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RELIGION CHRÉTIENNE
CONTENAN'r
T,OUTE LA THÉOLOGIE
DE LA NOUVELLE l~GLISE
Prédite par le Seigneur dans Daniel, VII, i3, 14; et dans l'Apocalypse, XXI, i, 2.
P"AH
E]JIl'tJ:A.RJ~E:L SWEDENBORG
Serviteur dLI Seigncur Jésus-Christ
SECONDE ÉDITION
TOME SECOND
1f'""J ("'CT\
-<~~):r
~~
Paris
A. la Librairie, '19, rue du Sommernrd,
Londr~'s
SWEDE1i'BORG SOCIETY, 36, Bioomsbury Street, V. C,
Nc,,'-'l'ork
NEW CtWRC!\ BOOK-RoOH, 20, Cooper Uni<>o.
1878
266 LA VRAIE
RELIGION CHRÉTIE~NE. 267
et du Sang c'est le Pain et le Vin; qui donc peut penser autre
ment, sinon qu'elle est Sainte seulement à cause ou commande
Dlent donné par le Seigneur? c'est pourquoi ceux de l'Église qui
avaient le plus de sagacitp. ont enseigné que le Sacremen"t se fait
CliAPITRE TREIZlEME quand la Parole se joint à l'Élément: mais comme celle origine
de sa sainteté ne tombe pas dans l'entendement, et n'apparaît pas
dans les éléments ou symboles du Sacrement, mais entre seule
DE LA SAINTE CÈNE. menl dans la mén,oire, c'est pour cela que quelques-uns se pré
sentent à la Sainte Cène, d'après la confiance que par elle les pé
chés sont remis; d'autres, parce qu'ils croient qu'elle sanctitle;
Sans la connal~~sance deJ CO)'t'espondances des choses natu d'autres, parce qu'elle corrobore la foi, et par eOnSéf[Ueut fait
reites avec tes choses spiritueites, personne ne peut cOlmaÎtre avancer aus3i le salut; mais eeux qui y pensent avee légèreté la
les fruits de t usage cl.è ta Sainte Cèlle. fréquentent d'après la seule habilude contractée dès I;enfance; et
quelques-!lOs la négligent, parce qu'ils n'y voient rien de con
forme à la raison; quant aux impies, ils s'en détournent, et disent
698. Ceci a été expliqué en partie dang le Chapitre du B,\P en eux-mêmes: • Qu'est·ce que ce Sacrement, sinon une Cérémo
TÈME, où il a été montré (lue sans la connaissilnce du Seils spiri nie à laquellc le CICI'gé il attaché la sainteté? car qu'est"ce qu'il
tuel de la 'Parole, on ne pellt pas savoir ce qu'enveloppent, ni ce,. y a là, sinon ou Pain et du Vin? ct qu'est-cc que cela, sinon une
qu'ùpèrent les deux Sacrements, I~Bapt~.!-né' et I~_ Cène, fiction que le Corps du Chrisl, qui a été suspendu sur la croix, et
voù' N°S 66i à 669. Ici il est dit, sans la connaissance des Corref; que son Sang, qui alors a été répanou, sont distribués en même
ponc1:lnces des choses naturelles avec les choses spirituelles, ce temps que le P3in etlc Vin à ceux qui communient? Il Sans parlel'
qui revient au mème, parce que le Sens naturel dc la Parole est de plusieurs autres sU!jgestions.
changé en Sen~irituel pnr les, Correspondances dans Ic Ciel; '100, De telles idées sur ce Sacrement le plus Saint SOlit em
c'est de là que ccsdeux Sens se correspondent mUlllellement; ce brassées a~jourd'hui Jans tOl,lt le Christianisme, Ilniquemeni parce
lui dOliC qui connait les Correspondances peut conna\lre le Sens qu'elles coïncident avec le sens de la lcure de la Parole, et que le
spirituel. Or, ce que c'est que les Correspondances, et quelles elles sens spirituel a été caché jusqu'à présent et n'a été découvert que
sont, on peut le voir dans le Chapitre sur l'I~c.I\ITUI\E SAIXTE de d'aujourd'hui, sens dans ·lequel seul le fruit de l'usage de la Sainte
puis le commencement jusqu'à la fin, ct aussi dans l'EXPL1CATlO~i Cène est considéré dans sa vérité, Si ce sens a été découvert au
nu DECALOGUE depuis le l'fcmier Précepte jusqu'au dernier, et jourd'hui pour la première fois, c'e::;t parce qu'auparavant il y a
particuli(~rement rlans l'Al'oC.ALYI>SE RÉVÉLEE. eu seulement Christianisme quant au nom, et chez quelques-uns
699. Quel est l'homme véritablement Chrétien qui De recon quelque ombre du Christianism~; car jusqu'à présent on ne s'est
naisse pas que ces ùeux Sacrements sont saints, et mème qu'i~~ pas adressé et on n'a pas rendu un culte immédiatement au Sau
sont les choses les'pïus ;ainlës(hi_~~e ~ns le C1J!isliani~me? "veur Lui-Même, comme l'unique Dieu, dans lequel.î1 y a la Divih6
maisqui est-ce qui connaît où n'side leur sainteté, 011 d'où elle 'Trinité, mais seulement mérliatement, ce qui est, no.n pas s'aores
vient? Dans l'Institution de la Sainte Cène, d'après le sens natu ser à lui ni lui rendre un culte, mais seulement le vénérer comme
rel, on sait seulement que la Chair du 'Christ est donnée à man la cause pour laql!elle le salut est à l'homme, cause qui· est non
ger, et que son Sang est donné à boire, et qu'au lieu de la Citair pas la cause essentielle, mais la cause moyenne, laquelle est au
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LA VRAIE
sa sainteté a été révélée, il est comme l'or recueilli dans ce sahle,
dessous et en dehors de la cause essentielle. Mais comme mainte-
fondu en lingot et mis en œuvre sous de belles formes. Sans sa
nant pour la première fois le Christianisme lui-même se lève, et
saintètéoodévoilée et vue, Ce Sacrement est comme un coffret et un
que maintenant il est instauré par le Seigneur une Nouvelle Église,
écrin de hêtre ou de peuplier, où sont renfermés des diamants,
qui est entendue dans l'Apocalypse par la Nouvelle Jérusalem,
des ruhis et beaucoup d'autres pierres précieuses, placés en ordre
dans laquelle Dieu le Père, Dieu le Fils, et Dieu l'Esprit Saint sont
dans des cases; qui est·ce qui n'eslime pas ce coffre el cet écrin,
reconnus comme un, parce qu'il:; sont en nne seule Personne, il
quand il connail que de tels objels y sont renfermés, et à plus'
a plu au Seigneur de révéler le sens spirituel de la Parole, afin
for le raison quand il les voit, el aussi quand ils sont distribués
que cette Église vienne dans le fruit même de l'usage des Sacre-
gratuÎlement ? Ce Sacrement, sans la révélalion de ses Correspon-
ment du Baptême et de la Sainte Cène, ce qui arrive quand on
dances avec le Ciel, et ainsi sans la vue des choses célestes aux-
voit des yeux de l'esprit, c'est-à-dire, par l'entendement, la Sain-
quelles il correspond, est comme un Ange vu dans le Monde sous
teté qui y est intérieurement cachée, et qu'on se l'applique par
un vêtement vulgaire; il n'est honoré que selon le vêtement; il
les moyens que le Seigneur a enseignés dans sa Parole. J
le PAIN, et bénissant, (le) rompit et (le) donna aux Disc'iples,et 1 C.orinth. XI. 24, 25.; 1
-que p~~eillemen.~.par le Pain il n'est pas
il dit: 'pr~nez, mans.9z, ceci est )lqN CORPS. Et, prenant la COUPE el}tend,u dl,l pain, pi p~ç ,le Wn:, 1.uvjn;jmais que par l'un ;et l'autre
et rendant grâces, il (la) le,ur donna, ,disant: Buvez-en tous; ceci da~s le SE~S NATUR~L il est entendu; la mêrpe chose qU.e par la
est MON SANG, celui de la~ol,lvelle Alliance, 'qui est répand~ pour Ch~ir et le S;lng, c'est-à,-dire, ~a Pas.sionde la croix, car on lit:
un gr~nd nombre. " - l'I:luh. XXVI, ~6, 27, 28; Ma.rc; XIV. 2~, • JéSfls rompit le Pain, et (le) d,onna aux Dis,ciples, et il dit:
2~, 24. L'IC, XXIJ,i9, 20, Ceçi estmo7l',Corps; ft, p,renq:nt la ,Co,upe, il (la) leur donna.
,DOCTRHŒ DU flEIÇNiUR SUR SAÇHAIR ET SON SANG,ET SUR LE d~ârtt: Cec~ est rM-"J S(lng . .11 - Mauh. XXVI. Marc, XIV. Luc.
PAIN ET LE VIN.• Travaillez non pour la nourriture qui périt,m.ais X~li ~ - .c'est pm!-rquoi le S,ei.gneur. a aussi. ~ppe,lé Coup,e la Pas
pour la nourriture qui demeure pour la vie éternelle, laquelle (nour sion' de la croix, - Marc, XIV. 36. Jea,n,.XVIII. 1t.
riture) le Fils de l'homme vou~ donnera. En vérité, en vérité, je 7·0~.Que Pilrce~ qqaire ~bq~~s,l~ 'c'llài~, le Sang, le P~i.D et le
vous dis: Moïse ne vous a point donné le Pain du Ciel, mais mon V~,l ilsoitent.epdu l~;s Spiritu~)~ ~t l~s\lCélestes qui y c.!)rresp~n~
Père vous donne le pain du Ciel, le véritable; car le Pain de Dieu est dt:~~. o,npe'lt l~ voirAan, l~ P~~,ole .par les passages où ces <;hQ,.e~
Celui qui descend du Ciel, et donne la vie au Monde. Moi, je suis le so~~ p0n;lmées.Q,u" par la Ç~,All\.;Q.ans J,;! Pa~ol~ il .soit ,enlendu~ ,e
Pain de vie; celui qui vient à rtloi n'aura point faim, et cdui qui croit SP,~.f.itL!e' et le C~.l~st~. ~n ~~uUe ~~ir, par;, cespassage.s: • Vene~"
eD Moi n'aura jamais soif. l'loi, je suis le Pain qui est descendu du et assemble7"yous P,Qt.t":, 1~.~pÇPERDpG~~~,o, ~IEU, afin q.f!,el1ot!F'
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mangiez Chaù's de rois, et Chairs de kiliarques, et Chairs de 706. Si pal' le Sang du Seigneur il est entendu le Divin Yl'ai du
forts, et Chaù's de chevaux et de ceux qui les montent, et Chairs Seigneur et de la Parole, c'est parce que par sa Chair il est en
de tous, libres et esclaves, petits et grands, II - Apoc. XIX. 17, tendu spirituellement le Divin Bien de. l'amour ; et ces deux choses
18. - Et dans Ézéchiel: Il Rassemblez-'vous d'alentour sur &ION dans le Seigneur sont unies. Il est noloire que le Seigneur est la
SACRIFICE, que .lIoi je sacrifie pou.,. vous, SACRIFICE GRAND sur Parole; et il ya deux choses, le Divin Bien et le Divin Vrai, aux
les montagnes d'Israël, afin que vous mangiez de la Chair et quelles toutes celles de la Parole.se réfèrenl ; si donc la Parole est
que vous buviez du Sang: Chair de forts vous mangerez, {!t prise p.our le Seigneur, il est évident que ces deux choses sont
Sang des princes de la ten'l: VOllS boirez; et vous mangerez de entendues rar sa Chair et par son Sang. Que par le Sang il soit
la graisse à satiété, et boirez du San'}, jusqu'à l'ivresse, de entendu le Divin Vrai du Seigneur ou de la Parole, on le ,'oit par
m01l Sacrifice; et vous serez rassasiés sur ma table, de cheval plusieurs passages, ainsi le Sang a été appelé le Sang de l'alliance,
et de char, de fort et de tout homme de guerre. Ainsije don et l'alliance est la conjo.nction, et celle-ci est faite par le Seigneur
nerai ma gloire parmi les nations. )l - XXXIX. 17 à 2L -Qui au moyen de son Divin Vrai, par exemple, duns Zacharie: « Par
ne voit que, dans ces passages, par la Chair et var le Sang il est .le SANG DE TON ALLIANCE je tirerai les enchaillés de la (os~e. »
entendu, non de la chair ni du sang, mais les spirituels et lescé - IX ... ,1 ; - et dans Moïse: Il Après que Moïse eut lu le livre
lestes qui y correspondent? autrement, que serait-il autre chose de la loi aux oreilles du peuple, il répandit la moitié du Smlq
que des expressions vaines et surprenantes, cet appel pour man sur le peuple, et il dit: VOICI LE SAl'{G DE L'AUIA:'ICE qU'FI
ger des chairs de rois, de kiliarques, de forts, de chevaux et de traitée Jéhovah avec vous sur toutes ces paroles. » - Exod.
ceux qui les montent, et pour se rassa$ier sur la table, de cheval XXIV. 3 3 i 1. - Il Et Jé.sus, pl'enant la Coupe, (la) leur donna,
de char, de fort et de tout homm.e de ~uerre; et pour boire du disant: Ceci, est mon Sang, celui de la Nouvelle Alliance. Il _
sang des princes de la terre, et du sang jusqu'à l'ivresse? que ce~ Malth. XXVI. 2ï, 28 . .Mar~, XIV. 24. Luc, XXII. 20: - par le
paroles aient été dites de la Sainte Cène du Seigneur, cela est bien sang de la Nouvelle Alliance ou du Nouveau Testament, il n'est
évident, car il y est parlé du souper du grand Dieu, et aussi d'un pa!; signifié autre chose que la Parole, qui est appelée Alliance et
sacrifice grand. Comme Lous les spirituels et tous les célestes se Testament, Ancien et Nouveau, ainsi le Divin Vrai qu'elle ren
réfèrent uniquement au bien et au vrai, il s'ensuit que par la Chair ferme. Comme le Sang signifie cela, le Seigneur leur a donné le
il est entendu le Bien de la charité, et par le Sang le Vrai de la Vin, en disant: Ceci est mon Sang; et le Vin signifie le Divin Vrai;
foi, et dans le sens suprême le Seij;neur quant au Divin Bien de c'est pourquoi ce Vrai est aussi appelé Sanq des raisins, - Gen.
l'Amour et quant au Divin Vrai de la Sagesse. Le Bien spirituel est XLIX. H. Deutér. XXXII. 14. - Cela est encore évident par les
aussi entendu par la Chair par ces paroles dans Ezéchiel: Il Je paroles du Seigneur: « En vérité, en vérité, Je vous dis: Sz vous
leur donnerai un seul cœur, et un esprit nouveau je donne1'ai ne manqez la Chair du Fils de l'homme et ne buvez son Sang,
au milieu de vous, et je retirerai le cœur de pie1'1'e, et je leur vous n'aurez ]Joint la vie en vous-mêmes, Ca?' ma Chaù' est vé:.
donne1'ai un cœur de Chair. Il - Ézéch. XI. 19. XXXVI. 26; ritab!ementune Nourriture, et mon Sanq est vàitablemr!11t un
par le cœur, dans la Parole, il est signifié l'amour, ainsi var le Breuvaqe: qui manqe ma Chair et boit mo1'J, Sang, en Moi de
cœur de chair, l'amour du bien. Que par la Chair et le Sang il soit mew'e, et Moi en lui. " - Jeau, VI. 50 ft 5R: ~qu1ic·t;·f}a.r~e'Sanb
entendu le bien et le vrai, l'un et l'autre spirituel, on le voit, en il soit entendu Je Divin Vrai de la Parole, cela est bien évident,
outre, plus clairement d'après la signification du Pain et du Vin puisqu'il est dit que celui qui boit a la vie cn soi, et qu'il demeul'e
dans ce qui va suivre, puisque le Seigneur dit que sa Chair est du dans le Seigneur, et le Seigneur en lui; que ce soit le Divin Vrai,
Pain, et que son Sang est le Vin qui était bu dans la Coupe. etla vie selon ce vrai, qui fassent cela, et que la Sainte Cène le .
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L,__
parties; celle Relation fait que toutes les choses de l'univers ont en -vérité, en vérité, je vous dis: Qui mange ma Chair et boit
été conservées dans leur intégrité depuis le premier jour de la mon Sanq, en Moi demeure, et ilfoi en lui, et il vivra pour l'é
création jusqu'JI présent, et le seront dans la suite; que toutes ~fl!2!.i!é.
li Jean, VI. 48, 51,56 ; -D'après ces passages, il est bien
-
choses dans l'univers se rapportent au bien et au vrai, cela est évident que le Seigneur quant à sou Humain glorJ.flé est dans la
1 connu; la raison, c'est que toutes choses onC-efecréées de Dieu Sainte Cène. Que le Seigneur quant à son Divin, dont a procédé son { -
;. d'après le Divin Bien de l'Amour par le Divi!J Vrai ~a Sagesse. Humain, soit présent aussi tout enlier dans la Sainte Cè:Je, cela
Prends ce qu'il te plaira, soit animal, ubre ou pierre, ces trois est évidenL pal' ces paroles: Je suis le Pain quz du Ciel est des
nni\'ers~ux y ont été gravés dans une certaine relation. cendu. " - Jean, VL 51 ; -il est descendu du Ciel avec son Di\'in,
'i15. Comme le Divin Bien et le Divin Vrai sont les universaux de car il est diL: « La Parole était clte= Dieu, et Dieu elle était, la
toutes les choses du Ciel et de l'Eglise, c'est pour cela même que Parole; loutes choses par Elle ont été (aites ; et la Parole Chair
~falkisédeck, qui a représenté le Seigneul', présenta li Aht'uham a été (aite. " -Jean, 1. 1,3, 14; - eL en outrc par les passages
du pain et du vin, et le bénit; on lit ainsi an sujet de Malkisé où il esL dit que Lui-Même et le Père sont un. - Jean, Hl. 35. XVL
deck: « lIfalkisédeck, l'ai de Schalem, apport!! à Abraham rk.t 15 ; ~ que Lui-Même est dans le Pere, et que le Père est en Lui.
Pain et duI§n, et lui (était) Pl'être au Dieu Très-Haut; et il - .Jean, XIV, 10,14 ; - etc. ; et en outre, son Divin ne peut pas pltB
le bénit. » - Gen. XIV. 18, 19. - Que Malkisédeck ait représen té
le Seigneur, on le voit par ces paroles dans David: « Toi (tu es) f
être séparé de son Humain, que l'Ame ne peut être séparée ifu
Corps ;-c'esL pourquoi, lorsqu'il ést dit que le Seigneul' qua~ à son !
.;.
Prêt1'e pour réternité selon le mode, de ilfalkisédeck.. li -Ps. Hum~in csltout enlier dans la Sainte Cène, il s'ensuiL que son Di-
ex. 4 ; - que ces paroles aient été dites du Seigneur, on le voit, vin dont a proccdé son Humain y est aussi en même Lemps. Main
-Hébl'. V. 6, 8,10. VI. 20.Vll. 1,10,11, 15,ti,21,-S'il tenant, puisque sa Chail' signifie le Divin Dien de son amour, et
apporta du Pain et du V.in, c'est parce que ces deux choses renfer SOli Sang le Di\-in Vrai de sa sagesse, il est évident qlle le Seigneur
ment tO~lt~S c~les d,!-Ciel et de l'É~lise, ainsi tontes I~L I~hose~e tout enlier', tant quanL !!!LD.b'in que quanL il l'Humllin glorifié, est?
2 la Bénédiclion, de même que le Pain et le Vin dans la Sainte Cèu0. 'l'out-PrésenL dans la Sainte Cène; et ~'ainsi la S~inte Cène est
une Manducation spil'ituelle.
'71 i. Que dans la Sainte Cènr. il y ait la Rédemption du Sei
Dans la Sainte Cène est le Seiqneur tout entïer, et sa Rédemp tOltt entière, c'est la conséquence de ce (pli vient d'êLre diL,
gneur
tion tout entière. car où le Seigneur esL.-tout entier, là aussi est sa _Rédemption tout
entière; en èffet, Lui-Même quant il l'Humain est le Rédempteur,
'i16. Que dans la Sainte Cène il y aiL le Seignenr tout entier, parëOnséquent il est aussi la Rédemption elle-même; il ne peut
non-seulement quant à l'Humain glorifié, mais aussi quant au Di J~en manquer de la Rédemption, là 0il Lui-l\Jême _est lout enti_er;
Yin dont a procédé l'Humain, cela est évident d'après les paroles { c'est pourquoi tous ceux qui font dignemel)t la Sain le Communion
mêmes du Seigneul'. QuéSon Humain soit présent dans la SainLe deviennent ses Rac~~tés: cL comme par(@: Rédc1l1PI~W il est en
Cène, on le vOiL par ces paroles: ( Jésus, p1'enrznt le Pain, le l'om
pit et le donna aux disciples, et dit: Ceci est mon Corps; et
p1'enant la Coupe, il la lew' donna, disant.' Ceci est mon Sanq . ..
~ l\Iallh. XXVL Marc, XIV. Luc, XXII. - Puis, dans Jean : « Moi
r
tendu la Délivrance de l'Enfer, la ConjonctiOn avec)e S~.i.gn_~r et
la Salvation, dont il sera parlé plus bas dans ce Chapitre, el dont
, il a été plus ~leinemen~lrailé dans le Chapitre de la Rédemption,
c'est pour cela que.~;fruit~ sont livrés il l'homme, non cepen
je suis le !ain c{e vie; si quelqu'un manqe de ce Pain,_~l vivra dant autant que le Seigneur veut, car d'lIprès son Divin Amour il
1
282 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 283
veut les livrer tOU:i, mais autant que l'homme reçoit, et celui qu~ même temps qui sont ceux qui (en approche!!t__indig~~_~nt, car
, r~çQjLeg..r~~he~ 3!!....!nème degré .qu'i! r~ç~. D'après cela on voil ce qui est dit des uns fait connaître les autres d'après l'opposé. Si
î que les effets e.tles fruits de la. Rédemption du Seigneur revien le Seigneur est présent non-seulement chez ceux qui sont dignes,
nent à ceux qlll s'approchent dignement. mais mème chez ceux qui sont indignes, c'est parce qu'il est Tout
.)" 718. Chez tout homme sensé il y a la faculté de r~cevoir la s~ Présent, tant dans le Ciel que dans l'Enfer et aussi dans le Monde,
/ l g~sse procédant du Seigneur, c'est-à-dire, de multiplier éternel par conséquent chez les méchants de même qlle chez les bons;
lemen tles vrais par lesquels existe la sagesse; et aussi de rece mais ch~ les bons, c'est-à-dire, chez les régénér~s, il est présent
r voir l'amour, c'est-à-dire, de fructifier de même éternellement universellement et singulièrement, car le Seigneul' est en enx et
; leS"hi'er;s par lesquels existe l'amour: cette perpétuelle fructifica eux sont dans le Seigneur, et où e~t le Seigneur, là est le Ciel; le
tion du hien et conséquemment de l'amour, et cette perpétuelle Ciel aussi fait le Corps du Seigneur, c'est pourquoi être dans Son
multiplication du vrai et conséquemment de la sagesse, sont don Corps, c'est en même temps être dans le Ciel. Mais la. présence
nées aw< Ange.s, et données aussi aux hommes qui deviennent des du Seigneur chez ceux qui s'approchent indignement est sa pré
Anges: et com'me le Seigneur est l'Amour même et la Sagesse sence universelle, et non sa présence singuliè.re, ou, ce qui est la
S même, il s'ensuit que l'homme a la faculté de se conjoindre au même chose, c'est sa présence externe et non en même temps in
) Seigneur et de conjoindr'e le Seigneur à lui perpétuellement; terne; et sa présence universelle ou externe fait que l'homme vit
mais néanmoins comme l'homme est lini, le Divin Même du Sei homme, ct jouit de la faculté de savoir, de comprendre et de
gneur ne peut pas lui êlre conjoint, mais peut seulement lui ê~re parler rationnellement d'après l'entendement, car l'homme est
a.dj.oint; ainsi, pour illustratiou, la L.umière du soleil ne peut pas né pour le ciel, et c'est pour cela qu'il est aussi né spirituel, et
être conjointe à l'OEil, ni le Son.de l'air être conjoint à l'Oreille, non pas simplement naturel, comme la bête; il jouit aussi de la
mais seulement ils peu"6nt y ~tre adjo!~s, et ainsi donner la fa facullé de vouloir et de faire les choses que l'entendement peut
- cuIté de voir et d'entendre; en effet, l'homme n'e~t p3S la Vie en savoir, comprendre et par suite prononcer rationnellement; mais
s~i, COlTlllle le Seigneur l'e.st, même quantà l'H;lIn3il~"":'Jean;-V. 26, si la Volonté se refuse aux choses véritablement. rationnelles de
{ - mais il eslle réceptacle de la vie, et c'est la Vie même qui_~~t ad:' l'entendement, lesquelle3 sont aussi intérieurement spirituelles.
j~J~!.e à l'homme, maiselle7y- e~t pas conjointe. Ceci a été ajoUté, alors l'homme devient Externe; c'est pourquoi cbez ceux qui
{ afin que ['on comprenne de quelle manière le Seigneur tout entier, comprennent seulement ce que c'est que le vrai et le hien, la pré
et sa Rédemption tout entière, sont présents dans la Sainte Cène. sence du Seigneur est universelle ou externe; mais chez ceux qui
aussi veulent et font le vrai et le bien, la présence du Seigneur
est et universelle et singulière, on et externe et interne. Ceux qui
Le Seignem' est présent chez ceux qui s' approche!!_~.flignement seulement comprennent les vrais et les biens et en parlent, sont
de la Sainte Cene, et il leur ouvre le ciel, et il est mbne pré par comparaison les Vierges insensées qui avaient des lampes et
sent chez ceu.x qui s'en app1'ochent indignW.J:nt, mais il ne n'avaient pas J'hnile ; mais ceux qui non-seulement comprennent
leur Ollvre pas le Cie( par conséquent, de même que le Bap les vrais et les biens et en pal'len t, mais aussi les veulen t et les
tême est l'introductiorc dans l'Église, de même la Sainte Cène font, sont les Vierges prudentes qui furent introduites dans la
est l'introduction dans le Ciel. salle des noces, tandis que les autres restèrent dehors et heurtè
rent, mais ne furent point introduites, -lUatth, XXV. 1 à 12.
7t9. Dans les deux Articles qui suivent, il est montré qui sont D'après cela, on voit que le Seignenr est présent chez ceux qui
_. -_
ceux qui s'approchent dignement
... de la Sainte Cène, et alors en s'approchent di~nement de la Sainte Cène, et leur ouvre le 'Ciel,
RELIGION CHRÉTIENNE. 285
284 LA VRAIE
tion. Ils peuvent encore être comparés à la conslruction d'une
et qu'il est même présent chez ceux qui s'en approchent indigne maison, et à l'habitation de celle maison; et aussi il l'instruction
ment, mais qu'il ne leur ouvre pas le Ciel. de l'homme depuis l'enfance jusqu'à l'âge où il jouit de son droit
i20. Toutefois, cependant, il ne faut pas croire que le Seigneur et de son jugement, et ensuite à sa vie rationnelle et spirituelle;
ferme le Ciel à ceux qui s'approchent indignement; il ne fait cela il faut nécessairement que la premièrc Période précède, pour qu'il
à aucun homme jusqu'au dernier moment de la vie dans le I\Ionde; . parvienne à la seconde, car celle·ci n'e~t p~s possible sans celle
mais c'est l'homme qui se ferme à lui-même le Ciel; et il se le là. Ces comparaisons montrent clairement que le Baptême ct la
ferme en rejetant la foi, et en persistant dans le mal Je Ll vie; Sainte Cène sont. comme deux Portes par lesquelles l'homme est in
mais néallmoins J'homme est continuellement tenu dans un état troduit dans la vie éternelle, et qu'après la première Porte il ya une
possible de pénitence et de conversio'n ; car le Seigneur est conti vaste plaine qu'il doit parcoul,jr, et que la seconde est le ler'me
nuellement présent et presse afin d'être reçu; en effet, il dit: « Je où se trouni le prix vers lequel il a dirigé sa coursé; cal' la palme
me tiens à la porte et je heurte, si quelqu'un entend ma voix n'est donnée qu'après la lutte, et la récompense qu'après Je combat.
et ouvre, j'entrerai chez Lui, et JE SOUPEIIAI AVEC LUI ET LU[
AVEC Mol. il - Apoc. Ill. 20: - l'homme qui n'ouvre pas la porte,
est donc lui-mêmr. en faute. Il en arrive autrement après la mort, De la Sainte Cène s'approchent diqn'!...r!!:fLnt ceux qui sont dans
alors le Ciel a été fel'mé et ne peut plusétre ouvert à cellx qui jus la Foi au Seigneur et dans la Charité à L'égard du prochain,
qu'à la fin de la vie se sont approchés indignement de la Sainte ainsi ceux qui ont été régénérés.
Tablc, car alors les intérieurs de leur Mental ont été fixés et dé
terminés. i~2. Tûut Chrétien qui étudie la Parole sait, reconnail et per
i21. Que le Baptême soit l'introduction dans l'Église, cela a çoit que Dieu, la Charité et la Foi sont les trois universaux de
été mont"é dans le Chapitre du Baptême; et que la Sainte Cène l'Eglise, parce qu'ils sont les moyens universaux du sallJ). Que
soit l'introduction dans le Ciel, on le \'oit par les choses dites ci Dieu doi'Ce être reconnu pour que chez quelqu'un il y ait de la
desssus et perçue~. Ces deux Sacrements, le Baptême et la Sainte Religion, et en lui quelque chose de l'Église, c'est ce qu'enseigne
Cène sont comme deux Portes pour l~ vie éternelle? tout homme la Raison même dans laquelle il y a quelque spirituel; celui donc
Chrétien par le Baptême, qui est la première Porte, est admis et qui s'approche de la Sainte Cène, et ne reconnaît pas Dieu, la pro
introduit dans les choses que l'Église d'après la Parole enseigne fane, car de l'œil il voit le Pain et le Vin, et de là langue il les
sur l'autre Vie, qui toules sont des mo)'ens par lesquels l'homme goùte, mais le mental pense: " Qu'est-ce que cela, sinon des choses
peut être préparé et conduit au Ciel. La seconde Porte est la Sainte indifférentès? et en quoi diffèrent· elles de celles qui sont SUI' ma
Cène, par laquelle est admis et inlt'odllit dans le Ciel tout hOlllme table? cependant je fais la cène p'OUI' ne pas être inculpé d'infamie
4ui s'est laissé préparer et conduire par le Seigneur: il n'y a pas comme athée par le sacerdoce, et par suite par le vulgaire. » Qu'a
d'autres Portes universelles. Ces deux Sacrements penvent être près la reconnaissance de Dieu, la Clzarité sail le second moyen
com~arés li lin Prince né pour le Trône; en premier lieu il est in qui fait que quelqu'lin s'approche dignement, on le voit, tant d'a
troduit dans les connaissances qui concernent la manière de gou près la Parole que d'après les Prières lues dans tout ]e Monde
verner, en second lieu, on le couronne et on lui remct le gouver Chrétien avant qu'on s'approche de la Sainte Cène; O'APnJ~S u
nement. Ils peuvent aussi être eomparés à un Fils né pOUl' un PAIIOLE, en ce que ~ le premier commandement et le p7'e1~u'er
gèanù héritage; en prenlier lieu il cloil être instruit et se p~nétrer précepte, c'est d'aime?' Dieu par-dessus toutes choses et le pl'O
Je tout ce qui regarde la juste disposition des possessions et des chain comme soi-mi.!me. >l Matlh. XXII. 34 à 39. Luc, X. 25
-
Ji1
1..
2.90 LA VRAIE
RELIGION CHRÉTIENNE. 29{
J'une et l'autre spirituelles: c'est ainsi que le Seigneur se conjoint à
Pain ni le Vin qui font cela, mais que c'est le bien de l'amour qui
l'homme, et que l'homme se conjoint au Seigneur, car il n'y a point
.est entendu par le Pain, et le Vr:lli de la foi qui est entendu par le
de conjonction, à moins qu'ellc ne soit faite réciproquemenl. Mais
'Vin, lesquels sont les propres du Seigneur, et procèdent de Lui
ce sujet a été pleinement expliqué dans les Chapitres SUi' LA CHA
'Seul et sont communiqués par Lui Seul; toute conjonction aussi
111TÉ ET LA FOI, sur LE LIBRE ARIlITRE, et sur LA RÉGÉNÉRATION.
'Se fait par l'amour, et l'amour n'est point l'amour sans la con
ï2i. Que dans le Monde les conjonctions et les oonsociations
fiance. Que ceux qu i croien t que le Pain est la Chair et que le Vin
se fassent par des invitations Il table et par des festins, cela est
~st le Sang, et qui ne peuvent pas élever leur pensée au-delà,
connu; car par la celui qui invite a quelque intention dirigée vers
restent dans celte croyance, mais non autrement qu'en ce que
quelque fin concernant l'accord ou l'amitié; à bien pllis forte rai
(l'est une chose très-sainte, qui est un conjonctif avec le Seignenr,
son les invitations qui ont pour fin les choses spirituelles: les Re
laquelle est attribuée et appropriée à l'homme comme étant à lui,
pas dans les Anciennes Églises étaient des l'epas dc la charité, pa
quoiqu'elle demeure continuellement la chose du Seigneur.
reillement dans la primitive Église Chrétienne: dalls ces l'er-as, ils
dans le culte du Sei!"{neur. Les banquets que les tils d'Isfilël fai
saient près du Tabernacle avec les restes des sacl'itlces ne signi
fiaient pas autl'e chose que l'unanimité dans le culte de Jéhovah;
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-
Il
1
292 LA VRAIE
RELIGION CHRÉTIENNE. ~93
lion qui a lieu dar.s l:t Sainte Cène est une manducation spiri
tuelle. Ces choses élant bien perçues, on voit que la Sainte Cène avant l'avènement du Seigneur, par les Prophètes est appelée l'An
est comme une mal'que et un sceau que ceux qui s'en approchenl cien Testament ou l'Ancienne Alliance, et la Parole écrite, après
dignemen t son t les fils de Dieu. son avènement, par les Évangélistes ct les Apôtres, le Nouveau
729. Mais ceux qui décèdent dans le pl'emier ou dans le second Testament ou la Nouvelle Alliance: que le Divin Vrai de la Parole
âge de l'enfance, el ainsi n'alleigne pas l':ige où l'on peut s'ap soit entendu par le Sang et pareillement par le Vin dans la Sainte
procher dignement de la Sainte Cène, sont introduits pal' le Sei Cène, on ·Ie voil ci-dessus, Art. II. N°s 706, 708: et la Parole est
gneur au moyen du Baptême; car, ainsi qu'il a été montré dans l'Alliance même que le Seigneur a contractée avec l'homme, et
le Chapitre du Baptème, le Baptême est l'introduction dans l'É . l'homme avec le Seigneur, car le Seigneur est descendu comme
glise Chrétienne, et en même temps l'insertion parmi les Chl'é Parole, c'est-à-dire, comme Divin Vrai; et puisque ce Vl'ai est son
tiens dans le Monde spirituel,. et 1;) l'Église et le Ciel sonl. un, Sang, c'est POUl', cela que le Sang dans l'Église Israélite, qui était
c'est pou l'quoi 1i\ pour eux l'introduction dans l'Église est anssi représentative de l'Église Chrétienne, a été appelée le SANG D&
l'introùuction dans le Ciel; et eux, étant élevés sous l'auspice du L'ALLIANCE, - Exod. XXIV. ï, 8. Zach. IX. 1'1; - et que LE
Seigneur, sont régénérés de plus en plus, et deviennent ses fils; SEIGNEU'R a été appelé l'ALLIANCE DU PEUPLE, - Ésaïe, XLlL 6.
en efret, ils ne connaissent pas d'autre Père. Quant aux petits en XLIX. 8. Jérém. XXXI. 31 à 34. Ps. CXI. 9. - Qu'il doive y avoir
fants et aux enfants, nés hors de l'Église Chrétienne, ils sont, par absolument une marque, pour qu'il y ait une certitude, et que
Il un autre moyen que par le Baptême, introduits dans le Ciel dési cette marque soit placée à la suite des actes délibérés, c'est aussi.
gné à leur Religion, après la réception de la foi au Seigncur, mais selon l'ordre dans le l\I onde: Qu'est-ce qu'une donation ou un
ils ne sont point mêlés avec ceux' qui sont dans le Ciel Chrétien. testament sans signature? Qu'est-ce qu'un jugement sans la sen
Il n'y a, en effet, aucune nation sur tout le Globe qui ne puisse tence mise au-dessous pour que le jugement soit exéculé? Qu'est
être sauvée, si elle reconnaît Dieu et vit bien; car lc Seigneur a ce qu'une administratIOn éminenta dans un Royaume sans un di
racheté tous les hommes, et l'homme est né spirituel, ce qui lui plôme? Qu'est·ce que la promotion à un office sans la confirma
'procure ia faculté de recevoir le don de la rédemption. Ceux qui tion? Qu'est-ce que la possession d'une maison sans l'acte de
reçoh·ent le Seigneur, c'est-à-dire, ceux qui ont la foi en Lui et ven le, ou sans une convention avec le propriétaire? Qu'est-ce que
ne iiont pas dans les maux de la vie, sont appelés FILS DE DIEU, la progression vers quelque fin, ou la course vers quelque but, et
et NÉS DE DIEU, - Jean, 1. 12,13. XI. 52; - puis FILS DU ROYAUME, ainsi vers un prix, s'il n'y a pas quelque fin ou quelque but où le
- Matth. XHI. 38; - ct aussi HÉRITIERS, - llfallh. XIX. 29. prix sera remporté, et si le .Magistrat n'a pas en quelque manière
XXV. 34. - Les DrscIPLES DU SEIGNEUR sont aussi appelés FILS, assuré sa promesse? Mais ces comparaisons n'ont été ..joulées que
- l\fatth. XIII. 33; - et cn outra Tous l.ES ANGES, Job, 1. t}. pour illustration, afin qu'il soit perçu aussi p~r l'homme simple,
II. 1. que la Sainte Cène est comme la marque, le sceau, le cachet, et
730. il cn est cie la Sainte Cène comme d'une Alliance qui, le témoignage du legs même devant les anges, qu'on est fils de
après les conventions arrêtées, est contractée et enfin ~celléc d'Ull Dieu, et en outre comme la clef de la maison dans le Ciel, où l'on
habitera éternellement.
sceau. Que le Sang du Seignedr soit l'Alliance, Lui-I\lème l'ensei
gne, car il dit, lorsqu'il prit la coupe et la donna: « Buvez-en
.. • • • *
tous, ceci est mon Sang, celui du Nouveau Testament. » _ i31. Un jour je vis sous le Ciel Oriental un Ange qui volai!,
Malth, XXVI. 28. Marc, XlV. 24. Luc, XXII. 20. - Le Nouveau .ayant dans la main et à la bouche une trompette, et il en sonna
Testament est la Nouvelle Alliance; c'est pourquoi la Parole écrite, vers le Septentrion, vers l'Occident el vers le Midi: il était vêtu
{l'une chlamyde, qui par le ·vol flottait en arrière, et il était ceint.
294 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 29:S
d'une écharpe qui lançait comme de la flamme et de la lumière réunies, l'Ange exposa le motif de la convoca<tion, el demanda que
l,
par des escarboucles et les saphirs; il volait le corps penché, et I~ Cohortes, selon leur rang, manifestassent liCur sagesse sur le
descendait lentement vers la terre près de l'endroit où j'étais: dès ~et de la JOIE CÉLESTE et de la FÉLICITÉ ÉTERNELLE; et alors
qu'il eut touché la terre, se tenant droit sur ses pieds, il allait çà olffque Cohorte se forma en cercle, les faces tournées vers les faces,
et là, et alors m'ayant vu, il dirigea sa marche vers moi; j'étais en p~~r se rappeler ce sujetd'après les idées prises dans le Monde
esprit, et, dans cet état, je me tenais SUl' une colline dans la Plage p1écédent, et maintenant l'examiner, et après examen et délihéra
méridionale; et quand il fut près de moi, je lui adressai la parole, tion déclarer son sentiment.
en disant:» Qu'y a-t-il donc maintenant? j'ai entendu le son de 732. Après la délibération, la PnEMIÈRE ConollTE, qui était du
ta trompette, et je t'ai vu descendre à travers les airs. M L'Ange Septentrion, dit:" La Joie·Céleste et la FélicM éternelle sont un
répondit: cc J'ai été envoyé pour convoquer les plus célèbres en avec la vie même du Ciel; c'est pourquoi, quiconqll'e entre dan~ le
érudition, les plus perspicaces en génie, et les plus éminents en t::iel, entre quant il la vie dans les réjouissances du Ciel, absolument
réputation de sagesse, qui, sortis des Hoyaumes du Monde Chré de même que celui qui entre dans une salle de noces, entre dans
tien, sont sur toute l'étendue de cette terre, ann qu'ils s'assem tes réjouissances qui s'y font; le Ciel, devant notre vue, n'est-il
blent sur cette Colline où tu es, et qu'ils déclarent du fond du pas au-dessus de nous, ainsi dans un lieu? el c'est Ll, et non
) cœur ce que dans le Moude ils ont pensé, compris et goûté ~u s~u ailleurs, qu'il y a bonhellr sur bonheur, et voluptés sur volLiptés;
1 jet de la JOIE CÉLESTE, et de la FÉLICITÉ ÉTEf\:-;ELLE. Le motif de t'homme eftt introduit dans ces délices quant il tou~e perception d\ll
ma mission a été celui·ci: Quelques nouveaux venus du Monde, mental, et quant il toute sensation du corps, d'après la plénitude
ayan t été admis dans notre Société Céleste, qui est à l'Orient, ont. des joies de ce lieu, quand il est introduit dans le Ciel: la félicité
,. rapporté que, dans tout le .l\Ionde 'Chrétien, il n'y a pas même un céleste, qui aussi est élernelle, n'est donc autre chose que "admis
l seul ?omme qui sache ce que c'est que la Joie Céleste et la Féli sion dans le Ciel, et l'admission d'après la Grâce Divine. » Après
} cité Eternelle, ni par conséquent ce que c'est que le CieL Mes que la Fremière Cohorte eut ainsi parlé, la SECONDE du Septen
Iii frères et consociés en ont été extrêmement surpris, et ils m'ont trion tira de sa sagesse ce sentiment: " La Joie Céleste et la Féli
dit: Descends, appeli51 et convoque les plus sages dans le l\Ionde cité éternelle ne son t au tre chose que des Réun ions très-j oyeuses
des esprits, où sont d'abord rassemblés tous les Mortels après avec les Anges et des Î.onversations très-agréable:; avec eux, d'a
Il leur sortie du l\Ionde naturel, afin que d'après ce qui sortira de près lesquelles les visages toujours épanouis sont tenus dans l'al~
la bouche d'un grand nombre de sages nous soyons certains si légresse, et toutes les bouches dans des ris gracieux exci tés par
1
c'est une vérité qu'il y ait chez les Chrétiens ulle telle obscurité des paroles agréables et des propos joyeux; et que pourraient êtré
ou l,Ine telle ignorance ténébreuse sur la vie future. Et il dit:
J) tes joies célestes. sinon les variétés de ces plaisirs pendant l'éter
cc Attends un peu, et tu verras des cohortes de sages qni se ren lIité? » La TROISIÉME COHORTE, qui était la Première des sages de
dent ici; le SeigneuI' préparera pour eux une Salle d'assemblée. 1) kw Plage occidentale s'exprima ainsi d'après les pensées de ses af
J'attendis; et voici, après une demi-heure, je vis deux compagnIes f«tions: "Qu'est-ce que la Joie Céleste et la Félicité éternelle,
venant du Septentrion, deux de l'Occident, et deux du Midi, et à sill'on des Banquets avec Abraham, Isaac et Jacob, SUI' les tables
,mesure qu'elles arrivaient, elles étaient introduites par l'Ange de dequels seront des Mets délicats et r~herchés, et des Vins géné
la trompette dans la Salle préparée ;et là, elles prenaient les places lieux et excellents; et, après les repas, des Jeux et des ChœUrs de'
t qui leur étaient désignées selon les plages. 11 y avait six Troupes ou
Cohortes; il en était venu de l'Orient une i>eptième qui, à cause
i~unes vierges et d'e jeunes bomines dansant aux sons de sympho
tries et !le fl'Ûtes, entrecoupés par des chants mélodieux de canti
de sa lumière, n'était pa& vue par les autres. Quand elles furent ques; et enfin, le soir, des représentations théâtrales; et, après ces
Il,l
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296 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE_ 297
représentations, de nouveau des repas, et ainsi chaque jour dura,pt pierres précieuses; que par conséquent quiconque a été reçu dans
l'éternilé. " Puis, la QUATRIÈllE ConoRTE, qui était la Seconde de la le Ciel a un Palais resplendissant d'or et de choses d'un ~rand
plage Occidentale, énonça son sentiment, en disant: Nous, nous
ft prix, el que la Domination y passe successivement et en ordre .de
avons caress.é plusieurs idées au sujet de la Joie Céleste et de la l'un à l'autre: et comme nous savous que dans de semblables
Félicité éternelle, et nous avons exploré diverses Joies et les avons cllOses il y a des joies innées et une félicité inhérente, et -qu'elles
comparées entre elles, et nous avons conclu que les Joies Célestes sont d'irréfragables promesses de Dieu, nous n'avons pu tirer d'au
sont des Joies Paradisiaques; le Ciel est-il autre chose qu'un Pa tre part l'élat le plus heureux de la "ie céleste. » Après cetle Co
ranis, qui s'étend de l'Orient à l'Occident et du Midi au Septen borte, la SIXIÈME, qui était la Seconde de la Plage méridionale,
trion, et où sont des arbres fruiLiers et des fleurs délicienses? Au élen la voix, et dit: « La Joie du Ciel et la Félicilé éternelle ne
milieu de ces arbres et de ces fleurs est l'A rbre magnifique de la sont autre chose qu'une perpétuelle Glorification de Dieu, une
vie, autour duquel seront a~sis les bienheureux, se nourrissant de Fête qui dure éternellement, et un culte de ~rande béatitude a"ec
fruits d'nne saveur délicate, et ornés de guirlandes de fleurs de chant et cris de joie; et ainsi une constante élé"ation du cœur
l'odeur la plus suave; ces arbres et ces fleurs sous l'influence d'un vers Dieu, avec pleine confianc~ de l'acceptation des prières et des
printemps perpétuel naissent et renaissent chaque jour avec une louanges pour cette Divin'e munificence de héatitude. Il Quelques
variété infinie; et par celle naissance et cette floraison perpé uns de cette Cohorte ajoutèrent que cette Glorification se fera avec
tuelles, et en même temps par celte température éternellement de magnifiques illuminations, de très-sua"es parfums, et de pom
printanière, les esprits (animi) continuellement renouvelés ne peuses processions, il la tête desquelles marchera, avec une grande
peuvent qu'aspirer et respirer des Joies chaque jour nouvelles, et Trompette, le souverain Ponlife, suivi des Primats et Porte-masses,
ainsi rentrer dans la fleur de l'âge, et par là dans l'état primitif, {;rands et petits, et derrière eux des Hommes portan t des palme'~, et
dans lequel Adam et son épouse ou t été créés, et par conséquent des Femmes ayant des statuell.es d'or dans les mains,
être replacés dans leur Paradis, transféré de la terre au Ciel. » 733. La SEPTIÈME COHORTE qui, il cause de sa lumière, n'était
ta CINQUIÈME COHORTE, qui était la Première des plus perspicaces })a5 vue pal' les autres, était de l'Orient du Ciel; elte se composait
en génie de la Plage méridionnale, s'exprima ainsI: « Les Joies Cé d'Anges de la même Société, d'où était l'Ange de la trompette:
lestes et la Félicité éternelle ne sont autre chose que des Domina ayant appris dans leur Ciel que, dans le l\tonde Chrétien, il n'y
tions sur-éminentes et des Trésors immenses, et par suite une .avait pas même un seul homme qui sût ce que c'est que la Joie du
magnificence plus que royale, et une splendeur au-dessus de tout Ciel et de la Félicité éternelle, ces anges s'étaient dit entre eux:
éclat: que les Joies du Ciel, et la jouissance continuelle de ces (1 eela ne peut pas être la vérité, il est impossible qu'il y ait chez les
joies, qui est la félicité éternelle, soient telles, c'est ce que nous Chrétiens une si grande obscurité, et un tel engourdissement des
avons vu clairement d'après ceux qui, dans le Monde précédent, mentaIs; de~cendons aussi nous-mêmes, et sachons si c'est la vé
ont joui de ces avantages; et, en outre, en ce que les bienheureux: rité, et si c'eslla "érité, certes c'eslnD prodige. " Alors ces Anges
dans le Ciel doivent régner avec le Seignenr, et être rois et p.'inces, dirent à l'Ange de la trompette: cc Tu sais que tout homme qui a
parce qu'ils sont fils de Celui qui est le Roi des rois et le Seigneur désiré le Ciel, et a pensé quelque chose de positif au sujet des
des seigneurs, et en ce qu'ils seront assis sur des trônes, et que joies du Ciel, est introduit après la mOl-t dans les joies de son im;t
'les Anges les serviront. Nous avons vu clairement la magnificenc8 ~ination; el qu'après qu'il a appris par expérience queltes sont.
du Ciel, en ce que la Nouvelle Jérusalem, par laquelle est décrite ces joies, c'est·à-dire qu'elles sont selon les "aines idées de son
1a gloire du Ciel, aura des Portes dont chacune sera une Perle, et mental, et selon les délires de sa pbanlaisie, il en est détourné et
des Places d'or pur, et une Muraille dont le fondement sera de est instruit; c'est ce qui arrive dans le Monde des Esprits à la plu
1.1
mnldpliées au point 'de répandre les ris de la gaîlé sur tous les vi chose qui soit utile à soi-même et aux autres; et le plaisir de l'u
sages de l'assemblée; dans d'autres chambres, on s'occupait des sage tire son essence de l'Amour et son existence de la Sagesse;
Nouvelles des Cours, des Ministères, de l'Etat politique, des diffé le plaisir de l'usage qui tient son origine de l'Amour par la Sa
rentes choses qui avaient transpiré des Conseils secrets; et l'on gesse est l'âme et la vie de touLes les joies célestes. Il ya dans les
faisait des raisonnements et des conjectures sur les événements; Cieux de très-agréables Réunions, qui égayent les mentais des An
dans d'autres, on parlait de commerce; d:l\Is d'autres de littérature; ges, divertissent leurs esprits (animi), réjouissent leurs cœurs,
dans d'autres, de ce qui a rapport à la Prudence civile et à la Vie et récréent leurs corps; mais ils n'en joui5sent qu'après avoir fait
morale; dans d'autres, des choses Ecclésiastiques et des Sectes; et des usages dans leurs fonctions et dans leurs œuvres; par 13 il Y a
aÎlisi du resle: il me fnt donné de faire la visite dans cette maison, âme et vie daus toutes leurs allégresses et dans tous leurs amuse
et je vis des gens qui couraient de chambres en chambres, cher ments; mais qu'on ôte cette âme ou cette vie, les joies accessoires
chant des compagnies conformes à leur affeotion et par conséquentl cessent successivement d'être des joies, et deviennent d'abord in
à leur joie; et dans les compagnies j'en vis de trois espèces; les uns différentes, ensuite comme rien, et enfin elles ne sont que tristesse,
haletants de parler, d'autres dési·reux de questionner, et d'aut·res et a·nxiété ... Après qu'il eut parlé ainsi, la porte s'ouvrit, et ceux
avides d'entendre. Il y avait quatre portes ~ la Maison, une ve'rs qui étaient assis auprès sortirent précipitamment; et ils s'enfui
chaque plage, et je remarquai que plusieurs quittaieFltles oompa rent chei eux, chacun à sa fonction et à son ouvrage, et ils furent
gnies, et se hâtaient pour sortir; j'en suivis quelques-uns vers lia soulagés.
porte Orientale, P.t j'en vis q-uelques autres assis d'un air trist~ 735. Ensuite l'Ange s'adressa à ceux qui s'étaient formé de la
près de cette porte; et je m'approchai, tlLje leur demandai pou'r Joie du Ciel et de la Félicité éternelle celle idée, que c'étaient des
quoi ils étaient assis ainsi tristes; el ils répondirent : « Les portes Banquets avec Abraham, Isaac et Jacob; et, après les repas, des
300 LA VRAIE
~
RELIGION CHRÉTIENNE. 30i
Jeux et des Spoctacles, et de nouveau des repas, et ainsi durant voient eux-mêmes les vanités de leurs idées, et qu'ils en soient
l'éternité; et il leur dit: Suivez-moi, et je VOliS introduirai dans· détournés, de telles scènes de table ont été instituées, et ont été
les félicités de vos joies. )) Et il les fit entrer, à travers un bois, permises par le Seigneur. Les Présidents, que vous avez vus à la
dans une plaine couverte d'un plancher sur laquelle avaient été tête des tllbles, étaient des Vieillards jouant un rôle, la plupart
placées des tables, quinze d'un côté, et quinze de l'autre; et ils d'extraction rustiqne, qui ayant beaucoup de barbe, et glorieux.
demandèrent: ce Pourquoi tant de tables?)) et l'Ange répondit: d'une certaine opulence au-dessus des autres, avaient eu la phan
« La première table est celle d'Abraham; la seconde, celle d'Isaac; taisie qu'ils étaient ces anciens Pères. Mais suivez-moi par les che
la troisième, celle de Jacob; et près de celles-ci sont en ordre mins qui conduisent hors de cette enceinte. " Et ils le suivirent,
les tables des douze Apotres ; de l'autre côté sont autant de ta et ils en virent cinquante à nn endroit, et cinquante à lin autre,
bles pour leurs Ép.ouses, les trois premières sont celtes de Sarah qui s'étaient gorgés de nourriture au point d'en avoir des nausées,
épouse d'Abraham, de Rébeccah épousc d'Isaac, et de Léah et et désiraient l'etourner dans lJintérieur de lenrs· maisons, les uns
Rachel épouses de Jacob; et les douze autres celles des épouses à leurs emplois, les autres à leur commerce, et d'autres à leur ou
des douze Apôtres. " Quelques instants après, loutes Ips Tables vrage ; mais un grand nombre étaient retenus par les gardes du
apparurent couvertes de mets, et les petits espaces, entre les plats, bois, et intel'l'ogés sur les jours de leurs repas, s'ils (J,vaicnt mangé
ornés de petites pyramides chargées de toute espèce de sucreries. aussi aux tables de Pierre et de Paul; et on leur disait que s'ils
Ceux qui devaient prendre part à ce banquet éraient debout, au sortaient auparavant, comme cela esl contraire à la décence, ils en
tour des tables, dans J'attente d'en voir arriver les Présidents; seraient couverts de lJOnte. Mais la plupart répondaient: oc Nous
.après quelques moments d'attellte, on les vit entrer en ordre de sommes rassasiés de nos joies, les mets nous sont devenus insipi
marche depuis Abraham jusqu'au dernier des Apôtres; et aussitôt des, et noIre goût est desséché, l'estomac les dédaigne, nous nc
chacun d'eux, s'approchant de sa table, s'y plaça à la tète sur un pouvons plus y toucher; nous avons passé quelques jours et quel
lit; et de là, ils dirent à ceux qui se tenaient debout alentonr: ques nuits dans cette bombance, nOliS demandons instamment
« Prenez place aussi avec nous. " Et ils prirent place, les hommes qu'on nous renvoie. " Et ayant été renvoyés, ils s'enfuirent hale
avec ces Pères, et les femmes avec leurs épouses; et ils mangèrent tants et à course précipitée chacun chez soi. Après cela, l'Ange
et burent avec allégresse et avec vénération. Après le repas, ces appela les hommes de la Cohorte; et, dans la route, voici ce qu'il
Pères sOI'tirent; et alors commencèrent des jenx, des danses de leur enseigna sur le Ciel: oc Dans le Ciel, de même que dans le
jeunes filles et de jeunes hommes; et, après les danses, des specta Monde, il ya des Alimenls et des noissons, il y a des Festins et
cles: les spectacles tcrminés, les assistants furent invités de nou des Banquets; et là, chez les principaux, il y a des Tables sur les
veau à des Festins, mais avec ce réglement, que le premier jour quelles sont servis des mels délicflts, des choses friandes et re
41s mangeraient avec Abraham, le second avec Isaac, le troisième cherchées, par lesquels les mentaIs (fl/~imi) sont égayés et récl'éés;
avec Jacob, le quatrième avec Pierre, le cinquième al'ec Jacqnes, il Y a allssi des lellx et des Spectacles; et il y a des Concerts et des
le sixième avee Jean, le septième avec Paul, et avec les autres en Chants; et tout cela dans la plus grande perfection; ces cho~e5
suivaut l'ordre jusqu'au quinzième JOUI', à partir duquel ils repren sont aussi des joies pour les anges, mais non une félicité, celle· ci
draient de nouveau les festins dans le même ordre en variant les rloil être dans les joies, et pal' suite provenir des joies; la félicilé
places, et ainsi durant l'éternité. Ensuite l'Ange convoqua les dans les joies fait qu'elles sont des joies, elle les fertilise, et les
hommes de la Cohorte, et il leur dit: ce Tous ceux qne vous avez sou lient :Jfin qu'clics ne deviennent ni communes ni fastidieuses;
vus aux tables, ont été dans une pensée imaginaire semblable à la et cetlefélicité, chacun la possède d'après l'usage dans sa fonction.
vôtrewr les Joies du Ciel et sur la Félicité. éternelle; et afin qu'ils Dans l'affection de la volon té de chaque Ange, il y a une certaine
.....
302 LA VRAIE
1 RELIGION CHRÉTIENNE. 303
l'Il veine cachée, qui attire le mental à faire quelque chose, le mental Grands coururent aux trônes, et les Moindres aux siéges, et ils se
par là se tranquillise et se satisfait; celle satisfaction et cette tran revêtirent, et ils se placèrent: mais alors il apparut comme un
\' quillité rendent l'état du merital susceptible de recevoir du Sei-' brouillard !\'élevant des enfërs ; CCLIX qui étaient assis sur les trônes
~neur l'amoUl' de l'usage; de cette réception vient la
,1 Félicité cé et sur les siéges l'ayant aspiré, leul' face commença à devenir bouf
leste, qui est la vie de ces joies dont il a déjà été parlé. La nour fie, leur cœur il se gonfler, et ils furent pleins de la confiance qu'ils
riture céleste, dans son essence, n'est pas non plus autre chose étaient maintenant rois et princes; ce brouillard était l'aur. (at
Il, III que l'amour, la sagesse et l'usage ensemble, c'est-à-dire, l'usag.e mosphère) de la phllntaisie dont ils étaient inspirés: et tout à
par la sagesse d'après ['amour; c'est pourquoi, dans le Ciel, il est coup il accourut, comme venant du Ciel, des jeunes hommes; et
donné à chacun une nourriture pour le corps selon l'usage qu'il ils se placèrent deux derrière chaqne trône, et un derrière chaque
fait, somptueuse à ceux qui sont dans un usage éminent, médiocre -siége pour servir; et alors de temps en temps un héraut criait:
mais d'une saveur exquise à ceux qui sont dans un usage d'un .. Vous êtes des rois et des princes; attendez encore un peu, on
degré moyen, et vile à ceux qui sont dans un usage vil, mais il prépare maintenant dans le Ciel vos cours; vos courtisans vont
n'en est point donné aux p3l'esseux, bientôt venir avec vos gardes, et ils vous introduironl, "Ils atten
736. L'Ange appela ensuite auprès de lui la Cohorte des pré daient et attendaient, au point que leurs esprits respiraient à peine
tendus sages, qui avaient placé les Joies Célestes, et la Félicité et étaient excédés pal' leur désir. Après trois heures d'attenle, le
éternelle qui en résulte. dans les Dominations sur-éminentes et Ciel s'ouvrit au-dessus de leur tête, et des Anges abaissèrent leurs
des Trésors immenses, et dans une magnificence plus que royale regards sur eux, et en eurent pitié; ils leur dirent: « Pourquoi
et une.splendeur au-dessus de tout éclat; et cela, parce qu'il est
~tes-vous assis ainsi comme des fous, et agissez-vous comme des
dit dans la Parole qu'ils seront rois et princes, et qu'ils règneront
histrions? on s'est moqué de vous; et d'hommes on vous a changés
avec le Christ éternellement et seront servis par 'les Anges, outre
en iùo.les; et cela, parce que VOU5 avez mis dans vos cœurs, que
plusieurs autres choses: l'ATlge leur dit: Suivez-moi, et jtl vous
ft
vous règneriez avec le Christ comme des rois et des princes, et
introduirai dans vos joies. II Et il les introduisit dans un Portique
qu'alors vous seriez servis par les Anges. Est-ce que vous avez
composé de Colonnes et de Pyramides: sur le devant était un oublié ces paroles du Seigneur: Que celui qui veut être grand dans
Porche peu élevé par lequel il y avait entrée dans le Portique;
le Ciel devienne serviteur! Apprenez donc ce qui est entendu par
c'est par ce porche qu'il les introduisit; et voici, ils furent vus
rois et princes, et par régner avec le Christ; sachez que c'est être
vingt d'un côté et vingt d'un autre, et ils attendaient. Et tout à
sage et faire des usages; en effet, le Royaume du Christ, qui est
coup apparut quelqu'un remplissant le rôle d'un Ange, et il leur
le Ciel, est le Royaume des usages; car le Seigneur aime tous les
dit: « Par ce Purtique est le chemin qui conduit au Ciel; restez
hommes, et par suite veut du bien "à tous, et le bien est l'usage;
sommes sans espoir de trouver une sortie, nous nous sommes re 738. Ensuite l'Auge conducteur revint à la Maison vers ceux
placés dans ce bosqùet de rosiers, et nous voyons en abondance qui s'étaient fermement persuadés que la Joie Céleste et la Félicité
,autour de nous des olives, des raisins, des oranges et des citrons, ~ternel1e sont une perpétuelle Glorification. de Dieu, et une Fête
mais plus nous les regardons, plus se 1:lsse la vue en voyant, l'o qui dure toute l'éternité; et cela, parce que dans le Monde ils
dorat en odorant, et le goût en goûtant; voilà la cause de la tris aV:ilient cru qu'alors ils verraient Dieu, et parce que la vie du Ciel
tesse, des gémissements et des larmes, dans lesquels vous nous d'après le culte de Dieu est appelée 'un Sabbath perpétuel. L'Ange
voyez. » L'Ange dela Cohorte, ayant entendu ces paroles, leur dit: leur dit: Il Suivez-moi, et je vous introduirai dans votre joie. »
(1 Ce Labyrinthe Paradisiaque est véritablement une enlrée du Ciel, Et il les fit entrer dans une petite ville, au milieu de laquelle il y
je connais une issue, et je vous ferai sortir. Il A ce;; mols, ceux qui .avait un Temple, et dont toutes les maisons étaient appelées de
étaient assis se levèrent, et embrassèrent l'Ange, et ils le sui"irent meures sacrées. Dans cette ville, ils viren tune affiuence d'esprits
avec sa cohorte; et J'Ange leur apprit en chemin ce que c'est que de tous les quartiers de la contl'ée environnante, et parmi eux un
la Joie Céleste et par suite la Félicité éternelle. I( Ce ne sout pas, grand nomhre de Prêtres qui recevaient les arrivants, l'es saluaient,
leur elit-il, des Délices paradisi'aques externes, à moins qu'il n'y et leur prenant les mains, les conduisaient aux portes du Temple,
ait en méme temps avec elles des Dtlices paradisiaques iuternes ; et de là dans quelques demeures sacrées autour du Temple, et les
les délices paradisiaques externes son t seulement les déltèes des initiaient dans le culte continuel de Dieu, en disant; " Celle ville
sens du corps, mais les délices paradisiaques internes sont les dé est le ptlrvis qui' mène au Ciel, et le Temple de celle ville est l'en
lices des affections de l'âme; si celles-ci ne sont pas dans celles trée pour le magnifique et très-vaste Temple, qui est dans le Ciel,
là, il n'y a pas de vie céleste, parce qu'i! n'y a pas d'âme dans les où Dieu est glorifié durant l'éternité par les prières et les louan
délices externes; et tout délice sans son âme correspondante lan ges des Anges: les ordonnances, ici et dans le Ciel, sont, qu'il
guit et s'engourdit par la continuité, et plus que le travail il fati faut d'abord entrer dans le Temple, et y rester trois jours et trois
gue le mental (animus). Dans les Cieux, il ya partout des Jardins nuits; et qu}après celle initiation il faut entrer dans les maisons
paradisiaques, et ies Anges y trouvent aussi des joies, et autant de celle ville, qui sont autant de demeures sanctifiées par nous,
ils y placent le délice de l'âme, autant ces joies sont pour eux des et passer de l'une dans l'autre; et là, en communion avec ceux
joies... A ces mots, tous demandèrent ce que c'est que le délice qui y sont rassemblés, prier, s'écritlr à haute voix, et réciter des
de l'âme, et d'où il vient; l'Ange répondit: « Le délice de l'âme oraisons: ayez bien soin de ne penser en vous-mêmes et de ne
vient de l'amour et de la sagesse qui procèdent du Seigneur; et dire avec vos consociés que des· choses saintes, pieuses et reli
comme c'est l'~mour qui effectue, et qu'il effectue par la sagesse, gieuses.l) L'Ange inlroduisit donc sa cohone dans le Temple; il
c'est pour cela que le siége de l'un et de l'autre est dans l'effet, et était rempli par une foule très-serrée, composée de bealJcoup de
l'effet est l'usage: ce délice influe du Seigueur dans J'âme, et des gens qui dans le Monde avaient été en grande dignité, et aussi de
cend par les supérieurs et par les inférieurs du mental dans tous beallcoup de gens:d'entre le menu peuple; et des gardes avaient
les sens du corps, et il s'y complète; de là la joie devient joie, ct été placés aux portes, afin qu'il ne fût permis à personne de sortir
elle devient éternelle parce qu'elle procède de l'Éternel. Vous avez avant d'y être resté trois jours; et l'Ange dit: « 11 y a mainte
YU des Jardins Paradisiaques, et je vous assure que la il n'y a pas la. nant deux jours que ceux-ci sont entrés; examinez-les, et vous
308 LA VRAIE
RELIGION CHRÉTIENNE. 309·
verrez comment ils ~lorilicnt Dieu. EL ils les examinèrent, et ils.
1)
les virent pour la plupart endormi~, et ceux qui étaient éveillés fié, et il l'est alors par le culte qu'on lui rend à des temps mar
lie cessant de bâiller; quelques-uns ayanl, par une continuelle qués; n'avez-vous point lu ces paroles du Seigneur: En ceci
EST GLORIFIÉ MON PÈRE, que du fruit beaucoup vous pm'tiez,
élévation de leurs pensées vers Dieu sans aucun retour sur le
et que 'Vous deveniez mes disciples? - Jean, XV. 8. - Vous.
corps, la face comme séparée de leur corps, car ils apparaissent
ainsi il enx-mêmes et par suile aussi aux autres; d'autres ayant Prêtres, vous pouvez être dans la glo'rification du Culte, parce
les yeux égarés il force de les Lourner continuellement en dessous; que c'est votre fonction, et que vous y trouvez honneur, gloire et
en un mOl, ayant tous ie cœur serré et l'esprit abattu par l'ennui, rémunération; mais vous, néanmoins, vous ne pourriez pas être
eL se détournant de la chaire, et criant: " Nos oreilles sont étour plus qu'eux dans cette glorification, si en même temps avec votre
dies; finissez les sermons, on n'entend plus un mot, et le son de fonclion il n'y avait pas honneur, gloire et rémunération. » Après
vos voix nous devient fastidieux. Il Et alors ils se levèrent, et ils avoir ainsi parlé, les évêques ordonnèrent aux gardes de la porte
eoururent en masse aux porles, les enfoncèrent, et se jetèrent sur de laisser chacun entrer et sortir; il y a, en effat, une multitude
les gardes et les chassèrent. Les Prêtres, voyant cela, les suivirent d'hommes qui n'ont pu penser à une joie Céleste autre que le culte
et se mirent il côté d'eux, prêchant et prêchant, pri:li1t, soupirant, perpétuel de Dieu, parce qu'ils n'ont rien su de l'état du Ciel.
disant: Céléhrez la Fête, glorifiez Dieu, sanctifiez-vous; dans i39. L'Ange, avec ceux qui l'avaient accompagné, revint en
ce parvis du Ciel, nOlis vous initierons il la Glorification éternelle de sui le à la salle d'assemblée, d'où les cohortes de Sages ne s'é
Dieu dans lem~gniljqtle et très-vaste Temple qui est dans le Ciel, taient pas encore retirées; et l~, il appela près de lui cellx qui
et ainsi il la jouissauce cie la félicité éternelle. Il Mais ces paroles, croyaient que la joie céleste et la félicité éternelle ne sont que
ils ne les comprenaient pas, ct ils les entendaient il peine, à cause l'admission dans le Ciel, et l'admission d'après la grâce Divine;
,de l'abattement du mental par la suspension et la ce~sation, pen et qu'alors cellx qui sont admis ont la même joie que ceu.'< qui,
dant deux jours, de toule affaire domestique et publique. Toute dans le Monde, entrent dans les cours des Rois les jours de r6
fois, comme ils s'elroJ'çaient d'échapper aux prêtres, les prêtres jouissancos, ou qui invités à des noces entrent dans la salle de
les prenaient par les bras, et aussi par les habits, les poussant festin. L'Ange leur dît: Cl Demeurez ici un peu, et je vais sonne!'
vers les demeUl'es sacrées 011 des sermons devaien t ètre prêchés; de la trompette, et ceux qui ont une grande répulation de sagesse
mais c'était en vain, et ils criaient: (1 Laissez-nolis, nous sentons dans les choses spirituelles de l'Église se rendront ici ... Après
dans le corps COlllme une défaillance. » A cet in:;tant, voici, il ap .quelques heures, il apparut neuf hommes, chacun couronné de
parut quatre Hommes vêtus de blanc et avec des tiares; l'un laurier en signe de sa réputation; l'Ange les introduisit dans la
d'eux avait été Archevêque dans le Monde, et les trois autres y salle d'assemblée, où étaient présents tous ceux qui avaient été
avaient été Évêques; ils étaient devenus des Anges; ils appelè précédemment eonvoqués? l'Ange, adressant en leur présence la
rent les Prêlres; el, leur adressant la parole, ils dirent: Nous (1
parole il cellx qui étaient couronnés de laurier, dit: « Je sais que,
vous avons vus dit Ciel avec ces brebis; comment les paissez d'après votre vœu selon votre idée, il vous a été donné de monte!'
vous? VOltS les paissez jusqu'à les rendre folles; vous ne savez pas dans le Ciel, et que vous êtes revenus snI' celle terre inférieure
ce qui est entendu par la Glorificalion de Dieu; il est entendu ou s.us-céleste, avec une pleine science sur l'état du Ciel; racon
porter des fruits de l'amour, c'est-à-dire, faire tldèlement, sin tez donc comment vous a paru le ciel. » Et ils répondirent l'un
cèrement et soigneusement l'œuvre de sa fonction, car cela ap après l'autre; ct le PRE~IlER dit: • Mon idée sur le ciel, depuis
partient à l'amour deDieu et à l'amour du prochain, et cela est mon enfance jusqu'à la fin de ma vie dans le Monde, avait été que
.le lien de la société et le bien de la société; par là Dieu est glori c'était le lieu de toutes les béatitudes, eL de tous les agréments•
plaisirs, charmes et voluptés, el que si lY étais admis, je me trou
3iO L,A VRA.IE RELIGION ClIRÉTIENNE. 3U
verais entouré de l'atmosphère de ces félicités, et que je la res yeux furent couverts d'obscurité, et je comm.ençai à être insensé;
pirerais à pleine poitrine, comme un fiancé lorsqu'il célè bre ses .eCbientôt, par la chaleur du Ciel, qui correspondait à la blancheur
noces, et qu'il entreavec sa fiancée dans la couche nuptiale; dans éelatante de cette lumière, et dont l'essence est dite être l'amour,
cette idée, je montai au Ciel, et je passai les premières Gardes, mon cœur palpit~, l'anxiété s'empara de moi, et j'étais tourmenté
et aussi les secondes, mais lorsque j'arrivai aux troisièmes, le par une douleur intérieure, et je me jelai là par terre élendusur
chef des gardes m'adressa la parole, et il dit:« Qui es-tu, ami? Il le dos; et pendant que j'étais ainsi couohé, un garde vint de la
Et je répondis: cc N'est~ce pas ici le Ciel? j'y suis monté d'après .Cour avec l'ol'dre de me faire transporter doucement dans ma
le vœu de mon désir; laisse-moi entrer, je te prie. » Et il me laissa lumière et dans ma chaleur; quand j'y fus rentré, mon esprit et
entrer; et je vis des Anges vêtus de blanc, et ils m'entouraient, ,mon cœur me revinrent. Il Le QUATRIÈME dit: "Moi aussi, au su
et ils m'examinaient, et ils disaient tout bas: Voici un nouvel jet du ciel, j'ai été dans l'idée du lieu et non d.ns l'idée de l'amour,
hôte qui n'a pas le vêtement du Ciel; et moi, j'entendis ces pa et dès que je fus arrivé dans le MOQde spirituel, je demandai aux
roles, et j'eus cette pensée: Il me semble qu'il en est de moi sages s'il était pem.is de, mon tel' dans le Ciel; ils me dirent que
comme de celui dont le Seigneur dit qu'il était entré au festin des cela était permis à chacun, mais qu'il fallait prendre gar.de d'en
noces sans un habit nuptial; et je dis: Donnez-moi des vêtements être chassé; cette réponse me fit rire, et je 1II0ntai, croyant, moi
du Ciel; mais ils se mirent il rire; et alors accourut un Ange de comme les autres, que tous dans le Monde entier peuvent. rece
la Cour avec cet ordre: Mettez-le tout nu, chassez-le, et jetez ses voil' les joies du ciel dans leur plénitude; mais en effet dès que je
habits après lui; et je fus chassé ainsi ... Le SECO~D en ordre dit: fus entré, je me trouvai presque sans vie, et ne pouvant supp.orter
« l\loi, j'ai cru, comme lui, que si j'étais seulement admis dans le la douleur et le tourment que j'éprouvais dans la tète et dans le
Ciel, qui est au-dessus de ma tête, les joies m'environneraient et corps, je me jetai par terre, et me roulai c.omme un serpent ap
m'animeraient éternellement; j'obtins aussi ce que j'avais désiré; proché du feu, et je rampai j,usqu'à un précipice et m'y élançai;
mais en me voyant les Anges s'enfuirent, et se dirent emre eux: et ensuite je fus relevé par ceu'xqui étaient en bas, et porté dans
Qu'est-ce que ce prodige? Comment cet Oiseau de nuit est-il une hÔlellerie, où la santé me fut rendue. Les CINQ AUTRES ra
venu ici? Et en elfet je senlis un changement comme si je n'~tajs contèrent aussi les choses élon nan les qui leur étaien t arrivées
plus homme, quoique je ne fusse pas chaDgé; cela provenait chez quand ils élàient montés dans le Ciel; et ils compuaient les chan
moi de l'attraction Je l'atmosphère céleste; mais bientôt accourut gements d'étals de leur vie avec l'état qes poissons enlevés des
lm Ange de la Cour avec cet ordre, que deux serviteurs me fissent eaux dan.s l'air, et avec l'étal des oiseaux dans l'éther; et ils di
sortir et reprendre le chemin par lequel j'étais monté pour me rent qu'après ces dures épreuves ils n',avaient plus désiré le Ciel,
ramener jusqu'à ma maison; et quand je fus à la maison, j'appa mais seulement une vie conforme à celle de leurs semblables, en
rus' aux autres et à moi-même comme homme ... Le TROISIÈtlE quelque lieu qu'ils fussent; ils ajoutèrent: « Nous savons que
dit: co L'idée du Ciel était constamment pour moi une idée du liel..l dans Je M.onde des esprits, oil no,Us sommes, tous sont d'abord
et non de l'amour; c'est pourquoi, q,uand je vins dans ce mon.de, préparés, les bons pour le Ciel, et les méchants pour l'Enfer; et
je désirai avec une vive ardenr le Ciel, et je vis des esprits qui que, quand ils on t été préparés, ils voient des chemins ouver,ts
montaient, et je les suivis, et je fus admis, mais non au-delà de pour eux vers Jes Sociétés de leurs semblables, avec qui ils doivent
quelques pas; or, quand je voulus réjouir mon mental (animus) rester durant l'éternité; et (IU~alors ils enlreot dans ces chemins
de l'idée des joies t't des béalitudes céles~es, par la lumière du avec plaisir, parce ~ue ce sont les chemins de leura.mour. )) Tous
Ciel, qui était blanche comme la neige, et dont l'essence est dite .ceux de la première Convocation entendant ces déclarations avouè
être la sagesse, mon mental fut s:lisi de stupeur et par suite mes ;r.~nt au~si qu'ils n'avaient pas ~u non plus d'autre idée du Ciel
312 LÀ VRÀIE RELIGION CHRÉTIENNE. 313
que comme d'un lieu, où l'on savoure à pleine bouche durant l'é- de nous; nous avons appris du Seigneur qu'il les prép:lrera, afin
ternité des joies dont on est inondé. Ensuite l'Ange de la trom- que l:l chaleur et la lumière, ou l'amour et la sagesse de notre
pelle leur dit: oc Vous voyez maintenant que les Joies du Ciel et Ciel, ne leur nuisent en rien pendant trois jours. Il Et il en fut
la Félicité éternelle D'appartiennent pas au lieu, mais qu'elles ap- choisi dix, eL il suivirent l'Ange; et, par un sentier incliné, ils
partiennent à l'état de la vie de l'homme; or, l'état de la vie céleste montèrent sur une colline, et de là sur une Montagne, où était le
vient de l'amour et de la sagesse; et comme l'usage est le conte- Ciel de ces Anges, lequel leur avait d':lbord apparu à une certaine
nant de l'un et de l':lutre, l'état de la "ie céleste vient de la con- distance comme une Étendue dans les nuées; et les portes s'ou-
jonction de l'amour et de la sagesse dans l'usage; c'est la même vrirent pour eu:<-; et, après qu'ils eurent passé la troisième, l'Ange
chose, si l'on dit la Charité, la Foi et la Bonne OEuvre, car la introducteur courut vers le Prince de cette Société ou de ce Ciel,
Charité est l'Amour, la Foi est la Vérité d'olt procède la Sagesse, et annonça leur arrivée; et le Prince répondit: « Prends quelques-
et la Bonne OEuvre est l'Usage: en outre, dans notre Monde Spi- uns de ma garde, et annonce à ceux qui so présentent que leu r
rituel il y a des lieux comme dans le Monde naturel, autrement il arrivée m'est agréable, et introduis-les dans mon Avant-Cour, et
n'y aurait pas d'habitations ni de demeures distinctes; toutefois, donne à chacun sa chambre et son cabinet; prends aussi quelques-
cependant, le lieu n'y est pas un lieu, mais c'est l'apparence d'un uns de mes courtisans et de mes serviLeurs pour leur rendre de
lieu selon l'état de l'amour et de la sagesse, ou de la chari té et de bons offices, et les servir au moindre signe. Il Et il fut fait ainsi.
la foi. Quiconque devient ange porte intérieurement en soi son Mais, lorsqu'ils eurent été introduits par l'Ange, ils demandèr.ent
ciel, parce qu'il porte int~rieurement en soi l'amour de son ciel; s'il était permis d'aborder et de voir le Prince.; et l'Ange répon-
car l'homme par création est en très-petit l'effigie, l'image et le dit: « Il est encol'e matin, et cela n'est pas pel'mis avant midi;
type du grand Ciel; la forme humaine n'est pas autre chose; tous, ju~qu'a ce moment-là, sont à leurs foncLions et à leurs oc-
c'est pourquoi chacun vient dans la société du Ciel, dont il est la cupations; mais vous avez été invités à diner; et alors vous serel
forme dans une effigie singulière;' c'est pour cela que, lorsqu'il assis à table avec notre Prince: en attendant, je vais vous intro-
entre dans celte société, il entre dans une forme correspondante duire dans son Palais, où vous verrez des choses magnifiques et
à lui-même, ainsi il entre dans celte société comme de lui en lui, resplendissanLes. »
et il entre en lui comme d'elle en elle, et il tire la vie de celte so- Lorsqu'ils eurent été amenés près du Pal~is, jls en virent d'a-
ciété comme étant à lui, et il tire la sienne comme étant à celle bord les dehors; il était vaste, bâLi en porphyre sur des fonde-
société; chaqne société est comme un Commun, et les Anges y ments de jaspe, devant la porte six hautes colonnes de pierre la-
sont comme des parties similaires, d'après lesquels le Commun zuli, le toit en lames d'or, de hautes fenêtres o.'un cristal extrê-
coexiste. Il résulte donc de là que ceux qui sont dans les maux et memeut transparent, leurs embrasures aussi d'or. Ensuite ils
par suite dans les faux ont formé en eux une effigie de l'Enfer, et furent introduits dans l'intérieur du Palais. et conduits d'apparte-
cette effigie est tourmentée dans le Ciel d'après l'influx et la vio- ments en appartements; et ils virent des ornements d'une beauté
III lence de l'activité de l'opposé contre l'opposé, car l'amour infernal ineffable; sur les plafonds, des décors d'une ciselure inimitable;
est opposé à l'amour céleste, et par suite les plaIsirs de ces deux: près des murs, des tables d'ar~ent damasquinées d~or, sur les-
amours combattent l'un contre l'autre comme des ennemis, et se quelles étaient divers u5tensiles en pierres précieuses et en perles
tuent quand ils se rencontrent. fines dans des formes célestes; et bien d'llUtres choses qu'aucu n œil
740. Ces diverses épreuves étant terminées, il fut entendu du n'a vues sur la terre, et desquelles en conséquence personne n'a pu
, Ciel une voix disant à l'Ange de la trompette: " Choisis-en dix croire qu'elles fussent dans le Ciel. Comme la vue de ces objets ma-
d'entre tous ceux qui ont été convoqués. et introduîs-les auprès gnifiques les jetait dans l'étonnement, l'Ange leur dit: « Ne soyez
i!ll
1
I~~
314 LA VRAIE RELIGION CHRETIENNE. au
pas surpris; les objets que vous avez vl,Is ne sont ni faits.ni fabri premiers de ces arbres étaient les plus excellents de tous, abon
qués par la main des Anges, mais Us sont composés par l'ArtisaJl ~arnment chargés des meilleurs fruits; ils étaient appelés arbres
de l'Univers, et donnés en présent à notre Prince; c'est pourquqi paradisiaques; il n'en a été vu nulle part, parce qu'il n'yen a pas
ici.l'Art architectonique est dans son art méme, et ds lui sont dé ~u et qu'il ne pouvait pas yen avoir dans les terres du Monde na
rivés toutes les règles de cet art dans le Monde. » L' Ange ~jou ta : lurel; il la suite de ces arbres étaien t des oliviers, après ceux-ci des
« Vous pourriez présumer que de telles choses charme~t ~os yeux ceps de vigne, pui~ les arbres odoriférants, et entÎn ceux de bois
et les éblouissent au point de nous faire croire que ce sont là les .de construction, Çà et là, dans celte Hélice en arbres ou dans cette
joies de notre Ciel; mais comme nous ne mettons pas nos cœu~s séri~ de tours, il y avait des Siéges, formés avec de jeunes branches
seulement en ces choses, car elles sont des accessoires pOUl' les d'arbres rapprocliées et entrelacées par derrière, et enrichis et or
joies de nos cœurs, il en résulte qu'autant nous les contemplons nés de leurs fruits. Dans ce rond continu d'arbres il y avait des
comme des accessoires, et comme des œuvres de Dieu, aUJant portes qui ouvraient sur des parterres, d'où l'on passait dans des
IJOUS contemplons en elles la Divine Toute-Puissance et la Divine lieux de verdure distribués en bandes et en lits. Ceux qui accom
Clémence. Il pagnaient l'Ange s'écriaient en voyant cela: « Voici le Ciel en
74-l, Ensuite l'Ange leurdit: <dl n'est pas encore ~Iidi,venez forme! de quelque côté que nous tournions les yeux il influe quel
avec moi dans le Jardin de notre Prince, il tonche à ce Palais, 1) que céleste paradisiaque, qui est ineffable. » L'Ange, entendant ces
Et ils y allèrent, et dès l'entrée Il leur dit: Voici un Jardin plus
C(
paroles, en ressentit de la joie, et il dit: cc Tous les Jardins de 110
magnifique que les autres jardins dc celte Société Céleste. 1) Et ils tre Ciel sont des Formes représentatives ou Types des béatitudes
répondirent: " Que dis-tu? ce n'est point ici un Jardin, nous n,e célestes dans leurs origines; et comme l'influx de ces béatitudes
voyons qu'un scul A,'bre, et dans ses branches et à sa cime comme a élevé vos men taIs, vous vous êtes écriés: Voici le Ciel en for
des fruits d'or et comme des feuilles d'argent, et leurs bords or me ! mais ceux qui ne reçoivent pas cet influx ne regardent pas
nés d'émeraudes; et sous cet Arbre des enfants avec leurs nour ces objets paradisiaques autrement qu'ils ne regarderaient des
rices. 1) Alors l'Ange dit d'une voix inspirée: Cet Arbre est dans
C(
objets champêtres; et tous ceux-Ii reçoivent l'influx, qui son t dans
le milieu du Jardin, et il est appelé par nous l'Arbre de notre'Ciel, l'amour de l'usage; mais ceux-là ne le reçoivent pas, qui sont dans
et par quelques-uns l'Arbre de la vie. Mais avancez, et approchez-· l'amour de la gloire, et non d'après l'usage. l) Il leu!' expliqua
vous, et vos yeux seront ouverts, et vous verrez le Jardin. Et ils
1)
ensuite et leur apprit ce que chaque objet de ce Jardin rep,'ésen
firent ainsi; et leurs yeux furent ouverts, et ils voyaient des Arhre,s lait et signifiait.
chargés de fruits savoureux, entourés de ceps avec leurs pampres, 742. Tandis qu'ils recevaient ces instructions, il vint un mes
dont les extrémités se penchaient avec leurs fruits vers l'Arbre sa~er de la part du Prince qui les invitait à manger le pain avec
de vie qui était au milieu. Ces arbres étaient plantés en une série lui; et en même temps deux gardes de la cour apportèrent des
continue, qui partait et se prolongeait en ronds ou tours conti vêtements de fin lin, et ils dirent: Cl Revêtez-vous-en, parce qu e
nus comme ceux d'une hélice sans fin ; c'était une Hélice par personne n'est admis à la table du Prince, à,'moins qu'il ne soit en
faite en arbres, dans laquelle les espèces suivaient les espècess:w~ vêtemen ts du, Ciel; et ils s'apprêtèl'en t, et ils accompagnèrent leur
interruption selon l'excellence des fruits: le commencement de Ange, et ils furent introduits dans l'Hypèthre, cour de promenade
la formation des tours était séparée de l'Arbre du milieu par un in, du Palais, et ils attendirent le Prince; et là, l'Ange les mit en re
,tervalle considérable, et l'intervalle brillait d'un éclat de lumière, lation avec des Grands et des Gouverneurs qui attendaient aussi
par lequel les arbres du tour resplendissaient d'une splendeur sué le Prince :,et voici, après une petite heure, les portes s'ouvrirent,
,cessive et continuée depuis les premiers jusqu'aux derniers; les et par une porte plus larpe du côté de l'Occident ils virent l'eD
346 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE, 3i7
trée du Prince avec l'ordre et la pompe d'un corlége: Devant brun-clair, sur lesquelles étaient brochées des fleurs autour de pe
lui marchaient les Conseillers assistants, après eux les Conseil tits aiglons; les tuniques sous ces robes étaient de soie couleur
iers chambellan!>, et ensuite les Principaux de la cour; au milieu d'opale; de même aussi les vêtements qui couvraient les cuisses
et le,s jambes. Tel était leur vêtemen t,
de ceux-ci élait le Prince, et après lui les courtisans de rangs di
74,4. Les Conseillers assistants, les Conseillers chambellans et
vers, et enfin les gardes; tous formaient en nombre cent vingt.
L'Ange se tenant debout devant les dix nouvooux venllS, qui par les Gouverneurs se tenaient debout autour de la table, et SUI' 1'01'
leur vêtement paraissaient alors comme des commensaux, s'ap dre du Prince ils joignirent les mains, et prononcèrent en même
procha avec eux du Prince, et les lui présenla respectueusement; temps à voix b.sse une louange votive au Seigneur; et ensuite, à
un signe du Prince, ils se mirent à table sur des lils ; el, le Pl'Înce
le Prince, sans ralentir sa marche. leur dit: « Venez avec moi au
dit aux dix nouveaux venus: ,( Mettez-vous aussi :i table, vous,
pain, )) Et ils le suivirent dans la Salle à manger, et ils virent unc
avec moi; voici, là sont vos places, » Et ils se mirent à [able; et
'Table m:lgnifiquement servie, et au milieu àe la table une haute
des officiers dc la cour, envoyés d'avance par le Pnnce poul'jes
Pyramide d'or avec cent rIalS creux en triple rang sur leurs for
servil', se tenaient debout denière eux; et alors Je Pripee leuI' dit:
mes, contenant des pains sucrés et des gelées de vin doux avec
« Prenez chacun une assiette de dessus leurs ronds, et ensuite
d'autres choses délicates préparées avec le pain et le vin; et du
chacun un plat creux de la Pyramide, l) Et ils les prirent; et voici,
milieu de la Pyramide sortait comme une fontaine qui jaillissait
aussilôt de nOUl'clles assiettes ct de nouveaux plat-creux furent
avec un vin de neclar, et dont la veine se divisait au sommet de la
vus les remplaç;lnL; ct leurs coupes étaient remplies du vin de la
Pyramide et remplissait les coupes, Aux côtés de celte haute Py
fontaine qui jaillissait de la grande Pyramide; et ils m~lllgèrent et
ramide étaient différentes formes célestes en or, sur lesquelles
burent. Quand on fut à demi rassasié, le Prince adressa là Parole
étaient des plats et des assiettes couverts de toute sorte de mets:
aux dix im'ités, et dit: « J'al appl'is que dans la terre, qui est sous
les formes célestes, sur lesquelles étaient les plats et les assiettes,
ce Ciel, vous avez été convoqués pour faire connaître \'OS pensées
étaient des formes de l'art d'après la sagesse, qui ne peuvent, dans
sur les Joios du Ciel, et sur là Félicité éternelle qu'elles procu
le Monde, être tracées par aucun art, ni décrites par aucune expres
rent, et que vous les avez manifestées de diverses manièl'es, cha
sion: les plats et les assiettes étaient d'argent, ciselés en pareilles
cun selon les plaisirs des sens de son corps; mais qlle sont les
formes aux bords et dans le fond, avec leurs supports; les coupes
plaisirs des sens du corps sans les plaisirs de l'àme ? c'estl'ümc
étaient de pierres précieuse.., transparen tes: tel était l'appareil de
la Table, qui fait qu'ils sont des plaisirs; les plaisirs de l'âme sont en eux
mêmes des béatitudes non-perceptibles, mais elle deviennent de
743,01', voici quel était l'habillement du Prince et de ses l\fi
plus en plus pcrceptibles selon qu'elles descendent dans les pen
ni~.tres : Le Prince était vêtu d'une Robe longue couleur de pour
sées du mental, et par ces pensées dans les sens~ions du corps;'
pre, parsemée d'étoiles brodées couleur d'argent; sous la robe il
dans les IJensées du mental, elles sont jJcrçucs COlllllle bonheur,
portait une lunique de soie brillante couleur d'hyacinthe; celle
dans les sensations du corps comme agréments, et dans le corps
tunique était ouverte sur la poitrine, olt l'on voyait la partie an
même comme voluptés; les unes et les autres prises ensemble
térieure d'une sorte de ceinture avec [.'Insigne d~ la Société; l'In
constituent la Félicité éternelle; mais celle Félicité qui ne résulte
signe était une Aigle couvant ses petits à la cime d'un arbre; il
que des dernières seulcs n'est pas éternelle, c'est une félicité
était d'un or brillant, entouré de diamants. Les Conseillers as
temporaire qui finit et passe, et qui parfois devient infélicilé.
sistants n'étaient pas vêtus autrement, mais sans cet Insigne, au
VOliS avez Vll maintenent que toutes vos joies aussi sont des joies
lieu duquel ils portaient des saphirs gravés qui pendaient à un
du Ciel, et bien au-dessus de ce que vous avez jamais pu imaginer;
collier d'or à leur cou, Les courtisans étaient en robes couleur
3i8 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 3t9
mais néanmoins ces joies n'affectent pas intérieurement nos es viennent heureuses el propices. " A ces mots, ceux qui avaient été
prits (animz). Il y a trois choses qui influenl comme une seule du âppelés de la ville rapportèrent les faits qui suivent: i 0 Il Ya ici
Seigneur dans nos âmes; ces trois choses comme u.ne seule, ou ce des jours de fête indiqués par le Prince, afin que les mentaIs (ani
trine, sont l'amour, la sagesse et l'usage; toutefois, l'amour ~t la mi) se remettent de la fatigue que l'ardeur de l'émulation aurait
sagesse n'existent que d'une manière idéale, lorsqu'ils ne sont causé à quelques-uns; dans ces jours il y a dans les places publi
que dans l'affection et dans la pensée du mertill, mais dans l'u ques des Concerts d'harmonie musicale et des Chants, et hors de
sage ils existent en réalité, parce qu'ils sont en même temps dans la ville des Jeux et des Spectacles; alors dans les Places publi
l'acte et dans l'œuvre du corps; et où ils existent en réalité, là ques sont élevés des orchestres entourés de treillis formés avec
anssi ils' subsistent; et puisque l'amour et la sagesse existent des ceps entrelacés auxquels pendent des grappes de raisins; au
et subsistent dans l'usage, c'est l'usage qui nous affec,te, et l'u. dedans des treillis SUT trois rangs d'élé\'ation sont assis les mu
sage consiste à remplir fidèlement, sincèremen t et soigneuse sici'ens avec instruments à cordes, et avec instruments à vent,
ment les œuvres de sa fonction; l'amour de l'usage, et par suite de sons divers, haut et bas, fort et doux, et sur les côtés sont les
l'application à l'usage, eml)êche le mental de se répandre çà et là, Chanteurs et les Chanteuses, et ils récréent les citoyens par des
d'errer vaguemeut, et de se remplir de tOlLtes les cupidités qui airs et des chants très-agréables, en chœur et en solo, variés par
influent du corps et du monde par les sens avec de séduisants intervalles quant aux espèces; cela dure ces jours de fête depuis
attraits, et par lesquelles les vrais de la Religion et les vrais de le matin jusqu'à midi, et continue Paprès midi jusqu'au soir.
la Morale .avec leurs biens sont dissipés à tous vents; mais l'appli ~o En outre, chaque matin, des maisons qui entoure les Places
cation du mental à'l'u$age contient et lie ensemble ces vrais, et dis. on entend des Chants très-suaves de vierges et de jeunes tllles;
pose le mental en une fOTme susceptible de recevoir la sagesse toute la ville en retentit; c'est une seule affection de l'amour spi
d'après ces vrais; et alors elle chasse sur les côtés les jouets et les rituel qui est chanté. chaque matin, c'est-à-dire, qui résonne par
amusements des faussetés et des vanités. ~lais VOliS en apprendrez les modifications du son de la voix ou par les modulations; et cette
<lavantage sur ce sujet avec les sages de notre Société, que j'en affection dans le chant est perçue comme si c'était l'affection elle
verrai vers vous cet après midi. Il Le Prince, ayant ainsi parlé, se même; elle influe dans les âmes de ceux qui l'entendent et excite
leva, et avec lui tous les convives, et il dit: « Paix! Il et il donna ces âmes à la correspondance; tel est le chan t céleste; les chan
ordre à l'Ange, leur conducteur, de les ramener dans leurs ap teuses disent que le son de leur chant semble s'inspirer et s'ani
partements, et de leur rendre tous les honneurs de la civilité, et mer de l'intérieur, et s'exalter agréablement selon qu'il est reçu
d'appeler allssi des hommes polis et affables pour les entretenir par ceux qui l'entendent. Ce chant fini, les fenêtres des maisons
agréablement sur 16s différentes joies de cette soeiété. ~e la Pl'ace, et en même temps celles des maisons des rues, sont
745. Quand ils furent rentrés, cet ordre fut exécuté; et ceux qui f~rmées, et les portes aussi; et alors toute la ville est dans le si
ava!ent été appelés de la ville, pour les entretenir agréablement rence, et nulle part on n'entend de bruit, et l'on n'y voit personne
sur les différentes joies de la Société, arrivèrent; et, après les ~Iler çà et là; tous alors sont occupés à remplir les fonctions de
saluts, ils eurent avec eux a'agréahles conversations en se pro leur état. 30 Mais à midi les portes sont ouvertes; et après midi, en
menant; mais l'Ange leur conducteur dil: « Ces dix hommes ont quelques endroits, les fenêtres le sont aussi; et on reg:nde les
été invités dans ce Ciel, pour en voir les Joies, et par suite rece jeux des enfan ts des deux sexes dans les rues, sous la direction
Noir une nouvelle idée de la Félicité éternelle; racontez-leur donc de leurs nourrices et de leurs maitres assis sous les portiques des
de ses joies quelque chose qui affecte les sens du corps ;. ensuite maisons. 4° Aux côtés de la ville, à ses extrémités, il y a différents
yiendrollt des Sages qui. parleront de ce qui fait que ces joies .ie- jeux de Jeunes garçons et d'adolescents, jeux de' course, jeux de
320 LA VRAIE RELlGlON CHRÉTIENNE. 321
balle, jeux de raquettes, exercices publics entre les jeunes gar que ce soit ne doit être sage ni vivre pour soi, à moins que ce ne
çons, à savoir, qui sera le plus prompt, et qui le plus lent, à par soit en même temps pour les autres; de là la Société, qui autre
ler, à agir et à percevoir, et pour les plus prompts quelques feuilles ment n'existerait point; vivre pour les autres, c'est faire lies
de laurier en prix; outre plusieurs autres jeux propres à ex usages; les usages sont les liens de la société; il ya autant de ces
citer les aptitudes cachées dans les enfants. 0° De plus, hors de la liens qu'il y a de bons usages, et le nombre des usages est infini;
ville, il y a su l' des théâtres de5~pectacles de comédiens qui re·· il Y a les usages spirituels qui appartiennent à l'amour envers
présentent divers traits d'honnêteté et ùe vertu de la vie morale; Dieu et à l'amour à l'égard du prochain; il Y a les usages moraux
parmi eux il y a aussi des histrions à cause des relations, Et l'un et civils qui appartiennent à l'amour de la société et de la cité
des dix demanda ce que signifiaient ces mots: A cause des rela dans lesquelles est l'homme, et à l'amour des compagnons et
tions; et ils répondirent: .. Aucune vertu ne peut être présentée des citoyens avec lesquels il demeure; il y a des usages natu
d'une manière fl'3.pnante avec ce qu'elle a d'honnête et de beau, "reis qui aplJartiennent à l'amour du monde et de ses besoins; et
que par des relatifs depuis leurs maxima jusqu'à leurs minima; il y a les usages corporels qui appartiennent à l'amour de sa pro
les histrions représentent leurs minima jusqu'à ce qu'ilsdevien pre conservation à cause des usages supérieurs. Tous ces usages
nent nuls; mais il leul' a été défendu par une l?i de présenter, si on t été gravés en l'homme, et se suivent en ordre, l'un après
ce n'est d'une manière figuré et comme de loin, quelque chose l'autre, et quand ils sont ensemble, l'un est dans l'autre: ceux
de l'opposé, qui est appelé deshonnête et indécent; si cela a été qui sont dans les premiers usages, c'est-à dire, dans les lisages
défendu, c'est parce que rien d'honnête et de bon d'une vertu spirituels, sont aussi dans les lisages qui suivent, et ceux-lit sont
quelconque ne passe pàr des progressions successives au déshon sages; mais ceux qui ne sont pas dans les premiers, et qui néan
nête et au mauvais, mais va seulement à ses minùna jusqu'à ce moins sont dans les seconds, et de là dans les suivants, ne sont
qu'il périsse, et qUJud cela prrit l'opposé commence; c'est pour pas sages de même, mais seulement, d'après la moralité et la civi
quoi 1e Ciel, où lout est honnête et bon, n'a· rien de commun avec lité externes, ils apparaissent comme s'Hs l'étaient; ceux qui ne
l'Enfer, oil tout est dcshonnête et mauvais. sont ni dans les premiers ni dans les seconds, mais qui sont dans
i46, Pendant cette conversation un servitenr accollJ'ut et an les troisièmes et dans les quatrIèmes, ne sont rien moins que sa
nonça que huit S:Jges se présentaient par ordre du Prince, et vou· ges, car ce sont des satans; en effet, ils aiment seulement le monde,
laiententrct; :1 cette nouvelle l'Ange sortit, et HIes reçut et les et d'après le monde ils s'aiment eux·mêmes; mais ceux qui ne
introduisit; et aussitôt les Sages, après les formules de bienséance sont que dans les quatrièmes son t de tous les moins sages, car ce
et de politesse, parlèrent d'abord des commencements et des ac sont des diables, parce qu'ils vivent pOlir eux seuls, et que s'ils'
croissemen ts de la sagesse, auxquels ils entremêlèrent diver!'es vivent pour les autres, c'est uniquement à cause d'eux-mêmes.
choses sur sa durée, en disant que chez les anges la sagesse n'a En outre, chaque amour a son plaisir, car l'amour vit par le plai
point de fin et ne discontinue pas, mais qu'cile croît cl augmente sir, et le plaisir de l'amour des usages est un plaisir céleste, lequel
durant l'é~ernité, L'Ange de la Cohorte ayant entendu celte con entre dans les plaisirs qui suivent en ordre, et les exalte selon
versation, leUl' dit: ( Notre Prince leur a parlé, à lable, du si~ge l'ordre de succession et les rend éternels. » Ensuite ils tirent l'é
de la sagesse, et leur a dit qu'il est dans l'usage; entretenez-les numération des Délices célestes qui procèdent de l'amour de l'u
aussi, je vous prie, sur ce sujet. » Et ils ·dirent: « L'homme, d'a sage, et ils dirent qu'il y en a des myriades de myriades, et que
bord créé, fut imbu de la sagesse et de l'amour de la sagesse, non ceux qui entrent dans le Ciel entrent dans ces délices: et, de plus,
pour lui-même, mais pour en f:lire communic:ltion aux autres d'a ils passèrent avec eux le reste du jour jusqu'au soir à traiter de
près lui: de là, il a été gravé dans la sage~se des sages que qUI l'amour de l'usage par de sages c~nversalions.
JI. 2i
322 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 323
Mais vers le s01r vint un courrier vêtu de toile vers les dix nou sirent, le Fiancé à gauche et la Fiancée à sa droite. et les six vier
veaux venus qui accompagnaient l'Ange, et il les invita à des No ges se placèrent à côté du siége près de la Fiancée. Le Fiancé était
ces qui devaient se célébrer le lendemain; et les nouveaux venus vêtu d'un Manteau de pourpre éclatante, et d'une Tunique de fin
sc réjouirent beaucoup de ce qu'ils allaient voir aussi des noces lin resplendissant, avec un Éphod sur lequel était IIne plaque d'or
tians le Ciel. Ensuite, ils furellt conduits chez un Conseiller assis entourée de diamants; et sur cette pfaqoo était gravé un Aiglon,
tant, ct ils soupèrent avec lui, et après le souper, ils rentrèrent, insigne nuptial de cette société du Ciel; et la tête du Fiancé était
et se séparant ils se retirèrent, chacun dans son appartement, el couverte d'une tiare. La Fiancée était vélue d'une Chlamyde d'é
dormirent jusqu'au matin; et alors s'étant réveillés ils entendi carlate, ~ous laquelle elle portait une robe brodée, allant du COll
l'ent le Chant des vierges et des jeunes filles, qui partait des mai aux pieds; elle avait au-dessous de la poitrine une ceinture d'or,
sons autour de la Place publique, dont il a déjà été parlé; on chan et sur la tête une couronne d'or garnie de rubis. Quand ils furent
tait alors l'affection de l'amour conjugal; profondément affectés assis, le Fiancé se tourna vers la Fiancée, et lui mit au doigt un
et émus par la suavité de ce chant, ils percevaient insinué dans anneau d'or, et il tira des bracelets et un collier de perles, et il
leurs joies un charme délicicux qui les élevait ct les renouvelait. mit les bracelets aux poignets de la Fiancé, et le collier autour
Quand il en fllt temps, l'Ange leur dit: » Prépal'cz-vOlls, prenez de son cou, et lui dit: «( Reçois ces gages. ») Et lorsqu'elle les eut
les vêtements du Ciel qlle notre Prince vous a envoyés. )) Et ils sc reçus, il lui donna un baiser, et il dit: « Maintenant tu es à moi. »
vêtirent; eç voici, les vêtemenls resplendissaient comme d'une Et il l'appela son Épouse, Aussitôt les invités s'écl'ièrent: « Qu'il y ait
lumière enflammée; et ils demandèrent à l'Ange d'où cela pro Bénédiction! " Ces paroles furent prononcées par chacun en parti
venait; il répondit: « Cela vient de ce que vous allez assisl~r à culier, et ensuite par tous ensemble; un Ange envoyé p:lf le Pl'ince
des noces; chez nous alors les vêtements resplendissent et de pour le représen tcr les prononça aussi; et en ce nlOment celte Salle,
viennent nuptiaux. » qui précédait la chambre nuptiale, fut remplie d'une fumée aro
Hi. Ensuite l'Ange les conduisit à la Maison des noces, et le matique, ce qui était un signe de la bénédiction venant Ju Ciel:
portier ouvrit la porte; et il peine étaient-ils sur le seuil qu'ils et alors des ofliciers de service prirent les Pains sur les deux ta
furent reçus et salués par un Ange que le Fiancé avait en\'oyé, et bles près du Chandelièr, et les Coupcs alors remplies de vin sur
ils furent introduits et conduits à des siéges désiç~nés pour eux; les tables des angles, et ils donnèrent à chaque invité son pain et
et peu après ils fUl'ent invités il entrer dans la. Salle qui précédait sa coupe; et on mangea et on but. Ensuite le m:Jl'i et son Épouse
la Chambre nuptiale; ils y virent au milieu une Table sur laquelle se levèrent; les six vierges tenant à la main des lampes d'argent
avait étè posé un magnifique Chandelier composé de sept bran alors allumées les suivirent jusqu'au seuil de la porte, et les époux
ches et de sept lampes d'or, et aux murs étaient snspendus des entrèrent dans la Chambre nuptiale; et la porte cn fllt fermée.
lustres d'argent, qui étant allumés firent paraître l'atmosphère i48. L'Ange conducteur parla ensuite de ses dix corr,pagnons
comme d'or; et ils virent aux côtés du Chandelier deux Tables sur aux invités; il leur dit que par ordre il les av~it introduits, et leur
lesquelles des Pains avaient été placés sur trois rangs, et dans les :lVait fait voir la magnificence du Paluis du Prin~e, ct les choses
quatre angle;; de la Salle des Tables sur lesquelles étaient de~ Cou admirables qu'il renfermait; qu'ils avaient n~angé avec le Prince
pes de cristal. Pendant qu'ils examinaient celle distribution, voici, à sa table; qu'ils s'étaient ensuite entretenus arec les Sages de la
la porte d'un appartement joignant la chambre nuptiale s'ouvrit, société; et il les pria de leur permettre de lier aussi conversation
et ils en virent sortir six Vierges, et après elles le Fiancé et la avec eux; et ils y consentirent, et ils conversèrent; et un sage
Fiancée se tenanl par la main, et se dirigeant vers un Siége élevé, d'entre les hommes des noces leur dit: « Comprenez-vous ce que
qui avait été placé vis-à-vis du Chandelier, et sur lequel ils s'as-:, signifient les choses que vous avez vues? .. Ils répondit'enl qu'ils les
.....
"'\
~
. étaient à côté de la Fiancée, maintenant Épouse t " Le sage ré pas, mais nous avons perçu quelque chose qui nOliS a repoussées
pondit: " C'est parce que nous, aujourd'hui, nous sommes comptés et nous a fait retourner; qu'ils nous le pardonnent. » Et l'Ange
parmi les vierges, et que le nombre six signifie tous et le complet. » revint vers ses compagnons, et leur rapporta la réponse; et il
Alais ils dirent: « Qu'entends-tu par là? » Il répondit: « Les Vier 1 ajouta: " J'augure qu'il n'y a pas en \'ous l'amour cllaste d~e2'e ;
ges signifient l'Église, et l'Église est de l'un et de l'autre sexe; dans le Ciel nous aimons les vierges pour leur beauté et pour l'élé
o'est pourquoi nous aussi, quant à l'Église, nous sommes des Vier {;ance de leurs mœurs, et nous lesaimonsbeaucoup, mais chastement. '"
ses; qu'il en soit ainsi, on le voit par ces paroles dans l'Apoca-' Ceci fit sourire sescompagnons, et ils dirent: "Tu augures bien. Qui
lypse: Ce sont ceux qui avec les femmes ne se sont point souil- peut voir de près de telles beautés, et ne pas avoir quelques désirs? Il
rèrent, ct ils accompagnèrent l'Ange, et ils entrèrent; et voici, le que nous nous séparions; ainsi ôtez les vêlements qui vous ont
Ten)l'le était vaste, pouvant contenir environ trois mille person- 1 été envoyés par le Prince, et reprenez Jes vôtres. » Et quand ils
nes, demi-circulaire, les bancs ou siéges continus rangés selon la les eurent repris, ils furent inspirés du désir de se relirer, et ils
forme du Temple cn demi-cercle; la chaire devant les siéges, un se retirèrent ct descendirent, '-âêëO'mpagnés de l'Ange, jusqu'au
peu retirée en arrière du centre; la porte derrière la chaire à lieu de l'assemblée; et là, ils rendirent gl'âces au Seigneur de ce
gauche. Les dix Hommes nouveaux venus entrèrent avec l'Ange , qu'il avait daigné les rendre heureux, en leur faisant connaître,
leur conducteur, et l'Ange leur indiqua les places oit ils devaient ) et par suite comprendre, ce que c'est que les Joies Célestes et la
s'asseoir, en leùr disant: «Quiconque entre dans le Temple con- ( Félicité éternelle.
l naît sa plaçe; il la connaît d'après nnsite, et il ne peut s'asseoir
. aillenrs; s'il se place ailleurs, il n'entend rien, et ne perçoit rien;
et même il trouble l'ordre, et l'ordre étant troublé le Prêtre n'est
pas inspiré. "
75'1. Quand on fut assemblé, le Pl'être monta dans la chaire, et
prononça un discours plein de l'esprit de sa~esse; ce discours
traitait de la sainteté de l'Écriture Sainte, et de la conjonction du
Seigneur'avec l'un et l'autre Monde, le Spirituel et le Naturel, ~par
cëtte Écriture; dans l'illnstration où il était, il convainqüit plei-
nement que ce Saint Livre a été dicté par Jéhovah le Seigneur, et
que par conséqucnt il est Lui-Même dans ce Livre, au point que
Lui-l\Iême y est la Sagesse; mais que la Sagesse, qui est le Sei-
gneur Lui-Même dans ce Livre, reste cachée sous le sens de la
1 lettre, et ne se manifeste qu'à ceux qui sont dans les vrais de la
doctrine et en même temps dans les biens de la vie,et ain.~i qui "
sont dans le Seigneur et en qui ëstle Sejgne~; cl ce discours il \
joignit une prière votive, et il descendit. Pendant l{ue les :wdi-
teurs sorlaient, l'Ange pria le Prêtre de dire quelques paroles de
paix à ses, dix compàgnons; et celui-ci s'approcha d'eux, et ils
s'entretinrent ensemble pendant une demi-heure; et il leur parla