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Guide de l’arbitrage

commercial
international à l’usage
des non-praticiens

www.adnalaw.com
Pourquoi un guide de l’arbitrage
à l’usage des non-praticiens ?

L’arbitrage commercial international en Afrique et en relation avec le continent connaît une


croissance qui ne faiblit pas depuis plusieurs années : les institutions arbitrales se multiplient,
plusieurs villes sont engagées dans une compétition pour devenir des places d’arbitrage
régionales ou continentales et les acteurs économiques publics ou privés choisissent de
plus en plus d’insérer des clauses compromissoires dans leurs contrats.

L’arbitrage demeure toutefois méconnu en dehors du cercle restreint de ses praticiens.


Il n’est pas rare que des clauses compromissoires soient mal rédigées ou inadaptées. Et
souvent, les opérateurs économiques ne sont pas familiers des spécificités de ce mode de
résolution des différends : son coût, son fonctionnement, les options qui s’offrent, sa gestion,
que ce soit en amont, durant la procédure arbitrale ou après le rendu de la sentence, au
stade de son exécution.

Loin des controverses théoriques, passionnantes mais parfois éloignées de la pratique


opérationnelle des acteurs économiques, ce guide se veut être une introduction efficace,
simple, à l’adresse des usagers actuels et futurs de l’arbitrage en Afrique, qu’ils soient
africains ou extracontinentaux nouant des relations d’affaires avec le continent.

Au-delà des aspects généraux, ce guide explore de manière plus approfondie les géographies
dans lesquelles ADNA accompagne ses clients : l’Algérie, le Maroc, et les 17 pays d’Afrique
centrale et de l’Ouest formant la zone OHADA.

Mais surtout, ce guide est le début d’une conversation qui peut se poursuivre à tout moment
avec l’équipe Règlement des différends d’ADNA. Si des questions émergent à sa lecture, ou
si vous souhaitez améliorer la prévention et la résolution des litiges auxquels fait face votre
organisation, n’hésitez pas à prendre contact avec nous : nous serons heureux de continuer
la discussion de vive voix.

Orphée Haddad
Head of Disputes

2 Guide de l’arbitrage commercial international à l’usage des non-praticiens


Sommaire

p . 4 Qu’est-ce que l’arbitrage ? Et qu’est-ce que l’arbitrage international ?


Comment opter pour l’arbitrage ?
Faut-il préférer l’arbitrage à la justice étatique ?
Quels avantages l’arbitrage offre-t-il ?
p . 5 Tous les différends peuvent-ils être résolus par la voie de l’arbitrage ?
Arbitrage ad hoc ou arbitrage institutionnel ?
Qui désigne les arbitres ?
Un ou plusieurs arbitres ?
p . 6 Qu’est-ce que le siège de l’arbitrage ?
Quelles règles s’appliquent lorsqu’on choisit l’arbitrage ?
Quel est le coût de l’arbitrage ?
p . 7 Que faire en cas d’urgence ?
J’ai une clause compromissoire dans mon contrat et je souhaite agir contre mon
cocontractant. Comment faire ?
Je viens de me voir notifier une demande d’arbitrage contre mon entreprise. Que faire ?
p . 8 La sentence arbitrale a été rendue. Que se passe-t-il, maintenant ?
Peut-on faire appel d’une sentence arbitrale ?
Qu’est-ce que l’annulation d’une sentence arbitrale ?
p . 9 Quelles sont les principales institutions d’arbitrage ?
Qu’est-ce que le financement de l’arbitrage par les tiers ?
Qu’est-ce que la Convention de New York ?
p . 10 Focus sur les géographies ADNA
L’arbitrage en Algérie
L’arbitrage dans l’Espace OHADA
p . 11 L’arbitrage au Maroc
p . 12 Contacts

3 Guide de l’arbitrage commercial international à l’usage des non-praticiens


1. Qu’est-ce que l’arbitrage ? Et qu’est-ce 3. Faut-il préférer l’arbitrage à la justice
que l’arbitrage international ? étatique ?
L’arbitrage est un mode privé de règlement des diffé- Il n’existe pas de réponse absolue ou systématique à
rends dans lequel un ou plusieurs tiers, constituant un cette question. Le mode de règlement des litiges est
tribunal arbitral, se penchent sur un litige de la même un aspect clef de toute relation d’affaires. Il convient
manière qu’un juge le ferait. À l’issue d’une procédure donc, au cas par cas, de déterminer, aux côtés de ses
prédéterminée, le tribunal arbitral rend sa décision. conseils, laquelle des voies de l’arbitrage ou de la jus-
Cette décision, appelée sentence arbitrale, s’impose tice étatique est la plus adaptée.
aux parties qui sont dès lors tenues de s’y plier.

L’arbitrage fait partie des modes alternatifs de règle-


ment des différends (MARD), à l’instar de la médiation
4. Quels avantages l’arbitrage offre-t-il ?
ou de la conciliation. Mais à la différence de ces deux L’arbitrage est traditionnellement loué pour une série
dernières, la décision rendue dans le cadre de l’arbi- d’avantages qu’il offre : sa confidentialité, sa célérité,
trage oblige les parties et n’implique pas leur néces- sa flexibilité, son coût, son efficacité, sa spécialisation,
saire consentement à son contenu. sa neutralité. En dépit de la complexification inhérente
à son développement et à sa croissance, l’arbitrage
La notion d’arbitrage international vise, elle, les situa-
continue à receler d’atouts certains, en particulier
tions dans lesquelles l’arbitrage concerne un différend
dans le contexte d’activités internationales.
mettant en cause des intérêts du commerce interna-
tional : c’est en règle générale la nature internationale Ainsi, la confidentialité est généralement garantie et
de l’opération économique qui permettra de détermi- assurément mieux préservée que dans le cadre des
ner si l’on est en présence d’un arbitrage international procédures devant les tribunaux étatiques, lesquelles
ou non. sont en règle générale publiques. La flexibilité est aus-
si un atout majeur de ce mode de règlement des li-
tiges et ce, tout au long du processus : de la clause
2. Comment opter pour l’arbitrage ? compromissoire, dans laquelle les parties pourront
prévoir jusqu’aux moindres détails de l’arbitrage à
Pour soumettre un différend commercial à l’arbitrage,
venir, jusqu’à la procédure elle-même, davantage
les parties doivent en exprimer la volonté. L’arbitrage
sur-mesure que ne le serait une procédure devant un
a donc une source contractuelle. L’accord des par-
tribunal étatique. La célérité et l’efficacité sont égale-
ties de régler leur différend par cette voie prend en
ment favorisées : absence en règle générale d’appel,
général la forme d’une clause, dite clause compro-
moindre engorgement et plus grande disponibilité
missoire, insérée au contrat qui régit leurs relations,
des arbitres, procédure conduite de manière proac-
dans laquelle elles donnent compétence à un tribunal
tive avec des délais souvent réduits. Même s’il appa-
arbitral, suivant des règles qu’elles définissent, pour
raît coûteux, l’arbitrage peut néanmoins présenter,
trancher leurs litiges à venir.
au regard de l’économie générale de la procédure, un
Beaucoup plus rarement en pratique, les parties rapport coût-bénéfice favorable aux parties (voir §11).
peuvent s’accorder postérieurement à la naissance La neutralité est un atout majeur de l’arbitrage dans
de leur différend sur le fait de le régler par la voie les rapports internationaux : la voie de l’arbitrage est
de l’arbitrage. On appelle cet accord un compromis une manière de ne pas soumettre le litige aux tribu-
d’arbitrage. naux de l’État de l’une des parties. Enfin, la sélection
des arbitres peut être conditionnée à des compé-
tences techniques particulières ou à une expertise
dans un secteur économique ou industriel spécifique,
ce qui permettra un regard plus aiguisé et sur-mesure
sur le dossier.

4 Guide de l’arbitrage commercial international à l’usage des non-praticiens


5. Tous les différends peuvent-ils être 7. Qui désigne les arbitres ?
résolus par la voie de l’arbitrage ? Puisant sa source dans la volonté des parties, l’arbi-
Non, tous les différends ne peuvent pas faire l’objet trage tient compte de cette volonté dans l’ensemble
d’une résolution par la voie de l’arbitrage : on parle de ses aspects et, en premier lieu, pour la désigna-
dans ces cas d’inarbitrabilité. Le caractère arbitrable tion de l’arbitre ou des arbitres. Classiquement, dans
ou inarbitrable d’un litige dépend des droits nationaux les tribunaux arbitraux composés de trois arbitres,
de chaque pays. chaque partie désigne un/e arbitre puis le/la pré-
sident/e du tribunal arbitral est choisi/e d’un commun
L’inarbitrabilité peut être liée à la nature des parties :
accord par ces deux arbitres. Il existe cependant de
ainsi, en France, comme l’a récemment rappelé le
multiples cas dans lesquels les parties confient cette
Conseil d’État, sauf exceptions, « les personnes mo-
désignation à un tiers, par exemple à l’institution d’ar-
rales de droit public ne peuvent pas se soustraire aux
bitrage sous l’égide de laquelle la procédure arbitrale
règles qui déterminent la compétence des juridictions
se déroule.
nationales en remettant à la décision d’un arbitre la
solution des litiges auxquels elles sont parties » (CE, 17
octobre 2023, SMAC c. Ryanair, req. n° 465761).
8. Un ou plusieurs arbitres ?
L’inarbitrabilité peut également trouver sa source dans
Le caractère sur-mesure de l’arbitrage est illustré
la question de fond objet du litige : certaines matières
en particulier par la question du nombre d’arbitres.
sont classiquement exclues du champ de l’arbitrage
Comme pour plusieurs autres aspects de la matière,
comme les différends dérivant d’infractions pénales,
il n’existe pas de réponse absolue ou systématique.
liés à la protection des consommateurs ou encore à
l’ordre public économique. Le choix d’un arbitre unique peut avoir l’avantage de
la simplicité, notamment s’agissant de la désignation,
qui dans ces cas-là se fait souvent par un tiers (l’ins-
6. Arbitrage ad hoc ou arbitrage institu- titution d’arbitrage ou une autre autorité de désigna-
tion), et celui d’une maîtrise des coûts, en réduisant
tionnel ?
les honoraires du tribunal arbitral. Le choix d’un tribu-
La procédure d’arbitrage peut être organisée suivant nal composé de trois arbitres offre les avantages liés à
deux grandes modalités : sous l’égide d’une institu- la collégialité, à la fois perçue comme un gage d’amé-
tion d’arbitrage (voir §18) ou de manière indépen- lioration de la qualité de la sentence et d’impartialité.
dante, dite ad hoc. Dans le cadre de l’arbitrage ins-
Souvent, on préférera la désignation d’un arbitre
titutionnel, une institution spécialisée encadrera les
unique pour des litiges dont l’enjeu est faible et le
aspects administratifs et procéduraux de l’arbitrage :
choix d’un tribunal arbitral composé de trois arbitres
secrétariat, frais de l’arbitrage, délais, autorité de dési-
pour un enjeu plus conséquent. Cette différentiation
gnation… À l’inverse, l’arbitrage ad hoc ne s’inscrit pas
peut être prévue dès le stade de la rédaction de la
dans un cadre institutionnel. Cette absence d’enca-
clause compromissoire.
drement offre une certaine flexibilité, mais peut ra-
pidement se heurter à des obstacles qui seront plus
difficiles à franchir en l’absence de l’assistance d’une
institution d’arbitrage. À l’exception de cas très spé-
cifiques, nous recommandons fortement le choix de
l’arbitrage institutionnel.

5 Guide de l’arbitrage commercial international à l’usage des non-praticiens


9. Qu’est-ce que le siège de l’arbitrage ? du siège de l’arbitrage : c’est elle qui répondra aux
questions procédurales qui se poseront durant l’ar-
Le siège de l’arbitrage est le lien qui permet le ratta-
bitrage et qui ne seront pas réglées par le règlement
chement de la procédure d’arbitrage à un ordre juri-
d’arbitrage qui s’applique. Le troisième est le règle-
dique donné, dont les règles régiront le déroulement
ment d’arbitrage auquel les parties auront choisi de
de l’instance arbitrale et permettront d’en régler les
soumettre la procédure, notamment dans le cadre
difficultés si elles se posent. C’est par exemple devant
d’un arbitrage institutionnel.
le juge du siège de l’arbitrage que l’on pourra inten-
ter un recours en annulation contre la sentence (voir
§17). Le choix du siège de l’arbitrage revêt par consé- 11. Quel est le coût de l’arbitrage ?
quent une importance de premier ordre : il est primor-
dial de choisir un siège qui soit favorable à l’arbitrage. Mode privé de règlement des différends, l’arbitrage
Cela évitera par exemple des interventions excessives a un coût financier supporté par les parties. Ce coût
du juge étatique dans la procédure arbitrale et per- mérite d’être analysé et démystifié. Pour cela, il im-
mettra de limiter les motifs en raison desquels la sen- porte de le décomposer et de distinguer la part propre
tence arbitrale pourra être attaquée dans un recours à l’arbitrage de celle commune à la justice étatique et
en annulation. à l’arbitrage.

Le siège est une notion juridique. Elle doit être distin- Schématiquement, le coût supporté par une partie
guée de deux autres notions. à l’arbitrage est constitué des frais administratifs de
l’institution d’arbitrage dans le cas de l’arbitrage ins-
D’abord, le siège de l’arbitrage n’est pas nécessaire- titutionnel, des honoraires de l’arbitre ou des arbitres,
ment le lieu où, physiquement, les audiences se tien- des frais de conseil, éventuellement ceux d’expertise
dront : les parties peuvent par exemple fixer le siège et des frais logistiques (transport, séjour). Parmi ces
de l’arbitrage à Paris mais le tribunal arbitral peut, pour dépenses, ce sont essentiellement les frais de l’ins-
des raisons pratiques, tenir les audiences ou entendre titution d’arbitrage et les honoraires des arbitres qui
des experts à Dakar. Cette décorrélation entre le siège sont spécifiques à l’arbitrage, les autres seront égale-
de l’arbitrage et le lieu géographique où se tiennent les ment engagés dans le cadre d’une procédure devant
audiences n’affectera pas le rattachement de la pro- un tribunal étatique. Par ailleurs, si la justice est gra-
cédure arbitrale à la France. tuite dans certains systèmes juridiques, elle ne l’est
Ensuite, le siège de l’arbitrage peut être situé dans pas dans tous, et des frais de procédure significatifs
un État différent de celui dont la loi régit le contrat. peuvent être également dus dans certaines juridic-
Un contrat soumis au droit ivoirien pourra faire l’objet tions.
d’une procédure arbitrale ayant son siège à Casablan- Plusieurs méthodes permettent, dans le cadre de l’ar-
ca. C’est la distinction entre la loi de procédure (la loi bitrage, de modérer et de maîtriser les coûts. Le choix
du siège) et la loi du fond du litige (celle à laquelle est d’un nombre d’arbitres adapté à l’enjeu, la faveur à des
soumis le contrat). procédures accélérées lorsqu’elles sont possibles, la
limitation du nombre de mémoires, le choix d’un siège
de l’arbitrage qui n’implique pas de coûts logistiques
10. Quelles règles s’appliquent lors- élevés… sont autant de leviers pouvant avoir un impact
qu’on choisit l’arbitrage ? significatif sur le coût global d’une procédure arbitrale.
Plusieurs corps de règles entrent en jeu dans le cadre
d’une procédure d’arbitrage. Schématiquement, ils
sont au nombre de trois. Le premier est le droit ap-
plicable à la relation entre les parties. Cette loi régira
le fond du litige et permettra de déterminer quelles
sont les obligations des parties, si ces dernières les
ont méconnues et, le cas échéant, quelles sont les
conséquences de ces violations. Le second est la loi

6 Guide de l’arbitrage commercial international à l’usage des non-praticiens


trage ne fait pas obstacle à ce qu’à la demande d’une
partie, une juridiction (…) ordonne des mesures provi-
À titre d’exemple, pour un litige d’une valeur de
soires ou conservatoires » (article 13 alinéa 4 de l’Acte
1 000 000 dollars américains (USD), le coût des frais
Uniforme).
administratifs et des honoraires d’arbitre dans le
cadre d’une procédure arbitrale ordinaire à arbitre
unique conduite sous l’égide de la Cour internatio- 13. J’ai une clause compromissoire dans
nale d’arbitrage de la Chambre de commerce inter- mon contrat et je souhaite agir contre
nationale est estimé à 62 714 USD, dont 23 335 USD
mon cocontractant. Comment faire ?
pour les frais administratifs et 39 379 USD pour les
honoraires d’un arbitre en moyenne (source : calcu- Avant toute action, il est important, aux côtés de
lateur de coût librement accessible à iccwbo.org/ vos conseils, d’opérer une analyse approfondie de la
dispute-resolution/dispute-resolution-services/ar- clause compromissoire et plus largement des prévi-
bitration/costs-and-payment/costs-calculator/). sions contractuelles relatives au règlement des litiges :
celles-ci peuvent parfois prévoir des phases amiables
préalables précises dont la méconnaissance posera
La charge finale du coût de l’arbitrage, incluant les de sérieuses difficultés au stade de la procédure d’ar-
frais administratifs, les honoraires des arbitres, les bitrage.
honoraires des conseils, les frais d’expertises et les
Cet examen en amont permettra d’identifier les forces
diverses dépenses afférentes à la procédure, est en
et faiblesses procédurales en présence et de définir
règle générale déterminée par le tribunal arbitral. L’al-
une stratégie sur-mesure au regard des spécificités
location de ces coûts peut également être prévue
du dossier. C’est seulement à l’issue de cette étape
dans la clause compromissoire, les parties pouvant
clef que l’action pourra être engagée, le cas échéant
par exemple prévoir que les frais de l’arbitrage seront
une fois accomplies les phases amiables préalables
partagés par moitié, ou encore que chaque partie
obligatoires lorsque celles-ci sont prévues.
supportera la charge de ses propres frais. Sur ce plan
comme sur de nombreux autres, on ne soulignera ja- Classiquement, la procédure d’arbitrage débutera par
mais assez l’importance d’une rédaction et d’une né- la demande d’arbitrage, acte procédural formaliste
gociation minutieuses de la clause compromissoire. dont la rédaction attentive sera essentielle pour abor-
der l’arbitrage en maximisant ses chances de succès.
12. Que faire en cas d’urgence ?
Les règlements des institutions d’arbitrage prévoient
14.Je viens de me voir notifier une de-
de plus en plus fréquemment un mécanisme d’arbi- mande d’arbitrage contre mon entre-
trage d’urgence. C’est ainsi par exemple que le règle- prise. Que faire ?
ment d’arbitrage de la Chambre de commerce inter-
N’attendez pas. Le souci d’efficacité de l’arbitrage
nationale offre cette possibilité à l’article 29, lorsqu’une
se manifeste dès les premières heures de la procé-
partie souhaite solliciter « des mesures conservatoires
dure, avec des étapes clefs (réponse à la demande
ou provisoires urgentes qui ne peuvent attendre la
d’arbitrage, désignation des arbitres…), souvent en-
constitution d’un tribunal arbitral ». Une voie possible,
cadrées par des délais brefs. L’inertie ou l’imprépara-
lorsque comme ici le règlement d’arbitrage le permet,
tion peuvent fragiliser votre position. Prenez contact
est donc d’opter pour l’arbitrage d’urgence.
avec nous, quel que soit le type d’arbitrage (ad hoc
Une autre voie est de recourir au juge étatique pour ou institutionnel) et, en cas d’arbitrage institutionnel,
rendre cette décision urgente portant sur une mesure quelle que soit l’institution d’arbitrage sous l’égide de
provisoire ou conservatoire : de manière générale, laquelle la procédure se déroule, de telle sorte à ce
comme l’illustre par exemple l’Acte Uniforme OHADA que nous puissions prendre, avec vous, les premières
sur l’arbitrage, « l’existence d’une convention d’arbi- mesures adéquates.

7 Guide de l’arbitrage commercial international à l’usage des non-praticiens


15. La sentence arbitrale a été rendue. Des mécanismes particuliers existent également sui-
vant les lois nationales. La loi nigériane relative à l’ar-
Que se passe-t-il, maintenant ?
bitrage et à la médiation de 2023 (Nigerian Arbitration
La sentence arbitrale tranche le litige opposant les and Mediation Act 2023) offre par exemple la possibi-
parties à l’instance arbitrale, qui doivent donc l’exé- lité de recourir à un tribunal de révision de la sentence
cuter. (Award Review Tribunal) si les parties l’ont prévu.
À la différence d’un jugement rendu par une juridic-
tion étatique, la sentence, lorsqu’elle n’est pas sponta-
nément exécutée par la partie perdante, ne peut pas 17. Qu’est-ce que l’annulation d’une sen-
faire seule l’objet d’une exécution forcée, même dans tence arbitrale ?
l’État du siège de l’arbitrage. Une décision, appelée Si la sentence arbitrale ne peut pas, en principe, faire
exequatur, devra d’abord intervenir. Cette décision, l’objet d’un appel, cela ne signifie pas qu’elle ne puisse
rendue par un juge étatique, donnera force exécutoire faire l’objet d’aucun recours. Le recours classique
à la sentence et permettra donc à la partie ayant pré- contre une sentence arbitrale est le recours en annu-
valu d’engager des mesures d’exécution forcée à l’en- lation. Il tend non pas à obtenir une décision différente
contre de celle ayant succombé. mais seulement à annuler la sentence, en l’écartant
Classiquement, l’exequatur est obtenu suivant une purement et simplement et la rendant donc nulle et
procédure simple, requérant de produire la clause non avenue.
compromissoire et la sentence elle-même. Plus le Les motifs pour lesquels une sentence arbitrale peut
système juridique d’un pays est favorable à l’arbitrage, être annulée sont, en règle générale, très restreints
plus la procédure d’exequatur y sera facile. et touchent à des aspects fondamentaux liés à la
L’exequatur n’est pas nécessairement donné par l’État procédure d’arbitrage ou à la sentence elle-même,
du siège de l’arbitrage. Si, par exemple, le débiteur ne comme l’illustre la loi suisse sur le droit international
dispose pas d’actifs dans cet État mais en détient privé : celle-ci ouvre le recours dans les cas où le tri-
dans un autre, c’est dans cet autre État que l’on cher- bunal a été irrégulièrement composé, s’est déclaré à
chera à obtenir l’exequatur pour y saisir ces actifs. tort compétent ou incompétent, a statué au-delà des
demandes ou a omis de se prononcer sur certaines
Le rendu de la sentence permet aussi, pour la partie
d’entre elles, a méconnu le principe du contradictoire
qui considère que l’arbitrage est entaché d’irrégulari-
ou a rendu une sentence incompatible avec l’ordre
tés graves pouvant affecter la validité de la sentence,
public (article 190 de la loi fédérale sur le droit inter-
d’engager un recours en annulation contre celle-ci
national privé).
(voir §17).

16. Peut-on faire appel d’une sentence ar-


bitrale ?
En règle générale, la sentence rendue à l’issue d’une
procédure d’arbitrage international est définitive et la
majorité des règlements d’arbitrage n’offrent d’ailleurs
pas la possibilité d’un appel.

Cette absence de double degré de juridiction, à la dif-


férence de la règle classique devant les tribunaux éta-
tiques, participe à la célérité que permet l’arbitrage.
Reste que l’arbitrage étant le fruit de la volonté des
parties, celles-ci peuvent prévoir un appel si elles le
souhaitent.

8 Guide de l’arbitrage commercial international à l’usage des non-praticiens


18. Quelles sont les principales institu- Pour bénéficier du financement, le litige sera examiné de
manière approfondie par le tiers financeur, qui prendra
tions d’arbitrage ? notamment en compte les chances de succès, mais
Il existe une multitude d’institutions d’arbitrage à travers surtout de recouvrement. Le pourcentage, pouvant re-
le monde. Elles peuvent être classées en trois catégo- présenter entre un cinquième et plus de la moitié des
ries : les institutions à vocation internationale, nationale sommes recouvrées, ainsi que de nombreux autres as-
et sectorielle. pects de la relation entre la partie financée et le tiers
financeur, comme le degré d’implication de ce dernier,
Au premier plan de la scène de l’arbitrage commercial
feront l’objet d’un contrat qu’il importe de négocier
international se trouvent les institutions internationales,
scrupuleusement.
parmi lesquelles la Cour internationale d’arbitrage de
la Chambre de commerce internationale (CCI, Paris), la Cette méthode de financement fait progressivement
London Court of International Arbitration (LCIA, Londres), l’objet d’un encadrement, à la fois par les barreaux, les
la Permanent Court of Arbitration (PCA, La Haye), Delos règlements des institutions d’arbitrage, les droits éta-
Dispute Resolution (Paris), le Singapore International Ar- tiques et la jurisprudence. Des obligations de divulgation
bitration Centre (SIAC, Singapour), le Hong Kong Interna- de l’existence d’un tel financement ont par exemple été
tional Arbitration Centre (HKIAC, Hong Kong), le Dubai In- posées.
ternational Arbitration Centre (DIAC, Dubaï), ou encore la
Cour commune de justice et d’arbitrage (CCJA, Abidjan). 20. Qu’est-ce que la Convention de New
D’autres institutions d’arbitrage, à portée nationale ou
York ?
régionale, existent également. On pourra citer, en zone La Convention pour la reconnaissance et l’exécution des
Afrique du Nord et OHADA, le Centre de conciliation, sentences arbitrales étrangères du 10 juin 1958, com-
de médiation et d’arbitrage de la Chambre algérienne munément appelée la Convention de New York, est le
de commerce et d’industrie à Alger, la Cour marocaine principal traité international consacré à l’arbitrage inter-
d’Arbitrage à Casablanca, le Centre d’arbitrage de la national.
Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de
Elle est articulée autour de quatre piliers principaux
Dakar ou encore le Centre de médiation et de concilia-
auxquels les États-parties s’engagent en la ratifiant : le
tion du Bénin.
premier est de donner force à la clause compromissoire
Aux côtés des institutions généralistes, des institutions conclue entre les parties et par conséquent, pour le
ou services d’arbitrage sectoriels sont dédiés à la ges- juge étatique, de référer les parties à l’arbitrage en pré-
tion des arbitrages liés à une activité économique par- sence d’une clause compromissoire valide (article II) ; le
ticulière : c’est par exemple le cas de l’arbitrage dans le deuxième est de reconnaître l’autorité d’une sentence
cadre de la Grain and Feed Trade Association (GAFTA, arbitrale étrangère sans lui opposer de conditions plus
Londres) ou encore de la Chambre arbitrale maritime de rigoureuses que celles posées pour les sentences arbi-
Paris (CAMP, Paris). trales nationales (article III) ; le troisième est de poser le
socle des modalités nécessaires à la reconnaissance et
l’exécution d’une sentence arbitrale dans le pays dans
19. Qu’est-ce que le financement de l’ar- lequel elle est invoquée (article IV) ; le quatrième est de
bitrage par les tiers ? limiter strictement les motifs au titre desquels cette re-
Le financement par les tiers (ou third-party funding) connaissance et exécution peut être refusée (article V).
est un mécanisme de financement d’un procès ou d’un Début 2024, 172 États avaient ratifié la Convention de
arbitrage dans lequel un tiers investisseur assume- New York. Dans la zone dans laquelle ADNA intervient,
ra tout ou partie des coûts attachés à la procédure en l’Algérie, le Maroc, et plus des deux tiers des États de
contrepartie d’un pourcentage des sommes recouvrées l’OHADA (à l’exception de la République du Congo, de la
à l’issue de celle-ci. Le tiers, dans ce cadre, assume le Guinée Bissau, de la Guinée Équatoriale, du Tchad et du
risque de son investissement : en cas d’échec, la par- Togo) sont parties à cette convention.
tie financée n’aura pas l’obligation de lui rembourser les
frais avancés.
Le tiers financeur recherchera la rentabilité de l’opération
tandis que la partie au litige qui se voit financée pourra
engager une procédure qu’elle n’aurait pas pu intenter
autrement ou allouer sa trésorerie à d’autres besoins.

9 Guide de l’arbitrage commercial international à l’usage des non-praticiens


Focus sur les géographies ADNA

Algérie Espace OHADA


L’arbitrage en Algérie est régi par les articles 1006 et L’arbitrage dans l’espace OHADA est régi par l’Acte
suivants du code de procédure civile et administra- Uniforme OHADA sur l’arbitrage dans sa version
tive (le CPCA), issu de la loi n° 08-09 du 18 safar 1429 révisée, en vigueur depuis le 15 mars 2018. Résolu-
(25 février 2008), et est ouvert à toute personne, phy- ment favorable à l’arbitrage, les restrictions à l’arbi-
sique ou morale, dès lors qu’il porte sur les droits dont trabilité des litiges y sont limitées : toute personne,
elle a la libre disposition (article 1006 du CPCA). physique ou morale, publique ou privée, peut re-
courir à l’arbitrage sur les droits dont elle a la libre
Une interdiction de principe est faite aux personnes
disposition (article 2).
publiques d’y recourir, mais cette prohibition est at-
ténuée en ce qu’une exception leur ouvre néanmoins Cette faveur à l’arbitrage est confirmée sur tous les
la voie de l’arbitrage en matière de marchés publics plans clefs de la procédure arbitrale ou de son en-
et dans leurs relations économiques internationales. cadrement, qu’il s’agisse de l’obligation pour le juge
national de décliner sa compétence en présence
Le caractère international est réalisé lorsqu’un litige
d’une clause d’arbitrage (article 13), des motifs res-
est relatif à des intérêts économiques d’au moins
treints pour demander l’annulation d’une sentence
deux États (article 1039 du CPCA).
(article 26), ou du nombre réduit de conditions à
Conformément aux dispositions de l’article 1051 du remplir pour obtenir la reconnaissance de celle-ci
CPCA, les sentences arbitrales internationales sont (articles 31).
reconnues en Algérie dès lors que leur existence est
Parallèlement à son rôle de cour suprême du sys-
établie et qu’elles ne contreviennent pas à l’ordre pu-
tème juridique de l’OHADA, la Cour commune
blic international. Elles sont rendues exécutoires dans
de justice et d’arbitrage (CCJA) agit également
les mêmes conditions par ordonnance du président
comme une institution d’arbitrage dont l’une des
du tribunal du lieu où elles ont été rendues, si elles
principales caractéristiques est de voir les sen-
l’ont été en Algérie, ou par celui du tribunal du lieu
tences arbitrales rendues sous son égide devenir
d’exécution, si elles ont été rendues à l’étranger.
simultanément exécutoires dans l’ensemble des
Six causes d’annulation sont prévues par l’article 1056 pays de la zone OHADA une fois l’exequatur pro-
du CPCA (auquel renvoie l’article 1058). Celles-ci ont noncé par le Président de la CCJA (article 30.2 du
trait à la constitution irrégulière du tribunal arbitral, règlement d’arbitrage de la CCJA).
l’absence d’une convention d’arbitrage valable, la mé-
Plus de 15 autres institutions d’arbitrage coexistent
connaissance par le tribunal arbitral de sa mission, la
dans la zone OHADA, parmi lesquelles la Cour d’ar-
violation du principe du contradictoire, l’absence de
bitrage de Côte d’Ivoire (CACI), le Centre d’arbitrage,
motivation ou la contrariété des motifs, et enfin la
de médiation et de conciliation de la Chambre de
contrariété à l’ordre public international.
commerce et d’industrie du Bénin (CAMeC/CCIB),
La principale institution d’arbitrage algérienne est le le Centre d’arbitrage de la Chambre de commerce,
Centre de conciliation, de médiation et d’arbitrage de d’industrie et d’agriculture de Dakar (CCIAD), le
la Chambre algérienne de commerce et d’industrie, Centre d’arbitrage, de médiation et de conciliation
situé à Alger, et dont le règlement d’arbitrage a été de Ouagadougou (CAMCO), ou encore le Centre
adopté le 7 janvier 2014. de médiation et d’arbitrage du Groupement in-
ter-patronal du Cameroun (CMAG).

10 Guide de l’arbitrage commercial international à l’usage des non-praticiens


Maroc
Les modes alternatifs de règlement des différends ont
récemment connu une réforme d’envergure au Maroc
avec la loi 95-17 relative à l’arbitrage et la médiation
conventionnelle, promulguée par le Dahir n° 1-22-34
du 23 chaoual 1443 (24 mai 2022) et en vigueur depuis
le 14 juin 2022.
Véritable code de l’arbitrage et de la médiation,
distinct du code de procédure civile qui régissait
jusqu’alors ces matières, la loi 95-17 est résolument
moderne et apporte des améliorations significatives
en matière d’arbitrage.
La nouvelle loi intègre les nouveaux modes de com-
munication en consacrant par exemple les possibili-
tés de conclure une convention d’arbitrage par voie
électronique (article 3) et de tenir des réunions et
audiences à distance (article 33). Elle simplifie égale-
ment le recours des personnes publiques à l’arbitrage
(articles 16 et 17) et clarifie la notion d’internationalité
(article 72).
Les sentences arbitrales internationales rendues au
Maroc peuvent faire l’objet d’un recours en annulation
dans cinq cas. Ceux-ci ont trait à la convention d’arbi-
trage, à la composition du tribunal arbitral, au respect
par le celui-ci de la mission qui lui a été confiée, au
respect des droits de la défense et enfin à la confor-
mité à l’ordre public (articles 80 et 82).
Le Maroc compte plusieurs institutions arbitrales par-
mi lesquelles la Cour marocaine d’arbitrage (CMA) et
le Casablanca international mediation and arbitration
centre (CIMAC).

11 Guide de l’arbitrage commercial international à l’usage des non-praticiens


Contacts

Foued Bourabiat Salimatou Diallo Sydney Domoraud


Partner, Algérie Managing Partner, Guinée, OHADA Partner, Côte d’Ivoire, OHADA
DZ +213 (0) 775 388 597 GN +224 611 11 11 61 +225 07 48 37 77 73
FR+ 33 (0) 660 790 822 SN +221 77 117 4956 sydney.domoraud@adnalaw.com
foued.bourabiat@adnalaw.com salimatou.diallo@adnalaw.com

Orphée Haddad
Head of Disputes
+33 (7) 58 36 09 80
orphee.haddad@adnalaw.com

Orphée Haddad est en charge du pôle Règlement des litiges au sein d’ADNA.
Safia Fassi-Fihri
Partner, Maroc Avocat au barreau de Paris, il dispose d’une expérience notable en matière
+212 (5) 22 94 96 77 de règlement des litiges, avec un accent particulier mis sur les différends
safia.fassifihri@adnalaw.com internationaux.

Orphée a accompagné des clients de premier plan aux côtés desquels il a


développé une pratique des contentieux transnationaux et de l’arbitrage
international, notamment dans le cadre de différends liés aux zones OHADA
(Afrique centrale et de l’Ouest) et MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord).

Son expertise recouvre plus particulièrement les litiges nés du commerce


international et/ou impliquant des entités publiques, le recouvrement
international des créances, l’exécution des jugements et des sentences, ainsi
que les procédures multipartites et multi-juridictionnelles.

Orphée parle le français, l’anglais, l’arabe et l’italien.

12 Guide de l’arbitrage commercial international à l’usage des non-praticiens


Ont participé à la rédaction de ce guide :
Ghita Bennis, Laila Boujida, Tamba Adrien Iffono, Mokhtar Lakhdari,
Abderrahmane Lassakeur, Kawtar Mouti et Naghem Zemrani

contact@adnalaw.com
www.adnalaw.com

Abidjan Casablanca
Rue Sainte Marie-Cocody Ambassades, 6, rue Fnideq,
Cocody-08 BP 2815 Abidjian 08, Abidjan. Anfa, Casablanca.

T +225 (0) 748 377 773 T +212 (0) 522 949 677

Algiers Conakry
Chemin Mackley, Résidence de la Présidence, Immeuble Tyana Immo, 4e étage Ratoma
Bat C, Ben Aknoum, Algiers. Centre, BP 3273, Commune de Ratoma, Conakry,
République de Guinée.

T +213 (0) 775 388 597 T +224 620 565 495

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