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La pleine conscience : une nouvelle technique thérapeutique pour les TDAH?

Conference Paper · October 2017

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Déborah Innocent Mutel

Paul Sabatier University - Toulouse III
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Les Entretiens La pleine conscience : une nouvelle technique
de
Psychomotricité thérapeutique pour les enfants TDAH ?
2017
D. Innocent Mutel*
* Institut de Formation en Psychomotricité de Toulouse, Université Toulouse III, UPS, 133 Route de Narbonne – 31400 Toulouse
RÉSUMÉ
Le TDAH se manifeste par des difficultés de régulation com-
portementale, émotionnelle et des troubles attentionnels
qui entravent sévèrement la réussite scolaire et l’adaptation
sociale des enfants et des adolescents qui en sont porteurs.
La pleine conscience est une technique de méditation laïque
utilisée dans le champ psychothérapeutique qui consiste à
porter son attention délibérément sur le moment présent,
sans jugement de valeur. Sa pratique améliore la régulation
attentionnelle et émotionnelle. Des recherches récentes
montrent que des programmes de pleine conscience adap-
tés à la problématique des TDAH adressés aux enfants et
même conjointement aux enfants et à leurs parents se
montrent efficaces pour diminuer la symptomatologie
propre à ce trouble. Il semble que cette thérapeutique soit
un nouvel outil particulièrement intéressant pour le psycho-
motricien, dans la prise en charge du TDAH.‌‌‌
MOTS-CLÉS
TDAH, troubles attentionnels, dysrégulation émotionnelle,
méditation de pleine conscience
Introduction
Le trouble déficitaire de l’attention / hyperactivité (TDAH) est un
des troubles neurodéveloppementaux les plus fréquemment
rencontrés par le psychomotricien dans sa pratique clinique en
pédopsychiatrie ou en exercice libéral. Pour remédier aux
troubles externalisés et internalisés propres à cette pathologie,
le psychomotricien dispose de techniques cognitives dont l’effi-
cacité à court terme est prouvée mais pour lesquelles des pro-
blèmes de généralisation et d‘effets à long terme persistent. En
plus de la symptomatologie classiquement répertoriée dans
cette population, que sont les troubles attentionnels, exécutifs
et les difficultés de régulation comportementale, les problèmes
de régulation émotionnelle doivent aujourd’hui aussi être pris
en considération. Il semblerait que la méditation de pleine
conscience, qui s’adresse autant à l’auto-régulation attention-
nelle qu’émotionnelle soit une piste thérapeutique intéressante
au regard de son aspect global et multidimensionnel.‌
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Psychomotricité W
Caractéristiques cliniques du TDAH
Les dysfonctionnements attentionnels et exécutifs
Le TDAH touche 5 % des enfants d’âge scolaire. Il est caracté-
risé par des troubles attentionnels, de l’hyperactivité et/ou de
l’impulsivité dont l’expression clinique, l’intensité et le retentis-
sement évoluent avec l’âge [1]. L’inattention est le symptôme le
plus permanent. Présent dès 6 ans, il perdure la plupart du
temps à l’adolescence et à l’âge adulte et son retentissement
est important notamment à l’école. Il se caractérise par un
déficit d’attention soutenue, d’attention sélective et d’atten-
tion partagée. Le défaut d’attention soutenue provoque des
fluctuations de l’attention dans le temps, des ruptures atten-
tionnelles et une dégradation attentionnelle dans la durée qui
se manifeste par de nombreux décrochages au cours d’une
activité, des erreurs d’étourderie, des oublis de consignes et
des difficultés à terminer une tâche. Le trouble de l’attention
sélective empêche l’enfant de focaliser son attention sur un
objet donné et de sélectionner les informations pertinentes
pour la tâche en cours. En conséquence, l’enfant TDAH se
montre parasité par les stimulations de l’environnement
(bruits, mouvements…) et distractible.
À l’adolescence, l’hyperactivité tend à diminuer tandis que
l’inattention devient souvent plus invalidante. On observe
alors de la négligence, des oublis fréquents, des problèmes
d’organisation, un fort penchant pour la procrastination et un
évitement des activités qui requièrent une attention prolongée
dans le temps. L’impulsivité pousse, quant à elle, l’enfant à
agir sans calculer. Elle se manifeste sur le plan, moteur, verbal
mais aussi cognitif. Ainsi, l’enfant TDAH peut se montrer
brusque dans ses gestes sans le vouloir. Impatient, il veut tout
obtenir, tout de suite. Il s’impose dans les jeux, dans les
conversations, il coupe la parole, répond avant la fin de la
question. Il se précipite pour résoudre un problème sans avoir
lu l’énoncé jusqu’au bout [1].
En plus de ces troubles caractéristiques, la plupart des enfants
TDAH présentent des déficits exécutifs. Ces derniers ont été
largement documentés [2]. Les fonctions exécutives font réfé-
rence à une variété de processus cognitifs nécessaires à l’ac-
complissement de comportements orientés vers un but. Parmi
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elles citons : la mémoire de travail, l’inhibition de la réponse
motrice, le contrôle de l’interférence, la flexibilité mentale et
la planification de l’action. Pour Barkley [3], le déficit d’inhibi-
tion et de contrôle de l’impulsivité motrice est au cœur du
TDAH. Il serait responsable d’interférences dans la mémoire de
travail et dans la planification et l’organisation des actions.
La dysrégulation émotionnelle : un autre facteur central
de la problématique du TDAH
À côté de la triade symptomatologique classique, de nom-
breuses études mettent en évidence la présence de difficultés
de régulation émotionnelle chez les enfants et les adultes
TDAH. Ainsi, la communauté scientifique avance aujourd’hui
l’idée selon laquelle la dysrégulation émotionnelle serait une
caractéristique centrale du TDAH et qu’elle contribuerait de
façon importante aux difficultés fonctionnelles de ces
patients [4,5]. Même si certains auteurs ont cru au départ que
ces symptômes étaient secondaires aux troubles des fonctions
exécutives, on pense aujourd’hui que la dysrégulation émo-
tionnelle est une composante indépendante dans la sympto-
matologie du TDAH [6]. La régulation émotionnelle est un pro-
cessus fondamental par lequel les individus modulent leurs
états émotionnels internes afin de présenter un comportement
socialement adapté ou d’atteindre leurs objectifs personnels [6].
Selon Gottman et Katz [4], la régulation émotionnelle comprend
deux étapes. En premier lieu, l’individu inhibe les comporte-
ments inadaptés en réaction à des émotions positives ou néga-
tives fortes. Ensuite, il met en place des actions régulées qui
incluent l’apaisement de l’excitation physiologique liée à l’af-
fect, le redéploiement de l’attention loin de l’événement
déclencheur, la réduction de l’émotion initiale et enfin l’expres-
sion de l’émotion régulée. La dysrégulation émotionnelle appa-
raît quand un individu est incapable de moduler correctement
son état émotionnel et de mettre en place un comportement
régulé et adapté aux demandes extérieures ou internes.‌
De nombreuses études montrent aujourd’hui une forte préva-
lence de dysrégulation émotionnelle chez les enfants TDAH
comparé aux enfants normo-typiques. Une méta-analyse
récente de 77 études portant sur le sujet a permis d’identifier
les deux domaines les plus touchés chez ces patients [7]. En
premier lieu, c’est un problème de labilité émotionnelle, de
forte réactivité aux émotions positives et négatives ainsi
qu’une forte négativité émotionnelle qui est associée de
manière très importante au trouble (taille d’effet : d = .95).
Cela s’exprime par des symptômes comme de l’irritabilité et
de l’agressivité, un tempérament « chaud », une faible tolé-
rance à la frustration, et des débordements émotionnels fré-
quents comme de soudaines crises de colère et des manifesta-
tions brusques de tristesse [8]. Ensuite, c’est la difficulté à
réguler ses émotions qui est fortement présente chez les
jeunes TDAH (d = .80). Ces patients éprouvent donc des diffi-
cultés à répondre de manière flexible à leur réactivité émotion-
nelle, en réduisant l’intensité de l’expression émotionnelle lié
à l’événement ou bien en générant et en soutenant des émo-
tions lorsque c’est nécessaire [7]. Ainsi, les enfants TDAH pré-
sentent des scores plus élevés à l’échelle du contrôle émotion-
nel de la BRIEF où l’on trouve des items comme « pleure
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facilement », « est facilement agacé », « a des réactions
démesurées face à des petits problèmes » [6]. D’autres études
reposant aussi sur des questionnaires parentaux montrent que
les enfants TDAH manifestent plus souvent et plus intensé-
ment de la tristesse, de la colère, de la culpabilité, et des com-
portements d’agression verbale et physique, que les enfants
sans TDAH. Cette dysrégulation émotionnelle semble donc
bien présente chez nos patients mais pas chez tous et à des
degrés divers. L’étude de Sobanski et coll. [8] réalisée auprès de
1 186 sujets TDAH mixtes et 1 827 frères et sœurs sains âgés
de 6 à 18 ans montre ainsi qu’un degré de labilité émotionnel
significatif (> 1,5 ET) est présent chez beaucoup d’enfants et
d’adolescents TDAH combinés mais pas tous. Parmi eux, 25 %
des enfants TDAH présentaient des symptômes de labilité
émotionnelle importants et ils étaient associés à une plus
grande sévérité des symptômes centraux du TDAH particuliè-
rement l’hyperactivité et l’impulsivité mais aussi à des symp-
tômes psychopathologiques de type Trouble oppositionnel
avec provocation, trouble affectif et abus de substance. Pour
50 % d’entre eux, la labilité émotionnelle était moyenne. Enfin
les 25 % d’enfants TDAH restant présentaient des symptômes
de labilité émotionnelle comparables à ceux du groupe témoin.
Ainsi, il semble avéré que les enfants et adolescents TDAH
manifestent plus souvent et/ou de manière plus intense des
émotions négatives mais également positives et qu’ils ont du
mal à les réguler. Cette donnée est fondamentale pour les
praticiens que nous sommes puisqu’elle nous oblige à envisa-
ger la prise en charge de ce trouble de façon différente, à
savoir ne plus viser uniquement les aspects « froids » du fonc-
tionnement cognitif et moteur de nos jeunes patients TDAH
mais à cibler aussi lors de nos prises en charge les problèmes
de régulation émotionnelle.
La méditation de pleine conscience (Mindfulness) :
description et modalités d‘action
La pleine conscience (PC) ou « Mindfulness » est une thérapeu-
tique basée sur des techniques de méditation orientale, laïcisées
et introduites dans le champ de la médecine dans les années 90
par Jon Kabat-Zinn et Steven Segal. Elle consiste à focaliser son
attention sur le moment présent, valorise les attitudes d’obser-
vation sans jugement, et vise à réduire les modes de réponses
automatiques [9]. La méditation de PC a été codifiée via des pro-
tocoles thérapeutiques dont les plus connus sont le Mindfulness
Based Stress Reduction (MBSR) [10] et le Mindfulness Based
Cognitive Therapy (MBCT) [11]. Le MBSR s’adresse aux douleurs
chroniques et aux pathologies liées au stress. Le MBCT, qui
intègre des éléments de thérapie cognitive, a été créé en pre-
mier lieu pour diminuer la rechute dépressive puis adapté pour
traiter d’autres psychopathologies comme les troubles des
conduites alimentaires ou les addictions. Il faut préciser que
tous les programmes de PC suivent des protocoles similaires et
demandent un engagement actif des participants. Ces derniers,
en plus des séances hebdomadaires de groupe d’une durée de
2 heures et 30 minutes, doivent pratiquer quotidiennement des
méditations formelles et informelles pendant 45 min. à 1 heure
30 minutes et ce, pendant les 8 semaines du protocole. Ces
programmes thérapeutiques ont aujourd’hui largement prouvé
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leur efficacité chez l’adulte pour traiter une variété de pro-
blèmes psychologiques et spécialement pour réduire l’anxiété,
la dépression et le stress [12]. Les recherches sur l’application de
ces méthodes thérapeutiques dans le TDAH sont débutantes
mais au vu des bénéfices de la pratique de la PC sur l’auto-
régulation attentionnelle et émotionnelle, il semble que la
méditation de pleine conscience soit une technique promet-
teuse. Mais que se passe-t-il lorsque nous méditons ? Et quels
sont les mécanismes à l’œuvre ?‌‌
Lors de la pratique méditative primaire (méditation assise ou
marchée), deux types d’attention sont développées : l’attention
focalisée et l’attention réceptive. L’attention focalisée est entraî-
née via la fait de diriger son l’attention vers un stimulus sensoriel
particulier, tout en essayant de remarquer l’apparition de dis-
tracteurs et de les éloigner pour réorienter son attention à nou-
veau sur le point d’ancrage. Cette séquence est répétée maintes
fois au cours d’une méditation. Un exemple de cette pratique
est la méditation du souffle, où le participant s’entraîne à focali-
ser son attention et à la maintenir sur sa respiration toute la
durée de l’exercice. Des consignes explicites sont données lors
de l’entraînement pour que le sujet prenne conscience des
moments où sa pensée s’évade et pour rediriger son attention
sur le souffle. Cette pratique développe l’attention soutenue et
diminue la distractibilité. Lorsque l’attention focalisée est suffi-
samment stabilisée par cette pratique primaire, l’attention récep-
tive est introduite et développée. Cette attention ouverte inclut
l’observation de son expérience moment après moment, c’est-à-
dire l’observation de ses pensées, ses émotions, ses sensations
corporelles au moment où elles surviennent. Lors de cette pra-
tique, l’attention est étendue à tous les champs de la conscience.
Cela implique d’être ouvert à tous les stimuli qui émergent sur le
moment plutôt que d’être focalisé sur un objet attentionnel pré-
cis. Ce type de méditation améliore la flexibilité mentale, c’est-à-
dire la capacité à orienter son attention d’un stimulus à l’autre.
De plus, en dirigeant leur attention vers l’expérience présente,
les sujets apprennent à identifier et à se défaire de leurs réac-
tions automatiques. Ainsi, l’entraînement de l’attention récep-
tive permet d’améliorer l’auto-régulation et de diminuer les
comportements impulsifs [13].‌‌‌
Pleine conscience et attention
On imagine bien qu’en améliorant l’attention, la pleine
conscience pourrait être une thérapeutique intéressante pour
nos patients TDAH. Des recherches récentes se sont intéressées
aux effets de la méditation de pleine conscience sur les fonc-
tions attentionnelles. Jha et son équipe [14] ont montré dès
2007 que la pratique régulière de la pleine conscience avait un
impact sur l’attention et ses sous-systèmes. En comparant les
capacités attentionnelles d’un groupe de sujets naïfs avant et
après un programme de MBSR avec un groupe de méditants
chevronnés avant et après une retraite méditative de 1 mois et
un groupe contrôle ne bénéficiant d’aucune prise en charge, ils
observent des différences manifestes à liées à la pratique entre
les groupes. Dès le départ, le groupe de méditants réguliers
montre de meilleures capacités d’attention sélective que tous
les autres. Ensuite, les individus bénéficiant du programme
MBSR montrent une amélioration significative de leur attention
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Psychomotricité W
sélective par rapport au groupe contrôle. Par la suite, d’autres
études ont confirmé que la pratique de la méditation de pleine
conscience permettait de diminuer la distractibilité et de
d’améliorer les capacités d’attention.‌
Chez les enfants, des études attestent également du bénéfice
de la méditation de PC sur les fonctions attentionnelles et exé-
cutives. L’équipe de Flook en 2010 [15] a observé l’effet d’un
protocole de pleine conscience sur les fonctions exécutives de
64 enfants de 7 à 9 ans scolarisés par rapport à un groupe
contrôle. Les enfants ont suivi le programme MAP (Mindful
Awareness Practices), 2 fois par semaine à l’école pendant
8 semaines. L’analyse des résultats aux questionnaires de la
BRIEF parents et enseignants, avant et après le protocole, a
montré une amélioration significative des fonctions exécutives
des enfants qui avaient les scores les plus bas avant l’entraîne-
ment à la PC. Les parents comme les enseignants de ces
enfants ont rapporté une amélioration significative au niveau
de la régulation comportementale, de la métacognition et du
fonctionnement exécutif global. Ces résultats indiquent que la
méditation de pleine conscience est d’autant plus efficace
chez les enfants les plus en difficulté. On peut donc présager
que nos patients TDAH devraient bénéficier de cette théra-
peutique.
Pleine conscience et régulation émotionnelle
Lors des protocoles de PC, les patients apprennent à observer
leurs états émotionnels comme étant des phénomènes passa-
gers et temporaires. Ils sont également amenés à développer
des attitudes comme l’acceptation de l’expérience, la non-réac-
tivité, la persévérance et la bienveillance envers soi-même. Tout
ceci est à même de faciliter la régulation émotionnelle et d’aider
les patients à résister aux passages à l’acte impulsifs en réaction
à des débordements émotionnels. Un grand nombre d’études
démontrent aujourd’hui que la PC permet une amélioration de
la régulation émotionnelle. Ainsi, Ortner et coll. [16] montrent
qu’après un programme de PC, les sujets se montrent moins
sensibles à l’interférence émotionnelle comparés à des sujets
ayant suivi un protocole de relaxation. D’autres études
observent des effets tels qu’une diminution des états émotion-
nels négatifs et une amélioration des états émotionnels posi-
tifs [17]. Des études physiologiques démontrent également que la
méditation de PC permet une baisse de la réactivité émotion-
nelle [18]. Plusieurs processus permettraient d’expliquer l’effet de
la PC sur la régulation des émotions et des impulsions. En pre-
mier lieu, selon Hill et Updegraff [19], ce serait une meilleure dif-
férenciation des émotions induite par la pratique méditative qui
serait responsable de la diminution de la labilité émotionnelle.
De plus, pour Christophe André, le développement d’un meil-
leur discernement de notre fonctionnement intérieur ainsi que
le basculement de la réaction vers la réponse en pleine
conscience permettraient la diminution des impulsions.‌‌
Efficacité de la méditation de pleine conscience
‌chez les TDAH
L’utilisation de la PC chez les patients TDAH est récente. En
2008, Zylowska et coll. [20] ont réalisé une étude de faisabilité
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avec un protocole de PC adapté pour des adolescents et des
adultes TDAH. 8 adolescents et 24 adultes TDAH sans comor-
bidité ont bénéficié d’un entraînement à la PC pendant
8 semaines avec des exercices à réaliser à la maison entre les
séances. Le protocole MAP a été utilisé et adapté à la problé-
matique des TDAH : des temps de psychoéducation ont été
ajoutés, les temps de méditation assise étaient plus courts
qu’à l’ordinaire, la méditation marchée a été substituée à la
méditation debout, les exercices de pleine conscience dans la
vie quotidienne ont été renforcés et des aides visuelles didac-
tiques ont été ajoutées pour expliquer les concepts, enfin des
méditations d’apprentissage de la bienveillance ont été ajou-
tées pour cibler les problèmes d’estime de soi propres à cette
pathologie. Plusieurs mesures ont été réalisées avant et après
le protocole : un auto-questionnaire de TDAH (ADHD rating
scale), une échelle d’anxiété et de dépression, l’Attention
network test, le test de Stroop, le Trail Making Test et un test
de mémoire de travail. Les résultats obtenus sont prometteurs
car 78 % des participants ont montré une amélioration signi-
ficative des critères de l’échelle de TDAH (> 30 %), au Trail
Making Test, au test de Stroop et à la tâche de gestion de
conflit du test attentionnel. De plus, chez les adultes une dimi-
nution des symptômes anxio-dépressifs a été notée. Les
auteurs concluent qu’il est tout à fait possible de proposer un
programme de PC à des TDAH si celui-ci est adapté.
Néanmoins, on peut déplorer l’absence d’un groupe contrôle
qui aurait permis d’attribuer de façon spécifique ces améliora-
tions à la méditation de PC. Mitchell et coll. [21] ont complété
les manques de cette étude en proposant le même pro-
gramme à 11 TDAH adultes et ont comparé leurs perfor-
mances pré et post intervention avec un groupe de TDAH
contrôle. Ils ont ainsi montré une amélioration supérieure à
30 % de la symptomatologie inattentive et hyperactive pour
63,6 % des sujets du groupe PC contre 0 % pour le groupe
n’ayant pas bénéficié du programme ainsi qu’une plus grande
utilisation de stratégies de régulation émotionnelle (p = .002).
Chez l’enfant et l’adolescent, on recense également des
études intéressantes. Carboni et coll. [22] ont évalué les effets
d’un entraînement à la PC sur le comportement en classe de
4 garçons de 8 ans TDAH. Une ligne de base observationnelle
a été utilisée où la fréquence de l’engagement des enfants sur
les tâches scolaires était notée : ainsi les temps d’engagement
scolaires actifs (écriture, lecture, travail avec un camarade…)
étaient distingués des temps d’engagement passif (où l’enfant
assiste passivement à un travail donné). Une fois le recueil réa-
lisé, l’entraînement à la PC de type MBSR pour enfants (adap-
tée aux TDAH) a débuté. Au final, tous les garçons ont montré
une amélioration significative de leur engagement actif dans
le travail scolaire ; leurs parents et enseignants ont noté une
diminution significative des comportements hyperactifs
(échelle BASC 2) mais pas de modification concernant les
comportements inattentifs. L’étude de Haydicky et coll. [23] a,
quant à elle, démontré les effets positifs de la PC chez des
adolescents TDAH porteurs de troubles des apprentissages et
de troubles anxieux co-morbides sur les comportements exter-
nalisés, les troubles oppositionnels, les difficultés sociales et
l’anxiété. Toutes ces études cliniques montrent que la
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méditation de PC est une thérapeutique tout à fait applicable
à l’enfant et à l’adolescent TDAH, qu’elle est bien acceptée et
qu’elle se montre efficace pour toute une gamme de difficul-
tés éprouvées par ces jeunes. Il reste néanmoins des interroga-
tions sur les effets à plus long terme.
D’autres études proposent des thérapies ciblées conjointe-
ment sur les enfants TDAH et leurs parents. Elles partent du
constat que dans les familles d’enfants TDAH, la relation
parents/enfants est souvent sévèrement perturbée du fait des
symptômes comportementaux des enfants mais aussi par des
attitudes éducatives inadaptées des parents. Citons l’étude
pilote hollandaise de Van der Oord et coll. [24] qui avait pour
but d’évaluer les effets d’un programme d’entraînement à la
pleine conscience chez des enfants TDAH âgés de 8 à 12 ans
et leurs parents sur un certain nombre de variables. Chez les
enfants : les symptômes d’inattention, d’hyperactivité/impulsi-
vité et les troubles oppositionnels ont été mesuré avant l’en-
traînement à la PC, à la fin du programme et 8 semaines
après. Chez les parents, les symptômes TDAH, le niveau de
stress, le degré d’hyper-réactivité et de permissivité ont été
relevés. Les enseignants ont également renseigné les symp-
tômes TDAH et oppositionnels des enfants. Ces différentes
mesures ont été comparées à celles réalisées au sein d’un
groupe contrôle composé d’enfants TDAH et de leurs parents
ne bénéficiant d’aucune prise en charge. Le protocole théra-
peutique s’est déroulé sur 8 semaines avec des sessions heb-
domadaires de groupe de 90 minutes. Chaque groupe étant
constitué de 4 à 6 enfants/parents. Les séances des enfants et
des parents se déroulaient en parallèle, encadrées chacune par
deux thérapeutes. Les séances des parents comme des enfants
étaient inspirés des protocoles de MBCT et de MBSR mais
adaptées à la problématique des TDAH et de leurs parents.
Ainsi, les parents se sont vus proposer des séances d’éduca-
tion parentale à la pleine conscience consistant à porter de
l’attention à leur enfant et à son éducation d’une façon parti-
culière. Pendant les séances, ils apprenaient à être présent
intentionnellement, ici et maintenant avec leur enfant, sans les
juger. Ils apprenaient à accepter les difficultés de leur enfant
et à répondre aux problèmes de comportements plutôt qu’à y
réagir. Enfin, en pratiquant des méditations quotidiennes, les
parents ont appris à prendre soin d’eux. Quant aux enfants, ils
ont été amenés à focaliser et améliorer leur attention et leur
régulation émotionnelle en pratiquant des exercices de pleine
conscience en séance et à la maison. On leur apprenait égale-
ment à utiliser la méditation dans des situations difficiles. Pour
améliorer la motivation des enfants, leur implication et leur
compliance, une économie de jetons a été instaurée. Par ail-
leurs, les sessions étaient très structurées (programme de
séance, même organisation temporelle, règles de groupe).
Quelques séances ont été partagées avec les parents. À la fin
du suivi, on a observé une réduction significative des symp-
tômes d’inattention, d’hyperactivité et d’impulsivité des
enfants à l’échelle DBDRS remplie par les parents (p < .01)
juste après le suivi mais aussi 8 semaines après l’arrêt des ses-
sions de pleine conscience par rapport au groupe contrôle. Du
côté des symptômes parentaux, une réduction significative de
l’inattention, de l’hyperactivité / impulsivité est observée à
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l’échelle ARS (p < .01) ainsi que du stress à l’index de stress
parental (p < .01). On note également une diminution signifi-
cative des comportements d’hyper-réactivité. Par contre, sur
les questionnaires enseignants, il n’apparaît pas de différence
significative au niveau des symptômes TDAH chez les enfants
excepté une baisse des comportements inattentifs. Dans cette
étude, on peut regretter le peu de généralisation de la tech-
nique au milieu scolaire, mais aussi le fait qu’il n’y ait pas eu
de comparaison avec des groupes d’enfants seuls ou de
parents seuls destinataires de la thérapie.
D’autres études vont dans le même sens. Ainsi une autre équipe
hollandaise [25] a confirmé l’efficacité d’un entraînement à la
pleine conscience sur les problèmes de comportement et le
fonctionnement attentionnel d’un groupe d’adolescents TDAH
via le programme MYmind adressé aux adolescents et à leurs
parents. Après le suivi, les parents, les enseignants et les adoles-
cents eux-mêmes ont rapporté une réduction significative des
difficultés attentionnelles et des troubles du comportement
mais aussi une amélioration du fonctionnement exécutif. Il a été
observé également une amélioration significative aux tests d’at-
tention. Les pères ont rapporté un stress éducatif moindre après
le suivi et les mères se montraient moins réactives dans leurs
réponses éducatives. Sur le plan longitudinal, les effets se sont
renforcés à 8 semaines du suivi mais ont décliné à 16 semaines.
Au final, même si le nombre d’études sur le sujet reste restreint
et que l’efficacité sur le long terme reste à prouver, les résultats
positifs obtenus dans toutes ces études sur la symptomatologie
des enfants comme des parents nous laisse penser que la pleine
conscience est une technique tout à fait pertinente et efficace
dans le traitement des symptômes TDAH mais aussi pour apai-
ser les relations parents/enfants.‌‌
Implications pour la pratique psychomotrice et conclusion‌‌‌‌
Pour les psychomotriciens que nous sommes, la méditation de
PC semble tout à fait appropriée aux difficultés globales des
enfants et des adolescents TDAH que nous soignons. En plus
d’une autorégulation attentionnelle et émotionnelle, cette
technique amène l’enfant à s’accepter tel qu’il est, permettant
ainsi le rétablissant de l’estime de soi. Elle semble particulière-
ment efficace chez les adolescents et chez les sujets porteurs
de troubles comorbides au TDAH. On peut également la
concevoir comme un moyen d’apaiser la relation parent/
enfant au sein de la population d’hyperactifs au même titre
que d’autres types de guidance parentale que dispensent les
psychomotriciens.
En termes pratiques, l’étude de la littérature nous montre qu’il
faut utiliser des protocoles adaptés à la symptomatologie des
TDAH comme la MAP ou le MYMind qui sont plus souples en
termes de durée de pratique et donnent plus de place aux
méditations debout et informelles. Des aménagements
doivent également être prévus (économie de jetons, structura-
tion des séances…) pour majorer la motivation et l’observance
des patients durant les protocoles et donc les chances de réus-
site. Enfin, proposer de la méditation de PC comme technique
thérapeutique implique l’obligation pour le psychomotricien
de lui-même pratiquer la PC et de s’y former.
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Psychomotricité W
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© Les Entretiens de Bichat 2017 - 5
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Questions à choix multiples

1. Les enfants TDAH présentent les difficultés suivantes :
a) Des troubles de l’attention
b) Une dysrégulation émotionnelle
c) Une maladresse
2. La pratique de la méditation de pleine conscience permet :
a) D’améliorer les capacités attentionnelles
b) De mieux réguler ses émotions
c) De diminuer les troubles du comportement
Réponses : 1. a), b) – 2. a), b), c)

Absence de liens d’intérêts déclarés par l’intervenant

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