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HORS SERIE
PRIX:1F

L,ARCHIBRAS LE suRRÉ¡,ltsun LE 18 JUIN 1968

Depuis que ces textes ont été écrits, la voix sénile qui exprime I'abdomen national a chevroté ses injures et ses menaces.
Tantdt haineuse, tantót faussement bonhomme. Il n'en fallait pas plus pour que la masse viscérale emplisse les beaux
quartiers; pour que les barbouzes et les activistes réconciliés s'apprétent á fournir á la Police I'appoint « politique »
auquel elle aspire.
Cette voix n'a pas craint de souiller ce qui, dans ce pays qu'on proclamait, qu'on voulait avachi, s'est aflirmé de jeune,
de généreux, d'inspiré; elle a clairement désigné son ennemi : l'Espoir.

Que le sang qu'elle appelle á verser rentre dans cette gorge ! Que la souillure submerge le pouruisseur !

Les jeunes énergies qu'on prétend briser n'auront que plus de force de s'étre lovées, quelque temps, dans l'ombre :

car la nuit sero rouge et noire!

Vivent les aYenturisques !


Le 30 mai 1968 tous les vieillards de 70 á lB ans se mant le plus grand nombre de brasiers pour répondre enfin
sont donné la main, et ce fut non seulement ridicule, comme aux injures sans merci faites á la spontanéité, á l'unique
on l'avait prévu, mais aussi terrifiant comme des milliers de chaque individu, suivant la technique bien connue : << Il
de couvents, de casernes, de prisons en marche, arborant faut battre le fer quand il est chaud. >> Vous aviez oublié,
dans la respectabilité de leurs limites la scandaleuse violence Messieurs, l'incandescence du fer rouge, trop pressés de le
d'un monde de la ségrégation, du sauve-qui-peut de la ruse replonger dans les eaux glaciales du temps qui passe, du
et de la lácheté. On assista á la riposte imbécile, peureuse monde comme il va. Alors ne vous étonnez plus de la violence
et soi-disant pacifrque d'une société qui venait de recevoir de ces derniers jours, ne vous étonnez plus de l'apparente
en plein visage la plus belle gifle qu'on ait vue ce dernier disproportion entre la cause et l'efiet. L'éclat de certains
temps : celle d'un enfant á son pére endormi aprés un trop regards, la couleur de certaines nuits, vous ont échappé,
bon repas. vous échapperont toujours. C'est dans cette frange d'indéter-
Aaant qu'il ne soit trop tard, des milliers de jeunes gens mination de toute vie quotidienne que la violence nécessaire
ont quitté un monde, claquant les portes derriére eux, allu- a puisé son énergie, c'est gráce i cette puissance de refus
o

qui répond á tous vos interdits que l'on a pris la force solidarité de la peur bassement humaine de genre huma-
d'rácrire réell,e.ment sur les pages enfin neuves des rues, ne niste. Il ne s'agissait pas, mais pas du tout, de donner á
füt-ce que pour un instant : En mai, fais ce qu'il te plait. voir, mais d'inviter á vivre. Pour la premiére fois depuis
Une trainée de poudre que vous avez nommée dans votre longtemps dans les rues les gens étaient beaux, parce que
vocabulaire usé indifiéremment folie, frénésie, délire, passionnés. On parla d'un débordement des organisations
embrasa l'anonymat du nombre. Et le nombre se mit á politiques parce que pour la premiére fois depuis long-
vivre, á détruire individu par individu, le mythe de son temps, on ne parlait plus raison mais passion. La misé¡e
inertie abstraite. Vos chiens de garde, sociologues, psychia- des rapports humains qui assure votre lamentable sécurité
tres, professeurs, politiciens (pendant que vous láchiez vos était soudain débusquée. Le bruit courut que tout était
meutes spécialisées pour une sinistre chasse á l'adolescent) possible, parce que des milliers d'hommes n'étaient plus
s'interrogérent fébrilement sur la disparité d'áge, de classe séparés les uns des autres, mais surtout parce que chacun
de ceux qui prirent la rue : les blousons noirs, les ouvriers, n'était plus séparé de lui-méme. La spontanéité allant et
les étudiants, les filles outrageusement fardées descendues venant du jeu passionné á l'extréme sérieux, de l'humour
des Portes avec autour de la taille des chaines qui n'avaient le plus libre au risque de mort, alors les forces répressives
plus rien á voir avec les garde-fous, répondirent á un passérent hors de chacun. L'irrationnel échappé de ses
incontrdlable (puisque le mot est actuel non sans raison) chasses gardées, la poésie, la peinture, I'art... dépouillé par
aioe qui oeut, alrec tous les risques que cela suppose, avec la spontanéité collective de son dáguisement de rigueur,
l'extréme violence de l'affirmation du désir muselé par le reconnu ici ou iá par vous de temps en temps, et sans ris-
coude á coude des panses de cinquante millions de Frangais ques, comme génial, réduisit á rien la distance habituellement
bien frangais, paralysé par toutes les mains jointes du monde payante entre le signifiant et le signifié, sabota le réseau
en priére, enfin savamment réprimé par les morales pseudo- de contre-espionnage de l'individualisme bourgeois.
socialistes qui appartiennent á la méme famille. Mais rien n'est encore joué, Messieurs, rien ne se perd
Le vent échappa á la spéculation météorologique des et tout se crée.
week-ends, pour servir une immense respiration collective. Nous avons des provisions de réves.
Je ne parle ni d'une fraternisation dérisoire de type Nous avons des munitions de trouvailles.
boy-scout toujours pr6t á faire comme les autres, ni d'une Les désirs sont les seules choses qui ne meurent pas.

Eux dans un vil sursaut

Durant les journées de Mai, nul n'aura été mieux aimé il est plus spontanément i¡subordonné. pius léger. pius lrai.
que Daniel Cohn-Bendit. Scandé par des dizaines de milliers Son espiéglerie rend dérisoire le faus serieur Ces Iuttes
de manifestants, l'extraordinaire slogan z Nous somrnes tous politiques. I1 incarne 1e rejet de toute autorité, de toute
des juils allemands! a valeur de pacte. appartenance, de toute répression. \ul Pouvoir ne << tient >>

Quant au parti de la crasse, il ne s'y est pas trompé. Sa auprés de cetAriel dissolr-ant, Les assauts disproportionnés
haine á l'égard du scandaleux jeune homme a rendu claire la des buffes du maintien de l'ordre, il semble les esquiver
véritable distribution des pions sur I'échiquier politique: avec un brio en.rprunté aux héros de féerie.
c'est du méme c6té que le Parti Communiste Frangais et
l'U.D. Cinquiéme glapissent á i'unisson. Le Pouvoir ne raisonne plus bien, á présent : cet homme
Cohn-Bendit n'est pas plus << enragé >> qu'un autre. Mais fredonne á ses oreilles.
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Perspective piétonne
Voici deux ans, á la décade surréaliste de Cerisy, l'un nrent d'importantes divergences quant au << sens de la vie >>.
d'entre nous déclarait : << La liberté est obscure. >) Oui, Sur ces divergences, ni le pouvoir, ni les récupérateurs n'ont
-
coilune le drapeau des pirates. Ceux-ci ne se souciaient guére eu de jeu, et ce n'est pas seulement la notion, au reste salu-
de revendiquer. La joie véritablement insensée qui parait bre, de << classe d'áge >>, qui explique leur impuissance, Au
avoir présidé aux ébats les plus remarquables de leur car- début des événements, M. Pompidou, l'amateur de poémes
riére éclabousse de son écume lumineuse toute espéce de bien connu, ironisait lourdement sur I'origine << spéculative »
confort, ou d'inconfort. Que le développement économique ou du << trouble étudiant >> : il en accusait les << littéraires >>, ces
autre ait rendu impossible ce monde, n'autorise pas i confier réveurs en vas€ clos, inaptes aux prouesses de l'informatique
au hasard le fait que ce drapeau ait reparu, au cours du et de la haute finance. Le lendemain, c'était la « {ac de
siécle passé, comme l'embléme libertaire. Sciences >> qui s'insurgeait.
Je ne suis pas sans doute le seul á avoir, au soir du l0 rnai A l'analogie, Qu'on esquisse ici pour la seule confusion
dernier, pris le temps d'apprécier fombre et le parfum des des adversaires du mouvement, ne manque méme pas la
martonniers fleuris, dans le cortége « folklorique >>, dont présence du |llonarque, Iongtemps dissimulée, aux yeu\
les poings se levérent au passage sous les murs de la Santé... d'éminents sociologues, derriére l'intérét cafard qu'il por.
Pour le fidéle des rues de Paris, l'émotion de revoir mélés, tait au << Tiers-]Ionde ». Je lisais hier, carrefour des Gobe.
aprés une si longue absence, drapeaux noirs et drapeaux lins, sur I'un de ces panneaux d'affichage oü jour apres jour.
rouges, aura été l'une des dominantes de ces semaines, á des groupes viennent s'informer et discuter, et dont la filia-
tant d'égards anniversaires. Une autre, aussi sauvage, tion n'est pas moins jacobine que chinoise, une excellente
s'éclaire par I'analogie. formule : « Qu'il monte au ciel et qu'il nous foute la paix. »
La projection des théories marxistes sur l'histoire anté- Cet hommage inlolontaire á l'abbé Edgeworth (<< Fils de
rieure i Marx peut bien apporter quelque clarté sur le Saint-Louis, montez au ciel... >>) ragaillardit. << Rassemblant »
conditionnement économique des 6vénements, mais la volonté de maniére éminemment freudienne les attributs d'un ventre
de les faire passer tous par le cadre de << la lutte de classes >>
et d'un sabre. le urai dernier des Capétiens se veut á la fois
conduit tant6t á négliger gravement d'autres facteurs, pas le pére de ses régiments et la mére rassurante des débris
toujours irrationnels (ou d'une raison plus secr¿te), tant6t successifs de tous ie-" fascismes manqués dans cette contrée.
á ranimer des querelles usées : on croyait Danton réduit á A travers les accés de rage qu'on lui devine sommeil
son r6le équivogue, le voici resurgi au nom du << popu- troublé par les barricades de la rue Gay-Lussac, sa voix cou.
lisme>>. Les nuances de pensée entre Robespie¡re et Saint- verte par nos huées rue de Lron fignoble vieillard garde
Just sont complaisamment soulignées, et la réaction s'en
-
une importance capitale. Ce n'est pas seulement au nom du
empare. Les staliniens tentent d'identifier le premier á leur << socialisme scientifique >> qu'il faut le renverser, sa pré.

idole, les déstalinisés redécouvrent Hébert jusqu'á l'excés. La sence n'est pas seulement un << détail archaique >>, comme je
vieille formule de Belleville : << La Révolution eet un bloc », l'ai entendu dire á un économiste d'ailleurs courageux. Il
avait au moins le mérite d'une paradoxale netteté. est la clé de r,oüte de la carcasse de plomb que constitue.
Or, e'est un défi du m6me ordre, frémissant sur les m6mes hic et nunc, son Etat policier. Il est ce qu'il a choisi d,étre
ondes, qui aura soulevé la ville au long de ce printemps pro- depuis dix ans : un svmbole qui se gonfle de toute la lácheté
digieux. Quelques semaines plus t6t, j'avais été frappé par et toute la canaiilerie de son monde, et qui doit cristalliser
l'expression totalement dégagée d'une centaine de jeunes contre lui, plus encore que les forces précautionneuses du
<< progrés », ces autres forces, issues précisément de la nuit
assistant á la projection du frlm Marat-Sde d'aprés la piéce
de Peter 'Weiss. Totalement dégagée mais totalement pas- des symboles, nuit << illogique >> comme la poursuite des
sionnée, et d'une passion commune. Par-delá l'afiabulation gréves aprés tel accord báclé sur le dos des grévistes que
prétée au débat que ces deux noms évoquent sans le résumer, sont la colére, le goüt du bonheur, le raz-de-marée á - répé.
par-delá le débat méme, les regards étaient en proie á une titions de l'imagination toutes classes d'áge ou de salaire
{ascination actaelle. Comme l'avait fait la Révolution fran- m6lées dans le sursaut -phrygien de la horde liquidant, en
gaise si l'on renonce á sa lecture stratifiée pour une 1'occurrence, son arrié¡e-arriére-grand-« pépé-pépégre >>, ainsi
-
lecture transversale le défr de Mai a rassemblé des qu'on dit.
-
éléments venus d'horizons dont la similitude n'excluait nulle- 1"' juin.
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uortrsanb sed 1se.u I '§elqnorl slueurglg.p lue¡"red seuueru -selord srnenl ep elnaru Es ep elez el luenol ¡nerr?lul.l ep
-r¡e1s sa¡nderc le ersroe8rnoq e¡ ep epreE ep sueqc
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sp¡oq snol ep scrg se¡ anb errelc lueuet¡e¡red lse uoltr
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'e,r¡sse¡de¡ gr?lcos e¡ red'ecuelue etrlad
-Bnlrs el anbsro¡ luewalnes 1se,3 'enbo,trnb9,p sed e ,(.u ¡1 u¡ srndep 'snou arlue,p uncerlc Jns eec¡exe uoll€crxolur.l ep
<'at?ad ol snog soruraos snou onb ostalxnataa sap sno! sorttluos lellnsgr al : lueurellegr luerel? sponb ec rnod urepnos sn¡edde
snou anb suotat{o snou 'e¡?ed. enpualerd eun E sagnq luos xneroru se¡ndnrcs xner^ sec snotr 'saruureg ue sepecrr¡eq
-rrlle suorlce xne gdrcrged suo,re rnb snou o¡uaurelnout np sap tsepeuert ep suorso¡dxe sap rseerpuecur sernlro^ sep a,\r.r
rner¡glul.I g uo¡re89rB9s eP e^rlBluel elnol e¡tuoc 'rnq,prnof erartunl BI p sretr{ 'scrg saog ep acualsrxe,l 'uou no luetrt
-neop (< s¡rou suosnolq >> orerq,p << se8eJue >> reraloc ue sue8 -ruercsuoc tdnoc eu¡eru np llBur¡S:E uo 's1ue1sa¡ruavr vtoanout
sauneI sep errepqos eJelc?p es surelrrce-sluerpntra ?lluroc e-I >> ep erutuoc seJeprsuoc (surelrec ep setce sel lueno^esgp uj
'surssesse sel no srnelo^ sel erluoc selguuoq sue8 se¡ ra89l
: arr¡ lnad uo pnbe¡ suep elxel un r€ur 9Z al lrellqnd euuoq
-ros €I ep sure^rrcg-sluerpnle uollca.P gtluloc e¡ 'atugur eg -ord ap rn¡ac 'lercos epoc nE se¡neurur suortrceJlur sa¡ rrund
ap rnlec '¡¡t¡sod elo¡ un ecrlod e¡ B ¡eprocce.p llenulluor
<('rnarrglul.I ep erlsrurtr\l 'leqcnog rnersuotr\l red erugep uo '1ueure1rcrldur1 'sanbeJleru ep sdnoc sep ned un aloeua
« ggCgd >> ep er.ro8glec €I suep tuerluer euruoc 'J'g'N'O,l t¡ea89lo.rd Ierour eusrw¡oJ:uoc np essrert el le suollelsaJ
ep uorlelsalluerrr BI € eJ{l ec e sluesard se¡ce¡rqcre seper -rustu sep lnq?p ne srole suorlg sno¡ 'saauBrpur seenq sep
-BruBc seru snol ceÁB er?Plsuoc elu xneuorleN srBIPd tre slr^rJ red ar¡¡encce ln¡ uorlrsodord a1p3 'er^ue luere^B slr luop
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-fluJ.l ep ertsrurtr\l np suorturelcgp se¡ sprde lgtlssne '¡:-ut gZ -srurue rol aun 1e seuuosrrdtue seperetuec sop elerpeurrur uorl
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manifestation, quelqu'un s'adresse á un jeune << blouson entretenu durant les périodes de « paix sociale >>; c'est sans
noir >> : << Qu'est-ce que tu fais lá? Tu es étudiant? doute en grande partie gráce á ceux qui s'en vont peupler les
Non. prisons que la société de consommation ne peut pas défini'
- Ouvrier? tivement éteindre la flamme salvatrice de la rébellion.
- Non plus. Le 10 mai, vers 19 heures, une manifestation d'étudiants
- Alors? passait devant la prison de la Santé. Toutes les rues adja-
- Je veux que ga change. >> centes étaient barrées par plusieurs rangs de flics casqués.
- matraques au poing. Le cortége, en téte drapeaux rouges
Tous ceux qui refusent d'obéir aux flics qui incarnent
l'ordre social établi, sont naturellement da c6té de la Révo- et noirs, les couleurs de la liberté, longe les murs de la
lution. On ne saurait prétendre détruire une sociétá en refu' prison, couleur de société. Des détenus, la téte coincée entre
sant l'alliance avec les ennemis irréductibles de cette société. les barreaux de leurs cellules, tendent les bras vers nous.
On ne saurait efficacement lutter contre l'Etat policier, en nous applaudissent, nous saluent. Ils ne nous implorent pas.
acceptant par ailleurs la morale d'esclaves qui laisse tou' Ils ne font pas appel á notre pitié, ils exaltent notre haine.
jours en définitive aux flics le soin de décider du Bien et Ils nous rappellent que la Bastille le 14 juillet 1789, ne
du Mal. contenait que 7 détenus: 4 faussaires, 2 fous et I gen-
tilhomme qui avait commis des crimes monstrueux, et que
Sur les murs d'une banque, prés de Saint-Germain-des'
Prés, on a écrit en gros caractéres rouges: VOLEZ et
la prise de Ia Bastille avec la libération de ceux qu'on 1'
tenait enfermés reste aujourd'hui plus que jamais, l'exemple
VM BONNOT. Ces journées de mai 1968 doivent nous
de l'acte vraiment révolutionnaire.
convaincre que si les grands incendies éclatent dans les
situations insurrectionnelles, le feu doit étre constamment 28 mai.

S'unir pour diviser l'autorité


Les autorités se taisent et parlent á la fois. Mais les forme du refus et de l'humour. La forme de l'anxiété et de
inconnus qui attendaient dans l'ombre, bondissent. Jeunes, la douleur. La forme sans forme qui gagne chacun.
indécis, frappés par leur propre indécision. Ils écoutent. On agit au moment précis, voulu, apprécié. On ne regarde
A I'heure actuelle chacun est prét á bondir, á frapper, i ni modéle ni pére ni mére. On s'ilstalle, tout á son aise.
parler. A l'heure actuelle chacun tourne autour des autorités; Ce que chacun peut faire á l'heure actuelle c'est de n'obéir
chacun les ignore, les insulte, les oublie. Chacun sait bien qu'á soi-méme. Le refus de l'autorité est la condition indis-
que tous les autres n'ont pas l'audace de ressembler á une pensable de la pensée. I¿ refus de l'autorité est la premiére
mer agitée par le vent, c'est-á-dire á une image typique de négation qui entrainera d'autres négations et affirmations.
Iraternisation. Car chacun surtout ne veut pas tomber dans Le refus de recevoir des ordres, c'est pour chacun la possi-
les bras de l'autre. Chacun (c'est-á-dire certains) a mis en bilité d'en donner, de se faire écouter. Une seule question se
lumiére dans son cráne défoncé les idées qui pourront se pose : comment {aire pour que les refus, les énergies se
substituer peu á peu aux languissantes phrases de la sérénité, rencontrent? C'est l'expérience permanente du refus de
de l'autorité. Non seulement les autorités parlent et se taisent l'autorité qui a pour conséquence les actions positives, nées
mais elles espérent comprendre ce qui les trouble. Est consi- d'une sorte de heureux hasard.
dérable Ia difiérence entre une autorité et chacun, entre Les hasards de l'action sont seuls capables, á l'heure
l'usure et la naissance, entre l'arrogance et I'efiervescence, actuelle, de bouleverser les individus, les classes sociales qui
entre l'enflure et la nuit. veulent se maintenir en place coüte que coüte. Les hasards
Abattre l'autorité. Quand chacun s'en prend á soi-méme. de l'action se décident dans des comités serrés, resserrés,
Abattre toute forme d'autorité. Que chacun s'en prenne á mais aussi libres qu'un individu peut l'6tre. A l'heure
l'autre. Désigner les ennemis qui ne sont que de vieux appa- actuelle, les forces des individus, des petits groupes, des
reils rouillés. Désigner l'emplacement oü se tiendront les classes sociales avancés s'opposent avec violence au systé-
discussions, d'oü se décideront les actions les plus enviables, matique esclavage du corps et des idées qui consiste á écouter
les plus dures. Mais puisque l'autorité fait durer la vie la voix d'une autorité. Insulter, déchirer, diviser les auto-
habituelle en la renforqant, en I'égalisant, en la faisant rités, tels sont les objectifs les plus pressants de notre Mou-
chanter, il faut que chacun donne á ses idées, á ses gestes la vement. Faire vite.
'uorssBd ep §¡nalcnpord olu{uouB uol}nlo^?J EI su€p
snosslp oúsll€?¡rns ef 'on¡ €I §uEp a?le! e¡n§our ou uerr anb la lnol op o¡n§otu uorssed ap glrluEnb- eI op §rBrrr¡os?p pued?p lnoJ
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secr^res sap glrntrer8 EI errp-B-lse.c'true8reo¡ ep uorilloqe.T
suaÍoul sol e¡Ano ue lrBrllatu le uorlnloss¡p rnel $Erec -
-uouue r1"'cla'senbrlrlod slreredde'sesuder¡ue'secrlod Ísno1 ep ecuelsrsqns pI rernsse rnod rselqesuacl
oseeur¡B'sesr18a tsglrsrearun 6segrurel) sarqcJeJgrr{ sel -srpfi serrlsnput sel suup 'serressecou IrBA€rl ep se¡naq.p
§olnol ep iluc¡eoc er?lcBrBc eI luB¡gPlsuoc 6rnb
elerpuol¡i erqtuou lpad np 'e1eueld B[ ep eflaqce(l p 'uortrl¡Bd9.r e1
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- suedor¡r sap enbr¡e19 no eelr¡d elarrdord q ep uor¡Ioqe,-f
izedncco snoÁ enb etsod np uoqresgp srloa -
le xn€rlBtr\l ap atrrerler el E esrlu eI 'lBlpgultur,1 suep 'le : SNOONVINS( SNON
elueuEtured 911^ltE9r3 ep sdureq3 ue sen¡ seP le sc{qnd
'<< er^ EI >> e1¡edde uo,¡ enb lnol-np-uerr oc
surpref sep rssne sreur ¿ern¡¡n3 €I ap suosretr\l la eurepotr\l
luellexe luererpuer ¿salre¡sr1es ornb seurelurol le salelpgurr¡rr
Uv.p se?sntr{ sap trueruelnes uou ouorleurro¡sue¡l e'I suorlacrpue^eJ sou ep eJqtuou llred e¡ e¡ilBuuoc arrBI snoa
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-ser suorssrnd snou enb luetue8nf pes e¡ lse enbTurc EI erlo^ op enboul es eJlou e1 lsa rnb anogtsotnd uo'tlDooa e-I
luop tre er^ 3I rns enbuocrnb enb 8uo¡ sn¡d luaaes ua rnb 'ra89lord B rsure zeqcreqc snol anb 'rnuua.p
'uou no xnara8uep o<< sno¡ >> sep elerpgtulul uorlergqrl pT srntu sel oseu¡eur sJnru sel ¡ns e8er erlou erlJcsur srelu¡osep
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enb uoddu¡ anblenb ¡roaE p sel6rt¡B sap snla¡ eI '¡ertuocueJ sel B. rlBqc¡eq, Inb (sellernrln)
serIBsY 8eP e¡a¡§rurtr[ ne enb¡rs¡]ry uorlEe¡) EI ep Jeq) ue rnolcedsul) zoruoqruv 'I7l[ P
luuy¡uB¡s uolre¡Bfcgp eutr ¡uIod nE eruem B ee¡¡qsep 'ser¡ured ep ¡¡oúnar eun.p s¡noJ ny
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L
8

De la rage pour demain

Trouble extr6me de la pensée qui entend contribuer de l'état des choses. Elle porte en elle le désordre de la vie,
tous ses moyens á la subversion et les mettre en euvre á désordre fondamental que nourrit la nature contre elle.méme
des fi¡s d'agitation. Elle se trouve lá dépourvue de ses et qui fait seul que la nature coincide avec son propre mou-
moyens d'expression ordinaires. La littérature, la peinture, vement. Elle est le génie méme du désordre qui passant sur
autant de mondes séparés qui n'empruntent pas á la rue les journées de mai souffiéte de son aile les épaisses cités,
les slogans de leur propre révolution, sauf á disparaitre en les fagades mortes.
tant que littérature, que peinture, etc. On observe alors
comme un état de fait l'indépendance de réalités dans les-
quelles on peut sans doute intervenir tour á tour, mais non Ta naissance est si scandaleuse que, sachant á peine parler
pas simultanément; on est peintre et révolutionnaire en pein- et ployé dans l'ivresse de ton premier soleil, tu essuies aussi-
ture si l'on peut, on range soigneusement sa boutique, puis t6t ton premier examen : quel est ton progremme? A quoi
on descend dans la rue. Il n'y a rien de commun entre un te destines-tu?
pinceau et un pavé. Contre cette évidence, on n'a fait valoir
jusqu'ici que les niaiseries de l'agit-prop. Solution si insane
qu'elle oblitére toute velléité de recherche, qu'elle a détourné La transmutation du sens collectif provoque la crise de
l'attention des instruments nouveaux dont la pensée doit se la responsabilité. Il n'y a de responsabilité que dans l'action.
saisir pour désigner d'un seul coup la cité future et Ia poésie Les << responsables >> sont cuits.
de demain. D'une formule unique, nourrie des aspirations
éparses que recéle l'esprit public, ces instruments feront
l'énonciation de la poésie en acte. A but collectif, instruments << Les bonnes institutions, selon Rousseau, sont celles qui

collectifs. savent le mieux dénaturer l'homme, lui 6ter son existence


absolue pour lui en donner une relative et transporter le

Rompant brutalement l'équilibre antérieur, toute naissance


moi dans l'unité commune. » Ainsi observant le fonction-
nement social comme le jeu d'institutions éternelles, Rous-
porte en elle la subversion, appelle l'exécration des puissances
seau se prive d'en décrire les transformations et d'envisager
de conservation, suscite la séquestration ou Ia répression.
le moment oü l'unité commune coihcide avec l'existence de
Mais Ia jeunesse se saisit de sa force dés qu'elle assume en
chaque individu.
minoritaire sa qualité d'intruse. Dans le long purgatoire des
écoles et la désolante perspective d'un imminent bonheur de
chien, elle désapprend l'illusion de sa citoyenneté préfa-
Aux institutions, garautes des libertés publiques, Saint-
briquée; elle se dresse déjá vengeresse de la honte qui lui
est faite, du tort fait par avance á ses appétits.
Just opposait les lois, propositions du droit abstrait, figées
dans l'immobilité des royaumes éternels. Les institutions
ne pourvoient á la liberté qu'en reflétant les volontés immé-
La jeunesse est l'indésirable. Elle est I'intrusion de la diates de l'esprit public, abrogateur incessant de l'ancienne
puissance de mouvement au sein de Ia stabilité satisfaite de loi, duquel procéde toute loi.
-83¡ UoN 'SeArlnO IUOS enr el suep saetuBlc secue8üa se.J uorun6l g ledde IIBI no 'gluea sreuref l¡e eBuosueur a¡ anb
s¡rsserdgr saue¡s,(s serrd sap un << errelndod e¡lercourgp >> ap
¿lncer suBs 'rssne eJr¡ee ua sed au ronbrnod 'esnBc
uo oe,rud e1 ned un
leq uo sretr\l 'seu8rl sec ecerl ¡nb a¡ec tuou eI snos eu8rsep rnb oe¡druexe recl trn¡ac : erreuuorlnlo.la¡
ra¡dacxe suBS lrp r¡og 'eum¡d-p-uleur elnol uorsrrep ep tuad luerunpue erd e8e8ue¡ un erocue llesn luop 'sndu¡o¡¡oc
-de.r¡ 'sgsselq sep uros ne saessa¡dtua 'arre¡41-euupef ep surpur luetuepuolord 9tqe9.r ua 's¡celur ecue¡edde ue sloru sep
se.I 'seesrlerceds sacua8e sep uorlnlo^gr e¡ anb e¡ruuuorlnl rsury ¡Eues ep tre anoq ep gllrg rnel g puar nerde un,nb
-oler snld 1se saaed
ep srnecuel sep lueue^nou ne e1¡rnbuerl sa¡tdtue,r sep uoie¡ e1 e osrerurap s¡nof sac qlrera luo sesoqJ
epuoru xped np egueluods uorsgrlpe ellal 'srrpd-ap-e¡dne¿ ep luBI 'sues ap ecuesqe.I arluoc (unturuoc sues el erluoJ
el (luernp
s.rnof sep 'anueaepar trse euuelsrrud uopelndod 's'uas el errp-p-lso.c 'suas uoq e1 'ra8e¡red as elqtues epuoú
BT'sJnselu ¡nel P oqce un e^norl lgussne luo se{ntunl se] np essaunaf e¡ rnqop.rno[ne alnas anb 'sues uoq e[ srnof
-nol sretr\l 'unrutuoc suas el srno[no1 sed luoou seepr se.I
'.reped-ep-uo5e¡ elno¡ eurn¡ le assedep
osepprenrec : low-erlreru a1 'sa¡qrssod gtlueurnq alnol ep 'sepeuer8 sep rnenl el suep luelsm
'?ItFue elnol ap nerl el luer^ap uorlcerrnsur.T 'Irsuego sodo¡d un lura¡le(s rnb e¡dnoc un rssne ¡serc 'uotssatdy r¡ soq y
un supp luan8n[uoc es uorlce.l oerseod e1 'glrcrldurrs e1 '8ues ne luos sar^el se¡ enb ec erqruo.l
'luauenalnwu elcB ue rnolunq.l P §e uP[Irq rna.l 'IEur aP slrnu sel suEp lnBq serl lueq
'¡ueqdruorrl ggp np erueB e1'JISIc?p else8
-e1 oalrqns uorluelur.I -ruBU le neadurp ue rer¡enb un luer¡dep 'enr u¡ luos sallg
srnofno¡ lse,c 'seeureqcep ugue sepol sep rnoqc aI suup 'enr BI lueuuell le tuepuecsep se[g 'ceq e¡ red nuel llpÁorr
oeJ?rlneurg uollcuol rnel p snpuer srnu¡ sel rns osaluaturred uo.nb xnec e ured np tgo8 a¡ rassed luessel le secrpuorurur.p
-xeur srnelero.p se¡^e[ sel rns : eluessreN 'sue8o1s xner^ sep setrre sal ¡ns sprepuale sap pelue¡d '<< se¡nd » erla.p
e¡relces aursrlg8 eI ce^B ernsalu eunruruoc suBS 'lrepuoJuoc luessec reuJecurrs luessrnd segpr sel enb 1fu uorler
es ella e¡anbe¡ ce^B aaprJ ep álnee^nou e1 ap alqe.redasur
-
-9u93 ep srnelerrp¡o xne e.rpuerduroc s¡etuef e¡al au uO
oerneu lueruor?llue e¡ored eun lrprurlge.s luerueue{nurrs 'euec ue UJdse.l le eloJessac pl zapuelua
'alqelroddnsul lgllssne llessrered : atomlt,os tp le aram?trn¿ np anbruqcet EI p lue¡e¡re,r sra8
eqcqc luau¡ep¡nol ar?lcerec el luop srelldaw sep rere¡ord se¡ez -Euetu se-J 'lue¡ueue^e-emsrnc eun Jrssng¡ ronb ap : as,(leueqc
seufiuoq saunef ep npuetue e uo os8urleeru sep soeqc eprp -fsd ep elsez un oau¡srx¡Bur ep eecurd eun 'enbrlsrntuy ap
-ua¡ds e1 suep : essrBUE 1se,s e8e8uel xner^ ec enb senbrlr¡od É¡op un : sellecer ap anb uroseq UB^B.u 'suedep sou e 'xna-i
secua8e sel suep no luetuáped nB lueruelnes sed pe.u ec 19 sou snos Ueslue8ro.s rnb epuour e.J 'rIBlBp e5 : seapr sap
'ser¡r spue.r8 sap epoq eI lueualuluur lualr8e sodo¡d slel ep rrolerp guod leru llel? II 'etural el tIBSo uo rs eu¡ad p lsa.c
enb alqenbreuer lse II '<< selqesuodsar 1e seluercsuoc >) suoll fsdura¡8uo¡ stndap seuotu IIBÁorc sal uO 'segpl sel : selqnorl
-es¡ue8¡o sap ceae,nb alrerl eu 1e << se.r8ord ep sec¡oI sep >> ap s¡nelneI sal gnbseurgp B rro^nod a¡ aurad sues uoN
lnq?p un nb lse u eJ 6 (.
'ac¡lsnf ap sappls sal rrr^no.s se¡e serde assrel se¡reuuorlnl -edxa eun ¡ecuel ap ¡sa.c lelsr¡e¡1dec 919rcos EI ap eurrolgr
-o^er suorlunlls sep gr¡ce8n¡ BrI 'erreuuorsra lrrdse.¡ ep grlc eun reroqele,p sed lse.u ec '¡ue1.rodurr,1 » : ¡rpueg-uqo3
-e8n¡ lsa ersaod e¡ ep acueurturelur,l 'enbr19od ecuarredxg
<< '¡elsrxe lned esoqc anb¡enb ac enb ¡e¡rno¡d p llgns €lec
srptr{'lurelg.s elec le'lueurearlr8n¡ esoqc anb¡enb lroSrede uo ¡mequoq ¡en§ 'sep.recoc sa¡
:9t¡1q¡ssod eun rroaerlue assrel rnb s¡etu 'sed elnp eu rnb snos luelrJqeos 'elgq sn¡d srno[no1 'uretueq 'eagnos e¡8noq
acuar¡adxa aun 'alercos eltrac ce^e e1e¡duroc erntrdn.r ue ecuerr aun '¡no18 '¡aa lse etusr,r uos ogrocgp e¡pÉc un : nBeIqeI
6
10

listes. Insouciantes des moyens á mettre en Guvre pour les les principes qui ont toutes chances d'étre hérités de l'oppres-
satisfaire : elles n'ont cure de satisfaction, r6dent á l'au-delá sion détruite.
du possible. Aucune réforme n'en approcherait. Peut.6tre
Dans cette perspective de vertige, la question sénile : oü
aucune révolution, en ce temps. Car c'est le possible qui est
veulent-ils en venir? prend figure de provocation. Oü, comme
en accusation. Le possible compose, s'ajuste, se promet des
s'il existait un lieu auquel parvenir dans I'espace physique
résultats. Seul l'impossible régne, tente, agite. Sans antécé-
et mental actuellement imparti á l'activité des hommes! Fas
dents, sans conséquents, il n'a pas á se justifier. Il a plein
méme une terre inconnue réservée en blanc sur la carte des
droit d'affirmer : il est le réel de demain toujours de
demain.
- parcours repérés. Il serait plus vrai de dire que ce qui s'entre-
prend vise un continent mythique, pleinement extérieur au
Ce que le mouvement qu'il faut se garder de réduire á systéme de coordonnées en usage, et que seuls apergoivenr-
-
l'Université ou á la jeunesse des usines a trouvé de conni-
- de loin ceux en qui s'opére une mutation de l'esprit. Pour
vence, c'est l'inauouable de chacun : ce qui, depuis l'enfance ceux-lá, il est réel, ou tend á le devenir. Tel est le Pouvoir
a été réprimé, frustré, enseveli : le sel méme de la vie la de l'Imagination.
souveraineté le refus de tout projet
-
et de tout agen-
- -
cement : l'extrémisme en un mot. Sans doute {audra-t-il en Ce qui nait magnifiquement sous nos yeux, ce qui nait
passer par de multiples médiations. Mais la Chance imma- en nous, c'est beaucoup plus qu'une hérésie ou qu'une utopie :
nente demeure. ni terme, ni repos; toute arrivée est un départ. Quoi qu'il
advienne de contraire, nous savons mieux aujourd'hui que
La Révolution n'est pas l'issue de techniques adaptées á
l'homme est une idée neuve et que son désir est son unique
la prise, á la conservation, á l'organisation du Pouvoir : elle
réalité.
-
est le rejet presque physique du Pouvoir quel qu'il soit.
-
Elle doit tendre, en prenant le Pouvoir, á en ruiner aussit6t 30 mai.

Les tentatives de r6cupératiou du c6té de lo « ordre >> ont systé. veaux dans son délire et dans sa joie, Pour la premiére fois en
matiquement échoué á la Sorbonne : qu'on ne s'étonne pas. Pro. France dans un enilroit publie, Ia raison pesa aussi peu que la
positions d'organisation froiilement penséeso programmes eérieux déraison. La plus totale liberté d'opinion favorisa tout naturelle-
forcément minimum ne se heurtére[t pas seulement á la contes. ment l'expression de ce qui tend sourdement i jaillir au granil
tation révolutionnaire mais appelérent les contre-points les plus jour.
discordants. Etant bien entendu par tous qu'il était interdit d'inter-
dire, qu'un fou, qu'un exhibitionniste s'emparát ilu micro (ilans L'hópital Sainte.Anne, depuis le ilébut des événements, a enre-
gistré trois lois moins d'entrées qu'en temps orilinaire.
le grand amphi par exemple) on le laissait dire tout ce qu'il
voulait, mobilisant ainsi 5 000 cerveaux, entrainant ainsi 5 000 cer. L'air enfin libre ne serait.il pas la seule thérapeutique?
'?.p luepuedap lnol 'esnarcuecr¡ lgluerq lse esnerc 'ew¡oI¡un.l ¡euod sed ue.u ep rour-ze11aur.red
-uglrs eurtue¡ eun.nb oe¡¡eu¡ure¡8 ep s¡noc ne lxnep lnea 'a¡rcr¡ np eureruop eI ¡ns ¡nol rnel p rau89r ep uorluelul.I
ue rl.raared erutuoq un.nb ose¡ernleu secuercs op srnoc ne suep xnee^nou snld se¡ assed ep slo{u sal re^no¡tr .rnod .¡eur
osaloce sep sluelua xne Je¡luour nP le uelq np alleuuorssesqo aleroul EI ep rnolnB puor ue
l¡eunod uo : « eururel el
ap e8eues Iu5q,l )> ertuoc uo¡lecrldde.p alduraxg ¡eurnol B erocua relr^ur rnod 91 1a ¡c¡ ra1¡8eos p luacueuuoc
-'g'N suarlg¡qc ¡ueuren8e,r s.rno[no1 slnocs.r(oq sep rS 'e[anp¡alpul
'serlnB §el uoperrdser e¡ ep euqtf¡ nB Jrcerler es le ¡egnos¡nog as
rnod 'se.rlne sel erluoc elueaur.l I[ 'lueruaurllu¡ 'lueurenbr¡qnd rnod sguuo¡lca¡red zesse o¡r8¡ne luoa seurqls,(s xnee^nou eO
elueÁur.I II 'gueqr¡ es ep sed e¡red eu e¡qq aultuoq uo 'senuuocer lueure[erc[go eesuad ep
'¡r§?P nP stusrlEuort saturol sap alqtuesue.¡ ap .rnofes ep llp¡alm ar¡g rnod 1no¡
-Burelu¡.I Ja^eI es sJole lre¡¡nod o¡no¡rud tluBue¡ureur ttcl sed ¡re¡ eu lr.s erquou aI 6uep p.rad es unceqc enb ugua sed
suoqqno6u Íesnarcgoonb lse.u elle uours e¡lnB un eurruoc
'¡rssar8e sues un suep egSrrtp 9t¡1¡qesuod
else8 un 1sa eesued e¡ enb .ralueurruoc e uer¡ o¡au¡r¡dxe
-seJ¡I¿l eallceiloc gt¡¡¡qesuodse¡ BI ep awsrqdos el erluoc
- B ueIJ e.u a8e8ue¡ a¡ enb sed suoqqno,u lselsa8 sureuec
!luawour ap euIerl BI p luetuarrosrrep l¡elg euuegdorne easued e¡
al ¡ns rrsreld 1re¡ ¡nb luetuaurnolep el a[ln.I arluoc erocua s.rnoI senb¡enb u ,( ¡r,nb sed suorlqno.N 'arpurB¡c lnol
- oa.rpuage
lanbrEo¡ uors¡err¡ed EI atusrleuorler eI e¡luoc trned uo lnol lned uo 6sluernoc sluelor^ sn¡d se¡ .red
- seglr8e luetutuecar xnee sap eurerrelnos uorleJllgq erresseceu
: e.rq8tns ef 's¡e9r s¡rsap sap
ecpl ue slllcg luos slrorp sel no epuotu un suBO 'a¡qee8uuqc BI eO 'E ue uoonb rrsep el enb 1ue1 sed ernp eu alcgqgp
-relur luetuglg un npr^rpur.I errnpgr ep an^ ue euralsds 1no¡ e¡ osesoqc sep uerq srp a[ 'sasoqc sep ecroJ e¡ red sre¡,q
" se¡r¡caford 'gsrlpn l¡eae,¡ rnb rnlec srol aun ¡nod reure¡lua
ep lcedtur,p ¡u¡od e¡ lueurturalep rnb s¡rsuego
xne dnoc ¡nod dnoc epuodgr serer¡ncr¡red suorleu¡terur sep ,(.p tra uo¡rqrnol erdo.rd uos resnerc ep grreqq e¡ l¡rd ¡our
¡ereu98 e8e¡ocrrq e¡ an§ 'gueluods Suereuooq np enbrlcel enbeq3 'se?pr xne ecuessreu luarauuop le luerosn6s ser8o¡oepr
e¡ esodord a['a1se8 uncne oelored euncne slcelur truessrel ou se¡ orelr¡g dorl y '¡e¡edse lleso¿u uo.nb srnoc ue ecuercsuoc
apuoru np sluep seflrer^ se¡ enb sn5¡ede luos es rnb xnec EI ep elcgqgp aun elrdrcgrd 'ner¡ np e¡uepnrd ecuerouBr.¡
snol B rssnv ¿egssneI luaruerrrsser8ord erro¡caferl eun eurtuoc 'e¡nuuo¡ BI ep eluesrelduroc acueres¡pul.l rruelureur ep uye
anb a¡sde¡ es eu er^r^ etuetu uarq puenb epnleqgq uos en¡cce essac suBS el€qJerr uortrBgur6-l 'orlcg,p elnp] Up srBrueI
E erPuoluoc es lueruoarllugep ressrBl el le lnBsrns u0 ePuolu lre¡es eu rnb ec ep ecuelrs el Jrr^noc e uoq lros slotu sep
eI reflIe^gr 6rtos neeq un cgrrsgp sed e.u rn§ 'eguuoprooc állnurnl e1 'earnsua.s gour enb ec eonbsnf npue¡ualeur un,nb
atnol ep e^llcese uorsradsrp e1 .rnod enb 9tqe9r e[ p tuEII erle.u p egredgrd rsure glrlenpr^rpur elnol 'enb ¡nod uors
as eu rrsgp eI 'spre8e¡ sap sgtef BI ep lnoq ne uorsuadsns -nIuoc BI eP lBuollBurelur nBeser un.p JnelBcrpul¿l lrBB loru
ap slurod ue lueuerSa.s slo¡u sureuec enb ¡nod reBe¡ zesse enbeqc enb ¡euuo5dnos B luerura ue su¡e^a sn¡d sa1 .aBeB
erocue lsa ¡rB.I 'unceqc ep puol ne 'sdurel s¡arurep se) -uBI np xnea sel luetuesnere8uep ¡eluoru 1l^ 89 Ja^¡q6T
gUnbIq*.I ep elBroru eun rnod
It
12

Tract diffusé le 15 mai ü Lyon par nos amie du groupe I'EKART,

Sur champ de f"r,


défi á la servitude diplómée
Ceux d'entre les étudiants qui entendent poursuivre le borne á camoufler l'indigence de leurs moyens et la précarité
gigantesque mouvement de contestation sorti beau comme de leurs vues sous les élucubrations de démiurgies mastur-
le dégel de l'intelligence des barricades de
- la nuit de batoires pompeusement appelées théses, cette corporation qui,
- á la confusion
vendredi, et le faire tourner et á la déroute on ne peut mieux á l'image du mercantilisme, vous paie aux
de l'Université bourgeoise, doivent aspirer consciemment á points, vous récompense aux dipl6mes?
renverser de fond en comble le systéme universitaire et aca- Camarades parisiens! On dit que le calme est revenu au
démique.
Quartier Latin, que la brume de cendres qui montait de la
C'est trop peu, Camarades, que de concrétiser le bénéfice rue ce samedi matin sera i nouveau déchirée á grands coups
des récentes manifestations en jetant le discrédit sur quelques de férule prédicante. On dit que vous étes préts d reprendre
ministres, un préfet, un recteur et trois ou quatre bataillons place dans les amphithéátres sans plus vous soucier des pro-
de flics. Yous étes-vous interrogés sur le r6le, á tous égards {ondes lézardes creusées dans l'édifice. Sürement, la presse,
bien davantage néfaste, de cette autre catégorie de flics qui la radio vous calomnient !
se targuent d'6tre vos maitres, d'exercer un contr6le sur vos Dites-vous bien que ceux qui, de guerre lasse, vous inci-
aptitudes en fonction de droits et de devoirs de l'esprit tent á parlementer avec eux afin de promouvoir une univer-
parfaitement caducs? sité nouvelle, n'ont rien de plus pressé que de sauver les
C'est sur eux aussi, ne l'oubliez pas, qu'il vous appartient apparences, de restaurer á moindre frais les murs de
de passer condamnation. leur Sorbonne, << ce musóe - Dupultren des gloires
- séniles >>,
ETUDIANTS, vous l'étes d'un monde qui est tout entier comme la désignait le poéte René Cnevrr- Soyez sürs qu'ils
á refaire. A quelque service d'un prétendu état d'esprit de s'y sont taillé une carriére bien trop enviable (aux yeux des
gauche vous songiez á vous mettre, il serait consternant que affairistes) pour écouter de bonne foi vos doléances. Les
vous consentiez á passer pour de simples réformateurs d'un murs de la Sorbonne, en ce mois d'examens, parions qu'ils
systéme qui quelque profond bouleversement vous lui regrettent amérement de n'avoir pu vous les tendre i lécher
Ieriez subir
- se réconciliera toujours, par-dessus vos tétes, comme des chiens pantelants en vous jetant cet os á ronger,
-
avec la bourgeoisie. la liste bi-annuelle des gráces et des disgráces.
Université critique? Allons donc! Jamais I'enseignement De quelle somme imposante de sagesse pourrait donc se
que vous assénent des gens en place ne {era cas de ce que prévaloir <<la maturité vaticinante>), prix Nobel en téte?
vous escomptez Iui opposer de plus contradictoire au plus Alors que sa mission était d'éclairer votre lanterne aux bifur-
éclatant de votre jeunesse et de vos désirs. Il est de la nature cations de votre ligne de vie, elle se montre surtout impa-
de cet enseignement de se donner pour péremptoire puisqu'il tiente de vous passer au cou sa guirlande de brevets puis de
est le lourd appareillage gráce á quoi de purs crétins élévent vous faire couler á pic dans une société de répression qui
(ce n'est pas le mot juste!) qui bon leur sem.ble, renvoient professe le plus souverain mépris des efforts que vous ferez
dans l'ombre les meilleurs, dans les yeux desquels ils ont vu pour surnager et tenter individuellement votre chance.
leur étoile pálir. Ne forment-ils pas une joyeuse corporation Aussi, avant de vous asseoir á la table de conférence avec
ces argonautes de l'esprit en cale-séche dont l'entreprise se ceux qui se dressaient naguére parmi vos censeurs et
-
'(unPrea E erüIuo)) s¡ur9 ,(.1 : llos ec enb Inb P
erlp Jlo^nod srnofnol uoP 'aIBIcos e?utIES epuerB etmop UlE¡rrepual
e¡ '8u¡puets uos ¡nod 'neaq.roc ut : ar!ols!t¿.1 ap PrcuD.'I (9
'esrurerlue uos ¡ed'¡ueurellarnlBu
lnol lue§!¡¡¡3lu.r¡ x¡ed q ep suelp¡B8 le suerpru8 setuB : ererrrEc
'sdulel us p t¡enbueu¡ Inb esoeqlodB aun ¡eJlsallr¡o rnod 'S'U'J sep
-ul¡d ac ep « se§netrolE » xnE luelnota¿s sullt eP seeurno[ saT sode.r ap uosr8rrr u¡ -e. 'eqcEg DI Iet 'aIS 'el¡o.rp erug.r1xe.I B eqcnBt
.se¡IEuuoIl eruerlxeÉr eP lueu?Iü eI selolsBlp 1e se¡o1s,{s seB.re¡ se¡ luoP eluslu
-nlo^?r-a.Iluoc suoplqr¡rB sas JorrrErJord ep enb enssl erlnE¿p -n¡.roddoo1 ernmoc puu¡8 rnoc nE 'rnoutresuotr{ 'rpreIIIutEU (t
anp¡ade 'J'C') DI p ?ssIEI tuo.u slr oIIIeur ep osc¡g se¡ .red eu¡sq1 'lueweIIIenca¡
ep tue¡¡¡assllse^ul.T lueuuop¡o ue elslcsu¡ er¡r¡¡¡o) .regrlenb es puu.r3 sn¡d np eane.rd tuol sgruluuur se1 'l¡unafe.r Eues np ¡nepo.T
B rlo^nod eI luIurluoJ luere^E s¡¡onb eurgu o(J 'elleuuorlror.rnsur 's?ssalq sluElpnl? sel ¡Io^ lrnoc rneu3resuotr{ 'sornaq Z (t
a,lar8 e1 ep ecuet.rno¡ ?u¡rtgB le '<< oIEEgI » e.lg.rE u¡ ep '<< aarlec
-rpue^er » a¡.e¡E u¡ ep e8e¡d eI gllo^ep luo selBrIpu.(s seugrsuor 'essnBI UEt? ele8up.reru u¡ fsn¡d EA eu uer¡ 's¡ru¿ suep
sep UeI luo sFonb suc ep ned e¡ 'ec¡¡od EI luE^ep uopnlo§g¡ luq es uO 'ergq EI B eIIIe^?¡ aI uo'0t arneq I P'IBur gZ eT (A
rneT '§errEuuoIlnlo^g¡ enb¡te.rd EI eP le easued E[ ep sJnoc ue 'uoPue.s ¡e (s¡no[ 0r rI¡BPued elrueq ne3¿I ep suBp
uollelntu EI etuapJ^e npue¡ tuo surlt eP sels¡ag.r8 sa¡ '<< se.r¡ep¡¡os sg8nJu[ xnBaruBr ep selllneI) euBsll Bs Pue¡d'(aruB¡t ua) Ios zeqr
s¡nellrB^Brf-sruBlpnrg > : EBSoIs nE sues uos lnol luEtruop u[ x¡ed e¡ ¡nod elrd ,(¡re¡q .rneutresuo¡¡ 'sarneq Ie E IEur úZ e1 Í.
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-gssod sed luos eu rnb querpnle sel snol suo¡auoc snoN 'F sep llBI Brue¡oued 'rnq,prnofne.nb 1re¡ ec ue ePrsgr ellg
'rer¡dser ap le rnarnl ce,re reure,p enb 'esnerrgs p eler9u9B luarue¡lne ecqdse eun.p tse aIIg 'grsre^
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Discordance Harmonie
Vierge, Ie vent qui s'est levé. Car la révolte a ceci pour violence, cette intransigeance ne {aisait que s'accuser avec le
elle qu'elle ne saurait étre doctrinale. C'est ce qui lui permet temps, c'est-á-dire au lur et d. mesure que l'id,ée oieillissait,
d'ailleurs d'irriguer la révolution, trop souvent préte á se et ceci d'autant plus qu'elle s'incarnait, non plus dans la
dessécher quand bien m6me ses objectifs seraient aussi jus- personne du penseur, mais au sein d'un groupe, d'un mou.
tement définis quoil se peut. Et vouloir faire la révolution vement, d'un parti. Ce n'est pas ici á la sclérose des idées
sans étre porté par l'esprit de révolte, c'est se condamner c¡ue j'en ai (et l'on sait bien cependant que cette maladie-lá
par avance á des bouleversements bureaucratiques, c'est en existe, méme si l'on est comme moi persuadé que certaines
somme se refuser á tout bouleversement profond. La révolte idées seront encore neuves dans deux millénaires), mais á
d'aujourd'hui est neuve, car toute révolte est toujours neuve, leur refus de la contestation et de la confrontation, refus
depuis au moins Spartacus, étant donné qu'elle ne part pas particuliérement grave lorsqu'il s'agit d'idées révolution-
de l'analyse intellectuelle d'une situation politique, écono- naires. L'histoire de la démocratie á l'intérieur des partis
mique ou sociale, mais essentiellement d'un cri. révolutionnaires, par exemple, est suffisamment probante á
Aussi ce cri convient-il de le dérober, si l'on veut en juger cet égard : lors méme que l'on a sincérement voulu jouer
pleinement I'originalité, au rouleau compresseur des réfé- le jeu, I'orthodoxie n'a pas tardé á s'imposer en éliminant,
rences. Il faut en finir avec la référence brandie comme un sous des prétextes divers (<< déviation >>, << révisionnisme >>,
<< opportunisme >>, etc.), toute mise en cause sérieuse.
étoufioir: les seules allusions qui vaillent sont celles qui,
profondément intériorisées, assimilées au niveau afiectif, ne L'un des principaux mérites du Mouvement du 22 mars
font qu'un avec les sources m6mes du cri. N'écrasons pas tient justement á cette discordance dont j'ai parlé. Et il me
sous les lourdes semelles du passé, serait-il relativement parait que cette discordance a largement fait ses preuves,
récent, l'herbe neuve de la révolte. Il importe au contraire non seulement á l'intérieur du Mouvement du 22 mars, mais
de souligner ce que le mouvement actuel ne iloit p¿rs aux dans l'ensemble du mouvement étudiant. Cela implique, bien
expériences ni aux théories antérieures, y compris les plus entendu, que cette discordance ne soit pas recherchée pour
nobles, les plus dignes de considération, les plus fécondes. ses seuls accents discordants, mais comme un moyen de
Ce qui vaut par rapport á la Révolution d'Octobre comme rétablir le libre jeu dialectique de la pensée et de la parole
par rapport á la Commune, á la psychanalyse comme aux et, á travers celui-ci, de parvenir á une décision commune,
diverses théories socialistes, á Bakounine comme á Marx, á á une action collective. Le pouvoir et ses défenseurs, du
Marcuse comme á Mao-Tsé-Toung, au situationnisme comme préfet de police au secrétaire général de la C.G.T., en atta-
au surréalisme. Car l'une des raisons pour lesquelles la quant les fauteurs de désordre, ont bien montré quelle
jeunesse révoltée a durablement ébranlé le Temple des Idées appréhension était la leur de voir se substituer á une disci-
c'est que les idées, justement, s'y fossilisaient sous une pline hiérarchisée cette incontr6lable discordance dont ils
couche de poussiére protectrice, loin de la vie, y alimen- redoutaient á juste titre qu'elle n'engendre un autre orclre
taient la culture et non plus le cri. Les plus belles idees y radicalement préjudiciable á leurs appareils. Et chacun a
devenaient respectables, e'est-á-dire contraignantes, ne serait- pu assister, au milieu des assemblées étudiantes, aux inter-
ce que dans la mesure oü les professeurs de diverses écoles ventions de travailleurs qui, durablement intoxiqués par le
les brandissaient afin de convaincre de sa non-nouveauté caporalisme syndical ou politique, mettaient en garde contre
toute idée fraichement surgie. les discussions ou les divisions pour prdner les grandes
Il est un point sur lequel, en tout cas, il ne me semble pas armées obéissantes de Ia C.G.T. ou du P.C.F. Or, il n'est
que les références idéologiques ou historiques puissent mas- que trop évident que dix millions de travailleurs ne se sont
quer la nouveauté : c'est ce que je nommerais le recours mis en gréve qu'en échappant á la discipline de leurs appa-
á la d,iscord,ance. Si généreuses qu'eiles aient été parfois, les reils syndicaux, en cédant au chant des sirénes de la dis-
idées révolutionnaires ont en efiet pratiquement toujours cordance...
adopté un ton impérieux, catégorique, tranchant, qui n'auto- Car la discussion se situe ici au stade primaire et non
risait en aucune maniére la contestation, si minime fñt-elle. pas, comme il est d'usage dans l'activité révolutionnaire tra-
Admissible au stade de la naissance, car toute naissance est ditionnelle, au stade secondaire, c'est-á-dire aprés lecture ou
'Ines sEd 1se¿u : eIBrJoS
'uoü 'puE¡ueg-ns§BI{ le erlEnbrEtr\l-rlcepIBA errug B[ ep Bela{crñ.speld sol te teqcog'{raPlel( : e¡dnad g19r
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'ulnI B suBs reurrwBos lueanad eu slenpr^rPul srrs?p sec JB3 'lueulrrq
'rrue^a.l ep 919lcos e1 ern8ggrd 'acueprocsrp trc lueslleuec alduoc ep uS ua 6¡etunssÉ sel eP Jnalnoc
€l rns uorlcB.l ep uorsrcap EI le egsued €l ap ecrcroxe.l luBP snos oserreuuopnlo^g¡ sePo3 sluergsip sal enb slanpr^rPul
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-owreq ellec rB) 'epo3 np uorlecrldde eldurs eun.P ¡alnocep
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erusruntuuroc np trueruaueae.l Jelgq ep esodord es 'enbye¡eur lned rnb a¡ec anb euterunq sn¡d a1no1 etuuros la egrqgrnbg
¡ro,tnod uos le lusEJe¿I errnrl?p luelno^ ue 'orlseJ leprJ snld 'elelueruepuo¡ snld oe¡¡egr snld luetueleug eruoruretl
onb etueul ep 're3 'rruep le elc?rs un srndap etuluorl.l ap eun reruoruJeq,¡ lressr8rns lo$á ue ecuBp-rocsrP el eO
e¡1ear uorledrcueure6l ep sues el suep r¡durocce ¡1page sed 'e?lnddns lueruan8uol'eera¡
¡arrua¡d e1 erla-1ned s¡Bur 'erreuuopnlo^g.r enbrueceur e1 ep -IIp 'eglsoluoc ecu€ssreu Es oP llEI np 9rnd9 lrnr} erreJluor
sa¡8o¡d un truewelnas sed 1se.u ec 'anr BI suep .rerlncr¡.red ue np srBru 'erp.rosgp np 10 PTBSBTI np sed uou lrnu 'resodrul.s
le 'lueu¡enbrlurd resr¡eg.r es B 'e¡arueru eluulelce a¡enb ap le eurrol erpuerd lIn¡I el 11819 ue rnb uorlce.l le Ienllr
oacueuluroc
tre luare uerralsue¡eqd lueuo^noru np Jnalepuo¡ -rds erp.ro.¡ soeqc ac ep eJll€u n^ 'Jeul8eurr,¡ nd trrerne.u uo
np selrogql sa¡ enb oarrerluoc nV 'elsrrgrrnol IUBd ep'ocues elqBrruosreJ r¡odsa un ceae.nb lua^nos snld uerq tluelnos luo
-srBuuoc Bru €
rrnq(prnofnB sed e f,u (ecuer
r,nb luelneop xne rwred seracurs snld sa¡ le seprcnl snld sa¡ oluepueclec
-gI?r e[ef eun rad esercg lrefilues es oesued e[ ornb swuJ ZZ
1g "'elenpellatw e¡netuap rnel gpneJerlcg tuere^B qr lanba¡
np luetuá^notrq a1 sed lse.u aO 'strr1edde sep le stueurergd rns eurBop ep lurod Ial nue^E uou le Inu Jnod nuetr 'suorlel
-tuel seP ocueProcslp BI rns nBe^nou epuolu nP eruorurEq.l -uorluoc sen8uo¡ eP lBllnsgr xnerroqEl e1 ese.rqd eun,p gfepq
rePuol nlnoÁ lfB^e rerrnod selrBrlJ 'essed a¡ suep lnes ouorsn¡cuoc e[el no eflel esnpc ue gsnue¡ essec suBS JIo^
.a8re¡ e ee,rnordg luo s¡onb aIurlul ácuBr$nos enac eP raugrorugl
luoua^rlele¡ llos ecupprocsrp BI ep lIelue^e¿I anb 'nuuocur.p luererrnod uollov.p sglluro3 sep ures ne no leleqcrtr\l enr
uoluodoJd epuer8 zessp eun elarer luetueueaeo¡ enb 091¡a ouogpo,l p 'Jersue3 e 'euuoqros el e sa^Ileelloc suorssnosrP
-er8 ep ta gt¡xelduroc ep aralcerec urellec un ele^er nafue.l xnB edrcrUed luo rnb xnec snol'ecuerrgdxe asneJnolnoP eun
enb uo¡¡¡puoc ernb 'luaurureprrrg (e¡qrssod lsecu rcec lno¡ (e¡rtue¡ ellec p rssne xne lueuuerueddB snou erlue.p selslleu
'ello^9r BI ep ecuelor^ EI elnol ep eetrEqc lueuraure¡d §e.s -ol1"r surou sa¡ fe) sguqdrcsrp slrrdsa sep rnod PI lsa.c enb
ecueprocslp BI rs s^rlcnJlsuo, le erreuuorlnlo^g.r enb erla luepr^o uerq lse ¡r org 'relua.tuler E lsa rnof snbeq3 'luecouur
lned eu eruotureq eilac rBJ 'uorutdo.p gueqrl el ep ecrcroxa6l pre8er un ¡ar?prsuoc e1 rnod elcsns lueüeu? ?.I's¡o¡ anbeq3
trpuere8 enb ¡uceloc rrsep un¿P ures ne erlrBuuoce¡ es ep 'erurueun rndde,¡ Jro^B lre¡nes eu epoS uncne enbsrnd osoeqc
lrrp^E 'g¡Arsse¡?e.I ep secueredda sel luewelle¡n1eu laaer rnb np r¡lreder rnpl U osro¡ enbeq3 'eg8esuue ecuelsuocrrc BI
rrnrlne,p epqo¡B uorlelsaluoc ep epel6 ¡orure¡d un ¡ed rassed p luelrodder es ¡nen8r,r ue epo3 np a8essed np uollellcg¡
9T
A bas la France!
II faut en finir une fois pour toutes avec ceux qui arborent tricolore est celui de la Révolution frangaise, il est aussi
des decorations á Ia boutonniére. Ce pays est transformé en celui de Louis Philippe I"", roi des Frangais, et du sinisrre
étable modéle; il est tout á fait intolérable de vivre au milieu Monsieur Thiers, il est aussi le symbole de la France colc,.
de porcs primés á divers titres : le porc ancien combattant, niale pendant plus de 150 ans, les bourreaux du peupie
le porc sportif, le porc travailleur, le porc reproducteur, le
-
algérien n'ont pas brandi d'autre embléme il est surtout
porc littéraire, etc. Lorsqu'on fait mine de vouloir nettoyer
-,
le paravent du fascisme gaullien et, á ce seul titre, mérite
leurs écuelles, tous ces pourceaux crient << Vive la France >> d'étre lacéré. Nous ne nous ferons pas tuer, au nom de
et, devant le danger, forment l'union sacrée des groins tri- l'Histoire, au nom de quelques pages d'anthologie révolu-
colores, tionnaire, au nom du possé pour récupérer l'étendard pré-
Dans la rue, dans le métro, partout, insultons systémati- se¿, des paras et des C.R.S. Ire drapeau frangais n'est bon
quement, sans noue préoccuper de savoir si on a afiaire á un déso¡mais qu'á servir de linceul á la bourgeoisie qui a su
membre du Parti communiste ou á un gaulliste, tous les ama- l'utiliser á son seul profit.
teurs de galons, tous les enrubannés, les porteurs de croix, Finissons-en avec la duperie de l'unité nationale, avec les
les médaillés et autres palmipédes, jusqu'á ce qu'ils nous fou- procédures de réconciliation, avec la bave des propos raison'
tent la paix avec leurs exploits de sous-préfecture, leur nables et constructifs qui tournent toujours á l'avantage de
flamme du souvenir, leur héroisme prudhommesque et leur ceux qui les écoutent ¿ssis : dans des fauteuils présidentiels.
morale d'arriére-boutique. Jusqu'á ce qu'ils aient enfin honte sur les bancs de l'Assemblée nationale, sur des siéges d'auto-
d'6tre inscrits au tableau d'honneur d'une société pourrie. mobiles ou des pliants de pique-nique durant le week-end
Continuons de souiller tous les monuments aux morts pour familial, sur les gradins du stade et de tous les cirques oü
en faire des monuments d'ingratitude. (Avouons que seule ceux qui ont du pain reposent leur cul des coups de pieds
une nation de porcs peut avoir eu l'idée d'honorer le soldat quotidiens.
inconnu un déserteur allemand, souhaitons-Ie! en pla- Non á la participation, non aux arrangements á l'amiable,
- -
gant sa tombe sous un arc de triomphe grotesque qui, avec hon á la chienlit électorale, non á la complicité du maitre
ses quatre pattes écartées, semble conchier le pauvre bougre et de l'esclave: nous ne reconnaissons pas un peuple
que, pour la ligne bleue des Vosges, un jour blanc de neige, d'affranchis, nous voulons un peuple de citoyens libres.
on envoya répandre son sang rouge.) Nous ne devons rien
La guerre civile est la seule guerre juste parce qu'on sait
á personne. Quiconque aujourd'hui pense avoir droit au
pourquoi on tue son ennemi.
respect a bien mérité sa paire de gifles. Voici enfin venu le
Frangais, Frangaises, nous faisons appel á votre mauvaise
temps de l'insolence.
volonté.
A bas les héritages; et d'abord, á bas I'héritage national!
A bas le patrimoine patriotard et patronal! Si le drapeau 8 juin 1968.

Ce numéro hors série de l'Archibras a été congu, rédigé et réalisé par Vincent Bounoure, Claude Courtot, Annie Le Brun, Gérard Legrand,
José Pierre, Jean Schuster, Georges Sobbag et Jean-Claude Silbermar¡n.
Directeut de la publication.' Jean§chuster

Imprimé en Í'rance

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