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Conflits d’intérêts : La liste des membres de la

commission européenne recasés dans les


multinationales
Publié par wikistrike.com sur 29 Octobre 2015, 14:21pm

Une enquête de l’ONG Corporate Europe Observatory fait le compte des anciens
membres de la commission Barroso recasés au sein des multinationales et de leurs
officines. Des "Revolving doors" totalement banalisées entre deux mondes qui n’en
font qu’un.

Les illustrations de la très antidémocratique proximité entre les institutions


européennes et les lobbies industriels ou financiers ne manquent pas. Tout récemment,
l’affaire Volkswagen en a fait la démonstration : on apprenait ainsi, en début de
semaine, que la Commission avait délibérément ignoré l’alerte, tandis que le Parlement
votait, lundi, contre une commission d’enquête. Enfin, mercredi, l’UE accordait une
marge de tolérance sur les émissions de diesel…

Pour saisir l’ampleur de la porosité entre les deux milieux – qui n’en font d’ailleurs
qu’un à bien des égards –, la notion de revolving doors (portes tambour) est
particulièrement efficace. L’association Corporate Europe Observatory (CEO) vient
ainsi de publier une édifiante enquête sur le parcours des membres de la Commission
Barroso II, dont le mandat s’est achevé en octobre 2014.
Un commissaire à l’Environnement chez les agrochimistes
On y apprend que 9 sur 27 – soit un tiers – des anciens commissaires ont pris des
fonctions dans (ou auprès) de grandes entreprises privées. Pour un total de… 98
fonctions, le cumul ne les rebutant pas. Si 37 de ces transferts ont fait l’objet d’un
examen par le Comité d’éthique, celui-ci n’en a empêché aucun. Selon CEO, neuf
d’entre eux n’aurait pourtant pas dû être autorisés. Ne citons que le cas de la très
libérale Viviane Reding, commissaire de 1999 à 2014, qui officie désormais au sein
d’Agfa Gevaert, de la compagnie minière Nyrstar et de la fondation Bertelsmann, celui
de Karel de Gucht, ex-commissaire au Commerce et négociateur du Traité
transatlantique, qui exerce chez Merit Capital, ou de Neelie Kroes (Concurrence)
salariée par Bank of America Merrill Lynch.

Le cas le plus effarant est peut-être celui du Slovène Janez Potočnik, ancien
commissaire à l’Environnement, que l’on retrouve aujourd’hui au sein du Forum for
the Future of Agriculture, lobby créé par… l’agrochimiste Syngenta. Parmi les secteurs
rejoints par les ex-commissaires, celui de la finance se taille, sans surprise, la part du
lion (lire aussi "Comment le lobby financier condamne Bruxelles à l’impuissance
politique"). Et le roi de la jungle, c’est encore l’ancien président de la Commission lui-
même, José Manuel Barroso, qui s’est recasé au sein de 22 organisations. Même si la
plupart de ces fonctions sont honorifiques, plusieurs concernent des instances
majeures de lobbying, comme les Bilderberg Conferences ou le European Business
Summit.
Intérêts partagés
Comme le souligne CEO, le problème n’est pas nouveau. Quand, en 2011 à la suite de
plusieurs scandales, différentes ONG s’étaient élevées contre ces allers-retours, la
Commission Barroso avait affirmé que son nouveau code de conduite constituait le nec
plus ultra en matière de bonnes pratiques. Ledit code a été très sévèrement évalué par
un rapport parlementaire l’an passé, fustigeant son opacité, l’absence de procédures
pour l’appliquer et le contrôler : « Quand d’autres systèmes éthiques contribuent à
renforcer la confiance des citoyens dans les gouvernements, celui de la Commission
européenne apparaît conçu pour favoriser les intérêts politiques et la carrière des
commissaires. »
La "bulle de Bruxelles", écrit l’organisation, « conduit à une proximité relationnelle
malsaine entre législateurs et sujets de la législation ». Lesrevolving
doors qu’empruntent les commissaires européens sont d’autant plus problématiques
que ceux-ci concentrent les plus grands pouvoirs, les lois et les règlements qu’ils
promulguent affectant la vie de 500 millions de citoyens… Leur liens directs avec les
intérêts des multinationales et des organisations qui les défendent démontrent que le
conflit d’intérêts est quasiment le mode de gouvernement de l’Union européenne, sans
même que ces liens aient besoin d’être dissimulés tant ils relèvent de la normalité
bruxelloise.

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