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2019R01FR
REVUE DU GUIDE
PRATIQUE DE
DIMENSIONNEMENT DES
CHAUSSÉES POUR LES
PAYS TROPICAUX
GROUPE DE TRAVAIL AGEPAR AIPCR
À PROPOS
L’Association mondiale de la Route (AIPCR) est une organisation sans but lucratif, fondée en 1909 pour
améliorer la coopération internationale et pour encourager les avancées en matière de routes et de transport
routier.
L’étude, objet du présent rapport, a été définie dans le Plan stratégique de l’AIPCR 2016-2019 approuvé par
le Conseil de l’Association mondiale de la Route dont les membres représentent les gouvernements des pays
qui en font partie. Les membres du Comité technique chargés de ce rapport ont été choisis par les
gouvernements de ces pays pour leurs compétences particulières.
Les opinions, constatations, conclusions et recommandations exprimées dans cette publication sont celles des
auteurs et ne reflètent pas nécessairement les vues des organisations ou organismes auxquels ils appartiennent.
Ce rapport est disponible sur le site de l’Association mondiale de la Route (AIPCR) : http://www.piarc.org
ISBN : 978-2-84060-499-0
AUTEURS/REMERCIEMENTS
PARTICIPANTS AU GROUPE D’ETUDE
Animateur : Jean-François Corté (AIPCR)
AIPCR et Routes de France (ex USIRF) : Eric Baraize, Jean-Luc Gautier, Etienne Lebouteiller, Oumar
Maïga (Mali)
AGEPAR : Dr. Paulin Kouassi (Côte d’Ivoire), Anatole Kouzounde remplacé par Mouka Tessilimi
(Bénin), Jean-Marie Toe (Burkina Faso)
Rédaction
Rédacteur du rapport : Jean-François Corté (AIPCR)
RÉSUMÉ
2019R01FR
1. INTRODUCTION ........................................................................ 3
2. REVUE DE L'EDITION DE 1984 DU GUIDE .............................. 4
2.1. PARAMETRES D’ENTREE ............................................................................... 4
2.2. DIMENSIONNEMENT DES STRUCTURES ........................................................... 7
2.3. CONDITIONS DE MISE EN ŒUVRE ................................................................... 9
2.4. CONCEPTION ET DIMENSIONNEMENT DES ANNEXES DE LA CHAUSSEE ............. 17
2.5. VERIFICATION THEORIQUE DES CONTRAINTES DANS LE CORPS DE CHAUSSEE . 17
2.6. ANNEXES DU GUIDE DE 1984 ...................................................................... 25
3. CONCLUSIONS ....................................................................... 27
4. RÉFÉRENCES ......................................................................... 28
5. ANNEXE A. TERMES DE RÉFÉRENCE DU GROUPE D’ÉTUDE
SOUMIS A L’APPROBATION DU COMITE EXÉCUTIF ET DU
CONSEIL DE L’AIPCR ..................................................................... 29
6. ANNEXE B. RECHERCHE DE MODULES ELASTIQUES
EQUIVALENTS DES COUCHES DE CHAUSSEE BITUMINEUSES,
EN FONCTION DES CONDITIONS DE TEMPERATURE ET DE
VITESSE ........................................................................................... 31
B.1 - INTRODUCTION ET HYPOTHESES RETENUES POUR L’ETUDE ............................. 31
B.2 - EXEMPLE DE RESULTATS D’AJUSTEMENT DES CALCULS STATIQUES ALIZE AVEC
LES RESULTATS VISCOROUTE ............................................................................... 31
1. INTRODUCTION
Le Guide pratique de dimensionnement des chaussées pour les pays tropicaux, produit par le CEBTP
avec la collaboration des laboratoires nationaux de la sous-région, reste encore un document
auquel il est fait souvent référence dans les pays de l’Afrique francophone. La réimpression avec
mise à jour en 1984 n’avait pas modifié profondément le contenu de l’édition initiale datant de
1972.
Au cours des quarante-cinq dernières années des évolutions majeures sont intervenues dans le
domaine des chaussées tout particulièrement en matière :
• de formulation des matériaux de chaussées hydrocarbonés et traités aux liants
hydrauliques ;
• de dimensionnement des couches de chaussées ;
tandis que les pays africains connaissent une croissance forte du trafic poids lourds rendant
nécessaire une généralisation des revêtements de chaussées sur les itinéraires les plus circulés
support de la croissance économique.
Cette période qui a été aussi celle du développement des infrastructures routières modernes en
Europe a permis la capitalisation de l’expérience de très nombreux grands chantiers qui ont conduit
à la refonte complète du corpus technique : guides techniques, normalisation de l’ensemble des
essais et matériaux de chaussée.
La raréfaction, dans certaines régions, des ressources en matériaux latéritiques traditionnellement
employés en technique routière dans les pays d’Afrique sub-saharienne combinée à la croissance
du trafic poids lourds mentionnée plus haut, rend aussi nécessaire l’introduction de techniques
nouvelles qu’elles résultent de l’adaptation des approches traditionnelles ou de la transposition de
techniques maîtrisées à l’étranger.
Ceci justifie le travail de réflexion sur les besoins d’actualisation de l’édition 1984 du Guide pratique
de dimensionnement des chaussées pour les pays tropicaux, travail engagé conjointement par
l’AIPCR (Association mondiale de la Route) et l’AGEPAR (Association des Gestionnaires et
Partenaires Africains de la Route) en réponse aux besoins exprimés par plusieurs pays d’Afrique
sub-saharienne francophone membres de ces deux organisations.
Le Conseil de l’AIPCR a inscrit ce travail dans son plan stratégique 2016-2019. En annexe A du
présent document, figurent les termes de référence du groupe d’étude.
Ce travail bénéficie de l’appui de Routes de France, précédemment dénommée l’Union des
syndicats de l’industrie routière française (USIRF), qui a délégué des experts dans le groupe de
travail.
Le présent rapport aborde les sujets suivant le même ordre que celui des chapitres du guide de
1984. En complément des remarques et recommandations, le rapport comporte quelques
références sur des retours d’expérience dans les pays de la sous-région.
La version finale du rapport a été établie, après un séminaire conjoint AIPCR/AGEPAR, tenu les 21
et 22 septembre 2018 à Cotonou (Bénin) auquel neuf pays africains participaient (Bénin, Burkina-
Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, République démocratique du Congo, Sénégal, Togo).
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TRAFIC
Durée de vie
La proposition du guide de 1984 de retenir une « durée de vie » de 15 ans dans le cas général est à
bien examiner par le maître d’ouvrage selon le contexte.
Pour des chaussées soumises à de très forts trafics VL et PL (en interurbain ou en urbain) le besoin
de limiter les interventions de travaux lourds peut conduire à retenir des durées de
dimensionnement initial plus longues (20 ans par exemple).
Inversement, si les trafics futurs ne peuvent être que très mal estimés, l’écart entre trafic réel et
estimation va possiblement croître avec la durée de calcul retenue. Dans ce cas il peut être
économiquement préférable de faire le dimensionnement initial pour une durée de 10 à 12 ans, en
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ayant pris conscience qu’il pourra être nécessaire d’envisager un renforcement plus tôt si le trafic
PL s’avère plus élevé qu’estimé initialement.
L’adoption d’une stratégie d’aménagement progressif suppose que l’on assure un suivi de
l’évolution de la chaussée et du trafic lourd et que l’on puisse réaliser, en temps voulu, le
rechargement de la chaussée.
Recommandation : la connaissance du trafic poids lourds et des charges à l’essieu et de leur
évolution est essentielle pour dimensionner économiquement les chaussées et assurer leur
protection. Il faut pour cela disposer de campagnes annuelles de comptage et pesage.
Bénin : Le choix de la durée de service peut être influencé par le taux de rentabilité de 12% exigé par les
partenaires techniques et financiers. Il ne faut pas cependant perdre de vue qu’en cas de surcharges les
dégradations peuvent être précoces.
Répartition du trafic
Sur les routes à 2 voies par sens ou plus, la répartition transversale du trafic poids lourds entre les
voies, en vue de réduire le dimensionnement de la chaussée de la voie de gauche est à examiner
en fonction des habitudes de conduite observées et de l’environnement de la route. Il convient par
ailleurs de considérer les scénarios de basculement de circulation en cas de travaux sur certaines
voies.
Sur les routes à 2 voies par sens, on pourra faire le dimensionnement, en général, en admettant
90% de PL sur la voie lente. Les mêmes épaisseurs seront retenues pour les deux voies.
Burkina Faso : pour les routes à 2 voies par sens, le dimensionnement de la voie la plus chargée est
retenu pour les deux voies.
Côte d’Ivoire : le trafic pris en compte est celui de la voie la plus chargée.
Mali : les campagnes de pesage montrent toutes de nombreux cas d’importantes surcharges.
Bénin : il est fait des campagnes annuelles de comptage mais pas de pesage.
CLASSES DE TRAFIC
Le guide de 1984 retient comme poids lourds les véhicules de poids total en charge de plus de 3 t.
Il propose par ailleurs trois modes de définition des classes de trafic à partir des estimations
suivantes :
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• le nombre de véhicules/j
• le nombre cumulé de poids lourds de charge utile supérieure à 3t
• le nombre de passages de l’essieu standard.
L’étude de trafic est, comme l’étude géotechnique, un élément essentiel pour concevoir le projet
au plus près des besoins.
Il faut distinguer l’estimation de trafic (VL + PL) nécessaire à la détermination de la capacité de la
route, de l’estimation du trafic servant au dimensionnement de la chaussée où seul le trafic PL a un
effet significatif.
Au cours des 40 dernières années, la nature du trafic routier a fortement évolué ainsi que la
silhouette des poids lourds qui assurent le trafic moyenne et longue distance. De ce fait les
propositions de classification du trafic du guide de 1984 basées sur un comptage tous véhicules ou
de véhicules de PTAC de plus de 3t ont perdu leur pertinence.
Recommandation : Il convient d’estimer le trafic en nombre de passages d’essieux standards de 13
t, sur la base de comptages par silhouettes et des données des stations de pesage lorsqu’il y en a
de disponibles.
En ce qui concerne les essieux tandems et tridems, le guide de 1984 propose de compter chaque
élément de ces groupements comme un essieu simple. Sur les chaussées souples, du fait des larges
incertitudes par ailleurs sur le trafic et les charges réelles à l’essieu, cette simplification apparait
admissible.
Pour les chaussées semi-rigides, on pourra retenir les coefficients d’équivalence suivants :
- essieu tandem, K = 12
- essieu tridem, K = 113
Bénin : L’utilisation du nombre cumulé de passages d’essieux standards de 13 t est plus cohérente avec
les poids lourds transitant actuellement.
Côte d’Ivoire : Dans le cadre des études de renforcement, en plus des campagnes de comptage manuel
des véhicules, des campagnes de pesées des essieux des PL sont organisées par le Laboratoire National
(LBTP) avec des bascules portatives pour appréhender l’agressivité réelle de ceux-ci. Toutes choses qui
contribuent à mieux cerner le trafic cumulé futur en EE13T. La perspective de mise en vigueur du
règlement 14 dans un avenir proche amène à retenir pour le dimensionnement, le plus souvent, les valeurs
usuelles d’agressivité contenues dans le guide LCPC/SETRA de conception des chaussées.
Chaussées souples
Les chaussées de type :
• Couche de fondation en matériau non traité ou amélioré au ciment,
• Couche de base en matériau non traité,
représentent la très grande majorité des chaussées de la sous-région. Elles sont bien adaptées aux
matériaux disponibles et aux trafics de faible à T4 inclus.
Bénin : En général, les chaussées souples, chaussées semi-rigides présentent des signes de fatigue
après quelques années d’exploitation en raison des fissures qui apparaissent avec les surcharges des
véhicules de transport de marchandises
Côte d’Ivoire : Des entreprises privées ont introduit depuis 2 à 3 ans dans le cadre de projets de
renforcement la technique de retraitement en place à l’émulsion de bitume ou mixte émulsion+ciment en
variantes de couche d’assise. Des itinéraires ont déjà été réalisés ou sont en cours de réalisation.
Ces techniques ne sont pas encore généralisées et prises en compte dans les DAO par les Maîtres
d’Ouvrages.
Chaussées semi-rigides
Les chaussées à couche de base en matériaux traités sont à éviter sous fort trafic compte tenu des
questions de protection de l’assise de chaussée, de remontée de fissures et de sensibilité aux
surcharges.
Côte d’Ivoire : réalisation de chaussées semi-rigide avec couche de fondation traitée à 3% de ciment et
couche de base à 4% de ciment.
Mali : introduction en 2015 de chaussées semi-rigides.
Chaussées mixtes
Les chaussées en couche de fondation en sol traité, couche de base en grave-bitume et couche de
roulement en béton bitumineux représentent une solution pour les chaussées à fort trafic.
Bénin : Les chaussées mixtes ont en général un meilleur comportement que les chaussées souples et
semi-rigides dans l’environnement ouest africain.
Côte d’Ivoire : Plusieurs réalisations de chaussées mixtes sous fort trafic et de chaussées à structure
inverse sous trafic moyen.
Chaussées en béton
Peu d’applications routières dans la sous-région. Ces chaussées sont à concevoir pour des durées
de service longues. Leur bon comportement est très dépendant de la qualité de la couche support,
du drainage et de son maintien dans le temps. Elles apparaissent plus appropriées à des cas
particuliers : aires de péage, chaussées industrielles, chaussées portuaires.
Il existe des chaussées en béton au Ghana (autoroute Accra - Tema) et des expérimentations au Nigéria.
Côte d’Ivoire : réalisation de chaussées en béton au niveau des arrêts de bus.
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Chaussées pavées
Solution possible en voirie d’agglomération, moyennant une bonne mise en œuvre pour éviter que
les irrégularités ne créent des nuisances sonores aux riverains et une structure support correcte
(drainage et portance).
En ce qui concerne les matériaux graveleux traités aux liants hydrauliques, la caractérisation par
l’essai CBR ne peut pas renseigner valablement sur les caractéristiques mécaniques de module et
résistance en traction indispensables pour une justification rationnelle du dimensionnement. Ici
aussi l’étude de laboratoire de formulation devrait s’appuyer sur des résultats d’essais tels que
l’essai de compression diamétrale.
Burkina Faso : Concernant les graveleux latéritiques traités au ciment, l’essai CBR n’est pas adapté pour
déterminer le module.
Dans le cadre d’un projet, des échantillons ont été envoyés dans deux laboratoires différents en France
pour des essais de module. On a pu obtenir après traitement à 2,5% de ciment des modules de l’ordre de
2800 MPa pour des valeurs de CBR de 200 et plus de 300 à 95% de la densité sèche à l’OPM. La relation
usuelle E = 5xCBR apparaît inadaptée.
Dans le cas des sols traités aux liants hydrauliques, une démarche complète d’étude issue de
l’expérience de nombreux chantiers a été explicitée dans le Guide du Traitement des sols à la chaux
et aux liants hydrauliques publié en janvier 2000, dont des essais et critères d’aptitude au
traitement.
Recommandation : Introduire dans les laboratoires des matériels d’essais permettant une
démarche de formulation basée sur une approche performancielle (essai PCG, comportement à
l’orniérage, essais de module). Se référer à des spécifications performancielles pour juger des
variantes.
PLATE-FORME
Il convient de bien distinguer l’arase des terrassements et la plate-forme support de chaussée.
Les performances à rechercher sur l’arase de terrassement sont essentiellement liées aux questions
de traficabilité et relèvent de l’entreprise qui est responsable du choix des conditions et moyens
d’exécution.
Les performances à rechercher au niveau de la plate-forme support de chaussée sont, elles, liées
d’une part à la bonne exécution des couches de chaussée, d’autre part à la portance à long terme
qui influe sur le dimensionnement des couches de chaussée.
Des objectifs de portance peuvent être fixés sur la plate-forme support de chaussée, en termes de
déflexion ou de module à l’essai à la plaque. Avec des matériaux non traités, on peut retenir comme
valeurs minimales à court terme une déflexion maximale de 200/100 ème mm ou un module EV2
de 50 MPa.
Le diamètre, D, de la plaque pour l’essai de module a une incidence sur le volume de sol contribuant
au résultat de l’essai (il est généralement admis que la profondeur intéressée est de l’ordre de
1,5D). De ce fait il est recommandé de faire l’essai avec un diamètre de l’ordre de 60 cm.
Recommandation : Dans le cahier des charges, il ne faut pas additionner prescriptions de moyens
et de résultats. En d’autres termes, on ne doit pas à la fois fixer l’épaisseur et la nature du matériau
de couche de forme et fixer une valeur de portance à atteindre.
Les géosynthétiques ont connu des développements notables depuis 30 ans, ils sont notamment
largement utilisés comme anti-contaminant pour éviter la remontée de fines. Les applications en
renforcement mécanique sont à réserver à des cas particulier et nécessitent des études spécifiques.
Pour le choix des géosynthétiques et leurs conditions d’emploi on pourra se référer aux publications
du Comité français des géosynthétiques (CFG) http://www.cfg.asso.fr/ .
COUCHE DE FORME
Une couche de forme est à envisager dans les cas suivants :
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COUCHE DE FONDATION
Graveleux latéritiques naturels
Le fuseau granulaire présenté dans le guide est à considérer comme indicatif, certains matériaux
naturels pouvant s’en écarter un peu tout en restant acceptables pour constituer une couche de
fondation.
En pratique, la granularité n’est pas déterminée après compactage. Cependant pour un emploi sous
fort trafic, il apparaît judicieux de faire une caractérisation de la fragmentabilité (cf. GTR ou norme
de l’essai).
Le compactage de ces matériaux est désormais réalisé avec des cylindres vibrants (classe V4 mini
ou V5) ou des compacteurs à pieds dameurs, au lieu des compacteurs à pneus comme préconisé
par le guide de 1984, le compacteur à pneu étant utilisé après le compactage au cylindre vibrant
pour améliorer l’uni.
Sables argileux
Les sables argileux crus sont difficiles à utiliser si leur teneur en fines et l’IP sont élevés. Une
correction peut être faite avec du sable propre afin de ramener l’IP en-deçà de 20.
Sols ciment
Le guide technique sur le Traitement à la chaux et/ou aux liants hydrauliques explicite la
méthodologie des études de traitement auquel on peut se référer tant pour apprécier si le sol
peut être traité que pour déterminer le dosage en liant.
Matériaux coquilliers
Utilisés en Mauritanie.
Matériaux coralliens
Pas d’utilisation dans la sous-région
Autres matériaux
D’autres matériaux que les matériaux naturels listés plus haut peuvent être envisagés pour
emploi en couche de fondation, notamment :
- des sous-produits d’exploitation minière, moyennant une étude spécifique du point de vue
mécanique et de l’acceptabilité environnementale ;
- les matériaux d’anciennes chaussées retraités en place.
Côte d’Ivoire : retraitement en place à l’émulsion d’anciennes chaussées pour constituer la couche de
fondation de la nouvelle chaussée.
COUCHE DE BASE
Graveleux latéritiques naturels
La spécification sur l’IP des fines peut être portée à 20 max au lieu de 15.
La spécification sur l’augmentation du pourcentage de fines après compactage n’est pas prise en
considération.
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Bénin : emploi de graveleux latéritiques naturels avec un % de fines jusqu’à 20% et un IP max de 20.
Concassé 0/d
Mali : utilisation plutôt de 0/31,5 en 20 cm min
Pas pratiqué en Côte d’Ivoire, au Bénin, ni au Mali (une seule expérience sur la route Sikasso-
Heremakomo)
Burkina Faso : Ce type de matériau est souvent utilisé au Burkina Faso. Les différentes expériences
réalisées montrent que l’essai CBR ne serait pas adapté pour apprécier les performances de ce matériau.
En effet le CBR est réalisé sur le passant au tamis de 20 mm alors que le matériau réellement mis en
œuvre comporte généralement une proportion de refus sur le tamis de 20 non négligeable.
Quand on compare les CBR obtenus avant et après traitement au concassé, l’apport du concassé n’est
pas toujours évident lorsqu’on se réfère à la répétabilité de l’essai CBR.
Par contre les mesures de déflexion permettent de mieux apprécier le gain en portance apporté par la
lithostabilisation.
Sable-bitume
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Grave bitume
Il faut changer en passant de prescriptions sur le fuseau granulométrique et la teneur en liant à des
spécifications performancielles comme définies par la norme française qui capitalise le plus
d’expérience.
Côte d’Ivoire : Des expériences d’EME et BBME depuis 3 ans sur des sites privés et 1 expérience de
BBME en voirie urbaine. On note un très bon comportement de ces structures.
Sénégal : études faites pour l'autoroute Dakar-Diamniadio
Grave-ciment
La norme française propose des spécifications pour les grave-ciment en distinguant différentes
classes de performance mécanique.
Emploi marginal en application routière en Afrique. Pas d’utilisation au Mali, pas ou peu au Bénin, deux
cas en Côte d’Ivoire.
Couche d’accrochage
La couche d’accrochage vise à assurer le collage entre deux couches d’enrobés bitumineux.
Imprégnation
L’imprégnation consiste à apporter à une couche en matériaux non traités une cohésion de surface
et une certaine étanchéité temporaires, protégeant la couche contre les agressions liées au trafic
de chantier ainsi que les intempéries. L’imprégnation devra être entretenue au cas où elle devrait
rester non recouverte trop longtemps. Lorsque la couche non traitée est ensuite recouverte d’un
enrobé bitumineux (couche de base, de liaison ou de surface), une couche d’accrochage devra être
appliquée au préalable.
La nature des matériaux et la qualité du compactage peuvent perturber notablement la percolation
du liant dans le support. Dans ce cas, la teneur en liant de l’émulsion pourra être adaptée et
l’imprégnation complétée par un gravillonnage léger.
Recommandations : L’utilisation des bitumes fluidifiés (« cut back ») est à écarter pour des motifs
d’HSE (Hygiène, Sécurité, Environnement) en raison de la volatilité du kérosène et de la faible
température du point d’éclair.
Utiliser des émulsions de bitume à rupture lente en imprégnation ou à rupture rapide en couche
d’accrochage, en adaptant le dosage à la nature et à l’état d’ouverture de la surface (0,5 à 1
kg/m2 de bitume résiduel en imprégnation, 0,3 à 0,4 kg/m2 en couche d’accrochage).
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REVÊTEMENTS
Enduits superficiels
Moyennant un choix de structure (nombre et arrangement des couches) et de nature de liant
adapté, les enduits superficiels peuvent être utilisés sous trafic élevé.
L’emploi de bitume fluidifié (cut-back) est à écarter pour des raisons d’HSE au profit des émulsions
cationiques. Le liant sera en général un bitume pur de grade 50/70 ou 35/50 selon le pays,
l’émulsion étant dosée à 65 ou 69%. L’emploi de bitume modifié avec des polymères est
envisageable sous très fort trafic.
L’abaque Shell reproduit dans le guide de 1984 a été développé pour un bitume fluidifié 400/600.
Des indications pour le choix du dosage de base et les facteurs correctifs sont données par le guide
technique Enduits superficiels d’usure, SETRA/LCPC mai 1995.
La dureté des gravillons est estimée à partir des essais LA et MDE, en admettant une compensation
de 5 points entre LA et MDE. La résistance au polissage est maintenant estimée à partir de la valeur
PSV (Polished Stone Value). La valeur minimale préconisée de 50 n’est obtenue qu’avec des roches
dures.
En l’absence de granulats de dureté adéquate, une alternative aux enduits superficiels peut être les
« Otta Seals » dont l’emploi s’est répandu en Afrique australe.
L’emploi de dopes d’adhésivité n’est pas restreint au cas de granulats siliceux.
Outre les monocouches et bicouches mentionnés dans le guide de 1984, sont aussi utilisés les
monocouches double gravillonnage et les enduits tricouches.
Emploi généralisé de bitume pur 35/50 en Côte d’Ivoire et de grade 50/70 au Bénin.
Emploi d’enduits tri-couches au Mali, au Bénin et au Burkina.
Sand asphalt
Cette technique n’est plus utilisée que marginalement. La faible macro-rugosité est une limite à son
utilisation du point de vue de l’adhérence.
Enrobés denses
Utilisation au Mali et en Côte d’Ivoire.
Bétons bitumineux
Les différents enrobés bitumineux pour couches de surface sont désormais définis par la norme NF
EN 13108-1 qui peut être utilisée dans la sous-région sans besoin de « tropicalisation » moyennant
un choix adapté du grade du liant et de l’emploi de dope pour éviter le risque de défaut
d’adhésivité.
Pour les couches de surface sous fort trafic, l’épreuve de formulation doit inclure l’étude de la
résistance à l’orniérage.
Burkina Faso : Ces dernières années, le Burkina Faso a commencé à expérimenter sur les aires de
péage et les giratoires, les couches de roulement en BBME (béton bitumineux à module élevé). Cette
solution a connu un début d’application à l’approche des ralentisseurs communément appelés gendarmes
couchés pour éviter les phénomènes d’orniérage.
Les sections témoins qui ont été réalisées semblent donner satisfaction tant et si bien que sur les routes à
fort trafic (T4), l’option de réaliser la couche de roulement en BBME sur les chaussées souples a été prise
pour des projets en cours de réalisation.
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BITUMES
Les préconisations du guide de 1984 sont à reconsidérer.
D’une façon générale, le 35/50 est la classe de bitume la mieux adaptée pour les enrobés courants
en Afrique sahélienne et tropicale.
L’augmentation des trafics, la modification des silhouettes des poids lourds, avec en particulier le
développement des essieux tridems, ainsi que les faibles vitesses parfois observées liées à la
congestion du trafic routier constituent des facteurs de risques d’orniérage. C’est pourquoi, et
depuis des années, l’utilisation de bitumes plus durs s’est développée à travers le Monde.
L’utilisation de bitumes durs dans la composition d’enrobés bitumineux en couche de base et de
liaison permet également de formuler les enrobés de type EME, qui conduisent, par leurs
caractéristiques spécifiques, à des réductions d’épaisseurs d’application, toutes choses égales par
ailleurs.
On veillera cependant à observer les consignes en matière de températures de fabrication des
enrobés, afin d’éviter un vieillissement prématuré du bitume à l’enrobage. De même, les
températures minimales d’application et de compactage doivent être strictement respectées.
Pour certaines applications, comme les couches de roulement soumises à des trafics lourds
importants, une modification du bitume peut être préconisée.
Lorsque des bitumes durs ou des liants modifiés par des polymères ne sont pas disponibles et qu’il
faille accroître la résistance à l’orniérage des couches de roulement et de liaison, l’incorporation au
bitume de certains additifs est envisageable tels que l’ajout en phase de malaxage de granulés de
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polyéthylène traités. Compte tenu du raidissement apporté, il faut veiller à éviter le surdosage en
additifs et soigner le compactage, notamment au niveau des joints longitudinaux.
À signaler enfin l’emploi d’émulsions de bitume en emploi en réparation, mais aussi en couche de
surface dans les régions à faible pluviométrie.
DRAINAGE
Il convient de faire la distinction entre drainage et assainissement.
Dans le cas de la charge maximale de 130 kN, celle-ci est représenté par une pression uniforme de
0,625 MPa appliquée sur deux disques de 0,125 m de rayon dont les centres sont espacés de 0,375
m.
La variété des charges roulantes (essieux simples, doubles, triples) est prise en considération par
les coefficients d’agressivité appliqués au calcul du nombre d’essieux standards équivalent. Pour
les voiries industrielles ou portuaires circulées par des engins spéciaux, les calculs sont à faire avec
des charges représentatives en géométrie et intensité des charges appliquées.)
Recommandation : compte tenu du caractère très approximatif des modèles de chaussée, de
charge et de méthode de calcul simplifiées présentées dans le guide de 1984, il ne faut plus les
utiliser mais calculer contraintes et déformations à l’aide de logiciels de type Alizé sous la charge
de l’essieu simple à routes jumelées de 13O kN.
Les températures des chaussées dans la sous-région sont notablement plus élevées que celles
observées en France. Par rapport aux valeurs retenues en France pour le dimensionnement, les
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caractéristiques de module et de résistance en fatigue doivent donc, être adaptées aux conditions
de température observées dans le pays considéré.
L’étude la plus aboutie réalisée récemment est celle commanditée par le Ministère des
Infrastructures des Transports Terrestres et du Désenclavement du Sénégal pour l’établissement
d’un guide de dimensionnement et d’un catalogue de structures de chaussées neuves. Cette étude
suit une approche de dimensionnement mécanique analogue à celle appliquée en France depuis
une trentaine d’années.
Des observations de profils de températures sur deux sites de chaussées bitumineuses ont montré
des amplitudes annuelles de température au voisinage de la surface de l’ordre de 17 à 65 °C et des
températures moyennes sur 16 cm de 32 et 37 °C selon le site. L’utilisation des distributions de
température observées, avec l’hypothèse d’une répartition uniforme du trafic en période diurne,
après calcul sur un ensemble de structures de chaussées (souples : 6 cm BBSG2 sur GNT ;
bitumineuses épaisses : 6 BBSG2 sur 10 à 20 cm de GB2) a amené à retenir une même température
équivalente de 34 °C pour l’ensemble des structures de chaussées.
Les calculs de sollicitations étant faits habituellement, pour le dimensionnement, avec un modèle
de chaussée multicouches élastique et sous charge statique, il faut choisir des valeurs de module
d’Young et de coefficient de Poisson pertinentes pour les conditions de température et de vitesse
considérées.
Pour le catalogue du Sénégal, le calage des paramètres d’entrée d’Alizé a été effectué par
comparaison avec un calcul sous charge roulante, circulant à 90 km/h (25m/s) avec le logiciel
Viscoroute, avec un modèle de comportement visco-élastique (modèle de Huet-Sayegh) pour les
couches bitumineuses à une température uniforme de 34°C. Comme on le verra dans l’annexe B du
présent document, il n’y a pas de calage en fréquence valable pour les différentes structures de
chaussée et les différentes vitesses de circulation des véhicules lourds.
Pour le catalogue du Sénégal, il a été fait les choix suivants pour les calculs avec un logiciel de type
Alizé :
- pour le module d’Young, la valeur à 34°C et 20 Hz ;
- pour le coefficient de Poisson, la valeur de 0,45.
Nota : en France la température équivalente retenue est de 15°C, le module d’Young retenu est la
valeur à 15 °C, 10 Hz, et pour le coefficient de Poisson, la valeur 0,35.
Sur suggestion du groupe d’étude, une extension de l’étude faite pour le Sénégal a été réalisée avec
l’IFSTTAR, pour examiner l’influence des conditions de température et de vitesse pour le choix de
la valeur de modules élastiques équivalents des couches de chaussée bitumineuses. Les résultats
sont présentés dans l’annexe B du présent document.
Les calculs Viscoroute ont été effectués avec les valeurs des paramètres du modèle de Huet Sayegh
pour les matériaux BBSG2 et GB2 introduits dans le guide de dimensionnement du Sénégal, avec
des profils de température uniformes et sur les mêmes structures de chaussée.
Propositions : dans l’attente de confirmation par d’autres études, il est suggéré de retenir les
paramètres d’entrée suivants pour les calculs Alizé lorsque la température équivalente est dans
l’intervalle 25 à 45 °C :
- pour les chaussées souples à assise non traitée avec une couche de surface en béton
bitumineux épaisse, retenir
• pour le module d’Young du béton bitumineux, la valeur correspondant à la température
équivalente et à une fréquence (en Hertz) égale à V/4 (V étant la vitesse en km/h des
poids lourds prise en référence pour le dimensionnement) ;
• pour le coefficient de Poisson, la valeur de 0,45.
DIMENSIONNEMENT DES CHAUSSÉES POUR LES PAYS TROPICAUX 2019R01FR
20
- pour les chaussées comportant une couche de base en matériaux bitumineux (GB, EME),
retenir
• pour le module d’Young du béton bitumineux et de l’enrobé de la couche d’assise, la
valeur correspondant à la température équivalente et à une fréquence de 10 Hertz
quelle que soit la température et la vitesse dans l’intervalle 50 à 90 km/h;
• pour le coefficient de Poisson, la valeur de 0,45.
Le calage montre en effet une variation faible de quelques Hertz sur les plages étudiées, dont
l’incidence sur la valeur du module d’Young est faible. L’approximation faite est considérée comme
acceptable compte tenu des autres incertitudes de la démarche de dimensionnement.
Déformation admissible pour le comportement en fatigue
Pour la vérification du comportement en fatigue (fissuration de la couche bitumineuse d’assise),
on ne dispose pas actuellement de résultats expérimentaux récents pour établir l’influence de la
température. Par mesure d’approximation, la relation suivante est utilisée pour déterminer la
déformation ε6, correspondant à une rupture en fatigue pour un million de cycles de
chargement):
ε6(θ,f) = ε6(10°C,25Hz) x (E(10°C, 25Hz)/E(θ,f))0,5
(Nota : 10°C et 25Hz étant les conditions usuelles de réalisation de l’essai de fatigue en flexion NF
EN 12697-24 Annexe 4)
En utilisant les courbes ci-dessous tirées de l’étude de la température équivalente faite pour le
Sénégal par l’IFSTTAR, pour une grave-bitume GB2 ayant une valeur ε6 (10°C, 25Hz) = 80 10-6 on
obtient ε6 (34°C, 20 Hz) = 170 10-6
DIMENSIONNEMENT DES CHAUSSÉES POUR LES PAYS TROPICAUX 2019R01FR
21
Figures tirées du rapport : Caractérisation mécanique des matériaux bitumineux : prise en compte
des conditions climatiques au Sénégal (IFSTTAR)
Recommandations : Recueillir sur certains sites caractéristiques du point de vue climatique les
températures à l’intérieur des couches de chaussée sur un cycle annuel, afin de pouvoir estimer
une température équivalente pour les calculs de dimensionnement.
La réalisation d’essais de module selon la norme NF EN 12697-26 est à encourager. Cependant à
défaut de résultats d’essais complets donnant les variations du module d’Young avec la
température et la fréquence, on pourra utiliser les courbes ci-dessus pour estimer l’influence de
ces paramètres.
Il serait très souhaitable que des recherches expérimentales sur l’influence de la température sur
le comportement en fatigue soient effectuées pour couvrir la gamme 10 à 40°C afin de conforter
ou non la relation empirique :
𝜀6 (𝜃, 𝑓) ∗ 𝐸(𝜃, 𝑓)~ 𝑐𝑠𝑡𝑒
Bénin : les calculs sont effectués avec une valeur de module prise à 27 °C et 10Hz. (Nota : si l’on se
reporte aux courbes ci-contre, on voit que la valeur est proche de celle à 34°C et 10 Hz).
Côte d’Ivoire : Des mesures effectuées, à Abidjan, dans la période du 08 au 22 mai 2017, montrent que la
température en surface des revêtements en béton bitumineux peut atteindre plus de 56°C ; les plus fortes
valeurs étant obtenues entre 10h et 14h.
module à introduire dans les calculs pour la couche de fondation dépend de la rigidité de la plate-
forme support.
Le guide de dimensionnement du Sénégal retient pour la couche de fondation un module égal à k
fois celui de la couche support, avec k= 2, indépendamment de l’épaisseur de la couche de
fondation. (Nota : dans la méthode française, la couche de fondation est subdivisée en sous-
couches de 25 cm d’épaisseur et k varie entre 2 et 3 selon la qualité de la grave non traitée.
L’approche retenue au Sénégal est donc un peu plus prudente).
Pour la couche de base, en matériau non traité, le module retenu dans la méthode française et pour
le guide du Sénégal est de 200 MPa pour les graveleux latéritique GL1 (CBR immergé > 30) et 400
MPa pour les GL2 (CBR immergé > 60).
À noter l’essai triaxial à chargement répété (TCR) qui peut être utilisé pour apprécier le module et
la susceptibilité aux déformations permanentes ; mais cet essai nécessite un appareillage très
spécifique pour tester de grandes éprouvettes.
Les matériaux auxquels sont incorporés une faible quantité de ciment ou de liant hydraulique
routier (< 3%) voient leur module amélioré mais ne doivent pas être considérés comme un matériau
traité et ne doivent pas être justifiés vis-à-vis de leur résistance en traction en raison de la
microfissuration qui les affecte en masse.
Des essais de fatigue sont peu souvent réalisés en raison du temps, du matériel d’essai nécessaire
et de la dispersion des résultats. La contrainte de traction correspondant à la rupture sous un
million de cycles est généralement estimée à partir de Rt ou ff. Le guide français Conception et
dimensionnement des structures de chaussées de 1994, propose les relations moyennes suivantes:
𝜎6 /Rt = 0,95 et 𝜎6 / ff = 0,525
E = 0,9x E360
Le coefficient de Poisson est pris égal à 0,25 pour les graves ciment ; le guide du Sénégal retient la
valeur de 0,35 pour les latérites traitées au ciment.
Quand la courbe de fatigue est approchée par la relation :
𝜎 = 𝜎6 (N/106)b
Si l’on admet la relation E = 50 CBR pour les matériaux à gros éléments, on obtient:
0,3 𝐸
𝜎𝑧𝑎𝑑 = 50 (1+0,7 𝑙𝑜𝑔𝑁 )
(kg/cm2)
avec A= 0,016 pour les faibles trafics et 0,012 pour les forts trafics.
𝜎
La comparaison des valeurs de 𝑧𝑎𝑑
𝐸
et εzad montre que le critère de la méthode française est plus
exigeant pour des trafics cumulés supérieurs à 70 000 essieux équivalents environ, et l’écart va
croissant avec l’augmentation de trafic cumulé.
La valeur du critère peut être modulée en fonction de la profondeur admissible d’ornière due à la
déformation du support de chaussée et des couches granulaires non liées, pour le trafic cumulé de
poids lourds retenu pour le dimensionnement. La valeur de A= 0,012 avait été retenue pour limiter
la profondeur d’ornière à environ 15 mm ; la valeur de 0,016 pour une profondeur de 25 à 30 mm.
𝜀𝑧𝑎𝑑 = 𝐴 𝑁 −0,222
Matériaux bitumineux
Le critère sur ces matériaux correspond à la fissuration par fatigue et se rapporte à la déformation
en extension.
1
106 𝛽
𝜖𝑁 = 𝜀6
𝑁
Les coefficients de la loi de fatigue sont à déterminer par des essais de fatigue en laboratoire ou par
défaut, pour les matériaux répondant aux spécifications des normes EN AFNOR, en retenant les
valeurs pour la classe de matériau considérée.
Pour déterminer la valeur de la déformation admissible, il faut encore appliquer à la valeur tirée
de la loi de fatigue :
- un coefficient correctif pour tenir compte de la différence des valeurs de température et
fréquence en place et pour l’essai de fatigue normalisé (cf. plus haut chapitre CARACTÉRISTIQUES
MÉCANIQUES DES MATÉRIAUX POUR LE DIMENSIONNEMENT DES CHAUSSÉES) ;
- des coefficients correctifs kr ks kc (respectivement de risque, de sol et de calage). Des valeurs sont
proposées par le guide français Conception et dimensionnement des structures de chaussées pour
ces différents coefficients à partir de l’expérience tiré de l’application de la méthode française.
DIMENSIONNEMENT DES CHAUSSÉES POUR LES PAYS TROPICAUX 2019R01FR
25
L’imperméabilisation des fossés n’est guère praticable ; les fossés sont à éloigner le plus possible
du bord de chaussée.
L’indication d’une épaisseur minimale de corps de chaussée de 60 cm n’est pas justifiée, ceci ne
sera d’ailleurs pas suffisant pour éviter les gonflements.
Si la couche de surface est en enduit superficiel d’usure, il faut retenir au minimum un bicouche,
voire un tricouche pour l’étanchéité de la surface.
3. CONCLUSIONS
L'examen de l'édition de 1984 du Guide pratique de dimensionnement des chaussées pour les pays
tropicaux montre qu'une grande partie des préconisations demandent à être actualisées. Ceci est
particulièrement vrai pour la conception et le dimensionnement des chaussées appelées à
supporter de forts trafics de poids lourds.
Au plan technique, il apparaît tout particulièrement nécessaire de s'attacher aux points suivants :
- l'approche d'identification et caractérisation des sols supports et plates-formes support de
chaussées;
- l'adoption d'une approche performancielle pour la formulation des exigences concernant les
matériaux de chaussées (matériaux bitumineux et matériaux traités aux liants hydrauliques). Ceci
suppose que les laboratoires soient dotés des équipements d'essais permettant une mesure des
propriétés mécaniques de ces matériaux. Les mesures incitatives que pourront prendre les
administrations routières seront déterminantes pour permettre cette évolution essentielle.
Les connaissances acquises dans le monde au cours des quarante dernières années ont été
largement capitalisées et retraduites dans des documents opérationnels (normes d'essais, normes
de produits, guides de mise œuvre…). Dans le cas où une "tropicalisation" serait nécessaire, les
approches performancielles et de modèle mécanique rationnel sont à privilégier par rapport aux
approches traditionnelles empiriques dont la valeur ne saurait être extrapolée au-delà du domaine
sur lequel elles ont été établies. Le retour d'expérience sur les matériaux et chaussées conçues pour
supporter de forts trafics est maintenant considérable dans le monde avec des milliers de
kilomètres de réalisation et quelques dizaines d'années de recul. Il faut en tirer parti et ne pas
chercher à réinventer la roue sur chaque sujet.
Les spécificités de chaque pays, en matière de ressources en matériaux, en caractéristiques
climatiques (pluviométrie et températures), en nature du trafic lourd et de sa maîtrise, font qu'il
est désormais souhaitable que chaque pays se dote de ses propres documents techniques
déterminant sa politique en matière de conditions d'emploi des matériaux en couches de chaussée
et de dimensionnement des structures de chaussées neuves. Les catalogues de structures-types
constituent des outils très utiles pour faciliter la tâche de l'ingénieur routier, mais leur production
doit être accompagnée de l'explicitation des hypothèses et règles sur lesquelles le catalogue est
bâti, afin de permettre aux entreprises de proposer éventuellement des variantes et au maître
d'ouvrage de s'assurer que celles-ci sont bien en adéquation avec les besoins.
À cet égard, le groupe d'étude suggère qu'un document méthodologique soit établi pour aider les
administrations routières des pays francophones d'Afrique sub-saharienne à produire leurs propres
guides de conception et dimensionnement des structures de chaussées, tout en ayant un cadre
commun afin de conserver une certaine cohérence régionale utile au partage d'expériences et à
l'activité des bureaux d'études, laboratoires et entreprises de construction routière de la sous-
région.
DIMENSIONNEMENT DES CHAUSSÉES POUR LES PAYS TROPICAUX 2019R01FR
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4. RÉFÉRENCES
[1] Guide pratique de dimensionnement des chaussées pour les pays tropicaux, CEBTP, 1984,
Ministère des relations extérieures coopération et développement.
[2] Guide technique Conception et dimensionnement des structures de chaussée, LCPC - SETRA,
1994.
[3] Guide technique Réalisation des remblais et des couches de forme, LCPC - SETRA, 1992.
[4] A guide to the structural design of bitumen-surfaced roads in tropical and sub-tropical
countries, Overseas Road Note 31, TRL, 1994
[5] Guide technique Traitement des sols à la chaux et/ou aux liants hydrauliques, LCPC- SETRA,
2000
[6] Catalogue de structures de chaussées neuves et Guide de dimensionnement des chaussées
au Sénégal, Ageroute, IFSTTAR, EGIS, Senelabo, 2015
DIMENSIONNEMENT DES CHAUSSÉES POUR LES PAYS TROPICAUX 2019R01FR
29
Proposition de mise en place d’un groupe régional sur l’actualisation des règles techniques de
conception des chaussées dans les pays d’Afrique francophone
1. CONTEXTE
Lors des consultations menées pour préparer le Plan stratégique 2016‐2019, plusieurs responsables
d’administration de pays d’Afrique francophone ont exprimé le besoin d’une actualisation des
règles techniques de conception des chaussées compte tenu de l’évolution des technologies, des
connaissances et de la raréfaction de certaines ressources naturelles traditionnelles (latérites).
La pratique se rattache largement à l’application d’un guide technique produit par un laboratoire
français, le GUIDE PRATIQUE DE DIMENSIONNEMENT DES CHAUSSEES POUR LES PAYS TROPICAUX,
rédigé en 1972 et actualisé en 1980, il y donc maintenant déjà 35 ans.
L’AGEPAR a été saisie par le Secrétaire général de la proposition de soumettre au Comité exécutif
de l’AIPCR un groupe d’étude régional dont la mission serait d’étudier les besoins d’actualisation
du document mentionné ci‐dessus et de formuler des propositions d’actualisation.
Dans la réponse faite par Tchona Idossou, 1er Vice‐Président de l’AGEPAR, celui‐ci mentionnait le
besoin de coordonner toute action éventuelle de l’AIPCR avec le projet de rédaction de « Règles
techniques pour la construction routière dans les pays africains de la zone intertropicale » envisagé
par l’Association des Laboratoires du Bâtiment et des Travaux publics et la Commission
transnationale des Géotechniciens d’Afrique. Ce projet est d’une très grande ambition car il vise de
traiter des tous les aspects : études, conception, construction, entretien, et les différents champs :
terrassements, chaussées, assainissement, voire ouvrages d’art courants…
Le Secrétaire général de l’AIPCR a donc saisi les présidents des deux associations ALBTP et CTGA
pour recueillir leur avis sur l’opportunité de l’engagement d’un travail à l’initiative de l’AIPCR limité
au seul domaine des chaussées et à une actualisation du guide de 1972, et sur leur intérêt à
coopérer.
Les réactions reçues ont été très positives, le président du CTGA, M. Ibrahim Cissé indiquant que
pour le moment seule une réflexion préliminaire sur ce projet avait été engagée et que « la
contribution de l'AIPCR sur le volet "chaussées" est non seulement la bienvenue, mais elle est
souhaitée ; autrement dit, nous sommes disposés à nous concerter avec l'AIPCR pour voir les
modalités de réalisation de ce projet d'un intérêt commun à nos organisations. ».
Enfin, l’Union des Syndicats de l’Industrie routière française (USIRF) a exprimé auprès du Secrétaire
général son accord pour participer à ce travail et le soutenir.
Ainsi, compte tenu de l’appréciation positive du 1er Vice‐Président de l’AGEPAR sur l’intérêt
technique de procéder à cette actualisation, de l’accord des deux principales associations
techniques régionales ALBTP et CTGA pour collaborer au projet d’actualisation des règles
techniques relatives aux chaussées routières, et du soutien de l’USIRF, le projet d’établissement
d’un groupe régional d’étude de l’AIPCR sur ce sujet apparaît à la fois justifié et opportun.
DIMENSIONNEMENT DES CHAUSSÉES POUR LES PAYS TROPICAUX 2019R01FR
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B.2 - EXEMPLE DE RESULTATS D’AJUSTEMENT DES CALCULS STATIQUES ALIZE AVEC LES
RESULTATS VISCOROUTE
Les figures suivantes montrent quelques résultats pour la structure S3 : 6BBSG2/15GB2/ PF= 20
MPa pour une température uniforme de 34 °C et une vitesse de 72 km/h. Ces résultats
correspondent au calage obtenu pour une fréquence de 10 Hz.
Les courbes obtenues avec Viscoroute sont en rouge celles des calculs Alizé en bleu.
DIMENSIONNEMENT DES CHAUSSÉES POUR LES PAYS TROPICAUX 2019R01FR
32
5,00E-04
0,00E+00
-4 -2 0 2 4
-5,00E-04
-1,00E-03
-1,50E-03
-2,00E-03
5,00E-04
4,00E-04
3,00E-04
2,00E-04
1,00E-04
0,00E+00
-15 -10 -5 0 5 10 15
-1,00E-04
-2,00E-04
2,50E-03
2,00E-03
1,50E-03
1,00E-03
5,00E-04
0,00E+00
-15 -10 -5 0 5 10 15
Déflexion de la chaussée
DIMENSIONNEMENT DES CHAUSSÉES POUR LES PAYS TROPICAUX 2019R01FR
33
phi0
3
2,5
2
1,5
1
0,5
0
0 10 20 30 40
Valeur du paramètre Phi0 mesurant les écarts entre résultats des calculs Viscoroute et Alize selon la
fréquence
On observe :
- que les écarts sur les extrema de déformation et sur le pic de déflexion sont inférieurs à 10% ;
- que la courbe de l’indice Phi0 n’a pas de minimum très prononcé et que la courbe est relativement
plate entre 7 et 15 Hz.
B.3 - TABLEAUX DES RESULTATS DES AJUSTEMENTS EN FREQUENCE POUR LES QUATRE
STRUCTURES
50 Km/h 12 Hz
72 Km/h 17 Hz 17 Hz 16 Hz
90 Km/h 20 Hz 21 Hz
50 Km/h 14 Hz
72 Km/h 19 Hz 20 Hz 21 Hz
90 Km/h 22 Hz 25 Hz
DIMENSIONNEMENT DES CHAUSSÉES POUR LES PAYS TROPICAUX 2019R01FR
34
50 Km/h 7 Hz
72 Km/h 9 Hz 10 Hz 11 Hz
90 Km/h 10 Hz 12 Hz
50 Km/h 10 Hz
72 Km/h 13 Hz 14 Hz 15 Hz
90 Km/h 14 Hz 17 Hz
DIMENSIONNEMENT DES CHAUSSÉES POUR LES PAYS TROPICAUX 2019R01FR
35
ISBN : 978-2-84060-499-0