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Politique linguistique de la

langue française.
Législation,reglémentations

Masterand: Simion Alexandra-Otilia


TABLE DE MATIÈRES:
 
I.La législation linguistique
I.1. La législation linguistique en France
Définition
Les composantes de la politique linguistique
Les fondements de la politique linguistique
Fondements politiques
Fondements juridiques
I.2. L'élaboration d'une politique linguistique
L’analyse de la situation
Les langues en présence
L'état de leur description
Le statut réel des langues
La détermination des besoins et la demande sociale
I.3. Les limites de la politique linguistique
Limites politiques
Limites juridiques
Limites sociolinguistiques
Limites économiques
II.Politique nationaliste et défense de la langue
Sphère publique/sphère privée
II.1. Régions linguistiques et langues officielles
L’emploi des langues dans le domaine administratif
L'emploi des langues dans l'économie
L'emploi des langues dans l'enseignement
 
II.2.La loi Toubon et la diversité linguistique
III.Politique linguistique de l'État
III.1.La langue française dans la Constitution
III.2.Les réformes
III.3.Les idéologies linguistiques et les principes de la politique linguistique
IV. Le plurilinguisme
IV.1. La mise en oeuvre de politiques linguistiques fondées sur le plurilinguisme
V. Conclusion
I.La législation linguistique
La politique de la langue menée en France de 1966 à 1994, dans la mesure où elle a
eu constamment pour objectif d'affirmer la présence de la langue et de la culture
françaises en face de l'influence du monde anglo-saxon, marque une réelle
continuité. Cependant elle a connu au cours de ces années diverses orientations
reflétant les idéologies et les priorités des hommes politiques qui ont conduit cette
action sur la langue.
I.1. La législation linguistique en France
Définition:
Autrefois le mot "législation" était le nom donné au pouvoir donné à certaines
autorités d'émettre des règles contraignantes. A notre époque il désigne d'une
manière générale le corps des Lois et des règlements en vigueur dans un Etat
déterminé. On parlera par exemple de la législation française. On peut pareillement,
dans un sens moins général utiliser le mot législation en restreignant sa portée à
une matière déterminée. Dans ce sens on peut déclarer "se référer à la législation
sur le divorce". La législation comprend, la Constitution, les règles que fixe le
Parlement, c'est à dire l'Assemblée nationale et le Sénat, les règlement
administratifs que sont les décrets, les arrêtés et, dans une certaines mesure, les
circulaires.
Les composantes de la politique linguistique:
Une politique linguistique peut comprendre:
des éléments relatifs au statut des langues visées – c’est-à-dire à leur reconnaissance comme langues
officielles, langues nationales, etc., et à leur usage respectif dans différents champs (administration
publique, commerce,affaires, travail, enseignement) – ou, de manière plus large, aux droits linguistiques
fondamentaux des citoyens ou des communautés de locuteurs (droits collectifs d’une minorité de
locuteurs, par exemple);
des éléments touchant le code de la langue, c’est-à-dire son développement interne (norme,
modernisation du vocabulaire, ou réforme de l’orthographe par exemple).
Dans de nombreux cas, il peut y avoir interdépendance entre le statut et le code d’une langue. Pour
atteindre un statut déterminé, une langue doit être outillée afin d’être apte à remplir les fonctions que
l’on souhaite lui assigner.
Les fondements de la politique linguistique
Les fondements politiques
Plusieurs raisons justifient l’interventionnisme en matière de langue. On peut ainsi adopter une
politique linguistique afin de protéger la valeur patrimoniale d’une langue ou pour redonner préséance
à une langue dominée. Plusieurs langues sont ainsi passées au second rang à cause du prestige rattaché
à la langue du conquérant, de l’occupant, du colonisateur, donc au pouvoir, ou encore parce que
certaines langues ont été associées à la promotion sociale ou à la conduite des affaires. Redresser la
situation demande une intervention systématique.
La politique linguistique peut également apporter des solutions fonctionnelles à des situations de
langues en concurrence, ou servir à officialiser les usages issus de l’autorégulation des pratiques
linguistiques. Il s’agit alors de constater et d’endosser une situation de fait et de la fixer par un texte
officiel, afin de garantir l’intercompréhension.
Les fondements juridiques
La législation linguistique comprend l’ensemble des textes juridiques (lois,
règlements,décrets, directives, etc.) qui décrivent les droits, les devoirs et les
obligations linguistiques régissant l’usage des langues dans les divers secteurs de la
vie sociale au sein d’un territoire.
En général, la loi définit le statut des langues et précise leur emploi dans les domaines
et circonstances où il y a possibilité de conflit ou d’injustice. De nombreux États et
gouvernements ont opté pour une politique linguistique par le biais de la législation.
On estime actuellement qu’une majorité des pays membres des Nations Unies ont
une politique linguistique, ainsi qu’un grand nombre de gouvernements non
souverains.
Le droit linguistique a le plus souvent pour objectifs de fixer les règles qui
déterminent le choix des langues dans certains domaines de la vie sociale et de
déterminer les circonstances qui peuvent garantir l’usage de la langue, notamment la
protection à laquelle aspirent les minorités linguistiques. Ainsi, par des textes
officiels et réglementaires, le droit sanctionne les droits linguistiques des personnes
et des communautés linguistiques.
I.2. L'élaboration d'une politique linguistique
L’analyse de la situation
La définition et la mise en œuvre d’une politique linguistique ne peuvent se faire à
l’improviste, car ce processus a des conséquences considérables sur la vie
collective et il implique des investissements majeurs qui ne portent fruit qu’à long
terme. Il conviendra d’utiliser toutes les sources formelles et informelles
d’information de manière à décrire de la façon la plus complète possible la
situation linguistique de la société visée. Voyons quelques-uns des éléments sur
lesquels doit porter l’analyse.
Les langues en présence
La première étape consistera à dresser un inventaire complet des langues en
présence. Il est question ici non seulement des langues nationales ou
infranationales, mais également des langues en partage avec les pays voisins, et,
bien entendu, dans le cas des pays francophones,du français, qui est souvent la
langue officielle ou à tout le moins la langue de grande communication utilisée
par ces pays.
L’état de leur description
L’inventaire des langues en présence doit être complété par la description de l’état de chacune d’elles.
Sont-elles décrites ? Quel est l’état de leur normalisation et de leur développement interne
(grammaire, lexique, terminologie, système d’écriture, etc.) ? Ce tableau permettra de déterminer ce
qui resterait à faire relativement au code de chacune de ces langues dans l’hypothèse où il serait
décidé de les retenir dans le futur plan d’aménagement. Ce travail relève des linguistes spécialistes
des langues visées et dotés des
moyens de réaliser cette enquête, qui peut être particulièrement longue et difficile à conduire dans le
cas du lexique et du vocabulaire.
Le statut réel des langues
Le portraitdémolinguistique d’un pays permet déjà de comprendre les tendances et les conflits
linguistiques, d’anticiper les résistances aux changements que l’on se propose d’introduire mais aussi
des pistes de solutions pour le plan d’aménagement. Toutefois, l’accumulation de données
statistiques sur l’usage des langues ne suffit pas à bien comprendre les enjeux.Il faut mesurer quel est
le statut réel des langues, au-delà du statut juridique défini dans les textes officiels.
La détermination des besoins
l faut donner ici au concept de « besoins » sa plus grande extension. Il s’agira de décrire non
seulement les besoins manifestés par les acteurs sociaux, par différentes catégories sociales ou
différentes communautés nationales, mais également les besoins non formulés découlant d’une
politique de développement durable. Ainsi, des besoins d’alphabétisation dans une langue donnée
peuvent découler d’objectifs éducationnels dans le cadre d’une politique de développement
économique et social d’une communauté linguistique donnée.
La dynamique des échanges commerciaux et technologiques (intérieurs ou extérieurs) peut également
commander des interventions de nature linguistique afin de favoriser, par exemple, le transfert de
technologies et le transfert de connaissances.
I.3. Les limites de la politique linguistique
Limites politiques
Il faut se poser la question de ce qui est acceptable pour la classe politique : jusqu’où peut-on et veut-
on aller ? Il n’y a pas de réponse unique à cette question et la réponse politique dépend souvent des
limites juridiques, sociologiques et économiques que l’on peut observer, ainsi que de
l’environnement international.
Limites juridiques
Deux principes juridiques déterminent la plupart des politiques linguistiques existantes : le principe
de la territorialité et le principe de la personnalité.
Le principe de territorialité:
-il s’agit de reconnaître qu’une législation linguistique ne peut s’appliquer que sur un territoire
déterminé, bien que les frontières linguistiques ne correspondent pas nécessairement aux frontières
politiques. L’application de ce principe suppose qu’une ou des communautés de locuteurs aient une
certaine concentration sur un ou des territoires déterminés.
Le principe de la personnalité:
- fait référence aux droits de la personne, c’est-à-dire aux droits individuels du citoyen qui peuvent
entrer en conflit avec les droits collectifs.
Limites sociolinguistiques
Les choix personnels en matière de langue sont guidés par des facteurs culturels, mais également par
des facteurs économiques et on peut être assuré que les locuteurs feront des choix en fonction de la
langue de prestige et la langue de la promotion sociale et économique. Il faut travailler sur la
demande sociale et non pas seulement sur l’offre .
Limites économiques
Dans le monde du travail et dans les milieux économiques, les changements linguistiques peuvent
être perçus comme des freins. On ne peut stopper le fonctionnement d’une usine en attendant que les
changements linguistiques soient effectués. Le changement doit s’intégrer à la vie sociale et
économique et adopter un rythme qui ne nuise pas à l’économie.
II.Politique nationaliste et défense de la langue
Ce n’est que récemment, en 1992, qu’une référence à la langue française est entrée dans
la Constitution, à l’occasion d’une modification constitutionnelle centrée essentiellement
sur des dispositions concernant l’Union européenne7. En précisant dans l’Article 2 du
Titre I (« De la Souveraineté ») que « La langue de la République est le français », le
constituant a distingué nettement le français de toutes les autres langues parlées sur le
territoire et il a créé une situation inédite dans laquelle toute proposition visant les autres
langues doit nécessairement
être compatible avec les termes, ou l’interprétation, de cet Article 2. Cela a eu toute une
série de conséquences importantes, tant pour la politique de défense et de promotion du
français au plan intérieur et extérieur (ce qui était l’objectif avoué de cet ajout) que pour
la promotion des langues régionales (qui en sont en quelque sorte les victimes
collatérales).
Une des suites les plus connues de cette modification de la Constitution est l’adoption par
l’Assemblée nationale (et sa promulgation par le président de la République, François
Mitterrand) de la loi n° 94-665 du 4 août 1994 relative à l’emploi de la langue française,
connue comme loi « Toubon ».
II.1. Régions linguistiques et langues officielles
La IIIe République et l’instauration d’une instruction publique, laïque, gratuite et
obligatoire marque un autre tournant important dans la relation de la France avec les
langues régionales puisqu’elle entérine l’usage du français sur l’ensemble du territoire.
On notera d’ailleurs que certains enseignants ont parfois adopté des attitudes répressives
telles que des punitions à l’égard des élèves osant parler leur langue régionale sur les
bancs de l’école ou dans la cour de récréation.
En marge de ces périodes et dates clés, on retiendra aussi que les langues régionales ont
parfois été assimilées à l’ennemi, ce qui a contribué à leur « interdiction » de citer dans
l’espace public. C’est notamment le cas de l’alsacien alémanique dont l’usage au sortir de
la Seconde Guerre mondiale posait problème.
L’imposition du français comme langue unique au niveau administratif et à l’école, ainsi
que les différentes punitions et/ou sentiments de honte associés à certaines langues
régionales ont participé à une baisse importante du nombre de locuteurs sur le territoire.
Les langues régionales font en outre partie des éléments constituant l’identité du pays et
de ses régions, et sont des témoignages vivants de leur histoire. Elles constituent une
forme de patrimoine culturel immatériel, pour reprendre un type de classification utilisé
par l’Unesco.
On pourrait également mettre en avant que le fait de savoir jongler entre le français et sa
langue régionale constitue une excellente base pour l’apprentissage de langues
étrangères. Un atout lorsque certains arguent que les Français seraient mauvais en
langues étrangères.
Distinction entre sphère publique et sphère privée
Il s’agit sans doute du principe majeur du droit français en la matière. Si l’on résume les choses :
dans la sphère publique, le français a une place exclusive ; dans la sphère privée, l’usage des langues
est libre. Tout ce qui n’est pas inclus dans la définition de la sphère publique relève de la sphère
privée.
Par « sphère publique », on entend les administrations et les services publics de toute sorte qu’ils
soient assurés par des personnes morales de droit public ou des personnes privées chargées d’une
mission de service public. L’emploi du français s’impose à ces organismes et cette obligation s’étend
aux particuliers dans leurs relations avec lesdits services.
Les fondements juridiques de cette distinction sont bien connus : il s’agit de la célèbre ordonnance de
Villers-Cotterêts (1539), de la Constitution en son article 2 et de la loi « Toubon » de 1994. Il est
toujours utile de rappeler que l’ordonnance de 1539, qui comptait un très grand nombre d’articles
traitant de bien des aspects de la vie publique, visait entre autres à remplacer le latin par le français
dans les actes notariaux et judiciaires. Si elle a contribué sans doute à rendre d’administration plus
accessible au peuple, elle a renforcé le mouvement de centralisation entamé par le pouvoir royal et a
accéléré le déclin des autres
langues du royaume, supplantées par le français. La loi de 1994 est venue en quelque sorte
parachever ce processus séculaire.
Dans la sphère privée, l’emploi des langues est libre et tout citoyen peut user de l’idiome de son
choix. Cette latitude fonde la jurisprudence du Conseil d’État et du Conseil constitutionnel qui ont
toujours estimé que la liberté d’expression des citoyens était suffisamment garantie dès lors qu’il n’y
a pas d’interdiction de parler les langues autres que le français.
Cette distinction majeure entre sphère publique et sphère privée est donc un outil juridique très
puissant et cela explique pourquoi, entre autres facteurs, les auteurs de la Charte européenne des
langues régionales ou minoritaires, ont du renoncer à la « technique des droits de l’homme » pour
fonder leur texte12 et s’orienter vers la protection des langues elles-mêmes, en recommandant
qu’elles puissent occuper une « place raisonnable » dans la sphère publique.
L’emploi des langues dans le domaine administratif
La législation sur l’emploi des langues en matière administrative fixe notamment
dans quelle langue (ou quelles langues) les pouvoirs publics [1] doivent
communiquer avec leurs citoyens, et parfois inversement aussi. (ajouter l’annexe).
Les lois du 8 août 1962 et du 2 août 1963 ont fixé un certain nombre de règles
fondamentales à ce sujet. En 1966, ces deux lois linguistiques ont été converties
dans la Loi linguistique en matière administrative, qui s’applique à l’ensemble de la
Belgique.
L'emploi des langues dans l'économie
Le principe de base de l’économie est la liberté dans l’emploi des langues : les
employés et les entreprises peuvent utiliser la langue qu’ils veulent. Mais il y a
toutefois des règles pour les documents officiels et pour l’emploi des langues au sein
de l’entreprise. L’article 52 de la Loi linguistique en matière administrative (1966)
oblige les entreprises à utiliser la langue régionale à certaines occasions.
Un tribunal peut prononcer des amendes administratives et même des sanctions
pénales pour des infractions à la législation linguistique en économie. Les agents de
contrôle de la section Inspection du travail ont également des compétences
étendues. Des pièces ou des annales dans la langue incorrecte doivent être
déclarées nulles par le juge.
L'emploi des langues dans l'enseignement
L’emploi des langues dans l’enseignement n’est pas totalement libre. La loi relative à la
langue de l’enseignement de 1963 prescrit dans quelle langue les cours généraux doivent
être donnés notamment dans l’enseignement maternel, primaire et secondaire. Elle
s’applique pour les écoles à Bruxelles, les communes à facilités et la région linguistique
homogène néerlandophone. Dans la région linguistique homogène néerlandophone, la
langue de l’enseignement est le néerlandais, sauf pour l’enseignement des langues
étrangères.

II.2.La loi Toubon et la diversité linguistique


Jacques Toubon, ministre de la Culture et de la Francophonie dans le gouvernement de
cohabitation, va déposer au Sénat en juin 1993 un autre projet de loi qui trouvera un
écho favorable auprès de la nouvelle majorité. De fait, tel qu'il apparait dans les rapports
présentés au Sénat et à l'Assemblée nationale, ce projet marque un retour à une
politique volontariste de défense et de promotion de la langue, d'inspiration
nationaliste. Ce n'est sans doute pas par hasard si ces deux rapports commencent par la
citation d'une phrase de Georges Pompidou. Le rapporteur du projet devant l'Assemblée
nationale déclare d'emblée : « Aujourd'hui, les menaces qui pèsent sur l'intégrité de
notre langue /.../ proviennent essentiellement de l'extérieur de nos frontières ». Il
s'élève contre « l'usage abusif de termes étrangers ».
Ce projet de loi provoque un large débat dans l'opinion et suscite des réactions
d'opposition, parfois très vives. Certains commentaires de presse vont jusqu'à évoquer «
une tentative de purification linguistique ». Le Conseil constitutionnel, saisi par les
députés du groupe socialiste, déclare que sont contraires à la Constitution les
dispositions rendant obligatoire pour des personnes privées l'emploi des termes «
officiels ». Dans sa décision, le Conseil définit d'une façon précise les limites de l'action
du législateur dans le respect des règles constitutionnelles :
« Considérant qu'au nombre de ces règles figure celle posée par l'article 2 de la
Constitution, qui dispose : " La langue de la République est le français " ; qu'il incombe
ainsi au législateur d'opérer la conciliation nécessaire entre ces dispositions d'ordre
constitutionnel et la liberté de communication et d'expression proclamée par l'article 11
de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen ; que cette liberté implique le droit
pour chacun de choisir les termes jugés par lui les mieux appropriés à l'expression de sa
pensée ; que la langue française évolue, comme toute langue vivante, en intégrant dans
le vocabulaire usuel des termes de diverses sources, qu'il s'agisse d'expressions issues de
langues régionales, de vocables dits populaires ou de mots étrangers » (Décision du 29
juillet 1994).
La diversité linguistique
Afin d’assurer une place au français dans les instances internationales, il semble
illusoire de faire triompher le français aux dépens des autres langues, ce serait
laisser toute la place à l’anglais et accepter l’uniformisation linguistique. Or, seule la
promotion du plurilinguisme, c'est-à-dire la reconnaissance de la diversité
linguistique, permet d’assurer une place au français comme aux autres langues.
La promotion de la diversité linguistique
La France a fait du plurilinguisme l'une de ses priorités. Ainsi, l'Assemblée nationale
a adopté, le 6 janvier 2004, une résolution sur la diversité linguistique dans l'Union
européenne (voir le texte). Par cette résolution, l'Assemblée nationale affirmait
(art.1) «son attachement à la diversité linguistique et culturelle que consacre
l'élargissement à dix pays» et (art.2) «le droit de tout représentant du peuple de
s'exprimer, en toutes circonstances, dans sa langue maternelle [...]». Par conséquent,
la France (art.4) «s'oppose à toute extension du nombre des réunions sans
interprétation qui favoriserait l'utilisation d'une seule langue». Enfin, elle (art.9)
«appelle à un signalement systématique des infractions linguistiques commises par
les institutions et organismes communautaires».
III.Politique linguistique de l'État
La notion de politique linguistique, appliquée en général à l’action d’un État,
désigne les choix, les objectifs, les orientations qui sont ceux de cet État en
matière de langue(s), choix, objectifs et orientations suscités en général (mais
pas obligatoirement) par une situation intra- ou intercommunautaire préoccu-
pante en matière linguistique (on songe à l’Espagne au sortir du franquisme ou
à la Yougoslavie de Tito) ou parfois même ouvertement conflictuelle (comme
c’est le cas de la Belgique aujourd’hui).
 
Une politique linguistique peut :
– concerner telle langue dans ses formes : il peut s’agir alors d’une inter-
vention de type normatif (visant, par exemple, à déterminer une forme stan-
dard, à codifier des fonctionnements grammaticaux, lexicaux, phonétiques...,
ou encore à modifier une orthographe, etc., et à diffuser officiellement les [nou-
velles] normes ainsi fixées auprès des usagers) ;
– concerner les fonctionnements socioculturels de telle langue, son sta-
tut, son territoire, face aux fonctionnements socioculturels, au(x) statut(s),
au(x) territoire(s) d’une autre/d’autres langue(s) également en usage dans
la même communauté, avec des cas de figures variables (complémentarité,
concurrence, domination, etc.).
La politique linguistique actuelle s'est mise en place principalement contre l'usage croissant de mots anglais. Dès 1975,
la loi "Bas-Lauriol"(nouvelle fenêtre) rend l'emploi du français obligatoire dans différents domaines :
-audiovisuel et commerce ;
-établissements publics ;
-monde du travail.
En 1994, la loi "Toubon"(nouvelle fenêtre) renforce ce dispositif : entre-temps, le français est entré dans la Constitution
en tant que langue de la République.
III.1.La langue française dans la Constitution
La langue française dans la Constitution
Il faut attendre l'ajout dans la Constitution d'un titre "Des Communautés européennes et de l'Union
européenne" en 1992(nouvelle fenêtre) pour que l'article 2 de la Constitution(nouvelle fenêtre) dispose
que "la langue de la République est le français".
Jusqu'à 1992, seuls étaient mentionnés comme symboles et emblèmes de la République :
-le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge ;
-l'hymne national, La Marseillaise ;
-la devise Liberté, Égalité, Fraternité ;
-le principe "gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple".

III.2.Les réformes
Les différentes éditions du dictionnaire de l'Académie française, depuis 1694, sont l'occasion de
réformer – donc souvent de simplifier – l'orthographe : emploi des accents systématisé ; nouveaux
mots ; "lettres ramistes" (distinction des lettres i / j et u / v) ; retrait des lettres b, d, h, s et y quand
elles sont inutiles, suppression de doubles graphies… Par exemple, la graphie de 6 177 mots est
changée(nouvelle fenêtre) dans la 3e édition (1740).
La réforme de l'orthographe de 1990(nouvelle fenêtre), qui émane du Conseil supérieur de la langue
française et est publiée au Journal officiel, est représentative de la complexité et de l'intensité du
débat qui peuvent toucher ce domaine. Cette réforme de portée limitée (2 000 mots, soit près de 4%
du lexique français) sera peu appliquée en France, notamment au sein de l'Éducation nationale.
Dans un communiqué(nouvelle fenêtre), l'Académie française rappelle qu'elle n'en est pas à
l'origine, que "l'usage ne saurait être modifié par décret" et qu'elle est "opposée à toute prescription
de caractère obligatoire en matière d'orthographe". Elle accepte ainsi les doubles graphies de mots
instaurées par la réforme.
III.3.Les idéologies linguistiques et les principes de la politique linguistique
Les idéologies linguistiques
La gestion des questions de langues, dans les systèmes éducatifs et hors de ceux-ci, est
fondée sur des croyances ou des représentations qui peuvent être érigées en système :
croire à la facilité d’apprentissage d'une langue, à sa capacité à traduire la modernité ou
à transmettre la science, à sa valeur sur le marché de l’emploi en fonction de ses
caractéristiques internes, peut conduire à la constitution d'ensembles stabilisés et
cohérents d'opinions.
La légitimité d'une variété linguistique par rapport à d'autres, dans un espace donné,
tient à des facteurs externes:
son emploi comme langue de communication par des groupes sociaux dominants (d’un
point de vue militaire, économique, culturel, religieux, scientifique, symbolique, de
prestige ...) ou par le pouvoir politique central
sa standardisation au moyen de formes écrites, de grammaires, de dictionnaires...
sa légitimé historique, comme variété linguistique appartenant à tous les groupes
culturels de l'espace en question et reconnue comme exprimant au moins une partie de
leur identité
sa légitimé culturelle qui lui a été acquise par des productions littéraires, artistiques,
scientifiques,philosophiques, religieuses...
Les principes de la politique linguistique
Les droits linguistiques sont aussi constitutifs des droits de l'homme. Si les droits de
l'individu doivent être protégés, on comprend bien que la transmission de langues,
menacées parce qu'elles sont peu utilisées, ne peut se faire sans la collaboration des
majorités linguistiques. La survie des langues passe par l'éducation de tous au respect
des différences linguistiques.
Les politiques linguistiques sont déterminantes parce qu'elles sont aussi partie
intégrante des politiques sociales. Aucune politique sociale européenne, cherchant à
réduire la pauvreté, les inégalités et la marginalisation n'est envisageable sans les
langues, nationales, régionales, minoritaires ou étrangères. La maîtrise des langues
nationales par tous, dans leurs formes écrites en particulier, et celle des langues
étrangères sont des compétences de plus en plus indispensables aux activités
professionnelles tout autant qu'à la cohésion sociale.
La détermination de principes pour les politiques linguistiques éducatives doit aussi
tenir compte des évolutions en cours : d'un côté, l'internationalisation, la mise en
marché de la plupart des activités humaines, le rôle croissant des entreprises
multinationales, la fonction sociale modélisante de l'économie, l'impact de la culture
télévisuelle, de l'autre, la nouvelle émergence de sentiments identitaires, le retour des
nationalismes à base ethnocentrique.
IV. Le plurilinguisme
L’unité Politique pour le multilinguisme (Direction générale de l’éducation et de la culture), a mis en
œuvre un Plan d’action 2004-2006 pour promouvoir l’apprentissage des langues et la diversité
linguistique1. Ce texte, qui complète les grands programmes Erasmus, Leonardo da Vinci..., propose
aux États membres et aux pays participants un large éventail de champs d’action, relevant du cadre
scolaire ou ancrés plus largement dans la société.
Le Conseil de l’Europe a été l’un des acteurs majeurs des politiques linguistiques éducatives depuis
près de cinq décennies – les préoccupations relatives à l'éducation et aux langues ont toujours été
importantes dans les activités de son Comité directeur de l'Education. La place centrale des politiques
linguistiques éducatives est manifeste dans de nombreux textes. Et les positions assumées au sein du
Conseil de l'Europe constituent d'ores et déjà une base pour le développement de politique.
Le plurilinguisme comme finalité pour les politiques linguistiques éducatives engage plus que lui-
même : le Comité des Ministres, dans la Déclaration et le Programme concernant l'éducation à la
citoyenneté démocratique du 7 mai 1999, soulignait que la préservation de la diversité linguistique
européenne n'est pas une fin en soi, puisqu'elle est mise sur le même pied que la construction d'une
société plus tolérante et plus solidaire : « une société plus libre, plus tolérante et plus juste, fondée sur
la solidarité, des valeurs partagées et un héritage culturel riche de sa diversité.
La reconnaissance de la diversité des répertoires plurilingues des locuteurs devrait conduire à
l’acceptation des différences linguistiques :
-respect des droits linguistiques des individus et des groupes dans leurs relations avec l'État et avec les
majorités linguistiques,
-respect de la liberté d'expression, respect des minorités linguistiques, respect des langues nationales
les moins parlées et les moins enseignées,
-respect de la diversité dans la communication interrégionale et internationale.
IV.1. La mise en oeuvre de politiques linguistiques fondées sur le plurilinguisme
La mise en œuvre d’une politique linguistique éducative partagée par les Européens est possible si la décision
politique est prise d'en charger, essentiellement mais non exclusivement, les systèmes éducatifs nationaux. Par
système éducatif, on entendra les institutions éducatives publiques, qu'elles soient organisées au niveau national,
régional ou municipal.
Dans ce rôle, les systèmes éducatifs nationaux (en particulier l'école obligatoire), ne pourront probablement pas être
substitués par l’offre du marché privé des langues, qui répond à d'autres logiques fonctionnelles et professionnelles.
Tout comme il est du rôle de l’Ecole d’éduquer aux valeurs de la démocratie, il lui revient de promouvoir une
connaissance des langues du territoire, des langues européennes.
Les enseignements de ou en plusieurs langues pourront recevoir des formes multiples, en fonction des langues
utilisées dans un contexte national et international donné, en fonction des besoins nationaux et interrégionaux, en
fonction des appartenances de chaque citoyen, en fonction de ses besoins ou de ses désirs. Ils peuvent produire des
formes d’enseignements très diverses.
On peut construire des compétences plurilingues et pluriculturelles autour d'un noyau commun (la maîtrise de la
langue officielle), mais ce qui demeure commun à tous ces plurilinguismes est une compétence à maîtriser
différentes langues à des degrés divers, à utiliser toutes les ressources de ces langues connues dans la
communication et à faire que toutes les langues des répertoires individuels, du sien comme de celui des autres,
soient considérées comme étant d'égale valeur, chacune dans son rôle propre.
Les politiques tournées vers le plurilinguisme peuvent résulter de réaménagements des enseignements de langues
tels qu'ils existent actuellement dans les systèmes éducatifs nationaux et dans toutes les structures éducatives. Ceux-
ci se trouvent, de ce point de vue, dans des situations très diverses. Des formes de rationalisation de ces
enseignements, de recherche de qualité et de rapprochements didactiques sont possibles. Mais cette orientation plus
nette vers le plurilinguisme ne se fera sans doute pas sans investissements supplémentaires, non nécessairement
importants, mais variables suivant les Etats, les secteurs éducatifs et les formes du plurilinguisme retenues.
V. Conclusion
Si l’on résume la situation des langues de France saisies dans le cadre légal actuel,
on constate que le corpus juridique visant les langues de France est abondant,
varié et qu’il rassemble un grand nombre de textes de natures différentes : dans
d’autres situations équivalentes on a jugé nécessaire d’unifier l’ensemble des
dispositions dans un Code. Les langues de France ne sont pas sous un régime de
droit, mais sous un régime de permission (ce qui n’est pas interdit). Les
commentateurs de l’évolution constitutionnelle restent prudents quant aux
possibilités qu’elle ouvre et semblent n’envisager qu’une extension de la
permissivité à l’égard des langues régionales.
Sitographie:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Politique_linguistique
https://fr.wikipedia.org/wiki/Politique_linguistique_de_la_France
https://www.vie-publique.fr/eclairage/286522-letat-et-la-langue-francaise-unifier-reg
uler-proteger
https://www.axl.cefan.ulaval.ca/europe/franceloi-1994.htm
https://www.persee.fr/doc/mots_0243-6450_1997_num_52_1_2463
https://www.docu.vlaamserand.be/node/12897
https://blog.assimil.com/les-langues-regionales-et-la-france-une-relation-en-demi-tei
nte/
https://www.dictionnaire-juridique.com/definition/legislation.php
https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/LEGITEXT000005616341/#:~:text=Dans%20la
%20d%C3%A9signation%2C%20l'offre,la%20langue%20fran%C3%A7aise%20est%20o
bligatoire
.
https://www.axl.cefan.ulaval.ca/europe/france-2politik_francais.htm#7%20La%20div
ersit%C3%A9%20linguistique%20et%20la%20promotion%20du%20plurilinguisme
https://www.axl.cefan.ulaval.ca/europe/France-loi_Deixonne-texte-1951.htm

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