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SÉQUENCE 6

CHAPITRE 2

L’immunité adaptative

Nous avons vu dans le chapitre 1 que l’immunité innée, grâce à la réaction inflammatoire, avait le pouvoir
de bloquer la contamination des tissus par des agents pathogènes. Mais dans certains cas, la réaction
inflammatoire n’est pas suffisante, et la contamination perdure. Les cellules présentatrices de l’antigène,
des cellules actrices de la réaction inflammatoire, vont alors migrer dans le réseau lymphatique et
mobiliser l’immunité adaptative. De nouveaux mécanismes de défenses vont alors être activés, ayant pour
objectif la destruction finale de l’agent pathogène. Il n’y a plus d’échec possible, sinon, c’est la mort de
l’organisme.
Problématique : Comment les acteurs du système immunitaire interagissent-ils pour maintenir
l’intégrité de l’organisme ?

I. Activité 1 - Découverte de l’immunité adaptative


Nous avons vu que lorsque l’immunité innée n’arrive pas à éradiquer l’agent infectieux, les CPA
recrutent les cellules de l’immunité adaptative.
Problématique : Comment l’immunité adaptative prend le relai ?
L’immunité adaptative complète l’immunité innée chez les vertébrés. Elle assure une action spécifique
contre des motifs moléculaires portés par des agents infectieux ou des cellules anormales. Elle
met en jeu des molécules et des cellules particulières, notamment les anticorps et les cellules
qui les produisent. Associée à l’immunité innée, elle réussit le plus souvent à éliminer la cause du
déclenchement de la réaction immunitaire.
Les cellules infectées par des virus, malades (cancéreuses par exemple), ou trop vieilles, sont éliminées
grâce aux lymphocytes T. Ces derniers se différencient en Lymphocytes T cytotoxiques qui sont capables
de se fixer via leur récepteur T aux cellules infectées. Cette fixation entraîne la libération de molécules
de perforines qui forment des pores sur la membrane cellulaire de la cellule infectée, ce qui entraîne sa
lyse, sa destruction.
Les agents étrangers circulants dans le corps, comme les bactéries, sont éliminées grâce aux
lymphocytes B. Ces derniers se différencient en plasmocytes qui sécrètent des anticorps spécifiques
identiques à ceux qui ont reconnus l’antigène (anticorps sur la membrane des lymphocytes B).
Les anticorps sont des protéines constituées de 4 chaînes polypeptidiques. Un AC est en forme de Y et
est constitué de 4 chaînes polypeptidiques semblables 2 à 2. Chaque chaîne constituant un anticorps
possède une partie constante : fragment Fc et une partie variable (dont la séquence en acides aminés
change d’un AC à un autre) : Fragment Fab. C’est la partie variable de chaque chaîne qui joue un rôle
dans la reconnaissance des déterminants antigéniques (partie reconnue de l’AG).
Un AC est capable de fixer 2 déterminants antigéniques identiques au niveau des 2 sites de
reconnaissances. Cette association AC/Ag se fait par complémentarité spatiale et affinité chimique. Les
AC permettent de reconnaître des Ag libres circulants et de les neutraliser. En effet il ne les élimine pas
eux-mêmes mais permettent la phagocytose des complexe immun par les phagocytes.

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La détection des AC dirigés contre les déterminants antigéniques d’un virus va conduire à définir la
séropositivité (présence d’un AC dirigé contre un antigène donné dans l’organisme) ou la séronégativité
d’une personne.
La première rencontre avec un antigène est appelée réponse primaire. Elle demande un délai de
quelques jours et est peu efficace. La réponse secondaire (deuxième contact avec un antigène) est
caractérisée par un délai de réponse très court et une efficacité beaucoup plus importante. Ceci est du à
la mémoire immunitaire. En effet, les cellules restantes de l’immunité adaptative circulent dans un état
dormant dans le sang et dans la lymphe. Ces cellules, ce sont des lymphocytes qui sont intervenus la
première fois. Lors de la seconde rencontre avec l’agent pathogène, ces cellules déjà présentes peuvent
réagir immédiatement et donc raccourcir le temps nécessaire à l’élimination de l’agent infectieux.
Problématique : Nous allons présenter un virus, le virus de la grippe, qui nous servira de modèle pour
étudier les mécanismes de défense de l’immunité adaptative.

II. Activité 2 – Le virus de la grippe


Ce virus est extrêmement répandu : il touche plusieurs millions de personnes en France et provoque la
mort de 250 000 à 500 000 personnes par an dans le monde.
Les principaux symptômes de l’infection grippale sont un épuisement général, des douleurs musculaires
et articulaires et ils s’accompagnent généralement de manifestations respiratoires importantes. C’est
d’ailleurs dans les poumons qu’il est possible de visualiser les traces de l’activation de l’immunité
innée sous l’effet du virus. Ces traces correspondent à l’apparition d’œdèmes au niveau de la paroi des
poumons et qui sont visibles par la réalisation d’une radiographie de la région thoracique. Au cours de
l’infection grippale, les symptômes de l’immunité innée vont progressivement disparaître tandis que
les symptômes de l’immunité adaptative vont peu à peu s’imposer. Dans le même temps, la quantité de
virus présente dans le corps diminue.

Bilan
La grippe est provoquée par un virus saisonnier, très répandu dans la population. Le virus présente un
danger pour les personnes âgées, les enfants et les femmes enceintes. Il provoque le déclenchement
d’une réaction inflammatoire dans les poumons: réponse primaire. La réponse immunitaire primaire
permet l’activation de l’immunité adaptative, donc de la réponse immunitaire secondaire. La réponse
immunitaire secondaire sera la plus efficace pour éliminer le virus de la grippe.
Lorsque qu’une personne est malade, il existe des signes visibles de cette maladie. Ces signes, nous les
avons vu dans le chapitre 1, sont les symptômes de la réaction inflammatoire : rougeur, œdème, chaleur
et douleur. Ce sont les signes de l’activité de l’immunité innée.
Mais si on s’intéresse de plus près au sang, par exemple, on peut y déceler les signes de l’activité de
l’immunité adaptative. Notamment, la production d’anticorps.
Problématique : Quelles sont ces molécules et comment agissent-elles pour éliminer l’agent
pathogène intrus ?

III. Activité 3 – Les Anticorps


Si on s’intéresse à la composition en cellules du sang, on remarque des modifications au cours de
l’infection grippale. Au début de l’infection, ce sont essentiellement des polynucléaires qui se sont
multipliés dans le sang. Au fur et à mesure de l’infection, la quantité de polynucléaires se réduit au
profit d’une nouvelle population de cellules de l’immunité : les lymphocytes. Si on s’intéresse à la

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composition chimique du sang et en particulier les protéines contenues dans le sérum, on remarque que,
lors d’une infection, une nouvelle population de protéines apparaît dans le sérum : ce sont les gamma-
globulines, c’est-à-dire les anticorps.
Les anticorps sont un assemblage de 4 chaînes protéiques, ressemblant à une fourche (en forme de Y).
Ils sont composés de :
• Deux chaines lourdes (notées H, pour heavy) ;
• Deux chaînes légères, plus courtes (notées L, pour light).
Les deux chaînes lourdes sont identiques entre-elles et les deux chaînes légères également. Les chaînes
sont maintenues entre elles par des liaisons fortes, covalentes, appelées pont disulfure. Dans chaque
chaîne, on trouve :
• Une partie constante (notée C), commune à tous les anticorps existant dans l’organisme et dans
l’espèce. Elles représentent la quasi-totalité de la structure de l’anticorps. Elle concerne la chaîne
lourde et la chaîne légère ;
• Une partie variable (notée V), qui est limitée aux extrémités de la fourche. Elle est présente dans la
chaîne lourde et la chaîne légère. La partie variable n’est pas variable dans sa totalité, mais dans des
zones bien particulières, appelées CDR = complementary determining region = région du détermi-
nant complémentaire. La région variable différencie les anticorps entre eux.
L’anticorps se fixe à une molécule complémentaire, appelée antigène. Un antigène est par définition
une molécule reconnue par un anticorps : elle peut être présente sur un agent pathogène ou non. La
reconnaissance d’un antigène par un anticorps déclenche systématiquement une réponse immunitaire.
L’anticorps se fixe à l’antigène grâce aux deux extrémités de la fourche, qui correspondent aux régions
variables des chaînes lourdes et légères. Le contact est très étroit entre l’antigène et trois régions
particulières de la région variable = CDR.
Cette relation très étroite entre l’extrémité de la fourche de l’anticorps et une portion de l’antigène
(via la complémentarité du CDR) explique qu’un anticorps EST SPECIFIQUE D’UN ANTIGENE UNIQUE !
Les anticorps ont deux moyens d’action :
• En se fixant à l’antigène, ils vont créer des ponts, grâce à leurs deux extrémités, entre les antigènes
et provoquer leur agglutination sous la forme de complexes immuns. Ces complexes immuns vont
former des masses inertes qui vont précipiter, ce qui rend l’antigène, l’agent pathogène, incapable de
propriété d’infection ;
• Le second moyen d’action des anticorps est assuré par la partie de l’anticorps qui n’est pas fixé à
l’antigène. Cette partie de l’anticorps correspond aux portions constantes des deux chaînes lourdes,
formant la tige du Y. Ce fragment peut être reconnu par des récepteurs membranaires présents
dans la membrane des phagocytes. L’anticorps sera capturé au niveau de la tige par ces récepteurs
membranaires, ce qui permettra de fixer l’antigène par l’intermédiaire de l’anticorps, à la membrane
du phagocyte. L’antigène pourra donc être phagocyté beaucoup plus rapidement grâce à ce système
d’ancrage à la membrane par l’anticorps. Ce mécanisme est appelé l’opsonisation.

Bilan
Les anticorps sont des assemblages de chaînes protéiques, en forme de Y. Dans chaque anticorps,
on trouve deux chaînes lourdes et deux chaînes légères. Les chaînes sont maintenues entre elles par
des liaisons covalentes, les ponts disulfures. La majorité de la structure de l’anticorps correspond à
des parties constantes, présentes chez tous les anticorps de l’individu. Les extrémités de la fourche
présentent des régions variables contenant des zones hypervariables, les CDR, capables de reconnaître
des motifs structuraux particuliers, les antigènes. Cette complémentarité directe entre les CDR et

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l’antigène fait qu’un anticorps est ultra-spécifique d’un antigène et ne peut agir que sur un seul antigène.
Les anticorps se fixent sur les antigènes grâce à ces CDR. Dans le cas d’agents pathogènes, cela a deux
effets :
• L’agglutination des agents pathogènes qui sont liés les uns aux autres par les anticorps. Ils précipitent
alors en masse formant un complexe immun ;
• La partie constante libre de l’anticorps (au bout de la tige de la fourche) sert de pont d’ancrage à des
récepteurs membranaires des cellules phagocytaires. Les anticorps peuvent se fixer directement à
la membrane du phagocyte et ainsi mettre à disposition immédiate l’antigène pour une phagocytose
rapide: c’est l’opsonisation. On appelle parfois les anticorps « des opsonines ».
Nous avons vu que les anticorps sont des molécules spécifiques d’un antigène précis, qui ne sont
fabriqués dans le corps qu’en cas de contact avec l’antigène.
Problématique : Comment est-il possible de mettre en évidence une infection virale, en recherchant
des anticorps dirigés contre le virus?

IV. Activité 4 – Elisa et test de la séropositivité au virus du


Chikungunya.
ECE - Recherche d’une séropositivité au virus CHIKV

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CORRECTION ECE Recherche d’une séropositivité au virus CHIKV

ÉTAPE 1 : PROPOSER UNE STRATÉGIE ET METTRE EN ŒUVRE UN PROTOCOLE POUR RÉSOUDRE


UNE SITUATION PROBLÈME

A – Concevoir une stratégie pour résoudre une situation problème


On cherche à mettre en évidence la présence d’anticorps chez 5 patients susceptibles d’avoir été
infectés par le virus CHIKV.
Indiquer ce que l’on Lors de la réaction immunitaire, des cellules de l’immunité se multiplient
s’attend à obtenir : dans les ganglions et gagnent le sang où elles libèrent de grandes quantités
Hypothèse(s) de molécules comme les anticorps. En cas d’infection par un virus, présente
Conséquence(s) ou passée, on doit donc trouver des anticorps dans le sérum. Si les patients
vérifiable(s). sont infectés par le virus de Chikungunya alors ils possèderont des
anticorps spécifiques du virus CHIKV.
Principe de l’expéri- Pour le vérifier, nous allons mettre en évidence la présence d’anticorps
ence anti-Chikungunya dans le sérum de plusieurs patients, selon la méthode du
test ELISA indirect.
Protocole expéri- Pour cela on se propose de réaliser les étapes suivantes :
mental avec une
A. Prendre des cupules contenant l’Ag (molécule du spécifique du virus
stratégie rigoureuse et
CHIKV) et y verser tout d’abord les sérums des 5 patients ainsi que des
réalisable en labora-
deux témoins (négatifs : sans Ac et positif : avec Ac anti-CHIKV). Laisser
toire.
reposer 10 minutes.
B. Rinçage
C. Ajouter la solution d’anticorps traceurs. + Laisser reposer 5 min
D. Rinçage pour éliminer les Ac traceurs non fixés
Ajouter le substrat de l’enzyme liée à l’Ac traceur + attendre quelques
minutes avant la révélation : coloration (séropositivité) ou non (séronégati-
vité) de la solution.

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Matériel choisi parmi Pour cela, on a besoin : Barette de test Elisa, Les 5 sérums des 5 patients,
celui proposé ou Les témoins positifs et négatifs, Anticorps traceur, Substrat de l’enzyme
connu. (révélateur), Solution de rinçage (pbs), 10 pipettes (une pour chaque
produit), Matériel de protection (blouse, lunettes, gants), Papier filtre.

B – Mettre en œuvre un protocole de résolution pour obtenir des résultats exploitables


1. Respect des consignes du protocole. – Sarah n’a pas respecté les consignes : elle n’a
pas fait de lavage entre les ajouts de solutions
2. Travail soigné et propre : gestion correcte
dans les puits. N’importe quel anticorps peut
du poste de travail.
alors réagir, on perd la spécificité liée au virus. Sa
3. Maîtrise du matériel. stratégie n’était pas bonne
Aide mineure : conseil pour débloquer. – Les premiers gestes techniques n’étaient pas
Aides majeures : bons car on n’a pas gardé les cupules bien
horizontales lorsqu’on a vidé les cupules, on
→ utilisation du document de secours ; ne les a pas, de plus, vidées d’un coup sec et ni
→ règles de sécurité non respectées. séchées à l’aide d’un papier absorbant. On avait
donc contaminé les autres cupules. On n’obtenait
pas de résultats exploitables.

ÉTAPE 2 : COMMUNIQUER ET EXPLOITER LES RÉSULTATS POUR RÉPONDRE AU PROBLÈME

A – Présenter les résultats pour les communiquer


1. Choix pertinent du mode de
communication (informa-
tions traduites dans le sens du
problème à traiter : facilite la
comparaison ou la lecture de
l’ensemble des résultats…).
2. Respect des règles inhérentes au
mode de communication choisi.
3. Exactitude et exhaustivité des
résultats. (Texte explicitant les
résultats présentés (rendant les
résultats compréhensibles).

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B – Exploiter les résultats obtenus pour répondre à la problématique
1. Exploiter l’ensemble des résultats Je remarque que les puits des témoins correspondent à ce
= je vois : Interpréter CHACUN des qui est attendu, je peux alors exploiter les résultats sans me
résultats obtenus puis les mettre en tromper. J’observe que, parmi les patients, deux présentent
relation entre eux. une coloration : 3 et 5 et que les autres ne présentent pas de
coloration.
2. Intégrer des notions (issues des Or on sait que la coloration provient du deuxième anticorps,
ressources et/ou des connais- qui est fixé à une enzyme (qui colore le substrat et donc la
sances) = je sais : solution lorsqu’elle est présente) et qui se fixe au complexe
Mettre en relation les résultats avec AcCHIKV-Ag. Donc la coloration signifie qu’il y a eu formation
la théorie et faire preuve d’un esprit d’un complexe AC/AG (complexe immun) et donc la séroposi-
critique. tivité de l’individu.
3. Construire une réponse au J’en déduis que les patients 3 et 5, possèdent dans leur
problème posé, explicative et sérum, des anticorps anti-Chikungunya. Ils ont donc été en
cohérente intégrant les résultats = contact, ou sont encore en contact, avec le virus. Ils sont
je conclus. séropositifs. Les autres patients sont séronégatifs pour le
Chikungunya.

Bilan
La technique d’ELISA permet de mettre en évidence des anticorps spécifiques d’une maladie, dans le
sérum des patients. Cette approche permet une analyse sérologique, donc de déterminer si un patient
est séronégatif (jamais en contact avec l’antigène) ou s’il est séropositif (déjà en contact avec l’antigène).
Dans notre cas expérimental, il s’agit de personnes exposées au virus du Chikungunya, qui est très
souvent asymptomatique.
L’analyse des témoins permet de valider la fiabilité du test: le témoin négatif ne contient pas d’anticorps
et ne doit pas se colorer à l’issu du test et le témoin positif contient des anticorps dirigés contre l’antigène
testé et doit se colorer à l’issu du test.
L’analyse des échantillons des patients permet d’affirmer que les patients 3 et 5 ont bien été en contact
avec le virus. Le patient 5 serait d’ailleurs en pleine phase d’infection puisqu’il présente des symptômes
de la maladie.
Certains virus peuvent entraîner des infections graves. C’est pour cela, qu’il existe une vaccination pour
ces virus. Parfois avant de vacciner quelqu’un, on a besoin de savoir s’il est déjà immunisé ou non contre
ce virus.
Problématique : Comment est-il possible de mettre en évidence la trace d’une infection virale passée,
en recherchant des anticorps dirigés contre le virus ?

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V. Activité 5 – Test Ouchterlony et test de la séropositivité à l’hépatite.
ECE - Test Ouchterlony et test de la séropositivité à l’hépatite.

CORRECTION ECE Test Ouchterlony et test de la séropositivité à l’hépatite

ÉTAPE 1 : PROPOSER UNE STRATÉGIE ET METTRE EN ŒUVRE UN PROTOCOLE POUR RÉSOUDRE


UNE SITUATION PROBLÈME

A – Concevoir une stratégie pour résoudre une situation problème


On cherche à déterminer le statut sérologique (négatif ou positif) d’un jeune patient, concernant
l’hépatite A.
Hypothèse(s) Si le patient a déjà été en contact avec le virus de l’hépatite A et est donc
Conséquence(s) déjà immunisé, alors il y a dû avoir une réaction de son système immuni-
vérifiable(s). taire et possède dans son sérum des anticorps anti-hépatite A. Il devrait
donc être séropositif.

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Principe de l’expéri- Pour le vérifier, nous allons mettre en évidence la présence d’anticorps
ence anti-Hépatite dans le sérum d’un patient, selon la méthode d’Ouchterlony.
Protocole expéri- Pour cela on se propose de réaliser les étapes suivantes :
mental avec une
A. Dans une boîte contenant de la gélose, réalisez 4 puits à l’aide du gabarit.
stratégie rigoureuse et
Placer dans le puits central une goutte de la solution contenant le sérum
réalisable en labora-
du patient.
toire.
B. Placer dans un puit extérieur une goutte de solution contenant l’antigène
de l’hépatite A et dans un autre puit extérieur une goutte de solution
contenant l’antigène de l’hépatite B (témoin négatif) et noter leur empla-
cement pour pouvoir les identifier après diffusion.
C Mettre les boîtes à incuber à température ambiante dans une enceinte
légèrement humidifiée par du papier filtre imprégné d’eau. Les résultats
peuvent être lus 24 h plus tard.
Matériel choisi parmi Pour cela, on a besoin :
celui proposé ou – Sérum de patient
connu.
– Antigène de l’hépatite A
– Antigène de l’hépatite B
– Boîte de pétri avec de la gélose.
– Gabarit et emporte-pièce une pipette différente pour chaque produit
– Matériel de protection (gants, blouse et lunettes)

B – Mettre en œuvre un protocole de résolution pour obtenir des résultats exploitables


1. Respect des consignes du protocole. Gestion de l’outil : Respecter exactement les étapes
et consignes du protocole.
2. Travail soigné et propre : gestion correcte
du poste de travail. Obtention de résultats exploitables : Visualisation
des arcs de précipitations
3. Maîtrise du matériel.
Damien a retourné la boîte pour noter l’emplace-
ment des puits et le liquide, déjà déposé dans les
puits, s’est renversé.

ÉTAPE 2 : COMMUNIQUER ET EXPLOITER LES RÉSULTATS POUR RÉPONDRE AU PROBLÈME

A – Présenter les résultats pour les communiquer


1. Choix pertinent du mode de
communication (informa-
tions traduites dans le sens du
problème à traiter : facilite la
comparaison ou la lecture de
l’ensemble des résultats…).
2. Respect des règles inhérentes au
mode de communication choisi.
3. Exactitude et exhaustivité des
résultats. (Texte explicitant les
résultats présentés (rendant les
résultats compréhensibles).

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B – Exploiter les résultats obtenus pour répondre à la problématique
1. Exploiter l’ensemble des résultats Je remarque que le puit-témoin (B) correspond à ce qui
= je vois : Interpréter CHACUN des est attendu, je peux donc exploiter les résultats sans me
résultats obtenus puis les mettre en tromper. J’observe qu’aucun arc ne s’est formé entre S et A.
relation entre eux.
2. Intégrer des notions (issues des Or on sait que la présence d’un arc de précipitation révèle
ressources et/ou des connais- la formation d’un complexe immun et que les anticorps sont
sances) = je sais : spécifiques d’un antigène donné.

3. Construire une réponse au J’en déduis qu’il n’y a pas formation de complexes immuns
problème posé, explicative et donc pas d’anticorps anti-hépatite A donc pas d’immunisa-
cohérente intégrant les résultats = tion. Il faut vacciner le patient contre l’hépatite A.
je conclus.

Bilan
Le test d’Ouchterlony permet de mettre en évidence la présence d’anticorps dans le sérum du patient, et
donc son statut sérologique pour un antigène donné :
• Lorsqu’un arc se forme entre deux puits, cela signifie que l’antigène est reconnu par des anticorps. Les
complexes immuns se forment et précipitent sur place. L’antigène ayant été reconnu par des anticorps
du sérum, cela signifie que le sérum contient des anticorps dirigés contre l’antigène considéré, le
patient est séropositif, il est protégé. Pas besoin de vacciner le patient.
• Lorsqu’aucun arc se forme entre deux puits, cela signifie que l’antigène n’est pas reconnu par des
anticorps. Les complexes immuns ne se forment pas. L’antigène n’ayant pas été reconnu par des
anticorps du sérum, cela signifie que le sérum ne contient pas d’anticorps dirigé contre l’antigène
considéré, le patient est séronégatif, il n’est pas protégé. Il faut donc vacciner le patient.
Depuis que nous parlons des anticorps, nous insistons sur le fait qu’un anticorps ne peut reconnaître
qu’un seul antigène, et donc qu’il est très spécifique.
Problématique : Dans ces conditions, comment le système immunitaire fait-il pour sélectionner le bon
anticorps correspondant à l’antigène responsable de l’attaque ?

VI. Activité 6 – La réponse à médiation humorale.


La réponse humorale consiste en l’élimination des agents pathogènes par le biais des anticorps.
Avant de se retrouver dans le système lymphatique, les cellules de l’immunité spécifique subissent une
maturation dans la moelle osseuse pour les LB, qui consistent en une élimination des lymphocytes
autoréactifs (dirigés contre les éléments du soi).
LA PHASE D’INITIATION : Reconnaissance et sélection clonale + Activation
Dans les ganglions lymphatiques de la moelle épinière, les LB rencontrent les antigènes circulants
(bactéries). Les clones de LB, qui ont des récepteurs membranaires (Anticorps membranaires), qui
reconnaissent les déterminants antigéniques (DA) de l’antigène (Ag), sont sélectionnés : ils fabriquent des
récepteurs à Interleukine sur leur membrane. En parallèle les LTCD4, qui ont reconnu le même antigène
présenté par une CPA, se différencient en LT auxiliaires qui produisent de l’Interleukine.
LA PHASE D’AMPLIFICATION CLONALE
Les clones de LB qui ont fixé l’Interleukine, vont se multiplier par mitoses. Il y aura donc de nombreux
clones de LB ayant tous les mêmes anticorps membranaires.

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LA PHASE EFFECTRICE : Différenciation et action
• Certains clones deviennent des LB mémoires à durée de vie longue.
• Les autres clones se différencient en Plasmocytes. Les plasmocytes sécrètent les Anticorps circulants
dans le sang et la lymphe. Ces anticorps sont spécifiques des mêmes antigènes donc identiques aux Ac
membranaires des LB.
• Les Anticorps forment des complexes immuns (Ac – Ag) pour neutraliser (et non éliminer) les bactéries
et les Ag qui se trouvent hors des cellules (quelques virus,)
• le complexe immun est ensuite éliminé lors de la phagocytose. Ces Ac sont mis en évidence par le test
Elisa ou Ouchterlony : SEROPOSITIVITE.

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Principe d’activation d’un clone de lymphocyte B par un lymphocyte T auxiliaire activé.
A côté de la réponse humorale qui cible essentiellement les agents pathogènes circulant, il existe une
réponse immunitaire cellulaire qui permet de détruire les cellules contenant un agent pathogène,
comme des virus en multiplication, des endobactéries ou des parasites complexes comme Plasmodium
falciparum. Ce mécanisme de défense permet également de détruire les cellules devenues cancéreuses.
La réponse cellulaire présente de grandes similitudes avec la réponse humorale, mais s’appuie sur une
nouvelle classe de lymphocyte, les lymphocytes T CD8.

VII. Activité 7 – La réponse à médiation cellulaire


La réponse cellulaire consiste en l’élimination de cellules infectées ou tumorales par le biais de cellules
tueuses.
À la suite de la réaction inflammatoire, la CPA a migré dans un ganglion lymphatique et a présenté les
fragments d’antigènes capturés (et placés dans son CMH) au cours de la réaction inflammatoire aux
cellules de l’immunité présentes dans le ganglion.
D’autre part, avant de se retrouver dans le système lymphatique, les cellules de l’immunité spécifique
subissent une maturation dans le thymus pour les LT, qui consistent en une élimination des lymphocytes
autoréactifs (dirigés contre les éléments du soi).
LA PHASE D’INITIATION : Reconnaissance et sélection clonale + Activation
• Les cellules infectées ont des marqueurs CMH. Ils présentent l’antigène, sur lequel se fixe les LT8
spécifiques, grâce aux marqueurs CD8, qui reconnaissent à la fois le marqueur CMH et l’antigène.
• Les clones de LT8 sont sélectionnés et fabriquent les récepteurs à Interleukine sur leur membrane. En
parallèle les LTCD4, qui ont reconnu le même antigène présenté par une CPA, se différencient en LT
auxiliaires qui produisent de l’Interleukine.
LA PHASE D’AMPLIFICATION CLONALE
Les clones de LT8 qui ont fixé l’Interleukine, vont se multiplier par mitoses. Il y aura donc de nombreux
clones de LT8 ayant tous les mêmes récepteurs TCD8 membranaires.
LA PHASE EFFECTRICE : Différenciation et action
• Certains clones deviennent des LT8 mémoires à durée de vie longue.
• Les autres clones se différencient en LT cytotoxiques ;
• Les LT cytotoxiques (= tueurs) :
- se fixent sur les cellules infectées grâce aux marqueurs CD8 ;
- sécrètent des perforines ;
- les perforines s’assemblent dans la membrane de la cellule infectée pour la perforer ;
- eau et sels entrent dans la cellule ;
- lyse la cellule infectée (destruction).

VIII. Le VIH
Le virus du VIH est l’une des maladies virales les plus répandues sur Terre. En cause, son mode de
transmission par le sang et les fluides génitaux.
Le virus du VIH est un virus à ARN, comme le virus de la grippe, et possède une membrane lipidique
issue de la cellule dans laquelle il s’est répliqué. D’ailleurs, la cellule qu’il infecte est très particulière,
puisqu’il s’agit des lymphocytes T CD4 !

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Cette propriété provoque, en l’absence de traitement, la disparition des lymphocytes T CD4, et donc une
grande vulnérabilité aux maladies. Pendant une dizaine d’années, le corps peut compenser les pertes
en lymphocytes T CD4 par une production de cellules de remplacement. Mais au bout de 10-15 ans, les
organes chargés de la production des lymphocytes T CD4 sont épuisés et ne peuvent plus produire de
nouvelles cellules. On passe alors au stade SIDA : syndrome de l’immunodéficience acquise. C’est-à-
dire que le système immunitaire est déficient du fait de l’absence de lymphocytes TCD4.
À partir de ce moment-là, toute maladie est potentiellement mortelle pour le patient, même une simple
angine. De façon générale, le virus du VIH ne tue pas le patient, mais prépare le terrain à des dizaines
de maladies qui épuiseront le patient et finiront par le tuer.

Bilan
L’immunité adaptative est la moins répandue et la plus récente, d’un point de vue évolutif. Elle nécessite
un apprentissage des cellules pour qu’elles apprennent à reconnaître l’antigène et agit donc dans un
second temps. On peut distinguer deux types de réponse :
• Réponse humorale : sécrétion d’anticorps par les lymphocytes B différenciés en plasmocytes. Les
anticorps se fixent à un antigène bien spécifique et forme un complexe immun. Ceci permet de neutra-
liser l’antigène puis de le faire phagocyter afin de l’éliminer.
• Réponse cellulaire : contact physique entre un lymphocyte T CD8 devenu cytotoxique et une cellule
infectée ou tumorale. Destruction de la cellule-cible par perçage de la membrane.
L’activation des lymphocytes se fait grâce aux CPA et/ou aux cellules infectées ou modifiées. En effet, la
reconnaissance de l’antigène placé dans le CMH, par les récepteurs T pour les lymphocytes T CD4 et CD8
ou la reconnaissance directe de l’antigène par des anticorps membranaires des lymphocytes B, permet
de déclencher la réaction immunitaire.
Les lymphocytes T CD4, activés par les CPA, se transforment en lymphocytes T auxiliaires. Ils libèrent
des interleukines qui favorisent l’amplification cellulaire et la différenciation des autres lymphocytes. Ils
jouent ainsi un rôle pivot car sans eux il n’y a pas de réponse immunitaire.

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La réaction immunitaire adaptative doit prendre en compte une grande diversité d’agents pathogènes,
leur variabilité et leur évolution. Cela soulève un paradoxe : pour lutter contre cette immense diversité
d’agents immunogènes, elle devrait mettre en jeu beaucoup plus de gènes que n’en porte le génome
humain. Des mécanismes particuliers engendrent des combinatoires immenses de gènes et de protéines
composites notamment dans le cas des anticorps :
• recombinaison de segments de gènes exprimant les parties constantes et variables des chaînes
lourdes et légères des immunoglobulines ;
• assemblage des chaînes lourdes et légères.

Ces mécanismes aléatoires engendrent une diversité telle que tous les antigènes possibles sont en
principe reconnaissables.
Dans la diversité produite, une première sélection élimine ce qui est incompatible avec le soi, évitant des
réactions immunitaires qui se déclencheraient contre des parties saines de l’organisme.
Les cellules restantes de l’immunité adaptative circulent dans un état dormant dans le sang et dans
la lymphe. Lors d’une deuxième phase de sélection, quelques-unes sont activées après une première
rencontre avec un antigène particulier. Les phénomènes de sélection, d’amplification et de différenciation
clonales qui s’ensuivent expliquent le délai de la réaction adaptative (plusieurs jours chez l’être humain).

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L’immunité adaptative met en place des cellules mémoire à longue durée de vie. Ces cellules permettent
une réponse secondaire à l’antigène plus rapide et quantitativement plus importante qui assure une
protection de l’organisme vis-à-vis de cet antigène. C’est le fondement de la vaccination.

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