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Master de recherche en sciences de l’éducation

L’APPORT DES NEUROSCIENCES COGNITIVES


DANS LE DOMAINE DE L’ÉDUCATION:
LE PROCESSUS D’APPRENTISSAGE

Imen souissi
Psychologue-neuropsychologue
Docteure en psychologie
souissiimene5@gmail.com
Plan d’intervention

 Le concept d’apprentissage
 Les piliers de l’apprentissages
 Rôle des aspects émotionnels et motivationnels
 Les facilitateurs de l’apprentissage
1. Le concept d’apprentissage

 Le métaphore de la forêt (Masson): l’aspect biologique de l’apprentissage

« Pour se déplacer, l’apprenant doit pousser les branches avec ses bras en plus
d’écraser l’herbe et les petits arbustes avec ses pieds ».

 Le passage répété du marcheur crée progressivement un sentier qui est de plis en


plus facile à emprunter. Bien vite ce sentier devient une voie privilégiée pour passer
rapidement du point A au point B.

 En contrepartie, si l’apprenant n’emprunte plus le sentier pendant un certain temps,


les herbes, les arbustes et les arbres y reprennent lentement leur place et le sentier
disparait progressivement.
Des mouvements similaires s’effectuent dans le cerveau ?

 Quand on active son cerveau à plusieurs reprises pour accomplir une


tâche, il développe des chemins neuronaux qui lui permettront d’accomplir la
tâche demandée de plus en plus facilement et rapidement.

 Si on ne s’entraine pas, les connexions neuronales associées à cet


apprentissage s’affaiblissent progressivement jusqu’à se défaire.
Des mouvements similaires s’effectuent dans le cerveau ?

 Quand on active son cerveau à plusieurs reprises pour accomplir une


tâche, il développe des chemins neuronaux qui lui permettront d’accomplir la
tâche demandée de plus en plus facilement et rapidement.

 Si on ne s’entraine pas, les connexions neuronales associées à cet


apprentissage s’affaiblissent progressivement jusqu’à se défaire.
Par analogie:

« Ce n’est pas par ce qu’un élève est incapable de répondre à une question
ou résoudre un problème qu’il n’a rien appris… c’est peut-être que les
réseaux de neurones qui ont commencé à s’établir dans son cerveau ne sont
pas assez consolidés pour que l’on puisse observer des changements dans
sa façon de répondre ou d’accomplir une tâche ».
2. Les piliers de l’apprentissage

- Ce concept traite les facteurs qui constituent/modulent de façon


incontournable l’apprentissage.

Il s’agit de quatre piliers définis par Dehaene: l’attention, l’engagement actif,
le retour d’information (le feed-back), et enfin, la consolidation.

Ces piliers sous-tendent la réussite de l’apprentissage


2.1. L’attention

La porte d’entrée des apprentissages en permettant de se focaliser sur la


matière, de sélectionner une information pertinente et d’en moduler le
traitement de l’information (et donc l’activité cérébrale).

Ce filtrage d’information est indispensable pour tout processus


d’apprentissage.

(exemple de la vidéo: compter les passes entre les groupes blanc et noir).

- Trois sous-composants doivent être activés de manière coordonnée: l’alerte,

l’orientation et le contrôle exécutif.


 L’alerte: correspond à l’état général d’éveil du système nerveux central et
renvoie à la disposition à traiter des informations et à répondre aux
stimulations de l’environnement.

Elle peut se modifier de manière tonique ou phasique:

La première est lente, progressive, graduelle et généralisée. Elle diminue au fil


de la journée à mesure que la fatigue s’installe.

La deuxième est une modification soudaine et transitoire du niveau d’éveil


suite à la présentation d’un signal avertisseur
 L’orientation: pour autant que l’enfant soit bien alerte en classe, l’enjeu est de
bien orienter/ canaliser son attention sur les informations pertinentes,
(s’abstenir de noyer l’enfant dans un trop plein chaotique d’informations).

 Le contrôle exécutif: consiste à inhiber un comportement indésirable

Eviter les situations de « double-tâche » et le détournement de la tâche à


accomplir

Se donner les moyens de suivre efficacement l’enseignant et de ne pas se


disperser (faire autre chose, parler à son voisin, …)

 Prédicateur important du succès académique.


- Le rôle crucial de l’école: s’exercer à mieux observer, écouter, capter les
consignes, inviter l’élève à « faire attention à son attention », …

 Développer les capacités d’inhibition

 Rectifier les mauvais réflexes de pensée et d’action (impulsivité, réponses hâtives,…)

 Etablir un mode de fonctionnement rationnel conscient (plus sûr mais plus lent)

 Opter pour des moments de mise au calme des esprits (calmer les agitations, faire le
point, …)

NB: L’attention garantira une meilleure qualité de l’exécution de toute activité: une des
capacités-clés dans la vie.
2.2. L’engagement actif

Il ne s’agit pas d’un apprentissage passif, une réelle mobilisation est nécessaire
(un organisme passif n’apprend pas! )

C’est une démarche du ressort de l’enfant mais l’enseignant peut susciter cette
mobilisation, en encourageant une démarche active de sa part et en testant la
fiabilité de ses connaissances.

Nécessite la mise en place de quelques aménagements: composition des


groupes, régulation sonore, attribution des rôles, travailler sur les compétences
psycho-sociales, utilisation d’une feuille de route, équilibre entre les temps
personnels et collectifs, opter pour un mode producteur, tutorat élève-élève …
 Pertinence du changement du statut de l’enseignant, d’un simple
transmetteur d’information et sachant sans faille, à celui d’un
accompagnateur cognitif en côte-à côte (méthode de Montessori, …).
2.3. Le retour de l’information (feed-back)

Dans le contexte des apprentissages, le cortex agit comme une sorte de


machine à générer des prédictions et à évaluer leur justesse.

L’apprentissage est un phénomène itératif fonctionnant par cycle que l’on


peut décomposer en quatre étapes successives:

a) Il lance une prédiction,

b) Reçoit en retour des informations sensorielles


Le retour d’information est
c) Compare et corrige si nécessaire donc essentiel

d) Améliorer la prédiction suivante


Transposé à la pédagogie:

Cela implique que l’erreur est normale et fertile  à condition qu’elle soit
activement détectée par l’apprenant et sous la surveillance de l’enseignant.

L’importance d’insister sur cette notion de bienveillance: l’erreur ne doit


pas être trop sanctionnée dans les apprentissages.

erreur sanctionnée= génératrice de stress, de démotivation, inhibition


des apprentissages, …

Besoin d’un renforcement positif, d’approbation, de validation,


d’encouragement, …
N.B:

Le cerveau dispose d’un système interne de récompense qui se base sur


l’erreur de prédiction, celle-ci est la différence entre le résultat attendu et le
résultat obtenu.

 C’est ce système de récompense qui nous permet d’évaluer quelle action


donnera le meilleur résultat.
2.4. La consolidation

L’humain est un être de mémoire, rien de la vie qui ne repose sur un capital
de notions acquises et de procédures automatisées.

Les expressions de mémoire sont multiples: implicites ou explicites; à court


terme, de travail ou à long terme; consciente ou inconsciente, …

Le cortex préfrontal est fortement mobilisé par l’attention exécutive. Il s’agit
d’un traitement explicite de l’information.

A mesure que les connaissances sont intégrées, ce traitement sera de moins


en moins explicite jusqu’à basculer vers de l’implicite.
 Processus automatisés et transférés vers des réseaux non-conscients, plus
rapides et efficaces: alléger la charge de la mémoire de travail (comme libérer la
mémoire vive de l’ordinateur des tâches superflues pour un fonctionnement optimal, ou l’exemple de

l’apprentissage de la conduite ou encore la lecture).

Plusieurs stratégies peuvent être préconisées à ce niveau:

 Lutter contre l’oubli par un renforcement des acquis


 Aménager des temps de mémorisation en classe

 Pratiquer la mémorisation active des informations (poser des questions, fiches de


mémorisation…)

 Rectifier les erreurs et estomper les imprécisions par le feed-back proche

 Mettre les connaissances en acte, en parole, en communication


En pédagogie, ceci suggère:

Les matières doivent être enseignées à dose raisonnable pour un traitement


efficace des données

Les matières doivent être vues et revues (mâchées et remâchées) afin d’être
bien consolidées (digérées): la répétition est la mère de tout apprentissage.
3. Rôle des aspects émotionnels et motivationnels

3.1. Rôle des émotions

Les lobes frontaux agissent sur la régulation des émotions. L’individu est traversé
par différentes émotions (allant de la tristesse à l’euphorie). L’objectif est d’aider à
ne pas être submergé par ses émotions et les contrôler.

Selon Damasio (1994), la présentation d’un problème ravive en mémoire les


épisodes ou les souvenirs d’échecs ou de réussite antérieures ce qui influence la
représentation et le comportement des élèves et les stratégies cognitives mises en
place  L’apprentissage entraine des émotions, des affects, du plaisir plus au
moins intenses (selon les personnes, les situations et les types d’apprentissages).
3.2. Rôle de la motivation

Motivation = ensemble de facteurs influençant le comportement, l’action ou la


manière de penser ... Elle explique la dynamique de comportement de l’individu.

 Deux types de motivations existent:


extrinsèque: source extérieure de l’apprenant
intrinsèque: source interne à l’individu (le désir d’apprendre)

 Nécessaire pour s’engager dans un processus d’apprentissage/activité.


4. Les facilitateurs de l’apprentissage

Environnement physique
Neutre, calme, …

Environnement relationnel
Bienveillance,
encouragement, …

Propres à l’individu Sommeil, nutrition,


exercice, …
MERCI POUR VOTRE ATTENTION

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