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Abdellah HARSI PDF
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Section I
La distinction entre différents
types d'administrations
Section II
Personnes de droit public et notion d'autorité
administrative
Il convient de signaler que si l'activité administrative relève
principalement des personnes de droit public, il arrive que des
Organismes de droit privé soient également chargés de l'exécution.
Ces organismes sont normalement étudiés dans le cadre des
services publics. Quant aux conséquences juridiques de la
distinction entre personnes publiques et organismes de droit privé,
elles sont importantes.
Si une institution est reconnue comme étant une personne de
droit public, elle bénéficie d'un régime juridique propre : ses biens
sont insaisissables (ils ne peuvent faire l'objet des voies
d'exécution), la compensation comme procédé de paiement forcé
est exclue à son égard, alors que la compensation joue au profit des
personnes publiques ; ces dernières ont également le privilège de
pouvoir recouvrer leurs créances par la technique de l'état
exécutoire (sans passer par le juge). Toutes ces conséquences, qui
sont des protections et des privilèges, n'existent pas quand il s'agit
d'un organisme de droit privé.
Il convient à présent de dresser la liste des personnes publiques
et de préciser ce qu'est la notion d'autorité administrative qui leur
est rattachée.
Une première remarque s'impose : la notion de la personnalité
morale (qui est aussi une technique) occupe une place centrale
dans l'aménagement juridique des structures administratives
publiques. Les personnes publiques de droit administratif
possèdent toutes (en principe) la personnalité morale, en ce sens
qu'un service non personnalisé n'a pas d'existence juridique propre
et doit nécessairement être rattaché à une personne morale déjà
existante. Pour s'en tenir à l'essentiel, il faut dire que la personne
morale (et j'emprunte cette définition à M. Marcel Waline) est un
centre d'intérêts juridiquement protégé.
Ainsi, la personnalité morale comprend deux éléments :
1. Une réalité concrète qu'il faut protéger, c'est-à-dire une
somme d'intérêts qui correspondent souvent à l'existence d'un
groupe humain présentant une certaine homogénéité (habitants
d'une commune par exemple).
La procédé juridique utilisé pour protéger ces intérêts, qui est celui
de la personnalité morale, et qui entraîne les effets suivants :
A. L'Etat
Personne publique unique en son genre, l'Etat a une vocation
administrative générale, c'est-à-dire qu'il peut intervenir dans tous
les secteurs de l'activité administrative et exerce une compétence
géographique nationale.
Il n'existe aucun texte attribuant à l'Etat expressément la qualité
de personne morale. Cette qualité est déduite de plusieurs
dispositions constitutionnelles : « Le Royaume du Maroc est un
Etat souverain. (...) ; il « souscrit aux principes, droits et
obligations découlant des chartes des organismes internationaux ;
le Roi est garant de la pérennité et de la continuité de l'Etat »
(Préambule de la constitution et art. 19 C). Enfin, l'Etat dispose de
l'autonomie financière exprimée par l'existence d'un budget
étatique (art. 50).
Centralisation et décentralisation
Ce sont deux modes d'administration et d'aménagement de
l'exercice des compétences administratives. Pour simplifier, on
peut dire que la centralisation détermine au sein de l'administration
d'Etat les rapports entre l'administration centrale et ses
représentants locaux. Elle prend généralement la forme de la
déconcentration.
1. La concentration administrative
La centralisation absolue ou concentration ad. ainistrative
peut-être définie comme le système d'organisation de l'Etat
qui permet au pouvoir central d'exercer l'ensemble des
fonctions et de prendre l'essentiel des décisions
administratives intéressant le territoire national.
Dans la centralisation, l'Etat est l'unique personne
juridique à laquelle il incombe de satisfaire les besoins
d'intérêt général ; les circonscriptions territoriales ne
constituant qu'un découpage administratif sans vie juridique
propre. De ce fait, la collectivité étatique concentre tous les
moyens d'action administrative.
Mais la centralisation absolue est difficilement réalisable
en pratique. Pour cela, la centralisation est tempérée (on peut
dire aussi remplacée) par une déconcentration des pouvoirs.
2. La déconcentration administrative
Quelque soit le système constitutionnel adopté, le pouvoir central
ne peut pas matériellement prendre lui-même toutes les décisions
administratives (ce qui répondrait à la notion de concentration
administrative). Deux techniques d'aménagement du pouvoir
administratif sont alors envisageables :
la première consiste à permettre au gouvernement de délég son
pouvoir de décision ou de signature à ses subordonnés, moins dans
certaines matières, généralement les mesures moins importantes ;
- la seconde consiste à faire attribuer certaines compétences
d'i importance particulière à ces subordonnés par des tex
législatifs (on parle dans ce cas de transfert de compétences)
réglementaires (il y a alors délégation de compétences).
C'est la deuxième technique qui, lorsqu'elle s'insère dans \
politique générale de l'Etat, de nature à lui assurer une certain
stabilité, correspond à la véritable déconcentration administratif
Certes, dans les deux situations et sur le plan juridique il y a
transfert (par une loi) ou délégation (par un acte réglementaire)
de compétent Mais ce qui les distingue, c'est l'importance des
compétences déléguées et la volonté politique d'en assurer la
permanence, dan: souci de rendre l'administration plus proche
des administrés.
La déconcentration administrative est largement appliquée
Maroc concernant les gouverneurs et autres agents d'autorité i
disposent d'importants pouvoirs propres tout en demeurant
soumis à l'autorité hiérarchique du pouvoir central.
Enfin, il faut noter que si la déconcentration est appliquée
habituellement au sein de l'administration d'Etat et régit les
rapports entre supérieurs et subordonnés, elle peut très bien être
appliquée au sein des collectivités locales sous forme de
délégation de compétences.
B. La décentralisation administrative
La décentralisation repose sur la reconnaissance, par le
pouvoir central, d'intérêts distincts devant être gérés par des
entités juridiques distinctes de l'Etat. Des entités reçoivent de
l'Etat le di de gérer leurs propres affaires et sont à cet effet dotées
de personnalité juridique. En outre, les collectivités décentralise
disposent de compétences propres et des moyens financiers
humains nécessaires à leur gestion. Il existe deux formes
décentralisation.
1. La décentralisation territoriale
La décentralisation territoriale a pour objet de permettre à
des collectivités locales de gérer leurs affaires elles-mêmes, par
l'intermédiaire d'organes à caractères représentatif. Elle repose
ainsi sur deux éléments : l'existence de collectivités locales,
c'est-à-dire de communautés humaines spécifiques, et d'organes
propres, élus en principe.
Bien que relevant de la technique administrative, la
décentralisation territoriale a, comme la déconcentration, une
portée politique. Etroitement liée à la démocratie libérale, elle
permet d'adapter l'action administrative aux aspirations des
habitants tout en donnant l'occasion à un grand nombre de
personnes (les élus) de s'occuper des affaires publiques. Une
authentique décentralisation repose sur l'élection.
Bénéficiant de la garantie constitutionnelle (les collectivités
locales sont prévues par la constitution en droit marocain), les
collectivités locales sont cependant placées sous le contrôle de
l'Etat. C'est la loi qui fixe leur organisation, leur fonctionnement et
leurs attributions.
2. La décentralisation fonctionnelle ou par services
A côté de la décentralisation territoriale, le droit administratif
connaît une décentralisation dite fonctionnelle ou par services. Il
s'agit de certains services nettement individualisés par leur objet,
leur structure et qui sont mis, en quelque sorte, hors de la
hiérarchie, dotés de la personnalité juridique, d'un patrimoine et
d'organes autonomes, chargés de diriger leurs actions.
Normalement, ces services reçoivent le statut d'« établissements
publics ».