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Il n'est pas toujours facile de savoir à quelle classe grammaticale appartient « que » car ce

petit mot de trois lettres, selon l'emploi qui en est fait, peut être un pronom relatif, un
pronom interrogatif, un adverbe exclamatif ou encore une conjonction de subordination.

• « Que » est un pronom interrogatif lorsqu'il est employé dans une phrase de type interrogatif,
terminée par un point d'interrogation. Dans ce cas, « que » est, le plus souvent, au tout début de
la phrase interrogative.
Ex. : Que veux-tu faire cet après-midi ?
Que t'a-t-il demandé pour que tu réagisses si violemment ?

• « Que » est un adverbe exclamatif lorsqu'il est employé dans une phrase de type exclamatif,
terminée par un point d'exclamation. Dans ce cas, « que » est le plus souvent au tout début de la
phrase exclamative.
Ex. : Que tu es belle dans cette tenue, ma chérie !
Que les enfants sont sages aujourd'hui !

• « Que » est un pronom relatif quand il introduit une proposition de subordination relative.
N'oublions pas que la proposition subordonnée relative complète toujours un nom (ou pronom)
appelé antécédent. Dans ce cas, « que » est placé juste après l'antécédent (ou éventuellement
séparé de lui par un adjectif ou un complément du nom).
Ex. : C'est la voiture que j'ai achetée pour me rendre au travail . (que, pronom relatif, reprend le
nom voiture, l'antécédent complété par la proposition subordonnée relative)
C'est la voiture de fonction que j'ai obtenue pour me rendre au travail . (que, pronom relatif,
reprend le nom voiture, l'antécédent complété par la proposition subordonnée relative. Que est
séparé de l'antécédent par le complément du nom de fonction)
C'est ce qui a achevé de le convaincre d'accepter le poste. ( l'antécédent de que est ici le pronom
ce)

• « Que » est une conjonction de subordination quand il est utilisé pour introduire :
- une proposition subordonnée conjonctive complétive (COD) ;
Ex. : Elle sait bien que c'est sa sœur qui lui a volé son journal intime.
- une phrase de type injonctif au subjonctif.
Ex. : « Qu'elle soit reçue comme une princesse ! », ordonna le directeur de l'hôtel.

• Parfois « que » apparaît sous la forme élidée « qu' » devant un mot démarrant par une voyelle.
C'est la voiture qu'il a dû acheter pour son nouvel emploi.
Lecture linéaire n° 6, « Le Maître et l’écolier », Jean de La Fontaine.

Introduction :

➢ Contextualisation et présentation auteur

Le 17 e siècle est la période classique, période pendant laquelle les auteurs, comme Charles
Perrault, Jean de La Fontaine, Molière ou encore les tragédiens Racine et Corneille, ont à cœur de
produire une littérature à double visée : qui plaise et qui instruise, selon la célèbre devise latine
« placere et docere », remontant à La Poétique d’Aristote. Comme l’explique Jean de La Fontaine
dans la dédicace de son recueil au Dauphin alors âgé de sept ans, les fables « servent d’enveloppes à
des vérités importantes ». Jean de La Fontaine s’est largement inspiré des fables d’Ésope et de
Phèdre, deux fabulistes de l’Antiquité, tout en déployant un art poétique singulier. Il porte, dans ses
fables, un regard acéré, souvent critique et satirique, sur les mœurs de son temps, sur la société,
mais aussi sur la Cour. Toutefois, ses fables ont bien une visée universelle et ne peuvent être
limitées au témoignage historique, comme en témoigne la fable que nous allons étudier. Celle-ci,
composée de décasyllabes, présente une scène, mêlée de discours direct, dans laquelle un enfant en
danger de mort est réprimandé par un maître d’école.

➢ Lecture

➢ Problématique

Nous verrons comment la fable permet de critiquer les « faiseurs de discours à contretemps ».
Autre problématique possible : nous verrons comment la fable, par sa construction même, met en
œuvre une critique du discours moralisateur.

➢ Mouvements du texte

Après une brève introduction de deux vers, le fabuliste fait un récit vif, animé par le discours direct,
d’une scène. Puis, dans un dernier temps, il reprend la parole pour tirer la leçon du récit.

Deux premiers vers :

LF annonce son projet, la visée de sa fable : il va conter un récit, donc un texte narratif, mais il
annonce une visée didactique, argumentative, concernant un « sot » qui va faire des
« remontrances ». Ce sot peut apparaître comme un double de l’auteur, double négatif qui fait
ressortir, par contraste, la qualité du fabuliste.
• Majuscule à Sot
• présence du verbe voir intéressant : raconter, c’est faire voir. Narrer et expliquer semblent
aller de pair.

➢ Premier mouvement : le récit.

Vers 3 et 4 :
la scène est résumée : un enfant : déterminant indéfini = personnage type, qui n’est pas caractérisé,
sauf par sa jeunesse, ici = innocence. Terme badiner connote innocence + forme passive « se laissa
choir » : ne le fait pas exprès.
Vers 5 et 6 :
Intervention divine : la Providence a permis que l’enfant soit sauvé, par le biais des branches d’un
arbre. C’est donc une forme de hasard qui le sauve. Présence de verbes au passé simple qui
expriment des actions importantes, de premier plan.
Vers 7 et 8 :
arrivée du maître d’école, repoussée en fin de vers.
Vers 9 :
discours direct : on entend l’enfant crier, avec une assonance en « i », ce qui renforce la stridence du
cri.
Vers 10, 11, 12 :
Le magister prend à son tour la parole, mais après trois CC de manière, qui retardent le discours.
L’ironie est présente :
-d’un ton fort grave : importance que s’accorde le magister, imbu de son autorité.
-tancer : terme péjoratif ici, qui marque la réprimande assez violente.
- on remarque que le « Ah » est à la même place que le « Au » de l’enfant, ce qui met en parallèle
les deux discours, pour souligner leur décalage.
Vers suivants (6) : la tirade du maître.
Le maître se lance dans ce que l’enfant appelle à la fin de la fable une « harangue »
Discours solennel prononcé devant une assemblée, un haut personnage. Discours pompeux et
ennuyeux ; remontrance interminable.
Il utilise des termes péjoratifs et quasi insultants pour l’enfant. 5 points d’exclamation qui
expriment son emportement, ou le ton employé : celui d’un maître grondant un enfant. On peut
remarquer qu’il généralise : il part d’un babouin, pour évoquer des « fripons » au pluriel, et finir
enfin sur « semblable canaille ». Le fabuliste emploie avec ironie le pronom indéfini « tout » 18,
pour se moquer de ce discours qui prétend faire le tour de la question.
Emploi des verbes à l’impératif qui le montrent faisant sa leçon « prenez, voyez », prenant la foule à
témoin. La répétition de la structure en « que » exprime sa litanie (suite de plaintes).
Les mots « maux » et « sort » font même signe vers un registre tragique, comme si les enfants
étaient une malédiction. On peut se demander si le maître n’est pas une image du prêtre critiquant
les pêchés de ses ouailles, au lieu d’exercer la charité et de considérer l’erreur comme humaine. Ce
qui manque à ce maître, c’est la bienveillance et un certain amour de l’humanité…
Vers 18
Conclusion et fin du discours, avec registre ironique.

Au terme de ce premier moment, nous remarquons l’art de LF pour camper de petits récits de façon
rapide, efficace, grâce à des personnages types, qui agissent dans des lieux précis, décrits en
quelques groupes prépositionnels. Le discours direct vient animer le récit, faisant entendre la voix
d’un enfant et le discours du maître, que LF laisse longuement s’exprimer, pour montrer l’inanité de
ces paroles. En quelques phrases, le lecteur ressent l’arrogance du maître et son ridicule.

Deuxième mouvement
Changement de situation d’énonciation, du récit au discours.
Fabuliste qui reprend la parole « je blâme » = registre épidictique. Inversion de la fable : c’est le
maître qui est blâmé.
Vers 20 et 21
Généralisation, visée universelle des fables avec le comparatif de supériorité « plus que » +
énumération des cibles de la critique, avec répétition du déterminant indéfini « tout », les trois
termes péjoratifs faisant écho aux insultes prononcées par le maître plus haut. LF répond presque
directement au maître.
La fable est un miroir tendu au lecteur, où l’on peut se mirer, se voir, et prendre conscience de nos
défauts.
Vers 22 et 23
ironie + décalage « trois » et « fort grand » + usage emphatique du mot « peuple » qui souligne avec
ironie que ces défauts sont très communs.
Ironie aussi l’allusion au Ciel cf Bible et parole divine « croissez et multipliez-vous ».
Vers 24 et 25
généralisation « toute » + métonymie « exercer leur langue » : action mécanique et absurde, ou
inutile. Remarque : octosyllabe alors que les autres vers sont des décasyllabes.
Deux derniers vers :
Ils redonnent la parole à l’enfant, qui peut enfin répliquer. Discours marqué par interjection +
appellation ironique « mon ami » et ordre exprimé. Tutoiement : il s’adresse directement au maître
alors que celui-ci s’adresse à un public « voyez » mais jamais à l’enfant.

Conclusion :
La fable met en scène deux personnages, dont l’un fait la leçon à l’autre, au lieu d’agir pour son
bien. LF veut faire voir, comme le maître qui demande au public de « voir ». Mais la fable se
présente comme un miroir, qui permet de réfléchir et de se réfléchir, de se voir sous les traits de
personnages archétypaux, suffisamment généraux pour que quiconque s’y reconnaisse. La fable,
texte narratif à visée argumentative, est un moyen sûrement plus efficace de montrer et de faire
comprendre que ne le sont tout discours pompeux et autres remontrances. Une morale de l’agir se
dégage également de ce récit : il faut savoir se précipiter dans l’action quand les circonstances
l’exigent. Les pédants ne sont finalement que des hommes égocentriques ou narcissiques, qui
peuvent curieusement manquer d’empathie. Le discours des sots est soliloque, alors que la charité
est action bienveillante orientée par le souci de l’autre. LF ne vise-t-il pas les religieux, prêtres par
exemple, qui critiquent les hommes au lieu de leur porter secours ? Les allusions à Dieu pourraient
confirmer cette hypothèse. Nous pourrions oser une double lecture de ce texte : critique de la
pédagogie basée sur le discours, mais peut être également, critique d’un discours religieux qui
n’exerce pas la charité, mais blâme les hommes et les rabaisse.

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