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Article

o Author : Emmanuel Gaillard


o About Author : Professeur à l'Université Paris XII ; associé, Shearman & Sterling LLP, Paris ;
responsable du département Arbitrage international de Shearman & Sterling LLP 1.
o Published in: Special Supplement 2003: L'arbitrage complexe : questions de procédure
o Reference page : 37
o Publication date : 2003
o Published title : Jonction de procédures arbitrale et judiciaire
o Keywords : [Procedure] [Consolidation] [Multiparty arbitration] [Procédure] [Jonction] [Arbitrage
multipartite]
o Language : French
o Related doc(s) : See below

Jonction de procédures arbitrale et judiciaire


Table of Contents

I. Cas dans lesquels la question de la jonction d'une procédure arbitrale et d'une procédure
judiciaire peut se poser
II. Avantages et inconvénients de la jonction
III. Le consentement des parties, condition essentielle de la jonction
IV. Méthodes de jonction des procédures arbitrale et judiciaire
A. Jonction en une procédure judiciaire unique
B. Jonction en un arbitrage unique
V. Conclusion

Dans le contexte de l'arbitrage international, les études relatives aux procédures connexes
ou parallèles ne portent que très rarement sur l'éventuelle jonction d'une procédure judiciaire
et d'une procédure arbitrale. Les questions abordées se limitent en général à la jonction de
différentes procédures arbitrales, d'une part, ou de différentes procédures judiciaires, d'autre
part. La situation de procédures connexes portées devant un tribunal arbitral et un juge
étatique n'est normalement évoquée que lorsque les parties à ces deux procédures sont
identiques, lors de l'analyse de l'applicabilité du principe de litispendance en matière
d'arbitrage international 2.

Nous examinerons, dans le présent article, la possibilité et l'opportunité de procéder à une


jonction d'une procédure arbitrale et d'une procédure judiciaire. Une telle jonction dépend
entièrement, et nul ne s'en étonnera, de la volonté commune des parties en cause, la
convention des parties demeurant tant le fondement que, parfois, en cas d'affaires
multipartites, l'inconvénient de l'arbitrage international.

I. Cas dans lesquels la question de la jonction d'une procédure


arbitrale et d'une procédure judiciaire peut se poser
Un certain nombre de situations peuvent éventuellement se prêter à la jonction de
procédures connexes. La première est celle dans laquelle les prétentions du demandeur,
qu'elles visent un ou plusieurs défendeurs, sont fondées sur des faits identiques ou similaires
mais sont, pour certaines, couvertes par une convention d'arbitrage et, pour d'autres,
soumises à la compétence d'une juridiction étatique 3. La question de l'opportunité d'une
jonction de procédures se posera également lorsque le défendeur aura lui-même, que ce soit
devant le juge ou devant l'arbitre, des demandes à former à l'encontre de tiers. L'exemple
type de telles demandes « croisées » se rencontre dans des affaires où le demandeur met en
cause différents codéfendeurs et que ceux-ci ont eux-mêmes des revendications les uns à
l'encontre des autres. La question se pose également dans des affaires n'opposant qu'un
demandeur et un défendeur, lorsque ce dernier a déposé contre des tierces parties des
demandes qu'il souhaiterait voir intégrées dans la même procédure.

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Une telle situation est fréquente dans de grands projets internationaux de construction ou
industriels, qui englobent souvent, outre le contrat initial entre le maître de l'ouvrage et
l'entrepreneur principal, toute une série de contrats [Page38:] d'application tels que des
contrats de sous-traitance entre l'entrepreneur principal et des sous-entrepreneurs, des
accords entre le maître de l'ouvrage et des consultants ou concepteurs, des accords relatifs
aux droits de propriété intellectuelle, des contrats avec les banques et les investisseurs sur le
financement du projet ainsi que des polices d'assurance indépendantes 4. Il n'est pas rare
que le contrat principal comporte une clause compromissoire et les accords connexes une
convention d'arbitrage différente ou une clause attributive de compétence. Des litiges qui
peuvent porter sur des faits ou des questions de droit très proches, si ce n'est identiques,
risquent par conséquent d'être soumis à différents tribunaux arbitraux ou à un tribunal
arbitral et un juge étatique 5.

La jonction de procédures est également envisageable lorsque deux parties ont conclu entre
elles plusieurs contrats comprenant différentes clauses d'arbitrage et/ou attributives de
compétence 6.

Dans nombre de ces situations la question de la jonction de l'action en justice et de


l'arbitrage ne se pose même pas et l'on verra plutôt les parties s'opposer sur la compétence
du tribunal arbitral ou du juge, sans s'interroger sur une possible jonction 7. Les avantages
inhérents à une telle démarche pourraient cependant les conduire à reconsidérer cette
position.

II. Avantages et inconvénients de la jonction


L'argument qui milite le plus fortement en faveur de la jonction d'affaires connexes est le
risque de décisions divergentes, voire inconciliables, dans des procédures conduites
séparément, tant en ce qui concerne les faits en cause que l'application de la loi compétente
8
. Ce danger est plus important encore dans l'arbitrage international que devant les
tribunaux étatiques, car le contrôle exercé par les juges nationaux sur la sentence arbitrale,
que ce soit dans le contexte d'une demande en annulation ou en exécution, ne portera
généralement pas sur le bien-fondé de l'analyse des faits ou du droit par le tribunal arbitral
9
. La jonction de procédures connexes peut en outre améliorer l'efficacité procédurale et la «
bonne administration de la justice », en économisant du temps et de l'argent aux parties et
10
notamment en permettant de coordonner l'établissement de la preuve .

La jonction de procédures connexes est cependant loin de toujours constituer la réponse


idéale aux problèmes que peuvent poser des différends internationaux complexes. Le
regroupement d'arbitrages impliquant plus de deux parties peut entraîner de multiples
difficultés procédurales, dont la moindre n'est pas la nécessité de traiter toutes les parties
sur un pied d'égalité lors de la constitution du tribunal arbitral 11. L'administration
d'arbitrages impliquant plusieurs parties [Page39:] peut en outre s'avérer problématique,
notamment du fait que la plupart des règles nationales de procédure civile sont, de même
que les règlements internationaux d'arbitrage, conçues pour des affaires bipartites. Ménager
à trois parties ou plus la possibilité de commenter leurs écritures réciproques peut
considérablement ralentir le traitement du dossier et accroître le risque de tactiques
dilatoires. Dans l'arbitrage multipartite, assurer le respect de l'équité de la procédure tout en
évitant de longs délais exige par conséquent des règles claires, ainsi que des arbitres
12
particulièrement expérimentés en la matière .

La jonction de procédures connexes soulèvera sans doute aussi des difficultés en ce qui
concerne des renseignements confidentiels, secrets commerciaux, données relatives à la
propriété intellectuelle, savoir-faire, marges de frais et informations financières plus
générales, qui risquent d'être portés à la connaissance de parties auxquelles on ne les
divulgue généralement pas 13. Cette entorse à la confidentialité devrait cependant rester
limitée, puisque les informations fournies par le conduit de l'arbitrage ne peuvent être
14
divulguées à des fins sans rapport avec la procédure .

Il a par ailleurs été souligné que la jonction pouvait entraîner une répartition inéquitable de
la charge des honoraires, avec, pour le tiers, le risque d'avoir à débourser, à l'occasion de la
procédure jointe, plus qu'il ne l'aurait fait dans le cas d'une procédure séparée plus limitée,
ou inversement 15. Si ce résultat semble relativement facile à éviter grâce à un partage
individualisé des honoraires décidé par le tribunal arbitral, un autre argument pourrait
s'opposer à la jonction : l'une des parties en cause pourrait, en effet, ne souhaiter qu'une
sentence sur un point particulier à propos duquel les faits sont établis. Avec une procédure
séparée portant seulement sur ce point, elle serait susceptible d'obtenir rapidement une

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sentence, alors qu'une procédure jointe impliquant l'examen d'autres questions


éventuellement plus complexes risque de prendre beaucoup plus de temps. Dans cette
situation, la jonction des procédures pourrait effectivement impliquer des frais
16
supplémentaires plutôt que des économies, au moins pour l'une des parties .

En réalité, l'opportunité de la jonction de différentes procédures ne peut être évaluée qu'au


cas par cas. La décision est toujours difficile, d'autant qu'elle ne peut souvent être prise
qu'une fois les différends cristallisés et les positions des parties en cause, ainsi que leurs
17
stratégies procédurales, clairement dessinées .

III. Le consentement des parties, condition essentielle de la


jonction
La principale question que soulève l'analyse de la jonction de procédures connexes est celle
de savoir qui peut décider de cette jonction. Le juge doit-il pouvoir l'ordonner, l'arbitre (ou,
selon le cas, l'institution arbitrale concernée) doit-il être autorisé à en décider, ou seules les
parties sont-elles en droit de décider de joindre les procédures ?

Dans quelques très rares hypothèses, les lois nationales prévoient, dans certaines
circonstances, la jonction d'une procédure judiciaire et d'une procédure arbitrale. En vertu du
décret colombien de 1989 sur l'arbitrage 18, par exemple, toute convention d'arbitrage entre
deux parties est caduque si le différend peut avoir une incidence sur un tiers et si ce tiers
refuse de participer à l'arbitrage. Dans ce [Page40:] cas, en application de l'article 30 du
décret, le tribunal arbitral doit inviter le tiers et les parties à adhérer à la convention
d'arbitrage, sous peine de nullité de cette dernière. La procédure d'arbitrage se trouve alors
effectivement jointe à toute procédure judiciaire connexe, malgré l'absence d'accord de
toutes les parties sur ce point.

Cette disposition a manifestement pour objet de résoudre les difficultés découlant de


l'impossibilité de porter des différends connexes devant un même juge lorsque la convention
d'arbitrage n'a pas été acceptée par toutes les parties concernées. Le législateur colombien,
dans sa tentative de régler le problème, a cependant totalement méconnu les fondements
mêmes du droit de l'arbitrage international. La disposition est manifestement dangereuse
pour l'arbitrage et se prête à tous les abus.

De tels abus pourraient par exemple se produire en cas de différend entre un entrepreneur
étranger et un maître de l'ouvrage colombien à propos d'un projet de construction exécuté
en Colombie avec l'aide de sous-entrepreneurs locaux. Ces derniers, peu enclins à accepter
une convention d'arbitrage, pourraient insister pour que leurs différends soient tranchés par
les tribunaux locaux. Dans ces conditions, le décret colombien autorise toute partie à la
clause compromissoire du contrat de construction principal à se soustraire à l'arbitrage. Qu'il
s'agisse de la partie colombienne ou de son cocontractant, il lui suffit de faire valoir qu'une
sentence devrait être opposable aux sous-entrepreneurs colombiens et que, puisque ces
derniers refusent de prendre part à l'arbitrage, la clause compromissoire doit être déclarée
nulle.

Ainsi que Fernando Mantilla-Serrano l'a souligné très justement 19, l'article 30 de ce décret
tend à ignorer le fondement contractuel de l'arbitrage en rendant un tiers non signataire de
la convention d'arbitrage maître de sa validité. Les parties au contrat principal n'ont en outre
aucun moyen de s'opposer à l'intervention de tiers dans la procédure arbitrale.

Si le décret colombien offre un exemple particulièrement frappant de position défavorable à


l'arbitrage, il n'est pas le seul texte de loi prévoyant la jonction de procédures connexes ou
l'extension de l'instance en cours à des tiers intéressés. Des dispositions de ce type ne
figurent certes ni dans la plupart des lois nationales sur l'arbitrage ni dans la loi type de la
CNUDCI sur l'arbitrage commercial international, mais de telles dispositions n'en existent pas
moins dans un certain nombre de lois 20. Certains législateurs ont simplement adopté une
solution destinée à prévaloir en l'absence de convention contraire des parties et autorisant la
jonction des procédures arbitrales connexes sur ordonnance du juge national, sous réserve
du consentement de toutes les parties intéressées 21. Cette mesure évite que le juge puisse
exercer son pouvoir pour contraindre les parties en cause à joindre leurs instances contre
22
leur gré. D'autres lois nationales comme celles des Pays-Bas ou, jusqu'à une époque
récente, de Hong Kong 23 et la jurisprudence [Page41:] des Etats-Unis 24, permettent ou ont
permis une jonction de diverses procédures arbitrales par décision de justice, sans le
consentement de toutes les parties intéressées. Ces dispositions ne s'appliquent cependant
pas à la jonction d'une procédure arbitrale et d'une procédure judiciaire.

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En dépit de ces quelques dispositions permettant au juge d'ordonner la jonction d'arbitrages


ayant leur siège dans un pays dont la loi l'autorise, il importe de noter qu'aucune législation
autre que le décret colombien, ne permet, à notre connaissance, de joindre sans le
consentement de toutes les parties une action en justice et une procédure arbitrale
connexes.

IV. Méthodes de jonction des procédures arbitrale et judiciaire


Bien que les parties puissent être réticentes à y consentir pour des considérations
stratégiques 25, la jonction de procédures arbitrale et judiciaire n'est pas exclue en pratique.
Logiquement, deux types de jonctions de procédures arbitrale et judiciaire distinctes peuvent
être envisagés : les parties peuvent convenir de les joindre en une procédure judiciaire
unique ou en un arbitrage unique.

A. Jonction en une procédure judiciaire unique

Lorsque les parties à différentes procédures sont d'accord pour que leurs différends soient
tranchés à l'occasion d'une seule procédure judiciaire, elles doivent renoncer à leur
convention d'arbitrage, porter le différend visé devant la juridiction déjà saisie du litige
connexe et demander la jonction des procédures devant celle-ci.

(1) Consentement des parties à renoncer à leur(s) convention(s) d'arbitrage

L'arbitrage supposant, par définition, que les parties soient convenues de régler leurs
différends par ce moyen, ces dernières sont libres de renoncer à leur engagement de
soumettre leurs différends à l'arbitrage pour les porter devant une juridiction étatique. Une
26
telle renonciation peut être explicite ou implicite .

Il peut par exemple y avoir renonciation tacite à une convention d'arbitrage lorsqu'un
27
demandeur engage une action en justice au fond ou qu'un défendeur dépose une défense
28
au fond sans contester la compétence du juge . De même, une demande reconventionnelle
faite devant une juridiction étatique peut être [Page42:] réputée constituer une renonciation à
la convention d'arbitrage pour ce qui concerne cette demande reconventionnelle 29. Un autre
exemple de renonciation tacite est fourni par un arrêt rendu en 1987 par la cour d'appel de
Paris. Il s'agissait d'un différend concernant une série de contrats qui avaient tous été
conclus entre les mêmes parties mais dont l'un seulement contenait une clause
compromissoire, les autres stipulant la compétence du tribunal de commerce de Paris ou
d'un autre tribunal, non désigné. La cour d'appel de Paris, infirmant la décision du tribunal de
première instance, a considéré que « le fait d'avoir adopté - dans une série de conventions
pouvant donner naissance à un contentieux complexe aux composantes indissociables - ces
[clauses d'attribution de compétence] nouvelles ne peuvent au contraire être interprétées
[sic] que comme l'expression de la volonté des cocontractants de renoncer à la clause
compromissoire » 30. Ainsi, selon la cour d'appel, non seulement la clause compromissoire ne
couvrait pas les contrats ultérieurs des parties, mais ces dernières y avaient renoncé pour le
contrat même dans lequel elle avait été insérée.

Lorsque les parties s'accordent à renoncer à la convention d'arbitrage, le juge doit donner
effet à cette intention, comme il le ferait d'une clause d'attribution de compétence insérée
31
dans leur contrat. Il ne peut se déclarer incompétent d'office .

A l'inverse, il existe un certain nombre de situations dans lesquelles aucune renonciation à la


convention d'arbitrage ne peut être constatée. Ainsi, une partie ne renonce pas à une
convention d'arbitrage en ne demandant au juge que des mesures provisoires ou
conservatoires compatibles avec cette convention 32. Saisir un juge d'une demande
échappant à la compétence du tribunal arbitral, que ce soit parce que le sujet a été
expressément exclu par les parties de la convention d'arbitrage ou parce que le juge est seul
compétent en la matière, ne constitue pas non plus une renonciation tacite à la convention
d'arbitrage. De même, on ne saurait en principe interpréter le fait qu'une partie s'abstienne
de nommer un arbitre dans le délai stipulé par la convention d'arbitrage comme une
renonciation à cette convention 33. Enfin, si le demandeur refuse de payer la part des frais de
l'arbitrage incombant au défendeur, au cas où ce dernier refuserait de s'en acquitter, ce
refus peut constituer une renonciation à la demande d'arbitrage, si le règlement d'arbitrage
34
applicable le prévoit , mais ne s'analyse pas en une renonciation tacite à la convention
d'arbitrage.

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(2) Jonction de procédures judiciaires

La simple renonciation des parties à leur convention d'arbitrage n'entraîne cependant pas
automatiquement la jonction de la procédure arbitrale à une action connexe engagée devant
le juge. Pour qu'il y ait jonction, le juge saisi devra l'ordonner, en général à la demande de
l'une des parties. [Page43:]

La plupart des lois nationales contiennent des dispositions relatives à la jonction de


procédures connexes, dont l'objet est d'éviter des décisions inconciliables. En France, par
exemple, les instances civiles connexes peuvent être jointes en application de l'article 367 du
Nouveau Code de procédure civile, ou par la voie de l'exception de connexité prévue à
l'article 101 de ce même code 35. Aux Etats-Unis, les juges sont autorisés à ordonner la
jonction d'actions connexes en vertu de la règle 42(a) des Règles fédérales de procédure
civile. Des prescriptions similaires existent dans nombre de pays 36 et leur application permet
aux juridictions étatiques de joindre à une action en justice déjà engagée la procédure
résultant de la renonciation des parties à leur convention d'arbitrage.

B. Jonction en un arbitrage unique

Dans cette hypothèse, les parties à une procédure judiciaire en viennent à la conclusion que
leur différend devrait être réglé par voie d'arbitrage et que cette procédure devrait être
jointe à un autre arbitrage, connexe. Là encore, le consentement des parties est une
condition sine qua non de la jonction des procédures connexes en un seul arbitrage. En
l'absence d'accord des parties, toute sentence rendue conformément à la clause
compromissoire de l'un des contrats visés mais englobant des différends nés d'un autre
contrat pourra être contestée au motif que le tribunal arbitral se sera prononcé - du moins en
37
partie - en l'absence de convention d'arbitrage .

(1) Compromis des parties

Malgré l'inclusion d'une clause d'attribution de compétence dans leur contrat, les parties
peuvent à l'évidence convenir de régler leur différend par voie d'arbitrage, même après la
naissance du différend. Dans ce cas également, l'accord peut se faire de manière explicite,
sous forme de compromis, ou tacite.

Il arrive que le juge invite des parties qui ne sont pas liées par une clause compromissoire à
signer un compromis leur permettant de participer à une procédure arbitrale pendante sur
une question connexe. Ainsi par exemple, aux Etats-Unis, le tribunal de première instance du
district Sud de New York a décidé, dans un différend intéressant six entreprises japonaises et
américaines, dont certaines étaient liées par des contrats contenant des clauses
compromissoires et d'autres par des accords stipulant la compétence des tribunaux
nationaux, que l'action en justice serait suspendue « à condition que tous les défendeurs
consentent par écrit dans un délai de trente jours à se soumettre à la procédure arbitrale
38
pendante et à être liés par toute sentence rendue par les arbitres » .

L'accord tacite des parties peut se manifester, par exemple, par la signature de l'acte de
mission d'un arbitrage de la CCI 39. Il y a de même accord tacite quand un tiers invoque une
clause compromissoire par laquelle il n'est pas normalement lié afin de contester la
40
compétence du juge dans une action engagée contre ce tiers .

(2) Consentement des parties à la jonction de procédures arbitrales

La volonté commune des parties de voir régler leurs différends par voie d'arbitrage n'est pas
la seule condition de la jonction de procédures connexes. Toutes les parties intéressées
doivent en outre être d'accord pour joindre ces arbitrages connexes en une même procédure
arbitrale. [Page44:]

Un tel accord peut à l'évidence être expressément formulé 41. Dans l'affaire Sofidif par
exemple, le tribunal arbitral a suggéré aux parties de convenir explicitement d'étendre la
42
convention d'arbitrage à la demande visant entre eux les codéfendeurs .

En l'absence d'accord exprès sur la jonction, le tribunal arbitral devra se demander si les
parties sont tacitement convenues de joindre des procédures arbitrales connexes. L'intention
réelle des parties peut être difficile à appréhender, notamment dans les affaires où plusieurs

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contrats présentent des liens de connexité mais où seuls certains contiennent une clause
compromissoire. L'auteur du présent article ne partage pas le point de vue parfois exprimé
selon lequel la jonction de procédures est nécessairement conforme à la convention des
parties, puisque leur « objectif fondamental » doit être « un règlement prompt et équitable
de leurs différends » 43. On doit au contraire se demander, au cas par cas, si les parties sont
tacitement convenues que les différends nés de contrats connexes puissent être tranchés par
44
voie d'un arbitrage unique .

V. Conclusion
La jonction de procédures judiciaire et arbitrale connexes, bien que théoriquement
souhaitable dans certains cas, soulève nombre d'obstacles importants, tant de nature
conceptuelle que procédurale.

En raison du principe d'autonomie de la volonté, aucune jonction ne peut intervenir sans


l'accord de toutes les parties intéressées. Les inconvénients possibles de la jonction des
procédures, notamment en ce que cela suppose la méconnaissance de la volonté initiale des
parties, rendent inacceptable une intervention excessive du juge dans ce domaine. L'auteur
du présent article ne partage pas le point de vue selon lequel, au nom de la rationalisation
des procédures, le principe du respect des conventions devrait être tempéré par les
exigences d'une bonne administration de la justice 45. Le respect des conventions doit, dans
toute la mesure du possible, être assuré. Toute autre conclusion reviendrait à méconnaître le
fondement même de l'arbitrage international. La jonction ne peut donc intervenir que si les
parties en cause acceptent de régler leurs différends de la manière la plus rationnelle. Encore
faut-il pour cela qu'aucune considération de nature purement tactique ne les en dissuade.

1
L'auteur souhaite remercier Joachim Knoll, collaborateur de Shearman & Sterling LLP (Paris) au
sein du groupe arbitrage international, pour l'aide qu'il lui a apportée dans la préparation de cet
article.

2
Voir par ex. F. Perret, « Parallel Actions Pending before an Arbitral Tribunal and a State Court :
The Solution under Swiss Law » (2000) 16 Arbitration International 333 ; M.E. Schneider, «
Multi-Fora Disputes » (1990) 6 Arbitration International 101 ; J.F. Poudret et S. Besson, Droit
comparé de l'arbitrage international, Bruxelles, Bruylant / Paris, LGDJ / Zurich, Schulthess, 2002,
p. 438 et s.

3
Il en va ainsi, par exemple, lorsque l'exécution d'une obligation contractuelle est garantie par un
tiers et que le contrat principal contient une clause compromissoire tandis que la garantie
bancaire stipule la compétence des juridictions de l'Etat de la banque. Voir M.E. Schneider, supra
note 2, p. 103.

4
Voir par ex. F. Nicklisch, « Multi-Party Arbitration and Dispute Resolution in Major Industrial
Projects » (1994) 11 :4 J. Int. Arb. 57 ; M.E. Schneider, supra note 2 ; G. Bernini, « Arbitration
in Multi-Party Business Disputes » (1980) V Y.B. Comm. Arb. 291 ; H. Lloyd, « A National
Experience » dans Institut du droit et des pratiques des affaires internationales de la CCI, Multi-
Party Arbitration : Views from International Arbitration Specialists, Paris, ICC Publishing, 1991,
61 ; A. Redfern et M. Hunter, Law and Practice of International Commercial Arbitration, 3e éd.,
Londres, Sweet & Maxwell, 1999, p. 177 et s., avec une analyse de la décision de Lord Denning
dans l'affaire Abu Dhabi Gas Liquefaction Co. Ltd. c. Eastern Bechtel Corp., [1982] 2 Lloyd's Rep.
425.

5
Pour une analyse de l'un des principaux exemples de cette situation, voir le premier arbitrage du
Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI),
Holiday Inns/Occidental Petroleum c. The Government of Morocco, où le « contrat de base »
contenait une clause soumettant les différends à l'arbitrage conformément au règlement du
CIRDI, tandis que certains des contrats d'application tels que les contrats de prêt contenaient des
clauses valables attribuant la compétence en cas de litige aux juridictions locales marocaines.
Voir P. Lalive, « The First « World Bank » Arbitration (Holiday Inns c. Morocco) - Some Legal
Problems » (1980) 51 British Yearbook of International Law 123. Pour des exemples relatifs à des
litiges en matière de responsabilité du fait des produits, voir par ex. M.E. Schneider, supra note
2, p. 103. Voir aussi F. Nicklisch, supra note 4, p. 78 ; A. Redfern et M. Hunter, supra note 4, p.
178, pour des suggestions de solution dans des arbitrages relatifs aux produits de base et des
arbitrages maritimes.

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6
Pour une analyse détaillée d'affaires relatives à des contrats multiples entre deux mêmes parties,
voir P. Leboulanger, « Multi-Contract Arbitration » (1996) 13 :4 J. Int. Arb. 42.

7
Voir P. Lalive, supra note 5, p. 160.

8
Voir par ex. F. Nicklisch, supra note 4, p. 64 ; P. Leboulanger, supra note 6, p. 54 et s. Dans un
sens critique, voir M. Platte, « When Should an Arbitrator Join Cases? » (2002) 18 Arbitration
International 67 ; V.V. Veeder, « Multi-party disputes : Consolidation under English Law - The
Vimeira - a Sad Forensic Fable » (1986) 2 Arbitration International 310. Pour une analyse
détaillée des avantages et des inconvénients de la jonction en général, voir J.C. Chiu, «
Consolidation of Arbitral Proceedings and International Commercial Arbitration » (1990) 7 :2 J.
Int. Arb. 53.

9
Voir J.C. Chiu, supra note 8 ; P. Leboulanger, supra note 6, p. 63 et s.

10
Voir S. Jarvin, « Issues Relating to Consolidation » dans Institut du droit et des pratiques des
affaires internationales de la CCI, Multi-Party Arbitration : Views from International Arbitration
Specialists, Paris, ICC Publishing, 1991, 199 ; M.E. Schneider, supra note 2, p. 121 ; M. Platte,
supra note 8.

11
Sur cette question, voir Ph. Fouchard, E. Gaillard, B. Goldman, Traité de l'arbitrage commercial
international, Paris, Litec, 1996, § 792. Voir aussi par ex. E.A. Schwartz, « Multi-Party Arbitration
and the ICC - In the Wake of Dutco » (1993) 10 :3 J. Int. Arb. 5 ; S. Gravel, « Arbitrage
multipartite et pluralité d'arbitrages » (1996) 7 :2 Bull. CIArb. CCI 45 ; J.C. Chiu, supra note 8.

12
Voir par ex. H. van Houtte, « Due Process in Multi-Party Arbitration » dans Institut du droit et des
pratiques des affaires internationales de la CCI, Multi-Party Arbitration : Views from International
Arbitration Specialists, Paris, ICC Publishing, 1991, 189 ; F. Nicklisch, supra note 4, p. 68. Pour
un commentaire très critique sur l'efficacité de la jonction des procédures, voir D.T. Hascher, «
Consolidation of Arbitration by American Courts : Fostering or Hampering International
Arbitration ? » (1984) 1 J. Int. Arb. 127, pp. 136-137.

13
Voir F. Nicklisch, supra note 4, p. 69 ; P. Leboulanger, supra note 6, p. 64 et s.

14
Pour une analyse plus détaillée des questions de respect de la vie privée et de la confidentialité
dans les procédures jointes, voir par ex. M. Collins, « Privacy and Confidentiality in Arbitration
Proceedings » (1995) 11 Arbitration International 321 ; A. Diamond, « Multi-Party Arbitrations - A
Plea for a Pragmatic Piecemeal Solution » (1991) 7 Arbitration International 403, qui suggère de
ne pas élever « la vertu subsidiaire de la confidentialité au rang de vache sacrée ».

15
Voir par ex. J.C. Chiu, supra note 8.

16
Voir M. Platte, supra note 8 ; V.V. Veeder, supra note 8 ; D. St. John Sutton, J. Kendall et J. Gill,
Russell on Arbitration, 21e éd., Londres, Sweet & Maxwell, 1997, p. 106 ; M.E. Schneider, supra
note 2, p. 121, qui suggère qu'il peut être préférable, dans certains cas, de séparer des éléments
différents et clairement définis d'un litige afin d'inciter les parties à une éventuelle transaction
une fois qu'une décision aura été rendue dans l'une des procédures.

17
Voir P. Level, « La jonction de procédures, intervention de tiers et demandes additionnelles et
reconventionnelles » (1996) 7 :2 Bull. CIArb. CCI 36 ; M.F. Guarin, « International Approaches to
Court-Ordered Consolidation of Arbitral Proceedings » (1993) 4 The American Review of
International Arbitration 519, p. 520.

18
Pour une traduction en français de ce décret, voir Rev. arb. 1992.161.

19
Voir F. Mantilla-Serrano, « La nouvelle législation colombienne sur l'arbitrage », Rev. arb. 1992,
41, spéc. p. 54.

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20
Sur la jonction de procédures arbitrales connexes du point de vue du droit comparé, voir J.-F.
Bourque, Le réglement des litiges multipartites dans l'arbitrage commercial international, thèse,
université de Poitiers (France), 1989, p. 508 et s. ; I.I. Dore, Theory and Practice of Multiparty
Commercial Arbitration, Graham & Trotman/M. Nijhoff, 1990 ; P. Level, supra note 17 ; P.
Sanders, « Unity and Diversity in the Adoption of the Model Law » (1995) 11 Arbitration
International 1, spéc. p. 29.

21
Voir par ex. au Canada les lois sur l'arbitrage commercial international de certains territoires et
provinces de tradition de common law tels que l'Ontario et la Colombie britannique ; S. Jarvin, «
Canada's Determined Move Towards International Commercial Arbitration » (1986) 3 :3 J. Int.
Arb. 111 ; M.F. Guarin, supra note 17, p. 532 et s. ; P. Leboulanger, supra note 6, p. 58. Les lois
locales des Etats américains ayant adopté la loi type de la CNUDCI contiennent aussi typiquement
des dispositions sur la jonction des procédures arbitrales par le juge, aux conditions que celui-ci
estimera justes et nécessaires, lorsque toutes les parties en cause sont convenues de la lui
demander. Voir aussi l'article 35 de la loi anglaise sur l'arbitrage de 1996, qui n'autorise la
jonction de procédures arbitrales qu'avec l'accord exprès des parties. Voir A. Redfern et M.
Hunter, supra note 4, p. 181 ; M.F. Guarin, supra note 17, p. 526 et s. Pour une critique
judiciaire de l'absence de tout pouvoir légal, en Angleterre, d'ordonner la jonction de procédures
arbitrales séparées, voir The Vimeira (Aiden Shipping Co. Ltd. c. Interbulk Ltd.), [1984] 2 Lloyd's
Rep. 66. Voir aussi les articles 24-26 de la loi australienne sur l'arbitrage international.

22
Voir l'article 1046 du Code de procédure civile néerlandais promulgué le 1er décembre 1986. Pour
une analyse de cette disposition, voir J.J. van Haersolte-van Hof, « Consolidation Under the
English Arbitration Act 1996 : A View from the Netherlands » (1997) 13 Arbitration International
427 ; K.P. Berger, « International Economic Arbitration in Germany : A New Era » (1992) 8
Arbitration International 101, p. 111 ; M.F. Guarin, supra note 17, p. 533 ; G. Hermann, « Does
the World Need Additional Uniform Legislation on Arbitration ? The 1998 Freshfields Lecture
» (1999) 15 Arbitration International 211, qui souligne que l'article 1046 a été exclusivement
appliqué à des affaires internes.

23
L'article 6B(1) de l'ordonnance de Hong Kong de 1982 sur l'arbitrage qui, depuis l'adoption en
1996 de la loi type de la CNUDCI sur l'arbitrage international, ne s'applique plus qu'à l'arbitrage
interne, admet la jonction d'arbitrages connexes par décision de justice. Voir H.S. Miller, «
Consolidation in Hong Kong: the Shui On case » (1987) 3 Arbitration International 87 ; V.V.
Veeder, « Consolidation: More News from the Front-Line: The Second Shui On Case » (1987) 3
Arbitration International 262 (1987).

24
Voir Compania Espanole de Petroleos S.A. c. Nereus Shipping S.A., 527 F. 2d 966 (2d Cir. 1975).
Heureusement, cette jurisprudence a par la suite fait place à une position assez clairement
défavorable à la jonction de procédures arbitrales sur ordonnance du juge. Les juges américains
semblent à présent considérer de manière pratiquement unanime qu'ils n'ont pas, en l'absence
d'accord de toutes les parties intéressées, le pouvoir de joindre des arbitrages séparés. Voir
United Kingdom c. Boeing Co., 998 F.2d 68 (2d Cir. 1993), (1993) 8 :7 Mealey's International
Arbitration Report C1 ; North River Ins. Co. c. Philadelphia Reinsurance Corp., 856 F.Supp. 850
(S.D.N.Y. 1994). Pour des commentaires, voir R.E. Wallace Jr., « Consolidated Arbitration in the
United States : Recent Authority Requires Consent of the Parties » (1993) 10 :4 J. Int. Arb. 5 ;
H.M. McCormack, « Recent U.S. Legal Decisions on Arbitration Law » (1994) 11 :4 J. Int. Arb. 73,
p. 8 et s. ; W.M. Barron, « Court-ordered Consolidation of Arbitration Proceedings in the United
States » (1987) 4 :1 J. Int. Arb. 81-86 ; C. Stippl, « International Multi-Party Arbitration : The
Role of Party Autonomy » (1996) 7 The American Review of International Arbitration 47, p. 67 et
s. ; B. Hanotiau, « Problems Raised by Complex Arbitrations Involving Multiple Contracts-Parties-
Issues - An Analysis » (2001) 18 J. Int. Arb. 251, p. 333.

25
Voir par ex. P. Bernardini, « Examination of the Issues Involved in Drafting Arbitral Clauses »
dans Institut du droit et des pratiques des affaires internationales de la CCI, Multi-Party
Arbitration : Views from International Arbitration Specialists, Paris, ICC Publishing, 1991, 97.

26
Sur les différentes formes de renonciation, voir Ph. Fouchard, E. Gaillard, B. Goldman, supra note
11, § 736. Pour la situation de la jurisprudence américaine, voir H.M. McCormack, supra note 24,
p. 82 et s.

27
Voir par ex. Paris, 7 juillet 1994, Uzinexportimport Romanian Co. c. Attock Cement Co., Rev. arb.
1995.107, note S. Jarvin, (1995)10 :2 Mealey's International Arbitration Report D1, qui confirme
que l'on peut déduire la renonciation d'une partie à une convention d'arbitrage du fait qu'elle s'est

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adressée au juge, à condition que cette demande porte sur le fond du litige, ce qui fait qu'elle
aurait dû être soumise à l'arbitrage.

28
Voir par ex. en France, Cass. civ. 1re, 6 juin 1978, British Leyland International Services c.
Société d'Exploitation des Etablissements Richard, J.D.I. 1978.907, note B. Oppetit, Rev. arb.
1979.230, note P. Level. Aux Etats-Unis, voir par ex. Khalid Bin Alwaleed Found. c. E.F. Hutton
Inc., n° 88 C 5074, 1990 WL 17143 (N.D. Ill. 1 février 1990), (1991) XVI Y.B. Comm. Arb. 645 ;
Menorah Ins. Co. c. INX Reinsurance Corp., 72 F.3d 218 (1st Cir. 1995), (1996) 11 :1 Mealey's
International Arbitration Report B-1 ; G.B. Born, International Commercial Arbitration in the
United States, Deventer, Kluwer Law and Taxation, 1994, p. 279 et s. Il est cependant clair que
l'on ne peut pas considérer qu'il y ait renonciation à une convention d'arbitrage lorsque l'une des
parties participe à une procédure judiciaire après le rejet de son déclinatoire de compétence du
juge. Pour une décision contraire extrêmement regrettable, voir l'obiter dictum de la cour
suprême de Hong Kong, High Court, 6 avril 1995 dans Jiangxi Provincial Metal and Minerals
Import and Export Corp. c. Sulsaner Co. Ltd., (1995) 10 :6 Mealey's International Arbitration
Report B-1.

29
Voir la Cour suprême espagnole, Tribunal supremo, 18 février 1993, Black Sea Shipping Co. c.
Novo Viaje, S.A., (1997) XXII Y.B. Comm. Arb. 785, p. 788.

30
Paris, 9 décembre 1997, G.I.E. Acadi c. Thomson-Answare, Rev. arb. 1988.573, 2e décision, avec
le commentaire de G. Pluyette, p. 534.

31
Voir l'article 4 du protocole de Genève de 1923, l'article II(3) de la convention de New York de
1958 pour la reconnaissance et l'exécution des sentences arbitrales étrangères, l'article VI(1) de
la convention de Genève de 1961 sur l'arbitrage commercial international. Pour des lois
nationales confirmant ce principe, voir par ex. l'article 1458(3) du Nouveau Code de procédure
civile français ; pour la jurisprudence américaine, voir G.B. Born, supra note 28, p. 279 et s. ;
voir aussi l'article 8(1) de la loi type de la CNUDCI sur l'arbitrage commercial international.

32
Voir par ex. la sentence de 1983 dans l'affaire CCI n° 4156 opposant deux entreprises françaises,
J.D.I. 1984.937, note S. Jarvin. Voir aussi l'article 23(2) du règlement d'arbitrage de la CCI de
1998, qui prévoit expressément que la saisine d'une autorité judiciaire nationale par une partie
afin d'obtenir des mesures provisoires ou conservatoires avant le début de l'arbitrage « ne
contrevient pas à la convention d'arbitrage, ne constitue pas une renonciation à celle-ci, et ne
préjudicie pas à la compétence du tribunal arbitral à ce titre ». Pour d'autres références, voir Ph.
Fouchard, E. Gaillard et B. Goldman, supra note 11, §§ 1311-1312. Pour une décision contraire
regrettable rendue par la Cour de cassation française, voir Cass. civ. 1re, 9 octobre 1990, Bin
Seoud Bin Abdul Aziz c. Banque Rivaud, Rev. arb. 1991.305, note M.-L. Niboyet-Hoegy. Dans
cette affaire, un arbitrage CCI était en cours et le tribunal arbitral avait nommé des experts.
Après que ces derniers avaient remis leurs rapports au tribunal arbitral, le demandeur s'était
tourné vers la justice afin d'obtenir la nomination d'un autre expert. La Cour de cassation a
maintenu la décision de la cour d'appel de Paris selon laquelle le demandeur avait de ce fait
renoncé à son droit de poursuivre l'arbitrage.

33
Voir Paris, 14 novembre 1991, Consorts Legrand c. European Country Hotels Ltd., Rev. arb.
1994.545, 2e décision, note Ph. Fouchard. Voir cependant l'article 5 de la loi suédoise sur
l'arbitrage de 1999, selon lequel toute partie qui s'abstient de nommer un arbitre en temps voulu
se trouve déchue de son droit d'invoquer la convention d'arbitrage.

34
Voir par ex. les articles 30 et 31 du règlement d'arbitrage de la CCI ; Y. Derains et E.A. Schwartz,
A Guide to the New ICC Rules of Arbitration, La Haye, Kluwer Law International, 1998, p. 306 et
s.

35
Pour une analyse plus détaillée de la position en droit français, voir P. Leboulanger, supra note 6,
p. 55 et s.

36
Voir par ex., en Angleterre, la règle 3.1(2)(g) des Règles de procédure civile, qui prévoit la
jonction sur décision de justice. Voir aussi les Règles de procédure civile, partie 19(III),
permettant la gestion commune de demandes connexes par décision judiciaire (« group litigation
order »). En Allemagne, l'article 147 du Code de procédure civile autorise les juges, sous
certaines conditions, à ordonner la jonction de procédures connexes. Voir aussi l'article 187 du
Code civil autrichien. Conformément à l'article 28 du règlement (CE) n° 44/2001 du Conseil du 22

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décembre 2000 concernant la compétence judiciaire, la reconnaissance et l'exécution des


décisions en matière civile et commerciale (Journal officiel L 12, 16 janvier 2001, pp. 123), la
jonction de demandes connexes pendantes dans différents Etats membres est possible si les deux
demandes sont pendantes au premier degré et si la loi du tribunal premier saisi permet la
jonction.

37
Voir Cass. civ. 1re, 8 mars 1988, Sofidif c. O.I.A.E.T.I., Bull. civ. 1988.I, No. 64, Rev. arb.
1989.481, note C. Jarrosson, infirmant Paris, 19 décembre 1986, O.I.A.E.T.I. c. Sofidif, Rev. arb.
1987.359 et le commentaire de E. Gaillard, « L'affaire Sofidif ou les difficultés de l'arbitrage
multipartite (à propos de l'arrêt rendu par la Cour d'appel de Paris le 19 décembre 1986) », Rev.
arb. 1987.275 ; W.L. Craig, W.W. Park et J. Paulsson, International Chamber of Commerce
Arbitration, 3e éd., Oceana Publications/ICC Publishing, 2000, p. 181 et s.

38
27 décembre 1977, Dale Metals Corp. and Overseas Development Corp. (USA) c. KIWA Chemical
Industry Co. Ltd. et al. (Japan), 442 F.Supp. 78 (1977), (1979) IV Y.B. Comm. Arb. 333. Voir
aussi M.E. Schneider, supra note 2, pp. 110-111.

39
Voir Paris, 19 mars 1987, Kis France c. A.B.S., Rev. arb. 1987.498, note L. Zollinger.

40
Voir la décision de procédure dans l'affaire CCI n° 7453, J.D.I. 1997.1082 ; voir aussi B.
Hanotiau, supra note 24, p. 272.

41
Voir la sentence partielle de 1991 dans l'affaire CCI n° 6719, J.D.I. 1994.1071. Sur cette
question, voir aussi la sentence finale de 1992 dans les affaires CCI nos 7385 et 7402, (1993) 18
Y.B. Comm. Arb. 68.

42
Les parties, en fin de compte, n'ont pas suivi cette suggestion. Voir aussi K.P. Berger, « Set-Off
in International Economic Arbitration » (1999) 15 Arbitration International 53, p. 65, qui cite, à la
note 88, la deuxième sentence intérimaire de l'affaire CCI n° 5124 (non publiée), dans laquelle le
tribunal arbitral a considéré que l'examen des demandes « croisées » dépendait, en l'espèce, de
la question de savoir si les parties étaient disposées à simplifier la procédure et à conclure un
accord en vue d'étendre le champ de la convention d'arbitrage à ces demandes, et s'est déclaré
prêt à coopérer si tel était le cas.

43
J.C. Chiu, supra note 8.

44
Sur cette question, voir Ph. Fouchard, E. Gaillard et B. Goldman, supra note 11, §§ 518-523 ; B.
Hanotiau, supra note 24, p. 299 et s. ; P. Leboulanger, supra note 6, p. 46 et s. ; M. Platte, supra
note 8 ; K.P. Berger, supra note 42, pp. 66-67.

45
P. Leboulanger, supra note 6, p. 70.

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