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Université Batna 2- Mustapha Ben Boulaid

Faculté des Lettres et Langues étrangères


Département de Langue Française

Niveau : 1M Option : SDL Semestre : 01

Module : Théories et démarches en didactique

Cours 3 : Le cognitivisme

Présenté par : Mme S.BENSIDI AHMED

Adresse professionnelle : as.bensidi@univ-batna2.dz.


Site personnel : http://staff.univ-batna2.dz/bensidi-ahmed_saliha

Année universitaire : 2020/2021

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Cours 3 : Le cognitivisme Par Mme S.BENSIDI AHMED

1. Présentation de la théorie

Le terme « cognitivisme » vient du latin « cognitio », qui signifie « connaissance ». Le cognitivisme


(ou rationalisme) comme courant est né en 1956 en réaction au béhaviorisme. Des auteurs ont pris
leurs distances de la théorie du conditionnement opérant skinnérien qui refuse tout accès à la boite
noire (le cerveau), pour définir une approche objective et vérifiable des activités mentales permettant
d’intégrer les processus mentaux au processus d’apprentissage.

Cette nouvelle préoccupation est rendue possible grâce à l’invention de l’imagerie cérébrale et des
systèmes informatiques (l’intelligence artificielle). Le cerveau humain est apparenté à l’ordinateur
dans le traitement de l’information, il perçoit des informations qui lui proviennent du monde extérieur,
les reconnaît, les emmagasine en mémoire, puis les récupère de sa mémoire lorsqu'il en a besoin pour
comprendre son environnement ou résoudre des problèmes (Bibeau, 1996). Ce rapprochement entre le
cerveau et l’ordinateur a permis de comprendre les façons d’apprendre de l’humain.

L’accès aux processus mentaux (la boite noire) et le développement de l’informatique ont permis donc
l’élaboration d’un modèle cognitif.

Parmi les domaines explorés par la psychologie cognitive, la mémoire (la mémoire à court terme, la
mémoire à long terme, la mémoire lexicale, la mémoire sémantique…), et la résolution de problèmes
(partir du but à atteindre et le décomposer en sous-buts successifs, ou déduire par analogie avec une
situation connue).

2. Cognitivisme / Béhaviorisme

Le béhaviorisme et le cognitivisme sont deux théories qui ont en commun le fait de vouloir décrire
objectivement les lois qui régissent l’acquisition des connaissances, par opposition à celles qui laissent
place à la subjectivité (le modèle transmissif), mais sont différentes sur leurs fondements.

Pour mieux cerner les principes du cognitivisme, faisant cette comparaison avec le béhaviorisme (voir
le tableau ci-dessous) :

Le béhaviorisme (ou le Le cognitivisme (ou rationalisme)


comportementalisme)

Rendre compte des phénomènes


d’acquisition et d’apprentissage à partir Le cognitivisme franchit les frontières
des comportements observables en de la « boîte noire » (le cerveau), en
réponse à certains stimuli (signaux) tentant d’expliquer les processus
provenant de l’environnement de cognitifs (structures mentales) comme
l’individu : l’acquisition, la mémorisation, ou la ré
Principes et exploitation l’information) qui se
notions traitées • Stimuli (signal) une réponse passent dans la tête des individus
(comportement) + renforcement lorsqu’ils apprennent, résolvent des
positif risque de se reproduire. problèmes, ou effectuent diverses
• Stimuli (signal) une réponse tâches (Basque, 2011).
(comportement) + renforcement
neutre ou négatif risque de ne
pas se reproduire.

La mémoire humaine est vierge, dans La capacité de mémoire normale d’un

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laquelle peuvent s’accumuler les individu est limitée, elle se limite à
connaissances. sept éléments isolés (Miller dans un
article intitulé « Le nombre magique
7, plus ou moins2 »).

Il s’intéresse seulement à l’acquisition Il s’intéresse aux démarches que


de contenus. mettent en œuvre les apprenants.

Ne pas prendre en considération les Prendre en considération les aspects


aspects affectifs dans le processus affectifs (désir d’apprendre,
d’apprentissage. motivation, intérêt, e t c . ) dans le
processus d’apprentissage.

Ne pas accorder d’importance au pré Prendre soin d’intégrer les


acquis des apprenants. connaissances nouvelles à celles que
l’étudiant maîtrise déjà.

Apprenant = un cerveau à remplir et Apprenant = cerveau à réorganiser.


à automatiser.

les notions d’autonomie et de formation L’autonomie et la formation d’un esprit


d’un esprit critique sont absentes critique sont parmi ses préoccupations.
(l’élève est un être à dresser, à faire
automatiser).

Apprendre signifie acquérir un nouveau


comportement, ou donner une réponse Il y a apprentissage lorsque les
correcte à un stimulus. structures mentales sont modifiées
(Basque, Rocheleau et Winer, 1998).
L’apprentissage La connaissance s’acquiert par
répétition et habitude en offrant des
renforcements systématiques et
immédiats : apprendre une table de
multiplication par cœur, faire une série
d’exercices d’accord du nom, etc.

L’apprenant est passif (accumulation L’apprenant a un rôle actif par la


des éléments de connaissance isolés) : mobilisation de stratégies cognitives et
• il est dirigé par son enseignant vers métacognitives (mémorisation,
le développement des compréhension…), il ne se contente pas
Rôle de comportements souhaités, d’assimiler des données brutes ; il les
l’apprenant • il ne fait que répondre aux stimuli sélectionne et les met en forme.
qui lui sont proposés ou se
conditionner lui-même en s’offrant
des stimuli (travailler sérieusement,
avoir une bonne note, fournir les
mêmes ou plus d’effort pour avoir
de bonnes notes)

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• Aménager des conditions
favorables pour faire accomplir le
• Veiller à l’atteinte des objectifs processus d’apprentissage.
d’apprentissage qui dictent à l’élève
exactement ce qu’il doit savoir en fin • Exercer une fonction de
de leçon (amener l’élève à adopter de conception et de gestion des situations
nouveaux comportements) par la didactiques assurant la médiation entre
création de conditions l’élève et son environnement, l’élève et
Rôle de environnementales appropriées et un le savoir (rôle de médiateur).
l’enseignant système de renforcements adéquat (des
mots d’encouragements, des • Être un gestionnaire des
récompenses, etc.). apprentissages, il guide, anime, dirige,
conseille, explique, régule, remédie.
• Transmettre un savoir isolé.
• Aider ses élèves à participer
activement dans le traitement de
l’information selon leur organisation
mentale particulière.

• Permettre une analyse détaillée


des processus d’acquisition et de
Les apports • Présenter une théorie de traitement de l’information par le
l’apprentissage claire, précise et cerveau, cela permet de diagnostiquer
testable en laboratoire. et de corriger des difficultés au niveau
de la résolution de problèmes (Kaplan,
1998)

• Exclure tous processus • Manque d’unités : plusieurs


mentaux comme la conscience et la modèles proposés par les scientifiques
Les limites pensée. pour la mémorisation, le traitement et
l’exploitation de l’information.

Tableau : Comparaison entre le béhaviorisme et le cognitivisme

Le choix de l’approche appropriée varie en fonction des publics, les objectifs de formation, etc. Le
plus important est de pouvoir justifier son choix.

La connaissance des différents courants théoriques de l’apprentissage et de la formation permet


l’analyse ou la sélection des pratiques d’enseignement / apprentissage appliquées ou à appliquer en
classe, qui mènent à bien la formation de l’apprenant.

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Références bibliographiques utilisées pour l’élaboration du cours

• Audrey Miller, Analyse et comparaison de modèles théoriques en éducation des adultes : Le


béhaviorisme et le cognitivisme.

• Philippe Clauzard, THEORIES D’APPRENTISSAGE, cours 6.

• Philippe Clauzard, PROCESSUS ENSEIGNER, cours 2.

Références bibliographiques indicatives

• DEVELAY M. (1992). De l'apprentissage à l'enseignement, Paris, éd. ESF.

• Michel DEVELAY, Donner du sens à l’école, col. Pratiques et enjeux pédagogiques,


E.S.F., Paris, 1996.

• Legendre, M.-F., (2004). Cognitivisme et socioconstructivisme. Des fondements théoriques à


leur utilisation dans l’élaboration et la mise en œuvre du nouveau programme de formation,
Presses de l’Université du Québec.

• Philippe PERRENOUD, Pédagogie différenciée (Des intentions à l’action), col. Pédagogies /


Recherche, E.S.F., Paris, 2000.

• Jean PIAGET et Noam CHOMSKY, Théories du langage et théories de l’apprentissage (Le


débat entre Jean PIAGET et Noam CHOMSKY), Le Seuil, Paris, 1975.
• Tardif, J. (1992). Pour un enseignement stratégique. L’apport de la psychologie
cognitive. Montréal, Québec : Logiques.

• Tardif, M. (1996). Le projet de création d’une science de l’éducation au XXe siècle : analyse
et comparaison de deux psychologies scientifiques. Dans C. Gautier et M.Tardif, La
pédagogie. Théories et pratiques de l’Antiquité à nos jours, Montréal.

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