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Tout l’Art
Flammarion.
et Encyclopédie de l’Agora :
http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Masaccio
MASACCIO
Le choix de la vie de saint Pierre n`est pas sans rapport avec la politique florentine
favorable aux pontifes romains.( Sur Guelfes et Gibelins voir article de l’historien
Jacques Heers sur clio.) Seulement le brusque départ mal expliqué en 1427 des deux
peintres, à qui l'ouvrage avait été confié, a laissé celui-ci inachevé : il a été complété
soixante ans plus tard par Filippino Lippi : sur deux cent cinq giornate de fresques,
cent trente et une reviennent aux deux premiers. Il est admis aujourd'hui que
Masaccio, malgré son jeune âge, n'intervient pas ici comme aide mais comme collègue de
Masolino ; ce qui revient à celui-ci, ce sont la Prédication et surtout la Guérison de l'infirme
sur la fameuse place de ville en perspective avec maisons florentines et, sur l'arc d'entrée,
Adam et Ève au Paradis, figures de convention dans un espace cohérent. La main de
Masaccio se reconnaît à la plénitude du volume et au désir d'accentuer l'autorité ,
l’authenticité des types : comme Dante aux Enfers parmi les morts, la réalité humaine se
reconnaît maintenant à l'ombre nette qu'elle projette. Dans la scène du Tribut, c'est sur un
paysage nu rocheux, comme ceux de Giotto, que s'enlèvent des apôtres bronzés, aux drapés
et aux gestes dignes (dignitas). Dans l'autre panneau, la Distribution des aumônes, le
caractère fruste, paysan des personnages, est accentué par un éclairage dramatique, d'une
poignante intensité. Masaccio sait composer la scène en choisissant un point de fuite au
niveau du spectateur, de telle sorte que toutes les têtes, proches ou lointaines, se
trouvent à la même hauteur (règle de d'isocéphalie) ; mais il n'en tire que des
rapprochements pathétiques de regards et aucun jeu pittoresque.
À Rome, où il mourut brusquement à vingt-sept ans, en pleine force, Masaccio doit avoir
travaillé la Crucifixion de la chapelle Sainte-Catherine Saint-Clément (achevée par
Masolino), et à un polyptyque pour Sainte-Marie-Majeure, dont un fragment a été
récemment retrouvé à Florence il laissait encore à Sainte-Marie-Nouvelle La Trinité : une
crucifixion enlevée sur une arc en perspective plongeante. Entre deux donateurs au
type vigoureusement marqué, qui reçoivent la même lumière, entrent dans le même espace
que la Vierge et Saint Jean. La peinture, devenue le plus rigoureux des langages,
confère aux êtres une grandeur, une gravité, une dignité faite de concentration,
d'acceptation de soi et de mesure qu'on ne connaissait plus depuis longtemps en Occident.
La période de 1430 à 1440 offre une sorte de vide à Florence. Masacclo est mort,
Masolino ne revient pas ; la crise financière due à la guerre avec Milan l'institution du
catasto ( : « cadastre » ) ou contribution fiscale proportionnelle non sans rapport avec le
thème du Paiement du tribut, limite les commandes. De nouveaux maîtres n'apparaissent
pas. Seules les commandes des Médicis, à leur retour définitif en 1434, et le chantier du
dôme, restent actifs. C'est le moment où Alberti publie sa plaquette De pictura (1436),
laquelle, sur le modèle des «rhétoriques», il traite des principes de l'art (la perspective),
de l'œuvre (le dessin, le modelé, la couleur) et de l'artiste (les lois de composition). Ce
mémorable exposé dessine, plutôt qu'un mémento du nouveau style, une sorte de
programme de la peinture future, une anticipation née de la culture humaniste qui
apercevait dans Pline les formules du grand art à retrouver, et de la confiance de
quelques esprits avancés.