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CO N S T R U C T I O N E T T R AVAU X P U B L I C S

Ti253 - Les superstructures du bâtiment

Les matériaux de construction

Réf. Internet : 42224 | 3e édition

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III
Cet ouvrage fait par tie de
Les superstructures du bâtiment
(Réf. Internet ti253)
composé de  :

Méthodes de calcul et conception Réf. Internet : 42825

Les matériaux de construction Réf. Internet : 42224

Les bétons dans la construction Réf. Internet : 42221

Béton armé et béton précontraint Réf. Internet : 42223

Construction métallique Réf. Internet : 42230

Constructions mixtes - Constructions souples Réf. Internet : 42231

Construction bois Réf. Internet : 42824

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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Les superstructures du bâtiment
(Réf. Internet ti253)

dont les exper ts scientifiques sont  :

Jean-Pierre MUZEAU
Ancien enseignant à Polytech' Clermont-Ferrand, Président de l'APK, Directeur
scientifique du CHEC

Frédéric RAGUENEAU
Directeur du Laboratoire de Mécanique et Technologie de l'ENS Cachan

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V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :

Joseph ABDO Matthieu HORGNIES


Pour l’article : C920 Pour l’article : TRI4610

Georges AUSSEDAT Michel KORNMANN


Pour les articles : C902 – C903 Pour les articles : C905 – C906 – C907

Philippe COGNARD Jean LUYCKX


Pour les articles : C960 – C961 Pour l’article : C5440

Daniel DALIGAND Gilles MARTINET


Pour l’article : C910 Pour l’article : C922

Yannick DESCANTES Guy MURRY


Pour les articles : C902 – C903 Pour l’article : C2501

Pierre DUPONT Marc PELLETIER


Pour les articles : C902 – C903 Pour l’article : C923

Emmanuelles GRÈS-ROQUÉ Jean-Pierre PESCATORE


Pour l’article : C924 Pour l’article : C2501

Jeanne-Sylvine GUEDON Daniel PUIATTI


Pour les articles : C902 – C903 Pour l’article : C923

Xavier GUILLOT Philippe SOUCHU


Pour l’article : C924 Pour l’article : C922

Patrice HAMELIN Michel VENUAT


Pour l’article : C950 Pour l’article : C945

Gontran HERRIER
Pour l’article : C923

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VI
Les matériaux de construction
(Réf. Internet 42224)

SOMMAIRE

1– Les granulats Réf. Internet page

Granulats. Origines et caractéristiques C902 11

Granulats. Production et utilisations C903 15

Produits silico-calcaires C945 19

2– Les matériaux de terre cuite Réf. Internet page

Matériaux de terre cuite. Matières de base et fabrication C905 23

Matériaux de terre cuite. Propriétés et produits C906 27

Matériaux de terre cuite. Données numériques C907 29

3– Le platre et le ciment Réf. Internet page

Plâtre C910 35

Ciments C920 39

La chaux. Déinitions et histoire C922 43

Chaux aérienne. Contexte, fabrication, domaines d'application C923 45

Chaux hydrauliques C924 49

4– L'acier Réf. Internet page

Aciers de construction métallique C2501 53

5– Les ibres Réf. Internet page

Polymères renforcés de ibres (FRP). Identiication et champs d'application C950 61

Composites à ibres de carbone dans le génie civil C5440 67

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VII
6– Fixation des matériaux de construction Réf. Internet page

Études de cas concernant l'adhésion entre matériaux de construction TRI4610 73

Colles et adhésifs. Caractéristiques et types C960 79

Colles et adhésifs. Applications dans le bâtiment C961 83

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Les matériaux de construction
(Réf. Internet 42224)


1– Les granulats Réf. Internet page

Granulats. Origines et caractéristiques C902 11

Granulats. Production et utilisations C903 15

Produits silico-calcaires C945 19

2– Les matériaux de terre cuite

3– Le platre et le ciment

4– L'acier

5– Les ibres

6– Fixation des matériaux de construction

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Granulats. Origines et caractéristiques

par Pierre DUPONT


Ingénieur CNAM
Expert responsable du domaine des granulats au SETRA (Service d’ÉtudesTechniques des

Routes et Autoroutes)
Georges AUSSEDAT
Responsable des affaires techniques à l’Union Nationale des Producteurs de Granulats
Yannick DESCANTES
Docteur en Génie Civil. Ingénieur desTravaux Publics de l’État
Responsable de l’activité essais de granulats au Laboratoire central des Ponts et Chaussées
et Jeanne-Sylvine GUEDON
Docteur en pétrographie-volcanologie. Ingénieur desTravaux Publics de l’État
Chef de la section Géologie, Mécanique des Roches et Géotechnique de l’Environnement
au Laboratoire Central des Ponts et Chaussées

1. Principales ressources............................................................................ C 902v2 - 2


1.1 Granulats naturels ....................................................................................... — 2
1.2 Granulats artificiels ou recyclés ................................................................. — 3
2. Propriétés des roches exploitées......................................................... — 3
2.1 Minéraux de base ........................................................................................ — 3
2.2 Roches magmatiques .................................................................................. — 4
2.3 Roches sédimentaires ................................................................................. — 5
2.4 Roches métamorphiques ............................................................................ — 5
3. Principales caractéristiques géotechniques des granulats
et essais correspondants ....................................................................... — 6
3.1 Caractéristiques de fabrication................................................................... — 6
3.2 Caractéristiques intrinsèques ..................................................................... — 9
Références bibliographiques ......................................................................... — 12
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. C 903v2

es granulats constituent une matière première indispensable au bâtiment et


L au génie civil, sans laquelle la réalisation des ouvrages serait aujourd’hui
impossible dans l’état actuel des techniques de construction. Ils forment
notamment le squelette des bétons hydrauliques, l’ossature des couches de
chaussées, et de leur qualité dépend en grande partie celle des logements, des
ouvrages d’art et des routes.
Les granulats sont des matériaux granulaires de dimensions n’excédant pas
125 mm, auxquels s’ajoutent les enrochements de dimensions supérieures
à 125 mm mais de masses inférieures ou égales à 15 t. Ils sont désignés par leur
plus petite et plus grande dimensions d et D, l’intervalle d/D étant appelé classe
granulaire. Cette désignation admet que les éléments puissent être retenus sur
un tamis à mailles carrées d’ouverture D (tamis D) et que d’autres puissent pas-
ser au travers du tamis d, dans les limites normalisées permises.
Trois grandes familles de granulats sont ainsi définies :
— les sables, où d = 0 et 2 4 D 4 6,3 mm ;
— les gravillons, où d 5 1 mm et 2 4 D 4 90 mm ;
— les graves, où d = 0 et 2 4 D 4 90 mm .
Les fines constituent la fraction granulaire passant au travers du tamis
de 0,063 mm.
p。イオエゥッョ@Z@。ッエ@RPPW

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


est strictement interdite. − © EditionsT.I. C 902v2 − 1

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GRANULATS. ORIGINES ET CARACTÉRISTIQUES ______________________________________________________________________________________________

Les granulats les plus couramment utilisés dans le bâtiment et le génie civil
ont une masse volumique réelle comprise entre 2 et 3 Mg/m3.
Les normes européennes ont remplacé les normes françaises en juin 2004,
concrétisant ainsi quinze ans de normalisation des granulats en Europe. Plu-
sieurs nouveautés ont sensiblement modifié les habitudes mais se sont
avérées sans incidence notable sur les bétons hydrauliques et les produits
routiers : le remplacement des tamis à toile tissée par des tamis à tôle perforée
Q à trous carrés pour les dimensions supérieures ou égales à 4 mm, la détermi-
nation des fines au tamis de 0,063 mm au lieu du tamis de 0,080 mm, etc.
Dans ce dossier [C 902v2], nous traitons des origines et des caractéristiques
des granulats. Dans un deuxième dossier [C 903v2], nous traitons de la produc-
tion des granulats, de la protection de l’environnement, de la maîtrise de la
qualité, des spécifications d’usage et du marché des granulats en France.
Les normes, ouvrages à consulter et principaux fournisseurs sont regroupés
en [Doc. C 903v2].

restre sous forme par exemple de coulées de lave. Elles se caractéri-


1. Principales ressources sent par leur structure fluidale, microlitique voire vitreuse, où la
plupart des minéraux n’ont pas eu le temps de se développer et sont
Les granulats peuvent être naturels, artificiels ou recyclés. de ce fait invisibles à l’œil nu (rhyolites, andésites, basaltes, etc.).
Les granulats naturels sont des grains minéraux qui proviennent ■ Les roches métamorphiques résultent, quant à elles, de la trans-
de roches massives ou meubles n’ayant subi aucune transfor- formation des roches superficielles sous l’effet d’une élévation de la
mation autre que mécanique. température et/ou de la pression, au fur et à mesure de leur enfouis-
Les granulats artificiels sont des grains minéraux qui résultent sement en profondeur par l’action de phénomènes multiples et
d’un procédé industriel comprenant des transformations thermiques complexes. Elles ont été remontées à la surface de l’écorce terrestre
ou autres. par des mouvements de soulèvement de grande ampleur. Elles se
caractérisent par une orientation plus ou moins marquée de certains
Les granulats recyclés sont obtenus par traitement d’une matière minéraux, voire par une structure feuilletée (gneiss, leptynites,
inorganique précédemment utilisée dans la construction. amphibolites, quartzites, cornéennes, etc.).
Les roches massives éruptives apparaissent dans les massifs
anciens (massif armoricain, massif central, massif vosgien) et les
1.1 Granulats naturels chaînes plissées récentes (chaîne alpine, chaîne pyrénéenne).

La géologie de la France conditionne l’emplacement des aires de


production en fonction de la nature des terrains. Elle offre une Les granulats ayant pour origine les roches éruptives
grande richesse et une grande diversité de formations, ce qui se conviennent généralement bien à la confection des bétons
traduit par une large variété de granulats naturels. hydrauliques et à l’exécution des travaux de viabilité courants.
Beaucoup sont les constituants de choix des techniques routiè-
Les roches exploitées pour la production de granulats naturels
res et plus particulièrement de celles destinées aux couches de
sont des roches massives d’origine éruptive ou sédimentaire,
roulement. Certains peuvent être utilisés pour la réalisation du
constituées de minéraux fortement liés entre eux, et des roches
ballast des voies ferrées.
meubles d’origine sédimentaire, formées d’éléments détritiques
non consolidés.
1.1.2 Granulats de roches massives sédimentaires
1.1.1 Granulats de roches massives éruptives
Les roches massives sédimentaires se sont formées à la surface
Deux familles de roches massives éruptives sont classiquement des continents et au fond des océans. Elles englobent notamment
distinguées : les roches magmatiques et les roches métamorphiques. les roches siliceuses et les roches carbonatées.
Les roches siliceuses, d’origine principalement détritique, pro-
■ Les roches magmatiques sont issues des profondeurs de l’écorce
viennent de la cimentation des grains d’un sable (grès à grès quart-
terrestre. Elles résultent du refroidissement d’un magma. Deux
zeux voire quartzitiques, selon le degré de remplissage des vides
types de roches sont ainsi différenciés : les roches plutoniques et les
laissés entre les grains par la silice qui les lie, etc.). Leur résistance
roches volcaniques.
dépend essentiellement de leur porosité.
Les roches plutoniques proviennent d’un refroidissement lent du Les roches carbonatées ont une origine organo-chimique : origine
magma, piégé par l’écorce terrestre. Elles ont affleuré à la surface organique par l’accumulation de débris de coquilles ou l’activité
de l’écorce terrestre par suite de mouvements tectoniques ou de coloniale de coraux, origine chimique par la précipitation des
l’érosion des formations sus-jacentes. Elles se caractérisent par carbonates qui constituent généralement le ciment. Les structures
leur structure grenue, où les minéraux sont largement développés peuvent être très variées, suivant la dimension, la forme et la pro-
et bien visibles à l’œil nu (granites, diorites, gabbros, etc.). portion des coquilles, l’importance du ciment, le pourcentage des
Les roches volcaniques proviennent d’un refroidissement rapide autres minéraux et des pores (calcaires, calcaires dolomitiques, etc.).
du magma, qui s’est épanché et solidifié à la surface de l’écorce ter- Leur résistance est conditionnée en grande partie par leur porosité.

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C 902v2 − 2 est strictement interdite. − © EditionsT.I.

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_____________________________________________________________________________________________ GRANULATS. ORIGINES ET CARACTÉRISTIQUES

Les roches massives calcaires affleurent dans les bassins sédi- le dé veloppement de le ur emploi , d ans le r espect de s règles
mentaires (bassin Parisien, bassin Aquitain) et les chaînes plissées environnementales e t t echniques v isant à minimi ser le s risques
récentes (chaîne alpine, chaîne pyrénéenne). de pollutions et de désordres.
Les granulats artificiels peuvent être des coproduits de l’industrie
Les granulats calcaires satisfont aux exigences techniques de sidérurgique (laitiers de haut fourneau refroidis à l’air, laitiers
la demande courante : bétons hydrauliques et viabilité. La d’aciérie issus d’un four à arc électrique, etc.), des coproduits de
plupart donnent de bons matériaux routiers mais leur emploi l’industrie minière (schistes houillers, etc.), voire des mâchefers


pour la réalisation des revêtements de chaussées reste limité d’incinération d’ordures ménagères.
parce qu’ils sont sensibles au polissage et cela d’autant plus que Les granulats recyclés résultent de la déconstruction d’ouvrages
leur pâte est plus fine et que leur pureté est plus grande. du bâtiment et du génie civil (matériaux de démolition et agrégats
d’enrobés essentiellement).

1.1.3 Granulats de roches meubles


Les roches meubles sont des dépôts détritiques qui n’ont pas été
cimentés. Elles résultent d’un ensemble de processus d’érosion et
2. Propriétés des roches
de sédimentation. exploitées
■ Elles sont surtout exploitées le long des fleuves et de leurs
affluents : les villes se sont créées et agrandies au voisinage de Les granulats empruntent aux roches dont ils sont issus une
l’eau, dans les vallées. Ainsi, les alluvions constituent généralement grande partie de leurs propriétés et en particulier toutes leurs
les matériaux de construction traditionnels les plus proches ; ce sont caractéristiques intrinsèques, c’est-à-dire celles qui dépendent de
aussi les plus faciles à extraire. Par ailleurs, la diversité des sédi- la composition minéralogique et de la texture pétrographique.
ments (composition pétrographique, granularité, etc.), lorsqu’ils
existent et subsistent, permet de répondre à la quasi-totalité de la
demande. 2.1 Minéraux de base
La proximité des lieux de consommation, le large éventail des
qualités offertes, les coûts de production modérés par suite du Les roches sont constituées par des assemblages de minéraux.
travail de préconcassage, précriblage et prélavage effectué durant Les minéraux les plus répandus dans l’écorce terrestre sont des
les phases géologiques de dépôt, expliquent le développement silicates (environ 90 %). Le reste comprend des carbonates, des
important de l’exploitation des matériaux alluvionnaires et la place oxydes métalliques, des sulfates, des sulfures, etc.
prépondérante qu’ils occupent dans le marché des granulats.
Le renforcement de la législation sur les carrières et sur la pro-
tection des ressources en eau, l’épuisement de certains gisements,
2.1.1 Silicates
la concurrence au niveau de l’occupation des sols, la spéculation Les silicates sont essentiellement des arrangements géométriques
foncière, la sensibilisation de plus en plus marquée de l’opinion d’ions oxygène, groupés par quatre autour d’ions silicium (tétraèdres).
publique aux problèmes liés à l’environnement, toutes ces Des ions silicium sont parfois remplacés par des ions aluminium,
contraintes concourent à limiter l’extension des zones d’extraction, l’équilibre des charges électriques étant alors assuré par des ions
voire à interdire l’ouverture de nouvelles exploitations. potassium, sodium, calcium, etc. Le type d’arrangement caractérise la
■ Des matériaux alluvionnaires sont également extraits en mer, sur la famille à laquelle appartient le silicate. Les proportions d’ions silicium
plate-forme continentale à l’embouchure des fleuves. Il s’agit et aluminium, l’existence d’ions fer, magnésium, etc., introduisent des
d’alluvions fluviatiles anciennes correspondant à des terrasses allu- variétés plus ou moins différenciées au sein de chaque famille.
viales continentales qui ont été submergées. Les gisements exploi- Le quartz est le représentant le plus commun de la silice. Il
tables renferment principalement des sables, de compositions appartient à la famille des tectosilicates, à tétraèdres disposés en
pétrographiques et de granularités très variées (de sables quartzeux charpente. C’est un minéral inaltérable, très dur (dureté Vickers de
purs aux sables coquilliers purs, avec tous les intermédiaires pos- 1 280 kg/mm2), incolore et à éclat gras. Il se trouve dans certaines
sibles). Les réserves en granulats marins sont considérables, mais leur roches magmatiques, dans des roches sédimentaires, où il est
exploitation intensive pose des problèmes écologiques, économiques parfois le seul constituant, et dans des roches métamorphiques.
et techniques.
■ Des sables fins non alluvionnaires sont aussi employés comme Il convient de préciser que l’essai Vickers consiste à faire
granulats. Ils proviennent de dépôts détritiques anciens, qui ont été pénétrer une pointe diamantée en forme de pyramide à base
brassés par des courants marins puis recouverts par d’autres for- carrée dans une face du minéral étudié, et que la dureté Vickers
mations sédimentaires à la suite de variations successives des est définie par le rapport de la charge appliquée à la surface de
conditions paléo-géographiques, et qui se retrouvent actuellement l’empreinte produite.
émergés sur des étendues et des épaisseurs variables (sables du
Perche, sables de Fontainebleau, etc.). Les feldspaths sont aussi des tectosilicates. Ils sont potassiques
De plus, quelques autres matériaux détritiques sont ponctuellement (orthose, microcline, etc.), sodi-potassiques (anorthose), sodi-calci-
exploités. Il s’agit principalement de dépôts soit résiduels, soit très ques (série isomorphe continue des plagioclases allant de l’albite
peu transportés donc souvent mal classés (arènes granitiques, morai- à l’anorthite), ou moins riches en silice (feldspathoïdes). Ce sont
nes fluvio-glaciaires, éboulis de pente, etc.). des minéraux altérables, moyennement durs (750 kg/mm2), incolo-
res, roses ou blancs, et brillants suivant des plans de clivage bien
développés. Ils se rencontrent dans la plupart des roches magma-
1.2 Granulats artificiels ou recyclés tiques et dans beaucoup de roches métamorphiques.
Les micas appartiennent à la famille des phyllosilicates, à tétraè-
Divers types de granulats artificiels ou recyclés s’avèrent en outre dres disposés en feuillets. Ce sont des minéraux altérables, très
potentiellement utilisables, plus particulièrement en technique tendres (85 kg/mm2), apparaissant en prismes aplatis à clivages
routière, sous réserve de résultats d’études préalables probants. parfaits et à débit en minces lamelles flexibles et élastiques. Ils
La politique menée en matière d’environnement tend à favoriser sont alumineux blancs et nacrés (muscovite) ou ferro-magnésiens

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Granulats. Production et utilisations


par Pierre DUPONT
Ingénieur CNAM
Expert responsable du domaine des granulats au SETRA (Service d’ÉtudesTechniques des
Routes et Autoroutes) Q
Georges AUSSEDAT
Responsable des affaires techniques à l’Union Nationale des Producteurs de Granulats
Yannick DESCANTES
Docteur en Génie Civil. Ingénieur desTravaux Publics de l’État
Responsable de l’activité essais de granulats au Laboratoire central des Ponts et Chaussées
et Jeanne-Sylvine GUEDON
Docteur en pétrographie-volcanologie. Ingénieur desTravaux Publics de l’État
Chef de la section Géologie, Mécanique des Roches et Géotechnique de l’Environnement
au Laboratoire Central des Ponts et Chaussées

1. Production des granulats ...................................................................... C 903v2 - 2


1.1 Extraction et transport vers les unités de traitement ............................... — 2
1.1.1 Gisements de roches massives ......................................................... — 2
1.1.2 Gisements de roches meubles .......................................................... — 3
1.1.3 Mâchefers d’incinération d’ordures ménagères .............................. — 4
1.1.4 Matériaux de démolition.................................................................... — 4
1.1.5 Agrégats d’enrobés ............................................................................ — 4
1.2 Traitement proprement dit.......................................................................... — 4
1.2.1 Concassage ......................................................................................... — 4
1.2.2 Criblage ............................................................................................... — 6
1.2.3 Lavage ................................................................................................. — 6
1.3 Cas particuliers ............................................................................................ — 6
1.3.1 Mâchefers d’incinération d’ordures ménagères .............................. — 6
1.3.2 Matériaux de démolition.................................................................... — 7
1.3.3 Agrégats d’enrobés ............................................................................ — 7
2. Protection de l’environnement............................................................. — 7
3. Maîtrise de la qualité .............................................................................. — 7
4. Spécifications d’usage ........................................................................... — 8
4.1 Domaine des chaussées.............................................................................. — 8
4.1.1 Assises................................................................................................. — 8
4.1.2 Revêtements ....................................................................................... — 9
4.2 Domaine des bétons.................................................................................... — 9
5. Marché des granulats en France.......................................................... — 10
5.1 Production .................................................................................................... — 10
5.2 Consommation ............................................................................................ — 10
5.3 Transport ...................................................................................................... — 10
6. Conclusion ................................................................................................. — 11
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. C 903v2

ans un premier dossier [C 902v2], nous avons traité des principales


D ressources en granulats, des propriétés des roches exploitées et des
principales caractéristiques géotechniques des granulats avec les essais corres-
pondants. Dans ce dossier [C 903v2], nous traitons spécifiquement de la
production et des spécifications d’usage des ouvrages réalisés.
Les normes, ouvrages à consulter et les principaux fournisseurs sont regrou-
pés en [Doc. C 903v2].
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GRANULATS. PRODUCTION ET UTILISATIONS ________________________________________________________________________________________________

1. Production des granulats


Les granulats naturels sont produits dans des carrières (figures 1
et 2), et chacune d’elles occasionne une occupation temporaire du
sol, c’est-à-dire une parenthèse dans l’histoire du site.

Q Rappel de définitions

Les granulats sont des matériaux granulaires de dimensions


n’excédant pas 125 mm, auxquels s’ajoutent les enrochements
de dimensions supérieures à 125 mm mais de masses inférieures
ou égales à 15 tonnes. Ils sont désignés par leur plus petite et plus
grande dimensions d et D, l’intervalle d/D étant appelé classe
granulaire. Cette désignation admet que des éléments puissent
être retenus sur un tamis à mailles carrées d’ouverture D
(tamis D) et que d’autres puissent passer au travers du tamis d,
dans les limites normalisées permises.
Trois grandes familles de granulats sont ainsi définies :
— les sables, où d = 0 et 2 4 D 4 6,3 mm ;
— les gravillons, où d 5 1 mm et 2 4 D 4 90 mm ;
— les graves, où d = 0 et 2 4 D 4 90 mm .
Les fines constituent leur fraction granulaire au travers du
tamis de 0,063 mm.
Les granulats les plus couramment utilisés dans le bâtiment
et le génie civil ont une masse volumique réelle comprise entre
2 et 3 Mg/m3.

Avant toute ouverture de carrière, l’accès au gisement repré- Figure 1 – Carrière de roche massive (photothèque CEMEX,
sente une tâche administrative et environnementale de grande 4 vents photographie)
ampleur qui peut facilement durer 5 à 10 ans.

La période de production proprement dite est généralement plus


longue dans les roches massives que dans les roches meubles
(cf. [C 9 02v2]).

Enfin, lorsque le gisement est épuisé, ou au fur et à mesure de


son exploitation, le site fait l’objet d’une remise en état conforme
au projet et au plan de financement établis selon la législation en
vigueur, laquelle est extrêmement contraignante en matière de
protection de l’environnement.

L’implantation d’une unité nouvelle, ou la transformation d’une


unité existante, nécessite la réalisation d’études préalables visant
notamment à :
— caractériser le gisement sur les plans géologique et
géotechnique ;
— estimer le marché potentiel en termes quantitatif et qualitatif ;
— définir les moyens techniques qu’il convient de mettre en
œuvre dans le cadre d’une démarche industrielle ;
— rechercher la rentabilité financière du projet. Figure 2 – Exploitation en site alluvionnaire (photothèque CEMEX)

La connaissance des conditions de gisement et la maîtrise des


outils de production, optimisée grâce au développement de la 1.1 Extraction et transport
mécanisation et à l’avènement de l’automatisation, concourent à
accroître la productivité des exploitations et à obtenir la régularité
vers les unités de traitement
recherchée des granulats.
1.1.1 Gisements de roches massives
La production de granulats artificiels ou recyclés (cf. [C 9 02v2]),
quant à elle, a le mérite de ne pas consommer de ressources natu- L’extraction peut être exécutée soit sur un seul front par tranches
relles et de ne pas modifier la topographie des terrains d’accueil horizontales successives (figure 3), soit sur plusieurs fronts par
des installations. tranches horizontales simultanées. La première méthode est la plus
fréquemment appliquée, la seconde étant plus particulièrement
De manière générale, l’élaboration des granulats comprend deux réservée aux gisements de moyenne puissance mais de faible
opérations principales distinctes : l’extraction et le transport vers épaisseur en regard de leur superficie. Selon la topographie du
les unités de traitement d’une part, le traitement proprement dit site, l’extraction progresse à flanc de coteau ou en fosses
d’autre part. emboîtées.

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_______________________________________________________________________________________________ GRANULATS. PRODUCTION ET UTILISATIONS

lement fabriqués sur place dans des unités mobiles à partir de


nitrate et de fuel, et plus ou moins chargés de poudre d’aluminium
lorsque les trous sont remplis d’eau). Cette seconde solution a
l’avantage d’éviter au carrier les contraintes liées à la sécurité et à
la sûreté (prévention du vol) du transport et du stockage des explo-
sifs. Les quantités utilisées (50 à 150 g/t de matériau abattu) dépen-
dent des caractéristiques du gisement et sont déterminées par la
maille de foration et le diamètre des trous.
Des microretards à l’amorçage, entre les plans de forage,
permettent d’optimiser la répartition de la taille des blocs abattus
et surtout de diminuer fortement l’amplitude des vibrations du sol

qui se propagent vers l’intérieur comme vers l’extérieur de la
carrière, en étalant les détonations dans le temps.
Une fragmentation secondaire est quelquefois nécessaire sur les
blocs trop gros pour la suite des opérations. Elle est réalisée le plus
souvent à l’aide d’un marteau brise roche hydraulique (BRH), ou,
lorsque cela est permis, par pétardage en introduisant des
cartouches d’explosif dans des trous préalablement forés.
■ Après chaque tir, les matériaux abattus sont exploités en butte par
Figure 3 – Extraction dans un gisement de roche massive
un engin de chargement évoluant à leur pied. Lorsque les distances
(photothèque CEMEX)
de transport sont inférieures à 150 m, il est possible d’utiliser une
chargeuse sur pneumatiques assurant les fonctions chargement et
■ La découverture consiste à mettre à nu la partie saine de la roche transport vers le concasseur primaire. Pour des distances plus gran-
à exploiter. La terre végétale est d’abord décapée au bouteur ou au des, le transport est effectué par des tombereaux rigides ou dum-
scrapeur puis disposée en cordons à la périphérie du gisement ou peurs de 35 à 50 t de charge utile ou par des tombereaux articulés
transportée sur une aire de dépôt, pour être éventuellement lorsque les conditions de roulage sont difficiles.
réutilisée plus tard au moment du réaménagement du site.
Les matériaux stériles et les parties altérées du gisement sont 1.1.2 Gisements de roches meubles
également mis en dépôt (ou éventuellement réutilisés comme
matériaux de remblai). Cette opération, parfois précédée d’un Les gisements de roches meubles reposent sur un mur de
pré-minage, est réalisée au bouteur voire à la pelle hydraulique avec substratum non exploitable et sont limités par un toit surmonté
chargement sur tombereau rigide lorsque le dépôt est éloigné. d’une découverte. Entre le mur et le toit, se situe le gisement pro-
prement dit, dont l’épaisseur est appelée puissance.
La découverte peut ainsi représenter jusqu’à 20 % du terras-
sement total. Séquence essentielle pour la régularité de la pro- Trois cas peuvent se présenter suivant les niveaux respectifs du
duction, la découverture doit être incluse dans le système qualité mur, du toit et de la nappe d’eau qui baigne fréquemment une
de la carrière bien qu’elle soit souvent sous-traitée. partie des gisements :
La partie saine du gisement étant naturellement fracturée, le géo- — si le niveau de la nappe est inférieur à celui du mur, le site est
logue peut en dresser une carte à deux dimensions en observant hors d’eau et le gisement est exploité à sec ;
le front de taille, et, à l’aide de logiciels disponibles sur le marché, — si le niveau de la nappe est supérieur à celui du toit, le site est
en avoir une idée à trois dimensions. immergé et le gisement est exploité sous eau ;
— si le niveau de la nappe est compris entre ceux du mur et du
■ L’abattage a pour but de réduire la roche saine en place en blocs toit, le site est semi-immergé et le gisement est généralement
de tailles compatibles avec les possibilités des engins de char- exploité en deux phases distinctes.
gement et de transport d’une part, et avec le gabarit du concasseur
primaire d’autre part. ■ La découverture est gérée comme pour les roches massives
quand le site est hors d’eau. Lorsqu’il est immergé, on peut procé-
L’abattage est réalisé par un tir à l’explosif disposé dans des der à un rabattement de la nappe par pompage, si la perméabilité du
trous forés, alignés sur plusieurs plans parallèles au front de taille, terrain le permet ; sinon, le décapage de la découverte est générale-
qui peut être incliné jusqu’à 20o par rapport à la verticale. La déto- ment effectué, depuis le haut, à la pelle hydraulique équipée en
nation de l’explosif transmet au massif rocheux une puissante rétro. La nature de la découverte peut être très différente de celle
onde de choc, qui broie la roche dans son voisinage immédiat, des matériaux exploitables (présence notamment de matière orga-
initie une fracturation radiale au-delà et engendre une fracturation nique, de tourbe, de pyrite, très nocives surtout dans les bétons). Il
parallèle à toute surface libre sur laquelle elle se réfléchit. Elle pro- est donc indispensable, là aussi, d’inclure la découverture dans le
duit également un gaz à haute température et haute pression, qui système qualité de la carrière.
prolonge les fractures radiales et éjecte les blocs fracturés. La hau-
teur du front de taille est limitée par la réglementation française à ■ En site hors d’eau, deux modes d’extraction sont possibles :
15 m, pour prévenir les risques de déviation de forage. La largeur — en fouille, par pelle hydraulique équipée en rétro, pour des
de la tranche à abattre, appelée banquette, est en général de 3 puissances de gisement n’excédant pas 4 m et lorsqu’il existe des
à 6 m. La maille de foration est la surface comprise entre 4 trous zones indurées ;
d’abattage. Elle est généralement comprise entre 10 et 20 m2 (la — en butte, par chargeuse sur pneumatiques, pour la plupart
maille courante étant de 3 m × 4 m), suivant la blocométrie désirée. des autres cas. Si la puissance du gisement dépasse toutefois
La foration des trous associe un mouvement de descente, par 12 m, l’exploitation est conduite par paliers.
percussion d’un marteau muni d’un outil taillant, à un mouvement En site immergé, si le rabattement de la nappe est possible, on
de rotation. Les outils taillants peuvent forer entre quelques dizai- est ramené au problème précédent. Sinon, on utilise des dragues
nes et plusieurs centaines de mètres, suivant la dureté et l’abrasi- généralement à godets. Les matériaux sont traités sur la drague
vité de la roche : un quartzite est très abrasif, un calcaire l’est peu. par criblage et lavage, ou évacués par bandes transporteuses
Les explosifs utilisés pour les tirs peuvent être soit en cartouche flottantes. Lorsque la puissance du gisement est importante, on a
(dynamites ou émulsions), soit en vrac (pulvérulents, ou éventuel- recours à des dragues à grappin ou à des dragues suceuses.

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Produits silico-calcaires

par Michel VÉNUAT



Ingénieur de l’École Spéciale des Travaux Publics
Docteur ès Sciences. Ingénieur Européen
Professeur
Expert National agréé par la Cour de Cassation

1. Développement......................................................................................... C 945 - 2
1.1 Silico-calcaires denses ................................................................................ — 2
1.2 Silico-calcaires légers.................................................................................. — 2
1.3 Fibres-ciment-silice...................................................................................... — 2
2. Fabrication ................................................................................................. — 2
2.1 Silico-calcaires denses ................................................................................ — 2
2.2 Silico-calcaires légers.................................................................................. — 3
2.3 Fibres-ciment-silice...................................................................................... — 3
3. Propriétés principales et utilisations ................................................. — 3
3.1 Silico-calcaires denses ................................................................................ — 3
3.2 Silico-calcaires légers.................................................................................. — 4
3.3 Fibres-ciment-silice...................................................................................... — 4
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. C 945

es produits silico-calcaires sont essentiellement formés d’un mélange de


L matériaux siliceux finement broyés et de chaux hydratée Ca(OH) 2 appelée
chaux grasse (ou de ciment portland) soumis généralement à un traitement à
l’autoclave. Deux catégories de produits sont fabriqués et utilisés comme
matériaux de construction :
— les silico-calcaires denses ;
— les silico-calcaires légers.
On peut ajouter une troisième catégorie constituée par les fibres-ciment-silice.
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PRODUITS SILICO-CALCAIRES ____________________________________________________________________________________________________________

1. Développement Le fibres-ciment est mentionné dans les produits silico-calcaires,


parce qu’il est parfois autoclavé lorsque la matrice contient de la
silice, comme c’est le cas pour les tuyaux (États-Unis, Mexique) ou
1.1 Silico-calcaires denses pour certains produits spéciaux (plaques planes légères, isolantes
ou à hautes résistances mécaniques).
Le mélange de silice et de chaux ne constitue généralement pas Dans certains pays, on fabrique des produits légers en fibres-
un liant hydraulique à la température ambiante (la combinaison n’a ciment-silice par incorporation de charges minérales légères


lieu que si la silice est vitreuse et pouzzolanique) ; mais il n’en est réfractaires dans le mélange de ciment, de silice broyée et d’amiante.
pas de même en présence de vapeur d’eau sous pression.
Dans les pays producteurs, surtout en Russie et en Allemagne,
on s’oriente vers des matériaux de plus grandes dimensions que la
brique standard, pouvant être armés, et analogues aux éléments 2. Fabrication
de béton préfabriqués ou de briques et blocs de terre cuite.
Il existe en Allemagne environ 130 usines, surtout localisées 2.1 Silico-calcaires denses
dans l’ouest du pays.
Les matériaux suivants sont utilisés :
— sable propre de 0/5 mm dont une certaine partie ( 5 à 10 %)
1.2 Silico-calcaires légers peut être broyée à une finesse de l’ordre de 1 000 à 2 000 cm2 /g
(finesse Blaine) ;
Les silico-calcaires légers sont fabriqués à partir des mêmes — chaux vive CaO. Les rapports seront les suivants (en masse) :
matériaux que les silico-calcaires denses, mais avec ajout d’un • sables fins : 12,
constituant produisant des vides artificiels fermés, sous forme de • chaux vive CaO : 1 ;
bulles gazeuses obtenues par réaction chimique. Ils appartiennent — eau : de l’ordre de 4 à 8 % de la masse des matières sèches ;
à la classe des matériaux appelés improprement béton cellulaire — colorants (éventuellement) : pigments constitués par des
ou béton gaz . oxydes métalliques.
Les premiers brevets datent de 1890, mais on considère souvent Le mélange chaux vive + sable + eau est homogénéisé, puis
le Suédois J. A. Eriksson comme le père de ces produits ; ses bre- passe dans des réacteurs.
vets datent de 1923 et il utilisa en 1929 le traitement à l’autoclave.
Ces produits furent d’abord commercialisés en Suède en 1924 L’homogénéisation de ces matériaux doit être parfaite afin
(Skovde, Gasbeton, Ytong, Durox), au Danemark en 1928 (Celcon, d’obtenir des produits de résistances analogues.
Siporex), en URSS en 1930. C’est dans ce dernier pays que l’on Généralement, des mélangeurs continus alimentent d’une façon
pensa, dès 1938, à renforcer les silico-calcaires légers grâce à des régulière les presses. Celles-ci sont souvent constituées par des
armatures d’acier (essais effectués par Kudrias Hoff). tables tournantes munies d’alvéoles prismatiques. La matière est
Les principaux producteurs sont la Russie, le Japon, l’Allemagne, comprimée, ou comprimée-vibrée, suivant les modèles de presse,
la Grande-Bretagne. La production française annuelle de béton cellu- sous des pressions variant de 15 à 45 MPa, exceptionnellement
laire est de l’ordre de 600 000 m3 avec 6 usines (1994). 60 MPa. La résistance mécanique et la masse volumique sont fonc-
tion de la pression de moulage. Après démoulage, les produits sont
traités dans des autoclaves dont les diamètres varient de 2,5 à 4 m
et les longueurs de 25 à 40 m. Le traitement dure de 6 à 14 h et la
1.3 Fibres-ciment-silice pression varie de 0,8 à 1,2 MPa (à 170 - 190 oC environ).
On fabrique, le plus souvent, des briques pleines ou perforées (les
Le fibres-ciment-silice est un matériau composite formé d’un presses les plus modernes ont une capacité de production de près
mélange de pâte pure de ciment, parfois additionnée de silice, de 10 000 briques par heure), mais on peut également fabriquer des
broyé et renforcé par des fibres minérales. Le fibres-ciment-silice éléments de plus grandes dimensions.
est traité après durcissement en autoclave à la vapeur d’eau sous
pression. Par exemple, en Allemagne, à côté des briques de format standard
7 × 11 × 24 cm (largeur × longueur × épaisseur), se fabriquent :
Le principe de fabrication, de très loin le plus répandu actuel-
lement, s’apparente à celui du carton. Il a été breveté par l’Autrichien — des blocs pleins ou creux (avec 1 ou 2 trous verticaux) de 11
Hatschek vers 1900. à 30 cm d’épaisseur, souvent de 25 × 50 cm ;
— des panneaux (avec 2 trous verticaux), également de 11 à 30 cm
En dix ans apparurent successivement les ardoises, les plaques d’épaisseur et de 50 × 100 cm.
planes, puis les plaques ondulées, les moulages et enfin les tuyaux.
Ces éléments servent à la construction de cloisons et de murs de
différentes épaisseurs. Il existe des éléments spéciaux (briques
Historique d’angle, de couronnement...).
Ils sont souvent de teinte claire (blanc), l’aspect extérieur pouvant
Les premiers brevets, qui furent pris en 1880 par l’Allemand être variable (plan, à relief, ou aspect pierre cassée).
Michaelis, en 1886 par l’Anglais Van Derburgh, étaient relatifs à Ces blocs et panneaux sont montés avec des mortiers spéciaux
la fabrication de briques silico-calcaires obtenues par un ou des mortiers-colles.
mélange soigneusement dosé de chaux et de silice, broyé puis
On importe en France des produits allemands. Ils sont conformes
moulé par pression et traité à la vapeur. La première application
à la norme allemande DIN 106. La désignation est la suivante :
industrielle a été faite en Allemagne vers 1894. Les pays qui ont
les plus fortes productions de produits silico-calcaires denses — référence à la norme ;
sont : la Russie, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Grande-Bretagne. — désignation du produit ;
En France, les premières usines furent construites vers 1900 ; on — classe de résistance en N/mm2 (de 6 à 28 et exceptionnellement
en comptait une vingtaine en 1920. Actuellement, la production 36, 40 et 60) ;
est arrêtée depuis longtemps. — densité ;
— format ;
— épaisseur du mur à réaliser.

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Les matériaux de construction
(Réf. Internet 42224)

1– Les granulats R
2– Les matériaux de terre cuite Réf. Internet page

Matériaux de terre cuite. Matières de base et fabrication C905 23

Matériaux de terre cuite. Propriétés et produits C906 27

Matériaux de terre cuite. Données numériques C907 29

3– Le platre et le ciment

4– L'acier

5– Les ibres

6– Fixation des matériaux de construction

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Matériaux de terre cuite


Matières de base et fabrication
par Michel KORNMANN
Ingénieur civil des Mines, Docteur Ingénieur
Consultant technique (Lancy Genève)
Ancien Directeur technique du Centre technique des tuiles et briques (Paris)

1. Argile et la plasticité...................................................................... C 905v2 – 2



1.1 Principales formes minéralogiques ................................................... — 2
1.2 Charges superficielles de l’argile et couches limites ........................ — 3
1.3 Limites de liquidité, de plasticité, de retrait au séchage .................. — 3
1.4 Sol argileux et concentration en argile ............................................. — 4
1.5 Granulométrie du sol argileux ........................................................... — 4
1.6 Argile et séchage ................................................................................ — 5
1.7 Eau et argile........................................................................................ — 6
1.8 Composition des mélanges argileux ................................................. — 6
1.9 Autres composants du mélange de production ................................ — 6
1.10 Influence des composants principaux ............................................... — 8
2. Fabrication ....................................................................................... — 8
2.1 Extraction des matières premières .................................................... — 8
2.2 Préparation de la pâte ........................................................................ — 10
2.3 Façonnage........................................................................................... — 11
2.4 Séchage .............................................................................................. — 13
2.5 Cuisson ............................................................................................... — 15
3. Environnement et salubrité .......................................................... — 18
3.1 Émissions dans l’air ........................................................................... — 18
3.2 Émissions dans l’eau.......................................................................... — 19
3.3 Déchets ............................................................................................... — 19
3.4 Salubrité ............................................................................................. — 20
4. Conclusions...................................................................................... — 20
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. C 907v3

es matériaux de terre cuite sont utilisés dans le bâtiment depuis des millé-
L naires et ceci dans tous les pays du monde. Ils se sont adaptés à l’évolution
de la construction et à ses impératifs. Les caractéristiques des produits de terre
cuite permettent à ceux-ci d’être employés dans toutes les parties de la cons-
truction avec efficacité. Ce sont essentiellement les briques, apparentes ou non,
les tuiles, les éléments pour planchers, les conduits de fumée, les bardages, les
carreaux rustiques, etc.
Ces matériaux sont fabriqués à partir d’argiles communes. Après une prépa-
ration poussée du mélange, la « terre glaise » est mise en forme, séchée et
finalement cuite. Les produits deviennent souvent rouges à la cuisson (sauf
les argiles calcaires dont la couleur de cuisson varie du rose au jaune et au
blanc).
Dans ce dossier, on décrit les différentes étapes du procédé de fabrication, de
l’extraction dans la carrière jusqu’au stockage des produits finis sur le parc, en
passant par la préparation de la terre, la mise en forme, le séchage et la cuisson.
Dans l’article associé [C 906], on donne des informations sur les propriétés de
la terre cuite et on parle des différents produits de terre cuite disponibles sur le
marché français [1], [2]. La mise en œuvre de ces produits dans les ouvrages [3]
fait l’objet d’autres articles parallèles.
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est strictement interdite. – © Editions T.I. C 905v2 – 1

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MATÉRIAUX DE TERRE CUITE ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Il peut y avoir des substitutions ioniques dans la couche T (Si4+


1. Argile et la plasticité est remplacé par Al3+) et dans la couche O (Al3+ est remplacé par
Mg2+ ou Fe2+). Ces substitutions entraı̂nent un manque d’ions+, et
les couches ne sont plus neutres électriquement. Pour conserver
la neutralité, des cations (K+, Na+, Ca2+,…) vont venir s’absorber,
Les mélanges de production des produits de terre cuite sont pré-
en particulier entre les couches et les feuillets. Ces cations addition-
parés à base d’argiles, qui sont principalement des phyllosilicates
nels sont plus ou moins liés et échangeables. Certaines argiles pré-
hydratés d’aluminium. Le préfixe phyllo exprime que la forme de
sentent donc une capacité d’échange cationique élevée. Les molé-
ces silicates est en feuillets. Ce sont des produits de la dégradation
cules d’eau sont attirées par ces cations et les argiles présentent
chimique des composants des roches magmatiques originelles, en
une grande capacité d’absorption d’eau, entraı̂nant parfois une cer-
particulier les feldspaths et micas des granites, selon une réaction
taine expansion de la maille.
du type :
Suivant l’arrangement des couches dans le feuillet et les substi-
K - feldspath + H + + eau Æ kaolinite + K + + quartz
tutions ioniques, on obtient les nombreuses argiles dont les princi-

R Selon la roche d’origine, les conditions et le temps de réaction,


on obtient les différentes argiles, qui deviennent de plus en plus
décomposées jusqu’au quartz final.
pales sont les suivantes [5].

& Kaolinite
Il s’agit d’un composé simple à deux couches O-T (figure 2a).
1.1 Principales formes minéralogiques Pour associer les couches, un atome oxygène de la couche T est
remplacé par un ion hydroxyle de la couche O. La composition chi-
Produits de réactions électrochimiques, les argiles se présentent mique est 2SiO2.Al2O3.2H2O. Le feuillet est neutre, il n’y a pas d’ab-
sous forme de très petits feuillets [4] dont la structure est caractéri- sorption de cation. L’espace inter couche est vide. Il n’y a pas
sée par la superposition de deux couches (figure 1) : d’échange cationique. L’épaisseur du feuillet est constante à 7,2 Å.
– couche tétraédrique « T » (tétraèdres d’atomes d’oxygène
autour d’un atome central de silicium Si) (figure 1a) ; & Smectite
– couche octaédrique « O » (octaèdres d’ion hydroxyles OH- Il s’agit d’un groupe d’argiles à 3 couches TOT, avec différents
avec, au centre, un ion aluminium Al+++) (voir figure 1b). niveaux de substitutions et de charge (0,2 à 0,6). Les cristaux sont
généralement très fins.
Ces deux couches peuvent s’associer de différentes façons : on
distingue les feuillets à deux couches (O, T) et les feuillets à trois
couches (T, O, T). Par exemple, dans une de ces variétés, la montmorillonite, (Na,
Ca)0.3(Al, Mg)2Si4O10(OH)2,nH2O, un Al3+ de la couche octaédrique
sur 8 est remplacé par Mg2++ (figure 2b). Le feuillet devient partiel-
lement négatif et pour compenser, des cations (Ca2+ ou Na+) vien-
nent s’absorber de façon peu énergétique.

Les smectites se caractérisent par leur capacité d’échange catio-


nique élevée. Des molécules d’eau peuvent pénétrer entre les cou-
ches, l’argile est gonflante et l’unité structurale va varier de 10 à
21 Å, selon la concentration en eau. Elles absorbent donc plus
d’eau que les autres.

& Illite
Il s’agit encore d’un composé à trois couches TOT. Ici, ce sont les
et Silicium et Oxygène ions K+ qui assurent l’équilibre électrique. Il y a une charge néga-
tive importante dans les couches, les ions sont liés de façon forte,
et il y a une très faible capacité d’échange cationique. L’épaisseur
a couche tétraédrique de la structure est constante : 10 Å.

& Chlorite
C’est aussi un feuillet à 3 couches. Ici, la couche absorbée est à
base d’ions Mg++ hydratés et est très stable. Il s’agit presque d’une
couche supplémentaire de brucite. La structure est proche de
TOT-O. La capacité d’échange est limitée et la structure demeure
stable à 14,1 Å.

& Les principales propriétés de ces argiles sont comparées au


tableau 1.

On voit que les smectites, très fines et gonflantes, montrent des


Aluminium, magnésium, etc. et OH – propriétés assez différentes de celles des autres argiles.
Les feuillets décrits ci-dessus sont généralement empilés les uns
b couche octaédrique sur les autres pour former les cristaux d’argile, qui sont de très
petites tailles, souvent en forme de plaquettes (généralement
grande longueur, inférieure à 2 mm, et épaisseur, une fraction de
Figure 1 – Couches T et O des argiles mm).

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– MATÉRIAUX DE TERRE CUITE

OH

OH
OH OH


OH OH OH
OH OH

a kaolinite n H2O cations échangeables

H 104,5° H
0,0965 nm

c molécule d’eau b montmorillonite

Oxygène OH OH – Aluminium Silicium

Figure 2 – Structure de la kaolinite (OT) et de la montmorillonite (TOT)

Tableau 1 – Comparaison des propriétés de différentes argiles


Nombre de Capacité
Épaisseur feuillets par Cations d’échange Surface Charge
Expansion
Minéral Couches du feuillet cristal primaire absorbés en cationique en spécifique des couches/
à l’humidité
(Å) (ordre de compensation centimole(+)/ (en m2/g) formule
grandeur) kg)

Kaolinite TO 7 Quelques Sans 3-15 Faible 5-20 Neutre


centaines

Smectite TOT 10-21 Une dizaine Ca2+, Na+ hy- 80-150 Élevée 700-800 Négative,
dratés entre Faible charge
feuillets (0,2 à 0,6)
et externes

Illite TOT 10 Quelques K+ secs entre 10-40 Faible 100-200 Négative,


dizaines feuillets Forte charge
et externes (0,8 à 0,9)

Chlorite TOT 14,1 Une centaine Mg2+ externe 10-40 Faible 5-20 Positive

1.2 Charges superficielles de l’argile 1.3 Limites de liquidité, de plasticité,


et couches limites de retrait au séchage
Les plaquettes d’argile présentent en surface des ions chargés En partant d’un mélange d’argile dans l’eau qu’on sèche lente-
négativement. Les molécules d’eau au voisinage sont orientées par ment, on observe trois limites successives au fur et à mesure que
ces distributions de charge et s’adsorbent à la surface, par couches l’humidité diminue. Ces limites ont été définies par Atterberg [8] :
successives. La molécule d’eau possède une énergie de liaison d’au- – liquidité. Au dessous de cette limite, le mélange n’est plus réel-
tant plus élevée qu’elle est proche de la surface. Les premières cou- lement liquide. À cette limite, les doubles couches électrostatiques
ches fortement liées sont pratiquement fixées sur l’argile. Les sui-
qui entourent les particules d’argiles commencent à interférer entre
vantes sont plus faiblement liées, mais ont un comportement
elles, les interactions colloı̈dales apparaissent. On parle donc
visqueux différent de celui de l’eau libre. Il y a formation d’une
d’« eau colloı̈dale ». Le matériau devient alors plastique. Il garde
double couche électrostatique à la surface des feuillets d’argile.
sa forme et ne coule plus de lui-même. Cependant, un effort limité
Les épaisseurs de cette double couche varient de 0,01 à 0,4 mm déforme le matériau dont la résistance dépend des couches d’eau
[6], ce qui est beaucoup plus épais que le feuillet lui-même. Les colloı̈dale. Il n’y a pas d’élasticité non plus. Au fur et à mesure que
épaisseurs varient avec la valence du cation, la concentration de le mélange sèche, on observe un retrait du matériau correspondant
sels, la température (voir figure 3) [7]. à la diminution de l’épaisseur des couches d’eau colloı̈dales. Le

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MATÉRIAUX DE TERRE CUITE ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

H H H H H H H H H H
O O O O O Eau liée
+ + + + +
H H H H H Ions positifs
O O O O O
Eau liée par épitaxie
H H H H H H H H H H

Atmosphère ionique
Ions OH, adsorption
OH OH OH OH OH OH OH OH OH OH
sur la couche T
OH OH
OH OH
Ions OH, adsorption
OH OH
sur la brisure
OH OH
OH OH


OH OH OH OH OH OH OH OH OH OH OH de la couche O
H H H H H H H H H H
O O O O O Eau liée par épitaxie
+ + + + +
H H H H H Ions positifs
O O O O O
Eau liée
H H H H H H H H H H

Figure 3 – Liaison des phases aqueuses à la surface de l’argile (source CTMNC, d’après [7])

Tableau 2 – Valeurs typiques des limites de liquidité, plasticité et retrait de différents argiles
Limite de liquidité Limite de plasticité Indice de plasticité Limite de retrait
Minéral Activité A
(en %) (en %) (en %) (en %)

Montmorillonite 100-900 50-100 50-800 8-15 1-7

Illite 60-120 35-60 25-60 15-17 0,5-1

Kaolinite 30-110 25-40 5-70 25-29 0,5

Chlorite 44-47 36-40 8-7

matériau reste saturé d’eau. Dans les smectites, les forces colloı̈da-
les sont très importantes, avec des doubles couches épaisses et les
Limite de plasticité

limites de liquidité sont très élevées ; Retrait


Propriétés de
– plasticité. Cette limite est atteinte quand les particules com- mise en forme augmenté
50
mencent à se toucher de façon mécanique et la plasticité se perd. acceptables
L’intervalle entre les limites de liquidité et de plasticité est dit 45
« indice de plasticité ». En continuant le séchage, la réduction de 40
Cohésion
35 plus faible
Consistance
volume ne peut plus compenser la perte d’humidité et de l’air collante
pénètre dans l’argile qui n’est plus saturée en eau ; 30
– retrait parfois appelée la « limite de Bigot ». En dessous de 25
X
cette limite, il n’y a plus aucun retrait, même si l’humidité diminue 20
encore. 15
10 Poteries
On donne des exemples de ces limites pour des argiles pures Mise en forme
5 Briques
optimale
(tableau 2). 0
0 10 20 30 40 50
Indice de plasticité
L’activité d’un mélange argileux est définie comme le rapport
de l’indice de plasticité à la teneur en particules d’argile (< 2 mm).
Figure 4 – Classification des sols argileux (d’après [9])

On peut placer les argiles et les différents sols argileux dans un Les concentrations relatives en argiles et en dégraissants d’un
abaque de plasticité. Gippini [9] utilise un plan limite de plasticité/ sol argileux dépendent des conditions locales de dépôt de la cou-
indice de plasticité (figure 4). che à la formation du sol.

1.4 Sol argileux et concentration en argile


1.5 Granulométrie du sol argileux
Dans un gisement argileux, les argiles sont rarement déposées
pures, mais sont mélangées à d’autres éléments granuleux de Quand on réalise une analyse granulométrique d’un sol, on
plus grande taille, limons, sables et graviers, et à des matières repartit les différentes fractions selon la taille. On notera que le
organiques ; l’ensemble forme le sol argileux. Ces éléments de mécanicien des sols appelle « argile » les sols très fins sans faire
plus grande taille sont inertes et sont appelés « dégraissants ». référence à la structure cristallographique.

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Matériaux de terre cuite


Propriétés et produits
par Michel KORNMANN
Ingénieur civil des Mines, Docteur Ingénieur
Consultant technique (Lancy Genève)
Ancien Directeur technique du Centre technique des tuiles et briques (Paris)

1.
1.1
1.2
Caractéristiques du tesson ...........................................................
Masse volumique ...............................................................................
Couleur ...............................................................................................
C 906 – 2


2
2

1.3 Propriétés mécaniques ....................................................................... — 2
1.3.1 Modules élastiques .................................................................. — 2
1.3.2 Ténacité .................................................................................... — 2
1.3.3 Résistance mécanique ............................................................. — 2
1.3.4 Adhérence au mortier .............................................................. — 3
1.4 Propriétés thermiques ........................................................................ — 3
1.4.1 Expansion thermique............................................................... — 3
1.4.2 Chaleur spécifique ................................................................... — 3
1.4.3 Conductivité thermique ........................................................... — 3
1.5 Propriétés hydriques .......................................................................... — 3
1.5.1 Absorption d’eau à saturation par trempage.......................... — 3
1.5.2 Absorption d’eau dans l’air humide ....................................... — 3
1.5.3 Dilatation à l’humidité ............................................................. — 4
1.5.4 Résistance à la diffusion de la vapeur d’eau .......................... — 4
1.5.5 Capillarité, diffusivité hydrique et taux initial d’absorption... — 4
1.5.6 Perméabilité à l’eau liquide ..................................................... — 4
1.6 Durabilité ............................................................................................ — 4
1.6.1 Tenue au gel............................................................................. — 5
1.6.2 Efflorescence et vieillissement dus aux sels........................... — 5
1.6.3 Attaque des mortiers par les sulfates ..................................... — 5
2. Briques .............................................................................................. — 5
2.1 Briques apparentes pleines et perforées ........................................... — 5
2.2 Briques LD .......................................................................................... — 6
3. Éléments pour couverture............................................................. — 8
3.1 Tuiles plates ........................................................................................ — 8
3.2 Tuiles canal ......................................................................................... — 8
3.3 Tuiles à emboı̂tements ou à glissement ............................................ — 8
3.4 Qualité des tuiles................................................................................ — 9
4. Divers ................................................................................................ — 9
4.1 Bardages ............................................................................................. — 9
4.2 Boisseaux pour conduits de fumée ................................................... — 10
4.3 Pavés................................................................................................... — 10
5. Conclusion........................................................................................ — 10
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. C 907v3

’intérêt des matériaux de terre cuite dans le bâtiment est une évidence.
L Employés dans toutes les parties de la construction (murs, sols, toit, etc.),
on les retrouve sous différentes formes : briques, tuiles, bardages, carreaux, etc.
Dans l’article [C 905v2], leur procédé de fabrication, de la terre d’origine au
produit fini, a été décrit. Ici, seront précisées les différentes propriétés du tesson
de terre cuite, puis seront décrits les différents produits de terre cuite sur le
marché français, la mise en œuvre de ces produits faisant l’objet d’autres arti-
cles dans le traité « Construction ».
p。イオエゥッョ@Z@。ッエ@RPPY

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MATÉRIAUX DE TERRE CUITE ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

1. Caractéristiques du tesson L’absorption de la radiation solaire de la terre cuite est comprise


entre 0,4 et 0,8 selon la couleur, alors que l’émissivité à tempéra-
ture ambiante est proche de 0,9.

Avant de parler des produits, il convient de parler des propriétés


du tesson céramique. On rappelle qu’il s’agit d’un agglomérat de 1.3 Propriétés mécaniques
grains de différentes origines :
– cristaux résiduels de quartz, de feldspaths potassiques ou 1.3.1 Modules élastiques
sodocalciques (plagioclase) et de mica des roches initiales ;
– nouveaux petits cristaux formés à la cuisson : quartz, mullite, Le module élastique dépend de la porosité selon la figure 1 [15].
hématite, silicates de calco-aluminium (comme pyroxène, Le module de Poisson a été peu mesuré. Il semble être de l’ordre
géhlénite). de 0,2-0,3.
Ces cristaux sont liés par la matrice vitreuse des éléments fon-

R dants. La masse volumique théorique de ce matériau est de l’ordre 1.3.2 Ténacité


de 2 600-2 750 kg/m3 (la densité du quartz est 2 650 kg/m3, mais La terre cuite est un matériau fragile. Elle casse quand le facteur
celle de l’hématite est 5 250 kg/m3). d’intensité des contraintes à la pointe de la fissure du défaut le plus
Cependant, en pratique, ce matériau est poreux dans une large critique dépasse la valeur de la ténacité. Cette ténacité s’exprime en
gamme : la porosité varie entre 15 et 48 %, bien que la porosité la MPa.m0,5.
plus fréquente soit de l’ordre de 35 %. Le diamètre des pores
s’étend de 0,1 à 3 mm, le plus souvent entre 0,4 et 1,1 mm. Les sur- Exemple. On connaı̂t peu de mesures. Pour une terre cuite de
faces spécifiques des pores sont généralement comprises entre 1,5 densité 1 500 kg/m3, on indique 0,3 à 0,5 MPa.m0,5. Pour une autre,
et 3 m2/g. on donne 0,8 MPa.m0,5.
À titre de comparaison, la ténacité des céramiques traditionnelles
et des verres est de l’ordre de 1 MPa.m0,5. La dimension des défauts
Cette porosité est le facteur majeur qui influe sur les proprié- critiques est donc très faible (quelques dizaines de mm). Ces défauts
tés de la terre cuite. Cette dernière dépend du mélange argileux peuvent être les porosités du matériau. Cela peut être aussi des gros
initial (granulométrie et concentration en argile, calcaire ou non, grains de dégraissant mal liés au mélange initial.
porosé ou non, concentration de flux grésant), et du cycle de
cuisson (température maximale, temps de maintien).
1.3.3 Résistance mécanique
Par ailleurs, les propriétés du tesson ne sont pas isotropes. Il se La résistance mécanique de la terre cuite peut varier de façon
rappelle de son origine et, en particulier, de sa mise en forme. La importante. En flexion, l’étendue de la variation peut être de 5 à
structure est donc orientée selon les déformations de l’argile dans 25 MPa pour des productions courantes.
l’extrudeuse ou à la presse…
Des facteurs importants sont la porosité et la dimension des
grains du mélange initial.
1.1 Masse volumique Un autre facteur significatif concerne la composition du
mélange (quantité d’argile dans le mélange et quantité de car-
La masse volumique brute est directement liée à la porosité. Elle bonate). Enfin, la température de cuisson est importante, en
varie en pratique de 2 200 kg/m3 (tuile) à 1 300 kg/m3 (brique très liaison avec la porosité.
porosée). La relation entre la densité et la porosité est :
e = 1 - ra / rs Sur la figure 2, on voit l’influence de la taille du grain du
mélange initial sur la résistance à la flexion de tuiles japonai-
avec e porosité totale, ses [16]. À une porosité de 20 %, une tuile issue d’un mélange
broyé à 0,8 mm aura une résistance à la flexion de l’ordre de
ra masse volumique brute, 18 MPa. Avec une préparation sèche à 0,3 mm, la résistance sera
de l’ordre de 27 MPa.
rs masse volumique théorique.
Module d’élasticité (GPa)

1.2 Couleur
45
La couleur des terres cuites est liée principalement aux concen-
40
trations relatives en fer et en calcium [14]. Des couleurs du brun
rouge au beige, en passant par le rouge, l’orange, le rose, sont pro- 35
duites naturellement. Quand la concentration en fer est supérieure 30
à 5 %, la couleur après cuisson en atmosphère oxydante est rouge, 25
couleur de l’hématite. Si, par contre, la concentration en calcium 20
est supérieure à 7 %, la couleur tourne au jaune car le fer est main- 15
tenant sous la forme de ferrite de calcium. Un autre facteur impor- 10
tant est le rapport entre oxydes de fer et alumine. 5
Il est possible de modifier la couleur d’une terre cuite en modi- 0
fiant sa composition, d’abord en jouant sur le rapport fer/calcium 0 0,05 0,10 0,15 0,20 0,25 0,30 0,35 0,40 0,45 0,50
par ajout de calcaire. Par ajout de dioxyde de manganèse (1 à Porosité (fraction volumique)
4 %), on peut obtenir des couleurs brunes. L’ajout d’oxyde de titane
sur des argiles calcaires permet de parvenir à des couleurs jaunes. Mesuré en flexion Mesuré par ultrasons
L’ajout d’additifs dans la masse peut rapidement devenir coûteux
et, souvent, on réalise souvent une coloration superficielle avec Figure 1 – Module d’élasticité d’une terre cuite en fonction
une couche d’engobe. de la porosité (source CTMNC)

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Matériaux de terre cuite


Données numériques
par Michel KORNMANN
Ancien Directeur Technique du Centre technique des tuiles et briques (Paris)
Ingénieur civil des Mines, Docteur Ingénieur
Consultant technique (Lancy Genève)


1. Géométrie des briques. Défauts superficiels acceptables ..... For C 907 – 2
2. Mécanique des briques .................................................................. — 2
3. Mécanique de maçonneries de briques ...................................... — 3
3.1 Construction conventionnelle ............................................................ — 3
3.2 Construction parasismique (selon Eurocode 8) ................................ — 4
4. Thermique des maçonneries ......................................................... — 4
4.1 Conductibilité et résistance thermiques ............................................ — 4
4.2 Ponts thermiques ............................................................................... — 4
4.3 Capacité thermique et facteur de résistance à la vapeur d’eau ....... — 9
4.4 Inertie thermique dynamique ............................................................ — 9
5. Protection incendie ........................................................................ — 9
5.1 Réaction au feu .................................................................................. — 9
5.2 Résistance au feu ............................................................................... — 9
6. Isolation phonique de murs en briques ...................................... — 11
7. Propriétés des tuiles ...................................................................... — 12
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. C 906

ans l’article [C 905] est résumée la fabrication de la terre cuite à partir de


D l’argile.
Dans l’article [C 906], sont données des informations sur les propriétés du
tesson de terre cuite. On a aussi listé les différentes caractéristiques des pro-
duits de terre cuite du bâtiment (briques, tuiles) importantes pour l’utilisateur
et telles qu’elles apparaissent dans les normes européennes.
Dans la documentation [Doc. C 906], on a donné une bibliographie, ainsi que
des informations complémentaires.
Ici, on trouvera des données numériques sur les propriétés des produits de
terre cuite du bâtiment sous forme résumée et donc, parfois, un peu simplifiées.
Elles sont destinées aux non spécialistes. Pour une utilisation réglementaire ou
normalisée, il faut se référer aux documents originaux.
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MATÉRIAUX DE TERRE CUITE ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Tableau 1 – Spécifications dimensionnelles courantes (selon NF P12-021)


Planéité Rectitude des arêtes Tolérances dimensionnelles
Flèche < 1 % Flèche < 1 %
Briques apparentes calibrées HD < +/- 3 %
Ou < 2 mm si L < 20 cm Ou < 2 mm si L < 20 cm
Flèche < 3 %
Briques apparentes spéciales HD < +/- 4 mm
Ou < 6 mm si L < 20 cm
Brique LD à perforations horizontales < 5 mm < 5 mm < +/- 3 % avec max. +/- 2 mm
Catégorie T (maçonné traditionnel)
L et l < 4 % et < 10 mm
Flèche < 4 % Flèche < 1 % H < 4 mm
Brique LD à perforations verticales


Ou < 10 mm si L < 15 cm Ou < 2 mm si L < 20 cm Catégorie M (joint mince)
L et l < 4 % et < 10 mm
H < 0,5 mm
Avec L : longueur, l : largeur, H : hauteur

Tableau 2 – Nombre de fissures tolérées par produit (brique LD) (selon NF P12-021)
Pourcentage admissible
Nombre de rangées Nombre maximal Nombre maximal Nombre maximal total
de produits fissurés
verticales d’alvéoles de fissures transversales de fissures longitudinales de fissures
(en %)
1 1 0 1 < 30
2 1 1 1 < 30
< 30
3 et plus 1 2 2
< 15*
* Briques à résistance garantie

Tableau 3 – Classes de résistance à la compression Tableau 4 – Résistances à la compression déclarées


de briques (selon NF P12-021) de différentes briques « Monomur »

Classe de Autres
Résistance Résistance Épaisseur Résistance moyenne
résistance Provenance dimensions
moyenne individuelle (en cm) (en MPa)
à la Commentaires (en cm)
de l’échantillon minima
compression
(en MPa) (en MPa) A 30 6
(en Rc)
Uniquement
A 37,5 37,5 x 24,9 8
pour les briques
RC 28 2,8 2,3 enduites à per-
B 30 37,3 x 24,9 8
forations hori-
zontales
B 37,5 8
RC 40 4 3,2
RC 50 5 4,0 C 37,5 25 x 25 10
RC 60 6 4,8 Uniquement
pour les briques
RC 70 7 5,6 enduites LD 1. Géométrie des briques.
RC 80 8 6,4
RC 90 9 7,2
Défauts superficiels
RC 100 10 8 acceptables
RC 110 11 8,8
RC 120 12 9,6
RC 130 13 10,4 Se reporter aux tableaux 1 et 2.
RC 140 14 11,2 Briques endui-
tes LD et appa-
RC 150 15 12,0
rentes HD
RC 200 20 16
RC 250 25 20
2. Mécanique des briques
RC 300 30 24
RC 400 40 32
Consulter les tableaux 3, 4, 5 et 6.

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– MATÉRIAUX DE TERRE CUITE

Tableau 5 – Résistances à la compression déclarées 3. Mécanique de maçonneries


de briques à perforations verticales de briques
Autres Résistance
Épaisseur
Provenance dimensions Montage moyenne
(en cm)
(en cm) (en MPa) 3.1 Construction conventionnelle
Se reporter au tableau 7.
A 15 50 x 29,9 Joint mince 11 & Facteur de sécurité

& Calcul de la résistance à la compression de la brique fb


A 25 50 x 24,9 Joint mince 9
fb = Rm δc δ

avec Rm résistance moyenne garantie selon NF 771-


A 20 50 x 24,9 Joint mince 10 à 14 1 CN,
dc coefficient de conditionnement (égal à 1,0 pour
la terre cuite),
Joint ma-
A 20 50 x 24,9 9 à 14
çonné d facteur de forme dépendant des dimensions de
la brique (voir annexe A – NF EN 772-1).

Tableau 6 – Principales caractéristiques demandées aux briques par les normes NF EN 771-1 et
NF EN 771-1/CN

Caractéristiques Norme de test Brique HD Brique LD

NF EN 772-16
Configuration
NF EN 772-3

Caractéristiques géométriques
NF EN 772-20
Planéité et parallélisme de la face de pose

Caractéristiques géométriques 3 classes de valeur moyenne 5 classes de valeur moyenne


NF EN 772-16
Tolérances des dimensions T1, T2, Tm T1, T1+, T2, T2+, Tm

Caractéristiques géométriques 5 classes de plage :


3 classes de plage : R1, R2, Rm
Plages de dimensions R1, R1+, R2, R2+, Rm

NF EN 772-3
Volume net et pourcentage de vide Pour brique LD
NF EN 772-9

Masse volumique apparente sèche > 1 000 kg/m3 3 niveaux de tolérance < 1 000 kg/m3 3 niveaux de tolérance

Masse volumique absolue sèche NF EN 772-13 3 niveaux de tolérance

Dilatation à l’humidité à l’eau bouillante NF EN 772-19 < 0,6 mm/m < 0,6 mm/m

Résistance à la compression NF EN 772-1

NF EN 771-1 F2 « exposition sévère » Satisfaisant (annexe C NF P12 021)


Durabilité (résistance au gel)
NF EN 772-22 F0 « exposition passive » si protégée 25 cycles gel/dégel

3 Catégories
Teneurs en sels solubles actifs NF EN 772-5
S0, S1, S2

Adhérence mortier EN 1052-3 OUI OUI

Réaction au feu EN 13501-1 A1 sans test A1 sans test

Conductivité thermique EN 1745

Absorption d’eau à l’eau bouillante NF EN 772-7

Taux initial d’absorption d’eau Perfo. vert. < 2 kg/m2.min


NF EN 772-11
par capillarité Perfo. horiz. < 6 kg/m2.min

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MATÉRIAUX DE TERRE CUITE ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Tableau 7 – Facteur de sécurité à employer sur les Tableau 10 – Résistances minimales des éléments
propriétés mécaniques des briques (selon Eurocode 6) de construction pour construction parasismique

Niveau de contrôle du matériau IL3 IL2 IL1 Origine en MPa


Maçonnerie constituée d’éléments Résistance normalisée à la
1,5 2,0 2,5 compression verticale des blocs NF EN 1998-1/NA >4
de catégorie I, mortier performantiel
de maçonnerie fb
Maçonnerie constituée d’éléments
1,7 2,2 2,7 Résistance normalisée à la
de catégorie I, mortier de recette
compression horizontale des NF EN 1998-1/NA > 1,5
Maçonnerie constituée d’éléments blocs de maçonnerie fbh
2,3 2,8 3,3
de catégorie II, tout mortier
Résistance à la compression du


NF EN 1998-1 >5
mortier fm
Selon son dessin, la brique appartient à un groupe (1 à 4)
indiqué par le producteur.
Tableau 11 – Épaisseurs et élancements minimaux
Tableau 8 – Paramètres pour calculer la résistance pour construction parasismique
à la compression de maçonnerie de briques
Groupes de briques
Exposant Exposant 1 > 150 mm
k
a b Épaisseurs
2, 3 et 4 > 200 mm
Maçonnerie de joint tradi- 0,55 (gr.1)
0,7 0,3 Élancement (hauteur
tionnel à 0,35 (gr.4) < 20
d’étage/épaisseur mur)
Maçonnerie de joint mince 0,75 (gr.1) Panneau de contrevente-
0,85
(pour les groupes 1 et 4) 0,35 (gr.4) ment (longueur du panneau/ > 0,4
hauteur du panneau)
Maçonnerie de joint mince 0,7 (gr.2)
0,7
(pour les groupes 2 et 3) 0,5 (gr.3)
& Épaisseur des éléments et élancements
Voir le tableau 11.
Tableau 9 – Résistance initiale au cisaillement de murs
& Autres dispositions constructives en maçonnerie
de briques
Des chaı̂nages verticaux et horizontaux de section 150 ¥ 150 mm
sont à prévoir selon les modalités suivantes :
Résistance au cisaillement
Montage – aux bords libres de chaque élément de mur de la structure ;
(en MPa)
– de chaque côté des ouvertures pratiquées dans les murs, dont
Mortier courant M10-M20 0,3 la surface est supérieure à 1,5 m2 ;
– à chaque intersection entre les murs de structure, lorsque les
Mortier courant M5-M9 0,2 chaı̂nages imposés par les règles ci-dessus sont distants de plus
de 1,5 m.
Mortier joint mince 0,3

Mortier allégé 0,15


4. Thermique
des maçonneries
& Calcul de la résistance à la compression de la maçonnerie fk
En utilisant les coefficients du tableau 8. 4.1 Conductibilité et résistance
fk = k
a
fb fm
b thermiques
Se reporter aux tableaux 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18 et 19.
avec fb résistance à la compression de la brique,
fm résistance à la compression du mortier. 4.2 Ponts thermiques
& Résistance caractéristique initiale au cisaillement de la Pour quelques exemples limités voir les tableaux 20, 21, 22 et
maçonnerie 23.
Voir le tableau 9. & Coefficient y du pont thermique mur-plancher
Se reporter aux tableaux 20 et 21.
3.2 Construction parasismique & Coefficient y du pont thermique mur – mur
(selon Eurocode 8) Dimensions en cm.
& Propriétés minimales des matériaux & Coefficient y du pont thermique refend – mur
Voir le tableau 10. Dimensions en cm.

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For C 907 – 4 est strictement interdite. – © Editions T.I.

SR
Les matériaux de construction
(Réf. Internet 42224)

1– Les granulats

2– Les matériaux de terre cuite



3– Le platre et le ciment Réf. Internet page

Plâtre C910 35

Ciments C920 39

La chaux. Déinitions et histoire C922 43

Chaux aérienne. Contexte, fabrication, domaines d'application C923 45

Chaux hydrauliques C924 49

4– L'acier

5– Les ibres

6– Fixation des matériaux de construction

 Sur www.techniques-ingenieur.fr
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• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires

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ST
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Plâtre

par Daniel DALIGAND


Président du CEN/TC 241 Plâtres et produits à base de plâtre
Secrétaire général du Syndicat national des industries du plâtre

1. Gypse et anhydrite .................................................................................. C 910 – 2


1.1 Gypse naturel............................................................................................... — 2
1.2 Anhydrite...................................................................................................... — 2
1.3 Gypse de synthèse ...................................................................................... — 2
2. Produits de déshydratation du gypse ................................................ — 3
3. Hydratation et prise ................................................................................ — 4
3.1 Prise ............................................................................................................. — 4
3.2 Variations de volume .................................................................................. — 5
3.3 Séchage ........................................................................................................ — 5
3.4 Temps de prise et durée d’emploi.............................................................. — 6
4. Fabrication ................................................................................................. — 6
4.1 À partir de gypse naturel ............................................................................ — 6
4.2 À partir de gypses de synthèse .................................................................. — 7
4.3 Conception des plâtres dans l’industrie .................................................... — 8
4.4 Produits en plâtre ........................................................................................ — 8
5. Variétés ....................................................................................................... — 9
5.1 Plâtres destinés au bâtiment ...................................................................... — 9
5.2 Plâtres à mouler pour l’art et l’industrie .................................................... — 11
5.3 Produits pour chapes autolissantes ........................................................... — 11
6. Produits préfabriqués ............................................................................. — 11
6.1 Carreaux ....................................................................................................... — 11
6.2 Plaques ......................................................................................................... — 12
6.3 Techniques particulières ............................................................................ — 12
6.4 Produits préfabriqués pour plafond........................................................... — 13
7. Propriétés................................................................................................... — 13
7.1 Isolation thermique et régulation de l’hygrométrie.................................. — 13
7.2 Humidité des locaux.................................................................................... — 13
7.3 Isolation acoustique .................................................................................... — 14
7.4 Correction acoustique ................................................................................. — 14
7.5 Résistance au feu......................................................................................... — 15
7.6 Plâtre et environnement ............................................................................. — 15
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. C 910

onnu depuis l'Antiquité, le plâtre est un des plus anciens matériaux de


C construction fabriqués par l'homme. S'il est encore employé sous sa forme
traditionnelle de poudre gâchée avec de l'eau pour réaliser des enduits, c'est sous
la forme d'éléments préfabriqués en usine (carreaux, dalles, plaques) que son uti-
lisation se développe aujourd'hui pour répondre aux besoins de la construction.
Le plâtre a également des usages dans d'autres secteurs d'activité : brasserie,
boulangerie, fabrication de moules pour vaisselle et sanitaires.
Le plâtre s'obtient par déshydratation du gypse – roche naturelle ou sous-
produit de certaines industries – qui est un sulfate de calcium hydraté de formule
CaSO4 . 2 H2O.
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PLÂTRE ______________________________________________________________________________________________________________________________

1. Gypse et anhydrite • à 38 °C : 2,10 (solubilité maximale),


• à 100 °C : 1,69 ;
Nota : la solubilité du gypse est sensiblement plus forte dans l'eau salée (eau de mer par
exemple).
Le sulfate de calcium se rencontre dans la nature principalement
— dureté (échelle de Mohs) : 1,5 à 2 suivant l'orientation de la face
sous les deux formes suivantes :
cristalline.
— hydraté avec deux molécules d'eau par molécule de sulfate de
calcium (CaSO4 . 2H2O) : c'est le gypse ;
— anhydre (CaSO4) : c'est l'anhydrite. 1.2 Anhydrite
On peut également le rencontrer, dans certaines situations géolo-
giques particulières, hydraté avec une fraction de molécule d'eau par L'anhydrite naturelle de formule chimique CaSO4 se rencontre
molécule de sulfate de calcium : c'est la bassanite (CaSO4 . 1/2 H2O), dans les formations gypseuses et salifères, ou dans certains gîtes
métastable dans les conditions normales et qu'on ne trouve qu'en métallifères.
faible quantité (moins de 1 % en masse) dans le gypse. On considère qu'elle s'est formée, comme le gypse, par évapora-
Le gypse et l'anhydrite existent également comme sous-produits de tion de l'eau de mer, mais elle peut également résulter d'une déshy-
certaines industries chimiques ou comme produits de désulfuration dratation lente du gypse sous l'effet d’une pression importante lors
des fumées qui peuvent être utilisés, au même titre que les sulfates de de plissements géologiques.


calcium naturels, pour la fabrication des plâtres et produits en plâtre. En France, l'anhydrite naturelle, exploitée essentiellement en Lor-
raine, est destinée soit à la fabrication du ciment, soit à la fabrication
d'un liant employé pour la confection de murs de sécurité dans les
1.1 Gypse naturel anciennes galeries de mines.
Le gypse appartient à la famille des évaporites qui sont les roches Des liants d'anhydrite naturelle ou chimique sont également
sédimentaires les plus solubles dans l'eau. On considère générale- fabriqués en Allemagne, en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas et en
ment que le gypse résulte de l'évaporation de l'eau des lagunes France pour la réalisation de chapes de revêtements de sols.
marines sursaturées. Plusieurs théories s'affrontent cependant à L'anhydrite chimique est un sous-produit de la fabrication de
propos des conditions qui ont permis le dépôt de bancs de gypse l'acide fluorhydrique principalement et de l'acide phosphorique
très pur d'épaisseur importante (pouvant atteindre 18 à 20 m). Les accessoirement.
gisements les plus importants datent de l'ère secondaire (trias et
jurassique) ou tertiaire (éocène et oligocène). Le gypse est présent
en quantités relativement importantes dans la nature, mais inégale- 1.3 Gypse de synthèse
ment réparties à la surface du globe.
Les principaux gisements français sont situés dans : Le gypse de synthèse est le produit d'une réaction chimique
— le Bassin parisien (éocène) ; industrielle. Les principales sources de gypse chimique sont :
— le Vaucluse (oligocène) ; — la fabrication de l'acide phosphorique (phosphogypse) par
— les Alpes (trias) ; attaque sulfurique du phosphate naturel ;
— le Jura (trias) ; — la fabrication d'autres acides minéraux (acide borique : boro-
— les Pyrénées et les Landes (trias) ; gypse, acide fluorhydrique : fluorogypse) ou organiques : organo-
— les Charentes (jurassique). gypses (acide citrique, tartrique, etc.) La fabrication de l'oxyde de
titane (TiO2) conduit également à une production de gypse appelé
1.1.1 Formes cristallines titanogypse ;
— la désulfuration des gaz et fumées : l'oxydation de l'anhydride
Le gypse cristallise dans le système monoclinique. À l'échelle sulfureux énanhydride sulfurique puis sa réaction avec de la chaux,
moléculaire, il présente une structure feuilletée dans laquelle alter- provoquée dans le but d'éliminer le soufre des gaz de combustion
nent une couche d'eau et deux couches de sulfate de calcium. des centrales thermiques, produit un gypse appelé désulfogypse
(FGD gypsum en anglais, REA Gips en allemand).
Les principales variétés que l'on rencontre dans la nature sont :
— sous forme macrocristallisée : le gypse lamellaire, le fer de Des quantités importantes de phosphogypse et de désulfogypse
lance, le gypse lenticulaire, la rose des sables ; sont ainsi produites annuellement dans le monde.
— sous forme microcristallisée : l'albâtre, le gypse fibreux, le Le développement de l’urbanisation de certaines régions et
gypse saccharoïde, le gypse éolien. l’importance croissante des préoccupations d’environnement sont
Le gypse exploité dans l'industrie plâtrière est une roche micro- autant de contraintes pesant sur l’exploitation du gypse naturel.
cristallisée à grains généralement fins (gypse saccharoïde). Il est Dans les pays d’Europe occidentale, les gisements de gypse seront
rarement pur et se trouve mélangé à des impuretés en nombre et à terme soit inexploitables (par exemple en Île-de-France où une
proportion variables d'une carrière à l'autre : argile, calcaire, silice, très faible partie des réserves de gypse existantes pourra être
dolomie, anhydrite, etc. D'autres impuretés syncristallisées, présen- exploitée du fait de contraintes diverses), soit en voie d’épuisement.
tes en quantités très faibles, colorent généralement les gypses natu- C’est une des raisons pour lesquelles l’utilisation de certains gypses
rels en rose, beige, gris, etc. de synthèse comme matière première pour la fabrication du plâtre
s’avère une solution intéressante.
L'utilisation du phosphogypse dans l'industrie du plâtre a été ten-
1.1.2 Caractéristiques physico-chimiques tée dans de nombreux pays dans les années 1960-1970 mais a dû
Elles sont les suivantes : être abandonnée progressivement pour des raisons économiques
et parfois techniques. En effet, l'élimination nécessaire des impure-
— formule chimique : CaSO4 . 2 H2O ;
tés provenant des phosphates naturels, présentes dans le phospho-
— masse volumique : 2,31 . 103 kg/m3 ; gypse et parfois sous forme syncristallisée, exige des épurations
— système cristallin : monoclinique ; chimiques coûteuses. Par ailleurs, le phosphogypse se présente
— solubilité (en grammes de sulfate de calcium par kilogramme toujours sous forme humide (17,5 à 25 % d'eau par rapport à la
d'eau) : masse du produit sec) et cela implique un traitement thermique plus
• à 3 °C : 1,81, important que celui du gypse naturel qui ne contient que quelques
• à 20 °C : 2,04, pour-cent en masse d'humidité.

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______________________________________________________________________________________________________________________________ PLÂTRE

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Tableau 1 – Critères de qualité pour le gypse de désulfuration comme matière première


Paramètre Formule chimique ou symbole Unité Critère de qualité
Humidité libre H % en masse < 10
Sulfate de calcium dihydraté CaSO4 . 2 H2O % en masse > 95
Oxyde de magnésium
soluble dans l’eau MgO % en masse < 0,10

Oxyde de sodium Na2O % en masse < 0,06


Chlorure Cl % en masse < 0,10
Dioxyde de soufre SO2 % en masse < 0,25
pH 5à9
Blanc mais d’autres colorations
Couleur Ry sont admises en fonction


de l’utilisation
Odeur Neutre
Toxicité Non toxique

Si l’utilisation du phosphogypse s’est révélée techniquement et les semi-hydrates α ou β (selon que l’on opère respectivement sous
économiquement inadaptée, il n’en est pas de même de celle du pression de vapeur d’eau ou à l’air libre) suivant la réaction :
gypse de désulfuration des fumées de centrales thermiques, le
désulfogypse. Toutefois, l'utilisation du désulfogypse présente 1 3
encore certains inconvénients par rapport à l'utilisation de gypses CaSO 4 ⋅ 2H 2 O ! CaSO 4 ⋅ --- H 2 O + --- H 2 O
2 2
naturels. En effet, il contient des impuretés qui le rendent, en géné-
ral, impropre à la fabrication des plâtres pour enduits et surtout des
plâtres à mouler. Ces impuretés entraînent aussi parfois une légère Vers 200 °C, on obtient l’anhydrite III ou anhydrite soluble (insta-
coloration du plâtre. ble) qui se réhydrate très rapidement en semi-hydrate au contact de
l’eau en phase vapeur :
Par ailleurs, la fabrication du lait de chaux nécessaire à la fabri-
cation du désulfogypse demande l'ouverture de carrières de cal- 1 1
caire. Ainsi, la fabrication du désulfogypse passe par l'exploitation CaSO 4 ⋅ --- H 2 O ! CaSO 4 III + --- H 2 O
2 2
de deux types de carrières, au lieu d'une seule dans le cas du gypse
naturel. Vers 220 °C pour le semi-hydrate α, et 350 °C pour le β , l’anhydrite
La France dispose de peu de ressources en ce domaine, mais III se transforme en anhydrite II stable (surcuit) :
l’Allemagne, la Grande-Bretagne et d’autres pays européens sont en
CaSO 4 III → CaSO 4 II
mesure de fournir des quantités importantes de désulfogypse.
L'industrie européenne du plâtre (Eurogypsum, association euro- L’anhydrite II se réhydrate lentement au contact de l’eau liquide.
péenne des producteurs de gypse et fabricants de plâtre et produits
Vers 1 230 °C se produit à nouveau une réaction de transforma-
en plâtre) et les sociétés productrices d'électricité ont défini un
tion :
cahier des charges fixant les critères de pureté rendant les désulfo-
gypses propres à l'emploi comme matière première (tableau 1). CaSO 4 II → CaSO 4 I
Elles ont demandé de les cataloguer comme sous-produits à usage
industriel et non comme déchets. L’anhydrite I ne se réhydrate que très difficilement.
D’ores et déjà, une partie importante du plâtre est produit en
Au-delà de 1 250 °C, on obtient la décomposition de l’anhydrite I :
Europe (Allemagne, Benelux…), aux États-Unis et au Japon à partir
de gypse de désulfuration et cette technique est amenée à se déve- 1
lopper dans les années à venir. CaSO 4 I ! CaO + SO 2 + --- O 2
2

Le tableau 2 résume les caractéristiques des différentes phases


de déshydratation du gypse.
2. Produits de déshydratation Les différents produits de la déshydratation du gypse ayant une
application industrielle dans la fabrication des plâtres sont : le semi-
du gypse hydrate α, le semi-hydrate β et l’anhydrite II (anhydrite insoluble ou
surcuit). En outre, l’anhydrite III (ou soluble) peut être présente en
quantités variables.
Le semi-hydrate α est compact et cristallin. Sa solubilité dans
La fabrication du plâtre repose sur un principe relativement sim- l’eau est inférieure à celle du composé β. Il donne avec l’eau des
ple : l’élimination totale ou partielle de l’eau de constitution du mélanges fluides. Le semi-hydrate β est floconneux et présente des
gypse. Cependant, dans la pratique, cette opération a des implica- fissures écailleuses. Sa solubilité dans l’eau est supérieure à celle du
tions complexes mettant en jeu des phénomènes de cristallisation composé α. Il donne avec l’eau des mélanges plus épais. Il demande
difficiles à maîtriser. donc une plus forte quantité d’eau de gâchage et il a un temps de
Soumis à la chaleur, le gypse conduit à une série de produits par- prise plus long. Le tableau 3 donne les propriétés caractéristiques
tiellement hydratés ou anhydres. Aux environs de 100 °C, on obtient de deux variétés usuelles de semi-hydrate.

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PLÂTRE ______________________________________________________________________________________________________________________________

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Tableau 2 – Phases de déshydratation du gypse


CaSO4 . 1/2 H2O CaSO4
Phase CaSO4 . 2 H2O
Forme α Forme β Forme III Forme II Forme I
Anhydrite III ou Anhydrite II ou
Appellation Gypse Semi-hydrate α Semi-hydrate β anhydrite soluble anhydrite insoluble Anhydrite I

cubique à
Système cristallin monoclinique rhomboédrique hexagonal orthorhombique faces centrées
Teneur en eau
20,92 6,20 6,20 0 0 0
(% en masse)

Masse volumique
2,31 . 103 2,93 . 103 à
2,76 . 103 2,63 . 103 2,58 . 103 2,93 . 103 à 2,97 . 103
(kg/m3) 3,0 . 103


Masse molaire
172,20 145,15 145,15 136,10 136,10 136,10
(g/mol)

Volume molaire
74,50 52,40 55,20 52,80 45,8 à 46,4
(cm3/mol)

3. Hydratation et prise
(0)

Tableau 3 – Propriétés caractéristiques


des deux variétés usuelles de semi-hydrate
Propriétés Semi-hydrate α Semi-hydrate β
3.1 Prise
Masse volumique (kg/m3) 2,76 . 103 2,63 . 103
Les produits résultant de la déshydratation thermique du gypse
Temps de prise (min) 15 à 20 25 à 35
ont la propriété, lorsqu’ils se trouvent au contact de l’eau, de retrou-
Expansion (mm/m) 2,8 1,6 ver leur degré d’hydratation initiale et de reconstituer du gypse. Ce
phénomène s’appelle la prise du plâtre. Plusieurs mécanismes ont
Résistance à la traction (1)(MPa) 6,5 1,3 été envisagés pour décrire ce processus qui se déroule en trois éta-
pes successives :
Résistance — reprise de l’eau pour reformer le dihydrate ;
56 5,6
à la compression (1) (MPa) — cristallisation (qui constitue la prise proprement dite) ;
— durcissement.
Solubilité dans l’eau à 20 °C
0,63 0,74
(en g de CaSO4 pour 100 cm3)
Temps de prise : temps qui s’écoule entre le début du gâchage
(1) à l’état sec et le durcissement du plâtre.
Début de prise : moment où le plâtre commence à cristalliser
(le sillon tracé par une lame de couteau dans une galette de plâ-
Toutes les formes intermédiaires existent entre les formes α et β. tre ne se referme plus).
Les conditions de formation de l’une et l’autre de ces variétés sont Fin de prise : moment où la pâte de plâtre n’est plus utilisable,
le plâtre achève son durcissement (un pouce fermement appli-
les suivantes.
qué sur la surface ne laisse plus de trace).
Le semi-hydrate α est produit par déshydratation en atmosphère de
vapeur saturée (ou en solution saline au-dessus de 45 °C), c’est-à-dire De nombreux travaux ont été effectués en vue d’éclairer ces
une atmosphère dans laquelle le semi-hydrate a la possibilité de cris- aspects du problème. Ils ont été l’occasion d’abondantes controver-
talliser sous forme compacte. C’est le procédé dit de cuisson humide. ses, notamment entre les partisans de la théorie de la cristallisation
et ceux de la théorie colloïdale.
Le semi-hydrate β est produit par déshydratation du gypse dans les
On admet que la phase du durcissement traduit un phénomène
marmites, fours rotatifs ou installations diverses. C’est le procédé dit mécanique lié à la cristallisation du sulfate de calcium formé et qu’il
de cuisson à sec, dans lequel les circonstances particulières de cons- atteint une valeur d’autant plus élevée que la cohésion interne des
truction de certains matériels permettent également de produire une cristaux et leur adhérence mutuelle sont plus fortes.
certaine proportion de semi-hydrates de formes intermédiaires.
La phase de début de prise a davantage été discutée. Mais, repre-
Le semi-hydrate α est le constituant essentiel des plâtres à mouler nant une constatation selon laquelle le semi-hydrate donne des
de très haute qualité (plâtres dentaires en particulier). solutions sursaturées d’où le sulfate dihydraté se dépose, Le Chate-
lier a développé une théorie de la cristallisation à laquelle se sont,
Le semi-hydrate β entre dans la composition des plâtres pour en définitive, ralliés la plupart des chercheurs.
enduits en proportions variables avec l’anhydrite soluble III et Pour l’essentiel, cette théorie distingue trois phases successives :
l’anhydrite insoluble II. Les plâtres à mouler et les plâtres pour pré- une phase chimique d’hydratation, une phase physique de cristalli-
fabrication sont constitués uniquement de semi-hydrate β. sation et une phase mécanique de durcissement.

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Ciments

par Joseph ABDO


Docteur ingénieur de l’École des mines de Paris et ingénieur de l’École nationale
des ponts et chaussées
Directeur délégué Routes, Cimbéton, Paris

1. Ingrédients du ciment ............................................................................. C 920 - 2


2.
3.
Découverte du ciment.............................................................................
Naissance de l’industrie cimentière....................................................


2
2

4. Différents types de ciment .................................................................... — 4
5. Fabrication ................................................................................................. — 4
6. Composition, hydratation, prise et durcissement .......................... — 6
7. Principales caractéristiques du ciment ............................................. — 7
8. Progrès issu de la recherche ................................................................. — 8
9. Normalisations .......................................................................................... — 8
10. Caractéristiques et emplois des ciments .......................................... — 12
11. Conclusion.................................................................................................. — 16
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. C 920

e ciment est un « liant hydraulique ». Par « liant », il est sous-entendu une


L matière susceptible d’en agglomérer d’autres. Le qualificatif « hydrau-
lique » précise, d’une part, que ce liant durcit à froid par gâchage à l’eau, sans
addition d’un autre corps réactif et, d’autre part, qu’il durcit, non seulement
dans l’air, mais également dans l’eau.
Notons au passage qu’un liant « pouzzolanique » a besoin d’une activation
pour acquérir ce caractère d’hydraulicité. La substance qui va jouer le rôle d’acti-
vant est le plus souvent de la chaux (chaux ajoutée ou libérée par la réaction
de prise d’un liant hydraulique). En d’autres termes, un liant pouzzolanique
activé à la chaux ajoutée est un liant hydraulique. Mais aussi, un liant pouzzo-
lanique, mélangé à un liant hydraulique, devient-il un liant hydraulique du fait
de la chaux libérée par la réaction de prise du liant hydraulique.
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Mélangé à certains sols ou granulats, et en présence d’eau, le ciment crée


progressivement une cohésion croissante au sein du mélange qui se traduit par
l’obtention de matériaux rigides et durs à performances mécaniques élevées,
compatibles avec les exigences souhaitées d’un matériau de construction. En
fonction de la nature des constituants utilisés et de leurs proportions dans les
mélanges réalisés, cette poudre magique qu’est le ciment permet la mise au
point d’une grande variété de produits répondant ainsi aux besoins des
concepteurs, des utilisateurs et des exploitants des ouvrages, ceci dans des
domaines aussi divers que le bâtiment, les ouvrages d’art, le génie civil et les
routes. À cet égard, on peut citer le béton (ou plutôt les bétons), matériau de
construction le plus utilisé dans le monde, mais aussi tous les matériaux traités
aux liants hydrauliques employés dans la construction des infrastructures de
transport (routes, chaussées, terrassements, plate-formes industrielles ou aéro-
portuaires, etc.).
À ce stade, deux questions viennent naturellement à l’esprit du lecteur : « De
quoi est fait un ciment ? » et « Comment l’homme a-t-il découvert le ciment ? »

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est strictement interdite. – © Editions T.I. C 920 – 1

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CIMENTS _________________________________________________________________________________________________________________________

1. Ingrédients du ciment 2. Découverte du ciment


Minéralogiquement parlant, le ciment est fait essentiellement à À vrai dire, c’était une très longue histoire qui a duré des
partir de quatre constituants : millénaires.
– la chaux CaO (désignation simplifiée « C ») plutôt basique ; Si les premiers hommes s’abritaient dans les grottes ou les
– la silice SiO2 (désignation simplifiée « S ») ; cavernes, l’homme préhistorique bâtissait déjà de vastes huttes
– l’alumine Al2O3 (désignation simplifiée « A ») ; avec des murs en torchis supportés par une armature en bois.
– l’oxyde de fer Fe2O3 (désignation simplifiée « F ») plutôt acide. L’argile qui durcit en séchant est, très probablement, le premier
■ Ces quatre éléments de base ne se trouvent pas dans la nature liant utilisé par l’homme, mais le caractère réversible de ses pro-
dans des états adéquats favorisant l’émergence des liants hydrau- priétés qui rend très sensible à l’eau les torchis obtenus a dû être
liques. En effet, la chaux CaO se carbonate facilement en absor- l’un des premiers casse-tête de nos lointains ancêtres.
bant le gaz carbonique de l’air, pour devenir de la roche calcaire, Vers le 4e millénaire avant notre ère, les égyptiens gâchaient à
en abondance dans la nature. Les trois oxydes (SiO2, Al2O3, Fe2O3) l’eau le premier véritable liant minéral : un plâtre grossier obtenu
abondent dans la nature sous forme cristallisée et stable (sable, par calcination du gypse.
argiles, etc.). Ils doivent donc subir un traitement approprié pour Plus tard, les grecs, puis les romains furent, sans doute, les pre-
les amener dans un état de réactivité. Sans ce traitement, rien ne miers à fabriquer des liants hydrauliques susceptibles de durcir


se passe ou, au mieux, peu de choses. sous l’eau. Pour cela, ils mélangeaient de la chaux vive CaO, obte-
En effet, et le lecteur pourra en faire le test, un mélange de cal- nue par cuisson de calcaire, et des cendres volcaniques de la
caire (source de chaux), de sable (source de silice) et d’eau ne dur- région de Pouzzoles. C’est de là qu’est venu le terme bien connu
cira jamais. Un mélange de calcaire (source de chaux), d’argile de « pouzzolanique », qui se dit d’un matériau capable, en pré-
(source de silice, d’alumine et d’oxyde de fer) et de l’eau donnera, sence d’eau, de fixer la chaux [2].
certes, de la marne, mais aucune modification des propriétés phy-
Après les romains, la technologie des liants hydrauliques se per-
siques et mécaniques du mélange. En revanche, un mélange de
dit complètement jusqu’en 1756, lorsque John Smeaton découvrit
chaux CaO (obtenue par décarbonatation du calcaire CaCO3 vers
que les chaux les plus hydrauliques, donc celles effectuant les
900 oC) et d’argile réagit, car on note des modifications géo-
meilleures prises, sont obtenues à partir d’un mélange de calcaire
techniques du mélange et une lente montée des caractéristiques
et d’argile et non, comme on le croyait depuis toujours, de calcaire
mécaniques dont le niveau final reste faible. Mieux encore, un
pur. En revanche, cette propriété d’hydraulicité du mélange ainsi
mélange de chaux, de laitier ou de cendres volantes et d’eau voit
constitué est restée totalement inexpliquée jusqu’aux travaux de
une montée lente et progressive des résistances mécaniques qui, à
Louis Vicat qui élabore, en 1817, la théorie de l’hydraulicité et fait
long terme, peuvent atteindre des niveaux élevés.
connaître le résultat de ses recherches. Il donne des indications pré-
cises sur les proportions de calcaire et de silice nécessaires pour
En fait, pour que la réactivité du mélange soit effective, il constituer le mélange qui, après cuisson à la température
faut que les quatre ingrédients de base aient subi un traite- convenable et broyage, sera un véritable liant hydraulique fabriqué
ment thermique. industriellement : le ciment artificiel. L’industrie du ciment était née.
Le calcaire CaCO3 se décarbonate à environ 900 oC pour Quelques années plus tard, en 1824, l’écossais Aspdin donnait le
donner de la chaux vive CaO, matière réactive ; les trois oxy- nom de Portland au ciment qu’il fabriquait et qui égalait les perfor-
des perdront leurs structures cristallines stables vers 1 450 oC mances de la pierre de cette région.
au profit de structures amorphes plutôt réactives.

■ Pratiquement parlant, le ciment portland artificiel [1] résulte :


– de la cuisson à 1 450 oC d’un mélange de calcaire CaCO3
3. Naissance de l’industrie
(source de CaO) et d’argile (source de SiO2, AI2O3 et Fe2O3), qui
donne ce que l’on appelle le « clinker » ;
cimentière
– du broyage du clinker afin d’obtenir une poudre très fine et La première usine de ciment a été créée par Dupont et Demarle
réactive. en 1846 à Boulogne-sur-Mer. Le développement n’a pu se faire
On peut aussi fabriquer des ciments en effectuant des mélanges que grâce à l’apparition de matériels nouveaux : four rotatif et
en proportions diverses de : broyeur à boulets, en particulier.
– clinker ; roches silico-calcaires activées thermiquement dans Les procédés de fabrication se perfectionnèrent sans cesse. En
les fours des cimenteries ; 1870, pour produire une tonne de clinker (constituant de base du
– laitier, gangue silico-alumineuse du minerai de fer et fondant ciment), il fallait 40 heures. Actuellement, il faut environ 3 minutes.
calcaire activé dans le haut-fourneau ; En France, avant la dernière guerre, la production était faible,
– cendres volantes, cendres silico-alumineuses ultrafines, issues comme l’indiquent les statistiques suivantes :
de la combustion des charbons schisteux brûlés en centrales ther-
– 1880 : 100 000 t ;
miques. Activées également à haute température, la plupart des
– 1920 : 800 000 t ;
cendres volantes manque toutefois de chaux dans leur composition
– 1938 : 3 800 000 t.
(les cendres volantes dites « sulfo-calciques » échappent à cette
remarque). Le ciment s’est surtout développé à partir de 1950 (7,4 Mt) du
fait de l’essor du béton et des besoins de la reconstruction. La pro-
■ La réactivité à l’eau de ces trois composants est fort différente. duction a progressé de façon régulière jusqu’en 1974, date à
Le clinker est à cinétique rapide, le laitier est à cinétique normale, laquelle le niveau le plus haut a été atteint avec 33,5 Mt. En 2006,
tandis que la cinétique des cendres volantes dépend de l’activant elle était de 24 Mt.
utilisé :
– très lente quand l’activant est un ciment car tributaire de la ■ Le ciment d’aujourd’hui est un produit très élaboré, aboutisse-
chaux libérée par le clinker durant son hydratation ; ment de technologies très avancées.
– plus rapide dans le cas où l’activant est de la chaux. La cimenterie de jadis a fait place, de nos jours, à des usines de
Si la cinétique est différente, le résultat final, en matière de per- plus en plus automatisées. En particulier, la préhomogénéisation
formances mécaniques, est quasiment le même, sauf qu’il sera du cru permet de reconstituer en quelque sorte une carrière idéale,
atteint à des échéances différentes. gage de fabrication d’un produit toujours plus constant. Une salle

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__________________________________________________________________________________________________________________________ CIMENTS

Figure 2 – Vue aérienne d’une cimenterie



Parallèlement, les laboratoires de l’industrie cimentière dispo-
sent de moyens de recherche toujours accrus et d’instruments de
contrôle toujours plus perfectionnés qui garantissent la régularité
dans le temps de la qualité du ciment (figures 1 et 2).

■ En outre, l’industrie cimentière, consciente de l’enjeu stratégi-


que et universel du développement durable, a été parmi les pre-
mières à mettre en œuvre, au niveau du processus de fabrication,
un engagement volontaire de réduction des impacts environne-
mentaux. En effet, produits industriellement à partir de ressources
naturelles abondantes, l’argile et le calcaire, le ciment nécessite
beaucoup d’énergie pour sa fabrication (1 450 oC). Pour minimiser
les émissions de gaz à effet de serre, l’industrie cimentière a donc
été parmi les premières à mettre en œuvre, au niveau national, un
engagement volontaire de réduction des émissions, et poursuit
son action à travers l’AERES (Association d’entreprises pour la
réduction de l’effet de serre) fondée en octobre 2002. (*)
Nota (*) : pour la période 1990-2000, l’industrie cimentière s’est engagée à
réduire de 10 % les émissions de CO2 à la tonne de ciment, et de 25 % les
émissions totales de CO2 liées à la consommation de combustibles fossiles.
Cet objectif a été largement dépassé : plus de 20 % pour le premier
objectif et, environ, 40 % pour le second.

Pour y parvenir, les gestionnaires de sites recourent, de plus en


plus massivement, à des combustibles de substitution, déchets
d’autres industries qui auraient été éliminés de toute façon sans
être valorisés (pneus, huiles usagées, solvants, matières plas-
tiques, cartons, boues d’épuration, farines animales, etc.), moyen-
nant des adaptations très coûteuses, comme les filtres disposés
sur les cheminées retenant les poussières et les polluants résiduels
qui n’auraient pas été éliminés par la chaleur du four. L’efficacité
énergétique des installations a également été améliorée (dispositif
d’injection des combustibles plus performants, systèmes de régu-
lation améliorant le rendement de la cuisson, préchauffage des
matières premières avec les gaz de combustion.

■ Une autre contribution à un développement durable, et en parti-


culier son volet social, est la mise en place au niveau des cimente-
ries de commissions de concertation avec les riverains, les élus,
les associations, pour répondre aux interrogations, recueillir les
requêtes et trouver des solutions pour y remédier.
Ces structures de concertation sont devenues indispensables
Figure 1 – Les sites industriels de production des ciments en France pour accompagner, le mieux possible et dans la transparence
(Source SFIC 2004)
vis-à-vis des populations, les projets d’extension, ainsi que de
réhabilitation paysagère d’anciennes carrières. Ces dossiers
de contrôle centralisée perçoit la vie entière de la cimenterie. Tous gagnent en pertinence avec l’intervention d’associations spécia-
les paramètres de fabrication sont enserrés dans des limites listes de la faune et de la flore. L’information du public et la
étroites et des organes de régulation viennent déclencher, si concertation avec les riverains sur les choix industriels illustrent la
nécessaire, des séquences correctives. politique de transparence de l’industrie cimentière.

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TQ
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CIMENTS _________________________________________________________________________________________________________________________

4. Différents types de ciment Préhomogénéisation Concasseur Carrière


mobile
■ Le ciment anhydre est un mélange intime réalisé, soit avant, soit Engin de
après broyage d’un ou de plusieurs constituants : reprise et de
chargement
– des produits spécialement fabriqués à cet effet (clinker) ;
– des sous-produits d’autres industries (laitiers, cendres
volantes) qui subissent, en vue de leur incorporation dans les
ciments, une sélection et une préparation plus ou moins élaborée ; Correcteurs Homogénéisation
de cru Broyage cru
– des produits naturels qui, en vue de leur incorporation dans
les ciments, ne subissent pas d’autre traitement qu’un séchage et
une pulvérisation (fillers, pouzzolanes naturelles).
Ces constituants apportent :
– soit des propriétés hydrauliques ;
– soit des propriétés pouzzolaniques ;
– soit des propriétés physiques qui améliorent certaines qualités
du ciment (accroissement de la maniabilité et de la compacité, Échangeur


diminution de la perméabilité...). à cyclones et
Certains constituants peuvent avoir plusieurs de ces propriétés, précalcination
à un degré plus ou moins développé.
Four rotatif
■ Ainsi, en fonction de la nature des constituants utilisés et de leur
dosage, il existe une grande variété de types de ciments. On peut
citer :
– les ciments courants (§ 5.2) ;
– les ciments adaptés à des usages spécifiques (§ 5.3) ; Clinker Broyage Silos
– les ciments blancs (§ 5.4) ; ajouts
Stockage
– les ciments spéciaux [1] (§ 5.5) ; clinker
– les liants hydrauliques routiers (§ 5.6).

5. Fabrication
5.1 Fabrication du clinker Expéditions
Sacs Vrac
Le constituant principal des ciments est le clinker obtenu à
partir de la cuisson d’un mélange approprié de calcaire et
d’argile, en proportion respective moyenne de 80 % et 20 %.
Camions et wagons Wagons Camions
Les différentes étapes de sa fabrication, illustrées sur la figure 3,
sont décrites ci-après (voir aussi [3]).
Figure 3 – Schéma de fabrication du ciment par voie sèche

5.1.1 Extraction et concassage


du hall de préhomogénéisation, le mélange est très finement broyé
Les matières premières sont extraites de carrières généralement dans des broyeurs sécheurs qui éliminent l’humidité résiduelle et
à ciel ouvert. Les blocs obtenus sont réduits, en éléments d’une permettent d’obtenir une poudre présentant la finesse requise.
dimension maximale de 150 mm dans des concasseurs situés, en Cette poudre, le « cru », est une nouvelle fois homogénéisée par
principe, sur les lieux mêmes de l’extraction. fluidisation.

5.1.2 Préparation de la matière première 5.1.4 Autres techniques


Les grains de calcaire et d’argile sont intimement mélangés par de préparation de la matière
broyage, dans des proportions définies, en un mélange très fin, le D’autres techniques consistent à agglomérer la matière sous
« cru ». À ce niveau, des corrections de composition peuvent être forme de granules (voie semi-sèche) ou à la transformer en une
effectuées en incorporant, en faible proportion, de la bauxite, de pâte fluide (voie semi-humide ou humide). Ces techniques,
l’oxyde de fer, etc. consommatrices d’énergie, ont été progressivement abandonnées
Le mélange cru est préparé automatiquement en fonction de la en France au profit de la voie sèche.
technique de fabrication utilisée.
5.1.5 Cuisson du cru
5.1.3 Voie sèche Quelle que soit la technique de fabrication utilisée pour élaborer
C’est de très loin la technique la plus employée, aujourd’hui, en le cru, les installations de cuisson sont similaires et comportent
France. La matière première est préparée sous forme de poudre. La deux parties :
préhomogénéisation permet d’atteindre un dosage parfait des – un échangeur de chaleur comportant une série de quatre à
constituants essentiels du ciment, par superposition de multiples cinq cyclones dans lesquels la poudre déversée à la partie supé-
couches. Une station d’échantillonnage analyse régulièrement les rieure descend vers l’entrée du four rotatif. Elle se réchauffe au
constituants et le mélange pour en garantir la régularité. À la sortie contact des gaz chauds provenant du four et circulant à contre

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La chaux
Définitions et histoire
par Gilles MARTINET
Directeur général du LERM, Laboratoire d’études et de recherches sur les matériaux

et Philippe SOUCHU
Documentaliste au LERM, Laboratoire d’études et de recherches sur les matériaux


1. Le calcaire, la pierre à chaux ........................................................ C 922 – 2
2. La chaux, toute une histoire ......................................................... — 2
2.1 Archéologie de la chaux ..................................................................... — 2
2.2 La chaux dans l’histoire de la construction....................................... — 2
2.2.1 Période gréco-romaine ............................................................ — 2
2.2.2 Période médiévale ................................................................... — 3
2.3 Les liants des Lumières (ou lumière sur les liants) .......................... — 3
3. La chaux : ce que la chimie a permis de comprendre .............. — 4
3.1 Cuisson du calcaire, création de la chaux ......................................... — 4
3.2 Extinction de la chaux vive ................................................................ — 4
3.3 Les « deux » chaux ............................................................................. — 5
3.3.1 Chaux aérienne ou chaux grasse ............................................ — 5
3.3.2 Chaux hydraulique ou chaux maigre ...................................... — 5
3.4 Mécanismes de durcissement et de prise ......................................... — 5
3.4.1 Carbonatation ou prise aérienne............................................. — 5
3.4.2 Hydratation ou prise hydraulique ........................................... — 5
3.4.3 Réaction pouzzolanique........................................................... — 6
4. Conclusion........................................................................................ — 6
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. C 922

a chaux est à la fois le liant minéral majeur de l’histoire de la construction et


L un des produits minéraux les plus utilisés depuis le début de l’ère indus-
trielle. Avant la chaux, le plâtre, fut la première matière cuite pour réaliser
l’acte de construire. Issu du gypse, roche évaporitique, il fut notamment maı̂-
trisé dès l’Ancien Empire de l’époque pharaonique. Puis, les mélanges avec des
matériaux carbonatés apparurent.
Le présent article ne cherchera pas à retracer l’histoire des liants minéraux et
p。イオエゥッョ@Z@ヲ←カイゥ・イ@RPPY@M@d・イョゥ│イ・@カ。ャゥ、。エゥッョ@Z@ヲ←カイゥ・イ@RPQU

se focalisera sur la chaux seule. L’apparition des ciments dits « naturels » et des
ciments dits « Portland » suivra dans le temps, même si cette chronologie
linéaire n’est pas si simple : tous ces produits ont parfois cohabité et cohabitent
encore.
Après la présentation de la matière première, ce document retracera l’évolu-
tion de l’utilisation de la chaux dans la construction, les expérimentations sécu-
laires dont elle fut l’objet, et l’apport de la science à sa compréhension.
La dernière partie sera consacrée à lister simplement les données, réactions et
définitions chimiques acquises et tentera de faire le lien avec deux documents
de cette collection qui traiteront dans le détail, pour l’un de la chaux aérienne,
pour l’autre de la chaux hydraulique.

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LA CHAUX ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

1. Le calcaire, la pierre à chaux – apport de calcium, dans l’alimentation des animaux d’élevage ;
– matière première entrant dans la fabrication de chaux ou de
ciment.
Pour évoquer la chaux, il faut en premier lieu parler de la matière C’est ce dernier point qui intéresse cet article. Le paragraphe sui-
première : le calcaire. vant résume comment l’homme va développer la fabrication,
l’usage et la compréhension des liants minéraux à partir de la cuis-
son des roches carbonatées.
Sans calcaire, pas de chaux.
Le calcaire est le cru, la chaux est le cuit.

Les calcaires sont des roches sédimentaires très abondantes 2. La chaux, toute une histoire
dans la constitution superficielle de la croûte de notre terre. Elles
sont composées majoritairement de carbonate de calcium (CaCO3)
et, dans une moindre mesure, de carbonate de magnésium (CaMg
(CO3)2). Lorsque ces roches comportent une proportion non négli- Les usages de la chaux ont largement précédé la connaissance
geable d’argiles, on utilise des terminologies telles que « marne rationnelle des mécanismes de sa fabrication et de sa prise. Jus-
calcaire » ou « calcaire argileux ». qu’au 19e siècle, ce sont donc les savoirs empiriques qui ont guidé
les pratiques des chaufourniers, des maçons et des architectes. Les


& Leurs principales caractéristiques sont les suivantes : usages de ce matériau, qui a permis des réalisations architectura-
– du point de vue chimique : elles contiennent au moins 50 % de les, artistiques et domestiques majeures, ont recoupé ce que l’ana-
calcite (CaCO3), ont généralement une faible dureté et font efferves- lyse scientifique a ensuite dénommé décarbonatation, prise
cence à l’acide chlorhydrique (dégagement de CO2) ; aérienne, réaction pouzzolanique et prise hydraulique.
– du point de vue géologique : elles proviennent la plupart du Nous nous proposons, dans cette partie historique, de suivre les
temps de l’accumulation de dépôts, fossiles ou terrigènes. Elles peu- péripéties de l’usage de la chaux dans le domaine de la construc-
vent être aussi issues de précipitations chimiques ou biochimiques. tion, péripéties qui trouveront leurs explications et leur conclusion
dans les recherches des chimistes et des ingénieurs de la fin du 18e
& Leur classification est faite suivant leurs caractéristiques
et du début du 19e siècles, recherches qui ouvriront les voies de
principales : l’exploitation rationnelle et industrielle des propriétés des roches
– la proportion de calcite : calcaire pur, dolomitique, argileux… ; carbonatées.
– le milieu de dépôt : calcaire marin, lacustre, continental… ;
– la taille des grains : calcaire micritique (calcite microcristalline
dont la taille n’excède pas 10 mm), sparitique (calcite spathique 2.1 Archéologie de la chaux
d’environ 100 mm), grossier (calcite de plus de 200 mm) ;
– leur texture, leur compacité, la nature et/ou la quantité de fossi- Sans que l’on sache comment en est apparu l’usage, la chaux est
les : calcaire marbrier, coquillier, oolithique, récifal, à milioles… employée depuis des temps très anciens. Des fouilles de sites du
néolithique du début du 6e millénaire, en Syrie, ont mis à jour de
& Les roches calcaires (figure 1) sont aujourd’hui utilisées comme : la vaisselle blanche de chaux, contemporaine d’habitats aux sols
– matériau ornemental (sculpture et statuaire) ; et murs chaulés [1].
– roche à bâtir dans la construction ; La chaux fraı̂chement modelée étant extrêmement fragile, l’ajout
– matériau de voirie ; de fibres végétales fournissait une cohésion au mortier frais. Cette
– sable et granulats dans la fabrication des mortiers, des bétons, fibre constituait également un réseau d’échanges gazeux permet-
des assises de chaussée et des enrobés bitumineux ; tant son durcissement au sein de parois épaisses.
– charge minérale pulvérulente dans divers produits industriels
(plastiques, colles, récurrents…) ;
– fondant dans la fusion du verre (en sable) et dans la fusion des 2.2 La chaux dans l’histoire
métaux ferreux (en castines) ;
– amendement calcique agricole pour lutter contre l’acidification de la construction
du sol ;
2.2.1 Période gréco-romaine
Les Grecs ont eu recours à la technique du stuc, matériau à base
de chaux additionnée de plâtre et de poudre de marbre, dès le 7e
siècle av. J.-C. pour recouvrir les appareillages de pierre. C’est à la
fin du 2e siècle av. J.-C. que le mortier de chaux se répand pour la
construction des murs. Ces mortiers étaient généralement consti-
tués de chaux et de sable fin. Pour rendre les mortiers plus durs et
stables dans l’eau, des cendres volcaniques (Terre de Santorin, du
nom de l’ı̂le de la mer Égée), étaient parfois ajoutées…
Les Romains ont poursuivi et grandement amélioré les techni-
ques de fabrication de la chaux et celles de sa mise en œuvre
dans les maçonneries. On ignore quand l’usage de la chaux a com-
mencé dans la maçonnerie romaine, mais Caton, le premier,
signale cet usage au cours du 2e siècle av. J.-C. [2]. Son usage se
répandit ensuite rapidement. Vitruve, au premier siècle, dans De
l’Architecture, précise le mode de fabrication du mortier romain et
préconise l’ajout de la pouzzolane : « cette terre mêlée avec la
chaux et les pierres, rend la maçonnerie si solide, que non seule-
ment dans les édifices ordinaires, mais même au fond de la mer,
elle fait des masses d’une grande dureté ». (Chapitre 6, De la
Figure 1 – Carrière de calcaire – Pierre à bâtir (Source Lerm) pouzzolane).

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Chaux aérienne
Contexte, fabrication, domaines applicatifs
par Gontran HERRIER
Docteur en sciences chimiques de l’université de Namur
Ingénieur de recherche dans les applications de la chaux en Génie civil – Lhoist
R&D – Groupe Lhoist

Marc PELLETIER
Ingénieur Polytech’Orléans
Responsable du Laboratoire analytique et de l’Assistance technique – Lhoist
R&D – Goupe Lhoist

et Daniel PUIATTI
Ingénieur INSA de Strasbourg
Directeur marketing et développement des applications de la chaux en Génie

civil – Groupe Lhoist

1. Contexte ........................................................................................... C 923 – 2


1.1 Différentes catégories de chaux aérienne ......................................... — 2
1.2 Propriétés physico-chimiques des chaux aériennes calciques ......... — 2
1.3 Caractérisation des chaux aériennes ................................................. — 5
2. Fabrication de la chaux aérienne ................................................. — 6
2.1 Généralités.......................................................................................... — 6
2.2 Phase amont, de l’extraction à la préparation de la pierre............... — 6
2.3 Calcination de la pierre ...................................................................... — 9
2.4 Paramètres influençant la calcination................................................ — 10
2.5 Fours à chaux ..................................................................................... — 10
2.6 Aval four et produits finis .................................................................. — 13
2.7 Contrôles qualité ................................................................................ — 14
2.8 Conclusion .......................................................................................... — 14
3. Diversité des applications de la chaux aérienne ...................... — 14
3.1 Rappel des propriétés de la chaux..................................................... — 14
3.2 Sidérurgie et industrie des métaux non-ferreux ............................... — 15
3.3 Environnement ................................................................................... — 15
3.4 Agriculture .......................................................................................... — 15
3.5 Industrie chimique.............................................................................. — 15
3.6 Industries alimentaire et sucrière ...................................................... — 15
3.7 Industrie verrière ................................................................................ — 16
3.8 Industrie papetière ............................................................................. — 16
3.9 Activités de la construction................................................................ — 16
3.10 Activités du génie civil ....................................................................... — 16
3.11 Autres applications............................................................................. — 17
4. Normes et réglementation ............................................................ — 17
4.1 Normalisation ..................................................................................... — 17
4.2 Cas particulier de la construction ...................................................... — 17
5. Précautions lors de la manutention et du stockage ................ — 18
6. Conclusions...................................................................................... — 18
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. C 923

tilisée depuis plusieurs millénaires, la chaux aérienne est un produit que


U chacun croit connaı̂tre, mais dont les multiples propriétés restent encore
mal comprises.
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CHAUX AÉRIENNE –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Le présent dossier donne une présentation générale du produit, sous forme


de chaux vive comme de chaux hydratée. Puis, il fait une description de ses
propriétés, des modes de fabrication et de ses applications.
Le lecteur pourra aussi utilement se reporter aux articles complémentaires
parus dans les bases TI (consulter la liste non exhaustive proposée dans le
« Pour en savoir plus » [Doc. C 923]).

– la chaux aérienne dolomitique (notation DL selon la norme


1. Contexte EN 459-1) qui désigne :
 l’oxyde de calcium et de magnésium : CaO.MgO,
 et l’hydroxyde de calcium et de magnésium : Ca(OH)2.Mg(OH)2.
Le terme chaux est générique. Il désigne l’oxyde, et/ou l’hydro-

S xyde de calcium, et l’oxyde, et/ou l’hydroxyde de calcium et de


magnésium, issus de la décomposition thermique (calcination) de
carbonate de calcium (par exemple : calcaire, craie, coquillages),
Les chaux aériennes sont sans addition de composants dotés de
propriétés hydrauliques ou pouzzolaniques.
& Les chaux aériennes peuvent se présenter sous deux formes.
ou de carbonate de calcium et de magnésium (par exemple : cal-
caire dolomitique, dolomite).  la chaux vive (notation Q selon la norme EN 459-1) se présente
La chaux aérienne répond à cette définition générale, laquelle essentiellement sous forme d’oxyde et réagit de façon exother-
doit son nom et sa popularité aux propriétés qu’elle confère aux mique avec l’eau. On distingue l’oxyde de calcium et l’oxyde de cal-
mortiers de construction (mortiers à maçonner, pour enduits) : cium et de magnésium.
– après gâchage, elle forme une pâte qui améliore l’ouvrabilité et Ces deux types de chaux vive sont disponibles sous différentes
la rétention d’eau des mortiers frais ; présentations granulométriques, discontinues ou continues, pou-
– par la suite, la fixation de dioxyde de carbone, présent dans vant aller, du bloc sortant du four (ou « roche » selon la terminolo-
l’air, par l’hydroxyde de calcium et l’hydroxyde de calcium et de gie des chaufourniers), à la poudre obtenue par broyage.
magnésium, conduit à la formation de carbonates qui contribuent  la chaux hydratée – également qualifiée d’« éteinte » – (notation
à la résistance mécanique et à la durabilité des mortiers durcis. S selon la norme EN 459-1) se présente essentiellement sous forme
La chaux aérienne est un matériau utilisé depuis plusieurs millé- d’hydroxyde obtenu par hydratation – ou extinction – contrôlée de
naires. Malgré l’apparente simplicité de la réaction chimique à l’ori- l’oxyde. On distingue l’hydroxyde de calcium et l’hydroxyde de cal-
gine de sa formation, les procédés de fabrication d’aujourd’hui cium et de magnésium.
n’ont évidemment plus rien à voir avec ceux utilisés à l’origine. Ils La chaux hydratée est disponible à l’état de poudre, d’une part, et
se sont considérablement perfectionnés et diversifiés pour mieux en suspension dans l’eau, d’autre part. Dans ce dernier cas, on
répondre aux exigences des utilisateurs actuels. Il en est de obtient, du plus concentré au plus dilué, une pâte, un coulis, ou
même, pour les applications au point que la construction, un des un lait de chaux.
premiers domaines d’application dans l’antiquité, représente une Il faut signaler que la chaux dolomitique est également produite
part relativement modeste des applications actuelles. sous forme de chaux dolomitique semi-hydratée, c’est-à-dire
Au-delà des généralités sur la chaux aérienne, nous abordons constituée d’hydroxyde de calcium et d’oxyde de magnésium
aussi, dans ce dossier, sa fabrication et ses applications. Cet article (notation S1 selon la norme EN 459-1) : Ca(OH)2.MgO.
s’inscrit dans un ensemble de publications des Techniques de
l’Ingénieur consacré à la chaux, matériau omniprésent parce que
indispensable, et pourtant mal connu. Il succède à un premier arti- 1.2 Propriétés physico-chimiques
cle intitulé « La chaux, définition et histoire » et précède un troi- des chaux aériennes calciques
sième article consacré à la chaux hydraulique naturelle.
& La chaux vive, ou oxyde de calcium, est obtenue par calcination
1.1 Différentes catégories et décarbonatation de la pierre calcaire. De formule chimique brute
CaO, c’est un solide se présentant sous formes de roche ou de pou-
de chaux aérienne dre, et qui est très avide et réactif vis-à-vis de l’eau.
& On distingue :
& La chaux hydratée, appelée aussi « chaux éteinte » ou encore
– la chaux aérienne calcique, obtenue à partir de carbonate de « hydroxyde de calcium » [Ca(OH)2)] est une poudre sèche obtenue
calcium ; par addition contrôlée d’eau à la chaux vive. Cette opération se pra-
– la chaux aérienne dolomitique, obtenue à partir de carbonate tique industriellement dans un hydrateur.
mixte de calcium et de magnésium.
Ces deux formes de la chaux aérienne ont des caractéristiques
Du fait de la pureté des calcaires d’origine, ces chaux n’ont pas propres et des propriétés utilisables dans un panel étendu d’appli-
de propriétés hydrauliques. cations. Ces propriétés, ainsi que les moyens de caractérisation
& La norme européenne harmonisée, EN 459-1 : chaux de cons- physico-chimiques de la chaux, sont présentés dans ce chapitre.
truction, distingue deux catégories de chaux aériennes utilisées
en construction : 1.2.1 Réactivité à l’eau et
– la chaux aérienne calcique (notation CL selon la norme EN 459- extinction de la chaux vive
1) qui désigne : La chaux vive possède une grande affinité vis-à-vis de l’eau et
 l’oxyde de calcium : CaO, est, de ce fait, un dessicant efficace. C’est la raison pour laquelle il
 et l’hydroxyde de calcium : Ca(OH)2 ; est nécessaire de maintenir les stocks et échantillons de chaux vive

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–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– CHAUX AÉRIENNE

3,38. Celui de la chaux hydratée est moindre, la valeur calculée


CaO étant de 2,24.
Chaux vive
& La densité apparente des particules de chaux vive est comprise
entre 1,6 et 2,8, selon le degré de porosité ou, à l’inverse, de frit-
tage des particules. La réaction d’hydratation entraı̂ne une diminu-
tion de la densité apparente jusqu’à des valeurs de l’ordre de 0,4 à
0,55.
Ca(OH)2 CaCO3
Chaux hydratée Calcaire & La valeur de densité en vrac tient compte, à la fois de la porosité
intra-particulaire, et des vides laissés entre les grains. Elle est
d’environ 0,8 à 1 pour la chaux vive, et est fonction de la distribu-
tion granulométrique et de la morphologie des particules.
L’éclatement des particules, suite à l’extinction, entraı̂ne un abais-
sement de la densité en vrac jusqu’à une valeur finale de 0,4 à 0,6,
Figure 1 – Cycle de la chaux aérienne calcique en ce qui concerne la chaux hydratée.

à l’abri de l’atmosphère, sous peine de voir la réactivité diminuer & La porosité des grains est dépendante, à la fois, de celle du cal-
suite à une hydratation partielle. caire de départ et des conditions de sa calcination. Elle peut varier


dans une gamme de 25 à 55 %.
Une fois la chaux vive au contact avec l’eau, il se produit une
réaction très exothermique (1 155 kJ/kg de CaO) qui, en conditions
et quantités d’eau contrôlées, mène à la formation de chaux hydra- 1.2.5 Solubilité et pH
tée appelée aussi « chaux éteinte » ou encore « hydroxyde de cal- Les chaux aériennes sont solubles en très petite quantité dans
cium », solide dont les molécules d’eau sont liées chimiquement. l’eau. À 20  C, la masse de CaO, soluble dans 100 g d’une solution
Le suivi de la production de chaleur au cours du temps est, par ail- saturée, est de 0,125 g et cette solubilité décroı̂t avec la
leurs, mis à profit pour tester la réactivité d’une chaux vive. température.
Le dégagement de la chaleur d’hydratation s’enclenche au fur et Si on augmente la concentration en chaux au-delà du seuil de
à mesure que l’eau pénètre dans les pores de la chaux vive, ce qui saturation le pH n’augmente plus, mais il se forme alors une sus-
exerce des forces expansives internes dans les particules et pro- pension de chaux en excès (eau de chaux, puis lait de chaux pour
voque leur fracturation. Les cristaux originels sont ainsi désintégrés des concentrations plus élevées).
en micro-particules de chaux hydratée. L’extinction de la chaux vive
La chaux aérienne est un produit basique. Ainsi, sa dissolution
provoque alors une expansion volumique d’un facteur 2,5.
dans l’eau provoque une augmentation du pH jusqu’à 12,4, dans
En pratique, un excès d’eau par rapport à la quantité stœchiomé- le cas d’une solution saturée à 25  C. L’ajout d’une trace de chaux
trique est nécessaire pour que la réaction d’hydratation soit com- vive peut provoquer une brusque augmentation du pH (de 7 à 11)
plète. En effet, une fraction de l’eau ajoutée est évaporée lors du d’une eau distillée.
dégagement de chaleur initial, d’une part, et une autre fraction se
retrouve sous forme d’eau libre, non combinée chimiquement, 1.2.6 Présence d’impuretés
adsorbée par les particules d’hydrate, d’autre part.
Les éléments étrangers, que l’on peut détecter dans une chaux,
Contrairement à la chaux vive, la chaux hydratée est capable de sont directement dépendants de la pureté de la pierre calcaire
fixer le dioxyde de carbone de l’air, en atmosphère humide, pour extraite du gisement.
donner du carbonate de calcium (voir figure 1) selon la réaction
suivante : & Le carbonate de calcium peut ainsi être considéré comme inerte
ou, au contraire, actif selon la destination finale de la chaux. La pré-
Ca (OH)2 + CO2 → CaCO3 + H2O sence d’oxyde de magnésium n’est pas dommageable en applica-
tion sidérurgique, mais au-delà d’un taux de 2 à 5 %, cela peut ren-
1.2.2 Couleur, odeur dre la chaux inadaptée à certaines applications spécifiques.

La chaux vive est un solide de couleur blanche. Sa teinte peut & D’autres éléments chimiques se retrouvent dans la chaux, en
tendre vers le gris, le brun, ou le jaune, lorsque des impuretés quantités variables. Ainsi, le silicium, l’aluminium, le fer ou le sou-
sont présentes (particulièrement les oxydes de fer et de manga- fre peuvent provenir, soit de la pierre calcaire, soit du combustible
nèse). La chaux éteinte, consécutivement à la réaction d’hydrata- utilisé pour la calcination. D’autres éléments moins abondants (tra-
tion, est plus fine et plus blanche que la chaux vive dont elle dérive. ces) sont spécifiques de la composition du calcaire originel.
Les chaux aériennes ont une légère, mais perceptible, odeur ter-
1.2.7 Stabilité à l’air et conservation
reuse, cependant non agressive.
La chaux vive et la chaux hydratée sont des produits stables.
1.2.3 Structures cristallines & La chaux vive est réactive à l’eau, qui provoque son extinction,
L’oxyde de calcium, dans sa forme la plus pure, cristallise dans le comme évoqué plus haut. C’est pour cette raison qu’elle doit être
système cubique, la longueur de la maille élémentaire étant égale à conservée à l’abri de l’air ambiant, pour éviter que sa réactivité ne
4,8 Å. se dégrade au cours du temps. De plus, contenant une faible quan-
tité de Ca(OH)2, les chaux vives commerciales sont susceptibles
Les particules de chaux éteinte sont microcristallines ou de taille d’absorber le CO2 contenu dans l’air et de se carbonater. Cette réac-
colloı̈dale, la chaux cristallisant dans le système hexagonal tion libère l’eau liée chimiquement, qui est alors rendue disponible
(a = 3,58 Å, c = 4,9 Å). pour hydrater la chaux vive et perpétuer le processus. L’exposition
à l’air des chaux vives doit, dès lors, être la plus restreinte possible
1.2.4 Poids spécifique et densités durant les différentes opérations de manipulation.
& Le poids spécifique de la chaux vive, c’est-à-dire le rapport entre & La chaux éteinte est encore plus stable, puisque l’ajout d’eau
la masse de solide et le volume qu’il occuperait à porosité nulle et n’apporte plus de modification de sa composition chimique. La
sans vide entre les grains, est compris dans une gamme de 3,25 à réaction d’hydratation peut être réversible à haute température : la

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CHAUX AÉRIENNE –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

chaux éteinte se décompose alors en oxyde de calcium et en eau. 1.2.8.2 Chaux hydratée
Seule la présence de CO2 dans l’air peut affecter la conservation de Un grand nombre de réactions connues de la chaux se font, soit
la chaux hydratée en conditions ambiantes, via sa recarbonatation à partir de la chaux vive et en présence d’eau, soit via la chaux
en CaCO3 (voir le cycle de la chaux aérienne calcique à la figure 1). hydratée en poudre, soit encore via des suspensions de chaux
dans l’eau à des concentrations diverses. Quelques schémas réac-
1.2.8 Réactions chimiques avec divers composés tionnels représentatifs sont présentés ici, faisant intervenir la chaux
hydratée sous ses différentes formes possibles.
1.2.8.1 Chaux vive
& Neutralisation des acides en solution aqueuse
La principale réaction chimique de la chaux vive qui est mise à
profit est son extinction et la production de chaleur qui en découle. La chaux hydratée mise en solution aqueuse s’ionise directement
selon :
Cette propriété est largement utilisée, par exemple dans le traite-
ment des sols dans le domaine du Génie civil : l’abaissement de la Ca (OH)2 → Ca2+ + 2 OH−
teneur en eau naturelle des sols est la conjonction de l’hydratation
de la chaux vive épandue, de la production de chaleur et des opéra- La solution résultante possède des propriétés basiques et alcali-
tions de malaxage du sol. nes qui peuvent ensuite être mises à profit. La chaux hydratée est
une base bifonctionnelle, ce qui, malgré sa faible solubilité, en fait
Il existe d’autres types de réactions connues de la chaux vive. une base très forte. En comparaison avec les bases alcalines


(NaOH, KOH), une masse moindre de chaux hydratée est néces-
& Réactions avec les gaz acides saire pour la neutralisation des acides. Elle réagit avec les acides
Les gaz acides ne réagissent pas en conditions sèches et à tem- faibles pour donner lieu à des sels alcalins, et avec les acides
pérature ambiante avec la chaux vive. Cependant, à des températu- forts, les produits réactionnels étant alors des sels neutres ou légè-
res plus élevées, peuvent se produire les neutralisations suivantes : rement alcalins.
– au-dessus de 350  C : & Neutralisation des gaz acides

CaO + 2 HCl → CaCl2 + H2O La chaux hydratée en poudre, dont les propriétés de taille de par-
ticules et de porosité (surface spécifique, volume poreux acces-
CaO + 2 HF → CaF2 + H2O sible) peuvent être contrôlées, peuvent capter et neutraliser les
gaz acides contenus dans les fumées et rejets industriels, tels que
Les réactions avec le dioxyde et trioxyde de soufre peuvent se les oxydes de soufre et d’azote, ainsi que le gaz carbonique.
dérouler selon la séquence suivante, pour former du sulfate de
calcium : & Réactions avec les carbonates alcalins
– de 300 à 400  C : Ce type de réaction est utilisé, entre autre, pour la fabrication de
la soude caustique. La chaux hydratée réagit avec les carbonates
CaO + SO2 → CaSO3 alcalins, solubles, en formant du carbonate de calcium insoluble
CaSO3 + 1 O2 → CaSO4 et de l’hydroxyde métallique.
2

Ca (OH)2 + Na2CO3 → CaCO3 + NaOH


Ou encore directement :

CaO + SO3 → CaSO4 & Réactions avec la silice et l’alumine


Ce sont les réactions qui entrent en jeu dans les processus de
D’autres réactions se produisent à haute température : notam- stabilisation des sols à la chaux, donnant lieu à l’apparition de sili-
ment la décomposition du sulfite de calcium, et la combinaison cates et d’aluminates de calcium hydratés. Elles peuvent être ini-
directe de la chaux vive et du dioxyde de soufre : tiées grâce à la dissolution des espèces siliceuses et alumineuses
à haut pH. Ces réactions font également partie du processus de
4 CaSO3 → 3 CaSO4 + CaS prise des mortiers à base de pouzzolanes et de chaux.
4 CaO + 4 SO2 → 3 CaSO4 + CaS
& Réactions avec les métaux
Une hausse de température supplémentaire donne lieu à la Le fer et l’acier sont insensibles à l’attaque par la chaux hydratée,
conversion des sulfures en sulfates et en soufre élémentaire : au contraire de l’aluminium, du laiton et du plomb, ce qui peut
mener, dans le cas de ce dernier, à sa totale dissolution.
CaS + 2 SO2 → CaSO4 + 2 S
Les métaux toxiques et, particulièrement les métaux lourds
Ces séquences réactionnelles complexes sont importantes et étu- contenus dans les boues ou les eaux polluées, peuvent être rendus
diées dans le contexte du cycle du soufre dans les fours à chaux, et insolubles par adjonction de chaux. Cette méthode permet de pré-
dans les processus de désulfurisation des gaz et fumées. cipiter, sous forme d’hydroxydes, les ions métalliques, tels que
l’argent, l’arsenic, le baryum, le cadmium, le cobalt, le cuivre, le
& Réactions avec les métaux mercure, le manganèse, le nickel, le plomb, le zinc.
En absence d’eau, la chaux vive ne réagit pas avec les métaux. La Chaque métal possède une gamme de pH optimale pour laquelle
chaux hydratée, pour sa part, a la faculté d’attaquer certains la concentration restante en solution est minimisée. Pour permettre
métaux (voir § 1.2.8.2). la récupération d’un maximum de métaux, des opérations de préci-
pitation sélective sont nécessaires.
& Réactions avec le carbone
& Réactions avec le chlore
Le carbone déplace l’oxygène de la chaux vive par fusion, à plus
de 1 650  C, pour former du carbure de calcium et du monoxyde de La chaux éteinte adsorbe le chlore et le transforme en hypochlo-
carbone : rite, agent de blanchiment actif :

CaO + 3 C → CaC2 + CO 2 Ca (OH)2 + 2 Cl2 → Ca (OCl)2 CaCl2 + H2O

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Chaux hydrauliques
par Emmanuelle GRES-ROQUE
Responsable Communication et export
Simplast SARL (Socli, Izaourt (France))
Cet article est la réédition actualisée de l’article [C 924] intitulé « Chaux hydrauliques »
paru en 2010, rédigé par Xavier GUILLOT et Emmanuelle GRES-ROQUE.

1. Catégories et propriétés................................................................ C 924v2 – 2


1.1 Terminologie....................................................................................... — 2
1.2 Normalisation ..................................................................................... — 3
1.3 Chimie et cycle de la chaux hydraulique naturelle ........................... — 4
1.4 Propriétés des chaux hydrauliques ...................................................


— 4
2. Fabrication ....................................................................................... — 5
2.1 Extraction, concassage et criblage .................................................... — 5
2.2 Cuisson et décarbonatation ............................................................... — 5
2.3 Broyage et hydratation ...................................................................... — 6
3. Applications en construction ....................................................... — 6
3.1 Bâtiment ............................................................................................. — 6
3.2 Produits de stabilisation des sols ...................................................... — 6
4. Conclusion........................................................................................ — 7
5. Glossaire ........................................................................................... — 7
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. C 924v2

a chaux est un matériau connu et utilisé depuis l’Antiquité, obtenu par cal-
L cination de roches calcaires suivie, généralement, d’une phase d’extinction
à l’eau avant emploi. Un article de cette collection en retrace d’ailleurs
l’histoire [C 922].
Mais, il est abusif de parler de la chaux au singulier, car ce matériau revêt de
multiples facettes. Il convient notamment de distinguer les chaux aériennes des
chaux hydrauliques. Si les premières ont la propriété de ne durcir qu’à l’air, les
secondes font prises au contact de l’eau, à l’instar des ciments, avant de réagir
elles-aussi au contact de l’air.
Les chaux hydrauliques sont donc des liants puisqu’elles assurent la cohésion
des matériaux, avec lesquels elles sont mélangées, dès l’instant où de l’eau est
ajoutée. Le présent article traite uniquement des chaux hydrauliques. En ce qui
concerne les chaux aériennes, le lecteur est invité à consulter l’article corres-
pondant paru dans cette même base documentaire [C 923].
Le caractère hydraulique des chaux n’a véritablement été maı̂trisé qu’à l’issue
des travaux de Louis Vicat sur l’hydraulicité (dès 1820). L’essor industriel des
chaux hydrauliques a connu son apogée au cours des premières décennies du
20e siècle puisqu’en 1925, la France produisait plus de chaux hydrauliques que
de ciments (3,2 millions de tonnes contre 2,3 millions). La tendance s’est
ensuite très fortement inversée avec l’essor de la fabrication du ciment (appari-
tion du four rotatif en 1910). Directement corrélé aux matières premières dispo-
nibles, gisements calcaires plus ou moins riches en silice notamment, le carac-
tère hydraulique est variablement marqué.
Cet article propose de récapituler les propriétés des chaux hydrauliques, leur
processus de fabrication, ainsi que leurs applications, orientées principalement
dans le domaine de la construction.
Enfin, compte tenu des nombreuses analogies avec les propriétés des
ciments, la lecture d’un article de cette collection sur les ciments est également
p。イオエゥッョ@Z@ェ。ョカゥ・イ@RPQV

conseillée [C 920].

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CHAUX HYDRAULIQUES –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Tableau 1 – Terminologie des différents types de chaux – Des matières premières aux produits
commercialisés

Processus de fabrication
CaCO3 Produits commercialisés après
Matières premières Température de Produits issus de
(en %) Produits issus de la tamisage et broyage
cuisson l’extinction par
cuisson
(en  C) hydratation

Chaux vive, silica- Chaux éteinte (ou


Calcaire siliceux (et
 80-85 Environ 1 100 tes (et aluminates) hydratée), silicates (et Chaux hydrauliques
alumineux)
de calcium aluminates) de calcium

Calcaire à faible teneur


 96-98 > 900 Chaux calcique
en silice et alumine
Chaux éteinte
Chaux vive Chaux aérienne
Calcaire dolomitique à (ou hydratée)
Chaux


faible teneur en silice et – > 900
dolomitique*
alumine

* Les chaux dolomitiques sont également appelées « chaux magnésiennes ».

1. Catégories et propriétés Tableau 2 – Indice d’hydraulicité et types de chaux

Teneur en
Indice
Si le caractère aérien ou hydraulique des chaux n’est établi qu’à Types de chaux argile Terminologie
d’hydraulicité
l’issue du processus de fabrication, tout se joue en réalité au (en %)
départ, au stade du choix des matières premières.
Chaux aérienne 0-5 0-0,1 Chaux grasse
Une chaux ne présentera effectivement un caractère hydrau-
lique que si les matières premières sélectionnées sont des cal- Chaux faiblement
5-8 0,1-0,16
caires contenant de la silice, éventuellement de l’alumine et du hydraulique
fer.
Chaux
La silice et l’alumine étant deux des constituants principaux Chaux moyennement
8-14 0,16-0,3 moyenne
des argiles, les termes de « calcaire argileux », ou encore de hydraulique
« marne calcaire », sont également souvent employés.
Chaux hydraulique 14-19 0,3-0,4
Les différentes étapes de fabrication des deux types de chaux
sont ensuite relativement comparables. Le processus de fabrication Chaux éminemment
19-22 0,4-0,5 Chaux maigre
des chaux hydrauliques est détaillé au § 2. Au final, l’utilisateur a le hydraulique
choix entre deux matériaux aux propriétés différentes.
caractère hydraulique, une chaux hydraulique fera, plus ou moins,
prise à l’air à un moment donné. Tout dépend des caractéristiques
1.1 Terminologie des matières premières, très diverses.
& Les chaux recouvrent également une terminologie étendue qui
& Louis Vicat avait compris que le caractère hydraulique d’une
peut, parfois, conduire à la confusion. Afin de faciliter la lecture,
une synthèse des différents types de chaux est faite au tableau 1. chaux dépendait des caractéristiques chimiques du gisement cal-
Il mentionne une partie de la terminologie employée, des matières caire. Il établit ainsi un indice d’hydraulicité i, autrement appelé
premières aux produits commercialisés, en passant par les produits « indice de Vicat » :
générés aux différentes étapes de la fabrication. i = argile/chaux vive
i = SiO2 + Al2O3 + Fe2O3 /CaO + MgO
À noter que le terme « chaux hydraulique artificielle » n’est
plus utilisé. Il est dorénavant remplacé par « ciment à Cet indice permet de répertorier cinq types de chaux, regroupés
maçonner ». dans le tableau 2, qui reprend également une terminologie cou-
ramment rencontrée.
La chaux vive (ou oxyde de calcium, CaO) est un produit avide
d’eau. L’opération d’extinction (ou d’hydratation) est En pratique, la composition des chaux hydrauliques commercia-
exothermique. lisées est encore plus complexe. La normalisation permet d’enca-
drer tout cela, et elle définit les différents types de chaux. Les nor-
La manipulation de la chaux vive est donc délicate. Il s’agit de
mes et les produits évoluant en fonction des besoins des sociétés,
la forme la plus dangereuse du matériau qui peut provoquer des
le bilan dressé demeure valable au moment où il est établi. Pour
brûlures si le manipulateur ne prend pas les précautions
autant, les principes de base qui font le succès des chaux depuis
adéquates.
si longtemps demeurent inchangés.

La lecture du tableau 1 permet de comprendre que la limite entre & La norme NF EN 459-1, qui définit les chaux de construction,
une chaux hydraulique et une chaux aérienne est relativement aussi bien aériennes qu’hydrauliques, distingue plusieurs types de
ténue. De la même manière qu’une chaux aérienne peut revêtir un chaux ayant des propriétés hydrauliques. Elles sont principalement

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Les matériaux de construction
(Réf. Internet 42224)

1– Les granulats

2– Les matériaux de terre cuite

3– Le platre et le ciment

4– L'acier Réf. Internet page

Aciers de construction métallique C2501 53

5– Les ibres

6– Fixation des matériaux de construction

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Aciers de construction métallique

par Guy MURRY


Ingénieur de l’École nationale supérieure d’électrochimie
et d’électrométallurgie de Grenoble (ENSEEG)
Docteur-ingénieur
Ingénieur-Conseil
Ancien directeur de l’Office technique pour l’utilisation de l’acier (OTUA)

avec la collaboration de
Jean-Pierre PESCATORE
Direction du Bureau de normalisation de la construction métallique (BNCM)
Centre technique industriel de la construction métallique (CTICM)

1. Définitions.................................................................................................. C 2 501 - 2 T
2. Désignation normalisée des aciers de construction métallique — 3
2.1 Désignation symbolique normalisée ......................................................... — 3
2.2 Numérotation normalisée........................................................................... — 3
3. Performances d’usage des aciers de construction métallique... — 5
3.1 Performances mécaniques à température ambiante ............................... — 5
3.2 Performances mécaniques à des températures inférieures à l’ambiante — 7
3.3 Performances mécaniques à des températures supérieures
à l’ambiante ................................................................................................. — 8
3.4 Résistance à la fatigue................................................................................. — 9
3.5 Résistance à la corrosion atmosphérique ................................................. — 9
4. Aciers de construction métallique définis par la normalisation — 11
4.1 Aciers définis par la norme NF EN 10025-2............................................... — 11
4.2 Aciers définis par la norme NF EN 10025-3............................................... — 13
4.3 Aciers définis par la norme NF EN 10025-4............................................... — 14
4.4 Aciers définis par la norme NF EN 10025-6............................................... — 16
4.5 Aciers définis par la norme NF EN 10225 .................................................. — 16
4.6 Aciers définis par la norme NF EN 10210 .................................................. — 17
4.7 Aciers définis par la norme NF EN 10219 .................................................. — 17
5. Possibilités de mise en œuvre.............................................................. — 18
5.1 Formage à chaud ......................................................................................... — 18
5.2 Formage à froid ........................................................................................... — 18
5.3 Découpage ................................................................................................... — 18
5.4 Usinage......................................................................................................... — 19
5.5 Soudage ....................................................................................................... — 19
6. Choix d’un acier de construction métallique................................... — 22
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. C 2 501

’acier entre dans la réalisation de nombreux ouvrages (ponts, immeubles...).


L Les aciers de construction métalliques utilisés se présentent sous diverses
formes et nuances. Pour effectuer un choix éclairé, le concepteur doit donc
connaître les propriétés mécaniques des diverses nuances normalisées, leurs
propriétés de mise en œuvre, leurs garanties...
Nota : la norme NF EN 10025 parties 1 à 6 est en cours de publication à la date de parution de cet article.
p。イオエゥッョ@Z@。ッエ@RPPS

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© Techniques de l’Ingénieur, traité Construction C 2 501 − 1

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ACIERS DE CONSTRUCTION MÉTALLIQUE ___________________________________________________________________________________________________

1. Définitions — du phosphore : impureté résiduelle, cet élément est présent


en solution solide de substitution, il durcit la ferrite et dégrade sa
résistance à la rupture fragile ;
L’expression « aciers de construction métallique » ne fait l’objet — parfois du nickel : cet élément est utile pour affiner la struc-
d’aucune définition normalisée. Le lecteur devra donc conserver ture et améliorer la résistance à la rupture fragile (dans les aciers
présentes à l’esprit les indications données ci-après ainsi que les pour emplois à basses températures) ;
précisions quant aux aciers auxquels peut être appliquée cette — parfois du niobium et du vanadium, voire du titane et du
désignation. zirconium : ces éléments participent à la formation de carbures et
carbonitrures. Ces précipités très fins et bien dispersés dans la
■ Si l’on se réfère aux domaines d’emploi de ces aciers, on peut ferrite engendrent un durcissement important qui est mis en œuvre
dire que ce sont les aciers utilisés dans le cadre de la plus grande pour la fabrication des aciers à haute limite d’élasticité (à teneur en
partie des activités groupées sous la rubrique « Construction carbone identique, le durcissement obtenu est alors plus important ;
Métallique » par Qualibat, organisme chargé de la qualification et de ce fait, à caractéristiques de résistance identiques, il est possible
de la certification des entreprises du bâtiment pour la réalisation de diminuer la teneur en carbone). Les conditions particulières de
notamment : mise en solution dans l’austénite (nécessité de porter le métal à
— de charpentes métalliques ; haute température, ce qui engendre un grossissement des grains
— de charpentes pour appareils métalliques de levage et de indésirable) et de précipitation (au cours de la transformation de
manutention ; l’austénite en ferrite) imposent le contrôle de la taille des grains qui
— d’ouvrages d’art ; est généralement réalisé à travers les opérations de laminage (dit
— de ponts métalliques ; alors « thermomécanique ») et de refroidissement en sortie de lami-
— de plates-formes marines ; noir. Ces procédures conduisent à un produit prêt à l’emploi qui ne
— de pylônes métalliques ; doit plus être soumis à une transformation fer α ↔ fer γ qui lui ferait
perdre ses propriétés sans espoir de récupération. Néanmoins, cela


— de structures dans l’automobile ;
ne compromet pas la mise en œuvre par soudage (cf. § 5.5) ;
— de structures dans le matériel ferroviaire roulant ;
— assez rarement du cuivre qui participe au durcissement par
— de structures mobiles dans le machinisme agricole ;
effet de solution solide et diminue la sensibilité des aciers non
— de trémies et silos métalliques ;
alliés à la corrosion atmosphérique (probablement en neutralisant
— de gazomètres ;
les effets nocifs du soufre).
— de réservoirs métalliques sans pression et non soumis à
Ces rappels montrent à l’évidence que l’on ne traitera pas des
l’action de la flamme ;
aciers inoxydables qui, de par leurs particularités, exigeraient
— d’organes de retenue d’eau ;
d’être traités dans un article spécifique.
— de renforcement d’ouvrages d’art métalliques ;
— de travaux en sous-œuvre. ■ Les aciers de construction métallique étant livrés prêts à l’emploi,
ils le sont donc sous des formes (géométriques) correspondant aux
■ Si l’on se réfère à l’aspect métallurgique, on peut alors dire que besoins des utilisateurs et qui sont identifiées comme suit par la
les aciers de construction métallique sont des aciers de qualité norme NF EN 10079.
(quelques-uns sont des aciers spéciaux) généralement non alliés ● Les produits plats dont la section droite est pratiquement rec-
(parfois faiblement alliés) livrés prêts à l’emploi c’est-à-dire qu’ils tangulaire, la largeur ᐉ étant très supérieure à l’épaisseur e . Parmi
possèdent déjà les caractéristiques mécaniques attendues et qu’il eux, on distingue :
n’est donc pas nécessaire de leur faire subir un traitement ther- — les produits plats laminés à chaud non revêtus qui
mique à l’exclusion du traitement de détensionnement (visant à comprennent :
réduire les contraintes résiduelles) après soudage et, parfois d’un • les tôles minces (e < 3 mm),
traitement de restauration ou d’une normalisation. • les tôles fortes (e ⭓ 3 mm),
● Ces aciers dont la teneur en carbone varie avec les propriétés • les larges plats (e > 4 mm, 150 mm < ᐉ ⭐ 1 250 mm, livrés à
recherchées, contiennent (pour différentes raisons) quelques plat),
éléments autres que le carbone, à savoir : • les bandes livrées en bobines (large bande à chaud
— du silicium nécessaire à la désoxydation en cours d’élabo- ᐉ ⭓ 600 mm, feuillard à chaud si ᐉ < 600 mm) ;
ration. De ce fait une certaine proportion est fixée sous forme — les tôles à épaisseur variable : tôles dont l’épaisseur varie de
d’oxyde dans les inclusions, la part non oxydée participe au dur- manière continue dans le sens de la longueur. Elles permettent un
cissement par effet de solution solide ; gain de poids ainsi qu’une réduction des travaux de soudage là où,
— du manganèse : participant aussi à la désoxydation, il fixe en en raison de la variation du moment fléchissant, il serait nécessaire
outre le soufre sous forme de sulfures (ce qui permet le forgeage d’utiliser des tôles de différentes épaisseurs. Les possibilités de
et le laminage du métal à chaud). La proportion de manganèse qui fabrication de ces produits varient suivant les aciéries (le plus
subsiste en solution solide joue deux rôles : durcissement par souvent la garantie de limite d’élasticité minimale ne dépasse pas
effet de solution solide et affinement de la structure lors du 460 N/mm2) et l’utilisateur doit s’informer avant de formaliser son
durcissement ; choix ;
— de l’azote : les aciers de construction métallique étant géné- — les produits plats laminés à froid non revêtus (obtenus par
ralement élaborés en présence d’air contiennent une faible propor- une réduction de section supérieure ou égale à 25 % réalisée par
tion d’azote résiduel, actuellement celle-ci peut varier de 0,008 laminage à froid de produits préalablement laminés à chaud) qui
à 0,012 % environ. En présence d’aluminium en solution solide, comprennent :
l’azote forme des précipités très fins de nitrure d’aluminium. Ces • les tôles ( ᐉ ⭓ 600 mm),
précipités permettent de freiner le grossissement des grains au • les bandes livrées en bobines (large bande à froid si
cours d’un réchauffage (à température inférieure à 1 000 oC) et faci- ᐉ ⭓ 600 mm, feuillard à froid si ᐉ < 600 mm) ;
litent donc l’obtention finale de grains fins. Par ailleurs, en solution — les produits plats laminés à chaud ou à froid revêtus parmi
solide (d’insertion), l’azote durcit la ferrite, diminue sa résistance à lesquels on distingue :
la rupture fragile et engendre la plus grande part du processus de • les produits plats à revêtement métallique : par trempe à
vieillissement après écrouissage ; chaud (revêtements de Pb, Zn, Al, Al + Si, Al + Zn) ; par élec-
— du soufre : impureté résiduelle, cet élément est fixé sous forme trolyse (revêtements de Pb, Zn, Zn + Ni),
de sulfure de manganèse. Les progrès des procédés sidérurgiques • les produits plats à revêtement organique : par peinture ; par
ont permis d’abaisser très sensiblement les proportions présentes dépôt d’un film,
dans les aciers ; • les produits plats à revêtement non organique (émail) ;

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Tableau 1 – Normes concernant les aciers pour construction métallique :


produits laminés en acier non alliés ou faiblement alliés
Produits Exigences techniques de livraison (1) Dimensions Tolérances

Poutrelles I et H NF A 45-201 NF EN 10034


NF A 45-205
Poutrelles IPN NF A 45-209 NF EN 10024

Profilés en U NF A 45-202 NF EN 10279


NF A 45-255
Cornières à ailes égales et inégales NF EN 10025 (2) NF EN 10056-1 NF EN 10056-2
Fers T NF EN 10055 NF EN 10055

Tôles Sans objet NF EN 10029


NF EN 10051
Plats et larges plats Sans objet EU 91 (3)
Profils creux finis à chaud NF EN 10210-1 NF EN 10210-2 NF EN 10210-2
Profils creux finis à froid NF EN 10219-1 NF EN 10219-2 NF EN 10219-2
Acier possédant des caractéristiques


NF EN 10164 Sans objet Sans objet
de déformation améliorées
(1) La norme NF EN 10021 spécifie les exigences générales techniques de livraison (terminologie, modalités d’application des prescriptions techniques, modalités
générales de contrôle, tri, remaniement, marquage et réclamations) et les conditions générales d’état de surface sont précisées dans la norme NF EN 10163.
Les différents types de documents de contrôle sont définis dans la norme NF EN 10204.
(2) La norme NF EN 10025 couvre à la fois les aciers de construction non alliés (partie 2) ou à grains fins (parties 3 et 4), les aciers de construction à résistance
améliorée à la corrosion atmosphérique (partie 5) et les produits plats en aciers à haute limite d’élasticité (partie 6).
(3) L’EU 91 est une « Euronorm » qui n’a pas encore été convertie en norme européenne.

— les tôles profilées ondulées ou profilées (généralement garantie pour la gamme d’épaisseur la plus faible. Cet ensemble
revêtues) ; peut être suivi de symboles additionnels qui peuvent être
— les produits plats composites : successivement :
• tôles et bandes plaquées, — une lettre définissant l’état structural pour les aciers à grains
• tôles et panneaux « sandwich ». fins :
● Les produits longs laminés à chaud comprennent :
• N pour normalisé ou laminage normalisant,
— les profilés : poutrelles, pieux, palplanches, profilés spéciaux ; • M pour laminage thermomécanique,
— les laminés marchands : barres (ronds, carrés, hexagones, • Q pour trempé et revenu,
octogones, plats) ; • A pour durcissement par précipitation ;
— les cornières, les U, les T, les plats à boudin ;
— les produits tubulaires (sans soudure ou soudés) ; — deux lettres ou une lettre et un chiffre précisant les exigences
— les profilés formés à froid ; relatives à la température de transition de la résilience ; le tableau 2
— les fils machine ; explicite les différentes notations. Ces dernières sont simplifiées
— les fils. pour les aciers à grains fins (voir la norme de produit) ;
Pour les produits laminés usuels de construction métallique, le — éventuellement la lettre G (signalant qu’une autre caractéris-
tableau 1 précise les normes de dimensions auxquelles il y a lieu tique est prise en compte) suivie d’un chiffre (qui peut être lui-même
de se référer ainsi que celles concernant leurs tolérances. suivi d’une lettre) précisant cette dernière (voir sa signification dans
la norme de produit) ;
— éventuellement une lettre indiquant une spécificité complé-
mentaire (exemples : D pour l’aptitude à la galvanisation, W pour
2. Désignation normalisée la résistance améliorée à la corrosion atmosphérique...).

des aciers de construction La figure 1 synthétise cette désignation des aciers de construction
métallique sous forme d’un tableau synoptique.
métallique
Tous les aciers de construction métallique sont : 2.2 Numérotation normalisée
— désignés symboliquement à partir de leur emploi et de leurs
caractéristiques mécaniques selon les principes définis par la norme
La désignation numérique est constituée par cinq chiffres :
NF EN 10027-1 ;
— numérotés selon le système décrit par la norme NF EN 10027-2. — les trois premiers chiffres à gauche ont une signification défi-
nie par la norme NF EN 10027-2 ;
— les deux derniers chiffres à droite sont arbitraires ;
2.1 Désignation symbolique normalisée la signification de l’ensemble doit donc être recherchée dans la
norme de produit. Ce mode de désignation est très peu usité dans
La désignation symbolique commence par la lettre S suivie d’un les documents contractuels et autres spécifications de projet qui
nombre entier égal à la valeur minimale de la limite d’élasticité préfèrent se référer à la désignation symbolique normalisée.

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S 235 JR G2 W + Z15 + JC +S
1 2 3 4 5 6 7 8
Exemple de désignation d'un acier de construction

Aciers désignés à partir de leur emploi et Deuxième groupe de principaux symboles


1 de leurs caractéristiques mécaniques ou additionnels :
physiques : •C Formage à froid spécial
•S Aciers de construction y compris •D Galvanisation
aciers à grains fins •F Forgeage
•L Basse température
• M Formage thermomécanique 5
•N Normalisé ou laminage normalisant
•O Offshore

T Caractéristiques mécaniques :
•P
•Q
•S
Palplanches
Trempé revenu
Construction navale
•T Tubes
Valeur minimale spécifiée de la limite • W Résistant à la corrosion atmosphérique
2 d'élasticité (Re en N/mm2) pour la • an Symbole chimique de l'élément d'alliage spécifié
gamme d'épaisseur la plus faible.
[Re : limite supérieure de la limite d'élasticité (ReH)
ou limite conventionnelle d'élasticité caractérisée
par un allongement résiduel de 0,2 % (Rp 0,2 )]

Symboles indiquant des exigences spéciales :


•C Gros grains
•F Grains fins
•H Trempabilité 6
• Z15 Propriétés garanties dans le sens
Symboles caractérisant l'énergie à rupture : de l'épaisseur (striction minimale 15 %)
• Z25 Propriétés garanties dans le sens
de l'épaisseur (striction minimale 25 %)
Énergie (J) 27 40 60
• Z35 Propriétés garanties dans le sens
3 de l'épaisseur (striction minimale 35 %)
Symboles J K L

Température
d'essai (°C)
+ 20 0 – 20 – 30 – 40 – 50 – 60

Symboles R 0 2 3 4 5 6
Symboles indiquant le type de revêtement :
•A Revêtement d'aluminium par immersion à chaud
• CU Revêtement de cuivre 7
• JC Revêtement inorganique
• OC Revêtement organique
•Z Galvanisation
• ZE Revêtement électrolytique de zinc
Premier groupe de principaux symboles • ZN Revêtement électrolytique d'alliage zinc/nickel
additionnels :
•M Formage thermomécanique
•N Laminé ou laminage normalisant
4 •Q Trempé et revenu
•G Autres caractéristiques Exemples de symboles indiquant une condition de
• G1 Non calmé traitement (aciers du groupe S uniquement) :
• G2 Calmé 8
• G3 Recuit de normalisation •A Recuit d'adoucissement
• G4 État de livraison libre •C Écroui à froid
Les symboles M, N et Q du premier groupe • CR Laminé à chaud, écroui à froid
s'appliquent aux aciers à grains fins. •S Traitement pour cisaillage à froid

Figure 1 – Désignation symbolique des aciers de construction métallique

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Tableau 2 – Désignation symbolique des aciers de construction :


symboles précisant les exigences relatives à la température de transition de la résilience
Température Énergie Température Énergie Température Énergie
d’essai minimale d’essai minimale d’essai minimale
Symbole Symbole Symbole
(oC) (J) (oC) (J) (oC) (J)

JR 20 27 KR 20 40 LR 20 60

J0 0 27 K0 0 40 L0 0 60

J2 – 20 27 K2 – 20 40 L2 – 20 60

J3 – 30 27 K3 – 30 40 L3 – 30 60

J4 – 40 27 K4 – 40 40 L4 – 40 60

J5 – 50 27 K5 – 50 40 L5 – 50 60

J6 – 60 27 K6 – 60 40 L6 – 60 60

3. Performances d’usage 3.1 Performances mécaniques



à température ambiante
des aciers de construction
métallique Les performances mécaniques d’un acier à la température
ambiante sont appréciées fondamentalement à travers les valeurs
que prennent sa limite d’élasticité (ReH ) et sa résistance à la rupture
Les aciers de construction métallique sont essentiellement défi- en traction (Rm ) à 20 oC. Ces deux caractéristiques sont détermi-
nis à travers leurs propriétés d’usage. nées au cours d’un essai de traction dont les modalités sont définies
par la norme NF EN 10002-1 (cf. article Essais mécaniques des
Ces propriétés d’usage font l’objet de garanties. Ce sont : métaux. Détermination des lois de comportement [M 120] dans le
— la limite d’élasticité à 20 oC, ReH exprimée en N/mm2 ; traité Matériaux Métalliques). Cet essai permet de tracer la « courbe
— la résistance à la traction à 20 oC, Rm exprimée en N/m ; de traction » du métal (figure 2), qui représente les variations de la
— l’allongement à rupture à 20 oC, A exprimé en % ; charge unitaire (effort de traction F rapporté à la section initiale S 0
— l’énergie de rupture en flexion par choc KV exprimée en de l’éprouvette) en fonction de l’allongement relatif (allongement
Joule (dite aussi, d’une manière plus abrégée, résilience sans que ∆ᐉ ᐉ de la base de mesure rapporté à la longueur initiale ᐉᐉ0 de cette
la valeur soit rapportée au cm2) sur éprouvette Charpy V à tempé- base et exprimé en %) imposé à l’éprouvette. Cette courbe met en
rature ambiante et, éventuellement, à basse température. évidence deux comportements intéressants du métal :
— la première partie OA (figures 2a et 2b ) correspond au
domaine dans lequel le métal est élastique, c’est-à-dire que, soumis
Remarque : la normalisation en vigueur admet comme limite
à un effort, il se déforme mais reprend sa géométrie initiale lorsque
d’élasticité la limite supérieure d’écoulement. En l’absence de
l’on supprime l’effort (la déformation disparaît, elle est réversible).
phénomène d’écoulement on doit prendre en compte la limite
C’est le domaine normal de travail d’un métal ; son comportement
conventionnelle d’élasticité à 0,2 % d’allongement rémanent.
est alors régi par la loi de Hooke :

F/S 0 = E ⋅ ∆ᐉ ᐉ /ᐉ 0
Les mesures de ces propriétés sont effectuées sur des éprouvet-
tes de différentes géométries normalisées prélevées dans les pro-
qui introduit le module d’élasticité E dit aussi module de Young.
duits à tester. Les conditions de prélèvement sont définies par les
Mais cet allongement dans la direction de l’effort uniaxial de trac-
normes et il ne faut jamais oublier que les résultats obtenus cor-
tion s’accompagne d’une contraction ∆ᐉ t dans le plan perpendicu-
respondent à la localisation ainsi imposée. Le niveau des propriétés
peut varier d’un point à un autre du produit et suivant l’orientation laire à cet effort (de longueur initiale ᐉ t0 ). Ce retrait est propor-
considérée ; l’utilisateur doit être attentif à ces risques afin de ne tionnel à l’allongement longitudinal mais de signe opposé ; cette
pas généraliser outre mesure les résultats obtenus. dépendance est traduite par le coefficient ou nombre de Poisson ν :
Mais, en pratique, le constructeur exige que, dans différentes ∆ᐉ t /ᐉ t0 = ν ⋅ ∆ᐉ ᐉ /ᐉ ᐉ0 ou ε t = – ν ⋅ ε ᐉ
situations les aciers puissent :
— assurer leur service à la température ambiante ; Ainsi, pour une éprouvette à section circulaire de diamètre initial
— résister à basse température (température inférieure à d 0 on écrit :
l’ambiante) ; ∆d = – ν · d 0 · ε ᐉ
— assurer leur service à chaud (température supérieure à
l’ambiante) ; Pour la très grande majorité des aciers de construction métal-
— résister à d’éventuelles sollicitations en fatigue ; lique, on peut admettre que E et ν ne dépendent pratiquement pas
— éventuellement résister à la corrosion atmosphérique. de la composition chimique et, à 20 oC, on peut adopter les valeurs
C’est dans le cadre de ces exigences que nous allons replacer la suivantes :
définition, la mesure et la signification des caractéristiques
garanties. 210 000 N/mm 2 ⭐ E ⭐ 215 000 N/mm 2 ν = 0,28

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F /S 0

Re (N/mm2)

Rm (N/mm2)
C 600
Rm Rm
B' 450
R
A 550
ReH
400 Re
B
500

350
Allongements –3 –2 –1 0 1 2 3 4 5 6
répartis Striction lg v

0,003 0,5 20 220 mm/min 5 m/s


0 Vitesse v
0 O' A ∆ᐉ/ᐉ0

a Figure 3 – Influence de la vitesse de traction sur Rm et Re


F /S 0
La limite d’élasticité et la résistance à la traction sont déterminées
C
Rm dans des conditions qui leur confèrent un caractère conventionnel :
B' — la limite d’élasticité est la limite supérieure d’écoulement ReH
(figure 2a) dont le niveau est celui de la charge unitaire au moment
Rp 0,2 R où l’on observe la première chute de l’effort. En l’absence de phé-
B
nomène d’écoulement on se réfère à la limite conventionnelle
A d’élasticité Rp0,2 (figure 2b), qui est la charge unitaire pour laquelle
un allongement plastique de 0,2 % est atteint ;
— la résistance à la traction correspond à la charge unitaire maxi-
male (Rm ) que peut supporter le métal, en traction pure, avant de
subir le phénomène d’instabilité (dans le domaine CR des figures 2a
et 2b) qui conduit à la formation de la striction et à la rupture (cette
Allongements définition est conventionnelle puisqu’elle fait référence à la section
répartis Striction initiale de l’éprouvette ; elle ne correspond donc pas à une contrainte
vraie).
Ces deux caractéristiques dépendent des divers paramètres de
0 l’essai :
O 0,2 % O' A ∆ᐉ/ᐉ0 — dimensions de l’éprouvette (surtout pour Rm ) ;
— qualité de l’extensomètre (pour Re ) ;
b — vitesse de mise en charge (figure 3) ;
— température de l’essai (cf. § 3.2 et 3.3).
F effort de traction ∆ᐉ allongement de la base
S0 section initiale de l'éprouvette ᐉ0 largeur initiale de la base
La norme d’essai précise les plages de variation admises pour
ces paramètres.
L’importance de la plasticité du métal pour la sécurité d’emploi
Figure 2 – Courbes de traction fait qu’à travers l’essai de traction on tente aussi d’apprécier la
réserve de plasticité (ou ductilité) sur laquelle peut compter l’utili-
sateur. Pour ce faire, on mesure l’allongement à rupture A de
Cependant les codes de calcul (Eurocode 3) retiennent les l’éprouvette qui est actuellement la caractéristique de ductilité qui
valeurs conventionnelles suivantes : fait l’objet d’une garantie. Rapporté à la longueur initiale de la base
de mesure ( A/ᐉ 0 ), il traduit le résultat de deux déformations
E = 210 000 N/mm2 ν = 0,3 successives :
— la deuxième partie AC correspond au domaine dans lequel le — l’allongement uniforme (ou réparti) qui commence dès la sor-
métal est plastique, c’est-à-dire que, soumis à un effort, il se tie du domaine élastique et s’étend sur toute la période de
déforme mais ne reprend pas sa géométrie initiale lorsque l’on sup- consolidation jusqu’à ce que la charge unitaire atteigne le niveau
prime l’effort (une partie de la déformation subsiste, elle est irré- de la résistance à la traction (point haut de la courbe de traction).
versible et dite « plastique »). Dans ce domaine, il est important de Durant toute cette période, la partie calibrée de l’éprouvette se
noter qu’au cours de la déformation plastique (de B à C pour la déforme uniformément (d’où l’appellation d’allongement réparti) ;
figure 2a et de A à C pour la figure 2b) la limite d’élasticité de l’acier — l’allongement localisé dans la zone de striction qui représente
augmente. Si, par exemple, on supprime l’effort appliqué en B′, le la déformation de la partie dans laquelle apparaît la striction,
métal revient au point O′ (la déformation plastique est égale à OO′) c’est-à-dire la diminution localisée de la section S de l’éprouvette
et son nouveau domaine élastique s’étend ensuite de O′ à B′. O′B′ avec, bien entendu, une augmentation de la contrainte vraie locale
est ainsi plus grand que OA. Cette augmentation est dite consoli- mais, compte tenu des performances des machines d’essai, une
dation ou, encore, écrouissage (et parfois raffermissement). Sa diminution de l’effort total appliqué à l’éprouvette dont la zone hors
conséquence pratique intéressante est qu’elle provoque une striction cesse de se déformer et subit un retrait élastique. Cette
adaptation du métal face à une surcharge accidentelle ; c’est donc déformation localisée dépend de la géométrie de l’éprouvette et
un facteur de sécurité en service. surtout de sa section.

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Les matériaux de construction
(Réf. Internet 42224)

1– Les granulats

2– Les matériaux de terre cuite

3– Le platre et le ciment

4– L'acier

5– Les ibres Réf. Internet page

Polymères renforcés de ibres (FRP). Identiication et champs d'application C950 61

Composites à ibres de carbone dans le génie civil C5440 67

6– Fixation des matériaux de construction

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Polymères renforcés de fibres (FRP)


Identification et champs d’application
par Patrice HAMELIN
Ingénieur INSA génie civil
Docteur ès sciences
Professeur des universités (université de Lyon)

1. Grandes familles pour la construction ....................................... C 950 –2


1.1 Situation ............................................................................................. — 2
1.2 Diverses formulations de FRP ........................................................... — 3
1.2.1 Fibres de renforcement ........................................................... — 3
1.2.2 Matrices polymères ................................................................. — 6
1.3 Exemple de produits industriels ........................................................ — 8
1.4 Différents cas d’application en génie civil ........................................ — 12
1.4.1 Structures composites ou mixtes ........................................... — 13
1.4.2 Câbles et haubans de substitution .......................................... — 14
1.4.3 Armatures passives pour le béton armé ................................ — 15
1.4.4 Composites de renforcement, de réparation et de protection — 15
2.
2.1
2.2
FRP comme armatures passives pour béton armé ...................
Armatures composites .......................................................................
Calculs prévisonnels des propriétés de composites pultrudés


17
17 U
unidirectionnels .................................................................................. — 18
2.3 Durabilité des FRP .............................................................................. — 22
2.4 Lois de comportement et valeurs caractéristiques ........................... — 26
3. Conclusion générale ....................................................................... — 27
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. C 950

epuis une trentaine d’années les matériaux composites associant les matri-
D ces polymères à des renforts textiles ont été progressivement introduits
dans le domaine de la construction. Leurs propriétés de tenue à la corrosion
est à l’origine des premières réalisations industrielles dans le domaine du
génie chimique.
La notion de multi-matériaux au sein de structures de type sandwich a ouvert
le champ d’application des panneaux de façade, des panneaux de couverture
dans le domaine du bâtiment, en combinant notamment des propriétés méca-
niques et d’isolation thermique. Au regard des performances de résistances et
de rigidités spécifiques de matériaux, tels que les composites carbone-époxy
développés pour les applications aéronautiques, de potentielles avancées tech-
nologiques ont permis de faire évoluer les procédés constructifs des ouvrages
d’art en cherchant soit :
– à substituer aux câbles et haubans métalliques des câbles composites ;
– à remplacer les tabliers traditionnels en béton armé par des éléments com-
posites type caissons, sandwichs ou mixtes.
Lors de ces dix dernières années, dans un contexte général visant à améliorer
la durabilité et la sécurité des bâtiments et des infrastructures existants, pour
des conditions d’exploitation en service de plus en plus contraignantes et des
conditions de sollicitations extrêmes (explosion, séisme) les composites FRP se
sont affirmés comme des procédés de renforcement et de réparation particuliè-
rement performants.
p。イオエゥッョ@Z@。ッエ@RPQP

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


est strictement interdite. – © Editions T.I. C 950 – 1

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POLYMÈRES RENFORCÉS DE FIBRES (FRP) ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

L’expérience acquise dans le domaine de la réparation et une meilleure éva-


luation de la durabilité de ces matériaux, dans les conditions d’environnement
spécifiques au génie civil, ont permis de développer des marchés de niche pour
lesquels les propriétés de tenue à la corrosion, les propriétés d’amagnatisme
des FRP permettent de remplacer des armatures métalliques (acier, acier inoxy-
dable) pour la réalisation d’ouvrages en béton souterrains, en sites marins, au
sein d’installations industrielles spécifiques.

1. Grandes familles
pour la construction

1.1 Situation
Les polymères renforcés par fibres (FRP ou PRV) sont essentielle-
ment constitués de fibres continues, ou discontinues, imprégnées
par des résines (figure 1 [1]). Les fibres ou renforts textiles
(figure 2 [2]) présentent des résistances en traction et des modules


d’élasticité nettement supérieurs aux matrices polymères qui assu-
rent la cohésion du matériau composite.

Le traitement de surface des fibres (ensimage textile) joue un


rôle prépondérant sur les propriétés finales du composite qui
dépendent de l’adhésion fibres/matrice.
Le polymère influence considérablement la tenue à l’endom-
magement et la durée de vie du composite (fatigue, vieillisse-
ment physico-chimique) dans la mesure où la redistribution
des charges sur les fibres saines, lors de la rupture d’un fila-
ment, est assurée par la matrice (figure 3 [3]) et que la protec-
tion des renforts vis-à-vis des actions extérieures (ultra violet, Figure 2 – Différentes configurations d’amures textiles
hygrométrie,…) est garantie par la matrice et sa tenue à la fis-
suration (figure 4 [4]).

Parmi les différentes techniques de transformation des composi-


tes (moulage au contact, moulage au sac, moulage par injection,
infusion de résine, moulage par compression…), un des procédés
Rupture
le plus développé au plan industriel correspond à la fabrication sf = sfu de fibre
par pultrusion qui permet d’obtenir des taux de renforcement supé-
rieurs à 50 % en volume ainsi qu’une plus grande reproductibilité et
fiabilité des PRV.

Décohésion
de l'interface

Rupture Rupture transverse


en cisaillement de la matrice
Rupture longitudinale de la matrice
de la matrice

Figure 3 – Divers mécanismes de rupture d’un composite


unidirectionnel

Il est par ailleurs possible de produire des profilés ou des barres


joncs de FRP ou PRV de natures et de géométries variables
Figure 1 – Micrographie d’un FRP unidirectionnel (figure 5 [5]).

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–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– POLYMÈRES RENFORCÉS DE FIBRES (FRP)

«Faible» adhérence fibre matrice

«Forte» adhérence fibre matrice

Figure 5 – Différentes géométries de composites pultrudés


Figure 4 – Différents modes de rupture en fonction de l’adhérence et exemples d’applications structurelles
fibre/matrice

Il faut aussi noter l’importance de considérer, lors des opéra-


1.2 Diverses formulations de FRP tions de dimensionnement, des propriétés complémentaires,
telles que le coefficient de dilatation linéaire, les coefficients
1.2.1 Fibres de renforcement de conductivité thermique et la durabilité des fibres dans leur
Les différentes natures de fibres couramment utilisées sont le milieu environnant en service (ex. alcali résistance).
verre, le carbone, l’aramide et, plus récemment, le basalte.
Les principaux facteurs permettant d’identifier les fibres de ren-
forcement sont : & Fibres de verre
– le titre du fil (masse linéique) ; Leurs formulations, leurs propriétés physico-chimiques, leurs
– la torsion du fil ; techniques de fabrication et de transformation sont développées
– le diamètre des filaments (compris entre 10 et 20 microns) ; dans le chapitre fibres minérales de renforcement du volume « plas-
– le nombre de brins (filés de 1 000, 3 000 filaments) ; tiques et composites des techniques de l’ingénieur », ([54], [55]).
– le traitement de surface (ensimage textile) [54].
Il faut souligner que le traitement de surface (ensimage) de la
L’examen des diagrammes des figures 6 [54] et 7 [6] permet de fibre lors de la fabrication (figure 8 [55]) permet de :
dégager les différences significatives existant entre les différents – modifier de façon significative son imprégnation par la matrice
types de fibres : lors des opérations de formage ou de pultrusion ;
– module d’élasticité plus élevé pour le carbone ; – minimiser les effets d’endommagement ou d’abrasion des fila-
– allongement à la rupture plus fort pour le verre ; ments pendant les différentes phases de transformation ;
– ténacité plus importante pour l’aramide.
– modifier les propriétés d’interface ou d’interphase entre fibres
Le tableau 1 [6] confirme que, pour chaque production indus- et matrice et, en conséquence, d’influencer les propriétés mécani-
trielle de FRP, il est impératif de se faire préciser les principales ques des FRP et leurs durabilités dans des conditions d’environne-
caractéristiques des fibres de renforcement. ment spécifiques au génie civil.

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POLYMÈRES RENFORCÉS DE FIBRES (FRP) ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Contrainte de traction (en MPa)


sc
(en MPa/kg/dm3) 5 000 f
d d
4 000 c
1,5.103 Bore a b e
3 000

Carbone HT
1,0.103 2 000

Carbone HM
1 000
Verre R
0,5.103 Verre E 0
Aramide 0 1 2 3 4
Aramide HM Déformation (en %)

Métaux a : Carbone haut module d : Verre


b : Carbone haute résistance e : Verre E
0 50.103 100.103 150.103 200.103 c : Aramide f : Basalte
E
(en MPa/kg/dm3)
d
Figure 7 – Différentes lois de comportements des fibres

& Fibres de carbone


Figure 6 – Performances des composites – Résistances et modules
spécifiques La majorité des fibres de renforcement en carbone sont obtenues
par traitement thermique de fibres, précurseur de poly-acrylonitrile


Pour des raisons économiques, la fibre de verre E est la plus cou- (PAN), (figure 10 [56], [57]). Les données générales sont décrites au
ramment utilisée. Le verre S est plus performant mais d’un coût chapitre fibres de renforcement des techniques de l’ingénieur [56].
plus élevé. Les fibres de verre AR (alcali résistant) sont de plus en Bien que le coût soit de 10 à 20 fois plus élevé que la fibre de verre,
plus utilisées, dans la mesure où l’ajout de zirconium dans la for- les propriétés mécaniques (résistances et modules d’élasticité) sont
mulation initiale permet d’améliorer la résistance des fibres en directement dépendantes du mode de structuration des cristallites
milieu alcalin (figure 9 – se reporter au site Owens-Corning dans (figure 11 [7]) et sont comparables à celle de l’acier pour des den-
le Pour en savoir plus). sités nettement plus faibles.

Tableau 1 – Propriétés des fibres de renforcement


Résistance Module Allongement Coefficient
Densité Coefficient
Type de fibres en traction de Young rupture de dilatation thermique
(en kg.m3) de poisson
(en Mpa) (en GPa) (en %) (en 10-6/ C)

Verre E 2 500 3 450 72,4 2,4 5 0,22

Verre S 2 500 4 580 85,5 3,3 2,9 0,22

Verre alcali resistant 2 270 1 800-3 500 70-76 2,0-3,0 - -

ECR 2 620 3 500 80,5 4,6 6 0,22

Carbone (haut module) 1 650 2 500-4 000 050-500 0,5 - 1,2…- 0,1 0,20

Carbone (haute résistance) 1 750 3 500 240 1,1 - 0,6…- 0,2 0,20

Aramide (Kevlar 29) 1 440 2 760 62 4,4 - 2,0 longitudinal 0,35


59 radial

Aramide (Kevlar 49) 1 440 3 620 124 2,2 - 2,0 longitudinal 0,35
59 radial

Aramide (Kevlar 149) 1 440 3 450 175 1,4 - 2,0 longitudinal 0,35
59 radial

Aramide (Technora H) 1 390 3 000 70 4,4 - 6,0 longitudinal 0,35


59 radial

Aramide (SVM) 1 430 3 800-4 200 130 3,5 - 0,35

Basalte (Albarrie) 2 800 4 840 89 3,1 8 0,30

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–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– POLYMÈRES RENFORCÉS DE FIBRES (FRP)

Formulation
verre

Stabilité du verre AR
Dégradation de verre E

Four Four
Verre
En fusion
Fibrage
a dans OPC après 8 jours à b dans OPC après 3 mois à 50 °C,
50 °C, équivalent à 2,2 années équivalent à 25 années de
de vieillissement naturel vieillissement naturel
Filaments
Ensimage ⭋5 24 mm
Figure 9 – Durabilité en milieu cimentaire de verre AR (Crédit Owens-
Corning)
Fibre de base
Étirage Le principal intérêt de ces fibres porte, d’une part, sur leur très
Poids 2,8 4 800 tex
grande ténacité qui leur confère une bonne tenue au choc et,
d’autre part, sur un comportement très différent en traction et en
compression.
Figure 8 – Principe de traitement de surface de fibres de verre lors
de la fabrication des filaments Il faut souligner qu’il existe une grande variété de fibres d’ara-
mide permettant de couvrir un large spectre de propriétés [58].


Il faut souligner leurs propriétés amagnétiques et leurs valeurs Leur tenue chimique est bonne bien qu’elles aient tendance à
spécifiques de coefficient de dilatation linéaire. Ces fibres sont absorber et à se dégrader en présence d’eau. Leur tenue à la fati-
d’ores et déjà utilisées comme matériaux de renforcement pour le gue et leur comportement au fluage dans une large gamme de
béton et l’acier [57]. Il est possible de les associer à des matrices température (jusqu’à 150  C – 180  C) sont des propriétés intéres-
thermodurcissables et thermoplastiques pour obtenir des composi- santes pour leur utilisation en génie civil (câble, haubans…).
tes sous forme de rubans, barres, plats d’une très grande diversité.
& Fibres de basalte
& Fibres d’aramide Plus récemment apparues sur le marché des fibres techniques,
Les fibres d’aramides sont obtenues à partir de polymères polya- les fibres de basalte, obtenues par la transformation de laves d’ori-
mides aromatisés (figure 12 [58]), puis filées et étirées pour pou- gine volcanique, présentent des propriétés mécaniques intéressan-
voir améliorer les performances mécaniques et notamment le tes et, essentiellement, une stabilité à la température (900  C) qui
module d’élasticité. permet de réaliser des composites stables vis-à-vis de l’incendie.

Gaz
inerte
GRAPHITATION

HNO3
OXYDATION CARBONISATION 2 600°C Fibres HM
2 voies ou THM
300°C OXYDATION
possibles
MENAGÉE
Fibres HR
ou HT
Oxygène Gaz HNO3
Fibres
inerte
acryliques

Figure 10 – Procédés de fabrication fibres de carbone

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POLYMÈRES RENFORCÉS DE FIBRES (FRP) ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Alimentation
Broyage

Fibre de carbone Mélange Fusion-Filage

Étirage
Ensimage
Chargement

Conditionnement
Transport

Ex-PAN Ex-Brai Ex-Rayonne Pyrocarbone Figure 13 – Procédé de fabrication des fibres de basalte (Crédit
Technobasalt)
Figure 11 – Différentes configurations de microstructure de fibres
de carbone

a roving b fibres courtes

Figure 14 – Différentes productions de fibres de basalte (Crédit


• Polyamides aromatisés obtenus par synthèse à –10 °C, puis filés et Composite World)
étirés afin d'augmenter le module.
• Ténacité élevée.
• Applications : tendons d'armature.
• Coût important (15 à 20 fois celui du verre). – l’organisation du réseau macro-moléculaire (figure 16).

Une des caractéristiques essentielles pour identifier un polymère


Figure 12 – Fibres d’aramide correspond à la température de transition vitreuse Tg, qui est sus-
ceptible de varier en fonction des conditions de transformation, de
La fibre de basalte est produite suivant un procédé proche de vieillissement ([59], [60]). Les matrices polymères sont douées d’un
celui de la fibre de verre (figure 13 – site Technobasalt dans Pour comportement viscoélastique qui gouverne leurs comportements
en savoir plus). La roche est broyée, concassée, puis mise en fusion rhéologiques (fluage et relaxation).
aux environs de 1 500  C, étirée pour obtenir des filaments qui peu-
vent ensuite être conditionnés sous forme de roving ou de fibres Leurs propriétés mécaniques varient en fonction de la fréquence
courtes (figure 14 – voir les sites concernés dans Pour en savoir et de la température (figures 17 et 18) et permettent d’identifier un
plus). polymère à partir de l’expression d’un module complexe.
Les dimensions des filaments sont comprises entre 13 et E ∗ = E (1 + jtg δ )
20 microns, pour une densité de 2,8 T/m3 aves des titres compris
entre 60 et 4 850 tex.
Les différents types de fibres peuvent être transformés suivant avec tgd tangente de l’angle de perte mécanique de la
des techniques, telles que le tissage, tricotage, tressage pour réali- matrice.
ser des surfaces textiles ou étoffes [54]. Il est possible de générer
des tissus de renfort bi ou tridimensionnel (figure 15 [8], [9], [54]). Cet amortissement interne peut être relié d’un point de vue phy-
sique au frottement induit par l’interaction entre chaı̂nes
1.2.2 Matrices polymères (figure 18 [11], [12], [62], [65]).
Les principaux paramètres qui influencent les propriétés des Nous devons considérer deux grandes familles de matrices
polymères sont les suivants : polymères :
– la masse moléculaire ; – les résines thermodurcissables dont la structuration du réseau
– la distribution des masses moléculaires ; macromoléculaire, soit par polymérisation, soit par polycondensa-
– le taux de cristallinité ; tion ou polyaddition [59], est irréversible ;

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Composites à fibres de carbone


dans le génie civil

par Jean LUYCKX


Ingénieur du Conservatoire national des arts et métiers (chimie industrielle)
Détaché par Elf-Atochem à la direction technique de la société Soficar en charge
des qualifications aéronautiques et de développement

1. Les matériaux composites ..................................................................... C 5 440 - 2


2. Les fibres de carbone............................................................................... — 2
2.1 Propriétés des fibres de carbone ................................................................ — 2
2.2 Comparaison avec les autres fibres et les aciers....................................... — 2
3. Semi-produits de renforcement : obtention et utilisations.......... — 3
3.1
3.2
3.3
Fibres sèches ................................................................................................
Tissus secs ....................................................................................................
Tissus préimprégnés ....................................................................................



3
3
3

3.4 Produits pultrudés ........................................................................................ — 3
4. Les composites dans la construction ................................................. — 4
4.1 Principales raisons de leur implantation .................................................... — 4
4.2 Intérêt des fibres de carbone dans le bâtiment et les travaux publics .... — 4
5. Utilisation des fibres de carbone dans la réhabilitation ............... — 4
5.1 Remplacement des tôles métalliques par des fibres de carbone............. — 4
5.2 Pose des renforcements : mode opératoire .............................................. — 5
6. Utilisations industrielles des composites à base de fibres
de carbone .................................................................................................. — 5
6.1 Au Japon ....................................................................................................... — 5
6.2 En Amérique du Nord .................................................................................. — 7
6.3 En Europe...................................................................................................... — 8
7. Conclusion .................................................................................................. — 10
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. C 5 440

et article est axé sur les usages structuraux des composites à base de fibres
C de carbone.
Nous omettons les usages liés à la décoration ainsi que les fibres courtes, bien
que le béton renforcé de 1 à 4 % de fibres de carbone courtes soit connu depuis
1970. Les applications industrielles de ce béton sont restreintes à l’utilisation de
fibres à bas prix et de caractéristiques mécaniques moindres. La charge de fibres
de carbone permet de fabriquer des panneaux, posés à l’extérieur des bâti-
ments, en béton allégé relativement résistant aux intempéries. La première
application de ces panneaux est le recouvrement du dôme d’Al Shaheed, à Bag-
dad, en Irak, en 1982. Depuis cette date, les applications semblent limitées à
l’utilisation de fibres de brai (pitch) et à d’autres fibres textiles comme le poly-
éthylène ou le polypropylène.
p。イオエゥッョ@Z@ヲ←カイゥ・イ@QYYY

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COMPOSITES À FIBRES DE CARBONE DANS LE GÉNIE CIVIL ____________________________________________________________________________________

1. Les matériaux composites — grande résistance et haut module d’élasticité en traction


longitudinale ;
— grande résistance à la fatigue et à la déformation ;
— faible masse volumique ;
Toute matière première comportant des charges peut être — grande résistance à l’usure ;
appelée au sens général composite. Toutefois, dans ce traité, on — absorption des vibrations ;
réserve actuellement cette appellation à des matériaux compor- — grande stabilité dimensionnelle ;
tant un renfort sous forme filamentaire [1]. — grande stabilité thermique (les fibres de carbone sont pratique-
ment incombustibles) ;
Nota : le béton constitué de granulats et de pâte de ciment et le béton armé sont consi- — bonnes conductivités thermique et électrique ;
dérés comme des matériaux composites en génie civil. — grande résistance à la corrosion vis-à-vis des acides, des
Dans le premier cas, il s’agit d’un matériau composite constitué de bases, des sels et des produits organiques ;
deux éléments complémentaires non miscibles. Dans le second cas, — transparence aux rayons X.
il s’agit d’un composite constitué d’un liant, appelé matrice, le béton,
et d’un renfort de fibres longues, les barres d’acier. La partie fibre —
les barres d’acier — donne les propriétés mécaniques en traction, le
liant appelé matrice dans les composites, dans ce cas le béton, est un 2.2 Comparaison avec les autres fibres
élément nécessaire pour la mise en forme et la transmission des pro- et les aciers
priétés mécaniques en compression. La matrice intervient en outre
comme protecteur des fibres. Par exemple, le pH du béton protège les
barres d’acier vis-à-vis de l’oxydation et/ou de la corrosion. Les fibres de carbone sont étudiées en détail dans la référence
[44].
Par rapport aux autres fibres telles que :

2. Les fibres de carbone — les fibres de verre, qui ont un faible module et manquent
de résistance aux solutions salines et/ou basiques (cf. référence
[45]) ;


Si la première fibre de carbone a été inventée et produite par — les fibres aramides qui présentent un faible module, une résis-
T. Edison (en utilisant la pyrolyse des fibres de bambou pour leur tance à la fatigue limitée en milieu aqueux et une tenue thermique
usage dans une lampe à incandescence), les premières utilisations limitée (cf. référence [46]) ;
expérimentales datent des années 1960 et les premières unités — les fibres de polyéthylène à faible module et à tenue thermique
industrielles ne sont apparues qu’au début des années 1970 avec très limitée ;
l’introduction du polyacrylonitrile comme fibre précurseur.
les fibres de carbone possèdent un ensemble de propriétés physi-
ques ou mécaniques qui en font un matériau de renforcement de
toute première qualité dans certaines applications liées au bâtiment
2.1 Propriétés des fibres de carbone et aux ouvrages de génie civil.
Les fibres de carbone bénéficient de caractéristiques sans équiva- Le tableau 1 donne les propriétés mécaniques comparées des
lent et de propriétés physiques très étendues : fibres de carbone, des composites unidirectionnels et de l’acier.

Tableau 1 – Exemples de caractéristiques mécaniques des fibres de carbone


et des composites unidirectionnels comparées à celles de l’acier
Fibres de carbone Aciers
Propriétés Unité Torayca H.R. T 300/ Composites (1)
Type E 235 Haute résistance
T 300J/T 700SC carbone
Densité 1,75 à 1,80 1,53 7,85 7,85
Propriétés mécaniques (sens longitudinal)
Traction
Contrainte à la rupture MPa 3 530 à 4 900 1 760 à 2 500 315 1 860
Module GPa 230 125 à 165 210 210
Limite d’élasticité MPa 3 530 à 4 900 1 760 à 2 500 235 1 600
Allongement à la rupture % 1,5 à 2,1 1,1 à 1,9 23 3à7
Compression
Contrainte à la rupture MPa 1 370 à 1 570 315 1 860
Module GPa 125 à 165 210 210
Propriétés mécaniques (sens transversal)
Traction
Contrainte à la rupture MPa 80 315
Module GPa 7,8 à 8,8 210
Limite d’élasticité MPa 65 à 80 235
Allongement à la rupture % 0,9 à 1,1 23
(1) Pour une fraction volumique en fibres de carbone (de 3 000 à 24 000 monofilaments) égale à Vf(C) = 60 %, matrice résine époxyde.

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____________________________________________________________________________________ COMPOSITES À FIBRES DE CARBONE DANS LE GÉNIE CIVIL

3. Semi-produits à d’autres méthodes de renforcement, son principal avantage est


une manipulation très facile sur chantier avec une absence totale de
de renforcement : matériel lourd à déplacer.
Comparativement aux produits de renforcements rigides, les
obtention et utilisations avantages de la technique de renforcement à base de tissus secs
sont nombreux :
— suivi parfait de la forme du support ;
Les fibres de carbone s’utilisent essentiellement sous forme de — maîtrise de l’épaisseur du film de résine.
matériaux composites. Il reste évident que des résines adéquates
doivent être utilisées pour optimiser l’emploi des fibres de carbone.
Plusieurs procédés de renforcements sont apparus au cours de ces
dix dernières années. Les principaux utilisent directement les fibres 3.3 Tissus préimprégnés
de carbone sous forme de fil continu et d’autres font appel à un
semi-produit plus ou moins sophistiqué, tel que : les tissus secs, les
tissus préimprégnés ou des produits pultrudés. Les tissus préimprégnés sont obtenus en usine, à partir de tissus
secs (cas des tissus multidirectionnels) ou à partir de fils de carbone
joints sous forme de nappe (cas des tissus unidirectionnels), sur les-
quels est déposé un excès de résine. L’excès de résine est éliminé
3.1 Fibres sèches par passage entre des rouleaux chauffés ou non. Le produit avant
utilisation doit être conservé à froid, généralement –18 oC, pour évi-
ter la polymérisation de la résine. Les tissus doivent être ramenés à
La fibre de carbone est produite sous forme de fibres continues de la température ambiante pour être utilisables.
très grande longueur. Elle est déposée et enroulée régulièrement
À température ambiante, la souplesse du tissu préimprégné per-
autour d’un mandrin. Le poids des bobines dépend du type de fibre.
met la pose de renforcements sur pratiquement n’importe quel type
En général, pour une fibre de carbone de 12 000 filaments, le poids
de surface. Ces renforcements sont posés et leur matrice immédia-
des bobines varie de 500 g à 4 kg, ce qui correspond à des lon-
tement polymérisée sur les surfaces à renforcer. Le principal pro-
gueurs de fibres continues de 600 m à 5 km (soit 0,8 g au mètre
blème d’un tel renfort réside dans la phase de remontée à la
linéaire).


température ambiante et dans les difficultés matérielles pour assu-
Pour renforcer directement une structure à partir d’une bobine de rer de bonnes conditions de polymérisation sur chantier.
fibre de carbone, il est nécessaire de pouvoir tourner autour. Ce pro-
Les premières résines utilisées nécessitaient un matériel impor-
cédé de renforcement est donc naturellement limité aux colonnes
tant, car la polymérisation était obtenue sous vide ou sous pression
ou aux pylônes. Les bobines sont placées sur un dévidoir qui peut se
à des températures supérieures à 100 oC.
mettre en mouvement dans deux directions (rotation autour de la
structure à différentes hauteurs). Lorsque l’ensemble se met en Par contre, le principal avantage de cette méthode était la quasi-
mouvement, les mèches de carbone sont extraites des bobines et absence de bulles dans le renfort en composite après polymérisation.
elles sont déposées automatiquement par enroulement autour du Cette technique de renforcement a surtout été développée au
support à renforcer, préalablement enduit d’une résine. Après le Japon, dès la fin des années 1980.
dépôt des fibres de carbone, une couche de fermeture de résine
Depuis, les fabricants de tissus préimprégnés et les formulateurs
assure la cohésion de l’ensemble. Ce procédé, facilement automa-
de résines ont accompli des progrès considérables. La température
tisé, est principalement utilisé dans le cas des renforcements par
de polymérisation des résines est voisine de la température
frettage de piles ou de colonnes (retrofitting ) de ponts ou de bâti-
ambiante, ce qui a permis un gain d’exploitation très important.
ments. Son principal avantage est l’automatisation complète du sys-
Cependant, l’utilisation d’un préimprégné nécessite toujours une
tème de pose. Il est surtout utilisé dans le cas des renforcements de
phase de conservation à très basse température et une phase de
grandes surfaces ou de surfaces répétitives (multicolonnes d’un très
remontée en température avant la pose, qui sont difficiles à gérer
grand pont, par exemple). Son principal inconvénient est le fait
sur des chantiers de travaux publics.
qu’une pose manuelle est nécessaire pour renforcer les extrémités
hautes et basses des piles et des colonnes et que cette méthode
demande en outre du temps et des manipulations importantes pour
installer le matériel à dévider les bobines autour des piles ou des 3.4 Produits pultrudés
colonnes.
Cette méthode a surtout été développée au Japon, et elle est Ces produits sont obtenus à partir de mèches de fibres continues
aujourd’hui utilisée au Japon et en Amérique du Nord. qui sont enduites par passage en continu dans un bain de résine.
Ces résines peuvent être de type époxyde, polyester, vinylester ou
phénolique.
L’ensemble des mèches préimprégnées passe ensuite dans une
3.2 Tissus secs filière où l’excès de résine est éliminé, puis dans un four de polymé-
risation.
Les fibres de carbone permettent, comme beaucoup de fibres lon- Les produits finis se présentent sous forme de bandes ou de
gues, de fabriquer des tissus de toutes formes et de toutes tailles, de joncs, plus ou moins rigides suivant les épaisseurs et les diamètres.
même que des mats. La section des bandes les plus courantes est 100 ´ 1 mm, leur lon-
Les tissus sont fabriqués par des sociétés spécialisées. À titre gueur, suivant la demande, varie de quelques centimètres à plu-
d’information, beaucoup de tisseurs se trouvent dans la région lyon- sieurs centaines de mètres.
naise où se trouvait, autrefois, concentré le tissage de la soie. D’autres types de profilés, y compris des tubes, peuvent être aussi
Le renforcement de structures à partir d’un tissu sec tissé uni ou fabriqués par le même procédé. Ces produits sont utilisés depuis
multidirectionnel se fait directement par la pose de ce dernier sur très longtemps dans les articles de sport ; flèches d’arcs, bâtons de
une couche de résine qui recouvre l’élément à renforcer et qui sert ski, etc. Les joncs et les tubes, les plus fabriqués par pultrusion, ont
de liant. Après marouflage, une couche de résine de fermeture per- généralement des diamètres compris entre 0,5 et 15 mm.
met de parfaire l’imprégnation. Les pressions nécessaires appli- Ce procédé a l’avantage d’être continu, automatisé, rapide et
quées pour cette méthode de renforcement sont faibles. Par rapport donc de réduire le coût du composite. Il permet aussi de maîtriser

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WP
Les matériaux de construction
(Réf. Internet 42224)

1– Les granulats

2– Les matériaux de terre cuite

3– Le platre et le ciment

4– L'acier

5– Les ibres

6– Fixation des matériaux de construction Réf. Internet page



Études de cas concernant l'adhésion entre matériaux de construction TRI4610 73

Colles et adhésifs. Caractéristiques et types C960 79

Colles et adhésifs. Applications dans le bâtiment C961 83

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Études de cas concernant l’adhésion


entre matériaux de construction
par Matthieu HORGNIES
Docteur en science des matériaux
Chargé de recherche
Centre de recherche de Lafarge, Saint Quentin-Fallavier, France

1. Problématique de l’adhésion entre granulats et bitume ............. TRI 4 610 - 2


2. Problématique de l’adhésion entre béton et peinture .................. — 2
3. Description des matériaux utilisés..................................................... — 2
3.1 Interface granulats/bitume ......................................................................... — 2
3.2 Interface béton/peinture ............................................................................. — 3
4. Méthodes de caractérisation utilisées .............................................. — 3
4.1 Microscope électronique à balayage (MEB) et spectroscopie d’énergie
dispersive (EDS) .......................................................................................... — 3
4.2 Spectrométrie de photoélectrons X (XPS)................................................ — 4
4.3 Spectroscopie infrarouge à transformée de Fourier (IRTF) ..................... — 4
4.4 Tests de pelage ........................................................................................... — 4
5. Adhésion à l’interface entre granulats et bitume .......................... — 7
5.1
5.2
5.3
Analyse des granulats et du bitume..........................................................
Mesures par pelage ....................................................................................
Analyse par XPS des faciès de rupture après pelage ..............................



7
8
10

6. Adhésion à l’interface entre béton et peinture .............................. — 11
6.1 Analyse des surfaces de béton et de peinture.......................................... — 11
6.2 Mesures par pelage et caractérisation des faciès de rupture.................. — 12
7. Conclusions............................................................................................... — 19
8. Glossaire – Définitions........................................................................... — 20
Pour en savoir plus .......................................................................................... Doc. TRI 4 610

’étude de l’adhésion entre matériaux de construction est un vaste sujet


L avec de très nombreuses implications. Comprendre les mécanismes
d’adhésion et améliorer l’adhérence s’avèrent ainsi nécessaires afin d’aug-
menter la durée de vie des routes mais aussi pour pérenniser l’esthétique des
façades en béton recouvertes de peinture. Cet article se propose d’exemplifier
l’utilisation d’une méthodologie de pelage, comprenant une membrane de
renfort flexible, associée à l’analyse de la composition chimique superficielle
des faciès de rupture. Cette quantification au plus juste de l’adhérence et la
corrélation des forces de pelage avec des analyses des faciès de rupture sont
déjà utilisées pour étudier l’adhésion d’autres types de matériaux (le plus
souvent à base polymère) mais sont relativement peu appliquées dans le
domaine des matériaux de construction. Les études de cas présentées dans cet
article concernent l’adhésion entre deux interfaces particulières de matériaux
de construction (granulats/bitume et béton/peinture de protection). En effet,
plusieurs paramètres similaires influencent l’adhérence entre ces deux couples
de matériaux : la rugosité, la porosité et la composition (minéralogie) des subs-
trats (granulats ou béton), mais aussi la mouillabilité et la rhéologie des
matières organiques, etc.
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ÉTUDES DE CAS CONCERNANT L’ADHÉSION ENTRE MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION ____________________________________________________________

1. Problématique 2. Problématique
de l’adhésion entre de l’adhésion entre béton
granulats et bitume et peinture
La compréhension des mécanismes d’adhésion entre les gra- En ce qui concerne l’autre interface étudiée dans cet article, cer-
nulats et le bitume est très importante pour améliorer la durabi- tains bétons tels que le béton à ultra-haute performance (BHUP)
lité des enrobés routiers souples (cf. leur description dans offrent une grande résistance mécanique qui est notamment utile
[C4314] et [TRI4620]). Comme suggérés par nombre d’auteurs, pour construire des panneaux de façade très esthétiques [26]. Il
l’humidité est ainsi connue pour diminuer les propriétés de résis- est connu que la peau du béton est ainsi constituée presque
exclusivement de pâte de ciment et de fillers (fines particules de
tance de l’asphalte [1][2]. Certaines études concernent par
diamètre ) et est sujet à de nombreux échanges avec l’environne-
exemple la tension superficielle des émulsions de bitume recou-
ment (comme explicité plus en détail dans [C2231] [C2240]
vrant les granulats afin de calculer le travail d’adhésion [3] ; tan- [C6602] [TRI4600] [COR415]). Par exemple, sa microstructure de
dis que d’autres travaux se focalisent sur les interactions entre, surface peut être potentiellement entachée par des liquides orga-
d’une part, la minéralogie et la texture des granulats et, d’autre niques ou s’encrasser lors de la croissance de micro-organismes
part, l’absorption et la mouillabilité du bitume [4][5][6]. Selon (champignons, algues, lichens) par constitution d’un biofilm
plusieurs études [7][8][9][10], les minéraux alcalins (comme les [27][28][29]. Cette dégradation de l’esthétique en fonction du
espèces ioniques constitués de sodium et de potassium) temps peut cependant être ralentie par le dépôt d’un revêtement
semblent présenter une sensibilité notable à l’humidité alors que de type peinture ou un vernis de protection incolore. Des revête-
les minéraux contenant du calcium ou du magnésium s’avèrent ments à base de polyurée sont très résistants envers les agres-
au contraire moins solubles dans l’eau et tendent à favoriser sions chimiques [30][31][32][33] et peuvent être pulvérisés
l’adhésion du bitume. Ces résultats conduisent souvent à vouloir facilement sur la surface du béton, quelques semaines après le
modifier l’énergie de surface des bitumes en étudiant les interac- démoulage. Cependant, l’adhésion de ces revêtements peut être
tions acide/base du bitume en fonction de la minéralogie du influencée par différents paramètres liés à la mise en œuvre du
substrat. Par exemple, Zhao et al. présentent dans leur article [8] béton [34]. La réaction entre le CO2, l’humidité et les hydrates
l’effet positif induit par les cations divalents présents en surface composant la matrice cimentaire par exemple produit du carbo-
des granulats sur les liaisons avec le bitume. Les cations comme nate de calcium (CaCO3) qui tend à fermer partiellement la poro-
le Ca2+ et le Mg2+ diminueraient ainsi les forces répulsives à sité de surface du béton après un long vieillissement [35][36][37].
De plus, une solution d’ions de calcium peut aussi migrer vers la
long rayon d’action entre la silice et le bitume. De leur côté,
surface du béton et créer des cristaux de CaCO3 (appelés efflores-


Dudasova et al. cherchent à décrire dans leur article les
cence) lors d’un stockage ou d’une exposition (souvent dans les
influences de la surface spécifique et du facteur de forme de gra- semaines qui suivent le démoulage) sous un environnement
nulats de nature chimique distincte sur l’adhésion avec plusieurs humide [38][39][40].
types de bitume [9].
Les tests de pelage à 90° sont couramment utilisés pour quanti-
Dans cet article, nous avons choisi d’utiliser deux roches dis- fier l’adhérence des revêtements de type couche mince organique
tinctes (granite et dolomie) afin de réaliser des essais compara- ou de type peinture [18][19][20][21][41][42][43]. Ces tests de
tifs concernant deux roches connues pour avoir des effets pelage permettent aussi de tester la durabilité de certains renforts
opposés en termes d’adhésion avec le bitume [4][5][6]. Leurs [44]. Dans cet article, les forces de pelage mesurées ont été corré-
surfaces ont été polies pour éviter toute contribution des para- lées à l’analyse des faciès de rupture par spectroscopie infrarouge
mètres liés à l’ancrage mécanique (rugosité mesurée par profilo- à transformée de Fourier (IRTF) [P2845] qui permet de détecter
métrie, cf. § 3.1.1). De nombreux types ou composition de aisément la présence de composés organiques [45][46][47],
granulats [C902] peuvent être utilisés pour fabriquer des enrobés notamment à l’interface entre matériaux [48], mais aussi plusieurs
bitumineux. Le bitume pour application routière peut être géné- composants du béton [49] et surtout le carbonate de calcium créé
ralement décrit comme une structure colloïdale contenant des au cours du vieillissement du béton [35]. Cette méthodologie
micelles d’asphaltène, dans une phase constituée par des com- alliant pelage d’une membrane de renfort préalablement intro-
posés aromatiques et des hydrocarbures saturés [11]. Aucun duite au sein du revêtement de peinture (avant sa réticulation) et
modificateur ou charge n’a été rajouté dans la composition utili- analyse des faciès de rupture a alors été utilisée pour déterminer
l’influence de divers paramètres liés à la mise en œuvre ou au
sée ici.
stockage du béton.
Les compositions des granulats et du bitume ont été caractéri-
sées par spectrométrie d’énergie dispersive (EDS, [P885]) et par
spectrométrie photoélectronique X (XPS, [P2625]), techniques
déjà utilisées par différents auteurs pour analyser les surfaces de
roches [12][13] ou de bitume [14][15][16]. Les essais de pelage
3. Description des matériaux
sont quant à eux utilisés couramment pour mesurer l’énergie dis- utilisés
sipée lors de la séparation entre un adhésif et son substrat
[17][18][19][20][21][22]. Sur la base de travaux antérieurs qui
concernaient par exemple les interfaces entre adhésifs sensibles à 3.1 Interface granulats/bitume
la pression/peinture [23], métal/joint d’étanchéité [24] ou adhésif/
fibres de carbone [25], une membrane flexible et résistante a été
incorporée au sein de la couche de bitume pour assurer le pelage 3.1.1 Caractéristiques des granulats
d’une épaisseur constante et minimiser les déformations qui pour- Deux granulats très différents ont été utilisés comme substrat
raient affecter les mesures de pelage. Après décollement, les pour le bitume : un granite et une dolomie. Trois phases diffé-
faciès de rupture ont alors été caractérisés par spectrométrie XPS rentes constituent le granite : feldspath, mica et quartz. Bien que
afin de rechercher des éléments marqueurs de chaque matériau et le quartz soit uniquement constitué de silice (SiO2), les micas (tels
de déterminer si l’adhésion avait été influencée par la minéralogie que la biotite) sont généralement composés d’ions magnésium,
des granulats. titane et fer. Les feldspaths quant à eux peuvent contenir du

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Tableau 1 – Rugosité moyenne des surfaces de béton selon le type de moule,


le traitement de surface utilisé et les conditions de cure

Échantillons Béton Béton Béton Béton Béton Béton Béton


(type de moule) (moule PVC) (moule POM) (moule PVC + (moule PVC) (moule POM) (moule PVC) (moule POM)
tensioactifs)

Conditions de cure
28 jours
et traitement 28 jours (20 °C, 50 % humidité relative) Sablage
(20 °C, 100 % humidité relative
de surface

Rugosité moyenne 0,5 0,7 0,8 1,5 1,2 12,1 12,2


(Ra en µm) (± 0,3) (± 0,3) (± 0,5) (± 0,4) (± 0,3) (± 0,5) (± 0,4)

potassium (cristaux d’orthose KAlSi3O8), du sodium (cristaux façade, ont été testés : le premier en polychlorure de vinyle (PVC)
d’albite NaAlSi3O8) ou du calcium (anorthite CaAl2Si2O8). Dans et le second en polyoxyméthylène (POM).
cette étude, le granite choisi était composé de gros cristaux Une fois retiré de leur moule, les échantillons de béton de réfé-
d’orthose (de taille millimétrique). La dolomie, quant à elle, est rence ont été stockés pendant 28 jours (période appelée « cure »)
une roche sédimentaire composée de CaCO3 et CaMg(CO3)2. dans des conditions ambiantes (à 25 °C, 50 % d’humidité relative),
Avant utilisation, les échantillons de granulats ont été découpés alors que d’autres échantillons étaient stockés pendant 28 jours
sous eau à l’aide d’une scie (dimensions : 100 × 80 mm avec une sous conditions dites « humides » (25 °C, 100 % d’humidité rela-
épaisseur de 10 mm). Leurs surfaces ont été polies et nettoyées tive). Certains échantillons ont également été sablés (à l’aide
avec un solvant de type heptane avant toute utilisation. La d’une poudre d’alumine), 28 jours après le démoulage, afin d’aug-
moyenne arithmétique des écarts par rapport à la ligne moyenne menter leur rugosité mais aussi d’ouvrir leur porosité de surface.
d’un profil (dit aussi rugosité moyenne, Ra) des granulats a été Afin de tester l’influence de la croissance de cristaux spécifiques à
mesurée avec un profilomètre mécanique de type Surftest SJ- base de portlandite, un mélange frais de béton a également été
introduit dans un moule en PVC recouvert d’une solution spéci-


201M (Mitutoyo, Japon). La valeur finale de rugosité moyenne Ra
résulte de la moyenne arithmétique de cinq profils de 12,5 mm de fique de démoulage comprenant des tensio-actifs [52].
longueur. Ainsi, les échantillons de granite et de dolomie présen- Sur la base de l’article [53], nous avons aussi utilisé le para-
taient une rugosité moyenne de 0,7 µm et 1,3 µm (± 0,3) respecti- mètre Ra afin de caractériser la rugosité des échantillons de
vement. béton. Comme le montre le tableau 1, les valeurs de Ra des
échantillons de béton variaient ainsi selon le procédé de démou-
lage et les conditions de cure/stockage. Ces valeurs de Ra aug-
3.1.2 Caractéristiques du bitume mentaient sensiblement d’un ordre de grandeur après sablage.
Le bitume est un système colloïdal composé d’hydrocarbures
produits lors du processus de raffinage de pétrole [10]. Les com- 3.2.2 Caractéristiques de la peinture et conditions
posés sont principalement aliphatiques, naphténiques et aroma- de dépôt
tiques [50]. Certains éléments peuvent également être détectés
comme le soufre, l’oxygène et l’azote (et divers autres éléments Le revêtement de protection utilisé se composait initialement de
présents à l’état de traces) [51]. Pour cette étude, un bitume clas- 50 % d’isocyanates dilués dans 45 % de solvant (acétate de
sique a été utilisé, il présentait un degré de pénétration (grade) de butyle). Un catalyseur (laurate de dibutylétain, DBTL) avait été
35/50. À noter que le « grade » permet de caractériser les proprié- ajouté dans le mélange pour amorcer la réaction avec de l’eau. En
tés du bitume selon la norme NF EN 1426 ; cette norme utilise un effet, les groupements isocyanates nécessitent de l’eau pour réa-
pénétromètre et décrit l’enfoncement avec une force de 1 N d’une gir et produire un film à base de polyurée [54]. Le revêtement a
aiguille calibrée enfoncée dans le bitume à 25 °C pendant été appliqué par pulvérisation (grammage de 120 g/m2) sur la sur-
5 secondes (une valeur de grade de 35/50 correspond donc à une face des bétons 28 jours après leur démoulage (dans certains cas,
pénétration comprise entre 3,5 et 5 mm). Ce bitume devenait après un traitement de sablage).
liquide autour de 130 °C et a été appliqué sur la surface des gra-
nulats portée à 140 °C. Au-dessous de 50 °C, le bitume se figeait
presque totalement de sorte que sa viscosité (résiduelle) n’affec-
tait plus la forme de la couche de bitume. 4. Méthodes
de caractérisation utilisées
3.2 Interface béton/peinture

3.2.1 Caractéristiques du béton durci


4.1 Microscope électronique à balayage
(MEB) et spectroscopie d’énergie
Un béton de type ultra-haute performance a été utilisé. Le dispersive (EDS)
mélange se composait de ciment blanc Portland, de charge cal-
caire, de fumées de silice, de sable et de superplastifiant. Le béton Les échantillons de granulats et de bitume ont été étudiés par
frais a été coulé dans des moules horizontaux (15 cm de longueur, microscopie électronique à balayage (ESEM XL 30 de Philips, ten-
12 cm de largeur et 1 cm d’épaisseur). Deux moules souples dis- sion d’accélération de 10 keV). Les échantillons de béton ont été
tincts, souvent utilisés pour la fabrication des panneaux de caractérisés quant à eux en haute résolution en utilisant un MEB à

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effet de champ (FEG Quanta 400 de FEI Company, États-Unis), en


utilisant une tension d’accélération de 15 keV. La spectroscopie
EDS permet d’analyser les premiers micromètres de profondeur F
des échantillons. Elle a été utilisée pour identifier les éléments
spécifiques (K, Na, Ca, S, etc.) caractérisant certains minéraux et Vpelage , T
le bitume.
h
b
4.2 Spectrométrie de photoélectrons X
(XPS)
La spectrométrie de photoélectrons X (XPS) permet notamment
d’obtenir la composition atomique des premiers nanomètres (5-
10 nm) de profondeur des échantillons [P2625]. Les analyses ont
été effectuées en utilisant un spectromètre K-alpha de Thermo
Figure 1 – Schéma de pelage sous un angle de 90°
Fisher Scientific Inc., équipé d’une source de rayons X monochro-
matique en aluminium (1 486 keV). Les dimensions des échantil-
lons introduits dans le spectromètre étaient 5 × 5 mm avec une
de 1 000 N, équipé d’une table mobile spécifique qui assure un
épaisseur de 2 ou 3 mm. Les surface de référence des granulats
angle constant de 90° entre le substrat et la direction de pelage.
ont été analysées après découpe, polissage et nettoyage par de
l’heptane. Le bitume a été analysé après solidification d’une
goutte de liquide préalablement déposée sur une feuille d’alumi- 4.4.1 Test de pelage adapté au couple bitume/
nium. En ce qui concerne les analyses après pelage, les granulats granulats
ont été divisés en petits échantillons pour être analysés. Quels
que soient les échantillons (granulats, bitume), la zone analysée Il est relativement complexe de manipuler du bitume liquide,
par XPS était une ellipse de 200 × 50 µm. que cela soit au niveau de la sécurité (risque de brûlure impor-
tante en cas de contact) qu’au niveau de son emploi (produit +/–
Les énergies de liaison ont été déterminées par rapport à la
visqueux adhérent très facilement sur toutes les parois avec les-
composante C-(C, H) du pic C 1s du carbone fixée à 284,8 eV. Les
quelles il se retrouve en contact). Au-dessus d’une température de
pics ont été décomposés avec un logiciel utilisant une fonction de
100 °C, l’adhérence du bitume était significative et la reproductibi-
produit gaussienne/lorentzienne (85/15), après soustraction d’une
lité des dimensions des échantillons devenait difficile à assurer.
ligne de base Shirley. Les rapports de concentration ont été calcu-


La couche de bitume a donc été renforcée par l’insertion d’une
lés en utilisant des surfaces de pic normalisées et basées sur des
membrane en polyéthylène téréphtalate (PET, fournisseur SEFAR
paramètres d’acquisition et de facteurs de sensibilité élémentaires
FYLTIS PETEX 07-300/36 de 405 µm d’épaisseur et de 300 µm
[55].
d’ouverture de maille) [57] afin de procéder à des tests de repro-
ductibilité. La membrane avait une ouverture de maille consé-
quente pour laisser le bitume imprégner efficacement le système,
4.3 Spectroscopie infrarouge mais aussi mouiller la surface du granulat. Cette membrane en
à transformée de Fourier (IRTF) PET a été choisie pour sa capacité à résister à de hautes tempéra-
tures (> 200 °C) sans se déformer significativement.
Le spectromètre IR (Nicolet iS10 de Thermo Fisher Scientific
L’insertion de cette membrane s’est déroulée en plusieurs
Inc., USA) était équipé d’un détecteur à base de sulfate de trigly-
étapes décrites ci-après (les photos décrivant les étapes princi-
cine deutérié (DTGS) et commandé par un logiciel OMNIC. Le
pales sont aussi présentées en figure 2). Tout d’abord, nous avons
mode de réflexion totale atténuée (ATR) a été utilisé pour caracté-
utilisé un moule en aluminium (dimensions : 80 × 17 mm, avec
riser la surface. La zone de prélèvement analysée était d’environ
une épaisseur de 2 mm) pour contrôler les dimensions de la
1 mm2. 16 balayages ont été enregistrés dans la plage de 4 000 à
couche de bitume. Ce moule en aluminium a été recouvert par un
650 cm–1 avec une résolution spectrale de 4 cm–1. Les spectres ont
film en Téflon® afin d’éviter toute adhérence du bitume. Ce moule
été automatiquement corrigés avec une ligne de base linéaire.
a été ensuite fixé sur la surface du granulat. L’échantillon de roche
Cette technique ATR caractérise l’échantillon sur une épaisseur de
et le moule ont été préalablement chauffés à la température de
quelques micromètres. Les surfaces des échantillons ont donc été
fusion du bitume (140 °C) pendant 30 minutes avant le dépôt du
étudiées après démoulage ou après décollement, sans aucune
bitume liquide. La membrane en PET (100 × 16 mm avec une
préparation spécifique.
épaisseur de 0,4 µm) a été appliquée à la surface de la couche de
bitume liquide puis encapsulée par dépôt d’une seconde couche
de bitume. Tout le système a ensuite été stocké à 140 °C pendant
4.4 Tests de pelage 15 minutes pour laisser le temps au bitume d’imprégner la
membrane. Enfin, l’échantillon a été refroidi pendant 24 heures à
Pour un angle de pelage θ, une force d’adhérence F et une lar- température ambiante avant de retirer le moule en aluminium. Les
geur de couche de bitume ou de revêtement b, la force de pelage échantillons de bitume déposés sur les roches avaient ainsi des
G pourra être calculée selon l’équation [42][56] : dimensions reproductibles (cf. figure 3).
Contrairement à [22][25], nous n’avons pas utilisé d’étape
d’ouverture de la fissure à l’interface entre le bitume et la roche. Le
résultat des essais de pelage présenté ci-après comprend donc éga-
Dans le cas du pelage à 90° (cf. figure 1), G est alors égale à la lement la force utilisée pour plier et étirer le bras de pelage. Cepen-
force mesurée F divisée par la largeur de « l’adhésif » b (constitué dant, ces contributions ont été jugées faibles du fait que la
soit de bitume soit du revêtement type peinture). L’épaisseur h de la membrane était souple (très facile à plier) et difficile à étirer. En rai-
couche adhésive (bitume ou peinture) doit être contrôlée afin de son de la possible sensibilité des propriétés rhéologiques du bitume
s’assurer que sa largeur b est plus grande que son épaisseur [10], les mêmes conditions ambiantes (température, humidité) et
(b > 10 × h). Tous les tests de pelage ont été réalisés avec un capteur vitesse de pelage (0,2 mm/s) ont été utilisées au cours des essais.

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a fixation du moule en aluminium b dépôt d’une première couche de bitume à 140 °C


préalablement recouvert d’un film en téflon®

c application de la membrane de renfort d stockage de l’échantillon à l’étuve à 140 °C pour que


avant dépôt de la seconde couche de bitume la 2e couche imprègne bien la membrane de renfort

Figure 2 – Principales étapes liées à la fabrication des éprouvettes de pelage

4.4.2 Test de pelage adapté au couple peinture/ Le revêtement de type peinture a été pulvérisé sur le béton
béton durci recouvert de ces membranes. Les bords de chaque membrane
de renfort ont été ensuite découpés après réticulation de la
Le revêtement de peinture du béton a été renforcé par l’inser- peinture pour éviter tout cisaillement durant la séparation
tion d’une membrane indéformable pour assurer des tests de d’avec le béton. La membrane en polyamide a été choisie après
pelage à 90° homogènes et reproductibles [49]. La membrane de plusieurs tests pour pouvoir se plier mais ne pas s’allonger
renfort était composée d’un tissu polyamide 6,6 (fournisseur significativement sous les sollicitations induites au cours de
NITEX 150 µm/102). Les dimensions de chaque membrane étaient l’essai de pelage à 90° (cf. figure 4). L’absence de déformation
de 200 mm de longueur, 20 mm de largeur, de 120 µm d’épais- irréversible a été confirmée en mesurant ces dimensions après
seur, avec 50 % de porosité ouverte et de 150 µm d’ouverture de pelage.
maille. Deux membranes de renfort ont été appliquées sur chaque Une coupe transversale de l’interface béton/revêtement a été
échantillon de béton ; un morceau de chaque membrane débor- observée par MEB (cf. figure 5), afin de montrer la localisation de
dait de l’échantillon de béton afin de pouvoir être raccordé facile- la membrane au sein de la couche de peinture après réticulation.
ment à la machine de pelage tout en évitant de devoir initier la Les mêmes conditions ambiantes (température, humidité) ont été
fissure au niveau de l’interface béton/revêtement. utilisées lors des essais de pelage du revêtement, (même si leurs

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Colles et adhésifs
Caractéristiques et types
par Philippe COGNARD
Ingénieur de l’École supérieure de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris
Directeur commercial à la société Bostik Findley
Expert près les tribunaux

1. Domaines d’utilisation en construction ............................................ C 960 - 2


2. Intérêt du collage dans la construction ............................................ — 3
3. Choix de la technique de collage ........................................................ — 5
3.1 Dans quels cas choisir de préférence le collage par rapport à d’autres
techniques d’assemblage ?......................................................................... — 5
3.2 Quel adhésif choisir parmi les différentes familles ?................................ — 6
4. Calcul et dimensionnement des surfaces collées .......................... — 6
5. Caractéristiques des colles et adhésifs............................................. — 7
5.1 Mode de prise .............................................................................................. — 7
5.2 Préparation des surfaces............................................................................. — 7
5.3 Mise en œuvre ............................................................................................. — 10


5.4 Identification et contrôle ............................................................................. — 14
5.5 Caractéristiques mécaniques et physico-chimiques ................................ — 14
5.6 Sécurité d’emploi......................................................................................... — 14
5.7 Prix de revient de l’assemblage ................................................................. — 15
5.8 Autres éléments d’appréciation ................................................................. — 15
6. Types de colles, adhésifs et mastics utilisés dans la construction — 15
6.1 Colles Néoprène (ou polychloroprène)...................................................... — 15
6.2 Colles aqueuses ........................................................................................... — 16
6.3 Colles en poudre, cellulosiques et amylacées .......................................... — 17
6.4 Colles structurales ou semi-structurales à deux composants ................. — 17
6.5 Ciments-colles, plâtres-colles ..................................................................... — 19
7. Conclusion ................................................................................................. — 19
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. C 962

D urant les cinquante dernières années, les techniques de collage se sont


fortement développées, et cela pour différentes raisons. D’une part, la
chimie des polymères a permis de formuler des colles et adhésifs beaucoup plus
performants, plus durables, présentant des forces de collage plus élevées et des
résultats prévisibles et fiables. Citons à titre d’exemple :
— le développement des colles à base de caoutchouc néoprène ou poly-
chloroprène pendant la Seconde Guerre mondiale qui ont permis des collages
puissants et durables par simple contact sous courte durée de pressage ;
— les adhésifs structuraux époxydes, également découverts à la même époque
par le Suisse Castan, et qui ont donné, pour la première fois, des collages à haute
résistance mécanique (jusqu’à 15 MPa en cisaillement) sur les métaux et ont donc
été rapidement et largement utilisés en construction aéronautique puis auto-
mobile. Il faut rappeler que ces adhésifs époxydes sont aussi utilisés depuis 1960
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pour le collage, avec une durabilité excellente, de voussoirs préfabriqués dans la


construction de ponts en béton précontraint où l’on fait appel à la résistance en
compression et au cisaillement ;

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COLLES ET ADHÉSIFS ___________________________________________________________________________________________________________________

— puis l’apparition des colles aqueuses, vinyliques pour le bois, acryliques


pour les plastiques ;
— enfin les adhésifs et mastics polyuréthanes aux nombreuses possibilités.
D’autre part, le collage a permis, dans certains cas, de supprimer les assem-
blages mécaniques, en remplaçant la couture, le vissage, la soudure, le sertis-
sage, l’agrafage, etc. Il a permis aussi, en assemblant les pièces sur toute leur
surface ou sur des zones plus grandes, de réduire les contraintes, de concevoir
des pièces ou des assemblages différents. Par ailleurs, le collage, facile à auto-
matiser sur les chaînes, a permis de réduire le poste « main-d’œuvre » dans
certaines industries et a été largement utilisé pour la préfabrication d’éléments
destinés au bâtiment (panneaux sandwichs, portes...).
Dans le bâtiment et les travaux publics, le collage a trouvé des applications
importantes et multiples qui représentent les plus gros tonnages de l’industrie
des colles, adhésifs et mastics.
Les techniques de collage, demandent une étude détaillée du problème pose,
afin de pouvoir sélectionner le collage vis-à-vis des autres techniques d’assem-
blage, une compréhension des phénomènes physico-chimiques et mécaniques
mis en jeu, ainsi qu’une bonne connaissance des différentes caractéristiques des
colles et adhésifs permettant de choisir, concevoir, tester et contrôler un assem-
blage collé.
On distingue ainsi :
— les colles classiques pour coller des revêtements décoratifs, ne nécessitant
pas des performances très élevées (par exemple, les colles aqueuses vinyliques
et acryliques, les colles Néoprène) ;
— les colles semi-structurales présentant des performances mécaniques
élevées (par exemple, les colles et mortiers-colles pour carrelages, les colles pour


tuyaux PVC) ;
— les colles structurales à hautes performances qui, seules, permettent
d’assembler solidement des pièces ou matériaux en métal, béton, verre, en
obtenant une solidité du même ordre de grandeur que la résistance mécanique
de ces matériaux (le meilleur exemple est celui des adhésifs époxydes pour béton
et métaux).

Cet ensemble se compose de deux articles :


[C 960] Colles et adhésifs. Caractéristiques et types ;
[C 961] Colles et adhésifs. Applications dans le bâtiment ;
complétés par une documentation :
[Doc. C 962] Colles et adhésifs. « Pour en savoir plus ».

1. Domaines d’utilisation ■ Puis sont apparus, il y a 35 ans, les ciments-colles (en poudre)
et les colles pour carrelages, revêtements céramiques et pierres,
en construction pour remplacer la pose traditionnelle au ciment.

Le risque ici peut être élevé si l’on pose des carrelages lourds en
Il existe de nombreuses applications du collage en construction façade, surtout lorsqu’il s’agira d’immeubles de grande hauteur. De
que l’on peut classer en plusieurs types, pour une meilleure longues mises au point ont été nécessaires. Il a fallu, en outre,
compréhension de leur mise en œuvre. grâce à une normalisation européenne, codifier les produits, les
méthodes de contrôle et les techniques de pose, afin d’assurer une
■ Les plus anciennes et les plus simples sont les collages de revê- fiabilité et une durabilité de l’ordre de 20 à 40 ans. Nous étudierons
tements décoratifs : papiers peints, revêtements de sols plas- donc en détail ces colles pour carrelages, car elles préfigurent
tiques, moquettes, placage de stratifiés décoratifs. Dans ces d’autres applications dites structurales, c’est-à-dire où les résis-
techniques, on colle un revêtement sur toute sa surface ; les ris- tances mécaniques des collages sont du même ordre de grandeur
ques de décollement sont faibles et sans danger pour autrui ; l’exi- que les matériaux de structure assemblés eux-mêmes. Des
gence de durabilité dans le temps n’est que de 10 ou 20 ans, car variantes des colles en poudre sont également utilisées pour
ces revêtements sont changés régulièrement. On bénéficie actuel- d’autres collages de matériaux de construction (murs et cloisons,
lement d’une longue expérience (50 ans) pour de tels collages. scellements).

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C 960 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Construction

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___________________________________________________________________________________________________________________ COLLES ET ADHÉSIFS

■ De nombreux éléments de second œuvre sont préfabriqués, tels La figure 1 montre un immeuble moderne avec toutes les appli-
que portes et fenêtres, panneaux extérieurs ou intérieurs, doubles cations des colles, adhésifs et mastics existant actuellement.
vitrages isolants, cloisons. Ils sont toujours réalisés par collage en
usine à partir de divers matériaux : bois, agglomérés, plastiques,
verre, plâtre ou ciment, mousses isolantes, etc.
■ Enfin, divers collages à hautes performances, dits structuraux,
sont apparus depuis 35 ans, tels que le collage d’éléments en
béton (par exemple, pour la construction de ponts en béton pré-
2. Intérêt du collage
contraint, le renforcement des ouvrages en béton armé) et, plus dans la construction
récemment il y a une quinzaine d’années le verre extérieur collé. Ici
les performances exigées très élevées (forces de collage, durabilité
et fiabilité) ont été rendues possibles grâce à certaines découvertes Le tableau 1 montre que le collage est souvent la meilleure
majeures de la chimie des polymères telles que les résines épo- méthode d’assemblage :
xydes (qui permettent aussi de coller des éléments importants — soit sur le plan technique ;
d’avions), les polyuréthanes et polysulfures, les mastics silicones, — soit sur le plan économique ;
dont la durabilité est très grande et qui présentent une excellente — parfois aussi sur le plan esthétique (exemple : verre extérieur
adhérence sur le verre. collé).
■ Les mastics de jointoiement ou de calfeutrement des joints sont Enfin, c’est parfois la seule méthode d’assemblage possible.
proches sur le plan physico-chimique des adhésifs, mais servent, Exemple : fixation de matériaux plastiques cellulaires, isolants
eux, à remplir un interstice entre deux éléments de construction, thermiques et phoniques.
alors que les adhésifs servent à assembler des matériaux entre
eux. Le lecteur intéressé se reportera à la référence [1] dans ce Les colles ont certaines limites (tenue à la chaleur, durabilité) qu’il
traité. faut connaître, afin de les utiliser dans leur domaine de possibilités.

Tableau 1 – Intérêt du collage dans la construction


Avantages Inconvénients ou limites

● Seule méthode possible pour la fixation de revêtements en feuilles ● Un bon collage nécessite des surfaces propres, sèches, planes, etc.,


(revêtements décoratifs, protecteurs, d’étanchéité, etc.) ce qui n’est pas toujours possible dans le bâtiment
● Seule méthode d’assemblage possible pour les complexes, les ● Nécessite du soin de la part des ouvriers, un contrôle de la part de la

panneaux sandwichs et certains composites, les doubles vitrages maîtrise, une conception adaptée de la part des bureaux d’études.
● Répartition régulière des contraintes (exemples : renfort d’ouvrages
Cela nécessite formation, adaptation et connaissance technique du
en béton par des tôles plaquées, panneaux sandwichs) collage
● Résistance à la chaleur souvent limitée : selon les types de colles, le
● Possibilité d’assembler des matériaux de natures complètement

différentes (exemple : polystyrène expansé sur matériaux solides ramollissement commence à partir de 60 oC, jusqu’à 200 oC maxi-
structuraux) mum
● Résistance au feu médiocre
● Aucun affaiblissement des matériaux assemblés (pas de trous à

percer...), l’ensemble collé peut même avoir une résistance méca- ● Faible résistance au fluage à températures élevées
nique supérieure à la somme de celles des parties assemblées ● Avec certaines colles ordinaires, la durabilité des collages, lorsqu’ils
(panneaux sandwichs...) sont soumis aux intempéries, à l’humidité, à la chaleur, à des cycles
● Surfaces lisses, pièces de bel aspect (exemples : verre extérieur collé, thermiques, etc., est parfois limitée à 5, 10 ou 15 ans. (Inversement,
habillages de façades). Fixation invisible les adhésifs époxydes pour travaux publics et les ciments-colles sont
● Étanchéité des joints collés
de durabilité supérieure à quelques dizaines d’années)
● Durée de durcissement parfois longue (pouvant atteindre 10 à 15 h à
● Élasticité des joints collés qui peuvent amortir les vibrations dans

certains cas et tolérer les variations dimensionnelles s’ils sont température ambiante)
convenablement formulés pour cela. ● Les forces d’arrachement susceptibles d’être obtenues ne sont pas

Exemple : collage de matériaux présentant des dilatations diffé- toujours connues de l’utilisateur (toujours une part d’inconnu
rentes (verre/métal)... « Pourquoi ça colle ? »)
● Prix de revient généralement plus faible que celui des assemblages ● Le contrôle des joints collés est parfois difficile

traditionnels ● Les assemblages doivent être conçus pour le collage

● Bonne résistance à la corrosion (moyennant un choix adéquat du ● Les assemblages structuraux, performants, nécessitent un traite-
type de colle) ment des surfaces.
● Rôle de scellement et de rattrapage de dénivellations et de planéité

pour certaines colles épaisses et mastics ou mortiers, capables d’être


appliqués en forte épaisseur
● Contrairement aux fixations métalliques, ne conduit ni la chaleur ni

l’électricité
● Économise le bois massif, rare et cher, en permettant l’utilisation de

pièces de bois de petite section dans le cas de charpentes lamel-


lées-collées, de minces placages, de déchets ou particules de bois
agglomérés
● Empêche la déformation des revêtements de sols souples, en les

plaquant au sol
● Ne nécessite pas d’outillage particulier ; applicable manuellement

sur chantiers (sauf pour la préfabrication).

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COLLES ET ADHÉSIFS ___________________________________________________________________________________________________________________

Pose de doublages isolants Collages des ou dans gaines de


conditionnement d'air
Plâtres-colles pour collage de panneaux de doublage (isolant, métal)
isolants (à l'intérieur des murs de façade)
Mastic de collage et
étanchéité (métal/métal) Cloisons
Isolant thermique Collage béton Enduit de jointoiement (plaques de plâtre
ou phonique sur béton pour plaques de plâtre collées sur isolants
thermiques ou phoniques)

Béton Collage de feuilles d'étanchéité


caoutchouc ou plastiques
sur les toitures
Plaques
de plâtre

Plots de colle Plaque de plâtre


Isolant

Collage et jointoiement de carreaux


de céramique, dallages Collage papiers peints, revêtements
muraux (plastiques ou textiles)
Double vitrage Mobilier intégré, collage de stratifiés
Collage de panneaux
Mastic silicone décoratifs en façade
Plots de colle
Fenêtres avec
double vitrage Mastic

Panneau

V Préfabrication des doubles vitrages,


2 mastics (butyl et polysulfure)
Mastic pour Béton
réparation
Assemblage de fenêtre par collage de fissures

Collage bois, menuiseries Scellement de portes


avec mousse PU injectée

Collage de tuyaux PVC Collage de revêtements de sols


(plastiques, moquettes)
Collage de plinthes
Collage de carreaux
céramiques, dallages pierre, Collage de lambris et panneaux de
en sols avec mortiers-colles bois sur les murs

Barrière d'étanchéité (accessoire


au collage des carrelages) Mastic silicone pour sanitaires,
SdB, carrelages…

Collage de parquets,
Tuyaux PVC de lames stratifiées
(branchement Collage canalisations
eau et électricité) électriques Colles, mortiers-colles, additifs,
en PVC pose carrelage

Mastic de rebouchage coupe-feu

Tuyaux PVC
Collage de tasseaux de
bois sur les murs

Joints de construction,
Scellement avec de dilatation
mousse PU

Collage de feuilles
d'étanchéité ou d'isolants Réparation et étanchéité
thermiques sur les fondations de fissures

Figure 1 – Travaux de collage dans la construction

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Colles et adhésifs
Applications dans le bâtiment
par Philippe COGNARD
Ingénieur de l’École supérieure de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris
Directeur commercial à la société Bostik Findley
Expert près les tribunaux

1. Préfabrication ........................................................................................... C 961 - 2


2. Collage des revêtements de sols et de murs ................................... — 4
3. Collage des carrelages et revêtements céramiques ...................... — 4
4. Collage des plastiques............................................................................ — 6
5. Collage de matériaux divers ................................................................. — 7
6. Collage des métaux ................................................................................. — 7
7. Collage structural dans les travaux publics ..................................... — 9
7.1 Collage de voussoirs de ponts ................................................................... — 9
7.2 Vitrages extérieurs collés (VEC) ................................................................. — 10


8. Scellements et ancrages ....................................................................... — 12
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. C 962

et article fait suite à l’article précédent [C 960] qui traite des aspects théo-
C riques du collage dans le bâtiment.
En mettant à profit les avantages du collage pour l’assemblage des maté-
riaux, les ingénieurs, techniciens et architectes du bâtiment et des travaux
publics ont remplacé les assemblages traditionnels par des assemblages par
collage, pour de très nombreuses applications.
Le bâtiment utilise maintenant, depuis 30 ans, des matériaux de construction
nouveaux tels les mousses isolantes, les panneaux sandwichs, les stratifiés et
agglomérés... qui ont pu être assemblés bien plus facilement par collage. Le
design des constructions s’en est également trouvé très amélioré, car le collage
permet des formes plus lisses, plus belles… ; les prix de revient ont pu être
abaissés. Les mortiers et scellements ont été améliorés sensiblement. Enfin, les
joints de colle ont pu créer, dans certains cas, des jonctions souples ou étan-
ches ou isolantes, donc apporter un plus.
Nous étudions ci-dessous un grand nombre d’applications du collage dans la
construction et les travaux publics, en indiquant les exigences techniques, les
performances et avantages obtenus et les développements futurs prévisibles.

Cet ensemble se compose de deux articles :


[C 960] Colles et adhésifs. Caractéristiques et types ;
[C 961] Colles et adhésifs. Applications dans le bâtiment ;
complétés par une documentation :
[Doc. C 962] Colles et adhésifs. « Pour en savoir plus ».
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COLLES ET ADHÉSIFS ___________________________________________________________________________________________________________________

1. Préfabrication
Depuis 50 ans environ, certains éléments du bâtiment sont pré-
fabriqués en usine afin de faciliter et d’accélérer la construction de
l’ensemble. Ils peuvent être ensuite montés et assemblés
simplement sur le chantier. La préfabrication peut ainsi concerner
tous les éléments de murs, façades, planchers, portes, cloisons et Contreplaqué
panneaux de toiture (figure 1). Elle permet d’intégrer dans un seul
composant les éléments de structure (qui apportent la résistance Bois
mécanique), l’isolation thermique et phonique, les aspects décora-
tifs (finition décorative, carrelages...) et d’autres éléments fonction- Poutre-caisson Poutre en I
nels (étanchéité, branchements, sécurité antipénétration, pattes de
fixation...). a poutres
Ces éléments sont préfabriqués en série sur chaîne et collés en
usine, avec des colles à prise rapides appliquées au rouleau, au
pistolet sous pression ou tout autre moyen permettant l’obtention
de cadences de productions élevées.
Le pressage peut être effectué sous calandre à rouleaux
caoutchoutés ou sous presses à plateaux chauffants ou non, par-
fois par simple empilement sous charge pendant un temps suffi-
sant pour la prise de la colle.
Bois
■ Panneaux sandwichs (figures 1 et 2) MDF Contreplaqué
(Medium Density Fiberboard)
Des panneaux d’allège, de toitures ou des cloisons sont réalisés
par collage de parements décoratifs et protecteurs en tôles, verre, b panneau en MDF revêtu c panneau-poutre
fibrociment, plastiques sur des âmes en isolants (polystyrène de stratifié
expansé, mousses de polyuréthane, de PVC, phénolique) et sur des
cadres en métal ou en bois qui apportent la rigidité et la protection
latérale.

V Les colles utilisées sont très diverses : colles Néoprène appli-


quées au pistolet, colles polyuréthanes à deux composants, colles
époxydes pour obtenir une très grande résistance à l’eau et aux
intempéries...
Des cloisons sont réalisées par collages de plaques de plâtre ou
de contreplaqué sur des âmes isolantes ou en carton nid-d’abeilles
(Dufaylite ). Elles sont fixées avec des colles vinyliques aqueuses d portes ou panneaux e panneau sandwich
ou des colles urée-formol. préfabriqués : parement (portes et cloisons)
bois sur cadre en bois avec âme en carton
Des panneaux de doublage isolants sont réalisés par collage de nid d'abeilles ou en
plaques de plâtre sur des plaques d’isolants thermiques ou pho- mousse isolante
niques (polystyrène expansé, mousse de polyuréthane, laine de
verre), en utilisant en général des colles vinyliques en émulsion
(cf. article [C 960]). Face extérieure en stratifié

Selon les cas, ces panneaux sandwichs doivent résister aux


intempéries, apporter étanchéité ou isolation thermique ou phoni-
que, ou doivent contribuer à la résistance mécanique de l’immeu-
ble. Leur constitution et leur collage doivent être calculés en
fonction de ces exigences. Panneau en MDF

■ Portes f panneau avec stratifié postformé

Les portes massives en bois sont maintenant remplacées par des


sandwichs avec une âme isolante et renforts collés avec placages Figure 1 – Quelques exemples des pièces préfabriquées
décoratifs sur les faces extérieures. Les portes extérieures doivent pour le bâtiment
être collées avec des colles résistant à l’eau, de type vinylique à
durcisseur ou polyuréthane ; les portes intérieures sont plus sim-
plement collées avec des colles vinyliques ou urée-formol. ■ Charpentes lamellées-collées
Les finitions décoratives à relief en PVC ou placages de bois sont Cette technique permet de réaliser des poutres de grande portée
collées avec des colles acryliques ou VAE (éthylène-acétate de (plusieurs dizaines de mètres) uniquement limitée par les possibi-
vényle), émulsions réactivées et pressées à chaud selon la techni- lités de transport, droites ou galbées, par collage de planches de
que de la presse à membrane ; la colle est appliquée au pistolet sur bois bien calibrées entre elles (figure 3).
les parements extérieurs, réactivée à chaud pour que le film de
colle atteigne environ 90 oC et devienne collant. Le film de PVC est Elle permet également d’économiser le bois en utilisant des
alors plaqué sur le film de colle à l’aide d’une presse à membrane, planches de dimensions modestes qui sont assemblées entre elles
sous vide, ce qui correspond donc à une pression de 1 bar sur la par collage pour obtenir des poutres néanmoins très rigides.
feuille de PVC, ce qui suffit à assurer le transfert de l’adhésif sur le Pour cela, on utilise des colles résorcine-formol qui présentent
PVC en quelques dizaines de secondes. une grande résistance aux intempéries, aux déformations par

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Vitrages

Lame d'air sec

Espaceur
métallique
(aluminium)

Adhésif
thermofusible
butyl (collage à
Dessiccateur joint mince)
en poudre
Mastic d'étanchéité
(polysulfure ou silicone)
Figure 2 – Panneaux sandwichs constitués de mousses isolantes, de
parement en contreplaqué, en bois ou en métal (doc. Ciba-Gugy)

Figure 4 – Double vitrage collé

Surface en bois noble

Assemblage

par tenon
et mortaise

Âme en bois bon Sous-face


marché (pin…) (contrebalancement)
en bois bon marché

Figure 5 – Parquets stratifiés trois couches

Figure 3 – Grande charpente lamellée-collée


(Stade olympique, photo Ato-Findley) Les mastics de collage sont appliqués au pistolet sous pression,
en usine.
Les doubles vitrages sont réalisés aux dimensions des fenêtres
fluage, ainsi qu’une longue durabilité et qui contribuent même à la qui, souvent sont livrées déjà prééquipées de leurs vitrages. Un
résistance au feu. Ces collages peuvent durer cinquante ans. mastic d’étanchéité et de collage silicone est alors appliqué entre
le double vitrage et le cadre de la fenêtre qui est en général en
On peut également employer des colles spéciales urée-formol ou PVC.
vinyliques à durcisseur, surtout pour des utilisations en intérieur.
■ Parquets stratifiés
■ Doubles vitrages
Il s’agit de lames de grandes dimensions (1 m de long, 20 cm de
Afin d’obtenir des vitrages isolants (thermiques et phoniques), large et 1 à 1,5 cm d’épaisseur), réalisées par collage de trois
les fabricants ont réalisé depuis 30 ans des doubles vitrages constituants (figure 5) :
constitués de deux panneaux de verre collés et étanchéifiés sur des
espaceurs en aluminium de 7 à 16 mm de large (figure 4). — un parement supérieur en bois de qualité, pour l’aspect
décoratif ;
Le collage des vitres sur espaceurs est réalisé le plus souvent — une âme en lattes de bois léger et bon marché (pin, frêne...)
avec des adhésifs hot melts (fondus à chaud pour l’application) de collées entre elles ;
type Butyl ; l’étanchéité externe est réalisée par un mastic polysul-
— un contre-parement en bois bon marché avec fibres croisées
fure à deux composants ou par du silicone très étanche à l’humi-
par rapport aux lames qui constituent l’âme du panneau.
dité, car il faut absolument éviter que de l’humidité puisse entrer à
l’intérieur du double vitrage et créer une buée permanente. Un Ces stratifiés sont collés avec des colles urée-formol en poudre
absorbeur est néanmoins placé à l’intérieur pour éliminer toute qui présentent à la fois une bonne résistance mécanique, une
trace d’humidité (tamis moléculaire de la société CECA, par bonne tenue à l’humidité et un faible dégagement de formol après
exemple). cuisson.

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Cette application illustre bien l’économie de bois noble ainsi réa- — les normes européennes (EN) concernant la mesure des
lisée (puisque seul le parement supérieur est en bois noble) et caractéristiques des colles pour revêtements de sols
l’avantage du point de vue du design. (cf. [Doc. C 962]).
■ Applications diverses ■ Types de colles
Planchers d’ordinateurs, salles de bains préfabriquées, triples ● Revêtements de sols :
vitrages antieffraction pour banques et guichets (collés avec des — colles émulsions acryliques pour revêtements plastiques,
films de butyral polyvinylique...), toutes ces pièces préfabriquées moquettes à envers mousse ;
par collage pouvant donner des idées nouvelles de composants — colles résine-alcool pour moquettes et aiguilletés ;
préfabriqués et de composites aux techniciens du bâtiment.
— colles émulsions vinyliques pour parquets-mosaïques ;
Le lecteur pourra imaginer d’assembler entre eux toutes sortes — colles Néoprène pour caoutchouc, plinthes, nez de marche ;
de matériaux décoratifs, structuraux, isolants thermiques ou — colles époxydes et polyuréthanes pour caoutchouc.
phoniques, protecteurs, conducteurs, souples, rigides ou étan- ● Revêtements muraux :
ches... pour obtenir toutes les fonctions désirées et réaliser toutes
sortes de composants nouveaux, moins chers tout en offrant — colles en poudres (cellulosiques, amylacées) pour papiers
davantage de fonctions. peints ;
— colles vinyliques aqueuses, colles amylacées et mixtes pour
revêtements textiles et revêtements divers à envers papiers ;
— colles acryliques pour revêtements plastiques, liège, plinthes ;
— colles Néoprène et colles contact pour liège, panneaux déco-
2. Collage des revêtements ratifs ou isolants plus ou moins lourds ;
— mastics Néoprène en cartouches pour tasseaux, panneaux
de sols et de murs lourds et panneaux isolants, lambris et frises, plinthes.
Les fabricants de colles et de revêtements indiquent les colles
Les revêtements décoratifs de sols et de murs constituent le adaptées aux revêtements à coller.
marché le plus important pour les colles en Europe de l’Ouest ■ Techniques concurrentes
(cf. [Doc. C 962]).
En Europe continentale, la seule technique utilisée pour la pose
■ Matériaux à coller des revêtements de sols est le collage, en général sur toute la sur-
face. Par contre, en Grande-Bretagne les moquettes sont le plus
● Revêtements de sols : souvent tendues sur des bandes d’ancrage (smoothedges ) qui
— revêtements plastiques homogènes ou multicouches (dalles comprennent des rangées de clous sur la face supérieure. Ces

V et lés) ;
— aiguilletés ;
— moquettes ;
bandes sont fixées sur le sol en béton, en général par collage ou
vissage, à la périphérie des pièces.

— linoléum, caoutchouc ; ■ Revêtements de sols antidérapants


— parquets, liège. On peut rendre antidérapant un sol en béton ou des marches en
les revêtant d’une couche de résine époxyde à deux composants
● Revêtements muraux : (1 à 2 mm d’épaisseur) sur laquelle on saupoudre immédiatement
— revêtements plastiques ; des grains de sable ou de corindon de 0,6 à 1,3 mm de diamètre.
— revêtements textiles : tissus, tissus sur papier, fils collés sur
papier, aiguilletés ;
— papiers peints ;
— liège, isolants, divers.
3. Collage des carrelages
■ Supports
● En sols :
et revêtements céramiques
— béton brut (chapes et dalles) ;
— enduit de lissage de sols ; Les divers types de revêtements céramiques sont :
— panneaux de particules ; — les grès cérame fins vitrifiés, émaillés ou non, ingélifs,
— anciens supports (anciens parquets, anciens carrelages, totalement non poreux, qui ont une excellente résistance chimique
anciens revêtements). et de bonnes tolérances dimensionnelles ;
— les grès vitrifiés étirés (émaillés ou non), qui ont des caracté-
● En murs : ristiques comparables aux précédents, mais avec des tolérances
— béton brut, plâtre brut ; dimensionnelles moins bonnes ;
— enduit de lissage (base plâtre ou base ciment) ; — les carreaux de terre cuite, poreux et qui absorbent jusqu’à
— plaques de plâtre, panneaux de particules, contreplaqué ; 10 à 15 % d’eau ;
— anciens supports (anciennes peintures, anciens revêtements). — le marbre, les dallages de pierres diverses ;
— les pâtes de verre ;
■ Réglementation — les faïences, poreuses et qui absorbent jusqu’à 10 % d’eau ;
Il existe un ensemble complet de règles professionnelles elles sont utilisées uniquement en revêtement mural.
concernant :
■ Types de colles
— la pose des revêtements de sols ;
— la pose des parquets ; ● Ciments-colles et mortiers-colles
— la préparation des supports. À base de ciment, charges et adjuvants spéciaux, on distingue :
Ce sont : — les ciments-colles caséinés : ils permettent la pose sur plâtre,
— les DTU, les Cahiers des prescriptions techniques et avis tech- mais sont sensibles à l’eau ;
niques du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) ; — les mortiers-colles non caséinés :

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