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1e PARTIE DROIT OBJECTIF GABONAIS
1e PARTIE DROIT OBJECTIF GABONAIS
************* Union-Travail-Justice
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FACULTE DE DROIT
ET DES SCIENCES ECONOMIQUES
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DEPARTEMENT DE DROIT PRIVE
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ANNEE ACADEMIQUE
2023-2024
COURS D’INTRODUCTION
A L’ETUDE DU DROIT ET THEORIE
GENERALE DU DROIT
Pr ETIENNE NSIE
Agrégé de droit privé
Faculté de Droit et des Sciences Economiques
Université Omar BONGO
Professeur invité à l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Professeur invité à l’Université de Yaoundé II SOA
Définition du droit – Le mot droit vient du terme latin directum ou directus qui
veut dire direct ou sans détours. Par nature polysémique, le mot droit a
généralement deux sens qui permettent de rendre compte de la globalité du
phénomène juridique.
Généralité de la loi - Si le droit peut trouver son origine dans un cas particulier,
la règle de droit n’a pas pour fonction de régir des situations particulières. Cela
signifie que la loi doit être la même pour tous. Non seulement elle s’applique sur
l’ensemble du territoire national, mais elle régit en outre tout le corps social.
Transition - De tout ceci, il résulte que le caractère général et abstrait n’est pas
déterminant pour identifier la règle de droit. Il doit être combiné avec le
caractère obligatoire.
I : La fonction organisationnelle
II : La fonction d’imposition
Les lois supplétives - Ainsi en est-il des lois supplétives qui se manifestent par
l’usage d’expression comme « sauf stipulation contraire des parties », « à moins
que les parties n’en disposent autrement ». Elles ne sont applicables qu’autant
que les parties n’y ont pas renoncé expressément. Par exemple, dans le principe,
le contrat se forme par le seul échange des consentements.
Plan - La règle de droit doit être distinguée des autres règles d’organisation
sociale comme la règle morale (§1) et la règle religieuse (§2).
Droit naturel immuable et universel - Les doctrines de droit naturel ont été
élaborées à partir du postulat qu’au-dessus du droit positif existe un droit naturel
qui est immuable et universel. Pour les tenants de cette doctrine, les hommes
découvrent l’existence du droit naturel à partir de leur seule raison. Ce droit
naturel exprime l’idéal de justice vers lequel doit tendre le droit positif.
Obéissance et désobéissance - Les tenants de ces doctrines affirment donc que
le droit naturel inspire le droit positif qui ne peut lui être contraire. Dès lors, les
citoyens sont enclins à obéir au droit positif. Par un raisonnement a contrario,
les tenants des doctrines du droit naturel considèrent qu’il conviendrait de
désobéir aux lois injustes, parce qu’elles sont contraires à l’idéal de justice que
porte le droit naturel.
Notes de cours d’introduction à l’étude du droit et théorie générale du droit.
Pr Etienne NSIE, Agrégé de droit privé. FDSE – UOB/2023-2024. Reproduction et diffusion interdites
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Droit naturel religieux et laïc - Les doctrines de droit naturel se subdivisent en
droit naturel religieux et en droit naturel laïc.
Le droit naturel religieux - Le droit naturel religieux est conçu à partir des
idées développées par des philosophes comme Platon ou Aristote pour lesquels
le droit positif doit être conforme à l’ordre naturel des êtres et des choses. Pour
Aristote, c’est en observant la nature que se révèle le droit naturel, c’est-à-dire
l’ordre, l’idéal de justice, la vérité, le bien ou le respect de la parole donnée.
Ainsi le droit naturel résulte d’une convergence ces règles fondées sur la nature
humaine. Le droit positif doit alors prendre en compte ces règles parce qu’elles
permettent de réaliser l’harmonie entre les hommes et la nature.
Théorie de Saint- Thomas d’Aquin - Saint-Thomas d’Aquin ajoute la touche
religieuse à la théorie philosophique d’Aristote en distinguant plusieurs sortes de
lois. Il oppose ainsi la lex humana, c’est-à-dire le droit positif à la lex naturalis
qui est une loi universelle et intemporelle que révèlent la raison et la lex divina,
c’est-à-dire la loi révélée aux hommes par DIEU.
Origine du droit naturel - Pour Saint-Thomas d’Aquin, le droit positif résulte
d’une convention entre les hommes vivant en société alors que le droit naturel
est révélé par la nature même des choses. Enfin, il existe un droit divin résultant
de l’autorité même de DIEU. Les lois positives peuvent être contraires au droit
naturel mais jamais aux lois divines. Si tel était le cas, Saint-Thomas d’Aquin
recommande purement et simplement la désobéissance aux lois positives
injustes.
Le droit naturel laïc - Au droit naturel religieux s’oppose le droit naturel laïc
né sous la plume de Grotius, de Puffendorf, de Thomasius ou de Domat. Pour
ces auteurs le droit naturel ne nait pas de l’observation de la nature des êtres et
des choses. Il est plutôt la résultante de la prise en compte de la raison humaine.
Ce droit serait rationnel ou volontaire selon les cas. Il naîtrait de l’examen de la
conscience de l’homme.
Les prémisses du contrat social - A travers cette évolution, on voit déjà
poindre le contrat social de Jean-Jacques ROUSSEAU qui est fondé sur
l’égoïsme de l’homme. Pour ROUSSEAU, l’homme ne peut réaliser les
objectifs qu’il se fixe qu’en vivant en société avec les autres hommes, ce qui le
conduit à souscrire des engagements visant à rendre harmonieuse la vie en
société. Ainsi nait l’idée de contrat qui est fondée sur la volonté humaine qui
contracte des engagements qu’il s’oblige à respecter. C’est cette idée de la
volonté source et raison de l’exécution des engagements que l’on retrouve dans
l’article 1134 du code civil ancien selon lequel « Les conventions légalement
formées tiennent lieu de lois à ceux qui les ont faites ».
I : Le positivisme étatique
II : Le positivisme sociologique
Influence des différentes théories sur la règle de droit - Quoi qu’il en soit,
l’observation conduit à admettre que le droit positif est fondé sur les théories
positivistes. Le positivisme juridique est pris en compte car c’est l’Etat qui
confère à la règle de droit son caractère obligatoire. Quant au positivisme
sociologique, il préside à l’adoption et à l’interprétation de la règle de droit par
la prise en compte de la culture et des mœurs.
II : La technique juridique
Nature des concepts - Les concepts renvoient à l’idée d’une prise en compte du
caractère général et abstrait de l’objet de la règle. Les concepts sont ainsi des
constructions intellectuelles que le législateur, en fonction du but poursuivi, peut
présenter de manière plus ou claire.
Illustrations - Par exemple, le droit consacre des concepts qui constituent des
notions souples comme les bonnes mœurs ou l’ordre public. Le recours à ces
notions permet d’introduire de la souplesse dans l’application de la règle de
droit. Le passage du concept à la catégorie se réalise par l’opération de
qualification. Il s’agit de l’opération intellectuelle consistant à déterminer la
nature d’un droit ou d’un rapport de droit afin de la classer dans une catégorie
juridique existante.
Les catégories juridiques - Les catégories juridiques concourent à
l’ordonnancement scientifique de la règle de droit. Par catégories juridiques, il
faut entendre les cadres dans lesquels s’insèrent les éléments de la vie juridique.
Ces éléments de la vie juridique sont déterminés en tenant compte de leur nature
et de leurs similitudes. C’est la diversité et la variété de ces éléments qui oblige
à procéder à des définitions et des classifications. Ces catégorisations sont
essentielles car le régime juridique applicable peut varier d’une catégorie à une
autre.
Illustrations des catégories juridiques - A titre d’exemples, il existe des
catégories juridiques fondamentales comme les droits, les choses, les actes et les
faits juridiques. De même existe-t-il des catégories particulières qui sont des
sous-groupes des catégories fondamentales. On peut citer à titre d’exemples la
catégorie des droits qui se subdivisent en droit patrimoniaux et en droits
extrapatrimoniaux. Les droits patrimoniaux se subdivisent eux-mêmes en droits
réels et droits personnels. On peut encore citer l’exemple de la catégorie des
actes juridiques à l’intérieur de laquelle on distingue les actes unilatéraux et les
actes bilatéraux. Ces derniers comprennent eux-mêmes des actes à titre onéreux
et des actes à titre gratuit. On peut enfin citer l’exemple du droit pénal qui
distingue les infractions en crime, délit et contravention.
B : Le langage du droit
Langage juridique et non juridique - Les catégories sont mises en exergue à
partir de l’usage d’un langage qui peut être juridique ou non. Le langage non
juridique renvoie à tous les termes du langage commun qu’utilise le législateur
et qui n’ont pas un sens particulier en droit. La connaissance de ce langage est
nécessaire à la compréhension du droit.
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Pr Etienne NSIE, Agrégé de droit privé. FDSE – UOB/2023-2024. Reproduction et diffusion interdites
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Les mots du langage commun - Mais le législateur peut aussi utiliser des mots
du langage commun ayant un sens particulier en droit. Pour la compréhension de
la règle de droit, il est alors nécessaire de connaître le sens particulier en droit.
On peut à cet égard citer les termes meuble et immeuble dont le sens dans le
langage commun ne correspond pas au sens que l’on donne à ces mots en droit.
Les mots ayant un sens juridique - Outre ces mots du langage commun, le
législateur utilise aussi un langage spécifiquement juridique. Les mots du droit
peuvent paraitre abscons pour le non-juriste ou l’étudiant qui débute des études
de droit. Il faut rechercher leur sens dans le cours, les lexiques de termes
juridiques ou le vocabulaire juridique. La consultation de cet outil indispensable
sera utile pour définir les termes et éviter ainsi un hors-sujet.
Le raisonnement juridique - Pour traduire les concepts et les catégories, le
législateur utilise le langage, juridique ou non juridique, dans un discours et
selon un raisonnement spécifique. La spécificité du discours juridique se
manifeste dans les qualités de clarté, de simplicité, d’intelligibilité et de
concision que l’on attend du juriste. A cet égard, la loi doit être claire, précise et
concise. Ces qualités doivent faciliter la compréhension et l’application de la
règle de droit.
Le raisonnement binaire - Cette règle est présentée selon le raisonnement
binaire qui caractérise les juristes d’expression françaises. D’une manière
générale, la règle de droit s’articule autour d’un raisonnement conditionnel. Elle
présente une hypothèse avant d’envisager les conséquences qui en résultent. Ce
raisonnement binaire est fondamental pour l’application de la règle de droit. Il
s’exprime parfois dans les dualismes suivants : principe/exception ; nature
juridique/régime juridique ; conditions/effets ; droit objectif/droits subjectifs…
Plan - La règle de droit est appliquée selon un processus (I). Il peut être
nécessaire d’interpréter cette règle pour l’appliquer (II).
Position des juges - Dans tous les cas, les juges, interprètes de la loi, adoptent la
méthode qui leur convient le mieux pour découvrir la ratio legis ou raison d’être
de la loi, pour découvrir le sens ou combler les lacunes de la loi, les juges
utilisent des procédés d’analyse logique dont les plus courants et les plus
importants sont les suivants :
Entrée en vigueur de la loi - La règle de droit est applicable dès son entrée en
vigueur. Cette entrée en vigueur suppose que la loi soit préalable diffusée (I). On
en déduit dès lors que nul n’est censé ignorer la loi (II).
Il s’agit d’une revue trimestrielle de droit des pays d’Afrique francophone qui
contient parfois des articles relatifs au droit gabonais. Même si la revue ne traite
plus que des questions relatives au droit africain harmonisé des affaires,
l’étudiant trouvera des informations utiles dans les premiers numéros qui
peuvent être consultés à la bibliothèque de l’Ecole Nationale de la Magistrature.
Pour la France
journal paraissant trois fois par semaine et contenant des parties doctrine,
jurisprudence, panoramas (sommaires commentés) et des tables contenant les
références des informations publiées dans le journal mais aussi celles de trente
autres revues juridiques comme le Dalloz ou le JCP ou encore celles des
décisions publiées dans le Bulletin de la Cour de cassation.
§1 : Le droit interne
Définition du droit interne - C’est le droit qui est applicable à l’intérieur des
frontières nationales sans qu’il y ait un élément d’extranéité. Parmi les règles de
droit interne, la summa divisio juris consiste à distinguer, en s’inspirant des
Institutes de Justinien, du droit romain et de Portalis dans son « Discours
préliminaire sur le projet de code civil, les règles de droit public (I) des règles de
droit privé (II).
I : Le droit public
Objet du droit public - L’objet de la règle de droit public est d’organiser l’Etat,
les collectivités locales (Province, Commune, Département). Le droit public
régit aussi les rapports que ces personnes entretiennent avec les particuliers.
Le droit fiscal qui détermine les règles qui permettent de calculer et percevoir
les impôts et taxes que l’Etat et les administrations peuvent réclamer aux
personnes physiques et morales.
Les finances publiques qui déterminent les règles qui organisent le budget de
l’Etat en prévoyant ses dépenses et ses recettes.
II : Le droit privé
Définition du droit privé - Selon Portalis, « Les lois civiles disposent sur les
rapports naturels ou conventionnels, forcés ou volontaires, de la rigueur ou de la
simple convenance, qui lient tout individu à un autre individu ou à plusieurs ».
Objet du droit privé - Au regard de cette définition, le droit privé a pour objet
d’organiser les rapports interindividuels, c’est-à-dire les rapports des personnes
privées entre elles.
Domaine du droit civil - Ainsi, le droit civil définit-il les règles relatives à
l’individualisation de la personne, à la famille, aux libéralités aux obligations ou
à la responsabilité. L’essentiel de ces règles est contenu dans le code civil qui
comprend deux parties.
Le droit social qui comprend à la fois le droit du travail qui définit les
rapports individuels et collectifs entre employeurs et employés et le droit de la
sécurité sociale qui aménage la protection des individus face aux différents
risques qu’ils courent en leur garantissant des ressources.
Le droit pénal qui définit les infractions et les peines qui leur sont applicables.
Au droit pénal est intimement liée la procédure pénale qui réglemente
l’organisation et la compétence des juridictions pénales ainsi que le déroulement
du procès pénal. Il existe aussi un droit pénal des affaires qui prévoit et punit les
infractions spécifiques à la vie des affaires.
Les matières mixtes - Si le droit pénal est traditionnellement rangé dans les
matières de droit privé, certains auteurs affirment qu’on peut le ranger dans la
catégorie des matières mixtes. Par matière mixte, il faut entendre les matières
qui empruntent à la fois au droit public et au droit privé de sorte qu’on ne peut
les ranger dans l’une ou l’autre des branches du droit.
§2 : Le droit international
II : Le droit de l’intégration
Le droit commercial qui regroupe toutes les règles qui régissent les
commerçants personnes physiques (droit commercial général) et qui traitent de
la définition du commerçant et des actes de commerce ainsi que du fonds de
commerce.
Section 1 : La loi
Variété et hiérarchie – Le terme loi peut avoir plusieurs sens, ce qui renvoie à
la variété des lois (§1). Cette variété induit une hiérarchie des lois (§2).
La variété des lois nationales - Il existe une variété de lois en droit interne que
l’on classe au regard d’un critère formel qui conditionne leur validité, selon la
pyramide de Kelsen. Il y a, en droit interne, le bloc de constitutionnalité (A), les
lois organiques (B), les lois ordinaires et les ordonnances (C) et les règlements
administratifs (D).
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A : Le bloc constitutionnel
1 : La constitution
La notion de constitution
Le contenu de la constitution
2 : Le préambule de la constitution
L’objet des lois organiques – Les lois organiques fixent les modalités
d’organisation et de fonctionnement des pouvoirs publics. Ces lois ne peuvent
intervenir que dans certaines matières limitativement énumérées par la
constitution. Elles font l’objet d’une procédure particulière d’adoption.
Plan – L’étude des lois ordinaires (1) précédera celle des ordonnances (2).
Les lois ordinaires - Par lois ordinaires, on entend la loi au sens formel, c’est-à-
dire les lois votées par le parlement dans les domaines spécifiques déterminés
par la constitution (a). Ces lois sont votées selon une procédure particulière (b) à
l’issue de laquelle la loi entre en vigueur (c).
a : Le domaine de la loi
En, outre, la loi détermine les principes fondamentaux dans les domaines
suivants :
b : L’élaboration de la loi
L’application d’une loi est subordonnée à son entrée en vigueur qui est elle-
même subordonnée à l’accomplissement des trois formalités que sont la
promulgation, la publication et l’expiration d’un délai d’information.
La notion de jour franc - Par jour franc, il faut entendre un jour complet, de O
H à 24 H. Par exemple si le J.O arrive le 30 novembre à 13 h à la préfecture de
Makokou, le délai commence expire le 7/12 à O H. La loi entrera en vigueur le
8/12 à O H.
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Le décret d’application - Exceptionnellement, la loi peut prévoir sa date
d’entrée en vigueur en la retardant, par exemple jusqu’à l’adoption d’un décret
d’application.
L’abrogation de la loi - La loi perd son caractère obligatoire dès qu’elle est
abrogée, ce qui signifie qu’elle est annulée par une autre loi aux dispositions
contraires. L’abrogation n’a jamais lieu par désuétude, c’est-à-dire par la non-
application de la loi.
2 : Les ordonnances
Publication – Les ordonnances entrent en vigueur dès lors qu’elles ont été
publiées.
Les ordonnances peuvent être modifiées par une autre ordonnance ou par une
loi.
L’un des rôles de l’exécutif est d’assurer l’exécution des lois. Pour ce
faire, il prend un règlement qui s’appuie sur la loi antérieure et qui se présente
comme une mesure d’exécution de la loi dont il complète les dispositions et
règle les détails d’exécution.
Le traité CIMA – Le traité CIMA vaut loi relative aux assurances dans les Etats
membres.
A : La présentation de la hiérarchie
La place du traité dans la hiérarchie des normes - Dès lors que ces conditions
sont réunies, la Cour constitutionnelle, dans l’avis précité, place les traités au-
dessus des lois nationales dans la hiérarchie des normes au Gabon. Puisque les
traités ont une valeur supra législative, les lois nationales ne peuvent contenir des
dispositions qui leur sont contraires. Certes, l’avis de la Cour constitutionnelle a
un caractère consultatif. Mais il donne de précieuses indications sur la place du
traité dans la hiérarchie des normes nationales. Toutefois, il est surprenant que lors
des dernières modifications constitutionnelles, le constituant n’ait pas jugé
nécessaire de trancher définitivement la question en consacrant la primauté des
traités sur les lois nationales. Cette omission est d’autant plus surprenante que les
différentes constitutions gabonaises ont, de 1961 à 1990, toujours placé les traités
au-dessus des lois dans la hiérarchie des normes nationales.
Les règlements des assemblées – Au même niveau que les lois organiques se
trouvent les règlements des assemblées, c’est-à-dire les textes qui organisent
l’assemblée nationale et le sénat. Comme les lois organiques, ces textes ont une
valeur constitutionnelle.
Les lois ordinaires et les règlements autonomes - Par lois ordinaires, on
entend la loi au sens formel, les lois référendaires, les décisions du président
prises en vertu de l’article 26, les ordonnances prises en vertu de l’article 52.
Quant aux règlements autonomes, ils sont pris en application de l’article 51 de la
constitution.
La base de la pyramide - Au bas de la pyramide, on retrouve les règlements
d’application des lois ainsi que les arrêtés. Ces textes visent respectivement à
Le contrôle a priori est obligatoire pour les lois organiques et les traités, il est en
revanche facultatif pour les lois ordinaires.
Dès lors que les conditions sont remplies, le juge doit surseoir à statuer et
transmettre à la Cour constitutionnelle le dossier dans lequel figure les
prétentions des parties relativement à l’exception d’inconstitutionnalité.
Applications - C’est dans cette optique que les traités intégrateurs contiennent
le principe de l’application obligatoire du droit dérivé. Ce caractère obligatoire
est fondé sur la supranationalité de la législation supranationale. Dans quatre
arrêts rendus entre 2001 et 2002 (CCJA, arrêt n° 2 du 11 octobre 2001, Juris
OHADA n° 1/02, p. 24 ; arrêt n° 3 du 10 janvier 2002, Juris OHADA n°2/02, p.
23 ; arrêt n° 12 et 13 du 18 avril 2002, Juris OHADA n° 3/02, p. 3 et 10 ; arrêt
n° 18 du 27 juin 2002, Juris OHADA n° 41021, p. 52), la CCJA a clairement
affirmé, en application de l’article 10 du traité, ce caractère obligatoire qui induit
la suprématie de la législation supranationale sur le droit interne des pays
membres.
Le droit positif gabonais - Les juges gabonais doivent, selon les cas, appliquer
le droit interne, le droit international et le droit de l’intégration OAPI, CEMAC,
CIMA et OHADA. C’est l’ensemble de ces règles qui constitue le droit positif
gabonais que tout justiciable peut invoquer devant le juge ordinaire, qu’il
s’agisse du juge judiciaire ou du juge administratif.
Dualité – La loi est applicable dans le temps (I) et dans l’espace (II).
Notion d’application de la loi dans le temps - Quand une loi en vigueur est
abrogée par une loi nouvelle, il faut déterminer le domaine d’application dans le
temps des deux lois successives. Autrement dit, on se pose la question de savoir
quels faits, quels actes seront effectivement régis par la loi ancienne et la loi
nouvelle. Il s’agit, lorsque deux lois se succèdent de prévenir et, le cas échéant,
résoudre le problème du conflit de lois qui peut survenir.
Droit transitoire - La question peut être tranchée par la loi nouvelle elle-même
qui détermine, dans les dispositions transitoires, sa date d’application.
Exemple de droit transitoire : article 374, alinéa 1, du code civil issu de la loi
du 29 septembre 1972.
1 : L’énoncé du principe
Notion d’exception - Les exceptions signifient que dans certains cas, la loi
nouvelle est rétroactive. La loi nouvelle s’applique à la création, à l’extinction
et aux effets déjà passés des situations juridiques antérieures à son entrée en
vigueur.
Les lois rétroactives - Le législateur peut donc voter des lois rétroactives, s’il
en manifeste expressément la volonté. Autrement dit, une loi ne peut être
rétroactive que si le législateur l’a expressément prévu.
Les lois interprétatives - La première est prévue par l’article 16, alinéa 2, du
code civil. En vertu de ce texte, les lois interprétatives ont par elles-mêmes un
effet rétroactif. On sait qu’une loi est interprétative quand elle précise le sens
d’une loi antérieure obscure. Ce caractère interprétatif de la loi doit clairement
être posé par le législateur qui précise qu’il s’agit d’une loi interprétative. Dans
Le sens du principe - Quand une loi nouvelle entre en vigueur, elle s’applique
aux faits et actes postérieurs à sa publication. Ce principe de l’effet immédiat de
la loi nouvelle est confirmé par l’article 17 du code civil selon lequel une loi
nouvelle ne modifie ni les conditions d’établissement d’une situation juridique
antérieurement créée, ni les conditions d’extinction d’une situation juridique
antérieurement éteinte. Elle ne modifie pas non plus les effets produits par une
Section 2 : La coutume
§1 : La notion de coutume
Un usage ancien - En premier lieu, l’usage doit être ancien, même si son début
ne peut être daté avec précision. Pour mettre en évidence l’ancienneté de
l’usage, on a ainsi coutume de dire qu’il est pratiqué par le corps social depuis
des temps immémoriaux.
Un usage notoire - Enfin, l’usage doit être notoire, ce qui signifie qu’il doit être
connu de tout le corps social ou, à tout le moins, de la majorité du corps social.
Cette condition d’existence de l’usage pose le problème de la connaissance et de
la preuve de la coutume.
A : Les usages
Notion d’usage - Les usages sont des coutumes populaires qui peuvent être
locaux, professionnels ou conventionnels.
Les usages locaux - Les usages locaux sont ceux qui existent dans une région
ou une ville particulière. Les usages locaux se rapprochent des usages
professionnels qui ont court dans une profession donnée. Ils régissent les
rapports entre les membres de cette profession. les usages professionnels sont
assimilables aux pratiques que l’on observe particulièrement en droit
commercial. Parmi les usages professionnels, on peut en effet citer les usages en
matière commerciale, en matière de contrats internationaux.
B : Les adages
Définition de l’adage - Les adages sont des coutumes anciennes conçues par la
doctrine pour donner corps à des règles de droit coutumières. C’est dans cette
optique que Loysel a rédigé les Institutes coutumières dans lesquelles les règles
Adages repris dans une loi – Certains adages accèdent au rang de véritable
règle de droit lorsqu’ils sont repris dans une loi. Tel est le cas de l’adage « en
fait de meuble la possession vaut titre » qui est repris in extenso par l’article
2279 du code civil ancien.
Les adages non repris dans une loi – D’autres adages sont des règles de droit
alors qu’ils ne sont repris dans aucune loi. C’est parce qu’ils sont obligatoires
que sont censurées les décisions des juges du fond qui ne les respectent pas.
Rareté des coutumes praeter legem - Les coutumes praeter legem sont rares
car les questions qui soulèvent des difficultés sont très vite saisies par le
législateur. Cependant, lorsqu’elles existent, ces coutumes sont considérées
comme une source autonome de droit venant combler les lacunes de la loi.
Renvoi express - Lorsque le renvoi est exprès, la coutume s’applique sans que
les justiciables aient manifesté leur volonté. Tel est par exemple le cas des
articles 645 (utilisation des eaux par les propriétaires riverains), 663 (hauteur des
clôtures) et 671 (distance à observer entre les plantations et les clôtures) du code
civil ancien qui renvoient à l’application des usages locaux en matière de
servitudes.
Illustration en droit civil - En matière contractuelle, l’article 1135 du code civil
ancien déclare que « les conventions obligent non seulement à ce qui y est
exprimé, mais encore à toutes les suites que l’équité, l’usage ou la loi donnent à
l’obligation d’après sa nature ». Il en est encore ainsi de l’article 1159 qui
commande au juge d’interpréter ce qui est ambigu « par ce qui est d’usage dans
le pays où le contrat est passé ».
Renvoi indirect - Le renvoi à la coutume peut aussi être indirect. Dans ce cas, la
coutume a un rôle supplétif.
Domaine de la coutume contra legem - Il est admis que la coutume puisse être
contraire à une loi interprétative ou supplétive de la volonté des parties. Dans ce
cas, en effet, les parties peuvent écarter l’application de la loi.
Illustration - Ainsi en est-il du don manuel qui est valable en l’absence de l’acte
notarié qu’exige l’article 931 du code civil ancien ou de la solidarité présumée
entre les codébiteurs commerciaux contrairement à l’article 1202 du code civil
ancien.
Dualité des sources – Il existe deux sources interprétatives de la loi qui sont la
jurisprudence (section 1) et la doctrine (section 2).
Section 1 : La jurisprudence
Application d’une loi claire - Lorsque la loi est claire le juge a pour unique
mission de l’appliquer, sans avoir à l’interpréter. Cette application consiste à régler
le litige en se fondant sur la règle de droit telle qu’elle a été votée par le législateur.
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Le juge n’est pas autorisé à s’écarter de la loi mais plutôt à la respecter. Ce faisant,
il respecte le principe de la séparation des pouvoirs consacré par la constitution
gabonaise qui fait du pouvoir législatif qui seul est habilité à prévoir des règles
générales et impersonnelles applicables à l’ensemble du corps social. Dans le
même ordre d’idées, en interdisant au juge de rendre des décisions applicables à
tous, on respecte la nature des pouvoirs qui doit appliquer la loi votée par le
parlement.
Une décision inter partes - Ainsi, le juge ne peut, à l’occasion du règlement des
litiges, édicter de type règle générales et impersonnelles. D’ailleurs, la décision que
rend le juge à l’occasion de tel ou tel litige ne s’applique qu’aux parties aux litiges.
Elle vaut inter partes et non erga omnes. Admettre le contraire reviendrait, à partir
du règlement d’une situation particulière, à édicter une règle générale applicable à
tous. La prohibition des arrêts de règlement (A) et la relativité de la chose jugée (B)
permettent de rendre compte de cette délimitation des pouvoirs du juge dans sa
fonction contentieuse.
La jurisdictio - Certes, lorsqu’ils sont saisis d’un litige, les juges exercent la
jurisdictio qui les oblige à régler le litige en appliquant une règle de droit. Ainsi,
si la décision des juges s’impose dans un litige particulier, c’est moins au regard
de l’autorité qui leur est conférée que de l’argumentation qu’ils utilisent pour
convaincre les parties du bienfondé de leur décision et de la justice d’une
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manière générale. La jurisdictio explique que les décisions de justice
contiennent obligatoirement deux éléments. D’une part, les motifs de la décision
qui contiennent les propositions générales et abstraites. D’autre part, une
conclusion dans laquelle apparait la décision du juge qui énonce une norme
individuelle applicable au cas qui lui est soumis. L’analyse combinée des motifs
et du dispositif explique la décision des juges et révèle les fonctions de la
prohibition (1) dont le non-respect est par ailleurs sanctionné (2).
Si l’article 8, alinéa 4, du code civil interdit aux juges, dans l’exercice de leur
fonction contentieuse, de trancher les litiges qui leur sont soumis par voie de
disposition générale et réglementaire, a fortiori leur est-il interdit de rendre des
arrêts de règlement proprio motu, c’est-à-dire de créer, en dehors des litiges qui
leur sont soumis de telles dispositions. En d’autres termes, les juges ne peuvent
prendre une décision si un litige ne leur a pas été soumis. Toute décision prise en
dehors d’un litige ne respecte pas le principe fondamental du contradictoire, ce
qui rapproche cette décision plus du champ de compétence du législateur que
des juges.
En réalité, ce que l’article 8, alinéa 4, du code civil interdit aux juges c’est de
régler le litige qui leur est soumis en édictant une règle qui s’impose pour
l’avenir et de ne pas motiver leur décision en rapport avec les faits dont il a été
saisi.
On observera que l’article 8, alinéa 4, du code civil vise les juges et non le juge.
Il en résulte que le principe de l’interdiction est applicable non pas au juge pris
individuellement mais au corps judiciaire, c’est-à-dire à l’ensemble des juges (Y
compris le juge constitutionnel, ce qui justifie sa jurisprudence sur la supériorité
des traités sur les lois nationales).
Sanction pénale - La sanction pénale est prévue par l’article 132-1 du code
pénal qui punit de la destitution et, éventuellement, d’une amende maximum de
F CFA de 1 000 000 « les juges, les magistrats du ministère public, les officiers
de police qui se seront immiscés dans l’exercice du pouvoir législatif, (…) par
des règlements contenant des dispositions législative… ». Quant à l’article 132-
2 du code pénal, il punit des mêmes peines « les juges, les magistrats du
ministère public, les officiers de police judiciaire qui auraient excédé leur
pouvoir en s’immisçant dans les matières attribuées aux autorités
administratives, (…) en faisant des règlements sur ces matières ». La sanction
Sanction civile - Outre la responsabilité pénale, les décisions des juges violant
la prohibition des arrêts de règlement sont susceptibles de cassation, selon les
cas, devant la Cour de cassation nationale ou la Cour Commune de Justice et
d’Arbitrage (CCJA). Ces voies de recours sont exercées par le justiciable qui
souhaite obtenir le respect de l’article 8, alinéa 4, du code civil.
A : L’obligation de juger
La sanction pénale - Le juge qui ne respecte pas l’obligation qui lui est faite de
juger encourt une sanction pénale prévue par l’article 133 du code pénal. Selon
ce texte, « tout juge ou tribunal qui, sous quelque prétexte que ce soit, même du
silence ou de l’obscurité de la loi, aura dénié de rendre la justice qu’il doit aux
parties après en avoir été requis, et qui aura persévéré dans son déni après
avertissement ou injonction de ses supérieurs, sera puni d’une amende de 24 000
Notes de cours d’introduction à l’étude du droit et théorie générale du droit.
Pr Etienne NSIE, Agrégé de droit privé. FDSE – UOB/2023-2024. Reproduction et diffusion interdites
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à 240 000 francs et de l’interdiction de l’exercice des fonctions publiques de
cinq à vingt ans ».
Dans le principe, la décision rendue par un juge, même s’il s’agit d’une
juridiction supérieure, ne s’impose pas aux autres juges. Toutefois, lorsqu’il est
saisi par un justiciable, le juge peut rechercher dans la jurisprudence les
décisions rendues dans des affaires similaires. Il pourra s’inspirer de la
jurisprudence antérieure, surtout si elle émane de la cour de cassation, de la
chambre mixte ou, en droit OHADA, de la CCJA. En général, ce travail
d’identification de la jurisprudence est l’œuvre des avocats qui vont aiguillonner
le juge en citant des décisions de justice fréquemment rendues dans le même
sens et au sujet d’affaires similaires.
II : La hiérarchie judiciaire
L’arrêt de rejet - Un arrêt de rejet est un arrêt par lequel la Cour de cassation
rejette les prétentions du demandeur au pourvoi en approuvant l’interprétation
de la règle de droit faite par la juridiction dont la décision a été attaquée. L’arrêt
de rejet est rarement investi d’une grande portée. Il en est particulièrement ainsi
lorsque la Cour de cassation se réfère « au pouvoir souverain des juges du
fond ». La Cour signifie alors qu’elle refuse de connaître du problème. L’arrêt
de rejet est alors un arrêt d’espèce, sans grande portée. En général il n’inspire
pas le juge appelé à se prononcer sur une affaire similaire.
Arrêt de cassation - En général, ce sont les arrêts de cassation qui ont une
portée particulière. Ces arrêts commencent par un chapeau dans l’attendu
liminaire qui comporte une formulation en termes généraux et abstraits. Pour
dégager la portée d’un tel arrêt, il faut examiner l’interprétation que la Cour
donne aux textes visés dans le chapeau. Cette interprétation pourra servir
d’aiguillon aux juridictions du fond dans des affaires similaires.
Section 2 : La doctrine
§1 : L’opinion doctrinale
§2 : L’autorité de la doctrine
Le savoir doctrinal – Même si elle n’est pas une source de droit, la doctrine
représente une opinion savante émise sur la règle de droit. La doctrine détient
un savoir juridique incontesté parce qu’elle emporte la conviction des lecteurs,
des profanes ou des autres professionnels du droit.
La doctrine n’est pas une source de droit - Il en résulte que malgré son
autorité, la doctrine n’est pas une source de droit. Ses opinions, quoique
savantes, ne lient ni le législateur ni le juge. Les opinions doctrinales ne peuvent
avoir un caractère obligatoire.