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PARTIE LE FONCTIONNEMENT DU SYSTEME

IMMUNITAIRE HUMAIN.
Chapitre II : L’immunité adaptative
Les mécanismes de l’immunité innée sont parfois insuffisants pour permettre l’élimination d’un agent pathogène. Ce
met alors en place la deuxième phase de la réponse immunitaire: la réponse adaptative, plus tardive (quelques jours).
Associée à la réponse innée, elle réussit le plus souvent à éliminer totalement l’agent pathogène. Son absence provoque
une immunodéficience.
Alors que l'immunité innée est largement répandue chez les êtres vivants, l'immunité adaptative est propre aux
vertébrés.
Cette réponse se traduit par la multiplication d’une autre population de leucocytes : les lymphocytes. Elle
s’accompagne également d’une forte augmentation de la concentration sanguine de protéines particulières :
les anticorps.
Comment l’immunité adaptative permet-elle l’élimination des agents pathogènes ?

I-La réponse adaptative humorale.


A-Le rôle des anticorps
Les premiers anticorps (également appelés immunoglobuline) apparaissent dans le sérum environ 5 jours après le
contact avec l’agent infectieux.
Un anticorps est une protéine qui se fixe sur une molécule étrangère à l’organisme : on parle d’antigène (ex : protéine
de l’enveloppe du virus de la grippe par exemple). Cette molécule est soluble et circule dans les liquides du corps. La
fixation d’un anticorps sur cet antigène conduit à la formation d’un complexe antigène-anticorps appelé complexe
immun (observable par le test d’Ouchterlony). Il s’agit d’un complexe de neutralisation de l’antigène (ex : les virus
recouverts d’anticorps ne peuvent plus infecter les cellules cibles).
B-Relation entre structure et mode d’action des anticorps
Un anticorps est une protéine en forme de Y constituée de deux chaînes lourdes et de deux chaînes légères
identiques. Chaque chaîne comporte deux parties : une partie constante, identique entre anticorps différents et une
partie variable qui diffère d’un anticorps à un autre.
Les parties variables des chaînes lourdes et légères sont situées à l’extrémité de l’anticorps. Ces zones variables
constituent les deux sites de fixation ou sites de reconnaissance de la molécule d’anticorps. Ces sites sont
identiques. C’est la séquence des acides aminés qui diffèrent d’un anticorps à un autre au niveau de cette zone. La
structure tridimensionnelle d’un site de fixation d’un anticorps est ainsi complémentaire de celle de l’antigène
reconnu : on parle de spécificité d’un anticorps pour un antigène. Ces acides aminés, très variables d’un anticorps à un
autre, permettent à l’organisme de reconnaître de très nombreux antigènes différents.
Un individu est dit séropositif lorsque l’on détecte chez lui la présence d’anticorps dirigés contre un antigène
particulier.
Les anticorps neutralisent l’antigène mais ne l’éliminent pas. Il y a donc de nouveau intervention des cellules
phagocytaires et donc des cellules de l’immunité innée. Ces cellules ingèrent alors le complexe immun par
phagocytose puis l’éliminent.
Il y a ici collaboration entre l’immunité innée et l’immunité acquise.

II-La réponse adaptative cellulaire.


La réponse immunitaire adaptative se caractérise aussi par la production de lymphocytes T cytotoxiques : on parle
de réponse adaptative cellulaire. Elle est également spécifique.
Les lymphocytes T cytotoxiques possèdent sur leur membrane plasmique un récepteur particulier, le récepteur T qui
possède une partie constante et une partie variable au niveau de laquelle se situe le site de reconnaissance de
l’antigène. Ces récepteurs sont spécialisés dans la reconnaissance d’un antigène unique lorsqu’il est présenté par les
cellules qui appartiennent à l’organisme. Cet antigène est issu de la digestion de protéines du virus par la cellule
infectée. Ce peptide est associé aux molécules du CMH présentes sur la membrane plasmique de la cellule infectée.
La reconnaissance spécifique entraîne la libération de signaux chimiques provoquant l’autodestruction de la cellule
infectée. Les débris cellulaires sont ensuite digérés par les cellules phagocytaires.
III-Origine des anticorps et des LT cytotoxiques.
A-Origine des anticorps
Les lymphocytes B possèdent des récepteurs membranaires qui sont des molécules d’anticorps mais fixés sur la
membrane des LB. Chaque lymphocyte B exprime, sur sa membrane plasmique, des anticorps capables de reconnaître
un antigène et un seul. L’organisme possède environ 108 lymphocytes B de type différent, caractérisés par leur
anticorps membranaire. Cette grande quantité d’anticorps constitue le répertoire immunitaire. Il permet à
l’organisme de faire face à l’incroyable diversité des agresseurs potentiels.
L’ensemble des LB circulant dans le sang ou la lymphe ou stockés dans les organes lymphoïdes (ganglions, rate) assure
une surveillance permanente du milieu intérieur.
Lorsqu’il y a introduction d’un antigène dans l’organisme, cela conduit à la sélection des seuls LB possédant les
anticorps spécifiques à l’antigène. On parle de sélection clonale.
Il y a ensuite une phase d’amplification clonale : multiplication par mitoses des lymphocytes B sélectionnés.
Il y a ensuite différenciation clonale : le lymphocyte B se différencie en plasmocyte, véritable usine à produire des
anticorps, les mêmes anticorps que les anticorps membranaires des lymphocytes B correspondant mais solubles c’est-
à-dire libres, non accrochés à la membrane du lymphocyte.
La mise en place de ces 3 étapes explique le délai qui existe entre l’entrée du pathogène et le début de la réaction
adaptative.
Une partie des LB ne se transforment pas en plasmocytes et forme des LB mémoires. Les phases d'amplification et de différenciation des LB se font
en étroite collaboration avec certains lymphocytes T, les LT4.
B-Origine des lymphocytes T cytotoxiques
De même que pour le lymphocyte B, 3 étapes sont nécessaires pour que les LTCD8 deviennent effecteurs :
1-Sélection clonale : Il y a reconnaissance d’un fragment antigénique présenté par une CPA, grâce au
récepteur T du lymphocyte TCD8. Il existe une très grande variété de récepteurs T différents et des millions de
clones différents de LTCD8. Ainsi, les lymphocytes T peuvent reconnaître n’importe quelle cellule anormale. Il y a
ainsi sélection des lymphocytes TCD8 spécifiques.
2-Amplification clonale : il y a multiplication par mitoses des LTCD8 sélectionnés. Il y a formation d’un clone
de LTCD8 activés.
3-Différenciation clonale : Les LTCD8 sélectionnés se différencient en lymphocytes T cytotoxiques qui
possèdent le même récepteur T. Ce sont les effecteurs de l’immunité acquise.
Une partie ne se transforme pas en LT cytotoxiques et forme les LTCD8 mémoires
Les phases d’amplification et de différenciation des lymphocytes TCD8 se font en étroite collaboration avec certains lymphocytes T, les
lymphocytes TCD4.

IV-Les lymphocytes T4, pivots de la réponse immunitaire adaptative.


Les phases d’amplification et de différenciation des lymphocytes B et TCD8 nécessite une autre catégorie de
lymphocytes T, les lymphocytes TCD4.
Le schéma d’activation de ces cellules est le même :
1-Sélection clonale : reconnaissance spécifique d’un antigène à la surface d’une CPA par les lymphocytes
TCD4 spécifiques de cet antigène. Ils possèdent aussi des récepteurs T spécifiques. Il existe une multitude de
clones différents de LTCD4.
2-Amplification clonale : Il y a alors multiplication de ces lymphocytes TCD4 sélectionnés.
3-Différenciation clonale : ces lymphocytes TCD4 se différencient en lymphocytes T auxiliaires. Ceux-ci
secrètent une molécule clé dans la réponse immunitaire : l’interleukine 2. Cette molécule est un facteur de
croissance indispensable à l’amplification clonale et à la différenciation des lymphocytes B et des lymphocytes TCD8.
Les LT4 sont donc les pivots de la réaction immunitaire adaptative.
Le SIDA est une maladie causée par un virus, le VIH qui infecte et détruit en particulier les lymphocytes TCD4. La
position particulière de ces cellules au sein du SI explique pourquoi le VIH conduit à une immunodéficience acquise.
La disparition progressive des LT4 induit la mise en place de maladies opportunistes, allant jusqu’à la mort.
La réponse immunitaire adaptative est donc le fruit d’une coopération cellulaire entre les différentes
catégories de lymphocytes.

V-Phénotype immunitaire et lymphocytes autoréactifs.


Un individu possède, à un moment donné, de nombreux clones de lymphocytes T et B, chaque clone étant caractérisé
par son récepteur spécifique. L’ensemble de ces clones caractérise le phénotype immunitaire et détermine la
capacité du système immunitaire à répondre, à un moment donné, à différentes molécules antigéniques. Il permet à
l’organisme de faire face à l’incroyable diversité des agresseurs potentiels.
Le nombre de gènes chez l’Homme est d'environ 30000. La grande diversité des anticorps et des récepteurs T
devrait mettre en jeu bien plus de gènes que cela. Leur production est en fait due à un mécanisme de recombinaison
génétique. Les gènes qui codent pour les régions variables des anticorps résultent en réalité de l’assemblage de
fragments de gènes au hasard (mais dans un ordre précis).
Exemple: la partie variable des chaînes lourdes des anticorps est codée par trois fragments de gènes notés V, D et J.
Il existe environ 150 fragments V, 30 D et 6 J disposés le long du chromosome 14 (voir schéma ci-dessous).
Un gène V, un gène D et un gène J sont sélectionnés aléatoirement pour former un gène final codant pour la partie variable d'une chaîne lourde. Le
gène codant pour la partie constante sera ensuite associé à cet ensemble.
Les chaînes légères sont codées de manière similaire.
De plus, des imprécisions dans la "soudure" des différents fragments multiplient le nombre de versions définitives par 10 environ. Enfin, les
mutations sont très fréquentes au niveau des fragments géniques codant pour les immunoglobulines, ce qui multiplie encore par 1000 le nombre
total de sites de reconnaissances possibles...
Le même mécanisme s’applique pour les récepteurs T.

Les différentes combinaisons de fragments de gènes se faisant au hasard, de nombreux récepteurs présents sur la
membrane des lymphocytes B ou T devraient se lier à des molécules de notre organisme. Il y aurait alors des
réactions immunitaires dirigées contre nos propres cellules et donc des maladies auto-immunes.
Or notre répertoire immunitaire n'est normalement constitué que de cellules capables de reconnaître des particules
étrangères à l'organisme. En effet, il existe un système de sélection des lymphocytes qui élimine tous les clones
de lymphocytes autoréactifs c'est à dire capables de se lier aux molécules de l'organisme avant qu'ils soient en
action. Seuls les lymphocytes immunocompétents (qui reconnaissent des molécules étrangères uniquement) sont ainsi
conservés.

V-La mémoire immunitaire.


Le système immunitaire ne réagit pas de la même façon s’il rencontre un antigène pour la première fois ou pour la
seconde fois. Lors de la première rencontre avec l'antigène, la réponse adaptative met plusieurs jours à se mettre en
place et la quantité des effecteurs produits est relativement peu importante : on parle de réponse immunitaire
primaire. Lors de la deuxième rencontre avec l'antigène, les anticorps sont sécrétés dans sang plus rapidement et en
plus grande quantité que lors de la réponse immunitaire primaire. De même, les lymphocytes T cytotoxiques détruisent
bien plus rapidement les cellules infectées ou anormales que lors de la réponse primaire. On parle de réponse
secondaire. Cette propriété prouve l’existence d’une mémoire du système immunitaire. Cette mémoire est spécifique
d’un antigène donné.
En effet, une grande partie des lymphocytes B et des lymphocytes T sélectionnés par l'antigène spécifique se
différencient en plasmocytes, en lymphocytes auxiliaires ou en lymphocytes cytotoxiques. Ces cellules protègent
l’organisme puisque ce sont elles qui éliminent le pathogène. Cependant elles n’ont qu’une faible durée de vie.
Une fraction des LTCD4, des LTCD8 et de LB sélectionnés se différencie en lymphocytes mémoire. Ces cellules ont
une durée de vie longue (plusieurs années à plusieurs dizaines d’années) et sont plus nombreuses que les LTCD4, LTCD8
et LB naïfs de même spécificité. En cas de nouveaux contact avec l’antigène, les cellules mémoires se transforment en
cellules effectrices plus rapidement que les lymphocytes dits naïfs, c’est à dire n’ayant jamais rencontré l’antigène.
Les antigènes auxquels l’organisme est confronté au cours de sa vie sélectionnent ainsi les clones de lymphocytes qui
voient leur effectif augmenter. Le phénotype immunitaire évolue donc au cours de la vie.
SCHEMAS CHAPITRE II

Modes d’action des anticorps


Dates d’apparition de la réponse innée et de la
réponse adaptative au cours de l’évolution

Schéma de la structure d’un anticorps Modes d’action du LT cytotoxique

Schémas montrant les étapes conduisant à la production des plasmocytes, des LT cytotoxiques et des LT auxilliaires
Schéma montrant le rôle essentiel des LT4, pivots de la réaction immunitaire adaptative

Recombinaison génétique assurant la production des Sélection des LB immunocompétents et élimination


parties variables des chaînes lourdes des anticorps des LB autoréactifs

Intensité de la réponse primaire et secondaire après introduction d’un antigène


phénotype immunitaire
de départ

on obtient le on obtient le

Evolution du phénotype immunitaire

les cellules phagocytaires


éliminent ensuite les débris
de cellule

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