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Chapitre IV : La responsabilité administrative

Etre responsable juridiquement signifie que lorsque l’on a causé un dommage à une victime, celui-ci a droit à
réparation.
La responsabilité administrative concerne l’ensemble des hypothèses où les personnes publiques sont tenues
de réparer les dommages qu’elles ont pu causer.
C’est une responsabilité de type civil (même si elle est régie par le droit public) dans la mesure où la personne
victime ne va réclamer que des dommages intérêts et ce en principe devant la juridiction administrative.
En ce sens elle doit être distinguée de la responsabilité pénale qui vise à faire condamner y compris des
personnes publiques à une peine (par ex sous forme d’amende) et ce devant les juridictions répressives
(Tribunal de police, tribunal correctionnel voire Cour d’assises).
Pendant très longtemps les personnes publiques étaient reconnues irresponsables. Ce n’est que
progressivement et grâce à la jurisprudence qu’il a été admis que l’action dommageable des services publics
pouvait ouvrir droit à réparation pour les victimes.
En principe, pour que la responsabilité de l’administration soit engagée, il faut prouver une faute de celle-ci à
l’origine du dommage mais il est des cas où cette responsabilité peut être engagée, même sans faute (section I :
le fait générateur de la responsabilité administrative).
Il faut ensuite que cette faute ait causé un préjudice réparable et déterminer qui en est responsable (section II).
Il faut enfin démontrer le lien de causalité entre le fait générateur de responsabilité (généralement une faute) et
le dommage causé (section III)

Section I Le fait générateur de la responsabilité administrative po

En principe, en droit administratif, la responsabilité est fondée sur la preuve d’une faute à l’origine d’un
dommage (imprudence, acte irrégulier, manquement à une obligation…). Il existe différents types de fautes et
dans certains cas correspondant à certaines activités, seuls des fautes particulièrement graves justifieront
l’engagement de la responsabilité de l’administration. Dans d’autres cas, la victime pourra engager la
responsabilité de l’administration sans avoir à prouver qu’elle a commis une faute. Elle devra simplement
démontrer un lien de causalité entre l’évènement et le dommage subi.

§1. La responsabilité de l’administration pour faute prouvée

Dans la plupart des cas le requérant victime n’aura à prouver qu’une faute simple. Dans d’autres cas, là où
l’activité de l’administration est plus difficile à mettre en œuvre et plus dangereuse, il faudra démontrer
une faute plus lourde.

1) La faute simple :
La jurisprudence ne la définie pas. C’est du cas par cas en fonction de ce que l’on peut raisonnablement attendre
de l’administration.

- Elle peut tout d’abord résulter d’une situation matérielle et être constituée par une
action ou une inaction administrative.
Des agissements matériels tels que des imprudences ou négligences peuvent engager la
responsabilité de la personne publique.
Ex : défaut de surveillance d’une plage (CE 13 mai 1983 Lefebvre)
Ex : faute d’inattention de la commune de Clermont Ferrand qui intervertit des règles de
priorité sur un carrefour mais en maintenant au sol des bandes blanches indiquant les
anciennes priorités. Cette négligence étant à l’origine d’un accident de la route (CE 3 octobre
1979 Ville de Clermont v/ Picquart).
L’inaction, l’abstention ou le retard peuvent aussi constituer des fautes engageant la
responsabilité de l’administration.
Ex : CE 28 octobre 1977 commune de Merfy : abstention à lutter contre un dépôt d’ordure
sauvage
CE 9 juillet 1975 commune de Cognac : pas de mise en place d’un système assurant le respect
effectif d’une interdiction d’utiliser sans autorisation préalable un plongeoir d’une piscine
municipale.

- Ensuite, elle peut également résulter d’une situation juridique et notamment de la prise
par l’administration d’une décision illégale.

Selon une JP constante toute illégalité constitue une faute pouvant engager la responsabilité
de l’administration. Mais en principe une simple illégalité de forme ne peut engager la
responsabilité de la personne publique (voir CE 19 juin 1981 Carliez).
De plus, l’illégalité d’une décision n’engagera la responsabilité de son auteur que si elle cause
un préjudice. A défaut il n’y aura pas de réparation (CE 8 janvier 1865 Liesenfelt). Il en va
encore de même quand l’administration a commis une illégalité fautive mais aurait pu
valablement prendre la décision sur un autre motif ou une autre base légale (CE 30 septembre
2002 Dupuy) et ex des contentieux urbanistiques sur refus de PC.

- Enfin elle peut encore résulter de renseignements erronés donnés par l’administration,
de promesses non tenues par elle ou encore d’un défaut d’information

Ex de renseignement incomplet CAA Marseille 7 février 2006 Min emploi et


solidarité
Ex promesses ou engagements non tenus CE 30 mai 2005 Tordjman
Ex : en matière médicale il est des hypothèses d’obligation renforcée d’information
(CE 5 janvier 2000 assistance publique des hopitaux de Paris)

2) La faute lourde :
Il est des cas où la responsabilité de l’administration ne peut être engagée que si elle a commis
une faute dite lourde c’est-à-dire une faute d’une particulière gravité ou une faute dont les
conséquences ont pour la victime une exceptionnelle gravité.

L’idée directrice est que parfois la difficulté particulière de l’action administrative justifie que
seules certaines fautes graves peuvent engager la responsabilité de la personne publique. Cette
conception diminue bien évidemment les chances d’indemnisation des victimes. C’est ce qui
explique que le juge administratif ait eu tendance, au fil du temps, à restreindre les cas où le
requérant devait démontrer l’existence d’une telle faute pour pouvoir obtenir gain de cause.
C’est ce qui amène une partie de la doctrine à parler de « déclin de la faute lourde » (Jean
Claude Ricci Droit administratif général 2ème édition page 66).

Ex : en matière médicale : la faute lourde exigée initialement a été remplacée par la « faute
médicale » (voir CE ass. 10 avril 1992 : époux V).

Autre ex : en matière de sécurité des spectateurs d’un feu d’artifice : la faute lourde exigée
pour engager la responsabilité de la commune est remplacée par la faute simple (voir CE 30
mars 1979 Moisan et commune d’Etables sur mer).

Concrètement il reste encore quelques cas où le Conseil d’Etat maintient l’exigence de la


démonstration d’une faute lourde. C’est le cas des activités de service public suivantes :

- Activités des services de la justice (même si dans certaines hypothèses une faute
simple pourra suffire voir CE 19 décembre 1978 Darmont),

- Activités des services de l’Etat dans le cadre de leurs missions de contrôle des
collectivités territoriales (CE 21 juin 2000 Commune de Rocquebrune cap Martin où
un préfet avait commis une faute lourde en exerçant pas de manière réitérée ses
compétences en la matière)

- Certaines activités de police (CE 10 février 1905 Tomaso Greco CE 20 octobre 1972
Marabou)
§2. La responsabilité sans faute de l’administration

Cette expression manque de précision. Comme l’a relevé Jean Claude Ricci (page 67) cela ne
veut pas dire qu’il n’y a pas de faute commise mais seulement que la victime de
l’administration n’a pas à rapporter la preuve qu’une faute a permis la réalisation du préjudice
dont il réclame réparation. Cela peut concerner des cas où en réalité il y a bien eu faute mais il
n’est pas nécessaire de la démontrer mais aussi des cas où il n’y a pas eu de faute commise
par la personne publique en cause ; cette absence de faute n’exonérant pas l’administration
d’avoir à réparer le dommage.
Bien évidemment, à l’inverse de la faute lourde, cela facilite grandement la tâche du requérant
qui peut plus facilement faire condamner l’administration. Il suffira qu’il établisse le lien de
cause à effet entre le préjudice subi et l’activité administrative.
Cette responsabilité sans faute est fondée soit sur la notion de risque, soit sur le principe
d’égalité devant les charges publiques et enfin parfois sur des régimes législatifs spéciaux.

1) La responsabilité pour risque

La responsabilité sans faute de l’administration est engagée quand le dommage causé par elle
est la résultante d’un risque qu’elle a créé.

a) Responsabilité du fait des opérations de travaux publics et des ouvrages publics

Les travaux publics et les ouvrages publics revêtent un risque inhérent. La personne qui n’a
aucun lien avec ces travaux ou ces ouvrages est considéré comme un tiers par rapport à eux et
bénéficie d’un régime de responsabilité sans faute à prouver (CE 28 mai 1971 département du
Var v/ entreprise Bec frères).
L’usager d’un ouvrage public peut ainsi notamment invoquer le défaut d’entretien normal de
celui-ci (ex : gravillons sur une route faisant déraper la voiture) pour obtenir l’engagement de
la responsabilité de l’administration.
Il peut également évoquer la défectuosité de l’ouvrage sauf si celle-ci est trop minime ou trop
récente pour avoir pu être réparée en temps utile (voir CE 26 janvier 1977 commune de
Villeneuve le Roi).
Cela étant il ne doit pas avoir été lui-même imprudent et il pourra être tenu compte de sa
connaissance des lieux pour exonérer au moins partiellement la personne publique
propriétaire de l’ouvrage.
Nb : le participant à des travaux publics (ex : ouvrier qui travaille sur un chantier public) n’est
pas un tiers et s’il subit un dommage il devra prouver une faute simple de l’administration).
b) Les dommages causés par les choses, situations, méthodes ou activités administratives
dangereuses

Cela concerne les objets, procédés ou opérations mis en œuvre par les SP et qui font courir
des dangers importants à certaines personnes.

Ex : les dommages causés à des tiers par l’explosion d’un stock de munitions de l’armée (CE
28 mars 1919 Regnault-Desroziers)
Ex : les dommages causés à des tiers par des armes à feu utilisées par la police (CE 24 juin
1949 Lecomte).
Ex : les méthodes pénitentiaires ou psychiatriques « ouvertes » telles que les mesures de semi
liberté pour les délinquants ou les sorties à l’essai pour les malades psychiatriques qui font
courir des risques à la collectivité et qui justifient en cas de dommages causés à un tiers que la
responsabilité de l’administration soit engagée sans faute (voir TC 3 juillet 2000 Garde des
sceaux v/ consorts Primau et Fosset).
Ex : acte médical présentant un risque exceptionnel (CE 9 avril 1993 Bianchi).

c) Les dommages subis par les collaborateurs occasionnels des services publics

La personne qui n’est pas fonctionnaire et donne un coup de main dans le cadre d’un SP (ex :
un habitant de la commune réquisitionné par un agent municipal qu’il aide à installer les
guirlandes de Noêt et est électrocuté) peut en cas de dommage subis, être indemnisé en
application de la responsabilité sans faute (voir pour une participation à un feu d’artifice et la
blessure par un engin pyrotechnique CE 22 novembre 1946 commune de St Priest la Plaine).

Bien évidemment là aussi la responsabilité de la personne publique peut être atténuée voire
totalement exclue en cas de faute de la victime ou de force majeure (voir CE 31 mars 1957
Commune de Bricy).

2) La responsabilité administrative pour rupture d’égalité devant les charges publiques

L’égalité des citoyens devant les charges publiques est constitutionnellement garantie. Si au
nom de l’intérêt général tout citoyen doit supporter les inconvénients normaux de la vie en
société, il est des cas où certains subissent un préjudice excessif justifiant que la responsabilité
sans faute de l’administration soit engagée.
Pour cela deux conditions sont fixées : le préjudice doit être anormal (d’une gravité
suffisante). Il doit être spécial (le nombre de personnes touchées est limité).
Trois cas.

a) Les dommages permanents de travaux publics

C’est ainsi que les dommages permanents liés à la présence un ouvrage public peuvent
déprécier le bien d’un administré situé à proximité d’une autoroute, d’une usine de traitement
des ordures ménagères etc… Il en va de même en cas de dommage permanent de travaux
publics empêchant un commerçant de jouir normalement de son activité à cause de travaux
dans la rue de son commerce.

b) Les dommages causés par les actes administratifs réguliers

Un règlement légal peut engager la responsabilité de l’administration s’il cause à une


personne un préjudice anormal et spécial (CE 22 février 1963 commune de Gavarnie)
Un acte administratif individuel légal le peut également. Ex : refus légal d’exécuter une
décision de justice compte tenu des nécessités de l’ordre public (risque d’émeutes) peut
engager la responsabilité sans faute de l’administration (CE 30 novembre 1923 Couitéas)

c) Les dommages causés par les lois et les traités internationaux

La responsabilité de l’Etat français peut être engagée du fait des lois (CE ass 14 janvier 1938
société des produits laitiers La Fleurette à propos d’une loi réglementant l’usage du mot
« crème » dans l’alimentation et causant un préjudice anormal et spécial à cette société).
Autre ex : le défaut d’accessibilité des bâtiments de justice à une avocate handicapée constitue
une rupture d’égalité devant les charges publiques (CE 22 octobre 2010 Mme Bleitrach).
Ce sera également le cas lorsque la loi française sera contraire au droit communautaire et
causera un préjudice au requérant dont les droits issus de la législation communautaire ne sont
pas respectés par la loi (CE 5 mars 1996 Brasserie Le Pécheur)
Elle peut également être engagée du fait des conventions internationales mais le cas est
beaucoup plus rare.

§3 Les régimes législatifs spéciaux instaurant une responsabilité sans faute

Un certain nombre de lois ont prévu des systèmes spécifiques de responsabilité sans que le
requérant ait à prouver de faute. C’est le cas notamment :
- Loi du 7 janvier 1983 (L 2216-3 du CGCT) instaurant la responsabilité sans faute de
l’Etat en matière de dommages causés par des rassemblements ou attroupements
dangereux ; lesdits dommages étant la conséquence de crimes ou de délits

- Loi du 24 novembre 2009 instaurant une responsabilité sans faute à prouver de l’Etat
en cas de décès d’un détenu causé par des violences commises par un co détenu.

La loi française a également mis en place des fonds spéciaux d’indemnisation par exemples :
- pour les victimes de la contamination par le virus du Sida suite à une transfusion
sanguine (L 3122 du code de la santé publique), aff . sang contaminé
- les victimes de l’amiante dans le cadre professionnel (loi du 23 décembre 2000),
- les victimes d’actes de terrorisme (loi du 9 septembre 1986),
- la loi du 4 mars 2002 a également créé l’Office national d’Indemnisation des
Accidents médicaux (ONIAM) affections iatrogènes et infections nosocomiales assurant
l’indemnisation du préjudice grave subi par les victimes d’accidents médicaux ayant des
conséquences anormales sur l’état des patients. Cette loi du 4 mars 2002 sur le droit des
malades permet d’assurer désormais l’indemnisation du dommage résultant de l’aléa
thérapeutique (dans la lignée de la JP Bianchi). Sont réparés sans faute à prouver les accidents
médicaux, les affections iatrogènes (consécutives aux complications dues aux traitements et
médicaments) et les affections nosocomiales (contractées en milieu hospitalier et
indépendantes du traitement médical).

Nb : contrairement au droit commun de la responsabilité publique qui vis-à-vis des


personnes publiques se prescrit par 4 ans, les actions en responsabilité suites à des actes de
prévention, diagnostic ou soin se prescrit par 10 ans à compter de la consolidation des
dommages).

Section II La réparation du préjudice par le responsable du dommage

Le préjudice est le dommage causé à la victime. Pour qu’un préjudice soit reconnu comme
réparable. Il doit revêtir un certain nombre de caractéristiques.
Le requérant, outre la justification de son entier préjudice, doit s’adresser à la bonne personne
publique responsable.

§1 Les caractéristiques du préjudice réparable

On a déjà vu que dans certaines hypothèses le préjudice doit être anormal et spécial.
En outre et en règle générale le préjudice présente les caractéristiques suivantes.
Le préjudice doit être direct : c’est-à-dire que pour pouvoir donner le droit à réparation
financière, il doit être étroitement lié à une action ou une inaction de l’administration.
Ex : il y a un lien direct entre un glissement de terrain endommageant une propriété privée et
l’absence de réseau public de collecte et d’évacuation des eaux de pluie (CE 28 octobre 1977
commune de Flumet).

Le préjudice doit être certain : cela signifie que l’on n’indemnise pas les préjudices éventuels.
Pour autant cela ne veut pas dire qu’il soit nécessairement actuel ou passé. Le préjudice futur
peut également être indemnisé si sa réalisation ne fait aucun doute (ex : pour une maladie
évolutive CE 4 octobre 1968 Doukakis) ou encore en cas de perte de chance sérieuse (ex :
faute d’un hôpital public compromettant des chances sérieuses de guérison CE 21 décembre
2007 centre hospitalier de Vienne).
Le préjudice est généralement personnel : la personne qui réclame réparation est le plus
souvent la victime mais il peut y avoir des victimes par ricochet qui pourront agir valablement
en lieu et place de ladite victime notamment en cas de décès (ex : ayant droit d’une victime
décédée).

Le préjudice peut être matériel et/ou moral.


Ex de préjudice matériel indemnisable : perte de valeur d’un bien, la perte de revenus,
l’atteinte à la personne (souffrance physique, troubles dans les conditions d’existence,
préjudice esthétique…).
Ex de préjudice moral indemnisable (arrêt de principe CE Ass 24 novembre 1961 ministre
travaux publics v/ Letisserand reconnaissant enfin le préjudice moral en droit adm) : la
douleur morale, l’atteinte à une liberté, l’atteinte à l’honneur et à la réputation …

§2 la détermination de la personne responsable

1) Distinction faute de service/faute personnelle

La faute de service est une faute commise par un agent administratif ou un élu dans l’exercice
de ses fonctions. Elle entrainera la responsabilité de l’administration devant le juge
administratif (TC 30 juillet 1873 Pelletier).
La faute personnelle est une faute commise par un agent public ou un élu qui fait apparaître
les intérêts privés de l’agent et qui en tant que telle est détachable des fonctions (ex : violence,
détournement de fonds, faute pénale volontaire). Une telle faute entraîne la responsabilité
personnelle du fautif devant le juge judiciaire.
Or, la solvabilité de l’agent est moins certaine que celle de l’administration qui l’emploie.
Fort heureusement le juge administratif a reconnu que les fautes et les responsabilités de
l’administration et de l’agent pouvaient se cumuler (CE 3 février 1911 Anguet) et que la
victime conserve le choix entre poursuivre l’administration ou l’agent qu’elle emploie et qui
est à l’origine du dommage.
Si la victime agit contre l’administration celle-ci disposera, une fois condamnée d’une action
récursoire contre son agent fautif et inversement en cas de faute personnelle de l’agent en lien
avec le service voir CE 28 juillet 1951 Laruelle et Delville.

2) La détermination de la personne publique responsable :

Le principe est que c’est celle pour le compte de laquelle était effectuée l’activité qui a causé
le dommage (voir CE 9 février 1966 commune de Palavas les flots).
Ce sera souvent facile. Ex : un accident causé par un trou non signalé dans une voie publique
communale engage la responsabilité de ladite commune es qualité de propriétaire et
gestionnaire de cet ouvrage public
Ce n’est pas toujours facile. Ex : CE 21 mars 1980 Vanderiele : un enfant fréquentant un
centre de vacance subi un dommage. Ce centre de vacance est organisé par une commune
mais géré par une association. L’action doit être engagée en l’espèce contre la personne
privée.
Si plusieurs personnes morales de droit public sont co auteurs du dommage la victime peut
réclamer réparation de tout son dommage contre une seule ou contre toutes. Celles-ci sont
solidairement tenues (voir CE 15 octobre 1976 District urbain de Reims).

Section III Le lien de causalité

Il ne peut y avoir de responsabilité administrative que s’il y a un lien suffisamment net entre
l’action ou l’inaction administrative et le préjudice subi par la victime.
Ce lien de causalité démontré ne suffira pas toujours pour que la responsabilité de
l’administration soit engagée.
§1 La notion de lien causal

Par le lien causal, on cherche à déterminer l’évènement qui a été déterminant dans la
réalisation du dommage.
S’il n’y a pas de lien suffisamment direct entre par ex la faute commise par l’administration et
le dommage ultérieurement subi par la victime il n’y aura pas de responsabilité
administrative.
Ex : pas de lien de causalité entre la permission accordée à un détenu et le meurtre qu’il
commet 6 mois plus tard à des centaines de kilomètres de son lieu de détention (CE 27 mars
1985 min de la justice v/ Henry).
La preuve du lien de causalité doit en principe être rapportée par la victime. Il doit prouver
que le fait générateur est la cause directe du préjudice subi. Cela étant le juge administratif
peut user de ses pouvoirs d’instructions pour étayer un commencement de preuve (ex :
expertise). Quand la causalité est incertaine il use de ce que l’on appelle la théorie de « la
causalité adéquate » qui permet de retenir la cause qui a les liens les plus étroits avec le
dommage.

§2 les cas de limitation voire d’exonération de responsabilité de l’administration :

Même en cas de lien de causalité démontré il existe des causes diminuant voire totalement
exonératoires de responsabilité pour l’administration.
La faute de la victime : elle a contribué par son comportement (par ex imprudent ou non
vigilant) à la survenance de son dommage (ex : une vitesse excessive alors que 4 panneaux
successifs avaient indiqués l’existence de travaux publics CE Ass 9 juin 1972 Allemand).
La force majeure : évènement imprévisible, irrésistible et extérieur aux parties (ex tempête)
sera exonératoire de responsabilité (orage d’une rare violence CE 26 juin 1963 Calkus)
Le cas fortuit : c’est une cause inconnue, imprévisible et irrésistible mais pas forcément
extérieur applicable uniquement aux cas de responsabilité pour faute. Cas assez rare en JP qui
traduit en fait le désarroi du juge a trouvé la cause du dommage (CE 11 décembre 1991 SARL
niçoise pour l’extension de l’aéroport).
Le fait d’un tiers : uniquement en cas de responsabilité pour faute. Ainsi le fait de plonger
dans une piscine municipale sans observer les prescriptions réglementaires affichées par la
commune constitue le fait d’un tiers exonérant à 50% une commune des conséquences
dommageables de l’accident causé à un autre nageur CE 9 juillet 75 Ville de Cognac).

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