A. La rupture avec le Moyen Âge Après 1453 et la prise de Constantinople par les Turcs, des savants grecs s’installent en Italie en emportant avec eux des nouveaux manuscrits de l’Antiquité grecque. Des intellectuels, les humanistes, se mettent à étudier les œuvres antiques oubliées ou négligées au Moyen Âge et en font des traductions. Au Moyen Âge, on s’intéressait surtout à Dieu et à l’au-delà. Les humanistes, qui reprennent les idées de l’Antiquité, mettent au contraire l’homme au centre de leurs préoccupations. Ils donnent une grande importance à la vie, au plaisir et sont curieux de tout. L’éducation et les études leur semblent le meilleur moyen d’apporter le bonheur et de faire progresser l’humanité. B. Le renouvellement de la pensée Par leurs travaux, les humanistes renouvellent la pensée de l’époque. Le Hollandais Érasme donne une version plus exacte du Nouveau Testament qui remet en question la Vulgate en usage depuis des siècles. Dans l’Éloge de la folie, il critique la société et les abus du clergé. Très renommé à son époque, on le considère comme le « prince des humanistes ». Rabelais et Montaigne en France, Machiavel et Castiglione en Italie écrivent de grandes œuvres littéraires ou des essais. Ils y exposent leurs idées dans la langue de leur pays et non plus en latin comme au Moyen Âge. Certains humanistes cherchent aussi à faire progresser les sciences. Le Polonais Copernic développe la théorie selon laquelle la Terre tourne autour du Soleil, ce qui va à l’encontre de l’idée admise de la Terre comme centre de l’univers. Le Flamand Vésale perfectionne l’anatomie en disséquant des cadavres. L’Italien Léonard de Vinci s’intéresse à l’anatomie, à la mécanique et dessine des machines ingénieuses. Néanmoins les progrès sont lents, du fait de l’opposition de l’Église aux nouvelles idées et des mentalités encore très crédules (on croit à la sorcellerie, etc.). Les savants manquent aussi de moyens et d’instruments pour l’observation et les expériences. Les humanistes voyagent et s’écrivent beaucoup. Partageant leurs connaissances et leurs travaux, ils forment la « République des lettres ». C. L’imprimerie et les livres permettent la diffusion de l’humanisme L’imprimerie à caractères mobiles est inventée par Gutenberg vers 1455. Le support en papier remplace le parchemin. Les livres sont désormais beaucoup moins chers. Leur production augmente fortement (15 millions de livres imprimés au XVe siècle).
II. La Renaissance artistique
A. Un art nouveau inspiré de l’Antiquité Aux XVe et XVIe siècles, les artistes italiens délaissent l’art du Moyen Âge. Tout comme les humanistes, ils se passionnent pour l’Antiquité gréco-romaine et placent l’homme au centre de leurs œuvres. Les architectes reviennent aux formes antiques comme le fronton, les colonnes, les chapiteaux ou la coupole. Peintres et sculpteurs s’inspirent des statues antiques qui représentent très souvent des nus. Ils ne se limitent plus aux sujets religieux mais s’inspirent aussi de la mythologie gréco-romaine. Mais les artistes de la Renaissance cherchent aussi à dépasser l’Antiquité. Ils se servent des progrès de l’anatomie pour mieux représenter le corps humain et ils améliorent l’art du portrait. En architecture, ils s’appuient de plus en plus sur les connaissances mathématiques et créent des dômes gigantesques, comme celui de la cathédrale Sainte- Marie-de-la-Fleur à Florence puis de la basilique Saint-Pierre à Rome. Les peintres découvrent les règles de la perspective et utilisent de nouvelles techniques : ils ne peignent plus seulement sur du bois ou sur des murs, mais aussi sur des toiles et se mettent à utiliser la peinture à l’huile, inventée aux Pays-Bas. Le statut de l’artiste change. Au Moyen Âge, il était considéré comme un artisan. Peu à peu, on le considère comme un créateur et il signe ses œuvres bien qu’il soit encore à la tête d’un atelier avec des compagnons et des apprentis. B. L’Italie, foyer de la Renaissance L’Italie est le premier foyer de la Renaissance. La floraison des arts ne pourrait s’expliquer sans l’atmosphère de luxe qui y règne. Les villes et les familles les plus puissantes cherchent à montrer leur richesse en possédant les plus beaux monuments et les plus belles œuvres. Elles deviennent les mécènes des artistes, en les attirant, en assurant leur entretien, en leur passant des commandes. Au XVe siècle, c’est Florence, dirigée par la famille des Médicis, qui est le centre de la Renaissance artistique. Mais au XVIe siècle, affaiblie par les guerres et les troubles intérieurs, elle perd de son importance au profit de Rome, que les papes cherchent à transformer. En 1508, le pape Jules II confie à Michel-Ange la peinture du plafond de la chapelle Sixtine. Venise devient aussi un centre artistique dans la deuxième moitié du siècle (villas de Palladio). L’Italie attire de nombreux artistes européens désireux de se perfectionner. Au XVIe siècle, elle a une grande influence artistique sur l’Europe. C. La Renaissance se diffuse hors d’Italie En France, les rois et les nobles sont séduits par l’art nouveau à l’occasion des guerres d’Italie de 1494 à 1516. Le roi François 1er (1515-1546) fait venir en France des artistes comme Léonard de Vinci ou Benvenuto Cellini. L’influence de l’Italie se fait sentir dans les châteaux de la Loire et dans ceux d’Île de France. Ils gardent souvent des caractéristiques françaises (toits en ardoise, tours…) mais adoptent des formes italiennes (chapiteaux, pilastres, frontons…). III. Un temps de bouleversements religieux A. Les réformes protestantes Un contexte favorable aux réformes À la fin du XVe siècle, un certain nombre de chrétiens se questionnent sur la meilleure façon d’obtenir son salut. Pour eux, l’Église ne remplit plus son rôle : ils accusent les curés d’être ignorants et sans morale, les évêques et les abbés de ne penser qu’à s’enrichir, et les papes de se comporter comme des rois et d’entretenir une Cour luxueuse au lieu de se consacrer à la religion. Les humanistes sont très pieux et ils éditent, traduisent, et commentent le Nouveau Testament. Mais à la suite de leurs travaux, il leur semble que l’Église s’éloigne du texte biblique. Ils défendent un christianisme plus simple fondé sur une meilleure connaissance du message du Christ, sans pour autant rompre avec le catholicisme. Luther ouvre la voie des réformes Au début du XVIe siècle, le pape Léon X (1513-1521) fait vendre des indulgences pour pouvoir construire la basilique Saint-Pierre-de-Rome. En 1517, dans ses 95 thèses, le moine allemand Luther dénonce la vente des indulgences qui fait du salut une affaire d’argent. Au début de 1521, il est excommunié par le pape. Mis hors-la-loi par l’empereur Charles Quint, il se réfugie chez le prince de Saxe dans le château de Wartbourg où il traduit le Nouveau Testament en allemand. Rompant avec le catholicisme, Luther fonde une Église protestante. . Dans la nouvelle religion, les œuvres sont inutiles pour le salut, seule la foi peut l’apporter. Le culte des saints et de la Vierge sont abandonnés et il n’y a plus que deux sacrements, le baptême et la communion, au lieu des sept de l’Église catholique. Dans l’Église luthérienne, le clergé est supprimé ainsi que les monastères. Des pasteurs sont chargés de commenter la Bible avec les fidèles et de donner les sacrements. Les cérémonies religieuses se font dans la langue du pays et non plus en latin. La réforme de Luther a tout de suite un grand succès. Elle se diffuse en Allemagne et elle gagne très rapidement les pays scandinaves et la France. Les réformes anglicane et calviniste En Angleterre, le roi Henri VIII (1497-1543) est excommunié par le pape pour avoir divorcé de Catherine d’Aragon et épousé Anne Boleyn. Il décide alors de prendre la tête de l’Église d’Angleterre par l’Acte de suprématie (1534) : c’est la naissance de l’Église anglicane. En 1563, la reine Elisabeth 1re (1558-1603) fixe la nouvelle doctrine qui s’inspire de celles de Luther et Calvin L’Église anglicane conserve cependant du catholicisme la hiérarchie ecclésiastique (prêtres, évêques), les prières (traduites en anglais) et le faste des cérémonies religieuse. B. La réaction catholique Les premières réactions de l’Église catholique L’Église catholique se décide tardivement à réagir à la montée du protestantisme. En 1542, Paul III crée la Congrégation de l’Inquisition pour lutter contre les hérésies et faire obstacle au protestantisme. En 1539, un noble espagnol, Ignace de Loyola fonde un nouvel ordre religieux, qui se met au service du pape, l’ordre jésuite ou Compagnie de Jésus. Ses membres, les jésuites, s’engagent à prêcher la doctrine catholique partout où le pape voudra les envoyer. Ils deviennent confesseurs des souverains, ouvrent de nombreux collèges d’enseignement et, comme théologiens, sont les adversaires acharnés des protestants. Ils partent aussi en mission dans les pays lointains, pour y répandre le catholicisme. Le concile de Trente (1545-1563) et la réforme catholique Depuis longtemps, des catholiques demandaient la réunion d’un concile, une assemblée réunissant les évêques, pour rétablir l’ordre dans l’Église catholique. Le pape Paul III le réunit à partir de 1545 à Trente, en Italie. Il va tenir de nombreuses sessions jusqu’en 1563. Le concile de Trente maintient en les précisant tous les dogmes catholiques rejetés par les protestants : il rappelle l’importance des sept sacrements, l’utilité du culte de la Vierge et des saints, et le rôle des œuvres pour obtenir le salut. L’autorité du pape est par ailleurs réaffirmée. Mais le concile condamne aussi les abus du clergé catholique et décide l’ouverture des séminaires dans chaque diocèse pour bien former les jeunes prêtres. Le concile crée une congrégation de l’Index chargée de dresser la liste des ouvrages dangereux pour la foi (l’Index) et interdits par l’Église. Dans la seconde moitié du siècle, le clergé fait construire de nombreuses églises. Contrairement aux temples protestants, elles sont somptueuses et décorées de statues et d’images représentant la Vierge et les Saints. Guerres et paix de religion du XVIe siècle Au XVIe siècle, des guerres de religion opposent les protestants et les catholiques dans le Saint Empire, en France (1562-1598) et dans les Pays-Bas espagnols. Les guerres s’achèvent par des « paix de religion ». Dans le Saint Empire, Charles Quint signe la paix d’Augsbourg en 1555. Elle permet à chaque prince de l’Empire de choisir sa religion et de l’imposer à ses sujets, selon le principe « tel prince, telle religion ». En France, le roi Henri IV met fin aux guerres de religion en accordant la liberté de culte aux protestants par l’Édit de Nantes (1598). En 1581, aux Pays-Bas espagnols, les provinces du Nord à majorité protestante se séparent de celles du Sud et forment un nouvel État, les Provinces- Unies (les actuels Pays-Bas). Cependant les paix sont fragiles et les guerres reprennent avec violence dans le Saint Empire au XVIIe siècle (Guerre de Trente ans, 1618-1648).