Association philotechnique, 199-211.
Amérique de l'Est, 498. Association pour la protection mutuelle
Amérique de l'Ouest, 498. des porteurs de polices, 533.
Amicable, 503. Association des risques du siège de Paris,
Amis du Commerce.. 365. 354-356-360.
Amstrongs Work C°, 325. Association samaritaine allemande, 610.
Ancienne Mutuelle du Calvados, 464-711. Assurances belges (les), 496.
Ancienne Mutuelle de Rouen, 710-711. Assurance coloniale (!'), 464.
AncienneMutuelle de la Seine-Inl'erieure, Assurance commerciale (!'), 237-239-240.
66 (voir ancienne Mutuelle de Rouen). Assurance contre la contrefaçon (!'), 368.
7(50 SECOND INDEX DES NOMS CITES

Assurance coopérative (1'), 509. Braunschweigische Lebens - Versiche -


Assurance du crédit decomuierce(l'),237. rungs-Anslall, 542.
Assurance des émissions (1'), 236. Bremer Lebens-Versicherungs-Bank,542.
Assurance française (1'), 228-618. Bresse (la), 464.
Assurance maladie (1'), 297. British Légal C-, 313.
Assurance mutuelle contre la destruction British Shipmaslers' and Officers'protec-
des actes déposés chez les officiers tion Society, 267.
ministériels (1'), 307. British Workman's and gênerai C°, 343.
Assurance mutuelle française (1'), 366. Bulgaria (La), 523.
Assurance mutuelle des marins (V), 254. Bureau fédéral des Assurances on Suisse,
Assuranco mutuelle des risques de guerre 157-162-178-179-181-321-343-399-497-662-
et d'émeutes (1*), 361. 716.
Atlas (P), 82-371-710. Bureau des incendiés, 38-465 (voir Caisse
Austria(l'), 521. des Incendiés).
Avenir (!'), 56-67-371-697-710-798.
Avenir populaire (I'), 369.
Azienda de Triesle (1'), 49.
C

B Caennaise (la), 464.


Cagnotte (la), 320.
Caisse d'Aberwrach, 249.
Badische Militâr-Versicheruugs-Anstalt, Caisse des Ardennes, 465-466-471-685.
512. Caisse d'assurances mutuelles des cham-
Badische Pferde Vers.-Anstalt Carlsruhe, bres syndicales, 619.
712. Caisse Barbet, 461.
Bàloise (la), 200-318-498-511-519-534-510- Caisse cantonale de Berne, 519.
547-616-621. Caisso du Casino deBoulogne-sur-Mer,249.
Banco Vitalicio de Cataluiîa, 523-547. Caisse centrale de Bordeaux, 697.
Banque d'assurance contre les accidonts Caisse de Courseulles, 249.
de Dresde et de Stuttgard, 616. Caisse de la Creuse, 465-468.
Banque nationale (la), 507. Caisse du Crotoy, 249.
BaslerLebens-Versicherungs-Gesellschaft, Caisses départementales, 371-465-607-672-
542. 707.
Bâtiment (le), 241. Caisse de Douarnenez, 249.
Bâtiment de Paris (le), 242. Caisse de Dunkerque, 219.
Bayerische Hypoiheken und Wechsel- Caisse des entrepreneurs, 618.
Bank. 542. Caisse d'exonération militaire, 360.
Beamten-Verein, 521. Caisse franco-néerlandaise, 232.
Beaueeronne-Vexinoise (la), 684. Caisse funèratienne, 18.
Belgique (la), 67-496. Caisse générale des Assurances agri-
Benefica, Turin, 497. coles, 66-116-125-126-404-461-680-682-693-
Berlinischo Lebens-Versicherungs-Gesell- 695.
schaft,542. Caisse générale d'épargne et de retraite
Bétail (le), 697-698. (Belgique», 89-03-331-332-507-572-660.
Blackburn Philanthropie Burial Society, Caisse générale des Familles, 194-201-
345. 244-298-333-338-339-371 - 507-510- 618-637.
Blindness Insurance C°, 362. Caisse générale réassurance et coassu-
Board of Trade, 343. rance, 464.
Bon Laboureur (le), 697-698. Caisse des incendiés, 38-465-466-467.
Bonne-Foi (la), 697-698. Caisse des Industries textiles, 619.
Boschettese (la), 497. Caisse des Invalides de la marine, 246-
Boule de neige (la), 323-324. 248-249-256.
Bourse générale des familles (la), 360. Caisses maladies (Allemagne), 301.
Brasseurs réunis (les), 496. Caisse de la Marne, 465-466-671-685.
BraunschweigischeAllg. Vieil-Vers.-Ges., Caisse médicale, 297.
712. Caisse méridionale, 464.
SECOND INDEX DES NOMS CITÉS 761

Caisse do la Meuse, 465-467-671-685. Commercial


( Union, 358-375.
Caisse des Mineurs (Autriche), 328-329. Compagnie
( anonyme d'assurances de
Caisse mutuelle des Pécheurs d'Islande Turin, 497.
(la), 249. Compagnie d'assurancescomplémentaires,
C

Caisse mutuelle syndicale des Forges de 288.


France, 201-619-6-10. Compagnie
< d'Assurances générales,43-45-
Caisse nationale d'assurance contre les 56-06-67-81-82-89-194-195-200-312-313-314-
accidents, 67-133-170-618-636-638. 3o0-371-393-401-405-408-460-464-495-507-
Caisse nationale d'assurance contre les 510-525-533-559-561-562-573-O76-682-685
(Générale grêle)
accidents du travail (Italie), 657. Compagnie
, d'assurances générales contre
Caisse nationale d'assurances en cas de les accidents, Liopzig, 616.
décès, 67-133-134-168-170. Compagnie d'assurances générales de
(
Caisse Nationale de retraite pour la vieil- Triesle, 519-512.
lesse, 67-134-171-172-3073'.)8. Compagnie d'assurances contre les incen-
i
Caisse des obligations d'assurances, 236. dies (voir Compagnie d'Assurances gé-
Caisse Paternelle, 81-194-201-204-268-275- nérale).
361-371-464-507-511-618. Compagnie d'assurances Magdebourg,616.
Caisses des Pensions (Belgique), 331. Compagnie d'assurances de Milan, 49-497.
Caisse de Prévoyance (Suisse), 519. Compagnie d'assurance mutuelle contre
Caisse des Propriétaires, 697-698-710. l'incendie, (voir Société d'Assurances
Caisse de Roscofï, 249. mutuelles immobilières de la Ville de
Caisse des Sables-d'Olonne, 249. Paris), 460-461-102.
Caisse de Saint-Brieuc, 249. Compagnie d'assurances sur la vie pour
Caisse de Saint-Pétersbourg, 497-523. l'armée et la marine, 542.
Caisse de Saint-Valery-en-Caux, 249. Compagnie belge d'assurances générales,
Caisse deSainl-Valory-sur-Somme, 249. 07-495-511-519-534-572-616-621.
Caisse de la Seyne, 249. Compagnie de Bruxelles, 67-496.
Caisse de la Somme, 465-467-671-685. Compagnie coopérative assurances de
Calédonian Insuranc C>' 569. Manchester, 473.
Calèdonie (la), 233-234. , Compagnie française, 464.
Canada lil'e, 520. Compagnie française de réassurance, 464.
Canadienne (la), 353-520. Compagnie générale accidents, 618-637.
Capital (le), 464. Compagnie des Indes, 40-41-19.
Casualty assurance, 502. Compagnie de réassurance générale, 464.
Catalane (la), 377. Compagnie Royale, 43-504.
Cavagnolèse (la), 497. Compagnie royale d'assurances générales,
Célérité (la), 619. 39-43-503-504-576.
Central Vieil Vers. Verein Berlin, 712. Compagnie Silésienne d'assurances sur la
Centrale (la), 56-464-507-618. vie, 616.
Centre Mutuel (le), 201-164-710-711. ' Comptoir maritime (le), 56.
Cercle (le), 464. Comtoise (la), 464.
Cercle commercial (le), 55. Concorde (la), 365.
Cérôs (la), 371-676-081-710-741. Concordia (la), 615,
Chambre (Maritime) (la), 55. ConcordiaKolnischeLebensvers.-Ges.542.
Chambre d'assurances générales (la), 39. Concordia à Reichonberg, 499-521.
Chambre syndicale desTissus et matières- Confédération Canada, 520,
textiles, 470. Confiance (la), 79-80-81-194-201-202-203-
Chômage international (le), 286. 219^320-371-393-164-495-507-018-681-685.
Citadelle (la), 354-356-357. Confraternité (la), 196.
Cité (la), 618. Conservateur (le), 345-504-508.
Clémentine (la), 201-464-495. Conservatrice (la), 695-699.
Colleeting Sociétés, 343-345-346. Continentale (la), 464.
Cologne Re-insurance Company, 273. Cooperativa Boresana, 497.
Comités, 57-371-508-665. Coopérative de Galliate, 497.
Comité permanent international des Con- Cooperazione Monteu da Po, 497
grès des accidents (le), 665. Crédit commercial (le), 237.
Commerce (le) 497, Russie), 523. Crédit populaire (le), 258.
Commerciale (la), 461-495. Crédit Viager (le), 133-507.
762 SECOND INDEX DES NOMS CITÉS

D F

Danube (le) à Vienne, 499-521. Faculty of actuaries in stcotland, 79.


Défense mutuelle de Paris (la), 355-361. Famille française (la), 352.
Deutsche Lebens-Versicherungs-Gesell- Fédéral (la) (Canada), 520.
schaft, 542. Fédération des pompiers, 431-632.
Deutsche Lebens-Versicherungs-Pots- Federazione agricola Milan, 497.
dam, 542. Felsinea Bologne, 497.
Deutsche Militairdienst Versicherungs Ferme (la), 201-371-684-710.
Anstalt, 358. Fides, 232.
Deutsche Vieh-Vers-Ges Plau, 712. Fine art and Général insurance Company,
Deutsche Volksbau Gesellschaft, 574. 233-364.
Deutschland, Lebens-Versicherungs-Ge- Foncière (la), 56-80-194-201-204-258-286-
sellschaft zu Berlin, 512. 371-403-464-495-507.
Die Mutual Lebfcns-Versicherungs-Ge- Foncière (la) Budapest, 499-521.
sellschaft auf Gegenseitigkeit von New- Foncière Transports (la), 256-257-292-293-
York, 542. 294-295-618-634-635.
Doierster à Lemberg, 499. Fondiaria (la), 89-497-519-546-547.
Domaine (le), 371-710. Fourmi (la), 340.
Dominion Life, 520. Fourmilière (la), 340-341.
Dominion Safety Fund, 520. Française (la), 618.
Ducroire (le), 237-238. France (la), 81-194-201-204-320-371-464-
495-507-540. *
France Industrielle (la), 618.
E France prévoyante (la), 323-324.
Franco-Hongroise (la), 375-499.
Frankenvereine, 343.
Économie (!') de Limoges, 464-711. Frankfurter Lebens-Versicherungs-Ge-
Economie ([') nationale, 464. sellschaft, 542.
Emilia (I') Bologne, 497. Fraternelle (la), 114-361.
Employers (les) (Tontine), 504. Fraternelle parisienne (la), 201-316-317-350-
Emoloyers linbilityand worksnen, 615. 464-711.
Employers liability Insurance corporation, Fraternité (la), 464.
615. Friedrich Wilhelm, Preussische Lebens-
Épargne (P), 319-320. und Garantie-Versichrungs-Actien-Ge-
Équinoxe (1'), 56. sellschaft 542.
Equitable (Y) (anglaise), 72-375-503-533. Friedsdly Society, 156-296-326-343-348-
Équitable (I') des Etats-Unis, 511-512- 346.
513. Friendly Society Fire office, 32.
Équitable
, (1') (Française), 464.
Équitable, Lebens-Versicherungs-Gesell-
schaft der Vereinigten Staaten, 542. G
Erfurter Vieh-Vers-Verein, 713.
Erste Bôhmische Brandschaden Prague,
499. Garantie (la), 371-685-710.
Erste Ungarische Budapest, 499. Garantie agricole (la), 371-684-685-710.
Escaut (!') 67-496. Garantie civile immobilière (la), 243.
Espérance (!'), 496. Garantie fédérale (la), 67-219-371-697-698-
Étable (I'), 697-698. 705-710.
Étable (P) Charentaise, 695. Garantie Générale (la), 237-254-255-464-
Éternelle (!'), 201-618-684. 473-507-618.
Étoile (P), 684-711. Garantie mutuelle (la), Chartres, 697.
Étoile de la mer (1'), 250-251-252-253. Gegenseitige Lebens - lnvaliditâts -und
Europe (1'), 464. Unfall-Versicherungs-Gesellschaft-Pro-
Européenne (!'), 519. me'theus, 542.
SECOND INDEX DES NOMS CITÉS 763

Générale coopérative (la), 509. Institut de sauvetage deMarseille,249-257*


Générale grêle (la), (Voir Compagnie 258.
d'assurances générales). Institute of actuaries, 78-86-89-92-327.
Genevoise (la), 519. Italia, 497.
Germania, Lebens-Versicherung-Actien-
Gessellschaft, 542.
Germania Lebens-Versicherung-Gesells- J
chaft in New-York, 542.
Gironde (la), 371-697-710. Jakor (la), 497-523.
Gisela Verein, 521. Janus (la), 521-542.
Glaneuse agricole (la), 697-698. Janus, Lebens und Pensions-Versiche-
Globe (le), 286-465. rungs-Gesellschaft, 542.
Gotha, 506. Janus, Wechselseitige Lebens-Versiche-
Grande Compagnie (la), 465. rungs-Anstalt, 542.
Grazer Brandschaden, Gratz, 499. Japon (le), 547.
Great West, 520.
Green Tree, 223.
Greetliverein, 178. K
Grêle (la), 371-684-710.
Gresham (le), 201-511-634-543. Kaiser "Wilhems spende, 507.
Guardian (The), 375. Kiosa», 89.
Koelnische de Cologne, 264.
K. K. priv. Assicurazioni Generali, 542.
Komos, Lebens-Versicherungs-Bank, 542.
H Krakauer Versich gesellschaft, 499-521.

Hallè'scher Vers-Verein, 713. L


Hand in Hand, 223.
Hannoversche Lebens - Versicherungs - Labour Département, 324.
Anstalt, 542. Lanc&shire, 375.
Heimstatten Gesellschaft, 575. Landwirthchaftliche, à Prague, 499.
Helvetia.Saint-Gall, 200-498. Lebens-Versicherungs-Anstalt fur die Ar-
Hollandsche sooiéteit van Levons verzeke-
ringen, 529-530-531-532. mée und Marine, 542.
Lebens Versicherungs bank, 89.
Lebensversicherungsbanck fur Deuisch-
land, 542.
Lebens Versicherungs und Ersparniss-
I Bank, 542.
Lebens -Versicherungs-Gesellschaft-Atro-
pos, 542.
Iduna, Lebens-, Pensions und Leibrenten- Lebens - Versicherungs - Gesellschaft zu
Versicherungs-Gesellschaft, 542. Leipzig, 542.
Impérial union accident, 615. Leipziger Kranken, Invaliden und Lebens-
Indemnité (P), 685. Versicherungs-Gesellschaft, Gegensei-
Industrials Compagnies, 173-296-343-344- tigkeit, 542.
346. Ligue d'assurance contre l'affichage (la),
Industrinl Kilok 508. 364.
Industrie française (1'), 201-268-276-277-618- Ligue de la Prévoyance et de la Mutua-
Industrielle (P), 465-618. lité (la), 80-111-210.
Industrie nationale, (P) 618. Lilloise (la), 361.
Industriels réunis (les), 496. Linzer Brandschaden, 499.
Initiative Gènes, 519. Liverpool London and Globe, 375.
Institut des Actuaires français, 79-211-410. Liverpool Victoria and Légal Society, 345.
Institut des Assurances (Nouvelle-Galles), Livornese (la), 497.
613. Lloyd belge (le), 67-375-496.
Institut commercial de Paris, 199-211. Lloyd français (le), 56.
Wl SECOND INDEX DES NOMS CITES

Lloyd (Londres), 588. 1Mutuelle de Cracovio, 521.


London lii'e, 520. Mutuelle
I des entrepreneurs de maçonnerie,
London and Brigton C°, 325. 019.
London Edimburg andGlascow C°," 314. 1 Mutuelle d'Eure-et-Loir, 66-711.
London Guarantee and accidents, 61 1-228. 1 Mutuelle des fabricants de sucre, 470.
London and Manchester C° 3 13. Mutuelle de Foglizzose, 497.
London and North Western railway C",325. Mutuelle de France, 465.
Lutèce (la), 242-213. Mutuelle générale, 619-084-710.
Mutuelle du Haut-Rhin, 711.
Mutuelle immobilière, 362 (voir Seine,
M Seine-et-Otse).
Mutuelle immobilière de Lyon, 361.
\
Magdeburger Lebens-Vorsicherungs-Ge- Mutuelle immobilière du Mans, 464.
sellschaft, 512. Mutuelle de l'Indre, 711.
Mâhr. Schles. Brandschaden. 499. Mutuelle d'Indre-et-Loire, 464-711.

Main dans la main (la), 223. Mutuelle de Loir-et-Cher, 464.
Maternelle (la), 349. Mutuelle de Lyon, 464.
MecklemburgischeLebens-Versicherungs- Mutuelle de Maine-et-Loire, 697.
Mutuelle du Mans, 711.
und Sparbank, 542. Mutuelle de la Marne, 711.
Mélusine (la), 56. Mutuelle de Marseille, 711.
Mélusine réassurances (la), 56.
Mer (la), 56. Mutuelle militaire, 354-357-632.
Mercantile (la), 498. Mutuelle mobilière du Mans, 464.
Métropole (la), 191-201-204-280-297-336- Mutuelle nationale, 127.
350-371-398-404-495-507. Mutuelle de l'Ouest, 464.
Meunerie française (la), 165-472. Mutuelle de Poitiers, 464.
Meuse (la), 496. Mutuelle de Roubaix-Tourcoing. 465.
Midi (le), 465-685. Mutuelle do Seine-et-Marne, 66-684-711.
.
Milanaise (la), 519. Mutuelle de Seine-et-Oise (Grêle), 371-684-
710.
Minerve (la), 371-710. Mutuelle do Tigliote, 497.
Monde (le), 81-194-201-201-258-286-320-371- Mutuelle de Valence, 201-464-711.
399-464-495-507-561-618. Mutuelle-vie, 507.
Moscou (Compagnie), 497.
Mulhousienne (la), 470-571.
Munich (la), 375. N
Musée social (le), 603-604.
Mutua Parmense (la), 497.
Mutual Life, 89-511-513. Nadeshda (la), 497.
Mutual Reserve Fund, 513. Nantaise (la), 56-711.
Mutualité générale (la), 371-697. Nation (la), 464.
Mutuelle agricole du Nord, 697. National insurance and guarantee Corpo-
Mutuelle de l'Allier, 16 I. ration, 234.
Mutuelle du Bas-Rhin,711. National providenl Loague, 326.
Mutuelle de Blois, 711. National Vieh-Vers.-Ges. Cassol, 713.
Mutuelle du Bois, 470. Nationale (la), 194-201-361-371-464-405-
Mutuelle coopérative de Agezlio, 497. 507-510-525-559-561-565.
Mutuelle coopérative Borgod-Ale, 497. Nationale d'Athènes (la), 523.
Mutuelle coopérative de Burolo, 497. Nationale belge (la), 496.
Mutuellecoopérative de Cavaliermaggiore, Navy aid mutual association, 545.
,
.:.
497- Noderlansche, 662.
Mutuelle coopérative de Montgrando(S-L), Néerlandia (la), 496.
,
497. Néréide (la), 56.
Mutuelle coopérative de Montgrando (G),i, New-York (la), 511-512-513.
497. New-York Lebens-Versicherungs-Gesell-
Mutuelle coopérative do Pragelato, 497. schaft, 542.
Mutuelle coopérative de Quasselo, 497. Nord (le), 371-464-495-507.
Mutuelle coopérative de Valsanglia, 497. Nord (Russe) (le), 497.
^SECOND
INDEX DES NOMS CITÉS 765

Norddeutsche Vieh-Vers.-Ges. Schwerin, Phénix de Londres (le), 478-479.


]
712. Philanthropie Society of Coopers, 325.
]
Nordjernan, 589. Piemontese de Turin, 497.
Nordstern, Lebens-Versicherungs-Actien- Pierre du Foyer (la), 573-574.
Gesellschaft zu Berlin, 542. Pilote (le), 56.
Normandie (la), 464-711. Poor Law's association, 326.
North-American, 520. Popularo (la), 348-519.
Northern, 375. Position Company, 285.
Northern accident, 615. Post Office, 326-316.
Norwich, 375. Pragerstadtische Brandschaden, 499.
Norwich and London, 614. Praha Compagnie, 521.
Nûrnberger Lebens versicherungs-Bank, Première assurance autrichienne pour le
542. service militaire, 358.
Première Hongroise, 521.
Préservatrice (la) (accidents), 60-204-413-
414-618-637.
0 Préservatrice (la) (incendie), 465.
Preussischer Beainten-Verein, 542.
Océan (P), 56. Preussische Lebens-Versicherungs-Ac-
OEdiles incendiorum, 421. tien-Geselschaft, 542.
OErster Phénix, 499. Prévision (la), 360.
Office Impérial des assurances, 178-181- Prévision (la) Espagne, 523.
595.
Prévoyance (la), 50-194-201-201-371-618-
Office du travail, 90-103-176-177-285-296- 637.
297-300-301-321-326-329-399-647-650-652. Prévoyance judiciaire (la), 240-241.
Ontario Mutual, 520. Prévoyance nationale (la), 465.
Orage (1'), 371-710. Prévoyante do Bordeaux (In), 618.
Ordre (P), 354-357. Prévoyante de Nemours (la), 097.
Orlôanaise (P), 711. Prévoyants de l'Avenir (les), 323-324.
Ouest (P), 336-507. Priognitzer Gesellschaft, 713.
Progrès (le), 298.
Progrès national (lo), 336-465-507.
Prometheus, 616.
P Propriétaires réunis (les), 67-89-476-496.
Prospérité (la), 465-618.
Protection (la), 618.
Paix (la), 403. Protection agricole (la), 371-710.
Palatine (la), 375. Protoction agricole Lyon (la), 097.
Palladium (le), |116-118-119-120-121-354-356- Protection générale (la), 240.
357. Protectrice (la), 371-018-710.
Pannonia Budapest, 499. Providence(la), 80-82-191-201 -201-320-323-
Papiérindustrio-Vienne, 499. 334-336-350-354-371-385-461-495-507-611-
Parisienne (la), 56-619. 618-637.
Paroisse (la), 228. Provident Bounty association, 353.
Paternelle (la), 194-201-204-320-371-461- Provident clerk, 615.
495-561. Providontia, Frankfurter Versicherungs-
Patrimoine (le), 194-204-371-507-618-637. Gosellschaft, 542.
Patrimonium, 662. Provinciale (la), 405.
Patriotic, 375. Provinciale de Bologne (la), 497.
Patronat de Milan, 604. Prudence (la), 465.
Pearl Compagnie, 314. Prudential, 330-343-3 15.
Perleberger Vieh-Vers.-Ges., 712.
Pfâlzischer Vieh-Vers.-Verein-Speyer, »
712.
Phénix (le), 43-66-81-82-201-320-360-361- 0
371-382-464-495-507-510-511-525-534-541-
561. j
Phénix autrichien (le), 375-499-521. Quèboc (la), 498.
766 SECOND INDEX DES NOMS CITÉS

Sôcuritas (la) Vienne, 499.


R Sécurité (la), 56.
Sécurité (la), (de l'Aisne), 697.
Railway Passengers insurance (C. J.), 268- Sécurité commerciale (la), 237.
269-615-614. Securities Insurance Company, 234.
Récolte (la), 371-710. Seine (la), 613-616-617-631 (voir Urbaine
Refuge Compagnie, 344. et Seine).
Régionale du Nord (la), 684. Seine-Seine-et-Oise (la) (l'A. M. F.), 66-362.
Renaissance (la), 465. Sentinelle-Bourse industrielle (la), 360.
Renten und Lebens - Versicherungs - Settinese, 497.
Anstalt, 542. Shipping fédération, 265-266.
Réparation (la), 435-465. Slavia à Prague (la), 499-521.
Réparatrice (la), 201-619. Société des Agriculteurs de France, 139-
Réparatrice de l'invasion, 361. 152-261-708-709-710.
République (la), 465. Société d'agriculture, Haute-Vienne, 710.
Réserve (la), 507. Société anonyme de réassurance, 375.
. Société d'assurances contre les accidents,
Réserve mutuelle des États-Unis (la), 512-
513. (de Chemmitz), 616.
Réunion (la) (maritime), 55. Société d'Assurances générales, 39 (voir
Réunion (la) (incendie), 465. Chambres d'assurances générales).
Rheinsche Vieh-Vers-Ges-Côln, 712. Société d'Assurances mutuelles entre les
Rhenania, 616. gardes nationaux de la Seine, 355-360.
Riunione Adriatica Trieste,89-499-519-521. Société d'Assurances mutuelle immobi-
Roonisch Katholicke Volksband, 662. lière de la ville de Paris (M.A.C.L.), 65-
Rossia, 522. 66-460-461-462.
Rossija, 497. Société d'Assurances réciproques, 674-675-
Rouennaise (la), 464. 676-684-696.
Royal (the), 375-480-481. Société commerciale de Caen, 187.
Royal Liver Society, 345. Société centrale des naufragés, 611.
Royal London Society, 345. Société centrale de sauvetage,250-252-254.
Royale Belge (la), 88-93-328-519-616-621. Société coopérative anonyme deMilan,497.
Royale Italienne (la), 519, Société des cultivateurs de Coulommiers,
Ruche (la), 465. 695-697-698-710.
Rucher (le), 465. Société de dotation de la Jeunesse, 352.
Russe première, 497. Société d'Économie politique, 131-143.
Russe seconde, 497. Société d'Economie sociale, 636-639.
Russe troisième, 497. Société Emmental Biglens, 498.
Société française des habitations à bon
marché, 571.
S Société française d'hygiène, 611.
Société française de sauvetage, 250.
Société générale des assurances agricoles
Sâchsische Vieh Versich Bank Dresden, et industrielles, 619-685.

712. Société générale d'assurances allemandes
Salamandre (la), 497. (Stuttgard), 016.
Salzburger Brandschaden, 499. Société générale pour favoriser l'industrie
Sauvegarde (la), 465. nationale en Belgique, 507.
Sauvegarde des Travailleurs (la), 618. Société générale italienne (Padoue), 497.
Sauveteurs belges (les), 659. Société générale maritime de Nantes, 249.
Schlesische Lebens-Versicherungs-Actieni Société générale néerlandaise, 68-73-74-
Gesellschaft, 542. 88-511-517-534-555.
Schweizerische Renten Anstalt, 542. Société des Hospitaliers Sauveteurs bre-
Scotish (accidents), 615. tons, 250.
Scottish Légal Life Assurance Society, Société industrielle d'Amiens, 141.
,
345-346. Société industrielle et commerciale, 187.
Secours (le), 194-257-371-618-637. Société industrielle de Rouen (voir Asso-
Sécuritas (la) d'Anvers, 65-67-496. ciation normande de prévention).
SECOND INDEX DES NOMS CITÉS 767

Société lyonnaise d'assurances mutuelles, i Tiroler Branschaden, 499.


T
361. 1Tontines, 504.
Société des merciers, 503. 1Toulousaine (la) grêle, 370-684-710.
Société nationale de sauvetage, 437. Trades unions, 284-296-297-324-346.
rJ
Société royale et centrale dos Sauveteurs Transatlantique
1 (la), 375.
de Belgique, 267-611. 1Transsvlvania à Hermanstadt, 499-521.
Société royale Mutuelle-Turin, 497. Travail'
1 (le), 321.
Société la St-Florian à Eger, 499. Travailleurs
1 unis (les), 284.
Société Saint-John's ambulance associa- Travalers insurance Company, 222.
"1

tion, 609. Travellers, 268-272-574-615.


rr

Société Samaritaine allemande, 610. Trésor du sommeil (le), 316-367.


Société des Sauveteurs de la Seine, 250. Trierischer Vieh-Vers-Verland, 712.
Société des Sauveteurs volontaires de Trieste et Venise, 375.
Vienne, 609, Triton
' (le), 56.
Société de secours aux familles des marins Triumviri nocturni, 425.
français naufragés, 249-402.
Société de secours mutuels des agents
d'assurance de Paris, 321. u
Société de secours mutuels de Honfleur,
262. Uelzener Vieh-Vers-Bank, 712.
Société de secours mutuels de Notre-Dame- Unfall-und Lebens-Versicherung, 542.
de Bon-Secours, 249-262. Unio Catholica-Vienne, 499.
Société suisse d'assurance (vie), 519. Union (P), 81-82-194-201-203-314-315-301-
Société suisse d'assurances contre les ac- 371-411-464-495-507-510-525-559.
cidents, 257-616-021. Union Assurance Society, 542.
Société suisse d'assurances générales Union autrichienne-hongroise, 542.
(vie), 346-317-519. Union Beauceronne (P), 697-710.
Société de Toulouse, 676-084. Union belge (P), 67-496.
Soleil (le) 43-80-81-82-201-203-320-371- Union Centrale-Bordeaux (P), 697-698.
393-464-495-507. Union du commerce (P), 237.
Soleil (le) (grôle), 685. Union des femmes de France (P), 609.
Soleil Sécurité Générale (le), 60-194-201- Union industrielle du Nord (P), 637.
252-268-275-276-371-618-632-637. Union de Londres (P), 49-50-51-375-511-544.
Sou quotidien (le), 323-324. Union nationale (P), 465-685.
South African mutual Lifo, 89. Union et Phénix espagnol (P), 194-286-291-
South-British,375. 464-511-523.
South Wale aud Lancashire co al owners Union des Propriétaires belges (P), 496.
Society, 325. Union syndicale des Compagnies d'assu-
Sphère (la), 56. rances à primes (P), 193-194-197-198-620-
Sucreries réunies (les), 496. 621-685.
Suisse (la), 498-519. Union syndicale mutualiste des marins du
Sun Life assurance Society, 65-520. commerce du Havre (P), 249.
Sûreté ot repos, 38. United, 375.
StuttgarderPferde-Ver-Ges-Schwerin, 712. United Kingtom Society of Coachmakers,
Syndicats généraux d'assurances, 189-371- 325.
508-621-710, United States Mutual (accidents), 615.
Univers (P), 465.
Universal (P), 344.
T Universelle (P), 465.
Urania, Actien-Gesellschaft fur Kranken,
Tempérance and général, 520. Urbaine Belge (P), 318-319-473-496.
Tempête (la), 366. Urbaine-incendie (P), 204-314-320-371-393-
Temps (le), 81-507. 464-495.
Terre promise (la), 244. Urbaine et la Seine (P), 201-204-287-289-
Teutonia association, 235. 290-298-314-371-616-618-637.
Themis (la), 201-618-634-650. Urbaine-vie (P), 82,-194-201-204-287-289-
Thuringia (la), 615. 290-314-507-511-534-561-589.
768 SECOND INDEX pES NOMS CITÉS

Volga (le), 497.


V Volpianese, 497.

Varsovie C'% 497. W


Vaterlândische Lebens - Versicherungs -
Actien-Gesellschaft zu Elberfeld, 542.
Vaterlândische Vieh-Vers. Ges. Dresden, Wechsels de Gratz, 499.
712. Wechsels de Krakau, 499.
Verband der Zuckerfabriken, 499. Wesleyan and General t'.°, 344.
Versicherungs - Gesellschaft Thuringia, Whittington(la),346.
542. Wiener Branschaden, 499.
Vesta, Lebens-Versicherungs-Bank auf Wilhelma iu Magdeburg, AUgemeine
Gegenseitigkeit, 512. Versicherungs-Actien-Gesellschaft, 542.
Victoria zu Berlin, AUgemeine Versi-
cherungs-Actien-Gesellschaft, 542.
Vie (la), 246. Y
Vieh-VersicherBank f. D. von 1861 Berlin,
713.
Vieh-Vers. Ges. G. Schwerin, M. 712. Yorkshire Provident C°, 344-345.
Vieh Vers. Ges. Veritas Berlin, 713.
Vieh v. Verein des Rhein. Maingau's
Wiesbaden, 712. z
Viennoise (la) (Wiener), 499-521.
Vigile (la), 56.
Ville de Lyon (la), 465. Zabolivost, 523.
Vinicole Lyonnaise (la), 684. Zeitzer-Vieh. Vers. Verein, 713.
Vittoria-Perouso, 497. Zurich (la), 257-358-616-621.

Pans. — Imp. PAUL DUPONT, i, rue lin Bouloi. — 1475.11 .UU.


SOMMAIRE
FASCICULE N° 1 Institutions du troisième Empire, les Caisses
Hors texte.— Gravures : Allégorie de nationales. — Marche de l'assurance à
]

Henri Pille. Arbre généalogique indiquant l'étranger. —Fac-similé du titre de rente


le développement de l'assurance par l'ini- viagère d'Enchuysén de 1657 et de celui des
tiative privée, de l'origine jusqu'à nos jours.. Etats généraux de Hollande et de la Frise
Texte. — Note de l'auteur. occidentale de 1665, traduction de ces docu.
I. — Physiologie de VAssurance au point ments. r
5° PÉRIODE ou PÉRIODE SOCIALE: L'actua-
de vue social, politique, familial, industriel. riat. — Les précurseurs des actuaires.
— Ce qu'est l'assurance. — Opinions sur Biographies de Johan de Witt et deChris- —
l'assurance. tiaan Huygens.— Histoire de l'actuariat à
II. — Origines de VAssurance. — lro PÉ- l'étranger, l'actuariat en France, création
RIODE : Sa source remonte aux oeuvres de l'Institut des actuaires, ce qu'est l'ac-
d'assistance de l'antiquité. — Prêt à la tuaire moderne.
grosse. — Mutualité de la hanse. — Pro-
hibition du prêt à la grosse.
2° PÉRIODE : Epoque des Ordonnances.— FASCICULE N° 3
Le contrat d'assurance.—Nouvelles ordon- Paraîtra fm octobre et il comprendra
nances, lois, recès, édits.— La vieille police 5° PÉRIODE ou PÉRIODE SOCIALE (suite\ :
:

d'assurance de 1583. ""


L'actuariat [suite). Ce qu'est l'actuariat
38 PÉRIODE : Ordonnance Colbert, nais- moderne, tendance des actuaires, nou-
sance du droit maritime. — L'assurance velles créations d'Instituts, premier congrès
maritime. — Fortune de mer.— Assurance d'actuaires. — La ligue de la Prévoyance
terrestre. — Le comte d'Oldenbourg, et de la Mutualité, suïi organisation. — Le
anti-étatiste. — Progrès de l'assurance Gouvernement et l'assurance, la surveil-
terrestre à l'étranger. — Développement lance, la commission parlementaire d'as-
de l'assurance terrestre en France.—Règle- surance sociale, la direction des assurances
ment d'une Compagnie Générale pour les au Ministère du commerce. — L'Office du
assurances et grosses aventures de France travail, son histoire en France et à l'étran-
en la Ville de Paris (1686). — Les deux ger, son fonctionnement. L'assurance par
premières Compagnies françaises. — Le l'Etat, historique, opinions diverses. —
système Law. L'enseignement de l'assurance en France
et à l'étranger. — Histoire de l'assurance
FASCICULE N° 2 aux Etats-Unis.
FONCTIONNEMENT DE L'ASSURANCE TERRUS-
IL — 3e PÉRIODE (suite) : Le système de TRE. — Les divers risques couverts par
Law. — Marche de l'assurance sous la l'assurance.— Fac-similé de polices. — Mo-
Révolution. —Fac-similé d'une police de danité, mutualité, prime fixe. —Codification
la Compagnie Royale d'Assurances Géné- de l'assurance terrestre.—Les Compagnies
rales. à l'égard de l'impôt. — L'assurance sous le
4° PÉRIODE : L'assurance sous le premier patronage delà loi de 1884 sur les syndicats
Empire. — Acte de constitution de l'Union professionnels. — L'Union syndicale des
de Londres. — Le Code de Commerce. — Compagnies à primes. — L'actionnaire et
L'assurance maritime, Compagnies d'assu- l'assuré, leur rôle respectif, l'action d'assu-
rances, situation industrielle et financière, rance. Les administrateurs et directeurs île
Comité des assureurs maritimes, courtiers, Compagnies. — Les agents, les courtiers,
bureaux et registres, polices d'assurancesi les employés d'assurance ; institutions
maritimes — De 1808 à 1816, les Mutuelles. patronales et caisses de retraites professiori-
— Fac-similé d'une police d'assurance sur lai nelles créées en faveur des employés d'as-
vie en 1812. — L'assurance en 1819 ; créa- surances. — Les vulgarisateurs de l'assu-
tion des Compagnies à primes fixes. —-r rance : auteurs, écrivains, journalistes.
LE FASCICULE N° 4 paraîtra fin Décembre
KASCICULK N° 3. — l'mx : 2 FR.WCS.
FASCICULE N" 1 FASCICULE N" 3
Hors texte. — Gravures : Allégorie de fi" PÉRIODE OU PÉRIODE SOCIALE (sili/.c
Henri Pille. Arbre généalogique indiquant IL'actuariat (suite). Ce qu'est l'acluan
,t
;

le développement de l'assurance par Pi ni— moderne,


i tendance des actuaires, IKM_
tiative privée, de l'origine jusqu'à nos jours. vellescréationsd'Instituts,
^ premierCon^i i.s
Texte. — Note de l'auteur. d'actuaires.—
* Historique; Jacques (jiu! .
let, sa vie et ses oeuvres de statistique ..[
I. — / 'hysiologie de l'Assurance au point de mathématiques. — Composition n.
(
de vue social, politique, familial, industriel. (Congrès et discours d'ouverture. — Dia-
— Ce qu'est l'assurance. — Opinions sur gramme des questions. — Compte rendu
l'assurance. J
,
des travaux du Congrès. — Les aotuai r*
II. —Origine» de VAssurance.— lro Pi':- ài Anvers, l'assurance à travers les à'ls
RIODI; : Sa source remonte aux oeuvres <
dans la cité d'Anvers. — Ordonnance .j,.
d'assistance de l'antiquité. — Prêt à la Philippe II pour la ville d'Anvers réu!.-
grosse. — Mutualité de la hanse. — Pro- inentant l'assurance maritime et transpoi is,
hibition du prêt à la grosse. et prohibant l'assurance sur la vie. — !l!(
2" PÉRIODE: Epoque des Ordonnances.— liiruc de la Prévoyance et delà Miituahié,,
Le contrat d'assurance.— Nouvelles ordon- son organisation. — Le Gouvernement et
nances, lois, recès, édits.— La vieille police les idées de 1840, 1850 et 1855 sur l,-s
d'assurance de 1583. assurances, luttes mémorables; Giravlin
3° PÉRIODE : Ordonnance Colbert, nais-
et l'Etat-Providence. — L'assurance pir
l'Etat repoussée. — Polémique de Dre -;f.
sance du droit maritime. — L'assurance — M. Dubroca, directeur du l'alladium et
maritime. — Fortune de mer.— Assurance le Prince-Président. Ses projets.
terrestre. — Le comte d'Oldenbourg,
anti-étatiste. — Progrès de l'assurance FASCICULE N" 4
terrestre ;ï l'étranger. — Développement
de l'assurance terrestre en France.— Règle- Paraîtra /In novembre et il comprend< i -,

ment d'une Compagnie Générale pour les Sur l'assurance par l'Ltul (suite <.

assurances et grosses aventures de France En 1895, reprise de la lutte. M. de Coin \,


en la Ville de Paris (1086). — Les deux ses idées sur l'assurance par l'Etal. — C '

premières Compagnies françaises. — Le conférence île M. Thomereau. — M. l'uil


système Law. Gauvin. — MM. Léon Say, Mairnin, M/r,
Paul Desohancl, Ridant, Lavolle, Ain ml
FASCICULE N» 2 Cyprès . Sociétés savantes et Coniriv
II. — 3° PÉRIODE uniVl : Le système de de Des faits : assurance repousséo. —l'.-'ni.>n .

Law. — .Marche de l'assurance sous la Claris, Liège, Angleterre. — liénu u<s


Révolution. — Fac-similé d'une police de prochaines des lois allemandes sur l'a-^u-
la Compagnie llogale d'Assurances (icné- rance. — Protestations Chambres contre l'assiu-leyr
raies. par l'Htat ; agents. — dc>>;u-
merec. — Défense des C<>nij>agni<--.
4° PÉRIODE : L'assurance sous le premier L'assurance sous le patronage de l"i
Empire. — Acte de constitution de ['Union de 1884 sur les syndicats profession'-U. '

de Londres — Le Code île Commerce. — L'Union syndicale des Conqiaun - i



L'assurancemarilime, Compagnies d'assu- primes.— Créations d'Etat, la connu: --i"ii
rances, situation industrielle et financière, parlementaire d'assurance sociale, la ''-
Comité desassureurs maritimes, courtiers, tion des assurances au Ministère (\n »l_
bureaux et registres, polices d'assurances morce. L'O/'/icc du Traçait, son liM"iiv

maritimes— De 1808 à 1816, les Mutuelles. en Fiance et à l'étranger, s<>ri l'oint: ;>"'
— Fac-similéd'une police d'assurance sur la ment. L'enseignement de l'assuran. ''i
vie en 1812. —• L'assurance en 18II) ; créa- France et à l'étranger. Ilislni. 4i
tion des Compagnies à primes fixes. — l'assurance aux Etats-Unis. —
Institutionsdu troisième Empire, les Caisses FONCTIONNEMENT DE L'ASSURANCE I<-
nationales. — Marche de l'assurance ù TUE. — Les divers risques couvert-- r'
'

l'étranger. —Fac-similé du titre de rente l'assurance.— Fac-similé de polices. ^'


viagère d'Encbuyson de l(>57ct de celui des danité, mutualité, prime lixe. Codil'n '•''" •

Etais «rénéraux do Hollande et de la Frise de l'assurance terrestre.— Les — Compas


u
occidentale de 10(15, traduction de ces docu- à l'égard de l'impôt. L'actionnan '
ments. — •
l'assuré, leur rôle respectif, l'action d >'
5° PÉRIODE ou PÉRIODE SOCIALE: L'actua- rance. Les administrateurs et directe '

riat. — Les précurseurs des actuaires. — Compagnies. — Les agents, les court ni •
Biographies de Johan de Witt et deChris- employés d'assurances ; institutions ] >'

tiaan lluygens.— Histoire de l'actuariat à naleset caisses de retraites profession: .

l'étranger, l'actuariat en France, création créées en faveur des employés d •

de l'Institut des actuaires, ce qu'est l'ac- rances. — Les vulgarisateurs de I

tuaire moderne. rance : auteurs, écrivains, journalist'


LE FASCICULE N° 5 paraîtra fin Décembre
SOMMAIRE
FASCICULE N» 1 5* PÉRIODE ou PÉRIODE SOCIALE : L'actua-
Hors texte. — Gravures : Allégorie de riat. ! — Les précur-eurs des actuaires. —
Henri Pille. Arbre généalogique indiquant Biographies
' de Johan de Witt et deChris-
le développement de l'assurance par fini- tiaan j Huygens.— Histoire de l'actuariat à
tiative privée, de l'originejusqu'à nos jours. l'étranger,
' l'actuariat en France, création
Texte. — Note de l'auteur. de l'Institut des actuaires, ce qu'est l'ac-
J
tuaire moderne.
I. — Physiologie de l'Assurance au point
de vue social, politique, familial, industriel.
— Ce qu'est l'assurance. -— Opinions sur FASCICULE N» 3
l'assurance.
5e PÉRIODE ou PÉRIODE SOCIALE (suite) :
IL — Origines de l'Assurance. — lro PÉ- L'actuariat (suite). Ce qu'est l'actuariat
RIODE : Sa source remonte aux oeuvres tendance des actuaires, nou-
d'assistance de l'antiquité. — Prêt à la moderne, velles créationsd'Instituts, premier Congrès
f rosse. — Mutualité de la
ibition du prêt à la grosse.
hanse. — Pro- d'actuaires.— Historique : Jacques Quete-
Époque let, sa vie et ses oeuvres de statistique et
2" PÉRIODE : des Ordonnances.— de mathématiques. Composiiion du
Le contrat d'assurance.—Nouvellesordon- Congrès et discours d'ouverture. — Pro-

nances, lois, recès, édits. — La vieille police franime des questions. — Compte rendu
d'assurance de 1583. es travaux du Congrès. — Les actuaires
3* PÉRIODE : Ordonnance Colbert, nais- I à Anvers, l'assurance à travers les âges
sance, du droit maritime. — L'assurance dans la cité d'Anvers. — Ordonnance de
maritime. — Fortune de mer.— Assurance Philippe II pour la ville d'Anvers régle-
terrestre. — Le comte d'Oldenbourg mentant l'assurance maritime et transports,
anti-étatiste. — Progrès de l'assurance et prohibant l'assurance sur la vie. — La
terrestre à l'étranger. — Développement ligue de la Prévoyance et delà Mutualité,
de l'assurance terrestre en France.—Règle- son organisation.— Le Gouvernement et
ment d'une Compagnie Générale pour les les idées de 1840, 1850 et 1855 sur les
assurances et grosses aventures de France assurances, luttes mémorables ; Girardin
en la Ville de Paris (1686). — Les deux et l'Etat-Providence. — L'assurance par
premières Compagnies françaises. — Le l'Etat repoussée. — Polémique de Presse.
système Law. — M. Dubroca, directeur du Palladium et
le Prince-Président. Ses projets.
FASCICULE N° 2
II. — 3» PÉRIODE (suite) : Le système de FASCICULE N» 4
Law. — Marche de l'assurance sous la
Révolution. — Fac-similé d'une police de 5e PÉRIODE ou PÉRIODE SOCIAI E (suite) :
la Compagnie Royale d'Assurances Géné- Sur l'assurance par l'Etat (suite). —
rales. M. Dubroca et le Prince-Président, ses
4* PÉRIODE : L'assurance sous le premier projets (suite). L'Etat-Providence et les

Empire. — Acte de constitution de l'Union créateurs de Société. —Les Conseils géné-
de Londres. — Le Code de Commerce.— raux et leurs voeux de 1847 à 185"5. —
L'assurance maritime, Compagnies d'assu- L'Empire français et les assurances. —
rances, situation industrielle et financière, Extension de l'assurance aux colonies. —
Comité desassureurs maritimes, courtiers, En 1895, reprise de la lutte. M. de Courcy,
bureaux et registres, polices d'assurances ses idées sur l'assurance par l'Etat. — Une
maritimes.—De 1808 à 1816, les Mutuelles. conférence de M. Thomereau. — M. Paul
—Fac-similéd'une police d'assurance sur la Gauvin. — MM. Léon Say, Magnin, Maze,
i
vie en 1812. — L'assurance en 1819 ; créa- Paul Deschanel, Rigaut, Lavollé, Armand
tion des Compagnies à primes fixes. — Cyprès ; Sociétés savantes et Congrès. —
Institutions du troisième Empire, les Caissesj MM. Léon Bourgeois, Lefort, Naquet,
nationales. — Marché de l'assurance ài Leroy-Beaulieu, Raffalovich, Journal des
l'étranger. — Fac-similé du titre de rentej Débats. Encore des opinions contre l'assu-
viagère d'Enchuysén de 1657 et de celui desj rance par l'Etat... MM. Ricard, Claudio
Etats généraux de Hollande et de la Frisei - ;
occidentale de 1665, traduction de ces docu- Voir le Sommaire du Fascicule n" 4 (suite)
ments. et 5 à la page 3 de la couverture.
LE FASCICULE N» 6 paraîtra fin Janvier 1806
Jannet, Ludovic Halévy, Emile Cheysson, merce. — Défense des Compagnies. —
Vicomte d'Avenel, Paul Moulin, Gibon... L'assurance sous le patronage de la loi

Dernières observations critiques surde 1884 sur les syndicats professionnels.
l'État. syndicale des Compagnies à
l'assurance par — L'obligation et— L'Union
les corporations; coupd'oeilsurleurhistoire.primes. — Créations d'Etat, la commission
Opinion de Beccaria. En
_- Conseils généraux. —Des 1895: voeuxparlementaire d'assurancesociale, la direc-
des — tion des assurances au Ministère du com-
faits ! L'as-
surance par 1 Etat ou obligatoire repoussée merce. — L'Office du Travail, son histoire
au Sénat français et à la Société des en France et a l'étranger, son fonctionne-
Agriculteurs de France. — Ebranlement ment. L'enseignement de l'assurance en
do l'édifice allemand. — L'assurance offi- France et à l'étranger. — Histoire de
cielle à Liège. En Angleterre. En Suisse, l'assurance aux Etats-Unis.
sa forme fédérative —Le Canton assureur ; FONCTIONNEMENT DE L'ASSURANCE TERRES-
la police obligatoire du canton de Vaud, TRE. — Les divers risques couverts par
son caractère vexatoire.— Cantons de Fri- l'assurance.—Fac-similé de polices. — Mo-
bourg, Glaris, Genève, Saint-Gall; le socia-dalité, mutualité, prime fixe. —Codification
lisme d'Etat repoussé par le peuple, l'assu-de l'assurance terrestre.— Les Compagnies
rance obligatoire repoussée par le bureau à l'égard de l'impôt. — L'actionnaire et
fédéral des assurances. l'assuré, leur rôle respectif, l'action d'assu-
rance. Les administrateurs et directeurs de
Compagnies.—Les agents, les courtiers, les
FASCICULE N" 5 employés d'assurances ; institutions patro-
V'iraîtra le 25 décembre et il comprendra : nales et caisses de retraites professionnelles
Sur l'Assurance par l'Etat (suite). — Pro- créées en faveur des employés d'assu-
testations contre l'assurance par l'Etat; rances. — Les vulgarisateurs de l'assu-
agents et assureurs. — Chambres de com- rance : auteurs, écrivains, journalistes.
Paris. Imprimerie Paul Dupont, 4, rue du Bonloi.
— — 1SS9.1e.pt
FASCICULE N° 5. — PRIX : 2 FRANCS
Le Fascicule n° 6 paraîtra en Janvier 1896
SOMMAIRE
FASCICULE N° 1 5° PÉRIODE ou PÉRIODE SOCIALE: L'actua-
Hors texte. — Gravures : Allégorie de riat. — Les précurseurs
'Biographies des actuaires. —
Henri Pille. Arbre généalogique indiquant de Johan de Witt et deChris-
le développement de l'assurance par fini- tiaan
! Huygens.— Histoire de l'actuariat à
tiative privée, de l'origine jusqu'à nos jours. l'étranger, l'actuariat en France, création
de l'Institut des actuaires, ce qu'est l'ac-
Texte. — Note de l'auteur. ,tuaire moderne.
I. — Physiologie de l'Assurance au point
de vue social, politique, familial, industriel.
— Ce qu'est l'assurance. — Opinions sur FASCICULE N- 3
l'assurance.
II. — Origines de l'Assurance. — lr° PÉ- 5° PÉRIODE OU PÉRIODE SOCIALU (suite)
RIODE : Sa source remonte aux oeuvres
L'actuariat (suite). Ce qu'est l'actuariat
d'assistance de l'antiquité. — Prêt à la moderne, tendance des actuaires, nou-
grosse. — Mutualité de la hanse. — Pro- velles créations d'Instituts, premier Congrès
hibition du prêt à la grosse. d'actuaires.— Historique : Jacques Quete-
2e PÉRIODE : Époque des Ordonnances.— let, sa vie et ses oeuvres de statistique et
Le contrat d'assurance.—Nouvellesordon- de mathématiques. — Composition du
Congrès et discours d'ouverture. — Pro-
nances, lois, recès, édits.— La vieille police
d'assurance de 1583. gramme des questions. — Compte rendu
3e PÉRIODE : Ordonnance Colbert, nais-
des travaux du Congrès. — Les actuaires
à Anvers, l'assurance à travers les âges
sance du droit maritime. — L'assurance dans la cité d'Anvers. — Ordonnance de
maritime. — Fortune de mer.— Assurance Philippe II pour la ville d'Anvers régie
terrestre. — Le comte d'Oldenbourg mentant l'assurance maritime et transports,
anti-étatiste. — Progrès de l'assurance et prohibant l'assurance sur la vie. — La
terrestre à l'étranger. — Développement ligue de la Prévoyance et delà Mutualité,
de l'assurance terrestre en France.—Règle-
ment d'une Compagnie Générale pour les son organisation. — Le Gouvernement et
les idées de 1840, 1850 et 1855 sur les
assurances et grosses aventures de France assurances, luttes mémorables; Girardin
en la Ville de Paris (1686). — Les deux et l'Etat-Providence. — L'assurance par
premières Compagnies françaises. — Le l'Etat repoussée. — Polémique de Presse.
système Law.
— M. Dubroca, directeur du Palladium et
le Prince-Président. Ses projets.
FASCICULE N° 2
II. — 3° PÉRIODE (suite) : Le système de
Law. — Marche de l'assurance sous la FASCICULE N» 4
Révolution. — Fac-similé d'une police de
la Compagnie Royale d'Assurances Géné- 5e PÉRIODE OU PÉRIODE SOCIALE (suite'
rales. Sur l'assurance par l'Etat (suite). —
4B PÉRIODE : L'assurance sous le premier M. Dubroca et le Prince-Président, ses
Empire. — Acte de constitution de l'Union projets (suite). — L'Etat-Providence et les
de Londres. — Le Code de Commerce. —' créateurs de Société. —Les Conseils géné-
L'assurance maritime, Compagnies d'assu- raux et leurs voeux de 1847 à 1855. —
rances, situation industrielle et financière,
L'Empire français et les assurances. -
Comité des assureurs maritimes, courtiers, Extension de l'assurance aux colonies. —-
bureaux et registres, polices d'assurances;' En 1895, reprise de la lutte. M. de Courcy,
maritimes.—De 1808 à 1816, les Mutuelles. ses idées sur l'assurance par l'Etat. — Une
Fac-similé d'une police d'assurance la' conférence de M. Thomereau. — M. Paul
— sur Gauvin. — MM. Léon Say, Magnin, Maze,
vie en 1812. — L'assurance en 1819 ; créa-
tion des Compagnies à primes fixes. —" Paul Deschanel, Rigaut, Lavolïé, Armam!
Institutionsdu troisième Empire,les Caisses Cyprès ; Sociétés savantes et Congrès. —
.
nationales. — Marche de l'assurance à MM. Léon Bourgeois, Lefort, Naquei.
l'étranger. — Fac-similé du titre de rente Leroy-Beaulieu, Ralïalovich, Journal des
viagère d'Enchuysénde 1657 et de celuides'* Débets. Encore des opinions contre l'assu
Etats généraux de Hollande et de la Frise rance par l'Etat... MM. Ricard, Claudio
occidentale de 1665, traduction de ces docu- Voir le Sommaire des Fascicules n°»4 (suif-i
ments. et 5 à la page 3 de la couverture.
Le Fascicule n° 6 paraîtra en Janvier 1896
Jfinnet, Ludovic Halévy, Emile Cheysson, leurs protestations contre l'Etat assureur.
Vicomte d'Avenel, Paul Moulin, Gibon... — La défense des Compagnies. — L'Union
,- Dernières observations critiques sur syndicale des Compagnies à prime fixe.
l'assurance par l'Etat. — L'obligation et — L'assurance protégée par la loi de 1884
les corporations; coupd'oeilsurleurnistoire. sur les Syndicats professionnels, mémoire
Opinion de Beccaria. — En 1895 : voeux du Syndicat. — Résultats du monopole. —
_~
des Conseils généraux. — Des faits ! L'as- Les Syndicats professionnels, leur forme.
surance par l'Etat ou obligatoire repoussée — Les employés des Compagnies en 1848,
au Sénat français et à la Société des leur pétition. — L'enseignement de l'assu-
A L'riculteurs de France. — Ebranlement rance dans les écoles. — Institut commer-
de l'édifice allemand. — L'assurance offi- cial. — En 1871. — Circulaire de M. Emile
cielle à Liège. En Angleterre. En Suisse, Ferry. — Association philotechnique. —
sa forme fédérative. —Le Canton assureur ; Compagnies donatrices. — Les cours, pro-
la police obligatoire du canton de Vaud, grammes, Ecole libre des sciences politi-
son caractère vexatoire. ques^ acuité de droit, Lycées, en Autriche,
en Italie, en Belgique.

FASCICULE N" 5
Sur l'Assurance par l'Etat (suite). — FASCICULE N° 6
En Suisse (suite). — Cantons de Fribourg, L'enseignementde l'assurance en France
Glaris, Genève, Saint-Gall ; le socia- et à l'étranger (suite).—Les Congrès d'assu-
lisme d'Etat repoussé par le peuple, l'assu- reurs et l'enseignement qu'ils comportent.
rance obligatoire repoussée par le Bureau — Histoire dé l'assurance aux Etats-Unis.
fédéral des assurances. Création d'institu- FONCTIONNEMENT DE L'ASSURANCE TERRES-
tions de prévoyance et d'assurance par le TRE. — Les divers risques couverts par
l uislateur et par l'Etat. — Un article de l'assurance.— Fac-similé de polices. — Mo-
Girardin. — Les Caisses du quai d'Orsay — dalité, mutualité, prime fixe. —Codification
Historique, un article de M. Reboul. Rap- de l'assurance terrestre.— Les Compagnies
port du baron Beauverger, député au Corps à l'égard de l'impôt. — L'actionnaire et
législatif, leur situation. — Les grandes l'assuré, leur rôle respectif, l'action d'assu-
commissions parlementaires du travail et rance. Les administrateurs et directeurs de
des assurances sociales.
•—
La direction Compagnies.—Les agents, les courtiers, les
des assurances sociales au ministère du employés d'assurances ; institutions patro-
commerce. — L'Office du travail, son his- nales et caisses de retraites professionnelles
toire en France et à l'étranger, ses travaux. créées en faveur des employés d'assu-
— Ce qu'il faut penser de ces diverses créa- rances. — Les vulgarisateurs de l'assu-
tions. — Le Bureau fédéral suisse. rance : auteurs, écrivains, journalistes.
L'Office impérial allemand. —
— Les agents
(assurances—LesChambresdecommerce,
Parla. — Imprimerie Paul Dupont, 4, rue du Bou loi. — 1719.12.96
PARIS
SOMMAIRE
FASCICULE N° 1 5° PÉRIODEou PÉRIODE SOCIALE: L'actua
Hors texte. — Gravures : Allégorie de riat. — Les précurseurs des actuaires. -
!

Henri Pille. Arbre généalogique indiquant Biographies de Johan de Witt et deChri


le développement de l'assurance par l'ini- tiaan Huygens.— Histoire de l'actuariat
!

tiative privée, de l'originejusqu'à nos jours. l'étranger, l'actuariat en France, créatio;,


de l'Institut des actuaires, ce qu'est l'ac-
Texte. — Note de l'auteur. tuaire moderne.
I. —- Physiologie de l'Assurance au point
de vue social, politique, familial, industriel.
— Ce qu'est l'assurance. — Opinions sur FASCICULE N° 3
l'assurance. 5° PÉRIODE ou PÉRIODE SOCIALE (suite;
II. — Origines de J'Asstwance. — lro PÉ- L'actuariat (suite). Ce qu'est l'actuariel
RIODE : Sa source remonte aux oeuvres moderne, tendance des actuaires, noi
d'assistance de l'antiquité. — Prêt à la vellescréationsd'Instituts, premierCongr'
grosse. — Mutualité de la hanse. — Pro- d'actuaires.— Historique : Jacques Quet< ;

ibition du prêt à la grosse. let, sa vie et ses oeuvres de statistique et


2" PÉRIODE : Époque des Ordonnances.— de mathématiques. — Composition <iu
Le contrat d'assurance.—Nouvellesordon- Congrès et discours d'ouverture. — Piv
nances, lois, recès, édits.— La vieille police gramme des questions. — Compte rendu
d'assurance de 1583. des travaux du Congrès. — Les actuaires
3e PÉRIODE : Ordonnance Colbert, nais- à Anvers, l'assurance à travers les âge*
sance du droit maritime. — L'assurance dans la cité d'Anvers. — Ordonnance i!
maritime. — Fortune de mer.— Assurance Philippe II pour la ville d'Anvers, régle-
terrestre. — Le comte d'Oldenbourg mentant l'assurance maritime et transport;,
anti-étatiste. — Progrès de l'assurance et prohibant l'assurance sur la vie. — L.i
terrestre à l'étranger. — Développement ligue de la Prévoyance et delà Mutualité,
de l'assurance terrestre en France.—Règle- son organisation. — l.e Gouvernement et
ment d'une Compagnie Générale pour les les idées de 1840, 1850 et 1855 sur 1.-:;
assurances et grosses aventures de France assurances, luttes mémorables; Girard in
en la Ville de Paris (1686). — Les deux et l'Etat-Providence. — L'assurance p:>r
premières Compagnies françaises. — Le l'Etat repoussée. — Polémique de Presse.
système Law. — M. Dubroca, directeur du Palladium et
le Prince-Président. Ses projets.
FASCICULE N» 2
II. — 3e PÉRIODE (suite) : Le système de FASCICULE N° 4
Law. — Marche de l'assurance sous la 5* PÉRIODE ou PÉRIODE SOCIALE (suite).
Révolution. — Fac-similé d'une police de Sur l'assurance par l'Etat (suite). --
la Compagnie Royale d'Assurances Géné- M. Dubroca et le Prince-Président, ses
rales. projets (suite). — L'Etat-Providence et les
4e PÉRIODE : L'assurance sous le premier créateurs de Société. —Les Conseils gêné
Empire. — Acte de constitution de l'Union raux et leurs voeux de 1847 à 1855.
de Londres. — Le Code de Commerce. — L'Empire français et les assurances.
L'assurance maritime, Compagnies d'assu- Extension de l'assurance aux colonies.
rances, situation industrielle et financière, En 1895, reprise de la lutte. M. de Coure;,
Comité des assureurs maritimes, courtiers, ses idées sur l'assurance par l'Etat. —U .c
bureaux et registres, polices d'assurances '< conférence de M. Thomereau. — M. Paul
maritimes.—De1808 à 1816, les Mutuelles. Gauvin. — MM. Léon Say, Magnin, Ma/.i;,
—Fac-similé d'une police d'assurance sur lai Paul Deschanel, Rigaut, Lavollé, Armam'
vie en 1812. — L'assurance en 1819 ; créa- Cyprès ; Sociétés savantes et Congrès. ---
tion des Compagnies à primes fixes. — MM. Léon Bourgeois, Lefort, Naquet
Institutionsdu troisième Empire, les Caisses3 Leroy-Beaulieu, Raffalovich, Journal de.
nationales. — Marche de l'assurance à* Débats. Encore des opinions contre l'assu
l'étranger. — Fac-similé du titre de renteJ rance par l'Etat... MM. Ricard, Claude
viagère d'Enchuysénde 1657 et de celuides3 Jannet, Ludovic Halévy, Emile Cheysson
Etats généraux de Hollande et de la Frise
occidentale de 1665, traduction de ces docu- Voirie Sommaire des Fascicules n0,4(sm7".'
ments. 5, 6,7 et 8 à la page 3 de la couverture.

Les Fascicules n» 7 et 8 paraîtront en Février 1896


V'comte d'Avenel, Paul Moulin, Gibon... FONCTIONNEMENT DE L'ASSURANCE TERRES-
Dernières observations critiques sur i
TRE. — Des diverses responsabilités des
_l';visurance par l'Etat. L'obligation et hommes
1 dans leurs rapports entre eux. -—
— divers risques couverts par l'assurance.
le corporations;coupd'oeilsurleurhistoire. Les
I
Opinion de Beccaria. —- En 1895 : voeux
^ Conseils généraux. — Assurance
— Fac-similé de polices. cautionnement,
dr — Des faits ! L'as- contre
( le vol. — Assurance
l'Etat ou obligatoire repoussée iinfidélité, garantie. — Assurance de divi-
Si: ance par déprimes, de garantie d'emprunts.
8i; Sénat
français et à la Société des dendes,
(
^ riculteurs de France. — Ebranlement —
-
L'assurance contre le remboursement
d< L'édifice allemand. — L'assurance offi- au
i pair des titres amortissables par tirage
ci( Ile à Liège. En Angleterre. En Suisse, iau sort. — L'assurance
des émissions. —
Sa forme
fédérative. — Le Canton assureur ; L'assurance contre les faillites. — Le
la police obligatoire du canton de Vaud, Ducroire. — L'Assurance contre les pertes
sou caractère
vexatoire. c
d'argent. — L'Assurance commerciale. —

FASCICULES N" 7 et 8
FASCICULE N» 5 Paraîtront en Février
r-.ur l'assurance par l'Etat (suite). — Les divers risques couverts par les assu-
En Suisse (suite). — Cantons de Fribourg, (suite). — Assurance de l'entretien
Gl .ris,
rances
Genève, Saint-Gall ; le socia- des immeubles.
— Assurance contre les
lisme d'Etat repoussé par le peuple, l'assu- dégâts causés par les eaux ménagères. —
ra.; ce obligatoire repoussée par le Bureau Assurance de la responsabilité civile des
fédéral des assurances. Création d'institu- propriétaires d'immeubles, gérants et loca-
tions de prévoyance et d'assurance par le taires d'accidents causés aux tiers par
législateur et par l'Etat. — Un article de en cas
le fait de l'immeuble ou de son entretien.
Giiirdin. — Les Caisses du quai d'Orsay — L'assurance des funérailles et créma-

Hilorique, un article de M. Reboul. Rap- tions précipitées. Caisses d'enterrement.
port; du baron Beauverger, député au Corps —
Assurance du marin. — Assurance du
législatif, leur situation. — Les grandes — Assurance chômage involon-
voyageur. —
commissions parlementaires du travail et taire et du chômage incendie.— Assurance
des assurances sociales. — La direction les pertes d'emplois. — Assurances
sociales ministère du contre
des assurances au complémentaires. — Transports. — Mala-
commerce. — L'Office du travail, son his- dies. Invalidité et vieillesse. — Infir-
toire, en France et à l'étranger, ses travaux. —
mité. — Postale.— Populaire. —Risques,
- Ce qu'il faut penser de ces diverses créa- militaire, émeute, dynamite du siège de
tions. — Le Bureau fédéral suisse. — Paris, des gardes nationaux,; du recrute-
L'Office impérial allemand. — Les agents du remplacement, de guerre. —
fe:surances—LesChambresde commerce, ment, Assurances des objets d'arts. — Des baga-
leurs protestations contre l'Etat assureur.
ges. Affichage, crédit intellectuel, des
- i .a défense des Compagnies. — L'Union
syndicale des Compagnies à prime fixe Grèves.

célibataires. — Infidélité. — Dotales. —
- L'assurance protégée par la loi de 1884 sés. — Natalité. — Aveugles. — Refu-
mémoire — Jumeaux. — Aliénation mentale.—
ur les Syndicats professionnels, Phylloxéra. — Inondation et ouragan. —
du Syndicat. Résultats du monopole. — Contre les insectes, vers à soie.

Les Syndicats professionnels, leur forme. — Des
porteurs de police et de rentes. — Contre
-eu< pétition. L'enseignement deenl'assu- la contrefaçon des produits, brevets, mar-
Les employés des Compagnies 1848,
— ques de fabrique. — Contre les procès. —
ance en France et à l'étranger. — Institut Contre la destruction l'incendie des
inmercial. — En 1871. — Circulaire de titres et minutes déposéspar chez les officiers
ï ànile Ferry. philotech- ministériels. Modalité, mutualité, prime
• — Association —
îque. — Compagnies donatrices. — Les fixe. Codification de l'assurance terres-
ouirs, programmes, Ecole libre des sciences
[
— l'égard de l'im-
obliques, Faculté de droit, Lycées, en tre. — Les Compagnies àl'assuré,
1

«friche, en Italie, en Belgique.


1 pôt. — L'actionnaire et leur rôle
respectif, l'action d'assurance. Les adminis-
trateurs et directeurs de Compagnies.—
Les Syndicats. — Les agents, les courtiers,
FASCICULE N° 6] les employés d'assurances ; institutions
i enseignement de l'assurance
en FranceB patronales et caisses de retraites profession-
u étranger (suite).—Les Congrès d'assu- nelles créées en faveur des employés d'assu-
.',\et l'enseignement qu'ils comportent.:. rances. — Les vulgarisateurs de l'assu-
histoire de l'assurance aux Etats-Unis.i. rance : auteurs, écrivains, journalistes.
'Paris.
-- imprimerie Paul Dupont, 4, rue du Boulol. - 17p.n-O»
FASCICULKS N 08 7 et 8. — PRIX : 4 FRANCS.
Le Fascicule n° 9 paraîtra en Mars 1896
SOMMAIRE
FASCICULE N° 1 riat.
i — Les précurseurs des actuaires. —
Hors texte. — Gravures : Allégorie de 'Biographies de Johan de Witt et deChris-
Henri Pille. Arbre généalogiqueindiquant Jtiaan Huygens.
— Histoire de l'actuariat à
le développement de l'assurance par l'ini- l'étranger,
' l'actuariat en France, création
tiative privée, de l'origine jusqu'à nos jours. de
' l'Institut des actuaires, ce qu'est l'ac-
tuaire moderne.
Texte. — Note de l'auteur.
I. — Physiologie de. l'Assurance au point
de vue social, politique, familial, industriel. FASCICULE N» 3
—• Ce qu'est
l'assurance. — Opinions sur 5° PÉRIODE PÉRIODE SOCIALE (suite)
OU
l'assurance. L'actuariat (suite). Ce qu'est l'actuaria
:

II. — Origines de l'Assurance. — lr° PÉ- moderne, tendance des actuaires, nou-
ÏUODE : Sa source remonte aux oeuvres velles créationsd'Instituts, premier Congre,
d'assistance de l'antiquité. — Prêt à la d'actuaires. — Historique : Jacques Quête
Îcrosse. — Mutualité de la hanse. — Pro- let, sa vie et ses oeuvres de statistique o
îibition du prêt à la grosse. de mathématiques. — Composition de
2° PÉRIODE : Époque des Oi'donnances.— Congrès et discours d'ouverture. — Pro
Le contrat d'assurance.—Nouvelles ordon- gramme des questions. — Compte rendu
nances, lois, recès,édits.— La vieille police des travaux du Congrès. — Les actuaires
d'assurance de 1583. à Anvers, l'assurance à travers les âges
3e PÉRIODE : Ordonnance Colbert, nais- dans la cité d'Anvers. — Ordonnance il
sance du droit maritime. — L'assurance Philippe II pour la ville d'Anvers, régie
maritime. — Fortune de mer.— Assurance mentant l'assurance maritime et transport
terrestre. — Le ,comte d'Oldenbourg et prohibant l'assurance sur la vie. — Li
anti-étatiste. — Progrès de l'assurance ligue de la Prévoyance et delà Mutualit.
terrestre à l'étranger. — Développement son organisation. — Le Gouvernement '
de l'assurance terrestre en France.—Règle- les idées de 1840, 1850 et 1855 sur le
ment d'une Compagnie Générale pour les assurances, luttes mémorables; Girardiu
assurances et grosses aventures de France et l'Etat-Providence. — L'assurance p-.r
en la Ville de Paris (1686). — Les deux l'Etat repoussée. — Polémique de Press.
premières Compagnies françaises. — Le M. Dubroca, directeur du Palladium t
— Prince-Président.
système Law. le Ses projets.
FASCICULE N° 2 FASCICULE N° 4
II. — 3* PÉRIODE (suite) : Le système de 5° PÉRIODE ou PÉRIODE SOCIALE (suite
Law. — Marche de l'assurance sous la Sur l'assurance par l'Etat (suite).
Révolution. — Fac-similé d'une police de M. Dubroca et le Prince-Président, ;
la Compagnie JRoyale d'Assurances Géné- projets (suite). — L'Etat-Providence et s
:
I
rales. créateurs de Société. —Les Conseils géné-
4e PÉRIODE : L'assurance sous le premier
|

Empire. — Acte de constitution de l'Union raux et leurs voeux de 1847 à 1855. -


de Londres. — Le Code de Commerce. —
L'Empire français et les assurances.
Extension de l'assurance aux colonies -
-
L'assurancemaritime, Compagnies d'assu- En 1895, reprise de la lutte. M. de Cour»
rances, situation industrielle et financière, ses idées sur l'assurance par l'Etat. — !•'•
I
Comité des assureurs maritimes, courtiers,; conférence de M. Thomereau. — M. 1 '
bureaux et registres, polices d'assurances s Gauvin. — MM. Léon Say, Magnin, M;>
maritimes.—De 1808 à 1816, les Mutuelles. Paul Deschanel, Kigaut, Lavollé, Ame•' :

— Fac-similé d'une police d'assurance sur la 1 Cyprès ; Sociétés savantes et Congrès


vie en 1812. — L'assurance en 1819 ; créa- MM. Léon Bourgeois, Lefort, Naqv. .
tion des Compagnies à primes fixes. — Leroy-Beaulieu, Raffalovich, Journal '>
Institutions du troisième Empire,les Caisses3 Débats. Encore des opinions contre Pas -
nationales. — Marche de l'assurance à1 rance par l'Etat... MM. Ricard, Claua:o
l'étranger. — Fac-similé du titre de rente3 Jannet, Ludovic Halévy, Emile Cheyss ,o,
viagère d'Enchuysénde 1657 et de celui des* Vicomte d'Avenel, Paul Moulin, Gibor
Etats généraux de Hollande et de la Frise3 — Dernières observations
critiques ''''

occidentalede 1665, traduction de ces docu-


ments. Voir le Sommaire des Fasciculesn°"4 (sir
•J '5° PÉRIODE ou PÉRIODE SOCIALE : L'actua- - 5, 6,7 et 8.aux pages 3 et4 de la couvert ;

Le Fascicules n 9° paraîtra en Mars 1896


jsf.irance par l'Etat.— L'obligation et — Assurance
— Fac-similé de polices. cautionnement,
sc
rporations; coupd'oeilsurleurnistoire. contre le vol. —Assurance
0 union de Beccaria. — En 1895 : voeux infidélité, garantie.— Assurance de divi-
8
onseils généraux. — Des faits ! L'as- dendes; de primes, de garantie d'emprunts.
tuce par l'Etat ou obligatoire repoussée — L'assurance contre le remboursement
0
énat français et à la Société des au pair des titres amortissables par tirage
gi
ulteurs de France. — Ebranlement au sort. — L'assurance des émissions. —
evl difice allemand.
— L'assurance offi- L'assurance contre les faillites. — Le
•ell à Liège. En Angleterre. En Suisse, Ducroire. — L'Assurance contre les pertes
(< me fédérative. —Le Canton assureur ; d'argent. — L'Assurance commerciale. —
I:..>lice obligatoire du canton de Vaud,
iractère vexatoire.
n. FASCICULES N° 7 et 8
FASCICULE N» 5 Les divers risques couverts par les assu-
l'Etat rances (suite). — L'assurance des frais de
Se. l'assurance par (suite). — justice. Assurance de l'entretien des
n
Puisse (suite). — Cantons de Fribourg, immeubles. — Assurance contre les dé-
lai-s, Genève, Saint-Gall ; le socia- causés — les eaux ménagères. —
d'Etat repoussé le peuple, l'assu- gâts par
SIIT par Assurance de la responsabilité civile des
n<:e obligatoire repoussée par le Bureau propriétaires d'immeubles, gérants et loca-
é'-al des assurances. Création d'institu- taires d'accidents causés aux tiers par
d'assurance le en cas
on- de prévoyance et par le fait de l'immeuble ou de son entretien.
gi-!ateur et par l'Etat. — Un article de L'assurance des funérailles et créma-
ir.rdin. — Les Caisses duquaid'Orsay — — tions précipitées. Caisses d'enterrement.
ifiirique, un article de M. Reboul. Rap- —
L'assurance des marins. — La France
ort du baron Beauverger, député au Corps —
est le maritime le plus étendu. La
"gi.-.iatif, leur situation. — Les grandes pays —
parlementaires du travail profession de marin pêcheur est la plus
onmiissions et dangereuse. —Le marin et la prévoyance,
es assurances sociales. — La direction La Caisse des Invalides de la marine.
es assurances sociales au ministère du — Sociétés de de sauvetage, Com-
secours,
onunerce. — L'Office du travail, son his- —
pagnies d'assurances. — Congrès de sau-
ire en France et à l'étranger, ses travaux.
vetage et professionnels ; manifestations
( qu'il faut penser de ces diverses créa- législatives et gouvernementales
>.
en faveur
oiv. — Le Bureau fédéral suisse. — des marins pêcheurs.
'Office impérial allemand. — Les agents L'assurance des — A l'Etranger. —
'as s urances—LesChambres de commerce, voyageurs. — Railway
Passengers Assurance Company. Un
m s protestations contre l'Etat assureur. —
La défense des Compagnies. — L'Union article de la Patrie. — The Travellers. —
iicale des Compagnies à prime fixe. Allemagne. — Autriche. — Italie. — Bel-
yn
î 'assurance protégée par la loi de 1884 gique. — France. — Caisse Paternelle. —
Polices du Soleil-Sécurité Générale, In-
ur les Syndicats professionnels, mémoire dustrie française, Urbaine et Seine. —
u Syndicat. — Résultats du monopole. — Les accidents de chemins de fer, par
es Syndicats professionnels, leur forme. M. Cosmann. — L'assurance chômage in-
i es employés des Compagnies en 1848,
volontaire et contre la grève.—'Le chômage
eui pétition. — L'enseignement de Passu-
an ;e en France et à l'étranger. — Institut
incendie. — En Suisse, cantons de Berne,
mmercial. — En 1871. —-Circulaire de volontaire de Saint-Gall, de Bâle. — Le chômage in-
iîmile Ferry. — Association philotech- en France. — Projet Jouffray.
• L'assurance chômage au point de vue
"l-'c — Compagnies donatrices. — Les privé.— En Allemagne, l'assurance contre

oe AS, programmes, Ecole libre des sciences
oi dques, Faculté de droit, Lycées, la perte des emplois. — En Angleterre, les
en Trades-Union. En Belgique, les Tra-
u; riche, en Italie, en Belgique. —
vailleurs Unis. — Chômage incendif. —
Les assurances complémentaires. — La
FASCICULE N° 6) Compagnie d'assurance complémentaire
i enseignement de l'assurance en France contre le chômage, la perte de loyers et
* •' .'étranger (suite).—Les Congrès d'assu- autres risques. — L'assurance complé-
él^ et l'enseignement qu'ils comportent. mentaire de la Compagnie l'Urbaine-Vie
listoire de l'assurance aux Etats-Unis. et YUrbaine-Seine. — La police de l'Union
'iNOTIONNEMENT DE L'ASSURANCE TERRES- le Phénix espagnol. — L'Assurance-T.ian-
R|
— Des diverses responsabilités des sport des billets de banqne, titres, coupons,
0 iiies dans leurs rapports entre
eux. — diamants., bijoux. — L'assurance maladie.
e divers risques couverts
par l'assurance. — Son organisation privée et officielle, son
fonctionnement, ses résultats en Angle- vieillesse, retraites (suite), infini it$
terre, en France, en Allemagne, en Au- populaire. — Risques, militaire, ém< ne
triche, Danemark, Suède, Suisse.— Assu- dynamite ; du siège de Paris, des ga de
rances invalidité, vieillesse, retraites. — nationaux, du recrutement, du renrulj,
Historique, critique. — Loi sur la majo- cément, de guerre. —Assurances des o! jet
ration des retraites. — Loi sur les ouvriersd'art, des bagages. — Affichage, cédi
mineurs. — Loi du 27 décembre 1895 con- intellectuel, des célibataires. — Dotaks.,
cernant les caisses de retraites, de secoursNatalité. — Aveugles. — Refusés. — JB
et de prévoyance fondées au profit des em- meaux. — Aliénation mentale. — F'-ryl
loxera. —Inondation et ouragan.—Ci ntr
ployés et des ouvriers. — Les caisses patro-
nales des Compagnies d'assurances ; quel- les insectes, vers à soie. — Desporteu sd
ques types de caisses ; France, Belgique. police et de rentes. — Contre la cou
— L'Epargne. — La Cagnotte. —Le Tra- trefaçon des produits, brevets, mai [ue
vail. — Projet Oulmière. — Suisse. — de fabrique. — Contre les procès -
Projet Tirard.— Projet Lebon. — Sociétés Contre la destruction par l'incendi< de
titres et minutes déposés chez les ofli -iet
de retraites : Prévoyants de l'Avenir, France
prévoyante, etc.—Retraites en Angleterre. ministériels. — Modalité, mutualité, j dm
— Invalidité et vieillesse en Allemagne.— fixe. — Codification de l'assurance terres
Caisse des mineurs en Autriche — Dane- tre. — Les Compagnies à l'égard de i'im
mark — Hollande — Belgique — Suède. pôt, — L'actionnaire et l'assuré, leu. rôl
respectif, l'action d'assurance. Les adninis
FASCICULE N» 9 trateurs et directeurs de Compagni s.-
Les Syndicats. — Les agents, les cour iet;
Paraîtra en mars les employés d'assurances. — Les vilga
Les divers risques couverts par les risateurs de l'assurance : auteurs, écri
assurances (suite). Assurances invalidité, vains, journalistes.

Paris. — Imprimerie Paul Dupont, i, rue du Boulot. —, 827.2.36


FASCICULE N° 9 —. PRIX : 2 FRANCS.
Les Fascicules n»» 10 et 11 paraîtront en Avril 1896

PAKIS
SOMMAIRE
FASCICULE N° 1 r îat. — Les préourseurs des actuaires. -„
Hors teacte, —' Gravures : Allégorie de *Biographies de Johan de Witt et de Ch. ig.
Henri Pille. Arbre généalogique indiquant *iaan Huygens. — Histoire de l'actuarin \
le développement de l'assurance par l'ini- * 'étranger, l'actuariat en France, créât ^
tiative privée, de l'originejusqu'à nos jours. Jle l'Institut des actuaires, ce qu'est l\ c.
Texte. — Note de l'auteur. uaire moderne.
I. — Physiologie de l'Assurance au point
de vue social, politique, familial, industriel. FASCICULE N-> 3
— Ce qu'est 1 assurance. — Opinions sur IV. — 5e PÉRIODE OU PÉRIODE SOCI.M.E
l'assurance. / suite) : L'actuariat (suite). Ce qu'est Ii'act
IL — Origines de l'Assurance, -r- 1" PÉ- Jriat moderne, tendance des
a-
actuaires, n< Ai-
MODE : Sa source remonte aux oeuvres
d'assistance de l'antiquité. — Prêt à la ,relles créationsd'Instituts, premierCong es
i'actuaires.— Historique; Jacques Qui te-
frosse. — Mutualité de la hanse. — Pro- jLet, sa vie et ses
oeuvres de statistique et
ibition du prêt à la grosse. de mathématiques. — Composition du
2e PÉRIODE : Epoque des Ordonnances.— (
Congrès et discours d'ouverture. — P o-
Le contrat d'assurance.— Nouvellesordon- <

gramme des questions. — Compte re lu


nances, lois, recès, édits. — La vieille police '
des travaux du Congrès. — Les actuaies
(Passurance de 1583. à Anvers, l'assurance à travers les 6 es
38 PÉRIODE : Ordonnance Colbert, nais- dans la cité d'Anvers. — Ordonnance Je
sance du droit maritime. — L'assurance Philippe II pour la ville d'Anvers, ré; e-
maritime. — Fortune de mer.— Assurance mentànt l'assurance maritime et transpo s.
terrestre. — Le comte d'Oldenbourg et prohibant l'assurance sur la vie. — i,a
:

anti-ètatiste. — Progrès de l'assurance ligue de la Prévoyance et delà Mutua ni,


terrestre à l'étranger. — Développement son organisation. — Le Gouvernemen et
de l'assurance terrestre en France.—Règle- les idées de 1840, 1850 et 1855 sur les
ment d'une Compagnie Générale pour les assurances, luttes mémorables; Girai :ir
assurances et grosses aventures de France et l'Etat-Providence. — L'assurance ai
en la Ville de Paris (1686). — Les deux l'Etat repoussèe. — Polémique de Prc >e,
premières Compagnies françaises. — Le
système Law. — M. Dubroca, directeur du Palladiuv e;
le Prince-Président. Ses projets.
FASCICULE N° 2 FASCICULE N» 4
II. — 3e PÉRIODE (suite) : Le système de IV. — 5° PÉRIODE ou PÉRIODE SOI L:
Law. — Marche de l'assurance sous la (suite) : Sur l'assurance par l'Etat (suite -
Révolution. —• Fac-similé d'une police de M. Dubroca et le Prince-Président, e .

la Compagnie Royale d'Assurances Géné- projets (suite). — L'Etat-Providence r !(?


rales. créateurs de Société. —Les Conseils gMIC
III. — 4° PÉRIODE : L'assurance sous le
{rremier Empire. — Acte de constitution de raux et leurs voeux de 1847 à 185:' -
'Union de Londres.—Le Code de Com- L'Empire français et les assurances -
Extension de l'assurance aux colonie: -
merce. — L'assurance maritime, Compa- En 1895, reprise de la lutte. M. de Coi; J
gnies d'assurances, situation industrielle et
financière, Comité desassureurs maritimes, ses idées sur l'assurance par l'Etat. — »
courtiers, bureaux et registres, polices conférence de M. Thomereau. — M. <

d'assurances maritimes.— De 1808 à 1816, Gauvin. — MM. Léon Say, Magnin, M


les Mutuelles. — Fac-similé d'une police
Paul Deschanel, Rigaut, Lavollé, Arn
d'assurance sur la vie en 1812. — L'assu- Cyprès ; Sociétés savantes et Congre
MM. Léon Bourgeois, Lefort, Na;
rance en 1819 ; création des Compagnies à 1 '
Leroy-Beaulieu, Raffalovich, Journal '
primes fixes. — Institutions du troisième Débats. Encore des opinions contre l'a :
Empire, les Caisses nationales. — Marche
de l'assurance à l'étranger. — Fac-similé rance par l'Etat... MM. Ricard, Cla; i

du titre de rente viagère d'Enchuysén de


Jannet, Ludovic Halévy, Emile Chey:
Vicomte d'Avenel, Paul Moulin, Gib'
1657 et de celui des Etats généraux de
Hollande et de la Frise occidentale de 1665, — Dernières observations critiques
traduction de ces documents. Voir le Sommaire des Fascicules n0" 4 (*•''
5* PÉRIODE ou PÉRIODE SOCIALE: L'aotua- 5, 6,7 et 8 aux pages 3 et 4 de la couver

Les Fascicules noa 10 et 11 paraîtront en Avril 1896


l'assurance par l'Etat.— L'obligation et rance.-*? Fac-similéde polices.— Assurance
les corporations; coupd'oeilsurleurhistoire. contre le vol. —Assurance cautionnement;
Ojpinion .de Beccaria. En 1895: voeux infidélité, garantie. Assurance de divi-
— — —
les Conseils généraux. — Des faits I L'as- dendes; de primes, de garantie d'emprunts.
urarice par l'Etat ou obligatoire repoussée — L'assurance contre le remboursement
tu Sénat français et à la Société des au pair des titres amortissables par tirage
Agriculteurs de France. — Ebranlement au sort. — L'assurance des émissions. —
!e l'édifice allemand. — L'assurance offi- L'assurance contre les faillites. — Le
ielle à Liège. En Angleterre. En Suisse, Ducroire. — L'Assurance contre les pertes
a forme fédérative.—LeCanton assureur; d'argent. — L'Assurance commerciale. —
;i police obligatoire du canton de Vaud,
on caractère vexatoire. FASCICULES N» 7 et 8
FASCICULE N° 5 Les divers risques couverts par les assu-
Sur l'assurance par l'Etat (suite). — rances (suite). — L'assurance des frais de
!n Suisse (suite). — Cantons de Fribourg, justice. — Assurance de l'entretien des
daris, Genève, Saint-Gall ; le socia- immeubles. — Assurance contre les dé-
»

gâts causés par les eaux ménagères. —


>sme d'Etat repoussé par le peuple, l'assu- Assurance de la responsabilité civile des
ance obligatoire repoussée par le Bureau propriétaires d'immeubles, gérants
déral des assurances. Création d'institu^- et loca-
,
de prévoyance et d'assurance le taires en cas d'accidents causés aux tiers par
; ons par le fait de l'immeuble ou de son entretien.
' gislateur et par l'Etat. Un article de
irardin. — Les Caisses du—quai d'Orsay — — L'assurance des funérailles et créma-
'istorique, un article de M. Reboul. Rap- tions précipitées. — Caisses d'enterrement.
>rt du baron Beauverger,député au Corps — L'assurance des marins. — La France
i.'-gislatif, leur situation. — Les grandes est le pays maritime le plus étendu. — La
i

mmissions parlementaires du travail et profession de marin pêcheur est la plus


'•s assurances sociales. —La direction dangereuse. La Caisse— Le marin et la prévoyance,
des Invalides de la marine.
ii.s assurances sociales au ministère du —
immerce. — L'Office du travail, his- — Sociétés de secours, de sauvetage, Com-
son
ire en France et à l'étranger, ses travaux. pagnies d'assurances. — Congrès de sau-
Ce qu'il faut penser de ces diverses créa- vetage et professionnels ; manifestations
Le Bureau fédéral suisse. législatives et gouvernementalesen faveur
• >ns. — — des marins pêcheurs. A l'Etranger. —
Office impérial allemand. — Les agents —
assurances—LesChambresde commerce, L'assurance des voyageurs. — Railway
!
Passengers Assurance Company. — Un
urs protestations contre l'Etat assureur. article de la Patrie.
La défense des Compagnies. — L'Union — The Travellers. —
ndicale des Compagnies à prime fixe. Allemagne. — Autriche. — Italie. — Bel-
L'assurance protégée par la loi de 1884 gique. — France. — Caisse Paternelle. —
Polices du Soleil-Sécurité Générale, In-
ir les Syndicats professionnels, mémoire dustrie française, Urbaine
n Syndicat.— Résultats du monopole. —
et Seine. —
;

-s Syndicats professionnels, leur forme. IM.


J
Les accidents de chemins de fer, par
Les employés des Compagnies en 1848, Cosmann. — L'assurance chômage in-
' ir pétition. L'enseignement de l'assu- volontaire et contre l'a grève.—Le chômage

i ace en France et à l'étranger. — Institut incendie. — En Suisse, cantons de Berne,
f inmercial. En 1871. Circulaire de de Saint-Gall, de Bâle. — Le chômage in-
— '— —
î Emile Ferry. Association philotech- volontaire en France. — Projet Joui'fray.
que. — Compagnies donatrices. — Les —
i
L'assurance chômage au point de vue
urs, programmes, Ecole libre des sciences privé.— En Allemagne, l'assurance contre
1

] •litiqites, Faculté de droit, Lycées, en la perte des emplois. — En Angleterre, les


mchft, en Italie, en Belgique. Traites-Union. — En Belgique, les Tra-
- vailleurs Unis. — Chômage incendie. —
$ Les assurances complémentaires. — La
FASCICULE N» 6 d'assurance complémentaire
-''enseignement de l'assurance France Compagnie contre le chômage, la perte de loyers et
i
en
' •; l'étranger (suite).—Les Congrès d'assu- autres risques. :— L'assurance complé-
•irs et l'enseignement qu'ils comportent. mentaire de la Compagnie l'Urbaine-:Fie
- Histoire de l'assurance aux Etats-Unis. et Y Urbaine-Seine. — La police de l'Union
V. — FONCTIONNEMENT DE L'ASSURANCE le Phénix espagnol. L'Àssurance-Tran-
HHESTRE. — Des diverses responsabilités —
sport des billets de banque, titres, coupons,
'' hommes dans leurs rapports entre eux. diamants., bijoux. — L'assurance maladie.
i

Les divers risques couverts par l'assu- —Son organisation privée et officielle,
son
fonctionnement, ses résultats en Angle- service militaire. — En Autriche : le rem-
i
terre, en France, en Allemagne, en Au- placement et le recrutement, historique.
triche, Danemark, Suède, Suisse.— Assu- — Sociétés d'assurances : Associations des
rances invalidité, vieillesse, retraites. — familles, la Sentinelle, etc. — La Société
Historique, critique. — Loi sur la majo- d'assurances mutuelles en cas de décès des
ration des retraites. — Loi sur les ouvriers gardes nationaux. — Un décretdu Gouver
mineurs. — Loi du 27 décembre 1895 con- nement delà Défense nationale. — Statuts.
cernant les caisses de retraites, de secours — La Défense mutuelle de Paris. — Lyon.
et de prévoyance fondées au profit des em- Rouen. —Lille. — L'assurance contre
— dynamite.
ployés et des ouvriers.—Les caisses patro- la
nales des Compagnies d'assurances ; quel-
types de caisses ; France, Belgique.
quesL'Épargne. FASCICULES N" 10 et 11
— — La Cagnotte. paraîtront en avril
Les divers risques couverts par les assu
FASCICULE N» 9 rances (suite). Assurance des aveugles. —
Les divers risques couverts par les Aliénation mentale. — Desrefusés. — Des
assurances (suite). Assurances invalidité, intellectuels. — Des bagages — Contre
vieillesse, retraites : Le Travail. — l'affichage. — Des objets d'art. —• Assu-
Projet Oulmière. — Suisse. — Projet rances fluviales. — Contre l'inondation.
Tirard. — Projet Lebon. - Sociétés de — Des vers à soie. — Le trésor du som-
retraites : Prévoyants de l'Avenir, France meil.— Phylloxéra.— L'assurance mutuelle
prévoyante, etc.—Retraites en Angleterre. contre la destruction par l'incendie de^
— Invalidité et vieillesse en Allemagne.— titres et minutes déposés chez les officiers
Caisse des mineurs en Autriche,— Dane- ministériels. — Assurance contre la con
mark, — Hollande, — Belgique, — Suè- trefaçon des produits, brevets, marques dt
de. — L'assurance contre Pinlirmité — fabrique. — La reconstitution des capitaux,
L'Assurance populaire. —' La Caisse de —L'Avenir populaire. — Modalité de l'as-
l'État français. — La « Providence », poli- surance. — Mutualité, prime fixe, mixte
ces à double effet, vie entière, mixte. — coopératives, caisses départementales,
Métropole.— L'Ouest. — Le Progrès natio- organisation des Compagnies et Sociétés
nal. — La Garantie Générale vie. — La en comités et en syndicats. — Régime dr*
Caisse des familles. — L'Abeille. — La Sociétés d'assurancesen France, loi del867,
Fourmilière. — Les Sociétés d'assurances autorisation, surveillance, législation. —
de prévoyance mutuelle en cas de décès et Directeurs, administrateurs, commissaires
de rentes viagères. — Assessment. — — Capital social, actionnaires, loi de 1867
Extrait d'un rapport du Bureau fédéral modifiée, actions. — Maisons d'achat et de.
Suisse. —L'Assurance populaire en Angle- vente. — De la réassurance, Compagnies
terre. — En Suisse, — En Allemagne, — de réassurance à Paris, réassurance do
En Italie, — En Belgique. — L'Assurance portefeuille. —Faillite. — Codification. --
de natalité, — Repopulatrice.— La Mater- Pardessus, Alauzet, Quenault, Pouget, de
nelle. — L'Assurance dotale. — L'Assu- Delàs. — Les impôts. — Les vulgarisateur;
rance à terme fixe. — La Métropole, la de l'assurance : les assureurs, les agent
Providence, l'Abeille. — La Famille fran- inspecteurs, courtiers, la presse. — Les
çaise. — Société de dotation de la jeunesse. auteurs. — Portraits de MM. : Badin Pas-.
— En Italie, — En Allemagne, — Au cal, Bergeron, Cacheux, Chauffon, Cheys
Canada. — L'Assurance de première com- son, de Courcy, Gauvin, de Gourguff père
munion. — L'Assurance des jumeaux,— et fils, Guieysse, Lechartier, Lefort, Lucas.
du célibat — Système de la Providence. — Marestaing, Mauriac, Pouget fies deu.
L'Assurance contre le divorce. — Risque frères), Richard, Reboul, Tournai, Thome
de guerre en temps de paix. — Conditions reau, Vermot.
des polices. — L'Associationmutuelle des
risques de guerre et d'émeute. — Associa- FASCICULES 12 et suivants;
tion mutuelle des risques du siège de Paris. VI. Assurances contre les incendies.--
— Le Palladium. — L'Ordre. — La Cita- VIL Assurances sur la vie.— VIII. .Assu-
delle. — Mutuelle militaire : accidents de rance sur les accidents. — IX.—Table\e!vs
Assurances
manoeuvres et incendie. — En Suisse : la agricoles. — X. Conclusion.
Zurich. — En Allemagne : l'assurance du matières. '

Paris. — Imprimerie Paul Dupont, 4, rue du Boulot. — 622.8.96


SOMMAIRE
FASCICULE N» 1 l'étranger, l'actuariat en France, création
de l'Institut des actuaires, ce qu'est l'ac-
Hors texte. — Gravures : Allégorie de tuaire moderne.
Henri Pille. Arbre généalogiqueindiquant
le développement de l'assurance par l'ini-
tiative privée, de l'origine jusqu'à nos jours. FASCICULE N° 3
Texte. — Note de l'auteur. 5° PÉRIODE OU PÉRIODE SOCIALE (suite)
I. — PJu/S'ioiogïe de l'Assurance au point L'actuariat (suite). Ce 'qu'est l'actuariat
;

de vue social, politique, familial, industriel. moderne, tendance des actuaires, nou-
vellescréations d'Instituts,premierCongiès
— Ce qu'est l'assurance. — Opinions sur d'actuaires.— Historique: Jacques Quel fi-
l'assurance.
IL — Origines de l'Assurance. — lr° PÉ- let, sa vie et ses oeuvres de statistique et
de mathématiques. — Composition du
RIODE : Sa source remonte aux oeuvres Congrès et discours d'ouverture. — Pro-
d'assistance de l'antiquité. — Prêt à la
grosse. — Mutualité de la hanse. — Pro- gramme des questions. — Compte rendu
hibition du prêt à la grosse. des travaux du Congrès. — Les actuaires
2° PÉRIODE : Epoque des Ordonnances.—
à Anvers, l'assurance à travers les Ciîres
Le contrat d'assurance.—Nouvelles ordon- dans la cité d'Anvers. — Ordonnance de
Philippe II pour la ville d'Anvers, régle-
nances, lois, recès, édits.— La vieille police mentant l'assurance maritime et transports,
d'assurance de 1583. et prohibant l'assurance sur la vie. — La
3e PÉRIODE : Ordonnance Colbert, nais- ligue de la Prévoyance et delà Mutualité,
s ance du droit maritime. — L'assurance son organisation. — Le Gouvernement et
maritime. — Fortune de mer.— Assurance les idées de 1840, 1850 et 1855 sur les
terrestre. — Le comte d'Oldenbourg assurances, luttes mémorables ; Giravdin
anti-étatiste. — Progrès de l'assurance et l'Etat-Providence. — L'assurance par
terrestre à l'étranger. — Développement l'Etat repoussée. — Polémique de Presse.
de l'assurance terrestre en France.—Règle- M. Dubroca, directeur du Palladium et
ment d'une Compagnie Générale pour les — Prince-Président. Ses projets.
le
assurances et grosses aventures de France
en la Ville de Paris (1686). — Les deux
premières Compagnies françaises. — Le FASCICULE N° 4
système Law. 5° PÉRIODE OU PÉRIODE SOCIALE (suite):
Sur l'assurance par l'Etat (suite). —
FASCICULE N» 2 M. Dubroca et le Prince-Président, ses
projets (suite). — L'Etat-Providence et les
3e PÉRIODE ( suite ) : Le système de créateurs de Société. —Les Conseils géné-
Law. — Marche de l'assurance sous la raux et leurs voeux de 1847 à 18[>.">. —
Révolution. — Fac-similé d'une police de L'Empire français et les assurances. —
la Compagnie Royale d'Assurances Géné- Extension de l'assurance aux colonies. —
rales. En 1895, reprise de la lutte. M. de Coui-ey,
4° PÉRIODE : L'assurance sous le pre- ses idées sur l'assurance par l'Etat. — Une
mier Empire. — Acte de constitution de conférence de M. Thomerean. — M. Paul
l'Union de Londres. — Le Code de Com- Gauvin. — MM. Léon Say, Magnin, Maze,
merce. — L'assurance maritime, Compa- Paul Deschanel, Rigaut, Lavollé, Armand
gnies d'assurances, situation industrielle et Cyprès ; Sociétés savantes et Congrès. —
financière, Comité des assureurs maritimes, MM. Léon Bourgeois, Lefort, Naquet,
courtiers, bureaux et registres, polices Leroy-Beaulieu, Raffalovich, Journal des
d'assurances maritimes.— De 1808 à 1816, Débats. Encore des opinions contre l'assu-
les Mutuelles. — Fac-similé d'une police rance par l'Etat... MM. Ricard, Claudio
d'assurance sur la vie en 1812. — L'assu- Jannet, Ludovic Halévy, Emile Cheysson,
rance en 1819 ; création des Compagnies à Vicomte d'Avenel, Paul Moulin, Gibon-
primes fixes. — Institutions du troisième — Dernières observations critiques sur
Empire, les Caisses nationales. — Marche l'assurance par l'Etat. — L'obligation et
de l'assurance à l'étranger. — Fac-similé les corporations;coup d'oeilsur leur histoire-
du titre de rente viagère d'Enchuysén de — Opinion de Beccaria. —• En 1895 : voeux
1657 et de celui des Etats généraux de des Conseils généraux. — Des faits L'as-
!

Hollande et de la Frise occidentale de 1665, surance par l'Etat ou obligatoire repoussee


traduction de ces documents. au Sénat français et à la Ebranlement
Société des
5° PÉRIODE ou PÉRIODE SOCIALE: L'actua- Agriculteurs de France. —
riat. — Les précurseurs des actuaires. — de l'édifice allemand. — L'assurance offi-
Biographies de Johande Witt et deChris- cielle à Liège. En Angleterre. En Suisse,
tiaan Huygens. — Histoire de l'actuariat à sa forme fédérative.—Le Canton assureur,
ja police obligatoire du canton de Vaud, justice. — Assurance de l'entretien des
son caractère vexatoire. immeubles. — Assurance contre les dé-
gâts causés par les eaux ménagères. —
FASCICULE N» 5 Assurance de la responsabilité civile des
Sur l'assurance par l'Etat (suite). — propriétaires d'immeubles, gérants et loca-
j;n Suisse (suite). — Cantons de Fribourg, taires en cas d'accidentscausés aux tiers par
Claris, Genève, Saint-Gall ; le socia- le fait de l'immeuble ou de son entretien.
lisme d'Etat repoussé par le peuple, l'assu- — L'assurance des funérailles et créma-
rcince obligatoire repoussée par le Bureau tions précipitées.— Caisses d'enterrement.
fédéral des assurances. Création d'institu- — L'assurance des marins. — La France
tions de prévoyance et d'assurance par le est le pays maritime le plus étendu. — La
législateur et par l'Etat. — Un article de profession de marin pêcheur est la plus
(ifrardin. — Les Caisses du quai d'Orsay dangereuse. — Le marin et la prévoyance,

Historique, un article de M. Reboul. Rap- — La Caisse des Invalides de la marine.
port du baron Beauverger, député au Corps — Sociétés de secours, de sauvetage, Com-
législatif, leur situation. — Les grandes pagnies d'assurances. — Congrès de sau-
commissions parlementaires élu travail et vetage et professionnels ; manifestations
des assurances sociales. — La direction législatives et gouvernementales en faveur
des assurances sociales au ministère du des marins pêcheurs. — A l'Etranger. —
commerce. — L'Office du travail, son his- L'assurance des voyageurs. — Railway
toire en France et à l'étranger, ses travaux. Passengers Assurance Company. Un

article de la Patrie. — The Travellers. —

Ce qu'il faut penser de ces diverses créa-
tions. — Le Bureau fédéral suisse. — Allemagne. — Autriche. — Italie. Bel-
gique. — France. — Caisse Paternelle. — —
L'Office impérial allemand. — Les agents
d'assurances—LesChambresdecommerce, Polices du Soleil-Sécurité Générale, In-
leurs protestations contre l'Etat assureur. dustrie française, Urbaine et Seine. —
La défense des Compagnies. — L'Union Les accidents de chemins de fer, par
— M. Cosmann. — L'assurance chômage in-
syndicale des Compagnies à prime fixe.
L'assurance protégée par la loi de 1884 volontaire et contre la grève.—Le chômage
— incendie. — En Suisse, cantons de Berne,
sur les Syndicats professionnels, mémoire
du Syndicat.— Résultats du monopole. de Saint-Gall, de Baie. —Le chômage in-
Les Syndicats professionnels, leur forme. — volontaire en France. — Projet Jouffray.

Les employés des Compagnies en 1848, — L'assurance chômage au point de vue
leur pétition. — L'enseignement de l'assu- privé.— En Allemagne, l'assurance contre
rance en France et à l'étranger. — Institut la perte des emplois. — Eu Angleterre, les
commercial. — En 1871. — Circulaire de Tratles Union. — En Belgique, les Tra-
M. Emile Ferry. — Association philotech- vailleurs Unis. — Chômage incendie. —
nique. — Compagnies donatrices. — Les Les assurances complémentaires. La
Compagnie d'assurance complémentaire —
cours, programmes, Ecole libre des sciences
politiques, Faculté de droit, Lycées, en contre le chômage, la perte de loyers et
Autriche, en Italie, en Belgique. autres risques. — L'assurance complé-
mentaire de la Compagnie l'Urbaine-Fie
FASCICULE N» 6| et l'Urbaine-Seine. — La police de l'Union
L'enseignementde l'assurance en France le Phénix espagnol. — L'Assurance-Tran-
et à l'étranger (suite).— Les Congrès d'assu- sport des billets de banque, titres, coupons,
reurs et l'enseignement qu'ils comportent. diamants, bijoux. — L'assurance maladie.
— Histoire de l'assurance aux Etats-Unis. — Son organisation privée et officielle, son
11. fonctionnement, ses résultats en Angle-
— FONCTIONNEMENT DE L'ASSURANCE terre, en France, en Allemagne, en Au-
TERRESTRE. — Des diverses responsabilités
des hommes dans leurs rapportsentre eux. triche, Danemark, Suède, Suisse.— Assu-
— Les divers risques couverts par l'assu- rances invalidité, vieillesse, retraites. —
rance.— Fac-similé de polices.— Assurance Historique, critique. — Loi sur la majo-
contre le vol. —Assurance cautionnement, ration des retraites. — Loi sur les ouvriers
infidélité, garantie. Assurance de divi- mineurs. — Loi du 27 décembre 1895 con-

dendesi de primes, de garantie d'emprunts. cernant les caisses de retraites, de secours
— L'assurance contre le remboursement et de prévoyance fondées au profit des em-
au pair des titres amortissables par tirage ployés et des ouvriers.—Les caisses patro-
au sort. — L'assurance des émissions. nales des Compagnies d'assurances ; quel-
L'assurance contre les faillites. — types de caisses ; France, Belgique.
quesL'Épargne.
— Le
Lucroire. L'Assurance contre les pertes — — La Cagnotte.
d argent. —
— L'Assurance commerciale. —
FASCICULE N» 9
FASCICULES N°» 7 et 8 Les divers riseiues couverts par les
Les divers risques couverts les assu- assurances (suite). Assurances invalidité,
uuices (suite).
par
— L'assurance des frais de vieillesse, retraites : Le Travail. —
Projet Oulmière. — Suisse. — Projet le s officiers ministériels.—Assurancecoin,re
Tirard. — Projet Lebon. - Sociétés de la contrefaçon des produits, brevets, ro.ir.
retraites : Prévoyante de l'Avenir, France ques de fabrique. — La reconstitution des
prévoyante, etc.—Retraites en Angleterre. capitaux. —L'Avenir populaire. — Moda-
— Invalidité et vieillesse en Allemagne.— lité de l'assurance. — Mutualité, prime
Caisse des mineurs en Autriche,— Dane- fixe, mixte, coopératives, caisses départe
mark, — Hollande, — Belgique, — Suè- mentales.— Organisation des Compagnies
de. — L'assurance contre ^l'infirmité. — et Sociétés en comités et en syndicats.
L assurance populaire. —*'La Caisse de — Régime des Sociétés d'assurances en
l'État français. — La « Providence », poli France, loi de 1867, autorisation, 'surve.il. ,i;

ces à double effet, vie entière, mixte. — lance, législation. — Directeurs, adminis- !

Métropole.—L'Ouest. — Le Progrès natio- trateurs, commissaires. — Capital social '


nal. — La Garantie Générale vie. — La actionnaires, loi de 1867 modifiée, actions', i
Caisse des Familles. — L'Abeille. — La —Maisons d'achat et de vente. De l'assuré, :
Fourmilière. — Les Sociétés d'assurances — De la réassurance, Compagnies de réas-
de prévoyance mutuelle en cas de décès et surance à Paris, réassurance de porte-
de rentes viagères. — Assessment. — feuille. — Cession. —Vente. — Faillite.

Extrait d'un rapport du Bureau fédéral Codification. — Pardessus, Alauzet, (Jue-
Suisse. —L'Assurancepopulaire en Angle- nault, Pouget, de Delàs. —Les impôts. —
terre, — en Suisse, — en Allemagne, — Les vulgarisateurs de l'assurance : les assu.
en Italie, — en Belgique. — L'Assurance reurs, les agents inspecteurs, courtiers,
de natalité, — Repopulatrice. — La Mater- la presse. — Les auteurs. — Portraits de
nelle. — L'Assurance dotale. — L'Assu- MM. Badon-Pascal, Bergeron, Cacheux,
rance à terme fixe. — La Métropole, la Chaufton, Cheysson, ele Courcy, Gauvin,
Providence, l'Abeille. — La Famille fran- de Gourguff père et fils, Guieysse, Lecliar-
çaise. — Société de dotation de la jeunesse. tier, Lefort, Lucas, Marestaing, Mauriac,
— En Italie, — en Allemagne, — au Pouget, Richard, Reboul, Tournai,Tho;nc-
Canada. — L'Assurance de première com- reau, Vermot.
munion. — L'Assurance des jumeaux, — III. AsSUIlANCE CONTRE LES INCENDII->.

du célibat. — Système delà Providence. — Le feu.—Son rôle.—Perteset causes.— .es I

L'Assurance contre le divorce. — Risque Pompiers. — Coup d'oeil vers le pas-é :


de guerre en temps de paix. — Conditions Triumviri noctwni, quinqueviri, oedilea. !ri-
des polices. — L'Association mutuelle des bunSjproefectusvigilum ou préfet des gaules
risques de guerre et d'émeute. — Associa- de nuit; les cohortes,collegium,leur consti-
tion mutuelle des risques du siège deParis. tution civile, le collège des Fabri; lettre de
— Le Palladium. — L'Ordre. — La Cita- Pline à Trajan et réponse de ce dernier —
delle. — Mutuelle militaire : accidents de L'Association ou Gildes du moyen âge. la
manoeuvres et incendie. — En Suisse : la Gilde de Cambrai, — La confrérie. — Le
Zurich. — En Allemagne : l'assurance du guet, sa constitution. — Le couvre-feu. —
service militaire. — En Autriche : le rem- Le lieutenant général de Police. — L'ère
placement et le recrutement, historique. des grands incendies (1737). —La Pompe,
— Sociétés d'assurances : Associations des son histoire. — Création du premier corps
familles, la Sentinelle, etc. — La Société ele sapeurs-pompiers de Paris, son organi-
d'assurances mutuelles en cas de décès des sation primilive et son histoire; les sapeurs-
gardes nationaux. — Un décret du Gouver- pompiers de province, leur organisation;
nement delà Défense nationale. — Statuts. la question des assurances en 188lJ. —
Projet Bérard et projets antérieurs. Con-
seils généraux. — Hôtel de Ville de Paris.
FASCICULES N»s 10 et 11
— La Réparation. — L'organisation des
Les divers risques couverts par les pompiers à l'étranger : à Londres, à Saint-
assurances (suite). — La Défense mutuelle Pétersbourg, Moscou, Varsovie, Vienne,
de Paris. — Lyon. — Rouen. — Lille. — Berlin, Belgique, Suisse, Le Caire, Chi-
L'assurance contre la dynamite. — Assu- cago, Boston, New-York ; Ecoles d'incen-
rance des aveugles, — aliénation mentale, dies; Pompiers au Japon.
— des refusés, — des intellectuels, — des FASCICULES 12 et suivants
bagages, — contre l'affichage, — des ob-
jets d'art. — Assurances fluviales, — contre III. Assurances contre les incendies
l'inondation ; — des vers à soie.—Le Trésor (suite). — IV. Assurances sur la vie. —
du sommeil. — Phylloxéra. — L'assurance V. Assurance sur les accidents.—VI.Assu-
mutuelle contre la destruction par l'in- rances agricoles. — VIL Conclusion. —
cendie des titres et minutes déposés chez Table des matières.

Paris. — Imprimerie Paul Dupont, 4, rue du Boulot. — 746.4.Q6


SOMMAIRE
FASCICULE N° 1
Hors texte. — Gravures : Allégorie de 5° PÉRIODE OU PÉRIODE SOCIALE (sitiVe)
Henri Pille. Arbre généalogique indiquant L'actuariat (suite). Ce qu'est l'actuari;
le développement de l'assurance par l'ini- moderne, tendance des actuaires, n,JU
tiative privée, de l'origine jusqu'à nos jours. vellescréations d'Instituts, premierCoiiicrè
d'actuaires.— Historique : Jacques Qultc
Texte. — Note de l'auteur. Iet, sa vie et ses oeuvres de statistique
I. — Physiologie de l'Assurance au point de mathématiques. — Composition (j
de vue social, politique, familial, industriel. Congrès et discours d'ouverture. — pro
— Ce qu'est l'assurance. — Opinious sur gramme des questions. — Compte rend
l'assurance. des travaux du Congrès. — Les actuaire
IL — Origines de l'Assurance. — 1*° PÉ- à Anvers, l'assurance à travers les ;iç>e
RIODE : Sa source remonte aux oeuvres dans la ciié d'Anvers. — Ordonnance^
d'assistance de l'antiquité. — Prêt à la Philippe II pour la ville d'Anvers, réide
grosse. — Mutualité de la hanse. — Pro- mentant l'assurance maritime et transports
hibition du prêt à la grosse. et prohibant l'assurance sur la vie. — L
2° PÉRIODE : Epoque des Ordonnances.— ligue de la Prévoyance et de la Mutualité
Le contrat d'assurance.— Nouvelles ordon- son organisation. — Le Gouvernement e
nances, lois, recès, édits.— La vieille police les idées de 1840, 1850 et 1855 sur le
d'assurance de 1583. assurances, luttes mémorables; Girardii
3" PÉRIODE : Ordonnance Colbert, nais- et l'Etat-Providence. — L'assurance pa
sance du droit maritime. — L'assurance
l'Etat repoussée. — Polémique de Presse
maritime. — Fortune de mer.— Assurance M. Dubroca, directeur du Palladixnn e
— Prince-Président.
terrestre. — Le comte d'Oldenbourg le Ses projets.
anti-étatiste. — Progrès de l'assurance
terrestre à l'étranger. — Développement FASCICULE N° 4
de l'assurance terrestre en France.—Règle- 5° PÉRIODE OU PÉRIODE SOCIALE (sui'x)
ment d'une Compagnie Générale pour les Sur l'assurance par l'Etat ( suite j. -
assurances et grosses aventures de France M. Dubroca et le Prince-Président, sC;
en la Ville de Paris (1686). — Les deux projets (suite). — L'Etat-Providence et le:
premières Compagnies françaises. — Le créateurs de Société. —Les Conseils gêné
système Law. raux et leurs voeux de 1847 à 18->>. _
L'Empire français et les assurances. -
Extension de l'assurance aux colonies. -
FASCICULE N° 2 En 1895, reprise de la lutte. M. de Coure}
ses idées sur l'assurance par l'Etat. — In
3» PÉRIODE (suite) : Le système de conférence de M. Thomereau. — M. l'ai
Law. — Marche de l'assurance sous la Gauvin. — MM, Léon Say, Magnin,Maz<
Révolution. — Fac-similé d'une police de Paul Descbanel, Rigaut, Lavollé, Annan
la Compagnie Royale d'Assurances Géné- Cyprès ; Sociétés savantes et Congrès. -
rales. MM. Léon Bourgeois, Lefort, Nuque
4° PÉRIODE : L'assurance sous le pre- Leroy-Beaulieu, rTaffalovich, Journal d<
mier Empire. — Acte de constitution de Débais. Encore des opinions contre l'a-si
l'Union de Londres.—Le Code de Com- rance par l'Etat... MM. Ricard, Claud
merce. — L'assurance maritime, Compa- Jannet, Ludovic Halévy, Emile Cheyssoi
gnies d'assurances, situation industrielle et Vicomte d'Avenel, Paul Moulin, Gibon.
financière, Comité des assureurs maritimes, — Dernières observations critiques si
courtiers, bureaux et registres, polices l'assurance par l'Etat. — L'obligation
d'assurances maritimes.— De 1808 à 1816, les corporations;coup d'oeilsur leur histoir
les Mutuelles. — Fac-similé d'une police — Opinion de Beccaria. — En 1895 : vu-i
d'assurance sur la vie en 1812. — L'assu- des Conseils généraux. — Des faits L'a !

rance en 1819 ; création des Compagnies à surance par l'Etat ou obligatoire repouss
primes fixes, — Institutions du troisième au Sénat français et à la Ebranleme
Société d
Empire, les Caisses nationales. — Marche Agriculteurs de France. —
de l'assurance à l'étranger. — Fac-similé de l'édifice allemand. — L'assurance oll
du titre de rente viagère d'Enchuysén de cielle à Liège. En Angleterre. En Smss
1657 et de celui des Etats généraux de sa forme fédérative.—Le Canton assureu
Hollande et de la Frise occidentale de 1665, la police obligatoire du canton de Vau
traduction de ces documents. son caractère vexatoire.
5° PÉRIODE ou PÉRIODE SOCIALE : L'actua-
riat. — Lès précurseurs des actuaires. — FASCICULE N" 5
Biographies de Johan de Witt et de Chris- Sur l'assurance par l'Etat (suite).
tiaan Huygens. — Histoire de l'actuariat à En Suisse (suite). — Cantons de Friboui
l'étranger, l'actuariat en France, création Glaris, Genève, Saint-Gall ; le soci
de l'Institut des actuaires, ce qu'est l'ac- lisme d'Etat repoussé par le peuple, 1 ac:
tuaire moderne. rance obligatoire repoussée par le Bure
fédéral des assurances. Création d'institu- dangereuse. — Le marin et la prévoyance,
tions de prévoyance et d'assurance par le — La Caisse des Invalides de la marine.
législateur et par l'Etat. — Un article de — Sociétés de secours, de sauvetage, Com-
Girardin. — Les Caisses du quai d'Orsay — pagnies d'assurances. — Congrès dé sau-
Historique, un article de M. Rehoul.Rap- vetage et professionnels ; manifestations
Siort du baron Beauverger, député au Corps législatives et gouvernementales en faveur
égislatif, leur situation. — Les grandes des marins pêcheurs. — A l'Etranger. —
commissions parlementaires du travail et L'assurance des voyageurs. — Railway
des assurances sociales. — La direction Passengers /lssiirance Company. — Un
des assurances sociales au ministère du article de la Patrie. — The Travellers. —
commerce. — L'Office du travail, son his- Allemagne. — Autriche. — Italie. — Bel-
toire en France et à l'étranger, ses travaux. gique. — France. — Caisse Paternelle. —
— Ce qu'il faut penser de ces diverses créa- Polices du Soleil-Sécurité Générale, In-
tions. — Le Bureau fédéral suisse. — dustrie française, Urbaine et Seine. —
L'Office impérial allemand. — Les agents Les accidents de chemins de fer, par
d'assurances—LesChambresdecommerce, M. Cosmann. — L'assurance chômage in-
leurs protestations contre l'Etat assureur. volontaire et contre la grève.—Le chômage
— La défense des Compagnies. — L'Union incendie. — En Suisse, cantons de Berne,
syndicale des Compagnies à prime fixe. de Saint-Gall, de Bâle. — Le chômage in-
— L'assurance protégée par la loi de 1884 volontaire en France. — Projet Jouffray.
sur les Syndicats professionnels, mémoire au point de vue
— L'assurance chômagel'assurance
du Syndicat.— Résultats du monopole. — privé.— En Allemagne, contre
Les Syndicats professionnels, leur forme. la perte des emplois. — En Angleterre, les
— Les employés des Compagnies en 1848, Traites Union. — En Belgique, les Tra-
leur pétition. — L'enseignement de l'assu- vailleurs Unis. — Chômage incendie. —
rance en France et à l'étranger, — Institut Les assurances complémentaires. — La
commercial. — En 1871. — Circulaire de Compagnie d'assurance complémentaire
M. Emile Ferry. — Association philotech- contre le chômage, la perte de loyers et
nique. — Compagnies donatrices. — Les autres risques. — L'assurance complé-
cours, programmes. Ecole libre des sciences mentaire de la Compagnie l'Urbaine-Vie
politiques, Faculté de droit, Lycées, en et l'Urbaine-Seine. — La police de l'Union
Autriche, en Italie, en Belgique. le Phénix espagnol. — L'Assurance-Tran-
sport des billets de banque, titres, coupons,
FASCICULE N° 6 diamants, bijoux. — L'assurance maladie.
L'enseignement de l'assurance en France — Son organisation privée et officielle, son
et à l'étranger (suite).— Les Congrès d'assu- fonctionnement, ses résultats en Angle-
reurs et l'enseignement qu'ils comportent. terre, en France, en Allemagne, en Au-
triche, Danemark, Suède, Suisse.— Assu-
— Histoire de l'assurance aux Etats-Unis. rances invalidité, vieillesse, retraites. —
II. — FONCTIONNEMENT DE L'ASSURANCE Historique, critique. — Loi sur la majo-
TERRESTRE. — Des diverses responsabilités ration des retraites. — Loi sur les ouvriers
des hommes dans leurs rapportsentre eux.
mineurs. — Loi du 27 décembre 1895 con-
— Les divers risques couverts par l'assu- cernant les caisses de retraites, de secours
rance.— Fac-similé de polices. — Assurance et de prévoyance fondées au profit des em-
contre le vol. —Assurance cautionnement, ployés et des ouvriers. — Les caisses patro-
infidélité, garantie. — Assurance de divi-
dendes, déprimes, de garantie d'emprunts. nales des Compagnies d'assurances ; quel-
— L'assurance contre le remboursement
ques types de caisses ; France, Belgique.
au pair des titres amortissables par tirage — L'Epargne. — La Cagnotte.
au sort, — L'assurance des émissions. —
L'assurance contre les faillites. — Le FASCICULE N° 9
Ducroire. — L'Assurance contre les pertes
d'argent. — L'Assurance commerciale. — Les divers risques couverts par les
assurances (suite). Assurances invalidité,
vieillesse, retraites : Le Travail. —
FASCICULES N°s 7 et 8 Projet Oulmière. — Suisse. — Projet
Les divers risques couverts par les assu- Tirard. — Projet Lebon. Sociétés de
rances (suite). — L'assurance des frais de retraites : Prévoyante île l'Avenir, France
justice. — Assurance de l'entretien des prévoyante, etc.—Retraites en Angleterre.
immeubles. — Assurance contre les dé- Invalidité et vieillesse en Allemagne.—
gâts causés par les eaux ménagères. — —
Caisse des mineurs en Autriche,— Dane-
Assurance de la responsabilité civile des mark,— Hollande,— Belgique, — Suè-
propriétaires d'immeubles, gérants et loca- de. — L'assurance contre l'infirmité. —
taires en cas d'accidentscausés aux tiers par Lassurance populaire. — La Caisse de
le fait de l'immeuble ou de son entretien. l'État français. — La « Provielence », poli-
-7 L'assurance des funérailles et créma- ces à double effet, vie entière, mixte. —
tions précipitées. Caisses d'enterrement. Métropole. — L'Ouest. — Le Progrès natio-
L'assurance —
— des marins. — La France nal. — La Garantie Générale vie. — La
est le pays maritime le plus étendu. — La Caisse des Familles. — L'Abeille. — La
profession de marin pêcheur est la plus Fourmilière. — Les Sociétés d'assurances
de prévoyance mutuelle en cas de décès et reurs, les agents inspecteurs, courtiers,
de rentes viagères. — Assessment. — la presse. — Les auteurs. — Portraits de
Extrait d'un rapport du Bureau fédéral MM. Badon-Pascal, Bergeron, Cacheux,
Suisse. —L'Assurancepopulaire en Angle- Chaufton, Cheysson, do Courcy, Gauvin,
terre, — en Suisse, — ou Allemagne, — de Gourgiiff père et fils, Guieysse, Lechar-
en Italie, — en Belgique. — L'Assurance tier, Lefort, Lucas, Marestaing, Mauriac,
de natalité, — Repopulatrice.— La Mater- Pouget, Richard, Reboul, Tournai, Thome-
nelle. — L'Assurance dotale. — L'Assu- reau, Vermot.
rance à terme lise. — La Métropole, la III. ASSURANCE CONTRE LES INCENDIES. —•
Providence, l'Abeille.— La Famille fran- Le l'eu.—Son rôle.-—-Pertes et causes.— Les
çaise, — Société de dotation ele la jeunesse. Pompiers. — Coup d'oeil vers le passé :

— En Italie, — en Allemagne, — au Triumvir i nocturni,quinqueviri, oediles, tri-


Canada. — L'Assurance ele première com- buns, proefectus vigilum ou préfet des gardes
munion. —- L'Assurance des jumeaux,— de nuit; les cohortes,collegium,leur consti-
du célibat. — Système delà Providence. — tution civile, le collège des Fabri; lettre de
L'Assurance contre le divorce. — Risque Pline à Trajan et réponse de ce dernier.—
de guerre en temps de paix. — Conditions L'Association ou Gildes du moyeu âge; la
des polices. — L'Association mutuelle des Gilde de Cambrai, — La confrérie. — Le
risques ele guerre et d'émeute. — Associa- guet, sa constitution. — Le couvre-feu. —
tion mutuelle des risques du siège de Paris. Le lieutenant général de Police. — L'ère
— Le Palladium. — L'Ordre. — La Cita- des grands incendies (1737). —La Pompe,
delle. — Mutuelle militaire : accidents de son histoire. — Création du premier corps
manoeuvres et incendie. — En Suisse : la de sapeurs-pompiers de Paris, son organi-
Zurich. — En Allemagne : l assurance du sation primiiive et son histoire; les sapeurs
service militaire. — En Autriche : le rem- pompiers de province, leur organisation ;
placement et le recrutement, historique. la question des assurances en 1889. —
— Sociétés d'assurances : Associations des Projet Bérard et projets antérieurs. Con-
familles, la Sentinelle, etc. — La Société seils généraux. — Hôtel de Ville de Paris.
d'assurances mutuelles en cas de décès des — La Réparation. — L'organisation de--
gardes nationaux. — Un décrctdu Gouver- pompiers à l'étranger : à Londres, à Saint-
nement delà Défense nationale. — Statuts. Pétersbourg, Moscou, Varsovie, Vienne,
Berlin, Belgique, Suisse, Le Caire, Chi-
cago, Boston, New-York; Ecoles d'incen-
FASCICULES Nos 10 et 11 dies; Pompiers au Japon.
Les divers risques couverts par les
assurances (suite). — La Défense mutuelle FASCICULE N" 12
de Paris. — Lyon. — Rouen. —- Lille. — III. — Assurance contre les incendie-
L'assurance contre la dynamite. — Assu- (suite). — Les sauveteurs. — Corps de sau-
rance des aveugles, — aliénation mentale, vetage de Londres. — Législation interna
— des refusés, — des intellectuels, — des tionale des incendies. — Règlement pen-
bagages, — contre l'affichage, — des ob- dant le siège de Paris. — La réparation
jets d'art. — Assurances fluviales, — contre
l'inondation ;— des vers à soie.—LeTrésor aux premiers âges. — Les grands désas-
du sommeil. -— Phylloxéra. — L'assurance tres ; intervention monarchique. — La
charité et les bureaux des incendiés. - -
mutuelle contre la destruction par l'in- Sociétés mutuelles et Compagnies. --
cendie des titres et minutes déposés chez Extrait des statuts de 1816 de la Com-
les officiers ministériels.—Assurancecontre pagnie d'assurance mutuelle contre l'incen-
la contrefaçon des produits, brevets, mar- die ; ordonnance royale; acte de constitu-
ques de fabrique. — La reconstitution des tion ; statuts, chapitre premier relatif à la
capitaux. —L'Avenir populaire. — Moda- fondation. — Caisses départementales; leiu
lité de l'assurance. —- Mutualité, prime histoire. — Projets de loi divers. — Quel-
fixe, mixte, coopératives, caisses départe-
mentales.—Organisationdes Compagnies ques opinions. — Les Mutuelles profes-
sionnelles ; les Sociétés coopératives. — La
et Sociétés en comités et en syndicats. Garantie Générale et sa constitution parti-
— Régime des Sociétés d'assurances en culière garantissant les opérations de Socié-
France, loi de 1867, autorisation, surveil- tés Mutuelles d'assurance contre l'incen-
lance, législation. — Directeurs, adminis- die. — Police française. — Fac-similés
trateurs, commissaires. — Capital social,
— Les trois plus fortes polices du
monde.
actionnaires, loi de 1867 modifiée, actions.
—Maisons d'achat et de vente. De l'assuré.
Compagnies de réas- FASCICULES 13 et suivants
— De la réassurance, III. Assurances contre les incendies
surance à Paris, réassurance de porte-
feuille. — Cession. —Vente. — Faillite. — (suite et fin). — IV. Assurance sur la vie.
Codification. — Pardessus, Alauzet, Que- — V. Assurance contre les accidents.—VI-
nault, Pouget, de Delas.—Les impôts. — Assurances agricoles. —VIL Conclusion.
Les vulgarisateurs de l'assurance: les assu- — Table des matières.

Paris. — Imprimerie Paul Dupont, 4, rue du Bouloi. — 966.b,96


FASCICULE N 0! 13 et 14 — PRIX : 4 FRANCS.
Les Fascicules nos 15 et 16 paraîtront en Juillet 1896.
Les derniers fascicules paraîtront en août et septembre.

PAHIS
SOMMAIRE
FASCICULES N03 13 et 14 à 1895. — L'Assurance sur la vie en Euro-
III. Assurances contre les incendies pe. — Résultats divers en 1895. — Assu-
(suite et fin). — Les trois plus fortes po-
rance dans le monde entier. — Applications
diverses de l'assurance sur la vie. Comlu-
lices du monde. — Le mot incendie et la naisons.— Polices. — Fac-similé delà pre-
définition qu'il convient de lui appliquer mière police de la première Compagnie du
dans l'assurance. — Petits sinistres. — Continent. La Hollandsche Societeit van
Incendies volontaires. — Législation de Levensverzekeringen, créée à Amsterdam
l'assurance contre l'incendie. — Projets de en 1807. - LatabledeKersseboom. - Vi-
lois. — L'assurance réparatrice. — Résul- gnette des premières polices de la Compa-
tats en France,de 1889 à 189i et quelques gnie d'Assurances Générales sur la vie. —
résultats à l'Étranger : Belgique, Italie, L'association pour la protection mutuelle
Russie, Suisse, Canada, Autriche. des porteurs de police. — Note sur la plus
IV. — HISTOIRE DE L'ASSURANCE VIE. — ancienne police du monde : Equitnhle
La Vie. — L'assurance sur la vie, ses 1765. — Le suicide.—Le risque de guerre
bases scientifiques et techniques, son oeuvre
sociale. — Législation. — L'assurance sur en France et à l'Étranger ; tableau synop-
tique. — Bases scieniiliqueset techniques.
la vie. — Son histoire. — Les abus de Probabilité et longévité. — Table le
l'an XIII. — Ordonnances et règlements —
mortalité, histoire. — Table d'Ulpien. —
Srohibant l'assurance sur la vie. — L'act Table du docteur Halley. —Table de J ui
e la 14° année du règne de Georges III. - Hudde de 1586.— A travers les siècles —
Pascal, Halley et les premiers calculs. — Table du Comité français. — Auteur et
Institutions anglaises de 1698 ; l'Amicable. collaborateurs, photographies. Les ac-
— Les Tontines. — Déclaration de tuaires au Congrès de Bruxelles, groupe j>0
Louis XVI en faveur de l'assurance. — photographique. — Fac-similé de la table
Premier code d'assurance sur la vie ; C. — La Prime. —La Réserve. — Examen
« AUgemeine Landrecht » de 1789 à 1819. médical. — Rôle du médecin. — Sonet
— Le pour et contre l'assurance vie. — prolessionnel.
A l'étranger.— Fonctionnement de l'assu-
rance sur la vie. — Fonctionnement en FASCICULES N°» 15 et 16
France.—Compagnies, Sociétés Mutuelles,
Coopératives, Populaires, Amortissable IV. — Assurance sur la vie (suite et /ei.i.
par tirages, Caisse d'État. — Comité Syn- V. — Assurance contre les accident..
dicat. — Compagnies françaises à l'étran- VI. — Assurances agricoles. — Tables
ger. — Compagnies étrangères en France, des matières.
Compagnies américaines. — Marche de Pour les sommaires des fascicules pi --
l'assurance sur la vie en France, de 1819 dents, voir sur la couverture du n" 12.
FASCICULES ^OS 15 et 16 — PRIX : 4 FRANCS.

Les derniers fascicules paraîtront fin septembre.

PARIS
SOMMAIRE
collaborateurs, photographies. Les a>
FASCICULES N" 13 et 14 tuaires au Congrès de Bruxelles, groitny
III. Assurances contre les incendies photographique. — Fac-similé de la tab.'o
(suite et fin) — Les trois plus fortes po- C. — La Prime. — La Réserve. — Exaunii
lices du monde. — Le mot incendie et la médii-al. — Rôle du médecin. — Secret
définition qu'il convient de lui appliquer prolessionnel.
dans l'assurance. — Petits sinistres. —
Incendies volontaires. — Législation de
l'assurance contre l'incendie. — Projets de FASCICULES N" 15 et 16
lois» — L'assurance réparatrice. — Résul-
tats en France.de 1889 à 189i et quelques IV. — Assurance sur la vie (suite et fin).
résultats à l'Étranger : Belgique, Italie, — OEuvres sociales. — Les habilitions à
Russie, Suisse, Canada. Autriche. bon marché et, l'assurance sur la vie vu
IV. —i HlSTOIUB DB L'ASSURANCE VIE. France, en Belgique, eu Allemagne, aux
La vie. — L'assurance sur la vie, ses Etuts-Unis. — Léyis/ation. —Jurispruden-
bases scientifiques et techniques, son oeuvre ce d'assurances sur la vie. — Législation ;
sociale. — Législation. — L'assurance sur lois et décrets depuis 1861.— Surveillance.
la vie. — Son histoire. —Les abus de — Projets Bozérian, Roche, Guieys-e, ar-
l'an XIII. — Ordonnances et règlements rêté ministériel de i894 sur les complus
prohibant l'assurance sur la vie. — L'act rendus. — Etranger. — Les souverain- et
de la 14° année du règne de Georges III. - l'assurance sur la vie.
Pascal, Halley et les premiers calculs. — V. — HISTOIRE DE L'ASSURANCIÎ ACC.DUN H.
Institutions anglaises de 1698 ; l'Ainicable. — L'accident et lix responsabilité. — Lu
I

— Les Tontines. — Déclaration de prévention. — Réparation humanitaire. —


Louis XVI en faveur de l'assurauce. — Réparation sociule. — Le risque profes-
Premier code d'assurance sur la vie : sionnel et la législation : L'accident et ht
« AUgemeine Landrecht » de 1789 a 1819. 'responsabilité. — L'accident déiini. —
— Le pour et contre l'assurance vie. — Genres de mort accidentelles. — Classe-
A l'étranger.— Fonctionnement de l'assu- ment des professions en Europe. — Res-
rance sur la vie. — Fonctionnement en ponsabilité tardive des accidents. — Clas-
France.—Compagnies, Sociétés Mutuelles, sement des inliriuités. — La prévention
Coopératives, Populaires, Amortissable — Les expositions de protection. — Les
par tirages, Caisse d'Etat. — Comité, Syn- musées sociaux. — Les Congre*. — Les
dicat. — Compagnies françaises à l'étran- associations industrielles de prévention. —
ger. — Compagnies étrangères en France. La Réparation humanitaire. — Secours
Compagnies américaines. — Marche de aux blessés par accidents de 16l)0 à IS'JI.
l'assurance sur la vie en France, de 1819 — OEuvivs humanitaires : Uuiou «les Fem
à 189o. — L'assurance sur la vie en Euro- mes de Fran e, Samaritains, Maisons do
pe. — Résultats divers en 1895. — Assu- secours. — Congrès de sauvetage. — Ta-
rance dans le monde entier. — Applications bleau synoptique des secours eu eus d'ac-
diverses de l'assurance sur la vie. Combi- cidents. — .Réparation sociale. — Origine
naisons.— Polices. — Fac-similé de la pre- de l'assurance contre les accidents du tra-
mière police de la première Compagnie du vail : Ordonnance de 1681, règles mariti-
Continent. La Hollandsche Societeit van mes de WUby. — La République de Hol-
Levensverzekeringen, créée à Amsterdam lande de I6ôô. — Les Compagnies : créa-
en 1807. - LatabledeKersseboom. Vi- tions anglaises eii 1849, des Eiais-Unis eu
gnette des premières polices de la Compa- 186:1, d'Allemagne en 1865, de Belgique eu
gnie d'Assurances Générales sur la vie. — 1853, de Suisse, des P<»ys Scandinaves, <io
L'association pour la protection mutuelle Russie, d'Italie. — L'assurance accidents
des porteurs de police. — Note sur la plus en France et son fonctionnement: LaiViui;
ancienne police du monde : Equitable (chevaux et voitures), fac-similé d'uiio
1765. — Le suicide. — Le risque de guerre Dolice. — La Caisse paternelle («ssuranco
en France et à l'Étranger ; tableau synop- des voyageurs). — La Préservatrice mu-
tique. — Bases scieniiîiqueset techniques. tuelle 'assurance collective). — Le Soleil-
— Probabilité et longévité. — Table de Sécurité générale, et responsabilité civi't'
mortalité, histoire. — Table d'Ulpien. — réunis, compagnie à primes. — La Cais-.i
Table du docteur Halley. — Table de Jean Nationale de 1868. — De 1876 à 1884, <ÎÔ
Hudde de 1586. — A travers les siècles. — 1884 à 1895. — Créations et disparitions <io
Table du Comité français. — Auteurs et Compagnies. — Sociétés de secours mu-
Voir la suite des sommaires à la page 3 do la eouoerlure.
tuels, professionnelleset Caisses syndicales. — Opinions. — La Caisse de l'Etat. — A
— Compagnies étrangères en France. — l'Etranger, législation, projets, résultats :
Syndicat général, son but. — Applications Allemagne, Autriche, Angleterre, Suède,
de l'assurance accidents. — Combinaisons Norvège, Finlande, Russie, Italie, Belgi-
diverses : assurance individuelle (texte de que, Suisse, Pays-Bas, Roumanie, Espa-
la police). — Collective. — Responsabilité gne, Mexique.
civile (police). — Bris des glaces. — Che-
vaux et voitures. — Pompiers (police). —
Chasse. — Vélocipédie. — Contre l'explo- DERNIERS FASCICULES
sion du gaz, etc., etc. — Fac-similé d'une V. — Assurance contre les accidents
importante police accident souscrite à l'oc- (suite et fin).
casion de l'Exposition de Chicago. — Ré- VI. — Assurances agricoles. — Tables
sultats obtenus en France par les Compa- des matières, table analytique et alphabé-
gnies et Sociétés d'assurances et par la tique, index des noms cités.
Caisse nationale. — Risque professionnel
et législation. — Le risque professionnel Pour les sommaires des fascicules précé-
existe. — Législation et projets français. dente, voir sur la couverture du n° 12.
Paris. — Imprimerie Paul Dupont, 4, rue du Bouloi. — 1280.8.96
SOMMAIRE
collaborateurs, photographies. Les ac-
FASCICULES W°» 13 et 14 tuaires au Congrès de Bruxelles, groupe
III. Assurances contre les incendies photographique. — Fac-similé de la table
(suite et fin). — Les trois plus fortes po- C. — La Prime. — La Réserve. Examen
lices du monde. — Le mot incendie et la médical. — Rôle du médecin. —— Secret
définition qu'il convient de lui appliquer professionnel.
dans l'assurance. — Petits sinistres. — ,
Incendies volontaires. — Législation de
l'assurance contre l'incendie. — Projets de FASCICULES N"* 15 et 16
lois. — L'assurance réparatrice. — Résul-
tats en France, de 1889 à 1894 et quelques IV. —Assurance sur la vie (suite et fin).
résultats à l'Étranger : Belgique, Italie, — OEuvres sociales. — Les habitations à
Russie, Suisse, Canada, Autriche. bon marché et l'assurance sur la vie en
iy. — HISTOIRE DE L'ASSURANCE VIE. — France, en Belgique, en Allemagne, aux
La vie. — L'assurance sur la vie, ses États-Unis. — Législation. —Jurispruden-
bases scientifiques et techniques, son oeuvre ce d'assurances sur la vie. — Législation ;
sociale. — Législation. — L'assurance sur lois et décrets depuis 1861. — Surveillance.
la vie. — Son histoire. — Les abus de — Projets Bozérian, Roche, Guieysse, ar-
l'an XIII. — Ordonnances et règlements rêté ministériel de 1894 sur les comptes
prohibant l'assurance sur la vie. — L'act rendus. — Etranger. — Les souverains et
de la 14e année du règne de Georges III.— l'assurance sur la vie.
Pascal, Halley et les premiers calculs. — V. — HISTOIRE DE L'ASSURANCE ACCIDENTS.
Institutions anglaises de 1698 ; l'Amicable. — L'accident et la responsabilité. — La
— Les Tontines. — Déclaration de prévention. — Réparation humanitaire. —

Louis XVI en faveur de l'assurance. — Réparation sociale. — Le risque profes-
Premier code d'assurance sur la vie : sionnel et la législation : L'accident et la
* AUgemeine Landrecht » de 1789 à 1819. responsabilité. — L'accident défini. —
— Le pour et contre l'assurance vie. — Genres de mort accidentelles. —Classe-
A l'étranger. — Fonctionnement de l'assu- ment des professions en Europe. — Res-
rance sur la vie. — Fonctionnement en ponsabilité tardive des accidents. — Clas-
France.—Compagnies,SociétésMutuelles, sement des infirmités. — La prévention.
Coopératives, Populaires, Amortissable — Les expositions de protection. — Les
par tirages, Caisse d'État. — Comité, Syn- musées sociaux. — Les Congrès. — Les
dicat. — Compagnies françaises à l'étran- associations industrielles de prévention. —
ger. — Compagnies étrangères en France. La Réparation humanitaire. — Secours
Compagnies américaines. — Marche de aux blessés par accidents de 1600 à 1895.
l'assurance sur la vie en France, de 1819 — OEuvres humanitaires : Union des Fem-
à 1895. — L'assurance sur la vie en Euro- mes de France, Samaritains, Maisons de
pe. — Résultats divers en 1895. — Assu- secours. — Congrès de sauvetage. — Ta-
rance dans le monde entier. — Applications bleau synoptique des secours en cas d'ac-
diverses de l'assurance sur la vie. Combi- cidents. — Réparation sociale. — Origine
naisons.— Polices. — Fac-similé delà pre- de l'assurance contre les accidents du tra-
mière police de la première Compagnie du vail Ordonnance de 1681, règles mariti-
:
Continent. La Hollandsche Societeit van mes de Wisby. — La République de Hol-
Levensverzekeringen, créée à Amsterdam lande de 1665. — Les Compagnies : créa-
en 1807. — LatabledeKersseboom. Vi- tions anglaises en 1849, des États-Unis en
gnette des premières polices de la Compa- 1863, d'Allemagne en 1865, de Belgique en
gnie d'Assurances Générales sur la vie. — 1853, de Suisse, des Pays Scandinaves, de
L'association pour la protection mutuelle Russie, d'Italie. — L'assurance accidents
des porteurs de police. — Note sur la plus en France et son fonctionnement : La Seine
ancienne police du monde : Equitable (chevaux et voitures), fac-similé d'une
1765. — Le suicide. — Le risque de guerre police. — La Caisse paternelle (assurance
en France et à l'Étranger ; tableau synop- des voyageurs). — La Préservatrice mu-
tique. — Bases scientifiques et techniques. tuelle (assurance collective). — Le Soleil-
— Probabilité et longévité. — Table de Sécurité générale et responsabilité civile
mortalité, histoire. — Table d'Ulpien. — réunis, Compagnie à primes. — La Caisse
Table du docteur Halley. — Table de Jean Nationale de 1868. — De 1876 k 1884, de
Hudde de 1586. — A travers les siècles. — 1884 à 1895. — Créations et disparitions de
Table du Comité français. — Auteurs et Compagnies. — Sociétés de secours mu-
Voir la suite des sommaires à la page 3 de la eounerture.
tuels professionnelleset Caisses syndicales. coles. — Le crédit agricole. — L'assurance
Compagnies étrangères en France. — contre la grêle. — La Grêle et les particula-

Syndicat général, son but. — Applications rités qu'elle présente. — Origine des So-
de l'assurance accidents. — Combinaisons ciétés. — La Société d'assurances réci-
diverses : assurance individuelle (texte de proques contre la grêle de l'an IX, sa situa-
la police). — Collective. — Responsabilité tion au 30 fructidor de l'an XIII. — Lav
civile (police). — Bris des glaces. — Che- Cérès de 1823 et la Société de Toulouse de
vaux et voitures. — Pompiers (police). — 1826. — La Compagnie d'Assurances Gé-
Chasse. — Vélocipédie. Contre l'explo-
—Fac-similé d nérales et l'Abeille. — Note, lettre et pro-
sion du gaz, etc., etc. une
— souscrite à l'oc- jet de décret présenté au Prince-Président
importante police accident Napoléon pour la constitution de l'assu-
casion de l'Exposition de Chicago. — Ré- rance grêle par l'Etat. — Constitution de
sultats obtenus en France par les Compa- la Caisse générale des assurances agri-
gnies et Sociétés d'assurances et par la coles, refus du Conseil d'État, liquidation
Caisse nationale. — Risque professionnel de la Caisse en 1889. — Les diverses phases
et législation. — Le risque professionnel de l'assurancegrêle. — Résultats des Com-
existe. — Législation et projets français. pagnies et Sociétés en 1895. — Compagnies
Opinions. La Caisse de l'État. — A existantes et disparues. — Les Caisses dé-
— —
législation, projets, résultats : partementales. — La Caisse dés tabacs du
l'Etranger,
Allemagne, Autriche, Angleterre, Suède, Lot. — Texte des conditions générales des
Norvège, Finlande, Russie, Italie, Belgi- polices. — L'assurance contre la maladie
que, Suisse, Pays-Bas, Roumanie, Espa- et la mortalité dubétail.—L'assurance bétail
gne, Mexique. des Hébreux. — La peste bovine de 1765.
— Apparition de l'assurance bétail en
France, 1803, 1838, 1849, 1858, 1865. —
FASCICULES N°» 17, 18 et 19 Sociétés existantes, résultats. — La Con-
servatrice, prime fixe. — La police des
V. — Assurances contre les accidents Mutuelles. — Législation et état de la ques-
(suite et fin). — Risque professionnel et tion des assurances agricoles en France et à
législation (suite et fin). — Les Congrès l'étranger. — Projets divers en France. —
contre les accidents du travail. — Paris Mouvement d'opinion contre la législation
1889. — Création du Comité permanent proposée. — Législation étrangère : Alle-
des accidents du travail et des assurances magne, Autriche, Italie, Duché de Bade,
sociales. — Congrès de Berne. — Congrès Hongrie, Belgique, Suisse, Russie...
de Milan. Table des matières. — Table analytique
VI. — HISTOIRE DES ASSURANCES AGRI- et alphabétique des matières. — Index des
COLES. — Les risques agricoles. — Le
crédit noms d'auteurs et personnalités cités. —
agricole. — L'assurance grêle. — L'assu- Index des Compagnies et Sociétés citées.
rance bétail. — Législation et état de la Pour les sommaires des fascicules précé-
question sur tes assurances agricoles en
France et à l'étranger. — Les risques agri- dents, voir sur la.couverture du n° 1%.
Paris. — Imprimerie Paul Dupont, i, rue du Boulai. — 1476.10.g6

Vous aimerez peut-être aussi