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CONFERENCE – DEBAT SUR LA MONNAIE

UNIQUE DE LA CEDEAO : ECO


Présenté par :
AVANTAGES ET INCONVENIENTS SUR LES
DR IBRAHIM BOCAR BA
ECONOMIES FAIBLES: CAS DU MALI
❑ Ancien Commissaire en charge des Politiques
macroéconomiques et de la Recherche
Économique ;

❑ Conseiller Spécial du Président de la


République en charge des Politiques
économiques ; Bamako, le 04 janvier 2020
1
SOMMAIRE
I. PRESENTATION DE LA CEDEDAO ;
II. PROCESSUS DE L’INTÉGRATION
MONÉTAIRE ;
III. PRISE EN CHARGE POLITIQUE DU
DOSSIER MONÉTAIRE ET ÉVOLUTION
RÉCENTE. 2
I. PRESENTATION DE LA CEDEAO :
A. LA CEDEAO EN CHIFFRES :
❑ 15 pays membres ;
❑ 8 pays francophones, 5 Anglophones et 2 lusophones ;
11 PMA et 4 Non PMA (Cap Vert, Côte d’Ivoire, Ghana et
Nigeria) ;
❑ 8 monnaies : Franc CFA, Cedi, Dalasi, Escudo, Franc
Guinéen, Leone, Naira et Dollar Libérien ;
❑ Marché Régional de 339 millions de consommateurs, plus
de 400 millions d’ici à 2020 ;
❑ Superficie : 5,6 millions km2 3
❑ PIB 629, 5 milliards de dollars Us en 2018 dont Nigeria 421,
8 milliards de dollars US ou 67%, Ghana 65, 6 milliards de
dollars US ou 10, 4% RCI 41, 7 milliards de dollars US ou 6, 6
%, Gambie la plus petite économie 953, 2 millions de dollars
US ;
❑Mali : 15,29 milliards de dollars (2017),
❑ Revenu moyen par habitant 1672 dollars US dont Cap-Vert
2421 dollars US, Ghana 2213 dollars US, Nigeria 2128 dollars
US ;
❑ Population totale 376, 4 millions d’habitants dont Nigeria
198 millions ou 52, 7%, Ghana 30 millions ou 7, 9%, RCI 25
millions ou 6,7%.
Taux de croissance 2014 = 6.1%, 2015 : 4,2 % ; 2018= 3,1% 4
TAUX DE CROISSANCE DES ETATS MEMBRES DE LA CEDEAO
2017 2018 2019

13,4

8,7
7,5
6,6 8,8
7,7 8,1 6,9
6,8 7,4 4,9
7,1
6,3 6,3 6,7 6,5 6,7
6 6,3 4,9 4,9
5,8 5,4 5,9 5,9 5,4
5,5 5 5,2 5,4
5 5
4,6 3,8 4,4 3,4
4 3,8 3,7
2,5 2,1
1,9
1,3
0,8
0,4

BENIN BURKINA CAP RCI GAMBIE GHANA GUINEE GN LIBERIA MALI NIGER NIGERIA SENEGAL SIERRA TOGO
VERT BISSAU LEONE

5
B. Objectifs CEDEAO
Intégration dans tous les domaines d’activité :
❑ Commerce, Industrie, Agriculture et
Environnement, Infrastructures, Santé, Éducation,
Finances, Économie et Monnaie ;
C. Vision 2020 :
Juin 2007, tenu à Abuja d’un Sommet des Chefs d’État
et de Gouvernement qui a pris la décision de
transformer le Secrétariat Exécutif en Commission et “
CEDEAO des États en CEDEAO des Peuples ”.
6
Six principaux chantiers :
❑ Paix, Sécurité et stabilité, Droits de l’Homme et Bonne
Gouvernance ;
❑ Libre circulation des personnes, des biens, des services, des
capitaux, droit d’établissement et de résidence en vue création
d’un Marché Commun et Intégration économique et monétaire ;
❑ Agriculture, Sécurité Alimentaire et renforcement des capacités
productives ;
❑ Infrastructures (transports terrestre, aérien, ferroviaire,
Énergie) ;
❑ Réformes institutionnelles ;
❑ Renforcement des capacités.
7
II. PROCESSUS DE L’INTÉGRATION MONÉTAIRE
A. FONDEMENTS THÉORIQUES DE L’INTÉGRATION
MONÉTAIRE
• Le projet d’intégration monétaire recèle un intérêt crucial
dans le contexte de la globalisation économique et
financière. Il apparaît comme une étape décisive pour une
insertion efficace dans l’économie mondiale.

• Les enjeux se déclinent en termes de croissance du


commerce intra-régional, d’émergence d’un pôle
économique attractif, mais aussi de stabilité
macroéconomique ;
8
• La CEDEAO, pour sa monnaie unique, se fonde sur
les critères traditionnels de la théorie des zones
monétaires optimales (ZMO) ;

• L’analyse traditionnelle des ZMO qui a été initiée


par Mundell (1961), Mac Kinnon (1963) et Kennen
(1969).
Elle souligne les avantages économiques de
l’intégration monétaire et précise les conditions
optimales de sa réussite.
9
(Suite)
Dans cette analyse, les critères d’optimalité d’une zone
monétaire font référence notamment aux critères suivants
qui doivent être des conditions optimales :
• La taille des économies ;
• Leur degré d’ouverture ;
• Le caractère asymétrique ou non des chocs ;
• La flexibilité du marché du travail.
Il y a bien entendu beaucoup de controverses sur l’intérêt des
taux de change fixes ou des taux de change flexibles face à
des chocs notamment par rapport à notre appartenance à la
zone franc. 10
• Pour Mac Kinnon, la taille des économies est un critère
important d’optimalité des zones monétaires.
• Il en est de même de l’ouverture économique qui
procure une plus grande résilience, c’est à dire la
capacité à faire face aux chocs exogènes ;
• En plus de ces critères traditionnels, il y a les critères de
convergence macroéconomique sur lesquels nous
reviendrons amplement ;
• Tels sont les soubassements théoriques de la Monnaie
Unique de la CEDEAO sur lesquels il ne faut pas
s’attarder, mais sur l’expérience pratique du processus
de création de la Monnaie Unique de la CEDEAO ;
11
B. Qu’est-ce que l’intégration monétaire ?

•L’intégration monétaire devrait être


perçue comme le stade ultime du
processus d’intégration économique ;

12
C. Qu’est-ce qu’une Union monétaire ?
Une Union monétaire est un espace au sein
duquel les taux de change sont consacrés par
des relations permanemment fixes les uns avec
les autres et où les monnaies des membres sont
pleinement convertibles, les unes les autres ;

13
Une union monétaire comprend les éléments
suivants :
• Une autorité monétaire unique et une
Banque centrale commune ;
• Une monnaie commune ;
• Une politique monétaire commune ;
• Une harmonisation des politiques
budgétaires ;
• Une gestion commune des réserves
extérieures de change ;
• Une importante mobilité des facteurs. 14
D°) IMPORTANCE ET AVANTAGES DE L’INTÉGRATION
MONÉTAIRE ET POURQUOI LA MONNAIE UNIQUE DE LA
CEDEAO

❑ Générer des économies d’échelle et une


compétitivité accrue ;

❑ Procurer un cadre propice pour traiter des


externalités transfrontalières ;

❑ Favoriser l’harmonisation des Politiques


macroéconomiques ; 15
❑ Stimuler le commerce, l’investissement et
la croissance en réduisant les incertitudes
liées aux fluctuations du taux de change et
aussi des coûts de transactions ;

❑ Favoriser une meilleure allocation des


ressources, y compris le travail, ainsi que
toute forme de contrôle de capital qui est
supprimée ;
16
❑Accélérer le processus de l’intégration
budgétaire ;
❑Permettre une meilleure coordination des
politiques ;
❑Une Union à 15 offre un socle économique plus
solide ;
En créant la CEDEAO par le traité du 28 Mai 1975, ses
pères fondateurs étaient convaincus que face à la
marginalisation des États Africains l’intégration
africaine était l’unique voie pour eux d’unir leurs
efforts pour un développement harmonieux et durable.
17
La coexistence de plusieurs monnaies dont la plupart
sont inconvertibles rend à la fois difficile et onéreux
les coûts de transactions.

La monnaie par essence est un attribut de la


souveraineté et donc un droit régalien auxquels
tiennent les pays.

Le Mali notre pays plus que tout autre sait l’intérêt


d’assoir la monnaie sur un socle économique solide
après avoir vécu quatre (04) expériences
monétaires.
18
E. Coûts d’intégration monétaire ou inconvénients

• Perte d’autonomie monétaire ;


• Perte de la flexibilité en réponse aux chocs
spécifiques des pays, ceci est peut-être le
coût le plus important ;
• Externalités négatives provenant des retards
des pays et les chocs asymétriques qui ont
tendance à impacter sur certains pays et non
les autres ;
• Nécessité de coûts d’ajustement ; 19
•Développement irrégulier ou inégalités
régionales,
Ceci explique les raisons de la création d’un
fonds de Solidarité ;
•Risque d’importation de l’inflation des
pays à inflation élevée,
Raison pour laquelle, l’accent est mis sur la
convergence macroéconomique.

20
E) Principales étapes du processus d’intégration
monétaire de la CEDEAO et résultats obtenus.

• 1983 : Idée de créer une Monnaie Unique au


sein de la CEDEAO lancée par la Conférence des
Chefs d’Etat et de Gouvernement (Décision
A/Dec6/12/85) ;
• 1987 : Adoption d’un programme de
coopération monétaire de la CEDEAO (PCMC) ;

21
• Traité révisé du 24 Juillet 1993 qui stipule en son
article 3 au paragraphe 2 (e) que (l’action de la
communauté portera entre autre sur la création
d’une union économique par l’adoption des
politiques communes dans le domaine de
l’économie, des finances, des affaires sociales et
culturelles et la création d’une union monétaire).

• 1999 : Adoption des critères de convergence


macroéconomique de la CEDEAO

22
•2000 : Le 30 avril, les Chefs d’Etat et de
Gouvernement de six États membres de la
CEDEAO ont fait une déclaration
Déclaration d’ACCRA mettant en place la Zone
monétaire de l’Afrique de l’Ouest (ZMAO),
comprenant la Gambie, la Guinée, le Liberia, le
Nigeria et la Sierra Leone, dans le cadre de
l’objectif de la zone monétaire unique de la
CEDEAO.
23
Le 15 décembre 2000, à Bamako, les Chefs
d’Etat et de Gouvernement (excepté celui du
Liberia) ont signé l’Accord de la ZMAO.

Le Liberia a adhéré à l’accord de la ZMAO en


février 2010

24
• 2001 : Adoption d’un Mécanisme de
Surveillance Multilatérale dans le contexte
de la coordination des politiques
économiques et financières des États
membres jugée comme un préalable à la
création de l’Union Économique et
Monétaire (Décision A(Déc/7/12/01));

25
En raison des reports de la mise en place de la deuxième
monnaie régionale, la Conférence des Chefs d’Etat et de
Gouvernement a instruit à Abuja, le 15 juin 2007, la
Commission de la CEDEAO de réexaminer le processus
d’intégration monétaire en vue d’accélérer le lancement de
l’union monétaire régionale.

Cette directive de l’Autorité a entrainé une série de


réunions des institutions impliquées et couronnée par
l’adoption par le Conseil de convergence de la CEDEAO, le
25 mai 2009, de la feuille de route pour le programme de
Monnaie Unique en 2020 ;
26
F) ECHÉANCES SUCCESSIVES DE CREATION DE LA
SECONDE MONNAIE REGIONALE (ECO)

• 1ère date : janvier 2003 ;


• 2ème date : décembre 2005 ;
• La déclaration de Banjul et le Plan d’action
2005 ont visé décembre 2009, 3ème date non
tenue ;

27
L’état de préparation des États membres de la
ZMAO a montré que les États, en partie, en
raison de la crise financière et économique
globale, n’ont pas pu satisfaire aux critères de
convergence et respecter les autres
conditions structurelles nécessaires pour une
union monétaire.

• 4ème date : 1er janvier 2015.


28
Par rapport à tous ces objectifs, quels
sont les progrès obtenus ?

J’ai parlé en introduction des chantiers de la


CEDEAO.

Ceux-ci concourent tous au renforcement de


l’intégration économique, base essentielle pour
l’intégration monétaire.
29
PAIX SECURITE ET STABILITE, DROITS DE L’HOMME
ET BONNE GOUVERNANCE

La Région avait été confrontée ces derniers temps à


trois (3) crises politiques et institutionnelles
majeures (Mali, Guinée Bissau et Burkina Faso) :
• La crise s’est déportée au Centre avec d’énormes
pertes en vies humaines et de biens. Des efforts
sont en cours pour juguler cette crise et on
observe une légère accalmie dans les cercles
exondés de la Région de Mopti ;
30
•La crise en Guinée Bissau connait une
évolution en dents de scie ;
•La crise au Burkina Faso après plusieurs
rebondissements s’est estompée avec des
élections présidentielles et législatives
tenues dans de bonnes conditions.
•Toutefois, elle s’est ravivée dans la partie
sahélienne de ce pays.

31
• DOMAINE DES INFRASTRUCTURES
Transports : le corridor Abidjan – Lagos, avec une
autoroute à 6 voies avec un début de réalisation ; la
boucle ferroviaire Cotonou- Niamey-Ouagadougou-
Abidjan,
Énergie : Dons au Mali, à la Gambie et à la Sierra
Leone d’un montant de 108 millions de dollars dont la
moitié, 54 millions sont revenus au Mali pour le
renforcement des capacités énergétiques notamment
à Bamako et dans le Septentrion.
32
Agriculture : création d’une réserve
alimentaire de la Région avec une première
allocation de 25 millions de dollars US.
CREATION DE LA ZONE DE LIBRE-ECHANGE
Une zone de Libre Échange a été créée avec
l’adoption du TEC CEDEAO le 25 Octobre 2013 à
Dakar, applicable à partir de janvier 2015 ;
A cette date, tous les pays de la région
appliquent le TEC ;
33
• NEGOCIATIONS APE (Afrique de l’ouest-UE)
Une avancée significative dans les négociations de
l’Accord de Partenariat Économique (APE) Afrique de
l’Ouest /Union Européenne jusqu’au bouclage de celles-
ci à Dakar en 2014 ; Il est vrai que le Nigéria et la
Gambie n’ont pas voulu signé l’Accord.
Le Nigéria avance à ce niveau deux raisons principales :
1. L’insuffisance du montant concédé, soit 6,7
milliards de FCFA pour l’ensemble de la Région ;
2. L’impact défavorable de l’Accord sur son tissu
industriel ;
34
• CONVERGENCE DES POLITIQUES
MACROECONOECONOMIQUES

La convergence des politiques


macroéconomiques vise une surveillance
multilatérale accrue des États, le
renforcement des systèmes de paiement et
une meilleure prise en charge du dossier de
la Monnaie unique de la CEDEAO.
35
CROISSANCE ECONOMIQUE DE LA REGION
AFRIQUE DE L’OUEST

La Région Afrique de l’Ouest a enregistré un


taux de croissance robuste de 6,3% en 2013,
6,1% en 2014 devenant ainsi la plus
performante des 8 Régions de l’Union Africaine
en termes de croissance économique.

36
Toutefois en 2015 le taux de croissance de la
région a fléchit à 4,2% ceux qui place
l’Afrique de l’Ouest au second rang des
organisations régionales.
Depuis 2015, la croissance de la région a
poursuivi son fléchissement (3,1% en 2018).
L’intérêt de cela, est que la Monnaie
régionale puisse être assise sur un socle
économique solide.
37
• Qu’est-ce que le Produit Intérieur Bruit d’un pays
(PIB) ?
Le PIB d’un pays, c’est l’ensemble des biens et
services créés au cours d’une année, en un mot
c’est le stock de richesses produit par celui-ci.
Le taux de croissance économique retrace la
progression annuelle de cette richesse.
On a coutume de dire que la croissance ne se
mange pas, ceci à cause du peu d’impact de cette
croissance sur l’amélioration des conditions de vie
des populations concernées.
38
Si on veut mesurer cet impact, il faut savoir qu’il
y’a des activités qui génèrent plus que d’autres,
l’amélioration des conditions de vie des
populations.
Par exemple l’agriculture notamment le coton
génère des effets induits plus favorables aux
populations que l’or dont les conditions
d’exploitation sont plus capitalistiques.
On dit que les projets agricoles sont pro-pauvres, à
l’inverse du secteur minier qui profite davantage à
l’investisseur.
39
Ceci étant je dirai qu’au Mali la croissance a permis à l’Etat
d’engranger des recettes fiscales grâce auxquelles, elle a
pu faire face aux revendications des travailleurs dont la
satisfaction permet d’accroitre les revenus des travailleurs
et partant d’améliorer leurs conditions d’existences.
La dernière remarque à ce sujet est de préciser que la
croissance économique s’apprécie aussi à travers le taux
de progression démographique.

Exemple : pour le cas du Mali si le taux de croissance a été


de 4,9% en 2018. Avec un taux de progression
démographique de 3,6% il ne restera qu’un surplus de 1,3%
pour l’investissement. 40
III. PRISE EN CHARGE POLITIQUE DU DOSSIER
MONÉTAIRE ET ÉVOLUTION RÉCENTE
❑ 43ème Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement
tenu à Abuja les 17 et 18 juillet 2013, instruisant le
Président de la Commission de la CEDEAO d’accélérer
le processus de convergence macroéconomique ;
❑ Sommet extraordinaire des Chefs d’Etat et de
Gouvernement à Dakar, le 25 octobre 2013 désignant
les Présidents du Niger Issoufou Mahamadou et John
Dramani MAHAMA du Ghana pour assurer la supervision
du dossier de la Monnaie Unique de la CEDEAO.
41
Par la suite, le Président du Nigéria et celui de la
Cote d’Ivoire ont été inclus dans la Task Force en
raison du poids de leurs économies, soit
respectivement 67% du PIB de l’Afrique de l’Ouest et
40% du PIB de l’UEMOA ;

• Création de la Task Force Présidentielle de haut


niveau sur la Monnaie unique de la CEDEAO, suite à
ces visites ;
Les premières réunions de la Task Force ont permis
de relever les principales contraintes que sont :
42
• La nouvelle approche adoptée par la Task
Force vise à supprimer l’approche en 2 étapes
à savoir la création de la ZMAO, ensuite la
fusion de celle-ci avec la Zone UEMOA.

Cette nouvelle approche recommande d’aller


directement à la création de la Monnaie unique
en 2020.

43
Les raisons sont les suivantes :
• Coûts élevés de l’étape ZMAO, ensuite si on peut
fusionner 7 banques, il n’y a pas de raison de ne
pas pouvoir le faire pour 8 banques.

En réalité, la Task force présidentielle de haut niveau


a analysé 3 options :

• Option une : Approche Big-Bang consistant à aller


vers la monnaie unique en 2020, la convergence
macroéconomique sera réalisée à posteriori
44
Cette approche aura l’inconvénient de ne pas fournir à la
monnaie unique un socle de convergence indispensable.

Option progressive : la Monnaie peut être lancée


avec tous les pays qui répondent aux 4 critères
primaires de convergence en 2020. Les autres
adhèreront dès qu’ils répondront à tous les critères
primaires de convergence.
Cette option a l’avantage d’être basée sur des
principes macroéconomiques sains

45
•Approche Mass critique : avec cette
option, l’Union monétaire commencera en
2020 à condition qu’une « masse critique de
pays » constituant au moins 75% du PIB de
la CEDEAO satisfassent les critères de
convergence.

46
• 44ème Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement
tenu à Yamoussoukro les 28 et 29 mars 2014 :
Les principales propositions suivantes ont été retenues
par le Sommet :
❑ Maintien de l’échéance 2020 et suppression de l’étape
ZMAO ;
❑ Rationalisation des critères de convergence ;
❑ Répartition des tâches entre les États membres, la
Commission et les autres Institutions et les Banques
centrales ;
❑ Élaboration d’une nouvelle feuille de route.
47
Il a été conclu ce qui suit avec des questions à
trancher :
Les progrès réalisés en 2013 procèdent du regain
de la volonté politique des Chefs d’Etat et de
Gouvernement d’accélérer le processus
d’intégration dans tous les domaines, y compris
monétaire. Cet élan doit être maintenu.
Nous devons tout mettre en œuvre pour créer les
conditions du respect de cette nouvelle date pour
la crédibilité de nos Gouvernements et de nos
Institutions en vue du respect scrupuleux de la
nouvelle feuille de route. 48
•Justifier d’un socle économique solide
comme support de la Monnaie Unique de
la CEDEAO ;

•Impliquer le secteur privé et la société


civile régionale ;

•Procéder à une vaste communication en


vue d’une bonne appréciation du dossier.
49
Quelle est à présent l’évolution du dossier de la
Monnaie unique de la CEDEAO ?
PREMIERE ETAPE :
La réunion du Comité Ministériel sur le Programme de la
Monnaie Unique de la CEDEAO, tenue à Abidjan (RCI), les
17 et 18 juin 2019, après ses délibérations, a décidé de ce
qui suit :
• Au titre du régime de change, il a été retenu un
régime de change flexible assorti de ciblage d’inflation
comme cadre de politique monétaire ;
• S’agissant du modèle de la future Banque centrale
de la CEDEAO, il a été convenu l’adoption du Modèle de
système fédéral des Banques centrales ;
50
• Sur le choix de la dénomination de la Monnaie
Unique de la CEDEAO, le consensus s’est dégagé
autour de la dénomination « ECO » ; Toutefois, un
accord n’a pu être trouvé sur le symbole. A cet égard, il a
été recommandé d’approfondir les réflexions sur le
symbole à associer au nom « ECO ».
• Concernant l’état de convergence
macroéconomique, les États membres sont invités à
prendre les mesures idoines en vue de respecter de
manière durable les critères de convergence
macroéconomiques en tant que condition sine qua
none pour la création d’une union monétaire crédible
au sein de la CEDEAO ; 51
• En vue de permettre une meilleure évaluation
des chantiers de convergence, les États membres
sont exhortés à prendre des dispositions diligentes
pour élaborer et transmettre à la Commission de la
CEDEAO, leur programme pluriannuel 2020-2024 au
plus tard le 31 octobre 2019 ;
• S’agissant des retards dans la mise en œuvre
des activités de la feuille de route révisée, les
capacités humaines des institutions régionales
impliquées dans sa mise en œuvre devront être
renforcées en vue de leur permettre d’accélérer
l’exécution des activités programmées. 52
Que faut –il attendre de toutes ces décisions ?
• Option en faveur d’un régime de change flexible :
• L’option prise en faveur d’un régime de change
flexible va à contre-courant du régime de change fixe
en vigueur dans les pays de l’UEMOA.
• Elle s’explique par le fait qu’avec un régime fixe, on
ne peut pas agir sur la parité de la monnaie, alors
que la formule de taux de change flexible permet
d’utiliser le taux de change comme un moyen de
politique économique pour relancer les exportations,
sinon l’économie ;
53
Il s’agira pour les Chefs d’État de choisir la
meilleure formule dans la mesure où le taux de
change fixe a toujours fait l’objet de critiques
véhémentes avec le Franc CFA.

Peut-être qu’avec la déconnection des relations


ombilicales avec la France via le compte
d’opérations, la formule de taux de change flexible
serait mieux adaptée pour procéder à des
dévaluations compétitives.
54
•S’agissant du modèle de la future Banque
centrale de la CEDEAO :
À ce sujet, il faut dire que l’étude avait proposé
deux modèles pour la future Banque centrale de la
CEDEAO : le modèle unitaire (BUM) et le système
fédéral (SFM).
Le Groupe de travail a recommandé l’adoption du
modèle de système fédéral pour la future Banque
centrale de la CEDEAO.
55
•Quelle est la signification de l’une ou
de l’autre option ?
Le modèle unitaire conduira à désigner un seul
Gouverneur qui assurera la supervision de toutes les
Banques centrales de la Région en lieu et place d’un
gouverneur pour les huit États de l’UEMOA et les sept
gouverneurs des autres États membres.
Les Gouverneurs des Banques centrales en général,
et en particulier celui du Nigéria, n’adhèreront
jamais à cette formule qui leur fera perdre leurs
prérogatives.
56
De plus, les autres États mêmes sont réticents, car
cela les priverait des moyens d’actions sur leur
principal instrument monétaire.

Il y a des Banques Centrales qui ont toujours recours


aux avances statutaires.

Le système fédéral permettrait d’avoir un chapeau


global en conservant des prérogatives de chacune des
Banques centrales, tout en préservant les règles de la
politique de convergence macroéconomique.
57
• Concernant l’état de convergence
macroéconomique
En termes de croissance économique, la région a
enregistré un taux de croissance de 3,1% en 2018 contre
2,3% en 2017.

En ce qui concerne l’état de convergence


macroéconomique, les performances des États membres
seront légèrement détériorées par rapport à celles de
2017.
On observe que pour le déficit budgétaire, seuls cinq pays
respectent la norme contre sept en 2017.
58
Par contre, les taux d’inflation se sont améliorés,
ainsi que le financement du déficit budgétaire à
savoir par la Banque centrale.
Globalement, aucun pays n’a respecté tous les
critères de convergence en 2018 contre trois en
2017 dont le Mali.
Seuls deux pays ont respecté les critères de
convergence de premier rang en 2018 contre
quatre en 2017.

59
D’une manière générale, le respect des critères de
convergence par les États membres ne s’est pas inscrit dans
la durée. L’évolution est plutôt erratique.
En vue de permettre une meilleure évaluation des
chantiers de convergence
Le rapport des experts a montré que la mise en œuvre de la
feuille de route enregistre des retards importants liés aux
difficultés des pays à fournir des statistiques crédibles et à
jour.
Au total, la faiblesse relative du taux moyen de croissance de
la région (autour de 3%) contre une démographie galopante
de 2,4% montre qu’il sera difficile de dégager un surplus pour
l’investissement, première faiblesse.
60
Il y a aussi que cette croissance ne s’inscrit
pas dans la durée. Deuxième faiblesse.

Il faut également signaler une régression dans


l’observation d’un critère de convergence très
important, celui du déficit budgétaire, qui
s’ajoute à un déficit élevé de la balance
courante affectant le niveau des réserves de
change. Troisième faiblesse.
61
• En raison de tous ces facteurs, quelle que
puisse être la volonté politique des Chefs
d’État, il sera très difficile de respecter
l’échéance de 2020.
C’est peut-être pour cela que les experts qui
n’osent pas demander un report de date,
parlent de déficit d’informations statistiques à
combler afin que les Chefs d’État eux-mêmes
franchissent le pas.

62
Seconde étape ou évolution récente

Le Togo est le pays le plus performant au premier semestre


de 2019, suivis de Cabo Verde et du Mali.
Les prévisions indiquent qu'à la fin de l’année 2019, six (6)
États membres (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali,
Niger et Togo) respecteraient l’ensemble des critères.
Cependant, aucun pays ne devrait satisfaire de manière
durable (trois années consécutives) tous les critères de
convergence à fin 2019.
Proposition sur le nom de la Banque centrale de la
CEDEAO
A l’issue des échanges, le Comité Ministériel a retenu les
deux propositions suivantes à soumettre à la Conférence
des Chefs d’Etat et de Gouvernement au sommet du 21
décembre 2019.
Ce sont, par ordre de préférence :
• Banque Centrale de l’Afrique de l’Ouest (BCAO) ;
• Banque Centrale Ouest-Africaine (BCOA). ;
Rapport de la réunion du groupe de travail sur le nom et le
symbole de la monnaie unique de la CEDEAO
Le Comité ministériel a examiné les cinq symboles proposés dans le
rapport du Groupe et en a retenu les deux (2) ci-après par odre de
préference à soumettre aux Chefs d’Etat pour un choix définitif:

1er 2ème
Tout récemment, le 22 décembre 2019, le Président de la
République de Côte d’Ivoire, Président en exercice de la Commission
de l’UEMOA déclarait ceci :

« Les Chefs d’État de l’ UEMOA ont décidé du changement du nom de la


monnaie, de Franc CFA à ECO ; de la suppression du compte d’opérations au
trésor français et du retrait des Représentants de la France de tous les
Organes de décision et de gestion de l’UEMOA »

Pour le Président OUATTARA, « la réforme du F CFA prend en compte notre


volonté de construire notre futur de manière responsable, afin d’attirer les
investissements privés, de créer des emplois et de poursuivre le
développement économique de nos pays ».
Avant tout commentaire, rappelons en
quelques mots les inconvénients et
avantages du Franc CFA, auquel nous avons
décidé de renoncer.
FRANC CFA
Création: depuis 1945 et resté en vigueur jusqu’à cette
date.
En prenant un à un les reproches faits au Franc CFA, on
pourrait aussi citer quelques avantages.
En termes de reproches, on évoque généralement :
❑ Le sigle FCFA qui signifierait : Franc des Colonies
Françaises d’Afrique ; en réalité Communauté Financière
Africaine qui a un relan colonial ;
❑ Les réserves de devise des pays de l’UEMOA logées au
Trésor Français qui profiteraient davantage à la France ;
❑ Une politique de crédit restrictive ; 68
❑ La fabrication des billets CFA à Chamalières,
commune située dans la Région d’Auvergne –
Rhône-Alpes, alors que les autres pays
africains produisent eux-mêmes leurs billets ;

❑ L’absence de convertibilité des monnaies


des deux zones CFA (Afrique de l’Ouest et
Afrique Centrale).

69
Les aspects favorables concernent :

❑ La stabilité de la monnaie CFA ;


❑ La convertibilité illimitée du FCFA
avec l’Euro;
❑ La monnaie unique qui favorise
l’intégration des économies, etc.,
70
Comment interpréter cette nouvelle évolution ?
1. Le changement de nom, la suppression du
compte d’opération et le rapatriement des
réverses de change autrefois logées au
Trésor Français (compte d’opérations), le
retrait des représentants de la France au
Conseil d’Administration constituent des
changements non négligeables par rapport
aux critiques des uns et des autres.
Comment interpréter cette nouvelle évolution ?

2. Toutefois, le lien ombilical avec la France


en termes de garantie et la fixité du taux de
change demeurent sous d’autres formes à
clarifier, en contradiction avec l’option de
taux de change variable de la CEDEAO.
3. Le plus important sera la nouvelle politique
monétaire et du crédit qui sera mise en œuvre par la
Banque Centrale et l’impact sur le financement de
nos économies.
Toutes ces données ne semblent pas claires à ce
stade.

C’est ultérieurement, que nous aurons la vraie


mesure de la portée de cette grande décision du
remplacement du Franc CFA à l’ECO.
Pour toutes ces raisons, on ne peut à ce stade
d’informations disponibles parler d’avantages,
mais d’importants défis à surmonter, tels : le
financement de l’économie, l’industrialisation et
la réduction de la pauvreté.
En outre, la fixité du taux de change serait un
inconvénient majeur pour la relance de nos
exportations.
L’objectif véritable du
remplacement du Franc CFA en
ECO est de pousser les autres
Etats membres à adhérer à cette
zone monétaire.
Dans tout cela, où se trouvent nos intérêts en
tant que maliens ?
Pour des maliens que nous sommes, notre pays a
connu quatre expériences monétaires.

La monnaie nationale, le Franc Malien de 1962 à


1968.
Cette expérience a abouti à des résultats mitigés.

76
En termes de financement du développement le Franc
Malien a permis à notre pays de se doter d’un tissu
industriel respectable avec toutefois, un
effondrement des réserves de devises.

En raison de l’enclavement du pays, de l’hostilité de


la France et des voisins, l’expérience a tourné court
et nous avons négocié notre retour dans des
conditions d’extrêmes faiblesses avec au bout une
sévère dévaluation.

77
Ensuite, nous sommes passés à l’étape de la coopération
bilatérale avec la France de 1968 à 1984.

En 1984, retour à l’UMOA, et par la suite une


dévaluation du Franc CFA le 11 janvier 1994 ;

La leçon à en tirer est qu’il est difficile dans les


conditions d’enclavement de notre pays,
d’hostilité de la France et des Voisins, et de
consommation extravertie, sans un sens élevé de
sacrifices de gérer une monnaie ;
78
En tant qu’Africain et héritier du
Président Modibo KEITA, nous nous
sentons tous quelque peu humiliés, de
voir notre monnaie, instrument de
souveraineté demeurer sous la tutelle
de l’ancienne puissance tutrice, c’est-
à-dire la France ou l’Union
Européenne.
79
Il y a aussi que la France ou l’Union
Européenne pourrait un jour décliner
cette tutelle, surtout avec toutes les
critiques qui fusent.
C’est d’ailleurs à cause de ces critiques
que nous allons nous séparer du Franc CFA
sous peu avec l’avènement de l’ECO dont
nous ne savons pas à cette date le sort
que cette monnaie nous reservera.
80
Le plus important pour nos Etats sera de se
préparer à assumer progressivement la
responsabilité de gérer leur monnaie avec
plus de chance de réussite dans le cadre
d’un espace plus vaste comme celui de la
CEDEAO.
En termes de conclusion et de
recommandations,
je dirai qu’à cette date, la région Ouest
Africaine, n’est pas encore prête pour 2020
comme le témoignent toutes les
recommandations des experts et les
convergences macroéconomiques insuffisantes.
Au total, par rapport à l’ECO, et sur la base des
informations disponibles, personne ne peut
affirmer avec exactitude le sort que cette
monnaie nous réservera. 82
Je vous remercie de votre aimable
attention.

83
CONFERENCE – DEBAT SUR LA MONNAIE UNIQUE DE LA
CEDEAO : ECO

AVANTAGES ET INCONVENIENTS SUR LES ECONOMIES


FAIBLES: CAS DU MALI

QUESTIONS - REPONSES

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