Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
(Figures Du Savoir) Pierre Billouet-Foucault-Belles Lettres (1999) PDF
(Figures Du Savoir) Pierre Billouet-Foucault-Belles Lettres (1999) PDF
Collection
dirigée
par
Richard Zrehen
Dans la même collection
FOUC A ULT
Images
1. Histoire de la Folie. pp. 483 484. Foucault cite une lettre datée
de 1798 et un texte de Scipion Pinel. de 1836.
HISTOIRE DE LA FOLIE 21
A ces images. par lesquelles la psychiatrie illustre et
justifie l'exercice de son pouvoir. et la possibilité de son
savoir, Michel Foucault oppose celles de la Nef des
fous. du Grand Renfermement, de la Grande peur - et
conteste la prétention émancipatrice du discours de la
psychiatrie.
La Nefdes fous est un thème littéraire et pictural à la
mode à la Renaissance.
Hegel
La séparation stricte entre un discours purement
intellectuel et un discours d'images n ·e·st donc pas entiè-
rement possible dans la situation moderne. hégélienne,
du savoir. Hegel en effet veut donner. suivant une sym-
bolique chrétienne, une rigueur conceptuelle aux expé-
2. Le concept de réflexe conditionnel, permettait aux lecteurs
marxistes de Pavlov (1849 1936). prix Nobel et fondateur de la psy-
chologie soviétique. de contester le subjectivisme et le spiritualisme.
3. Dits et Ecrits IV. p. 594 et Dits et Ecrits Il, p. 681.
4. Dits et Ecrits II. p. 523.
24 FOUCAULT
Méthode
Thérapeutique
Critiques
1) Apôtre et exégète
2) Réception
22. (sous la direction d') Alain Brossai. Michel Foucault. les jeux
de la vérité et du pouvoir. actes du colloque de Sofia. 25 27 juin 93.
Nancy. 1994.
23. Dits et Ecrits II. p. 524. Cf. Didier Eribon.op. cit.. pp. 141 144.
24. Dits et Ecrits IV. p. 60.
38 FOUCAULT
Naissance de la Clinique :
une archéologie du regard médical (1963)
Les institutions
Au début de la Révolution on rêve d'une médecine
gratuite financée par les revenus ecclésiastiques et admi-
nistrée par un « clergé de la thérapeutique » (p. 32).
Depuis la conversion au christianisme de l'empereur
Constantin en 323, l'Etat se préoccupait du salut des
âmes: il va s'occuper désormais de la santé des corps s.
Des décrets de Marly (1 707) aux débats révolution-
naires. aucun libéral n'est prêt à considérer que « la
conscience médicale d'une nation peut être aussi spon-
tanée que sa conscience civique ou morale » (p. 45).
Finalement la loi du 19 ventôse an XI donne à la méde-
4. Cf. Dits et Ecrits III, p. 409.
S. Naissance de la Clinique. p. 19 : cf. Dits et Ecrits III. p. 47.
p. 51 ; Dits et Ecrits IV. p. 194.
NAISSANCE DE LA C LI NIQUE 45
La proto-clinique et la clinique
11./bid.. p.107.p.109.pp.115116.
NAISSANCE DE LA CLINIQUE 49
donner son statut moderne, avec Bichat et Broussais.
D'abord il faut rompre avec la prétendue interdiction
des autopsies sous 1'Ancien Régime: le décret de Marly
(1707) prescrivait aux directeurs d'hôpitaux de fournir
des cadavres aux professeurs ! Entre Morgagni (De sedi-
bus, 1760) et Bichat (Traité des membranes, 1800,
Anatomie générale, 1801) il n'y a pas la différence entre
le savoir et 1'obscurantisme mais entre« deux figures du
savoir» (p. 127). Bichat rompt complètement avec le
principe d'une identité morbide de l'organe au profit du
concept de tissu : on ne parlera plus des maladies de la
tête, de la poitrine. etc. Le tissu est le véritable élément
pour ! 'analyse médicale, analogue à l'analyse chimique
de Lavoisier. Il faut alors croiser la temporalité des
symptômes et la spatialité des tissus, et donner un statut
à la mort.
La mort était le terme de la vie. La mortification est
un processus qui commence dans le corps vivant, bien
avant le décès, et se poursuit longtemps après, dans les
morts minuscules qui viennent« dissocier les îlots de vie
qui s'obstinent » (p. 145). La mort n'est plus lennemi
absolu, mais un concept opératoire permettant de penser
la vie comme exposition et résistance à la mort. Cevita-
lisme n'est plus l'antithèse du matérialisme d'Epicure
ou du mécanisme cartésien, parce qu'il ne définit plus,
avec Aristote, la vie comme la forme de l'organisme,
mais l'organisme comme la manifestation de la vie. La
Mort n'est plus le Macabre : c'est le Morbide qui par-
court l'imaginaire du xrxe siècle. L'homme ne meurt
pas parce qu' il tombe malade, mais il peut tomber mala-
de parce qu'il est mortel. La dégénération, l'usuredûeà
/'activité organique accompagne tout le cours de la vie.
Et l'autopsie pennet la connaissance de la maladie.
Foucault souligne « l'extraordinaire beauté formelle »
d'un compte-rendu d'autopsie, qu'il cite (p. 174) ...
Le signe (la prise de pouls, par exemple) ne requiert
plus seulement une méthode de lecture (le fameux coup
50 FOUCAULT
d'œil), mais une auscultation. symbolisée par le stétho-
scope. L'œil, la main et l'oreille du médecin appartien-
nent maintenant à une nouvelle structure, perceptive et
épistémologique. que Foucault nomme « l'invisible-
visible ».et qu'il décrit dans sa langue si singulière:
« Découvrir ne sera plus lire enfin, sous un
désordre, une cohérence essentielle, mais pousser un
peu plus loin la ligne d'écume du langage, la faire
mordre sur cette région de sable qui est encore ouvèr-
te à la clarté de la perception, mais ne /'est plus déjà
à la parole familière (. ..) Travail qui fait voir. comme
Laënnec fit voir distinctement, hors de la masse confu-
se des squirrres, le premier foie cirrhotique dans /'his-
toire de la perception médicale... » (p. 176)
Conclusions
Critiques
La structure
L'épistémè
Archéologie
Structuralisme
5. les Mots eI les Choses, pp. 214 216. Le mot« structure» est
mentionné ; le structuralisme foucaldien, dans la troisième phrase. est
énoncé dans l'expression:« ... occupe donc exactement la mème posi-
tion que ... ».
LES MOTS ET LES CHOSES 69
richesses, mais là où ces savoirs n'existaient pas, dans
l'espace qu'ils laissaient blanc, dans la profondeur du
sillon qui sépàrait leurs grands segments théoriques et
que remplissait la rumeur du continu ontologique. » 6
Critiques
36. Dits et Ecrits 1. p. 515. Le tex1e est paru en mai 1966. Sur le
contexte politique de la lutte contre « la mare moralisatrice des ser-
mons humanistes ». cf. Dits et Ecrits IV. p. 666.
37. Dits et Ecrits IV. p. 752. Tex1e écrit en 67 et publié en 84.
38. Dits et Ecrits 1. p. 583.
39. Archéologie du savoir, p. 261.
40. Dits et Ecrits, 1 p. 605.
41. Archéologie du savoir. p. 261.
42. Dits et Ecrits m. p. 145. et IV. p. 80.
43. Dits et Ecrits 1. p. 816.
44. Dits et Ecrits Il. p. 13.
LES MOTS ET LES CHOSES 89
-peuvent prétendre» qu'il est structuraliste 45 ...
En 1974 il dit que Deleuze. Lyotard, Guattari ou lui
ne font« jamais des analyses de structures» 46. En 1977.
au Japon. il regrette qu'aucun commentateur n'ait
remarqué« que dans Les Mots et les Choses, qui passe
pour être mon livre structuraliste, le mot " structure "
n'est pas utilisé une fois ... » 47 et soutient que les méta-
phores spatiales n'y sont étudiées qu'« en tant qu'ob-
jets » 48 ! En 1984 il se dit « ahuri de constater que des
gens ont pu voir dans [ses] études historiques l'affirma-
tion d'un déterminisme auquel on ne peut échapper» 49,
et il interprète Histoire de la Folie dans un sens antipsy-
chiatrique.
On pourrait donc taxer Foucault de dandysme. en
insistant sur une quête d ·originalité le conduisant à brû-
ler ce qu'il a adoré 50. Mais le pas de côté qu'il effectue
pour se maintenir à lécart des « forains » ne peut s 'ex-
pliquer seulement par la volonté de se distinguer - s'il
s'agit de continuer à faire partie de « ceux qui tra-
vaillent» SI. D'une part il s'agit de maintenir une exi-
gence de rigueur à lécart du bavardage médiatique
(même s' il l'alimente); d'autre part on peut supposer une
logique de pensée dans ses ruptures - et il y aurait là 1·in-
dice majeur d'un problème interne à la pensée de
Foucault. Si nous parvenions à dévoiler « le système der-
rière le système », nous pourrions peut-êtr~ comprendre
45. lbid. p. 296.
46. lbid., p. 554. La galaxie a changé : Deleuze. Lyotard. Guattari.
et non plus : Lévi Strauss. Lacan, Dumézil.
47. Dits et Ecn·is Ill. p. 399 et p. 89. Le mot serait seulement men-
tionné (Dits e1 Ecn"rs Il. p. 374).
4& Dits et Ecn·1s IV. p. 284. Mais les tableaux de la page 225 ? Et
le« trièdre des savoirs» (p. 355) ?
49. Ibid., p. 693.
50. Cf. Archéologie du savoir, p. 28 : Cf. R. Rorty, « Identité
morale et autonomie privée », in Michel Foucault Philosophe. Le
Seuil : Paris. 1989. p. 386.
SI. Archéologie du savoir. p. 261.
90 FOUCAULT
Les seuils
Le préconceptuel
Critiques
Surveiller et Punir :
Naissance de la prison (1975)
Critiques
1) Réceptions
2) Déplacements
Histoire de la sexualité :
La Volonté de savoir (1976)
L'hypothèse répressive
Aveu et vérité
Conclusion
Critiques
29. Dits et Ecrits Ill. p. 238 ; D. Eribon (op. cit.. p. 266) y voit« la
philosophie profonde de Michel Foucault », une « confession>> per-
mettant de comprendre « ce qui motive le travail de recherche et
d 'écriture de Foucault » .
LA VOLONTÉ DE SAVOIR 165
« S'il faut poser la question de la connaissance
dans son rapport à la domination, ce serait d'abord et
avant tout à partir d'une certaine volonté décisoire de
n'être pas gouverné, cette volonté décisoire, attitude à
la/ois individuelle et collective de sortir; comme disait
Kant, de sa minorité. » 30
35. Cf. Dits et Ecrits Il. p. 627; A. Gualandi. Deleuze. Paris. 1998,
notamment p. 38 sq et p. 61 sq.; Kant. Critique de la Raison Pratique.
1. trad. P. Billouet. Paris, 1999 (cf. le commentaire de la lecture kan
tienne de Hume).
VIII
F i délité?
Les garçons
Stylistique de l'existence
De la matrimonialité à la conjugalité
13. Solon (c. 640-c. 558 av. J.-C.). l'un des sept sages de la Grèce,
père de la Constitution athénienne antique.
192 FOUCAULT
bilité totale» la différence entre J' éraste et I'éromène. Le
lien spirituel ne porte plus sur la relation pédagogique,
mais« semble marquer le souci de plier l'amour mascu-
lin au modèle de la vie à deux telle qu'elle était décrite
et prescrite par le mariage ». Alors que l'abstention
pédérastique relevait de « la domination politique et
virile des désirs », ! 'Erotique nouvelle organise mainte-
nant la virginité relativement à la réciprocité et à la
symétrie des humains destinés à l'union complète.
Le principe d'un monopole de la sexualité dans le
mariage visant plutôt la procréation que le plaisir n'a
donc pas le même sens en Grèce, pour le stoïcisme tar-
dif, et pour la pensée chrétienne. Chez les stoïciens le
lien entre le mariage et les aphrodisia ne s'établit pas en
posant le primat des objectifs sociaux et politiques
(comme chez Platon) , ni en postulant un mal originaire
et intrinsèque aux plaisirs (comme chez les chrétiens),
mais en les liant entre eux par une appartenance de natu-
re. de raison et d'essence. Ni utilité externe ni négativi-
té interne. le mariage se caractérise par « une adéquation
aussi parfaite que possible de la relation à soi ». Ce rap-
port n'est ni la maîtrise grecque sur ses désirs. ni le souci
chrétien de son salut qui conduira à une
« juridification » des relations conjugales. Même dans
les textes détaillés de Plutarque,« ce n'est pas une régle-
mentation qui est proposée pour partager le permis et le
défendu ; c'est une manière d'être. un style de
rapports.» Ce sont des principes généraux,« l'universa-
lité sans loi d'une esthétique de l'existence» réservée à
l'élite (p. 247). Cette expression kantienne caractérise le
jugement de goût, dont ] 'universalité visée ne peut pas
être déterminée à partir d'une loi 14. Foucault suggère
que chez Plutarque et le stoïcisme impérial le critère
esthétique serait essentiel en morale. Au lieu que le sujet
pratique soit, comme chez le Kant de la Critique de la
raison pratique, face à l'universalité de la loi provenant
14. Kant, Critique du Jugement. §§ 6. 8. 15.
LE SOUCI DE SOI 193
de la raison, il serait originairement, comme dans l'ex-
périence de la beauté - qu'analyse la Cn'tique du
Jugement-, face à la singularité. Jean-François Lyotard
tentait de jouer l'analyse du sublime 15, dans cette troi-
sième Critique, contre l'autonomie de la deuxième.
Michel Foucaultjoue l'analyse du beau contre l'auto-
nomie. La tactique est différente mais la stratégie est la
même : donner un statut essentiellement esthétique au
sujet éthique.
Avant-propos .............................................................. 11