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MICHEL ROUX

Préface d’OLIVIER PASTRÉ

Management
de la banque
Des nouveaux risques
aux nouvelles formes de gouvernance
introduction

Le management
de la banque
en contexte
Les banques constituent, toujours, le moteur de nos économies modernes.
Décriées et confrontées à la prise de décision en avenir risqué, elles sont trop
souvent méconnues du grand public comme des décideurs politiques. Au cours
des trente dernières années, elles ont connu une transformation profonde de
leur mode d’organisation. L’internationalisation, la déréglementation et les
innovations de toutes natures (technologiques, comportementales...) les ont
conduites à un repositionnement stratégique comportant une ouverture sur
de nouveaux métiers. À quel nouveau visage la banque française se prépare-t-
elle ? Les projets de vie se sont accélérés tant chez les particuliers que chez les
entreprises. Pendant que la profession bancaire concentrait son attention sur
elle-même, des changements sont intervenus chez ses clients au-delà de ce qu’elle
avait pu percevoir. En France, nous gagnons un trimestre de vie chaque année,
une fille sur deux qui naît en ce début de xxie siècle sera centenaire, de nouveaux
modèles de progrès social fondés sur l’accumulation et la gestion des patrimoines
sont apparus. Les entreprises qui vivaient du cycle de renouvellement naturel de
leurs produits sont désormais poussées à provoquer le choc de l’offre et obligées
de multiplier leurs investissements dans l’immatériel (études, publicité, brevets,
etc.). Les relations à l’argent des clients des banques changent plus vite qu’elles
ne l’ont perçu !
Après les Trente Glorieuses et les Trente Piteuses, les cinq dernières années
augurent-elles des « Trente Douloureuses », selon le titre de l’ouvrage d’Augustin
de Romanet1 ? Depuis 2007, des crises successives d’une ampleur sans précédent
affectent le système financier. Tout d’abord, la crise financière (2007-2009)
s’est muée en crise économique puis en crise de la dette souveraine depuis
20112. D’autres mutations profondes se profilent : Bâle III, crise de la zone euro,

1. Les Trente Glorieuses de la Seconde Guerre mondiale aux premières crises du pétrole (1945-1975),
les Trente Piteuses pour les trente années suivantes (1976-2007). Par allusion au titre du dernier
ouvrage d’Augustin de Romanet : Non aux trente douloureuses, l’État n’a pas de temps à perdre, paru aux
éditions Plon et lauréat du Prix du document 2012 de L’Express.
2. Pour une analyse approfondie des crises, nous renvoyons le lecteur aux trois documents suivants, pub-
liés par la Banque de France : « La Crise financière », Documents et Débats, février 2009, no 2, Banque
de France Eurosystème ; « De la crise financière à la crise économique », Documents et Débats, janvier
2010, no 3, Banque de France Eurosystème ; « La crise de la dette souveraine », Documents et débats,
mai 2012, no 4, Banque de France Eurosystème.

1
Management de la banque

concurrence asiatique, séparation des activités de banque de détail et de marché


et ce dans un contexte de stigmatisation de la profession bancaire. Le concept de
banque universelle regroupant la banque de détail et la banque de financement est
lui-même remis en question. Il y a nécessité de proposer des repères concrets et
pratiques pour appréhender l’environnement bancaire et ses mutations possibles.
Cet ouvrage se propose de concilier la dimension pédagogique et le sens de l’analyse
pour une meilleure connaissance de la gouvernance des banques. La nécessaire
diffusion progressive des notions de contrôle et de gouvernance à l’échelle
internationale nous montre la réalité des interdépendances croissantes entre ces
différents concepts. Les responsables de l’action politique et économique en quête
d’indicateurs tentent de se les approprier, mais l’hétérogénéité des pratiques,
des statuts et des périmètres des activités financières constitue la principale
difficulté dans la mise en place de régulations et de conformités « universelles ».
Même pour la banque de détail, dont la récurrence des résultats et la relative
constance de l’activité se trouvent concernées et ne constituent plus la garantie
tous risques aux errements de la banque de financements et d’investissements.
Sa résilience3 ne trouverait-elle pas ses limites, à un terme rapproché, dans cette
conjoncture dépressive, en impliquant de repenser rapidement une réorganisation
de la distribution et des offres ? Dans une période où la « financiarisation »4 de
l’économie domine et où l’on assiste à une prolifération d’ouvrages sur la crise et la
finance moderne, le thème de cet ouvrage peut surprendre. Pourquoi s’intéresser
au management, à la conformité et à la gouvernance de la banque ? Le titre même de
ce livre implique de se poser la question suivante : le management et la gouvernance
des banques seraient-ils si différents de ceux des firmes non bancaires pour qu’ils
nécessitent des outils et des analyses spécifiques ? Que ce soit en termes d’analyse
sectorielle, d’analyse de la firme et de ses produits, la réponse s’avère positive.
Commerce, gestion, management, il n’est peut-être pas inutile de préciser ces
terminologies afin d’en mieux saisir les définitions, les contenus et les implications.
Un petit rappel historique est de nature à éclairer les décisions présentes et futures.
La hiérarchisation traditionnellement admise pourrait se présenter ainsi :
––avant 1790, le terme « commerce » et l’expression « administration
privée » sont normalement usités ;
––de 1791 (loi Le Chapelier) à 1914, la « gestion des entreprises » ou la
« gestion privée » deviennent les appellations courantes ;
––de 1916 (Henri Fayol) à 1949, on parle volontiers d’« administration
industrielle, commerciale et financière » ;

3. Voir le glossaire. Ce terme, issu de la physique, exprime la capacité d’adaptation d’un organisme ou
d’une entité aux changements.
4. Par financiarisation, il convient d’entendre l’activité financière directe ou désintermédiée exercée sur
les marchés financiers par les grandes entreprises et les banques de financement et d’investissement,
celle, aussi, de l’économie « virtuelle » et spéculative. La financiarisation de l’économie a modifié la
nature même du modèle d’entreprise. Pour l’industrie, le commerce, les services et la banque, c’est,
désormais, une entreprise guidée par l’économie de la connaissance qui prévaut après le capitalisme
managérial, le fordisme et le taylorisme. Sur ce sujet, lire en particulier Olivier Weinstein, Pouvoir,
finance et connaissance, Paris, La Découverte, 2010.

2
Introduction

––depuis 1950, le « management des entreprises et des organisations » prévaut5.


Le management (la gestion au sens de contrôler, de « faire tourner ») désigne
l’ensemble des techniques d’organisation mises en œuvre pour l’administration
d’une entité. La gouvernance est une notion parfois controversée, car définie et
entendue de manières diverses et parfois contradictoires. Cependant, malgré
la multiplicité des usages du mot, la gouvernance semble recouvrir des thèmes
proches du « bien gouverner ».
Au-delà des turbulences financières et des spécificités du management de
l’entreprise bancaire, nous nous efforcerons d’étudier, aussi, les nouveaux défis
que la banque a le devoir de relever, à savoir : la poursuite de l’internationalisation
de son activité, la présence de nouveaux concurrents, l’éclatement de son business
model, sans omettre les changements de comportement de ses clients particuliers
et entreprises en perte de confiance et de plus en plus infidèles. Ces défis et
évolutions se placent sous de nouvelles contraintes : la conformité, le contrôle
interne, la veille et l’intelligence économique forgent des champs de réflexion
renouvelés dont la banque ne peut plus se priver. Toutes les banques, quel que soit
leur statut, sont aujourd’hui conviées à s’interroger sur leur modèle d’entreprise
et leur management, certains parlant de gouvernance, notamment dans le sillage
des grandes crises et scandales financiers. Préalablement à ces questionnements,
nous observerons quelques éléments fondamentaux de la cartographie de
l’industrie bancaire française et européenne. Elle met en évidence deux traits
essentiels : une « industrie » puissante, mais encore morcelée, qui fait face à
l’émergence progressive de groupes à vocation paneuropéenne.
Le terme « banque » est ici retenu au sens générique. Il est habituellement
utilisé pour qualifier des entreprises à fonctions, statuts ou activités fort différents
(sociétés anonymes, coopératives, banques d’affaires, banques de réseau...).
Contrôle et gouvernance sont ainsi devenus des notions complémentaires et
incontournables pour matérialiser les enjeux liés à la responsabilité des parties
prenantes impliquées dans des activités économiques et/ou sociales ainsi qu’à
la régulation et à la transparence de leurs activités (qualité des informations
transmises), ou encore à la lisibilité de l’action publique. Cet ouvrage se
propose d’aborder de façon claire et pédagogique l’ensemble des aspects du
management. Il présente le management des hommes et des structures dans les
banques aujourd’hui. L’approche est transversale car commune aux domaines
du marketing, de la stratégie, de la gestion et du contrôle. Il traite du cadre
réglementaire, juridique, institutionnel d’exercice de la profession et présente
l’audit et les spécificités de la banque dans un cadre très évolutif. Un impératif
est celui de la clarification dans un univers où l’innovation financière s’entête
à susciter de la différenciation pour mieux créer de la marge. Sans prétendre à
l’exhaustivité, nous envisagerons d’aborder le management de la firme bancaire à
travers trois parties, et ce sous l’angle de ses spécificités.

5. Pour un point précis sur l’évolution des idées managériales, nous renvoyons le lecteur à Marco L., La
Pensée managériale française (1675-1975), Sciences de la société (Toulouse) et Association nationale
des docteurs en sciences économiques (Andese), chronique de Sciences de la société, no 1, 1993.

3
Management de la banque

Sommaire

la première partie traite du contexte de l’action, de la réglementation, de l’évolution des


marchés et des métiers et du management des hommes.
la seconde partie s’efforce de dresser une cartographie des risques et d’aborder les déli-
cates questions de la conformité et du contrôle interne dans une perspective d’optimi-
sation du pilotage.
la troisième partie tente d’exposer les enjeux du système bancaire de demain en termes
d’utilité collective.
chaque chapitre s’achève par un encadré « l’essentiel » permettant de synthétiser les
notions fondamentales.

4
chapitre 1

L’évolution
du cadre législatif
et réglementaire
De quelles banques allons-nous parler ? De Henri Germain à la banque
universelle, du Glass-Steagall Act à sa suppression et à son rétablissement partiel,
de la bancarisation achevée dans les pays développés à sa progression dans les
pays émergents, comment en sommes-nous arrivés à cette situation ? Quelques
rappels historiques s’avèrent nécessaires pour une meilleure compréhension des
évolutions. On a l’habitude de dire que l’histoire de la banque suit les grandes
étapes de l’histoire de la monnaie même si certaines opérations coutumières des
banques, comme le prêt à intérêt, sont observées et attestées depuis la plus haute
Antiquité, voire avant même l’apparition de la monnaie (section 1). L’évolution
du cadre bancaire institutionnel et réglementaire, tant français qu’international,
confortera nos repères (section 2). Les nouvelles conditions d’exercice de la
profession bancaire seront ensuite passées au peigne fin (section 3).

Section 1. L’activité bancaire à travers les âges1


3 000 ans avant J.-C., on trouve des traces d’activités bancaires en
Mésopotamie. Ce sont, souvent, les prêtres et prêtresses qui jouent le rôle de
banquiers en acceptant les dépôts d’argent et en prêtant de l’argent au souverain
puis aux marchands. Chaque cité grecque était indépendante et frappait sa propre
monnaie. Les « changeurs » de monnaie étaient donc indispensables au bon
développement du commerce. Les « trapézites » étaient leurs prédécesseurs dans
la Grèce antique. De même, les monetarii étaient associés dans la Rome antique
aux ateliers de frappe des monnaies quand les argentarii étaient les financiers
de l’époque. Enfin, la trapezita désignait la table qui servait aux spécialistes du
change en Italie. Les activités bancaires se sont ensuite vraiment développées à
Rome. Les bases juridiques des opérations financières ont ainsi été posées.

1. Pour cette section à caractère historique, nous nous référons aux ouvrages suivants : Le Goff J.,
Le Moyen Âge et l’Argent, Paris, éditions Perrin, 2010. Le lecteur pourra également se reporter à nos
ouvrages : 1/ Finance éthique, structures, acteurs et perspectives en France, Banque édition, Paris 2005. Le
chapitre 2 de ce livre consacre une large part aux sources du capitalisme. 2/ La Banque de détail, Paris,
ESKA, 2010, partie I et section 1 consacrées aux mutations et à l’organisation de la profession ban-
caire. Nous recommandons, également, la lecture de l’article : « Histoire des banques en France »,
du Pr Alain Plessis, professeur émérite à l’université de Paris X-Nanterre, texte proposé par le site
Internet de la Fédération bancaire française (www.fbf.fr).

9
Management de la banque

1. De la régression monétaire à la naissance des premières banques


La régression monétaire qui caractérise le Moyen Âge et l’interdit religieux
contre le prêt à intérêt réduisent en Europe les activités de change et de
crédit au profit du troc. Les circuits de commerce qui demeurent ainsi que les
opérations monétaires des rois permettent à une petite collectivité de financiers
de poursuivre les activités de prêt et de placement des émissions de monnaies.
C’est à partir de ces bases hésitantes que l’expansion économique, politique et
commerciale du xviiie siècle entraîne l’affirmation du rôle des financiers privés et
la constitution des premières banques dans la mouvance des pouvoirs religieux,
étatiques et commerciaux.
L’apparition du mot « banque » dans la langue française remonte au xve
siècle. Du ve siècle au xie siècle, l’activité de changeur de monnaie, qui demeure
d’ailleurs la fonction essentielle des banquiers, se développe compte tenu de
la prolifération des devises. Les grands banquiers sont alors espagnols, italiens
(lombards) ou d’Europe de l’Est. Ils apportent deux innovations fondamentales
à la base de l’essor des affaires : le compte à vue, rendu possible par l’apparition
en parallèle des premières comptabilités en partie double et de la lettre de
crédit. Il n’y a plus alors nécessité de transporter des devises ou de l’or pour les
marchands. Il faut attendre Jacques Cœur (1395-1456), négociant et armateur,
pour entrevoir l’existence d’une banque. En sa qualité de grand argentier du roi
Charles VII, il rétablira les monnaies.
Les premières banques sont familiales, à l’instar de celles des Fugger2 en
Allemagne et des Médicis3 en Italie, qui ouvrent des établissements bancaires
dans les grandes villes. Progressivement, « la banque est née du commerce, de
ses besoins comme de ses opportunités »4.
La banque d’Amsterdam est l’une des premières banques de dépôts créées en
Europe (1609). Contrôlée par la municipalité d’Amsterdam, elle concourt aux
transactions entre les Provinces-Unies du pays. En 1683, les dépôts d’espèces ou
de métal précieux autorisent l’ouverture d’une ligne de crédit en florins banco.
À partir du xviie siècle, le développement du papier-monnaie et des banques
centrales révolutionne le monde de la banque.

2. L’essor des grandes banques et l’apparition des premières crises


C’est du xviiie siècle que date le premier véritable essor de la banque en
France, avec l’ambitieuse tentative de John Law (1671-1729), financier écossais,
contrôleur général des finances de France, créateur de la Compagnie française des
Indes, d’organiser sous la Régence un système de « banque générale » qui aurait

2. C’est Jacob Fugger (1459-1525) qui est à l’origine d’un véritable empire financier présent, au xvie siè-
cle, à Venise, Rome, Cracovie, Innsbruck...
3. C’est Jean de Médicis (1360-1429), commerçant avisé à Florence, qui sera le fondateur de la célèbre
dynastie avec ses filiales européennes implantées à Genève, Lyon, Avignon, Bruges, Londres...
4. Citation de Favier J., De l’or et des épices : naissance de l’homme d’affaires au Moyen Âge, Fayard, Ha-
chette Littératures, coll. « Pluriel Histoire », 1987, p. 289.

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L’évolution du cadre législatif et réglementaire

eu le privilège d’émettre des billets, de pratiquer le crédit et de mettre fin aux dettes
du royaume après de longues périodes de guerre. En dépit de nombreux efforts,
ce projet s’achèvera par une faillite. Victime d’une spéculation déchaînée et d’une
émission excessive de monnaie fiduciaire, le système Law s’effondrera, avec de
lourdes conséquences pour l’image d’une profession bancaire naissante. Cette
faillite imposera des principes prudentiels essentiels au bon fonctionnement de
cette activité fondée sur la confiance.
Ce n’est qu’à partir du Second Empire (1852-1870), avec la révolution
industrielle, que naît un véritable système bancaire et financier. La haute banque
du xixe siècle (1830-1850) brillait par des fonds propres solides, sources de
dépôts massifs. À l’ancien système bancaire, fait de nombreuses petites banques
locales, s’est progressivement substitué un système fondé sur de grandes banques
citadines.
Dès le début du xixe siècle, Paris comptait déjà de solides banques privées,
souvent dirigées par des grandes familles comme les Fould, Mallet, de Neuflize,
Seillières ou encore Rothschild. Quelques précurseurs tentèrent de créer
un nouveau modèle de banque davantage en adéquation avec les activités
industrielles. L’histoire retiendra essentiellement deux noms : Jacques Laffitte,
précurseur à l’origine de la création en 1837 de la Caisse générale du commerce
et de l’industrie, réduit à la faillite en 1848 avec la crise économique, et les frères
Pereire. Les frères Émile (1800-1875) et Isaac (1806-1880) Pereire, petits-fils
d’un Portugais qui vivait à la cour de Louis XVI, travaillèrent d’abord chez James
de Rothschild et furent très proches des saint-simoniens. Ils créèrent d’abord la
Société du chemin de fer de Saint-Germain avant de devenir banquiers. Ils furent
à l’origine de différents organismes de crédit en 1852, dont les principaux furent :
••Le Crédit Foncier de France et sa filiale, le Crédit Agricole (1852). Il
s’agissait de sociétés de crédit hypothécaire qui pratiquaient le prêt à moyen
terme sur garantie hypothécaire à intérêt raisonnable. Le crédit hypothécaire est
une innovation française créée, à l’origine, pour aider les agriculteurs à trouver
des financements sans devoir passer par les usuriers ou les notaires. Les frères
Pereire s’engagèrent totalement aux côtés d’Haussmann.
••Le Comptoir national d’escompte de Paris. Il secourait les commerçants en
détresse dans la crise de 1848 sous la garantie de l’État. Il fut inspiré par les frères
Pereire puis transformé en 1854 en SA pour devenir un grand établissement
de crédit aux nombreuses succursales (colonies en Orient) et filiales (Banque
d’Indochine).
Dès 1851, les frères Pereire proposent la création d’une banque des chemins
de fer, puis d’une banque des travaux publics. Ils obtiennent finalement gain de
cause par le décret de novembre 1852 qui autorise la Société générale de crédit
mobilier. Leur société a pour but d’être le financier unique des compagnies
de chemin de fer, mais pratique aussi les opérations traditionnelles. La faillite
d’une de leurs filiales, la Société immobilière, les amena à solliciter une avance
de la Banque de France, qui les contraignit à démissionner et à abandonner
leur banque à un liquidateur en 1863. Ces aventures financières eurent le grand

11
Management de la banque

mérite de pousser la haute banque à bouger en mettant en évidence de nouvelles


sources de profitabilité. La haute banque étendit ainsi ses activités aux entreprises
de chemin de fer.
C’est la loi de 1863 sur les sociétés anonymes qui va permettre de créer des
établissements bancaires capables de drainer l’épargne des classes moyennes
et, plus tard, pendant l’entre-deux-guerres, l’épargne dite populaire. En
1863, la création d’une société anonyme n’est plus soumise à autorisation
gouvernementale si le capital est inférieur à 20 millions de francs (en 1867, cette
restriction disparaît). Dans la continuité vont se créer de grandes banques par
actions dont certaines existent toujours.
Zoom
Petite histoire de la banque en France
••xviiie siècle : John Law (1671-1729), financier écossais, contrôleur général des
finances du royaume de France, organise un système de banque, la « banque
générale », qui a le privilège d’émettre des billets, de pratiquer le crédit et de
mettre fin aux dettes du royaume après de longues périodes de guerre sous
Louis XIV.
••1800 : création de la Banque de France en qualité d’institut d’émission sur
le territoire parisien. En 1808, elle fait l’objet d’une réforme qui en fait une
véritable banque d’émission dotée d’un réseau de succursales.
••1826 : premiers « chèques » émis par la Banque de France sous le nom de
« mandats blancs ».
••1863 : création du Crédit Lyonnais par Henri Germain.
••1864 : création de la Société Générale et de la Banque des Pays-Bas.
••1865 : création officielle du chèque en France.
••1941-1945 : création de l’Association française des banques (AFB) en 1941,
nationalisation des principales banques de dépôt françaises et de la Banque
de France.
••1966-1968 : lois Debré (1966/1967) et accords de Matignon (1968). Ces
textes amorcent la « course aux guichets ».
••1978 : entrée en vigueur de la loi Scrivener. Elle améliore l’information du
client et lui apporte une protection en matière de crédit (délai de rétractation
de sept jours après la signature du contrat).
••1982 : trente-neuf établissements bancaires dont le total du bilan est supé-
rieur au milliard de francs sont nationalisés.
••1984 : nouvelle loi bancaire. Les entreprises du secteur sont dénommées
« établissements de crédit ».
••25 juin 1999 : loi relative à l’épargne et à la sécurité financière. Elle crée
notamment le Fonds de garantie des dépôts.
••1er août 2003 : loi relative à la sécurité financière. Elle modifie de manière subs-
tantielle le Code monétaire et financier. Elle fusionne les autorités de contrôle
des marchés financiers en un régulateur unique, l’Autorité des marchés financiers
(AMF). Elle crée aussi le Comité consultatif de la législation et de la réglemen-
tation financières (CCLRF) et le Comité consultatif du secteur financier (CCSF).

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L’évolution du cadre législatif et réglementaire

• 2004 : décision du conseil d’État dans l’affaire caixabank. il donne raison à


caixabank en matière de comptes de dépôt rémunérés, la France est sanc-
tionnée par la cour de Justice européenne et se trouve dans l’obligation d’au-
toriser cette rémunération.
• 12 avril 2007 : ordonnance ayant pour objet la transposition en droit interne
de la directive européenne relative aux marchés d’instruments financiers (miF).
• 19 avril 2007 : ordonnance ayant pour objet la transposition en droit interne
du nouveau régime européen relatif à la solvabilité des établissements de
crédit et des entreprises d’investissement.
• 3 novembre 2008 : loi châtel. elle impose aux banques de transmettre à leurs
clients un relevé annuel des frais bancaires.
• 4 août 2008 : loi de modernisation de l’économie (lme). elle a notamment
généralisé la distribution du livret a.
• 30 janvier 2009 : ordonnance ayant pour objet la transposition en droit
interne de la troisième directive européenne sur la lutte contre le blanchiment
de capitaux et le financement du terrorisme.
• 1er novembre 2009 : entrée en vigueur de la directive sur les services de
paiement (dsp). Venant en appui de l’espace de paiement européen, le sepa
(single euro payments area), ce texte protège le consommateur et limite les
coûts qui lui incombent.
• 2010 : loi lagarde. elle met fin aux abus et excès du crédit à la consom-
mation pour prévenir le surendettement. elle modifie la réglementation en
vigueur relative au crédit à la consommation, au crédit renouvelable et à l’as-
surance emprunteur. les nouvelles mesures sont progressivement mises en
application entre septembre 2010 et mai 2011.
• Juillet 2013 : fin des discussions sur le projet de loi de séparation et de régu-
lation des activités bancaires.

La plupart des banques nées au xixe siècle brassent à la fois du court et du long
terme, à l’image du Crédit Lyonnais de Henri Germain qui, de banque locale,
devient vite parisienne (et donc nationale), ses implantations suivant celles du
chemin de fer, de la Banque de France et de sa rivale, la Société Générale.

Étude de cas : la diversification du Crédit Lyonnais


Jusqu’en 1882, Henri Germain mène de front opérations ordinaires et « ex-
traordinaires ». Les premières sont réalisées par les agences, qui assurent
les rentrées d’argent (dépôts à vue, à terme) et les opérations courantes de
crédit pour couvrir les frais de fonctionnement et de dividendes. Le siège
prend, quant à lui, des risques plus lucratifs (commandite, emprunts pu-
blics étrangers, report en Bourse, prêt à moyen terme). Mais cette politique
s’est très vite avérée dangereuse et ce modèle de « banque à tout faire »
s’est trouvé menacé par les retraits massifs de dépôts lors de la guerre de

13
Management de la banque

1870 et des graves crises qui ont éclaté pendant la Grande Dépression
(1873-1896). Henri Germain fut le premier à prendre la mesure de ces évo-
lutions et à réorienter l’activité du Crédit Lyonnais vers sa « règle d’or » :
favoriser le court terme, renoncer aux aventures industrielles et rechercher
systématiquement les bons emprunts d’États étrangers à placer auprès de
la clientèle française.

Il ne faut pas entretenir l’image dichotomique du système bancaire français


de cette époque, fondée sur une querelle des anciens et des modernes. En effet,
la haute banque ne se désintéresse pas de ces nouvelles banques. Au contraire, on
trouve un grand nombre de personnalités de la haute banque dans les conseils
d’administration de ces sociétés anonymes. Il est possible de voir un lien de
complémentarité entre nouvelles et anciennes banques. Les grandes sociétés
anonymes sont toutes désignées pour drainer l’épargne des capitalistes moyens
dans un premier temps, puis des petits capitalistes ensuite. Toutes clientèles
qui n’intéressent pas fondamentalement la haute banque. Le ralentissement de
l’activité vers 1880 entraîne des difficultés dans les industries soutenues par les
banques en France comme à l’étranger. À leurs débuts, ces établissements de
crédit ont utilisé, massivement, les fonds qu’ils collectaient sous forme de dépôts,
généralement à vue, dans des spéculations risquées et dans des prêts à long terme
pour le financement d’investissements dans les transports ou l’industrie.

3. Critique et déclin des grandes banques


Dès la fin du xixe siècle, des critiques s’élèvent face à ces grandes banques
qui placent auprès de leur clientèle beaucoup de titres étrangers, dont les
emprunts russes. Elles sont accusées de pratiquer une « oligarchie financière »
en détournant l’épargne nationale au bénéfice du financement d’équipements à
l’étranger et au détriment de l’économie française. On regrette, notamment, que
ces banques aient négligé l’agriculture, les petits entrepreneurs et les artisans, qui
se plaignent d’accéder difficilement aux financements. Ce déclin du secteur privé
a pour contrepartie la naissance de nouvelles banques et une intervention de plus
en plus massive de l’État. Durant la Troisième République (1870-1940), aux
côtés des banques commerciales – dont le nombre continue de s’accroître –, de
nouvelles structures apparaissent, notamment les banques à caractère coopératif5
(Crédit Populaire, Crédit Mutuel, etc.) ainsi que des organismes publics ou
parapublics (Chèques postaux, Banque française du commerce extérieur, etc.).
La distinction entre banques de dépôt et banques d’affaires s’affirme ainsi.
Au début du xxe siècle, les crises s’enchaînent. À la crise bancaire de 1907,
mieux connue sous la dénomination de « panique des banquiers », succède la

5. Sur l’histoire et la gouvernance des banques coopératives en Europe, nous renvoyons le lecteur à
l’ouvrage publié en septembre 2009 par Guider H. et Roux M., La Banque coopérative en Europe, Re-
vue Banque Édition.

14
L’évolution du cadre législatif et réglementaire

crise de 1929. Cette dernière est directement à l’origine du Glass-Steagall Act, ou


Banking Act, de 1933. Cette loi rend les métiers de banque de dépôt et de banque
d’investissement incompatibles, institue un système fédéral d’assurance des dépôts
bancaires et instaure le plafonnement des taux d’intérêt sur les dépôts bancaires.
Elle sera abrogée en 1999 par le Financial Services Modernization Act, dit Gramm-
Leach-Bliley Act, juste à temps pour permettre la fusion constitutive de Citigroup.
En France, pendant la Seconde Guerre mondiale, la loi du 13 juin 1941
réglemente l’activité des banques françaises et met en place des institutions
comme la Commission de contrôle des banques et le Conseil national du crédit,
qui seront conservées à la Libération après avoir été rebaptisées.

4. Le temps des nationalisations et de la diversification


En 1945, le gouvernement du général de Gaulle nationalise la Banque de
France et les quatre premières banques commerciales possédant un réseau
national : le Crédit Lyonnais, la Société Générale, le Comptoir national d’escompte
de Paris et la Banque nationale pour le commerce et l’industrie (BNCI), ces
deux derniers établissements constituant en 1967 la Banque nationale de Paris.
Cette même loi de nationalisation reprend l’essentiel de la réglementation du
gouvernement de Vichy et établit une cloison étanche entre les banques de
dépôt, qui doivent privilégier les emplois liquides, et les banques d’affaires, qui se
consacrent aux financements de long terme. La Banque de France, sanctionnée
pour sa passivité et son inefficacité, est largement marginalisée au profit du Trésor.
Progressivement, les familles françaises sont « bancarisées », et ce notamment
à la suite des accords de Matignon en 1968, sous l’effet de la mensualisation des
salaires et de leurs versements obligatoires sur un compte. Le 15 août 1971, le
président Richard Nixon suspend la convertibilité du dollar en or, ce qui pousse
les banques à inventer de nouveaux produits pour retrouver leur profitabilité :
crédits à la consommation, activités de marché spéculatives (junk bonds relayés
par la finance londonienne, etc.). Un vaste mouvement de dérèglementation du
secteur bancaire voit le jour. La première crise pétrolière de 1973 se répercute
sur les banques françaises qui se trouvent, progressivement, entraînées dans
l’encadrement du crédit. C’est en 1982 que le gouvernement de gauche, issu des
élections de l’année précédente, procède à une nouvelle vague de nationalisations
affectant tous les établissements bancaires dont le total du bilan est supérieur à un
milliard de francs. L’emprise croissante exercée par l’État sur le système bancaire
n’empêche guerre ce dernier d’évoluer avec une diversification de son offre de
produits et services (crédits à l’habitat, épargne-logement, produits monétaires,
crédit-bail, cartes bancaires, etc.), de se rapprocher des compagnies d’assurances
et de poursuivre ses efforts d’implantation à l’international. Malgré cela, le paysage
bancaire et financier des années 1980 ressemble fort à une mosaïque de réseaux
disposant chacun de son propre statut et d’une réglementation particulière, c’est-à-
dire un système complexe et archaïque qui prépare mal l’ensemble de notre galaxie
financière à affronter les bouleversements des technologies, de la concurrence
internationale et les changements de comportement des clients. Les distinctions

15
Management de la banque

impératives entre banque de dépôt et banque d’affaires sont supprimées. La


banque et l’assurance peuvent se mêler. Les banques peuvent devenir agents de
change. Le concept de banque universelle tend à s’imposer en même temps que
les concentrations se multiplient. Les pratiques financières changent également.
Les changes flottants offrent la possibilité pour les banques de couvrir les risques
de change. La spéculation se généralise. Elle porte notamment sur les taux
d’intérêt, les devises et toutes les formes d’actifs. On assiste à des mouvements en
tous sens : désintermédiation financière d’un côté ; hypertechnicité de l’autre. Les
hedge funds6 font leur apparition dans les années 1990. Les honoraires prennent
une place croissante dans le produit net bancaire, se substituant largement aux
bénéfices du crédit. Les bonus se généralisent en même temps que l’activité
de salle de marché. L’internationalisation s’accélère, largement freinée par des
considérations nationales. La banque en Europe reste largement « balkanisée ».
À la fin des années 1990 se développe la finance de l’ombre7 (gestion alternative,
fonds du marché monétaire, fonds d’investissement structuré).

5. Le temps de l’harmonisation et des questions


Compartimentée, réglementée et dominée par l’État, la banque française va
connaître de profondes mutations sous la conjonction de plusieurs facteurs. En
particulier, la loi bancaire du 24 janvier 1984 soumet à un cadre juridique commun
l’ensemble des établissements de crédit, et ce quel que soit leur statut. Elle génère
un mouvement continu de décloisonnement du crédit et de déréglementation
du système bancaire. La libéralisation du crédit instaure les bases d’une
véritable concurrence entre les banques et les autres établissements de crédit
sur le plan national où les opérations tendent progressivement vers une forme
de banalisation. La multiplication des innovations financières depuis quelques
années, la complexité croissante des mécanismes monétaires, le développement
et l’interconnexion des marchés de capitaux au plan national aussi bien
qu’international ont considérablement accru le besoin d’information financière.
Dans le même temps, l’ampleur et la rapidité des mutations (technologiques,
réglementaires, privatisations, mondialisation, etc.) qui affectent les systèmes
financiers suscitent, un peu partout, des interrogations sur leur solidité et leur
avenir. L’enseignement principal que l’on peut tirer de ces trente dernières années
de mutations et d’innovations tient en une phrase : ce qui posait problème dans
les années 1980 n’en pose plus véritablement, mais ce qui ne posait pas problème
à cette époque en pose d’incontestables et de graves aujourd’hui.

6. Les hedge funds sont des fonds d’investissement d’un type particulier. Il n’existe pas de définition lé-
gale, précise et formelle du terme. Le terme lui-même est trompeur. La traduction littérale en français
est « fonds de couverture », c’est-à-dire se livrant à des placements de protection contre les fluc-
tuations des marchés considérés. Une telle définition devrait les faire pencher du côté des fonds sans
risque ; or, au contraire il s’agit de fonds particulièrement risqués, beaucoup plus risqués que les fonds
communs de placement (OPCVM).
7. On utilise, aussi, l’expression de « shadow banking » pour désigner des entités qui sans avoir le statut
de banque pratiquent des activités financières complexes.

16
L’évolution du cadre législatif et réglementaire

La crise actuelle de la zone euro est un cercle vicieux amplifié par les
atermoiements des politiques. Preuve en est donnée avec les conclusions
de l’Eurogroupe (réunion des 17 pays européens ayant adopté l’euro) du
16 septembre 2011 qui s’est tenu à Wroclaw, et ce malgré la présence du secrétaire
au Trésor américain, Timothy Geithner, qui n’a pas ménagé ses hôtes en les
invitant à parler d’une seule voix. À cette occasion, les Européens ont refusé
d’augmenter la dotation du Fonds européen de stabilité financière (FESF)8 de
440 milliards d’euros pour aider les pays européens et leurs banques en péril. Ils
ont reporté à octobre le déblocage d’une nouvelle tranche de prêt à hauteur de
8 milliards d’euros pour la Grèce et différé la mise en place du futur mécanisme
européen de stabilité (MES)9 destiné à prendre le relai du FESF. En attendant,
que va devenir la Grèce ? Si le défaut de paiement est envisagé, il reste à en fixer
le niveau. Mais accepter le défaut de paiement sans répondre à la question « qui
paie » est un non-sens. Revient-il aux États ou aux banques de faire face au défaut
de paiement ? Et après, quelle incidence sur les pays de l’Eurogroupe les plus
fragiles (l’Italie, l’Espagne, le Portugal, etc.) ? Le manque de transparence et
l’imprécision des engagements précis détenus par les établissements bancaires
sont édifiants.
La perte de confiance dans les CDO10 est directement à l’origine de la crise.
En conséquence, les États réinterviennent massivement dans le capital des
banques. Mais les pratiques de consommation évoluent aussi et les banques
doivent adapter leur offre aux nouvelles demandes du marché.

Section 2. L’évolution du cadre institutionnel français


et international
Juridiquement, les banques sont des institutions financières faisant des
opérations de banque telles que définies par la loi et qui sont soumises aux
dispositions législatives et règlementaires correspondantes. En France, l’article
L. 311-1 du Code monétaire et financier donne la définition suivante : « Les
opérations de banque comprennent la réception de fonds du public, les
opérations de crédit, ainsi que la mise à la disposition de la clientèle ou la gestion
de moyens de paiement. »

8. Le FESF – remplacé par le Mécanisme européen de stabilité – emprunte de l’argent à des taux faibles
et le prête à un taux bonifié aux gouvernements qui ne peuvent plus emprunter seuls à des taux rai-
sonnables en raison de leurs difficultés budgétaires. Les pays concernés sont la Grèce, l’Irlande, le
Portugal et l’Espagne.
9. Le MES est entré en vigueur le 27 septembre 2012. Il est dirigé par l’Allemand Klaus Regling depuis
le 8 octobre 2012.
10. Un CDO (pour collateralized debt obligation ou « obligation adossée à des actifs ») est une structure
de titrisation d’actifs financiers de nature diverse. Il s’agit de titres représentatifs de portefeuilles de
créances bancaires ou d’instruments financiers de nature variée. Au même titre que la titrisation et
les dérivés de crédit, ces produits de finance structurés sont issus de montages complexes, répon-
dant à différents besoins tels que réduire les coûts de refinancement, exploiter des opportunités
d’arbitrage et surtout se défaire du risque de crédit.

17
chapitre 9

Les nouvelles
organisations bancaires
Crises, mutations, mais surtout déficit de confiance lié à l’endettement ex-
cessif de certains pays de la zone euro... telles sont les caractéristiques majeures
du contexte contemporain. Le retour à la confiance dans le système bancaire et
financier passe, probablement, par un courage politique au niveau national et eu-
ropéen. Des mesures sont engagées et/ou à l’étude pour renforcer la cohérence,
la solidarité et l’intégration économique et financière européenne. La gouver-
nance européenne de la crise chypriote a, largement, entretenu le doute. L’inté-
gration bancaire, budgétaire et économique européenne est une affaire de longue
haleine. Après la faillite de Lehman Brothers en 2008, la conformité des banques
s’est, longtemps, focalisée sur des réformes Bâle III très techniques et très contro-
versées, pouvant parfois rester mystérieuses aux yeux du grand public. En 2001,
c’est la crise de l’euro sur fond de rigueur budgétaire et de nouveaux scandales
financiers qui a relancé le rythme des réformes.
Ces points sont autant de sujets à traiter rapidement car ils sont susceptibles
de contribuer à restaurer cette confiance perdue. Comme le souligne Olivier
Pastré1, « la concurrence entre places financières constitue une limite qu’il serait
imprudent de sous-estimer. Concernant la création d’une grande banque natio-
nale d’investissement, l’avantage du symbole ne doit pas être contrebalancé par
le syndrome de l’usine à gaz si chère à l’administration française depuis qu’elle
existe. Plus de moyens au service de la politique industrielle : oui. Plus de tuyaux :
est-ce bien nécessaire ? » Les thèmes de la réforme bancaire française et de la
création de la Banque publique d’investissement (BPI) constituent l’occasion de
débattre et de s’interroger sur de telles nécessités. Pourquoi ce choix limité à ces
deux sujets ? Ils illustrent la dimension symbolique de choix parfois politiques
et ils permettent de rappeler que les banques ne sont pas des entreprises comme
les autres.
Ce chapitre vise à analyser le rôle des banques françaises dans un contexte
fait d’incertitudes ; à contribuer à combattre de nombreuses idées reçues et faire
qu’il convient peut-être d’arrêter de stigmatiser les banques. Si certaines banques
ont une part de responsabilité dans la crise, elles dénoncent unanimement, peut-
être un peu vite, la classe politique qui ne connaît pas toujours les modalités de
fonctionnement de ce secteur particulier. Les débats engagés sur la nécessaire
réforme bancaire ont dérivé vers un débat général qui pourrait se détourner des

1. Pastré O., « Il ne faut pas diviser les banques par deux, mais les multiplier par cinq », Le Figaro, 22 mai
2012, rubrique Liberté d’expression.

169
Management de la banque

réalités et se retourner contre les banques, dont l’économie a besoin. « Critiquez


les banquiers mais ne détruisez pas les banques ! »2 Dans le corps de son article,
l’auteur, Raghuram Rajan, ajoute que « le discours public est rarement nuancé.
Plus tranchée et stridente est l’opinion, plus elle est à même de capter l’attention
du public, d’être répétée et d’encadrer les termes du débat ».

Section 1. La mission première des banques


Même si les banques sont parfois qualifiées d’« industrie » pour les traite-
ments de masse (instruments de paiement, monétique, conservation des titres,
etc.), même si le marketing et le contrôle de gestion sont intervenus plus tardive-
ment que dans le secteur secondaire, elles ne sont pas des entreprises comme les
autres en raison de la nature des prestations, des services et des produits propo-
sés, qui relèvent du conseil et de l’argent. Elles assurent un véritable service public
car, en contrepartie des crédits qu’elles apportent à l’économie, elles créent de
la monnaie, cet instrument du lien social dans une économie marchande. Cette
monnaie est l’expression d’une souveraineté de l’État où elle est émise, voire de
la réunion d’États, pour la zone euro, par exemple. Sur ces thèmes du rôle des
banques européennes, les propos3 tenus par Jean Arthuis, ancien ministre des
Finances, et de Jean Peyrelevade, ancien président du Crédit Lyonnais, sont par-
ticulièrement pertinents : « Il faut rapprocher les banques de l’économie réelle,
les mettre à l’abri de la volatilité et des risques des marchés, arrêter leur concen-
tration et limiter leur expansion hors zone euro. »4 Cette conclusion était étayée
par quatre remarques.
••Pour des raisons évidentes de rentabilité, les banques s’éloignent de leurs
métiers de base et diversifient, profondément, leurs activités. Nous reviendront
sur les raisons de ces diversifications vers les activités de marchés financiers et
vers les produits non bancaires (à l’exemple de la téléphonie mobile et des ventes
de packages dans l’automobile associant le crédit, les assurances et la mainte-
nance...).
••L’absence de souveraineté réelle dans la zone euro, même de type fédéral,
limite les capacités d’intervention des pouvoirs publics, d’où la nécessité de créer
un régulateur unique. Ceci est en voie de réalisation avec la BCE.
••Chaque État national est garant de son propre système bancaire, sans véri-
table solidarité intra-européenne, alors que leurs banques assument des risques
sur des dettes souveraines qui échappent à tout contrôle.
••Enfin, toute activité exercée dans une devise autre que l’euro expose à un
risque de liquidité, car les banques sont alors dépendantes du marché moné-
taire... Par exemple, le développement à l’international et l’effet conglomérat

2. Tel était le titre d’une chronique de R. Rajan, conseiller principal du ministère des Finances en Inde
et professeur de finance à la Booth School of Business de l’université de Chicago, publiée dans Les
Échos, 4 avril 2013.
3. Les Échos, 25 et 26 mai 2012.
4. L’article a pour titre « Pourquoi il faut démondialiser le système bancaire européen ».

170
Les nouvelles organisations bancaires

induit ont pu contribuer à la fragilisation des banques françaises, sans toutefois


mettre totalement en cause leur résilience aux crises. Souvent, les banques cana-
diennes citées parmi les plus solides du monde sont, certes, universelles, mais
peu développées à l’international. Par ailleurs, pour souligner davantage encore
la spécificité du métier de banquier, chaque mode de financement et sa durée
possède ses contraintes. Trop d’emprunts à court terme rapportés au niveau des
fonds propres fragilisent les banques, alors que trop de financements sur fonds
propres peuvent devenir sources de trop grand laxisme par des prises de risque
inconsidérées au nom d’une marge surestimée.
Pour la banque de détail comme pour la banque de financement et
d’investissement, les normes prudentielles accroissent les exigences en capital
et en liquidité, et la réglementation de marché (Dodd-Frank Act aux États-Unis,
règlement Emir5 et directive MIF en Europe) nécessite de lourds investisse-
ments informatiques. Pour faire face à cette situation, les banques de finance-
ment et d’investissement devront continuer à revoir leurs portefeuilles et leurs
modèles opérationnels après avoir déjà largement réduit leur activité, en réaction
à la crise. C’est le sens des préconisations formulées par l’étude précitée du Bos-
ton Consulting Group qui souligne que certains acteurs ont déjà abandonné des
classes d’actifs, tel UBS, qui a annoncé son retrait des activités obligataires (fixed
income). La plupart ont toutefois seulement réduit leur volume d’affaires sans
faire évoluer leur portefeuille d’activités. « Cela ne suffit pas car les banques ne
peuvent dans ce cas faire l’économie de l’infrastructure de traitement nécessaire
à leur présence aussi réduite soit-elle sur une catégorie de produit », souligne
l’étude. Le BCG tire de ces constats six « modèles économiques gagnants », des
« acteurs de flux » (powerhouses), traitant de gros volumes sur des services à
faible marge, aux spécialistes du conseil, en passant par les hedge funds. Selon les
catégories de produits, les quatre BFI françaises (BNP Paribas, Société Générale,
Crédit Agricole CIB, Natixis) pourraient se positionner sur deux modèles inter-
médiaires : en « haute couture », où il s’agit de structurer des produits com-
plexes pour de gros acteurs, et en « experts de la relation client » centrés sur les
entreprises. Quel que soit le modèle, « l’externalisation de certaines parties de
la chaîne de valeur où les économies d’échelles sont importantes est un levier
important d’amélioration de la rentabilité à prendre en compte », précisent les
auteurs de l’étude. Un levier qui peut fournir de quoi vivre à une sixième classe
d’acteurs : les « fournisseurs de services ».

5. Le règlement européen sur les infrastructures de marché et les dérivés OTC, dit Emir, qui a été publié
fin juillet 2012, doit permettre de réduire les risques sur les marchés de dérivés en drainant vers les
chambres de compensation une partie des contrats dérivés négociés de gré à gré. Pour les produits
dérivés non compensés, le Comité de Bâle et l’Organisation internationale des commissions de valeur
(Iosco) ont ouvert, début juillet 2012, une consultation pour définir la façon dont les échanges de
certaines catégories de dérivés devront être sécurisés par des apports de collatéral.

171
Management de la banque

Section 2. La séparation des activités, une protection ?


Si l’objectif de cette réforme bancaire visant à séparer les activités afin d’épar-
gner le contribuable de tout errement du système semble louable, la réalité est
beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît ! Efforçons-nous de présenter objecti-
vement les points de vue des acteurs après un rappel des faits et des dispositions
préconisées. Présenté en Conseil des ministres du 19 décembre 2012, le projet
de loi de séparation et régulation des activités bancaires a été examiné par le Par-
lement dès la fin janvier 2013. Il vise notamment, dans ses articles 1 à 4, à sépa-
rer les activités utiles à l’investissement et à l’emploi des activités spéculatives. Il
prévoit une supervision renforcée des activités de marché et l’interdiction des
activités spéculatives sur dérivés de matière première agricole ou via le trading à
haute fréquence (THF). Le projet de loi de séparation et de régulation des acti-
vités bancaires adopté en première lecture au parlement6 comporte six parties :
––la séparation des activités ;
––la régulation du marché des matières premières ; des mesures relatives aux
intermédiaires, dont l’encadrement du trading... ;
––un référentiel de place et le renforcement des pouvoirs de l’ACP ;
––l’accroissement des égalités entre hommes et femmes en matière de tarifs et
de prestations d’assurances.
Il couvre, pour le moins, des sujets bancaires hétérogènes. Les discussions
parlementaires auront modifié sensiblement ce projet de loi de séparation et
de régulation des activités bancaires. Axé à l’origine sur la stabilité financière, le
texte s’est enrichi d’articles portant sur la lutte contre les paradis fiscaux ou sur les
rémunérations du monde de la finance. Sur ce dernier point des rémunérations
des dirigeants bancaires et des opérateurs de marché, les députés ont transposé
les recommandations européennes. La rémunération variable ne pourra plus dé-
passer le niveau de la rémunération fixe. C’est un texte large, qui vise à encadrer
plus étroitement l’activité de banque en France, ce qui n’existe nulle part ailleurs.
Zoom
Un peu de droit bancaire comparé
Les projets en cours de discussion dans les autres pays (États-Unis, Royaume-Uni,
etc.) ou au niveau européen ne seront pas prêts avant longtemps. Les débats
qui ont conduit à l’élaboration des rapports Vickers (Royaume-Uni) ou Volcker
(États-Unis) reposent sur un contexte spécifique qui n’a pas de lien exclusif avec
les crises. Au Royaume-Uni, le questionnement est en relation directe avec l’af-
faire Northern Rock (banque commerciale classique qui a eu besoin de l’aide
de l’État britannique en raison de l’octroi de prêts immobiliers de mauvaise
qualité). Le débat porte non seulement sur un isolement de la banque de détail
mais aussi sur un accroissement conséquent des obligations en fonds propres,
et cela bien au-delà des exigences envisagées par Bâle III. Toutefois, la mise

6. Il a été adopté le 19 février 2013 par l’Assemblée nationale en première lecture par 315 voix contre
169 ; au Sénat le 22 mars 2013 par 159 voix, soit le nombre de suffrages exprimés sur 349 votants.

172
Les nouvelles organisations bancaires

en application n’est pas prévue avant 2018 et il convient de bien intégrer ces
futures dispositions dans un contexte particulier où le Royaume-Uni a injecté
des fonds importants pour sauver des banques. Aux États-Unis, Les sommes
engagées pour sauver le système financier donnent le vertige. Un rapport du
Sénat américain publié en novembre 2011 chiffre à 7 770 milliards de dollars les
aides fédérales aux banques implantées aux États-Unis. La Commission euro-
péenne a approuvé environ 4 500 milliards d’euros d’aides d’État en faveur des
établissements financiers, ce qui équivaut à 37 % du PIB de l’UE.

1. Le point de vue des acteurs extérieurs au système bancaire


Rien ne garantit que les fonds propres d’une banque commerciale isolée,
séparée, telle que ces débats l’envisagent, soient suffisants pour absorber les nou-
veaux risques si elle continue d’accorder des crédits de piètre qualité. Souvent, la
banque de financement fait de l’intermédiation (du crédit) ; la banque de dépôt,
de la titrisation. Aux États-Unis, les débats portent essentiellement sur la néces-
sité de distinguer l’activité pour compte propre afin d’éviter la spéculation. Cette
dernière activité n’est pas directement liée aux clients de la banque. Le Livre blanc
de la place financière de Paris, publié en mars 2012, met l’accent sur l’absolue
nécessité de préserver le modèle de « banque universelle » dans l’Hexagone en
raison de la complémentarité des activités. En France, il a permis une meilleure
résistance durant la crise, donnant la possibilité à nos banques d’avoir une rela-
tion globale de long terme avec leurs clients. Conserver des activités de marché
performantes dans le groupe bancaire est crucial pour que les entreprises et l’État
français aient accès aux marchés financiers. Toute restriction de ces activités serait
pénalisante pour retrouver le chemin de la croissance économique. La filiale qui
hébergera les activités pour compte propre sera traitée au sein du groupe comme
une entreprise étrangère. La rentabilité des opérations faites dans cette filiale sera
moins bonne, ce qui pourrait à terme conduire à une réduction, voire une dispa-
rition des activités qui y sont cantonnées. Les banques françaises ont été de tout
temps des banques de dépôt, elles ont développé ces activités pour accompagner
les besoins de leurs clients. Et depuis la crise, les banques ont réduit leurs activités
de marché, notamment sous l’effet de la réglementation, et surtout leurs activités
pour compte propre. Le débat sur les activités qui seront logées dans la filiale n’a
donc pas lieu d’être. Il ne faut pas confondre activités de marché et spéculation, les
activités de marché sont pour l’essentiel utiles à l’économie. C’est un point impor-
tant du projet de loi, celui qui répond à l’objectif de protéger le contribuable. En
France, les banques n’ont rien coûté au budget de l’État, mis à part le cas de Dexia,
qui n’était pas une banque de dépôt.

173
Management de la banque

Étude de cas : Dexia ou « la grenouille


qui se croyait plus grosse que le bœuf »
L’histoire de Dexia commence par une division de la Caisse des dépôts et
consignations : la Caisse d’aide aux collectivités locales (CAECL) devient,
en 1987, le Crédit local de France (CLF), se privatise et s’introduit en
Bourse. En 1996, le CLF se rapproche de son homologue belge, le Com-
munal de Belgique, pour constituer Dexia, leader mondial du financement
des collectivités locales. S’ensuit une véritable boulimie d’activités, d’ac-
quisitions et de développements à l’international (Espagne, Italie, Japon,
États-Unis, etc.) par le jeu d’emprunts à court terme aux taux peu élevés
pour financer du long terme. En 2008, crise de liquidité oblige, la banque
n’a plus que quatre jours de liquidité et un besoin de 260 milliards d’euros.
Pour les communes, les villes, les collectivités, la chute de la banque est
inenvisageable. Bruxelles, Paris et Luxembourg tentent de voler au secours
de Dexia, mais ils se trompent dans le choix de la solution. Ils proposent,
d’abord, une recapitalisation, avant de garantir les émissions de la banque...
2009 annonce le scénario du repli. Dans un rapport publié le 18 juillet
2013, la Cour des comptes dresse un incroyable réquisitoire contre tous les
acteurs du dossier, de la Caisse des dépôts et consignations – actionnaire
minoritaire – à l’État français, en passant par les régulateurs. Aucun d’entre
eux n’a correctement joué son rôle. Bilan : une facture – encore provisoire
– de 6,6 milliards d’euros, rien que pour le contribuable français ! La Cour
des comptes enfonce d’abord la défense des ex-dirigeants, selon laquelle
Dexia aurait été une simple victime parmi d’autres d’une crise financière
venue d’outre-Atlantique. « C’est avant tout la fragilité de son modèle, la
faiblesse de sa gouvernance et les défaillances de la régulation et de la su-
pervision qui expliquent que le groupe n’ait pas survécu aux crises de 2008
et 2011 », a résumé le premier président de la Cour, lors de la présentation
du rapport. La supervision est éclatée entre régulateurs belges et français.
Dans le cas de Dexia, la régulation imposée aux banques par Bâle n’a pas été
utile pour empêcher le désastre, puisqu’elle leur permettait de se financer
grâce à des obligations publiques – à l’époque considérées comme sûres –
sans aucune pondération du risque. Des risques liés, pendant quarante ans,
aux prêts toxiques accordés aux collectivités locales. Des responsables im-
punis, des retraites-chapeaux confortables et des procédures multiples en-
gagées par les collectivités territoriales, tel est le sombre bilan de ce dossier.

Pour autant, elles sont favorables à un régime de prévention et de résolu-


tion des crises bancaires qui permette de mobiliser les actionnaires et certains
créanciers en cas de défaillance d’un établissement bancaire. La procédure de
résolution est très lourde et donne des pouvoirs élevés au superviseur. Elle doit
rester une procédure d’exception, réservée aux cas très graves, pour des établisse-
ments qui ne pourraient pas se redresser. Pour les dirigeants de Paris Europlace,

174
Table des matières

Préface�������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������� VII

introduction. Le management de la banque en contexte������������������������������ 1

première partie
Le secteur bancaire et ses spécificités

Chapitre 1.  ’évolution du cadre législatif et réglementaire�������������������������� 9


L
Section 1. L’activité bancaire à travers les âges ���������������������������������������������������������������� 9
1. De la régression monétaire à la naissance des premières banques �������������������������� 10
2. L’essor des grandes banques et l’apparition des premières crises���������������������������� 10
3. Critique et déclin des grandes banques�������������������������������������������������������������������������� 14
4. Le temps des nationalisations et de la diversification�������������������������������������������������� 15
5. Le temps de l’harmonisation et des questions�������������������������������������������������������������� 16
Section 2. L’évolution du cadre institutionnel français et international������������ 17
Introduction�������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������� 18
1. Les autorités administratives���������������������������������������������������������������������������������������������� 21
2. Les organes consultatifs������������������������������������������������������������������������������������������������������ 23
3. Le Fonds de garantie des dépôts (FGD)������������������������������������������������������������������������ 25
4. Les organismes professionnels et les organismes centraux���������������������������������������� 26
5. La régulation et la tutelle internationales������������������������������������������������������������������������ 26
Section 3. L’environnement économique : état des lieux et perspectives ������ 29

Chapitre 2.  es marchés financiers���������������������������������������������������������������������������������� 39


L
Section 1. L’origine et le rôle de la finance de marché ���������������������������������������������� 41
1. Petite histoire de la finance de march��������������������������������������������������������������������������� 42
2. Les mathématiques financières et les modèles de prix������������������������������������������������ 44
3. La structure des marchés de capitaux������������������������������������������������������������������������������ 46
Section 2. Les acteurs et les instruments���������������������������������������������������������������������������� 46
1. Les acteurs de la finance de marché �������������������������������������������������������������������������������� 48
2. Les instruments �������������������������������������������������������������������������������������������������������������������� 54
Section 3. La finance de marché aujourd’hui ������������������������������������������������������������������ 70
1. Les nouveaux risques����������������������������������������������������������������������������������������������������������� 70
2. Les agences de notation������������������������������������������������������������������������������������������������������ 76
Conclusion. Les marchés financiers sauraient-ils devenir raisonnables ?���������� 78

273
Management de la banque

Chapitre 3.  e marketing bancaire ���������������������������������������������������������������������������������� 81


L
Section 1.L’essor du marketing bancaire���������������������������������������������������������������������������� 82
1. Une image à restaurer���������������������������������������������������������������������������������������������������������� 82
2. La relation client au cœur du marketing bancaire�������������������������������������������������������� 83
Section 2.La définition d’une politique de marketing bancaire �������������������������� 85
1. La politique de produit�������������������������������������������������������������������������������������������������������� 85
2. La politique de prix�������������������������������������������������������������������������������������������������������������� 85
3. La politique de promotion/communication ���������������������������������������������������������������� 92
4. La politique de distribution������������������������������������������������������������������������������������������������ 93

Chapitre 4.  es ressources humaines������������������������������������������������������������������������������ 97


L
Section 1. L’emploi dans la banque���������������������������������������������������������������������������������������� 98
Section 2. Les perspectives d’emploi����������������������������������������������������������������������������������100
1. Vendre ou conseiller ?��������������������������������������������������������������������������������������������������������100
2. Manager autrement������������������������������������������������������������������������������������������������������������102
3. Faire évoluer les métiers����������������������������������������������������������������������������������������������������102

deuxième partie
 Le contrôle interne et la fonction Conformité

Chapitre 5.  a fonction Conformit�����������������������������������������������������������������������������109


L
Section 1.Définition et positionnement de la fonction Conformité����������������110
1. Périmètre et positionnement de la fonction����������������������������������������������������������������110
2. Définition de la fonction ��������������������������������������������������������������������������������������������������113
Section 2.De l’anticipation au contrôle et au conseil ����������������������������������������������114
1. La mission de la fonction Conformit�������������������������������������������������������������������������114
2. L’organisation et l’exercice de la fonction Conformité����������������������������������������������116

Chapitre 6.  a gestion des risques����������������������������������������������������������������������������������119


L
Section 1.  volution des bilans bancaires et impact sur le contrôle des
É
risques����������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������122
1. Petit rappel : les états de synthèse des banques����������������������������������������������������������122
2. Normes comptables et normes prudentielles : finalité économique et finalité
réglementaire������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������128
3. Une cartographie des risques ������������������������������������������������������������������������������������������133

Chapitre 7.  onformité des systèmes d’information


C
et normes internes ����������������������������������������������������������������������������������������139
1. Organisation, missions et mise en place de la fonction Conformité ��������������������140
2. Moyens, outils et informations à restituer��������������������������������������������������������������������143

274
Table des matières

Chapitre 8.  e management de la conformité bancaire ��������������������������������149


L
Section 1. Rôle et missions du responsable de la conformité������������������������������150
Section 2.La conformité, levier de performance et de rétablissement
de la confiance ?������������������������������������������������������������������������������������������������������151
1. La conformité et le contexte international�������������������������������������������������������������������153
2. Vers une fonction Conformité universelle ? ����������������������������������������������������������������162

troisième partie
 La banque, un secteur en mutation

Chapitre 9.  es nouvelles organisations bancaires ��������������������������������������������169


L
Section 1. La mission première des banques������������������������������������������������������������������170
Section 2.La séparation des activités, une protection ? ������������������������������������������172
1. Le point de vue des acteurs extérieurs au système bancaire������������������������������������173
2. Les fondements théoriques et les limites de la séparation des activités����������������175
3. Le point de vue des banquiers ����������������������������������������������������������������������������������������179
Section 2. Mythe et réalité d’une banque publique d’investissement������������179

Chapitre 10.  anques capitalistiques et coopératives,


B
entre différences et convergences ��������������������������������������������������183
Section 1.De l’opposition historique et organisationnelle à la nécessaire
convergence��������������������������������������������������������������������������������������������������������������185
1. Un peu d’histoire����������������������������������������������������������������������������������������������������������������186
2. La banque d’aujourd’hui ��������������������������������������������������������������������������������������������������188
Section 2.Les oppositions organisationnelles, juridiques et managériales189
1. Entre valeurs mutualistes et tentation du privé ����������������������������������������������������������189
2. La nécessaire convergence������������������������������������������������������������������������������������������������195
Section 2.Entre performances et valeurs ������������������������������������������������������������������������196
1. Un modèle d’entreprise universelle adapté aux crises ?��������������������������������������������196
2. Un monde mutualiste à la croisée des chemins����������������������������������������������������������198
Section 3.Des défis pour une finance alternative ������������������������������������������������������203
1. Des occasions manquées aux leçons de la crise����������������������������������������������������������204
2. Une troisième voie ?������������������������������������������������������������������������������������������������������������207
3. Des défis pour une finance alternative��������������������������������������������������������������������������209

Chapitre 11.  ouvelles concurrences et nouveaux


N
produits financiers����������������������������������������������������������������������������������������215
Section 1.Du marketing à la réalité des textes ������������������������������������������������������������215
1. La nécessaire adaptation des réseaux bancaires����������������������������������������������������������217
2. Les nouvelles offres de produits et services bancaires����������������������������������������������218

275
Management de la banque

Section 2. La finance, objet de questionnement����������������������������������������������������������223


1. La finance interrogée����������������������������������������������������������������������������������������������������������223
2. L’assurance, un monde incertain������������������������������������������������������������������������������������226
3. Vers une agence de notation européenne ?������������������������������������������������������������������227

Chapitre 12.  es banques socialement responsables ?������������������������������������231


D
Section 1. Nouvelle gouvernance, nouveau management������������������������������������232
1. Les précurseurs��������������������������������������������������������������������������������������������������������������������233
2. Les domaines du possible ������������������������������������������������������������������������������������������������235
3. Quid de la responsabilité sociale de la banque ?����������������������������������������������������������237
Section 2. Vers un nouveau modèle de banque ?��������������������������������������������������������244
1. La mesure de la performance ������������������������������������������������������������������������������������������244
2. Une réforme nécessaire ����������������������������������������������������������������������������������������������������246

Conclusion. Quelles perspectives pour la banque ? ����������������������������������������251

Bibliographie/Webographie������������������������������������������������������������������������������������������257

Glossaire����������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������263

276
MICHEL ROUX MICHEL ROUX

Ancien doyen de la faculté

Management de sciences économiques et


de gestion de l’université
Paris 13 et directeur

de la banque de masters en banque, finance


et comptabilité-contrôle-audit,
il est également membre du Centre
Des nouveaux risques aux nouvelles d’économie Paris-Nord (unité
formes de gouvernance de recherche mixte – CNRS)
et directeur de la valorisation
L’ouvrage traite de l’ensemble des aspects du management de l’université. Professionnel
bancaire, du contexte à l’évolution des marchés et de la banque, il a publié
métiers. Il présente le secteur et ses spécificités (marchés de nombreux articles et ouvrages
financiers, marketing, RH). À travers l’émergence de la sur le management de la
fonction Conformité, il analyse les RISQUES et l’exigence banque et la finance éthique.
accrue de NORMES auxquels le monde de la banque Il est cofondateur du Groupe
est confronté. Dans une perspective d’optimisation du international de recherche en
pilotage, il aborde les NOUVEAUX DÉFIS à relever tant en éthique financière et fiduciaire
termes d’organisation interne que d’offre de produits et basé à Montréal.
services.
Le propos est illustré par de NOMBREUX EXEMPLES et
ENCADRÉS ainsi que par une dizaine d’ÉTUDES DE CAS.
L’exposé est enrichi d’un GLOSSAIRE de plus de 70 termes.
Ce manuel s’adresse :
● aux étudiants des universités, de la licence au master ;
● aux élèves des grandes écoles ;
● aux praticiens.
« [La crise] met, en effet, en relief les failles d’un système
de libéralisation sans limite et oblige à repenser à la fois la
gouvernance de l’économie mondiale et l’encadrement des
Retrouvez tous les ouvrages
métiers de la finance. C’est dans ce contexte global qu’il faut Vuibert sur
analyser les apports du manuel de Michel Roux qui a le mérite de
illustration de couverture : © Matt Mawson/Corbis

mettre le risque au cœur de l’analyse du management bancaire. »


Olivier Pastré, professeur à l’université Paris 8,
membre du cercle des économistes
ISBN : 978-2-311-01356-6

9 782311 013566

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