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Kabongo Kabuya Michel

ACCORDS POLITIQUES FACE AUX ÉLECTIONS : Simple voie de sortie de crise ou entrave à la
démocratie ?

L’accord politique peut se définir comme étant la rencontre des volontés politiciennes sur
un même point pour la résolution d'un conflit ou d'une crise politique. De par son objet, un
accord politique intervient dans le cadre d'un blocage institutionnel et constitutionnel qu'il
faut dénouer .L'expression « accord politique » est riche de synonymes dans une variabilité
de contexte : voie de sortie de crise, compromis politiques, accord de prix, arrangements
politiques particuliers, conventions politiques, etc…
Un accord politique serait une voie de sortie de crise dans le but de répondre à une question
constitutionnelle ou institutionnelle, et cela initié par différentes classes politiques réunies
entre autres la majorité au pouvoir, l’opposition, la société civile…
La constitution de la RDC du 18 février 2006 dans son article 211 institue la commission
électorale nationale indépendante parmi les institutions d’appui à la démocratie. La
démocratie étant un moyen par lequel le peuple exprime sa souveraineté par la voie des
élections, elle facilite le changement de régime politique et ainsi échappe à l’autoritarisme et
la dictature. Nous allons comprendre par la suite que les accords politiques constituent un
moyen de sortie de crise (I) mais parfois un obstacle face à la démocratie (II)
Les accords politiques comme moyen de sortie de crise
Il serait important de noter que les accords politiques n’apparaissent pas au hasard, mais
plutôt à la suite d’une crise en vue de réguler celle-ci. Ceci nous renvoi à l’accord dit de la
Saint Sylvestre, alors que le délai constitutionnel exigeait la tenue des élections en novembre
2016,le pays a connu un glissement qui suscita des tensions au sein de toutes les classes
politiques et de la population. Cet accord fut conclu dans le but de répondre là où la
constitution se taisait, avec comme objectifs l’organisation des élections en décembre
2018,les modalités de nomination du premier ministre et celles de formation du
gouvernement de coalition et de partage des responsabilités. Il s’observe alors que là où elle
a pu être expérimentée, la pratique a contribué à un certain apaisement politique, en
s’appuyant sur ce que l’auteur qualifie de béquille constitutionnelle paraissant indispensable
à la résolution des crises créées ou imposées à la constitution.
Obstacle face à la démocratie
Cet accord qui a été signé dans le but de mettre fin à une crise créée artificiellement par le
gouvernement en place à l’époque, trouble les dispositions de l’article 73 de la constitution
qui dispose que : « le président devra organiser les élections 90 jours avant l’expiration de
son mandat ». L’on peut s’apercevoir que l’accord politique de 2016 va de façon malhonnête
et la mauvaise interprétation, faire reposer le président sur l’article 70 de la constitution de
2006. Tout en niant la stricte application de l’article 73. Le Réseau pour la Réforme du
Secteur Sécurité et de Justice argue que : « à ce jour, la seule feuille de route susceptible de
garantir une transition apaisée en R.D.C reste l’Accord global et inclusif du 31 décembre
2016.

En conclusion nous notons que d’un côté et de l’autre les accords politiques ne constituent
pas le seul moyen auquel recourir en cas de crise politique ou constitutionnelle, mais ils ne
sont pas non plus à négliger au vu de leur apport en situation de crise. La constitution de
notre pays n’évoque à aucun moment les accords politiques, mais ces derniers ont contribué
à l’élaboration des certains actes constitutionnels qui ont servi de souche à l’actuelle
constitution.

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