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Les TIC, remède au « mal d’écrire »?

Simon Collin et Thierry Karsenti

Les technologies de l'information et de la communication (TIC) offrent un potentiel

prometteur pour soutenir le développement de la compétence à écrire des élèves, selon
diverses études. Ces technologies ont été étudiées sous plusieurs angles, révélant leur
impact sur la motivation, le processus d'écriture, le produit final de l'écriture et l'accès
à des ressources pour soutenir l'apprentissage de l'écriture.

Motivation à écrire : La motivation des élèves joue un rôle crucial dans leur capacité à
écrire. Des recherches telles que celles menées par Rogers et Graham (2008) ont
montré que les TIC peuvent influencer positivement la motivation des élèves à écrire,
grâce à leur caractère interactif et engageant par rapport aux méthodes traditionnelles.

Processus d'écriture : Les TIC permettent de "délinéariser" le processus d'écriture en

offrant des outils qui intègrent des fonctions de planification, de rédaction et de révision
plus variées et moins cloisonnées (Anis, 1998). Cela donne aux élèves la possibilité de
gérer toutes les phases de l'écriture simultanément, ce qui peut rendre le processus plus
flexible et adaptable à leurs besoins individuels.

Produit de l'écriture : Des études telles que celles de Goldberg, Russell et Cook (2003)
et de Rogers et Graham (2008) ont montré que l'utilisation des TIC peut avoir un
impact significatif sur la quantité et la qualité de l'écriture des élèves. Les TIC offrent
un potentiel itératif, interactif et social dans les activités d'écriture, ce qui peut être
moins présent avec les méthodes traditionnelles d'écriture sur papier et crayon.

Accès à des ressources : Les TIC offrent aux élèves un accès facilité à une variété de
ressources pour soutenir leur compétence à écrire, telles que des dictionnaires, des
grammaires en ligne, des tutoriels et des logiciels éducatifs. Ces ressources permettent
aux élèves d'alimenter leur réflexion, de répondre à leurs questionnements et d'acquérir
des stratégies d'écriture plus efficaces tout au long du processus d'écriture.

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En conclusion, les TIC présentent un fort potentiel pour soutenir le développement de la
compétence à écrire des élèves en offrant des possibilités d'engagement, de flexibilité et
d'accès à des ressources variées.

L'aspect de la motivation des élèves est un élément crucial lorsqu'il s'agit d'enseigner et
d'apprendre l'écriture. Voici quelques points supplémentaires sur la façon dont les
technologies de l'information et de la communication (TIC) peuvent influencer la
motivation des élèves à écrire :

Interactivité et engagement : Les TIC offrent souvent des environnements interactifs et

engageants qui captent l'attention des élèves. Par exemple, l'utilisation de logiciels de
traitement de texte avec des fonctionnalités de mise en forme avancées, d'insertion
d'images et de sons peut rendre le processus d'écriture plus stimulant et intéressant pour
les élèves.

Personnalisation : Les TIC permettent une plus grande personnalisation de

l'apprentissage. Les élèves peuvent choisir des sujets qui les intéressent ou des styles
d'écriture qui leur conviennent, ce qui peut accroître leur motivation intrinsèque à écrire.

Feedback immédiat : Les TIC permettent souvent aux élèves de recevoir un feedback
immédiat sur leur travail, que ce soit à travers des correcteurs orthographiques
automatiques, des suggestions de révision ou des commentaires de pairs en ligne. Ce
feedback rapide peut aider les élèves à voir rapidement leurs progrès et à rester motivés.

Collaboration et partage : Les TIC facilitent la collaboration et le partage du travail

d'écriture entre les élèves. Les projets d'écriture collaborative en ligne, tels que les wikis
ou les Google Docs, permettent aux élèves de travailler ensemble sur des documents en
temps réel, ce qui peut renforcer leur motivation à écrire et à contribuer au travail du
groupe.

Récompenses et suivi : Certaines plateformes et applications utilisent des systèmes de

récompenses et de suivi pour encourager les élèves à écrire régulièrement. Par exemple,
les élèves peuvent gagner des points ou des badges pour atteindre certains objectifs
d'écriture, ce qui peut les motiver à s'engager davantage dans le processus d'écriture.

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 Dans l'ensemble, les TIC offrent un large éventail d'outils et de possibilités pour rendre
l'écriture plus motivante et engageante pour les élèves, ce qui peut avoir un impact positif
sur leur apprentissage et leur développement en écriture.

Méthodologie
L'étude en cours, menée dans une école située dans un milieu socioéconomique défavorisé
et soutenue par le Programme de soutien à l'école montréalaise, vise à évaluer l'impact des
technologies de l'information et de la communication (TIC) sur le développement de la
compétence à écrire des élèves. Cette étude bénéficie d'un équipement exceptionnel, avec
chaque élève des classes de 5e, 6e année et "difficultés graves d'apprentissage" (DGA)
ayant un ordinateur portable MacBook, permettant une utilisation quotidienne sans
restriction de temps ni besoin de réserver un local informatique.

La collecte des données se déroule à trois moments durant l'année scolaire, avec des
entrevues individuelles menées auprès des enseignants des trois classes pour recueillir
leurs perceptions sur l'impact des TIC sur l'apprentissage de l'écriture par leurs élèves. Les
entrevues sont ensuite analysées de manière thématique pour identifier les principaux
thèmes.

Les résultats obtenus indiquent que les enseignants perçoivent positivement l'apport des
TIC dans le développement de la compétence à écrire des élèves. Ils notent des progrès
significatifs en termes de vocabulaire, d'orthographe et éventuellement de syntaxe, ainsi
qu'une amélioration générale de la qualité des travaux écrits des élèves.

Quatre types de soutien offerts par les TIC semblent expliquer cette amélioration :

 Accès facile à une multitude de ressources en français, telles que des dictionnaires
en ligne, des dictionnaires de synonymes, etc., disponibles à partir de l'ordinateur
portable.
 Le traitement de texte comme support d'écriture flexible, permettant d'ajouter, de
modifier et de corriger le texte sans altérer sa lisibilité.
 L'utilisation des correcteurs automatiques intégrés aux logiciels de traitement de
texte, qui soulignent les fautes et incitent les élèves à les corriger.
 Une plus grande motivation des élèves à écrire, résultant de l'utilisation des TIC.
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Les enseignants observent également que le soutien apporté par les TIC semble amener les
élèves à développer des stratégies d'écriture qu'ils peuvent réinvestir dans d'autres
contextes non technologiques. Cependant, la durabilité de ce transfert de stratégies reste
incertaine.

En somme, les résultats suggèrent que les TIC jouent un rôle positif dans le
développement de la compétence à écrire des élèves, en offrant un accès facilité à des
ressources, un support d'écriture flexible, des outils de correction et une motivation
accrue.

Malgré les progrès observés par les enseignants chez leurs élèves en matière d'écriture du
français grâce aux technologies de l'information et de la communication (TIC), il est
important de reconnaître que l'apport des TIC présente également des limites. Par
exemple, les correcteurs automatiques ne sont pas toujours fiables pour détecter les erreurs
de syntaxe, ce qui peut conduire les élèves à croire à tort que leur texte est exempt de
fautes. De plus, ces outils peuvent parfois "brider" la réflexion des élèves en leur offrant
une assistance excessive dans la correction des fautes, ce qui peut entraîner une
dépendance à ces outils plutôt que de favoriser une réflexion autonome.

L'utilisation des correcteurs automatiques peut donc avoir des effets contradictoires :
tandis que certains élèves développent un esprit critique face à ce type de soutien, d'autres
peuvent devenir dépendants de ces outils. De plus, l'amélioration globale de la qualité du
français varie d'un élève à l'autre, soulignant ainsi que les retombées des TIC ne sont pas
uniformes et dépendent largement de la manière dont les enseignants les utilisent.

En conclusion, les résultats des entrevues individuelles avec les enseignants soulignent un
apport positif des TIC dans le développement de la compétence à écrire des élèves du
primaire, notamment en facilitant l'accès à des ressources en français, en offrant un
support d'écriture flexible et en stimulant la motivation des élèves. Cependant, ces
résultats doivent être nuancés, car certains outils tels que les correcteurs automatiques
peuvent présenter des limitations et des effets indésirables sur la réflexion des élèves.
L'étude se poursuivra pour approfondir ces résultats en analysant des données
complémentaires, telles que des observations en classe et des questionnaires élèves, afin

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de mieux comprendre comment utiliser efficacement les TIC pour soutenir le
développement de la compétence à écrire des élèves du primaire

Références bibliographiques
ANIS, J. Texte et ordinateur – L’écriture réinventée?, Bruxelles, DeBoeck, 1998.
DEPOVER, C. T. KARSENTI et V. KOMIS. Enseigner avec les technologies. Favoriser
les apprentissages, développer des compétences, Québec, Presses de l’Université du
Québec, 2007.
GOLDBERG, A., M. RUSSELL et A. COOK. « The effect of computers on student
writing: A meta-analysis of studies from 1992 to 2002 »,

Journal of Technology, Learning, and Assessment, vol. 2, no 1, 2003.

HAYES, J. R. « Un nouveau modèle du processus d’écriture », dans J.-Y. BOYER, J.-P.
DIONNE et P. RAYMOND (dir.), La production de textes : vers un modèle
d’enseignement de l’écriture, Montréal, Éditions Logiques, 1995.
MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION DU QUÉBEC. Programme d’indicateurs du rendement
scolaire du conseil des ministres de l’éducation (Canada) –Résultats obtenus par les élèves
du Québec aux épreuves de lecture et d’écriture de 2002, Québec, 2003.
MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION, DU LOISIR ET DU SPORT. Mieux soutenir le
développement de la compétence à écrire - Rapport du Comité d’experts sur
l’apprentissage de l’écriture, Québec, 2008.
ROGERS, L. A. et S. GRAHAM. « A meta-analysis of single subject design writing
intervention research », Journal of Educational Psychology, vol. 100, no 4, 2008, p. 879-
906.
WERQUIN, P. Littératie : bien plus que des paroles, L’observateur OCDE, no 251, 2005.

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