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Machines cryoélectriques

par Yves BRUNET


Professeur à l’Institut National Polytechnique de Grenoble - CNRS
Centre de Recherches sur les très basses températures (CRTBT )
et Jean-Louis SABRIÉ
GEC-Alsthom-Belfort

1. Contraintes cryogéniques ..................................................................... D 3 660 - 2


1.1 Propriétés des matériaux à basse température ........................................ — 2
1.2 Contraintes propres aux supraconducteurs .............................................. — 6
1.3 Cryogénie ..................................................................................................... — 7
2. Aimants de recherche et aimants industriels.................................. — 7
2.1 Dispositifs pour accélérateurs de particules ............................................. — 7
2.2 Solénoïdes pour détecteurs de particules ................................................. — 10
2.3 Hauts champs magnétiques ....................................................................... — 10
2.4 Utilisation des sources primaires d’énergie.............................................. — 11
2.5 Applications médicales ............................................................................... — 13
2.6 Séparation magnétique............................................................................... — 14
2.7 Autres utilisations........................................................................................ — 14
3. Applications électrotechniques........................................................... — 14
3.1 Généralités ................................................................................................... — 14
3.2 Moteurs et générateurs............................................................................... — 14
3.3 Composants statiques................................................................................. — 17
3.4 Systèmes impulsionnels ............................................................................. — 21
4. Transports .................................................................................................. — 21
4.1 Lévitation...................................................................................................... — 21
4.2 Propulsion MHD........................................................................................... — 22
5. Autres utilisations ................................................................................... — 23
5.1 Applications à l’espace................................................................................ — 23
5.2 Écrans magnétiques .................................................................................... — 23
5.3 Applications diverses .................................................................................. — 23
6. Impact des céramiques supraconductrices (HTSC)........................ — 23
7. Conditions d’industrialisation.............................................................. — 24
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. D 3 660

es premières applications de la supraconductivité, les aimants supra-


L
12 - 1992

conducteurs pour laboratoires, se sont développées dans les années 60, alors
que le phénomène avait été découvert en 1911 ; ce n’est que dans les années 80
qu’est apparu le premier marché industriel de série, celui des aimants pour ima-
gerie par résonance magnétique.
Bien que les propriétés des matériaux supraconducteurs soient remarquables
(densité de courant, champ magnétique, pertes ), voire sans concurrence de la
D 3 660

part des techniques établies (transition résistive N-SC [D 2 700], possibilités de


créer des champs magnétiques de plusieurs teslas, quantification du flux magné-
tique...), et qu’elles induisent des avantages indéniables (rendement, puissances
massiques et volumiques ), le transfert technologique vers l’industrie n’a pas
encore abouti malgré le développement de nombreuses machines cryo-
électriques dans les laboratoires. D’une part, les contraintes cryogéniques impor-
tantes, liées à l’emploi d’hélium liquide (4,2 K ) pour les supraconducteurs à basse

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température, d’autre part, les excellentes performances des matériaux classiques


rendent difficile l’émergence de ces matériaux dans les applications industrielles.
Ni la mise au point de conducteurs supraconducteurs utilisables aux fréquences
industrielles, ni la découverte en 1987 de supraconducteurs à température cri-
tique supérieure à 77 K n’ont encore modifié cette situation, ces derniers maté-
riaux restant pour l’instant peu commodes d’emploi et n’ayant pas encore atteint,
pour des tailles et dans des conditions significatives, les propriétés théoriques
démontrées expérimentalement en laboratoire.

Le lecteur pourra utilement se reporter, dans ce traité, à l’article Supraconducteurs [D 2 700]


et, dans le traité Génie énergétique, aux articles Cryogénie. Propriétés Physiques aux basses
températures [B 2 380] [B 2 382] [B 2 385].

1. Contraintes cryogéniques 1.1.1.2 Propriétés élastiques


En général, les performances mécaniques des matériaux (limite
de rupture, limite d’élasticité) s’améliorent quand la température
L’utilisation de températures T très inférieures à la température diminue (tableau 3).
ambiante (300 K) entraîne des contraintes importantes sur la
conception et l’utilisation des machines cryoélectriques. Ces 1.1.1.3 Autres propriétés mécaniques
contraintes (choix des matériaux, entretien, coût) ne sont plus des
obstacles rédhibitoires, la fiabilité des installations, la connaissance Certains matériaux deviennent fragiles à basse température (Fe,
des matériaux et la maîtrise des techniques cryogéniques étant main- Mo, Nb, aciers au carbone...). C’est aussi le cas des plastiques non
tenant assurées. chargés ou non renforcés avec des fibres. D’autres restent ductiles
(Cu, Al, aciers inoxydables 304/316, alliages au titane). Des traite-
Il faut prendre des précautions tout à fait particulières dans le choix ments appropriés (recuits, écrouissages...) doivent être utilisés pour
des matériaux utilisés et soigner particulièrement la fabrication des libérer les contraintes et assurer de bonnes propriétés.
appareillages.
La limite d’endurance à la fatigue et la dureté augmentent en
Des marges suffisantes sont, en général, choisies pour les général quand la température décroît. À basse température, certains
applications : alliages fluent (acier inoxydable, laiton...) sous contrainte
2 permanente.
T  ----- T c (avec T c température critique) ;
3 La porosité est un problème spécifique des composites. Ce phéno-
J  0,8 J c (B ) [avec J c (B ) densité de courant critique dans les mène est surtout sensible au voisinage de l’ambiante en présence
conditions requises de champ magnétique d’induction B ]. de gaz comme He, H 2 (petites molécules). Le choix de la résine, des
Aussi, en 1992, les deux fluides utilisés sont l’hélium liquide et fibres et la méthode de réalisation (sous vide...) doivent être déter-
l’azote liquide. minés avec soin. (0)

1.1.2 Propriétés thermiques


1.1 Propriétés des matériaux
à basse température 1.1.2.1 Capacité thermique
Les vibrations du réseau contribuent, seules, à la capacité
Plusieurs propriétés des matériaux (tableau 1) entrent en jeu thermique des isolants, d’où une variation en (T/ Θ D )3 à basse tem-
dans la définition et la conception des machines cryoélectriques. pérature (la notion de basse température étant alors liée à la
température de Debye Θ D ), alors que cette capacité thermique est
p r a t i q u e m e n t c o n s t a n t e à h a u t e t e m p é r a t u r e ( T  ΘD ) :
1.1.1 Propriétés mécaniques C th ≈ 25 J · mol –1 · K –1.
Nota : le lecteur pourra se reporter, pour les températures de Debye, dans ce traité, à
l’article Conducteurs métalliques [D 292].
1.1.1.1 Dilatation thermique Pour les conducteurs cristallins, phonons et électrons de
La contraction des matériaux (∆L /L ≈ 10 – 3) est pratiquement conduction contribuent à la capacité thermique (C th = αT + β T 3 ) qui
achevée à 77 K (tableau 2). Les contractions différentielles entre ne devient constante qu’à haute température.
matériaux différents peuvent provoquer des ruptures, des fuites aux Les matériaux amorphes ont des modes de vibration supplé-
brasures ou aux collages. On utilise soit des matériaux ayant des mentaires qui s’ajoutent aux contributions précédentes ; c’est aussi
valeurs de ∆L/L compatibles, soit des joints de dilatation (soufflets, le cas pour les composites (époxyde-fibres).
lyres...), et on prend beaucoup de soin à l’assemblage, par exemple
du cuivre autour de l’acier inoxydable en cas de brasure. (0) La capacité thermique des fluides cryogéniques est, à basse
température, très grande devant celle des solides offrant une forte
(0)

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Tableau 1 – Propriétés comparées des matériaux à 4,2 K et 77 K


Rapport des propriétés
Matériaux Unités Propriétés à 4,2 K Propriétés à 77 K
à 77 K et à 4,2 K

Supraconducteurs NbTi YBaCuO


Conductivité thermique W · m–1 · K –1 0,3 9 30
Capacité thermique volumique J· m– 3 · K –1 5 000 106 200
Résistivité pour une induction de 5 T Ω·m 5 · 10 –7 10 – 5 20
Diffusivité thermique m2 · s–1 6 · 10 – 5 10 – 5 0,2
Diffusivité électromagnétique m2 · s–1 0,4 8 20

Stabilisant Cuivre
Conductivité thermique W · m–1 · K –1 400 400 1
Capacité thermique volumique J · m–3 · K –1 103 2 · 106 2 000
Résistivité pour une induction de 5 T Ω·m 3 · 10 –10 2 · 10 –9 6
Diffusivité thermique m2 · s–1 0,4 2 · 10 – 4 5 · 10 –4
Diffusivité électromagnétique m2 · s–1 1,6 · 10 –4 1,6 · 10 –3 10

Fluides Hélium Azote


Conductivité thermique (liquide) W · m–1 · K –1 27 138 5
Conductivité thermique (gaz) W· m–1 · K –1 0,01 0,009 1
Coefficient de transmission thermique W · m–2 3 000 30 000 10
Coefficient d’échange transitoire W · m–2 · K –1 104 5 · 10 4 5
Masse volumique liquide kg · m–3 125 810 7
Enthalpie volumique J · m–3 2 · 106 1,6 · 108 80
Coefficient d’efficacité de réfrigération W/ W 500 10 0,02
Permittivité relative 1,05 1,44 1,4
Tension de claquage du gaz kV 0,15 0,26
1,7
[Minimum loi de Paschen (Nvd )] (1) [m–2] [2 · 1021] [2 · 1020]
Tension de claquage du liquide
(pd = 10 bar · mm) kV 180 290 1,6

Matériaux de structure Propriétés voisines 1

Niveau de pertes acceptables W· A–1 · m–1 5· 10 –5 5· 10 –3 100


(1) N v d produit de la densité moléculaire par l’espacement (article Gaz isolants [D 2 530] dans ce traité).

Tableau 2 – Dilatation thermique relative L /L entre 300 K et 77 K


Stycast
Cuivre Aluminium Acier inoxydable Titane Pyrex Époxyde Époxyde et fibre
2850 (1)
3 · 10 –3 4 · 10 –3 2,5 · 10 –3 1,5 · 10 –3 0,5 · 10 –3 10 · 10 –3 3 · 10–3 4 · 10 –3
(1) Résine époxyde fortement chargée, fabriquée par Emerson-Cuming Inc.

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— les alliages ont pour conductivité :


Tableau 3 – Propriétés mécaniques des matériaux
en fonction de la température à basse température λ ≈ AT + BT 2
et à haute température λ ≈ Cte
Limite d’élasticité
(Rp 0,02 ) Limite de rupture
Le tableau 5 donne la conductivité thermique et le tableau 6 des
Matériau (MPa) (MPa) valeurs de l’intégrale de conductivité thermique, pour quelques
matériaux.
300 K 77 K 20 K 300 K 77 K 20 K Compte tenu de la disparition de la conductivité électronique à T c ,
la conductivité thermique des supraconducteurs de type I (tableau 1
Acier inoxydable 316 250 400 450 670 1 550 1 600 et [D 2 700]) chute à T c , la contribution des phonons restant faible ;
Époxyde-fibre ces matériaux sont utilisés comme interrupteurs thermiques. Dans
200 250 280 330 550 600 les supraconducteurs de type II, la contribution des phonons est
de verre
importante et peut même être modifiée à T c , d’où un comportement
Stycast 2 850 240
différent selon les cas, mais λ reste très petit (cf. § 2 pour les appli-
Araldite (adhésif) 80 cations).

1.1.2.3 Diffusivité thermique


inertie thermique caractérisée par une variation importante
d’enthalpie ∆Hm = ∫C th dT (tableau 4). La diffusivité thermique a = λ / ρm C th (avec ρ m masse volumique)
permet d’évaluer la propagation d’une perturbation thermique dans
Exemple : pour passer de 300 à 77 K, il faut fournir 93 kJ · kg –1 pour un matériau (tableau 7) ; le temps d’équilibre thermique sera très
l’acier inoxydable et 73 kJ · kg – 1 pour le cuivre ; pour passer de 300 court pour du cuivre, beaucoup plus long pour un amorphe isolant
à 4,2 K, il faut fournir 79 kJ · kg –1 pour le cuivre. comme l’époxyde.
L’enthalpie massique H m entre la température d’ébullition et la
température ambiante représente la quantité de chaleur utile lors 1.1.3 Critère thermomécanique
du réchauffage des vapeurs d’un liquide en ébullition ; elle vaut
1 550 kJ · kg –1 pour He et 247 kJ · kg –1 pour N 2 .
La sélection des matériaux de structure en cryogénie résulte, géné-
ralement, d’un compromis entre les propriétés thermiques et méca-
1.1.2.2 Conductivité thermique
niques. Le choix du rapport ∫ (λ dT )/E, où E est le module d’Young
La conductivité thermique λ des gaz varie comme T et 1/ M minimal, est souvent un bon critère. ∫ λ dT /E vaut :
(où M est la masse molaire). Aux faibles pressions (  10 –3 Torr, vide • 0,5 W · m–1 · MPa –1 pour l’époxyde-fibre de verre ;
primaire), λ décroît comme p pour atteindre des valeurs inférieures • 7,5 W · m–1 · MPa –1 pour l’acier inoxydable.
à 10 –7 W · cm–1 · K –1 lorsque p devient inférieur à 10 –6 Torr (vide
secondaire). Exemple [1] : pour la détermination d’un arbre tournant, ayant l’une
Nota : le Torr est l’unité de pression employée habituellement pour le vide de ses extrémités à 300 K et l’autre à 4 K, transmettant un couple Γ,
et 1 Torr = 1,33 · 102 Pa. les trois paramètres importants à considérer sont E, σ cis et λ (ou
La conductivité des solides isolants varie en T 3, comme C th à ∫ λ dT /E ) · σcis est la contrainte maximale de cisaillement.
basse température ( T  Θ D ) , et comme 1/T à haute température
Dans cet exemple, le meilleur choix (figure 1) s’avère être
( T  Θ D ) , en passant par un maximum aux environs de Θ D .
l’Inconel 718, qui, par rapport à l’acier inoxydable, divise :
Les isolants amorphes (verre, plastiques...) ont des conductivités — les pertes P par 3 ;
thermiques plus faibles qui ne présentent plus de maximum. — la longueur L par 1,3 ;
Les métaux ont des conductivités élevées, de l’ordre de — l’épaisseur e par 2,5 ;
1 W · cm–1 · K –1 : alors que l’époxyde-fibre de verre :
— les métaux purs, pour qui la contribution des phonons est — divise P par 5 ;
négligeable, ont une conductivité thermique pratiquement propor- — divise L par 1,3 ;
tionnelle à T à basse température et à peu près constante à haute — mais multiplie e par 4.
température avec un maximum vers Θ D /10 ;
(0)

Tableau 4 – Enthalpie massique H m (T ) (en kJ · kg–1)


Matériau 1K 4,2 K 20 K 77 K 300 K
Aluminium 2,5 · 10 –5 4,63 · 10–4 4,8 · 10–2 9,37 170,4
Cuivre 0,6 · 10 –5 1,3 · 10–4 3,4 · 10–2 6,02 79,6
Niobium (normal) 4· 10 –5 7,3 · 10–4 6,6 · 10–2 5,8 59,2
Téflon 10 · 10–4 52 · 10–2 12,52 146

(0)
(0)

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Tableau 6 – Intégrale de conductivité thermique   ( T ) dT


T

4
(en W · cm–1)
Matériau 20 K 77 K 300 K
Cuivre 140 690 1 520
Aluminium 30 230 700
Acier inoxydable 0,16 3,5 30
Laiton 1,5 18 190
Époxyde – fibre de verre 0,16 1,25
Verre 0,02 0,15 2

(0)

Tableau 7 – Diffusivité thermique a (en cm2 · s–1)

Matériau 4K 300 K
Cuivre ≈ 104 1,1
Aluminium ≈ 103 0,94
Laiton 30 0,22
Acier inoxydable 0,25 0,04
Verre 0,3 3 · 10 –3
Quartz cristal ≈ 105 0,03
Époxyde 0,25 0,01

1.1.4 Propriétés électromagnétiques


et diélectriques

1.1.4.1 Résistivité électrique


■ Supraconducteurs (SC) : au-dessous de la température
critique T c , la résistivité électrique ρ est nulle. Au-dessus de T c ,
ρ varie comme pour un métal (cas des SC métalliques), comme pour
un mauvais conducteur, voire comme pour un isolant (cas des
oxydes supraconducteurs). Les propriétés de ces matériaux sont
détaillées dans l’article [D 2 700].
■ Métaux purs et alliages métalliques : les défauts et les impuretés
jouent pour ρ un rôle prépondérant à basse température :
ρ ∝ T 5 si T << Θ D
Figure 1 – Choix d’un matériau de structure [1]
ρ∝T si T >> Θ D
■ Semi-conducteurs : à basse température, ρ varie exponentielle-
Tableau 5 – Conductivité thermique  (en W · cm–1 · K –1) ment (comportement isolant) et, à haute température, ρ est propor-
tionnel à T (comportement métallique).
Matériau 4,2 K 300 K
Exemple : toutes ces propriétés sont utilisées pour réaliser des
Cuivre 4 à 50 (suivant pureté) 3,75 thermomètres :
— à résistance de platine, utilisables entre 30 K et l’ambiante avec
Aluminium 2 à 20 (suivant pureté) 2
une caractéristique R (T ) pratiquement linéaire ;
Laiton 2· 10 –2 0,95 — à résistance de carbone ou de germanium, utilisables à très
basse température avec des valeurs de dR /dT très importantes.
Acier inoxydable 3 · 10 –3 0,16
Constantan 9 · 10 –3 0,3 En courant alternatif, à basse température, ρ étant très faible, on
peut rencontrer des conducteurs dont la taille devient plus grande
Époxyde – fibre de verre 10 –3 8 · 10 –3 que la profondeur de peau δ = ρ /π µ f (f étant la fréquence et µ
Époxyde – fibre de carbone 5 · 10 – 4 3 · 10 –2 la perméabilité du matériau).
Diamant 0,3 6

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Exemple : pour le cuivre : Plusieurs paramètres déterminent la conception d’un bobinage


δ = 9 mm à 50 Hz et à 300 K ; supraconducteur [2] : l’énergie stockée (de densité B 2/2 µ 0 , avec µ 0
δ = 0,9 mm à 4,2 K si le rapport de résistivité résiduelle vaut 100 perméabilité du vide) est un des critères importants.
[D 2 700]. La valeur et la répartition du champ magnétique dans l’espace et
La faible valeur de ρ conduit alors à subdiviser les conducteurs au niveau des bobinages, le mode de fonctionnement (continu,
soumis à des champs variables pour limiter les pertes par courant pulsé, alternatif), les contraintes électromécaniques maximales sont
les éléments principaux qui vont permettre de déterminer :
de Foucault.
— le point de fonctionnement nominal dans l’espace (T, B, J ) ;
— le matériau (NbTi, Nb3Sn) et le type de conducteur à utiliser,
1.1.4.2 Magnétorésistance
la composition du brin élémentaire, la nature de la stabilisation
Cet effet est d’autant plus important que la température est plus (Cu, Al, CuNi), la présence de renforts mécaniques et de canaux de
basse (souvent négligeable à l’ambiante) et que la résistivité est refroidissement ;
faible. En général, ρ croît si le champ magnétique H croît et — l’isolation, la méthode d’exécution du bobinage, son impré-
∆ ρ /ρ 0 ≈ H 2 (avec ρ 0 valeur de ρ à 300 K). gnation et sa tenue mécanique ;
— le mode de refroidissement, qui doit permettre de mettre en
Exemple : pour une résistance de platine, ∆ R / R ≈ 20 % dans une froid et de maintenir le bobinage à sa température de
induction de 5 T à 30 K. fonctionnement.
Les conducteurs sont généralement monolithiques ou câblés à
1.1.4.3 Propriétés diélectriques
partir de brins multifilamentaires, de l’ordre du millimètre,
Les isolants solides présentent, en général, des propriétés dié- comportant plusieurs dizaines de milliers de filaments, de quelques
lectriques (rigidité diélectrique, faibles pertes) à basse température micromètres, noyés dans une matrice conductrice.
2 à 3 fois supérieures à celles de l’ambiante. Le fonctionnement en régime de défaut, entraînant par exemple
Les fluides cryogéniques ont de bonnes rigidités diélectriques la transition à l’état normal (quench ) de tout ou partie du bobi-
à l’état liquide. Les vapeurs froides au voisinage de la température nage, doit être prévu, par mise en place d’un système de protec-
d’ébullition ont des propriétés proches de celles des liquides ; par tion (résistance, diode), pour éviter toute détérioration du
contre, celles des gaz sont plus faibles, en particulier pour l’hélium. bobinage.
En dépit de ces précautions, les bobinages de taille significative
(c’est-à-dire utilisés dans les applications du paragraphe 2) peuvent
1.2 Contraintes propres présenter des phénomènes d’accommodation (training, c’est-à-dire
amélioration progressive des performances du bobinage en fonction
aux supraconducteurs du nombre de quench successifs), voire même ne jamais atteindre
les performances théoriques attendues (phénomène de
1.2.1 Aimants à courant continu dégradation).
Lorsque plusieurs longueurs de conducteurs sont nécessaires
Les matériaux supraconducteurs imposent un certain nombre de
pour réaliser un bobinage, les jonctions entre celles-ci doivent être
contraintes propres.
réalisées avec de faibles résistances de contact (< 10 –10 Ω) pour ne
Il est indispensable de fixer le point de fonctionnement nominal pas avoir de dissipation excessives. On utilise des techniques de
d’un conducteur supraconducteur (par exemple NbTi) à l’intérieur soudure sur des longueurs de transfert suffisamment importantes
du volume défini par les valeurs critiques de la température T, de ou de serrage (magnétoformage par exemple).
l’induction magnétique B et de la densité de courant J dans l’espace
De même, les amenées de courant, qui sont le siège de pertes
(T, B, J ), avec une marge de sécurité (figure 2).
de l’ordre de 1 mW · A–1, doivent être réalisées avec soin pour les
minimiser. Des amenées de courant utilisant des supraconducteurs
YBaCuO entre l’ambiante et la température de l’hélium liquide
peuvent réduire ces pertes d’un facteur 2.

1.2.2 Inducteurs tournants

Des contraintes supplémentaires, liées à la rotation, apparaissent


dans les machines tournantes. Dans ces conditions, à Ω = 1 500 ou
3 000 tr/min, le système de refroidissement doit tenir compte de la
compression adiabatique de l’hélium (§ 1.3), et la variation d’enthal-
pie massique, pour un rayon r, est :
1
∆H m = ----- r 2 Ω 2
2
Cette variation entraîne une augmentation de la température du
fluide entre l’axe de rotation et la périphérie du bobinage inducteur
[3]. Il faut sous-refroidir le fuide, en utilisant par exemple des effets
de thermosiphon liés aux variations de densité du fluide.

Figure 2 – Diagramme de phase du NbTi

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1.2.3 Enroulements supraconducteurs


à courant alternatif
Les pertes internes liées aux pertes hystérétiques et aux courants
induits doivent être les plus faibles possible. Elles sont, actuellement,
très inférieures à celles du cuivre, même en tenant compte des ren-
dements cryogéniques, pour des conducteurs multifilamentaires
ayant des filaments de l’ordre de 0,1 µm et des barrières résistives
de CuNi. La conception des bobinages privilégie l’évacuation des
pertes, la réalisation de conducteurs transportant des courants de
plusieurs kiloampères restant délicate.
En cas de transition, la présence de la matrice résistive entraîne
des échauffements locaux qui peuvent détruire le conducteur si le
courant est maintenu ; une détection de cette transition, utilisant
par exemple l’âme centrale du conducteur et un assemblage parti-
culier des brins, conduit à une protection passive.

1.3 Cryogénie
1.3.1 Fluides cryogéniques
■ L’hélium [D 2 700], fluide relativement onéreux (≈ 50 F le litre),
est utilisé [4] : Figure 3 – Puissance à dépenser à la température ambiante
— soit à 4,2 K, bouillant, sous pression atmosphérique ; extrême- en fonction de la puissance froide P F
ment volatil, un flux de 0,7 W suffit à en évaporer 1 litre (L) par heure ; et de la température de réfrigération T F
— soit à 1,8 K sous une pression de 1 bar (superfluide sous-
refroidi), pour les performances accrues des transferts thermiques L’automatisation du fonctionnement des machines de forte puis-
(≈ 5 W/cm2) et des supraconducteurs à cette température ; sance les rend aujourd’hui très fiables, avec une maintenance allégée
— soit entre 3 et 5 K, sous pression en circulation forcée, pour pour des fonctionnements ininterrompus de plusieurs milliers
les applications de grande taille. d’heures, à condition toutefois de s’assurer d’une parfaite pureté des
L’hélium liquide est stocké et distribué dans des conteneurs fluides utilisés. De nombreux appareils de mesure et de contrôle
isolés. restent nécessaires pour assurer une bonne marche de l’ensemble
et cette instrumentation reste délicate à l’échelle industrielle.
Exemple : un conteneur de 40 000 L peut voyager 30 jours sans
déperdition de gaz, les pertes donnant une simple pressurisation de 1
à 3 bar ; un réservoir de 2 000 L, embarqué à bord du satellite ISO, est
calculé pour maintenir à 1,8 K une expérience dissipant quelques
dizaines de milliwatts pendant près de 2 ans [5]. 2. Aimants de recherche
■ L’azote liquide est très répandu, donc moins cher (≈ 1 F/L) et d’un et aimants industriels
emploi plus facile, mais les cryostats, bien que plus simples et plus
robustes, nécessitent encore un vide d’isolement [D 2 700]. Dès les années 60, les aimants supraconducteurs ont été utilisés
pour les besoins de la recherche fondamentale.
1.3.2 Machines thermiques
Leur principe de réfrigération est généralement basé sur un cycle 2.1 Dispositifs pour accélérateurs
Claude, elles ont un rendement très faible quand la température T F de particules
de la source froide (ou température de réfrigération) diminue
(figure 3). Nota : le lecteur pourra se reporter à la référence [6] dans la fiche documentaire
[Doc. D 3 660] .
Exemple : pour les réfrigérateurs, le coefficient de performance
idéal de Carnot est égal à : [TF /(TC – T F )], TC étant la température de la
source chaude ; cela donne 0,014 2 pour He à 4,2 K et 0,345 pour N2 2.1.1 Généralités
à 77 K si T C = 300 K et il faut l’affecter d’un facteur de mérite, propor-
tionnel à la taille des machines. La détection d’objets de plus en plus petits exige des sources
Nota : le lecteur pourra, pour avoir plus de détails, se reporter, dans le traité Génie éner- d’énergie de plus en plus élevée (≈ 1 TeV). En effet, la longueur
gétique, aux articles Théorie des machines frigorifiques. Machine à compréssion mécanique d’onde λ = h /mv (mv étant la quantité de mouvement et h la
[B 9 730] et Production du froid et revalorisation de la chaleur : principes généraux
[BE 8 095] et aux articles Cryogénie. Propriétés physiques aux basses températures
constante de Planck) doit être très inférieure à la taille des objets à
[B 2 380] [B 2 382] [B 2 385]. étudier. L’accélération et le guidage des faisceaux de particules
nécessitent l’utilisation de champs électriques et magnétiques
Pour les faibles puissances, jusqu’à quelques watts, on utilise
importants (figure 4).
des réfrigérateurs à cycle de Gilford-Mac-Mahon ou des machines
à cycle de Stirling qui permettent d’atteindre facilement 15 K. Ces Les accélérateurs linéaires, les cyclotrons et les synchrotrons ont
petites machines demandent un entretien très réduit. évolué pour devenir, aujourd’hui, des anneaux de collision qui uti-
lisent de nombreux aimants, l’énergie étant proportionnelle au
champ et au rayon des machines (tableau 8).
Des dipôles (figure 4a ) maintiennent la courbure de la trajectoire
des particules, des quadrupôles (figure 4b ) étant utilisés pour foca-
liser les faisceaux.

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Par rapport aux aimants conventionnels, les dispositifs supra


conducteurs apportent des champs magnétiques plus élevés sans
dissipation, une compacité liée aux densités de courant élevées
entraînant des gains économiques par réduction de la taille des
machines et de la puissance électrique consommée.

2.1.2 Dipôles
■ Dans le cas d’un aimant conventionnel (figure 5a ), le circuit
magnétique joue un rôle prépondérant. Il permet de limiter le
nombre d’ampèretours, donc la puissance électrique, et assure une
bonne homogénéité (≈ 10 – 4 ) du champ.
Les tolérances de construction, de l’ordre de 0,01 mm, sont
reportées sur les pièces polaires, ce qui est facilement réalisable ;
leur surface constitue une équipotentielle des lignes de champ qui
peut être modelée pour produire la forme de champ désirée. Il
n’est pas possible de dépasser des inductions de l’ordre de 1,8 T
avec les aimants à fer.
■ Dans les aimants supraconducteurs (figure 5b ), le fer intervient
très peu et sert essentiellement de blindage magnétique pour l’exté-
rieur (figure 6).
Les tolérances de construction restent de l’ordre de 0,01 mm
mais, par contre, portent sur les bobinages supraconducteurs
eux-mêmes dont la géométrie gouverne complètement la carte de
champ, ce qui nécessite un outillage très précis et une prise en
compte des déformations liées aux différences de température.
Des frettes métalliques formées de tôles minces empilées assurent
la tenue mécanique des bobines ainsi précontraintes.
Le bobinage (tableau 9) est centré dans un circuit magnétique
extérieur, généralement froid (le fonctionnement continu de ce
Figure 4 – Réalisation de champs magnétiques multipolaires type d’aimants induisant très peu de pertes), réalisé avec des tôles
avec des distributions de courants supraconducteurs découpées.
Le refroidissement doit être assuré par conduction thermique dans
le liquide et, pour une moindre part, par conduction solide, ce qui
impose un soin particulier au choix et à la réalisation des isolants
et des suspensions mécaniques entre parties froides et chaudes.(0)

Tableau 8 – Principaux paramètres des accélérateurs utilisant des aimants supraconducteurs,


en fonctionnement ou en cours d’étude [6]
Masse
Longueur
Nom (1) Énergie Circonférence Champ central Courant Nombre des Année de la mise
des aimants
[Pays] d’aimants SC (2) supraconducteurs en service
(TeV) (km) (T) (kA) (m) (t)
Tevatron 774 dip 6,6
2 × 0,8 6,3 3,6 4,0 100 1984
[États-Unis] 216 quad 2,4
LHC 1 760 × 2 dip 10,0
2 × 8,0 26,7 10,0 17,0 1 400 1997
[Europe-CERN] 568 × 2 quad 3,0
HERA 442 dip 9,0
0,82 6,3 4,5 5,0 100 1990
[Allemagne] 246 quad 2,0
(1) LHC Large Hadron Collider (2) SC supraconducteur
dip dipôle
quad quadrupôle

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Figure 6 – Coupe d’un double dipôle du LHC-CERN (B ≈ 10 T)

correspondant existant dans les dipôles et assurent une bonne chro-


maticité des machines. Des décapôles, voire des dodécapôles, sont
quelquefois utilisés.
Comme pour les dipôles, ces bobinages sont réalisés sous forme
de bobines en selle de cheval ; le calage des têtes de bobines devient
particulièrement délicat à réaliser, compte tenu des faibles rayons
de courbure et des surchamps qui y apparaissent.
Certaines conceptions intègrent la construction de plusieurs
aimants principaux et de correction (figure 6).

2.1.4 Cavités accélératrices

Les cavités résonnantes accélèrent les particules avec des champs


électriques accélérateurs E acc de l’ordre de 5 MV · m–1. L’absence
d’effet Joule rend les supraconducteurs attractifs. Le maintien d’un
champ accélérateur de 5 MV · m–1 dans une cavité en cuivre dissipe
1 MW · m–1 à 500 MHz, ce qui impose d’avoir un régime à haute fré-
quence (HF) discontinu.
Bien que la résistance de surface R s des supraconducteurs ne soit
pas nulle, la faible dissipation qui en résulte (de l’ordre de 6 kW · m–1)
permet d’augmenter la puissance moyenne des machines en assu-
rant la continuité du régime HF.
Les limites de fonctionnement (Eacc ≈ 50 MV · m–1, coefficient de
qualité Q ≈ 1011) sont liées aux défauts, impuretés et pollutions de
surfaces qui, exposées au champ HF, entraînent des effets ther-
miques locaux importants (émission d’électrons...). Les applications
à f > 1,5 GHz doivent recourir à une cryogénie utilisant l’hélium
superfluide.
Figure 5 – Configuration des bobines et du circuit magnétique Les cavités supraconductrices (figure 7) sont, actuellement, réa-
pour des dipôles conventionnel et supraconducteur lisées en niobium massif ou déposé électrolytiquement sur du cuivre,
mises en forme par hydroformage ; elles sont refroidies dans des
cryostats classiques horizontaux à 4,2 K ou 1,8 K laissant passer les
guides d’ondes HF.
2.1.3 Multipôles de contrôle de faisceau
Des essais ont été menés avec des cavités de Nb 3Sn qui, travaillant
à T/Tc = 0,2, présentent des coefficients Q > 1010. Les supraconduc-
Ces multipôles sont constitués de distributions de courant de la
teurs à température critique élevée ont été essayés avec, en 1992,
forme I = I0 cos (n θ /2), où n est le nombre de pôles de l’aimant. Les
des performances HF insuffisantes.
quadrupôles (figure 4b ) sont utilisés pour corriger la position du
faisceau ; les sextupôles (figure 4c ) compensent l’harmonique

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Plusieurs centaines de cavités supraconductrices sont en cours — l’utilisation d’aluminium (figure 8), comme stabilisant des
d’installation pour CEBAF (Continuous Electron Beam Accelerator câbles supraconducteurs cryostables et comme matériau de
Facility ) en Virginie et le LEP 200 (Large Electron Positron ) au structure ;
CERN. — un bobinage interne à une frette, obtenu par la méthode du
mandrin fusible.

2.2 Solénoïdes pour détecteurs


de particules 2.3 Hauts champs magnétiques
Des aimants de détection sont associés aux accélérateurs de par- Les très hauts champs d’induction magnétique (> 20 T) sont uti-
ticules (tableau 10). Contrairement aux aimants d’accélérateurs, les lisés pour étudier et analyser les propriétés des matériaux. L’objectif
détecteurs demandent de très grands volumes  de champ magné- est d’atteindre les champs les plus élevés dans un volume suffisant
tique, d’où des énergies stockées (B 2/ 2 µ 0)  très grandes. Les (quelques dizaines de centimètres cubes). L’utilisation de bobines
chambres à bulles ont été les premiers grands détecteurs et BEBC résistives refroidies à l’eau est limitée par les contraintes mécaniques
[Big European Bubble Chamber (CERN 1972)] détient encore le et l’énergie qui doit être évacuée par le fluide caloporteur [9]
record d’énergie magnétique stockée (800 MJ) et de durée de fonc- Exemple : dans un solénoïde, la contrainte tangentielle au rayon r :
tionnement continu (10 ans) [8].
σ t = J rB
Les détecteurs placés sur les collisionneurs sont de type solénoïde
mince, de façon à offrir le maximum de transparence aux particules est inférieure à quelques 10 2 MPa et l’énergie nécessaire W varie
qui les traversent [l’énergie des particules est divisée par e (= 2,718 2) comme B 2, sachant que 10 MW sont nécessaires pour produire 20 T
avec 12 mm de Cu ou 75 mm d’Al]. dans un diamètre de 50 mm.
Ces solénoïdes ont comme points communs :
(0)
— un refroidissement indirect, avec une imprégnation époxyde
et une circulation forcée d’hélium liquide ;

Tableau 9 – Caractéristiques du conducteur supraconducteur (1) pour les dipôles de LHC-CERN (B ≈ 10 T)


Caractéristiques Conducteur couche interne Conducteur couche externe
Courant critique........................................... (A)  14 800 à 11 T et 2 K  17 100 à 9 T et 2 K
Section du conducteur............................(mm2) 17 × (2,02/2,48) 17 × (1,30/1,65)
Nombre de brins ............................................... 26 40
Diamètre du brin .......................................(mm) 1,29 0,84
Rapport Cu/SC................................................... 1,6/1 1,8 /1
Diamètre du filament ................................. (µm) 5 5
Nombre de filaments ........................................ 28 314 12 342
J c (hors Cu)...................................... (A · mm–2 )  1 190 à 11 T et 2 K  2 280 à 9 T et 2 K
(1) Matériau : NbTi /Cu refroidi à l’hélium superfluide conducteur de type Rutherford trapézoïdal formé de brins composites Nb (46,5 % en masse) Ti/Cu.

(0)

Tableau 10 – Caractéristiques de quelques solénoïdes utilisés dans les détecteurs [10] [11] [12] [13] [14]
Nom CELLO ALEPH DELPHI ZEUS

 PETRA LEP LEP HERA


Accélérateur  DESY (1) CERN CERN DESY (1)

Mise en service................................. 1979 1987 1988 1989
Diamètre intérieur ...................... (m) 1,5 4,96 5,2 1,72
Diamètre extérieur ..................... (m) 1,95 5,98 6,2 2,22
Longueur du bobinage .............. (m) 3,42 6,35 6,8 2,5
Longueur totale .......................... (m) 4 7 7,4 2,8
Conducteur ................... (mm × mm) 10,8 × 2,2 35 × 3,6 24 × 4,5 15 × 4,3
Stabilisant ......................................... Al Al Al Al
Masse de SC ................................. (t) 0,7 8 7 2,4
Courant......................................... (A) 2 900 5 000 5 000 4 990
Induction sur l’axe....................... (T) 1,3 1,5 1,2 1,8
Énergie stockée .........................(MJ) 6 137 108 11
Réfrigération ..................................... circulation forcée thermosiphon circulation forcée circulation forcée
(1) DESY à Hambourg en Allemagne.

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Des solénoïdes supraconducteurs standards permettent


d’atteindre 15 T dans un diamètre d’environ 45 mm (Nb 3Sn). Récem-
ment, un composite Nb3Al/Nb3AlGe a permis d’atteindre 26,5 T.
Les champs magnétiques continus d’induction plus élevée sont
obtenus avec des aimants hybrides (figure 9) : des bobinages
internes en cuivre (bobines de Bitter et polyhélices) entourés de solé-
noïdes supraconducteurs ; les matériaux en compétition sont NbTi
utilisé à 1,8 K, Nb3Sn à 4,2 K (figure 18), voire les phases de Chevrel
[D 2 700] ou encore les composés au Bi utilisés à 4,2 K.
Il est indispensable de porter une attention spéciale aux efforts
électrodynamiques permanents ou accidentels, liés, par exemple,
aux interactions des bobinages normaux et supraconducteurs, à la
protection des bobinages en cas de transition, celle-ci pouvant
entraîner des surtensions et des échauffements anormaux.
L’emploi des matériaux supraconducteurs actuels ne permet pas
l’obtention de champs pulsés très élevés (B > 100 T), mais des
conducteurs supraconducteurs ont été utilisés, à l’ambiante, pour
leurs performances mécaniques.

2.4 Utilisation des sources primaires


d’énergie

2.4.1 Généralités

Les supraconducteurs sont des composants indispensables des


réacteurs de fusion thermonucléaire contrôlée et des générateurs
magnétohydrodynamiques (MHD), deux applications qui requièrent
des champs d’induction magnétique importante (≈ 10 T dans des
volumes de plusieurs dizaines de mètres cubes).
Dans un réacteur de fusion tokamak (figure 10), le plasma est
confiné magnétiquement dans une chambre métallique étanche
torique (bobinage toroïdaux) et chauffé par effet transformateur
(bobinages poloïdaux), pour obtenir les conditions requises à la pro-
duction de l’énergie.
Plusieurs programmes ont été menés ou sont en cours [JET (Joint
European Torus ) et Tore-Supra [15] [16] en Europe ; MFTF (Mirror
Fusion Test Facility ), correspondant à un système de fusion à confi-
guration ouverte, réalisé au LLNL (Lawrence Livermore National
Laboratory) et maintenant arrêté, dont les bobines de 1 350 t stoc-
kaient une énergie record de 3 GJ, et TFTR (Tokamak Fusion Test
Reactor ) aux États-Unis ; T15 en CEI ; JT-60 et FER au Japon (article
Fusion thermonucléaire [BN 3 013] dans le traité Génie nucléaire)].Ils
pourraient conduire à une collaboration internationale sur un seul
projet (NET-ITER). Bien que des techniques classiques puissent être
utilisées pour les bobines de champ, les bilans techniques et éco-
nomiques démontrent l’intérêt des supra conducteurs [17].

2.4.2 Bobines toroïdales

Dès 1986, 6 bobines en D (3 aux États-Unis dont 1 en Nb3Sn, 1


à Euratom, 1 au Japon et 1 en Suisse), forme généralement adoptée
pour les bobines toroïdales, étaient essayées au sein du programme
LCT (Large Coil Task ) atteignant une induction de 9 T. Le programme
Tore-Supra (tableau 11), tokamak utilisant 18 bobinages supra-
conducteurs toroïdaux en NbTi refroidis par de l’hélium superfluide
pressurisé à 1,8 K, est en fonctionnement au CEN-Cadarache
depuis 1987.
Début 1991, un plasma de 850 kA, ayant une densité de particules
de 4 · 1020 m–3 pendant 22 s, a été obtenu [18]. En mai 1991, un
plasma de 1,7 MA, de densité 2 · 10 19 m – 3 à une température
de 7,2 · 107 K pendant 2 s, est réalisé et, en mars 1992, un plateau
de courant de 1,3 MA a été maintenu 35 s [6].
La compétition entre les matériaux Nb3Sn à 4,2 K et NbTi à 1,8 K
reste ouverte pour les projets futurs. Compte tenu des énergies
Figure 7 – Cavités supraconductrices [7] [D 2 700] stockées et des contraintes (≈ 100 MPa) auxquelles sont soumis les

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Figure 8 – Coupe de conducteurs supraconducteurs stabilisés avec de l’aluminium utilisés dans les détecteurs de particules [13]
(Les caractéristiques de CELLO, ALEPH et DELPHI sont données dans le tableau 10)

(0)
Tableau 11 – Caractéristiques de Tore-Supra
[entre parenthèses objectifs du projet ITER
(International Thermonuclear Experimental Reactor)]
Grand rayon du plasma ............................. 2,25 m (6 m)
Petit rayon du plasma ................................ 0,70 m (2,15 m)
Volume du plasma ..................................... 30 m3 (1 100 m3)
Masse des enceintes
et des écrans thermiques........................... 50 t
Courant nominal......................................... 1 400 A
Densité de courant moyenne
dans le bobinage ........................................ 4 · 107 A · m– 2
Induction du champ magnétique
au centre du plasma................................... 4,5 T (6T)
Induction du champ magnétique
maximale sur le conducteur ...................... 9 T (12 T)
Masse de supraconducteur ....................... 45 t
Énergie stockée........................................... 600 MJ
Ampèretours dans les bobines
poloïdales (en cuivre)................................. 10 MAtr
Masse du circuit magnétique .................... 830 t
Puissance de réfrigération :
— à 80 K.................................................. 40 kW

650 W
— à 4,5 K................................................. 
 + 100 L/ h He liquide
— à 1,75 K............................................... 300 W

2.4.3 Bobines poloïdales


Figure 9 – Bobine hybride fournissant 30 T dans un diamètre de 50 mm
à température ambiante (SNCI-CNRS Grenoble) Ces bobines (figure 10) doivent produire les variations de flux
pour induire le courant dans le plasma et fournir un champ vertical
pour stabiliser le plasma. Travaillant en régime pulsé, emmagasinant
conducteurs, leur densité de courant moyenne reste faible des énergies de plusieurs dizaines de mégajoules, elles sont sou-
(≈ 4 · 107 A · m–2). Les surtensions, qui peuvent dépasser 20 kV en mises à des efforts très importants et les bobines poloïdales
cas de disruption du plasma, conduisent à choisir soigneusement (figure 10) des tokamaks expérimentaux, Tore-Supra, T15, Triam-IM
les isolants (figure 10) ; les champs magnétiques variables (au Japon), ont été réalisées en cuivre avec un cœur de fer saturé.
imposent l’introduction de barrières résistives dans la structure du La taille des projets actuels impose d’utiliser des bobines poloïdales
conducteur supraconducteur (CuNi dans NbTi, In dans Nb3Sn) ; les supraconductrices.
efforts et les fatigues importants exigent des conducteurs renforcés
mécaniquement.
Une nouvelle configuration hélicoïdale des bobines toroïdales qui 2.4.4 Conversion MHD
donnerait une meilleure stabilité au plasma est à l’étude au Japon
(projet LHD). Nota : le lecteur pourra se reporter en bibliographie à la référence [19].
Dès 1966, un modèle (AVCO aux États-Unis) donnait la preuve de
la stabilité de grands aimants supraconducteurs pour cette applica-
tion de conversion directe d’énergie. Les problèmes de corrosion des
électrodes et la tenue des matériaux isolants occultent l’excellent
comportement des bobinages supraconducteurs, démontré dans
plusieurs expériences significatives.

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Figure 10 – Vue d’une configuration tokamak de fusion

Les bobinages sont de type selle de cheval pour avoir un champ


dipolaire orthogonal au déplacement du plasma et au champ élec-
trique entre les électrodes. Les programmes MHD se sont arrêtés
en France dès 1970, aux États-Unis au début des années 80, la CEI
ayant encore un programme de développement industriel
(tableau 12). (0)

Tableau 12 – Réalisations MHD [30]


Type Induction
Réalisation de bobinage du champ Dimensions
supraconducteur magnétique
AVCO-modèle selle de cheval 3,7 T ∅ = 30,5 cm
(1996) L=3m
Hitachi-ETL selle de cheval 4,7 T ∅ = 38 cm Figure 11 – Aimant pour imagerie à résonance magnétique
(1969) L = 1,9 m
(produit Alsthom Intermagnetics)
CEI-U 25 ∅ = 40 cm
(1971-1977) selle de cheval 5T L = 4,4 m
un champ magnétique très homogène (< 4.10 – 8 ) spatialement et
Allemagne-Argus 2
champ de course 3,5 T ∅ = 22 cm stable dans le temps (< 10 –7/ h) dans le volume observé : pour une
(1970) L=2m image corps entier , ce volume correspond à celui d’une sphère
Hitachi-ETL ∅ = 40 cm de 50 cm de diamètre. Des aimants permanents classiques (NdFeB
(1975) champ de course 4,2 T L = 4,3 m par exemple) permettent d’obtenir des inductions d’environ 0,5 T,
mais l’utilisation d’inductions supérieures à 0,5 T produites par des
Chine-SSM3 4,5 T ∅ = 20 cm bobines supraconductrices améliore le rapport signal/ bruit et donne
(1987) L = 0,6 m
une meilleure sensibilité avec une électronique moins sophistiquée.
Objectif type : 6T ∅ = 300 cm L’appareil supraconducteur est constitué :
600 MW L = 16 m
— d’un aimant de champ principal, avec des amenées de courant
déconnectables, fonctionnant en général en mode persistant sur
Plus récemment a été proposée une structure discoïdale per- lui-même à travers un shunt supraconducteur (énergie stockée de
mettant une géométrie des bobinages et des électrodes plus l’ordre de 1 MJ) ;
compacte et plus simple (§ 5). — de bobinages de correction permettant d’améliorer l’homogé-
néité (on peut aussi utiliser une correction passive à l’aide de pièces
ferromagnétiques) ;
2.5 Applications médicales — de bobinages réalisant des gradients de champ magnétique ;
— d’un champ tournant HF ;
Les supraconducteurs sont utilisés à des fins médicales ; c’est dans — d’un cryostat à faible consommation (< 0,4 L/h, soit une auto-
ce domaine que le premier débouché industriel pour les aimants nomie supérieure à 1 mois) et parfaitement écranté.
supraconducteurs s’est concrétisé (Imagerie par Résonance Magné-
tique) et que les performances de détection liées aux effets tunnels Il y a plus de 1 500 appareils installés dans le monde (construc-
quantiques sont utilisées : SQUID, magnétomètres... teurs : Oxford Instruments, GEC, Siemens, AISA).
■ La SRM (Spectroscopie de Résonance Magnétique) nucléaire [20]
2.5.1 Résonance magnétique nucléaire permet d’obtenir des informations sur la composition chimique des
organes observés. Des inductions magnétiques plus élevées et plus
■ L’IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) utilise la propriété de
stables que pour l’IRM sont requises : B > 1,5 T et dans des diamètres
résonance magnétique nucléaire des protons dans un champ
supérieurs à 30 cm, B > 7 T pour les études en éprouvette dans des
magnétique modulé en HF (figure 11) ; une bonne image nécessite
conditions proches de celles demandées pour l’IRM.

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Il n’y a pour l’instant que quelques dizaines d’appareils de ce Grâce à ces propriétés, les équipements supraconducteurs
type en fonctionnement. présentent :
— de bons rendements, en dépit des pénalités induites par la
cryogénie ;
2.5.2 Autres applications — des puissances massiques et volumiques élevées.
Elles sont liées essentiellement aux possibilités de détection de Par contre, ces mêmes propriétés induisent des comportements
champ d’induction magnétique très faible (≈ 10 –15 T) et concernent nouveaux. Les faibles résistances entraînent des constantes de
les applications des supraconducteurs à l’électronique [21]. temps élevées pour l’excitation des machines, l’amortissement des
Quelques dizaines de SQUID montés en gradiomètres de champ phénomènes transitoires et le contrôle dynamique des réseaux.
permettent de détecter des inductions inférieures à 10 –6 T / Hz et ■ Bien qu’aucun équipement supraconducteur n’ait été encore ins-
d’analyser les signaux de divers organes (cœur, cerveau, œil...) pour tallé, de nombreux prototypes (alternateurs, câbles, accumulateurs
une utilisation clinique. d’énergie magnétique, transformateurs, limiteurs...) ont démontré
D’autres applications permettent par exemple d’étudier la teneur l’intérêt de cette technologie, sans préjuger des apports probables
en fer des organes (foie par exemple). des nouveaux supraconducteurs à haute température...
Le guidage de cathéters dans les vaisseaux utilisant les forces La technologie des supraconducteurs s’applique aux machines
induites sur un petit aimant dans le gradient de champ d’une bobine électriques (§ 3.2), réversibles dans leur principe, et conduit au
supraconductrice (§ 2.6) a été étudié sans avoir encore débouché en développement de moteurs et générateurs supraconducteurs. Les
milieu hospitalier. Il faut noter, comme pour l’imagerie, l’importance composants supraconducteurs (§ 3.3) sont particulièrement adaptés
des problèmes de blindage, pour ne pas perturber les appareillages aux systèmes embarqués (avion, train, bateau), dans lesquels les
de radiologie par exemple. contraintes de poids et de volume sont souvent critiques. Le déve-
loppement des câbles supraconducteurs dépasse le cadre de cet
Les caractéristiques d’absorption des mésons dans la matière en article : techniquement réalisables, ils ne sont économiquement
font un excellent support pour la destruction des tumeurs : les viables, pour les supraconducteurs utilisant l’hélium liquide, qu’à
mésons sont produits par bombardement d’une cible par des pro- partir de puissances supérieures à 5 GVA.
tons issus d’un cyclotron supraconducteur qui permet de réduire
d’un facteur 20 la masse et, de façon significative, le volume et la
puissance installée par rapport aux cyclotrons conventionnels.
3.2 Moteurs et générateurs
2.6 Séparation magnétique 3.2.1 Machines homopolaires

Le principe de la séparation magnétique [(HGMS : High Gradient Un bobinage fixe supraconducteur crée un champ magnétique
Magnetic Separation ) ou OGMS (Open Gradient Magnetic Separa- dans un induit tournant à température ambiante. Les premiers
tion)] utilise la force F agissant sur une particule de susceptibilité moteurs de ce type ont été des machines à disques, sur le principe
magnétique χ m soumise à un gradient de champ : F = χ m H (dH /dz ). démontré par Faraday, pour évoluer vers des machines à tambour,
comme celle qui équipe, aux États-Unis, le navire expérimental
Cette technique est utilisée comme procédé de purification (kaolin, Jupiter II (2,2 MW, 100 V, 22,5 kA) alimenté en sortie d’un alternateur
minerais, charbon...), de récupération dans des minerais de faible entraîné par une turbine à gaz ; le moteur supraconducteur est
teneur, de traitement de l’eau. L’utilisation de bobinages supra- compact, léger, mais le coût du refroidissement reste élevé pour cette
conducteurs permet de gagner un ordre de grandeur sur le produit puissance. Néanmoins, les problèmes de collection du courant
H (dH /dz ) tout en réduisant la consommation électrique d’un ordre restent non résolus pour de grandes vitesses périphériques et des
de grandeur [22]. Plusieurs installations sont en fonctionnement densités de courant élevées [26].
(Afrique du Sud, Chine, CEI, Turquie...).

3.2.2 Cryoalternateurs. Moteurs synchrones


2.7 Autres utilisations
3.2.2.1 Présentation
Parmi d’autres processus industriels employant des aimants
supraconducteurs, citons : La puissance apparente (tableaux 14 et 15) développée pour une
— la croissance de cristaux où l’utilisation de champs d’induction machine synchrone tournante est de la forme :
de l’ordre de 1 T permet d’inhiber le développement de la convection ω 2
dans la fabrication du silicium ou de AsGa (§ 4.1.2) ; S = ------ KB r Lr a
p
— les pompes à métaux liquides (§ 4.2) ;
— le contrôle du débit de coulée de l’acier. avec Br induction magnétique radiale,
K charge linéique du stator (K = 2Nkd I/πr a ),
kd coefficient de bobinage,
3. Applications L longueur active du stator,
électrotechniques N nombre de spires,
p nombre de paires de pôles,
3.1 Généralités ra rayon moyen de l’enroulement statorique,
ω vitesse angulaire de rotation.
■ Les supraconducteurs possèdent les propriétés (absence de résis-
tance, densités de courant élevées en présence de champ magné- L’emploi de supraconducteurs au rotor permet d’obtenir des
tique, faibles pertes en alternatif, ductilité et tenue mécanique) inductions supérieures à 2 T sans utiliser de matériaux magnétiques,
nécessaires pour remplacer les matériaux classiques dans les donc d’augmenter K en éliminant les dents du stator, tout en dimi-
composants de la chaîne de fabrication et de transport de l’énergie nuant les pertes Joule rotoriques : le rendement, les puissances
électrique [23] [24] [25] (tableau 8). De plus, la transition résistive est massiques et volumiques sont améliorés (tableau 13). (0)
une propriété unique qui permet des applications originales.

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Tableau 13 – Applications possibles (1) de la supraconductivité aux composants des réseaux électriques [23]
SC à basse SC à haute
Composants Avantages Inconvénients température température
(4,2 K) (77 K)
Alternateurs à inducteur Rendement Fiabilité
supraconducteur Masse Régimes maximaux de défaut
Volume Seuil de rentabilité > 600 MVA
Stabilité Réponse rapide de l’excitation B A
Réduction de x d
Puissances > 1 GVA
Aternateurs entièrement Rendement
supraconducteurs Masse x d élevé
Volume B B
Réponse rapide de l’excitation
Seuil de rentabilité > 250 MVA
Limiteur Limitation Icc Continuité de service après transition B B
Stockage de grande capacité Nivellement de la charge Taille
Rendement Problèmes mécaniques et cryogéniques D D
Réponse rapide Transition de la bobine SC
Champs de fuite
Stockage. Régulation Stabilité accrue
Compensation des charges
transitoires
Réponse rapide Cryogénie B A
Rendement
Durée de vie
Transformateurs Masse Risque de transition C B
Pertes
Lignes aériennes Pertes
Économie d’échelons E E
de transformation
Câbles enterrés Capacité de transmission
Pertes Cryogénie C B
Économie d’échelons Seuil de rentabilité > 5 GVA
de transformation
(1) A : adoption possible à large échelle. C : difficile à adopter. E : sans intérêt.
B : adoption possible. D : très difficile à développer.

En utilisant, au stator, des supraconducteurs à faibles pertes en niveau du stator sont, pour K f h , harmonique h de la densité de
alternatif, les gains sont encore améliorés (figure 12), K pouvant courant du rotor, de la forme [26] :
être augmenté d’un ordre de grandeur. La tenue mécanique des
ph + 1 2 ph

      cos (ph θ )
conducteurs du stator qui voient l’intégralité des champs variables K fh r f ra
et du couple devient un point critique ; c’est, en particulier, le cas B r = µ 0 ----------- ------ 1 ± -------
2 ra rs
si ceux-ci sont supraconducteurs puisqu’il faut alors trouver un
compromis entre l’isolation électrique, la tenue mécanique et les ph + 1 2 ph

  1 ± -----r -  sin (ph θ )


K fh r f r a
échanges thermiques pour évacuer les pertes intrinsèques du B θ = µ 0 ----------- ------
2 ra s
matériau.
avec r f rayon moyen rotorique.
3.2.2.2 Cryoalternateurs classiques
Le signe + correspond à un écran extérieur ferromagnétique, le
Ce sont des machines sans fer, à rotor supraconducteur et à signe – à un écran conducteur (moins avantageux).
enroulement stator en cuivre.
■ La réactance synchrone x d est [27] :
■ La puissance apparente est :
3 µ0
   
ra 2p
2 K
2ω πr a L x d = -------------- 1 + ------ -------
2
S = ------------ x d B r -------------------------------2- 2 2 rs Br
µ 0p 1 + ( ra / rs )
■ Les réactances transitoires x d′ et subtransitoires x ′′d dépendent
avec ra rayon moyen de l’enroulement statorique, largement des écrans intercalés entre le rotor et le stator. Ces écrans
rs rayon de l’écran électromagnétique, servent à protéger le supraconducteur des régimes variables
(composantes inverses, transitoires) et à améliorer la stabilité en
x d (en pu) réactance synchrone. amortissant les oscillations mécaniques. Leur tenue mécanique est
■ Pour une machine à 2p pôles, les composantes radiale et tangen- problématique en régime transitoire et requiert l’utilisation de maté-
tielle de l’induction magnétique du champ créé par l’inducteur au riaux tels que le titane ou des sandwichs acier-cuivre.
Les réactances sont très inférieures à celles des machines
classiques ; la stabilité est augmentée au détriment des surcourants
et des surcouples transitoires (tableau 13).

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Figure 12 – Machine synchrone dipolaire entièrement supraconductrice, coupe et réalisation (CNRS /CRTBT-GEC-Alsthom)

3.2.2.3 Cryoalternateurs entièrement supraconducteurs alors que les cryoalternateurs entièrement supraconducteurs
pourront être multipolaires ; il faut noter que l’épaisseur de la cou-
Les supraconducteurs, à faibles pertes en alternatif, peuvent être
ronne ferromagnétique externe diminue quand p augmente [28].
utilisés au rotor et au stator (figure 12). Cette disposition permet
d’augmenter K, de diminuer les pertes statoriques, de simplifier la
conception cryogénique de la machine, de supprimer les écrans 3.2.2.4 Exemples de réalisations
entre stator et rotor, de diminuer l’inertie mécanique et de fixer x d Parmi les nombreuses maquettes de laboratoire et prototypes
en jouant sur le couplage des bobinages. industriels (tableau 14) qui ont démontré l’intérêt de ces machines,
La puissance apparente est toujours : on peut retenir (tableau 15) :
2
— le programme Alsthom-EDF-CGE, qui a permis de valider un
2Ω 2 πr a L rotor modèle de taille significative, en particulier pour les problèmes
S = ---------- x d B r ---------------------------------
- cryogéniques et mécaniques ;
µ0 1 + ( ra / rs ) 2
— les prototypes développés aux États-Unis entre 1965 et 1980,
L’optimisation de la puissance massique et le critère de continuité qui devaient se concrétiser par la construction d’un alternateur
d’exploitation assurant la non-transition des bobinages supra- de 300 MVA, programme interrompu en 1983 à la suite du ralentis-
conducteurs, même en cas de défaut, impliquent d’avoir des valeurs sement de la demande d’énergie ;
de x d élevées (tableau 13). Ce résultat compromet la stabilité de ce — le programme allemand d’une machine de 120 MVA [29]
type de machines sans utilisation d’un régulateur externe [31]. devant mener à la réalisation d’une machine de 850 MVA ;
— le prototype d’une machine entièrement supraconductrice réa-
L’induction radiale B ra au niveau du stator est : lisé à Grenoble par le CNRS-CRTBT-LEG et GEC-Alsthom [28] ;
— la mise en œuvre, en 1987, du programme Super GM au Japon,
 
p+1
p rf
B ra ∝ ------ ------ regroupant plusieurs organismes d’État (CRIEPI, NEDO) et une quin-
r f ra zaine d’industriels, visant à concevoir des alternateurs de 200 MVA
à partir de prototypes de 70 MVA. Ce projet intègre le comportement
p ------
r 2p
f
d’où S = S0 de ce type de machines sur le réseau, l’étude des conducteurs supra-
r a conducteurs [comprenant les supraconducteurs à haute température
(HTSC)] et des matériaux de structure nécessaires, la réfrigération
S 0 étant la puissance normalisée. et les auxiliaires associés ; en particulier, plusieurs solutions
Pour un nombre d’ampèretours par rôle, une valeur de xd et un concernant les amortisseurs, le conducteur, le seuil d’excitation,
effet d’écran extérieur donnés, le mauvais couplage rotor-stator entraînant des temps de réponse Td0 différents, sont étudiées.
( r f /r a  0,5 ) impose des cryoalternateurs dipolaires dits classiques, (0)

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Tableau 14 – Réalisations expérimentales de cryoalternateurs,


les puissances apparentes étant exprimées en MVA : historique (1)
Allemagne
Année États-Unis CEI Japon France Chine
Autriche

1965 0,008 (AVCO) 0,001 (Paris)


0,045 (MIT)

1970 3 (MIT) 0,02 (All U Inst)


5 (Westinghouse) 2 (Electrosila)

1975 5 (Electrosila) 6,25 (Fuji/ Mitsubishi) 0,5 (CNRS/Grenoble) 0,4 (Shangaï)


0,4 (EMMW)

1980 300 (Westinghouse/EPRI) 20 (Electrosila) 20 (Fuji) Rotor modèle 0,32 (TU.


20 (GEI) 50 (Hitachi) (Alsthom-EDF-CGE) Munich)
3 (Toshiba) 0,02 (CNRS/Grenoble
1985 10 (MIT) 300 (Electrosila) 0,1 (Toshiba) 2 (Elin)

1990
1995 1 200 (Leningrad) 3 × 70 (Super GM) 120 (KWU)
(1) en italique : projets abandonnés ;
en souligné : machines entièrement supraconductrices ;
en gras : projets en cours.

3.2.3 Structures originales un ensemble de bobines supraconductrices, a été proposée pour la


propulsion navale en Grande-Bretagne.
■ Une maquette de moteur homopolaire de faible puissance a été
réalisée, aux États-Unis, avec des céramiques supraconductrices
HTSC, ainsi qu’un moteur à flux piégé. Des anneaux supraconduc- 3.3 Composants statiques
teurs massifs, placés sur des plots ferromagnétiques, sont aimantés
à 77 K par le stator alimenté en courant qui lui fait face ; le rotor et le
stator sont ensuite utilisés comme moteur. De meilleures caractéris- L’introduction des supraconducteurs utilisables à 50 Hz a ouvert
tiques de courants critiques des HTSC sont nécessaires pour que les des domaines d’applications jusqu’alors réservés aux matériaux
résultats de ces prototypes soient significatifs. (0) classiques (figure 13 et tableau 13).
■ Supersat, réalisée en France [GREEN (Nancy), CEA (Saclay)] est
une machine où les dents d’un rotor ferromagnétique massif
aimantées à saturation par un solénoïde supraconducteur forment 3.3.1 Transformateurs
un inducteur multipolaire qui interagit avec un induit discoïde fixe.
L’induction appliquée à un bobinage de N1 spires dans un noyau
■ Le couple C développé par une machine asynchrone est lié à la ferromagnétique de section S est donnée par :
résistance R et à l’inductance  rotoriques, et au glissement g par
la relation : 2V
gR B = -----------------1-
C ≈ ----------------------------------------------
- ω N1 S

 
2
R 2

------ +  ω s
g  pour une tension primaire de valeur efficace V 1 et de pulsation ω.
Les solutions avec matériaux classiques privilégient de
Ce type de machine n’est donc pas envisageable avec un rotor
diminuer N 1 et d’augmenter S (tableau 16). Le faible niveau de
supraconducteur (R = 0), sauf dans le cas d’une machine asynchrone
pertes des supraconducteurs en alternatif (tableau 13) permet d’aug-
synchronisée où le rotor supraconducteur piège un flux constant,
menter les ampèretours et de diminuer la section du fer. Il n’est pas
fonction des conditions initiales.
intéressant de supprimer totalement le fer, sauf si un gain important
Un moteur utilisant ce principe a été étudié, théoriquement, avec de masse est recherché, le courant magnétisant devenant alors très
un rotor à deux enroulements couplés par des interrupteurs supra- grand. (0)
conducteurs. Par contre, un moteur linéaire asynchrone de 13,5 kVA
Le maintien à température ambiante d’un noyau ferromagnéti-
comportant un primaire triphasé supraconducteur et un secondaire
que, siège de pertes, complique la conception cryogénique du
en cuivre a été testé au Japon.
transformateur supraconducteur.
■ Un moteur synchrone associant un induit supraconducteur et un Les gains apportés par le supraconducteur sont :
inducteur refroidi à aimants permanents NdFeB a été réalisé au — une diminution de la masse et du volume ;
CNRS-CRTBT-LEG. — un meilleur rendement ;
■ Un moteur synchrone quadripolaire à flux axial, inducteur supra- — un dimensionnement lié aux conditions nominales (figure 14a)
conducteur et induit plat à bobinage radial, a été essayé aux si on utilise la transition (§ 3.2.2) des enroulements en cas de sur-
États-Unis. intensité ( I  2I n ) .
De plus, ce composant permet de relier, sans amenées de cou-
■ Des moteurs linéaires synchrones à inducteurs supraconducteurs
rant froides, des composants supraconducteurs aux réseaux clas-
sont utilisés pour la propulsion des trains à lévitation (§ 4.1). Une
siques à température ambiante.
machine linéaire à collecteur, dont le champ inducteur est créé par

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Tableau 15 – Caractéristiques de quelques réalisations de cryoalternateurs


Rotor modèle
MIT Westinghouse Hitachi GE
Alsthom-EDF-CGE
Année ....................... 1975 1978 1982 1983 1985
Puissance ...... (MVA) 3 5 (250) 50 20
∅ rotor................ (m) 0,23 0,32 1,06 0,6 0,26
2 p ............................. 2 4 2 2 2
Ω .................. (tr/min) 3 600 12 000 3 000 3 600 3 600
I f ........................... (A) 555 230 5 000 1 400 514
Supraconducteur..... NbTi NbTi NbTi NbTiZr NbTi
1,3 × 3,2 mm2 1 × 1,5 mm2 ∅ = 1,255 mm 1,8 × 2,6 mm2 1,3 × 2,5 mm2
1 350 filaments de 25 µm 14 496 filaments de 5 µm 1 531 filaments
Tension...............(kV) 1,38 5 16 3,6
Refroidissement Supercritique Bouillant Bouillant
hélium ...................... 5,2 K 3,5 K 4,2 K 4K
Tdo ........................ (s) 2,2 300
x d ....................... (pu) 0,37 0,30 0,31 0,37
x d′ , x d′′ ............. (pu) 0,26 ; 0,22 0,24 ; 0,14 0,31 ; 0,16

CNRS-CRTBT-LEG Super GM
Electrosila
GEC-Alsthom Mitsubishi-Toshiba-Hitachi
Année ....................... 1989 1989 1993 1993 1993
Puissance ...... (MVA) 300 0,018 70 70 70
∅ rotor................ (m) 1,08 0,07 0,88 0,87 0,885
2 p ............................. 2 2 2 2 2
Ω .................. (tr/min) 3 000 3 000 3 600 3 600 3 600
I f ........................... (A) 80 3 000 3 000 3 200
Supraconducteur..... Très stable J c élevée Faibles pertes
NbTi NbTi NbTi NbTi NbTi
 (6 + 1) × ∅ = 0,264 mm 6 × 3,6 mm2 7,5 × 2 mm2 10,5 × 3,3 mm2

3,5 × 2 mm2 Rotor :  13 068 filaments de 1,2 µm ∅ = 0,4 mm ∅ = 1,6 mm ∅ = 0,5 mm

 Cu/CuNi filaments : 2 µm filaments : 9 µm filaments : 3 µm
Cu/CuNi Cu/CuNi Cu/CuNi
 3 × ∅ = 0,12 mm

Stator :  14 496 filaments de 0,55 mm

 CuNi
Tension...............(kV) 20 0,38 10 10 10
Refroidissement
hélium ...................... 4,2 K
x d ....................... (pu) 2,8 0,35 0,35 0,45
x d′ , x d′′ ............. (pu) 21 0,25 ; 0,21 0,26 ; 0,19 0,36 ; 0,25

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Figure 13 – Impact possible des supraconducteurs dans les systèmes de production, de transport et de distribution de l’électricité

Plusieurs transformateurs expérimentaux ont été réalisés au


Tableau 16 – Comparaison de transformateurs de 220 kVA Japon et en France [39].
avec ou sans fer [29]
Exemple : un transformateur de 200 kVA (figure 14a) a nécessité
Classique SC avec fer SC sans fer 0,8 kg de supraconducteur bobiné autour d’un circuit magnétique de
52 kg, alors qu’un transformateur classique équivalent nécessite 80 kg
Noyau de cuivre et un circuit magnétique de 500 kg. La fonction de limitation
— induction .......................(T) 1,5 1,8 (figure 14b ) a été mise en évidence au cours d’un court-circuit en
— pertes .......................... (W) 694 100 charge.
— masse .......................... (kg) 610 52,5
Courant d’excitation .........(%) 0,35 0,08 30
3.3.2 Limiteurs
Bobinages et amenées
de courant Le limiteur de courant supraconducteur est une réponse à l’aug-
— pertes à 300 K ............. (W) 1 733 1 200 2 400 mentation des puissances de court-circuit et à la protection des
— masse .......................... (kg) 125 0,4 2 réseaux. Les limiteurs supraconducteurs conçus avec des supra-
Masse totale..................... (kg) ≈ 1 000 ≈ 100 ≈ 50 conducteurs classiques (à base de Nb en couches minces ou de NbTi)
ont été abandonnés au profit des conducteurs supraconducteurs à
Pertes totales ................... (W) ≈ 2 400 ≈ 1 300 ≈ 2 400 50 Hz à matrice de CuNi dont la forte valeur de la résistance à l’état
Rendement........................(%) 98,9 99,4 98,9 normal permet de limiter en quelques microsecondes le courant au
moment de la transition.
Icc /In ....................................... ≈ 15 1,5 1,15

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Figure 14 – Transformateur-limiteur

Cette fonction de limitation de courant (tableau 13) en cas de Exemple : le dispositif de stockage par supraconducteur d’énergie
défaut, entièrement statique, n’a pas d’équivalent classique et peut magnétique (SMES) de 100 MWh, capable de délivrer 1 000 MW pen-
être obtenue de plusieurs façons : dant 10 s, peut être réalisé avec un bobinage de type toroïdal de rayons
— par effet résistif, un bobinage non inductif étant connecté en intérieur et extérieur 7,5 m et 17,5 m, et avec un courant nominal In de
série avec le réseau ; un limiteur de 25 kV, 200 A a été réalisé par 120 kA.
GEC-Alsthom et Alcatel Alsthom Recherche ; ce principe est égale- L’énergie stockée est :
ment valable en continu ;
— par un transformateur supraconducteur dont le secondaire, en 1 B2
W = ------ L i 2 = ------------  = 0,36 ⋅ 10 12 J
court-circuit, transite. Ce principe, étudié avec des supraconducteurs 2 2µ 0
à 50 Hz, a été testé avec un HTSC ;
— par un transformateur saturé par un bobinage supra- d’où L = 50 H et B = 12,1 T obtenus avec N s = 6 307 spires représen-
conducteur tertiaire (principe de l’inductance saturable) ; tant 396 km de conducteur.
— par effet inductif, la transition d’un bobinage supraconducteur Pendant la décharge, on a :
reportant le courant sur l’un de deux bobinages ayant initialement
un couplage non inductif. di/dt = 166,6 A/s
Il est utile de découpler le limiteur du réseau pendant le temps soit ∆I = 16,7 kA
de récupération (quelques secondes). sous une tension aux bornes du bobinage de :
Vmax = Vd1 – Vd2 = Ldi/dt = 8,3 kV = 1,32 V/spire
3.3.3 Stockage. Régulation
Tableau 17 – Performances de différents types
L’énergie magnétique de densité volumique B 2/ 2 µ 0 peut être
de stockage d’énergie
stockée dans un bobinage supraconducteur continu (§ 2.1). Cette
propriété, associée à un convertisseur continu-alternatif, devrait per- Rendement Densité d’énergie stockée
mettre de fournir les puissances de pointe et augmenter les marges Système de stockage
(%) (MJ · m– 3)
de stabilité des réseaux (tableau 13) [35].
Barrage-pompe 65 1 (hauteur de chute ≈ 100 m)
Malgré un rendement élevé (tableau 17) et un temps de réponse
instantané, cette application de grande taille ( ≈ 10 4 m 3 pour Batteries 75 360
500 MWh), utilisant des conducteurs supraconducteurs en régime
Air comprimé 70 7 (p = 150 bar)
quasi continu, est tributaire des contraintes mécaniques importantes
(seules les roches du sous-sol seraient capables de supporter les Capacité diélectrique 0,2
forces électromagnétiques), des systèmes de refroidissement, des Générateur homopolaire 90 200
champs de fuite, de la protection de la bobine et du traitement de
l’énergie accumulée en cas de transition. (0) Pétrole 50 30 · 103
Stockage magnétique
95 3,6 (B = 3 T)
(SMES)

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Par contre, des systèmes de taille plus modeste peuvent être 3.4 Systèmes impulsionnels
intégrés aux réseaux pour résoudre des problèmes de stabilité
(figure 15b) ou de fourniture rapide d’énergie active et réactive [32] Les systèmes impulsionnels requièrent des sources d’énergie et
(figure 15c ) et amortir les oscillations des alternateurs supra- des commutations de courants très importantes.
conducteurs ou classiques [31] [33] [34] (figure 15a ).
Des prototypes ont été essayés, le bobinage de 30 MJ, 10 MW Exemple : pour atteindre une vitesse de 3 000 m/s avec un projec-
installé sur le réseau de la BPA (Bonneville Power Authority) est le tile de 1 kg dans un canon à rails de 5 m de long ayant une inductance
premier composant supraconducteur installé à avoir été sur un linéique L ′ = 0,5 µH · m – 1 , il faut obtenir une accélération de
réseau électrique et plusieurs programmes de développement 0,9 · 106 m · s – 2, soit une force F = 0,9 · 106 N correspondant à une
(ETM aux États-Unis...) sont en cours. énergie cinétique de 4,5 MJ et un courant de 1,9 MA.

Exemple : la mise en œuvre coordonnée de plusieurs composants L’énergie magnétique emmagasinée dans un bobinage supra-
utilisant des supraconducteurs à 50 Hz a été étudiée par Alsthom, cha- conducteur peut être utilisée en décharge rapide pour constituer des
que élément étant affecté du suffixe ASC, pour alternatif supraconduc- sources d’énergie impulsionnelles nécessaires pour les lanceurs
teur. Un tel ensemble comprendrait : électromagnétiques (canons, lanceurs orbitaux) ou les lasers de
— un GASC : générateur à induit et inducteur supraconducteur; puissance. Le transfert rapide de plusieurs mégaampères peut être
— un TASC : transformateur ; envisagé avec des interrupteurs supraconducteurs.
— un RASC : régulateur de puissances active et réactive ; Exemple : les deux principaux types de canons électromagnéti-
— un DASC : prédisjoncteur-limiteur ; ques sont :
— des SASC : soupapes électriques supraconductrices. — le canon à rail utilisant les forces de Laplace sur un projectile
conducteur placé entre deux rails ; le champ magnétique propre dû au
courant peut être augmenté par un champ créé par un dipôle supra-
conducteur, améliorant ainsi l’efficacité de 50 % ;
— le canon à bobinages, qui crée une onde électromagnétique pro-
gressive portant le projectile ; il peut être constitué de bobines supra-
conductrices communiquant l’énergie libérée au cours de leur
transition au projectile.

4. Transports
Dans le domaine des transports, le train à lévitation magnétique,
les navires à propulsion électrique (§ 3.2) ou électromagnétique
sont à l’étude, en particulier au Japon.

4.1 Lévitation
La lévitation magnétique est rendue possible, grâce aux propriétés
des supraconducteurs, pour les transports et dans d’autres appli-
cations comme les paliers magnétiques ou la métallurgie.

4.1.1 Maglev
Cette dénomination est désormais appliquée au train à lévitation
magnétique (figure 16). Le principe, proposé en 1914 par un inven-
teur français Bachelet, est basé sur la répulsion entre des bobinages
supraconducteurs embarqués et les courants induits dans une
plaque conductrice ou des bobines au sol court-circuitées. Ce dis-
positif permet l’obtention de vitesses élevées. En 1979, au Japon,
un véhicule prototype (ML 500 ), propulsé par un moteur linéaire
supraconducteur, a atteint la vitesse de 517 km/h.
Exemple : une bobine de 1 m de longueur et de 0,3 m de largeur,
de fmm NI = 400 kAtr peut léviter 4 000 kg à 20 cm d’une bande d’alu-
minium de 0,5 m de large et de 2 cm d’épaisseur. Le rapport de la
portance sur la traînée est proportionnel à la vitesse Ω, conduisant à des
pertes de l’ordre de 3 W/N [36].
L’intérêt économique de cette technique n’est démontré que dans
certains cas (prise en compte de critères d’encombrement, de main-
Figure 15 – Schéma d’implantation de bobinages supraconducteurs tenance...), la traînée magnétique étant supérieure aux frottements
dans un réseau [31] [32] [33] [34] [35] d’un système à roues.
Un autre principe de lévitation, utilisant les forces attractives
induites entre un bobinage ou un aimant et une partie ferro-
magnétique, a été testé sans faire appel aux technologies supra-
conductrices.

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4.1.2 Autres applications de la lévitation

La lévitation de supraconducteurs sur des aimants est exception-


nellement stable ; c’est le cas des supraconducteurs de 1re espèce
[l’effet Meissner [D 2 700] n’entre pas dans le champ du théorème
d’Earnshaw], mais surtout celui des supraconducteurs de 2 e espèce ;
cette stabilité est liée au frottement des mouvements des vortex de
champ magnétique dans le supraconducteur.
■ Plus curieusement encore, les supraconducteurs de 2 e espèce
sont capables de flotter indifféremment au-dessus ou au-dessous
d’un aimant, ceux-ci cherchant à se mettre dans un état d’équilibre
où le champ interne est égal au champ externe. Cet effet est utilisé
pour réaliser des paliers magnétiques avec des supraconducteurs à
haute température critique, ces matériaux pouvant être utilisés sous
forme de composites dans une matrice époxyde ou métallique.
Une des applications possibles est la rotation, sans frottements,
de roues inertielles de stockage d’énergie.
Exemple : un modèle simple donne une force F = πM 2r 6/12µ 0d 4, Figure 16 – Train à sustentation magnétique
pour une sphère de rayon r et d’aimantation M lévitant à une distance d constitué de deux systèmes de bobinages supraconducteurs
au-dessus d’un plan supraconducteur dans le cas de l’effet Meissner,
soit F = 5,2 N (r = d = 1 cm, M = 0,5 T) et F = 16 πH c1 M r 3/3d 2 dans
le cas de la pénétration des lignes de flux sur une plaque supra-
conductrice d’épaisseur  soit F = 20 N (avec Bc1 = 10–2 T,  = 3 cm). — le rendement est de la forme :

■ La lévitation industrielle peut être envisagée avec des champs 1


η = ---------------------------------
magnétiques élevés permettant par exemple des procédés métallur- 1 + ( j ρ /Bu )
giques analogues à ceux obtenus en absence de gravitation et en
avec u vitesse d’écoulement dans le propulseur ;
absence de moule de fabrication. Cela conduit à la réalisation de
nouveaux matériaux. Exemple
Exemple : dans le cas des expériences réalisées pour le guidage Typiquement : j = 150 A · m –2 ; B = 6 T ; u = 10 m/s
de cathéters, des valeurs : d’où, avec 1/ρ ≈ 6 S, on a :
B dB/dz = 50 T 2/m η ≈ 61 %
ont été obtenues. — la vitesse est proportionnelle à la poussée, c’est-à-dire
Des expériences récentes, avec B dB/dz = 10 4 T 2/m, ont permis de u = α j ∧ B, où α dépend des paramètres hydrodynamiques et de la
faire léviter des matériaux très peu magnétiques comme le bois ou le forme du propulseur.
plastique et sont potentiellement intéressantes pour des applications Il s’ensuit :
en microgravité.
B2
Ces énormes gradients de forces magnétiques peuvent être aussi η = ------------------------------
-
utilisés pour arrêter, ou au contraire accélérer, les mouvements de B 2 + (ρ/α )
convention dans un fluide légèrement magnétique et ainsi modifier d’où la nécessité d’obtenir des champs magnétiques élevés, produits
les échanges thermiques. par des bobinages supraconducteurs.
■ En MHD alternative, le principal avantage est l’absence d’élec-
trodes ; le rendement est inférieur au cas précédent, le facteur de
4.2 Propulsion MHD puissance est faible et la puissance réactive doit être compensée.
La MHD permet d’exercer directement au sein d’un fluide Le rendement reste de la forme :
conducteur des forces électromagnétiques. Deux approches sont u –1
possibles pour la propulsion directe des navires dans l’eau de mer, 
η = 1 + a -------2-
B 
la faible conductivité (1/ ρ ) de ce milieu (de l’ordre de 4 S/m) étant
contrebalancée par les effets de taille (section de passage de l’eau, où a ≈ 1 est fonction de la traînée du navire.
champs magnétiques élevés) :
Il est donc indispensable, dans les deux cas, d’obtenir des champs
— soit l’utilisation de champs et courants continus ; magnétiques élevés (≈ 10 T), avec des volumes d’eau déplacés très
— soit l’utilisation de champs magnétiques alternatifs, avec le grands.
même principe que pour les moteurs linéaires à induction, des bobi-
nages primaires créant un champ glissant au sein du fluide ■ Une réalisation (figure 17) est en cours au Japon.
conducteur.
■ L’utilisation de ces principes peut être étendue à d’autres fluides
L’évaluation des forces mises en jeu [19] permet de remarquer ce conducteurs comme les métaux liquides, en vue de réaliser des
qui suit. pompes de circulation par exemple.
■ En MHD continue, en première approximation :

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Le comportement des supraconducteurs en présence de champ


magnétique est totalement différent du comportement des corps
ferromagnétiques : les premiers tendent à l’expulser, alors que les
seconds tendent à concentrer les lignes de champ. L’écrantage
supraconducteur peut être réalisé, de façon active ou passive, soit
avec des réseaux de conducteurs supraconducteurs, soit en utilisant
les propriétés diamagnétiques de plaques supraconductrices.

5.3 Applications diverses

Rappelons pour terminer l’utilisation des SQUID dans les appli-


cations géophysiques, la détection magnétique ou le contrôle non
destructif.

6. Impact des céramiques


supraconductrices (HTSC)
L’intérêt des HTSC réside en premier lieu dans les coûts directs
(investissements, fonctionnement) et indirects (isolation, fiabilité) de
réfrigération (tableau 1, § 1 p. 2). Même si une part importante des
coûts de fonctionnement correspond à la réfrigération (≈ 40 % pour
le stockage magnétique, 20 % pour un câble de transport par exem-
ple), cet avantage est réduit, dans certains cas, si un vide poussé
est nécessaire (accélérateurs), le cryopompage étant alors un auxi-
liaire précieux.
La pénétration de ces matériaux requiert d’obtenir des densités
Figure 17 – Yamato, navire mû par 2 × 6 propulseurs MHD [37] de courant critique supérieur à 10 9 A · m–2 (figure 18), avec, dans
la majorité des applications électrotechniques, des inductions de 2
à 20 T et des propriétés mécaniques suffisantes. En revanche, la
faible vitesse de propagation des zones normales implique une
5. Autres utilisations protection accrue des bobinages en cas de transition. Pour les câbles
de transport, fonctionnant sous champ propre, l’utilisation de
couches minces est appropriée.
5.1 Applications à l’espace
Exemple : les meilleurs résultats atteints, en 1990, sur des échan-
Les applications potentielles de la supraconductivité, dans le tillons massifs d’YBaCuO (figure 18) obtenus par texturation sous
domaine de l’espace, sont liées aux sources d’énergie nécessaires gradient thermique, sont à 77 K, en champ parallèle aux plans de cui-
pour des voyages de longues durées (stockage, MHD), à la propul- vre, avec des densités de courant de 3 · 108 A · m–2 sous 1 T et de
sion (lanceur électromagnétique), à la création de champs magné- 107 A · m–2 sous 30 T. Une densité de courant de 1,5 · 108 A · m–2
tiques ou aux actionneurs (moteur entièrement supraconducteur sous 7 T vient d’être obtenue au CRTBT (figure 18) sur un échantillon
réalisé par Alsthom). massif texturé sous champ [38].
L’utilisation d’aimants supraconducteurs a été proposée pour : Les possibilités démontrées avec les supraconducteurs à l’hélium
— l’analyse des rayonnements cosmiques ; liquide se trouvent confortées avec les HTSC (réductions de masse
— la protection des véhicules spatiaux contre les radiations ; et de volume, meilleurs rendements, seuil de rentabilité abaissé) ;
— le stockage d’énergie ; ainsi, certaines applications (lévitation, par exemple) pourraient
— la spectrométrie d’altitude. devenir rentables.
Peu de systèmes ont, cependant, été mis en place : aimants embar- Il n’est pas exclu que les HTSC soient utilisés à la température
qués dans Cosmos 140 et 213 (CEI), essais de propulsion dans une de l’hélium liquide pour certaines applications (très hauts champs
fusée Apache (États-Unis). magnétiques) et pour des amenées de courant.
Des gyroscopes à sustentation Meissner ont été par ailleurs testés. La valeur élevée de la résistivité à l’état normal rend ces matériaux
intéressants pour les interrupteurs (volume proportionnel à W /ρ J 2 )
ou les limiteurs supraconducteurs.
La réalisation d’aimants permanents supraconducteurs de
5.2 Écrans magnétiques quelques teslas utilisant le flux piégé est théoriquement possible,
compte tenu de la valeur de la capacité thermique de ces
matériaux [D 2 700].
L’écrantage magnétique, associé aux applications des supra-
conducteurs, est indispensable soit pour protéger l’environnement En outre, les propriétés des couches minces supraconductrices
des effets des champs magnétiques, soit pour protéger un dispositif permettent d’envisager leur utilisation comme écrans, la couche
de mesure très sensible aux effets du champ magnétique. supraconductrice étant projetée ou déposée comme une simple
peinture.

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MACHINES CRYOÉLECTRIQUES ___________________________________________________________________________________________________________

En fusion thermonucléaire contrôlée, l’Europe possède actuelle-


ment le plus grand système de confinement supraconducteur,
Tore-Supra, en service depuis 1987 à Cadarache.
La première application commerciale est apparue, pendant les
années 80, avec les bobines supraconductrices de l’Imagerie médi-
cale par Résonance Magnétique (IRM) : dès que le champ utile atteint
ou dépasse 0,5 T, ces aimants sont moins coûteux à la construction
et à l’exploitation que les équipements classiques.
Certains appareils supraconducteurs peuvent donc être compé-
titifs et la question se pose de savoir pourquoi la supraconductivité
n’a pas su prendre, depuis 80 ans, une part du marché du matériel
électrique industriel.
Un effort mondial de développement de cryoalternateurs à induc-
teur supraconducteur a été presque partout interrompu par la crise
de l’énergie de 1982. La CEI et l’Allemagne ont continué sur un
rythme ralenti. Le Japon ne cesse d’augmenter son effort et prépare,
pour 1995 ou 1996, les essais de trois cryoalternateurs de 70 MVA ;
les développements dans la construction électrique sont très longs
et très coûteux.
Depuis 1983, il est devenu possible d’envisager l’emploi de la
supraconductivité en courant alternatif : techniquement, tout le
Figure 18 – Performances des supraconducteurs (pour la courbe VI, point
marché du matériel électrique est devenu accessible ; économique-
donné par la référence [38])
ment, cela reste à démontrer en deux étapes : essais de machines
de caractéristiques industrielles et essais de prototypes.
Ces deux étapes, indispensables pour acquérir toutes les données
7. Conditions techniques et économiques nécessaires aux bilans financiers des
utilisateurs, peuvent demander une dizaine d’années d’efforts
d’industrialisation coûteux. Le temps de retour de l’investissement correspondant est
donc d’une quinzaine d’années au mieux, trop long pour les
constructeurs mondiaux de matériel électrique confrontés quoti-
Aujourd’hui, la supraconductivité est utilisée dans de grands ins- diennement à une concurrence sévère.
truments de recherche : accélérateurs de particules et tokamak. Des
collisionneurs de particules comme le Tevatron (près de Chicago) Il y a donc là un grave problème de financement du risque tech-
ou HERA (à Hambourg) utilisent chacun plus de mille aimants supra- nico-économique. Seul aujourd’hui le Japon y a trouvé une solution,
conducteurs de manière satisfaisante depuis leur mise en service. par exemple avec le programme Super GM de développement de
cryoalternateurs dans le cadre d’une coopération du gouvernement
La fiabilité de ces équipements est bonne, comme le montre avec le secteur privé.
l’expérience d’exploitation de la grande chambre à bulles BEBC (Big
European Bubble Chamber ) du Centre Européen de Recherche
Nucléaire (CERN) à Genève : 80 000 h de marche continue à 4,5 K
de 1974 à 1984, date d’arrêt des expériences.

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P
O
U
Machines cryoélectriques R

E
par Yves BRUNET N
Professeur à l’Institut National Polytechnique de Grenoble - CNRS
Centre de Recherches sur les très basses températures (CRTBT )
Jean-Louis SABRIÉ
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