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B. Capoen et B.

Bonnel, Octobre 2004

Chapitre III : Dynamique des fluides parfaits


III-1 . Quelques définitions indispensables

Régime permanent : Ecoulement dans lequel la pression et la vitesse en un point donné


ne dépendent pas du temps. On ne s’intéresse donc pas aux phénomènes transitoires
(ouverture ou fermeture de vanne).
Ligne de courant : trajectoire suivie par un petit élément de fluide.
Comme la vitesse est tangente aux lignes de courant, deux lignes de
courant ne peuvent pas se couper, car au point d’intersection la v
vitesse ne serait pas définie.
Tube de courant : Ensemble de lignes de courant s’appuyant sur
un contour fermé.

Le fluide se déplace dans un tube de


courant comme dans un tuyau invisible : Il
ne traverse pas les limites du tube de
courant et ne se mélange pas avec le fluide
des tubes adjacents.

Hecht p. 415
Écoulement laminaire : Écoulement en tubes de courants. Les particules de fluide se
déplacent en procession organisée, chacune suivant le chemin suivi par la précédente. Ce
régime correspond à des vitesses d’écoulement faibles.

Représentation schématique d’un Un robinet peu ouvert Ecoulement laminaire d’une


écoulement laminaire (Hecht p. 415) donne un écoulement d’eau veine d’air sur une aile
laminaire. d’avion (Kane p. 311).
Dans un écoulement laminaire les lignes de courant épousent la forme de l’obstacle placé sur
leur trajectoire.
Écoulement turbulent : Les particules de fluide ont un mouvement chaotique et
irrégulier et les lignes de courant s’enchevêtrent. Ce régime correspond à des vitesses
d’écoulement élevées. (La vitesse-limite dépend de la viscosité et de la géométrie de
l’écoulement)

La fumée d’une cigarette s’élève d’abord


Turbulences au voisinage d’une aile
selon un régime laminaire, puis le régime
d’avion en régime turbulent (Kane p. 311)
devient rapidement turbulent (Hecht p.415).
III-2 . Notion de débit
1 – Définition :
C’est le volume de fluide traversant une section ∆V
Q= en m3 / s
droite de canalisation pendant l’unité de temps : ∆t
canalisation ∆V Pour un fluide parfait, la vitesse v est la même en
tout point de la section. On peut donc écrire :
S v
∆V = S.∆l, et ∆l = v.∆t si v est uniforme.
∆l Donc Q = S.v

2 – Equation de continuité
Dans une canalisation parcourue par un fluide imcompressible, le débit est le même quelle
que soit la section considérée.

QA = QB soit SAvA = SBvB

(S1,v1) (S’1,v’1)
(S2,v2) (S’2,v’2) ∑ S .v
i
i i = ∑ S' j .v' j
j
(forme plus générale)
(Si,vi) (S’j,v’j)
Conséquence importante :
Dans une canalisation parcourue par un fluide imcompressible, la vitesse du fluide augmente
quand la section diminue.

La vitesse de l’eau augmente avec la


chute. Si le robinet est peu ouvert,
l’écoulement est laminaire et le jet
va en rétrécissant.

Phlebologia.com

World-medical-clinic.com
Dans le système vasculaire, la vitesse du
sang dans les vaisseaux
- augmente si la section diminue,
- diminue avec le nombre d’intersections,
de sorte que la vitesse dans un vaisseau
capillaire est finalement plus faible que
dans une artère.

Généralisation au fluide visqueux :


à cause des frottements, la vitesse d’écoulement n’est pas la même en tout point de la
section de la canalisation. On écrira alors

Q = S.v où v est la Vitesse moyenne


III-3 . Théorème de Bernoulli (1738)
Dans un fluide de masse volumique ρ et en écoulement laminaire, on considère un tube de
courant suffisamment étroit pour que la pression du fluide, sa vitesse d’écoulement et son
altitude aient la même valeur en tout point d’une section droite du tube. Soient deux points
A1 et A2 quelconques le long de ce tube.

v2
A2 (p2, S2, z2, v2) z2
S2

S1
A1 (p1, S1, z1, v1) z1 v1
O
La variation d’énergie cinétique entre ces deux points quelconques est égale au travail
des forces de pression et de pesanteur entre ces deux points.

Tous calculs faits, on obtient : p1 + ½ ρ.v12 + ρ.g.z1 = p2 + ½ ρ.v22 + ρ.g.z2

Soit la relation très importante : en tous


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les points d’un même tube de courant,
p + ρ v + ρ g z = cste
La quantité p + ½ ρ.v2 + ρ.g.z s’appelle 2
la charge, c’est une constante pour un
fluide parfait.
Dénominations :
Dans la quantité p + ½ ρ.v2 + ρ.g.z qui reste invariante,
- p est la pression statique.
- 1/2 ρ v2 est appelée pression dynamique.
− ρ g z est appelée pression de jauge ou manométrique.

Conditions d’application

Parfait Fluide Incompressible

Laminaire Écoulement Régime permanent


Cas particuliers

a – Fluide au repos
p + 1 ρ v2 + ρ g z = cste
v = 0, ce qui donne : 2
⇒ On retrouve le principe de l’hydrostatique entre 2 points A et B.
pA – pB = ρg (zB-zA) = ρ g h

b – Rôle de la pesanteur dans la circulation sanguine


ρ= 1059,5 kg m-3
pc ≈ 13300 Pa exercée par le cœur.
Définition : Tension artérielle = partère – patm Vitesse à la sortie de l’aorte :
env. 30 cm/s

Hypothèses : " Le sang est un fluide parfait (justifié dans les grosses artères)

" La pression dynamique est négligeable (< 50 Pa) Æ approximation statique.


zt = 1,7 m
Entre la tête, le cœur et les pieds, la différence de pression est :
zc = 1,3 m
pp – pc = ρ g (zc – zp) >0 : pp = 26800 Pa (‘jambes lourdes’)
pt – pc = ρ g (zc – zt) <0 : pt = 9200 Pa
zp = 0
c - Effet d’une accélération verticale (http://pierre.mf.free.fr/tpe2/)

L’accélération de la pesanteur effective ressentie est


r r r
geff =g−a , donc geff = g + a si le vecteur a est
dirigé vers le haut.

La pression sanguine au niveau du cerveau s’écrit en remplaçant g par geff dans


l’expression obtenue en b :
pt = pc – ρ (g+a) (zt-zc)
Ainsi, si la différence de hauteur entre le cœur et le cerveau vaut 40 cm (individu assis),
pt peut s’annuler si a ≈ 2,2 g et provoquer un évanouissement.
● Les pilotes d’essai, qui subissent des accélérations importantes, sont en position
inclinée ou couchée (pour minimiser la différence de hauteur zt – zc).

(Hergé, “on a marché sur la


Lune” p. 20)

● On peut parfois ressentir un léger étourdissement lorsqu’on se relève brusquement.


III-4 . Application : les débitmètres
Ce sont des appareils qui permettent de mesurer le débit ou la vitesse d’écoulement d’un fluide.

1 – Le tube de Venturi (1746-1822)

www.ac-nancy-metz.fr Hecht p. 423

Tous les tubes de Venturi possèdent un étranglement dans lequel, d’après l’équation de
continuité, la vitesse du fluide augmente. D’après la relation de Bernoulli, la pression du
fluide diminue donc dans l’étranglement. La différence de pression entre la partie normale et
la partie étranglée permet de trouver la vitesse de l’écoulement (voir page suivante).

Régions 1 et 3 : grande section, vitesse faible, pression élevée


Schéma de droite :
Région 2 : petite section, vitesse plus grande, pression plus faible.
Mise en équation :

Prenons deux points sur l’axe du tube, A1


dans la région 1 de grande section et A2
dans la région 2 de faible section.
A1 A2
Les grandeurs du problème sont :
● pour A1 : S1, p1, z1, v1
On cherche : v1 et le débit Q.
● pour A2 : S2, p2, z2, v2

1 - La conservation du débit permet d’exprimer v2 en fonction de v1 :


S2.v2 = S1.v1 = Q donne v2 = v1. S1/S2.
2 - La relation de Bernoulli relie v1 et v2 à p1 et p2 :
p1 + ρ.g.z1 + ½ ρ.v12 = p2 + ρ.g.z2 + ½ ρ.v22 donne p1 – p2 = ρ.g.(z2 – z1) + ½ ρ.(v22 – v12)

Si les points A1 et A2 sur l’axe du tube, z1 = z2 et on obtient : p1 – p2 = ∆p = ½ ρ.(v22 – v12)

La combinaison de ces deux relations permet d’obtenir :

2 S22
v12 = K ∆p et Q 2 = S12 K ∆p avec K=
ρ S12 − S22
Il existe plusieurs modèles différents par leur manière de mesurer ∆p. Voir exercices.
2 – Le tube de Pitot (1695-1771)
Dans ce système, pas d’étranglement. Un h
premier tube, pincé à son extrémité, est
disposé en A de façon à être face à la ligne v
de courant. Un deuxième tube, droit, est A B
placé en B sur la même ligne de courant.

Les grandeurs du problème sont :


● pour A : pA, zA, vA On cherche : v en fonction de h.
● pour B: pB, zB = zA, vB
Le fluide pénètre dans le premier tube et y fait monter le niveau. Lorsque l’équilibre est
atteint, le fluide s’immobilise : la vitesse en A, vA, est donc nulle. Si le bec du tube n’est
pas trop gros, la ligne de courant le long de l’axe n’est pas déformée : la vitesse horizontale
en B est donc vB = v. Comme vB > vA, Bernoulli impose pB < pA : on observe bien, dans le
deuxième tube, une hauteur de fluide plus faible que dans le premier

La relation de Bernoulli donne : pA + ρ.g.zA + 0 = pB + ρ.g.zA + ½ ρ.v2

Avec pA – pB = ρ.g.h, on obtient v = 2gh

Bien que la relation de Bernoulli ne s’applique pas au gaz, le tube de Pitot est employé en
aéronautique pour mesurer la vitesse des avions par rapport à l’air.
III-5 . Autre application : la portance
L’aile d’un avion a une forme dissymétrique :
son profil est tel que l’air circule au-dessus à
une vitesse supérieure à celle qu’il a en-
dessous. Le théorème de Bernoulli, bien qu’il
ne s’applique pas rigoureusement aux gaz,
fournit une explication qualitative : la
pression au-dessus de l’aile est plus basse que
(Hecht p. 424) celle existant en-dessous. Cette différence de
pression engendre une force ascendante
appelée portance, qui, combinée à la résistance de l’air, au poids de l’avion et à la poussée
des moteurs, permet à l’avion de se maintenir en l’air.

La portance permet aussi aux planeurs de glisser dans l’air et aux oiseaux de voler.

Pour des raisons similaires, une


balle de ping-pong reste en
lévitation lorsqu'elle est placée
dans un jet d'air vertical
provenant par exemple d'un
sèche-cheveux. Ici, la vitesse au centre du
tube de courant est plus
(http://www.ac-nancy-metz.fr/) grande que sur les côtés : la
pression en A est donc plus
faible qu’en B

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