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Le dormeur du val, Rimbaud : analyse

commentairecompose.fr/le-dormeur-du-val/ Par
Amélie Vioux

Voici une analyse du poème « Le Dormeur du val » d’Arthur Rimbaud.

Le Dormeur du val : analyse linéaire pour l’oral de français


Arthur Rimbaud avait 16 ans quand il écrivit les Cahiers de Douai, recueil de vingt-deux poèmes,
répartis en deux liasses.

C’est son professeur de rhétorique Georges Izambard puis le poète Paul Démeny qui recueillent le
jeune adolescent révolté lors de ses fugues.

En 1870, Arthur Rimbaud découvre les horreurs de la guerre franco-prussienne que le poème «
Le Dormeur du Val » révèle avec simplicité et force.

Ce sonnet descriptif est indéniablement ancré dans la mémoire collective.

Poème étudié

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C’est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière, Luit :
c’est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,


Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ;
il est étendu dans l’herbe, sous la nue, Pâle dans son
lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un


enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Il


dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Le Dormeur du val, Rimbaud

Problématique
En quoi ce poème dénonce-t-il, de façon originale, les atrocités de la guerre ?

Annonce de plan linéaire


Notre analyse linéaire montrera comment la construction du poème est entièrement
tournée vers la chute, obligeant ainsi le lecteur à une lecture rétrospective.

Nous verrons ainsi que le premier quatrain campe un tableau bucolique emploi de
quiétude tandis que le deuxième quatrain dépeint un soldat paisiblement endormi.

Le premier tercet fait toutefois apparaître des ambiguïtés, confirmées par la chute
tragique du second tercet.

I – Un tableau bucolique empli de quiétude : premier quatrain


Ce premier quatrain en alexandrins à rimes croisées dépeint un havre naturel de paix où la
nature est omniprésente comme en témoignent les termes se rapportant à ce champ lexical : «“
verdure », « rivière », « herbes », « soleil », « montagne” ».

La couleur verte prédomine grâce aux expressions « “trou de verdure », « herbes », « petit val”
».

La lumière baigne ce tableau, comme on peut le constater à travers les groupes nominaux « “le soleil
» et « des rayons” ».

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Mais c’est aussi la versification qui attire notre attention sur les éléments lumineux, avec les
rejets « “des haillons / D’argent” » (v.3) et le verbe au présent d’énonciation « Luit » (v. 4). Le
lecteur est donc immédiatement ébloui par cette explosion de couleurs.

De plus, ce lieu idyllique est caractérisé par la conjugaison harmonieuse des différents
Éléments : l’eau grâce à la rivière, la terre grâce aux herbes, le feu grâce au soleil.

Ce tableau est loin d’être statique. Au contraire, la nature est mise en mouvement. C’est l’effet
rendu par la proposition subordonnée qui personnifie le lieu (« “où chante une rivière”
»), par le participe présent « accrochant » et par le choix du verbe « mousse ».

Le verbe chanter et l’adverbe « “follement ”» apportent une touche festive à cette nature
personnifiée.

En outre, les sonorités contribuent à l’harmonie de ce lieu grâce à une assonance en


nasales : «“ chante », « accrochant », l’adverbe « follement” ».

Une sensation de bonheur et de quiétude se dégage donc de ce premier quatrain bucolique.

II – Un soldat paisiblement endormi : second quatrain


Le second quatrain est inauguré par l’irruption d’un personnage qui marque un net contraste
avec le premier quatrain : un soldat.

L’emploi du déterminant indéfini « un » permet de ne pas nommer ou individualiser ce soldat,


comme pour mieux conférer une portée universelle à ce destin.

Néanmoins, il est décrit par de multiples expansions du nom : des adjectifs qualificatifs épithètes
« “jeune », « pâle” », des groupes nominaux apposés « “bouche ouverte », « tête nue” ».

Ces premières descriptions font songer à celles d’un enfant endormi, notamment avec la « “bouche
ouverte” ».

Les coupes dans le premier vers (« “Un soldat jeune, / bouche ouverte, / tête nue” »), renforcées
par la ponctuation, créent un rythme ternaire harmonieux et paisible.

Le travail sur la couleur se poursuit, oscillant entre « la lumière », le vert de l’herbe et le


bleu du cresson : c’est un tableau doux et harmonieux.

La quiétude qui se dégage de cette strophe est liée à l’abandon physique du soldat dans la
nature.

Le rejet du verbe « Dort » au présent d’énonciation met ainsi en évidence cette quiétude.

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Les termes liées au champ lexical du sommeil sont présents : « “il est étendu », « lit” ».

La nature apparaît comme un refuge rassurant pour le soldat au point qu’elle est personnifiée dans
le dernier vers, comme le suggèrent les expressions «“ dans son lit vert » et « la lumière pleut ”».

Un véritable halo de lumière baigne ce soldat qui communie passivement avec la nature.

III – L’émergence d’ambiguïtés : premier tercet


La transition entre les deux strophes s’effectue grâce à la reprise trois éléments : le corps du soldat
(«“ les pieds” »), la nature (« “les glaïeuls” ») et le verbe au présent d’énonciation « dort ».

La répétition de ce verbe fait le lien avec la quatrain précédent mais rappelle aussi le titre du
poème : « Le Dormeur du Val ». Elle nous piste vers une interprétation : celle de
l’endormissement du soldat.

Le poète affine la description pour s’intéresser au sourire du soldat, comme s’il se rapprochait de
lui.

Mais la comparaison rejetée au vers suivant ternit le tableau serein : « “Souriant comme /
Sourirait un enfant malade ”». En effet, la mention d’une maladie interroge le lecteur, tout comme
le recours au conditionnel présent qui a ici une valeur d’incertitude. Le rejet crée aussi
subtilement une certaine discordance.

Le champ lexical du sommeil reste toutefois omniprésent :“ « il dort », « un somme »,


« berce-le »”.

Le dernier vers est une adresse directe du Poète à la Nature personnifiée en mère protectrice,
comme l’indiquent l’apostrophe initiale et l’usage de l’impératif (« “berce-le” »).

Ce dernier vers comporte quatre coupes, ce qui crée une sensation de cassure :
« “Nature,// berce-le // chaudement //: il a froid ”».

L’antithèse « chaudement » // « froid » accentue cette discordance.

IV – Une chute tragique : second tercet


Le second tercet prépare la chute du poème. En effet, le lecteur est peu à peu confronté à un
tableau tragique.

Cela commence par le recours à la négation totale (« “Les parfums ne font pas frissonner sa
narine” ») qui symbolise la négation de la vie humaine.

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Les assonances en fricatives et en sifflantes (« Les parfums ne font pas frissonner sa narine
») viennent heurter l’oreille, comme une mise en garde.

Les ambiguïtés demeurent pourtant, poussant le lecteur vers la fausse piste


d’interprétation du jeune soldat est paisiblement endormi.

Ainsi, la répétition du verbe « “Il dort” » au présent d’énonciation rappelle l’attitude sereine
du soldat.

Cette dernière est confirmée par la position physique du jeune homme comme le souligne le
complément circonstanciel de manière « “la main sur sa poitrine” ».

Elle est également mise en valeur par le rejet de l’adjectif « “Tranquille” » au vers suivant.

Avec les groupes nominaux « “dans le frais cresson bleu », « dans l’herbe ”», le soldat semble
confortablement installé « “dans le soleil” ».

Mais le rejet de l’adjectif « “Tranquille ”» souligne une immobilité anormale dans cette nature
mouvante. Le signe de ponctuation fort, un point final après l’adjectif tranquille, surprend par sa
brutalité et prépare la chute.

La proposition indépendante finale frappe alors le lecteur par sa simplicité et sa violence :


« “il a deux trous rouges au côté droit” ».

La mort n’est pas nommée : elle est montrée de façon picturale, par la mention de la couleur
rouge et l’effet de « zoom » sur la tempe droite.

« Les deux trous rouges » constituent un euphémisme pour désigner pudiquement la


blessure mortelle.

Cette dénonciation subtile et indirecte des conséquences de la guerre est saisissante


pour le lecteur.

La chute brutale invite le lecteur à relire le sonnet à la lumière de ce dernier vers.

Les « “deux trous rouges” » font écho au « “trou de verdure” », ce qui invite à relire
autrement le tableau bucolique et serein initial.

La mort était en réalité sous-jacente dans l’ensemble du poème : « “les pieds dans les glaïeuls” »
peuvent être compris comme les prémisses d’un enterrement, la froideur du soldat, sa pâleur, la «
“narine” » qui ne frémit pas deviennent autant d’indices convergeant vers l’interprétation finale : celle
de la mort du soldat.

Conclusion

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Le sonnet « Le Dormeur du val » instaure des contrastes frappants : entre le mouvement de la
nature et l’immobilité du soldat, entre les couleurs, entre le chaud et le froid, entre la vie et la mort.

Il est construit selon une progression dramatique qui conduit le lecteur à passer d’une nature
luxuriante et idyllique à une nature conçue comme le dernier lit d’un soldat tué à la guerre.

Peu à peu, Arrthur Rimbaud instaure des ambiguïtés : le soldat dort-il paisiblement ? Ou est-il
mort ? Son immobilité est-elle le signe d’un repos mérité ou de sa mort ? Ce n’est qu’au dernier
tercet que le lecteur comprend la tragédie dont il est témoin depuis le début.

Le dernier vers consacre la critique de la guerre avec force et humilité. D’autres poèmes des
Cahiers de Douai, dénoncent avec virulence la guerre franco-prussienne, comme « Le Mal» .

Autre ouverture possible : sur le poème « L’évadé » de Boris Vian dans lequel la quête de
liberté et de sensation du prisonnier est brutalement interrompue par la mort.

Le Dormeur du val : commentaire littéraire pour l’écrit du bac de


français
« Le Dormeur du val » est un poème de Rimbaud issu des Cahiers de Douai, rassemblant les
textes composés lors d’une fugue du jeune poète, âgé de 16 ans, alors que faisait rage la guerre
franco-prussienne.

Marqué par l’horreur de la guerre, il écrit ce sonnet qui fait découvrir au lecteur le spectacle de la
mort d’un jeune soldat et vise à nous faire partager son indignation et sa colère.

Rimbaud adopte une stratégie particulière de dénonciation dans la mesure où son sonnet se
distingue par ses descriptions féériques de la nature.

Problématiques possibles sur « Le dormeur du val » :


♦ Que met ici en opposition Rimbaud ?
♦ Qu’est-ce qui fait l’efficacité de cette dénonciation de la guerre ?
♦ Que dénonce le poète dans « Le dormeur du Val » ?
♦ Quels sont les effets sur le lecteur recherchés par le poète dans ce sonnet ?
♦ Comment la chute du sonnet invite-t-elle le lecteur à une relecture du poème ?

Annonce du plan de commentaire


Nous verrons d’abord qu’Arthur Rimbaud met en place un décor apaisant (I), puis nous
aborderons l’attitude ambiguë du « dormeur » (II). Pour terminer, nous remarquerons
l’efficacité de la dénonciation de la guerre dans ce sonnet (III).

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I – Un décor apaisant et charmeur

A – Un cadre lumineux
La description du décor qui ouvre ce poème laisse une grande place à la lumière.

Le « soleil » revient deux fois (vers 3 et 13) et illumine (« luit ») tout le poème, créant des
effets de reflets dans la rivière (« haillons / D’argent ») et projetant ses « rayons ».

La « lumière » est elle-même présente au vers 8, associé à l’eau (elle « pleut ») ; elle
inonde la scène, créant une sorte de halo autour du jeune soldat, lui-même « pâle ».

Le jeu de métaphores (les lambeaux de soleil, la pluie de lumière) et la versification


mettent sans cesse en évidence ces éléments lumineux, par les rejets en début de vers de
« D’argent » et « Luit ».

B – Une nature vivante


On trouve dans « Le Dormeur du val » de nombreuses personnifications de la nature, à
qui le poète prête des attributs humains : la rivière « chante » et « accroch[e] des haillons » (elle
est véritablement active), la montagne est « fière », la nature « berce ».

La capitale au terme « Nature » et l’apostrophe (par l’impératif « berce-le ») en fait une


entité à part entière, à laquelle le poète peut s’adresser.

Le verbe chanter, l’adverbe « follement » et les « haillons / D’argent » apportent une


touche festive à l’ensemble.

La nature semble se mettre en mouvement pour faire une ronde joyeuse autour de
l’homme allongé.

L’eau, également très présente dans le poème (« rivière », « pleut », « baignant »), est aussi
symbole de vie et de mouvement.

C – Un environnement protecteur
Sous ses aspects de gaieté, le cadre du poème est aussi apaisant, protecteur.

Le jeune soldat semble ainsi confortablement installé « dans son lit vert », « souriant », la
nuque « dans le frais cresson bleu ».

La Nature le « berce », la montagne « fière » semble veiller sur lui, comme autant de
figures maternelles que le poète invoque.

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Transition : Après s’être longuement attardé sur le spectacle d’une nature en fête, Rimbaud
décrit le dormeur du val, un jeune soldat allongé au sol, plongé dans un étrange sommeil.

II – Un sommeil ambigu

A – Un sommeil profond
Le soldat est peu décrit et seulement de l’extérieur (on sait uniquement qu’il est « jeune » et
« pâle »), mais Rimbaud accorde une grande importance à sa position : « il est étendu
dans l’herbe », « tête nue », « la nuque baignant dans le frais cresson ».

Le champ lexical du sommeil est omniprésent, à commencer par le titre : « Le dormeur du val
». Le verbe « dormir » revient lui-même trois fois (vers 7, 9 et 13), accompagné au vers 9 d’un
synonyme : « fait un somme ».

Le jeune homme est par ailleurs comparé à un enfant (« comme / Sourirait un enfant
malade »), qui serait allongé « dans un lit vert », où mère Nature le « berce ».

La « bouche ouverte » rappelle elle aussi la position de l’enfant profondément endormi.

L’immobilité du dormeur est accentuée jusqu’à la fin du poème, avec le rejet au dernier vers de
l’adjectif « Tranquille ».

B – L’ambivalence des termes


Cependant, nombreux sont les termes employés qui ont une double interprétation, même si
Rimbaud nous mène effectivement sur la (fausse) piste du soldat endormi.

Ainsi, la « bouche ouverte », l’immobilité du dormeur, dont même la « narine » ne frémit pas,
sa pâleur et la comparaison avec l’« enfant malade » sont autant d’indices qui convergent vers
une autre interprétation.

De même, certains détails sur sa position laissent à penser qu’il n’a pas choisi d’être là : sa
nuque « baignant dans le frais cresson bleu » indique qu’elle est mouillée, ce qui n’est guère
agréable, et par ailleurs, « il a froid ».

C – Une chute brutale et sans appel


C’est au tout dernier vers qu’arrive la chute : nous le comprenons, le soldat est mort après avoir reçu
deux balles dans le cœur (« du côté droit » puisqu’il est décrit comme face à nous, donc à sa gauche à
lui).

À la lecture de la chute, tous les indices ambivalents s’éclairent.

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Alors que le poème vacillait entre deux interprétations (l’une implicite – le sommeil ;
l’autre sous-jacente – la mort), le dernier vers fait basculer tout le poème dans la plus
malheureuse.

Cette chute demande une deuxième lecture sous l’angle de la deuxième interprétation, dont le
poète nous avait éloignés par la description d’une nature en fête.

Le « trou de verdure » prend alors des allures de tombeau et rappelle les « deux trous rouges »
finaux ; « Les pieds dans les glaïeuls » (fleurs de deuil) évoquent les enterrements.

Transition : Arthur Rimbaud entretient ainsi tout au long du poème une ambiguïté sur le dormeur
du val, qui sera tranchée de manière brutale par le dernier vers. Cet effet de surprise contribue à
l’efficacité de la dénonciation.

III – L’efficacité de la dénonciation

A – Un effet de progression dramatique


Le sonnet « Le dormeur du val » est construit en deux quatrains et deux tercets qui suivent
une ligne narrative claire :
♦ La première strophe plante le décor;
♦ La deuxième présente le seul personnage humain;
♦ Puis la perspective se centre sur ce personnage et son immobilité.

À la dernière strophe apparaît la première négation de tout le poème (« Les parfums ne


font pas frissonner sa narine »), qui annonce la négation finale de la vie elle-même.

Ce schéma narratif est accompagné par les indices de plus en plus révélateurs qui font pencher vers la
deuxième interprétation (la mort du soldat). D’une nature gaie et mouvante, on passe à une
immobilité froide et « tranquille » ; le rejet de l’adjectif en début de vers accentue cette
immobilité et provoque la chute, brutale car courte et sans explication (« Il a deux trous
rouges au côté droit »).

B – Le symbolisme du tableau
« Le dormeur du val » frappe par sa composition presque picturale : les images sont
saisissantes (les haillons d’argent, la lumière qui pleut), le cadre longuement décrit, le sujet (le
dormeur) centré. C’est un portrait de soldat qui a laissé sa vie au combat.

Par ailleurs, le jeune mort reste anonyme et ne porte aucune marque distinctive, si ce n’est les deux
trous qui révèlent qu’il est mort. Son anonymat est un symbole fort : puisqu’il n’est personne, il est
aussi tous les hommes tombés au combat, faisant ainsi figure de soldat inconnu avant l’heure
(la tombe du soldat inconnu, inaugurée après la Première Guerre mondiale, représente tous les soldats
tués pendant la guerre).

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Une relecture attentive à la lumière de la deuxième interprétation permet au lecteur de déceler les
nombreuses oppositions présentes dans le poème, symboles de l’opposition fondamentale
entre la vie et la mort :
♦ Le mouvement de la nature contraste avec l’inertie du soldat;
♦ Le soleil et la lumière qui inondent le tableau s’opposent au « froid » du corps;
♦ Le « vert » du lit au « rouge » des trous.

C – Une dénonciation forte car indirecte


Si ce poème est si fort, c’est certes grâce à sa chute tardive, retardée jusqu’au dernier moment, mais
aussi par le refus obstiné du poète de dire les choses comme elles sont. Impossible de ne pas
comprendre que le jeune soldat est mort ; et pourtant, jamais le mot n’apparaît dans le poème.

Rimbaud travaille ici avec retenue.

Il ne cherche pas à convaincre le lecteur, il ne lui donne aucun argument : il se contente


d’exposer une scène presque banale après une bataille.

Ainsi, le vers « Les parfums ne font pas frissonner sa narine » est une litote signifiant qu’il ne
respire plus ; les « deux trous rouges » sont un euphémisme pour les balles qui l’ont abattu.

Le vocabulaire militaire brille d’ailleurs par son absence. Seul le terme « soldat », couplé
avec l’actualité politique (la guerre franco-prussienne), nous informe sur le contexte possible et la
raison de la mort.

Le dormeur du val, conclusion


La dénonciation de la guerre est ici très subtile, car hormis le mot « soldat », guère mis en évidence,
rien dans le poème n’y fait écho. C’est ce qui fait la force de la chute, qui contraste brutalement
avec la description de la nature joyeuse et apaisante qui a précédé.

L’absence de violence dans le texte trahit l’absurdité de la guerre : les images idylliques
que propose le poème décrivent justement le monde hors de portée de l’homme tombé au combat.

L’antimilitarisme de Rimbaud transparaît aussi très clairement dans le poème « Le Mal« .

Tu étudies « Le Dormeur du val » ? Regarde aussi ces analyses :


♦ Les fonctions de la poésie (vidéo importante pour l’objet d’étude)
♦ Dissertation sur Cahiers de Douai
♦ Arthur Rimbaud : biographie
♦ Sensation, Rimbaud : analyse

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♦ Première soirée, Rimbaud : analyse
♦ Au cabaret-vert, Rimbaud : analyse
♦ La Maline, Rimbaud : analyse
♦ Ma bohème, Rimbaud
♦ Le bateau ivre, Rimbaud
♦ Le buffet, Rimbaud
♦ Aube, Rimbaud
♦ A la musique, Rimbaud
♦ Voyelles, Rimbaud
♦ Ophélie, Rimbaud
♦ Les effarés, Rimbaud
♦ Morts de quatre-vingt-douze, Rimbaud
♦ L’éclatante victoire de Sarrebrück, Rimbaud
♦ Rages de Césars, Rimbaud
♦ Rêvé pour l’hiver, Rimbaud
♦ Bal des pendus, Rimbaud
♦ Le châtiment de Tartufe, Rimbaud
♦ Roman, Rimbaud (on n’est pas sérieux quand on a 17 ans)
♦ L’erreur (souvent) fatale au bac de français (vidéo)

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