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RÉVISIONS 2017 DES CRITÈRES

DIAGNOSTIQUES DE MCDONALD
POUR LA SCLÉROSE EN PLAQUES

Pr. Sandra VUKUSIC


Département Sclérose en plaques, pathologies de la myéline et neuro-inflammation
Fondation Eugène Devic EDMUS sur la Sclérose en Plaques
Hôpital Neurologique Pierre Wertheimer – Hospices Civils de Lyon – France
Observatoire Français de la Sclérose en Plaques (OFSEP)
Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon - INSERM 1028 et CNRS UMR5292
Université Claude Bernard Lyon 1
2017 PROPOSED REVISIONS TO THE
MCDONALD DIAGNOSTIC CRITERIA
FOR MULTIPLE SCLEROSIS

Jeffrey A. Cohen, MD
Mellen Center for MS Treatment and Research
Cleveland Clinic

MSParis2017
Parallel Session 2: The New MS Criteria
LES CRITÈRES DIAGNOSTIQUES DE SEP

 Allison and Millar 1954


 McAlpine 1957, 1965
 Schumacher 1965
 McDonald and Halliday 1977
 Poser 1983
 McDonald (International) criteria 2001, 2005, 2010, 2017

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LES CRITÈRES DIAGNOSTIQUES DE SEP

 Objectifs généraux : fournir des définitions formalisées et des ré-


évaluations sur

 Les catégories diagnostiques


 La caractérisation des poussées et de la progression
 Les critères de dissémination dans le temps et dans l’espace
 Les possibilités d’utilisation de l’imagerie et d’autres tests

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2016-7 INTERNATIONAL PANEL ON DIAGNOSIS
OF MULTIPLE SCLEROSIS
 Réunions à Philadelphie 3-5 Novembre 2016 et Berlin 20-21 Mai 2017
 Organisées sous les auspices de l’International Advisory Committee on Clinical Trials
in MS
 Financées par US National MS Society et ECTRIMS

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2016-7 INTERNATIONAL PANEL ON DIAGNOSIS
OF MULTIPLE SCLEROSIS
Jeffrey Cohen – Co-Chair Hans-Peter Hartung
Alan Thompson – Co-Chair Ludwig Kappos
Stephen Reingold Fred Lublin
Ruth Ann Marrie
Brenda Banwell Aaron Miller
Frederik Barkhof David Miller
William Carroll Xavier Montalban
Timothy Coetzee Ellen Mowry
Giancarlo Comi Per Soelberg Sorensen
Jorge Correale Mar Tintore
Franz Fazekas Anthony Traboulsee
Massimo Filippi Maria Trojano
Mark Freedman Bernard Uitdehaag
Kazuo Fujihara Sandra Vukusic
Steven Galetta Emmanuelle Waubant 7
Brian Weinshenker
2016-7 INTERNATIONAL PANEL ON DIAGNOSIS
OF MULTIPLE SCLEROSIS
La convocation du panel d’experts a été motivée par de nouvelles données sur
 L’ IRM, le LCR et d’autres tests paracliniques
 Les performances des critères de McDonald 2010 dans diverses populations
 Les liens entre la SEP et d’autres maladies partageant des présentations cliniques ou IRM (en
particulier NMOSD)
 Le challenge représenté par le diagnostic chez des individus aux présentations atypiques (en
particulier RIS)
 La fréquence et les conséquences des erreurs diagnostiques

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2016-7 INTERNATIONAL PANEL ON DIAGNOSIS
OF MULTIPLE SCLEROSIS – CONTENU DU RAPPORT

 Revue sur les problèmes d’erreurs diagnostiques, l’utilisation appropriée des


critères de McDonald et l’applicabilité au sein de diverses populations
 Recommandations générales sur la démarche diagnostique
 Révisions 2017 des critères de McDonald
 Recommandations pour des études futures

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2016-7 INTERNATIONAL PANEL ON DIAGNOSIS
OF MULTIPLE SCLEROSIS – PRINCIPES GÉNÉRAUX
 Aucun changement majeur anticipé
 Simplification ou clarification de composantes des critères 2010
 Facilitation d’un diagnostic plus précoce quand la SEP est probable mais non
diagnostiquée avec les critères 2010
 Préservation de la spécificité des critères 2010 et promotion de l’application
appropriée pour réduire les erreurs diagnostiques
 Garantie que les modifications proposées n’affaiblissent pas les critères et sont
supportées par des preuves raisonnables

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ERREURS DIAGNOSTIQUES ET DIAGNOSTICS
DIFFÉRENTIELS
 Les diagnostics différentiels de la SEP sont nombreux
 L’erreur diagnostique reste un problème important en pratique clinique 1-4
 Dans une revue multicentrique récente de cas, elle était liée le plus souvent à des
situations cliniques fréquentes avec symptômes, signes et anomalies IRM non
spécifiques 4
 L’erreur diagnostique peut avoir des conséquences graves 4

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1
Murray TJ, Murray SJ. Can Med Assoc J 1984;131:336-7. 2 Poser CM. Lancet 1997;349:1916. 3
Carmosino MJ et al. Arch Neurol
2005;62:585-90. 4 Solomon AJ et al. Neurology 2016;87:1393-9
APPLICATIONS DES CRITÈRES 2010 DANS
DIFFÉRENTES POPULATIONS
 Les critères de McDonald ont été développés et validés sur des données de centres
académiques, chez des adultes de moins de 50 ans, d’origine génétique/ethnique
européenne occidentale, avec une présentation clinique typique de CIS
 Globalement, les données disponibles supportent l’utilisation des critères de
McDonald dans des populations d’origine géographique diverses, chez les enfants
et les individus plus âgés.
 Une attention particulière doit être portée aux diagnostics alternatifs, en particulier
NMOSD, infections, déficits nutritionnels, comorbidités

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NEUROMYELITIS OPTICA SPECTRUM
DISORDERS
 De nouvelles données substantielles ont été publiées depuis 2010
 Les critères de McDonald 2010 et les critères International Panel for NMO Diagnosis
2015 distinguent largement le SEP et la NMOSD même si des cas incertains
persistent
 La possibilité de NMOSD devrait être considérée chez tous les patients évalués pour
un diagnostic de SEP
 Les anticorps anti-AQP-4 et, si disponibles, anti-MOG
 Devraient être réalisés chez tous les patients avec des présentations suggestives de NMOSD
 Considérés dans les groupes à haut risque relatif de NMOSD

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COMMENT ÉVITER LES ERREURS
DIAGNOSTIQUES ?

 Garder à l’esprit que les critères de McDonald ont été développés et validés pour
identifier la SEP ou une forte probabilité de SEP chez des patients ayant une
présentation clinique typique de CIS, mais pas pour différencier la SEP d’autres
maladies
 L’intégration des données d’anamnèse, examen, imagerie et examens
complémentaires par un clinicien expérimenté pour la SEP reste fondamentale
pour faire un diagnostic fiable de SEP ou un diagnostic alternatif

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COMMENT ÉVITER LES ERREURS
DIAGNOSTIQUES ?
 En plus de la simple confirmation des DIS / DIT, la rigueur diagnostique dans
l'interprétation des données cliniques et des résultats des tests est indispensable
 En l’absence de présentation typique d’un CIS :
 Accepter avec prudence les événements historiques sans signe objectif
 Confirmer le diagnostic par le suivi ultérieur clinique et radiologique
 Envisager de retarder le diagnostic ou l’instauration d’un traitement pour accumuler de
nouveaux éléments de preuve

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COMMENT ÉVITER LES ERREURS
DIAGNOSTIQUES ?
 Le seuil de réalisation de l’IRM médullaire et/ou de l’examen du LCR devrait être
bas si :
 Les données cliniques et d’IRM cérébrale sont insuffisantes pour retenir la SEP
 La présentation clinique (y compris des formes progressives d’emblée) n’est pas classique
 Les présentations (cliniques/IRM/biologiques) sont atypiques
 C’est une population où la SEP est moins fréquente

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LA PLACE DE L’IRM DANS LE DIAGNOSTIC DE
SEP
 Utilisation de protocoles standardisés (MAGNIMS, CMSC, … OFSEP)
 L’IRM peut se substituer aux données cliniques pour définir DIS et DIT
 L’IRM permet d’évaluer des présentations atypiques
 Une IRM cérébrale devrait être réalisée chez tous les patients évalués pour un
diagnostic de SEP
 L’IRM médullaire n’est pas obligatoire dans tous les cas, mais conseillée :
 En cas de présentation suggérant une localisation médullaire
 Quand le diagnostic de SEP est envisagé dans une population où la SEP est moins fréquente
 Quand des données complémentaires sont nécessaires pour augmenter la fiabilité du
diagnostic
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LA PLACE DU LCR DANS LE DIAGNOSTIC DE
SEP

 Les bandes oligoclonales (BOC) sont plus utiles que l’index IgG pour démontrer la
sécrétion intra-thécale d’anticorps ; la sensibilité dépend de facteurs techniques
 L’examen du LCR n’est pas obligatoire chez tous les patients en cours d’évaluation
pour un diagnostic de SEP, mais le seuil de réalisation devrait être bas pour
augmenter la fiabilité du diagnostic
 Il devrait être recommandé dans les cas où les preuves sont insuffisantes pour faire
le diagnostic, les présentations atypiques, les populations où la SEP est moins
fréquente
 Le diagnostic de SEP doit être posé avec prudence en cas d’absence de BOC ou de
résultats atypiques pour une SEP
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RÉVISIONS 2017 DES CRITÈRES DE MCDONALD

1. Chez un patient ayant une présentation typique de CIS et


remplissant les critères cliniques ou IRM de DIS, sans meilleure
explication pour la présentation clinique, la présence de BOC
spécifiques dans le LCR permet de faire le diagnostic de SEP.
 Ajout aux critères de McDonald 2010

DIS = Dissémination dans l’espace


BOC = Bandes Oligoclonales
RÉVISIONS 2017 DES CRITÈRES DE MCDONALD
2. Les lésions IRM symptomatiques et asymptomatiques peuvent
être prises en compte pour déterminer DIS et DIT.
Dans les critères de McDonald 2010, la lésion symptomatique
chez un patient présentant une atteinte clinique du tronc
cérébral ou de la moelle ne pouvait pas être prise en compte
comme une preuve de DIS ou DIT

DIT = Dissémination dans le temps


RÉVISIONS 2017 DES CRITÈRES DE MCDONALD
3. Les lésions corticales et juxtacorticales peuvent être utilisées pour
établir les critères IRM de DIS
 Dans les critères de McDonald 2010, les lésions corticales ne
pouvaient pas être utilisées pour établir des critères IRM de
DIS
RÉVISIONS 2017 DES CRITÈRES DE MCDONALD
4. Les critères diagnostiques pour les SEP progressives d’emblée
sont les mêmes en 2017 qu’en 2010
 En dehors de la suppression de la distinction entre lésions
symptomatiques et asymptomatiques et du fait que les lésions
corticales peuvent être utilisées.
RÉVISIONS 2017 DES CRITÈRES DE MCDONALD
5. Au moment du diagnostic, une forme clinique évolutive devrait
être précisée et périodiquement ré-évaluée en fonction des
informations accumulées.
 Ajout aux critères de McDonald 2010

a
Lublin FD, et al. Neurology. 2014;83:278-286
MCDONALD 2017 – DÉBUT À POUSSÉE
Présentation clinique Données supplémentaires nécessaires pour le diagnostic de SEP
>2 poussées cliniques et preuve clinique Aucune
objective de >2 lésions

>2 poussées cliniques et preuve clinique DIS démontrée par une nouvelle poussée clinique impliquant un autre territoire du SNC OU par
objective d’une lésion IRM

1 poussée clinique et preuve clinique objective DIT démontrée par une nouvelle poussée clinique OU par IRM
de >2 lésions OU
BOC spécifiques du LCR

1 poussée clinique et preuve clinique objective DIS démontrée par une nouvelle poussée clinique impliquant un autre territoire du SNC OU par
d’une lésion IRM

DIT démontrée par une nouvelle poussée clinique OU par IRM


OU
BOC spécifiques du LCR
CRITÈRES DE MCDONALD 2017
DÉMONSTRATION DE LA DIS - IRM
DIS: ≥1 lésion T2 dans ≥2 localisations

périventriculaire corticale /juxtacorticale infratentorielle moelle épinière

Modifications par rapport aux critères McDonald 2010 :


• Pas de distinction entre lésions symptomatiques et asymptomatiques
• Les lésions corticales et juxtacorticales peuvent toutes être utilisées
CRITÈRES DE MCDONALD 2017
DÉMONSTRATION DE LA DIT - IRM

La DIT peut être démontrée par :


 La présence simultanée de lésions réhaussées et non réhaussées par le
gadolinium à n’importe quel moment
OU
 Une nouvelle lésion hyperintense T2 ou une lésion réhaussée par le
gadolinium sur une IRM de suivi, en comparaison à un examen de
référence, indépendamment du moment de la réalisation de cette IRM
de référence

Modification par rapport aux critères de McDonald 2010 : pas de


distinction entre lésions symptomatiques et non symptomatiques
CRITÈRES DE MCDONALD 2017
DISSÉMINATION DANS LE TEMPS

Une nouvelle
poussée clinique

Seuil clinique
CRITÈRES DE MCDONALD 2017
DISSÉMINATION DANS LE TEMPS
Une nouvelle lésion T2 sur une IRM de
suivi en comparaison à un examen de
référence, indépendamment du moment
de la réalisation de cette IRM de référence.
Seuil clinique
CRITÈRES DE MCDONALD 2017
DISSÉMINATION DANS LE TEMPS
Présence simultanée de lésions réhaussées et non
réhaussées par le gadolinium à n’importe quel
moment, incluant le moment de la survenue du CIS

Seuil clinique
CRITÈRES DE MCDONALD 2017
DISSÉMINATION DANS LE TEMPS
CIS
+ Démonstration clinique ou IRM de la DIS
+ Présence de BOC dans le LCR*

Seuil clinique

* Similaire à la SEP biologiquement


certaine de Poser
CRITÈRES DE MCDONALD 2017
SEP PROGRESSIVE D’EMBLÉE

Une SEP progressive d’emblée peut être diagnostiquée par :


 >1 an de progression du handicap (déterminé rétrospectivement ou
prospectivement) libre de poussée clinique
Plus 2 des 3 critères suivants :
 >1 lésion hyper-T2 dans >1 localisation cérébrale caractéristique de
la SEP (périventriculaire, corticale/juxtacorticale, or infratentorielle)
 >2 lésion hyper-T2 dans la moelle épinière

 Démonstration de la présence de BOC dans le LCR


AUTRES PROPOSITIONS DISCUTÉES MAIS
NÉCESSITANT DES PREUVES
SUPPLÉMENTAIRES

 Nombre de lésions périventriculaires (i.e. plus d’une?)


 Comment incorporer l’atteinte des voies visuelles antérieures dans
les critères diagnostiques
 Comment gérer les présentations non classiques
 Radiologically isolated syndrome (RI
 Sclérose solitaire (solitary sclerosis)
 SEP possible
AUTRES THÈMES DE RECHERCHE HAUTEMENT
PRIORITAIRES

Une validation des critères de McDonald 2017 est nécessaire dans


différentes populations :
 Asie, Amérique latine, Moyen Orient, Afrique
 Formes à début pédiatrique et tardif
 Avec comorbidités
 Pratique médicale non spécialisée et générale
AUTRES THÈMES DE RECHERCHE HAUTEMENT
PRIORITAIRES

IRM
 Validation des critères MAGNIMS 2016 en globalité

 Méthodes pour évaluer la chronicité des lésions

 Méthodes pour détecter l’atteinte de la substance grise

 Techniques pour distinguer les lésions de SEP d’autres


pathologies
 Rôle des IRM de plus haut champ magnétique (7T)
AUTRES THÈMES DE RECHERCHE HAUTEMENT
PRIORITAIRES

 Utilité diagnostique des anticorps anti-MOG


 Biomarqueurs diagnostiques de SEP autres que l’IRM
 Utilité des potentiels évoqués autres que visuels
CONCLUSIONS
 Les révisions 2017 affinent des critères de McDonald bien établis,
avec un équilibre approprié entre sensibilité et spécificité
 Une application appropriée des critères de McDonald est
nécessaire pour éviter les erreurs diagnostiques
 La SEP reste un diagnostic clinique, nécessitant une synthèse
rigoureuse des données cliniques, d’imagerie et biologiques par un
clinicien ayant une expertise dans la SEP

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