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CO N S T R U C T I O N E T T R AVAU X P U B L I C S

Ti541 - Mécanique des sols et géotechnique

Modèle géotechnique de calcul

Réf. Internet : 42238 | 5e édition

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III
Cet ouvrage fait par tie de
Mécanique des sols et géotechnique
(Réf. Internet ti541)
composé de  :

Modèle géotechnique de calcul Réf. Internet : 42238

Calcul et suivi d’ouvrages géotechniques Réf. Internet : 42219

Comportement d’ouvrages géotechniques sous sollicitations Réf. Internet : 42706


complexes

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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Mécanique des sols et géotechnique
(Réf. Internet ti541)

dont les exper ts scientifiques sont  :

Daniel DIAS
Professeur des universités, responsable du département Géotechnique de
Polytech' Grenoble

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V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :

Emmanuel BOURGEOIS Emmanuel EGAL


Pour l’article : C258 Pour l’article : C204

Sébastien BURLON Hubert HÉRAUD


Pour l’article : C258 Pour l’article : C352

Yu-Jun CUI Michel KASSER


Pour l’article : C301 Pour l’article : C5010

Fahd CUIRA Richard LAGABRIELLE


Pour l’article : C258 Pour l’article : C225

Pierre DELAGE Jean-Pierre MAGNAN


Pour l’article : C301 Pour les articles : C212 – C208 – C214 –
C216
Jean-Louis DURVILLE
Pour les articles : C350 – C352 Philippe REIFFSTECK
Pour les articles : C356 – C228 – C219 –
C220

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VI
Modèle géotechnique de calcul
(Réf. Internet 42238)

SOMMAIRE

1– Outils pour l’élaboration du modèle géotechnique Réf. Internet page

Diagraphies et géophysique de forage C225 11

Forage et carottage dans les roches C356 15

Forages et sondages. Pour la reconnaissance des terrains C228 19

L'eau dans le sol C212 25

L'eau dans les sols non saturés C301 31

Mécanique des sols. Symboles, unités et définitions C201 35

Géologie. Notions de base et application au génie civil C204 37

Description, identification et classification des sols C208 43

Mécanique des roches. Généralités C350 47

Description des roches et des massifs rocheux C352 49

Topographie. Topométrie. Géodésie C5010 53

2– Conception du modèle de calcul Réf. Internet page

Déformabilité des sols. Tassements. Consolidation C214 59

Résistance au cisaillement C216 65

Corrélations entre les propriétés des sols C219 71

Propriétés mécaniques des sols déterminées en place C220 75

Modélisation numérique des ouvrages géotechniques C258 83

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VII
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Modèle géotechnique de calcul
(Réf. Internet 42238)

1
1– Outils pour l’élaboration du modèle géotechnique Réf. Internet page

Diagraphies et géophysique de forage C225 11

Forage et carottage dans les roches C356 15

Forages et sondages. Pour la reconnaissance des terrains C228 19

L'eau dans le sol C212 25

L'eau dans les sols non saturés C301 31

Mécanique des sols. Symboles, unités et définitions C201 35

Géologie. Notions de base et application au génie civil C204 37

Description, identification et classification des sols C208 43

Mécanique des roches. Généralités C350 47

Description des roches et des massifs rocheux C352 49

Topographie. Topométrie. Géodésie C5010 53

2– Conception du modèle de calcul

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9
1

10
Référence Internet
C225

Diagraphies et géophysique
de forage
1
par Richard LAGABRIELLE
Ingénieur Civil des Mines
Docteur ès Sciences
Directeur technique
Laboratoire Central des Ponts et Chaussées

1. Généralités sur les diagraphies............................................................ C225v2 — 2


2. Diagraphie de radioactivité naturelle (RAN ou γ ray naturel)...... — 3
3. Diagraphie de résistivité........................................................................ — 5
4. Diagraphie microsismique..................................................................... — 6
5. Diagraphies gamma-gamma et neutron-neutron ............................ — 8
6. Géophysique de forage........................................................................... — 9
7. Tomographie sismique............................................................................ — 11
8. Tomographie électromagnétique......................................................... — 14
9. Radar de forage en mode réflexion..................................................... — 16
10. Conclusion générale................................................................................ — 17
Références bibliographiques ......................................................................... — 18

es diagraphies et la géophysique de forage font partie de la panoplie des


L méthodes auxquelles on a recours pour reconnaître le terrain sur lequel on
a des projets de construction d’ouvrage de génie civil. Parmi les techniques
géophysiques, elles sont caractérisées par un mode particulier de mise en œuvre
puisqu’elles sont employées en forage.
Pour ce qui concerne les principes généraux de la géophysique et les bases
des différentes méthodes, nous renvoyons à l’article « Géophysique appliquée
au génie civil ». Cependant, nous rappelons ici les définitions de la géophysique
de forage et des diagraphies en précisant dans quelles circonstances elles sont
plus particulièrement indiquées.
Nota : l’article [C 224] « Géophysique appliquée au génie civil » replace la géophysique dans l’ensemble des méthodes de
reconnaissance des sols.
Parution : mai 2007

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


est strictement interdite. − © Editions T.I. C 225v2 − 1

11
Référence Internet
C225

DIAGRAPHIES ET GÉOPHYSIQUE DE FORAGE ________________________________________________________________________________________________

1. Généralités mation sur les propriétés mécaniques du terrain traversé par le


forage. Naturellement, cette vitesse dépend aussi du type d’outil, de
sur les diagraphies la machine utilisée pour le forage et de la manière dont le foreur
règle sa machine. On constate souvent qu’une machine de forage
très performante est peu sensible aux propriétés du terrain et ne
donne qu’une diagraphie de vitesse d’avancement peu contrastée,
1.1 Définition tandis qu’une machine plus traditionnelle donne de meilleurs résul-
tats concernant les variations avec la profondeur des propriétés de

1 Les diagraphies sont des techniques géophysiques mises en


œuvre à l’intérieur d’un forage. Le rayon du volume d’investigation
terrain.

La diagraphie de vitesse d’avancement doit, d’une part, être cali-


brée en fonction du type de machine utilisée. D’autre part, elle est
n’est pas beaucoup plus grand que celui du forage.
réalisée en maintenant tous les réglages techniques le plus cons-
Elles servent à mesurer en place un paramètre physique caracté- tants possible (couple de rotation, poussée sur l’outil, pression du
ristique du terrain, avec la meilleure résolution verticale possible. fluide, etc.).
Elles ne permettent pas (contrairement aux techniques
géophysiques de forage) d’augmenter le rayon d’investigation du Les diagraphies instantanées de ces autres paramètres de forage
forage ni de porter un jugement sur le caractère représentatif des sont donc complémentaires de la diagraphie de vitesse d’avan-
informations obtenues à partir du forage. cement.
Elles sont complémentaires des techniques géophysiques de sur-
face qui, elles, permettent d’obtenir des informations représentati- ■ Un autre type de diagraphies instantanées est employé dans le
ves d’importants volumes de terrain mais avec une résolution domaine de l’exploration pétrolière et est actuellement en cours de
moins fine (on connaît le terrain « en gros » mais on ne distingue mise au point pour la reconnaissance en génie civil. Il s’agit des
pas les détails). « diagraphies en cours de foration » connues par les pétroliers sous
le nom de « measurements while drilling ». Ce sont des diagraphies
Le résultat d’une diagraphie se présente donc sous la forme d’une géophysiques proprement dites (de radioactivité naturelle, de résis-
courbe dans un système de coordonnées où la profondeur est indi- tivité...), telles que celles que nous allons évoquer plus en détail ci-
quée sur un axe vertical orienté vers le bas et le résultat de la après, mais où les instruments de mesure se trouvent au voisinage
mesure (résistivité, densité, vitesse d’avancement...) est indiqué sur de l’outil de forage pendant la réalisation même du forage.
un axe horizontal (cf. les figures de cet article).

Les diagraphies instantanées ne sont pas l’objet principal de


Vocabulaire : le terme « diagraphie » est le terme français, qui cet article, mais c’est l’occasion de rappeler leur importance
désigne aussi bien la technique que le résultat de la mesure sous pratique : les diagraphies des paramètres de forage sont d’un
forme d’une courbe. faible coût et les renseignements complémentaires qu’elles
La diagraphie étant très développée dans le domaine de apportent sont souvent très utiles.
l’exploration pétrolière où le jargon anglais règne en maître, les Lorsque l’on réalise un forage, on se prive d’une information
termes logging (pour les techniques) et log pour la courbe (log riche si l’on n’enregistre pas en même temps ne serait-ce que la
signifie enregistrement) sont peut-être plus souvent employés vitesse d’avancement instantanée.
que le mot diagraphie, dont ils sont synonymes.

■ La figure 1 donne un exemple avec trois diagraphies différentes


dans un même forage.
1.2 Classification ● Dans la couche calcaire superficielle, une couche altérée (de 0 à
3 m), est caractérisée par une forte vitesse d’avancement, une
Nous ne parlerons ici que des diagraphies les plus fréquemment radioactivité moyenne et une faible résistivité, tandis que le calcaire
utilisées en génie civil. Cela ne signifie pas que celles qui ne sont sain (de 3 à 6 m) est plus difficilement foré, il est peu radioactif et
pas citées sont sans intérêt. Le code de bonne pratique en électriquement résistant.
géophysique [2] a recensé 24 techniques de diagraphies qui sont ● La couche d’argile (de 6 à 10 m) est caractérisée par une forte
appliquées dans tous les domaines de la reconnaissance et de la vitesse d’avancement (mais qui décroît en profondeur), une radioac-
prospection (pétrole, mine, hydrogéologie, environnement, tivité forte et une faible résistivité.
géologie...). Certaines de ces méthodes, non citées dans cet article,
peuvent être employées de manière fructueuse en génie civil, mais ● La couche de schiste se divise en trois :
elles le sont rarement.
— dans la partie la moins profonde (de 10 à 12 m), la vitesse
On peut classer les diagraphies en deux premières grandes d’avancement est encore relativement forte, la radioactivité faible et
catégories : les diagraphies instantanées et les diagraphies différées. la résistivité faible : c’est un schiste fortement fissuré, les fissures
n’étant pas remplies d’argile (faible radioactivité, faible résistivité) ;
1.2.1 Diagraphies instantanées — le schiste sain (de 12 à 16 m) est plus radioactif et plus
résistant ;
Elles sont réalisées pendant la foration : durant le processus — la couche de schiste peu altéré montre une radioactivité
même du forage, on réalise des mesures dont le résultat est fonc- moyenne et variable avec une résistivité assez forte ; autour de
tion de la profondeur de l’outil de forage. Les diagraphies instanta- 18 m, la vitesse d’avancement est plus forte et la radioactivité est
nées sont soit l’enregistrement des paramètres de forage, soit des localement plus forte ; il s’agit d’une altération argileuse.
diagraphies géophysiques.
● Le substratum de diorite (à partir de 26 m) montre une faible
■ La plus fréquente des diagraphies d’enregistrement des paramè- vitesse d’avancement, une radioactivité assez forte et une forte
tres est la diagraphie de vitesse d’avancement. On comprend que résistivité. Entre 31 et 33 m, on remarque une zone à faible
plus le terrain est facile à forer, plus le forage peut se réaliser rapide- radioactivité et faible résistivité, il s’agit d’une zone fissurée non
ment. La diagraphie de vitesse d’avancement donne donc une infor- argileuse.

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C 225v2 − 2 est strictement interdite. − © Editions T.I.

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Référence Internet
C225

________________________________________________________________________________________________ DIAGRAPHIES ET GÉOPHYSIQUE DE FORAGE

Vitesse Radioactivité naturelle


d'avancement (m/h) (cps) Résistivité (Ω.m)
0 50 100 150 200 0 10 20 30 40 10 100 1 000 10 000
0 0 0
Calcaire altéré
Profondeur (m)

Profondeur (m)

Profondeur (m)
5 5 5 Calcaire sain
Argile

1
10 10 10
Schiste altéré
15 15 15 Schiste sain

Schiste peu
20 20 20 altéré
25 25 25
Diorite
30 30 30
Zone fissurée
35 35 35
Diorite
40 40 40
Figure 1 – Trois diagraphies différentes dans
cps : nombre de coups
un même forage recoupant un recouvrement
par seconde
sédimentaire sur un substratum cristallin

elle est constituée par le résultat de la mesure. Si l’instrumentation


Visualisation utilise une technologie numérique, l’information circule dans les
Poulie : graphique
mesure en temps réel
deux sens, sous forme numérique.
de la profondeur Le treuil doit pouvoir enrouler et dérouler le câble de manière
Treuil
continue à vitesse régulée ; il peut comporter un dispositif de
mesure de la longueur du câble, sinon c’est la poulie qui porte un
capteur « roue codeuse » (figure 2).
Électronique :
– conditionnement ■ Nous décrivons ci-dessous cinq techniques de diagraphies. Trois
Câble : – mesure sont qualifiées de diagraphies légères et deux de diagraphies lourdes.
– porteur – acquisition des données
– transport de l'énergie ● Les diagraphies lourdes sont les diagraphies qui utilisent une
– transport source radioactive ; ce sont des diagraphies de radioactivité provo-
de l'information quée. Le qualificatif « lourd » tient au fait qu’elles sont complexes à
mettre en œuvre, en particulier à cause des problèmes de sécurité,
et qu’elles sont donc assez coûteuses. Nous citerons (§ 5) :
— la diagraphie gamma-gamma, qui sert à mesurer la masse
Sonde volumique des matériaux ;
— la diagraphie neutron-neutron, qui sert à mesurer la teneur en
eau.
● Les diagraphies légères sont les autres diagraphies ; elles sont
plus simples à mettre en œuvre et posent moins de problèmes de
Figure 2 – Schéma général d’un matériel de diagraphie sécurité. Nous citerons :
— la diagraphie de radioactivité naturelle (§ 2) ;
— la diagraphie de résistivité (§ 3) ;
1.2.2 Diagraphies différées — la diagraphie microsismique (§ 4).

Elles sont l’objet principal de cet article. Elles consistent à mesu-


rer depuis l’intérieur du forage l’une des grandeurs physiques carac-
téristiques du terrain telles que celles définies dans l’article [C 224]
(§ 2.2 et 3e colonne du tableau 1).
2. Diagraphie de radioactivité
■ Ces diagraphies sont toujours réalisées à partir d’une sonde des- naturelle (RAN ou γ ray
cendue dans le forage et reliée à la surface du sol par l’intermédiaire
d’un câble. Celui-ci s’enroule autour d’un treuil en passant par une
naturel)
poulie posée sur un trépied à l’aplomb du forage (figure 2).
Le câble remplit plusieurs fonctions. C’est la technique de diagraphie la plus largement utilisée et qui
● Il est porteur ; il supporte le poids de la sonde et ne doit pas est d’ailleurs à recommander systématiquement.
s’allonger, car sa longueur sert à mesurer la profondeur de la
sonde ; celle-ci doit être connue avec une précision meilleure que
0,5 % (soit 5 cm à 10 m de profondeur...).
2.1 Domaine et conditions d’application
● Il transporte l’énergie nécessaire à l’alimentation des circuits
électroniques situés dans la sonde.
● Il transporte l’information entre l’instrumentation située dans la ■ La diagraphie de radioactivité naturelle met en évidence les
sonde et celle qui est en surface. Si tous les circuits sont analogi- matériaux plus ou moins radioactifs naturellement. Parmi les maté-
ques, cette information ne circule que de la sonde vers la surface ; riaux sédimentaires, l’argile est le matériau courant le plus

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est strictement interdite. − © Editions T.I. C 225v2 − 3

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Référence Internet
C225

DIAGRAPHIES ET GÉOPHYSIQUE DE FORAGE ________________________________________________________________________________________________

Numéro
12 13 14 15 16 du forage
Limon brun argileux 0m
Argile blanche et brune, limono-
sableuse Argile grise

Grave calcaire

1 7m

Craie blanche

Les diagraphies mettent bien en évidence la notion de « signature RAN » d'une formation géologique et permettent de suivre l'évolution latérale
des différentes couches.

Figure 3 – Exemple de diagraphies de radioactivité naturelle dans plusieurs forages

radioactif ; c’est pourquoi la diagraphie de radioactivité naturelle système d’axes où la profondeur est portée sur l’axe vertical et la
s’appelle parfois, un peu abusivement, « diagraphie d’argilosité ». radioactivité mesurée, en nombre de coups par seconde (cps), est
Parmi les matériaux cristallins, le granite (ou la rhyolite) est le plus portée sur l’axe horizontal (figure 1). Cette valeur est relative, et
radioactif. La RAN permet alors de distinguer le granite d’autres dépend de la vitesse de remontée de la sonde dans le forage (plus
matériaux et, par exemple, lors de la reconnaissance d’un gisement cette vitesse est grande, moins la courbe est contrastée), de la
de roches massives destinées à être exploitées en carrière, de distin- nature du tubage s’il existe et du caractère sec ou noyé du forage,
guer entre différents types de granites. ainsi que de la taille du cristal qui constitue l’élément sensible du
Dans les séries sédimentaires de type alternances de calcaires, capteur.
marnes, marnocalcaires, argiles, etc., les différentes couches sont Une sonde de diagraphie de radioactivité naturelle comporte en
caractérisées par un profil de radioactivité particulier (signature), effet un capteur constitué d’un cristal qui transforme les impacts de
que l’on retrouve d’un forage à l’autre à l’intérieur du massif. La jux- photons gamma en signal électrique et d’un circuit électronique
taposition des diagraphies dans les différents forages (figure 3) aide associé. C’est donc une sonde essentiellement passive. Du diamètre
à comprendre la structure géologique du massif (variation de de la sonde dépend celui du cristal ; plus le diamètre est faible,
l’épaisseur des couches, failles, etc.). moins le capteur est sensible et plus la vitesse de remontée doit être
L’exploitation de gisements de granulats alluvionnaires peut aussi faible afin que le capteur reste assez longtemps à une profondeur
être guidée par la mesure de la RAN, qui peut servir d’indicateur de donnée pour recevoir suffisamment d’impacts gamma pour que le
« propreté » de granulats. signal soit mesurable (rappelons que la radioactivité est un phéno-
Dans les massifs rocheux fissurés, les fissures sont ou non rem- mène aléatoire et qu’il faut donc effectuer un grand nombre de
plies d’argile. Lorsqu’elles le sont, la RAN les met bien en évidence ; « tirs » pour obtenir un signal stable). L’instabilité du signal due au
lorsqu’elles ne le sont pas, elles sont mises en évidence par d’autres caractère aléatoire du phénomène est compensée par le calcul
types de diagraphies (résistivité ou microsismique), qui sont donc d’une moyenne à travers un circuit d’intégration pour lequel l’opé-
complémentaires pour l’étude des massifs rocheux (figure 1). rateur choisit la constante de temps d’intégration.

■ Concernant les conditions d’application, la diagraphie de radioac-


tivité naturelle est très originale, car elle ne présente aucune contre-
indication. Naturellement, elle ne donnera des résultats contrastés 2.3 Autres appellations et techniques
que si le terrain présente des contrastes de radioactivité, mais cette voisines
absence de contraste est déjà un renseignement utile.
Les forages peuvent être ou ne pas être tubés et le tubage peut être
métallique ou en matière plastique. De même, les forages peuvent être ■ La diagraphie de radioactivité naturelle est souvent appelée
noyés ou secs ; ils peuvent être de très faible diamètre intérieur, gamma-ray, terme anglais, ou gamma-ray naturel.
puisqu’il existe des sondes de diagraphies RAN de 2,5 cm de diamètre.
Ainsi, la diagraphie RAN peut être mise en œuvre dès la fin de la fora- ■ Une technique voisine est la diagraphie de radioactivité naturelle
tion par l’intérieur du train de tiges avant que celui-ci ne soit enlevé. sélective (RAN-S) encore appelée gamma-ray spectral. Elle permet
La mesure peut être parfois fortement bruitée dans les premiers de mesurer la radioactivité suivant plusieurs bandes d’énergie et
mètres sous la surface du sol, lorsque le forage a été réalisé dans un donc de différentier différents éléments des roches.
terrain agricole où l’on a répandu des engrais potassiques qui Exemple
contiennent du potassium 40 radioactif. On distingue, ainsi, la radioactivité du potassium 40 (40 K), dont
l’énergie du photon gamma est 1,46 MeV (mégaélectronvolt), et celles
de l’uranium 238 (238 U) et du thorium 232 (232 Th), dont les énergies
2.2 Principe et résultat fourni sont respectivement 2,35 MeV et 2,61 MeV.

Au prix d’une mesure plus longue et plus délicate, on caractérise


Le résultat d’une diagraphie de radioactivité naturelle se présente, mieux les matériaux en identifiant les types d’argile ou les types de
comme toutes les diagraphies, sous la forme d’une courbe dans un granites.

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C 225v2 − 4 est strictement interdite. − © Editions T.I.

14
Référence Internet
C356

Forage et carottage dans les roches

par Philippe REIFFSTECK


1
Directeur de recherche
IFSTTAR (France)
Note de l’éditeur
Cet article est la version actualisée de l’article C 356 intitulé « Forage et carottage dans les
roches » rédigé par Jean-Paul ROBERT et paru en 2010.

1. Forage .......................................................................................................... C 356v2 - 2


1.1 Méthodes ..................................................................................................... — 2
1.2 Matériels ...................................................................................................... — 2
1.3 Paramètres pour forage rotary .................................................................. — 6
1.4 Paramètres pour le forage en roto-percussion......................................... — 7
1.5 Boues de forage .......................................................................................... — 8
2. Carottage ..................................................................................................... — 9
2.1 Méthode....................................................................................................... — 9
2.2 Matériaux..................................................................................................... — 11
2.3 Choix du type d’outil................................................................................... — 14
2.4 Paramètres de carottage ............................................................................ — 15
3. Glossaire ...................................................................................................... — 17
Pour en savoir plus .............................................................................................. Doc. C 356v2

epuis toujours, l’homme a recherché dans le sous-sol les matériaux


D nécessaires à sa survie et à son développement.
Pour ce faire, il a développé des techniques et matériels de plus en plus
sophistiqués. Mais c’est sans doute la traversée, ou le prélèvement, des roches
qui a posé le plus grand nombre de problèmes.
Cet article s’intéresse plus particulièrement aux différentes méthodes de
forage et carottage dans les sols raides et roches, ainsi qu’aux équipements
Parution : novembre 2018 - Dernière validation : juillet 2020

que ces méthodes mettent en œuvre.

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés C 356v2 – 1

15
Référence Internet
C356

FORAGE ET CAROTTAGE DANS LES ROCHES _____________________________________________________________________________________________

au rotary, que ce soit pour la recherche minière ou la géotech-


1. Forage nique.
• Soudées par friction
Sont décrits les forages courts qui précèdent, ou complètent,
des reconnaissances minières ou géotechniques. Sont exclus les Ce procédé permet d’obtenir une liaison solide entre le tube, qui
forages de type pétrolier. constitue la tige proprement dite, et les deux raccords d’extrémité.
Aussi nommé « forage rotary », ce type de forage consiste en la Plusieurs diamètres sont proposés. Le choix est lié au diamètre
de l’outil de forage.

1
destruction rapide du terrain en place et à l’évacuation des débris
produits par cette destruction. Pour un même diamètre, l’épaisseur des parois et les filetages
peuvent être différents (API, REG, IF). De plus, un choix est pro-
■ En reconnaissance minière posé en longueur de tige afin de s’adapter à plusieurs modèles de
Le forage rotary est principalement utilisé dans les cas sui- machine.
vants : Pour mémoire, nous citerons les diamètres suivants :
– forage rapide, avant carottage, dans les terrains de couverture 70-76-89-114 (mm).
qui ne présentent pas d’intérêt géologique ;
– prise d’échantillons remaniés destinés au laboratoire ; • Masses-tiges
– réalisation de trou pilote pour servir de guide à des élargis- D’un diamètre plus grand, elles apportent un poids supplémen-
seurs de grand diamètre (cheminée d’aération de galerie). taire au train de tiges. Ce surpoids est indispensable au mode de
fonctionnement des outils rotary.
■ En reconnaissance géotechnique
De plus, il provoque le déplacement du point fragile de rupture
Le rotary est utilisé pour : au niveau de ces tiges, mieux capables de supporter les efforts
– l’enregistrement de paramètres de forage ; que les tiges normales.
– préparer le trou pour réaliser des essais pressiométriques ;
Les masses-tiges sont placées immédiatement au-dessus de
– la traversée d’horizons dans lesquels l’interprétation géolo-
l’outil et leur longueur est déterminée par le diamètre à forer et le
gique est connue (géotechnique profonde).
type de machine utilisée.
■ Deux modes opératoires Pour mémoire, nous citerons les diamètres proposés :
Les forages rotary sont exécutés selon deux modes opératoires 89-114-127-140-159-203 (mm).
principaux :
– rotation (voir § 1.1.1) ; ■ Outils
– roto-percussion (voir § 1.1.2). Ils sont de deux sortes :
– tricônes ;
– trépans.
1.1 Méthodes Le choix et les applications dépendent :
– de la nature des sols ;
1.1.1 Rotation – de la puissance de la machine ;
– des performances attendues.
Comme pour le carottage, un ensemble de tiges, raccordées
entre elles, entraîne un outil de coupe en rotation. Par l’applica- • Tricônes
tion d’une poussée sur cet ensemble, nommé « train de tiges », Ils détruisent le terrain par cisaillement. Les molettes, entraî-
l’outil placé à l’extrémité provoque la destruction de la roche. nées par la rotation des tiges, tournent sur elles-mêmes en cou-
Les outils de coupe sont choisis en tenant compte de la dureté vrant la totalité de la surface à détruire. Afin d’éviter le découpage
de la roche, de son abrasivité et de sa fracturation. d’une carotte dans la partie centrale, l’extrémité d’une molette est
prolongée (brise carotte).
Les fabricants proposent deux catégories principales de
1.1.2 Roto-percussion tricônes, dont la variété des profils permet de traverser des sols
Dans cette méthode, l’outil est aussi entraîné en rotation par un de dureté différente (figure 1) :
train de tiges, avec application d’une poussée. Mais, par l’intermé- – à dents ;
diaire d’un système de frappe, des chocs sont provoqués pour – à picots.
faciliter la destruction de la roche. • Tricônes à dents
Ces chocs, transmis par le train de tiges, arrivent jusqu’à l’outil. Chez chaque fournisseur, les outils à dents portent une dénomi-
nation qui permet à l’utilisateur de faire son choix en fonction de
la dureté des terrains qu’il aura à forer.
1.2 Matériels La forme, la hauteur et l’espacement des dents déterminent leur
capacité à détruire des terrains, de tendres à durs.
1.2.1 Pour forage en rotation Plus les terrains sont durs, plus les dents sont courtes et nom-
■ Tiges breuses. Inversement, les dents sont plus longues et écartées
pour les terrains tendres ou « collants ».
Elles sont réparties en deux catégories principales :
Les nuances de dureté sont définies par le code IADC (Interna-
– tiges ; tional Association of Drilling Contractors).
– masses-tiges.
Ce code à chiffres permet de classer les outils des différents
Il existe deux catégories de tiges de forage : fabricants :
– soudées par friction ; – le premier chiffre désigne la série ou formation ;
– avec raccord ou tool-joint. – le deuxième indique le type ou degré de dureté dans la forma-
Nous prendrons en compte uniquement les tiges avec raccords tion ;
soudés par friction, qui sont les plus répandues pour les forages – le troisième caractérise la configuration de l’outil.

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______________________________________________________________________________________________ FORAGE ET CAROTTAGE DANS LES ROCHES

Figure 1 – Tricônes à dents et à picots (ou boutons) (Crédit Reiffsteck)

Les principaux fabricants de tricônes (Atlas Copco, Baker • Trépans ou trilames


Hughes, DBI, JZ Kingdream, Reed, Security DBS, Smith, TSK,
Varel Intl., etc.) proposent différents types d’outils avec leurs réfé- Les trépans agissent aussi par décollement du terrain en frag-
rences propres, classés selon leurs codes IADC. ments. De bonnes performances sont obtenues avec ces outils
dans les sols tendres et non consolidés.
La circulation du liquide d’injection est opérée de deux façons :
– arrivée par le centre de l’outil ; Deux modèles principaux sont proposés sur le marché :
– répartie sur la périphérie et distribuée par des buses. – les trilames escalier ;
Ces buses peuvent être de différentes tailles en fonction de
– les trilames chevrons ou quatre-lames chevrons.
l’action souhaitée :
– nettoyage et participation à l’action des dents ; Le profil « escalier » est bien adapté aux formations tendres et
– nettoyage plus efficace dans des horizons « collants ». collantes (sable argileux, argile compacte).
Pour permettre une longévité plus importante, les roulements Le profil « chevrons » est utilisé dans les terrains de dureté
des molettes sont étanches sur certains modèles et, en particulier, moyenne.
sur les modèles utilisant l’air comprimé pour l’injection.
• Tricônes à picots Le quatre-lames chevrons est employé dans des formations où
le profil chevrons trois lames avance avec difficulté.
Aussi nommés « à boutons », les tricônes à picots sont utilisés
à partir du moment où les performances des outils à dents ne
donnent plus satisfaction, c’est-à-dire dans les terrains durs à très Remarques
durs, et abrasifs. Des « billes », ou picots, sont répartis sur la sur-
face de chaque molette. • Ces outils nécessitent un couple important.
• Les diamètres possibles sont en liaison directe avec le ter-
Ici aussi, d’un fournisseur à l’autre, les dénominations sont dif- rain et le couple de la machine ; sachant que les plus couram-
férentes. Mais on retrouve, grâce au code IADC, les correspon- ment utilisés vont de 1 pouce 7/8 (47,6 mm) à
dances entre les différents fabricants. 17 pouces ½ (444,5 mm).
La forme, la hauteur et l’espacement des picots sont déterminés
par le type de formation à forer :
– longs et espacés pour les terrains relativement tendres ;
– de plus en plus courts et serrés pour les sols durs à très durs, Le nettoyage du forage se fait par l’injection de liquide ou d’air
et abrasifs. (figure 2).
Pour les formations très dures et abrasives, certains fabricants Ces outils sont recommandés pour forer dans les terrains
protègent plus efficacement la partie extérieure des molettes en tendres, là où les tricônes utilisés pour les formations plus tendres
insérant des diamants de protection. La protection des « joues » ne donnent plus satisfaction.
des molettes est réalisée en plaçant des inserts de carbure de
tungstène. Ils sont disponibles sous forme d’outils sapins de 47,6 à
660,4 mm de diamètre, ou sous forme d’outils à chevrons à 3 ou
Dans la pratique, on ne trouve plus que des outils dits « à jets » 4 ailes pour des diamètres de 47,6 à 153 mm.
dans les tricônes à picots et, suivant leur utilisation, les roule-
ments sont aussi étanches. Ils existent aussi en lames interchangeables.

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FORAGE ET CAROTTAGE DANS LES ROCHES _____________________________________________________________________________________________

a b c

Figure 2 – Exemples d’outils à lames (Crédit Reiffsteck)

1.2.2 Pour forage en roto-percussion en présence d’eau. Ce clapet peut être enlevé afin d’obtenir une
plus grande vitesse de pénétration en trou sec.
Il s’agit, comme pour le forage au rotary, de réaliser un trou
destructif : le terrain est entièrement broyé et remonté en surface. ■ Taillants
La différence essentielle réside dans le mode de perforation. Les taillants pour marteau fond de trou sont majoritairement de
À la rotation de l’outil vient se superposer une frappe produite type à picots (aussi appelés « boutons »).
au moyen d’un marteau dit : Ces picots sont de hauteur et de forme différentes pour mieux
– « fond de trou », actionnant un outil de forage grâce à de l’air s’adapter aux conditions de sols :
comprimé ; – rond ;
– « hors trou », avec une injection de fluide (roto-percussion) ou – semi-balistique ;
d’air comprimé. – balistique.
En reconnaissance minière, les forages à percussion sont utili- Le même marteau peut supporter des taillants de tailles diffé-
sés pour l’analyse et l’estimation d’un gisement. rentes.
L’autre usage important de cette méthode est la recherche et
■ Tiges
l’exploitation des nappes phréatiques (forages d’eau).
Ce sont des tiges à embouts filetés mâles/femelles, rapportés
Nous décrirons succinctement deux autres applications du
par soudure et friction.
forage à percussion :
– la méthode ODEX ; Afin de faciliter le déblocage, les tiges sont dotées aux extrémi-
tés de pans de dévissage (2 ou 4 pans). Les diamètres proposés
– la reconnaissance minière en circulation inverse à l’air
vont de 60,3 à 168,3 mm.
(Reverse Circulation).
Le matériel étant différent, nous aborderons séparément les 1.2.2.2 Marteau hors trou
équipements de ces deux techniques de forage à percussion.
Dans cette méthode aussi, la destruction du sol s’opère par
chocs. L’ensemble de frappe est solidaire de la machine et trans-
1.2.2.1 Marteau fond de trou
late sur le mât. Il est activé hydrauliquement ou par air comprimé.
La destruction du terrain est réalisée par les chocs répétés de L’évacuation des déblais se fait par injection de liquide ou d’air.
l’outil, en rotation lente, sur le fond du forage. Il est évident qu’avec cette méthode, les trous de forage seront
L’ensemble « marteau de frappe et outil de frappe » est des- de tailles relativement petites. La méthode est principalement uti-
cendu dans le forage. L’air comprimé parvient au marteau via lisée dans l’exploitation en carrière et pour certains carottages
l’intérieur des tiges. Par l’intermédiaire de lumières, une partie de géotechniques.
l’air provoque la frappe, l’autre partie (échappement) va servir à Les systèmes les plus couramment utilisés sont R22-R25-R28-
l’évacuation des débris de forage. R32-R35-R38.
L’absence de distributeur permet d’injecter des liquides, ou pro-
duits moussants, sans que le fonctionnement du marteau en soit ■ Taillants pour marteau perforateur
affecté. Ces additifs servent à améliorer l’évacuation des déblais. Il existe deux sortes d’outils (figure 3) :
Les diamètres proposés, pour les usages les plus courants, vont – à plaquettes ;
du 1 (25,4 mm) pouce au 12 pouces (304,5 mm). Pour forer dans – à boutons.
des horizons particulièrement abrasifs, il est possible de trouver • Les outils à plaquettes de carbure de tungstène sont utilisés
des marteaux avec enveloppe extérieure renforcée. dans les terrains tendres, argileux et peu, ou pas, abrasifs. Ils
Des adaptations intérieures sont possibles sur certains mar- sont proposés avec une disposition des plaquettes en croix,
teaux, afin de réguler le flux d’air. De même, certains marteaux ou en X, avec des diamètres courants compris entre 43 et
comportent un clapet anti-retour pour améliorer les performances 127 mm.

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Forages et sondages
Pour la reconnaissances des terrains
par Philippe REIFFSTECK
1
Directeur de Recherche
Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement
et des réseaux – IFSTTAR (Marne la Vallée, France)

1. Processus et matériels du forage ........................................................... C 228v3 - 2


1.1 Méthodes de foration et leurs matériels ................................................ — 2
1.2 Fluides et boues de forage ...................................................................... — 10
1.3 Composition d’un atelier de forages et sondages ................................ — 12
2. Valorisation des forages et sondages.................................................... — 14
2.1 Feuille de sondage ................................................................................... — 14
2.2 Valorisation du forage ............................................................................. — 14
2.3 Valorisation des échantillons extraits du sondage ............................... — 16
3. Coût des forages et sondages ................................................................ — 20
3.1 Coût du sondage ...................................................................................... — 20
3.2 Exemple d’un cadre de marché de sondage ......................................... — 21
4. Glossaire ................................................................................................... — 21
Pour en savoir plus .............................................................................................. Doc. C 228v3

armi les méthodes de reconnaissance géologique et géotechnique, les


P forages et sondages tiennent une place importante du fait des renseigne-
ments qu’ils peuvent fournir par eux-mêmes, ou grâce à l’adjonction de
systèmes complémentaires d’informations.
Les principaux domaines d’intervention du forage peuvent être groupés sous
les rubriques suivantes :
– recherche et exploitation de matières utiles :
– minerais,
– charbon,
– eau,
– pétrole,
Parution : octobre 2018 - Dernière validation : juillet 2020

– matériaux de carrières ;
– reconnaissance des sols dans le cadre d’études géologiques, géotech-
niques, hydrogéologiques, pédologiques ;
– préparation de sols en vue de la réalisation d’ouvrages de génie civil :
– pieux forés,
– injections.
Cet article s’intéresse plus particulièrement aux quatre dernières rubriques,
en y incluant la reconnaissance de carrières qui s’y relie par la fourniture de
matériaux pour la construction et l’empierrement.
Bien qu’étant une technique très ancienne, le forage s’est beaucoup déve-
loppé avec les recherches minières et pétrolières, et il a mis à profit de
nombreuses innovations techniques déterminantes comme :
– l’utilisation de matériaux très durs et d’aciers spéciaux ;
– l’air comprimé ;
– la transmission hydraulique.

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FORAGES ET SONDAGES _____________________________________________________________________________________________________________

Le sondage de génie civil utilise des matériels qui sont, en quelque sorte, des
modèles réduits de machines pétrolières.
Les matériels existants sont très nombreux et variés, et l’on trouve sur le
marché des machines et outillages plus ou moins spécialisés, aptes à répondre
aux différents types de problèmes posés.
Nous passerons en revue les diverses méthodes de forage et sondage et les

1
principaux types de matériels en regard des problèmes qu’ils sont appelés à
traiter.
Nous nous intéresserons également à certains appareillages et techniques
destinés à valoriser des opérations toujours coûteuses en investissement et en
fonctionnement.

1. Processus et matériels
du forage
L’appellation « forage » s’applique plus particulièrement, à
l’exécution d’un trou sans récupération d’échantillons.
Son exécution peut servir de base pour la récupération d’infor-
mations (diagraphies), et la mise en place d’appareillages spéci-
fiques (pose de piézomètres, inclinomètres, tassomètres).
Le « sondage » est l’exécution d’un trou avec récupération
d’échantillons, ou la réalisation de mesures in situ.

1.1 Méthodes de foration


et leurs matériels

1.1.1 Forage à percussion ou battage


C’est la méthode de forage la plus anciennement connue et les
Chinois, notamment, l’utilisaient depuis des temps très reculés
pour la recherche d’eau.

■ Dans l’appareillage le plus simple


La destruction de la roche et l’avancement du trou qui en Figure 1 – Trépan-benne type Benoto
résulte sont obtenus à l’aide d’un trépan suspendu à un câble,
auquel un balancier ou un treuil à chute libre imprime un mouve-
ment alternatif de haut en bas. C’est le « sondage au câble » ou pour les forages d’eau et le rabattement de nappe, ainsi que pour
« pennsylvanien ». les forages de pieux (figure 1).

Le trou est curé périodiquement au moyen d’une soupape qui ■ Dans les terrains cohérents et sols fins compressibles
remonte les débris de roche, tandis que, dans les terrains non On notera enfin l’échantillonnage par carottier battu : un tube
cohérents et ébouleux, un tubage poussé à l’avancement (havage) carottier à paroi mince muni d’une trousse coupante est raccordé
assure la tenue des parois du forage et évite le coincement de à un train de tiges. Il peut être foncé par :
l’outil, tout en permettant de connaître les cotes de prélèvement – battage ;
avec une meilleure précision. – vibro-fonçage ;
– pression continue simplement.
■ Dans les terrains non cohérents noyés comme les alluvions
sablo-graveleuses Ce dispositif permet de prélever ainsi, en terrains cohérents de
type sols, des échantillons intacts qui pourront être étudiés en
Le forage peut être exécuté uniquement à la soupape avec laboratoire de mécanique des sols. Pour les sols fins compres-
tubage à l’avancement, s’il n’y a pas d’éléments ou de bancs durs sibles, un type d’échantillonneur spécifique est appelé « carottier
importants dans le terrain. à piston stationnaire ».
Une variante du système consiste à effectuer le forage à l’aide Le carottier battu peut être équipé, à l’intérieur, d’un tube plas-
d’un trépan-benne ou hammergrab : celui-ci comporte à sa partie tique qui peut être transparent. Par ce moyen, il est possible de reti-
inférieure deux coquilles articulées jouant le rôle de trépan en rer l’échantillon sans manipulation excessive, et le protéger aux
position ouverte, et assurant la remontée des déblais en position deux extrémités par des obturateurs, avant envoi au laboratoire.
refermée. Ce sont les systèmes Benoto et Casagrande, utilisés Il peut aussi permettre de faire une identification visuelle.

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_____________________________________________________________________________________________________________ FORAGES ET SONDAGES

1.1.2 Forage à rotation plus lourds pouvant utiliser un trépan en cas de rencontre de
bancs durs.
Le forage à rotation consiste à transmettre à l’outil :
L’outil est fixé au bas d’une tige Kelly (tige à section polygonale
– un couple, pour assurer le découpage du terrain ;
permettant son entraînement en rotation) simple ou télescopique.
– une poussée, pour en assurer la pénétration.
L’outil est relié à la machine par un système de tiges ou de On peut distinguer ici deux générations de machines.
tubages. • Tarières destinées à la reconnaissance superficielle

1
Selon le type d’outil employé, nous envisagerons le forage :
C’est-à-dire : études de tracés routiers, de gîtes alluvion-
– à la tarière (simple (§ 1.1.2.1) ou continue (§ 1.1.2.2)) ; naires, etc. Les profondeurs atteintes vont de 2,50 à 12 m (6 à
– au tricône (§ 1.1.2.3) ; 7,50 m pour les modèles les plus utilisés en France) pour des dia-
– au trilame (§ 1.1.2.3) ; mètres d’outils de 200 à 900 mm.
– avec carottage (§ 1.1.2.4).
Ces machines sont animées par des moteurs de 60 à 120 ch et
1.1.2.1 Tarière simple peuvent délivrer des couples de 700 à 3 000 daN.m.
Le terme de « tarière simple » concerne des matériels de tailles L’enfoncement et la remontée sont assurés par une crémaillère
et de performances très diverses. constituant une des faces du Kelly (Highway), ou par un vérin
hydraulique (Texoma).
Nous y trouvons du matériel léger, portatif (tarière à main et petites
moto-tarières) et du matériel lourd (tarières mécaniques lourdes). • Tarières destinées au forage de pieux
■ Matériel léger Ce sont des tarières susceptibles d’atteindre des profondeurs,
Il correspond aux tarières à main et petites moto-tarières. Il de plus de 30 m. Ces machines, animées par des moteurs de 100
existe en effet, sur le marché, des matériels très simples et à 240 ch, délivrent des couples de 3 000 à 30 000 daN.m (Casa-
robustes, permettant d’exécuter des forages de diamètres 60 à grande, Liebherr, TEC system, etc.).
350 mm en terrains meubles et ne comportant pas de blocs, Les profondeurs importantes peuvent être atteintes grâce à des
jusqu’à des profondeurs évidemment limitées : quelques déci- tiges Kelly télescopiques en deux, trois, ou quatre éléments. Les
mètres à quelques mètres. diamètres des forages peuvent dépasser 2 m, les outils étant sou-
Le type en est la tarière à main (figure 2), qui peut être utilisée vent des tarières-godets.
avantageusement pour la reconnaissance superficielle dans des
zones inaccessibles aux machines.
Remarques
On peut citer, en anecdote, que le pressiomètre Ménard a com-
mencé à être mis en œuvre à l’aide d’une tarière à main. • Dans la plupart des cas, la profondeur d’investigation est
limitée par la rencontre de la nappe aquifère et/ou celle de blocs
Un peu plus performantes, les petites moto-tarières permettent
durs dont la taille dépasse le pas de la spire.
d’effectuer le même type de travaux plus rapidement et à moindre
Toutefois, il existe des possibilités de tubage en utilisant un
fatigue. Ces engins sont animés par des moteurs de 5 à 7 ch.
outil rudimentaire perdu (employé pour la pose de piézo-
■ Tarières mécaniques lourdes mètres) et, pour les roches de dureté moyenne, des mèches
coniques à pointe d’attaque allongée et munies de doigts en
Ces machines, généralement montées sur camions, che- carbure de tungstène (type Alaskaug).
nilles, etc., permettent d’effectuer des sondages et forages en ter-
rains meubles ou en roches tendres ou altérées ; les modèles les • Les tarières simples destinées à la reconnaissance per-
mettent l’établissement de coupes géologiques dont la préci-
sion est fonction de la nature du terrain et de l’adresse du
sondeur : la cote de prélèvement est connue de 10 à 30 cm
près, ou davantage selon la profondeur, et les échantillons sont
remaniés, la teneur en eau étant le plus souvent conservée.
Il est possible toutefois de prélever des échantillons intacts à
l’aide d’un carottier simple à hélice travaillant à sec.

1.1.2.2 Tarière continue


Les tarières continues sont des vis sans fin assemblées bout à
bout, travaillant généralement à sec. Les diamètres vont de 40 à
450 mm et les éléments sont assemblés par emboîtement mâle/
femelle avec clavetage.
L’élément d’attaque est muni d’un outil de forme et de constitu-
tion variables en fonction des terrains à forer (outil à argile, dents
de carbure, etc.) (figure 3).
Les sédiments sont remontés en continu le long des spires. Les
échantillons sont, bien sûr, remaniés et la tarière continue ren-
contre les mêmes limites que la tarière simple : dureté du terrain
et, quoique dans une moindre mesure, présence de la nappe
aquifère en terrain boulant.
La précision des cotes s’altère de façon croissance avec la pro-
fondeur, mais l’expérience du sondeur et sa sensibilité peuvent
pallier en partie cet inconvénient dans certains cas (existence de
Figure 2 – Tarière à main (type Hélix) bancs-repères, contrastes de dureté).

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FORAGES ET SONDAGES _____________________________________________________________________________________________________________

Précisons que ces tarières ne peuvent être mises en place que


par des machines de forage puissantes.

1.1.2.3 Forage au tricône


En comparaison avec le système percussion/battage, le forage au
tricône donne des vitesses d’avancement nettement supérieures.
Issu de la recherche pétrolière, le forage au tricône est large-

1 ment appliqué en :


– reconnaissance géotechnique et minière ;
– recherche d’eau ;
– pour les travaux de génie civil.

Exemple
En géotechnique, les diamètres des tricônes ont été réduits pour
permettre la réalisation de forage dans les diamètres correspondant
au diamètre maximal autorisé pour un essai donné : 63,5 mm pour un
essai avec le pressiomètre (tableau 1).

Entraîné en rotation et poussé par les tiges, le tricône détruit le


terrain par répétition de chocs. Les molettes, en tournant sur elles-
mêmes, couvrent la totalité de la surface à détruire. Une des trois
molettes est munie d’une partie prolongée vers le centre de l’outil,
évitant ainsi l’amorçage d’une carotte, pouvant pénaliser la
vitesse d’avancement de l’ensemble.
Figure 3 – Tarière continue et outils Les débris de la destruction du terrain sont remontés en surface
par une circulation d’eau, de boue bentonitique ou d’air com-
■ Usage des tarières creuses primé, amenée par l’intermédiaire des tiges.

Pour la traversée des zones à éboulement, les fabricants pro- ■ Sur un tricône standard
posent des tarières creuses. Ces dernières, raccordées entre elles
Le fluide de circulation (ou l’air) est amené au travers des tiges
par filetage mâle/femelle, ménagent un espace dans la partie cen-
dans la partie centrale de l’outil.
trale. Cet espace laisse le passage pour une injection de boue ben-
tonitique ou de boue à base de polymère. Ce qui facilite une ■ Pour améliorer les performances sur certains tricônes dits « à jets »
meilleure tenue des parois du forage.
Le fluide (ou l’air) est amené sur trois ouvertures positionnées à
Pour les plus petites sections (diamètre 63 mm), ces tarières la périphérie de l’outil. Ces ouvertures peuvent être munies de
creuses peuvent être utilisées lors de la mise en place des sondes buses de calibres différents en fonction du but recherché (évacua-
pour essais pressiométriques. tion plus rapide des déblais, participation à la vitesse d’avance-
En ce qui concerne les plus grands diamètres, jusqu’à 225 mm ment).
et plus suivant les fabricants, leur mise en place nécessite des Si le terrain traversé présente des risques d’éboulements, un
machines dotées de couple élevé. Très employées pour les injec- tubage de revêtement provisoire est mis en place, entraînant ainsi
tions de coulis de ciment ou la pose d’appareillages spéciaux (pié- un changement de diamètre de l’outil.
zomètres, etc.).
■ Deux catégories de tricônes
■ Principe des tarières de type « Hollow Stem Auger »
Les tricônes se répartissent principalement en deux catégories,
Un autre système de tarière creuse est proposé sur le marché. pour faire face aux différentes conditions de sols à détruire :
Surtout utilisées dans les pays anglo-saxons, les tarières de type – tricônes à dents ;
« Hollow Stem Auger », ont été conçues pour forer et tuber en
– tricônes à picots.
même temps, en particulier dans les horizons difficiles (sables,
graviers, galets, etc.). • Dans les sols fortement abrasifs
Le principe est le suivant : En vue d’augmenter la durée de vie de ces outils, en particulier
– le passage intérieur de la tarière est suffisant pour y introduire dans les sols fortement abrasifs, certains fabricants proposent des
un train de tiges, équipé à son extrémité d’un outil de forage pilote outils avec renforcement des parois extérieures des molettes au
(trilame) ; moyen de pastilles de tungstène.
– une adaptation spécifique (tête double) entraine à la fois la • Dans les sols fortement argileux
tarière et les tiges ; Le tricône peut avantageusement être remplacé par le trilame.
– la tarière inférieure est munie à son extrémité de plaquettes Entraîné de la même façon que le tricône, le trilame agit par
supportant des outils à doigts. décollement du terrain en fragments. Le nettoyage des débris est,
Ainsi, le fonçage en rotation de l’ensemble tarières/tiges peut se surtout, réalisé par injection d’eau ou de boue.
dérouler sans introduction de matériau dans la partie centrale des
tarières. Ces dernières sont verrouillées entre elles par des vis et 1.1.2.4 Carottage par rotation
les tiges par vissage.
Le but du carottage est de découper un échantillon de sol et
La profondeur atteinte, les tiges sont retirées, libérant ainsi la de le remonter, autant que possible, dans le meilleur état natu-
partie centrale. Il est ainsi possible de procéder, soit à des essais rel. Ceci afin de permettre une identification visuelle, et aussi
in-situ (carottage, SPT, etc.), soit descendre des micropieux, pièzo- procéder à différents tests en laboratoire, compte tenu de la
mètres ou système de monitoring de puits. finalité de l’investigation.

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Tableau 1 – Dimensions des trous normalisés, en normes métriques et DCDMA


D’après doc. Atlas Copco DCDMA : Diamond Core Drill Mining Association
Norme métrique Pour dimensions du trou DCDMA

Tubes de revêtement Tubes de revêtement


Diamètre du trou
Tiges Tiges
(en mm)

1
(en mm) (en mm)

NW 143/134 146
140 mm

NW 128/119 131

NW 113/104 116 116,7 HX HW

114,3/100,0

NW 98/89 101 99,2 NX NW

88,9/76,2 HSK

50 mm 84/77 86

50 mm

82 mm

50 mm 74/67 76 BX NW

50 mm 73,0/60,3 NSK

72 mm 75,8

50 mm

50 mm 64/57 66

63 mm 60 AX BW

50 mm 57,1/48,4 BST

53 mm 54/47 56

53 mm

42 mm 44/37 46 48 EX AW

43 mm 46,0/38,1 AST

43 mm

À la différence du carottier battu (§ 1.1.1), le carottage s’effec- diciable à la récupération de la carotte, qui peut être détruite en
tue au moyen de la mise en rotation d’un tube préleveur (carot- totalité ou partie.
tier), doté à son extrémité d’un outil de coupe (couronne). Pour éviter (ou diminuer) cette érosion, un deuxième tube (intérieur)
Comme pour le tricône ou le trilame, le tube carottier est est positionné à l’intérieur du carottier (tube extérieur). L’ensemble des
entraîné en rotation et poussé par l’intermédiaire des tiges reliées deux tubes est solidarisé au moyen d’une tête pivotante.
à la machine. Une injection de liquide est, là aussi, indispensable L’action de rotation fait tourner le tube extérieur, sans entraîner
pour assurer l’évacuation des débris de découpage et refroidir en rotation le tube intérieur qui reçoit l’échantillon découpé. Le
l’outil de coupe (figure 4). liquide d’injection n’arrive plus directement sur la carotte, mais
En fonction de la nature des sols, la récupération de l’échantil- circule entre les deux tubes, minimisant ainsi l’action destructrice
lon découpé peut s’avérer difficile ou incomplète. C’est pourquoi de l’eau dans les sols meubles (figure 5).
le système a été particulièrement développé pour obtenir l’échan-
tillon le plus représentatif du terrain traversé. ■ Carottier à triple enveloppe
Il s’agit d’un carottier double dans lequel une gaine plastique,
■ Carottier double parfois transparente, est positionnée à l’intérieur du tube inté-
Dans un carottier simple, l’eau de refroidissement et d’évacua- rieur. L’avantage principal en est :
tion des débris arrive directement sur l’échantillon découpé. Dans – la facilité d’extraction de la carotte ;
le cas d’un sol meuble, l’action de ce liquide est fortement préju- – sa protection, dans l’attente de son envoi en laboratoire.

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1

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C212

L’eau dans le sol

par Jean-Pierre MAGNAN


1
Ingénieur en chef des ponts et chaussées
Directeur technique au Laboratoire central des ponts et chaussées, Paris
Professeur de mécanique des sols et des roches à l’École nationale des ponts et chaussées

1. Généralités................................................................................................. C 212 - 2
1.1 L’eau dans le sol........................................................................................... — 2
1.2 L’eau dans la nature..................................................................................... — 2
2. Contraintes et pressions d’eau dans les sols................................... — 2
2.1 Rappels sur la notion de contrainte dans un milieu granulaire............... — 2
2.2 Contraintes totales et contraintes effectives ............................................. — 3
2.3 Exemple : contraintes géostatiques et nappe au repos ........................... — 4
3. Loi d’écoulement de l’eau dans le sol................................................ — 4
3.1 Définitions .................................................................................................... — 4
3.2 Loi de Darcy ................................................................................................. — 5
3.3 Coefficient de perméabilité......................................................................... — 6
3.4 Écoulement en milieu anisotrope .............................................................. — 6
3.5 Mesure en laboratoire du coefficient de perméabilité du sol .................. — 7
4. Écoulements permanents dans les sols............................................. — 8
4.1 Objet de l’hydraulique des sols .................................................................. — 8
4.2 Écoulement en milieu homogène et isotrope ........................................... — 8
4.3 Écoulement en milieu homogène et anisotrope....................................... — 9
4.4 Méthodes de résolution des problèmes d’écoulement............................ — 10
4.5 Réseau d’écoulement .................................................................................. — 12
5. Pressions d’écoulement ......................................................................... — 13
5.1 Interaction entre les phases solide et liquide............................................ — 13
5.2 Expression de la pression d’écoulement................................................... — 14
5.3 Gradient hydraulique critique..................................................................... — 14
6. Résolution numérique des problèmes d’hydraulique des sols .... — 14
6.1 Méthode des éléments finis........................................................................ — 15
6.2 Méthode des différences finies .................................................................. — 16
Parution : novembre 1999 - Dernière validation : juillet 2020

6.3 Exemples de réseaux d’écoulement .......................................................... — 16


7. Hydrogéologie ........................................................................................... — 18
7.1 Définition des nappes.................................................................................. — 18
7.2 Étude hydrogéologique............................................................................... — 19
7.3 Mesure en place des coefficients de perméabilité. Essais d’eau............. — 20
7.4 Mesure de la pression interstitielle. Piézomètres ..................................... — 22
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. C 212

L ’eau appartient à de nombreuses sciences de la nature et de la vie. Elle inté-


resse les gestionnaires des ressources en eau, les chimistes, les biologistes,
les météorologues, les spécialistes des sols agricoles, les écologues, les
marins... Pour sa part, l’ingénieur de génie civil connaît surtout l’eau comme
composante du sol et pour ses interactions mécaniques avec les ouvrages.

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C212

L’EAU DANS LE SOL ____________________________________________________________________________________________________________________

Dans cet article sont introduites les notions utilisées pour la description du
comportement mécanique de l’eau dans les sols, notamment la loi de Darcy,
base de l’analyse des écoulements de l’eau dans les milieux poreux naturels ;
l’équation fondamentale des écoulements permanents dans les sols, ses métho-
des de résolution et quelques exemples sont étudiés. Enfin, quelques notions
d’hydrogéologie utiles pour les études de génie civil sont données.

1
1. Généralités
Eau discontinue

1.1 L’eau dans le sol Frange capillaire


non saturée

Nous avons vu dans ce traité [4] que l’eau peut se trouver dans
plusieurs états à l’intérieur d’un sol, suivant l’intensité des forces
liant ses molécules aux particules solides (figure 1). On distingue : Frange capillaire
saturée
— l’eau de constitution, qui entre dans la composition chimi-
que des minéraux dont les particules de sol sont formées ;
— l’eau liée ou absorbé, à la surface des grains très fins, qui est
orientée par les forces d’attraction moléculaire et les forces Nappe
électrostatiques ; elle a une viscosité élevée et ne transmet pas les
pressions ;
— l’eau libre, qui circule librement dans les pores du sol sous
l’effet des forces de pesanteur ;
Particules Eau libre Air
— l’eau capillaire, qui, dans les sols non saturés, en présence
d’air ou d’autres gaz, est retenue dans les canaux les plus fins du sol Eau adsorbée Eau capillaire
par les forces capillaires.
Figure 1 – Différents états de l’eau dans le sol
Ces liaisons de l’eau avec les particules du sol dépendent de la
nature minéralogique des particules et de leurs dimensions. Dans
les sols fins argileux, l’eau peut se trouver dans les quatre états indi-
qués ci-avant et la hauteur de la frange capillaire peut atteindre plu-
sieurs dizaines de mètres au-dessus de la surface de la nappe. Dans
2. Contraintes et pressions
les sables, il n’y a pas d’eau de constitution et en général pas d’eau
liée et la frange capillaire a quelques centimètres de hauteur. Au-
d’eau dans les sols
delà de la hauteur limite d’ascension capillaire (frange capillaire),
l’eau n’est plus continue dans l’espace des pores et n’intervient pas 2.1 Rappels sur la notion de contrainte
de façon autonome dans le comportement mécanique du sol.
dans un milieu granulaire
La notion de contrainte appartient à la mécanique des milieux
1.2 L’eau dans la nature continus, qui est utilisée pour décrire le comportement mécanique
des sols.
Les contraintes sont introduites pour assurer l’équilibre interne
L’eau présente dans le sol ne représente qu’une faible partie de des massifs de milieux continus : on considère un massif V de milieu
l’eau existant à la surface du globe terrestre. L’essentiel de cette eau continu, de forme quelconque (figure 2), que l’on suppose coupé en
est salée et se trouve dans les océans et les mers (97,2 %). L’eau deux parties par une surface S. Si le massif V est en équilibre sous
douce est répartie entre les glaciers (2 %), les nappes souterraines l’action des forces extérieures qui lui sont appliquées, les parties V1
(0,58 %, soit environ huit millions de kilomètres cubes), les lacs et et V2 de ce solide sont elles-mêmes en équilibre sous l’action des
cours d’eau (0,16 %) et l’atmosphère, sous forme de vapeur forces extérieures qui leur sont directement appliquées et des forces
(0,001 %). L’eau souterraine communique avec les réservoirs d’eau internes qui représentent l’effet sur V1 des forces appliquées à V2 (et
douce et salée, avec les rivières et avec l’atmosphère (évaporation réciproquement). Ces forces internes sont réparties sur la surface S.
et précipitations). Par ailleurs, en fonction de la température, elle
peut se changer en glace ou se former à partir de la glace. Si l’on note δ F la réaction élémentaire qui s’exerce sur un élément
δ S de centre M de la surface S, on définit le vecteur de contrainte σ

Cet article ne traite que de l’eau liquide à l’intérieur du sol, δF


comme la limite du rapport ------- lorsque la surface δS tend vers zéro :
dont l’état de pression et l’écoulement interagissent avec les δS
déformations et la stabilité des ouvrages. La place de cette eau
dans le cadre plus large de l’hydrogéologie est décrite dans le δF
paragraphe 7. σ = lim ------
δS
-
δS → 0

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____________________________________________________________________________________________________________________ L’EAU DANS LE SOL

σ
V1 σ
dF
n P
M τ
M
dS

1
S P dS
V2

Figure 3 – Projections du vecteur de contrainte sur la normale et sur


Figure 2 – Contrainte dans un milieu continu le plan de la facette S d

Le vecteur de contrainte σ dépend à la fois du point M du milieu de pression dans l’air. On peut mesurer localement la pression de
et de l’orientation de la surface δS en ce point (repérée par exemple l’eau ou la pression de l’air en utilisant un capteur comportant une
chambre de mesure rigide dans laquelle ne peut pénétrer que le
par la direction de sa normale n ). fluide dont on veut mesurer la pression.
Cette définition, qui repose sur l’existence d’une limite lorsque la La pression de l’eau est appelée pression interstitielle et notée
surface δS devient très petite, se justifie dans un milieu continu à u. Dans certains cas, on utilise aussi la notation uw (pour distinguer
une seule phase. Dans le cas d’un milieu granulaire comportant plu- la pression de l’eau de celle de l’air) ou pw , si le symbole « u » a une
sieurs phases, elle risque de ne plus intéresser que l’une des phases autre utilisation.
du milieu (particule solide, eau ou air, dans le cas d’un sol) quand la
surface δS tend vers zéro. Si l’on ne regarde jamais le comporte- La pression de l’air est appelée « pression de l’air » ou « pression
ment d’un sol à l’échelle d’une particule ou d’un pore, la définition de l’air dans les pores » et notée ua . Dans certains cas, on utilise
de la contrainte peut être étendue au milieu homogène constitué de aussi la notation pa .
l’ensemble des constituants du sol, à condition que le nombre des
particules dans le volume élémentaire dV ou sur la surface élémen-
Les pressions de l’eau et de l’air, comme les contraintes tota-
taire dS soit assez grand pour qu’on n’ait pas à les distinguer pour
les, sont en général comptées à partir de la pression atmosphé-
décrire le comportement de ce volume élémentaire (ou surface élé-
rique (à la surface d’un réservoir d’eau la pression de l’eau est
mentaire) de sol. On admet en général qu’il suffit d’une dizaine de
nulle et la contrainte totale verticale est nulle à la surface d’un
particules dans chaque direction de l’espace pour satisfaire cette
massif de sol non chargé).
condition, ce qui est souvent le cas dans la pratique (le problème ne
se pose que pour les tas d’enrochements ou de blocs de rocher).

2.2.3 Sols saturés. Contraintes effectives.


Principe des contraintes effectives
2.2 Contraintes totales et contraintes
effectives À l’intérieur d’un massif de sol, la pression de l’eau ou la pression
de l’air s’appliquent en chaque point et se combinent aux contrain-
tes totales pour induire le comportement local du sol. Dans les sols
2.2.1 Contraintes totales saturés (en eau), il est admis depuis la publication du « principe des
contraintes effectives » de Terzaghi en 1925 que les déformations
Dans les sols, le commentaire précédent conduit à introduire un des sols ne dépendent pas séparément des contraintes totales et
vecteur de contrainte défini sur l’ensemble des phases, noté σ et des pressions d’eau mais de leur différence. On introduit pour cette
appelé « vecteur de contrainte totale ». Le vecteur de contrainte raison un nouveau type de contraintes, appelées « contraintes
effectives » et qui sont reliées de la façon suivante aux contraintes
totale σ peut être projeté sur la normale n et sur le plan de la sur- totales et pressions interstitielles.
face δS (figure 3). On définit ainsi : Le vecteur de contrainte effective σ ′ est égal à :
— la contrainte totale normale σ (ou σn) ;
— la contrainte totale tangentielle τ, σ ′ = σ Ð un
qui sont telles que : avec σ′ vecteur de contrainte totale,
σ = σ n + τt
n vecteur unitaire de la normale à la surface δS,
en désignant par n et t les vecteurs unitaires de la normale et de la u pression interstitielle.
direction de la contrainte tangentielle dans le plan de δS.
Cette relation s’écrit aussi souvent sous la forme :
La contrainte totale normale peut être mesurée en utilisant un
capteur de pression mis en contact avec le sol. σ′ = σ –u

 τ′ = τ
2.2.2 Pression d’eau et pression d’air avec σ’ contrainte effective normale,
σ contrainte totale normale,
Si les phases liquide et/ou gazeuse du sol sont continues, comme
u pression interstitielle,
c’est le cas pour l’eau ou pour l’air dans les zones du schéma de la
figure 1, les pressions se transmettent à l’intérieur de chaque fluide τ contrainte totale tangentielle,
et on peut définir un champ de pression dans l’eau et/ou un champ τ’ contrainte effective tangentielle.

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L’EAU DANS LE SOL ____________________________________________________________________________________________________________________

Comme la pression de l’eau n’a pas d’influence sur les contraintes


tangentielles, τ et τ ’ sont le plus souvent appelées indistinctement Surface du sol
« contrainte tangentielle ». (horizontale) 0 Toit de la nappe
Le principe des contraintes effectives affirme que la contrainte
effective ainsi définie détermine le comportement mécanique du sol Massif de sol σv u
saturé, ce qui signifie notamment qu’il n’y a pas de déformations P
homogène
sans variations des contraintes effectives et inversement. Il en et saturé

1
résulte qu’une augmentation égale et simultanée de la contrainte z
totale normale et de la pression interstitielle est sans effet sur l’état
de déformation du sol.
Nota 1 : le principe des contraintes effectives est valable lorsque la rigidité de l’empile- Figure 4 – Contraintes géostatiques et nappe au repos
ment des particules qui constitue le squelette du sol est faible devant la rigidité des parti-
cules elles-mêmes et celle de l’eau. Il ne s’applique plus en particulier dans le cas des
roches et des sols dont les particules sont cimentées.
Nota 2 : lorsque les particules des sols sont bien individualisées et ont peu d’interaction
avec l’eau interstitielle (graves et sables propres), on peut montrer que les contraintes
effectives sont les « contraintes intergranulaires », qui se transmettent par les particules
dans la masse du sol. Dans le cas des argiles, cette démonstration n’est pas convaincante
et le concept de contraintes effectives doit être admis comme un principe validé par l’expé-
3. Loi d’écoulement de l’eau
rience. dans le sol
2.3 Exemple : contraintes géostatiques On ne s’intéresse dans la suite de cet article qu’à l’eau libre,
et nappe au repos aussi appelée eau gravifique.
Le sol est défini par sa porosité :
Dans un massif de sol saturé à surface horizontale, baigné par volume des vides
une nappe en équilibre (figure 4), on peut calculer la contrainte n = -------------------------------------------------
volume total
totale verticale σv et la pression de l’eau u au point P situé à la pro-
fondeur z : supposée constante au cours du temps (en fait, pour être tout à
— pour la contrainte totale verticale, l’équilibre de la couche de fait exact, il faut prendre la porosité efficace, définie comme le
sol située au-dessus du point P implique que la contrainte σv soit rapport du volume des vides dans lesquels l’eau libre peut circu-
égale à : ler au volume total). Le sol est supposé saturé dans toute la zone
σv = ρgz = γz intéressée par l’écoulement. On admet en outre qu’il est homo-
gène et, sauf mention contraire, isotrope.
avec ρ masse volumique du sol (saturé),
g accélération de la pesanteur, habituellement
prise égale à 10 m/s2 en mécanique des sols,
z profondeur du point P, comptée positivement
3.1 Définitions
vers le bas à partir de la surface du sol
(convention de la mécanique des sols),
3.1.1 Charge hydraulique
γ poids volumique du sol (saturé) ;
— pour l’eau qui remplit les pores du sol, la distribution des pres- Pour décrire les mouvements des fluides en mécanique des
sions est la même que dans une nappe en équilibre hydrostatique et fluides, on utilise la notion de charge hydraulique, qui est une éner-
la pression interstitielle u est égale à : gie potentielle par unité de volume de fluide. Pour l’écoulement de
u = ρwgz = γwz l’eau, la charge hydraulique h a pour expression :
2 2
avec ρw masse volumique de l’eau, u v u v
h = ----------- + z + ------- = ------ + z + -------
g accélération de la pesanteur, ρw g 2g γw 2g
z profondeur du point P, comptée à partir de la
avec u pression de l’eau,
surface du sol,
γw poids volumique de l’eau. ρw masse volumique de l’eau,
g accélération de la pesanteur,
Par conséquent, la contrainte effective verticale au point P est
égale à : v vitesse d’écoulement de l’eau,
σ ’v = σv – u = (ρ – ρw)gz = (γ – γw)z z cote (altitude) du point considéré, comptée
ou : positivement vers le haut à partir d’un niveau de
σ ’v = ρ ’gz = γ ’z référence donné (convention de l’hydraulique),
γw poids volumique de l’eau.
en introduisant les paramètres ρ ’ et γ ’, appelés respectivement
masse volumique déjaugée et poids volumique déjaugé et égaux à : La charge hydraulique contient trois termes : les deux premiers
ρ ’ = ρ – ρw correspondent à l’énergie des forces extérieures et le troisième à
l’énergie cinétique de l’eau en mouvement. La vitesse de l’eau dans
γ ’ = γ – γw . les sols est en général très faible : dans les couches d’argile, l’eau
parcourt une dizaine de mètres en dix ou vingt ans (quelques milli-
Les contraintes calculées dans l’hypothèse d’un massif homo- mètres par jour). Dans des cas exceptionnels, elle atteint 1 m/s. Le
gène à surface horizontale sont appelées contraintes géostatiques. terme dû à l’énergie cinétique (v 2/2g ) reste donc faible devant les

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____________________________________________________________________________________________________________________ L’EAU DANS LE SOL

deux autres. Il est pour cette raison négligé en mécanique des sols.
L’expression de la charge hydraulique se réduit donc à :
u u
h = ------------- + z = ------ + z
ρw g γw
La charge hydraulique a la dimension d’une longueur et est géné-
ralement exprimée en mètres.
trajectoire d'une molécule d'eau

1
La pression interstitielle u se déduit de la charge hydraulique par
direction moyenne de l'écoulement
la relation :
u = γ w(h – z)
Figure 5 – Trajectoire des molécules d’eau dans un sol

Remarque : h est la cote à laquelle remonterait l’eau dans un


tube placé dans le massif de sol au point P.

dQ v

3.1.2 Gradient hydraulique


n
Le gradient hydraulique est un vecteur défini comme l’opposé du
gradient de la charge hydraulique h :
dS

i = Ð grad h
Il a pour composantes : Figure 6 – Vitesse d’écoulement

∂h ∂h ∂h
i x = Ð --------- ; i y = Ð --------- ; i z = Ð ---------
∂x ∂y ∂z La vitesse moyenne apparente v et la vitesse moyenne vraie v ′
sont liées par la relation :
3.1.3 Surfaces équipotentielles v
v ′ = ---
et surfaces isopièzes n
avec n porosité du sol.
Les surfaces sur lesquelles la charge hydraulique est constante La vitesse moyenne vraie est un peu plus grande que la vitesse
sont appelées « surfaces équipotentielles ». Les surfaces sur les- moyenne apparente.
quelles la pression de l’eau est constante sont appelées « surfaces
isopièzes ».
Compte tenu de sa définition, le vecteur de gradient hydraulique 3.1.5 Lignes et tubes de courant
en un point P est normal à la surface équipotentielle qui passe par
ce point. On appelle ligne de courant une courbe tangente en chaque point
au vecteur vitesse d’écoulement en ce point. Il s’agit donc de la tra-
jectoire (moyenne) dans le sol de l’eau qui passe par un point. Si
3.1.4 Vitesse d’écoulement cette courbe est rectiligne, l’écoulement est dit linéaire. Par chaque
point d’un massif de sol homogène ne passe qu’une seule ligne de
Dans un sol (ou milieu poreux), les pores qui séparent les particu- courant.
les et sont offerts à la circulation de l’eau ont des dimensions et des Les lignes de courant qui partent des points d’une courbe fermée
formes très variables (figure 5). Les molécules d’eau suivent donc de l’espace délimitent un volume appelé « tube de courant », qui
une trajectoire sinueuse et irrégulière qu’il n’est pas possible de constitue une sorte de tuyau virtuel : l’eau qui entre dans un tube de
décrire simplement. courant ne peut sortir latéralement de ce volume en coupant les
On est donc conduit, faute de pouvoir raisonner sur les vitesses lignes de courant.
réelles, à introduire une vitesse moyenne dite « vitesse d’écoule-
ment », définie comme la limite du rapport dQ/dS du débit dQ à tra-
vers une section dS de normale n (figure 6). 3.2 Loi de Darcy
On démontre que, dans le cas d’un fluide incompressible, le rap-
port dQ /dS est de la forme : La vitesse d’écoulement de l’eau dans un massif de sol dépend de
dQ la géométrie des pores du sol offerts à la circulation de l’eau et aussi
-------- = v á n des différences de charge hydraulique entre les points du massif.
dS
La relation entre la vitesse d’écoulement et la charge hydraulique
le vecteur v étant défini, en chaque point, indépendamment de dans un écoulement unidimensionnel a été déterminée expérimen-
talement en 1856 par Darcy, qui étudiait le débit de l’eau dans un
l’orientation de la section dS ou encore de la normale n à cette sec- tube rempli de sable. Cette relation s’écrit sous la forme :
tion.
v = ki
Ce vecteur v est appelé « vitesse d’écoulement » (ou vitesse de
filtration). C’est une vitesse moyenne apparente, le débit étant rap- avec v vitesse d’écoulement,
porté à la section totale du sol (particules + vides). i gradient hydraulique, égal à – dh/dx (écoulement
On définit également en chaque point la vitesse moyenne vraie, unidimensionnel suivant la direction Ox ),
rapportée à la seule section des vides offerts à l’écoulement et
k coefficient de proportionnalité, appelé coefficient
notée v ′ . de perméabilité (§ 3.3).

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29
1

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C301

L’eau dans les sols non saturés

par Pierre DELAGE


1
Professeur à l’École nationale des ponts et chaussées (ENPC)
Directeur de recherche au Centre d’enseignement et de recherche en mécanique des sols
(CERMES)
et Yu-Jun CUI
Directeur de recherche au Centre d’enseignement et de recherche en mécanique des sols
(CERMES)

1. Succion dans les sols.............................................................................. C 301 - 2


1.1 Capillarité ..................................................................................................... — 2
1.2 Interactions physico-chimiques entre l’eau et l’argile.............................. — 3
1.3 Microstructure des sols non saturés.......................................................... — 5
1.4 Définition de la succion............................................................................... — 7
1.5 Relation succion - humidité relative........................................................... — 7
2. Techniques de contrôle et de mesure de la succion...................... — 8
2.1 Introduction.................................................................................................. — 8
2.2 Contrôle par plaque tensiométrique .......................................................... — 8
2.3 Contrôle par « translation d’axes » ............................................................ — 8
2.4 Technique de contrôle osmotique.............................................................. — 9
2.5 Technique de contrôle par phase vapeur .................................................. — 10
2.6 Mesure tensiométrique de la succion........................................................ — 10
2.7 Mesure psychrométrique de la succion..................................................... — 11
2.8 Méthode du papier-filtre ............................................................................. — 11
2.9 Mesures de succion par d’autres systèmes .............................................. — 12
3. Propriétés de rétention d’eau............................................................... — 12
3.1 Généralités ................................................................................................... — 12
3.2 Courbe de rétention - hystérésis ................................................................ — 12
3.3 Cas des sols argileux. Effet de l’indice de plasticité ................................. — 13
4. Transferts d’eau dans les sols non saturés ...................................... — 15
4.1 Équations de transfert en phase liquide .................................................... — 15
4.2 Equations de transfert en phase gazeuse.................................................. — 16
Parution : novembre 2000 - Dernière validation : juillet 2020

5. Techniques de mesure de perméabilité ............................................. — 16


5.1 Généralités ................................................................................................... — 16
5.2 Méthode de Gardner pour la perméabilité à l’eau.................................... — 16
5.3 Méthode en régime permanent pour la perméabilité à l’eau et à l’air ... — 17
5.4 Méthode du profil instantané pour la perméabilité à l’eau...................... — 17
5.5 Perméabilité à l’air....................................................................................... — 18
6. Conclusion ................................................................................................. — 20
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. C 304

L ’eau joue un rôle majeur dans le comportement des sols non saturés. Sa
cohabitation avec l’air dans les pores prend des formes variées, selon que
l’eau domine et l’air ne peut se déplacer librement, ou au contraire que l’air
occupe l’essentiel des pores et l’eau est bloquée aux contacts des particules,
ou encore que l’eau et l’air peuvent se déplacer tous les deux. Outre les phé-
nomènes de capillarité, qui se développent aux contacts des deux fluides, l’eau

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Construction C 301 − 1

31
Référence Internet
C301

L’EAU DANS LES SOLS NON SATURÉS ______________________________________________________________________________________________________

peut interagir avec les minéraux des particules du sol : ces interactions
physico-chimiques sont particulièrement importantes dans les argiles. Enfin, la
concentration des sels dissous dans l’eau est à l’origine de phénomènes osmo-
tiques, qui influencent la migration des molécules d’eau dans les pores du sol.
Cet article décrit les différents états de l’eau dans les sols non saturés, les
phénomènes physiques qui déterminent l’interaction de l’eau et des minéraux

1
et les lois de déplacement de l’eau dans les sols non saturés. Il présente, en
particulier, les techniques expérimentales permettant de mesurer ou imposer la
succion, et de caractériser les capacités de rétention et de transfert de l’eau
dans ces sols.

1. Succion dans les sols


Air
σs σs
1.1 Capillarité
Les phénomènes de capillarité se produisent à l’interface entre
deux fluides, car les molécules y sont soumises à un ensemble de
forces d’interactions non équilibrées, à la différence d’une molé-
cule située au sein du fluide. Une molécule d’eau au sein d’une Eau
masse d’eau est soumise à des actions de même nature
(figure 1b ), alors que celle à l’interface entre deux fluides, eau-air a à l'interface eau-air
par exemple, est soumise à des actions différentes : actions dues
à l’eau et actions dues à l’air (figure 1a ). Les molécules d’eau à
l’interface eau-air sont donc attirées vers la masse d’eau et la sur-
face de l’eau est soumise à une force perpendiculaire à la surface
libre. C’est cette attraction qui engendre une tension de surface σs
à l’interface, représentée sur la figure 1 dans le cas d’une interface
plane.
La capillarité est souvent illustrée par le schéma de la figure 2,
décrivant la remontée capillaire h de l'eau dans un tube de rayon r Eau
petit plongé dans un récipient contenant de l’eau. La relation entre
le rayon de courbure du ménisque sphérique eau-air dans le tube b au sein d'une masse d'eau
et la différence de pression entre l'air et l'eau est donnée par la loi
de Laplace, qui se simplifie dans l'hypothèse de pores cylindriques
et prend l'expression de la loi de Jurin : Figure 1 – Actions de forces sur une molécule d’eau
2 σ s cos θ
u a – u w = ------------------------
- (1)
r
avec ua et uw respectivement les pressions d’air et d’eau,
σs la tension de surface eau-air, θ θ
θ l’angle de raccordement entre le ménisque et le σs ua = 0 σs
solide. uw
On a pour l’eau :
σs = 72,75 × 10–3 N/m et cos θ = 1. h
Surface libre
Cette relation implique que, au niveau du ménisque, la pression ua = 0
d'eau est inférieure à la pression d'air, et ce d'autant plus que r est
petit. La pression atmosphérique étant prise nulle par convention, uw = ua = 0
il s'ensuit que la pression de l'eau dans le tube est négative, du fait
de la tension gravitaire exercée sur l’eau. Si l’on considère la
charge hydraulique h du fluide à l'équilibre hydrostatique, avec
une origine placée à la surface plane du liquide, on a :
h = uw /γw + z = Cte = 0 (2)
Figure 2 – Remontée capillaire dans un tube
et donc, dans le fluide :
uw = – γ w z (3)
L'eau dans le tube capillaire est sous une tension proportionnelle En fait, la loi de Jurin peut se retrouver simplement à l’aide de
à la hauteur d’eau. Dans les conditions usuelles, cette tension ne la figure 2, qui illustre les notions de tension de surface σs et
peut excéder la valeur de la pression de cavitation de l’eau, proche d’angle de contact eau-solide θ : σs est une force qui s’exerce sur
de 80 kPa. la circonférence, avec une inclinaison θ par rapport à la paroi du

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_____________________________________________________________________________________________________ L’EAU DANS LES SOLS NON SATURÉS

Interface eau-air

1
Ménisque 2
capillaire 2
3
3
5
5
4 4
5 1
5
a sol granulaire

Particules de sol
Plaquettes
argileuses Figure 4 – Début de la pénétration de l’air dans un sol granulaire,
Ménisque
capillaire d’après Childs, 1969, dans [26]
Eau
adsorbée

b sol fin

Figure 3 – Représentation schématique d’un sol non saturé

tube. On peut simplement écrire l’équilibre du ménisque sphérique


de la façon suivante :
— les actions dirigées vers le haut sont estimées en intégrant les
tensions sur la circonférence, en projetant sur l’axe vertical, ce qui et Silicium et Oxygène
donne une valeur :
( 2 π r cos θ) σs
a couche tétraédrique
— les actions dirigées vers le bas correspondent au poids de la
colonne d’eau de hauteur h, qui vaut :
γw π r 2 h
L’équilibre de ces actions entraîne l’égalité de ces deux termes,
qui donne :
2 σ s cos θ
h = -----------------------
- (4)
γ wr
équivalent à la loi de Jurin, si l’on utilise l’équation (3).
Le schéma de la figure 3a présente un sol granulaire non saturé.
Les ménisques sont localisés dans les plus petits pores du sque- Aluminium, magnésium, etc. et OH–
lette solide, aux contacts entre les grains ; plus le sol se désature,
plus les ménisques deviennent petits, avec un faible rayon de
b couche octaédrique
courbure qui engendre une forte valeur de la succion. Ainsi, la suc-
cion prend une valeur maximale quand on approche l'état complè-
tement sec. Figure 5 – Couches tétraédrique et octaédrique typiques
des argiles lamellaires, d’après [38]
Le début de la pénétration de l’air dans un sol granulaire initia-
lement saturé qu’on laisse sécher, représenté sur la figure 4
(Childs, 1969, dans [26]), intervient au niveau des plus gros pores
affleurant à la surface du sol, au contact eau-air. L’augmentation de et à l’attraction physico-chimique exercée par les argiles sur les
la succion se traduit par la diminution des rayons de ménisques, molécules d’eau, d’autre part. Cet aspect est décrit plus en détail
qui s’insinuent dans des pores de plus en plus petits, suivant les dans ce qui suit.
contours 1 à 5 représentés sur la figure. Chaque contour est carac-
térisé par une seule valeur de succion, et donc par un rayon de
courbure qui lui est lié par la loi de Jurin.
1.2 Interactions physico-chimiques
La figure 3b représente schématiquement le cas plus général
d’un sol fin, avec un agrégat de plaquettes argileuses d’une dizaine entre l’eau et l’argile
de micromètres de diamètre, au contact d’un grain de limon. La
succion est définie par le rayon du ménisque à proximité du grain Les argiles sont le plus souvent des silicates d’alumine hydratés
de limon, et l’on observe que l’agrégat est saturé. Ceci est dû à la sous formes de feuillets, composés de l’assemblage de niveaux
plus petite taille des pores situés entre les plaquettes, d’une part, tétraédriques et octaédriques (figure 5 [38]) :

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L’EAU DANS LES SOLS NON SATURÉS ______________________________________________________________________________________________________

1 OH

OH
OH OH

OH OH OH
OH OH

a kaolinite n H2O cations échangeables

H 104,5° H

0,0965 nm

c molécule d'eau b montmorillonite

Oxygène OH OH– Aluminium Silicium

Figure 6 – Structure des feuillets de kaolinite et de montmorillonite et molécule d’eau, d’après Mitchell [38]

— les tétraèdres (figure 5a ) sont constitués d’un atome central avec une épaisseur de l’ordre de 0,7 µm. Le remaniement d’une
de silicium entouré de quatre atomes d’oxygène (de formule pâte de kaolinite n’affecte pas ces particules. En revanche, la
chimique SiO2 , comme la silice) ; constitution des faces inférieures et supérieures de la montmorillo-
— les octaèdres (figure 5b ) ont en leur centre un ion métallique nite ne permet pas le développement d’une liaison hydrogène, et
(généralement l’aluminium Al+++, parfois substitué par le magné- les molécules d’eau peuvent venir s’insérer entre les feuillets lors
sium Mg++ ou le potassium K+) entouré d’ions OH–. d’un remouillage.
Les trois grandes classes d’argile, la kaolinite, la montmorillonite La figure 6c présente également la molécule d’eau, constituée
et l’illite sont constituées d’assemblages de ces deux couches. d’un dipôle ayant un côté de 0,0965 nm et un angle de 104,5o.
Le feuillet de kaolinite (figure 6a ) est constituée d’un empile- L’illite a la même composition que la montmorillonite, mais une
ment d’un niveau tétraédrique et d’un niveau octaédrique, permis liaison forte entre les feuillets est permise par la présence de
par une substitution d’atomes d’oxygène de la couche tétraédrique cations potassium K+. Comme la kaolinite, l’illite est constituée
par des ions OH– de la couche octaédrique. L’épaisseur du feuillet d’un empilement de feuillets stable vis-à-vis de l’eau.
est de 0,7 nm.
L’attraction exercée par les argiles sur l’eau est engendrée par un
Le feuillet de montmorillonite (figure 6b ) est constitué d’un déficit de charges électriques dû à des substitutions, dans les
niveau octaédrique enserré entre deux niveaux tétraédriques. couches octaédriques, des atomes Al+++ par ceux d’un autre métal
L’épaisseur du feuillet de montmorillonite vaut 1 nm. de valence plus faible (le plus souvent Mg ++). Ces substitutions
Quand deux feuillets de kaolinite sont superposés, les O– pré- sont dites isomorphes, car elles se font sans modification de la
sents sur la surface supérieure et les H+ de la surface inférieure morphologie du minéral. Le champ électrique induit à proximité de
développent entre eux une liaison hydrogène O–H forte, conférant la surface des argiles attire les cations dissous dans l’eau intersti-
une grande stabilité à un empilement de feuillets vis-à-vis des tielle. La distribution des cations dissous à proximité d’une pla-
actions de l’eau. Typiquement, une particule de kaolinite est quette argileuse sous l’effet du champ électrique en fonction de la
constituée de l’empilement de l’ordre de la centaine de feuillets, distance a été calculée selon la théorie de la double couche

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Mécanique des sols


Symboles, unités et définitions
par Georges PILOT
1
Ingénieur des Ponts et Chaussées
Délégué à l’Action Internationale au Laboratoire Central des Ponts et Chaussées

1. Généralités ....................................................................................... Form. C 201 - 2


2. Contraintes et déformations ......................................................... — 2
3. Propriétés des sols ......................................................................... — 3
3.1 Identification ................................................................................... — 3
3.2 Propriétés hydrauliques ............................................................... — 3
3.3 Prélèvement .................................................................................... — 3
3.4 Consolidation (unidimensionnelle) .............................................. — 3
3.5 Résistance au cisaillement ............................................................ — 4
3.6 Essais en place ................................................................................ — 4
3.7 Dynamique ....................................................................................... — 5
3.8 Texture ............................................................................................. — 5
3.9 Divers ............................................................................................... — 5
4. Ouvrages géotechniques ............................................................... — 5
4.1 Ouvrages de soutènement ........................................................... — 5
4.2 Fondations ....................................................................................... — 5
4.3 Pentes .............................................................................................. — 6
4.4 Ancrages .......................................................................................... — 6
4.5 Géotextiles ...................................................................................... — 6
5. Dynamique des fondations et tremblements de terre .............. — 6
6. Principaux indices........................................................................... — 7

a Société Internationale de Mécanique des Sols et des Travaux de Fondations


L a édité, via un Comité Technique ad hoc, une liste de symboles, unités et
définitions qui fait actuellement référence.
C’est cette liste qui figure, pratiquement in extenso, dans les pages qui suivent.

Remarque générale
Parution : mai 1988 - Dernière validation : juillet 2020

Le prime indique une contrainte effective.


Le surlignage indique une valeur moyenne.
Un point au-dessus d’un symbole indique la dérivation par rapport au temps.
Le préfixe δ ou ∆ indique un accroissement ou une variation.

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MÉCANIQUE DES SOLS _________________________________________________________________________________________________________________

1. Généralités (0) Symbole Dimension Unité Désignation


ue ML –1 T –2 kPa Excès de pression inter-
stitielle dynamique :
u = us + ue
Symbole Dimension Unité Désignation
σ ML –1 T –2 kPa Contrainte normale totale
L, ᐉ (1) L m Longueur σ’ ML –1 T –2 kPa Contrainte normale effective

1
B, b (1) L m Largeur τ ML –1 T –2 kPa Contrainte de cisaillement
H, h (1) L m Hauteur σ1 ML –1 T –2 kPa Contrainte principale majeure
D, z (1) L m Profondeur σ2 ML –1 T –2 kPa Contrainte principale intermé-
d, D (1) L m Diamètre diaire
A L2 m2 Aire σ3 ML –1 T –2 kPa Contrainte principale mineure
V L3 m3 Volume σoct ML –1 T –2 kPa Contrainte moyenne
t T s Temps ou contrainte normale
octaédrique définie par :
v L T –1 m/s Vitesse (σ1 + σ2 + σ3)/3
a L T –2 m/s 2 Accélération
τoct ML –1 T –2 kPa Contrainte de cisaillement
g L T –2 m/s 2 Accélération de la octaédrique :
( g = 9,81 m/s 2)
pesanteur
m M kg Masse τ oct = [ ( σ 1 – σ 2 ) 2 + ( σ 2 – σ 3 ) 2
ρ M L –3 t/m 3 Masse volumique
+ ( σ3 – σ1 ) 2 ] 1 ⁄ 2 ⁄ 3
γ (2) M L –2 T –2 kN/m 3 Poids volumique
F ...................... ............. Coefficient de sécurité p ML –1 T –2 kPa Contrainte normale moyenne
π ...................... ............. 3,141 6 dans l’essai triaxial :
e ...................... ............. 2,718 3 p = ( σ1 + σ2 + σ3)/3
ln x ...................... ............. Logarithmenépériende x q ML –1 T –2 kPa Déviateur dans l’essai triaxial :
lg x ...................... ............. Logarithme décimal de x q = σ1 – σ3
ε ................... % Déformation relative linéaire
(1) Selon l’Organisation Internationale de Normalisation, on doit utiliser (ou dilatation linéaire)
des lettres minuscules pour les symboles de longueur. À titre provi-
soire, on propose ici à la fois lettres minuscules et majuscules, mais γ ................... % Distorsion
on recommande fortement l’emploi des minuscules. ε1 ................... % Déformation relative principale
(2) Le symbole γ adopté pour le calcul des structures par l’Organisation ε2 ................... % Déformation relative principale
Internationale de Normalisation dans sa norme ISO-3898 est aussi intermédiaire
utilisé en Mécanique des Sols, mais seulement pour la détermination ε3 ................... % Déformation relative principale
des charges à prendre en compte pour le calcul des structures. mineure
εv ................... % Déformation volumique :
εv = ε1 + ε2 + ε 3
εs ................... % Déformation de cisaillement :
2. Contraintes et déformations 2
ε s = ----------- 冤 ( ε 1 – ε 2 ) 2 + ( ε 2 – ε 3 ) 2
3
+ ( ε3 – ε1 ) 2 冥
1⁄2
(0)
εoct ................... % Déformationrelativemoyenne
ou octaédrique :
Symbole Dimension Unité Désignation
1
ε oct = ------ ε v
u ML –1 T –2 kPa Pression interstitielle 3
Pression (en excès sur la pression γoct ................... % Distorsion octaédrique :
atmosphérique)de l’eau dans les γ oct = 2 ε s
vides d’un sol parfaitement saturé
uw ML –1 T –2 kPa Pression de l’eau interstitielle ε̇ T –1 s –1 Vitesse de déformation
Pression de l’eau existant dans γ˙ T –1 s –1 Vitesse de distorsion
les interstices d’un sol partielle- ν ................... .......... Coefficient de Poisson
ment saturé (µ est également utilisé)
ua ML –1 T –2 kPa Pression de l’air interstitiel E ML –1 T –2 kPa Module de déformationlinéaire
Pression de l’air existant dans les G ML –1 T –2 kPa Module de cisaillement
interstices d’un sol partiellement
saturé K ML –1 T –2 kPa Module de compressibilité
us ML –1 T –2 kPa Pression interstitielle statique µ Coefficient de frottement
η ML –1 T –1 kPa · s Coefficient
de viscosité dynamique

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Géologie
Notions de base et application
au génie civil 1
par Emmanuel EGAL
Expert géologue
EGIS, Annecy, France

1. Brève présentation de la planète Terre et de sa dynamique....... C 204v3 - 2


2. Les matériaux du sol et du sous-sol................................................... — 2
2.1 Les minéraux, constituants élémentaires ................................................. — 2
2.2 Les roches.................................................................................................... — 3
3. Structures tectoniques .......................................................................... — 10
3.1 Schistosité et foliation ................................................................................ — 10
3.2 Plis ................................................................................................................ — 10
3.3 Fractures, joints, diaclases et fentes.......................................................... — 11
3.4 Failles et zones broyées.............................................................................. — 11
4. Le temps en géologie ............................................................................. — 12
4.1 Chronologie relative ................................................................................... — 12
4.2 Datation « absolue » des roches par radiochronologie ........................... — 12
4.3 Échelle stratigraphique des temps géologiques ...................................... — 13
4.4 Observer et quantifier les processus géologiques en cours ................... — 13
4.5 L’érosion ...................................................................................................... — 14
5. Bref aperçu de la géologie de la france métropolitaine............... — 14
6. Géologie appliquée au génie civil. Enjeux et méthodes .............. — 16
6.1 Principaux enjeux et risques géologiques en génie civil......................... — 16
6.2 Méthodologie de travail du géologue en génie civil................................ — 17
6.3 Restitution de la connaissance, établissement d’un modèle
géologique, représentation des incertitudes ............................................ — 20
7. Conclusion................................................................................................. — 22
8. Glossaire .................................................................................................... — 22
Pour en savoir plus .......................................................................................... Doc. C 204v3

’ingénieur de génie civil qui projette ou réalise un ouvrage se trouve néces-


L sairement mis en présence du « terrain » qui constitue le support ou le
matériau de cet ouvrage. Il est important pour lui de posséder des notions en
géologie afin de pouvoir dialoguer avec le géologue auquel il demande une
intervention.
La géologie en tant que science (également dénommée « Sciences de la
Terre ») consiste à étudier les parties de la Terre accessibles à l’observation et
à émettre des hypothèses visant à reconstituer leur histoire et leur agence-
ment. On parle aussi de la géologie d’une région pour désigner l’ensemble des
caractéristiques géologiques de celle-ci.
Ainsi, toutes les activités visant à exploiter, utiliser ou aménager le sol et le
sous-sol ont à faire avec la géologie. Bien connaître la géologie de notre
Parution : août 2021

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C204

GÉOLOGIE _________________________________________________________________________________________________________________________

sous-sol et son évolution passée ou potentielle est bénéfique ou nécessaire


au développement de l’humanité.
Une double difficulté se présente cependant pour les géologues : la difficulté
d’accès au sous-sol, par nature caché, et la difficulté de comprendre des pro-
cessus qui se produisent sur un temps très long, le « temps géologique ». La
part d’interprétation est donc forcément importante en géologie. Ce qui rend
particulièrement nécessaire de comprendre et transmettre les connaissances
1 de base sur les constituants terrestres, leurs divers agencements connus ou
possibles et sur les phénomènes ou processus géologiques principaux.
Cet article vise d’abord à présenter les différents types de roches de notre
sous-sol, ce qui les constituent et caractérisent, ce qui les affectent et défor-
ment (les structures géologiques), et leurs relations avec l’histoire de la terre et
plus généralement avec le temps. Ensuite cet article décrit les enjeux géolo-
giques en génie civil et la méthodologie d’étude du sous-sol à des fins de
construction sur ou dans ce dernier.

Remarque

De nombreuses définitions, notions ou valeurs insérées dans le texte qui suit sont reprises,
partiellement ou entièrement, du Dictionnaire de géologie [1].

tion (zones de convergence) par plongement sous une autre


1. Brève présentation plaque océanique ou sous une plaque continentale. Lorsque deux
de la planète Terre plaques continentales se rencontrent après subduction de la
croûte océanique qui les séparait, elles entrent en collision. Celle-
et de sa dynamique ci est accommodée par un resserrement général qui se traduit
par des chevauchements, écaillages et plissements des terrains
des deux tronçons de lithosphère continentale collidés qui consti-
La Terre est une planète à peu près sphérique et principalement tuent alors un orogène. Des lambeaux de croûte océanique sont
solide. Elle est constituée de quatre couches concentriques d’épais- généralement intégrés aux terrains continentaux d’un orogène.
seur inégale délimitées par des discontinuités géophysiques : le En surface, un relief important se manifeste sous forme d’une
noyau interne, le noyau externe, le manteau et la croûte terrestre. chaîne de montagne.
Seul le noyau externe est de nature liquide.
Le déplacement des plaques océaniques se manifeste par la
La croûte terrestre, fine enveloppe superficielle de la Terre, fragmentation et l’agglomération des continents au cours des
est de nature et d’épaisseur différentes selon qu’on se situe temps géologiques.
sous les océans ou au niveau des continents et de leurs marges.
La croûte océanique est dense, peu épaisse (quelques km à
une dizaine de km) et de nature et structure relativement
simples : elle est composée principalement, de bas en haut, de
gabbro (+/– péridotite), de basalte et de sédiments. La croûte est
2. Les matériaux du sol
en formation permanente par apport de magma au niveau des
dorsales océaniques.
et du sous-sol
La croûte continentale, plus légère et donc essentiellement Les roches, matériaux constitutifs de l’écorce terrestre sont faites
émergée, est plus épaisse (30-40 km en moyenne, jusqu’à 70 km principalement, qu’elles soient consolidées ou meubles, d’un assem-
sous les chaînes de montagne récentes) et de nature nettement blage de minéraux.
plus complexe, traduisant une histoire mouvementée et multi-
phasée. De manière schématique, elle est composée principale-
ment dans sa partie supérieure de roches granitiques (au sens
large = granitoïdes) et de roches métamorphiques diverses lar- 2.1 Les minéraux, constituants
gement recouvertes de roches sédimentaires et dans sa partie élémentaires
inférieure, de roches métamorphiques de type granulites vrai-
semblablement très abondantes et associées à des roches pluto- Les minéraux sont composés d’atomes disposés le plus souvent
niques. de manière ordonnée dans l’espace selon une organisation en maille
La Terre est une planète dynamique et « vivante » qui évolue périodique dite « cristalline ». Dans de rares cas, des roches ne pré-
continuellement depuis sa formation il y a 4,65 milliards sentent pas un état ordonné cristallin de la matière, mais un assem-
d’années : la croûte terrestre et la partie supérieure solidaire du blage désordonné d’atomes, c’est le cas des « verres » volcaniques
manteau constituent des plaques mobiles de « lithosphère », (obsidienne...).
océaniques ou continentales, qui se déplacent les unes par rap-
port aux autres. 15 plaques principales sont distinguées à
Le réseau cristallin d’un minéral est organisé à partir d’une
l’échelle du globe. Ce mouvement de plaques lithosphériques se
maille primitive ; il existe 7 types de mailles qui déterminent
traduit par la genèse et l’écartement des plaques océaniques au
les 7 types de systèmes cristallins qui structurent l’ensemble
niveau des dorsales océaniques (zones de divergence) et leur
des minéraux identifiés.
enfouissement dans le manteau au niveau des zones de subduc-

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38
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_________________________________________________________________________________________________________________________ GÉOLOGIE

Les oxydes (métaux combinés à de l’oxygène), les hydroxydes


(combinaison d’eau et d’oxydes métalliques), les halogénures (chlo-
rures [Cl–] et fluorures [F–]), les sulfures (métaux combinés à du
soufre) et les éléments natifs (composés d’un seul élément chimique),
sont peu à très peu abondants à l’échelle de la croûte terrestre mais
peuvent se concentrer au niveau de gisements non négligeables (au
regard de leur rareté globale).

2.2 Les roches 1


Les roches qui composent le sous-sol de la croûte terrestre se
répartissent classiquement en trois catégories : les roches mag-
matiques issues d’un magma généré en profondeur, les roches
sédimentaires issues de l’accumulation en surface de sédiments
constitués de débris de roches préexistantes et de précipités
chimiques, et les roches métamorphiques issues de la transforma-
tion en profondeur des roches sous l’effet de nouvelles conditions
de pression et température. Il faut y ajouter les altérites qui résultent
de la transformation en surface des roches principalement sous
Figure 1 – Assemblage minéralogique (ou paragenèse) vue l’effet de l’eau atmosphérique.
au microscope optique en lumière polarisée-analysée et constitué
principalement de cristaux infra millimétriques à millimétriques Les roches sont généralement cohérentes mais elles peuvent
de plagioclases (teintes grises à noires) et d’amphiboles (teintes
jaune, orangé et verdâtre). Roche de type amphibolite non foliée également être friables ou franchement meubles (sable). La notion
de dureté s’applique d’abord aux minéraux plutôt qu’aux roches.
La dureté d’une roche est cependant régulièrement évoquée, elle
Les plus petits minéraux des roches font quelques microns est fonction d’abord de sa cohérence (la craie est un calcaire
(argiles) mais le plus souvent, leur taille est comprise entre moins tendre peu cohérent, parce que peu cimenté, mais les grains qui
d’un millimètre et jusqu’à quelques centimètres ; des cristaux de la composent sont de même dureté que la calcite des calcaires
taille métrique à décamétrique sont observés de manière excep- « durs » très cimentés).
tionnelle. La taille des minéraux est fonction de leur nature mais
surtout des conditions de leur cristallisation : la cristallisation lente
en profondeur des roches magmatiques – issues du refroidisse- En géologie, un sol correspond à la partie superficielle, meuble
ment lent d’un magma, génère des cristaux de plus grosse taille et riche en matière organique, du profil d’altération des terrains
que le refroidissement rapide en surface des roches volcaniques. rocheux du sous-sol. En géotechnique et en génie civil, le terme
de sol désigne des roches peu ou pas cohérentes (roches tendres
Les différentes variétés de minéraux se définissent d’abord par
ou meubles).
leur composition atomique et la géométrie de leur réseau cristal-
lin mais également à l’usage par leurs caractéristiques qui en
découlent, que ce soit à l’observation à l’œil nu (couleur, densité,
dureté, brillance, forme...) ; ou à l’observation au microscope 2.2.1 Les roches magmatiques
optique en lumière polarisée ou polarisée-analysée (figure 1). La
composition précise des minéraux est déterminée par des moyens Elles résultent de la cristallisation plus ou moins rapide d’un
analytiques et notamment la microsonde électronique. magma. Les roches plutoniques cristallisent très lentement en
profondeur ce qui leur confère une texture grenue (assemblage de
Parmi les très nombreuses espèces minérales identifiées (plus cristaux visibles à l’œil nu) alors que les roches volcaniques cris-
de 4 000), seule une douzaine sont très répandues. Et neuf élé- tallisent rapidement à la surface à partir d’une lave ou de produits
ments (O, Si, Al, Fe, Ca, Na, Mg, K, Ti) représentent à eux seuls éjectés de manière explosive depuis la source magmatique et
99 % de la composition pondérale de l’écorce terrestre et du man- présentent une texture partiellement cristallisée (texture micro-
teau. Et parmi ces éléments, l’oxygène, le silicium et l’aluminium lithique à très petits cristaux bien individualisés dans une « pâte »
en représentent 46,5 %, 28 % et 8 % soit 82,5 %. ou matrice non cristallisée, vitreuse) ou non cristallisée (texture
purement vitreuse comme les obsidiennes). Les roches filoniennes
Parmi les sept grandes familles ou classes de minéraux identi- représentent un cas intermédiaire : elles ont cristallisé à plus ou
fiées, les silicates constituent la plus grande partie des roches qui moins faible profondeur au sein de filons (qui constituent éven-
composent l’écorce terrestre ; ils sont caractérisés par le motif tuellement des couloirs d’alimentation des volcans) et présentent
élémentaire tétraédrique SIO4 composé d’un atome Si au centre et une texture cristallisée mais généralement de grain fin ou très fin, au
d’atomes O aux sommets, les tétraèdres étant reliés entre eux par sein de laquelle de gros cristaux peuvent cependant être observés.
des cations ou des atomes O en commun.
Le magma à l’origine des roches magmatiques est généré par
Six types d’organisation structurale des silicates sont distinguées, fusion partielle en profondeur. Il peut remonter vers la surface et
correspondant aux principales familles de silicates (quartz, feldspaths, s’accumuler sous forme de poches, ou chambres au sein de la croûte
micas et argiles, amphiboles, pyroxènes, péridots). (et du manteau sous-jacent) dans des conditions spécifiques, locali-
Les carbonates sont répandus dans les roches sédimentaires sées à l’échelle du globe au niveau de zones particulières : les rides
carbonatées (calcaires et dolomies) ; ils sont caractérisés par la pré- océaniques et les zones de subduction sont des zones de produc-
sence de l’ion (CO3)2– dans leur composition ; la calcite, l’aragonite tion de magma issu du manteau ; c’est le cas également pour les
et la dolomite sont les principales espèces de carbonates. « points chauds » et les panaches mantéliques. Dans les zones
orogéniques, l’épaississement crustal provoque la production de
Les sulfates (comprenant le radical (SO4)2– sont localement très magma en profondeur au sein même de la croûte épaissie.
abondants au sein des gisements de roches sédimentaires
évaporitiques (gypse et anhydrite). Les roches magmatiques sont classées à la fois à partir de leur
composition minéralogique et de leur texture (et corrélativement
Les phosphates sont également abondants dans certains secteurs de leur composition chimique). Les roches plutoniques, filoniennes
mais dans des gisements sédimentaires localisés. ou volcaniques issues d’un même magma auront des compositions

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GÉOLOGIE _________________________________________________________________________________________________________________________

Tableau 1 – Principales roches magmatiques (roches plutoniques et leur équivalent volcanique)


rencontrées à la surface terrestre, leur chimisme « acide » à « ultrabasique (UB) »,
et les principaux minéraux qui les composent
Chimisme Roche plutonique Principaux minéraux Roche volcanique
Acide Granite Quartz, feldspath alcalin +/– plagioclase, biotite, ... Rhyolite

1
Acide Granitoïdes Granodiorite Quartz, plagioclase > feldspath alcalin, biotite, amphibole, ... Rhyodacite
Acide Tonalite Quartz, plagioclase, biotite, amphibole, ... Dacite
Acide-intermédiaire Syénite Feldspath alcalin (60-80 %) +/– plagioclase, (quartz), biotite Trachyte
Intermédiaire Monzonite Feldspath alcalin et plagioclase, (quartz), Trachy-andésite
Intermédiaire Diorite Plagioclase, amphibole, (biotite, (quartz) Andésite
Basique Gabbro Plagioclase et pyroxènes, olivine, amphibole et biotite Basalte
UB Péridotite Olivine, pyroxènes, spinelle (Komatiite)

globales similaires mais se distingueront principalement par leur


texture.
La classification des roches magmatiques se base notamment
sur les principaux minéraux qui les constituent ; les proportions
respectives de quartz, feldspath alcalin et plagioclase déterminent
une classification usuelle de premier ordre (cf. diagramme de
Streckeisen). La teneur en silice des roches magmatiques déter-
mine, suivant des teneurs décroissantes, leur caractère acide,
intermédiaire, basique ou ultrabasique.
Les roches magmatiques grenues les plus répandues sont
les granites et roches voisines, ou granitoïdes (tableau 1 et
figure 2), qui représentent 90 % des roches plutoniques de la
surface terrestre (et 45 % de la croûte terrestre continentale).
L’équivalent volcanique du granite est la rhyolite mais les
roches volcaniques les plus répandues sont de loin les basaltes
figure 3 notamment en prenant en compte la croûte océanique
(basaltique).
Dans une optique de compréhension de la géodynamique
interne de la Terre, les roches magmatiques peuvent également Figure 3 – Double coulée de lave basaltique du volcanisme cénozoïque
du Massif central français (Gorges de l’Allier). Le basalte est découpé
être caractérisées et classées à partir de leur composition en prismes (verticaux dans la coulée basale, multidirectionnels dans
chimique afin de déterminer leur genèse et leur évolution. la coulée supérieure). Ces prismes (dénommés « orgues » lorsqu’ils
sont de grande dimension) sont délimités par des fissures de retrait
formées lors du refroidissement de la lave

2.2.2 Les roches sédimentaires


Formées à la surface du globe, elles représentent environ 5  % du
volume de la croûte terrestre mais 66  % de la surface terrestre
émergée. Elles recouvrent par ailleurs l’essentiel des fonds océa-
niques. Elles résultent du dépôt en milieu aquatique et marin pour
l’essentiel, de débris de roches altérées (roches détritiques terri-
gènes) et de squelettes d’organismes (roches biogéniques) et/ou de
la précipitation à partir de solutions (roches d’origine physico-
chimique). Ces dépôts sont pour la plupart transformés en roches
par un ensemble de processus (compaction sous le poids des sédi-
ments, circulation de fluides...) regroupées sous le terme de diage-
nèse. Les roches sédimentaires sont généralement stratifiées c’est-
à-dire déposées et organisées en couches ou strates de composi-
tion et caractéristiques souvent contrastées (alternances de grès et
« schistes », de calcaire et de marne...).
Avant les éventuels effets de la tectonique, les couches sont
généralement à peu près horizontales mais il existe des exceptions
locales (stratifications obliques par exemple au front d’un delta à
l’embouchure d’un fleuve).
Les frontières entre les différents types de roches sédimen-
Figure 2 – Granite à gros cristaux (ou phénocristaux) de feldspath
potassique (orthose) dans une matrice grenue (Granite de Quérigut, taires ne sont pas toujours tranchées. Il existe ainsi des roches
Pyrénées occidentales-Ariège) composées à la fois de débris détritiques terrigènes (fréquem-

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_________________________________________________________________________________________________________________________ GÉOLOGIE

ment grains de quartz) et de débris de coquilles ; le tout pouvant


être pris dans une matrice (un « ciment ») calcaire formée par
précipitation chimique.

2.2.2.1 Les roches détritiques terrigènes


Les roches détritiques terrigènes constituent les roches sédi-
mentaires les plus abondantes ; elles sont composées de frag-
ments de roches de taille variable et/ou de grains/cristaux issus
de l’érosion des roches existantes, et transportés, principalement
par les cours d’eau et également par le vent, pour se déposer
1
(sédimenter) en partie dans ces cours d’eau ou dans des lacs
mais très majoritairement dans les mers et océans. Une minorité
de roches détritiques terrigènes sont issues de l’accumulation ter-
restre de particules transportées par le vent (loess), les glaciers
(moraines) ou par simple gravité (éboulis, écroulements). La taille
des grains (la granulométrie) des roches sédimentaires détri-
tiques terrigènes est fonction (hors dépôts glaciaires ou pure-
ment gravitaires) de la vitesse du courant, aquatique ou aérien,
au moment du dépôt.
Figure 4 – Exemple de formation sédimentaire terrigène faite
Les fragments des roches détritiques terrigènes sont plus ou d’une alternance de bancs gréseux durs à grains de quartz abondants
moins arrondis (rarement anguleux) en relation avec la distance et d’horizons plus argileux plus tendres (Formation des Grès d’Annot,
Alpes de Haute Provence)
de transport : plus le transport est long plus l’élément trans-
porté est arrondi, exception faite des dépôts glaciaires. Par ail-
leurs, ces fragments et grains sont plus ou moins tenus entre 2.2.2.2 Les roches carbonatées
eux par une matrice sédimentaire plus fine ou un ciment d’ori-
gine chimique qui va assurer la cohérence de la roche. Du fait Les roches carbonatées sont principalement issues de l’accumula-
de son abondance dans la croûte terrestre, de sa résistance à tion de (fragments de) coquilles et squelettes calcaires (bioclastes)
l’abrasion (dureté) et à l’altération, le quartz est le minéral le et/ou de la précipitation de composés carbonatés antérieurement
plus représenté dans les roches sédimentaires détritiques terri- dissous dans l’eau de mer. On distingue également les roches
gènes de la croûte terrestre continentale ; il constitue notam- carbonatées « construites » par des organismes carbonatés en posi-
ment la majeure partie des sables et des grès (= sable induré). tion de vie (calcaires récifaux notamment).
Au fond des océans, sur la croûte océanique, les sédiments sont
essentiellement argileux. Les roches carbonatées sont composées pour 50 % au moins de
minéraux de la famille des carbonates. Il s’agit le plus souvent de
Les roches détritiques terrigènes sont classées en fonction de leur calcite (carbonate de calcium : CaCO3) mais également de dolo-
granulométrie (tableau 2), leur composition (proportion d’argile ou mite (carbonate magnésien CaMg(CaCO3)2) ou de manière plus
de quartz notamment) et leur cohérence. Les formations sédimen- anecdotique, de carbonate plus ou moins riche en fer (sidérite et
taires détritiques sont généralement constituées d’alternances de ankérite) ou en manganèse (rhodochrosite).
couches ou bancs de roches de composition et de granulométrie
contrastées (figure 4). Les roches carbonatées contiennent fréquemment des minéraux
argileux associés à la calcite (ou autres carbonates) en proportion
variable. Les proportions respectives de calcaire et d’argile per-
mettent de distinguer les calcaires au sens strict (0-10 % d’argile),
Tableau 2 – Principales divisions granulométriques les calcaires argileux ou marneux (10 à 30/35 % d’argile) et les
des terrains sédimentaires détritiques terrigènes marnes (30/35 à 65/70 % d’argile). Les termes calcaires et marneux
(voire argileux) alternent à l’échelle de l’affleurement ou du massif
Sol meuble (SIMSTF Roche dans les ensembles de roches carbonatées ; on parle alors d’alter-
et norme XP P94-011) équivalente nances marno-calcaire qui caractériseront donc une formation et
non une roche en elle-même.
200 mm Blocs Conglomérat (à blocs) Le calcaire et encore plus la dolomie sont des roches générale-
ment assez compactes formant des bancs ou de hautes falaises
60 mm Galets, cailloux Conglomérat caractéristiques, comme c’est le cas notamment dans le Jura
(barres et falaises calcaires du Jurassique) et dans les chaînes
2 mm Graviers Conglomérat subalpines françaises (= Préalpes des géographes) où les hautes
falaises de l’Urgonien (Crétacé « moyen ») charpentent les massifs
60 µm Sables Grès* et grauwackes* des Bornes (figure 5), des Bauges, de la Chartreuse, du Vercors et
les chaînons de Provence. A noter que certaines roches calcaires
2 µm Limons Siltite (pélite) sont tendres et de cohésion modérée (« semi-rocheuses ») du fait
du faible développement ou de l’absence d’un ciment calcaire
Argiles Argilite (pélite) entre les grains ou éléments calcaires ; c’est le cas de la craie ou
du « tuffeau » de la Touraine. Ces roches sont cependant suffisam-
Colonne de gauche : dimension minimale de la majorité ment cohérentes pour former des falaises (craie en Normandie...).
des grains ou éléments, majoritaires dans les roches Les Marnes pour leur part ne forment jamais de falaises mais des
équivalentes pour les sols meubles selon la SIMSTSF (Société talus ou des pentes plus ou moins inclinés et instables suivant
internationale de mécanique des sols et des travaux leur proportion d’argile.
de fondation) et la norme XP P94-011 ; et pour leurs équivalents
consolidés en roches.* Les grès contiennent au moins 85 % Les roches calcaires et, dans une moindre mesure, dolomitiques
de grains de quartz, les grauwackes sont minéralogiquement sont sujettes à la dissolution par les eaux circulantes, ce qui pro-
plus hétérogènes et renferment des débris rocheux voque la formation potentielle d’un réseau de cavernes et galeries
souterraines (associées à des lapiaz et dolines en surface) typique

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C208

Description, identification
et classification des sols
1
par Jean-Pierre MAGNAN
Ingénieur en chef des Ponts et chaussées
Directeur technique au Laboratoire central des ponts et chaussées
Professeur de mécanique des sols et des roches à l’École nationale des ponts et chaussées

1. Description qualitative des sols .......................................................... C 208 - 2


1.1 Origine des sols ........................................................................................... — 2
1.2 Le sol, matériau à trois phases................................................................... — 2
1.3 Description des trois phases....................................................................... — 2
1.3.1 Phase solide ........................................................................................ — 2
1.3.2 Phase liquide....................................................................................... — 3
1.3.3 Phase gazeuse..................................................................................... — 3
1.3.4 Arrangement des phases ................................................................... — 3
1.4 Liaisons entre les phases ............................................................................ — 3
1.4.1 Couche d’eau adsorbée...................................................................... — 3
1.4.2 Sols pulvérulents et sols cohérents .................................................. — 4
1.5 État de l’eau dans le sol .............................................................................. — 4
2. Description quantitative et identification des sols........................ — 4
2.1 Objet de l’identification ............................................................................... — 4
2.2 Description de l’état du sol ......................................................................... — 4
2.2.1 Paramètres d’état................................................................................ — 4
2.2.2 Relations entre les paramètres d’état ............................................... — 5
2.3 Propriétés des particules du sol ................................................................. — 6
2.3.1 Granularité .......................................................................................... — 6
2.3.2 Équivalent de sable ............................................................................ — 7
2.3.3 Limites d’Atterberg (sols fins) ........................................................... — 7
2.3.4 Essais au bleu de méthylène ............................................................. — 9
2.3.5 Teneur en carbonate de calcium ....................................................... — 9
2.3.6 Teneur en matières organiques......................................................... — 10
2.3.7 Degré d’humification des matières organiques............................... — 10
2.3.8 Analyse minéralogique de la fraction argileuse .............................. — 10
2.3.9 Activité des argiles ............................................................................. — 10
2.4 Caractéristiques d’état et essais d’identification correspondants ........... — 10
Parution : février 1997 - Dernière validation : juin 2015

2.4.1 Teneur en eau...................................................................................... — 10


2.4.2 Indice de consistance ......................................................................... — 11
2.4.3 Indice des vides .................................................................................. — 11
2.4.4 Indice de densité................................................................................. — 11
2.5 Conclusions.................................................................................................. — 11
2.6 Valeurs numériques..................................................................................... — 12
3. Classification des sols ............................................................................ — 12
3.1 Principe des classifications des sols .......................................................... — 12
3.2 Classification des sols LPC/USCS............................................................... — 12
3.3 Classification LPC modifiée ........................................................................ — 12
3.4 Classification des sols pour les terrassements routiers ........................... — 15
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. C 208

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DESCRIPTION, IDENTIFICATION ET CLASSIFICATION DES SOLS _________________________________________________________________________________

la différence des autres matériaux du génie civil et du bâtiment, les sols


À (et les roches) préexistent sur le site des travaux et la première phase de
toute étude géotechnique consiste à définir la nature et l’état de ces terrains.
Les techniques utilisées pour caractériser les sols d’un site sont décrites dans
deux articles de ce traité : « Forages et sondages » ([C 228 ]), et le présent article
consacré à la description, l’identification et la classification des sols, qui présente
des techniques de caractérisation des sols en laboratoire.

1 Les sols prélevés dans des forages ou des excavations peuvent être décrits
de plusieurs façons complémentaires : d’après la nature, d’après les proportions
et d’après les propriétés physiques de leurs constituants. Les paramètres
correspondants seront utilisés dans les autres articles de ce traité consacrés aux
propriétés mécaniques des sols et aux ouvrages. La classification permet pour
sa part de transmettre en quelques mots une image globale de chaque sol, très
utile pour les échanges entre spécialistes.

1. Description qualitative de réduire la dimension des particules en dessous de 10 à 20 µm, car


les effets mécaniques, dus aux chocs ou au frottement liés à la masse
des sols des particules, diminuent rapidement avec leur volume. Au-dessous
de cette dimension, la fragmentation des particules se poursuit prin-
cipalement par altération chimique, qui entraîne la destruction de
certaines des liaisons chimiques des minéraux. Elle s’accompagne
1.1 Origine des sols d’une augmentation rapide de la surface des particules offerte à
l’attaque chimique.

Les sols et les roches se présentent sous forme d’agrégats de par-


ticules généralement minérales, mais parfois organiques, de taille
et de forme variables. La nature et l’intensité des forces qui lient les 1.2 Le sol, matériau à trois phases
particules de l’agrégat dépendent de la nature du matériau.
On ne traitera ici que des sols, qui peuvent être définis comme des Le sol est un matériau à trois phases : agrégats de particules
agrégats dans lesquels les particules sont faiblement liées et peuvent minérales dont les vides peuvent être remplis de liquide et/ou de
être séparées par agitation ou trituration dans l’eau. Les roches sont gaz. On distingue globalement :
traitées dans les articles spécialisés de ce traité. Cette définition, — la phase solide ou squelette solide, constituée par les particules
assez imprécise, induit un certain recouvrement entre sols et roches minérales ou organiques de l’agrégat ;
(certaines marnes, craies, argiles raides, roches tendres). — la phase liquide, constituée par l’eau qui occupe les vides de
Les sols ont deux origines principales : l’agrégat. Si tous les vides sont remplis d’eau, le sol est dit saturé ;
— la désagrégation des roches par altération mécanique ou physi- sinon, il est dit non saturé ou partiellement saturé ;
cochimique sous l’effet des agents naturels : — dans un sol non saturé, une partie des vides de l’agrégat est
remplie par du gaz, essentiellement de l’air.
• fissuration consécutive à la décompression, aux effets des
chocs thermiques ou du gel ou aux contraintes tectoniques , La coexistence, dans le matériau, de trois phases présentant de
• attaque mécanique (chocs et frottements) dans un processus grandes différences dans leurs propriétés physiques et mécaniques
naturel de transport : gravitaire, glaciaire, fluvial, marin, éolien , explique la complexité du comportement mécanique des sols.
• attaque chimique sous l’effet de circulations d’eaux ; La définition d’un sol repose donc sur une description précise des
— la décomposition d’organismes vivants : végétaux (tourbes) ou trois phases.
animaux (craies).
On distingue également :
— les sols résiduels, provenant de l’altération sur place des roches ; 1.3 Description des trois phases
— les sols transportés, provenant du dépôt des produits d’altéra-
tion, préalablement repris par un agent physique de transport. Ce
sont les sols transportés qui posent à l’ingénieur les problèmes les 1.3.1 Phase solide
plus délicats ;
— les formations géologiques de roches tendres. La phase solide est caractérisée par la description de ses particules
Enfin, suivant leurs conditions de formation et de dépôt, les sols élémentaires (dimensions, formes, états de surface, natures
peuvent contenir des matières organiques en proportion plus ou chimique et minéralogique) et de leur arrangement. Les particules
moins élevée. formées par altération physique ou mécanique sont généralement
constituées de fragments de la roche mère renfermant chacun un ou
Il est difficile de distinguer la part qui revient aux différents agents plusieurs minéraux ; leur forme est régulière. Les particules résultant
naturels dans la formation des sols et d’apprécier leur importance de l’altération chimique ont au contraire une forme irrégulière de
respective, car leur action est le plus souvent simultanée. Il est plaquette ou de disque et sont constituées soit par des fragments de
possible, par contre, de reconnaître dans telle ou telle caractéristique la roche mère ne comportant qu’un seul minéral, soit par des miné-
d’un sol l’effet d’un processus d’altération ou d’un mode de transport raux différents, formés au cours des processus de dissolution et
déterminé. On soulignera en particulier que les processus recristallisation inhérents à l’altération chimique.
mécaniques ou physiques d’évolution des roches ne permettent pas

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_________________________________________________________________________________ DESCRIPTION, IDENTIFICATION ET CLASSIFICATION DES SOLS

On distingue classiquement dans un sol trois fractions, suivant la 1.3.4 Arrangement des phases
dimension des particules (tableau 1). La fraction très fine est géné-
ralement dénommée « argile » en dehors de toute signification L’arrangement des phases dans le sol dépend de la nature de
minéralogique. Elle est souvent constituée d’argiles, au sens miné- leurs constituants, des liaisons physicochimiques ou mécaniques
ralogique du terme. Il existe trois grandes familles d’argiles : les entre ces constituants et de l’histoire du sol (conditions de trans-
kaolinites, les illites et les montmorillonites. port et de dépôt, évolution postérieure à la sédimentation).
L’arrangement des particules peut être caractérisé par leur degré

1
de serrage (et, par conséquent, par le volume des vides offerts aux
deux autres phases), ainsi que par l’existence éventuelle de direc-
tions préférentielles d’orientation des particules. 1.4 Liaisons entre les phases

1.3.2 Phase liquide On s’intéressera ici plus spécialement aux interactions ou forces
de liaison entre les particules de la phase solide et l’eau interstitielle.
Les interstices du squelette solide sont occupés en partie ou en Toutes les particules de sol sont entourées d’une couche de molé-
totalité par de l’eau. Cette eau n’est en général pas pure : elle cules d’eau, fixées par des forces de Van der Waals, des liaisons
contient des électrolytes dissociés en cations et anions (son pH est hydrogène ou des forces électriques. Cette couche d’eau absorbée
alors acide ou basique), des matières organiques et des colloïdes est beaucoup plus épaisse pour les particules argileuses où les forces
en suspension et, dans certains cas, des gaz dissous. électrostatiques prédominent.

1.3.3 Phase gazeuse 1.4.1 Couche d’eau adsorbée

Dans les sols non saturés, la phase gazeuse est présente dans Les particules de la fraction très fine des sols sont en général de
tout ou partie des pores sous forme d’un mélange d’air, de vapeur nature argileuse. Elles portent à leur surface des charges électriques
d’eau, de gaz carbonique et d’autres gaz. Les sols saturés peuvent négatives. Le champ électrique créé par ces charges oriente les
aussi contenir du gaz, mais sous forme de bulles ou en dissolution molécules dipolaires de l’eau au voisinage de la particule (les ions
dans l’eau. H+ sont attirés vers la surface). L’interaction électrique entre l’eau
et les particules argileuses décroît rapidement quand on s’éloigne
de la particule (figure 1). Les premières couches de molécules d’eau
sont fortement liées et ne se déplacent pratiquement pas par
rapport à la particule. Les couches suivantes sont plus faiblement
liées et ont un comportement visqueux différent de celui de l’eau
libre (eau aux propriétés usuelles).
La couche d’eau « adsorbée » ou « hygroscopique » est la couche
des molécules d’eau liées de façon presque rigide à la particule. Elle
comporte aussi des cations provenant de la dissociation des élec-
trolytes contenus dans l’eau et qui sont attirés aussi par les charges
négatives de la surface des particules. L’épaisseur de cette couche
varie avec la nature du minéral argileux et avec la nature des
cations. Elle est de l’ordre de 50 Å (soit 0,005 µm) et dépend peu des
dimensions de la particule.
L’eau pelliculaire est l’eau qui entoure la couche d’eau adsorbée.
Ses propriétés physiques et mécaniques sont influencées par le
champ électrique de la particule. L’épaisseur de la couche d’eau liée
peut atteindre 0,4 à 0,5 µm.
L’eau liée (adsorbée et pelliculaire) est à l’origine des propriétés
de plasticité, de thixotropie et de fluage (viscosité) des sols très
fins ou argileux. Les forces de surface ou de contact sont prépon-
dérantes dans ces sols par rapport aux forces de pesanteur.
(0)
Figure 1 – Liaison des phases solide et liquide : eau liée et eau libre
(d’après Polubarinova-Kochina, 1962)

Tableau 1 – Fractions du sol suivant la dimension des grains


Dimension D des particules Fraction du sol Forme des grains Nature des minéraux
D > 80 µm grenue régulière
minéraux d’origine
2 µm < D < 80 µm fine
plaquette ou disque
D < 2 µm très fine ou argileuse minéraux d’origine ou néo-formés
Note : la frontière définie à 80 µm en France passera à 63 µm dans les prochaines années (harmonisation européenne).

(0)

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Tableau 2 – Sols pulvérulents et sols cohérents : caractéristiques


Sols pulvérulents ou grenus ou granulaires cohérents ou fins
Grains Proportion notable de particules fines à très fines
Particules Forme régulière Forme irrégulière (grande surface spécifique)
Altération physico-mécanique Altération physico-chimique

1 Liaison particule-eau
Faible ou nulle. Eau libre
Pas d’influence :
Forte. Eau liée. Existence d’une couche d’eau adsorbée
Influence :
— de la nature minéralogique des particules — de la nature minéralogique des particules
— des électrolytes de l’eau libre — des électrolytes de l’eau libre
Forces de pesanteur
Force de liaison Forces de pesanteur prépondérantes Forces d’attraction moléculaire et électrostatique pré-
pondérantes à courte distance.

1.4.2 Sols pulvérulents et sols cohérents


Les propriétés très particulières de la fraction très fine des sols
font qu’elles commandent le comportement global du sol lorsque
cette fraction très fine est en proportion notable. Cette observation
a conduit à diviser les sols en deux grandes catégories, caractéri-
sées dans le tableau 2 : les sols pulvérulents et les sols cohérents.

1.5 État de l’eau dans le sol

Si l’on examine maintenant les phénomènes du point de vue de


l’eau contenue dans le sol, on constate qu’elle se présente sous
plusieurs états suivant l’intensité des forces liant ses molécules
aux particules solides (figure 2) :
— l’eau de constitution entre dans la composition chimique des Figure 2 – Différents états de l’eau dans le sol
minéraux dont les particules de sol sont formées ;
— l’eau liée ou adsorbée à la surface des grains très fins est orien-
tée par les forces d’attraction moléculaire et les forces électro- Les essais d’identification conduisent à une description précise et
statiques. Elle a une viscosité élevée et ne transmet pas les chiffrée, et non seulement descriptive, du sol. Une définition chiffrée
pressions ; est nécessaire car des sols d’aspects très voisins peuvent présenter
— l’eau libre circule librement dans les pores du sol sous l’effet des comportements (mécaniques, en particulier) très différents.
des forces de pesanteur ; Les essais d’identification servent de base aux divers systèmes
— enfin, dans les sols non saturés, en présence d’air ou d’autres de classification des sols. Leurs résultats permettent aussi d’estimer
gaz, l’eau est retenue dans les canaux les plus fins du sol par les au moyen de corrélations des ordres de grandeur des propriétés
forces capillaires. Elle se trouve alors en dépression par rapport à mécaniques des sols et d’établir un prédimensionnement grossier
la pression atmosphérique. C’est ainsi que les nappes à surface des ouvrages au stade des premières études.
libre dans les sols fins sont généralement surmontées d’une frange
On distingue classiquement deux grandes catégories d’essais
capillaire dont la hauteur varie très largement avec la nature du
d’identification :
sol. La frange capillaire est saturée juste au-dessus de la surface
libre, puis de moins en moins saturée. Au-delà d’une certaine hau- — les essais qui répondent de l’arrangement et de la répartition
teur, l’eau n’est plus continue dans l’espace des pores et n’inter- des phases (squelette solide, eau, air). Ces essais caractérisent l’état
vient plus de façon autonome dans le comportement mécanique du sol et ne peuvent être réalisés que sur des échantillons intacts ;
du sol. — les essais qui traduisent les propriétés des particules du sol et
l’intensité de leurs liaisons avec l’eau. Ces essais caractérisent la
nature du sol et sont réalisés sur des échantillons intacts ou remaniés
(dont l’état a été perturbé lors du prélèvement ou du transport).
2. Description quantitative
et identification des sols 2.2 Description de l’état du sol

2.1 Objet de l’identification 2.2.1 Paramètres d’état


L’arrangement dans le sol des particules, de l’eau et du gaz est
Identifier un sol, c’est déterminer un ensemble de propriétés trop complexe pour être décrit de façon détaillée. On se contente
physiques, mécaniques ou chimiques qui permettent de le caracté- pour cette raison d’une estimation globale des proportions des
riser. Ces propriétés sont déterminées par des essais simples et phases solide, liquide et gazeuse, rassemblées par l’esprit selon le
rapides, appelés « essais d’identification ». schéma de la figure 3.

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Mécanique des roches


Généralités
1
par Jean-Louis DURVILLE
Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées
Chef de la division Mécanique des sols et Géologie de l’ingénieur
au Laboratoire central des Ponts et Chaussées

1. Définition et domaines d’application................................................. C 350 - 2


1.1 Mécanique des roches et mécanique des sols ......................................... — 2
1.2 Principaux domaines d’application en génie civil .................................... — 2
2. Effet d’échelle en mécanique des roches ......................................... — 2
2.1 Vitesse de propagation des ondes et densité de discontinuités ............. — 2
2.2 Résistance du rocher ................................................................................... — 3
2.3 Résistance au cisaillement des discontinuités .......................................... — 4
3. Modélisation des massifs rocheux ..................................................... — 4
3.1 Choix de la modélisation ............................................................................ — 4
3.2 Modélisation par milieu continu ................................................................ — 4
3.3 Milieu discontinu ......................................................................................... — 5
4. Conclusions ............................................................................................... — 6
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. C 350

I l est courant d’affirmer que le matériau rocheux est un matériau de qualité,


rigide et résistant, et que les massifs rocheux sont de « bons terrains » pour
les travaux de génie civil. Cependant, l’optimisation des travaux au rocher
nécessite une connaissance du comportement mécanique des roches, et les
grands ouvrages de génie civil, tels que tunnels profonds, barrages, centrales
nucléaires, ou viaducs de grande portée, sollicitent le massif rocheux parfois à la
limite de ses capacités. La mécanique des roches, science de l’ingénieur qui s’est
individualisée depuis une trentaine d’années, possède quelques spécificités que
nous présentons sommairement ci-après.
Parution : novembre 1997 - Dernière validation : juin 2015

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C350

MÉCANIQUE DES ROCHES _______________________________________________________________________________________________________________

1. Définition et domaines
d’application

1.1 Mécanique des roches

1
et mécanique des sols
La distinction entre roche et sol repose essentiellement sur la
cohésion du matériau. Un sable sec et propre ne possède pas de
cohésion, une argile ou un sable argileux possède une cohésion
faible qui peut être détruite par agitation dans l’eau. Une roche pos- On notera la variabilité du matériau échantillonné par les petits
sède une cohésion de cimentation qui lie fortement ses éléments rectangles
entre eux. a
En fait, un continuum existe entre roche et sol, comme le montre P
un profil d’altération de granite par exemple : on passe graduelle- x
ment de la roche saine en profondeur à une arène granitique en sur- x
x x
face (sable argileux). x x x x
La limite entre roche et sol peut aussi être définie conventionnel- x x x x
x x x x
lement par un seuil de résistance en compression uniaxiale : les x
x x
roches se situeraient au-dessus de 1 MPa environ, les sols en des- xx
sous.
À l’échelle de l’ouvrage, les discontinuités du massif rocheux
jouent un rôle fondamental, à la fois mécanique et hydraulique : ce V
b
sont les joints sédimentaires, les diaclases, les failles, ou la schisto-
sité, dont la description constitue une partie importante de l’étude Diminution de la dispersion de P lorsque le volume V de l'échantillon
géotechnique [1]. Ces discontinuités sont peu marquées, voire augmente.
inexistantes, dans les massifs de sols meubles, en raison de la Les valeurs d'une propriété P sont très dispersées si l'on ausculte un
déformabilité de ceux-ci, qui les oppose aux roches rigides à petit volume, mais sont statistiquement à peu près constantes dans le
comportement plutôt fragile. cas de volumes importants.

Figure 1 – Effet d’échelle dans un massif fracturé


1.2 Principaux domaines d’application
en génie civil
de l’existence fréquente d’un effet d’échelle. On dit qu’une propriété
Dans les travaux au rocher, l’ingénieur doit répondre à différentes
est soumise à effet d’échelle lorsque sa valeur mesurée varie sui-
questions :
vant les dimensions de l’échantillon testé. Les propriétés concer-
— stabilité : par exemple, évaluer le risque de chute de blocs à nées sont la résistance, la déformabilité, la perméabilité, etc., mais
partir d’un talus ou d’une falaise, ou le facteur de sécurité vis-à-vis non les propriétés de type additif comme la masse ou le volume.
de la rupture d’une fondation en bordure de plateau ; Deux types d’effets se font sentir, l’un sur la dispersion et l’autre sur
— déformation : estimer le tassement sous une fondation, ou la la moyenne des valeurs.
convergence d’un tunnel ;
— extraction (abattage) : définir les conditions d’une utilisation Le premier est illustré sur la figure 1 pour une propriété P
optimale de l’explosif, vis-à-vis du massif resté en place, qu’il faut donnée : la mesure de P réalisée sur de petits échantillons est très
endommager le moins possible, ou des vibrations causées sur les dispersée, et ce n’est qu’en auscultant un volume de terrain supé-
constructions voisines ; rieur au « volume élémentaire représentatif », une dizaine de mètres
— concassage : choisir la technique permettant d’obtenir la gra- cubes par exemple, que la valeur de P se stabilise à sa valeur
nularité souhaitée, pour un coût minimal ; moyenne.
— utilisation comme matériau : s’assurer que la roche extraite L’effet d’échelle proprement dit est présenté dans les exemples ci-
possède certaines qualités, de résistance et de durabilité par après, qui montrent que les hétérogénéités et les défauts de struc-
exemple. ture, au niveau de l’éprouvette de laboratoire comme à celui du
Les principaux ouvrages et travaux de génie civil au rocher sont massif, sont à l’origine de la variation d’une caractéristique avec la
les fondations (de barrages, de grands viaducs, de centrales nuclé- dimension de l’échantillon testé.
aires), la stabilisation des talus et des falaises naturelles, les terras-
sements de surface (tranchées routières, carrières et mines à ciel
ouvert), les travaux souterrains (tunnels, stockages d’hydrocar-
bures, carrières), la production d’enrochements pour la protection 2.1 Vitesse de propagation des ondes
des ouvrages à la mer. et densité de discontinuités

On observe dans la mesure de la vitesse des ondes des diffé-


2. Effet d’échelle rences marquées entre les échelles du grain de la roche, de l’éprou-
en mécanique des roches vette de laboratoire et de l’ouvrage.
À l’échelle du grain, les minéraux les plus courants, comme la
calcite et le quartz, sont des cristaux anisotropes. La propagation
Une des difficultés majeures en mécanique des roches est d’esti- des ondes dans un milieu anisotrope est très complexe : par
mer les propriétés du massif rocheux à l’échelle de l’ouvrage, du fait exemple, dans un cristal de calcite, qui possède un axe de symétrie

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C352

Description des roches


et des massifs rocheux
1
par Jean-Louis DURVILLE
Ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées
Chef de la Division Mécanique des Sols
et Géologie de l’Ingénieur au Laboratoire Central des Ponts et Chaussées
et Hubert HÉRAUD
Ingénieur Géologue
Chef du Groupe Sols-Roches au Centre d’Études Techniques de l’Équipement,
Laboratoire Régional de Clermont-Ferrand

1. Généralités................................................................................................. C 352 - 2
1.1 Classification des roches............................................................................. — 2
1.2 Caractères généraux du massif rocheux ................................................... — 2
2. Description et caractérisation de la matrice rocheuse................. — 2
2.1 Description pétrographique........................................................................ — 2
2.2 Essais d’identification.................................................................................. — 2
2.3 Propriétés mécaniques................................................................................ — 4
2.4 Propriétés diverses ...................................................................................... — 5
3. Description et propriétés des discontinuités .................................. — 6
3.1 Description d’une discontinuité.................................................................. — 6
3.2 Étude structurale.......................................................................................... — 7
3.3 Propriétés mécaniques................................................................................ — 7
3.4 L’eau dans le massif .................................................................................... — 7
4. Méthodes de reconnaissance des massifs rocheux ....................... — 8
4.1 Levé géologique de détail........................................................................... — 8
4.2 Photo-interprétation .................................................................................... — 9
4.3 Sondages carottés ....................................................................................... — 10
4.4 Enregistrement des paramètres de foration ............................................. — 10
4.5 Diagraphie microsismique.......................................................................... — 11
4.6 Diagraphie de radioactivité naturelle......................................................... — 11
4.7 Méthodes géophysiques............................................................................. — 11
Parution : novembre 1995 - Dernière validation : juin 2015

4.8 Essais mécaniques in situ ........................................................................... — 12


4.9 Essai Lugeon ................................................................................................ — 12
5. Conclusions ............................................................................................... — 12
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. C 352

a description précise du massif rocheux – celle des roches qui en constituent


L la matrice et celle des discontinuités qui le traversent – est une phase indis-
pensable de l’étude géomécanique d’un site, que le but soit la fondation d’un
barrage, le percement d’un tunnel, le creusement d’un déblai, ou tout autre
ouvrage en milieu rocheux. Cette description se fait sur le terrain et au laboratoire,
à l’aide d’observations et de mesures diverses.

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C352

DESCRIPTION DES ROCHES ET DES MASSIFS ROCHEUX _______________________________________________________________________________________

1. Généralités
Un massif rocheux tel que nous l’observons aujourd’hui résulte
d’une longue histoire géologique, souvent complexe, qui comprend
une phase de formation du matériau (dépôt et consolidation dans le
cas d’une roche sédimentaire, cristallisation dans le cas d’une roche

1
magmatique, etc.), une ou plusieurs phases de déformations tecto-
niques (avec formation de plis et de failles) et de transformations
métamorphiques (foliation, recristallisation), et enfin une période
d’altération météorique pour les parties proches de la surface.
Deux échelles d’étude sont adoptées : celle de la roche (échantillon
de laboratoire ou affleurement ponctuel) et celle du massif rocheux
qui est aussi celle de l’ouvrage.

1.1 Classification des roches


Figure 1 – Front de taille découpé au fil : le massif rocheux,
milieu hétérogène, discontinu et anisotrope
Une roche est un assemblage de minéraux, c’est-à-dire de cristaux
(sauf quelques rares cas où existe une phase vitreuse). Le mécanicien
des roches insistera sur la présence de défauts dans l’assemblage,
pores ou fissures, qui influent fortement sur les propriétés du
matériau. 2. Description
Les géologues distinguent trois grandes catégories de roches en
fonction de leur origine :
et caractérisation
— les roches magmatiques (ou éruptives) résultent du refroi- de la matrice rocheuse
dissement de magmas en fusion ;
— les roches sédimentaires se sont déposées dans les mers ou
les lacs et sont formées par accumulation de particules détritiques La description de la matrice rocheuse fait appel à des identifica-
(résultant de la désagrégation des roches par l’érosion) ou biogènes tions et à des essais de laboratoire, dont les principaux sont décrits
(formées grâce à l’activité d’organismes) ; ci-après.
— les roches métamorphiques sont le produit de la transfor-
mation à l’état solide d’une roche préexistante, avec modifications
structurales et en général apparition de nouveaux minéraux, sous
l’influence de la pression et de la température. 2.1 Description pétrographique
La très grande variété des espèces minéralogiques et des roches
a conduit les géologues à diverses classifications, faisant appel à La description pétrographique consiste à déterminer la nature des
de nombreux termes pétrographiques [1]. Une classification pétro- différents minéraux, leur abondance relative, leur degré d’altération,
graphique simplifiée est présentée dans le tableau 1. leur taille et leur agencement, ainsi que l’existence éventuelle de
pores. La figure 2 présente un exemple de roche observée en lame
mince au microscope optique.
1.2 Caractères généraux Le tableau 2 présente les caractéristiques de quelques minéraux
courants.
du massif rocheux

Un massif rocheux est un milieu complexe (figure 1) : 2.2 Essais d’identification


— discontinu : le massif est composé de blocs plus ou moins
monolithiques, séparés par des discontinuités qui constituent des
sites de faiblesse mécanique et des lieux privilégiés de circulation Il s’agit d’essais simples, rapides, couramment pratiqués, et qui
d’eau ; donnent, alliés à la description pétrographique, une image assez
— hétérogène : des hétérogénéités existent à différentes précise du matériau. Le tableau 3 présente quelques valeurs
échelles, comme par exemple : alternance de bancs durs et de typiques de propriétés des roches les plus courantes.
bancs tendres, contacts tectoniques anormaux mettant en pré-
sence des formations très différentes, zones de dissolution
karstique ou d’altération locale ; 2.2.1 Masse volumique réelle ␳ r
— anisotrope : l’anisotropie peut apparaître dès la formation de
la roche (disposition stratifiée des roches sédimentaires) ou en C’est la masse volumique de la roche sèche, quotient de la
liaison avec le métamorphisme (foliation des gneiss et mica- masse de l’échantillon par son volume (enveloppe extérieure,
schistes), ou lors de la fracturation subie lors d’un épisode tecto- incluant les pores intérieurs). Elle s’exprime en kg/m3 ou en t/m3.
nique, etc. ; Il ne faut pas la confondre avec la masse volumique absolue ρa ,
— biphasique puisque contenant de l’eau au sein des pores de qui est la masse volumique de la matière minérale ( ρ r ⭐ ρ a ) .
la matrice rocheuse ou dans les discontinuités ; cette eau peut
modifier notablement les propriétés de la roche comme celles des (0)
discontinuités, donc aussi le comportement du massif rocheux.
(0)

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50
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C352

_______________________________________________________________________________________ DESCRIPTION DES ROCHES ET DES MASSIFS ROCHEUX

Tableau 1 – Classification pétrographique simplifiée


Famille Teinte Minéraux constitutifs Principaux termes Autres termes
claire  quartz trachyte, rhyolite
 feldspaths andésite

volcaniques ↓  amphiboles

1
 pyroxène basalte dolérite

Roches sombre  olivine
magmatiques
claire quartz granite microgranite

 feldspaths diorite microdiorite
plutoniques ↓  amphiboles monzonite

sombre  pyroxène gabbro péridotite

Roches foliées
claire

再 quartz
micas
gneiss, micaschiste leptynite

métamorphiques sombre amphibole amphibolite

non foliées marbre, cornéenne


sombre  argiles pélites argilites
 marnes
détritiques ↓  calcite
Roches  grès
sédimentaires claire  quartz
biogènes et /ou
chimiques
再 carbonates,
sulfates, etc.
calcaires, craie,
dolomies, gypse
meulière,
charbon

Tableau 2 – Quelques propriétés des minéraux courants


Vitesse des ondes
Minéraux Masse volumique Dureté Vickers Observations
longitudinales
(t/m3) (HV) (m/s)
Quartz ......................... 2,65 1 250 à 1 400 6 050 inaltérable
Feldspaths.................. 2,55 à 2,75 650 à 800 5 800 à 6 200
Mica blanc.................. 2,8 à 2,9 70 à 85 5 800 très anisotrope
Silicates
Mica noir .................... 2,8 à 3,3 90 5 100 très anisotrope
Amphiboles................ 3 à 3,4 730 7 200 anisotrope
Olivine ........................ 3,2 à 3,6 820 8 400
Calcite......................... 2,71 110 à 120 6 650
un peu soluble dans l’eau
Autres Dolomite..................... 2,85 à 2,9 250 à 400 7 500
Gypse ......................... 2,3 à 2,4 50 à 70 5 200 soluble dans l’eau

(0)

Tableau 3 – Quelques valeurs typiques des caractéristiques des roches les plus courantes (roches saines)
ρr n vᐉ Rc LA MDE A BR
Roche
(t/m3) (%) (m/s) (MPa)
Granites ........... 2,6 à 2,7 ⭐ 1 4 500 à 6 000 170 à 260 15 à 25 6 à 13 900 à 1 500
Microgranites.. 2,6 <1 4 500 à 6 000 200 à 350 10 à 18 5 à 10 1 500 à 2 000
Basaltes ........... 2,8 à 3,0 0à2 5 500 à 7 000 200 à 400 11 à 17 5 à 10 500 à 2 000
Calcaires.......... 2,6 à 2,7 0à5 5 600 à 6 500 80 à 260 18 à 40 14 à 40 10 à 50
2,3 à 2,6 5 à 15 4 000 à 5 800 35 à 150 25 à 65 25 à 60 0 à 20
1,8 à 2,3 15 à 35 2 000 à 4 300 8 à 80 30 à 100 40 à 100 0
Grès ................. 2,5 à 2,6 0à5 3 000 à 5 500 40 à 250 12 à 25 3 à 30 600 à 2 200
2,2 à 2,5 5 à 20 2 500 à 5 000 20 à 200 25 à 80 20 à 100 100 à 600
Cornéennes ..... 2,6 à 2,7 ⭐ 1 5 000 à 6 500 160 à 200 10 à 16 5 à 15 800 à 900
Gneiss.............. 2,6 à 2,7 ⭐ 2 4 000 à 5 500 140 à 250 12 à 28 5 à 14 1 000 à 1 800
Amphibolites .. 2,8 à 3,0 ⭐ 1 5 500 à 6 000 160 à 250 8 à 20 5 à 22 900 à 1 500

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1

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C5010

Topographie. Topométrie. Géodésie

par Michel KASSER


1
Professeur des Universités
Ingénieur en Chef Géographe
Directeur de l’École Supérieure des Géomètres et Topographes
(Conservatoire National des Arts et Métiers)

1. Représentation de la surface terrestre .............................................. C 5 010 - 2


1.1 Surfaces de référence.................................................................................. — 2
1.2 Systèmes de coordonnées.......................................................................... — 3
1.2.1 Coordonnées géographiques ............................................................ — 3
1.2.2 Coordonnées rectangulaires planes ................................................. — 3
1.2.3 Coordonnées cartésiennes tridimensionnelles................................ — 3
1.2.4 Déviation de la verticale..................................................................... — 3
1.3 Représentations planes ou projections ..................................................... — 3
1.3.1 Représentation ou projection Lambert ............................................. — 3
1.3.2 Projection UTM (Universal Transverse Mercator ) ........................... — 3
1.3.3 Projection stéréographique ............................................................... — 4
2. Méthodes de mesures géométriques ................................................. — 4
2.1 Propagation des ondes électromagnétiques dans l’atmosphère ............ — 4
2.1.1 Vitesse de la lumière dans l’atmosphère.......................................... — 5
2.1.2 Réfraction atmosphérique. Trajectoire d’une onde
électromagnétique dans l’atmosphère ............................................. — 5
2.2 Mesures terrestres....................................................................................... — 6
2.2.1 Mesures d’angles................................................................................ — 6
2.2.2 Mesures électro-optiques de distances ............................................ — 7
2.2.3 Mesures de dénivelées, ou nivellement ........................................... — 10
2.3 Méthodes de géodésie spatiale.................................................................. — 12
2.3.1 Description du GPS (Global Positioning System ) ........................... — 12
2.3.2 Radio-interférométrie non connectée (VLBI).................................... — 12
2.3.3 Télémétrie laser sur satellites............................................................ — 13
2.3.4 Autres systèmes de géodésie spatiale.............................................. — 13
2.4 Photogrammétrie......................................................................................... — 13
2.4.1 Principe général .................................................................................. — 13
2.4.2 Instruments employés........................................................................ — 14
2.4.3 Exploitation d’images spatiales......................................................... — 14
2.5 Exemples de méthodes topographiques................................................... — 14
2.5.1 Levés terrestres traditionnels (levés directs ) ................................... — 14
Parution : mai 2013 - Dernière validation : juillet 2020

2.5.2 Exemples ............................................................................................. — 15


3. Traitement et gestion des mesures .................................................... — 16
3.1 Acquisition et stockage des données......................................................... — 16
3.2 Logiciels de compensation ......................................................................... — 16
3.3 Systèmes d’information géographique (SIG) ........................................... — 18
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. C 5 010

a géodésie a pour objet initial l’étude et la mesure de la forme générale


L de la Terre, de sa rotation, de son champ de pesanteur et des différents
systèmes de référence employables pour se repérer. Par extension de langage,
le géodésien est celui qui fournit des points d’appui connus par leurs coor-
données pour les travaux topographiques dont l’objet est ainsi de densifier
considérablement ce canevas de référence.

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© Techniques de l’Ingénieur, traité Construction C 5 010 − 1

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C5010

TOPOGRAPHIE. TOPOMÉTRIE. GÉODÉSIE ____________________________________________________________________________________________________

La topographie a pour objet la description et la représentation locale des


formes de la surface de la Terre. Le topographe procède donc à des levés, soit
en mesurant directement sur le terrain (mesures d’angles, de distances, ou GPS ;
§ 2.2 et 2.3.1), soit en exploitant les propriétés métriques d’images aériennes
stéréoscopiques du sol (photogrammétrie).
La topométrie représente l’ensemble des moyens géométriques employés
pour effectuer des mesures de positions relatives de points. C’est donc la boîte
1 à outils de base du topographe.
Le travail du géomètre recouvre une série d’activités complémentaires mais
étendues, allant de la topographie sous toutes ses formes à la cartographie (art
qui consiste à représenter au mieux la topographie sous forme de cartes), et à
tous les aspects techniques et juridiques de la définition de la propriété foncière.

Important : en Topographie, Topométrie et Géodésie, les angles sont exprimés en degrés ou


en grades et les pressions en millimètres de mercure. On rappelle les correspondances avec les
unités légales :
1o = π /180 rad ;
1 gr = π /200 rad ;
1 mmHg = 133 Pa.

1. Représentation 1.1 Surfaces de référence


de la surface terrestre La surface de la Terre ne s’écarte que de quelques dizaines de kilo-
mètres de celle d’une sphère : cette surface est elle aussi parfois
appelée topographie. Il s’agit à proprement parler de l’interface entre
Historique la partie solide de l’écorce terrestre et l’atmosphère ou les océans.
Mais si l’on cherche à décrire cette surface, on est amené à s’inté-
On peut retrouver des indices de travaux topographiques resser au champ de pesanteur terrestre : en effet, la seule grandeur
jusqu’à la plus haute antiquité (travaux hydrauliques, construc- accessible en tout point est la direction de la verticale, qui est donc
tion de grands édifices) et manifestement la définition de la une référence obligée.
propriété foncière était déjà source de conflits en Égypte Si l’on étudie le champ de pesanteur, champ en 1/r 2 comme le
ancienne ou en Mésopotamie, mais le grand essor de toutes ces champ électrique par exemple, on pourra définir des surfaces équi-
techniques date du XVIIe siècle en Europe et surtout en France : potentielles dont l’espacement sera susceptible de varier d’un
à la mesure de la forme de la Terre sont attachés les travaux de endroit à l’autre. Lorsque ces surfaces se rapprochent, et par analogie
l’Académie des Sciences, et si l’abbé Picard, dès 1660, a su déve- avec le champ électrique, le champ de pesanteur augmente, ce qui
lopper des instruments de visée extrêmement précis, ce sont des se traduit par des valeurs de g plus importantes que lorsque ces
hommes comme Bouguer, La Condamine, Clairaut, Huyghens, surfaces s’éloignent (une surface équipotentielle du champ de
etc., puis les quatre générations de Cassini qui ont fait faire en pesanteur n’a rien à voir avec une surface où g serait une constante).
guère plus d’un siècle des progrès absolument décisifs à la Une telle surface équipotentielle est partout perpendiculaire à la
géodésie et à la cartographie. Il faut en retenir qu’entre 1760 direction de la pesanteur, donc à la verticale locale, mais g n’y est
et 1950, la précision des méthodes topométriques n’a même pas pas uniforme. Si les océans n’étaient traversés d’aucun courant, s’ils
gagné un facteur 10, les seuls progrès significatifs étant dans le étaient de densité constante, et s’ils étaient au repos, leurs surfaces
domaine de la facilité de mise en œuvre et dans l’ergonomie de décriraient des équipotentielles du champ de pesanteur. L’une de ces
ces techniques. surfaces, proche en général du niveau moyen de la mer, a été prise
Aujourd’hui, en France, la notion de réseau géodésique pour origine des altitudes : on l’appelle géoïde. Le géoïde est assez
national (sur lequel tous travaux topographiques doivent voisin d’un ellipsoïde de révolution, par rapport auquel il présente
s’appuyer pour toujours rester compatibles entre eux, des irrégularités plus ou moins corrélées avec la topographie,
avec 500 000 repères d’altitude de précision et 100 000 repères n’excédant pas 100 m. On recherche donc l’ellipsoïde qui est le plus
géodésiques) s’efface avec un positionnement spatial mondial proche du géoïde, et on privilégie cette nouvelle surface parce qu’elle
précis et d’accès facile comme le GPS (§ 2.3.1), et la notion de se décrit mathématiquement par deux nombres seulement : le
carte de base, document de base commun à tous types d’acti- demi-grand axe a et le demi-petit axe b . On va donc repérer de
vités localisées et permettant la synergie entre travaux ulté- manière fiable tout point par rapport à sa position sur l’ellipsoïde
rieurs, disparaît devant le besoin omniprésent de bases de par trois nombres (par exemple une longitude, une latitude et une
données numériques nationales ou mondiales, réclamées pour hauteur).
les applications des systèmes d’informations géographiques, et Mais, pour beaucoup d’opérations, il faut en arriver à une repré-
dont les performances semblent devoir disqualifier pour long- sentation cartographique plane, permettant de travailler sur papier,
temps tout autre moyen de représentation de la surface topo- et l’ellipsoïde n’est bien évidemment pas une surface développable.
graphique. En France donc, le Cadastre a commencé à numériser On va donc définir une dernière surface de référence, souvent
tous les plans cadastraux, alors que l’Institut Géographique cylindre ou cône (donc développable), et on déterminera une trans-
National a engagé, depuis 1986, la majorité de ses moyens dans formation amenant le point de l’ellipsoïde sur cette surface. Cette
plusieurs bases de données nationales, dont la BDTopo d’une transformation est appelée représentation plane, et il s’agit fré-
précision métrique et la BDCarto de précision décamétrique. quemment d’une simple projection, à tel point que le terme de pro-
C’est dire que dans ce secteur professionnel, tout change (de jection désigne parfois, de manière générique et par abus de
nouveau) avec une grande rapidité. langage, toute représentation cartographique.

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C5010

___________________________________________________________________________________________________ TOPOGRAPHIE. TOPOMÉTRIE. GÉODÉSIE

De très nombreux ellipsoïdes nationaux, voire régionaux, ont été ou les angles soient quelconques. On appelle altération linéaire la
établis par le passé, chacun approximant au mieux le géoïde sur sa variation relative d’une longueur passant de l’ellipsoïde à la repré-
zone de travail, et parfaitement confondu avec lui au point fonda- sentation cartographique, et correction de réduction à la corde, ou
mental (pour la France, l’ellipsoïde est dit de Clarke et date de 1880, correction de dV (avec V visée), la correction angulaire qu’il convient
le point fondamental étant au Panthéon à Paris). Aujourd’hui, on a d’apporter à une visée ramenée sur l’ellipsoïde lorsqu’elle est repré-
souvent recours à un ellipsoïde général dit international, ce qui sentée sur le plan cartographique (figure 1).
simplifie les conversions de coordonnées qui restent malgré tout, Nous présenterons ici les projections les plus courantes : Lambert
d’un pays à un autre et pour des travaux frontaliers par exemple,

1
(employée pour la carte de France), UTM (Universal Transverse
un véritable problème technique et une source considérable Mercator, très employée dans le monde) et stéréographique (emploi
d’ennuis. Les demi-grand axe et demi-petit axe de l’ellipsoïde inter- fréquent pour des travaux scientifiques).
national (adopté en 1924) valent respectivement 6 378 388
et 6 356 912 m.
1.3.1 Représentation ou projection Lambert
1.2 Systèmes de coordonnées La représentation Lambert utilisée pour la France consiste à pro-
jeter, avec pour pôle le centre de la Terre, les points de l’ellipsoïde
Pour décrire la position d’un point A à la surface de la Terre, dif- de référence sur un cône ayant pour axe celui de la Terre, ce cône
férents systèmes de coordonnées sont utilisés. étant tangent à l’ellipsoïde le long d’un parallèle de latitude Φ0 . Dans
ces conditions, on constate qu’à la distance d de ce parallèle, une
longueur projetée sur ce cône subit une altération linéaire de
1.2.1 Coordonnées géographiques valeur m, et R étant le rayon moyen de courbure de l’ellipsoïde en
ce lieu :
– Longitude de A : angle dièdre entre deux plans contenant l’axe
d2
de rotation de la Terre, l’un contenant A et l’autre un point G de m = 1 + -------------
-
référence. 2R 2
– Latitude de A : angle entre la verticale de A et le plan de Cette valeur de m est malencontreusement toujours supérieure
l’équateur. à 1. On a donc jugé utile de multiplier a priori m par une valeur
– Altitude ellipsoïdique : distance de A à l’ellipsoïde. constante inférieure à l’unité, souvent notée e0 , et qui vaut en
France :
– Altitude : différents systèmes existent, tenant plus ou moins e 0 = 0,999 877 4
compte du champ de pesanteur, et assez proches d’une distance
de A au géoïde. C’est surtout la surface servant de référence qui la de sorte que l’altération linéaire varie à peu près entre – 12
différencie de la précédente. et + 16 cm/ km lorsqu’on passe de la proximité du parallèle de
latitude Φ 0 à celle correspondant à Φ 0 + 1,5 gr, ce qui aboutit à des
valeurs dont la moyenne est centrée sur 0. Grâce à cet artifice, il y
1.2.2 Coordonnées rectangulaires planes a deux parallèles le long desquels l’altération linéaire est nulle (à
environ 1 gr de Φ 0 ), et la France est découpée en 4 zones, ayant
Employées sur le plan de représentation plane, l’axe des Y est dans pour largeur chacune une bande de 3 gr en latitude. La zone I est
la direction du Nord pour au moins un méridien donné, et l’axe des X centrée sur Φ 0 = 55 gr, la zone II sur 52 gr, la zone III sur 49 gr et
lui est perpendiculaire : X est croissant vers l’Est et Y vers le Nord. la zone IV (pour la Corse) sur 46,85 gr. Les formules détaillées
décrivant la projection Lambert peuvent être trouvées dans de
nombreux ouvrages, par exemple [1].
1.2.3 Coordonnées cartésiennes tridimensionnelles Il faut préciser par ailleurs qu’en France, le méridien de référence
(Paris) est à 2,596 921 3 gr à l’est de Greenwich. L’image de ce
Elles sont fréquemment utilisées comme intermédiaire de calcul méridien est parallèle à l’axe des Y.
lorsqu’on emploie des méthodes de positionnement spatial. Les
axes X et Y sont orthogonaux dans le plan de l’équateur, l’axe Z est Les coordonnées Lambert pour la géodésie sont obtenues en attri-
confondu avec l’axe de rotation terrestre moyen. buant à l’intersection du méridien de référence et du parallèle de
latitude Φ 0 les coordonnées X = 600 km et Y = 200 km, sauf pour la
zone IV (Corse) où X = 234 358 m et Y = 185 861,669 m. L’axe des Y
est parallèle au Nord lorsqu’on est sur ce méridien. Les coordonnées
1.2.4 Déviation de la verticale Lambert pour la cartographie sont les mêmes, excepté la valeur de Y
qui est augmentée de 1 000 km pour la zone I, 2 000 km pour la
Ce terme désigne l’écart angulaire existant à un endroit donné
zone II, 3 000 km pour la zone III et 4 000 km pour la zone IV.
entre la verticale physique du lieu (direction de la pesanteur maté-
rialisée par exemple par un fil à plomb) et la direction orthogonale De plus, on emploie fréquemment le système Lambert II étendu,
à la surface de l’ellipsoïde passant par ce point. Lorsqu’elle est qui représente une extension du Lambert II (zone II) à toute la France,
inconnue (cas fréquent), c’est une cause d’imprécisions dans les avec bien sûr des altérations linéaires beaucoup plus fortes.
calculs de triangulation dans lesquels, par nécessité, on est amené Dans la projection Lambert, l’image des parallèles donne des arcs
à supposer que l’on travaille sur l’ellipsoïde et non sur le géoïde. de cercle centrés sur S (figure 2) et celle des méridiens, des droites
concourantes en S.

1.3 Représentations planes ou projections


1.3.2 Projection UTM (Universal Transverse Mercator )
La représentation cartographique du terrain sur un plan passe par
l’intermédiaire de l’ellipsoïde. La représentation des points du terrain En français, on utilise le terme de Mercator Transverse Universelle.
ramenés à l’ellipsoïde (par projection) sur la surface cartographique Cette projection conforme est très employée dans le monde, en
(qui est développable) peut prendre un grand nombre de variantes particulier pour les cartes internationales. C’est une projection, ayant
différentes, selon que l’on préfère que les angles entre deux visées pour pôle le centre de la Terre, de l’ellipsoïde sur un cylindre qui
soient conservés (représentations conformes), ou plutôt que les sur- est tangent à celui-ci tout le long d’un méridien de longitude λ, et
faces le soient (représentations équivalentes), ou que les surfaces ceci sur une zone s’étendant entre les longitudes λ – 3o et λ + 3o, soit

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C5010

TOPOGRAPHIE. TOPOMÉTRIE. GÉODÉSIE ____________________________________________________________________________________________________

donc sur un secteur de l’ellipsoïde de 6o de longitude. Hors de cette 1.3.3 Projection stéréographique
zone, on utilise un nouveau cylindre dont l’axe, compris dans le plan
de l’équateur, est tourné lui aussi de 6o par rapport au précédent. Il s’agit d’une projection ayant pour pôle un point de la surface
Pour couvrir l’ensemble de la Terre, on emploie donc 60 fuseaux. de la Terre, et l’ellipsoïde est alors projeté sur un plan tangent à
Comme le rapport d’échelle serait ainsi toujours au moins égal à 1, celui-ci en un point diamétralement opposé au pôle de projection.
mais jamais inférieur, on applique en outre un facteur d’échelle sup- Le cas le plus fréquent est celui de la projection stéréographique
plémentaire valant 0,999 6, ce qui fait que l’altération linéaire varie polaire, le pôle de projection étant l’un des pôles de l’ellipsoïde. Ce
autour de l’unité, comme pour la projection Lambert. cas est employé en particulier pour compléter dans les zones polaires

1 Les images des parallèles et des méridiens forment des faisceaux


de courbes assez difficiles à calculer. Pour plus de détails, se reporter
en [Doc. C 5 010] à la référence [1].
(latitudes supérieures à 80o) la projection UTM. Alors les images des
parallèles sont des cercles et celles des méridiens un faisceau de
droites concourantes au pôle, seul point par ailleurs où l’altération
linéaire vaut 1. L’équateur est représenté en particulier par un cercle
de rayon double de celui de la Terre.
Cette projection est fréquemment employée pour des modèles
simples représentant des phénomènes à la surface de la Terre,
considérée alors comme une sphère : la projection stéréographique
revient alors à une inversion (au sens géométrique) de la sphère.
Citons, par exemple, le cas de la sismologie : les mécanismes au
foyer sont analysés en utilisant une projection stéréographique.

2. Méthodes
de mesures géométriques
2.1 Propagation des ondes
électromagnétiques dans l’atmosphère
Les phénomènes atmosphériques marquants et qui intéressent le
topographe sont les phénomènes de réfraction (variations de l’indice
de réfraction qui entraînent un changement de vitesse et de direction
des ondes électromagnétiques) et de diffusion (interaction du rayon-
nement soit avec les molécules et les atomes constitutifs de l’air
(diffusion Rayleigh), soit avec les aérosols et les petites poussières
en suspension dans l’air (diffusion de Mie). La diffusion Rayleigh est
liée intimement aux bandes d’absorption de l’ultraviolet ; elle est res-
ponsable de la couleur bleue du ciel et de la courbe enveloppe de
la transmission atmosphérique totale vers le bleu et le vert (figure 3).
La diffusion totale due à ces deux aspects est cause :
— de l’atténuation d’un faisceau lumineux donné ;
— de l’apport de lumière solaire parasite dans le champ de récep-
Figure 1 – Réduction à la corde tion, qui se superpose au signal utile et qui représente un véritable
bruit optique.

Figure 3 – Transmission atmosphérique pour une visibilité de 11 km

Figure 2 – Projection Lambert

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Modèle géotechnique de calcul
(Réf. Internet 42238)

1– Outils pour l’élaboration du modèle géotechnique 2


2– Conception du modèle de calcul Réf. Internet page

Déformabilité des sols. Tassements. Consolidation C214 59

Résistance au cisaillement C216 65

Corrélations entre les propriétés des sols C219 71

Propriétés mécaniques des sols déterminées en place C220 75

Modélisation numérique des ouvrages géotechniques C258 83

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57
2

58
Référence Internet
C214

Déformabilité des sols.


Tassements. Consolidation

par Jean-Pierre MAGNAN


Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées
Directeur technique au Laboratoire Central des Ponts et Chaussées, Paris
2
Professeur de mécanique des sols et des roches à l’École Nationale
des Ponts et Chaussées, Paris

1. Présentation .............................................................................................. C 214 - 2


2. Déformabilité des sols............................................................................ — 3
2.1 Généralités ................................................................................................... — 3
2.2 Compressibilité ............................................................................................ — 4
2.3 Déformabilité déviatorique et volumique.................................................. — 9
3. Calcul des tassements............................................................................ — 11
3.1 Généralités ................................................................................................... — 11
3.2 Méthode œdométrique ............................................................................... — 12
3.3 Méthode pressiométrique........................................................................... — 13
3.4 Accélération du tassement ......................................................................... — 14
3.5 Tassements admissibles ............................................................................. — 14
4. Consolidation ............................................................................................ — 15
4.1 Phénomène de consolidation ..................................................................... — 15
4.2 Théorie de la consolidation unidimensionnelle........................................ — 15
4.3 Calcul du tassement au cours du temps.................................................... — 20
4.4 Autres théories de la consolidation ........................................................... — 21
5. Pratique des études de tassements.................................................... — 23
5.1 Généralités ................................................................................................... — 23
5.2 Domaines d’emploi des méthodes de calcul ............................................ — 23
5.3 Choix des valeurs des paramètres de calcul ............................................. — 23
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. C 214
Parution : novembre 2000 - Dernière validation : juillet 2020

T ous les sols se déforment sous les charges qui leur sont appliquées, avec
des amplitudes qui peuvent aller de quelques millimètres à quelques
mètres. La prévision de ces déplacements est demandée par les nouvelles nor-
mes de calcul, pour vérifier qu’ils seront acceptables par les ouvrages à
construire.
L’amplitude des déformations du sol dépend de la nature et de l’état du sol
et des charges appliquées. Ces charges sont limitées par les conditions de
stabilité qu’il faut respecter lors de la conception des ouvrages. En pratique, les
fondations superficielles de bâtiments sont construites sur des sols relative-
ment résistants et subissent des déformations faibles, que l’on peut habituel-
lement estimer par un calcul linéaire. Les déformations les plus importantes
sont celles des massifs d’argiles molles saturées, qui peuvent durer pendant
des périodes longues (quelques mois à quelques dizaines d’années). Dans ce
cas, on utilise une loi de déformabilité non linéaire (semi-logarithmique) pour
évaluer l’amplitude finale du tassement et des déformations horizontales, et

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C214

DÉFORMABILITÉ DES SOLS. TASSEMENTS. CONSOLIDATION ___________________________________________________________________________________

l’évolution du tassement au cours du temps est analysée en tenant compte de


l’effet de la perméabilité limitée du sol sur la vitesse de déformation (consoli-
dation) et de la viscosité du sol (fluage).
Cet article traite successivement de la déformabilité des sols (compressibilité
œdométrique, estimation des modules de déformabilité), du calcul de l’ampli-
tude des tassements finals et de la description de l’évolution des déformations
au cours du temps. Il se termine par quelques considérations sur le calcul
pratique des tassements.

2
Notations et Symboles 1. Présentation
Symbole Unité Définition Les sols, comme tous les autres matériaux, se déforment lorsqu’on
leur applique une charge. Conformément aux principes généraux de
e Indice des vides la mécanique des sols, les déformations des sols saturés sont liées
à des variations des contraintes effectives, c’est-à-dire à des varia-
e0 Indice des vides initial tions de la différence entre les contraintes totales et la pression de
l’eau interstitielle. Les contraintes totales sont créées par les forces
kPa, MPa Pression de préconsolidation de pesanteur et par les autres charges appliquées à la surface du sol
σp′ (par des remblais, des fondations superficielles, des radiers, etc.) ou
(L–1MT –2)
à l’intérieur du massif de sol (fondations profondes, tunnels, etc.). Les
pressions interstitielles peuvent varier indépendamment par rabat-
σv′ 0 kPa, MPa Contrainte effective verticale
tement de nappe ou par variation du degré de saturation dans les sols
initiale (L–1MT –2) non saturés. Dans le cas des sols secs, la pression de l’eau intersti-
tielle est nulle et les déformations sont directement liées aux varia-
Cc Indice de compression tions des charges appliquées. Quand le sol n’est pas saturé,
l’évaluation des déformations est plus complexe (voir article [C 301]
Cs Indice de gonflement Eau dans les sols non saturés ) mais elles proviennent aussi des varia-
(recompression) tions des contraintes totales et des pressions de l’eau (et parfois de
l’air). Cet article est consacré aux déformations des sols saturés ou
Cαe Indice de fluage secs.
Dans le cas général, les déplacements des particules d’un sol
av kPa–1, MPa–1 Coefficient de compressibilité chargé sont tridimensionnels :
(LM–1T2) — la composante verticale du déplacement est appelée tasse-
ment ;
mv kPa–1, MPa–1 Coefficient de compressibilité — les composantes horizontales sont appelées déplacements
(LM–1T2) horizontaux.
L’amplitude des déplacements du sol dépend de nombreux
Eoed kPa, MPa Module œdométrique (L–1MT –2) facteurs comme la nature du sol, les conditions de drainage,
le temps, la charge appliquée, la géométrie de la couche défor-
EM kPa, MPa Module pressiométrique (L–1MT –2) mable, etc.
Le calcul des déplacements en chaque point d’un massif de sol est
k m/s Coefficient de perméabilité (LT –1)
théoriquement possible si l’on connaît les caractéristiques du char-
gement et la loi de comportement du sol (relation entre les déforma-
cv m2/s Coefficient de consolidation tions et les contraintes effectives) (cf. article [C 218] Lois de
verticale (L2T –1) comportement et modélisation des sols ). Néanmoins, les lois de
comportement des sols sont complexes et l’on effectue habituelle-
cr m2/s Coefficient de consolidation radiale ment un calcul approché, en déterminant séparément les contraintes
(L2T –1) effectives induites par les charges appliquées, puis les déformations
correspondantes.
γ kN/m3 Poids volumique du sol (L–2MT –2) Dans de très nombreux problèmes, la surface du massif de sol est
horizontale et les charges appliquées sont verticales. Dans ce cas,
γw kN/m3 Poids volumique de l’eau (L–2MT –2) les déformations verticales du sol sont, en général, prépondérantes.
Si, de plus, la charge appliquée à la surface du sol est à peu près uni-
(1) Dans la pratique de la mécanique des sols, on admet que l’accéléra- forme, et si les dimensions de la zone chargée sont grandes par rap-
tion due à la pesanteur vaut 10 m/s2, d’où γw = 10 kN/m3. port à l’épaisseur de la couche compressible (rapport largeur/
Les symboles et unités recommandés pour le traitement des problè- épaisseur supérieur à 2 ou 3), on peut admettre que les déforma-
mes de déformabilité des sols, de tassements et de consolidation ont été tions du sol au milieu de la zone chargée sont uniquement vertica-
définis par la Société Internationale de Mécanique des Sols et de la les, comme dans le cas d’un massif semi-infini soumis à une
Géotechnique. Les unités sont conformes au Système International (SI) et
aux règles légales en France (décret no 82-203 du 26 février 1982). pression uniforme en surface (figure 1). Le sol se déforme alors
sans déplacement horizontal, ce que l’on peut reproduire aisément

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C214

___________________________________________________________________________________ DÉFORMABILITÉ DES SOLS. TASSEMENTS. CONSOLIDATION

∆σv

1 1
2 2 2 2
y

0 a charge de faible étendue b charge d'étendue importante


x σv (z) par rapport à l'épaisseur
du sol déformable
M

2
1 Déformation volumique importante
z 2 Déformation déviatorique dominante

z Figure 2 – Déformations d’un massif de sol sous une charge


de surface

Figure 1 – Massif semi-infini soumis à une charge verticale uniforme


D s v en surface

en laboratoire, en appliquant des charges sur une éprouvette conte-


nue dans un cylindre rigide (œdomètre). La courbe de compressibi- 2 2 2 2
lité obtenue à l’œdomètre est l’outil de base du calcul du tassement
des sols. Les essais œdométriques et la courbe de compressibilité 1 1
œdométrique sont décrits dans le paragraphe 2 de cet article. Ce
même paragraphe décrit aussi la détermination des modules de
déformabilité à partir d’autres essais de laboratoire (essai triaxial) a excavation étroite b excavation large
ou en place (pressiomètre).
1 Déformation volumique importante
Le paragraphe 3 est consacré au calcul des tassements, dans le
cas général où l’on ne peut pas se limiter à l’étude des effets d’une 2 Déformation déviatorique dominante
c harge un if orme a p pl i q u é e à l a su rfa ce su p éri e u r e d’un
demi-espace. Il décrit la méthode de calcul pratique des tassements
sous les fondations superficielles et les remblais, et les méthodes Figure 3 – Déformations d’un massif de sol sous l’effet
utilisables pour accélérer les tassements. Il indique, d’autre part, les d’une excavation
déformations admissibles en fonction de la nature des ouvrages à
construire.
Dans les sols fins saturés, qui ont une perméabilité trop faible ■ Au voisinage d’une excavation (figure 3), les champs de
pour que l’eau interstitielle puisse se déplacer rapidement, les tasse- contraintes correspondent à une distorsion du sol dans les talus et à
ments ne sont pas instantanés lors de l’application de la charge. La un gonflement de nature plutôt volumique sous le fond de l’excava-
charge appliquée est d’abord supportée par l’eau interstitielle. Il se tion, de façon analogue mais de signe opposé au comportement du
produit ensuite le phénomène de consolidation, qui correspond à sol chargé. On doit distinguer aussi le cas des excavations étroites
un transfert progressif de la charge de l’eau interstitielle au sque- ou larges, à bord verticaux (soutenus) ou inclinés.
lette du sol. L’analyse de la consolidation du sol permet de calculer
les vitesses de tassement des sols fins. Le paragraphe 4 de cet ■ Dans une pente naturelle, en l’absence de tout chargement ou
article lui est consacré. déchargement, le sol est soumis par la pesanteur à un champ de
contraintes déviatoriques qui tend à le déformer de façon progres-
sive, sans changement de volume significatif.

2. Déformabilité des sols S’ajoute à cette première distinction des zones à déformations plu-
tôt volumiques et des zones à déformations plutôt déviatoriques, une
différenciation des déformations par leur durée : déformations ins-
tantanées (sables et graviers) ou déformations visqueuses (argiles),
2.1 Généralités déformations volumiques différées par la faible perméabilité du sol
(sols fins peu perméables : argiles, tourbes, limons).
La déformabilité prend des formes différentes selon la nature des Tout ceci laisse une large place à la coexistence de descriptions dif-
sols et le type des ouvrages, comme le montrent les quelques exem- férentes de la déformabilité des sols et de méthodes de calcul diffé-
ples suivants : rentes pour les tassements.
■ Sous une charge superficielle (figure 2), on peut distinguer, Nous allons examiner dans ce paragraphe deux descriptions clas-
comme le faisait L. Ménard pour les calculs pressiométriques, une siques de la déformabilité des sols : la compressibilité œdométrique,
zone située sous la charge où la déformation volumique domine et qui correspond aux zones de déformation volumique prédominante
une zone externe où la déformation est plutôt déviatorique (distor- (figure 2b ), et la déformabilité déviatorique, caractérisée par les
sion du sol sans changement significatif de volume). Les fondations modules de cisaillement que l’on détermine à l’appareil triaxial ou au
superficielles des murs et des poteaux correspondent généralement pressiomètre. Une description plus générale des lois de comporte-
à la situation de la figure 2a, tandis que les radiers et remblais sont ment des sols est présentée dans l’article [C 218] Lois de comporte-
plutôt de type 2b. ment et modélisation des sols.

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DÉFORMABILITÉ DES SOLS. TASSEMENTS. CONSOLIDATION ___________________________________________________________________________________

2.2 Compressibilité
Comparateur
Charge
2.2.1 Essais œdométriques
Piston Eau
L’essai œdométrique reproduit les conditions de déformation des
sols dans le cas d’un massif à surface horizontale chargé par une Réservoir
Pierre poreuse
pression uniforme et où le sol ne peut se déplacer que verticalement. supérieure
Le principe de l’œdomètre a été inventé au début du XXe siècle et cet Éprouvette
Anneau
appareil fait partie de l’équipement de tous les laboratoires de méca-
nique des sols. Pierre poreuse
inférieure

2
2.2.1.1 Œdomètre
L’œdomètre, utilisé pour réaliser les essais de compressibilité à a cellule ouverte
déformation horizontale nulle, comporte deux parties :
— une cellule contenant l’éprouvette de sol ;
Comparateur
— un système de mise en charge.
Charge
Évacuation supérieure
2.2.1.1.1 Cellule œdométrique de l'eau interstitielle
Deux types de cellules œdométriques sont utilisés à l’heure
actuelle. Ils se différencient par le fait que, dans un cas, on peut con- Anneau
Piston
trôler l’écoulement de l’eau qui sort de l’éprouvette ou la pression
de l’eau pendant l’essai, tandis que, dans l’autre cas, on ne le peut Pierre poreuse
pas. supérieure
Les cellules œdométriques ouvertes, qui ne permettent pas de Éprouvette
contrôler l’eau pendant l’essai, comportent (figure 4a ) :
Pierre poreuse
— une bague annulaire rigide contenant l’éprouvette de sol ; inférieure
— deux pierres poreuses assurant le drainage des deux faces Embase Évacuation
supérieure et inférieure de l’éprouvette ; inférieure
— un piston coulissant à l’intérieur de l’anneau et venant de l'eau
b cellule fermée interstitielle
charger l’éprouvette ;
— un réservoir d’eau dans lequel l’ensemble précédent est
immergé ;
— un ou deux comparateurs pour mesurer les déplacements Figure 4 – Cellule œdométrique
verticaux du piston.
Si l’on remplace la pierre poreuse inférieure par une bague métal-
lique, on peut réaliser les essais sur des éprouvettes drainées d’un s’avèrent souvent indispensables pour la réalisation des nouveaux
seul côté. types d’essais œdométriques.
Les cellules œdométriques fermées, qui permettent de contrôler Les systèmes de mise en charge utilisés pour les essais œdomé-
la quantité d’eau qui sort de l’éprouvette ou la pression de l’eau triques permettent, en général, de faire varier la pression appliquée
dans le sol, comprennent (figure 4b ) : entre 5 ou 10 kPa (poids propre du piston) et 2 500 kPa. Pour les
— une bague annulaire rigide contenant l’éprouvette de sol ; essais sur les sols raides (et les roches tendres), des œdomètres
— une embase comportant un logement pour la pierre poreuse spéciaux, permettant des charges dix fois supérieures, sont utilisés.
inférieure et un conduit pour l’évacuation de l’eau interstitielle ;
— un piston coulissant à l’intérieur de l’anneau et comportant 2.2.1.2 Essai œdométrique à chargement par paliers
un logement pour la pierre poreuse supérieure et un conduit pour
l’évacuation de l’eau interstitielle ; Cet essai, couramment appelé essai œdométrique, traduit dans la
— deux pierres poreuses assurant le drainage des deux faces de pratique l’idée qui vient à l’esprit quand on veut mesurer la
l’éprouvette ; compressibilité d’un matériau : on applique une charge, on mesure
— un ou deux comparateurs pour mesurer les déplacements la déformation jusqu’à ce qu’elle se stabilise, puis on applique une
verticaux du piston. charge plus forte et l’on recommence les observations, etc. L’inter-
prétation de l’essai consiste à tracer la courbe donnant la variation
Les éprouvettes œdométriques ont des dimensions variables de l’indice des vides de l’éprouvette en fonction de la contrainte
selon le matériel utilisé. Les dimensions les plus fréquentes sont les appliquée : c’est la courbe de compressibilité œdométrique ou
suivantes : courbe œdométrique.
— diamètre : 60 ou 70 mm ;
— hauteur : 20 ou 25 mm. L’exécution de l’essai comporte les opérations suivantes :
— taille de l’éprouvette et mise en place dans l’œdomètre ;
2.2.1.1.2 Système de mise en charge — saturation de l’éprouvette (dans le cas des sols fins pour les-
quels on s’intéresse à la vitesse de tassement, il est indispensable
Pour appliquer les charges nécessaires sur le piston de l’œdo-
que le sol soit saturé pour que l’on puisse interpréter les courbes
mètre, on utilise principalement :
de tassement au cours du temps sous chacune des charges appli-
— des systèmes mécaniques de chargement par poids, en géné- quées ; l’application d’une contre-pression est considérée comme
ral avec des bras de levier pour augmenter les efforts appliqués ; la technique de saturation la plus efficace ; elle implique l’utilisa-
— des systèmes pneumatiques ou hydrauliques. tion de cellules œdométriques fermées) ;
Ces deux types de systèmes sont également adaptés à la réalisa- — application de la charge sur le piston par paliers de 24 heures
tion des essais classiques de chargement par paliers. Toutefois, les et mesure du tassement au cours du temps sous chacune des char-
systèmes hydrauliques et pneumatiques, plus faciles à automatiser, ges successivement imposées à l’éprouvette ; on applique habituel-

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___________________________________________________________________________________ DÉFORMABILITÉ DES SOLS. TASSEMENTS. CONSOLIDATION

lement des charges dont chacune est le double de la précédente ;


en début d’essai, la succession des charges peut être différente, elle
e
est précisée par les modes opératoires officiels des essais ; Domaine des contraintes usuelles
— en fin d’essai, déchargement de l’éprouvette, pesée avant et
après séchage à l’étuve (pour déterminer l’indice des vides) ; A
— dépouillement des résultats.
La procédure de l’essai œdométrique à chargement par paliers
est décrite par la norme française XP P 94-091. Les modes opératoi-
res détaillés des différents types d’essais œdométriques décrits
dans cet article ont été publiés par le Laboratoire Central des Ponts C B
et Chaussées [6].
D

2
E
2.2.1.3 Courbe de compressibilité des sols pulvérulents
F
La perméabilité des sols pulvérulents est en général assez forte
pour que l’eau ne s’oppose pas à la déformation du sol. Les défor-
mations sont pratiquement instantanées. Elles sont dues :
— pour l’essentiel au réarrangement des particules qui consti- 1 MPa σ 'v
tuent le squelette solide du sol ;
— pour une faible part, à la déformation des particules solides Dans la partie AB de la courbe, la variation de volume est notable et
provient surtout du réarrangement des grains. Dans la partie EF, elle est
aux points de contact entre les particules. faible et provient de la déformation élastique des grains.
La courbe de compressibilité œdométrique d’un sol pulvérulent a
l’allure générale indiquée sur la figure 5, en termes d’indice des Si l'on décharge et recharge l'éprouvette (trajet BC et CD), on constate
que le comportement du matériau n'est pas réversible ; seule, la part
vides e (cf. article [C 208] Description, identification et classification liée à la déformation élastique des grains est récupérée.
des sols ) et de contrainte effective verticale σ v′ (cf. article [C 212]
L’eau dans les sols ). Si l’on décharge puis recharge une éprouvette,
on constate que le comportement du sol n’est pas réversible (trajets Figure 5 – Courbe œdométrique d’un sol pulvérulent
BC et CD sur la figure 5).
En pratique, l’essai œdométrique est peu utilisé pour les sables.

2.2.1.4 Courbe de compressibilité des sols fins Échelle logarithmique


La perméabilité des sols fins est en général faible et l’écoulement t100 tf t
de l’eau à travers les pores du sol ne s’effectue pas instantanément.
Consolidation Compression
Les charges appliquées à la surface de l’éprouvette se transmettent primaire secondaire
d’abord à l’eau puis, progressivement, au squelette solide, au fur et
à mesure que l’eau sort du sol. Tassement s0
instantané A
Les déformations de l’éprouvette sous chaque charge appliquée B
dépendent donc du temps et l’on est conduit à étudier le phéno-
mène en deux étapes : Tassement de
— la première (§ 2.2.1.4.1) concerne l’évolution du tassement s consolidation
I
(ou de l’indice des vides e) de l’éprouvette en fonction du temps,
pour une valeur donnée de la pression σv appliquée ;
— la seconde (§ 2.2.1.4.2) concerne la variation de l’indice des s100
vides ef à la fin de chaque étape de chargement, en fonction de la Tassement de J
pression σ v′ (à la fin de chaque étape de chargement, les pressions compression
secondaire
σv et σ v′ sont égales). Elle permet de construire la courbe de sf C
compressibilité du sol, appelée couramment courbe œdométrique.
s
2.2.1.4.1 Courbe de consolidation
La courbe de variation du tassement s en fonction du logarithme La courbe présente d'abord un palier sensiblement horizontal AB, une
du temps t a l’allure indiquée sur la figure 6. On a l’habitude de dis- partie BI décroissante, à concavité tournée vers le bas, puis, au-delà du
tinguer trois parties dans cette courbe : point d'inflexion I, une partie IC à concavité tournée vers le haut.

— la compression initiale ou instantanée, lors de l’application de La pression interstitielle est considérée comme dissipée au temps,
la charge (a ) ; noté t100 , correspondant au point d'intersection J de la tangente à la
— la consolidation primaire, qui correspond à la dissipation de courbe au point d'inflexion I, et de l'asymptote à la partie IC de la
courbe.
la pression interstitielle (b ) ;
— la compression secondaire, qui se poursuit dans le temps On note la valeur du tassement correspondant s100 , ainsi que celle du
après la dissipation de la surpression interstitielle (c ). tassement en fin d'essai sf , (indice des vides ef ).
En général, la consolidation primaire est le phénomène prépon-
dérant et, pour les épaisseurs habituelles des éprouvettes, elle se Figure 6 – Courbe de consolidation d’un sol fin
termine en moins de 24 heures (temps t100 sur la figure 6).

2.2.1.4.2 Courbe œdométrique des 24 heures. On peut alors tracer le diagramme donnant la varia-
Par convention, l’essai est réalisé en augmentant toutes les 24 heu- tion de l’indice des vides e (en réalité, l’indice des vides ef au bout
res la pression appliquée à l’éprouvette et l’on admet que la défor- des 24 heures) en fonction de la contrainte effective σ v′ (égale à
mation finale sous chaque charge est celle que l’on mesure au bout la contrainte totale, c’est-à-dire à la pression appliquée σv puisque la

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Résistance au cisaillement

par Jean-Pierre MAGNAN


Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées

2
Docteur ès Sciences
Directeur technique, Laboratoire Central des Ponts et Chaussées
Professeur adjoint à l’École Nationale des Ponts et Chaussées

1. Rappel : contraintes et déformations dans les sols....................... C 216 - 2


1.1 État de contraintes en un point d’un milieu continu ................................ — 2
1.2 État de déformation en un point d’un milieu continu .............................. — 5
1.3 Relations entre contraintes et déformations ............................................. — 5
2. Résistance et rupture des sols ............................................................. — 6
2.1 Modes de rupture ........................................................................................ — 6
2.2 Définition de la rupture du sol.................................................................... — 6
2.3 Comportement drainé et non drainé d’un sol........................................... — 6
2.4 Détermination en laboratoire des caractéristiques drainées
et non drainées ............................................................................................ — 7
2.5 Calculs à court terme et à long terme........................................................ — 7
3. Essais de laboratoire............................................................................... — 8
3.1 Essais à l’appareil triaxial de révolution .................................................... — 8
3.2 Essais de compression simple ................................................................... — 10
3.3 Essais de cisaillement direct à la boîte ...................................................... — 10
3.4 Essais de cisaillement direct alterné à la boîte ......................................... — 11
3.5 Essais au scissomètre de laboratoire......................................................... — 12
4. Essais en place.......................................................................................... — 12
4.1 Essais au scissomètre de chantier ............................................................. — 12
4.2 Essais au pénétromètre statique ................................................................ — 13
4.3 Essais au pressiomètre autoforeur ............................................................ — 13
5. Résistance au cisaillement des sols pulvérulents .......................... — 14
5.1 Courbe effort-déformation. Résistance au cisaillement ........................... — 14
5.2 Courbe intrinsèque ...................................................................................... — 14
5.3 Angle de frottement interne ....................................................................... — 15
5.4 Variation de volume en cours de cisaillement.
Indice des vides critique. État caractéristique ........................................... — 15
5.5 Essai pressiométrique ................................................................................. — 17
Parution : février 1991 - Dernière validation : juillet 2020

6. Résistance au cisaillement des sols cohérents ............................... — 17


6.1 Comportements drainé et non drainé........................................................ — 17
6.2 Caractéristiques drainées............................................................................ — 17
6.3 Caractéristiques non drainées .................................................................... — 20
6.4 Variation de volume en cours de cisaillement .......................................... — 22
7. Conclusions ............................................................................................... — 22
7.1 Expression générale de la résistance au cisaillement .............................. — 22
7.2 Choix des paramètres ................................................................................. — 23
Références bibliographiques ......................................................................... — 25

es symboles et unités recommandés pour le traitement des problèmes de


L résistance au cisaillement ont été définis par la Société Internationale de
Mécanique des Sols et des Travaux de Fondations [1] [Form. C 201].

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(0)
Symboles et unités des paramètres mécaniques des sols utilisés dans cet article

Paramètre Symbole Unité Dimension


Cohésion ................................................ c kPa L–1 MT –2
Angle de frottement interne ................. ϕ degré
Cohésion effective................................. c’ kPa L–1 MT –2
Angle de frottement effectif ................. ϕ’ degré
Cohésion non drainée........................... cu kPa L–1 MT –2
Cohésion apparente .............................. cuu kPa L–1 MT –2

2
Angle de frottement apparent.............. ϕuu degré
Cohésion remaniée cr kPa L–1 MT –2
Sensibilité .............................................. St
Cohésion résiduelle............................... c R′ kPa L–1 MT –2
Angle de frottement résiduel ............... ϕ R′ degré
Taux d’augmentation de cu .................. λcu
Résistance à la compression simple.... Rc kPa L–1 MT –2
Effort de pointe statique ....................... Qc kN LMT –2
Résistance de pointe statique .............. qc kPa L–1 MT –2
Effort de frottement latéral ................... Qs kN LMT –2
Frottement latéral unitaire.................... fs kPa L–1 MT –2

1. Rappel : contraintes Le tenseur des contraintes ⫽



σ est souvent décomposé en la somme

et déformations dans les sols d’un tenseur sphérique S et d’un tenseur déviatorique D :

⫽ ⫽ ⫽
σ = S+D
Les notions de contraintes et de déformations font partie des
connaissances acquises dans toutes les études techniques et le σx – σm σ xy σ xz
présent article est limité au rappel des définitions et des principaux 1 0 0

résultats utilisés pour l’étude de la résistance au cisaillement des σ = σm 0 1 0 + σ xy σy – σm σ yz
sols. 0 0 1 σ xz σ yz σz – σm

Le terme σm est la moyenne arithmétique des termes de la dia-


1.1 État de contraintes gonale du tenseur des contraintes (premier invariant), appelée
contrainte moyenne (ou contrainte moyenne octaédrique σoct ) :
en un point d’un milieu continu
σx + σ y + σz σ1 + σ2 + σ3
1.1.1 Tenseur des contraintes σ m = --------------------------------- = -----------------------------------
3 3
L’état de contraintes en un point M d’un milieu continu est complè- Le tenseur déviatorique a une trace nulle et est souvent représenté
tement défini par le tenseur à six composantes : par le déviateur des contraintes, noté q et égal au second invariant
du tenseur déviatorique. En termes de contraintes principales, ce
σx σ xy σ xz déviateur des contraintes est égal à :

σ = σ xy σ y σ yz ( σ 1 – σ 2 )2 + ( σ 2 – σ 3 )2 + ( σ 3 – σ 1 )2
σ xz σ yz σ z q = ------------------------------------------------------------------------------------------------
-
6

dont on utilise souvent la représentation dans le repère des direc-


Le vecteur de contrainte f s’exerçant sur un plan Π passant par
tions principales :
le point M, plan repéré par les cosinus directeurs de sa normale n
σ1 0 0 (figure 1a ), est égal à :
⫽=
σ 0 σ2 0
0 0 σ3 f = ⫽
σ⋅ n

Les trois contraintes principales majeure σ 1 , intermédiaire σ 2 et


mineure σ 3 ne déterminent pas de façon complète l’état de Le vecteur de contrainte f peut être représenté par ses projections
contraintes au point M, qui dépend aussi de l’orientation des axes sur la normale n (contrainte normale σ ) et sur le plan Π (contrainte
principaux (par exemple, des trois cosinus directeurs de la contrainte tangentielle τ ).
principale majeure).

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2
Figure 2 – Représentation de Mohr : états de contraintes possibles

Figure 1 – État de contraintes en un point d’un milieu continu


1.1.3 Représentations de Lambe et de Cambridge.
Chemins de contraintes
1.1.2 Représentation de Mohr. Cercle de Mohr
Dans la plupart des problèmes de mécanique des sols, l’état de
La représentation des variations de σ et τ quand le plan Π tourne contraintes varie au cours du temps et il est important de pouvoir
autour du point M est équivalente à la donnée du tenseur des représenter simplement ces variations. La représentation de Mohr,
⫽ dans laquelle à chaque état de contraintes correspond un cercle, n’est
contraintes à six composantes σ . Le point F de coordonnées (σ, τ ) pas utilisable en pratique et d’autres représentations ont dû être
est tel que OF = f et l’angle (Oσ, OF) est égal à l’angle α du vecteur recherchées. Deux d’entre elles sont fréquemment utilisées, celle de
Lambe et celle de Roscoe et de ses collaborateurs à l’université de
contrainte f avec la normale n au plan Π (figure 1b ). Cette repré- Cambridge.
sentation, dite de Mohr, est très utilisée pour l’étude de la résistance La représentation de Lambe est équivalente à celle de Mohr, en
au cisaillement des sols à cause des propriétés du cercle de Mohr. ce sens qu’elle remplace un cercle de Mohr par son sommet, de
Lorsque le plan Π balaie l’ensemble des orientations possibles coordonnées :
autour du point M, le point F de coordonnées (σ, τ ) se déplace dans s = (σ 1 + σ 3 )/2
la zone hachurée du diagramme de la figure 2. Ce domaine est limité
par trois cercles centrés sur l’axe des contraintes normales Oσ et t = (σ 1 – σ 3 )/2
dont les points extrêmes correspondent aux contraintes principales La représentation de Cambridge utilise la contrainte moyenne σm ,
σ 1 , σ 2 et σ 3 . Chacun de ces cercles est le lieu des états de contraintes notée p, et le déviateur des contraintes q. Elle permet donc de
(σ, τ ) lorsque le plan Π tourne autour de la direction de l’autre prendre en compte l’influence de la contrainte principale inter-
contrainte principale (par exemple, le cercle de diamètre σ 1 – σ 3 médiaire σ 2 . Néanmoins, pour certaines applications, les expres-
correspond aux états de contraintes sur les plans Π tournant autour sions se simplifient ; ainsi, pour l’analyse des essais triaxiaux (§ 3.1),
de la direction de la contrainte principale σ 2 ). Le plus grand de ces on a toujours σ 2 = σ 3 d’où :
cercles est appelé cercle de Mohr.
p = (σ 1 + 2σ 3 )/3
Ce cercle est très utilisé en mécanique des sols pour l’inter-
prétation des essais de cisaillement en laboratoire (§ 3.1.3) et pour q = σ1 – σ3
l’analyse des problèmes dans lesquels l’une des directions princi-
pales reste constante (calculs bidimensionnels, par exemple). On appelle chemin de contraintes l’ensemble des points repré-
Le cercle de Mohr (figure 3) possède des propriétés géométriques sentant les états de contraintes successifs d’un point du milieu
utiles : continu considéré. La figure 4 montre quelques chemins de
contraintes dans les deux représentations de Lambe (figure 4a ) et
— lorsque le plan Π tourne d’une angle β autour de l’axe Mσ 2 de Cambridge (figure 4b ).
(figure 3a ), le point F se déplace sur le cercle de Mohr d’un angle
– 2β ;
— si l’on trace par le point F’, symétrique de F par rapport à l’axe 1.1.4 Contraintes totales et contraintes effectives
Oσ, la parallèle à la trace du plan Π dans le plan des contraintes prin-
cipales Mσ 1 σ 3 , cette droite recoupe le cercle de Mohr en un point
P appelé pôle, dont on démontre qu’il est fixe quand le plan tourne Suivant les circonstances, différents systèmes de contraintes sont
autour de l’axe Mσ 2 ; utilisés pour l’étude des problèmes de mécanique des sols. Dans
— connaissant le pôle du cercle de Mohr, on obtient les traces les sols saturés, on distingue classiquement (cf. article L’eau dans
des plans sur lesquels s’exercent les contraintes principales majeure le sol [C 212] dans cette rubrique) :
et mineure en traçant les droites PA et PB (les directions des ⫽
— les contraintes totales σ ;
contraintes principales correspondantes sont perpendiculaires à ces ⫽
plans, de sorte que la contrainte principale majeure σ 1 est dirigée — les pressions interstitielles u ⋅ 1 ;
selon PB et la contrainte principale mineure est dirigée selon PA) ⫽ ⫽
— les contraintes effectives ⫽σ ′ = σ – u ⋅ 1.
(figure 3b ) ;
— le rayon du cercle de Mohr est égal à (σ 1 – σ 3)/2, et son
centre C a pour abscisse (σ 1 + σ 3)/2.

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Figure 3 – Cercle de Mohr

Dans les représentations de Lambe et de Cambridge, les points


et les chemins de contraintes effectives se déduisent également des
états et chemins de contraintes totales par une translation de u paral-
lèlement à l’axe des s (ou des p ). Des exemples de chemins de
contraintes totales et effectives sont représentés sur les figures 5b
et c. Ces exemples illustrent l’existence des relations :
s’ = s – u
t’ = t
et p’ = p – u
q’ = q
entre les contraintes totales et effectives.
Dans les sols secs, la pression interstitielle n’existe pas et l’on
Figure 4 – Chemins de contraintes utilise un seul système de contraintes. On peut formellement définir
des contraintes effectives identiques aux contraintes totales et une
pression interstitielle identiquement nulle.
Les définitions données dans les paragraphes précédents peuvent Dans les sols fins non saturés, l’existence de forces capillaires
être appliquées aux contraintes totales comme aux contraintes variables avec le degré de saturation rend inopérante la notion de
effectives. contrainte effective. En l’absence de modèle mieux adapté, on ana-
lyse la résistance au cisaillement en termes de contraintes totales.
Dans la représentation de Mohr, les cercles de Mohr en contraintes
effectives se déduisent des cercles de Mohr en contraintes totales
par une translation d’amplitude égale à la pression interstitielle u,
parallèlement à l’axe des contraintes normales (figure 5a ).On a en
effet :
σ’ = σ – u
τ’ = τ

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Les six composantes du tenseur des déformations s’expriment


en fonction des composantes (u, v, w ) du vecteur de déplacement
par les relations :
εx = ∂ u / ∂ x γxy = ∂v / ∂x + ∂u / ∂y
εy = ∂ v / ∂y γyz = ∂w / ∂y + ∂v / ∂z
εz = ∂w / ∂z γxz = ∂u / ∂z + ∂w / ∂x
Il existe également trois directions principales orthogonales, par
rapport auxquelles le tenseur des déformations s’écrit sous la forme :

ε1 0 0

2

ε = 0 ε2 0
0 0 ε3

Les déformations ε 1 , ε 2 et ε 3 sont appelées déformations princi-


pales. La déformation volumique εvol est égale à la trace du tenseur
des déformations :
εvol = εx + εy + εz = ε 1 + ε 2 + ε 3

1.3 Relations entre contraintes


et déformations

La description du comportement d’un milieu continu sollicité par


des forces de volume ou de surface suppose la connaissance :
— de la loi de comportement, qui relie à tout instant t et en tout
point du milieu le tenseur des contraintes et celui des déformations ;
— des conditions initiales et aux limites sur les contraintes et les
déformations.
Dans le cas des sols, la loi de comportement est particulièrement
complexe. Dans les calculs courants, par souci de simplification, on
ne cherche pas à déterminer les déformations des sols jusqu’à la
rupture, mais on sépare le problème des déformations de celui de
la stabilité. Pour les calculs de déformations, on utilise notamment
les méthodes décrites dans l’article Compressibilité. Consolidation.
Tassement [C 214] de cette rubrique. Pour les études de stabilité, on
recourt au concept de critère de plasticité ou, plus exactement, de
rupture, en admettant que les déformations du sol avant la rupture
ont un effet négligeable sur les conditions de rupture.
La plupart des méthodes de calcul de stabilité classiques en
mécanique des sols reposent sur la théorie de la plasticité. Dans cette
théorie, on admet que les déformations restent petites et réversibles
tant que l’on reste, dans l’espace des contraintes (espace à six dimen-
sions), à l’intérieur d’un certain domaine. La frontière de ce domaine
est appelée frontière (ou surface) d’écoulement. Dès que l’état de
contraintes en un point du milieu atteint cette frontière, des déforma-
tions plastiques irréversibles apparaissent. L’équation de la frontière
d’écoulement dans l’espace des contraintes est appelée critère
Figure 5 – Contraintes totales et contraintes effectives d’écoulement ou critère de plasticité. Sa forme générale est :

G ( σ ij , ε ij , ε̇ ij , t … ) = 0
1.2 État de déformation car elle peut dépendre des déformations εij , des vitesses de défor-
en un point d’un milieu continu mation ε̇ ij , du temps t, etc.
Les formes les plus simples utilisées en pratique supposent que
Dans les conditions habituelles de la mécanique des sols, où les seules interviennent les contraintes principales, et parfois même
déformations restent petites (au plus de 10 à 20 %), l’état de défor- seulement certaines d’entre elles.
mation en un point peut être caractérisé par le tenseur des Des formes plus complexes de la loi de comportement des sols
déformations : ont été mises au point et sont utilisées pour les études numériques,
le plus souvent par la méthode des éléments finis. Elles ne sont pas
εx γ xy /2 γ xz /2 traitées dans le présent article, qui se limite à l’exposé de la résistance

ε = γ xy /2 εy γ yz /2 des sols au cisaillement dans l’optique de l’utilisation des méthodes
classiques d’analyse de la stabilité des ouvrages en mécanique des
γ xz /2 γ yz /2 εz sols.

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2

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Corrélations entre les propriétés


des sols
par Philippe REIFFSTECK
Directeur de recherche

2
GERS-SRO, université Gustave Eiffel, IFSTTAR, Champs-sur-Marne, France
Note de l’éditeur : cet article est la réédition actualisée de l’article [C 219] intitulé « Corrélations
entre les propriétés des sols » rédigé par Jean-Pierre MAGNAN et paru en 1993.

1. Relations et corrélations dans les sols : généralités..................... C 219v2 - 2


1.1 Origine des relations et corrélations dans les sols .................................. — 2
1.2 Domaines d’utilisation des corrélations.................................................... — 2
2. Principales techniques d’étude des corrélations ........................... — 3
2.1 Relations entre variables aléatoires. Régression linéaire........................ — 3
2.2 Analyse factorielle....................................................................................... — 3
2.3 Variabilité spatiale....................................................................................... — 3
3. Exemples de corrélations...................................................................... — 4
3.1 Relations entre paramètres dérivés d’essais de laboratoire ................... — 4
3.2 Relations entre paramètres dérivés d’essais en place............................. — 5
3.2.1 Relation entre la résistance à la pénétration au cône
et au carottier .............................................................................................. — 5
3.2.2 Corrélations entre essai au carottier (SPT)
et au pressiomètre (PMT) ........................................................................... — 6
3.2.3 Corrélations entre pénétromètre statique (CPT)
et pressiomètre (PMT) ................................................................................ — 10
4. Domaines de validité des corrélations .............................................. — 14
5. Conclusion................................................................................................. — 14
6. Glossaire .................................................................................................... — 14
7. Sigles, symboles et abréviations ........................................................ — 14
Pour en savoir plus .......................................................................................... Doc. C 219v2

es paramètres utilisés pour décrire les propriétés physiques et mécaniques


L des sols sont de nature très variée :
– paramètres d’identification et d’état (porosité, indice des vides, densité,
densité relative, limites d’Atterberg, etc.) ;
– paramètres de déformabilité (indices de compression et de gonflement,
module œdométrique, module pressiométrique, etc.) ;
– paramètres de résistance (cohésion et angle de frottement interne, pres-
sion limite pressiométrique, résistance de cône statique ou dynamique, etc.) ;
– paramètres de perméabilité.
Il est très rare que, sur un même site, tous ces paramètres soient mesurés en
un nombre de points suffisant pour que l’on puisse juger bien connu l’ensemble
du massif de sol. Habituellement, la reconnaissance géotechnique est limitée au
strict minimum, et l’on dispose des valeurs de certains paramètres en certains
points et d’autres paramètres en d’autres points. L’ingénieur géotechnicien doit
tirer le meilleur parti possible de ces informations éparses et établir une coupe
géotechnique représentative du site étudié.
Parution : décembre 2021

C’est dans ce cadre général que l’utilisation de corrélations entre les propriétés
physiques et mécaniques des sols peut contribuer efficacement au travail de
synthèse du géotechnicien.

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés C 219v2 – 1

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C219

CORRÉLATIONS ENTRE LES PROPRIÉTÉS DES SOLS _______________________________________________________________________________________

Cet article présente la démarche à suivre pour dresser de telles relations et


quelques exemples de corrélations entre des paramètres issus d’essais de labo-
ratoire et d’essais en place.

riser que de façon statistique, s’expliquent par la raison déjà citée que
1. Relations et corrélations toutes les propriétés d’un même empilement de particules évoluent
dans les sols : généralités de façon coordonnée et traduisent l’existence d’une loi de comporte-
ment générale pour chaque grande classe de sol.

2 1.1 Origine des relations et corrélations


dans les sols
1.2 Domaines d’utilisation
des corrélations
S’il est difficile, voire impossible, de donner une justification théo- Un des objectifs principaux du géotechnicien est l’élaboration
rique quantitative de l’existence de relations entre les propriétés d’un du modèle géotechnique dans la zone d’influence géotechnique de
massif de sol naturel, il est facile d’admettre que les différents para- l’ouvrage. Cette zone est le support ultérieur de l’ouvrage à construire
mètres d’un sol donné doivent avoir des relations : la déformabilité ou celui actuel de l’ouvrage en service. Dans ce cadre, les corrélations
comme la résistance au cisaillement ou la perméabilité dépendent à entre paramètres sont utilisées comme moyen de contrôle des résul-
l’évidence de la forme et de la nature des particules, de la densité de tats des essais en place et en laboratoire, et comme moyen de fabri-
leur empilement, de la quantité d’eau présente dans les pores... De cation de valeurs complémentaires de certains paramètres en
plus, à l’intérieur d’une même catégorie de paramètres, par exemple fonction des autres.
les paramètres de résistance, il existe à l’évidence des relations entre
les paramètres mesurés dans les différents types d’essais en place ou Par exemple, sur un site donné, on peut analyser la relation entre
en laboratoire, même si l’on ne peut pas les exprimer de façon expli- deux paramètres mesurés sur une même carotte de sol (indice des
cite. Et si les paramètres de résistance dépendent des mêmes proprié- vides e et indice de compression Cc, etc.) ou mesurés en place dans le
tés physiques que les paramètres de déformabilité, il doit également même essai (module pressiométrique EM et pression limite pressio-
exister des relations entre ces deux catégories de paramètres... Cette métrique  , etc.) et détecter les variations de la nature ou de l’histoire
réflexion purement qualitative est confirmée par l’expérience : il des sols d’après les modifications de leurs relations. Dans un tel cas,
existe effectivement, dans chaque dépôt de sols, des relations entre les corrélations servent d’outil de contrôle de l’homogénéité des sols
les paramètres géotechniques, ainsi que des relations plus générales, (ou de la qualité des essais, si l’on sait de façon certaine que le sol est
valables pour un type de sol, ou même pour plusieurs types de sols. le même que celui qui a servi à établir la corrélation).
Si l’on poursuit l’analyse des relations qui peuvent exister entre On utilise aussi les corrélations pour estimer certaines propriétés
les propriétés géotechniques d’un sol, on est conduit à distinguer des sols (souvent, des propriétés mécaniques) en fonction des
trois types de relations : caractéristiques qui ont été mesurées (souvent, des propriétés phy-
– les relations exactes, qui existent par exemple entre les para- siques, comme la densité ou la teneur en eau). On peut ainsi, lors
mètres décrivant l’état du sol. On peut illustrer ce type de relations des études préliminaires et dans certaines situations de projets, dis-
par toutes les formules reliant : poser de valeurs des paramètres nécessaires au dimensionnement
des ouvrages sans les avoir déterminées par des essais.
• l’indice des vides e et la porosité n :
Les conditions d’utilisation de corrélations dans les études géo-
techniques dépendent de la fiabilité des corrélations utilisées.
Certains paramètres sont liés, à l’intérieur d’une couche de sol d’un
• la teneur en eau w, le poids volumique du sol γ et le poids site déterminé, par des relations proches d’une relation mathéma-
volumique du sol sec γd : tique exacte. Par contre, si on analyse simultanément des données
provenant de deux sites, pour des sols de même nature, on trouve
en général que les valeurs des paramètres sont plus dispersées, et
cette dispersion augmente quand le nombre de sites s’accroît et
• la teneur en eau w, l’indice des vides e, le degré de satura- quand on regroupe des données relatives à différents types de sols.
tion Sr et les poids volumiques de l’eau γw et des grains γs : Les erreurs expérimentales, lors de la détermination des paramètres
qui servent à établir les corrélations, exercent également une
influence défavorable sur la qualité des corrélations obtenues. Il est,
• les poids volumiques γ, γd , γs et γw d’un sol saturé : pour cette raison, indispensable de connaître l’origine des corréla-
tions que l’on envisage d’utiliser dans le cadre d’une étude géotech-
nique, et d’être conscient de la variabilité possible des paramètres
autour de leur relation moyenne affichée, notamment quand les
• etc. ; corrélations ont été établies entre des fonctions logarithmiques des
– les lois d’évolution en fonction de la profondeur, dues à l’effet de paramètres.
la pesanteur et dont l’origine est liée à l’augmentation des contraintes
quand on s’enfonce dans le sol. Par exemple, dans les dépôts homo-
gènes de sols fins dont l’état s’est stabilisé, les contraintes effectives,
pressions de préconsolidation, modules et résistances augmentent
À retenir
avec la profondeur ;
– les relations empiriques (ou corrélations) entre propriétés d’un – Des relations empiriques simples ou plus complexes existent
même volume élémentaire de sol, par exemple la porosité et le coef- entre les valeurs caractérisant le comportement des sols et des
ficient de perméabilité, l’indice de densité d’un sable et son angle de roches.
frottement interne, la pression de préconsolidation et la cohésion non – Ces relations ont une plage d’application déterminée et ne
drainée d’une argile, etc. Ces relations, qu’il n’est possible de caracté- peuvent pas toujours être transposées ou généralisées.

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________________________________________________________________________________________ CORRÉLATIONS ENTRE LES PROPRIÉTÉS DES SOLS

2. Principales techniques de relations de type non linéaire entre les propriétés du sol : les
variables aléatoires liées par des relations linéaires peuvent être
d’étude des corrélations des fonctions non linéaires des propriétés du sol (logarithmes,
fonctions puissances, exponentielles, etc.), ce qui donne une
grande souplesse à ce type d’analyse linéaire.
L’étude des relations existant entre les propriétés des sols s’effec- Dans le cas de deux variables aléatoires X et Y, la procédure de
tue au moyen des outils classiques de la statistique pour l’analyse des recherche de la meilleure relation linéaire entre ces variables com-
données. Les méthodes classiques de l’analyse statistique ont été mence par le choix de la variable explicative, qui sera notée X, et
exposées dans de nombreux ouvrages, auxquels le lecteur pourra se de la variable expliquée, qui sera notée Y :
reporter pour une description détaillée de ces méthodes [21]. Dans le
présent paragraphe, seront rappelés seulement les définitions essen-
tielles et les principes des méthodes couramment utilisées pour les
études de corrélations en mécanique des sols. Ce choix préliminaire inévitable introduit une dissymétrie entre

2
X et Y et l’on n’obtient pas le même résultat en écrivant
Y  = aX + b et X = cY + d, bien que le coefficient de corrélation soit
le même dans les deux cas. Cette différence vient de la procédure
2.1 Relations entre variables aléatoires. utilisée pour estimer les valeurs des coefficients a et b (respective-
Régression linéaire ment c et d).
Pour l’application des techniques de l’analyse statistique, chaque Si l’on dispose d’un ensemble (échantillon) de n couples de valeurs
paramètre géotechnique du sol doit être considéré comme une (xi , yi )i=1,n de X  et  Y  pour déterminer la relation entre ces deux
variable aléatoire, c’est-à-dire comme une grandeur non détermi- variables, on recherche ensuite les valeurs estimées de a et b, notées
née a priori, dont on sait qu’elle peut prendre telle ou telle valeur ici a et b, qui minimisent l’écart quadratique moyen entre les yi et les
dans un ensemble de valeurs possibles, avec une certaine probabi- expressions calculées [méthode des moindres carrés].
lité. Cette assimilation des propriétés du sol à des variables aléa- Dans le cas de deux variables X et Y, le coefficient de corréla-
toires n’implique pas qu’en un point donné les propriétés du sol ne tion permet d’évaluer la représentativité des valeurs estimées des
soient pas parfaitement déterminées. Elle représente seulement coefficients a et b, le coefficient de corrélation peut varier entre –1
l’ignorance de l’ingénieur vis-à-vis des valeurs exactes de chaque et +1. Les valeurs proches de zéro indiquent une forte dispersion
propriété en chaque point. des valeurs de Y par rapport à la relation linéaire estimée, donc
une mauvaise représentativité de l’équation. Le lecteur pourra se
reporter à l’un des ouvrages cités en références bibliographiques.
Toute variable aléatoire X peut être caractérisée par une den-
sité de probabilité g (x), qui représente la probabilité de chaque
valeur possible x de la variable, ou, de façon parfaitement équi- 2.2 Analyse factorielle
valente, par une fonction de répartition G (x), variant de 0 à 1 et
égale à la probabilité que X soit inférieur à x. En pratique, on s’intéresse souvent aux relations qui peuvent
exister à l’intérieur d’un groupe de m variables, et l’utilisation des
techniques de régression linéaire conduit à répéter l’analyse décrite
Connaissant la fonction g (X) on peut déterminer le moment au paragraphe précédent en donnant tour à tour à chacune des
d’ordre 1, appelé espérance mathématique ou plus communément variables le rôle de variable expliquée et en étudiant l’ensemble des
la moyenne, et noté E [X] ou m. Le moment centré d’ordre 1 est nul. relations qui la lient aux autres, prises isolément, puis par deux, par
Le moment centré d’ordre 2 est appelé variance et noté Var [X] trois, etc. Pour limiter le nombre des opérations nécessaires, diffé-
ou σ2. Sa racine carrée positive est appelée écart type et notée σ. Le rentes procédures ont été développées. Par exemple, la méthode
rapport de l’écart type à la moyenne est appelé coefficient de varia- de régression « pas à pas » ne teste qu’une partie des combinai-
tion et noté CV [X] ou CX. sons possibles des variables en recherchant la variable Xj la mieux
Les applications de type tableurs ou les outils informatiques corrélée avec Y, soit Xa, puis la variable qui maximise le coefficient
spécifiquement statistiques (voir des suites comme python et R) de corrélation multiple de Y avec Xa et une seconde variable Xj, etc.
permettent d’estimer ces différents paramètres. Mais cette méthode ne garantit pas que l’on n’oublie pas une com-
Les notions précédentes sont définies pour des fonctions mathé- binaison éventuellement plus favorable, mais dont aucune variable
matiques appelées « variables aléatoires ». Dans la pratique, quand n’est la plus corrélée avec Y.
on analyse un ensemble de données, on ne connaît généralement L’analyse factorielle, qui recherche les « facteurs » (combinaisons
pas les lois de probabilité des propriétés étudiées. On raisonne linéaires des variables) représentant le mieux les variations des don-
alors sur des valeurs estimées des paramètres statistiques (esti- nées analysées, constitue une alternative efficace aux méthodes pré-
mées d’après l’ensemble des données dont on dispose). Différents cédentes. Cette méthode d’analyse a été décrite par Lebart et al.
ensembles de données (différents « échantillons », dans le vocabu- (1979) [12]. Son principe est de construire un ensemble de nouvelles
laire des statistiques) conduisent à des estimations différentes de variables indépendantes en procédant pas à pas et en retenant à
ces paramètres, si bien que ces paramètres estimés peuvent eux- chaque étape, parmi les facteurs possibles, celui qui fait diminuer le
mêmes être traités comme des variables aléatoires... plus la variance résiduelle. Les applications de l’analyse factorielle
Les lois de probabilité les plus utilisées pour les variables géotech- en géotechnique sont encore assez rares et ce thème ne sera pas
niques sont la loi normale (ou loi gaussienne) ou la loi log-normale. développé dans le présent article, mais l’analyse factorielle offre des
possibilités intéressantes pour guider les études sur le comporte-
ment des sols et des roches.
Une loi normale est une loi de probabilité absolument conti-
nue qui dépend des deux paramètres : moyenne et écart type.
Dans la loi log-normale, le logarithme de la variable est distri- 2.3 Variabilité spatiale
bué selon une loi normale.
Il est bien établi que les couches de sols naturels sont rarement
homogènes et que leurs propriétés physiques et mécaniques fluc-
Pour analyser simultanément les valeurs de plusieurs propriétés tuent avec des amplitudes variables selon les propriétés considérées,
d’un même sol, on fait en général l’hypothèse que les relations la nature et l’origine des sols. Le coefficient de variation donne une
cherchées sont linéaires. Cette hypothèse n’exclut pas l’existence mesure utile de cette variabilité. Ainsi, la teneur en eau a souvent un

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CORRÉLATIONS ENTRE LES PROPRIÉTÉS DES SOLS _______________________________________________________________________________________

coefficient de variation de l’ordre de 20 %, le poids volumique de l’indice de vide initial Cc / (1 + e0) à la teneur en eau w (%). Un
5 %, les paramètres de résistance au cisaillement de 30 %, avec des fuseau a été défini, permettant d’éliminer les valeurs qui semblent
valeurs plus fortes pour la cohésion non drainée (souvent 50 %). aberrantes du rapport Cc / (1 + e0). La comparaison avec des sols
Dans certains sols, les variations sont très rapides et l’on peut consi- organiques (tourbes et vases) et différents autres sols montre son
dérer, par exemple, qu’à 50 cm de distance les propriétés du sol utilisation possible pour les sols normalement consolidés. Les sols
n’ont pas de lien. Dans d’autres cas, les valeurs d’une même pro- légèrement surconsolidés se placent au-dessus de la courbe.
priété restent voisines sur quelques mètres, voire quelques dizaines
La figure 1a compare les courbes de Lambe et Whitman (1969)
de mètres.
aux vases et tourbes de Normandie (Vautrain, 1976 [20]) et divers
Ces variations spatiales des propriétés des sols exercent une sites. Les relations linéaires qui prévalaient sur chaque site ont dis-
influence sur les résultats des études de corrélations. Cette influence paru au profit d’un nuage de points dont la meilleure approxima-
se traduit par : tion n’est pas linéaire (figure 1a), mais exponentielle (figure 1a),
– la plus faible corrélation des propriétés mesurées en des avec une corrélation nettement moins forte.

2
points éloignés qu’en des points voisins (beaucoup de corrélations Différentes études ont montré que la pente de la droite de
sont malheureusement établies avec des données provenant de l’œdomètre peut être reliée à la limite de liquidité :
sondages ou essais assez distants les uns des autres, de telle sorte
qu’elles incluent non seulement la corrélation réelle des para-
mètres en un même point, mais aussi une certaine partie de leur
variabilité spatiale. La seule solution pour éviter ce phénomène est Les corrélations de Terzaghi et Peck (1948) [19] reliant l’indice
de faire des campagnes d’essais spéciales comportant des essais de compressibilité Cc à la limite de liquidité wL (%) :
ou sondages très voisins) ;
– la diminution de la variabilité des paramètres du sol lorsque le Cc = 0,009 · (wL – 10) pour les échantillons d’argile non remaniés ;
volume du sol concerné par l’essai augmente. Ce phénomène peut Cc = 0,007 · (wL – 10) pour les échantillons d’argile remaniés.
influencer les corrélations établies, par exemple, entre des proprié-
Une deuxième vérification de l’indice de compressibilité qui
tés mesurées sur de très petits volumes de sol (teneur en eau,
généralement est en accord avec le fuseau proposé par Lambe et
coefficient de perméabilité d’éprouvettes de laboratoire, compres-
Whitman.
sibilité ou résistance au cisaillement mesurée en laboratoire, etc.)
et des propriétés mesurées sur de plus grands volumes de sols Dans leur étude pour le cône tombant, Wood et Wroth (1978)
(pression limite ou module pressiométrique, perméabilités mesu- ont établi une relation simple entre l’indice de compressibilité Cc
rées en place, essais de plaque, etc.). et l’indice de plasticité IP (%) et le poids volumique γs (kN/m3) :
Cc = 0,5 . IP . γs/1 000. Bien qu’assez dispersée, cette relation pos-
sède une certaine justesse (figure 1b).
À retenir
■ Prenons un autre exemple de corrélations très utilisée dans les
– La détermination des relations ou corrélations nécessite de projets pour valider les contraintes de préconsolidation issues des
mettre en œuvre des outils mathématiques du domaine des essais œdométriques. Cette corrélation proposée par Bjerrum (1973)
statistiques. [2] relie la cohésion non drainée cu à la contrainte de préconsolida-
– Pour les applications les plus simples, les outils de bureau- tion en fonction de l’indice de plasticité IP (%) (figure 2). La
tique classiques comme les tableurs s’avèrent suffisants. Pour valeur de cu est obtenue à partir d’essais triaxiaux CU + u.
de grand nombre de données ou des configurations complexes, Certains auteurs ont simplifié cette relation par (Leroueil et al.,
aspect tridimensionnel ou géoréférencement, des outils plus 1985 [14]) :
puissants aptes à gérer des bases de données ou des langages
disposant de bibliothèques dédiées s’avèrent plus performants.

Cette relation expérimentale a aussi été écrite par Skempton


3. Exemples de corrélations sous une forme simplifiée où la cohésion non drainée pour des
argiles normalement consolidées est donnée en fonction de la
De très nombreuses corrélations ont été publiées pour les pro- contrainte effective verticale en place :
priétés des sols. Beaucoup d’entre elles n’existent que sous la forme
d’une relation entre paramètres, sans accès possible aux données
étudiées ni même d’indication du coefficient de corrélation corres-
avec IP en %.
pondant, et il convient d’être prudent quand on les utilise. Nous
nous limiterons ici à quelques exemples de corrélations entre les Il est également possible d’exprimer plus précisément la valeur
paramètres des sols déterminés en place et en laboratoire pour de la cohésion non drainée en fonction du rapport de surconsoli-
lesquels les données expérimentales seront présentées en même dation (OCR = σ’p/σ’v0) :
temps que les fonctions de régression entre les paramètres.

où S est la valeur de lorsque OCR = 1 et m est la pente de


3.1 Relations entre paramètres dérivés en fonction de OCR dans un plan log-log.
d’essais de laboratoire
D’autres auteurs comme Borowicka (1965) [4] ont noté la dépen-
La durée importante des essais œdométriques conduit à utiliser, dance de l’angle de frottement à la teneur en colloïdes. Un
chaque fois que c’est possible, des corrélations avec des para- abaque (figure 3) propose de relier l’angle de frottement interne
mètres de détermination plus rapide, comme la teneur en eau, avec l’indice de plasticité de plusieurs sols intacts et remaniés
pour compléter la caractérisation des sols compressibles sur les normalement consolidés. La courbe change en fonction de l’indice
sites de projets de grande ampleur. Il existe, pour cette raison, de de consistance IC qui dépend de la teneur en eau à laquelle
nombreuses corrélations entre ces paramètres. l’échantillon est testé :

■ Prenons pour premier exemple les courbes de Lambe et Whitman


(1969) [13] reliant le rapport du coefficient de compressibilité à

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Propriétés mécaniques des sols


déterminées en place

par Philippe REIFFSTECK


Directeur de recherche
SRO, de luniversité Gustave, Marne-la-vallée, France
2
1. Essais pénétrométriques ....................................................................... C 220v3 - 2
1.1 Pénétromètres dynamiques ....................................................................... — 2
1.2 Essai de pénétration au carottier (SPT)..................................................... — 5
1.3 Pénétromètres statiques et piézocônes .................................................... — 7
1.4 Autres pénétromètres................................................................................. — 11
2. Essai au scissomètre de chantier ....................................................... — 12
2.1 Principe de l’essai ....................................................................................... — 12
2.2 Interprétation de l’essai .............................................................................. — 12
2.3 Appareillage ................................................................................................ — 13
2.4 Déroulement de l’essai et présentation des résultats.............................. — 13
2.5 Critique et utilisation de l’essai.................................................................. — 13
3. Essai pressiométrique ménard ............................................................ — 14
3.1 Principe de l’essai pressiométrique Ménard ............................................ — 15
3.2 Difficultés et limitations de l’essai ............................................................. — 17
3.3 Interprétation quantitative.......................................................................... — 18
3.4 Autres pressiomètres.................................................................................. — 18
4. Autres essais en place ........................................................................... — 19
4.1 Essai de plaque ........................................................................................... — 19
4.2 Essai au phicomètre.................................................................................... — 20
4.3 Essais d’eau ................................................................................................. — 21
4.4 Essai au Perméafor ..................................................................................... — 22
5. Détermination des propriétés des terrains ...................................... — 23
5.1 Détermination directe des propriétés des sols......................................... — 23
5.2 Détermination indirecte des propriétés mécaniques............................... — 24
5.3 Corrélations entre techniques d’essais ..................................................... — 32
6. Conclusion................................................................................................. — 33
Pour en savoir plus .......................................................................................... Doc. C 220v3

es paramètres utilisés pour décrire les propriétés physiques et mécaniques


L des sols sont de nature très variée :
– paramètres d’identification et d’état ;
– paramètres de déformabilité ;
– paramètres de résistance ;
– paramètres de perméabilité.
Les essais en place (ou « in situ ») de mécanique des sols les plus courants
sont les essais réalisés au pénétromètre (statique ou dynamique y compris
l’essai de pénétration au carottier dit SPT), et les essais au pressiomètre Ménard
et au scissomètre de chantier.
Cet article présente ces essais classiques (appareillage, modalités de mise
Parution : septembre 2021

en œuvre, interprétation des mesures). L’exploitation des résultats pour la


reconnaissance des sols et le dimensionnement des ouvrages ne sera abordé
que sommairement, le sujet étant traité dans d’autres articles.

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PROPRIÉTÉS MÉCANIQUES DES SOLS DÉTERMINÉES EN PLACE _____________________________________________________________________________

Il existe d’autres essais en place intéressants, mais ils sont d’une utilisation
moins fréquente en raison de leur caractère plus complexe ou de leur domaine
d’intervention plus limité. On peut citer, par exemple, le pressiomètre auto-
foreur, le pressio-pénétromètre et le phicomètre. Le paragraphe de cet article
qui leur est consacré donne également un aperçu des compléments qui peuvent
être apportés aux essais classiques (notamment piézocône et manchon de
frottement pour le pénétromètre statique) et présente les essais de chargement
à la plaque et les essais d’eau les plus courants.
On peut arbitrairement subdiviser les essais en place en deux grandes
familles : les essais qui donnent une caractéristique de sol à la limite (ou, si l’on
veut, à « la rupture ») et les essais qui donnent en plus une relation contraintes –

2 déformations.
Les pénétromètres statiques et dynamiques appartiennent à la première
famille. Ils sont enfoncés dans le terrain soit à vitesse imposée soit sous l’effet
de chocs répétés. Le sol sous la pointe est constamment dans un état limite
puisque la pointe de l’appareil le poinçonne.
Le pressiomètre et le scissomètre appartiennent à la deuxième famille, car ils
sollicitent le terrain depuis son état au repos jusqu’à une valeur limite.
Les pénétromètres ne permettent donc pas, par définition, de déterminer les
caractéristiques de déformation du sol, sauf à procéder par corrélations. Avec le
pressiomètre et le scissomètre, on peut cependant songer à mesurer des para-
mètres de déformabilité, utiles pour déterminer les tassements ou les déformations
des ouvrages. Suivant les conditions de mise en œuvre des appareils et les condi-
tions d’essai, on examinera l’intérêt et les limites de cette particularité.
Il est très rare que, sur un même site, tous ces paramètres soient mesurés en
un nombre de points suffisant pour que l’on puisse juger bien connu l’ensemble
du massif de sol. Habituellement, la reconnaissance géotechnique est limitée au
strict minimum, et l’on dispose des valeurs de certains paramètres en certains
points et d’autres paramètres en d’autres points. L’ingénieur géotechnicien doit
tirer le meilleur parti possible de ces informations éparses et établir une coupe
géotechnique représentative du site étudié.
C’est dans ce cadre général que l’utilisation de corrélations entre les propriétés
physiques et mécaniques des sols peut contribuer efficacement au travail de syn-
thèse du géotechnicien. La dernière partie de cet article s’intéresse à ces relations.

Un sondage au pénétromètre dynamique consiste à enfoncer


1. Essais pénétrométriques l’appareil dans le terrain jusqu’à une profondeur donnée, en géné-
ral limitée par la capacité de pénétration de l’appareil lui-même.
Ces essais déterminent directement une résistance limite du sol.
L’opérateur relève le nombre de coups nécessaires pour enfoncer
Les pénétromètres se subdivisent en pénétromètres dynamiques
l’appareil sur un pas de profondeur fixé, en général 10 cm. On peut
(enfoncés dans le terrain par battage) et les pénétromètres statiques
ensuite tracer le profil de résistance du sol correspondant en fonc-
(appelés quasi-statiques par certains auteurs), qui sont vérinés dans
tion de la profondeur atteinte par la pointe.
les terrains à vitesse lente et régulière. L’essai de pénétration au
carottier (appelé aussi « essai de pénétration standard » ou SPT) Les anciennes normes françaises (NF P94-114 et 115) différen-
occupe une place particulière, bien que s’apparentant sur certains ciaient deux types de pénétromètres dynamiques : les pénétro-
points aux essais de pénétration dynamique. mètres de type A et les pénétromètres de type B suivant qu’ils
aient ou non une injection de boue. La norme européenne qui leur
a succédé (NF EN ISO 22476-2) considère quatre types de pénétro-
1.1 Pénétromètres dynamiques mètres pour couvrir l’éventail d’énergie spécifique de battage par
coup disponible (voir le tableau 1) :
Un pénétromètre dynamique est un appareil constitué essentiel- – pénétromètre dynamique léger (DPL) : masse la plus faible de
lement par un train de tiges, à l’extrémité inférieure duquel est la gamme des pénétromètres dynamiques ;
placée une pointe conique d’un diamètre supérieur à celui du train
de tiges (figure 1). – pénétromètre dynamique moyen (DPM) : masse moyenne de
la gamme des pénétromètres dynamiques;
L’ensemble est battu dans le terrain sous l’action de chocs répé-
tés, exercés sur la tête du train de tiges par une masse (le mouton – pénétromètre dynamique lourd (DPH) : masse moyenne à très
de battage) tombant en chute libre d’une hauteur constante. La lourde de la gamme des pénétromètres dynamiques ;
pointe débordant par rapport au train de tiges, il se crée un – pénétromètre dynamique super lourd (DPSH) : masse la plus
espace annulaire entre ce train de tiges et le sol. élevée de la gamme des pénétromètres dynamiques.

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masse
axe de battage axe de battage
mouton à masse fixe mouton à masse variable
enclume
dispositif de mesure
afficheur afficheur de l’énergie
enclume enclume
conditionneur conditionneur conditionneur afficheur
système de mesure du couple système d’injection
système pour le type A système système de repérage
de repérage de repérage système de guidage

tiges de battage tiges de battage tiges de battage

espace annulaire
sol
(avec boue pour le type A)
espace annulaire
(avec boue pour le type A)
sol
espace annulaire 2
pointe pointe pointe

a b c

Figure 1 – Schéma de principe d’un pénétromètre dynamique

Tableau 1 – Dimensions et masses pour les quatre types d’appareillage d’essai de pénétration dynamique
(selon la NF EN ISO 22476-2)
DPSH
Appareillage
Symboles Unités DPL DPM DPH
de pénétration dynamique
A B

Dispositif de battage

Masse du mouton neuf m kg 10 30 50 63,5 63,5

Hauteur de chute h mm 500 500 500 500 750

Enclume

Diamètre max. d mm Dh a) Dh 0,5 Dh 0,5 Dh 0,5 Dh

Masse (max.) (tige de guidage incluse) mE kg 6 18 18 18 30

cône d’angle au sommet 90°

Aire nominale de la base du cône A cm 2 10 15 15 16 20

Diamètre de la base du cône neuf D mm 35,7 43,7 43,7 45,0 50,5

Longueur de la partie cylindrique L mm 35,7 43,7 43,7 ± 1 90,0 51

Tiges de battage c)

Masse (max.) mT kg/m 3 6 6 6 8

Diamètre OD (maxi.) dr mm 22 32 32 32 35

mgh/A
Énergie nominale spécifique par coup kJ/m 2 50 100 167 194 238
En

a) Dh diamètre du mouton : S’il est de forme rectangulaire, la plus petite dimension est considérée équivalente au diamètre.
b) Pointe perdue exclusivement.
c) La longueur maximale de chaque tige ne doit pas excéder 2 m.
d) Inclinaison des tiges par rapport à la verticale.

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1.1.1 Pénétromètres dynamiques difficiles d’accès voire des essais à l’horizontale. La superficie du
à énergie constante cône varie de 2 à 10 cm2 avec des tiges de 14 mm de diamètre et de
50 mm en longueur. Les investigations avec la version actuelle de
L’énergie de battage, la nature, la géométrie et les dimensions cet appareil sont limitées à une profondeur inférieure à dix mètres,
de la pointe sont normalisées ainsi que le diamètre des tiges. La ce qui est suffisant pour des ouvrages et des remblais de taille
norme insiste sur la mesure de l’énergie réelle transmise aux tiges moyenne ou des tranchées (XP 94 105).
de battage effectuée sur une partie d’une tige instrumentée posi-
Un exemple de vérification du compactage est donné à la
tionnée sous le point d’impact du mouton sur l’enclume à une
figure 3b. Son application aux problèmes géotechniques clas-
distance d’au moins 10 fois le diamètre de la tige
siques et aux sols hétérogènes reste à développer. Une déclinai-
L’espace annulaire ménagé lors de la pénétration de la pointe son en pénétromètre lourd est également produite pour des
débordante (figure 2) permet de limiter le contact entre le train de profondeurs d’investigation accrues.
tiges et le sol de sorte que l’énergie de battage est transmise
quasi intégralement à la pointe.

2 Toutefois, une partie de l’énergie de battage peut être mobilisée


par le frottement latéral parasite qui se manifeste entre le sol et le
train de tiges, notamment en cas d’éboulement. Aussi, dans cer-
1.1.3 Interprétation et domaine d’utilisation
des pénétromètres dynamiques
Il existe deux modes de représentation d’un profil de pénétration
tains cas (sols cohérents qui frottent fortement sur le train de dynamique :
tiges, sables boulants...), l’appareil ne permet pas de différencier
– soit on trace en fonction de la profondeur le nombre de coups Ne
correctement les différentes couches de sols traversées et sa
nécessaire pour obtenir un enfoncement donné, en général 10 cm
capacité de pénétration est limitée.
soit N10 pour les DPL, DPM et DPH et N10 ou N20 pour les DPSH-A et
Certains appareils (figure 1b et figure 2) comportent un dispositif DPSH-B ;
qui permet d’injecter de l’eau ou une boue bentonitique (bentonite – soit on trace (figure 3) en fonction de la profondeur la résis-
en suspension dans de l’eau) dans l’espace annulaire entre le train tance de pointe dynamique qd calculée à l’aide d’une formule de
de tiges et le sol au fur et à mesure de la pénétration dans le terrain, battage de pieux, en général la formule des Hollandais, qui s’écrit :
évitant ainsi le resserrement ou l’éboulement du sol sur les tiges.
Les pénétromètres de ce type sont en tous points identiques
aux appareils de type A, à l’exception du fait qu’ils ne comportent
pas de dispositif d’injection de bentonite.
avec la résistance de pointe unitaire rd déterminée par :

1.1.2 Pénétromètres à énergie variable


Une variante de l’essai au pénétromètre dynamique consiste à ou :
substituer à la masse calibrée du mouton, une masse frappante non
guidée (figure 1c). À l’origine, l’interprétation de l’essai nécessitait
de mesurer la vitesse d’impact de la masse frappante. L’énergie
potentielle introduite dans la formule des Hollandais était rempla-
cée par l’énergie cinétique de la masse frappante. avec m masse du mouton,
Mis en œuvre sur un matériel de petite taille, cet essai associe la masse des parties frappées (enclume placée
portabilité à la possibilité d’effectuer des essais dans des contextes en tête du train de tiges et sur laquelle
s’exercent les chocs, train de tiges et
pointe),
h hauteur de chute du mouton,
ødr ødr
e enfoncement moyen par coup,
tige A section droite de la pointe,
orifice d’injection et g l’accélération due à la pesanteur.
Ici l’énergie théorique de battage est Etheor = m × g × h et l’énergie
réellement développée par le dispositif de battage est Emeas. La
norme propose de mesurer cette énergie avec une tige instrumentée
filetage
positionnée sous le point d’impact du mouton. Le rapport d’énergie
de battage caractérise chaque appareillage :
L

Certains appareils, comme le pénétromètre à énergie variable,


intègrent le système de mesure de l’énergie permettent d’accéder
L

à une évaluation plus quantitative.


■ Le domaine préférentiel d’utilisation des pénétromètres dynamiques
est la reconnaissance qualitative des terrains lors d’une reconnaissance
préliminaire. Ils sont donc recommandés pour résoudre les problèmes
90° 90° suivants [1] :
øD øD – contrôle de l’homogénéité d’un site ;
– détermination des épaisseurs des différentes couches de sols ;
– évaluation de la qualité du compactage (NF P94-063 et P94-105) ;
Figure 2 – Schéma de principe de la pointe d’un pénétromètre – localisation des cavités ou autres discontinuités ;
dynamique – reconnaissance du niveau du toit du rocher.

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résistance dynamique de pointe, qd (MPa) coupe du sol


1 10 100
0,0
B4h
Q3
0,5

1,0

mesure
1,0 droite limite

profondeur, z (m)
2,0
droite de référence

A2h
2
Q4
2,5

3,0

3,5

4,0

a b c

Figure 3 – Profil de pénétration dynamique de type DPSH et profil de pénétration dans un remblai compacté avec le Panda avec les courbes
de contrôle de compactage selon la NF P94-105

Enfin, ils fournissent des renseignements utiles pour la prévision


des conditions de battage des pieux et des palplanches.

■ Trois limitations importantes doivent être signalées :


– il convient de limiter la profondeur d’investigation au pénétro-
mètre dynamique à des profondeurs de l’ordre de 25 m ; au-delà, 51 ± 1
malgré le vide annulaire entre l’appareil et le terrain, des frotte-
ments parasites ne peuvent être évités en raison du flambement des
tiges sous l’effet des chocs (cela conduirait à une surestimation de la
résistance du terrain) ; évents 16 mm
– compte tenu de la dimension de la pointe des pénétromètres bille 25 mm
(diamètre 50,5 mm), il n’est pas recommandé de pratiquer ce type raccord système de retenue 22 mm
d’essai dans des sols grenus dont la dimension moyenne des élé- au train de tiges
ments est supérieure à 50 mm ;
– il n’existe pas de règle normalisée pour le dimensionnement
des fondations à partir de la résistance dynamique qd sans mesure
d’énergie ; on peut seulement en déduire un ordre de grandeur de
la portance par le biais de corrélations avec d’autres essais en
tube central composé
place, pénétromètre statique et pressiomètre, cela afin d’orienter la de 2 demi coquilles
campagne d’essais ultérieure. ≥ 450
étui

1.2 Essai de pénétration


au carottier (SPT) trousse coupante 25 < x < 75

19
1.2.1 Généralités
1,6
Cet essai consiste à enfoncer dans le terrain par battage un carot-
tier de conception et de dimension normalisées (figure 4). On compte d = 35 ± 1
le nombre de coups de mouton nécessaires pour enfoncer le carottier
sur une certaine profondeur. Une fois plein, le carottier est remonté à
la surface, vidé de sa carotte puis redescendu au fond du forage.
L’opération est répétée sur toute la hauteur du profil à tester. Figure 4 – Schéma du carottier standard

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L’essai permet, d’une part, de tracer un profil de pénétration et,


d’autre part, de fournir des échantillons de sol remaniés qui Tableau 2 – Facteurs de correction CN
peuvent servir à la reconnaissance des horizons traversés et sur pour les contraintes verticales dues au poids
lesquels on peut pratiquer les essais d’identification classiques des terres dans les sables
(granulométrie, limites d’Atterberg et teneur en eau).
Facteurs
État de consolidation
L’essai est d’utilisation courante dans les pays anglo-saxons et de correction CN
notamment aux USA, où il a été mis au point dans les années 1930.
Dans ces pays, il est connu sous le nom de Standard Penetration Sol normalement
(40 < ID < 60)
Test (SPT). Il a été normalisé en France en 1991 sous le nom d’essai consolidé
de pénétration au carottier par la norme NF P 94-116 remplacée en
2005 par la NF EN ISO 22476-3.
(60 < ID < 80)

2 1.2.2 Réalisation pratique de l’essai


Le carottier, placé au fond d’un forage préalable, est battu par
Sol surconsolidé –

l’intermédiaire d’un train de tiges (figure 5). Le battage s’effectue


par passes successives à l’aide d’un marteau de 63,5 kg qui tombe
en chute libre d’une hauteur de 76 cm sur la tête du train de tiges. Pour le dimensionnement en général et aussi à des fins de com-
La profondeur de chaque passe de pénétration est de 45 cm. paraison, il convient de corriger les valeurs N dans le sable par le
rapport d’énergie de référence de 60 % selon l’équation suivante :
Durant le battage, on note trois enfoncements successifs :
– l’enfoncement de mise en place : c’est l’enfoncement du carottier
sous son propre poids et sous celui du train de tiges et du disposi-
tif de battage ; la pénétration est poursuivie immédiatement si ce avec N nombre de coups,
premier enfoncement dépasse 45 cm ; Er rapport d’énergie de l’appareillage spécifique de l’essai
– l’enfoncement d’amorçage : le carottier est enfoncé de 15 cm déterminé de manière similaire au pénétromètre
sous l’effet de N0 coups de mouton ; dynamique.
– l’enfoncement d’essai : le carottier est enfoncé de deux fois Le nombre de coups corrigé par le rapport d’énergie de 60 % et
15 cm sous l’effet de N1 puis N2 coups de mouton. normalisé pour une contrainte verticale effective est
alors :
Le nombre N = N1 + N2 est appelé résistance à la pénétration
(au carottier standard).
Avec le facteur de correction CN fourni dans le tableau 2 selon
l’état de consolidation et l’indice de densité ID.
Les résultats sont présentés sous forme de tableau, comme
indiqué par la norme, et éventuellement sous forme d’une courbe
axe de battage de variation de N en fonction de la profondeur (figure 6).
La norme précise que l’essai ne s’applique qu’aux sols dont la
mouton à masse fixe dimension des plus gros éléments ne dépasse pas 20 mm, dont la
valeur N est comprise entre 0 et 50 et pour des profondeurs
d’investigation ne dépassant pas 50 m.
afficheur En outre, le fond du trou de forage ne doit pas être trop modifié
enclume par la succession des opérations, qui peuvent entraîner éboulements
conditionneur
ou décompression, notamment dans les sols placés sous la nappe.
Le strict respect des conditions d’exécution de l’essai doit être
système de repérage assuré, faute de quoi la dispersion des mesures devient très
importante [2].
Le carottier possède souvent un jeu intérieur adapté à la mise en
tiges de battage
place d’un étui (38,1 à la place de 34,9 mm) et est généralement uti-
lisé sans étui. Ce jeu intérieur conduit à une réduction de N pouvant
aller jusqu’à 20 %.
sol
espace annulaire
1.2.3 Exploitation des résultats des essais SPT
Aux USA et dans d’autres pays, ils sont utilisés assez intensive-
ment pour déterminer la portance des fondations ainsi que pour
évaluer les risques de liquéfaction des sols en zone sismique.
Ils sont également utilisés, par le biais de corrélations, pour la
carottier détermination de la cohésion non drainée cu (définie § 1.3.5) des
argiles, de l’angle de frottement interne  (définie § 1.3.5) et de
l’indice de densité ID des sols purement frottants.
Les essais SPT sont peu effectués en France, en partie en raison
des limitations déjà énoncées au § 1.2 pour le dimensionnement
des fondations mais leur usage s’est répandu dans le cadre de
l’application des Eurocodes pour l’estimation de la susceptibilité à
Figure 5 – Schéma de principe du SPT la liquéfaction des sols et remblais.

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vérin

colonnes de guidage

afficheur
conditionneur
système de repérage

train de tige

sol
transmission mécanique
ou électrique ou autre
espace annulaire
2

jupe
pointe électrique
ou mécanique
cône

Figure 7 – Schéma de principe du pénétromètre statique

D’autres appareils ont ensuite été développés dans le monde,


différant de l’appareil de Gouda soit par les modalités de mesure
de la résistance de pointe, soit par l’aspect opérationnel, impor-
tant dans ce type d’appareil puisqu’il faut le foncer dans le terrain
à partir d’une charge statique obtenue le plus souvent par un lest
(pointe M4).

Figure 6 – Profil de pénétration au SPT


Par la suite, la mesure de la résistance de pointe a été complé-
tée par deux autres types de mesures :
– la mesure du frottement local entre le sol et un manchon placé
1.3 Pénétromètres statiques à l’arrière de la pointe (pointe M2) ;
– la mesure de la pression interstitielle créée dans le terrain par le
et piézocônes fonçage de la pointe ; un pénétromètre équipé pour réaliser cette
mesure de pression interstitielle est appelé « piézocône ».
1.3.1 Généralités
1.3.2 Pénétromètres normalisés
L’essai au pénétromètre statique consiste à foncer verticale- et caractéristiques mesurées
ment dans le terrain, à vitesse lente et constante, un train de tiges
terminé à sa base par une pointe conique généralement de même L’essai est normalisé en France sous les références NF EN
diamètre que les tiges (figure 7). ISO 22476-1 et 12 depuis février 2013 et octobre 2010.
Par un procédé quelconque, mécanique ou électrique, on mesure La figure 8c montre le schéma de principe de la pointe de ces
suivant un pas de profondeur donné, la résistance opposée par le pénétromètres. Il s’agit d’une pointe en acier dur, de section droite
sol à la pénétration de cette pointe, appelée en conséquence résis- de 10 cm² (diamètre 36 mm) ou 15 cm2 (44 mm), comportant une
tance de pointe statique (ou résistance de cône) et notée qc. partie conique surmontée d’une partie cylindrique. L’effort de
pointe Qc est la résultante axiale de la réaction du sol sur ces deux
Simultanément, on mesure l’effort opposé à l’enfoncement de
surfaces cylindrique et conique.
l’ensemble pointe et tiges. Cet effort est appelé effort total et
noté Qt. Il comprend d’une part l’effort de pointe et d’autre part Par définition, la résistance de pointe statique qc est le quotient
l’effort de frottement latéral, qui s’exerce sur toute la hauteur du de l’effort de pointe par la section droite Ac de la base du cône,
train de tiges. soit :
Le pénétromètre statique a été développé initialement en
Hollande, où l’on trouve des formations meubles de sols fins de
forte épaisseur (plusieurs dizaines de mètres) pour l’étude des-
quelles ce type d’appareil est particulièrement bien adapté. Connaissant l’effort total de fonçage Qt, mesuré en tête, on peut
déterminer l’effort de frottement latéral total Qst sur le tube par la
relation :
Le premier pénétromètre véritablement opérationnel a été le
pénétromètre hollandais dit pénétromètre Gouda, fabriqué dans
la ville du même nom et dont le principe de fonctionnement est
Le pénétromètre statique à pointe électrique ou CPT (pour Cone
représenté sur la figure 8 (pointe M1).
Penetration Test) dispose d’un système de mesure localisé dans la

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C258

Modélisation numérique
des ouvrages géotechniques
par Emmanuel BOURGEOIS
IFSTTAR
et Sébastien BURLON
IFSTTAR 2
et Fahd CUIRA
Terrasol

1. Place de la modélisation numérique dans le calcul géotechnique ..... C 258 - 2


1.1 Un rôle grandissant ................................................................................. — 2
1.2 Interaction avec les normes de calcul .................................................... — 3
1.3 Points clefs à gérer................................................................................... — 3
2. Stratégie de modélisation....................................................................... — 4
2.1 Objectifs du calcul.................................................................................... — 4
2.2 Choix du type d’analyse .......................................................................... — 5
2.3 Cadre de modélisation 2D/3D ................................................................. — 5
2.4 Calculs mécaniques ................................................................................. — 6
2.5 Prise en compte du phasage................................................................... — 8
2.6 Prise en compte des couplages hydrauliques et thermiques .............. — 8
2.7 Effets différés / fluage .............................................................................. — 8
2.8 Synthèse ................................................................................................... — 8
3. Lois de comportement ............................................................................ — 8
3.1 Élasticité.................................................................................................... — 9
3.2 Plasticité parfaite...................................................................................... — 9
3.3 Contractance et dilatance ........................................................................ — 10
3.4 Mécanismes d’écrouissage ..................................................................... — 10
3.5 Identification et choix des différents paramètres.................................. — 11
4. Interaction sol-structure.......................................................................... — 12
4.1 Enjeux ....................................................................................................... — 12
4.2 Éléments de structure.............................................................................. — 16
4.3 Couplage sol/structure............................................................................. — 18
5. Application au dimensionnement des ouvrages .................................. — 22
5.1 Calcul des déplacements......................................................................... — 22
Parution : juillet 2018 - Dernière validation : juillet 2020

5.2 États limites ultimes................................................................................. — 26


5.3 Aspects liés aux couplages hydro-mécaniques .................................... — 31
6. Conclusions et perspectives ................................................................... — 32
Pour en savoir plus .............................................................................................. Doc. C 258

a modélisation numérique des ouvrages géotechniques, notamment par la


L méthode des éléments finis ou des différences finies, a connu une utilisation
grandissante depuis ces quinze dernières années avec l’augmentation toujours
plus rapide de la puissance de calcul et des capacités de mémoire des ordinateurs.
Désormais, des calculs en trois dimensions comprenant plusieurs centaines
de milliers de nœuds sont devenus courants. Ils permettent d’avoir accès au

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MODÉLISATION NUMÉRIQUE DES OUVRAGES GÉOTECHNIQUES _____________________________________________________________________________

champ de déplacements, de déformations, de contraintes, à la fois dans le


terrain et dans différents éléments structurels, mais peuvent aussi donner des
informations sur le niveau de sécurité notamment avec les procédures de
réduction des propriétés de cisaillement.
Néanmoins, s’ils sont mal réalisés, ces calculs peuvent conduire à des inter-
prétations erronées dans le dimensionnement des ouvrages géotechniques, et
il est donc plus que jamais nécessaire de connaître et maîtriser les aspects les
plus importants d’une modélisation numérique.
Les liens entre les calculs numériques et les procédures de justification des
normes de dimensionnement, notamment l’Eurocode 7, sont aussi un aspect

2
important à considérer.
La stratégie de modélisation reste une étape fondamentale de toute modéli-
sation géotechnique. Elle doit conduire au choix entre des calculs en deux ou
trois dimensions, en déformation plane ou en axisymétrie, à l’identification des
couplages hydrauliques et thermiques à considérer, à la définition de condi-
tions aux limites pertinentes, etc.
Les modèles de comportement constituent un autre point essentiel de toute
modélisation numérique et l’ingénieur en charge des calculs doit bien com-
prendre comment ils peuvent affecter les résultats qu’il aura à analyser. Les
effets des différents paramètres ne peuvent être maîtrisés que si leurs rôles au
cours du calcul sont précisément identifiés.
L’interaction sol-structure est aussi un point essentiel de toute modélisation
numérique. Deux aspects sont à prendre en considération : l’élément structurel
en tant que tel et sa modélisation sous forme de barre, de poutre ou de coque,
etc. et les éléments d’interface qui lient ces éléments structurels aux éléments
volumiques modélisant le terrain en place.
D’autres techniques plus récentes comme les macroéléments, deviennent
une alternative intéressante dans certains cas.
Enfin, l’analyse des résultats est une phase de la modélisation numérique à
ne pas négliger. La vérification de la bonne convergence des calculs est une
première étape et doit être poursuivie par l’analyse des déplacements, des
déformations et des contraintes.
Les procédures de réduction des propriétés de cisaillement sont désormais
devenues un outil courant pour évaluer un coefficient de sécurité relatif à la
mobilisation de la résistance du terrain. Mais il n’en demeure pas moins que
les résultats obtenus à partir de ces procédures doivent être analysés finement,
notamment dans le cas d’interaction entre des éléments volumiques et des élé-
ments structurels.

1. Place de la modélisation tions, de contraintes à la fois dans le terrain et dans différents


éléments structurels. Des calculs, couplés ou non, intégrant les
numérique dans le calcul effets de la température ou des pressions interstitielles, peuvent
aussi être réalisés.
géotechnique Enfin, les calculs numériques peuvent donner des informations
sur le niveau de sécurité, notamment avec les procédures de
réduction des propriétés de cisaillement.
1.1 Un rôle grandissant L’utilisation de la modélisation numérique est donc peu à peu
sur le point de remplacer les méthodes plus classiques comme les
La modélisation numérique des ouvrages géotechniques, méthodes à l’équilibre limite, les méthodes d’interaction locale
notamment par la méthode des éléments finis ou des différences basées sur l’utilisation de coefficients de réaction, etc. Pour des
finies, a connu une utilisation grandissante depuis ces quinze der- projets d’excavations profondes, dans certains bureaux d’études,
nières années avec l’augmentation continue de la puissance de il est ainsi courant d’utiliser de manière privilégiée les modélisa-
calcul et des capacités de mémoire des ordinateurs. tions numériques basées sur la méthode des éléments finis.
Des calculs en trois dimensions comprenant plusieurs centaines Dans d’autres cas, la modélisation numérique, de par ses possi-
de milliers de nœuds sont devenus courants. Ces calculs per- bilités à rendre compte de manière très précise de la géométrie
mettent d’avoir accès au champ de déplacements, de déforma- des ouvrages géotechniques, permet de fournir des solutions à

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des problèmes qui ne peuvent être traités à l’aide des méthodes Si le problème étudié est non linéaire (ce qui est pratiquement
traditionnelles qu’au prix de simplifications difficiles à justifier. toujours le cas en géotechnique), au cours de chaque incrément,
des itérations sont réalisées pour atteindre cet équilibre. Selon le
Par exemple, l’angle d’une fouille rectangulaire ou différentes code utilisé, la taille des incréments peut être constante ou
phases d’excavation sont désormais des situations assez faciles à variable (pilotée par une procédure d’incrémentation automatique
modéliser. des charges).
Le calcul du tassement de tours s’appuyant sur des radiers, repo- Des tolérances permettant de contrôler la précision des calculs
sant eux-mêmes sur plusieurs centaines de pieux, est un autre à la fin de chaque incrément sont, en général, prédéfinies. Ces
exemple d’utilisation nouvelle des modélisations numériques. tolérances sont relatives à des contrôles sur la différence entre les
forces extérieures et les forces internes, les déplacements calculés
Les différentes couches de sol ou de roche peuvent aussi être au cours de chaque itération ou le travail des forces extérieures et
considérées avec plus de détails et de nombreux codes offrent la des forces intérieures.

2
possibilité de faire varier les paramètres définissant les propriétés La procédure de résolution itérative des problèmes non
des terrains selon leur position en plan ou la profondeur. linéaires consiste à se ramener à la résolution de plusieurs sys-
tèmes matriciels RU = F.
Elle peut mettre en œuvre des techniques variées. On distingue
1.2 Interaction avec les normes ainsi (figure 1) :
de calcul – la méthode des contraintes initiales, dans laquelle la matrice
de rigidité R est la même pour toutes les itérations, et les non
Les normes de calcul se focalisent essentiellement sur la vérifi- linéarités apportées par la plasticité sont traitées comme des cor-
cation d’états limites ultimes, avec le calcul d’un coefficient de rections apportées au second membre F (figure 1a) ;
sécurité ou d’un équilibre de forces intégrant des coefficients par- – la méthode de rigidité tangente : la matrice de rigidité R est
tiels. assemblée et inversée à chaque itération en intégrant les effets de
la plasticité. Cette technique peut s’avérer complexe et coûteuse
Pour sa part, la modélisation numérique fournit avant tout des
en temps (figure 1b) ;
valeurs de déplacements et de déformations, et est donc plus
– la méthode de rigidité sécante : la matrice de rigidité R est
adaptée à la vérification des états limites de service (ELS) pour
assemblée et inversée à chaque itération en gérant, pour partie, les
lesquels les coefficients partiels sont égaux à 1,0. Son utilisation effets de la plasticité. Cette méthode peut présenter des avantages
pour la vérification des états limites ultimes (ELU) a donc paru pour certains comportements complexes (figure 1c).
limitée dans un premier temps.
Sans entrer dans le détail du formalisme de l’élastoplasticité,
Désormais, notamment avec les procédures de réduction des (présenté rapidement au § 3.3), on peut signaler que l’intégration
propriétés de cisaillement des terrains (procédure de type « c-phi locale des lois de comportement est aussi une tâche complexe qui
reduction »), il est aisé de calculer un coefficient de sécurité. peut mettre en œuvre des techniques variées. Il s’agit de contrôler
Il est aussi possible, à travers les procédures suggérées par cer- que l’état de contraintes vérifie le critère de plasticité f (c’est-à-
taines normes de calcul, notamment l’Eurocode 7, de considérer dire reste à l’intérieur ou sur la frontière de la surface de charge).
les résultats d’une modélisation numérique, tant pour la vérifica- La méthode la plus utilisée, parfois appelée « méthode du
tion des états limites ultimes, que pour celle des états limites de retour radial », est la suivante : à partir d’un état initial de
service. contrainte σi et d’écrouissage αi (α peut être une variable scalaire
ou tensorielle), un état de contrainte σe est calculé à partir de la
résolution de l’équation du système matriciel.
1.3 Points clefs à gérer Si cet état de contrainte ne vérifie pas le critère de rupture, alors
il est corrigé pour obtenir un état de contrainte et d’écrouissage,
Le résultat d’un calcul numérique résulte d’un enchaînement de σ et αf vérifiant le critère.
f
tâches complexes.
Le calcul de la correction de contrainte à apporter dσc = σe – σf
Le calcul est décomposé en différents incréments à la fin des- fait appel à la notion de multiplicateur plastique λ et à la normale
quels le système étudié est en équilibre : les « forces internes »,
associées aux contraintes dans le massif de sol, doivent être équi- à la surface de charge , une dérivée partielle, (et éventuelle-
librées par les forces extérieures appliquées au massif, qu’il ment aussi à la dérivée du potentiel plastique si la loi d’écoule-
s’agisse de forces ponctuelles, réparties ou volumiques. ment est non associée).

Fe Fe
Fe

u u u

a méthode des contraintes initiales b méthode de rigidité tangente c méthode de rigidité sécante
(rigidité constante)

Figure 1 – Différentes méthodes de résolution d’un calcul par la méthode des éléments finis

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f (σ i, α i) = 0

σe

σ i, α i ∂f
dσ c = λC
σ f, α f ∂σ

2
Surface de charge initiale

Surface de charge finale

f(σ f ,α f) = 0

Figure 2 – Représentation schématique de l’intégration de la loi de comportement à l’échelle locale

Les propriétés élastiques du sol considéré sont prises en


compte dans le tenseur d’élasticité (voir figure 2).
2. Stratégie de modélisation
La résolution numérique de problèmes non linéaires par élé-
ments finis combine donc plusieurs types d’algorithmes, qui La modélisation numérique d’un ouvrage géotechnique com-
peuvent être plus ou moins précis et robustes. porte de nombreuses étapes, que l’on va récapituler ci-après. Elle
met en jeu un ensemble de choix et de simplifications, qui doivent
être justifiés dans le contexte de l’étude, et qui constituent une
stratégie de modélisation.
Il est important de noter qu’il n’existe pas encore d’outils
Certains des éléments de cette stratégie reflètent un compromis
généraux pour mesurer la qualité d’un calcul : des travaux de
entre les différents aspects du problème :
recherche visent à fournir des estimateurs d’erreur a poste-
riori, mais leur utilisation en géotechnique reste rare. – le type de résultats que l’on cherche à obtenir ;
– le niveau de détail et de précision que l’on souhaite ;
– la qualité des données géotechniques disponibles, etc.
Il est donc nécessaire de regarder en détail les résultats du
calcul en analysant les chemins de contraintes suivis dans les
diagrammes de Lambe dans le plan (s, t) ou de Cambridge dans le 2.1 Objectifs du calcul
plan (p, q), avec les notations usuelles :
La stratégie à mettre en œuvre dépend tout d’abord du but que
le calcul se propose d’atteindre. Il est donc primordial de bien cer-
ner l’objectif du calcul avant de mettre en place les différents élé-
ments qui constituent la stratégie de modélisation.
Les modélisations numériques doivent être utilisées principale-
ment pour justifier un dimensionnement préétabli à l’aide de
avec σ1, σ2 et σ3 contraintes principales, c’est-à-dire les méthodes plus classiques, vis-à-vis d’états limites de service ou
valeurs propres du tenseur des contraintes. d’états limites ultimes. Selon le cas, la vérification porte sur des
À l’aide de ce type de représentations, certaines incohérences quantités différentes :
sont parfois faciles à détecter. En cas de doute, il est utile de faire – déplacements maximaux admissibles ;
contrôler ses résultats par un œil extérieur. – efforts dans les structures, etc.
En tout état de cause, il est vivement indiqué de réaliser des Les modélisations numériques sont aussi utilisées pour appuyer
études paramétriques pour se faire une idée de l’influence de une proposition de variante de construction, pour comprendre ou
certains facteurs, en particulier des paramètres de sol, si l’on interpréter le comportement observé d’un ouvrage (on parle de
n’est pas certain que leur influence sur les résultats est modérée rétro-analyse du comportement d’un ouvrage), le calcul visant en
et qu’on a pu déterminer leur valeur avec une précision accep- général à reproduire un ensemble de mesures, ou un comporte-
table. ment global.

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Dans ce dernier cas, on est souvent amené à faire une hypo- • définition des conditions de déplacement imposé sur le
thèse sur le phénomène qui cause ce comportement, et la modéli- contour du domaine étudié,
sation vise à démontrer la pertinence de cette hypothèse. Une fois – définition des chargements mécaniques (forces volumiques ou
la cause du problème établie, on peut envisager de définir des surfaciques) ;
solutions de confortement.
– exécution du calcul et exploitation des résultats.
La définition des objectifs du calcul oriente fortement les choix
Chacune de ces étapes peut donner lieu à des hypothèses et à
qui seront faits dans la suite de la démarche.
des simplifications dont les justifications sont plus ou moins pré-
cises.
2.2 Choix du type d’analyse
On rappelle que la méthode des éléments finis est une méthode 2.3 Cadre de modélisation 2D/3D

2
permettant de résoudre des équations aux dérivées partielles : il
s’agit de déterminer une ou plusieurs fonctions des coordonnées Par le passé, la réalisation de calculs en condition tridimension-
spatiales qui vérifient un ensemble de relations décrivant la phy- nelle présentait des difficultés et des limites qui la rendaient
sique du système. De manière générale, la première étape de la impraticable ; la lourdeur des calculs imposait de procéder à une
démarche consiste à définir la ou les quantités que l’on souhaite discrétisation grossière du domaine étudié et à des simplifications
calculer. peu convaincantes.
On a donc, pendant de nombreuses années, développé des
■ Dans le cas le plus simple approches bidimensionnelles, pour lesquelles la préparation,
Une fois ces quantités définies, le type d’analyse à effectuer est l’exécution et l’exploitation des calculs sont beaucoup plus
fixé, c’est-à-dire la nature du problème mathématique à résoudre. simples.
Le cas d’une analyse mécanique correspond, par exemple, à la
■ Dans le cas des ouvrages géotechniques, on fait généralement
situation où les fonctions recherchées sont le champ de déplace-
l’hypothèse des déformations planes : on admet que le champ de
ment, les contraintes, les déformations plastiques, les efforts dans
déplacement cherché possède une composante nulle en raison de
les structures.
la géométrie de l’ouvrage et des chargements.
En géotechnique, on fait encore le plus souvent des calculs
mécaniques « simples », sans prise en compte des couplages et Dans le cas d’un remblai, d’une digue, ou d’un autre ouvrage
des effets différés qui peuvent avoir une influence sur la réponse linéaire, la géométrie de l’ouvrage justifie partiellement cette hypo-
de l’ouvrage (qui seront abordés dans les § 2.6 et 2.7). La solution thèse. Encore faut-il que les chargements et les conditions aux
du problème est alors indépendante du temps. limites soient également compatibles avec elle : cela suppose
Pour des applications différentes, l’objet du calcul n’est pas de qu’ils soient invariants dans la direction pour laquelle le déplace-
calculer des déformations et des efforts : il peut être de représen- ment est nul.
ter un écoulement d’eau dans un massif et de déterminer les Ce type d’hypothèse est acceptable pour une large gamme de
champs de pression et de vitesses. On conduit alors une analyse problèmes et d’ouvrages :
hydraulique. Pour ce type d’analyse, la solution dépend du temps – remblais ;
(sauf si on se place en régime permanent). – digues ;
Si l’on veut décrire de manière complète le couplage entre – soutènements ;
effets hydrauliques et mécaniques, on obtient une troisième caté- – stabilité de pente ;
gorie d’analyse, qu’on appellera ici « analyse hydromécanique ». Il – semelles de fondations filantes.
est important de signaler que ce choix n’est pas anodin, parce que
la nature mathématique du problème de couplage complet ■ Pour les fondations profondes, le cadre des déformations planes
conduit à mettre en œuvre des traitements numériques différents, ne s’impose pas aussi clairement.
plus ou moins robustes et complexes à maîtriser, et à introduire Pour un pieu isolé, installé dans un terrain constitué de couches
des paramètres supplémentaires souvent difficiles à déterminer. Il horizontales et chargé uniquement verticalement, on peut valable-
est donc recommandé de bien cerner le niveau de complexité ment considérer que la solution présente une symétrie de révolu-
nécessaire pour atteindre le but qu’on s’est fixé, le recours systé- tion, et se placer dans un cadre axisymétrique.
matique à l’approche mathématiquement la plus compliquée
étant souvent une perte de temps et d’énergie si l’on ne dispose L’hypothèse d’axisymétrie permet aussi de traiter le cas de fon-
pas des moyens de la mettre en œuvre de manière efficace (par dations superficielles circulaires, et par extension, celui de fonda-
manque de données fiables, de moyens de calcul, ou pour toute tions carrées ou pratiquement carrées (à condition de ne pas
autre raison). chercher à discuter précisément ce qui se passe au voisinage du
coin de la fondation).
■ Dans le cas d’une rétro-analyse d’un comportement observé
■ Pour un groupe de pieux, le cadre des déformations planes et
D’autres phénomènes entrent en jeu et doivent être pris en
celui de l’axisymétrie constituent des hypothèses très difficiles à
compte dans l’analyse pour que la modélisation puisse être repré-
justifier, et ne peuvent être adoptées que si le calcul vise à évaluer
sentative : il convient donc de bien identifier ces phénomènes et
de manière globale un comportement (un tassement moyen par
voir dans quelle mesure et avec quel degré de précision ils
exemple) ou l’influence d’un paramètre particulier.
peuvent être pris en compte avec le type d’analyse choisi.
Une fois le type d’analyse à conduire déterminé, la modélisa- ■ En dernier lieu, on peut mentionner le cas particulier du creuse-
tion proprement dite passe par plusieurs étapes, qui sont les sui- ment des tunnels. Ce problème est clairement tridimensionnel,
vantes dans le cas d’une analyse mécanique simple : puisque les caractéristiques matérielles sont différentes en avant et
– définition de la géométrie du domaine étudié ; en arrière du front de taille. Panet [1] a proposé de se ramener au
– préparation des données du calcul : cadre des déformations planes, en section transversale, c’est-à-dire
dans un plan perpendiculaire à l’axe du tunnel. La technique pro-
• définition des caractéristiques mécaniques des différents posée, appelée « méthode convergence confinement » vise à
matériaux, rendre compte de la troisième dimension, c’est-à-dire de la dis-
• définition des conditions initiales (contraintes initiales, tance entre le plan considéré et le front de taille, au moyen d’un
valeurs initiales de certains paramètres matériaux), paramètre scalaire appelé « taux de déconfinement ».

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Elle n’est justifiée rigoureusement que dans un cadre très res- On peut aussi indiquer qu’il existe des éléments utilisant des
treint (élasticité linéaire, état de contraintes initial uniforme, etc.), interpolations d’ordre supérieur à 2 (triangles à 10 ou 15 nœuds
mais l’usage a prouvé qu’elle donne des résultats acceptables par exemple).
bien au-delà de son domaine de validité théorique.
■ En 3D
La difficulté consiste à identifier les contextes dans lesquels son
utilisation conduit à des résultats peu représentatifs (par exemple Les éléments peuvent être des :
celui de l’utilisation de présoutènements parallèles à l’axe du tun- – tétraèdres à 10 nœuds (figure 3a) ;
nel). – pentaèdres à 15 nœuds (figure 3b) ;
– hexaèdres à 20 nœuds (figure 3c).
Le degré de précision de ces éléments peut être plus ou moins
2.4 Calculs mécaniques important et il convient que l’utilisateur ait une idée, même som-

2
maire, des choix qu’il fait.
2.4.1 Différents types d’éléments Comme en 2D, on peut montrer que les calculs utilisant des
hexaèdres donnent des résultats plus satisfaisants que ceux obte-
Dans le cas où seul le terrain est modélisé, l’utilisateur peut nus avec des tétraèdres, mais les mailleurs volumiques permet-
avoir le choix entre différents types d’éléments finis. tant de paver un domaine quelconque avec des hexaèdres restent
De manière générale, l’utilisation des éléments reposant sur des peu courants.
fonctions d’interpolation (du déplacement en fonction des coor-
données) linéaires est progressivement abandonnée au profit
d’éléments à interpolation d’ordre 2 ou plus.
2.4.2 Conditions aux limites
Une difficulté classique de la modélisation en géotechnique
■ En 2D
tient au fait que les limites du domaine étudié ne sont pas nette-
Ces éléments peuvent être des triangles à 6 nœuds et 3 points ment définies : où placer les « bords » d’une couche de sol ?
d’intégration ou des quadrangles à 8 nœuds et 4 points d’intégra- L’étendue latérale et verticale du domaine à prendre en compte ne
tion (pour rappel : les déplacements sont calculés aux nœuds, tan- sont pas claires.
dis que les déformations et les contraintes sont évaluées aux
On est donc amené à faire d’emblée une hypothèse sur la taille
points d’intégration).
du domaine à prendre en compte. On considère généralement
Il est intéressant de signaler que la solution fournie par des élé- que le maillage doit, au moins, recouvrir la zone dans laquelle les
ments quadrangulaires est meilleure (pour ce qui concerne les chargements appliqués sont susceptibles de produire des défor-
contraintes notamment) que celle obtenue avec des triangles mations significatives : ce n’est cependant pas une indication très
(pour un nombre de nœuds global équivalent). précise.

Triangle à 6 nœuds et quadrangle à 8 nœuds

a tétraèdre à 10 nœuds b pentaèdre à 15 nœuds c hexaèdre à 20 nœuds

Figure 3 – Différents types d’éléments « de massif »

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Différents auteurs ont proposé de définir, pour différents types peut se trouver dans l’un ou l’autre de ces régimes, et les défor-
d’ouvrages (et selon le cadre 2D/3D de la modélisation), des mations calculées, pour un même chargement mécanique, sont
recommandations relatives à ce point (voir [2]). très différentes.
La question reste ouverte, mais on peut apporter quelques pré-
cisions supplémentaires. D’autre part, dans un certain nombre de situations, par exemple
lors de l’excavation d’une partie du massif, le chargement mécanique,
■ Influence de la position des limites du maillage appliqué au reste du massif, dépend lui-même directement des
Il s’agit bien sûr d’un point indissociable du type de conditions contraintes initiales.
que l’on applique sur ces limites. Le domaine maillé est très sou-
vent délimité par un domaine parallélépipédique, et on choisit en L’état initial des contraintes a donc une double influence sur le
général de bloquer toutes les composantes du déplacement sur la résultat des modélisations. Cette situation est problématique
limite inférieure du maillage et la composante normale sur les parce qu’il n’est pas possible de mesurer directement les

2
plans verticaux qui limitent le maillage. contraintes initiales.
On peut cependant adopter des conditions différentes.
■ Cas des couches horizontales
■ Cas d’un calcul de charge limite Dans ce cas, on fait souvent l’hypothèse que les contraintes ini-
On peut montrer que les résultats ne dépendent pas de l’étendue tiales sont « géostatiques » (c’est-à-dire que les contraintes princi-
du maillage s’il englobe le « mécanisme » de rupture de l’ouvrage. pales sont verticales et horizontales, et dépendent linéairement de
la profondeur dans chaque couche).
■ Influence de l’étendue du maillage
Elles sont donc caractérisées par deux paramètres pour chaque
Ce paramètre dépend du chargement imposé. Une difficulté couche :
classique est celle de la situation dans laquelle on applique un
chargement mécanique qui correspond à l’excavation d’une partie – son poids volumique, qui peut en général être estimé de
du massif de sol, devant une paroi de soutènement ou à l’intérieur manière fiable ;
d’un tunnel par exemple. – le coefficient de poussée des terres ou repos, dont la détermi-
Par rapport à la situation initiale, le système matériel restant nation est en revanche beaucoup plus difficile, et introduit une
après l’excavation subit une résultante verticale, dirigée vers le incertitude mal maîtrisée.
haut, et égale au poids du matériau excavé. On peut alors obser- ■ Cas où la situation initiale ne correspond pas à celle de couches
ver dans le calcul un soulèvement de la surface du massif, plus ou horizontales
moins marqué selon le modèle de comportement, qui peut être
largement surestimé. Il dépend fortement de l’étendue du mail- La question de l’état initial est encore plus délicate. On peut
lage au-dessous du tunnel ou de l’excavation : cette forte dépen- chercher à le reconstituer en appliquant des forces de volume
dance des déplacements verticaux calculés vis-à-vis du maillage égales aux poids volumiques des différentes zones du maillage, à
rend l’exploitation des résultats pour le moins délicate. partir d’un état de contraintes nul (ce qui peut poser des difficultés
Si l’origine physique du problème est simple (la réponse du pour certains modèles de comportement), mais on ne peut pas
massif au déchargement), sa prise en compte correcte dans une garantir la représentativité de l’état initial ainsi obtenu.
modélisation par éléments finis est difficile. ■ Cas où l’on utilise des modèles de comportement avancés
Le recours à un modèle de comportement avancé peut rendre le
Il est également nécessaire de fixer la valeur initiale de diffé-
problème moins voyant et moins gênant, mais la difficulté subsiste.
rents paramètres supplémentaires (d’écrouissage par exemple, ou
On peut signaler, de plus, que l’utilisation de calculs tridimen- d’autres) : ces paramètres conditionnent plus ou moins fortement
sionnels peut atténuer la difficulté, mais ne suffit pas à l’éliminer la raideur du matériau.
complètement.
Vis-à-vis de ce problème, la situation favorable est celle dans Exemple
laquelle un substratum rigide a été reconnu à une profondeur Pour illustrer davantage la question de l’état initial, on peut considé-
bien identifiée. rer le cas d’une paroi moulée, construite sous boue. Le but de la
En dehors de ce cas, la solution numérique est entachée d’une modélisation est généralement de justifier le dimensionnement pro-
erreur difficile à évaluer. posé (longueur de fiche, épaisseur de la paroi, systèmes d’ancrage).
On peut également signaler qu’on a le même type de dépen- La mise en place de la paroi dans le terrain constitue un problème déli-
dance des déplacements vis-à-vis de l’étendue du maillage dans la cat, pour lequel différentes stratégies de modélisation sont possibles.
direction verticale lorsqu’on modélise une fondation filante sou- On distingue généralement deux approches :
mise à une charge verticale vers le bas.
– la première consiste à considérer que l’influence de sa construc-
tion se limite à prendre en compte une différence de poids avec le
2.4.3 État initial des contraintes terrain initialement en place (on dit en anglais que la paroi est
« wished-in-place ») ;
En géotechnique, il est pratiquement toujours nécessaire de – l’autre consiste à reconstituer le processus d’excavation sous
représenter le comportement des couches de terrain à l’aide de boue, avant d’activer la rigidité de la paroi (cette méthode est appelée
modèles non linéaires. « wall installation model »).
Une conséquence de la non linéarité du comportement est qu’il Les deux approches peuvent donner des résultats différents, en
est nécessaire de bien caractériser l’état initial du sol, en particu- fonction des paramètres du modèle.
lier l’état des contraintes.
Dans le cas d’une paroi moulée, on peut également se poser la
■ Dans le cas de l’élastoplasticité question de l’influence de l’ordre dans lequel les panneaux de paroi
De manière plus précise, on distingue deux régimes de défor- sont mis en place.
mation, selon que l’état de contrainte atteint ou non la frontière Il est donc indiqué de bien cerner les enjeux du calcul et éventuel-
du domaine élastique. Selon la valeur des contraintes initiales, on lement de procéder à des études de sensibilité ([3], [4]).

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