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L'histoire de l'Afrique commence avec l'apparit ion du genre humain, il y a environ 2,6 millions d'années. Le cont inent est le berceau de l'humanit é, où
s'est élaboré, il y a 200 000 ans environ, l'humain moderne qui s'est par la suit e répandu dans le rest e du globe. Vers la fin de la Préhist oire, le Sahara, qui
ét ait alors formé de grands lacs, devint aride et « coupa » l'Afrique en deux, conduisant à des évolut ions hist oriques dist inct es mais non t ot alement
indépendant es ent re le nord et le sud, t oujours reliés par divers corridors commerciaux passant par des réseaux d'oasis.
Le nom « Afrique » dérive du lat in Africa , désignant à l'origine la province d'Afrique proconsulaire dans l'Empire romain, qui recouvrait approximat ivement
ce que sont aujourd'hui la Tunisie, la région côt ière d'Algérie et la Tripolit aine libyenne et qui finit par désigner t out es les t erres au-delà. À l'origine, le
t erme ut ilisé ét ait « Ét hiopie », et les Africains ét aient appelés « Ét hiopiens » dans la myt hologie, mais le t erme « Afrique » le remplaça lorsque
l'Ét hiopie act uelle réclama son droit à ut iliser son nom hist orique au lieu du t radit ionnel « Abyssinie » ut ilisé en Europe, en s'appuyant sur La Chronique
des rois d'Aksoum, un manuscrit guèze du xviie siècle, où le nom Éthiopie est dérivé d'Ityopp'is , un fils de Koush inconnu de la Bible, qui aurait fondé la
ville d'Aksoum. Pline l'Ancien[1] exposait la même t radit ion en parlant d'« Æt hiops, fils de Vulcain » [n 1]. Un phénomène analogue a eu lieu pour l'Asie :
désignant à l'origine les t erres sit uées à l'Ouest de l'Anat olie, (ce t erme ayant ét é ensuit e repris par les Romains pour désigner la province recouvrant
ce t errit oire), ce mot finit par désigner t out es les t erres à l'Est de celle-ci. Ce phénomène est sympt omat ique de la division hist orique ent re les deux
part ies du cont inent , ent re le Nord et l'Est int égrés à l'Eurasie et à la Médit erranée, et le rest e du cont inent qui rest a longt emps à l'écart des grandes
rout es commerciales int ercont inent ales comme la rout e de la soie.
À la période hist orique, la première grande civilisat ion, l'Égypt e ant ique se développa le long du Nil, et plus t ard, l'Afrique du Nord, rive sud de la
Médit erranée, connut l'influence des Phéniciens, des Grecs et des Romains, ainsi que dans une moindre mesure celle des Perses et des Assyriens
lorsque leurs empires respect ifs envahirent l'Égypt e.
L'Afrique subsaharienne vit naît re ses propres civilisat ions dans les zones de savanes. À compt er de 3000 av. J.-C. l'expansion bant oue repoussa les
peuples Khoïsan. Du côt é de l'Afrique de l'Ouest , le Royaume Mossi se démarqua par sa remarquable t énacit é à résist er à t ous les envahisseurs. Venu
du Ghana, ce royaume fixa le t erreau de sa fort eresse en plein milieu de l'Afrique l'Ouest .
La religion chrét ienne s'implant a en l'Afrique dès le ier siècle, essent iellement dans l'Afrique romaine du nord du cont inent puis dans l'act uelle Ét hiopie.
Le viie siècle vit les début s de l'Islam en Afrique, lequel s'inst alla sur la côt e est et dans le nord du cont inent jusqu'à la frange sept ent rionale de la
zone subsaharienne. L'Afrique du nord s'arabisa lent ement et se convert it à l'islam dans le même t emps à part ir de la conquêt e islamique et de la
colonisat ion arabe des vie et viie siècles. En Afrique subsaharienne, à part ir du viiie siècle et jusqu'au xviie siècle, de puissant s et riches empires se
succèdèrent , t els que l'Empire du Ghana, le Fout a-Toro, l'Empire du Mali, l'Empire songhaï, le Royaume du Kanem-Bornou, l'Empire de Sokot o ou le
Royaume du Bénin.
Vers la fin de cet t e période, au xve siècle, les Port ugais, suivis par d'aut res nat ions européennes, inst allèrent sur la côt e ouest un t rafic d'esclaves, la
t rait e at lant ique, qui s'ajout a à la t rait e int ra-africaine et à la t rait e orient ale qui sévissaient depuis longt emps déjà sur le cont inent . Grâce à ce nouveau
débouché commercial, cert ains royaumes africains prospérèrent grâce au t rafic d'esclaves, comme ceux de la côt e du Zanguebar, ou de la Côt e des
Barbaresques, en se fournissant chez leurs ennemis ou chez leurs voisins infidèles. Le xviiie siècle marqua le début des explorat ions européennes de
l'int érieur des t erres, suivies par la colonisat ion massive du cont inent ent re la fin du xixe et le début du xxe siècle (voir Part age de l'Afrique). Si la t rait e
esclavagist e en direct ion des pays arabes perdura jusqu'à nos jours, celle de l'At lant ique cessa à la fin du xixe siècle mais fut vit e remplacée par une
exploit at ion coloniale des peuples conquis, comme dans le Congo belge. L'Afrique ét ait au début du xxe siècle presque ent ièrement sous dominat ion
coloniale européenne et le rest era en part ie jusqu'à la fin du siècle, ce qui modèle encore aujourd'hui les front ières et les économies des pays
concernés.
La plupart des Ét at s obt inrent leur indépendance ent re la fin des années 1950 et le milieu des années 1970, parfois à l'issue de guerres
d'indépendance sanglant es comme en Algérie. Les pays du cont inent présent ent la croissance démographique la plus import ant e de la planèt e et une
sit uat ion sanit aire qui s'améliore net t ement t out en progressant moins vit e que dans les aut res pays en développement .
Préhistoire
Après l'évolut ion d'homo sapiens, il y a environ 200 à 100 000 ans, le cont inent fut principalement peuplé par des groupes de chasseurs-
cueilleurs[8],[9],[10]. Selon la t héorie de l'« origine africaine de l'Homme moderne », ces premiers humains modernes quit t èrent l'Afrique et peuplèrent le
rest e du monde ent re 80 et 50 000 ans avant le présent . Ils auraient quit t é le cont inent en t raversant la mer Rouge via le Bab-el-Mandeb[11],[12], le
dét roit de Gibralt ar[11],[12] et l'ist hme de Suez[13].
Des migrat ions de ces humains modernes, à l'int érieur du cont inent , dat ent des mêmes époques, avec des t races de peuplement humain précoce en
Afrique aust rale, Afrique du Nord et au Sahara[14].
Lucy, un squelette relativement
complet d’ Australopithecus
afarensis
Formation du Sahara
La t aille du Sahara a considérablement varié au fil du t emps, essent iellement du fait des condit ions climat iques[15]. À la fin de la glaciat ion qui a lieu aux
alent ours de 8500 av. J.-C., le Sahara ét ait un t errit oire vert et fert ile. On t rouve, dans le Tassili n'Ajjer, des peint ures rupest res, dat ant d'environ
8000 av. J.-C., représent ant un Sahara fert ile et largement peuplé [16]. Vers 5000 av. J.-C., l'échauffement et l'assèchement du climat font que le Sahara
devient de plus en plus chaud et host ile. À l'occasion d'une évolut ion qui dure jusqu'aux alent ours de 3900 av. J.-C., le Sahara connaît une période de
désert ificat ion[17],[18]. Une récession climat ique import ant e se produit , ent raînant une diminut ion des pluies en Afrique de l'est et du cent re. Depuis
cet t e époque, ce sont des condit ions sèches qui prédominent en Afrique de l’est [19]. Le Sahara devient un « hiat us climat ique […] qui joue un rôle
capit al dans le cloisonnement géographique d'une grande part ie de l'Afrique [20] ». Cela réduit la quant it é de t erres propices au peuplement et provoque
des migrat ions des communaut és agricoles vers le climat plus t ropical de l'Afrique de l'Ouest [19] et vers la vallée du Nil, en dessous de la seconde
cat aract e, où s'ét ablissent des implant at ions permanent es ou semi-permanent es. Cet t e émigrat ion a permis l'émergence de sociét és complexes et
haut ement organisées durant le IVe millénaire av. J.-C.[21], comme en t émoigne le sit e de Nabt a Playa[n 2]. Ce hiat us climat ique est un obst acle à la
circulat ion nord-sud ; Pierre Gourou[22] parle de « hiat us isolant ». La vallée du Nil devient le couloir privilégié de circulat ion et l'Égypt e suit un processus
de développement dist inct du rest e de l'Afrique, t out comme les Ét at s de la Corne de l'Afrique qui se t rouvent mieux int égrés aux syst èmes
économiques du Moyen-Orient qu'au rest e de l'Afrique [23],[n 3].
L'agricult ure apparaît en plusieurs lieux selon un processus complexe [28] vers 6000 av. J.-C.[29] Il s'agit d'abord d'une adopt ion par l'Égypt e de plant es
venant du sud-ouest asiat ique. L’Ét hiopie (et la Corne de l'Afrique en général) se dist ingue net t ement de ses voisines et ent ret ient des cont act s
int ermit t ent s avec l’Eurasie après l’expansion de l’espèce humaine hors d’Afrique. La cult ure, la langue ainsi que les espèces cult ivées en Ét hiopie (café,
sorgho, t eff) sont part iculiers à cet t e région. Vers 3000 av. J.-C., une migrat ion majeure de populat ions d'agricult eurs venus du Proche-Orient a lieu en
direct ion de l'Afrique [30]. Cet t e implant at ion de nouvelles populat ions est not amment présent e dans la corne de l'Afrique [30]. Vers 2 000 ans av. J.-C.,
une agricult ure aut ocht one se développe avec la domest icat ion du mil, du riz africain, de l'igname et du sorgho[31].
En Afrique de l'Ouest , la populat ion de cult ure Nok (vers 1500 AEC - ier siècle EC), au Nigéria, prat ique l'agricult ure (mil, haricot ) et la cueillet t e de
plant es sauvages. Ils maît risent la t echnologie du fer dès 800 AEC, mais sans la "complexit é sociale" imaginée auparavant (sans inégalit é ni
hiérarchie)[32].
En Afrique aust rale, des groupes d'éleveurs probablement d'origine est -africaine ont commencé à arriver dans la région il y a environ 2 000 ans. Cet t e
expansion du past oralisme en Afrique de l'Est semble mont rer une migrat ion à prédominance masculine. Ils int roduisent de nouvelles prat iques de
subsist ance et d'élevage pour les chasseurs-cueilleurs locaux[33].
Les agricult eurs parlant des langues bant oues, originaires d'Afrique de l'Ouest , apport ent leur mode de vie en Afrique de l'Est il y a environ 2 000 ans,
puis en Afrique du Sud il y a environ 1 500 ans. Elle ent raîne le remplacement complet des chasseurs-cueilleurs locaux dans cert aines régions[34].
L'Égypte antique
Cet t e période, connue not amment grâce aux t ablet t es découvert es à Amarna, est celle d'un développement considérable du royaume
concomit amment à celui des Hit t it es, du Mit t ani (peuplé par les Hourrit es), de l'Urart u au Moyen-Orient . Sous le règne de cert ains des plus grands
pharaons égypt iens, comme Ramsès II ou Akhenat on, le royaume va s'ét endre hors d'Afrique et prendre le cont rôle d'un large t errit oire allant jusqu'au
Liban. Cet t e période va êt re également celle de grandes innovat ions (t elles que le Cult e d'At on, l'un des premiers monot héismes au monde) et est
souvent considérée comme l'apogée de la civilisat ion égypt ienne d'un point de vue cult urel, comme en t émoigne le fast e du Tombeau de
Tout ânkhamon. Cet t e période va se t erminer à la suit e des invasions des Peuples de la mer, parfois assimilés à des envahisseurs achéens, au cours
d'une période mal connue qui fut celle d'un effondrement généralisé des st ruct ures de pouvoir exist ant es à la fin du II e millénaire av. J.-C.. Si des
invasions du Delt a semblent avoir ét é repoussées, l'Égypt e décline t rès fort ement au cours de cet t e période.
Au sort ir de cet t e période de crise, l'Égypt e passera t our à t our ent re les mains de dynast ies ét rangères au cours du I er millénaire av. J.-C., comme celle
de l'Assyrie, de l'Empire néo-babylonien ou plus t ard des Achéménides, et celles de dynast ies locales souvent arrivées au pouvoir à la suit e de révolt es
cont re ces occupant s à l'inst ar de Nékao II qui lut t a cont re les Assyriens. Si cet t e période fut marquée par de perpét uels conflit s, l'Égypt e se rét ablit
progressivement et peut à nouveau se lancer dans de grands projet s d'infrast ruct ure, en t émoignent la rénovat ion du Canal des pharaons par Nékao II
après plusieurs siècles d'abandon. Au bout du compt e, l'arrivée de l'Empire Achéménide amorça un début de st abilisat ion du pays, avant que la
conquêt e d'Alexandre le Grand et l'arrivée au pouvoir des Lagides (ou Pt olémées) ne lance le début d'un dernier âge d'or de l'Égypt e Ant ique et d'un
développement économique considérable dans la région du Delt a principalement . Au cours de cet t e période, l'Égypt e est l'un des "greniers" de la
Médit erranée, et fournit en grain la République romaine. L'Égypt e profit e également de la rout e des Indes, qu'elle a réorient é vers la Mer Rouge vers
100 av. J.-C. et qu'elle cont rôle en part ie grâce à son compt oir de Dioscoride.
L'hist oire de l'Égypt e ant ique en t ant qu'ent it é indépendant e se t ermine avec la fin de la Dernière Guerre civile de la République romaine, où la défait e
de Marc Ant oine et de son alliée Cléopât re VII ent raîne l'annexion du royaume par Oct avien (qu'il dét enait en t ot alit é à t it re personnel) et son
int égrat ion en t ant que province de l'Empire Romain nouvellement formé. La période sous dominat ion romaine (voir Période romaine de l'Égypt e) voit
globalement le déclin de la province, exploit ée pour son grain et supplant ée au niveau du commerce orient al et de la puissance milit aire par le diocèse
d'Orient cent ré aut our d'Ant ioche et de la Syrie-Palest ine. Ainsi, la conquêt e facile de l'Égypt e (ainsi que du rest e de l'Afrique romaine) par Zénobie de
Palmyre lors de la Crise du t roisième siècle est un bon exemple de l'affaiblissement de l'Égypt e. Si la province demeure import ant e jusqu'à la fin de
l'Ant iquit é, elle n'est donc plus la superpuissance qu'elle a pu êt re à l'époque lagide.
Nubie
Un des fait s les plus marquant s de ce royaume est l'import ance accordée aux femmes, qui jouèrent un grand rôle dans la survie du royaume. Ainsi, les
candaces (ét ymologiquement "mère du roi") pourraient avoir ét é l'équivalent des pharaons égypt iens, même si elles semblent avoir part agé leur pouvoir
avec un homme. Les plus célèbres sont Amanirenas et sa fille Amanishakhét o qui lui succéda. Elles lut t èrent cont re les armées romaines d'August e
ent re 28 et 21 avant not re ère, dans un conflit front alier que les Nubiens avaient init ié. Les armées nubiennes, fort es de 30 000 hommes, ravagèrent la
Thébaïde et l'île de Philæ, en massacrant les cohort es romaines post ées en garnison. Après l'accession au t rône d'Amanishakét o, les pillages se
poursuivent jusqu'à l'Île Éléphant ine Ce ne fut que lorsque les Romains envoyèrent le préfet Publius Pet ronius que la sit uat ion se st abilisa. Lorsque la
paix fut signée en -21, à l'avant age des Nubiens, la front ière fut fixée à Maharraqa et le rest era jusqu'à la chut e du royaume. Le royaume de Méroé
prospéra pendant deux siècles encore, profit ant d'une paix durable avec les Romains pour se développer commercialement .
En 350 avant not re ère, le royaume de Méroé s'effondre, not amment du fait du conflit avec le Royaume d'Aksoum. Les principaut és d'Alodie, de
Makurie et de Nobat ie lui succèdent , chacune cont rôlant une port ion du cours du Nil. Ainsi, la Nobat ie cont rôle la zone ent re la 1re et la 3e cat aract e, la
Makurie s'ét ablit à part ir de la 3e cat aract e et se part age la zone ent re la 5e et la 6e cat aract e avec l'Alodie. Avec la conversion des principaut és à la
fin du vie siècle, le christ ianisme monophysit e, plus connu comme christ ianisme copt e, t rouve un relais dans la haut e vallée du Nil alors qu'il est
condamné comme hérét ique ailleurs.
Aksoum
Sous le règne d'Ezana (320-360), ent re 325 et 328, Aksoum devient le premier grand empire à se convert ir au christ ianisme, et le deuxième Ét at après
l'Arménie. Son règne est également marqué par ses int ervent ions pour met t re à bas son rival commercial de t oujours, le Royaume de Koush. Cela lui
permet d'affermir son cont rôle du commerce est -africain, du pays des Blemmyes à la Somalie. Sous le règne de ses successeurs, not amment d'Ella
Asbeha, l'empire réussit à vaincre le Himyar de Dhu Nuwas dans les années 520 et à consacrer sa dominat ion marit ime sur l'ent rée de la Mer Rouge.
Cet t e dominat ion persist a jusqu'aux début s de l'ère musulmane, le royaume réussissant à ent ret enir globalement de bonnes relat ions avec le califat
émergent et à repousser une at t aque d'Omar ibn al-Khat t âb sur Adulis. Cependant , la ville est quasiment dét ruit e, ce qui affect e les revenus de l'Ét at ,
dést abilise l'aut orit é du royaume et aggrave les t roubles int ernes. De plus, l'ét ablissement du califat du Golfe Persique jusqu'au Maghreb fit perdre de
leur import ance aux rout es commerciales de la Mer Rouge, auparavant avenue principale du commerce de l'Océan Indien vers Rome.
Ainsi, à part ir du viie siècle, la puissance aksumit e déclina rapidement . La concurrence des Arabes sur les rout es marit imes vers l’Inde et la côt e
orient ale de l’Afrique, le déclin des crues du Nil et plusieurs saisons de sécheresse ext rême et prolongée sont probablement les causes de ce déclin ;
la populat ion a dû se réfugier à l’int érieur des t erres sur les haut s plat eaux, dont la surexploit at ion a conduit à une diminut ion du rendement des
cult ures et donc de l’approvisionnement . La période est globalement mal connue, les vest iges mat ériels diminuant avec l'appauvrissement et
l'affaiblissement du royaume. Dans les récit s, une invasion par une reine ét rangère (appelée Yodit ou Gudit et de confession juive, ou Bani al-Hamwiyah
d'origine Sidama et de confession païenne) aux ixe ou xe siècles aurait signé la fin du royaume, et la dest ruct ion de ses églises et écrit s. Le début du
Moyen Âge est une période sombre dans l'hist oire de la région, où il est difficile de démêler la légende de la réalit é hist orique.
Expansion bantoue
Tandis que prospéraient et se développaient les civilisat ions de l'aire nilot ique, vers 2000 av. J.-C. ou 1500 av. J.-C.[34], commença la première
migrat ion[n 4] bant oue [n 5] vers les forêt s t ropicales d’Afrique cent rale, à part ir d'une localisat ion sit uée au sud-est du Nigeria et du Cameroun
act uels[41]. Il s'agit probablement d'un effet de la pression démographique des populat ions du Sahara qui fuyaient l’avancée du désert . La seconde
phase de migrat ion, environ mille ans plus t ard, vers 1000 av. J.-C., les amena jusqu’en Afrique aust rale et orient ale [42]. Les bant ous, éleveurs et semi-
nomades, dans leur mouvement vers le sud, affront èrent les populat ions locales de chasseurs-cueilleurs et se mét issèrent avec elles, jusqu'à
at t eindre l'aire des locut eurs khoïsan, en Afrique aust rale. Ces évènement s expliquent la cart e et hno-linguist ique de l'Afrique act uelle [43].
Phéniciens, Grecs et Romains
La prospérit é de la civilisat ion cart haginoise repose sur le commerce médit erranéen, mais aussi sur celui avec l'int érieur de l'Afrique, avec not amment
les villes de Sabrat ha et de Lept is Magna (en act uelle Libye), sit uées au débouché des pist es t ransahariennes[47]. Du point de vue de l'organisat ion
sociale et polit ique, Cart hage est plus proche d'une confédérat ion de cit és-ét at s, unies avant t out par int érêt économique, avec comme noyau un
t errit oire dominé par les grandes familles, comme l'a ét é l'Ibérie Barcide cent rée aut our de Cart hagène et conquise sur ses fonds propres par Hamilcar
Barca, le père d'Hannibal alors même que le sénat cart haginois avait décidé de se recent rer sur l'Afrique après la 1re guerre punique. Sa st ruct ure
polit ique est donc bien moins cent ralisée et unifiée que celle des Romains, ce qui explique son recours massif aux mercenaires et aux royaumes
vassaux, comme celui des Massæsyles en Numidie et en Libye, dans ses divers conflit s. Cependant , cela la laisse vulnérable aux changement s
d'alliance, ce qui explique sa défait e face à des Romains bénéficiant quant à eux d'une armée bien plus loyale de cit oyens-soldat s, nombreuse et bien
équipée, à même de maint enir par la force la loyaut é des divers Socii, ou peuples alliés[48],[n 7].
L'Empire romain compt a jusqu'à huit provinces en Afrique, qui est appelée à l'époque Ét hiopie : la Tripolit aine, aut our de Lept is Magna et de Tripoli, la
Byzacène aut our d'Hadrumet um, l'Afrique Proconsulaire aut our de Cart hage, la Numidie cirt éenne aut our de Cirt a, la Numidie milit aire ent re ce qui est
aujourd'hui Biskra et le Chot t el-Jérid, la Maurét anie césarienne aut our de Césarée de Maurét anie, la Maurét anie sét ifienne aut our de Sit ifis et la
Maurét anie t ingit ane aut our de Tingis. Si la région est riche, et globalement plus st able que les aut res front ières de l'Empire, la pénét rat ion romaine est
largement circonscrit e aux côt es et aux rives du Nil, bien plus faciles à cont rôler, en dépit d'expédit ions comme celle de Sept ime Sévère cont re les
Garamant es. L'Afrique Romaine est donc une province riche du commerce et de l'agricult ure grâce à ses grandes mét ropoles commerciales côt ières
comme Lept is Magna, Tingis et Cart hage et grâce aux plaines fert iles de Numidie. Cet t e sit uat ion en a fait un enjeu import ant dans la plupart des
guerres civiles romaines en dépit de ses garnisons comparat ivement plus faibles et moins aguerries que celles de Gaule, de Pannonie ou de Syrie. Les
écrit s de synt hèse de Pt olémée, qui permet t ent de déduire l'ét endue du monde connu (direct ement ou par des t émoignages) des Romains,
ment ionnent les Grands Lacs réservoirs du Nil, des compt oirs commerciaux le long des côt es de l'océan Indien jusqu'à Rhapt a en Tanzanie act uelle
ainsi que le fleuve Niger.
Augustin d'Hippone
Le christ ianisme est arrivé en Afrique dès le ier siècle apr. J.-C. dans les grandes villes. Selon la légende, il aurait ét é apport é par Saint Marc lui-même ;
c'est plus probablement l'Église de Jérusalem qui envoya des missionnaires. L'Église d'Alexandrie fut une des plus anciennes Églises chrét iennes. Vers
200, Alexandrie ét ait le siège d'une Église officiant en grec ; en 325, l'Égypt e compt ait 51 évêchés et la Bible circulait en copt e. Le Didascalée y fut
une des grandes écoles t héologiques des premiers siècles du christ ianisme.
Dans les provinces berbères, les communaut és chrét iennes ét aient également t rès nombreuses et dynamiques dès le milieu du iie siècle. Les début s
du christ ianisme dans cet t e région sont ét roit ement liés à la personne de Tert ullien ; celui-ci adopt a un caract ère spécifique, se faisant remarquer par
son int ransigeance, refusant de part iciper à la vie polit ique de la cit é [n 8] et de servir au sein de l’armée de l’Empire [n 9]. Ce choix polit ico-religieux a ét é à
l’origine de conflit s parfois violent s. Cet t e t endance int ransigeant e perdurait au début du ive siècle et après la persécut ion de Dioclét ien en 303, les
donat ist es refusèrent la réint égrat ion dans la communaut é chrét ienne des lapsi qui avaient failli.
Au ive siècle, l'Afrique vit la naissance d'August in d'Hippone, père de l'Église dont la pensée devait avoir une influence dét erminant e sur l'Occident
chrét ien au Moyen Âge et à l'époque moderne [50]. Devenu évêque d'Hippone (act uelle Annaba), il s'opposa dans ses écrit s au donat isme et au
manichéisme ; il est le principal penseur qui permit au christ ianisme occident al d'int égrer une part ie de l'hérit age grec et romain, en généralisant une
lect ure allégorique des Écrit ures liée au néoplat onisme.
Au ive siècle le christ ianisme s'ét end vers l'Afrique de l'Est (not amment en Nubie et en Ét hiopie)[51]. L'Église copt e ort hodoxe ainsi que l'Église
ét hiopienne ort hodoxe font part ie des plus anciennes Églises au monde.
À part ir du viie siècle, les armées arabes conquièrent l'Afrique du Nord en profit ant de leur vict oire sur les Byzant ins à la Bat aille du Yarmouk. En 639,
Amru ben al-As ent re en Égypt e à la t êt e de 4 000 soldat s. Quat re ans plus t ard, en 643, il parvient en Libye, puis aux port es de Sbeït la en 647. Après
une brève int errupt ion due à des querelles de successions, la conquêt e reprend en 665 sous Oqba Ibn Nafi Al Fihri, neveu d'Amru ben al-As. Il fonde
Kairouan en 670 et en fait la capit ale de l'Ifriqiya, ancienne province romaine d'Afrique fraîchement islamisée [52] ; c'est la même année (670) qu'est
fondée la Grande Mosquée de Kairouan, l'une des plus anciennes mosquées d'Afrique [53]. La ville de Tunis est également fondée pour supplant er
Cart hage, reprenant une prat ique de remplacement des cent res de pouvoir anciens par des cent res de pouvoir islamiques commune au rest e du califat
(comme ce fut le cas à Bagdad qui remplaça Ct ésiphon, à Fust at pour remplacer Alexandrie ou encore à Damas pour supplant er Ant ioche). De là, il
rejoint les côt es de l'Afrique de l'Ouest mais se heurt e sur la rout e du ret our à une fort e résist ance berbère emmenée par Koceila. Ce dernier parvient à
prendre Kairouan et , après sa mort , les Arabes ne peuvent s'inst aller dans l'ouest de l'Algérie qu'en s'alliant aux Berbères.
Le Maghreb rest e cependant rét if à la dominat ion islamique malgré une conversion rapide des populat ions sous l'influence not amment d'Idris Ier et du
royaume idrisside, ce qui profit e aux courant s rivaux du sunnisme cont rôlé par le calife. Ainsi, les Ifrenides kharidjit es prennent le pouvoir au Maghreb et
s'allient aux Omeyyades de Cordoue cont re les dynast ies rivales se réclamant du calife abbasside. Ce courant rest a longt emps implant é dans la région,
comme ce fut le cas dans d'aut res marges du califat (en Afghanist an par exemple). Il faudra at t endre l'arrivée au pouvoir des Almoravides au xe siècle
pour que le sunnisme s'impose définit ivement dans la région, bien que marqué par des prat iques hét érodoxes comme le rôle part iculièrement import ant
donné aux marabout s, qui servent à la fois de saint s et de prosélyt es auprès de la populat ion.
Les chrét iens d'Égypt e, comme dans d'aut res régions conquises par le califat , ont ét é au début confirmés dans leurs post es administ rat ifs, à l'inst ar
des zoroast riens de Perse. Mais, l'inst abilit é grandissant après la chut e des Omeyyades, ce st at ut part iculier a ét é peu à peu remis en cause. Ils ont
alors eu le choix ent re la conversion et le st at ut de dhimmi moyennant un impôt sur la t erre, la Djizîa. La plupart choisit la seconde opt ion et réussit à
conserver d'import ant es responsabilit és administ rat ives jusqu'au viiie siècle, où les copt es perdent pet it à pet it leur pouvoir. Ce mouvement s'accélère
avec la prise de pouvoir d'Ahmad Ibn Touloun et la période d'Anarchie de Samarra qui ent raîne un bouleversement des rapport s de force sociaux, au
profit des aut orit és milit aires souvent d'origine t urque, ainsi qu'une réforme administ rat ive met t ant fin aux anciens privilèges en même t emps que
l'aut orit é du calife Abbasside est remise en quest ion. L'arabe devient peu après langue officielle et le copt e est relégué au rang de langue lit urgique. Au
xive siècle, les chrét iens ne compt ent plus que pour 10 % de la populat ion égypt ienne, et ont quasiment disparu du rest e du cont inent , Ét hiopie et
Nubie mises à part .
Pendant cinq siècles, plusieurs dynast ies puissant es se succèdent donc en Afrique du Nord, qui est la première région à s'affranchir formellement de
la t ut elle du Califat abbasside avec la dynast ie des Rost émides en Ifriqiya, après l'Émirat de Cordoue omeyyade. Cet t e inst abilit é ralent it les progrès
de l'islam sunnit e dans la région, qui a même reculé à cert aines époques. Ainsi, en 910, la famille des Fat imides prend le pouvoir à Kairouan et s'ét end
t ant vers l'ouest que vers l'est , reprenant l'Égypt e des mains des Turcs dans lesquelles elle ét ait t ombée ent re-t emps et fondant la ville du Caire (al-
Qadirah, la vict orieuse) à la place de l'ancienne capit ale Fust at . Le Califat fat imide ainsi fondé favorisa l'expansion du chiisme dans la région, qui fut dès
lors part agée en deux religieusement ent re le Maghreb sunnit e et l'Égypt e chiit e. De sévères famines ent re 1062 et 1073 amorcent son déclin et
Saladin renverse le royaume en 1171. La dynast ie Ayyoubide qu'il dirige met t ra par la suit e en œuvre un vast e programme de conversion des
populat ions chiit es conquises, avec la fondat ion de l'universit é al-Azhar pour former les imams nécessaires à l'enracinement du sunnisme en Égypt e. La
conversion de l'Afrique du Nord à l'Islam sunnit e a donc ét é un processus long et chaot ique, qui prit plus de cinq siècles.
Commerce transsaharien
Ce commerce a longt emps avant agé économiquement ce qui est aujourd'hui le Maroc par rapport au rest e du Maghreb, ce qui rendait son cont rôle ou
du moins sa prot ect ion vit al pour les dynast ies qui s'y succédèrent . Ainsi, la ville de Marrakech a ét é fondée par les Almoravides pour devenir leur
capit ale grâce à sa posit ion de confluent des principales rout es d'Afrique occident ale. De même, Ibn Toumert bénéficia la posit ion fort e de son village
nat al Tinmel pour pert urber ce commerce et le dét ourner à son compt e, ce qui eut pour effet d'affaiblir les Almoravides ét ablis à Marrakech et de
précipit er leur chut e au profit des Almohades.
Afrique de l’Ouest
Les sociét és inst allées en Afrique de l'Ouest sont d'origines t rès diverses. Au sud, du Sénégal au golfe de Guinée, la forêt équat oriale est colonisée
par des populat ions parlant des langues nigéro-congolaises, à l'inst ar de la t ot alit é des langues parlées au sud d'une ligne reliant le nord du Sénégal au
sud de la Somalie. Plus au nord, les régions de savane voient s'inst aller de pet it s groupes parlant des langues nilo-sahariennes, probablement en quêt e
de t erres plus fert iles face à l'avancée du désert . Ces groupes se dispersent le long du Moyen-Niger et sur les rives méridionales du lac Tchad, près
de plaines inondables propices à l'agricult ure.
À part ir du ixe siècle, plusieurs Ét at s dynast iques se succèdent le long de la savane subsaharienne, de la côt e At lant ique au cent re du Soudan, dont les
plus puissant s sont l'empire du Ghana, le royaume de Gao et le royaume du Kanem-Bornou. Le Ghana commence à décliner au xie siècle et l'empire du
Mali lui succède deux siècles plus t ard. Son mansa, ou roi le plus connu est Mansa Moussa (vers 1312-1332), grâce au récit qui a subsist é de son
pèlerinage à la Mecque, qu'il aurait ent repris avec une suit e de 60 000 hommes et en causant une dévaluat ion de l'or qui dura dix ans à cause de ses
mult iples dons effect ués en chemin. Il est ainsi considéré comme l'homme le plus riche de l'hist oire par rapport à la richesse de son époque par des
chercheurs modernes[55]. Au xve siècle, alors que le Mali commence lui-même à perdre des t errit oires, le chef songhaï Sonni Ali Ber échappe à
l'aut orit é de son suzerain et fonde l'empire songhaï, au cent re du Niger act uel, à part ir de ce qui n'ét ait qu'un royaume vassal du Mali.
Parallèlement , à part ir du xie siècle, des villes haoussas, en part iculier Kano au nord de l'act uel Nigeria, se développent grâce à la prat ique du
commerce et de l'indust rie, jusqu'à former des cit és-Ét at s. Elles rest ent en bordure des principaux empires soudaniques jusqu'au xve siècle, versant
des t ribut s à l'empire Songhaï à l'ouest et au royaume du Kanem-Bornou à l'est .
La progression de l'Islam vers le sud est int errompue par la forêt t ropicale qui t raverse le cont inent au niveau du 10e parallèle nord. Ils n'at t eignirent
jamais la côt e de Guinée et les royaumes qui s'y développèrent rest èrent hors de t out e influence islamique. Ife, la plus ancienne des cit és-Ét at s
yoruba connues, est gouvernée par un prêt re-roi désigné par le t it re d'oni. Cent re cult urel et religieux de l'act uel sud du Nigeria dès le viiie siècle, Ife
export a son syst ème gouvernement al vers la ville d'Oyo, qui ét end pet it à pet it son pouvoir sur la région environnant e jusqu'à éclipser sa cit é-mère et
prospérer au sein de son propre Ét at à part ir du xve siècle, const it uant le royaume d'Oyo.
Les yorubas s'inst allent également à l'est d'Ife, en région de cult ure edo, au xiiie siècle, pour y fonder le royaume du Bénin. Deux cent s ans plus t ard, ce
dernier est devenu une import ant e puissance commerciale, isolant Ife de la côt e et de ses port s. À son apogée, ent re le xvie siècle et le xviie siècle,
le royaume avait annexé une part ie du t errit oire des yorubas et des igbos.
Afrique de l'Est
La région de la Corne de l'Afrique est marquée t out au long du Moyen Âge par l'expansion de l'islam. Très t ôt , au début du viie siècle, alors que
Mahomet ét ait en conflit à La Mecque avec la t ribu des Quraïchit es, cert ains de ses disciples cherchèrent refuge dans le royaume d'Aksoum, au nord
de l'Ét hiopie, comme Jaafar ibn Abi Talib, et ils furent prot égés par l'Empereur d'Aksoum Ashama ibn Abjar. Les relat ions ent re les deux ent it és ét aient
donc bonnes au départ , mais à la disparit ion d'Aksum vers 990 plusieurs populat ions côt ières ét aient déjà convert ies, ce qui engendrera quelques
siècles plus t ard le début de conflit s ent re les royaumes musulmans de la côt e, comme le sult anat du Choa ou le sult anat d'Ifat , et le royaume
d'Abyssinie de l'aut re. Le Moyen Âge ét hiopien commence avec l'effondrement d'Aksum durant le xe siècle, et une période de t rois siècles de laquelle
peu de choses subsist ent . Vers 1140, les Zagwés du Last a arrivent au pouvoir. Ils dominent init ialement la part ie sept ent rionale de leur province mais à
part ir du début du xiiie siècle, ils ét endent leur cont rôle sur le Tigray, le Bégemeder et l'act uel Wello. Il s'agit du début d'une résurgence de l'empire
ét hiopien avec cet t e fois le christ ianisme copt e comme marqueur nat ional, l'Église servant de sout ien à la dynast ie des Zagwés. Ainsi, des églises
t aillées dans la roche sont édifiées à Lalibela par Gebre Mesqel Lalibela, qui avait décidé de faire de cet t e ville la capit ale de son empire.
Les Zagwés sont renversés à la fin du xiiie siècle par la dynast ie salomonide, fondée par Yekouno Amlak. Cet t e dynast ie, qui se réclame de la lignée
des rois d'Aksoum, ent reprendra pendant t rois siècles la rest aurat ion progressive de l'hégémonie ét hiopienne sur la région. Durant son règne, les mot ifs
religieux servent de mot ifs, pour les dirigeant s des deux religions, pour des guerres dest inées à assurer leur prest ige et leur dominat ion. Ainsi, Amda
Seyon Ier menacera le sult an mamelouk d'Égypt e Nâsir Muhammad ben Qalâ'ûn de dét ourner le cours de Nil et d'aut res représailles après que ce
dernier eut repris les persécut ions cont re les copt es d'Égypt e, ce qui mènera à de mult iples guerres cont re les sult anat s côt iers t els que le Sult anat
d'Ifat , le Hadiya, le Daouaro et les agew (agao) qu'il remport era. Les règnes de ses successeurs, parmi lesquels ceux de David Ier d'Ét hiopie (dont
l'ambassade en Europe et à Rome donnera naissance au myt he du Royaume du prêt re Jean) et de Yeshaq Ier d'Ét hiopie (qui t ent era sans succès
d'ét ablir une coalit ion avec Alphonse V d'Aragon et Jean Ier de Berry), seront marqués par des guerres perpét uelles cont re les voisins de l'Ét hiopie,
qu'ils soient païens ou musulmans mais aussi un renforcement progressif du royaume. La conversion des populat ions est un des recours les plus
viables pour st abiliser les t errit oires conquis. Ainsi, Zara Yaqob, à la fin du Moyen Âge, convert it les habit ant s du Damot et du Godjam et part icipe aux
débat s t héologiques.
En Nubie, la sit uat ion fut bien plus st able, et propice aux échanges commerciaux. La région est d'abord divisée ent re Alodie, Makurie et Nobat ie.
Cependant , le royaume de Makurie s'ét end au viie siècle en annexant le royaume voisin de Nobat ie à peu près à l'époque de l'invasion arabe ou sous le
règne de Mercure de Dongola (Merkurios ). Les premiers siècles du Moyen Âge sont en out re marqués par l'arrivée au pouvoir de musulmans en Égypt e,
qui domineront de façon épisodique la région. Les principaut és de Makurie et d'Alodie avaient d'abord infligé une défait e cuisant e lors du siège de
Dongola aux t roupes arabes menées par le général Abd Allâh ibn Saad ibn Sarh[56], grâce à la supériorit é de leurs archers. À la suit e de cet t e bat aille, un
t rait é appelé Baqt est signé ent re les deux part ies. En l'échange d'une coopérat ion commerciale et judiciaire avec les fugit ifs, ainsi que de l'envoi
régulier d'esclaves par les Nubiens, la paix fut globalement maint enue ent re les différent es part ies jusqu'au xiiie siècle. La seule except ion fut lorsque
la Makurie avait essayé de replacer les Fat imides sur le t rône en Égypt e peu après la conquêt e de Saladin en 1171, mais l'expédit ion est bat t ue et
Qasr Ibrim occupée. La Makourie déclina à part ir de ce moment -là, et sombra peu à peu dans l'anarchie, en part iculier après l'arrivée de Baybars et des
Baharit es (Mamelouks du fleuve) au pouvoir en Égypt e, qui relança la t ent at ive de conquêt e par l'Égypt e de la région. Des t ribus arabes s'implant èrent
dans la région, et celle des Awlad kenz prit le cont rôle de la région couvert e par la Makurie en 1412, qui s'islamisa progressivement sous leur influence
jusqu'à la fondat ion du royaume puis Sult anat de Sennar, qui reconquit la Nubie en 1504 avant de se convert ir à l'islam en 1523. Ce royaume se maint int
dans la région, en dépit des convoit ises ot t omanes et ét hiopiennes, jusqu'au xixe siècle.
Plus au Sud, la côt e allant du Sud de la Somalie à Sofala est colonisée progressivement par des commerçant s Arabes et Persans, en part iculier par les
Shirazi à Kilwa not amment . Ces élit es marchandes exercent une fort e influence sur les peuples bant ous de la côt e, donnant progressivement
naissance à la cult ure swahilie dans les régions dominées. L'ensemble de la côt e est ainsi convert ie à l'islam d'ici au xiiie siècle, en grande part ie parce
que les musulmans échappaient à l'esclavage t andis que les kufra (infidèles) de l'int érieur des t erres ét aient régulièrement réduit s en esclavage. La
région prospère grâce au commerce orient al, et ent ret ient de bonnes relat ions avec la Chine des Ming. Il s'agit d'une civilisat ion urbaine, et en grande
part ie insulaire, cent rée aut our des archipels de Kilwa, de Zanzibar et de Lamu et des villes côt ières de Mélinde, Mombasa ou Pat e. Cependant , Kilwa
prend rapidement l'ascendant et soumet les aut res cit és de la région, prospérant grâce aux commerces d’ivoire d’éléphant s et d’hippopot ames, de
cornes de rhinocéros, de cuivre, d'écailles de t ort ue, de perles et grâce à l’or en provenance des mines de Sofala, dans l’act uel Mozambique. La région
est visit ée par Zheng He lors de ses voyages en Afrique en 1417-1419 et en 1431-1433, et il parvient jusqu'à Malindi (Mélinde).
Commerce somali.
Culture swahilie.
Cependant , la soumission de la côt e du Zanguebar par Francisco de Almeida ent re 1505 et 1507, si elle permet la conquêt e et la dest ruct ion de
plusieurs villes import ant es comme Mombasa, Baraawe et Kilwa, ent raîne également un effondrement économique et surt out le ressent iment durable
des populat ions. De nombreuses révolt es éclat ent ainsi périodiquement dans la région, comme à Mombasa en 1528. En 1587, le massacre des
Port ugais de l’île de Pemba a ét é une première alert e pour les occupant s européens. Plus t ard des responsables port ugais qui refusaient de se
convert ir à l'islam sont exécut és en 1631 à Mombasa, qui avait ét é reprise en 1599 seulement . À la suit e des Expédit ions navales ot t omanes dans
l'océan Indien, de nombreuses t ent at ives sont réalisées par des mercenaires arabes (qui réussirent à libérer le Sult anat de Kilwa en 1512), des
not ables locaux ou encore des fanat iques religieux pour met t re un t erme à la dominat ion port ugaise. Ce sera au bout du compt e Oman qui, à part ir de
sa guerre d'indépendance cont re un Port ugal t out just e sort i de l'Union ibérique en 1649-1650, prendra progressivement sa place dans l'Océan Indien
occident al. En 1730, le Port ugal ne cont rôle plus que le Mozambique en Afrique de l'Est , et il sera t enu à l'écart du part age de l'Afrique un siècle plus
t ard.
L'île de Zanzibar devient le cent re de ce riche empire colonial, qui domine désormais t out l'Océan Indien occident al et bénéficie de sa posit ion
st rat égique ent re le Moyen-Orient (et à t ravers lui l'Europe), l'Afrique et l'Asie. Sous le règne de Saïd ben Sult an al-Busaïd, au t out début du xixe siècle,
la capit ale du royaume est t ransférée à Zanzibar, et Oman ne devient plus qu'une province parmi d'aut res, quoique gouvernée par le prince hérit ier du
Sult an d'Oman et de Zanzibar, le nouveau t it re du sult an. À sa mort en 1856, l'empire est part agé au t erme d'une guerre de succession ent re ses deux
fils. Thuwaïni ibn Sult an hérit e ainsi de Mascat e et Oman et Majid ben Saïd, fonde à cet t e occasion le Sult anat de Zanzibar. Les deux moit iés
t omberont dans la sphère d'influence de l'Empire brit annique avant la fin du siècle.
Le commerce des esclaves (t rait e négrière) se développe considérablement avec l'arrivée des Port ugais, au xve siècle. Des esclaves africains, venus
d'Arguin (île de l'act uelle Maurit anie), sont vendus dans la ville port ugaise de Lagos dès 1444[58] et « les premiers esclaves noirs sont int roduit s à
Hispaniola dès 1493[59] ». Les Port ugais découvrent les îles du Cap-Vert en 1456 puis celles de Sao Tomé-et -Principe en 1471, désert es à l'époque,
s'y inst allent et commencent à cult iver la canne à sucre grâce à des esclaves venus du cont inent [60]. Ils inst aurent ainsi une économie de plant at ion
rapidement t ransposée aux colonies américaines ; en 1505, le premier circuit t riangulaire se met en place, à dest inat ion de Cibao et d'Hispaniola. « Les
Port ugais furent la première et , pendant cent cinquant e ans, la seule nat ion européenne engagée dans la t rait e négrière at lant ique [61]. » Les circuit s
sont , dès leurs début s à la fin du xve siècle, cont rôlés et organisés ; le roi du Port ugal accorde des droit s exclusifs de navigat ion ou des droit s de
commercialisat ion en échange de redevances[62],[n 10].
Cet t e t rait e at lant ique s'accélère lorsque l'exploit at ion du cont inent américain par les Européens s'accompagne d'une fort e demande de main-d'œuvre
pour les plant at ions de canne à sucre, café, cacao, cot on, t abac… qui se développent massivement dans la seconde moit ié du xvie siècle. La demande
concerne aussi, dans une moindre mesure, l'exploit at ion des mines d'argent et d'or du Pérou et du Mexique [66],[67]. Les implant at ions port ugaises puis,
plus largement , européennes, de la côt e ouest -africaine deviennent les plaques t ournant es de la t rait e t andis qu'à l'int érieur du cont inent de
complexes circuit s d'échanges s'ét ablissent , la t rait e at lant ique européenne se conjuguant aux circuit s ant érieurs qui perdurent , ceux de la t rait e
orient ale de la côt e est , ceux dest inés à une demande int érieure comme dans l'Empire de Sokot o ou au Royaume du Kanem-Bornou et enfin ceux de la
t rait e t ranssaharienne orient és vers le nord[68].
Les aut res puissances européennes s'engagent dans la t rait e aux xvie et xviie siècles, impliquant les Français, les Anglais, les Néerlandais et même les
Danois et les Suédois[69]. Ces aut res nat ions européennes suivent la même voie que le Port ugal, créant des compagnies « à chart e » (bénéficiant d'un
monopole ou d'un privilège accordé par un Ét at )[70]. Cependant , au fil du t emps, elles sont progressivement remplacées par des compagnies
d'init iat ives purement privées ; vers 1720, ces dernières dominent le commerce, profit ant de la dérégulat ion progressive concédée par les
gouvernement s européens[71]. La place des pays dans la t rait e fluct ue au gré des lut t es et des rapport s de force ent re nat ions européennes. La fin du
xviie siècle est marquée par la dominat ion française, et c'est l'Anglet erre qui domine la t rait e at lant ique à son apogée, au xviiie siècle.
Les Européens ne pénèt rent pas encore à l'int érieur du cont inent . Implant és sur le lit t oral, ils commercent avec les et hnies et les royaumes côt iers qui
livrent les esclaves capt urés à l'int érieur des t erres[72]. Des royaumes africains, à la fois guerriers et commerçant s[73], prospèrent ainsi grâce à ce
commerce — qui coexist e avec la t rait e orient ale [74] —, t els le Royaume du Dahomey, le Royaume du Kongo, l'Empire ashant i ou le Royaume du Kanem-
Bornou[75],[76], au dét riment not amment de l'Afrique int érieure, « objet de razzias incessant es » [77]. Cependant , cet enrichissement a pour effet pervers
de dét ourner les ressources de ces Ét at s vers les razzias et l'export at ion d'esclaves, t rès rent ables, au dét riment du développement d'une prot o-
indust rie, plus difficile à met t re en place et bien moins rent able. L'écart t echnologique et la dépendance économique grandissant s qui en résult èrent
vis-à-vis des Européens prépara le t errain pour le Part age de l'Afrique.
Le nombre d'esclaves déport és depuis l’Afrique au t it re de la t rait e at lant ique est évalué à douze millions environ en 400 ans[78],[79],[80].
La traite intra-africaine
Depuis le début du Moyen Âge, voire avant , la t rait e des esclaves a exist é en Afrique. Celle-ci est souvent de mise ent re les sult anat s musulmans et
leurs voisins, qui sont souvent ponct ionnés en esclaves, que ce soit à l'issue de raids ent raînant la capt ure de la populat ion d'un village païen par
exemple, ou au t erme d'une guerre ent re deux Ét at s. Le t rait é du Baqt signé ent re l'Égypt e musulmane et la Makurie prévoit ainsi l'envoi t ous les ans
puis t ous les t rois ans de cent aines d'esclaves nubiens en Égypt e comme prix d'une paix durable ent re les deux nat ions. De même, les royaumes de la
côt e du Zanguebar ou le Royaume du Kanem-Bornou menaient de fréquent es at t aques sur leurs voisins païens ou infidèles, qui en t ant que non-
musulmans n'ét aient pas prot égés par la charia, la loi islamique, et pouvaient donc êt re spoliés, capt urés et vendus sans problèmes. La just ificat ion de
cet t e t rait e ét ait souvent idéologique, voire ant hropologique; ainsi, la capt ure d'infidèles et leur ut ilisat ion en t ant qu'esclaves pouvaient êt re
préalables à l'apprent issage de l'arabe et à la conversion à l'Islam, qui ét aient un moyen pour un esclave d'êt re affranchi et de devenir un homme libre,
désormais prot égés par la charia au même t it re que leurs anciens maît res. De plus, l'hist orien et philosophe Ibn Khaldoun au xiiie siècle voit la
just ificat ion de la t rait e dans une opt ique civilisat rice: là où les royaumes du Maghreb et les sult anat s d'Afrique de l'Ouest (en part iculier le Mali à
l'époque) sont considérés comme civilisés, il voit dans les t ribus païennes des sauvages qui seraient plus proches du singe, qu'il reconnaît en t ant
qu'ancêt re de l'homme, que de l'homme civilisé. Il est donc accept able à ses yeux de faire le commerce de ces hommes ainsi qu'on ferait le commerce
de bêt es sauvages, non en raison de leur couleur de peau mais plut ôt de leur ignorance supposée de t out e forme de civilisat ion.
Cet t e t rait e servait souvent de sout ien économique pour les Ét at s qui la met t aient en place. Les esclaves servaient ainsi de main-d'œuvre bon marché
qui venaient met t re en cult ure de nouveaux champs et défricher des zones forest ières, ce qui venait appuyer le développement économique. Ainsi, le
Royaume du Kanem-Bornou exploit ait ses esclaves pour met t re en valeur les cont rées parfois difficiles et régulièrement dévast ées par les conflit s
aut our du Lac Tchad. Cependant , l'Empire de Sokot o, fondé par Ousman dan Fodio au début du xixe siècle à la suit e d'un jihad lancé cont re les cit és-
ét at s haoussas du Nigeria act uel en est le meilleur exemple. L'empire eut jusqu'à la moit ié de sa populat ion réduit e en esclavage (en t ant que
prisonniers de guerre), soit 2,5 millions aux début s de l'empire. Comme ailleurs, ces derniers servaient dans le cadre d'une économie de plant at ion, en
part iculier après le début du déclin de la t rait e at lant ique. Cela dit , à la différence des esclaves au Sud des Ét at s-Unis qui ét aient la plus grande nat ion
esclavagist e à l'époque, les esclaves avaient le droit de posséder des biens en t ravaillant sur des t erres leur appart enant , et la conversion à l'islam
permet t ait d'int égrer la communaut é des croyant s et donc d'êt re affranchis.
Cela ét ant dit , la t rait e des esclaves int ra-africaine ét ait également souvent dest inée à l'export . La rout e la plus connue est celle du commerce
t ranssaharien, où les esclaves capt urés en Afrique de l'Ouest ét aient export és au Maroc ou en Tunisie. Sennar (Funj), capit ale du sult anat du même
nom, fut quant à elle en posit ion de quasi-monopole pour les export at ions vers l'Égypt e. Ces esclaves sont appelés en arabe zenj, ce qui se t raduit
lit t éralement par Noirs. Cependant , une t rait e d'envergure plus modest e mais néanmoins import ant e exist ait également en direct ion de l'Arabie mais
aussi de l'Indonésie, par l'int ermédiaire des sult anat s de la côt e de l'Océan Indien (swahilis, dont Zanzibar, Kilwa...). L'inscript ion de Kancana not amment ,
t rouvée dans l'Est de Java (Indonésie) et dat ée de 860 ap. J.-C., ment ionne, dans une list e de personnes dépendant es, le mot jenggi, c'est -à-dire zenj.
Un ouvrage arabe, les Merveilles de l'Inde, rapport e le t émoignage d'un marchand du nom d'Ibn Lakis qui, en 945, voit arriver sur la côt e de Sofala, « un
millier d'embarcat ions » mont ées par des Waq-waq" (nom arabe donné aux Indonésiens) qui viennent d'îles « sit uées en face de la Chine » chercher des
produit s et des esclaves zenj. Ces réseaux préexist ant s furent d'abord repris t el quel et dynamisés par l'arrivée des Européens, en part iculier dans un
premier t emps des Port ugais, dont la demande en esclaves allait grandissant . Même lorsque les Européens commencèrent à s'implant er en Afrique,
cela fut le plus souvent à l'embouchure de fleuves ou dans des régions à proximit é de ces réseaux déjà exist ant s (embouchure du Bénin, côt e de
Guinée ou encore Mozambique) en vue de pouvoir commercer plus facilement avec les chasseurs d'esclaves en court -circuit ant les marchands
africains. L'arrivée des Européens ent raîna donc davant age le développement exponent iel et la réorient at ion vers l'At lant ique d'un commerce
d'export at ion déjà exist ant que la naissance d'un phénomène nouveau.
Le partage de l'Afrique
Explorations
À la fin du xviiie siècle, l'esprit du moment en Europe [n 11] est celui de la curiosit é scient ifique — qui just ifie l’explorat ion — et celui de l'impérialisme
cult urel — qui pousse à évangéliser les populat ions t out en commerçant — ; c'est la « t héorie dit e des « t rois C » […] [qui] consist e à associer les
t ermes de civilisat ion, de commerce et de christ ianisme pour en faire les fondement s de l’idéologie coloniale [82],[83]. » À côt é des sociét és
abolit ionnist es, des sociét és d'explorat ion (l'African Associat ion par exemple, fondée en 1788 en Anglet erre) et des sociét és missionnaires (ainsi la
London Missionary Societ y, créée en 1795) apparaissent à ce moment . Dans les début s du xixe siècle, l'int érieur de l'Afrique rest e largement
inexploré [84],[85] et les informat ions géographiques ou et hnographiques concernant le cont inent sont t rès anciennes[n 12],[87] ; lorsque René Caillié part à
la découvert e de Tombouct ou, qu'il at t eint en 1828, « les dernières informat ions concernant la ville dat aient du xvie siècle et émanaient des récit s de
Léon l'Africain[88]. » Sous l'impulsion anglaise, la fin du xviiie siècle puis le xixe et le début du xxe siècle voient donc de grandes expédit ions se mont er,
financées par les sociét és missionnaires, les sociét és d'explorat ion, les grands journaux et les Ét at s[n 13]. Parallèlement , les missions chrét iennes
s'implant ent massivement dans t out le cont inent ; il en exist ait quelques-unes au début du xixe siècle, elles se compt ent par dizaines à la fin du même
siècle [89].
Les explorat ions et les missions n'ont pas que des visées "désint éressées", scient ifiques et évangélisat rices ; dans les fait s, une explorat ion « précède
souvent des prises de possession coloniales[90]. » Not able exemple du phénomène, à la fin du xixe siècle, Léopold II de Belgique commandit e plusieurs
expédit ions, dont une menée par l'explorat eur Henry Mort on St anley[91],[n 14], lequel crée l'Ét at indépendant du Congo, en 1885, qui sera la propriét é
personnelle du roi[92].
Le mouvement abolitionniste
En 1880, à l'aube de la colonisat ion massive, moins de 20 % du cont inent est aux mains des Européens. Il s’agit , à l'ouest , de zones côt ières et
fluviales[n 15], t andis que l'Afrique orient ale est exempt e de présence européenne. Seule l'Afrique aust rale est significat ivement occupée, 250 km à
l'int érieur des t erres[93],[n 16] ainsi que l'Algérie, conquise par les Français en 1830[94].
Ent re 1880 et 1910, en un laps de t emps t rès court du fait de la supériorit é t echnologique des Européens[95], la quasi-t ot alit é de son t errit oire est
conquise et occupée par les puissances impérialist es qui inst aurent un syst ème colonial. La période après 1910 est essent iellement celle de la
consolidat ion du syst ème [94].
Ce déferlement ent raîne des frict ions ent re les nat ions européennes ; c'est not amment le cas pour la zone du Congo où les int érêt s belges, port ugais
et français se confront ent et pour l'Afrique aust rale, où se combat t ent Brit anniques et Afrikaners[96]. Afin de t rait er la sit uat ion, les Ét at s européens
organisent , en l'absence de t out représent ant africain, à la fin de 1884 et au début de 1885, la conférence de Berlin qui débouche sur un t rait é fixant
les règles auxquelles les signat aires accept ent de se soumet t re dans le cadre de leur processus de colonisat ion, ainsi que la dist ribut ion des
différent es t erres du cont inent ent re les puissances européennes. Cela a pour effet d'accélérer la colonisat ion[97] et donc le déploiement des « 3 C »
(commerce, christ ianisme, civilisat ion) au nom du « fardeau de l'homme blanc » [98].
Deux pays échappent au part age de l'Afrique, le Liberia, créé par une sociét é de colonisat ion américaine en 1822 et ayant proclamé son indépendance
le 26 juillet 1847[99] et l'Ét hiopie, Ét at souverain depuis l'Ant iquit é, qui parvient à repousser la t ent at ive de colonisat ion des It aliens auxquels elle inflige
une défait e à la bat aille d'Adoua, le 1er mars 1896. Il s'agit de la première vict oire décisive d'un pays africain sur les colonialist es[100],[101].
Ce que les francophones nomment « part age de l'Afrique », met t ant ainsi l'accent sur les conséquences pour le cont inent , est appelé Scramble for
Africa (« la ruée vers l'Afrique ») par les anglophones, qui met t ent ainsi en exergue les causes. Ce t erme est corrélé avec l'analyse économist e qui
avance que cet t e colonisat ion est déclenchée par les besoins en mat ières premières des économies européennes, engagées dans la révolut ion
indust rielle et dans le commerce int ernat ional[102]. Le t erme fait aussi référence à la compét it ion économique que se livrent les nat ions sur le sol
africain[103]. Pour l'accept ion économist e, inspirée par John At kinson Hobson[104], l'impérialisme et la colonisat ion sont les conséquences de
l'exploit at ion économique prat iquée par les capit alist es et le résult at des rivalit és ent re les nat ions[105].
La plupart des régimes coloniaux met t ent fin, de jure, à l'esclavage dans leur zone d'influence — quoique la prat ique perdura de facto pendant
longt emps encore [106] —, assumant ainsi un rôle de « mission civilisat rice » [107],[108]. Cependant , la port ée de cet t e abolit ion est à relat iviser, car avec la
fermet ure progressive des marchés d'esclaves européens la t rait e avait périclit é depuis longt emps déjà. C'est un second volet explicat if de la
« ruée » : le sent iment de supériorit é de l'Europe vis-à-vis de l'Afrique, confort é par les t héories du darwinisme et de l'at avisme social, ainsi que par le
racialisme [109]. La période de la t rait e négrière a aussi cont ribué à ce sent iment , laquelle avait vu la mont ée du sent iment racist e et l'idée de hiérarchie
ent re les races (courant de pensée dit racialist e, incarné par exemple par Gobineau, aut eur d'un Essai sur l'inégalit é des races humaines en 1855)[110],
t out cela just ifiant d'apport er "la" civilisat ion et le christ ianisme aux peuples du « cont inent noir », via le « sabre et le goupillon » [111].
Enfin, le sent iment nat ionalist e des pays européens joue aussi un rôle, la compét it ion pour la dominat ion de l'Afrique en ét ant un des aspect s[112].
L'économie coloniale qui se met en place repose principalement sur deux sect eurs : l'ext ract ion minière et la t rait e de produit s agricoles[113]. L'act ivit é
commerciale int ernat ionalisée (économie de t rait e [114]) est aux mains des Européens via leurs firmes prat iquant l'import -export , lesquelles disposent
du capit al nécessaire à l'invest issement local[115].
Plusieurs disposit ifs st ruct urent cet t e économie : l'impôt de capit at ion, qui cont raint les Africains au t ravail salarié pour le compt e des colons afin
d’acquit t er l'impôt [116], les plant at ions obligat oires[116], l'« abject » t ravail forcé [117] et le t ravail migrat oire, le déplacement des populat ions, la saisie
des t erres[118], le code de l'indigénat sous ses diverses variant es qui excluent les colonisés du droit commun, l'indirect rule brit annique. Cela dést abilise
fort ement les st ruct ures sociales en place [119] ainsi que le syst ème product if, ce qui conduit à la pauvret é, à la sous-aliment at ion, aux famines et aux
épidémies[120]. Ces prat iques, déjà brut ales par essence, s’aggravent de répressions sanglant es cont re les soulèvement s et les résist ances[121]. La
répression des héréros (1904-1907) est ainsi qualifiée de « premier génocide du xxe siècle » [122],[123]. Les pert es humaines sont t elles que la
démographie du cont inent en est affect ée : « les deux ou t rois premières décennies de l’ère coloniale (1880-1910 environ) […] provoquèrent […] une
fort e diminut ion de la populat ion[n 17]. »
La période qui suit , jusqu'à l'aube de la Seconde Guerre mondiale, est parfois qualifiée d'« apogée » de la colonisat ion ; les puissances coloniales
const ruisent des rout es, des voies ferrées, des écoles et des dispensaires[128]. l'Afrique subsaharienne (Afrique noire) connut une période
part iculièrement difficile durant l'ent re-deux guerres et une misère profonde régnait lors de la Grande Dépression[129]; l'écrasement de nombreuses
révolt es laissa les populat ions désemparées ce qui favorisa l'essor de mouvement s messianiques plus ou moins liés à des revendicat ions
d'indépendance [130]. Plusieurs Églises d'inst it ut ion africaine furent fondées à cet t e époque : le Kimbanguisme au Congo, l'Église harrist e en Côt e
d'Ivoire, le mouvement Aladura issu du Nigeria ou l'Église chrét ienne de Sion depuis l'Afrique du Sud.
La révolut ion égypt ienne de 1919 cont re le colonialisme brit annique en Égypt e et au Soudan about it à l'indépendance de l'Égypt e en 1922, encore
associée au Royaume-Uni pour 30 ans. À cet t e époque, l'Afrique s'int ègre de plus en plus à l’économie mondiale [131],[n 18] et le cont inent bénéficie
jusqu'en 1950 environ, dat e à laquelle culminent les profit s des ent reprises, de la reprise — int errompue par la Seconde Guerre mondiale — qui suit la
crise de 1929[131].
L'Ét hiopie est le seul Ét at africain, avec le Liberia, qui n'ait pas ét é colonisé par une puissance européenne, le pays ne connut qu'une brève occupat ion
de 5 années (1936-1941). Le Liberia ét ait colonisé par les Ét at s-Unis pour y inst aller des esclaves noirs libérés. Une des raisons est qu'à l'inst ar de
rares pays africains (Égypt e, Maroc), l'Ét hiopie est un Empire hist oriquement const it ué (le pays de Kousch décrit dans la Bible) avec une longue
t radit ion guerrière du fait de lut t es incessant es et solit aires cont re ses voisins musulmans, mais aussi lit urgique et lit t éraire. Elle ne fut pas
« invent ée » du fait des colonisat ions européennes du xixe siècle. Cela explique, du moins en part ie, le choix d'Addis-Abeba pour l'accueil du siège de
l'Union africaine en 1963.
Décolonisation
Notes et références
Notes
Références
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3) [archive]).
Voir aussi
Articles connexes
Chronologie de l'Afrique
Liste de sites archéologiques en Afrique australe
Histoire de l'Afrique du Nord
Histoire de l'Afrique de l'Ouest
Alkebulan
Islam en Afrique
[[:Afrique des xive et xve siècles]] (en)
Bibliographie
19 juin 2015)
Ouvrages anciens
om/lafrique-ancienne) [archive])
Ressources audiovisuelles