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RÔLE DE LA FORMATION DANS L’AUGMENTATION DE LA

PRODUCTIVITÉ ET DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE


Youssef CHERRAT

INTRODUCTION

Aujourd’hui, la contribution de la formation à la croissance économique fait l’unanimité des organismes


internationaux et des gouvernements. Cette importance du rôle de l’éducation et de la formation est
confirmée par les théories économiques. La lutte contre la pauvreté, l’augmentation de la
productivité et du revenu individuel et de celle de l’économie nationale passent impérativement par la mise
en œuvre d’un système d’éducation et de formation pertinent. Dans un tel contexte, il n’est pas surprenant
que la formation occupe une place prépondérante dans l’élaboration des politiques économiques, autant
macroéconomiques que microéconomiques. En effet, Les pays en développement essayent d’investir de
plus en plus dans le capital humain, car ils ont enfin compris qu’il est actuellement impossible de
parler d’augmentation de productivité ou de croissance économique durable sans avoir recours à la
formation. C’est cette relation de causalité que nous allons vérifier à travers cette dissertation, en croisant
les différentes théories étudiées en classe à savoir les théories du capital humain et celles de la croissance
endogène, est ce en vue de mettre en valeur le rôle de la formation dans le processus de développement.

I. LE RÔLE DE L’ÉDUCATION ET DE LA FORMATION DU POINT DE VUE MICRO


ÉCONOMIQUE :
Dans sa théorie pour expliquer les différences relatives de salaires, Adam SMITH se posait déjà la question
de l'existence d'un investissementen capital humain. Dans le Livre II de la richesse des nations (1776),
il pose déjà le problème de " la valeur des habitudes acquises et utiles de tous les membres de la
société ". Il en est de même pour Marx qui explique la rémunération plus élevée des travailleurs
qualifiés par le coût (monétaire et horaire) de leur formation. Deux siècles plus tard, en
1964, SCHULTZ et surtout BECKER, développent précisément la théorie du capital humain et
participent à élargir le champ de l'analyse économique à des comportements sociaux.
Théodore SCHULTZ considère que toute dépense susceptible d’améliorer le niveau de formation
d’individu augmente sa productivité et par consigne ses revenus futurs. Il distingue cinq (5) sources de
production et d’amélioration du CH à savoir les infrastructures et services de santé, la formation
professionnelle organisée par les entreprises, le système éducatif primaire, secondaire et supérieur, les
programmes d’études et de formation pour adultes non organisés par les entreprises, et les migrations des
individus et des familles pour saisir les opportunités d’emploi.

Les mêmes idées ont été reprises par un autre économiste américain du travail, Gary BECKER.
Pour ce dernier, si un certain stock de connaissances, d'expériences et de savoir-faire est disposé par
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l'individu, cela constitue donc pour lui un capital. Ce dernier se traduit par des investissements en
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Youssef CHERRAT Le 29/03/2017


éducation et en formation professionnelle. l'individu est donc libre de décider d'investir ou non pour
augmenter son capital ou de le laisser s'user. l'individu arbitre entre le choix d'entrer dans la vie
active et donc de percevoir un salaire régulièrement et la possibilité d'étudier en se retirant du marché
du travail. Quand l'individu décide de poursuivre ses études, il paye des frais relatifs à sa scolarité, en
espérant qu'un niveau d'études plus élevé lui procurera plus de qualifications et de compétences et
donc sans doute un emploi plus rémunéré à l'avenir.

Ces deux théories ont mis l’accent sur le rôle de l’éducation dans le développement de la compétence des
individus et donc, dans l’amélioration de leur productivité et par conséquent de leur rémunération.
Plusieurs critiques peuvent être attribuées à ces deux théories :

 La première hypothèse est l'existence d'une relation forte entre le niveau d'éducation et les
compétences acquises. Or un tel lien robuste et incontestable n'a pu être établi entre l'éducation et
les compétences. Car il existe des individus avec un niveau d'éducation élevé et qui ne
disposent d'aucune compétence.
 La deuxième supposition établit que l'éducation augmente le niveau des salaires par accroissement
de la productivité. Cependant, il existe parfois des différences de salaires entre les individus ayant
les mêmes niveaux d'éducation. Ceci peut être expliqué par le fait qu'il existe d'autres variables
comme l'origine sociale, le sexe et l'âge qui pourraient expliquer les différences de salaires.

II. LE RÔLE DE L’ÉDUCATION ET DE LA FORMATION DU POINT DE VUE MACRO


ÉCONOMIQUE :

La contribution importante de l'éducation et de la formation à la croissance économique a fait objet de


plusieurs travaux relevant de l'économie de l'éducation, et des nouvelles théories de la croissance
endogène sur lesquelles nous allons faire un zoom dans cette dissertation.

Les théories de la croissance endogène sont apparues en réponse aux modèles de la croissance exogène
qui fondait la croissance économique sur le progrès technique, mais n'expliquait pas son origine. Ces
théories ont été développées principalement par Paul Romer, Robert E. Lucas, et Robert Barro. Elles
s’inscrivent dans l’analyse de l’efficacité externe de l’éducation et mettent l’accent sur le rôle du capital
humain pour expliquer et obtenir une croissance autoentretenue.

Ces théories s'inspirent de la vision du capital humain de BECKER et SCHULTZ. Selon ces derniers, au
niveau macroéconomique, l'augmentation du produit national résulte de l'accroissement de la productivité
à cause de l'amélioration du niveau de l'éducation. À partir de cette vision, les théories de la croissance
endogène considèrent que le capital humain est un facteur accumulable et n’est pas soumis à un
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rendement décroissant comme c’est le cas pour le facteur capital physique sujet à des rendements
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décroissants dans le modèle de SOLOW. Elles stipulent qu'une diffusion de l'éducation et de la
formation de manière plus homogène dans la population entraîne des sources d'efficacité accumulables
donc par répercussion de rendements croissants. De ce fait , l’éducation a une place et un rôle
important à jouer dans le chemin d'une croissance économique auto-entretenue. Les théories de la
croissance endogène furent motivées et encouragées donc par les limites du modèle de le
croissance exogène qui se heurte à la baisse du rendement du capital et l'essoufflement de la croissance,
ainsi qu’à la non pertinence de la notion de convergence y attachée, laquelle notion suppose que si un
pays dispose suffisamment du capital, alors sa croissance économique va automatiquement se
développer.

Ainsi, les théories de la croissance endogène remettent en cause l'explication de la différence internationale
des taux de croissance par la différence de dotation en capital. Tout le monde est d’avis qu’il y a bien eu
mobilité du capital des pays riches vers les pays pauvres, mais ces derniers sont toujours loin pour
rattraper les taux de croissance et le niveau de vie des pays riches et cela est dû principalement à faiblesse
de leur niveau de capital humain

Malgré leurs apports, les résultats mis en lumière par les théories de la croissance endogène restent
difficiles à mesurer empiriquement pour prouver une relation systématique entre la formation et la
croissance économique.

CONCLUSION

En guise de conclusion, nous pouvons dire que dans tous les travaux sur l’augmentation de la productivité
(perspective microéconomique) ou ceux sur la croissance endogène (perspective macroéconomique), le
concept de capital humain, ou encore celui de la formation est au centre des débats, et en dépit des
avancées théoriques et empiriques, et de la croyance largement partagée selon laquelle l'éducation et la
formation contribuent de manière directe à la croissance économique à travers leurs effets sur la
productivité, les profits, la mobilité du travail, l'apprentissage du sens des affaires et l'innovation
technologique etc., le doute persiste sur la forme fonctionnelle de la relation entre la production et le
capital humain produit par les systèmes d’éducation et de formation. On n'a pas non plus une réponse
tranchée à la question de savoir qui de la croissance économique ou de l'éducation et de la formation
impacte l'autre.
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