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5/9/2019 L'Echo - Journal en Ligne

"La dette publique est une menace"


Jennifer Nille
Patrick Artus, chef économiste de Natixis, estime dans son livre "Discipliner la finance" que l'endettement
public et les marchés émergents représentent une menace.
L'instabilité financière s'est déplacée selon Patrick Artus. Dans son dernier livre, "Discipliner la finance", le
chef économiste de la banque Natixis estime qu'une partie de la finance a été disciplinée depuis la crise
financière. "On a régulé un bout de la finance. Les banques ont été régulées de manière très stricte, et même
trop stricte en Europe. La taille des banques a été revue à la baisse, de même que l'endettement privé, alors il
est extrêmement improbable qu'une crise survienne de là, indique-t-il. Mais il reste aussi la dette publique, les
marchés émergents, la Chine et les Etats-Unis comme situation fragile."
D'après Patrick Artus, la Chine n'est pas inquiétante, car "elle a imposé un contrôle des capitaux, qui interdit
aux Chinois de prêter au reste du monde". Il s'alarme plutôt du niveau d'endettement public, favorisé par la
faiblesse des taux d'intérêt. "Les dettes publiques des pays de l'OCDE ont beaucoup augmenté, à l'exception de
l'Allemagne. Tous les pays ont fait l'hypothèse que les taux d'intérêt ne remonteront jamais. Car si les taux
d'intérêt remontent, on va assister à une crise de la dette, indique-t-il. Mais il y a un débat autour des taux
d'intérêt bas, car faut-il utiliser des politiques budgétaires dans ce contexte?"

La faute à l'inflation

D'après l'économiste, la faible inflation a créé les conditions actuelles de taux d'intérêt au plancher. "La faible
inflation est due à une déréglementation du marché du travail. Si le travail reste flexible, l'inflation diminue.
Mais si grâce à un changement des règles, les salaires augmentent, le taux d'inflation va remonter, et donc les
taux d'intérêt vont aussi grimper."
D'après Patrick Artus, il n'est pas simple de solutionner le problème de l'endettement public. "On ne maîtrise
pas l'inflation à un horizon de 5 à 10 ans. C'est une vraie menace, mais on ne sait pas y faire grand-chose",
indique-t-il.
Toutefois, il avance qu'une politique de loan to ratio pourrait être mise en place, en imposant une partie de
fonds propres pour chaque crédit, afin d'éviter l'excès d'endettement.
Par contre, il estime que l'instabilité des marchés émergents, provoquée par des flux de capitaux
internationaux périodiques, représente une menace qui peut être évitée. "Une solution serait de stabiliser les
flux en imposant par exemple un contrôle des capitaux, d'autant plus que les capitaux ne restent pas
longtemps."

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