Vous êtes sur la page 1sur 50

Chapitre 9

Rhéologie des pâtes fraîches

GCI 712 Chap. 9 page 1


9.1. Introduction

La rhéologie est l'étude du changement de la forme et de


l'écoulement d'une matière.

Cette étude comprend:


 l'élasticité
 la plasticité
 la viscosité.

GCI 712 Chap. 9 page 2


Élasticité:

Quand on applique une force à une matière, cette dernière


subira une déformation. Quand on supprime la force, si la
matière retourne à son état initial, nous sommes en
présence d'une matière élastique. Si cette matière est un
fluide, n'importe quel système de forces va engendrer un
écoulement. Quand on supprime cette force, le fluide ne
revient pas à son état initial. Le fluide n'est donc pas
élastique.

GCI 712 Chap. 9 page 3


Plasticité:

Un fluide auquel on doit appliquer une force supérieure au


seuil de cisaillement (seuil de rigidité, seuil de plasticité)
pour qu'il puisse s'écouler, est un fluide plastique. Si la
contrainte appliquée est inférieure au seuil de cisaillement,
ce fluide a un comportement élastique. Le seuil de
cisaillement est donc la contrainte au-dessous de laquelle le
fluide a un comportement élastique.

GCI 712 Chap. 9 page 4


Viscosité:

La viscosité est la mesure des frictions internes d'un fluide


lors de sont écoulement. Pour déplacer une couche d'un
fluide par rapport à l'autre on doit appliquer une certaine
force. Cette force augmente avec la viscosité du fluide.

GCI 712 Chap. 9 page 5


Définition de la viscosité :

Newton définit la viscosité en considérant deux plans


parallèles de même surface "A" d'un fluide. Ces plans
sont séparés par une distance "dX" et se déplacent dans la
même direction à des vitesses différentes "V1" et "V2".
Newton considère que la force "F" nécessaire pour
maintenir cette différence dans la vitesse, est
proportionnelle à la différence des vitesses dans le liquide,
c'est-à-dire au gradient de vitesse dV
dX

GCI 712 Chap. 9 page 6


 = F/A
dV/dX

 - Viscosité en poise

 F/A - Force par unité de surface en dyne/cm2


- ou Contrainte de cisaillement.

 dV/dX - Gradient de vitesse en s-1


- ou Taux de cisaillement.

 = Contrainte de cisaillement
Taux de cisaillement

GCI 712 Chap. 9 page 7


Remarque sur la terminologie:

Contrainte de cisaillement = Shear stress

Taux de cisaillement = Shear rate

GCI 712 Chap. 9 page 8


9.2 Les fluides newtoniens

Un fluide newtonien est donc un fluide dont


l'écoulement respecte la théorie de Newton sur
l'écoulement.

Sa viscosité  est constante et il s’écoule dès


l’application d’une contrainte de cisaillement.

GCI 712 Chap. 9 page 9


Fig. 1: fluide newtonien
GCI 712 Chap. 9 page 10
9.3 Les fluides non newtoniens

Un fluide est non newtonien :

 si la valeur F/A n'est pas constante.


dV/dX

 si la contrainte de cisaillement pour qu’il y ait


écoulement est non nulle

GCI 712 Chap. 9 page 11


Dans le premier cas, la viscosité change avec la vitesse
d'écoulement. Si le taux de cisaillement varie, la
contrainte de cisaillement ne varie pas
proportionnellement.

Parmi les fluides dont la viscosité change avec le taux


de cisaillement on retrouve :

 Les fluides pseudo-plastiques


 les fluides dilatants

GCI 712 Chap. 9 page 12


Dans le second cas, les fluides possèdent un seuil
de rigidité (pour des contraintes inférieures à ce
seuil, il n’y a pas d’’écoulement), ce sont par
exemple :

 les fluides Binghamiens.

GCI 712 Chap. 9 page 13


9.4 Les fluides pseudo-plastiques

Ils coulent sous une faible force de cisaillement,


mais leur viscosité diminue avec l'augmentation
du taux de cisaillement.

GCI 712 Chap. 9 page 14


Fig. 2: fluide pseudo-plastique
GCI 712 Chap. 9 page 15
9.5 Les fluides dilatants

Ils coulent sous une faible force de cisaillement,


mais leur viscosité augmente lorsque le taux de
cisaillement augmente.

GCI 712 Chap. 9 page 16


Fig. 3: fluide dilatant
GCI 712 Chap. 9 page 17
9.6 Les fluides binghamiens

Un fluide Binghamien nécessite une force


minimale pour briser les forces d'interaction
entre les particules et provoquer son écoulement.
La contrainte de cisaillement minimale que l'on
doit lui appliquer s'appelle seuil de rigidité. Une
fois le seuil de rigidité atteint ce fluide se
comporte comme un fluide Newtonien.

GCI 712 Chap. 9 page 18


Fig. 4: fluide binghamien
GCI 712 Chap. 9 page 19
Un fluide Binghamien répond à l'équation:

F/A = E +  dV
dX

avec E = Seuil de rigidité

Parmi les fluides nécessitant une contrainte minimale pour


s'écouler, il existe des fluides pseudo-plastiques et dilatants.

GCI 712 Chap. 9 page 20


Fig. 5: fluide binghamien (4) pseudo-plastique (5) et dilatant (6)

GCI 712 Chap. 9 page 21


9.7 La thixotropie

 Si la viscosité d'un fluide diminue avec la durée


d'application de la contrainte de cisaillement, ce liquide
est thixiotropique.

 Si la viscosité d'un fluide augmente avec la durée


d'application de la contrainte de cisaillement, ce liquide
est rhéopectique.

GCI 712 Chap. 9 page 22


9.8 Rhéologie de la pâte de ciment

 Il est très difficile de définir l'écoulement d'une pâte de


ciment. Nous pouvons dire que la pâte de ciment peut avoir
un comportement pseudo-plastique, avec ou sans seuil de
rigidité. La pâte de ciment peut être aussi thixotropique.

 Les facteurs chimiques sont très importants dans la


rhéologie du ciment de même que le temps et la
température.

GCI 712 Chap. 9 page 23


9.8.1 Influence du temps

Si on prend une poudre minérale stable comme le quartz, et


un ciment de même granulométrie, malaxés dans des
conditions identiques pour donner des pâtes de même
rapport E/C (la pâte de quartz aura été gâchée avec une
solution à pH 12,5 de façon à reproduire l'eau de gâchage
de la pâte de ciment).

GCI 712 Chap. 9 page 24


a) Pâtes E/S=0,4 t=5 min b) Pâte de ciment de la figure a)
S: sable t=60 min
C: ciment

Fig. 6: évolution du comportement rhéologique en


fonction du temps
GCI 712 Chap. 9 page 25
La figure 6 montre la viscosité de ces deux pâtes après 5 et
60 minutes. On constate qu'à 5 minutes ces pâtes présentent
un même comportement (Binghamien).

Après 60 minutes la courbe du ciment se différencie


complètement de celle du quartz. Le seuil de cisaillement et
la viscosité plastique ont augmenté.

Il a fallu briser des liaison chimiques pour atteindre ensuite


un comportement Binghamien ( la courbe du quartz n'a pas
évolué).

GCI 712 Chap. 9 page 26


9.8.2 Influence de la température

L'élévation de la température augmente la vitesse


des réactions chimiques, qui contribuent à
augmenter le seuil de cisaillement et la viscosité
plastique de la pâte.

GCI 712 Chap. 9 page 27


Fig. 7: évolution du comportement rhéologique en
fonction de la température
GCI 712 Chap. 9 page 28
9.8.3 Influence de l’évolution chimique

Ce comportement de la pâte de ciment peut être expliqué par


l'évolution chimique de la pâte.

 L'évolution chimique est très rapide au cours du


malaxage car dans les quelques minutes qui suivent l'étape
de la dissolution, la surface des grains se recouvre d'hydrates
tels que le C-S-H et l'ettringite.

GCI 712 Chap. 9 page 29


• Les réactions sont ensuite très lentes pendant la
période "dormante". A ce moment l'interface
eau-ciment est constituée d'une couche
d'hydrates dont l'épaisseur augmente dans le
temps.
• L'hydratation se poursuit par l'établissement des
liaisons chimiques de plus en plus nombreuses
entre les grains. Après la période "dormante",
l'ensemble des réactions de dissolution et de
formation d'hydrates s'accélère.

GCI 712 Chap. 9 page 30


9.8.4 Les processus d'interface

GCI 712 Chap. 9 page 31


Le comportement rhéologique des dispersions minérales
est lié à l'existence de diverses forces élémentaires
interfaciales, qui sont :
• Les forces de Van Der Waals (interaction
électromagnétique des dipôles),
• Les forces coulombiennes (interactions
électrostatiques),
• Les forces thermodynamiques (comme la pression
osmotique et les forces de diffusion),
• Les forces hydrodynamiques (dues à l'agitation
moléculaire et aux contraintes de cisaillement).

GCI 712 Chap. 9 page 32


9.8.5 Précipitation et croissance cristalline à
l'interface solide-liquide
Parmi les réactions les plus actives au cours du malaxage et
pendant la période dormante, la réaction C3A-gypse semble
être prédominante du point de vue rhéologique.

Le rôle de la formation des cristaux d'ettringite sur


l'agglomération des grains de ciment est très important.

Il ne faut pas oublier aussi la vitesse de dissolution du sulfate.

GCI 712 Chap. 9 page 33


9.8.6 Les rôle de plastifiants
Comme nous l'avons vu dans le chapitre sur les adjuvants,
les plastifiants améliorent la fluidité grâce à l'augmentation
de la répulsion électrostatique.

En fait, la situation n'est pas aussi évidente, quand on


analyse les mécanismes en détail.

De nombreuses recherches montrent que les plastifiants


entrent en interaction avec tous les processus physico-
chimiques de l'hydratation.

GCI 712 Chap. 9 page 34


9.8.7 Interaction C3A-plastifiant

Vernet, en étudiant l'interaction entre le C3A et un PNS a


trouvé que la quantité de PNS consommé par le C3A
dépassent la quantité adsorbable. Par ailleurs l'hydrate
formé semble stable.

Les plastifiants ont aussi un effet sur la dissolution des


sulfates et sur la nucléation des cristaux d'ettringite.

GCI 712 Chap. 9 page 35


Fig. 8: PNS fixé au cours de l’hydrattion de C3A

GCI 712 Chap. 9 page 36


9.8.8 Les sulfates alcalins

GCI 712 Chap. 9 page 37


L'effet des sulfates alcalins sur la rhéologie des pâtes de
ciment est un facteur non négligeable. Ces sulfates alcalins
sont principalement:

 arcanite K2SO4
 calcium langbeinite 2CaSO4.K2SO4
 aphtitalite Na2SO4.3K2SO4

GCI 712 Chap. 9 page 38


De par leur influence au niveau de l'hydratation
des ciments, il s'en suit un problème de dualité
entre les alcalis et les sulfates.

On devrait en principe tenir compte de SO3 des


sulfates alcalins des ciments avant d'ajouter du
gypse au clinker, à hauteur de 3% environ.

Si les sulfates alcalins totalisent par exemple une


teneur de 1% en SO3 dans le clinker, on ne devrait
ajouter que l'équivalent de 2% de SO3 en gypse,
lors du broyage.
GCI 712 Chap. 9 page 39
Les cimentiers sont loin de procéder de cette façon.
En effet, ils ajoutent toujours une quantité de gypse
de façon à avoir une résistance optimale
à 28 jours.

Cette façon de faire marche pour les ciments quand


ils sont destinés pour les bétons à grand rapport
E/C, mais pour les bétons à haute performance,
ayant des rapports E/C faibles, il faut absolument
tenir compte des sulfates alcalins et des ions SO42-
qu'ils apportent.

GCI 712 Chap. 9 page 40


Le degré de sulfurisation est représenté par le
rapport suivant:

DS = 100 × SO3

1,292 Na2O + 0,85 K2O

GCI 712 Chap. 9 page 41


Le degré de sulfurisation est une relation importante qui lie
les alcalins aux sulfates.

Les comportements rhéologiques des pâtes (ou des bétons)


sont influencés par les alcalins et par les sulfates.

Au lieu de considérer l'effet de chacun de ces éléments sur


la rhéologie, séparément, on aurait plutôt intérêt à étudier
l'effet du degré de sulfurisation sur le comportement
rhéologique.

GCI 712 Chap. 9 page 42


60 % < DS < 80 %
la rhéologie est bonne

DS < 60 % ou DS > 80 %
on peut rencontrer des problèmes de rhéologie

GCI 712 Chap. 9 page 43


Tous les sulfates alcalins ont une solubilité
néozéolithique (très rapide). Par rapport à
l'hémihydrate (CaSO4.1/2H2O), la calcium
langbeinite (2CaSO4.K2SO4) contribue à une
meilleure rhéologie.

GCI 712 Chap. 9 page 44


Dans les silos de stockage des ciments en cimenterie,
comme dans les bétons, on peut rencontrer
des problèmes de formation de syngénite
(CaSO4.K2SO4.2H2O), qui se présente sous forme de
petites aiguilles extrêmement fines qui
s'enchevêtrent les unes par rapport aux autres.

GCI 712 Chap. 9 page 45


La syngénite peut se former par l'hydratation
du calcium langbeinite présent dans le ciment.

2CaSO4.K2SO4 + 3H2O 

CaSO4.K2SO4.H2O + CaSO4.2H2O

GCI 712 Chap. 9 page 46


La syngénite peut aussi se former par la réaction
de l'arcanite avec l'hémihydrate en milieu humide.

K2SO4 + CaSO4.1/2H2O + 1/2 H2O





CaSO4.K2SO4.H2O

GCI 712 Chap. 9 page 47


En ce qui concerne la concentration en ions SO42-,
il faut raisonner par rapport à une saturation et à
une sursaturation.

Si le degré de sulfurisation est faible, il y a donc un


excès d'alcalins. Par conséquent ils rentrent dans
les réseaux cristallins des phases minérales C3A et
C2S, le sodium dans le réseau cristallin du C3A et le
potassium dans celui du C2S, de préférence.

GCI 712 Chap. 9 page 48


Ces alcalins ont un effet sur l'hydratation des
phases du ciment; il provoquent une forme
d'activation, ce qui amène des résistances élevées
à court terme, mais modérées à 28 jours.

Le C3A orthorhombique (dopé par Na+) a une


meilleure rhéologie que le C3A cubique.

GCI 712 Chap. 9 page 49


Remarques
• Pour comparer deux degrés de sulfurisation, il faut
avoir des pourcentages de SO3 total identiques.

• La teneur en SO3 dépend de la finesse du ciment et du


pourcentage de C3A.
• Avec les BHP, les problèmes ne sont plus « noyés dans
l'eau ». Le rapport E/C étant faible, les concentrations
des éléments que nous venons de voir sont plus
importantes; de ce fait les problèmes deviennent
également plus importants.

GCI 712 Chap. 9 page 50

Vous aimerez peut-être aussi