la curiosité des esprits sur le monde qui nous entoure, curiosité se traduisant par des questions. • C’est dans la façon de répondre à ces questions que s’inscrit la démarche scientifique, c’est refuser de se soumettre aux croyances et intuitions de chacun pour rechercher la vérité la plus objective possible. • Dans le cadre de l’enseignement, la démarche scientifique peut s’inscrire dans diverses démarches pédagogiques : par exemple, dans la démarche par transmission ou par conditionnement (comportements attendus à la fin de l’apprentissage) mais elle prend toute son importance et son épanouissement dans la démarche par investigation-structuration (la démarche de recherche et de construction- structuration de concept ou notions) également appelée la démarche hypothético-déductive car la conception de stratégies d’investigations se déduisent des hypothèses formulées. En s’inscrivant dans le constructivisme, elle conduit l’enfant à construire son savoir, à donner du sens à sa recherche. La démarche par investigation de résolution de problèmes scientifiques est tout particulièrement préconisée pour l’enseignement des sciences de la Vie et de la Terre, comme le souligne les instructions officielles à tous les niveaux de la scolarité. • Cette démarche est donc mise en œuvre pour résoudre un problème scientifique permettant à l’enfant de construire progressivement ses connaissances et de développer une attitude scientifique. En effet, selon Bachelard « pour un esprit scientifique, toute connaissance est une réponse à une question ». Quant à Popper, il expliquait que "la science commence par des questions » .
• A l’école primaire ainsi qu’au collège (voire au lycée), dans le
cadre de la découverte du monde, le but de l’apprentissage scientifique conduit l’enseignant à encourager la curiosité des élèves, à inciter au questionnement et à sa réponse. Nous développerons des réponses aux trois interrogations suivantes : 1. Les différents aspects de la démarche scientifique. 2. L’importance de la démarche scientifique dans les apprentissages. 3. Les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de l’enseignement par investigation. 4. Théorie et démarche scientifique. 1. Les différents aspects de la démarche scientifique
La démarche scientifique utilisée dans la
recherche de réponses à une question s’appuie sur les méthodes d’observation, la mise en relation de faits et de leurs causes et l’élaboration de modèles. a. L’observation • L’observation scientifique est une opération investigatrice orientée par les intérêts de l’individu dépassant son étonnement : c’est une démarche intellectuelle qui s’organise en fonction d’une question. • Il est possible de distinguer : L’observation spontanée : celle-ci est fortuite, décrit des faits dans leur globalité, aléatoire, du domaine de l’imaginaire, de la subjectivité sans être obligatoirement intégrée à un projet. Elle se traduit souvent par des constats sans idée directrice. L’observation orientée qui vise la réponse à une question. Elle est analytique, sépare les éléments de leur ensemble ( décrire une fleur par exemple). Elle pose un problème, correspond à une question. Elle est à la fois plus précise, plus réaliste, moins fragmentaire. C’est un acte réfléchi qui, s’intégrant dans une activité scientifique, peut conduire à des questions plus précises ou à la découverte des relations entre les faits observés. Elle est armée se dote d’outils d’investigations (ex, les loupes). b. La démarche expérimentale La démarche expérimentale met en évidence et analyse une relation causale. C’est une démarche de preuve qui permet d’apporter des solutions à des questions en testant la validité des hypothèses émises. Ses différentes étapes : Observation : une observation orientée guidée confrontant un problème. Hypothèse : dégagée et formulée comme explication provisoire à tester et qu’il faut confronter à la réalité. En effet, « une loi scientifique n'est ni un dogme, ni un secret que le savant arrache à la nature, ce n'est qu'une hypothèse toujours provisoire, toujours révisable". (Principe de falsifiabilité de Karl Popper). Expérimentation de l’hypothèse en faisant varier le facteur supposé causal à l’exclusion de tout autre et en notant les effets. Elle se caractérise par ces étapes : conditions identiques au témoin, variation d’un seul paramètre, précision des mesures, répétition de l’expérience et confrontation au témoin. Résultats obtenus précis et rigoureux recueillis pour être ordonnés et traités. Interprétation des résultats Conclusion sur la validité de l’hypothèse avec infirmation ou confirmation. c. La modélisation • La modélisation est avec l’expérimentation une composante fondamentale de la démarche scientifique. • Lorsqu’une hypothèse met en jeu plusieurs explications, il devient utile d’élaborer un modèle explicatif ou analogique. Il existe des questions auxquelles il est possible de répondre à l’aide d’explications enrichies par un modèle et non par l’expérimentation. • Selon G. de Vecchi, il dit : « l’intérêt d’un modèle ne se mesure pas dans sa vérité mais dans son utilité » Il est possible de distinguer plusieurs modèles: Le modèle de type maquette : exemple les maquettes modélisant les différents types d’éruptions ou les différentes failles; maquette sur les mouvements respiratoires. Le modèle par analogie : la modélisation des mouvements respiratoires concernant le fonctionnement de la respiration. Le modèle sous forme de graphique, mathématisé à travers des simulations. Le modèle de la boite noire se décomposant en compartiments faisant varier entrées et sorties d’un système. d. La recherche par des documents • Lorsque la résolution du problème ne peut se faire uniquement à travers l’expérimentation ou (et) à travers la modélisation, l’enseignant a donc recours à la recherche par exploitation de documents. Il doit guider les élèves dans l’exploitation des documents. e. L’enquête • Enquêter auprès de professionnels sur certains aspects, auprès de personnes à ressources sur des sources d’intérêt par rapport à l’objet d’étude. Ex: enquêter dans le cadre d’un projet. • Des fois, il s’agit de données statistiques lorsque c’est quantitatif. 2. L’importance de la démarche scientifique dans les apprentissages • La démarche scientifique permet de développer des compétences. • Qu’est ce qu’une compétence ? • Il s’agit d’un ensemble formé de savoir (connaissances), de savoir-faire ( trier, classer, analyser, manipuler) et de savoir-être (lié aux comportements et aux attitudes) à travers de situation-problème. Autrement il s’agit de mobiliser des ressources en tant que savoir, savoir-faire, attitudes, schèmes de pensée pour agir efficacement dans une situation-problème. • Exemple : compétence de base 1 au niveau 7ème, l’élève doit être capable de décrire et de comprendre les fonctions d’approvisionnement et d’excrétion de l’organisme en vue d’appliquer les règles d’hygiène ( ou d’éducation à la santé) correspondantes et ceci à travers de situations-problèmes (cf. curriculum p 59). • Lire les différentes compétences de base p10 et p11 du curriculum des collèges svt . • La démarche scientifique favorise le développement cognitif chez les élèves donc le développement des compétences à travers de situations -problèmes • La démarche scientifique permet de développer de nombreuses compétences (cf curriculum aussi p 18-19) s’inscrivant dans la typologie des savoirs faire suivants : Savoir s’informer : observer, repérer, identifier Savoir raisonner : distinguer, comparer, trier, classer, émettre une hypothèse, éprouver une hypothèse, concevoir une expérience, faire preuve d’esprit critique, analyser et interpréter des résultats expérimentaux, confirmer ou infirmer une hypothèse, construire un concept, un modèle, utiliser une clé de détermination pour classer des organismes vivants. Savoir réaliser : des manipulations, des montages, des élevages, des cultures, des mesures, construire une clé de détermination, construire un modèle Savoir communiquer : formuler un problème, décrire à l’oral, par écrit, par un dessin, un croquis, un schéma, un graphique, utiliser des techniques différentes pour le recueil de données et leur traitement. 3. Les difficultés rencontrées dans l’enseignement par investigation • a. Difficultés liées à la démarche scientifique elle-même : • C’est un acte personnel qui nécessite l’éveil de l’attention . Elle se doit d’être objective, guidée orientée par l’enseignant. • b. Difficultés liées à l’expérimentation : • Elle requiert des exigences : critique rigoureuse mettant en œuvre toutes les formes du raisonnement inductif, contrôle systématique des résultats expérimentaux par des expériences-témoins. • Elle est fondée sur une observation qui conduit à réfléchir, à poser un problème, l’hypothèse se doit d’être recevable avant même d’être soumise à l’épreuve. • L’hypothèse doit être vérifiable expérimentalement donc testable. • L’expérimentation se heurte à des difficultés : Expérimentation en direct sur l’animal non envisageable. D’autres expériences ne sont pas réalisables comme en géologie interne où la planète Terre est inaccessible à l’observation. • c. Difficultés liées à la pensée de l’enfant : La pensée de l’enfant est syncrétique lui donnant une image globale et confuse du monde qui l’entoure : il ne possède pas la capacité d’analyser les faits, ne distingue pas les différents éléments d’un objet observé et s’il perçoit les détails, il ne les met pas en relation avec une structure globale. En conséquence, l’enfant dessine ce qu’il sait et non ce qu’il voit. Comment organiser l’observation ? Observer est une capacité qui doit être acquise à l’enfant : elle nécessite un apprentissage. Elle commence par l’étonnement, engendre la curiosité, se manifeste par la verbalisation. L’enfant devra dépasser ce stade et atteindre le stade d’une observation plus organisée. Comment mettre en œuvre la démarche expérimentale ? Faire émerger un problème : prendre conscience qu’il y a problème, c’est prendre conscience qu’il y a un but à atteindre. Le problème doit engager dans une recherche. Mettre en place une hypothèse : à l’aide des consignes et de la documentation à leur disposition ou à partir du recueil de leurs conceptions initiales. Expérimenter: l’enfant doit être capable de comprendre un lien entre l’hypothèse et le protocole expérimental. L’objectivité est acquise au fur et à mesure : il y a passage d’un tâtonnement sensori-moteur à une activité de type exploratoire. Un des objectifs de l’activité scientifique est de développer son esprit critique, la nécessité du témoin, la réfutabilité de l’hypothèse. L’activité expérimentale se doit d’être modeste : il est exclu de faire redécouvrir la science aux élèves; il s’agit de leur faire comprendre ce qu’est la recherche de manière modeste. Cette recherche peut aussi se faire ou en complément à partir de l’exploitation de documents ou d’enquête. Qu’en est –il de la modélisation ? Leur pouvoir explicatif permet à l’enfant de s’approprier des savoirs nouveaux. Un modèle est susceptible d’évoluer de la même manière qu’un concept peut être exprimé à différents niveaux. Conclusion • L’observation doit se prolonger par une activité investigatrice orientée et guidée. L’un des paliers importants de la démarche est sans doute la reconnaissance du problème et sa formulation : s’étonner, questionner au hasard ne suffit pas. Il faut un problème qui déclenche une démarche scientifique. • Le rôle du maitre est : d’aider les enfants à exprimer leur curiosité, à préciser leurs questions. de les inciter à la recherche orientée, organisée vers la résolution d’un problème et à la rigueur. de les conduire à argumenter pendant les conflits socio-cognitifs, à discuter de la valeur d’une idée. le maître a un rôle de chercheur qui s’engage dans une démarche scientifique et de pédagogue qui organise ses actions de classe permettant aux élèves la recherche de solutions à ce problème. Théorie et démarche scientifique • Une théorie est un ensemble cohérent et systématique de croyances, de propositions, permettant d’expliquer les phénomènes d’un domaine donné et de faire des prédictions à leur sujet. • Plus qu’un ensemble de vérités définitivement assurées, la science et les théories scientifiques sont un effort dynamique de rationalisation du réel : une théorie essaie de rassembler une multiplicité de phénomènes sous des lois qui expriment leur régularité et qui permettent de les expliquer, voire de les prédire. L’effort théorique va au-delà des données des sens grâce aux pouvoirs combinés de la raison et de l’imagination Une démarche scientifique • Les faits : les observations • Formulation d’une hypothèse théorique explicative : L'hypothèse est un principe explicatif inventé librement par le savant pour rendre compte des phénomènes (= ce qui est observé, ce qui apparaît). • La recherche de confirmation :C’est là qu’intervient l’expérimentation. L'expérimentation, contrairement à la simple observation, est la production artificielle, volontaire des phénomènes à observer. Elle sert non pas à découvrir un fait nouveau, mais à confirmer ou infirmer une hypothèse, à répondre à une question que se pose le savant devant des faits déjà observés FIN