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Soloveva Ekaterina

Texte d'Ignaz Seipel de 1926.

La Première République autrichienne a été marquée par des crises économiques récurrentes et

une agitation sociale intense. À la suite de la Première Guerre mondiale, les circuits

économiques traditionnels ont été perturbés, ce qui a entraîné des difficultés dans la

distribution des biens et des services, notamment à cause des nouvelles frontières redessinées

après la disparition de l'Empire austro-hongrois. Cette situation a conduit à une dépendance

accrue à l'égard de l'agriculture, particulièrement précaire étant donné la désorganisation des

circuits de distribution, notamment avec la perte de la Hongrie comme partenaire agricole.

Après la Première Guerre mondiale, l'Autriche est confrontée à des difficultés économiques

graves, aggravées par sa transition d'un vaste empire à une petite République. Vienne, la

capitale, accueille un tiers de la population et les circuits de distribution sont désorganisés.

Les anciens fournisseurs et marchés de l'empire sont maintenant des pays étrangers, certains

hostiles à l'Autriche. Cette situation aggrave les effets négatifs de la transition post-guerre,

entraînant une crise d'hyperinflation dès 1922. Le chômage augmente rapidement, menaçant

la survie même de la République.

En outre, l'afflux de personnes fuyant les zones rurales pour trouver refuge dans les villes,

notamment à Vienne, a exacerbé les tensions sociales. La pénurie de bois de chauffage et la

famine ont aggravé la situation, entraînant une diminution significative de la consommation


de produits de première nécessité, comme le lait. Ces défis ont mis à rude épreuve la stabilité

économique et sociale de l'Autriche au cours de cette période tumultueuse.

1. **Après la Première Guerre mondiale :** L'Autriche, en tant que partie de l'ancien empire

austro-hongrois, a été sévèrement touchée par les conséquences de la Première Guerre

mondiale. La défaite militaire et la dissolution de l'empire ont entraîné une instabilité

politique et économique majeure. En 1922, l’Autriche connaît un phénomène

d’hyperinflation. Une miche de pain valait avant la guerre une demi-couronne, en 1922 il

fallait en payer 6 600 alors que le salaire hebdomadaire d’un maçon s’élevait à 398 400

couronnes.

époque et qui, entre 1923 et 1929, sacrifient plus de 100 000 emplois dans l’industrie. En

1922, le taux de chômage atteint presque 5 %. Un an après la signature des accords de

Genève, il s’affiche à 9 %. Il continue à varier pendant les années de stabilisation relative

entre 11 % en 1926, soit 244 000 chômeurs, à 8,3 % en 1928, lors de la crise mondiale, il

atteindra 26 % en 1933.

L'effondrement économique, l'hyperinflation et le chômage étaient monnaie courante, ce qui

a entraîné des troubles sociaux et politiques.

2. **Concurrence politique :** Les chrétiens-sociaux étaient en compétition avec d'autres

forces politiques, notamment les sociaux-démocrates, les socialistes et les communistes, pour

le soutien populaire. Ces groupes politiques offraient souvent des visions différentes de la

société et de l'économie, et les chrétiens-sociaux cherchaient à se positionner comme une


alternative viable, en particulier en mettant l'accent sur les valeurs religieuses et la

coopération économique.

3. **Montée des mouvements fascistes et autoritaires :** Les années 1920 ont également été

marquées par la montée des mouvements fascistes et autoritaires en Europe. En Autriche,

cela a été incarné par le mouvement Heimwehr, qui prônait le nationalisme, le militarisme et

le rejet du socialisme. Les chrétiens-sociaux, tout en partageant certaines similitudes avec ces

mouvements en termes de conservatisme social, ont cherché à se distinguer en mettant

l'accent sur les principes démocratiques et les valeurs chrétiennes.

4. **Réforme sociale et économique :** Face aux défis économiques et sociaux, les

chrétiens-sociaux ont proposé des politiques visant à promouvoir l'autonomie économique, à

soutenir les petites entreprises et l'agriculture, à améliorer les conditions de travail et à lutter

contre le chômage. Ils ont également souligné l'importance de la solidarité sociale et de la

coopération entre les différents secteurs de la société.

En résumé, le programme du parti chrétien-social en 1926 était une réponse aux défis

économiques, politiques et sociaux de l'époque, alors que l'Autriche se remettait des séquelles

de la Première Guerre mondiale et faisait face à une concurrence politique croissante, ainsi

qu'à la montée des mouvements fascistes en Europe. Les chrétiens-sociaux cherchaient à

offrir une alternative démocratique, sociale et basée sur les valeurs religieuses à ces

développements.
Les chrétiens-sociaux veulent réagir à plusieurs éléments du contexte politique, social et

économique de l'époque :

1. **La crise économique et sociale :** Après la Première Guerre mondiale, l'Autriche était

confrontée à une crise économique profonde, caractérisée par l'hyperinflation, le chômage et

la pauvreté. Les chrétiens-sociaux voulaient répondre à ces défis en proposant des politiques

économiques et sociales visant à stimuler l'emploi, à promouvoir l'autonomie économique et

à améliorer les conditions de vie des travailleurs et des familles.

2. **La montée des idéologies socialistes et communistes :** Les mouvements socialistes et

communistes gagnaient en popularité dans l'Autriche de l'après-guerre, en particulier parmi

les travailleurs et les classes laborieuses. Les chrétiens-sociaux cherchaient à contrer

l'influence de ces idéologies en offrant une alternative basée sur les principes de la doctrine

sociale de l'Église catholique, qui mettait l'accent sur la solidarité, la subsidiarité et la justice

sociale.

3. **La menace des mouvements nationalistes et fascistes :** Les chrétiens-sociaux étaient

également préoccupés par la montée des mouvements nationalistes et fascistes, tels que le

mouvement Heimwehr en Autriche. Ils s'opposaient à ces mouvements en défendant les

principes démocratiques, en promouvant la paix et la coopération internationale, et en rejetant

le nationalisme extrême et le militarisme.

4. **La défense des valeurs familiales et religieuses :** Enfin, les chrétiens-sociaux voulaient

réaffirmer l'importance des valeurs familiales et religieuses dans la société autrichienne. Ils

s'opposaient aux tendances séculaires et matérialistes de l'époque en promouvant l'éducation


morale et religieuse, en protégeant les droits des parents sur l'éducation de leurs enfants et en

soutenant les institutions religieuses.

En résumé, les chrétiens-sociaux voulaient réagir aux défis économiques, politiques et

sociaux de l'époque en proposant une alternative fondée sur les principes de la doctrine

sociale de l'Église, la démocratie, la solidarité sociale et les valeurs familiales et religieuses.

En 1926, les chrétiens-sociaux préféraient une structure fédérale pour plusieurs raisons, en

partie en réponse au contexte politique, social et économique de l'époque en Autriche :

1. **Préservation de l'identité régionale :** L'Autriche était composée de différentes régions

avec leurs propres cultures, langues et traditions. Une structure fédérale permettait de

préserver cette diversité et de reconnaître l'importance des identités régionales tout en

maintenant l'unité nationale.

2. **Contrebalancer le pouvoir centralisé :** Les chrétiens-sociaux étaient méfiants à l'égard

d'un gouvernement central fort et centralisé, craignant qu'il n'entraîne une concentration

excessive de pouvoir et des abus autoritaires. Une structure fédérale offrait une solution en

limitant le pouvoir du gouvernement central et en accordant davantage d'autonomie aux

régions.

3. **Adaptation aux réalités locales :** Face aux défis économiques et sociaux variés

rencontrés par différentes régions de l'Autriche, une structure fédérale permettait une réponse

plus adaptée et flexible aux besoins spécifiques de chaque région. Cela incluait la possibilité

de mettre en œuvre des politiques économiques et sociales adaptées localement.


4. **Principe de subsidiarité :** Les chrétiens-sociaux adhéraient au principe de subsidiarité,

qui stipule que les décisions devraient être prises au niveau le plus proche possible des

citoyens. Une structure fédérale incarnait ce principe en déléguant le pouvoir politique aux

niveaux régional et local, ce qui permettait une plus grande participation citoyenne et une

meilleure responsabilité des gouvernements locaux.

En résumé, en 1926, les chrétiens-sociaux préféraient une structure fédérale en Autriche pour

préserver l'identité régionale, contrebalancer le pouvoir centralisé, s'adapter aux réalités

locales et promouvoir le principe de subsidiarité dans la prise de décision politique.

Bien sûr, voici des détails supplémentaires pour chaque point :

1. **Identité culturelle et régionale**: Dans une structure fédérale, chaque région ou entité

politique peut mieux protéger et promouvoir sa propre culture, ses langues et ses traditions.

Par exemple, dans le cas de l'Autriche, une structure fédérale pourrait permettre aux

différentes régions, comme la Styrie ou la Carinthie, de conserver et de développer leurs

particularités culturelles distinctes tout en maintenant une relation spéciale avec l'Allemagne

sur la base de valeurs communes partagées.

2. **Coopération économique et politique**: Une structure fédérale ne signifie pas

l'isolement. Au contraire, elle peut favoriser une coopération étroite avec l'Allemagne dans

des domaines économiques et politiques clés. Par exemple, les régions frontalières pourraient

bénéficier de liens commerciaux solides avec les régions allemandes voisines, tout en
participant à des initiatives conjointes dans des domaines tels que la recherche et le

développement, l'innovation ou la lutte contre le changement climatique.

3. **Poids diplomatique**: En maintenant une relation particulière avec l'Allemagne, un

pays peut renforcer son influence diplomatique sur la scène internationale. Par exemple, en se

coordonnant avec l'Allemagne sur des questions de politique étrangère et de sécurité, un pays

fédéral peut faire valoir ses intérêts de manière plus efficace au niveau international, tout en

préservant son autonomie dans d'autres domaines de gouvernance.

En somme, la défense d'une structure fédérale tout en réclamant une relation particulière avec

l'Allemagne repose sur une combinaison d'arguments liés à la préservation de l'identité

culturelle, à la coopération économique et politique, ainsi qu'à l'amélioration du poids

diplomatique sur la scène mondiale.

Dans le programme du parti chrétien-social de 1926, l'importance de l'Église dans l'État peut

s'expliquer par plusieurs raisons :

1. **Fondements moraux et éthiques**: Pour le parti chrétien-social, l'Église représente une

autorité morale et éthique qui guide les valeurs et les principes de la société. En intégrant les

enseignements de l'Église dans les politiques et les institutions de l'État, le parti cherchait à

promouvoir une gouvernance basée sur des valeurs chrétiennes telles que la justice sociale, la

solidarité et la compassion envers les plus démunis.


2. **Stabilité sociale**: L'Église était perçue comme un pilier de stabilité sociale dans une

période marquée par des bouleversements politiques et économiques. En renforçant le rôle de

l'Église dans l'État, le parti chrétien-social espérait contribuer à la cohésion sociale et au

maintien de l'ordre public en promouvant des valeurs de respect, de responsabilité et de

justice.

3. **Éducation et culture**: L'Église était historiquement impliquée dans les domaines de

l'éducation et de la culture, jouant un rôle central dans la formation des citoyens et la

transmission des connaissances. En reconnaissant l'importance de l'Église dans ces domaines,

le parti chrétien-social soutenait son implication dans le système éducatif et culturel de l'État

pour promouvoir une éducation morale et intellectuelle basée sur les principes chrétiens.

4. **Soutien populaire**: Dans une société largement imprégnée de valeurs religieuses,

accorder un rôle important à l'Église pouvait également être politiquement bénéfique pour le

parti chrétien-social en lui assurant le soutien d'une partie de la population qui valorisait la

place de la religion dans la vie publique.

En somme, l'importance accordée à l'Église dans l'État selon le programme du parti chrétien-

social en 1926 s'explique par sa vision d'une société fondée sur des valeurs chrétiennes, son

rôle de stabilisateur social, son implication dans l'éducation et la culture, ainsi que son

soutien populaire.

A partir de mai 1932, le processus conduisant à la suppression de la démocratie en Autriche

s’accélère.En 1932, l'Autriche traverse une période difficile, marquée par une instabilité

politique et économique. Engelbert Dollfuss, issu d'un milieu modeste et profondément


catholique, est nommé chancelier du pays. Malgré sa petite taille qui l'a empêché de

combattre lors de la Première Guerre mondiale, il s'engage en politique au sein du parti

chrétien-social, se concentrant sur le syndicalisme agricole. Après avoir gravi les échelons, il

devient ministre de l'Agriculture en 1931, puis chancelier l'année suivante. Son

gouvernement, confronté à une coalition instable, doit faire face à des défis majeurs. La

transition politique est également marquée par la mort de Mgr Seipel, une figure politique de

référence, peu de temps après l'accession de Dollfuss au pouvoir.

Le 1er mars 1933, une grève des cheminots est interdite par le gouvernement fédéral, ce qui

entraîne une crise politique. Le président du Conseil national convoque une session

extraordinaire du parlement pour mettre fin aux agissements du gouvernement, mais des

affrontements conduisent au retrait des présidents du Conseil national. Le 5 mars, en

Allemagne, l'échec électoral du parti catholique Zentrum renforce Hitler. En Autriche,

Dollfuss annonce la suspension du parlement et le gouvernement annonce qu'il légiférera

sans le parlement. Les dirigeants chrétiens-sociaux décident alors de gouverner de manière

autoritaire.

En Autriche en 1933, le parti chrétien-social a probablement abandonné son soutien à l'État

démocratique en raison de l'instabilité politique et des tensions croissantes qui ont émergé

dans le pays à cette époque.

Les éléments du texte qui annoncent ce tournant incluent :

1. La mention de la "lutte contre la domination de l’influence pernicieuse juive dans les

domaines intellectuel et économique" (ligne 18), qui peut refléter les sentiments antisémites

qui étaient présents dans certaines parties de la société autrichienne à cette époque.
2. La référence à l'égalité du peuple allemand au sein de la famille des peuples européens et le

développement de la relation à l’Empire allemand sur la base de l’autodétermination (ligne

19), qui pourrait indiquer un sentiment de nationalisme allemand et une volonté de se

rapprocher de l'Allemagne nazie.

Bien sûr, examinons cela de plus près :

1. **Instabilité politique et tensions sociales :** En 1933, l'Autriche était confrontée à des

problèmes politiques et économiques majeurs, exacerbés par la Grande Dépression. Ces

conditions précaires ont créé un terreau fertile pour les mouvements politiques extrémistes et

autoritaires, qui ont remis en question les fondements de la démocratie.

2. **Montée du nationalisme et de l'antisémitisme :** Le texte mentionne la lutte contre

"l'influence pernicieuse juive", reflétant une atmosphère d'antisémitisme croissant. Ce

sentiment était souvent exploité par les mouvements nationalistes pour susciter le soutien

populaire et délégitimer les gouvernements démocratiques.

3. **Aspiration à l'unification avec l'Allemagne nazie :** La référence à l'égalité du peuple

allemand au sein de la famille des peuples européens et à l'autodétermination peut être

interprétée comme un appel à l'annexion à l'Allemagne nazie. À cette époque, certains

groupes politiques en Autriche aspiraient à rejoindre l'Allemagne, perçue comme une

puissance en plein essor.


En combinant ces facteurs, on peut voir que le parti chrétien-social autrichien s'est détourné

de l'État démocratique en réponse à l'instabilité politique, à la montée du nationalisme et de

l'antisémitisme, ainsi qu'à l'aspiration à rejoindre l'Allemagne nazie.

Ces éléments suggèrent une convergence idéologique avec les idées nationalistes et

autoritaires qui étaient en ascension en Autriche à cette époque, ce qui pourrait expliquer le

détournement du parti chrétien-social de l'État démocratique.

Sources:

Histoire de l'Autriche,Paul Pasteur.

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