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Thème 1 De nouveaux espaces de conquête

Introduction Océan et espace : quelles spécificités ?

Circumnavigation : navigation autour d’un lieu, une île, un continent ou la Terre entière.

Haute mer : En droit, désigne les eaux internationales qui ne sont sous l’autorité d’aucun Etat (par
opposition aux eaux sous juridiction d’un Etat côtier).

Martialisation : utilisation de l’espace au profit des actions militaires en plaçant dans l’espace des
objets inoffensifs pris isolément, mais constitutifs d’un système de combat

I - la conquête de l’océan mondial

Depuis l’ Antiquité, les hommes parcourent l’océan pour découvrir de nouvelles terres et les conquérir.
Avec la première circumnavigation réalisée par l’expédition de Fernand Magellan en 1522, l’océan
devient mondial et les grandes puissances veulent se le partager.
Les traités de Tordesillas (1494) et de Saragosse (1529), au XVème siècle, illustrent ce premier partage
du monde entre les deux puissances océaniques (Espagne et Portugal), sans toutefois régler la question
de la liberté de navigation. Ces traités sont contestés par les puissances montantes (France et Royaume-
Uni)
L’utilisation libre des oceans, mare liberum, garantit par les puissances hégémoniques britanniques puis
américaines, est remise en cause dans les années 1960 par l’application du principe mare clausum. Cela
conduit les Etats à s’accorder sur un partage de l’ocean Mondial lors de la conférence de Montego Bay
en 1982
En distinguant une partie appropriée appartenant aux Etats côtiers, et une partie commune
internationale en haute mer, cette conférence reconnaît le droit d’appropriation des mers et renforce
ainsi l’enjeu de conquête qui représente l’accès à l’océan mondial.

II – Espace et océans : des défis technologiques

Objet de conquête plus récente, l’espace extra-atmosphérique apparaît dans la deuxième partie du
XXème siècle comme une nouvelle frontière à repousser. A l’image de ce qu’ont été les océans au
cours des siècles précédents, les deux espaces présentent des contraintes techniques, économiques et
juridiques qui mettent à l’épreuve les grandes puissances dans leur volonté de conquête
Le risque, qu’il soit humain, économique ou scientifique est un facteur discriminant de celle-ci : seules
les plus grandes puissances sont capables de l’assumer et de le dépasser.
Le sous-marin est un engin militaire souple, puissant et très mobile. Tapi dans l’océan, largement
indétectable, silencieux, il autorise une discrétion opérationnelle. Il constitue une menace diffuse en
étant capable de pénétrer sans se faire repérer dans des théâtres d’opérations d’échelles spatiales et
géostratégiques variables selon son type de propulsion.
Toutefois, ce défi peut aussi être relevé par des individus qui jouent le rôle de pionnier et permettent
parfois d’accélérer la conquête.
Les nouvelles frontières océaniques et spatiales attirent ainsi les personnalités médiatiques qui
s’investissent dans des projets scientifiques (James Cameron, Léonard Di Caprio), mais aussi les
milliardaires de l’économie digitale Elon Musk, Jeff Bezos, qui trouvent un terrain idéal pour investir.
La coopération permet aussi de repousser la frontière scientifique et économique comme dans le cas de
la construction européenne.
III – Espace et océans : entre conquête et coopération

L’attractivité de ces deux espaces s’expliquent aussi par le rôle nouveau qu’ils jouent : câbles
sousmarins et satellites formant la structure physique indispensable au réseau qui nous permet
d’effectuer nos activités quotidiennes comme les opérations les plus sensibles menées par les forces
armées.
La maîtrise des océans et de l’espace est donc devenue incontournable pour maîtriser les réseaux, ce
qui explique les courses maritimes et spatiales à la puissance. Toutefois, ces espaces restent très
difficiles et nécessitent souvent la coopération entre Etats et de plus en plus entre entreprises privées.
Pour protéger l’utilisation de ces espaces comme pour protéger les ressources qu’ils offrent, la
réglementation se révèle alors nécessaire.
Les formes de gouvernance, encore limitées entre grandes puissances, doivent intégrer les entreprises
qui s’engagent dans l’exploitation de ces nouveaux espaces. Cela n’empêche pas les dérives. La
marchandisation, tout comme la pollution par surexploitation commerciale, est un premier risque.
La martialisation de l’espace est un autre risque car elle fait craindre une guerre depuis l’espace, bien
davantage qu’une "guerre des étoiles".

IV – Etude de cas : les bases spatiales dans le monde, des interfaces Terre-Espace

L’espace constitue une nouvelle frontière dans la course de l’humanité à l’extension de son oekoumène.
Si, avec le vol de Youri Gagarine le 12 avril 1961, le XXe siècle a été pour l’espèce humaine celui de la
sortie de son espace habité terrestre, le XXIe siècle semble être celui des grandes annonces et des
grandes aventures extra-planétaires. L’alunissage d’un rover chinois en janvier 2019, avec la pose de la
sonde Chang’e 4 dans le bassin Aitken du pôle Sud de la Lune, sur sa face cachée, symbolise ces envies
de conquête spatiale.

A. Les bases spatiales, un levier de puissance à l’échelle mondiale

L’accès à l’espace reste le privilège de quelques nations dans le monde :


- la Chine, les États- Unis et la Russie ont en effet réalisé 84 % des lancements en 2019
- 8 % pour l’Europe
- 6 % pour l’Inde - 2 % pour le Japon
- L’Iran, dont le premier lancement orbital remonte à 2009, a connu 3 échecs

Dans ce contexte, les « ports spatiaux » pour reprendre cette analogie maritime si parlante dans ce que
fut la conquête de l’espace terrestre par les sociétés humaines, seront des pôles majeurs, des lieux
incontournables. La course à l’infiniment grand passera donc sur Terre par le contrôle de ces sites
réduits en taille : le Centre Spatial Guyanais (CSG) couvre ainsi 700 km2. De la gestion, de
l’aménagement, de la concurrence ou de la coopération entre ces bases dépendra aussi une large part du
devenir de la conquête spatiale.

1. Le remarquable essor de la Chine : la plus vaste gamme de bases spatiales au monde

De l’espace infini ă la profondeur des océans. Le 31 décembre 2020, ă l’occasion de ses vœux
télévisés, Xi Jinping n’a pas manqué de vanter trois exploits scientifiques réalisés par la Chine durant
les douze mois précédents : l’envoi de la sonde Tianwen-1 vers la planète Mars, le retour sur Terre de la
sonde Chang’e-5 avec, à son bord, quelques échantillons prélevés sur la Lune, et la plongée du sous-
marin Fendouzhe (« le lutteur »), à huit reprises, à plus de 10 000 mètres de profondeur.
2. Les États-Unis : un leader fragilisé, à la croisée des chemins

Dans la hiérarchie internationale, on relève ensuite l’importance des États-Unis. Avec un peu moins du
quart des vols spatiaux, le pays a certes perdu son rôle de première puissance mondiale mais il n’en
demeure pas moins toujours dominant. Symbole de cette position privilégiée, la base de Cap Canaveral
est celle qui a opéré le plus de lancements dans le monde en 2019 avec 16 décollages d’engins
spatiaux.
En mai 2020, de cette même base floridienne, le groupe privé Space X a envoyé dans la station
internationale des astronautes américains. Ce vol marque le grand retour des États-Unis dans la
catégorie des pays à-même de pratiquer des vols habités et de pouvoir amener des hommes dans la
station spatiale internationale.
En-cela, ils brisent le monopole du Soyouz russe. En pleine crise liée au Covid-19 et aux mouvements
de protestation du « Black Lives Matter », ce décollage de la fusée Falcon 9 du groupe d’Elon Musk a
été l’occasion Ɖour Donald Trump, président en campagne, de se mettre en scène devant le pas de tir.
Cet évènement n’a fait que confirmer la prise d’importance de la société Space X (et plus globalement
du secteur privé) dans une industrie qui depuis la fin de la seconde Guerre mondiale dépendait presque
intégralement de subventions publiques.

3. La Russie et l’Union européenne : exister entre les 2 Grands

Derrière la Chine et les États-Unis, dans cette réƉartition des vols de l’année 2019, viennent ensuite la
Russie et l’Europe. Avec 21 vols, malgré le vieillissement de la base de Baïkonour, la Russie continue à
jouer un rôle majeur, en particulier dans la mise en relation entre la Terre et la station spatiale
internationales (ISS). L’année 2019 a marqué la fin du pas de tir à partir duquel s’étaient élancées les
fusées qui avaient mis en orbite Spoutnik (1957) et permis à Youri Gagarine d’être le premier humain
dans l’espace.
La base de Plessetsk tend à prendre le relais de Baïkonour dont la localisation en territoire kazakh rend
la Russie dépendante des éventuelles tensions pouvant exister avec l’ancienne république soviétique d’
sie centrale. De plus, la réussite du vol SPACE X vers la station spatiale internationale de mai 2020 ne
fait plus de Baïkonour le seul port spatial mettant en relation la Terre avec la station orbitale. La perte
de ce monopole peut représenter un coup très dur (fatal ?) à cette base porteuse pourtant de tout un pan
de l’histoire de la conquête spatiale.
A sa création en 1980 Arianespace est une entreprise de droit privé donc le capital était partagé entre le
CNES (Centre national d’études spatiales – établissement public français) et 36 entreprises industrielles
européennes et 11 banques européennes. Aujourd’hui le CNES et les banques ont revendu leurs parts et
Arianespace est détenu à 73,69% par Arianegroup (Airbus + Safran ; l’Etat français détient 48% du
capital d’Airbus et 10,81% de Safran). Les autres entreprises sont issues de l’Union Européenne et de
la Suisse. Arianespace est donc un exemple de coopération entre des entreprises européennes, avec une
forte implication de l’Etat français.
L’Union européenne a opéré 8 lancements depuis la base de Kourou en 2019, soit un total relativement
inférieur aux résultats des années précédentes. Le CSG constitue la seule base européenne de
lancement mais tous les satellites européens ne sont pas mis en orbite à partir de Kourou.
Cette faiblesse de la demande institutionnelle - 34 % de la demande européenne contre 73 % aux États-
Unis - est un élément de fragilisation de l’industrie spatiale européenne puisqu’elle oblige les lanceurs
opérant à Kourou à trouver des contrats privés, largement plus sujets aux fluctuations du marché. Cette
fragilité doit être prise en compte pour les grands débuts de la fusée Ariane 6 prévus pour le courant de
l’année 2021.
4. L’Inde, le Japon et la Nouvelle-Zélande : les puissances de troisième rang

L’Inde, le Japon et la Nouvelle-Zélande complètent le cercle très fermé des pays capables d’assurer des
lancements spatiaux.
L'Inde a lancé en novembre 2018 avec succès son satellite de télécommunications «GSAT-29» par le
lanceur Geosynchronous Satellite Launch Vehicle Mark III (GSLV-Mk III) depuis le Centre spatial
Satish Dhawan dans l'Andhra Pradesh (sud), a annoncé l'Organisation indienne de recherche spatiale
(ISRO).

B. La localisation géographique des grandes bases spatiales à la surface du globe, des enjeux majeurs :

La localisation des bases spatiales se fonde sur des choix multiples. Si les données naturelles(latitude,
ouverture maritime, caractéristiques géologiques des sols…) ont un rôle potentiellement déterminant,
les aspects géopolitiques et géostratégiques pèsent de manière de plus en plus importante dans le choix
des sites.

1. Pourquoi lancer Ariane depuis Kourou, en Guyane ?

Dans le choix de la plupart des grandes bases spatiales, on retrouve souvent des avantages comparatifs
liées à la fois au site et à la situation du lieu. Concernant le Centre spatial guyanais (CSG), les
arguments ayant conduit à son choix sont nombreux et en font une des bases de lancement les plus
performantes et les plus efficaces de la planète :
- sa latitude équatoriale offre une vitesse additionnelle liée à la rotation de la terre lors du lancement.
- la position littorale de la base autorise des lancements vers l’Atlantique, à la fois vers le nord et vers
l’est, sans que des régions habitées ne soient survolées par le lanceur : le risque pour les populations
locales est donc réduit.
- la base de Kourou offre également des conditions climatiques et géologiques favorables à
l’installation d’une base spatiale : la région est située à l’écart des trajectoires cycloniques et son
appartenance à l’Amérique cratonique, constituée de boucliers appartenant au socle ancien, réduit de
manière considérable les problèmes d’origine sismique.
Toutes ces raisons expliquent le choix français de Kourou.

2. Aménager la Terre afin de conquérir l’espace

Chaque base spatiale, en tant qu’interface entre la Terre et l’espace, se doit de disposer d’une mise en
relation avec un foreland (avant pays) et un hinterland (arrière pays) : si le foreland est matérialisé par
le système solaire et l’univers, l’hinterland est représenté par tous les territoires terrestres avec lesquels
la base spatiale est mise en relation.
L’organisation interne d’une base spatiale Soit elles ont été précédées ou associées à un complexe
militaire consacré au développement des programmes de missiles balistiques soit elles ont été
développées dans une dimension « civile », sans tâches de développement de programmes militaires.
L’organisation interne d’une base spatiale dépend donc de la présence de cette dimension duale.

Conclusion : Ce sont donc bien des zones réduites du globe, les bases spatiales, qui assurent l’interface
entre la planète Terre et la conquête de l’espace. Elles revêtent une importance stratégique de premier
ordre en garantissant aux puissances qui les exploitent une autonomie dans l’accès à l’espace. Si elles
ont le regard tourné vers l’infiniment grand, elles sont également des outils de puissance et de
domination à l’échelle du globe puisqu’elles se livrent entre elles une farouche guerre commerciale et
peuvent jouer, pour certaines, un rôle militaire. Elles peuvent être aussi des espaces de synergie entre
les différents pays et ainsi contribuer au succès de coopérations internationales abouties en permettant
par exemple d’accéder à la station spatiale internationale

Axe 1 : Conquête, affirmation de puissances et rivalités

Fusées V1 et V2 : fusées allemandes produites en 1944-45 et destinée à frapper à distance les territoires
ennemis, elle annonce les missiles balistiques intercontinentaux et les lanceurs d’engins spatiaux.

SNLE : sous-marin nucléaire lanceur d’engins. Pièce maîtresse du système de dissuasion d’un pays. -
Dissuasion : stratégie qui consiste par la seule crainte de représailles, à décourager l’ennemi de toute
agression.

New Space : par opposition au Old Space qui désigne la période de la guerre froide, désigne le nouvel
âge spatial caractérisé par la multiplication des acteurs, notamment privés, et la redéfinition des
objectifs de la conquête spatiale.

I – Les enjeux géopolitiques de la conquête spatiale

Débutée pendant la Seconde Guerre mondiale par l’Allemagne nazie avec les fusées V2, la conquête
spatiale se résume ensuite à l’affrontement entre les Etats-Unis et l’URSS dans le contexte du monde
bipolaire (Guerre froide 1947-1990).
L’enjeu est d’abord militaire puisque les fusées sont indispensables à la dissuasion nucléaire, mais il est
aussi idéologique car les capacités technologiques que peuvent démontrer les Etats valident la réussite
de leur modèle politique.
Aux côtés des deux supers puissances, l’Europe, le Japon ou la Chine s’engagent aussi progressivement
dans la conquête spatiale pour garantir leur indépendance stratégique ou développer leurs moyens de
télécommunication.
Cette multiplication des acteurs s’accentue avec la fin de la Guerre Froide en 1990-1991.
L’affirmation de l’Union européenne et l’émergence de la Chine et de l’Inde favorise à la fois la
compétition et la coopération entre les acteurs dans la conception plus utilitariste de l’espace.
La mise en réseau du monde dans le contexte de la mondialisation fait de l’espace un nouvel enjeu
économique, et des acteurs privés font leur apparition dans ce New Space qui voit la redéfinition des
objectifs.
L’accès à l’espace reste cependant un marqueur de puissance, ce qui explique la martialisation de
l’espace et la poursuite des programmes spatio-habités. Avec la planète Mars comme objectif, la
conquête spatiale retrouve un rôle symbolique et géopolitique, déterminant dans le rapport de force
entre les nations.

II – Affirmer sa puissance à partir des mers et des océans

Depuis la seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis se sont imposés comme une puissance globale.
D’abord super puissance en lutte contre l’URSS pendant la Guerre froide, ils sont même qualifiés
d’Hyperpuissance après la chute de l’URSS en 1991.
Leur position s’explique notamment par la puissance de feu nucléaire et leur capacité de projection
maritime toutes deux à l’échelle mondiale. Leur flotte de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins
(SNL) leur permet d’assurer une dissuasion sans faille grâce à leur capacité de seconde frappe. Leur
flotte de surface, organisée autour de leurs porte avions, s’assure en outre de leur présence sur tous les
océans. Ils peuvent ainsi intervenir lorsque leurs intérêts stratégiques sont menacés ou lorsqu’ils sont
sollicités dans le cadre d’opération internationales, humanitaires par ex.
Face aux Etats-Unis, de nouvelles puissances maritimes et nucléaires émergent dans cette course aux
nouveaux espaces de conquête, mais elles ne peuvent pas encore rivaliser avec la puissance américaine.
C’est le cas de l’Inde qui développe les mêmes types de forces à l’échelle régionale, dans le but de
sécuriser son territoire et d’accentuer sa domination sur l’océan Indien.
Dans un contexte régional asiatique de forte croissance, des indépendances d’armement, l’Inde se
positionne au 4ème rang mondial avec un budget militaire et stratégique qui reste cependant dix fois
moins important que celui des Etats Unis.
Au XXIème siècle, la puissance se fonde sur la complémentarité des armes (terre, mer, air) et la
projection vers les nouveaux espaces. Toujours précurseurs, les Etats-Unis ont réactivé en août 2019 le
United Space command (Usspacecom) qui vient compléter les dix autres unités de commandement
inter-armés des Etats-Unis répartis par zones géographiques.
Cette décision s’accompagne de la création d’une Space force qui s’est ajoutéeen décembre 2019 aux
cinq autres branches de l’armée américaine : US army, US Navy, US Air Force, US Marine Corps, USS
Coast Guard…

Axe 2 : Enjeux diplomatiques et coopérations

Agence spatiale : organisme chargé de coordonner l’activité spatiale à l’échelle d’un pays ou d’un
groupe de pays (NASA aux Etats-Unis,Roscomos en Russie, ESA en Europe)

PIED : Petits Etats insulaires en développement, reconnus pour leurs caractères communs face aux
défis du développement.

Sanctuarisation : cadre légal par lequel un espace est protégé des activités humaines afin d’en préserver
les caractéristiques naturelles.

I – Coopérer pour développer la recherche :la Station spatiale internationale (ISS)

L’ISS représente à ce jour le plus important projet international de recherche scientifique et technique.
Initié en 1984 par les Etats-unis qui assure la majorité de son financement, le programme de l’ISS est
véritablement lancé lorsque la Russie l’intègre en 1993.
Conduite par la NASA, le programme suppose une collaboration étroiteavecd’autres agences spatiales
(comme l’ESA, SNSA, JAXA et ROSCOSMOS). L’assemblage de l’ISS commence en 1998 et
favorise ainsi une coopération scientifique et technologique d’une ampleur inédite.
L’expérience acquise auparavant par les Russes avec la station MIR permet la mise en service du
premier module de station. D’autres éléments viennent ensuite compléter l’ISS pour en faire un outil au
service de la recherche scientifique. Européens, Japonais conçoivent à cette fin les modules de
recherche Columbus et Kibo.
L’ISS engage la coopération entre les nations autrefois ennemies. La désintégration de la navette
Columbia en 2003 compromet le projet. Les EtatsUnis envisagent alors de stopper son financement,
mais préfèrent finalement préserver la relation de confiance construit depuis 1984 avec leurs
partenaires.
A partir de 2009, l’ISS est constamment habitée par une équipe internationale comprenant toujours au
moins : un Russe et un Américain. Les astronautes peuvent y séjourner à six et se relaient en
permanence pour exécuter des programmes scientifiques diverses en plus de leur mission de
maintenance.
Leur apport majeur est une meilleure connaissance des effets des séjours de longue durée dans l’espace.
Cependant, d’autres projets de la NASAétant àl’étude, l’ISS devrait cesser ses activités en 2030.

II – Rivalités et coopérations : exploitation et préservationdes ressources maritimes

L’exploitation des mers et des océans donne encore lieu à des tensions malgré l’entrée en vigueur de la
CNDUM (UNCLOS) de 1973.
En clarifiant les statuts des espaces maritimes proches des littoraux, la conférence de Montego Bay
(1982) y a réduit les facteurs de conflits, sans pour autant les faire disparaître.
La territorialisation des mers se poursuit en effet, de la part des Etats en recherche de croissance
économique et donc désireux d’accéder à davantage de ressources maritimes.
Ainsi, en raison de la configuration des côtes, le bassin méditerranéen est un espace où les litiges
relatifs aux Z.E.E. sont nombreux.
Dans l’océan Pacifique, l’essor de la pêche, déterminant pour nourrir l’Asie, provoquede nombreux
incidents.
L’accèsaux ressources des fonds marins (hydrocarbures, nodules polymétalliques) est un autre enjeu
majeur.
Portée principalement par l’ONU, la protection des espaces maritimes entre cependant dans une
nouvelle phase. Des coopérations se développent à différentes échelles, afin de garantir un accès
suffisant aux ressources maritimes entre États voisins et pour préserver un océan mondial à la
biodiversité particulièrement menacée.
L’ONU continue de favoriser des négociations et conduit une politique de sanctuarisation de certains
espaces maritimes, en soutenant notamment la création d’aires maritimes protégées, la surface couverte
par celle-ci tend à progresser depuis les années 1970, en Méditerranée en particulier.
En Océanie, les efforts diplomatiques de certaines nations insulaires (PIED) ont permis la création du
forum des îles du Pacifique à l’origine de l’accord de Nauru.
Ces nations pèsent désormais davantage face aux grands États de la région.

Objet conclusif : La Chine : la conquête de l’espace, des mers et des océans

I – Une volonté politique d’affirmation

Longtemps repliée sur elle-même dans une logique de sécurisation de ses frontières terrestres, la Chine
s’affirme en s’ouvrant au monde. En 1978, Deng Xiao Ping lance d’abord la politique des 4
modernisations qui visent les secteurs de l’agriculture et de l’industrie, de la défense nationale, de la
science et de la technologie. Elle ouvre le territoire chinois depuis le littoral vers l’intérieur avant
qu’une politique commerciale océanique ne soit lancée dans les années 1990.
Au XXIème siècle, cette stratégie s’appuie sur une territorialisation des mers de Chine orientale et
méridionale.

Elle trouve sa légitimité dans l’histoire plus que dans le droit international et passe par la poldérisation
d’îlots et la stratégie du déni d’accès.
La maîtrise maritime régionale sert de point d’appui à la projection navale et à une expansion maritime
à l’échelle mondiale.

Cette affirmation à l’échelle mondiale ne saurait exister sans un programme spatial ambitieux pensé
dans une logique nationaliste. En effet,la Chine propre développe sont réseau de navigation par satellite
(Beidou), indispensable exercer sur pour contrôle grandes son les routes maritimes mondiales.
La conquête spatiale est aussi pensée comme un symbole de l’essor technologique d’un pays qui entre
en 2003 dans le club fermé des puissances capables d’envoyer un vaisseau habité en orbite.
Depuis 2010, le programme Human SPACE TECHNOLOGI INITIATIVE donne accès à l’espace aux
pays en développement et renforce la Chine dans sa position de leader des « Suds ».

Avec la mise en orbite de Tiangong 3 en 2022, elle sera aussi le seul pays à disposer d’une station
spatiale. L’espace incarne bien l’« rêve » chinois proposé par Xi Jinping à son peuple. L’alunissage
d’un rover chinois en janvier 2019, avec la pose de la sonde Chang’e 4 dans le bassin Aitken du pôle
Sud de la Lune, sur sa face cachée,symbolise cesenvies de conquête spatiale.
Avec 33 %des vols réussis, soit 32 lancements au total dont 27 pour les lanceurs de la famille « Longue
Marche », la Chine s’est affirmée comme la première puissance dans l’accès à l’espace, en nombre de
lancements.

La grande diversité de sites de lancement lui assure aujourd’hui une totale autonomie dans la plupart
des types de lancement spatiaux : la mise à poste des satellites sur des orbites multiples répondant aux
différents objectifs (géolocalisation, observation de la terre, télécommunications…), les vols habités….
Un des exemples les plus symboliques de cette nouvelle affirmation chinoise réside dans le programme
CLEP (Chinese Lunar Exploration Program). Ce projet, autrement nommé Chang’e, a pris pour
dénomination celle d’une divinité mythologique chinoise qui avait fait, selon la tradition, de la
Lune,son lieu de vie.

La référence est donc double:


- se positionner en contre-point de la mission Apollo, elle-aussi marquée par la référence à la
mythologie grecque, mais également être en mesure d’assurer une présence permanente de l’Homme à
la surface de la Lune d’ici2036.
- la volonté chinoise de mettre en exploitation les ressources minières de la Lune. La Chine est
aujourd’hui une puissance spatiale incontournable sur la scène internationale.

La répartition des tirs est la suivante en 2019 : 13 à Xichang dans la Province du Sichuan, 9 à Taiyuan
dans la Province du Shanxi, 8 à Jiuquan en Mongolie intérieure et Wenchang dans l’Île d’Hainan. À ces
lancements à partir de bases terrestres, il faut ajouter la capacité chinoise à procéder à des lancements à
partir de structures marines : en mer Jaune, au large du littoral du Shandong, la Chine a été la première
puissance à maîtriser le lancement d’un engin spatial à partir d’une plate-forme maritime mobile. Elle
est à ce jour la seule à l’avoir réalisé.

La base de Xichang est spécialisée dans la mise en orbite de satellites tournés vers la terre puisqu’elle
constitue le poste de lancement des satellites d’observation (optiques par exemple) mais également des
satellites appartenant au projet Beidou. Encore peu connue sur la scène internationale, cette
constellation de satellites vise à assurer le développement d’un système de navigation sur le globe.
On relève ici toute l’ambition de la puissance chinoise puisque ce système doit permettre au pays de se
défaire du monopole américain (GPS) en mettant au point sa propre technologie de géolocalisation.
Seulesdeux autres puissances sont parvenues à mettre au point leur propre technologie de
géolocalisation : l’Europe avec le système Galileo et la Russie avec le système Glonass.

Depuis Wenchang sont tirées les fusées « Longue Marche 5 » qui doivent être à terme les bases de la
stratégie chinoise de voyages spatiaux à destination de la planète Mars. Si la Chine s’affirme comme un
des leaders sur la scène internationale spatiale, l’année 2019 a également été marquée par des échecs
retentissants avec par exemple la destruction du lanceur « Longue Marche 3 » après son décollage de la
base de Taiyuan en mai 2019.
II – Les enjeux économiques et politiques pour la Chine et le monde

L’océan et l’espace s’avèrent être des moyens d’affirmation. La Chine doit sécuriser ses
approvisionnement en matières premières indispensables à la poursuite de la croissance de son
économie, mais elle doit aussi ouvrir des routes pour élargir les marchés de consommation pour ses
produits.
C’est le sens de la 21st Century Maritime Silk Road, colonne vertébrale de sa diplomatie commerciale
et outil au service de son softpower.
Le fond souverain Silk Road Fund est surtout la banque asiatique d’investissement pour les
infrastructures. BAII apporte des finances qui assure des solides amitiés diplomatiques à la Chine.

Il en va de même pour l’espace, où la Chine souhaite développer des partenariats après avoir longtemps
fait cavalier seul. En 2018, Shi Zhongjun ambassadeur chinois auprès des Nations Unies a ainsi
annoncé que « la SCSS» China Space Station n’appartient pas qu’à la Chine mais au monde entier.
Le pays a déjà signé un accord de partenariat avec l’agence spatiale européenne (ESA).

Bien que revendiquée comme « pacifique » et comprise dans une approche relations multilatérale
internationales, des cette affirmation chinoise est source de tensions.

Elle provoque une militarisation croissante en Asie du Sud-Est et des (Etats-Unis, puissances France),
dans leur l’inquiétude établies fragilisées d’influence zone respective, la Chine dispose d’une base
militaire à Djibouti pour sécuriser la Chine Afrique.

En Amérique latine, ces investissements dépassent ceux des Etats-Unis. S’ajoutent à cela la crainte
d’une militarisation chinoise de l’espace qui entraverait la coopération.
Bien que la puissance américaine reste supérieure, sur les mers comme dans l’espace, cette menace
pourrait accentuer des tensions dans la course à l’hégémonie.

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