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ROYAUME CHERIFIEN DE MAROC

UNIVERSITE SIDI MOHAMED BEN ABDELLAH

FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES, ECONOMQIUES ET SOCIALES DE Fès


F

Mémoire
En vue de l’obtention du diplôme

MASTER
En Finance
Option : Banque et Marchés Financiers

Présenté Par : Sous la Direction du :


LAZAR Karim Pr. HAOUIDI Amina

THÈME

La gestion du risque de crédit : Cas D’Al


Barid Bank Central
Soutenu le : 06 juillet 2020 Devant le jury composé de :

Présidente : Pr. HAOUDI Amina PES FSJES Fès USMBA

Co-encadreur
encadreur : MAROUANE Btissam RRC ABB Casablanca GBAM

Suffragant : Pr. EL HIRI Abderrazak PES FSJES Fès USMBA

Suffragant : Pr. BEN EL HAJ Fouad PES FSJES Fès USMBA

Ce rapport a été scanné par URKUND : (Taux de similitude : 8%)


%)

Année universitaire : 2019


2019-2020
Remerciements

Je remercie Dieu, l’unique, Lui qui nous gratifie de ses bienfaits à tout moment et à tout
instant.

Je tiens en premier lieu à exprimer toute ma gratitude à Madame HASSANI Hind, directrice
du département Risk Management chez Al Barid Bank, et Madame HANAFI Imane,
manager développement RH chez Al barid Bank, pour cette opportunité de stage et son
accueil.

Mes vifs et chaleureux remerciements vont également à Madame MAROUANE Btissam,


qui a eu la gentillesse d’accepter de m’encadrer et de diriger mon travail, ainsi que Madame
EL FID Sanae et Monsieur MABROUK Youssef et toute l’équipe ABB, qui, malgré
l’intensité de leur travail et de leurs préoccupations nombreuses, ils ne refusaient pas de me
venir en aide. Je leur remercie pour leurs précieuses informations, leur assistance et leurs
conseils.

Je remercie également et très sincèrement ma Professeur Madame HAOUDI Amina,


Professeur de l’enseignement supérieur à la Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et
Sociales de Fès, qui a dirigé ce projet de fin d’étude. Je lui très reconnaissant pour ses
directives précieuses et conseils pertinents ainsi que son assistance pour la rédaction du
rapport. Je tien aussi à remercier les autres membres du jury, d’avoir accepté de juger ce
travail et de m’avoir fait l’honneur de leur participation.

Que le corps professoral et administratif de la FSJES Fès trouve ici nos vifs remerciements,
pour tout le travail effectué durant notre scolarité. Enfin, je souhaite que mon travail soit à la
hauteur des attentes de toutes ces personnes

2
Dédicace

A mes très chère Maman,


Je vous suis reconnaissant pour tout ce que j’ai pu réaliser dans ma vie.
Sans votre amour, votre soutien inconditionnel et votre bienveillance à
mon égard, je ne serai pas arrivée à ce stade de ma vie.

A mon cher frère Khalil,


L’unique, l’idole qui m’a toujours poussé à donner le meilleur de moi-
même.

A ma chère sœur Fatima Zahra,


Merci pour ton soutien et ton encouragement.

A M. Tahiri Redouane,
Merci pour votre soutien. A tous ceux qui m’ont soutenu, Je dédie ce
travail.

A tous ceux qui m’ont soutenu,


Je dédie ce travail.

3
Résumé

Dans un environnement économique défini par l’incertitude et l’absence de clarté, où la


concurrence est acharnée et les scandales financiers ne cessent de se multiplier, la maîtrise du
risque semble difficile à cerner. L’assurance d’un équilibre entre efficacité et prudence est
devenue une exigence que les banques doivent respecter.

Prendre le risque a une forte influence sur la rentabilité des établissements de crédit. De plus,
suivre et bien gérer le risque constitue une part primordiale de l’activité bancaire, précisément
en ce qui concerne le risque de crédit puisqu’il représente la source principale de déficits pour
ces établissements. De ce fait, la gestion du risque de crédit demeure une réflexion
approfondie qui doit être adaptée à l’environnement de la banque.

Concernant la réglementation internationale, Bâle propose des normes visant de mieux cerner
les crises sectorielles ou macro-économiques et veiller sur l’amélioration de la stabilité
financière. Dans ce sens, le cadre réglementaire marocain présenté par BAM se concentre
particulièrement sur le développement de méthodes de gestion des risques afin d’atténuer les
chocs et de maîtriser les situations de défaut.

Mots clés : risque de crédit, l’environnement économique, la rentabilité, les établissements de


crédit

4
Abstract

In an economic environment defined by the lack of clarity and uncertainty, where competition
is fierce and financial scandals continue to multiply, risk control seems elusive. Ensuring a
balance between efficiency and safety has become a requirement that banks must respect.

Take the risk has a strong influence on the profitability of banks. In addition, managing the
risk is a crucial part of the banking business, specifically the credit risk because it represents
the largest source of deficits for these institutions. Therefore, the management of the credit
risk requires a depth reflection that must be adapted to the bank's environment.

Concerning the international regulations, Bâle proposes standards in order to ensure and
improve the financial stability. In this sense, the Moroccan’s regulation presented by BAM
focuses particularly on the development of new methods of the risk management to avoid the
crisis and to master the failing’s situations.

Key words: credit risk, economic environment, profitability, banks

5
Résumé

Dans un environnement économique défini par l’incertitude et l’absence de clarté, où la


concurrence est acharnée et les scandales financiers ne cessent de se multiplier, la maîtrise du
risque semble difficile à cerner. L’assurance d’un équilibre entre efficacité et prudence est
devenue une exigence que les banques doivent respecter.

Prendre le risque a une forte influence sur la rentabilité des établissements de crédit. De plus,
suivre et bien gérer le risque constitue une part primordiale de l’activité bancaire, précisément
en ce qui concerne le risque de crédit puisqu’il représente la source principale de déficits pour
ces établissements. De ce fait, la gestion du risque de crédit demeure une réflexion
approfondie qui doit être adaptée à l’environnement de la banque.

Concernant la réglementation internationale, Bâle propose des normes visant de mieux cerner
les crises sectorielles ou macro-économiques et veiller sur l’amélioration de la stabilité
financière. Dans ce sens, le cadre réglementaire marocain présenté par BAM se concentre
particulièrement sur le développement de méthodes de gestion des risques afin d’atténuer les
chocs et de maîtriser les situations de défaut.

Mots clés : risque de crédit, l’environnement économique, la rentabilité, les établissements de


crédit

4
Chapitre III : Les méthodes d’évaluation du risque de crédit .......................... 71
Section 1 : L’analyse financière ........................................................................................... 72
1. Définition de l’analyse financière ............................................................................ 72
2. Démarche générique de l'analyse financière ............................................................ 72
3. Les sources d’information de l’analyse financière ................................................... 75
4. Le diagnostic financier ............................................................................................. 75
Section 2 : les méthodes normatives .................................................................................... 89
1. Les méthodes de dépouillement ............................................................................... 90
2. La méthode des valeurs normatives de ratios .......................................................... 93
3. La méthode des credit men....................................................................................... 95
4. La méthode des classes de risque ............................................................................. 97
5. La méthode des points de risque .............................................................................. 98
6. La méthode des profils de risque............................................................................ 102
Section 3 : LA NOTATION (LE RATING) ...................................................................... 104
1. DÉFINITION ......................................................................................................... 104
2. LES RATINGS DES AGENCES .......................................................................... 105
3. LES AUTRES TYPES DE RATINGS .................................................................. 107
4. Notation publique vs. Notation privée ................................................................... 109
5. REMARQUES SUR LES MÉTHODES EMPIRIQUES....................................... 111
Section 4 : Les méthodes statistiques ................................................................................. 112
1. Principes de l'analyse statistique classique............................................................. 113
2. Méthodologie statistique des scores ....................................................................... 117
3. Avantages et limites de l'approche statistique ........................................................ 124

Deuxième partie : Structure de la gestion du risque de crédit au sein d’Al


Barid Bank et élaboration d’un crédit scoring………………………………...

Section 1 : Présentation du groupe ABB ............................................................................ 128


1. Historique ............................................................................................................... 128
2. Les atouts des services financiers de Poste Maroc ................................................. 128
3. Les missions et les valeurs du Groupe ................................................................... 130
4. La structure de gouvernance .................................................................................. 131

7
5. Les instances de gouvernance des risques.............................................................. 132
6. Les risques de crédit au sein d’ABB ...................................................................... 132
Section 2: L’évaluation du risque de crédit par la méthode du scoring.......................... 135
1. La méthodologie d’approche de la méthode des scores ......................................... 135
2. La construction du modèle crédit-score ................................................................. 147
3. Critiques et recommandation des résultats ............................................................. 155

CONCLUSION
GENERALE..........................................................................................................................158

BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………………………...….160

ANNEXE……………………………………………………………………………………162

CURRICULUM
VITAE………………………………………………………………………………………170

8
Liste des abréviations

Acronyme Signification
ABB Al Barid Bank
ABBC Al Barid Bank Central
GBAM Groupe Barid Al Maghrib
RRC Responsable des risques de crédit
EDF expected default frequency
PD probability of default
EAD exposure at default
LGD loss given default
RR recovery rate
EL expected Loss
UL Unexpected Loss
EC economic capital
M L’échéance effective ou la maturité
VA la valeur ajoutée
CDS Les crédits defaut Swap
CLN Les crédits Linked Notes
SPV The Spécial purpose vehicule
LCR The Liquidity Coverage Ratio
ABS The asset Backed Securities
FP Les fonds propres
ADL Analyse Discriminante Linéaire
CA Chiffre d’affaire
CAF Capacité d’autofinancement
EBE Excédent brut d’exploitation
PNB Produit Net Bancaire
VAR Value At Risk

9
Chapitre III : Les méthodes d’évaluation du risque de crédit .......................... 71
Section 1 : L’analyse financière ........................................................................................... 72
1. Définition de l’analyse financière ............................................................................ 72
2. Démarche générique de l'analyse financière ............................................................ 72
3. Les sources d’information de l’analyse financière ................................................... 75
4. Le diagnostic financier ............................................................................................. 75
Section 2 : les méthodes normatives .................................................................................... 89
1. Les méthodes de dépouillement ............................................................................... 90
2. La méthode des valeurs normatives de ratios .......................................................... 93
3. La méthode des credit men....................................................................................... 95
4. La méthode des classes de risque ............................................................................. 97
5. La méthode des points de risque .............................................................................. 98
6. La méthode des profils de risque............................................................................ 102
Section 3 : LA NOTATION (LE RATING) ...................................................................... 104
1. DÉFINITION ......................................................................................................... 104
2. LES RATINGS DES AGENCES .......................................................................... 105
3. LES AUTRES TYPES DE RATINGS .................................................................. 107
4. Notation publique vs. Notation privée ................................................................... 109
5. REMARQUES SUR LES MÉTHODES EMPIRIQUES....................................... 111
Section 4 : Les méthodes statistiques ................................................................................. 112
1. Principes de l'analyse statistique classique............................................................. 113
2. Méthodologie statistique des scores ....................................................................... 117
3. Avantages et limites de l'approche statistique ........................................................ 124

Deuxième partie : Structure de la gestion du risque de crédit au sein d’Al


Barid Bank et élaboration d’un crédit scoring………………………………...

Section 1 : Présentation du groupe ABB ............................................................................ 128


1. Historique ............................................................................................................... 128
2. Les atouts des services financiers de Poste Maroc ................................................. 128
3. Les missions et les valeurs du Groupe ................................................................... 130
4. La structure de gouvernance .................................................................................. 131

7
Liste des schémas

Figure 1 LA DISTRIBUTION DES PERTES ATTENDUES ET INATTENDUS ............ Erreur ! Signet non défini.
Figure 2 FONDS PROPRES ECONOMIQUES ET REGLEMENTAIRES ................... Erreur ! Signet non défini.
Figure 3 LE MECANISME DE DEROULEMENT DE GESTION DU RISQUE DE CREDIT .... Erreur ! Signet non
défini.
Figure 4 L’EVOLUTION DE LA SURVEILLANCE PRUDENTIELLE ......................... Erreur ! Signet non défini.
Figure 5 L’ARCHITECTURE DU DISPOSITIF DE BALE II ..................................... Erreur ! Signet non défini.
Figure 6 COMPARAISON ENTRE LES APPROCHES DE BALE I ET II .................... Erreur ! Signet non défini.
Figure 7 BALE III ET LE RENFORCEMENT DE LA QUANTITE DES FONDS PROPRES ...... Erreur ! Signet non
défini.
Figure 8 COMPARAISON ENTRE LE TOTAL DES EXIGENCES DE FONDS PROPRES SOUS BALE II ET BALLE
III ...................................................................................................................... Erreur ! Signet non défini.
Figure 9 SEQUENCE DE L'ANALYSE FINANCIERE .............................................. Erreur ! Signet non défini.
Figure 10 HISTOGRAMME DE RATIOS NORMATIFS ......................................... Erreur ! Signet non défini.
Figure 11 POLYGONE DE SUSTENTATION ........................................................ Erreur ! Signet non défini.
Figure 12 LA METHODE DES CLASSES DES RISQUES ........................................ Erreur ! Signet non défini.
Figure 13 TABLEAU METHODE DE POINTS DE RISQUE .................................... Erreur ! Signet non défini.
Figure 14 METHODE DES PROFILS DE RISQUE ................................................. Erreur ! Signet non défini.
Figure 15 LES MISSIONS ET LES VALEURS DU GROUPE ................................... Erreur ! Signet non défini.
Figure 16 INSTANCE DE GOUVERNANCE DES RISQUES DU CPM ..................... Erreur ! Signet non défini.
Figure 17 LES PRINCIPAUX AXES DE LA GESTION DES RISQUES DE CREDIT .... Erreur ! Signet non défini.
Figure 18 LES FONDEMENTS ORIENTANT LES ENGAGEMENTS ....................... Erreur ! Signet non défini.
Figure 19 REPARTITION PAR DIAGRAMME DES DEUX SOUS ECHANTILLONS QUI FORMENT
L’ECHANTILLON GLOBAL. ................................................................................ Erreur ! Signet non défini.

11
Liste des tableaux

Tableau 1 LES AGENTS ECONOMIQUES : CREANCIERS ET DEBITEURS .................................... 17


Tableau 2 RELATIONS DE CREDIT DANS L'ECONOMIE ............................................................. 18
Tableau 3 TRAITEMENT DU RISQUE DE CREDIT D'UN PORTEFEUILLE ..................................... 29
Tableau 4 LES ETAPES DE MAITRISE DU RISQUE ................................Erreur ! Signet non défini.
Tableau 5 LES TROIS PILIERS DE LA REGLEMENTATION BALE II. ........Erreur ! Signet non défini.
Tableau 6 LA PONDERATION STANDARD ...........................................Erreur ! Signet non défini.
Tableau 7 LES LIGNES DE METIERS ET LEURS PONDERATIONS ..........Erreur ! Signet non défini.
Tableau 8 LE BILAN FINANCIER ..........................................................Erreur ! Signet non défini.
Tableau 9 LES RATIOS DE STRUCTURE ...............................................Erreur ! Signet non défini.
Tableau 10 LES RATIOS DE LIQUIDITE ................................................Erreur ! Signet non défini.
Tableau 11 LES RATIOS DE LIQUIDITE ................................................Erreur ! Signet non défini.
Tableau 12 LES RATIOS D’ACTIVITE ET DE GESTION ..........................Erreur ! Signet non défini.
Tableau 13 OUTILS D'ANALYSE FINANCIERE CONCERNANT LE RISQUE ....... Erreur ! Signet non
défini.
Tableau 14 DIFFERENTS TYPES DE RATINGS ......................................Erreur ! Signet non défini.
Tableau 15 ECHANTILLONNAGE DES ENTREPRISES ...........................Erreur ! Signet non défini.
Tableau 16 TABLEAU CROISE (DEFAILLANCE – SECTEUR D’ACTIVITE) .......... Erreur ! Signet non
défini.
Tableau 17 Tableau croisé (défaillance – forme juridique). ..............Erreur ! Signet non défini.
Tableau 18 REPARTITION DES ENTREPRISES SELON LA NATURE DE LA DEMANDE.........Erreur !
Signet non défini.
TABLEAU19: REPARTITION DES ENTREPRISES SELON LE TYPE DE CREDIT………………..150
TABLEAU 20 : FONCTION SCORE IDENTIFIEE……………………………………………...152
TABLEAU 21 : FONCTIONS AUX BARYCENTRES DES GROUPES ……………………………153
TABLEAU 22 : REGLE DE DECISION ……………………………………………………….154
TABLEAU 23 : COEFFICIENTS DES FONCTIONS DE CLASSEMENT ………………………….154
TABLEAU 24 : ADL - LA VALEUR PROPRE ………………………………………………..155
TABLEAU 25 : ADL- LAMBDA DE WILKS…………………………………………………156
TABLEAU 26 : RESULTATS D’AFFECTATION RELATIVE A L’ECHANTILLON DE
CONSTRUCTION ……………………………………………………………………………158
TABLEAU 27 : RESULTATS D’AFFECTATION RELATIVE A L’ECHANTILLON DE
VALIDATION ……………………………………………………………………………….158

10
 Le bouleversement de l’économie causé par la crise de la dette explique la nécessité
d’instaurer une politique prudentielle soucieuse d’adapter le besoin en fonds propres
réglementaires en fonction des risques encourus.

Le contexte marocain :
 Le contexte marocain connaît plusieurs mutations au niveau du système financier à
savoir les mouvements de fusion-absorption, la course concurrentielle acharnée, la
recrudescence des fraudes. Ces changements ont des conséquences montrant la
fragilité du système financier marocain.
 L’adoption des directives bâloises constitue un enjeu majeur pour les établissements
de crédit marocains dans la mesure où l’application des méthodes proposées par le
comité de Bâle exige un certain nombre d’outils nécessaires à l’élaboration des
modèles statistiques pour la mesure du risque de crédit d’une manière fiable.

Les enjeux :

Cerner et prévenir les risques émanant des clients nécessitent des instruments adéquats en
termes de mesure et de contrôle. C’est dans ce sens que les banques insistent sur la nécessité
d’instaurer une politique globale, cohérente et organisée de la gestion du risque.

L’intérêt du travail que je propose de développer dans ce thème de recherche émane donc de
son importance pour la banque et du fait de la portée qui lui est accordée suite à l’application
des accords de Bâle II et III. Ce présent travail a pour objectif d’expliquer les aspects relatifs
au risque de crédit, présenter la réglementation imposée aux banques et d’amener le lecteur
vers la nécessité d’un encadrement rigoureux de tous les aspects du risque.

La problématique :

La gestion des risques est au cœur des préoccupations des établissements de crédit. De ce fait,
la problématique à traiter est la suivante :

 « Comment élaborer un modèle de prévision du risque de crédit bancaire des


entreprises par la méthode du scoring au sein de l’ABB ? ».

Les questions subsidiaires qui permettent de cerner cette problématique sont les suivantes :

 Qu’est-ce que le risque de crédit ?


 Quelles sont les procédures réglementaires et prudentielles imposées sur les banques ?
 Quelles sont les méthodes d’appréciation et d’évaluation du risque de crédit ?

La démarche :

Pour répondre à cette problématique, ce mémoire se propose :

13
 De situer, dans une première partie, le risque de crédit dans son environnement
réglementaire et prudentiel actuel, aussi bien national qu’international, Ainsi, de
présenter la majorité des méthodes utilisées pour l’évaluation du risque de crédit.
 De présenter, dans une deuxième partie, une présentation générale de la banque suivi
par une présentation du processus global de la gestion des risques de crédit au sein
d’ABB, Afin de passer à la construction d’un modèle du scoring crédit des entreprises
de la banque ABB.

Première partie : Généralités sur le risque de


crédit
Cette première partie traite les généralités du risque de crédit. Elle se compose de trois
chapitres, le premier chapitre explique généralement le risque crédit, le deuxième présente les
différents méthodes d'analyse et d’évaluation du risque de crédit et le troisième développe le
cadre réglementaire du risque de crédit.

Chapitre I : Le risque de crédit vue d’ensemble


Toute opération de crédit fait naître un risque : la probabilité qu'un débiteur n'honore pas ses
engagements. L'évaluation de ce risque est primordiale pour les créanciers, dans un contexte
où les difficultés des entreprises (défauts de crédit, faillites) sont fréquentes et parce que leurs
conséquences perturbent sévèrement l'économie. Pour le créancier, l'existence de ce risque
affecte la rentabilité qu'il espère de ses opérations de crédit et l'expose potentiellement à de
graves difficultés si la contrepartie s'avérait incapable de rembourser le prêt.

Son évaluation a longtemps été sommaire. Face à la montée des risques, des modèles
d'analyse du risque de crédit ont été conçus pour le mesurer. Pour comprendre ces systèmes, il
importe, préalablement, de définir avec précision le risque de crédit et les contingences de sa
mesure.

Section 1 : La nature du risque de crédit


Le risque de crédit est le risque particulier naissant d'une opération de prêt. Il correspond à la
probabilité qu'un événement négatif affecte le service de la dette sur lequel le débiteur s'est
engagé.1

1. La notion de risque
Le risque est défini comme la possibilité de survenance d'un événement ayant des
conséquences négatives. Il se réfère par nature à un danger, un inconvénient, auquel on est
exposé. Il est considéré comme la cause d'un préjudice.

1
C.KHAROUBI & P.THOMAS - ANALYSE DU RISQUE DE CREDIT. 2E EDITION. 2016. P 16
14
Ce terme serait apparu en français au xv1e siècle, mais son étymologie est relativement
opaque. On lui prête des racines italiennes, grecques ou arabes. Avant son usage, les
linguistes indiquent que l'on utilisait de manière équivalente les termes aléa ou danger. À
l'origine, le mot « risque » est réservé à l'univers maritime et ne se généralise qu'au XVI IIe
siècle.

Dans le langage courant, le risque a une connotation négative car on oppose « le risque
d'échec » à « la chance d'un succès ». Cependant, le risque est associé à une situation d'une
faible probabilité ; si celle-ci était élevée, on utiliserait, plus justement, le terme « danger ».
Ainsi, le risque est considéré comme une contingence négative et peu probable.

Longtemps, le risque a été ignoré : « Les raisonnements appuyés sur des vraisemblances ne
sont que charlatanismes » (Socrate). Pour les Grecs, l'avenir est déterminé par les Dieux ; le
risque n'existe pas.

Ce terme générique trouve une acception particulière dans les domaines du management. Il y
est perçu comme le corollaire d'une action, d'une entreprise, supposée générer un gain. Celui-
ci, n'étant ni connu ni certain, se trouve exposé à un risque. Il prend alors sa définition
classique en Finance comme étant le degré d'aléa qui pèse sur le dégagement d'une rentabilité.
Cette perception s'inspire de la définition scientifique du risque de Bernoulli (1738) qui le
considère comme la dispersion d'une fonction de probabilité d'événements. Ainsi réputé
mesurable, le risque suppose que l'on soit capable d'établir la série de probabilités des valeurs
possibles d'une variable (aléatoire). Les XVIIe et XVIIIe siècles marquent le début d'une
réelle analyse du risque avec l'énoncé des fonctions d'utilité (probabilités conditionnelles), la
naissance de l'assurance (échantillonnage statistique) et le développement des outils
statistiques (loi des grands nombres). Le XIXe voit apparaître la mesure du risque, les outils
statistiques deviennent des outils de décision. Knight (1921) invitait à distinguer le risque (où
des probabilités mathématiques peuvent être assignées) de l'incertitude (où elles ne le peuvent
pas).

En économie, un risque exprime une probabilité statistique de survenance d'un événement non
désiré. Le risque lui-même n'a pas de nature, mais renvoie à l'événement auquel il se rattache ;
il existe pour les acteurs concernés par l'événement qu'il probabilise.

Un éclairage original contemporain précise le concept en gestion. Le risque supporté par les
stakehoders peut s'analyser dans le cadre conceptuel de l'incomplétude des contrats. Comme il
est impossible, ou trop coûteux, de spécifier ex-ante l'ensemble des éventualités futures
(exhaustivité des hypothèses et solutions), les contrats ne peuvent prévoir les dispositions
applicables à tous les états de la nature, ce qui génère le risque.

De la sorte, le risque correspond à la possibilité qu'un événement négatif se produise,


entraînant des conséquences néfastes pour ceux qui le subissent.

Le Comité de Bâle, organisme participant à la régulation prudentielle du secteur bancaire,


définit le risque comme étant l'association de deux éléments : un aléa et une perte potentielle.
Si l'aléa ne porte que sur des scénarios positifs, il n'est pas considéré comme du risque.
D'autre part, si la perte est certaine, elle n'est plus considérée comme un risque.

15
2. Le risque naissant des opérations de crédit
Le risque de crédit est le risque le plus important et le plus dangereux auquel est exposée une
banque. Cette dernière doit accorder une attention particulière à sa gestion afin de ne pas être
en proie à ses conséquences.

Le risque de crédit peut être défini comme « la perte potentielle consécutive à l'incapacité par
un débiteur d'honorer ses engagements »2. Il désigne également, d'une façon plus large, le
risque de perte lié à la dégradation de la qualité de la contrepartie qui se traduit par une
dégradation de sa note.

Le risque de crédit peut prendre plusieurs appellations : on parle de risque de contrepartie


dans les transactions de prêt sur le marché interbancaire et financier, et de risque de faillite ou
de crédit proprement dit, pour les transactions sur le marché de crédit.

2.1 Définition générique


« Le risque correspond à l'occurrence d'un fait imprévisible, ou à tout le moins certain,
susceptible d'affecter les membres, le patrimoine, l'activité de l'entreprise et de modifier son
patrimoine et ses résultats »3.

Dès qu'un agent économique consent un crédit à une contrepartie, une relation risquée
s'instaure entre le créancier et son débiteur. Ce dernier peut en effet, de bonne ou de mauvaise
foi, ne pas payer sa dette à l'échéance convenue. L'aléa qui pèse sur le respect d'un
engagement de régler une dette constitue le risque de crédit.

Une opération de crédit consiste pour un créancier à consentir un prêt à un débiteur. Le prêt
peut être financier (prêt générant un plan de remboursement), lié à une opération commerciale
ou encore correspondre à un simple délai pour effectuer un règlement. Dans tous ces cas,
l'emprunteur s'engage à payer une somme convenue à une échéance déterminée (la maturité).
Le montant à régler peut correspondre au simple capital (crédit brut) ou être, dans le cas des
prêts financiers, majoré d'intérêts. A priori, en termes de gravité, le risque de crédit renvoie à
deux situations différentes. Dans le cas où le débiteur ne peut tenir son engagement, il peut
s'agir soit d'une incapacité temporaire due à des difficultés ponctuelles, soit d'une incapacité
définitive liée à des problèmes structurels pouvant a mener la disparition de l'emprunteur.

Si on généralise, ce risque peut être considéré comme l'incertitude affectant les montants et
les dates auxquels les paiements du débiteur seront effectués. Il est lié aux aléas qui pèsent sur
l'évolution de la situation économique et financière de la contrepartie. On appréhende alors le

2
H.JACOB & A.SARDI - MANAGEMENT DES RISQUES BANCAIRES . ED AFGES. PARIS. 2001. P19
3
ELIE COHEN - DICTIONNAIRE DE GESTION. ED L A DECOUVERTE .PARIS.1997.P308.
16
risque de crédit comme une possibilité de pertes consécutives à cette évolution du débiteur, ce
qui renvoie à deux états de la nature :

 La dégradation de la situation de l'emprunteur : le gain original espéré ne rémunère


pas l'incertitude grandissante à laquelle le créancier est exposé, c'est une forme de
perte d'opportunité,
 La cessation des paiements du débiteur : s'il ne peut payer, son créancier constate un
défaut de paiement dont les conséquences seront plus ou moins graves selon qu'il y a,
ou non, faillite de la contrepartie.

Ainsi, on distingue dans le risque supporté par un créancier un risque de dégradation


(downgrading risk), un risque de défaut (default risk) et un risque de faillite (failure risk).
Ceci explique les difficultés pour appréhender le risque. L'expression « risque de crédit »
recouvre donc deux éléments distincts : un risque de perte potentielle (downgrading) et un
risque de perte extrême (risque de défaut).

2.2 Typologie des risques de crédit en économie


Dès qu'un agent consent un crédit4 à u ne contrepartie, un risque de crédit apparaît.

Dans une approche très simplifiée, on considère que l'économie regroupe quatre types
d'agents : les États, les entreprises, les banques et les ménages. On recense ainsi, de manière
volontairement restrictive, ces intervenants, respectivement notés : E, Ent, B et M. Si
l'économie réelle comporte d'autres parties prenantes (médias, groupes de pression, autorités
locales, régulateurs, assureurs, intermédiaires financiers, etc.), le raisonnement peut être
conduit sur les quatre agents principaux. Ces acteurs sont susceptibles d'être à la fois
créanciers et emprunteurs. Cependant, la fréquence et le poids de ces positions ne sont pas
identiques.

Le tableau suivant montre que tous les agents peuvent être impliqués dans des opérations de
crédit, volontairement ou non.

TABLEAU 1 - LES AGENTS ECONOMIQUES : CREANCIERS ET DEBITEURS

4
DE LA RACINE LATINE CREDERE : « FAIRE CONFIANCE ».
17
Ainsi naissent différentes relations de crédit.

TABLEAU 2 - RELATIONS DE CREDIT DANS L'ECONOMIE

Ces tableaux soulignent que les relations de crédit sont issues de prêts financiers, explicites et
formels, et de délais de paiement correspondant à une relation u financière implicite,
accessoire et souvent informelle.

Trois relations principales de crédit se distinguent du fait de leur fréquence et importance dans
l'économie.

 La dette publique

Les États empruntent de l'argent pour financer leur déficit budgétaire ou pour lancer des
programmes spécifiques (grands emprunts pour des investissements collectifs par exemple).
Le risque de crédit correspond à la capacité de l'État à rembourser ses dettes. Longtemps, en
dépit de quelques contre-exemples historiques (Russie, Argentine), on a considéré que les
États seraient toujours en mesure de rembourser leurs dettes. Les caractéristiques du contrat
de dette publique (« bons du Trésor ») font qu'elle est considérée sans risque ou risk free. Ceci
n'est plus le cas de nos jours car devant l'importance de la dette publique par rapport à la
richesse nationale 5 , il est devenu imaginable que des États ne puissent faire face à leurs
engagements.

 Le crédit interentreprises

Il s'agit du crédit associé aux opérations commerciales entre les firmes. Celles-ci se
consentent des délais de paiement pour régler leurs achats. Plusieurs raisons l'expliquent :
motif de transaction (le délai permet le regroupement des achats et limite les interventions sur
le marché, donc les coûts de transaction), motif commercial (consentir un délai de paiement
est un moyen d'action marketing pour accroître les ventes) et un motif financier (le délai
permet à l'acheteur de générer lui-même des flux commerciaux et donc de disposer de la

5
Exprimée par le ratio Dette Publique/PIB en %.
18
trésorerie). Dans certains pays (souvent latins), ce crédit interentreprises atteint des niveaux
importants, parfois largement supérieurs à celui des crédits bancaires aux entreprises de court
terme. En effet, pour un client, le crédit obtenu de son fournisseur constitue une ressource
financière apparemment peu coûteuse, très largement disponible et très flexible. Un large
recours au crédit fournisseur- qu'il soit négocié entre les parties ou que, par diverses
techniques, le client ne réussisse à l'imposer uni latéralement 6 - contribue à accroître le free
cash flow et à réduire le working capital, deux facteurs qui agissent positivement sur la
performance financière en termes de création de valeur. Avec le crédit interentreprises, les
fournisseurs jouent, de fait, le rôle d'intermédiaire financier. Le poids du crédit consenti aux
clients par une société est souvent important et constitue, parfois, le premier élément de l'actif
du bilan7. Dans ce cas, le risque de crédit porte sur les créances non encore réglées par le
client.

 Le crédit bancaire

Il s'agit de la forme à la fois la plus in née et la plus fréquente de crédit. Un agent économique
(entreprise, ménage 10) sollicite un prêt auprès d'une banque ou, de manière plus globale,
d'une institution financière. Le prêt est un contrat formel dont le fonctionnement est
strictement encadré par la loi. Le créancier financier consent un crédit sur un montant
déterminé, en fixe la maturité et le taux d'intérêt ainsi que les modalités de remboursement. Le
risque de crédit renvoie à la probabilité que l'emprunteur ne puisse respecter l'échéancier
déterminé. Mais, en réalité, comme indiqué supra, il est double. Le risque de crédit porte
d'abord sur le risque d'insolvabilité, c'est-à-dire l'incapacité de l'emprunteur à respecter ses
engagements. Il porte ensuite sur la possible dégradation de la situation du débiteur. Si celle-
ci devient plus risquée, le taux d'intérêt défini au contrat ne rémunérera pas le risque
réellement supporté par le créancier financier.

Pour une banque, le non-remboursement d'un crédit a plusieurs effets. D'abord, constatant une
perte, sa marge et sa rentabilité sont affectées négativement, tout comme sa valeur. Ensuite, le
bilan étant « touché », la solidité globale de l'institution l'est aussi, par ricochet, et la banque
peut éprouver des difficultés à accorder de nouveaux crédits. Enfin, elle peut elle-même se
trouver en situation de crise de liquidité, voire de défaut ; dans ce cas, d'autres agents
(créanciers et déposants) vont subir des conséquences négatives. Le risque de crédit est, par
nature, systémique.

Dans ces trois cas, les créanciers expriment le besoin légitime d'analyser et de mesurer le
risque de crédit afin de se forger une opinion sur la probabilité que l'emprunteur ne puisse
honorer sa signature. L'examen du risque de crédit leur permet alors de décider :

 l'acceptation de son principe (accord de crédit) ;


 son montant, sa maturité et son mode de remboursement ;
 les conditions de taux et Security package (garanties et covenants).

6
Termaillage par exemple.
7
À titre d'exemple, au 30/09/2015, le crédit client de la société Total est de 12,3 milliards €.
19
Introduction générale
L’octroi de crédits est le créateur essentiel de richesse chez les établissements de crédit. En
effet, plus le volume de crédits mis à la disposition des clients est important, meilleure est la
rentabilité. Toutefois, il est aussi une source de risques de perte totale ou partielle des
créances encourues. Plusieurs crises économiques importantes ont vu leur naissance suite aux
défaillances bancaires. Ainsi, la maîtrise du risque est devenue un axe stratégique majeur de la
gestion bancaire.

Avec les mutations qui marquent actuellement le secteur bancaire et qui se caractérisent par
l’automatisation accélérée des traitements ainsi que la technicité et la diversité croissante des
produits, les risques auxquels les banques sont confrontées deviennent plus nombreux et
d’autant plus complexes.

Les établissements de crédit font ainsi face à un dilemme qu’elles doivent gérer afin
d’optimiser leur risque de crédit. En effet, le souci universel de ces dernières est de cerner au
mieux le risque de défaillance du débiteur et ce dès l’entrée en relation avec le client. Elles
essaient de se protéger au maximum à l’aide d’outils et de mécanismes divers. Cependant,
quelque soit l’effort déployé dans ce sens, il n’est jamais suffisant.

Dans un contexte d’incertitude, la gestion du risque de crédit subit plusieurs modifications


réglementaires. Les banques ont ainsi développé de nouveaux modèles pour évaluer et gérer
leur risque crédit. Ces innovations technologiques participeront à la diffusion rapide de
l’information et donc à une facilité de contrôle de risques.

En réponse à ces évolutions, l’accord de Bâle a donné une explication harmonisée aux
déréglementations du marché financier. Ce dispositif vise l’assurance d’une couverture
minimale en fonds propres des risques notamment de crédits pris par les établissements de
crédit et l’ajustement des modalités de cette couverture entre les établissements de pays
différents. Les travaux du Comité de Bâle ont pour but l’amélioration de la solidité et la
stabilité du secteur bancaire et la réduction des disparités entre les réglementations
internationales.

L’intérêt du sujet :
Plus pratiquement, l’intérêt du sujet découle des considérations suivantes :
Le contexte international :
Le contexte international est en forte évolution :
 Plusieurs mutations économiques et réglementaires essentielles expliquent
l’importance de l’analyse du risque pour la stabilité financière et soulignent le rôle
primordial du top management dans le processus de contrôle et de pilotage.

12
service de sa dette de manière habituelle. Les prêts s'amortissent par les méthodes
standards ; ils sont attribués selon la capacité de l'emprunteur à tenir ses engagements
et, en cas de défaut, les créanciers engagent des recours contre l'emprunteur qui,
souvent, doit offrir une garantie aux créanciers. Il s'agit pour l'essentiel du crédit
bancaire classique.
 Les financements spécialisés correspondent à des financements d'actifs originaux. Ils
sont construits spécialement pour ces actifs et, généralement, le service de la dette est
« calibré », « profilé » sur les cash flows attendus de l'actif. Le financement est établi
avec recours, dans des produits et contrats parfois sophistiqués, et l'actif remis en
garantie aux créanciers. C'est par exemple le cas des financements d'avions, de
bateaux ou de flottes. Ces financements sont consentis par des banques ou des sociétés
financières spécialisées avec, parfois, un appel au marché.
 Pour des actifs plus atypiques, une mécanique originale de financement a été conçue
avec les financements structurés. Ils sont construits sans recours, le promoteur du
projet engageant par ailleurs une partie modeste des fonds nécessaires. Le créancier
raisonne autant sur les cash flows générés que sur la valeur de l'actif sous-jacent.
Celui-ci constitue le collatéral du crédit. Leur mise en œuvre impose des produits ad
hoc complexes engagés via une structure dédiée (Special Purpose Vehicule-SPV 9).
Ici, les banques jouent un rôle d'arrangement et de structuration, puis syndiquent les
financements sur le marché ou auprès d'investisseurs privés tout en souscrivant une
part limitée du capital. C'est par exemple le cas du financement de projet,
d'infrastructure ou encore d'acquisition de sociétés.

Les créanciers sont exposés au risque de crédit, mais le risque économique du projet financé,
la structuration du crédit, les recours sur l'emprunteur et les garanties génèrent des niveaux de
risque très différents selon les cas.

2. Le risque de crédit
Un crédit est un contrat de prêt qui stipule le montant emprunté et l'échéancier de son
remboursement. Pour le créancier, il constitue une suite de flux financiers. Le premier est
négatif et correspond au décaissement du prêt, c'est-à-dire au versement du capital à
l'emprunteur. Les suivants sont positifs : le créancier encaisse des échéances qui incluent du
remboursement du capital et des intérêts. Le crédit est une anticipation de recettes futures, une
forme de pari sur la réussite du projet de l'emprunteur.

 Définition

La nature même de l'activité de crédit expose les créanciers financiers au risque. Pour ceux-ci,
il s'agit d'un événement qui peut affecter négativement les flux que doit verser un emprunteur
au titre d'un contrat de crédit. En pratique, c'est le risque de non-remboursement de ses dettes
par un emprunteur défaillant. Il s'assimile au degré d'incertitude qui pèse sur l'aptitude d'un
emprunteur à effectuer le service prévu de la dette, c'est-à-dire à l'incertitude des pertes
pouvant être générées par un crédit à un créancier financier. Globalement, on considère un

9
Une société holding dans le cas d'une acquisition d'entreprise.
21
risque de contrepartie comme le risque de dégradation de la situation d'un emprunteur. Celle-
ci a plusieurs conséquences :

 l'augmentation de la probabilité de non-remboursement (défaut) ;


 la dégradation de la qualité du crédit ;
 la baisse de la rentabilité de l'opération de crédit.

 Les types du risque de crédit

Sur un autre plan, le risque de crédit doit s'analyser dans le contexte de l'asymétrie
d'information. Lorsqu'un emprunteur sollicite un crédit, la banque est moins informée que les
dirigeants de la société sur l'avenir de celle-ci et l'impact de l'utilisation du prêt. Le créancier
subit une asymétrie d'information qui le pénalise dans sa capacité à sélectionner les « bons »
emprunteurs et crédits. Cette situation génère une anti-sélection, les managers des sociétés en
mauvaise santé étant incités à solliciter un prêt que la banque n'aurait pas accordé si elle avait
eu toute l'information10. Par ailleurs, lorsque le crédit est en place, le créancier s'expose à un
aléa moral : le prêt peut être utilisé pour un autre usage que la demande initiale ; et surtout, le
dirigeant peut gérer l'entreprise sans tenir compte de l'intérêt du créancier financier, sans que
celui-ci ne puisse l'observer.

Plus précisément, on considère que ce risque est triple :

 Le risque de défaut (default risk) : Cette forme de risque est associée à l'occurrence
d'un défaut, caractérisée par l'incapacité de la contrepartie à assurer le payement de ses
échéances.
Le Comité de Bâle dans son second document consultatif, considère un débiteur est en
défaut lorsque l'un ou plusieurs des événements suivants est constaté :
 L'emprunteur ne remboursera vraisemblablement pas en totalité ses dettes
(principal, intérêts et commissions) ;
 La constatation d'une perte portant sur l'une de ses facilités :
comptabilisation d'une perte, restructuration de détresse impliquant une
réduction ou un rééchelonnement du principal, des intérêts ou des
commissions ;
 L'emprunteur est en défaut de paiement depuis quatre-vingt dix (90) jours
sur l'un de ses crédits ;
 L'emprunteur est en faillite juridique.

 Le risque de dégradation de la qualité de la contre partie (downgrading risk) : Le


risque de dégradation est le risque de voir se dégrader la qualité de la contrepartie
(dégradation de sa note) et donc l'accroissement de sa probabilité de défaut. Cela
conduit à une hausse de sa prime de risque, d'où la baisse de la marge sur intérêts.
Ce risque peut être mesuré d'une façon séparée pour chaque contrepartie ou
globalement sur tout le portefeuille de crédit.

10
Pouvant pousser les banques à accepter massivement de mauvais crédits.
22
 Le risque de recouvrement: Le taux de recouvrement permet de déterminer le
pourcentage de la créance qui sera récupéré en entreprenant des procédures judiciaires,
suite à la faillite de la contrepartie. Le recouvrement portera sur le principal et les
intérêts après déduction du montant des garanties préalablement recueillies.
Le taux de recouvrement constitue une source d'incertitude pour la banque dans la
mesure où il est déterminé à travers l'analyse de plusieurs facteurs :
 La durée des procédures judiciaires qui varient d'un pays à un autre ;
 La valeur réelle des garanties ;
 Le rang de la banque dans la liste des créanciers.

Le risque de crédit résulte de plusieurs facteurs. D'abord, le risque général lié à la situation
économique globale pèse sur les emprunteurs, parfois du fait d'un « risque pays »;cas où
l'insolvabilité est due à la localisation géographique d'un emprunteur. Celui-ci comprend un
risque politique (souverain) et un risque économique (situation monétaire empêchant le
transfert des fonds). Ensuite, le risque professionnel est lié aux difficultés du secteur
économique auquel appartient le débiteur. Enfin, le risque propre à l'emprunteur dépend de sa
situation économique et financière spécifique.

3. La formalisation du risque de crédit et la notion de défaut


Le risque de crédit se compose essentiellement du défaut ou de la défaillance, l’exposition à la
date de défaut, les pertes en cas de défaut et l’horizon de défaut. Nous allons procéder par une
discussion de la notion de défaillance. On distingue deux classes de risques de crédit :

Le risque de défaut de la contrepartie : se manifeste par l'incapacité d'un emprunteur


d'honorer ses engagements de paiement des intérêts ou de remboursement du principal. Dans
une banque, deux cas de figures se présentent :

 Lors des opérations sur les marchés de capitaux, la banque peut porter dans son bilan
des obligations ou des prêts d’émetteurs risquant de se trouver en défaut. Le risque
concerne le montant notionnel de l’opération.
 Plusieurs opérations sur le marché interbancaire des produits dérivés sont réalisées
par les banques. En cas de défaut, ceci peut mener à une perte financière pour les
banques puisqu’il y a un engagement de l’une vis-à-vis de l’autre.

Le risque de dévalorisation de la qualité de signature d’un emprunteur : La valeur des


actifs primitifs (les actions et les obligations de l’émetteur) sont déterminées par la solidité
financière d’une entreprise. Lorsque le risque lié aux opérations effectuées avec cette entité
augmente, la valeur des instruments de crédits de cette entité se détériore.

Quand le défaut survient, l’incertitude pesant sur le taux de recouvrement peut être considérée
comme une troisième composante du risque de crédit. Il existe une forte corrélation entre le
risque de défaut et de dégradation vu que la détérioration de la qualité de la contrepartie peut
être prédécesseur d’un défaut. Cependant, ce sont deux risques différents.

23
Ce terme serait apparu en français au xv1e siècle, mais son étymologie est relativement
opaque. On lui prête des racines italiennes, grecques ou arabes. Avant son usage, les
linguistes indiquent que l'on utilisait de manière équivalente les termes aléa ou danger. À
l'origine, le mot « risque » est réservé à l'univers maritime et ne se généralise qu'au XVI IIe
siècle.

Dans le langage courant, le risque a une connotation négative car on oppose « le risque
d'échec » à « la chance d'un succès ». Cependant, le risque est associé à une situation d'une
faible probabilité ; si celle-ci était élevée, on utiliserait, plus justement, le terme « danger ».
Ainsi, le risque est considéré comme une contingence négative et peu probable.

Longtemps, le risque a été ignoré : « Les raisonnements appuyés sur des vraisemblances ne
sont que charlatanismes » (Socrate). Pour les Grecs, l'avenir est déterminé par les Dieux ; le
risque n'existe pas.

Ce terme générique trouve une acception particulière dans les domaines du management. Il y
est perçu comme le corollaire d'une action, d'une entreprise, supposée générer un gain. Celui-
ci, n'étant ni connu ni certain, se trouve exposé à un risque. Il prend alors sa définition
classique en Finance comme étant le degré d'aléa qui pèse sur le dégagement d'une rentabilité.
Cette perception s'inspire de la définition scientifique du risque de Bernoulli (1738) qui le
considère comme la dispersion d'une fonction de probabilité d'événements. Ainsi réputé
mesurable, le risque suppose que l'on soit capable d'établir la série de probabilités des valeurs
possibles d'une variable (aléatoire). Les XVIIe et XVIIIe siècles marquent le début d'une
réelle analyse du risque avec l'énoncé des fonctions d'utilité (probabilités conditionnelles), la
naissance de l'assurance (échantillonnage statistique) et le développement des outils
statistiques (loi des grands nombres). Le XIXe voit apparaître la mesure du risque, les outils
statistiques deviennent des outils de décision. Knight (1921) invitait à distinguer le risque (où
des probabilités mathématiques peuvent être assignées) de l'incertitude (où elles ne le peuvent
pas).

En économie, un risque exprime une probabilité statistique de survenance d'un événement non
désiré. Le risque lui-même n'a pas de nature, mais renvoie à l'événement auquel il se rattache ;
il existe pour les acteurs concernés par l'événement qu'il probabilise.

Un éclairage original contemporain précise le concept en gestion. Le risque supporté par les
stakehoders peut s'analyser dans le cadre conceptuel de l'incomplétude des contrats. Comme il
est impossible, ou trop coûteux, de spécifier ex-ante l'ensemble des éventualités futures
(exhaustivité des hypothèses et solutions), les contrats ne peuvent prévoir les dispositions
applicables à tous les états de la nature, ce qui génère le risque.

De la sorte, le risque correspond à la possibilité qu'un événement négatif se produise,


entraînant des conséquences néfastes pour ceux qui le subissent.

Le Comité de Bâle, organisme participant à la régulation prudentielle du secteur bancaire,


définit le risque comme étant l'association de deux éléments : un aléa et une perte potentielle.
Si l'aléa ne porte que sur des scénarios positifs, il n'est pas considéré comme du risque.
D'autre part, si la perte est certaine, elle n'est plus considérée comme un risque.

15
3.1.2 Formalisation du risque de crédit

On admet classiquement que les composantes du risque de crédit sont les suivantes :

 le défaut : événement par lequel l'emprunteur n'honore pas une échéance fixée, c'est
un « accident de crédit » ;
 l'exposition à la date du défaut : c'est le montant pour lequel la banque est en risque
et qui inclut le capital restant dû ;
 la perte en cas de défaut : elle correspond à la fraction de l'exposition qui ne pourra
être récupérée ; elle dépend fortement du taux de recouvrement (ou de récupération)
en cas de défaut, lui-même lié à la situation de l'entreprise, à la législation et à la
présence d'éventuelles garanties en faveur du créancier financier ;
 l'horizon du défaut, c'est-à-dire le moment futur où le défaut peut se produire.

L'approche contemporaine du risque de crédit permet de préciser ces composantes. En


simplifiant, supposons qu'une banque accorde un crédit à une entreprise. Ce crédit est d'un
montant M remboursable à une échéance t. Il génère un taux d'intérêt i.

S'il n'y a pas de défaut, à maturité (t) la valeur de ce crédit est :

Vt = M  (1 + i)t

En cas de défaut à cet horizon, la banque ne « récupère » qu'une fraction R du crédit,


exprimant le taux de recouvrement. Alors la valeur du crédit à matu rité (t) est :

Vt = M  (1 + i) t  R

Au temps 0, à la signature du contrat, la probabilité de défaut au temps t et le taux de


recouvrement R en cas de défaut sont incertains (aléatoires). On appelle p la probabilité de
défaut au temps t, sa valeur est comprise entre 0 (pas de défaut) et 1 (défaut).

En conséquence, la valeur du contrat à l'échéance est :

Vt = M  (1 + i)t  ( 1 - p  ( 1 - R) )

25
Cette approche simplifiée montre que le risque de crédit dépend de :

 la probabilité de défaut : expected default frequency (EDF) ou probability of


default (PD) ;
 l'exposition au défaut : exposure at defau/t (EAD), perte maximale en cas de
défaut ;
 la perte en cas de défaut : loss given default : (LGD) égale à 1 moins le taux de
recouvrement : 1 - R.

3.1.3 Les types de pertes

3.3.1. La perte attendue (expected Loss, EL)

Les pertes attendues représentent le montant qu’on risque de perdre sur un portefeuille de
crédits à un horizon donnée. Elles sont couvertes par des provisions. Pour chaque ligne de
crédit, cette perte est fonction de la probabilité de défaut et de l’exposition à la date de défaut.

En cas de défaut, la perte attendue convient au montant exposé au défaut affecté de taux de
perte en cas de défaut et de la probabilité de défaut.

En effet, la perte attendue sur un crédit (expected Loss, EL) est égale à

EL = EAD x PD x LGD

La perte attendue sur un crédit est une variable aléatoire qui, associée à l'incertitude sur
l'horizon du défaut, constitue le risque de crédit.

Le défaut (de paiement) correspond généralement à un événement objectif et mesurable par


le créancier financier : la non-tenue d'un engagement de crédit, l'emprunteur se trouvant
incapable d'honorer une échéance de sa dette financière. Cependant, le défaut peut prendre
une acception plus large comme la violation d'un covenant, la restructuration de la dette ou
encore une dégradation sensible du rating d'une société. Le défaut de paiement, au sens strict,
est un événement confidentiel connu des seuls débiteurs et créanciers.

Au niveau du portefeuille, les EL correspondent à la somme des pertes attendues sur


l'ensemble des crédits du portefeuille. Pouvant être estimées avec une relative précision et
étant issues de l'activité courante d'une banque, elles peuvent être couvertes par des
provisions. Pour une institution financière il est indispensable de mettre en œuvre une gestion
26
coordonnée de l'ensemble de ses actifs et de ses passifs, mais également des éléments « hors
bilan ». Ceci est réalisé par la Gestion Actif/Passif (GAP) ou Assets and Liabifities
Management (ALM). Son but est de mesurer et de couvrir les principaux risques auxquels son
activité « commerciale » l'expose : taux, liquidité, change, etc. et risque de crédit. Il s'agit en
quelque sorte de « gérer le bilan de la banque ». La gestion ALM suppose une centralisation
de toutes les activités et la définition de l'horizon d'écoulement (retour à la liquidité) de tous
les actifs et les passifs11. Elle concerne en priorité les risques financiers liés à l'obtention de
liquidités et au financement des opérations de la banque.

Dans ce cadre, conformément à la logique du risk management, toute institution financière


engage une stratégie interne de gestion du risque de crédit. Celle-ci comprend plusieurs
étapes :

 la mesure du risque de crédit individuel et la mesure globale du portefeuille ;


 l'analyse du risque du portefeuille : identification des positions ayant un fort impact
sur le risque, étude de la contribution individuelle et marginale de chaque position, etc.
 la réduction et le hedging ;
Le passage d'une provision pour couvrir les pertes attendues en conditions courantes
de marché (couverture des expected fosses).

Ainsi, les EL sont traitées par des provisions en Gestion Actif /Passif.

3.3.2. Les pertes inattendues (Unexpected Loss)

Contrairement aux pertes attendues, les pertes inattendues doivent être couvertes par les
fonds propres économiques (capital économique). Pour ceci, la banque insiste sur
l’importance de l’évaluation du niveau de perte maximale pouvant constituer ce type
d’opération. Elle affecte donc un montant de fonds propres en conséquence afin de couvrir la
perte inattendue en totalité selon l’optique de perte inattendue absolue, ou couvrir la
différence entre le montant de cette perte maximale et le montant de la perte moyenne selon
l’optique de perte inattendue relative.

Les pertes extrêmes (Unexpected Loss), associées à des conditions extrêmes de marché,
pourraient entraîner la défaillance de l'institution financière. Ces pertes exceptionnelles
doivent être couvertes par une dotation en Fonds Propres spécifique : le capital économique.
Il est alors nécessaire d'évaluer les UL à un horizon donné, en modélisant l'incertitude des
pertes futures et en construisant la distribution des probabilités des pertes globales au niveau
du portefeuille. De la sorte, on peut définir le montant de capital économique apte à les
couvrir (les absorber) à un horizon choisi. Une institution financière est alors incitée à détenir
des Fonds Propres suffisants pour couvrir ces UL. En l'occurrence, il s'agit d'un quantile12 de
la distribution de probabilité des pertes à un horizon retenu, par exemple : 99,7% à 1 an.

11
Incluant la notion de « bilan mourant » : échéance où tous les éléments seront devenus liquides.
12
C'est-à-dire un intervalle de confiance.
27
SCHEMA 1 : LA DISTRIBUTION DES PERTES ATTENDUES ET INATTENDUS

 Les fonds propres économiques :

Représentent une estimation du montant de fonds propres que la Banque juge nécessaire pour
couvrir les pertes inattendues, auxquelles elle peut avoir à faire face dans le cours de ses
activités, pour satisfaire aux exigences de ses actionnaires et de ses créanciers, notamment en
termes d'aversion au risque. Ils reflètent les risques propres à chaque métier et doivent être
calculés à l'horizon correspondant à la période de temps nécessaire pour résoudre les
problèmes liés aux risques. Leur montant suffit donc à couvrir l'ensemble des risques de
crédit, de marché, et des risques opérationnels.

Le niveau des fonds propres économique est déterminé en fonction de l'aversion des
dirigeants au risque mais aussi en fonction du rating auquel la Banque aspire, ce rating définit
implicitement le seuil maximal au-delà duquel les pertes possibles sont d'une rareté et d'une
ampleur telle qu'il est non économiquement viable de s'en protéger.

Prenons l'exemple d'une banque qui vise une note AA sur un horizon d'un an. Cela correspond
à un taux de défaut de 0,03%, ce qui veut dire que les Fonds propres doivent pouvoir couvrir
les pertes dans 99,97% des cas : on parle alors de seuil de tolérance de 99,97%

Le capital économique se différencie du besoin en capital réglementaire que ça soit dans sa


version « Cooke » ou même dans les propositions connues « Mc Donough » notamment par la
prise en compte de la structure du portefeuille concerné, et de la diversification des risques ai
28
sein de ce portefeuille. Il repose sur une vision économique des risques, par nature adaptée à
un portefeuille d’activités et donc plus précise que la vision prudentielle étalonnée sur une
vision moyenne de l’industrie des services financiers.

SCHEMA 2 : FONDS PROPRES ECONOMI


ECONOMIQUES
QUES ET REGLEMENTAIRES
REGLEMENTAIR

La divergence entre les approches utilisées pour le risque réglementaire et le risque


économique, qui a eu pour conséquence des objectifs contradictoires en termes de gestion du
capital, a constitué un des problèmes majeurs soulevés par le nouvel accord de Bâle.

En effet, dans le cadre des propositions initiales du nouvel accord de Bâle, le calibrage en
matière d'exigence relative
relative aux fonds propres était flou et non systématique. Grâce au
processus de consultation mis en place par le Comité de Bâle, on a pu assister ces dernières
années à une amélioration entre les approches propres au capital économique et au capital
réglement
réglementaire.

 Remarques

La gestion du risque de crédit d'un portefeuille consiste donc à définir un niveau de Fonds
Propres permettant d'absorber les pertes, qu'elles soient attendues ou inattendues.

TABLEAU 3 - TRAITEMENT DU RISQUE DE CREDIT D'UN PORTEFEUILLE

29
On notera que le raisonnement fondé sur le portefeuille de crédit permet d'affiner
considérablement la gestion individuelle du risque de crédit. D'abord, une banque peut
sélectionner ses nouveaux crédits selon leur contribution marginale au risque du portefeuille,
établissant ainsi un critère novateur d'acceptation ou de refus des prêts. Ensuite, la tarification
individuelle des crédits s'avère plus efficiente car en raisonnant sur le portefeuille, la banque
devrait consentir des crédits uniquement si ceux-ci dégagent une rentabilité marginale élevée
du capital économique (ou réglementaire).

Par ailleurs, deux questions de nature fort différente se posent pour le traitement des UL :

 Comment déterminer cette perte potentielle ? On utilise généralement un outil issu de


l'approche Value at Risk adapté au cas du crédit.
 Laisse-t-on chaque institution décider de son capital économique ? Compte tenu des
risques systémiques liés à cette décision, des normes prudentielles imposent aux
institutions un montant de capital réglementaire. Le sujet est à la fois technique et
politique.

Section 3 : La maîtrise et les outils de la gestion du risque de


crédit
Pour se prémunir contre les risques liés à son activité, le banquier dispose d’une «boite à
outils » qui lui permet une meilleure maîtrise et gestion des risques.

1. La maîtrise du risque de crédit


1.1 L’importance de la maîtrise du risque de crédit
Le besoin d’une maîtrise des risques chez les banques a fortement augmenté au cours de ces
dernières années. L’une des raisons principales est la complexité croissante des instruments
financiers, comme les produits dérivés (par exemple, les contrats à terme et les options).

La maîtrise des risques traduit la volonté d’améliorer le processus décisionnel dans un


contexte d’incertitude : maximiser les avantages et minimiser les coûts. Elle appuie aussi les
activités qui favorisent l'innovation, de sorte que de meilleurs rendements peuvent être
obtenus moyennant des résultats, des coûts et des risques acceptables. Elle vise à trouver un
équilibre optimal à l'échelle de l'organisation.

30
La banque doit identifier, définir et mesurer les risques et attribuer un « risk owner »13 pour
chacun d’entre eux. Ensuite, il est nécessaire de fixer des limites, d’établir un suivi et un
reporting de leur évolution de manière individuelle et globale.

1.2 Les modalités de la maîtrise


La gestion des risques de crédit repose sur un processus de six étapes :

1.2.1. Identification des risques


Cette première phase est dite de « prise de conscience de l'existence du risque ». Elle vise à
identifier tous les risques (événements menaçants) susceptibles de provoquer des pertes pour
une organisation. Concrètement, elle inclut deux éléments distincts :

 La cartographie des risques : recensement exhaustif de tous les risques existants dans
l'entité (la connaissance des risques) ;
 La sensibilisation de chacun des acteurs internes à l'existence de ce risque, ce qui
suppose une information mais également la démonstration que de nombreuses actions
courantes et concrètes ont un lien 3 avec le risque supporté (la conscience des risques).

Un lien est établi avec la vulnérabilité. En cas d'accident (événement) de crédit, le créancier
est exposé à une perte (sinistre). Selon son importance, les conséquences diffèrent en termes
de gravité. En effet, le sinistre peut entraîner :

 une baisse du résultat net du fait du passage de la perte ou d'une provision, donc des
performances ;
 une baisse des Fonds Propres plus ou moins forte, modifiant les équilibres du bilan ;
 la faillite, si la perte est très lourde (« perte fatale »).

Pour un créancier financier, la compensation de cette perte suppose une activité


supplémentaire importante : il faut dégager un volume d'activité nouvelle de telle sorte que la
marge (sans supporter de nouvelle perte marginale) vienne compenser la perte initiale ou,
mieux, reconstituer la marge initialement attendue. Il s'agit d'un effort d'ampleur, qui ne peut
être envisagé que dans la mesure où le marché (existence d'une « demande », de débouchés)
et la situation du créancier après le sinistre le permettent.

1.2.2. Evaluation et mesure des risques


Il s'agit de chiffrer les conséquences éventuelles en cas de survenance du risque.

Pour ceci, il convient de mesurer :

13
Risk owner : propriétaire de risque.
31
 la probabilité de survenance du risque : p
 les conséquences, financières, en cas de survenance du risque (appelée précédemment
Loss Given Default) : C.

On en déduit alors, pour chaque risque, une estimation du sinistre potentiel : S, Qui
correspond à la mesure du risque :

S=pxC

La variable p correspond à la probabilité d'occurrence de survenance de l'événement


(espérance de la loi de probabilité) ; la nature de cette distribution et son évolution renseignent
sur le profil du risque. En effet, il peut s'agir de mesurer le risque moyen (p et C moyennes)
ou le risque maximal (p et C maximum).

Les conséquences (C) globalisent l'ensemble des coûts supportés en cas de réalisation de
l'événement :

 conséquences financières directes : pertes générées et coût des mesures à engager


pour revenir à la situation originelle ;
 conséquences financières indirectes : coûts de réputation (non intégré dans les
risques définis par le Comité de Bâle), responsabilité, conséquences sur les autres
activités (contagion), réaction de l'ensemble des parties prenantes, etc.

Dans le cas d'une entreprise, l'évaluation exhaustive de tous les risques auxquels elle se trouve
confrontée est peu réaliste car les coûts associés pourraient s'avérer prohibitifs. Elle se
concentre en général sur les « grands risques », a priori les plus importants ou inhérents à son
activité, ce qui peut l'amener à ignorer des risques secondaires, pourtant potentiellement
graves.

1.2.3. La réduction du risque


Elle consiste en la mise en œuvre des mesures de gestion internes visant à réduire la
probabilité de réalisation du risque et le montant des conséquences en cas de survenance14.
Cette phase opérationnelle comprend deux types d'actions coordonnées.

 Réduction préventive

La prévention vise à réduire la fréquence du risque, c'est-à-dire sa probabilité de survenance.


On cherche à éviter le risque. Il s'agit aussi bien de procédures internes que du monitoring de
la mesure du risque, en particulier pour suivre l'évolution de la probabilité de survenance. On
définit souvent des warning systems, dont le but est de signaler l'augmentation d'un risque.

 Réduction curative

14
Restreindre l'étendue de ses conséquences.
32
risque de contrepartie comme le risque de dégradation de la situation d'un emprunteur. Celle-
ci a plusieurs conséquences :

 l'augmentation de la probabilité de non-remboursement (défaut) ;


 la dégradation de la qualité du crédit ;
 la baisse de la rentabilité de l'opération de crédit.

 Les types du risque de crédit

Sur un autre plan, le risque de crédit doit s'analyser dans le contexte de l'asymétrie
d'information. Lorsqu'un emprunteur sollicite un crédit, la banque est moins informée que les
dirigeants de la société sur l'avenir de celle-ci et l'impact de l'utilisation du prêt. Le créancier
subit une asymétrie d'information qui le pénalise dans sa capacité à sélectionner les « bons »
emprunteurs et crédits. Cette situation génère une anti-sélection, les managers des sociétés en
mauvaise santé étant incités à solliciter un prêt que la banque n'aurait pas accordé si elle avait
eu toute l'information10. Par ailleurs, lorsque le crédit est en place, le créancier s'expose à un
aléa moral : le prêt peut être utilisé pour un autre usage que la demande initiale ; et surtout, le
dirigeant peut gérer l'entreprise sans tenir compte de l'intérêt du créancier financier, sans que
celui-ci ne puisse l'observer.

Plus précisément, on considère que ce risque est triple :

 Le risque de défaut (default risk) : Cette forme de risque est associée à l'occurrence
d'un défaut, caractérisée par l'incapacité de la contrepartie à assurer le payement de ses
échéances.
Le Comité de Bâle dans son second document consultatif, considère un débiteur est en
défaut lorsque l'un ou plusieurs des événements suivants est constaté :
 L'emprunteur ne remboursera vraisemblablement pas en totalité ses dettes
(principal, intérêts et commissions) ;
 La constatation d'une perte portant sur l'une de ses facilités :
comptabilisation d'une perte, restructuration de détresse impliquant une
réduction ou un rééchelonnement du principal, des intérêts ou des
commissions ;
 L'emprunteur est en défaut de paiement depuis quatre-vingt dix (90) jours
sur l'un de ses crédits ;
 L'emprunteur est en faillite juridique.

 Le risque de dégradation de la qualité de la contre partie (downgrading risk) : Le


risque de dégradation est le risque de voir se dégrader la qualité de la contrepartie
(dégradation de sa note) et donc l'accroissement de sa probabilité de défaut. Cela
conduit à une hausse de sa prime de risque, d'où la baisse de la marge sur intérêts.
Ce risque peut être mesuré d'une façon séparée pour chaque contrepartie ou
globalement sur tout le portefeuille de crédit.

10
Pouvant pousser les banques à accepter massivement de mauvais crédits.
22
se peut que les décisions initialement prises deviennent incompatibles avec la conjoncture et
de ce fait elles doivent être modifiées ou carrément remplacées

1.2.6. Reporting des risques


Le reporting est l'aboutissement logique de tout processus de gestion, il s'agit d'une synthèse
qui fait ressortir les éléments clés sous une forme analytique, adressée aux responsables sous
forme d'un rapport dont le contenu et le niveau de détail dépend de la fonction du destinataire.

Le schéma et le tableau ci-après représentent les quatre étapes les plus importantes
d’évaluation du risque de crédit :

SCHEMA 3 : LE MECANISME DE DEROULEMENT DE GESTION DU RISQUE DE CREDIT

34
SOURCE: KPMG FRANCE, METHODOLOGIE POUR L 'INTRODUCTION D'UN
SYSTEME DE GESTION DES RISQUES , 2008

TABLEAU 4 : LES ETAPES DE MAITRISE DU RISQUE

Les étapes Les moyens

35
 Les risques spécifiques et les sources de ces risques auxquels une entreprise est
 soumise doivent être identifiés et définis ;
L'identification  la détermination du niveau de risque et de rendement qu'une entreprise est prête à
des risques prendre doit être fondée sur ses objectifs et décrite en termes mesurables ;
 le catalogue d'ensemble des risques d'une entreprise peut être étendu et diminué en
fonction des changements de stratégie, d'un ajustement au marché, d'évolution
technologique ou d'autres événements liés

 Les mesures doivent être suffisamment globales pour couvrir toutes les sources
 importantes de risque ;
La mesure des  Les processus de mesures doivent répondre et évoluer en fonction des besoins des
risques utilisateurs de ce type d'information ;
 Les positions ouvertes peuvent être décomposées en sous-limites en fonction des
contreparties, activités, produits ou toutes autres mesures utiles à la direction de
l'entreprise ;
 Les normes utilisées pour mesurer chaque type de risque doivent reposer sur des
principes similaires pour tous les produits et les activités mesurés.

 La détermination et l'initiation de réponses adéquates au risque doivent être


fondées sur l'évaluation permanente du risque et du rendement ;
  La direction doit s'assurer que l'activité opérationnelle n'expose pas l'entreprise à
La gestion du des pertes qui pourraient menacer sa viabilité ;
risque  Des procédures doivent être mises en place pour identifier et évaluer les
alternatives ouvertes à la gestion d'une situation de risque afin de sélectionner et
entreprendre des actions appropriées en appliquant la politique de l'entreprise.

 Les groupes responsables du contrôle du risque et de la détermination de limites au


 risque appropriées doivent être indépendants des groupes générant le risque ;
Le contrôle du  Les limites de risque et la politique d'une entreprise doivent être cohérentes ;
risque  Les rapports doivent procurer de façon adéquate aux membres de la direction et du
groupe une information facile à exploiter, complète et à temps sur l'exposition au
risque.

SOURCE : HICHAM ZMARROU, « LE DISPOSITIF DE MAITRISE DES RISQUES & LE CONTROLE INTERNE
AU SEIN DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT », THESE PROFESSIONNELLE EN ECONOMIE , ESC LILLE , 2005
– 2006, P36.

36
2. Les outils de gestion du risque de crédit
La gestion des risques bancaires correspond à l'ensemble des techniques, outils et dispositifs
organisationnels mis en place par la banque pour identifier, mesurer et surveiller les risques
auxquels elle est confrontée.

On distingue deux approches différentes dans la gestion des risques ; une première interne
portant sur les risques pris individuellement et selon leur nature (risque de crédit, risque de
marché, risque de liquidité...), quand à la seconde, elle est globale et constitue un processus
holistique, qui suppose une consolidation de tous les risques et la prise en compte de leur
interdépendance.

Toute opération de crédit est contrôlée et couverte à travers :

 Les règles prudentielles édictées par BANK AL MAGHRIB ;


 Les procédures internes à la banque ;
 Le recueil des garanties et des sûretés.

2.1 Le respect des règles prudentielles


Toutes les banques sont tenues de se conformer à un certain nombre de règles prudentielles de
gestion et qui ont pour finalité de doter les banques et les établissements financiers d’un
moyen de contrôle des risques.

Ces règles consistent en un système de normes obligatoires et harmonisées adoptées


universellement dont le but est :

 Le renforcement de la structure financière des établissements de crédits ;


 L’amélioration de la sécurité des déposants (société de gestion des garanties);
 La surveillance de l’évolution des risques des banques et la possibilité de comparer
entre les établissements de crédit.

Les établissements de crédits sont obligés de prendre en compte et de calculer chaque


trimestre les risques qu'ils prennent avec leurs encours de crédits en fonction des fonds
propres détenus. Ils ne peuvent ainsi accorder plus de crédits que ce que la réglementation
prudentielle ne les y autorise. Ces ratios visent à limiter le risque de défaillances en cas de
difficultés de remboursements des crédits.

S’inscrivant dans le cadre d’un processus d’ouverture et de concurrence auquel notre système
bancaire est tenu d’adhérer, la réglementation prudentielle prévoit l’application de ratios
significatifs. Nous citerons les règles prudentielles les plus importantes, à savoir : le ratio «
COOKE »17, le ratio de division des risques et le ratio de McDounough.

17
D’après le nom de l’ancien Président du comité de Bâle, Peter Cooke.
37
2.1.1 Ratios de couverture des risques « Ratio de COOKE »
Les banques et les établissements financiers sont des entreprises régulées par des autorités
qui veulent éviter les défaillances du système de crédit. Elles sont, de ce fait, tenues d’assurer
une couverture des risques liés à leurs engagements.

Dans ce sens, BANK AL MAGHRIB a imposé l’application du ratio international de


solvabilité dit « RATIOS COOKE » qui définit le niveau minimal de capital que doit avoir un
établissement de crédit pour pouvoir faire face aux risques liés aux divers postes de son actif.
Sachant que la solvabilité des banques dépend de la capacité de leurs capitaux propres à
financer les capitaux étrangers, le ratios Cooke a été instauré car il mesure le degré de « prise
en charge » des risques encourus par les fonds propres de la banque ou de l’établissement de
crédit.

 Définition du ratio de COOKE

Le ratio Cooke est un ratio international de solvabilité que doivent respecter les
établissements de crédit et les compagnies financières exerçant une activité internationale
importante. Il constate le rapport entre le montant des fonds propres et celui des encours de
crédit. Les établissements de crédit et les compagnies financières doivent déclarer les encours
de crédit assujettis à ce ratio sur une base consolidée au 30 juin et au 31 décembre de chaque
année. La fixation d'un ratio minimum répond à un double objectif :

 Renforcer la solidité et la stabilité du système bancaire ;


 atténuer les inégalités concurrentielles entre les banques

Avant de passer au calcul de ce ratio, il est nécessaire de définir au préalable les fonds propres
nets(F.P.N) et les risques encourus pondérés (R.E.P) :

 Les F.P.N sont constitués de fonds propres de base (le noyau dur) et des fonds propres
complémentaires définis respectivement dans les articles 5 et 6 de l’instruction n° 74-
94 du 29 novembre 1994 relative à la fixation des règles prudentielles de gestion des
banques et des établissements financiers.
 Les risques encourus pondérés (R.E.P) sont les risques encourus sur la clientèle
auxquels on applique un taux de pondération, fonction du risque lié à l’engagement.
Ils sont déterminés par l’article 9 de la même instruction et le taux de pondération
attribué à chacun d’entre eux par l’article 11 de l’instruction citée ci-dessus.

D’après l’article 03 de l’instruction n° 74-94 du 29 Novembre 1994 relative à la fixation des


règles prudentielles de gestion des banques et des établissements financiers, les établissements
de crédit sont tenus de respecter en permanence ce ratio de solvabilité et ce en ayant un
38
rapport entre le montant de leurs fonds propres nets et celui des risques encourus pondérés, au
moins égal à 8 %18 .

La grande limite du ratio Cooke est liée à la définition des engagements de crédit. La
principale variable prise en compte était le montant du crédit distribué. A la lumière de la
théorie financière moderne, il apparaît qu'est négligée la dimension essentielle de la qualité de
l'emprunteur, et donc du risque de crédit qu'il représente réellement.

Le Comité de Bâle a donc proposé en 2004 un nouvel ensemble de recommandations, au


terme duquel il a défini une mesure plus pertinente du risque de crédit, avec en particulier la
prise en compte de la qualité de l'emprunteur, y compris par l'intermédiaire d'un système de
notation interne propre à chaque établissement (dénommé IRB, Internal Rating Based). Le
nouveau ratio de solvabilité est le ratio McDounough19 .

2.1.2 Le ratio McDounough « Bâle II »

Il a été appliqué à partir de 2007.

Tout en maintenant le principe des 8%, il distinguera désormais, non plus seulement les
risques de crédit et de marché, mais également les risques opérationnels qui jusqu'à présent
n'étaient pas pris en compte.

La mise en place de ce nouveau système a aussi pour but de permettre aux banques de choisir
une méthode de détermination des fonds propres adaptée à leur profil réel de risque et de
prendre en compte les techniques de réduction des risques. Pour le risque de contrepartie, les
établissements de crédit auront le choix entre trois méthodes :

 La méthode standard,
 La méthode d’IRB.

18
article 03 de l’instruction n° 74-94 du 29 Novembre 1994 relative à la fixation des règles prudentielles de
gestion des banques et des établissements financiers
19
W. McDounough est président du Comité de Bâle d’où le nom du nouveau ratio de solvabilité.
39
 L'approche standard (Standardized Approach)

L'approche standardisée est conceptuellement assez proche de celle précédemment utilisée


dans l'Accord de Bâle I. Elle consiste à mesurer le risque de crédit d'une manière standard, en
s'appuyant sur des notations externes fournies par des agences de rating, reflétant la qualité de
crédit des emprunteurs.

Selon cette approche, les besoin en fonds propres sont calculés comme suit :

Les pondérations sont déterminées en fonction des notations externes, de la classe d'actif et de
la catégorie de l'emprunteur. Les expositions sont les encours nets de provisions spécifiques.

Les techniques de réduction des risques, telles que les garanties et les dérivés de crédit, sont
prises en compte par cette approche de manière simplifiée.

L'approche standard est en principe réservée aux banques de petite et moyenne taille. Les
banques de taille plus significative peuvent y recourir si elles ne peuvent adopter les méthodes
de notations internes dans un premier temps.

 L’approche IRB

La promotion des méthodes de notation interne du risque de crédit est l'un des principaux
objectifs du comité de Bâle. Cette approche a été conçue en tenant compte des résultats des
enquêtes menées auprès des établissements et associations bancaires qui ont mis en évidence
que l'ensemble des établissements ne sont pas à même de disposer des données nécessaires au
calcul de tous les paramètres quantitatifs du risque de crédit. Ainsi, la méthode de notation
interne se décline elle-même en deux approches :

 L'approche IRB Fondation (Internal Ratings Based approach Foundation): Dans


laquelle l'établissement évalue uniquement la probabilité de défaut (PD), les autres
facteurs de risque seront dérivés à travers l'application de mesures standards fournies
par les autorités de supervision.
 L'approche IRB Avancée (Internal Ratings Based approach Advanced): Cette
approche est ouverte aux banques ayant démontré leur capacité d'estimer de manière
fiable et constante d'autres paramètres de risque en plus de la probabilité de défaut
(PD). Il s'agit essentiellement de la perte en cas de défaut (LGD) et l'encours lors du
défaut.

Il est à noter que le passage à une approche plus sophistiquée fait l'objet d'un choix
irréversible «effet cliquet», cela veut dire qu'un établissement adoptant une approche dite
interne ou avancée ne peut décider par la suite de revenir à une approche moins sophistiquée,
que pour un motif dûment justifié, après autorisation des autorités de contrôle.

40
sein de ce portefeuille. Il repose sur une vision économique des risques, par nature adaptée à
un portefeuille d’activités et donc plus précise que la vision prudentielle étalonnée sur une
vision moyenne de l’industrie des services financiers.

SCHEMA 2 : FONDS PROPRES ECONOMI


ECONOMIQUES
QUES ET REGLEMENTAIRES
REGLEMENTAIR

La divergence entre les approches utilisées pour le risque réglementaire et le risque


économique, qui a eu pour conséquence des objectifs contradictoires en termes de gestion du
capital, a constitué un des problèmes majeurs soulevés par le nouvel accord de Bâle.

En effet, dans le cadre des propositions initiales du nouvel accord de Bâle, le calibrage en
matière d'exigence relative
relative aux fonds propres était flou et non systématique. Grâce au
processus de consultation mis en place par le Comité de Bâle, on a pu assister ces dernières
années à une amélioration entre les approches propres au capital économique et au capital
réglement
réglementaire.

 Remarques

La gestion du risque de crédit d'un portefeuille consiste donc à définir un niveau de Fonds
Propres permettant d'absorber les pertes, qu'elles soient attendues ou inattendues.

TABLEAU 3 - TRAITEMENT DU RISQUE DE CREDIT D'UN PORTEFEUILLE

29
2.3 Les garanties
La décision d’octroi de crédit doit être motivée par la rentabilité de l’affaire. Toutefois,
quelque soit la rigueur de l’étude menée, elle ne pourrait éliminer totalement les risques. C’est
pour cette raison que le banquier s’entoure d’un maximum de garanties.

On distingue deux (02) sortes de garanties : Les garanties personnelles et les garanties réelles

2.3.1 Les garanties personnelles


Une garantie personnelle est l’engagement d’une ou plusieurs personnes, physiques ou
morales, qui promettent de désintéresser le créancier si le débiteur principal ne satisfait pas à
ses obligations à l’échéance. On distingue : le cautionnement et l’aval.

 Le cautionnement

L’article 644 du code civil algérien a défini le cautionnement comme étant « un contrat par
lequel une personne garantit l’exécution d’une obligation, en s’engageant, envers le créancier,
à satisfaire cette obligation si le débiteur n’y satisfait pas lui-même ». On distingue le
cautionnement simple et le cautionnement solidaire :

 Le cautionnement simple : bénéficie de deux allégements qui sont le bénéfice de


discussion et le bénéfice de division.
 Le cautionnement solidaire : Dans ce cas la caution solidaire ne bénéficie ni du
bénéfice de discussion ni de celui de division. Le créancier peut poursuivre
indifféremment le débiteur principal ou la caution.

 L’aval

L’article 407 du code de commerce définit l’aval comme suit : « L’aval est l’engagement
d’une personne de payer tout ou partie d’un montant d’une créance, généralement, un effet
de commerce ». Il est exprimé par la mention « bon pour aval » au recto de l’effet suivie
de la signature de l’avaliste. Il peut être donné par acte séparé ou sur une allonge.

2.3.2 Les garanties réelles


C’est le contrat par lequel un débiteur affecte un bien, mobilier ou immobilier, à la garantie de
paiement de sa dette jusqu’au remboursement du créancier. Lorsque le bien est immobilier, il
s’agit d’une hypothèque. Lorsque le bien est mobilier, il s’agit d’un nantissement.

 Le nantissement

L’article 948 du code civil a défini le nantissement comme suit : « Le nantissement est un
contrat par lequel une personne s’oblige, pour la garantie de sa dette ou de celle d’un tiers, à
remettre au créancier, où à une tierce personne choisie par les parties, un objet sur lequel elle
constitue au profit du créancier, un droit réel en vertu duquel celui-ci peut retenir l’objet
jusqu’au paiement de sa créance et peut se faire payer sur le prix de cet objet, en quelque main

42
qu’il passe, par préférence aux créanciers chirographaires et aux créanciers inférieurs en rang
».

 Le nantissement ne peut porter que sur des meubles (corporels ou incorporels).


 Le nantissement doit se faire par acte notarié ou acte sous seing privé (article 31 du
Code de Commerce marocain) toutefois le nantissement du fonds de commerce doit
se faire par acte notarié (article 120 du Code de Commerce marocain).

 L’hypothèque

L’article 882 du code civil a défini le contrat d’hypothèque comme étant « ... le contrat par
lequel le créancier acquiert sur un immeuble affecté au paiement de sa créance, un droit réel
qui lui permet de se faire rembourser par préférence aux créanciers inférieurs en rang, sur le
prix de cet immeuble en quelque main qu’il passe… ».

Pour un crédit à court terme les garanties prises sont :

 Engagement de domiciliation : c'est un document établis en trois exemplaires par la


banque, dans lequel le client demande à son employeur de virer obligatoirement son
salaire dans son compte ouvert à la banque pendant toute la durée du remboursement
du prêt, tout en précisant que ce virement est irrévocable sauf sur présentation d'une
main levée de garantie. Ce document est contre signé par l'employeur qui conserve un
exemplaire et transmet les autres à la banque.
 La caution salariale : (Co débiteurs) est accompagnée d'une domiciliation de salaire
au même titre que le débiteur principal. Cette caution salariale est aussi contre signée
par la banque et l'employeur du Co débiteur.

3. Les objectifs de la gestion des risques


La gestion des risques vise la réalisation de quatre objectifs20 :

 Assurer la pérennité de l'établissement, par une allocation efficiente des ressources et


une allocation adéquate des fonds propres qui permettra une meilleure couverture
contre les pertes futures ;
 Elargir le control interne du suivi des performances au suivi des risques associés ;
 Faciliter la prise de décision pour les opérations nouvelles et permettre de les facturer
aux clients ;
 Rééquilibrer le portefeuille de l'établissement, sur la base des résultats et des effets de
diversification.

20
BESSIS. J, « Gestion des risques et gestion Actif-Passif des banques », Dalloz, Paris, 1995, P48.
43
Conclusion

Dans ce chapitre, nous avons essayé de présenter des concepts sur le risque de crédit qui est
considéré comme étant l’une des fonctions les plus anciennes de la banque qui se développe,
car le risque de crédit comme nous avons déjà vu, est le plus important des risques bancaires
puisqu’il engendre des pertes graves pour le système bancaire.

A l’issue de cette présentation, nous avons constaté, que par l’importance des rôles et des
missions qui lui sont confiés, la banque est un moyen du développement économique dans
chaque pays, mais aussi le seul agent qui est confronté a cette multitude de risques.

A cet effet, les banques doivent poursuivre certaines règles et normes de gestion du risque de
crédit afin de faire face à ce risque majeur. Ces règles, qui sont devenues de plus en plus
contraignantes, devraient permettre aux établissements de crédit de mieux connaitre et gérer
les risques qu’ils assument. Elles doivent être respectées à tout moment, notamment grâce à
un dispositif de contrôle interne. Cela sera développer, dans le prochain chapitre.

44
Chapitre II : Le cadre réglementaire du risque de
crédit

La faillite des caisses d’épargne américaine, intervenue au cours des années 70, illustre de la
manière la plus flagrante l’aboutissement d’une mauvaise gestion, caractérisée par l’absence
d’un contrôle efficace des risques tant dans les domaines financiers et économiques.

En réaction aux erreurs de gestion de ce type, l’instauration de normes prudentielles dans le


système bancaire a débuté dans les années 80, sous l’impulsion d’autorité supranationales
(comité de Bâle). Ce dispositif fixe un certain nombre de contraintes aux établissements de
crédit dans le but d’assurer leur solvabilité et leur liquidité. Ces règles, qui sont devenues de
plus en plus contraignantes, devraient permettre aux établissements de crédit de mieux
connaitre et gérer les risques qu’ils assument. Elles doivent être respectées à tout moment,
notamment grâce à un dispositif de contrôle interne21 .

L’objectif de ce chapitre est de présenter les normes de la gestion du risque de crédit. Il est
structuré en trois sections. La première elle porte sur le comité de Bale et la règlementation
marocaine, la deuxième c’est pour les accords de Bale II dont on présente les trois piliers de
ces accords, et en fin la troisième section qui consacre pour les réformes de Bale III.

21
AUGROS Jean Claude, QUERUEL Michel, « risque de taux d’intérêt et gestion bancaire », édition
Economica, paris, 2000, P42.
45
Section 1: Le cadre réglementaire international

En 1988, les Accords de Bâle ont instauré un encadrement réglementaire strict du risque de
crédit, qui a évolué ensuite : Bâle Il en 2004 et Bâle Ill en 2010.

À la suite de crises bancaires et des changements des conditions économiques générales (et
donc du risque supporté par les banques), certains pays ont souhaité définir un jeu de règles de
prudence que les banques devraient respecter. Dans l'hypothèse, observée dans certains cas22,
de la faillite d'une banque, l'économie est exposée à un risque systémique : par un phénomène
de contagion, les autres banques et les assureurs pourraient connaître des difficultés, voire une
faillite.

Les conséquences de faillites en chaîne des banques seraient tellement sévères que le système
financier tout entier pourrait s'écrouler, et avec lui le financement de l'économie. Dans cet
esprit, une réglementation prudentielle a pour objectif de réduire le risque systémique. Par
ailleurs, les États assurent une garantie du secteur bancaire qui les amène à vouloir superviser
ses activités afin de réduire la probabilité d'appel de ces garanties :

 réelles et légales des dépôts bancaires : la loi définit un montant de garantie publique
pour tout déposant ;
 implicites : en cas de difficultés du secteur bancaire, les États interviennent par des
prêts ou garanties pour éviter son effondrement.

Les États ont confié à la Banque des Règlements Internationaux23 (BRI), dont le siège est à
Bâle, le soin d'élaborer une réglementation.

Conceptuellement, il s'agit d'imposer un montant de Fonds Propres couvrant le risque de


crédit supporté par les institutions. Le Capital Réglementaire est le total de capitaux
permanents à détenir pour couvrir les pertes attendues (EL) et les pertes inattendues (UL). Ces
capitaux propres ont théoriquement une « origine » différente : ceux qui couvrent les EL sont
accumulés par provisions dans le cadre de l'ALM (gestion courante du risque) et ceux qui
couvrent les UL correspondent à un apport en capitaux des actionnaires (apport externe ou
réinvestissement de bénéfice non distribués).

Dans ce sens, nous allons présenter la réglementation prudentielle internationale régissant le


risque de crédit, à savoir Bâle I, ainsi que la réglementation marocaine qui s’inspire
essentiellement de cette dernière.

22
Crise argentine par exemple.
23
Bank for International Settlements (BIS).
46
La protection vise à réduire le montant du sinistre maximum par un ensemble d'actions
engagées dans l'hypothèse où le risque se réaliserait. C'est une phase active dans laquelle un
train de mesures est mis en œuvre selon un calendrier déterminé pour limiter les conséquences
du risque : en réduisant ses effets directs et en évitant un phénomène de contagion, indirect.

1.2.4. Traitement du risque résiduel


Le propre d'un risque est qu'il est impossible de réduire sa probabilité de survenance à O. En
conséquence, il convient de prendre des décisions quant au sort du risque résiduel qui
correspond à la probabilité (réduite) de survenance multipliée par le montant des
conséquences. Il s'agit du traitement économique15 du risque.

Trois solutions sont possibles.

 Le risque est conservé. C'est l'auto-couverture : l'entité assumera les conséquences du


risque dans ses comptes (structure, réserves, provisions, etc.). Cette solution interne
suppose que le risque résiduel ne soit pas supérieur aux capacités d'absorption ; cas où
l'entité pourrait disparaître (seuil de vulnérabilité)16.
 Le risque est assuré. L'entité souscrit un contrat d'assurance et paie une prime.
L'assureur définit des conditions d'indemnisation (délai, plafond, etc.). Dans
l'hypothèse où le risque survient, l'assureur indemnise en prenant en charge tout ou
partie du sinistre.
 Le risque peut être transféré à une contrepartie. Ici, l'entité recherche une « protection
». Elle paie une prime et, en cas de survenance du risque, le vendeur de protection
indemnisera l'entité selon des modalités définies au contrat. La contrepartie peut être
trouvée de gré à gré ou su r le marché financier.

Le choix entre ces différentes solutions dépend du cas d'espèce (de l'entité et du risque), mais
aussi des réglementations applicables et de la situation du marché. Par exemple, certains
risques ne peuvent être assurés pour des raisons techniques (taille de l'enjeu pour l'assureur)
ou réglementaires.

1.2.5. Surveillance des risques


Le suivi permanant des risque c’est primordial, et ce, afin de s'assurer que les stratégies
adoptées donnent des résultats optimaux. En effet, au fil du temps et selon les circonstances, il

15
Ou, plus justement, traitement juridico-financier.
16
Elle impose un montant de Fonds Propres aptes à absorber la perte.
33
1.1.1 La pondération des risques

Les pondérations des éléments du bilan et hors bilan diffèrent selon le type de la créance et
du débiteur comme suit25:

 0% pour les créances sur les Etats membres de l’OCDE (Organisation pour le
Commerce et le Développement Economique) ;
 20% pour les créances sur les institutions internationales, les collectivités territoriales
et les banques d’Etats membres de l’OCDE ;
 50% pour les créances hypothécaires pour l'habitat ;
 100% pour les autres créances

Pour les engagements du hors bilan, deux types de pondérations peuvent être distingués :

 Engagements classiques non liés au cours de change et au taux d’intérêt :

La pondération consiste à convertir l’engagement en équivalent crédit par un coefficient de


conversion allant de 0 à 100 % en fonction de leur nature, puis pondérés selon le statut de la
contrepartie.

 Engagements liés au cours de change et/ou au taux d’intérêt : L’équivalent risque de


crédit est égal à la somme :
 Du coût de remplacement total des contrats représentant un gain ;
 Du risque de crédit potentiel, produit du nominal par un coefficient de
majoration dépendant de la durée résiduelle et de la nature du contrat.

1.1.2 Les fonds propres réglementaires

Les fonds propres règlementaires sont définis par le régulateur et les autorités de contrôle
bancaire comme palliatif aux risques auxquels est soumise la banque. Ainsi, conformément à
l’accord de Bâle de 1988 et le communiqué de presse d’octobre 1998, les fonds propres
règlementaires sont ventilés comme suit26 :

 Les fonds propres de base ou « noyau dur » (Tier one)

La définition des fonds propres de base a la particularité d’être la seule qui est commune à
tous les systèmes bancaires des divers pays. En fait, les fonds propres de bases sont constitues
du :

 capital social, les réserves, les résultats non distribues, le report a nouveau créditeur;
 déduction faite de la part non libérée du capital, les actifs sans valeurs, le report a
nouveau débiteur, les résultats en instance d’affectation.

25
T.RONCALLI, « La gestion des risques financiers », Ed. Economica, Paris 2004, p.23
26
PERROT Etienne, revue économique « Crise financière et solidarité internationale », janvier 2009, P33
48
SOURCE: KPMG FRANCE, METHODOLOGIE POUR L 'INTRODUCTION D'UN
SYSTEME DE GESTION DES RISQUES , 2008

TABLEAU 4 : LES ETAPES DE MAITRISE DU RISQUE

Les étapes Les moyens

35
1.2 Le ratio de division des risques

La règle de division des risques vise à éviter une trop forte concentration des risques sur un
seul bénéficiaire, ou sur un seul groupe de bénéficiaires, qui en cas de défaillance, risquerait
d’entraîner l’établissement dans leur sillage. La règle est basée sur une double contrainte27:

 L’ensemble des risques (clientèle et interbancaire) sur un même bénéficiaire ou sur un


même groupe, ne doit pas excéder 25% des fonds propres de l’établissement ;
 L’ensemble des risques pris sur les bénéficiaires qui dépassent individuellement

10% des fonds propres de l’établissement ne doit pas excéder 8 fois ses fonds propres.

1.3 Le ratio de liquidité


Ce ratio a pour objectif principal d’assurer que les établissements de crédit peuvent faire face
aux demandes de remboursement des déposants.

Le ratio prend la forme d’un « coefficient de liquidité », qui est le rapport entre les éléments
d’actif liquide (ou a moins d’un mois) et les passifs exigibles (ou au plus dans un mois) ; ce
coefficient
doit être
supérieur ou
égal à
28
100%.

1.4 Le ratio de fonds propres et de ressources permanentes


Cette norme de gestion, fondé sur le même principe que le ratio de liquidité a comme objectif
de limiter la transformation sur le moyen et long terme, alors que le ratio de liquidité poursuit
le même but sur le court terme. Elle se traduit par un rapport entre les fonds propres et les
ressource permanentes d’une duré supérieure à cinq ans (pour le numérateur) et les emplois
immobilisée ou d’une durée résiduelle de cinq ans (pour le dénominateur). Ce ratio doit être
supérieur ou égale à 60%.29

27
AUGROS Jean Claude, QUERUEL Michel, « risque de taux d’intérêt et gestion bancaire », édition
Economica, paris, 2000, P45
28
Idem, P44.
29
AUGROS Jean Claude, QUERUEL Michel, OP. cit P45.
50
1.5 Impact et limites de la réglementation bale I
L’accord de Bale I, modifié et complété, a permis d’accroitre la solidité et la stabilité du
système bancaire international et renforcé l’égalité des conditions de concurrence entres
banques internationales. Après son adoption, une progression importante des fonds propres de
la quasi-totalité des banques a été observée.

L’adoption du ratio Cooke dans plus d’une centaine de pays a contribué à la réalisation de ces
objectifs. Cette tendance s’est poursuivie, en particulier avec les pressions du marché qui
incite les banques à maintenir des fonds propres élevés.

Le ratio Cooke n’est plus adapté au nouvel environnement sous la conjugaison de plusieurs
facteurs30 :

 Il ne tient pas suffisamment compte des risques effectivement encourus. En effet, les
actifs des banques sont classés dans plusieurs catégories et ensuite pondérés par un
facteur de pondération attribué à la catégorie de risque en question. Ainsi la quasi-
totalité des encours envers le secteur privé non bancaire, dont les PME, est pondérée à
100% entraînant donc une exigence de 8% de fonds propres, quelle que soit la qualité
des crédits accordés ce qui peut conduire à une mauvaise affectation des ressources ;
 La pondération des engagements de crédit était insuffisamment différenciée pour
rendre compte de la complexité effective du risque de crédit. Les banques ont
généralement pris avantage de ce manque de discrimination pour monter des
opérations d'arbitrage prudentiel ;
 Des problèmes posés par l'adaptation de la norme de couverture à la sophistication
des opérations financières des banques. Par exemple : regrouper un ensemble de prêts
pour les transformer en titres de créances cessibles à des investisseurs actifs sur le
marché ;
 Le rôle des techniques d’atténuation du risque de crédit, telles les garanties (réelles et
personnelles) ou les produits dérivé n’est pas pris en compte du fait de leur taux de
pondération faible ;
 Du point de vue des régulateurs, la prise en considération des risques bancaires n’est
pas assez globale, c’est-à-dire que seuls les risques de crédit et de marché entrent en
ligne de compte mais pas les risques opérationnels par exemple. Malheureusement, les
limites évoquées se sont avérées de plus en plus pertinentes.

30
SARDI A, Op. cit, P 29.
51
Elles se sont progressivement révélées dans la pratique, ce qui a nécessité que l’on procède à
une révision du ratio de solvabilité.

2. L’accord de Bâle II : Un projet structurant constitué de trois


piliers qui se complètent
Plus connu sous le nom de Bâle II, La « Convergence internationale de la mesure et des
normes de fonds propres » est la version fixe du comité de Bâle publié en Juin 2004. Cet
accord encourage la culture du risque au sein des banques à travers une responsabilisation et
une intégration des dirigeants dans un processus d’évaluation et de contrôle des risques
encourus. Ces nouvelles règles ont pour but de favoriser la communication de méthodes et
moyens permettant une meilleure gestion des risques.

Développer une réflexion sur la réforme du ratio de solvabilité est donc le remède proposé par
le Comité de Bâle avec trois finalités principales :

 Améliorer la stabilité du système financier en développant un ratio de solvabilité


sensible aux risques encourus par l’établissement ;
 Favoriser les conditions de la concurrence bancaire en écartant les éventualités
d’arbitrage ;
 Réaliser une procédure complète de contrôle des risques.

2.1 Les piliers de Bâle II

En 1999, le comité de Bâle propose son premier document consultatif (CP1) posant les termes
de la réforme autours de trois piliers31 :

 Le pilier 1 concerne les exigences en matière de fond propre. Il impose aux banques
un niveau minimal pour couvrir à la fois leurs risques de marché leurs risque de crédit
effectifs et leurs risques opérationnel, ces derniers étant liés aux pertes que pourrait
entrainer une éventuelle défaillance de leurs procédures internes.
 Le pilier 2 précise le processus de surveillance prudentielle.
 Le pilier 3 définit l’information que les banques doivent publier pour permettre un
exercice efficace de la discipline de marché.

31
DUMONTIER P, DUPRE D et CYRIL M, « gestion et contrôle des risques Bancaires l’apport des IFRS et de
Bâle II », Edition economica, Paris, 2008, P136.
52
2.1.1 Ratios de couverture des risques « Ratio de COOKE »
Les banques et les établissements financiers sont des entreprises régulées par des autorités
qui veulent éviter les défaillances du système de crédit. Elles sont, de ce fait, tenues d’assurer
une couverture des risques liés à leurs engagements.

Dans ce sens, BANK AL MAGHRIB a imposé l’application du ratio international de


solvabilité dit « RATIOS COOKE » qui définit le niveau minimal de capital que doit avoir un
établissement de crédit pour pouvoir faire face aux risques liés aux divers postes de son actif.
Sachant que la solvabilité des banques dépend de la capacité de leurs capitaux propres à
financer les capitaux étrangers, le ratios Cooke a été instauré car il mesure le degré de « prise
en charge » des risques encourus par les fonds propres de la banque ou de l’établissement de
crédit.

 Définition du ratio de COOKE

Le ratio Cooke est un ratio international de solvabilité que doivent respecter les
établissements de crédit et les compagnies financières exerçant une activité internationale
importante. Il constate le rapport entre le montant des fonds propres et celui des encours de
crédit. Les établissements de crédit et les compagnies financières doivent déclarer les encours
de crédit assujettis à ce ratio sur une base consolidée au 30 juin et au 31 décembre de chaque
année. La fixation d'un ratio minimum répond à un double objectif :

 Renforcer la solidité et la stabilité du système bancaire ;


 atténuer les inégalités concurrentielles entre les banques

Avant de passer au calcul de ce ratio, il est nécessaire de définir au préalable les fonds propres
nets(F.P.N) et les risques encourus pondérés (R.E.P) :

 Les F.P.N sont constitués de fonds propres de base (le noyau dur) et des fonds propres
complémentaires définis respectivement dans les articles 5 et 6 de l’instruction n° 74-
94 du 29 novembre 1994 relative à la fixation des règles prudentielles de gestion des
banques et des établissements financiers.
 Les risques encourus pondérés (R.E.P) sont les risques encourus sur la clientèle
auxquels on applique un taux de pondération, fonction du risque lié à l’engagement.
Ils sont déterminés par l’article 9 de la même instruction et le taux de pondération
attribué à chacun d’entre eux par l’article 11 de l’instruction citée ci-dessus.

D’après l’article 03 de l’instruction n° 74-94 du 29 Novembre 1994 relative à la fixation des


règles prudentielles de gestion des banques et des établissements financiers, les établissements
de crédit sont tenus de respecter en permanence ce ratio de solvabilité et ce en ayant un
38
2.1.1 Le Pilier 1 : les exigences minimales en matière de fonds propres

Ce pilier est destiné à lier plus le niveau des fonds propres aux profils des risques de chaque
banque, vise à améliorer l’évaluation des risques, le calcul de leur couverture par les fonds
propres, afin d’assurer une meilleur stabilité micro prudentielle, avec un ratio mieux
proportionne au risque. Ce nouveau ratio s’appel ≪ ratio W.-C. Donough ≫.

Ce nouveau ratio ne change pas l’assiette de calcul «fonds propres /risques» qui reste fixée à
8%. Par contre, une ventilation du risque en fonction de sa nature sera exigée (risque de crédit
comptant pour 75%, le risque opérationnel pour 20% et le risque de marché pour 5%). Il faut
marquer l’introduction du risque opérationnel dans l’exigence des fonds propres.

L’exigence minimale de fonds propres, de ce nouveau ratio, continuera à s’appliquer :

 Au risque crédit suivant une méthodologie profondément modifiée ;


 Et au risque de marche suivant la méthodologie de Bale 1, qui subira peu de
Changements ;
 Le risque opérationnel subira une exigence spécifique de fonds propres.32

32
SARDI A, « Bale II», Op. cit, P 16.
54
 L'approche standard (Standardized Approach)

L'approche standardisée est conceptuellement assez proche de celle précédemment utilisée


dans l'Accord de Bâle I. Elle consiste à mesurer le risque de crédit d'une manière standard, en
s'appuyant sur des notations externes fournies par des agences de rating, reflétant la qualité de
crédit des emprunteurs.

Selon cette approche, les besoin en fonds propres sont calculés comme suit :

Les pondérations sont déterminées en fonction des notations externes, de la classe d'actif et de
la catégorie de l'emprunteur. Les expositions sont les encours nets de provisions spécifiques.

Les techniques de réduction des risques, telles que les garanties et les dérivés de crédit, sont
prises en compte par cette approche de manière simplifiée.

L'approche standard est en principe réservée aux banques de petite et moyenne taille. Les
banques de taille plus significative peuvent y recourir si elles ne peuvent adopter les méthodes
de notations internes dans un premier temps.

 L’approche IRB

La promotion des méthodes de notation interne du risque de crédit est l'un des principaux
objectifs du comité de Bâle. Cette approche a été conçue en tenant compte des résultats des
enquêtes menées auprès des établissements et associations bancaires qui ont mis en évidence
que l'ensemble des établissements ne sont pas à même de disposer des données nécessaires au
calcul de tous les paramètres quantitatifs du risque de crédit. Ainsi, la méthode de notation
interne se décline elle-même en deux approches :

 L'approche IRB Fondation (Internal Ratings Based approach Foundation): Dans


laquelle l'établissement évalue uniquement la probabilité de défaut (PD), les autres
facteurs de risque seront dérivés à travers l'application de mesures standards fournies
par les autorités de supervision.
 L'approche IRB Avancée (Internal Ratings Based approach Advanced): Cette
approche est ouverte aux banques ayant démontré leur capacité d'estimer de manière
fiable et constante d'autres paramètres de risque en plus de la probabilité de défaut
(PD). Il s'agit essentiellement de la perte en cas de défaut (LGD) et l'encours lors du
défaut.

Il est à noter que le passage à une approche plus sophistiquée fait l'objet d'un choix
irréversible «effet cliquet», cela veut dire qu'un établissement adoptant une approche dite
interne ou avancée ne peut décider par la suite de revenir à une approche moins sophistiquée,
que pour un motif dûment justifié, après autorisation des autorités de contrôle.

40
La matrice des pondérations au titre de cette approche est présentée ci-dessous :

TABLEAU 7 : LA PONDERATION STANDARD

SOURCE : FRANÇOIS DESMITCH, « PRATIQUE DE L’ACTIVITE BANCAIRE », ED DUNOD,


PARIS , 2004, P268.

 L’approche basée sur la notation interne ou IRB (internal rating based)

Les approches IRB ont pour but de mettre en adéquation les fonds propres avec le profil
risque à travers l’évaluation interne du risque de contrepartie.

Le comité de Bâle propose deux approches :

 La méthode IRB de fondation, selon laquelle la banque doit seulement estimer la


probabilité de défaut (PD) de chaque crédit, la valeur des autres paramètres de risque
(LGD, EAD, M) est donnée par l’autorité de contrôle.
 La méthode IRB avancée, qui constitue la version complexe au sens où elle requiert
une collecte d’informations plus détaillées de la part des banques. En effet, selon cette
approche les banques doivent estimer elles même tous les paramètres clés (PD, LGD,
EAD et M) destinés à mesurer leurs risques et ainsi calculer leurs exigence en fonds
propres au titre du risque de crédit.

L’approche IRB (Internal Rating Based Approach) offre aux banques la possibilité de mettre
en place, sous certaines conditions, leur propre système de notation interne.

B- Risque opérationnel

La mesure du risque opérationnel constitue la deuxième innovation à côté de celle du risque


crédit. Trois méthodes sont proposées pour le mesurer :

 La méthode de base (Basic Indicator Approach)

C’est la méthode la plus simple et qui n’exige aucun critère d’éligibilité pour son application.
Dans ce cas, le risque opérationnel d’un établissement est appréhendé à partir d’un indicateur
financier et qui est le produit net bancaire moyen sur les trois dernières années. En effet, cette

56
méthode consiste à appliquer un pourcentage fixe alpha à cet indicateur qui est représentatif
de l’exposition potentielle aux risques opérationnels.

 La méthode standardisée

Cette méthode est identique à la précédente mais avec un pourcentage βi différencié par ligne
métier :

TABLEAU 8 : LES LIGNES DE METIERS ET LEURS PONDERATIONS

SOURCE : SARDI.A, « BALE II », AFGES EDITION , PARIS, 2004, P231.

57
 La méthode avancée (Advanced Measurement Approach)

C’est l’approche la plus sophistiquée. Elle permet aux banques d’utiliser leurs modèles
internes pour le calcul des pertes dues au risque opérationnel en utilisant les historiques de
données de pertes internes et externes, l’analyse de scénarios et l’évaluation du système de
contrôle interne du risque en question.

Cette approche permet aux banques de calculer la perte due au risque opérationnel à un an qui
ne peut être dépassée avec une probabilité de 99,9% et ce à travers l’utilisation de leurs
modèles internes.

C- Le risque de marché

Le risque de marché a été introduit dans la réglementation prudentielle en 1996 par la Capitale
Directive33. En forte expansion, les profils résultant d’activités de marché dépassaient alors
souvent ceux provenant des activités bancaires traditionnelles. Source de profits mais aussi
source de risque, il est apparu indispensable d’exiger la détention des capitaux propres
minimaux pour couvrir les risques des activités de marché.

Ces risques résultant de position de trading, il a été décidé d’estimer les pertes qu’elles
pouvaient produire sur horizon court de 10 jours. La CAD propose une mesure normative de
la volatilité des positions. Elle autorise aussi une estimation de cette volatilité reposant sur le
concept de Value at Risk. La possibilité de recourir à la VAR marque la première entrée de la
modélisation dans la réglementation prudentielle.

33
DUMONTIER P, DUPRE D et CYRIL M, Op. cit. P133.
58
Conclusion

Dans ce chapitre, nous avons essayé de présenter des concepts sur le risque de crédit qui est
considéré comme étant l’une des fonctions les plus anciennes de la banque qui se développe,
car le risque de crédit comme nous avons déjà vu, est le plus important des risques bancaires
puisqu’il engendre des pertes graves pour le système bancaire.

A l’issue de cette présentation, nous avons constaté, que par l’importance des rôles et des
missions qui lui sont confiés, la banque est un moyen du développement économique dans
chaque pays, mais aussi le seul agent qui est confronté a cette multitude de risques.

A cet effet, les banques doivent poursuivre certaines règles et normes de gestion du risque de
crédit afin de faire face à ce risque majeur. Ces règles, qui sont devenues de plus en plus
contraignantes, devraient permettre aux établissements de crédit de mieux connaitre et gérer
les risques qu’ils assument. Elles doivent être respectées à tout moment, notamment grâce à
un dispositif de contrôle interne. Cela sera développer, dans le prochain chapitre.

44
2.1.5 Le Pilier 3 : la discipline de marché

L’objectif du pilier 3, complémentaire aux piliers 1 et 2, est d’encourager les banques à


publier les informations nécessaires sur leur situation, afin de permettre au marche d’évaluer
leur exposition aux risques, et l’adéquation de leurs fonds propres.

Il y’a lieu de noter que la publication de ces informations est un critère qualifiant pour obtenir
des allégements en fonds propres ou pour être éligible a une approche avancée de pondération
des risques. Nous exposerons ci après, les principes de ce pilier :
35
 relation avec les normes comptables :

Le comité est soucieux d’éviter des conflits avec les normes comptables internationales. Pour
cela, il a fait des efforts considérables afin d’harmoniser ces informations.

Les banques choisissent l’emplacement et le mode de communication de ces informations.

Si cette communication est faite avec les états financiers, il convient d’expliquer les
différences matérielles qui peuvent exister avec la comptabilité.

Les informations qui ne sont pas rendues obligatoires par les normes comptables n’ont pas
besoin d’être auditées par un auditeur externe.

 les informations à publier :

Les informations que les banques publient sont relatives : à leur organisation, la structure de
leur capital et son adéquation au profil des risques, le risque crédit, les garanties, la titrisation,
portefeuille des actions, et enfin le risque de taux.

35
SARDI A, Op. cit, P 273.
60
2.2 L’Objectif de Bâle II

Les objectifs fondamentaux poursuivis par le comité demeurent inchangés : continuer à


accroître la solidité et la stabilité du système bancaire international et maintenir l’égalité des
conditions de concurrences entre les banques internationales .Pour mieux réaliser ces objectifs
Bâle II va introduire de nouvelle approches destinées à 36:

 Lier plus étroitement le niveau des fonds propres réglementaire au profil de risques
spécifique de chaque banque ;
 Inciter les banques à développer des systèmes internes de mesure des risques ;
 Renforcer le rôle des autorités de supervision (pilier 2) et celui des marchés (plier 3) ;
-Appréhender l’ensemble des risques soit par une exigence de fonds propres (tel le
risque opérationnel) soit par le processus de surveillances prudentielle (tel le risque de
taux d’intérêt sur le portefeuille bancaire).

2.3 L’impact de Bâle II


Plusieurs études quantitatives ont été menées pour calibrer les fonctions de pondérations et
ainsi atteindre l’objectif fondamental clairement affiché par le comité qui est de maintenir
globalement le niveau actuel des fonds propres de l’ensemble des banques. Plusieurs
constatations ressortent de ces études pour l’évaluation de l’exigence de fonds propres des
banques européennes37 :

 l’exigence de fonds propres sera réduite globalement de 5% par rapport au niveau


actuel ;

 les petites banques domestiques adoptant l’approche standard verront leur exigence
de fonds propres diminuer légèrement ;

 les grandes banques internationales adoptant des approches plus avancées verront leur
exigence de fonds propres globalement inchangée ;

 les banques spécialisées et sophistiquées adoptant les approches avancées verront leur
exigence de fonds propres diminuer substantiellement ;

 la principale réduction de l’exigence de fonds propres ira aux portefeuilles de la


banque de détail.

36
Idem, P 15.
37
SARDI A, Op. cit, PP 18-19.
61
2.4 Les limites de Bale II

Bâle II est essentiellement une norme de fonds propres minimale. Il ne traite pas tous les
risques (liquidité par exemple). Des insuffisances et des défauts ont été identifiés dans la
réglementation « Bâle II ».

En premier lieu, du fait même de sa sensibilité au risque, elle est apparue pro cyclique. En
effet, en période d'euphorie financière, les risques pondérés diminuent (car basés sur
l’historique des pertes), les banques ont besoin de moins de fonds propres et se suffisent de
détenir le minimum de fonds exigé par le régulateur. Quand la situation se détériore, elles
doivent augmenter leurs fonds propres pour respecter les exigences de solvabilité, avec des
fonds devenus plus rares et plus chers, contribuant ainsi à précipiter les banques dans un état «
d'asphyxie financière » et à réduire l'offre de crédit (phénomène de credit Crunch), ce qui
accentue la récession économique.

En second lieu, il y a eu une sous-pondération dans le calcul du ratio des risques de marché ou
des produits les plus complexes et donc risqués (en particulier de titrisation et de retitrisation).
Les banques ont ainsi échoué à apprécier correctement les risques qu'elles prenaient. Par
conséquent, leur niveau de fonds propres s'est retrouvé en inadéquation avec la réalité des
risques encourus. Il est aussi important de souligner les problèmes d’évaluation comptable du
« hors bilan » : la taille parfois très importante des produits dérivés en hors bilan a rendu
difficile l'analyse des risques correspondants. De surcroît, il est manifeste que le passage à
Bâle II en 2008 a permis aux banques européennes de réduire leurs exigences de fonds
propres, en utilisant l’approche interne.

Il est donc nécessaire d’améliorer Bâle II, mais le concept fondamental d’un niveau de fonds
propres fonction du niveau de risques ne doit pas être remis en question.

62
Le schéma qui suit représente l’évolution de la réglementation internationale baloise :

SCHEMA 4 : L’EVOLUTION DE LA SURVEILLANCE PRUDENTIELLE

1. L’accord de Bâle I
Plusieurs normes et règles ont été fixées par les autorités afin de protéger les banques des
répercussions du risque de crédit, les plus importants sont :

1.1 Ratio de solvabilité (ratio Cooke)


L’accord de 1988 est centré sur le risque de crédit. Il impose aux banques internationales du
G10 un capital réglementaire égal au minimum à 8% du volume des actifs pondérés par leurs
risques24 :

24
DE SERVIGNY A, METAYER B et ZELENKO I, « le risque de crédit », DUNOD édition, Paris 2006, p3.
47
 2019 : Fonds propres à 10.5% des engagements dont 6% de Tiers One
SCHEMA 8 : COMPARAISON ENTRE LE TOTAL DES EXIGENCES DE FONDS PROPRES
SOUS BALE II ET BALLE III

Plusieurs règles de liquidité sont expliquées par Bâle III, pour ceci la banque a intérêt à
choisir des actifs facilement cessibles sans perte de valeur afin de renforcer sa trésorerie au
cas où une difficulté se pose suite à des retraits massifs. La pondération des actifs doit prendre
en considération la qualité du risque de ce fait un accroissement du risque de contrepartie ou
une amélioration des activités de marché nécessitent une compensation par plus de fonds
propres.

64
3.1 Le modèle de Bâle III

Bâle III se base sur trois grands axes. On peut le schématiser de la façon suivante:

TABLEAU 9 : LES GRANDS AXES DE BALE III

Capital et Bâle III Liquidité et Bâle III Risque systémique et Bâle III

 Augmenter les fonds  Créer d'un nouveau ratio de  Préconiser le passage par
propres de base (Tier 1) et liquidité à court terme (LCR) les chambres de
améliorer leurs qualités afin d'améliorer la solvabilité compensation lors des
 Prendre de nouvelles des banques à court terme transactions liées aux
mesures pour être mieux  Posséder des actifs liquides produits dérivés
armé face au risque global et de bonnes qualités  Accompagner Les prises
 Diminuer l'effet de levier permettra de protéger contre de risques entre
en limitant la croissance les situations de stress institutions financière par
du bilan des banques ponctuelles augmentation des fonds
 Création de matelas de  Introduire un ratio de propres
sécurité pour une liquidité à long terme (NSFR)  Augmenter le niveau du
protection contra cyclique Capital
contre le risque sectoriel

3.1.4 La mise en application des règles de Bâle III

Bank Al Maghreb essaie de se préparer pour appliquer les nouvelles normes prudentielles de
Bâle III et consolider les bilans des banques en cas de difficulté. La réalisation de ces règles
demande un peu de temps.

Bâle III souligne l’importance de l’exigence en matière de fonds propres. Ainsi, la part
prudentielle des fonds propres du système bancaire a connu une augmentation suite aux
nouvelles réglementations des banques internationales. Selon Aziz Bidah, associé-gérant du
cabinet d’audit Price Waterhouse Coopers, «Bâle III est une suite logique à la démarche du
processus de Bâle. Il boucle la boucle par rapport aux exigences en matière de sécurité
bancaire puisque ce volet concerne principalement le niveau des fonds propres et leur
adéquation par rapport au portefeuille de la banque et des risques de défaut qui lui sont
attachés». Pour cette raison, le Maroc se prépare depuis l’année 2007 afin de compléter sa
conformité au dispositif de Bâle III en 2019.

65
3.2.1 Le renforcement des fonds propres par des augmentations de capital

Bâle III veille sur l’accroissement de la quantité et la qualité des fonds propres. De plus, ses
règles s’instaurent dans le cadre du renforcement de fonds propres inhérents aux différentes
activités du marché. Plusieurs banques ont ainsi procédé à des augmentations de capital afin
de développer leur activité tout en appliquant les normes prudentielles.

3.2.2 Bâle III et la liquidité

Bâle III a soulevé l’importance du ratio de liquidité. Une suggestion d’un dispositif de
liquidité arbitré à l’échelle internationale a été faite se basant sur deux règles minimales
complémentaires :

 Le ratio de liquidité à court terme (LCR) afin de contrôler si les banques détiennent
assez d’actifs liquides de qualité en cas de crise à horizon d’un mois. C’est un rapport
minimum de 100% entre les actifs liquides de haute qualité, libres de tout engagement,
et les sorties nettes de trésorerie.

 Le ratio structurel de liquidité à long terme à long terme (NSFR) vise à


consolider la capacité des banques à résister à une crise de liquidité à l’horizon d’un
an. C’est le montant de financement stable disponible rapporté au montant de
financement stable exigé. Ce ratio doit être au moins égal à 100%.

Dans ce sens une étude doit être réalisée afin de choisir le ratio adéquat au système bancaire
marocain. Depuis 2007, Bank Al-Maghreb a proposé au système bancaire marocain de
renforcer son coefficient de solvabilité de deux points ce qui le rapproche des conformités
exigées. Abderrahim Saher, directeur d’Arab Bank au Maroc, confirme qu’«il y a des banques
qui vont être juste au niveau de ces règles, d’autres vont être au-dessus et, bien sûr, certaines
vont être en dessous. Mais, globalement, le système bancaire marocain ne subira pas de
contraintes énormes supplémentaires qui lui seront imposées car, en dépit de tous, le système
bancaire marocain est solide». Il insiste aussi sur le développement de la plateforme
informatique des banques marocaines pour faciliter la mise en place du dispositif de Bâle III.

3.2.3 Contraintes inhérentes au cadre légal

En l’absence de dispositions réglementaires spécifiques, ces contraintes restreignent les


possibilités d’utilisation d’un certain nombre de techniques d’atténuation des risques de crédit
prévues par Bâle III, notamment le recours à la compensation des dépôts et des crédits en cas
de liquidation ou de redressement judiciaire des contreparties et la lenteur de réalisation des
sûretés reçues en couverture des risques, en cas de défaillance des contreparties.

66
Section 2 : Le cadre réglementaire national

1. Conditions d’exercice de l’activité des établissements de crédit

L'exercice de l'activité bancaire est soumis à des règles et conditions spécifiques.

 Le dispositif prudentiel

Ce dispositif tient à protéger l’équilibre financier des établissements de crédit. Il prend en


considération l’ensemble des changements du secteur financier et des nouvelles règles
recommandées par les comités de Bâle.

1.1 Le coefficient minimum de solvabilité


Le coefficient minimum de solvabilité est régi par l'arrêté du Ministre des Finances n° 175-97
du 22 janvier 1997, tel que complété par l'arrêté n° 1439-00 du 6 octobre 2000, dont les
modalités d'application sont fixées par la circulaire de Bank Al-Maghreb n° 4/G/2001 du 15
janvier 2001.

Les établissements de crédit doivent respecter un rapport de 8% entre les fonds propres et les
risques de crédit encourus.

Les fonds propres sont composés de deux catégories : les fonds propres de base et les fonds
propres complémentaires déduction faite des non valeurs et des participations détenues dans
les établissements de crédit.

Le dénominateur du coefficient de solvabilité se compose des éléments de l’actif et du hors


bilan consacrés de coefficients de pondération, en prenant en considération le degré de risque
présenté. Les mesures appliquées sont en fonction de la nature de l’opération, de la capacité
de la contrepartie et de la garantie reçue en couverture. Ce ratio fait l’objet de déclarations
semestrielles à Bank Al-Maghreb.

67
1.5 Impact et limites de la réglementation bale I
L’accord de Bale I, modifié et complété, a permis d’accroitre la solidité et la stabilité du
système bancaire international et renforcé l’égalité des conditions de concurrence entres
banques internationales. Après son adoption, une progression importante des fonds propres de
la quasi-totalité des banques a été observée.

L’adoption du ratio Cooke dans plus d’une centaine de pays a contribué à la réalisation de ces
objectifs. Cette tendance s’est poursuivie, en particulier avec les pressions du marché qui
incite les banques à maintenir des fonds propres élevés.

Le ratio Cooke n’est plus adapté au nouvel environnement sous la conjugaison de plusieurs
facteurs30 :

 Il ne tient pas suffisamment compte des risques effectivement encourus. En effet, les
actifs des banques sont classés dans plusieurs catégories et ensuite pondérés par un
facteur de pondération attribué à la catégorie de risque en question. Ainsi la quasi-
totalité des encours envers le secteur privé non bancaire, dont les PME, est pondérée à
100% entraînant donc une exigence de 8% de fonds propres, quelle que soit la qualité
des crédits accordés ce qui peut conduire à une mauvaise affectation des ressources ;
 La pondération des engagements de crédit était insuffisamment différenciée pour
rendre compte de la complexité effective du risque de crédit. Les banques ont
généralement pris avantage de ce manque de discrimination pour monter des
opérations d'arbitrage prudentiel ;
 Des problèmes posés par l'adaptation de la norme de couverture à la sophistication
des opérations financières des banques. Par exemple : regrouper un ensemble de prêts
pour les transformer en titres de créances cessibles à des investisseurs actifs sur le
marché ;
 Le rôle des techniques d’atténuation du risque de crédit, telles les garanties (réelles et
personnelles) ou les produits dérivé n’est pas pris en compte du fait de leur taux de
pondération faible ;
 Du point de vue des régulateurs, la prise en considération des risques bancaires n’est
pas assez globale, c’est-à-dire que seuls les risques de crédit et de marché entrent en
ligne de compte mais pas les risques opérationnels par exemple. Malheureusement, les
limites évoquées se sont avérées de plus en plus pertinentes.

30
SARDI A, Op. cit, P 29.
51
2. Les obstacles à une mise en application parfaite des règles de
BAM

2.1 La justice et le fisc pointés du doigt :

L’ensemble des méthodes présentées par la circulaire de Bank Al-Maghreb sur le


provisionnement des créances en souffrance commandent l’établissement d’une provision à
partir de la 3ème échéance impayée (pré douteuse). « Ce n’est pas automatique, souligne un
banquier, car les établissements de crédit peuvent tolérer jusqu’à six échéances avant de
provisionner une partie du crédit.

Les règles prudentielles de Bank Al-Maghreb considèrent qu’une dette est douteuse à partir
du 6ème impayé, ce qui impose la banque d’augmenter le montant de la provision. Une fois
l’échéance passée, la créance est considérée contentieuse et la banque la provisionne
intégralement. « Dès lors, le client est mis en demeure et une institution judiciaire est
introduite pour récupérer la mise » développe la même source.

La banque doit quant à elle justifier l’improductivité de son crédit vis-à-vis du fisc. Sa
disposition de garanties réelles lui permettra d’avoir le droit de les réaliser. « Mais c’est un
processus long et fastidieux que les banques évitent généralement, préférant régler
amiablement le désaccord avec le client » affirme un autre banquier.

Les créances douteuses sont durement récupérables dans le cas où les banques n’ont pas de
garanties réelles. « Mais même dans le cas échéant, plusieurs banques se sont retrouvées avec
des actifs difficilement réalisables et dont la valeur a été largement surestimée par rapport aux
prêts consentis », confirme ce spécialiste.

En plus de la justice, le fisc est une source de malheur des banquiers. Les bilans bancaires
débordent de créances cristallisées, anciennes, que les établissements ne peuvent éponger au
risque d’être imposés fiscalement. Le Fisc ne leur permet de s’en débarrasser annuellement
qu’au compte-gouttes. Un banquier ajoute que « C’est handicapant pour la capacité
distributive des crédits d’une banque et plusieurs demandes ont été introduites auprès des
impôts pour alléger les procédures de traitement des engagements perdus »

69
2.2 Des débiteurs sous le parapluie du redressement judiciaire

Plusieurs clients ayant déjà eu des problèmes de règlement utilisent des voies de sorties
offertes par les textes législatifs. Un banquier affirme que « Rien n’est plus facile que de se
mettre sous la protection du livre V du code de commerce portant sur le traitement des
difficultés des entreprises ». Selon lui, une fois engagée, la procédure de redressement
judiciaire peut prendre jusqu’à 10 ans avant de prendre fin. Dans le même sens, il explique
qu’ « aucune banque ne peut se vanter d’avoir récupéré le moindre dirham après le
déclenchement de la procédure de redressement judiciaire » .

La procédure de redressement judiciaire permet de sauvegarder l’entreprise et maintenir


l’activité, l’emploi et l’apurement du passif. Les organes majeurs de la procédure de
redressement judiciaire sont : le juge commissaire et le syndic.

Le juge commissaire est chargé du déroulement rapide de la procédure et de la protection des


intérêts présents. Or, la loi ne précise pas clairement le rôle joué par ce commissaire. Selon
l’article 590 de la loi, il paraîtrait que le tribunal est saisi directement sur la base du rapport du
syndic.

Le syndic mène les opérations de redressement et de liquidation en se basant sur le jugement


d’ouverture et de clôture de la procédure. C’est le seul à avoir la qualité d’agir au nom et dans
l’intérêt des créanciers. Pour ceci, le syndic est chargé de préparer un document complet
contenant la situation financière, économique et social de l’entreprise et présenter un projet de
règlement à la tribune pour décision.

70
Conclusion

Nous avons présenté, à travers ce chapitre, la réglementation internationale et plus


particulièrement la réglementation prudentielle nationale actuelle, et la nouvelle réforme
bâloise concernant le risque de crédit en analysant son contenu.

En effet, le comité de Bâle dans son nouvel accord préconise fortement l’utilisation des
notations internes, sous certaines conditions, afin de permettre une gestion moderne et
efficace des risques de crédit.

Le Maroc prévoit à cet effet d’adopter totalement dans un avenir très proche la nouvelle
réforme bâloise. Pour ce faire, la maitrise du processus d’élaboration des systèmes de notation
interne est un pré requis nécessaire car il permet d’assurer l’efficacité des estimations des
différents paramètres du risque de crédit et donc une meilleure gestion de ce dernier. Pour
cela, nous allons aborder dans le prochain chapitre les méthodes qui permettent d’évaluer le
risque de crédit, et les éléments fondamentaux à l’élaboration de ces méthodes.

71
Chapitre III : Les méthodes d’évaluation du risque de
crédit

La gestion des risques se développe aujourd’hui d’une façon vertigineuse dans l’univers
bancaire. Elle couvre toutes les techniques et les outils de mesure et contrôle de ces risques

Le risque crédit est le risque de pertes consécutives au défaut d’un emprunteur face à ses
obligations ou la détérioration de sa solidité financière. Afin de minimiser l’impact du risque
de crédit, de multiples méthodes concourent à son appréciation.

L’objectif de ce chapitre est de présenter toutes les méthodes d’appréciation et d’évaluation


du risque crédit, et de s’approfondir dans les méthodes d’évaluation de risque les plus utilisées
par les banques au Maroc dans la deuxième partie ( cas pratique ), il est subdivisé en quatre
sections, la première consiste à présenter la méthode empirique celle de l’analyse financière ,
la seconde présente les méthodes normatives, la troisième présente la méthode de la notation
et la quatrième partie consiste à monter et expliquer la méthodologie d’élaboration d’un
crédit scoring.

72
Section 1 : L’analyse financière
Toute pri !se de risque nécessite une connaissance approfondie de la qualité de la contrepartie
et de son environnement. Le processus de décision est initié par l’analyse des documents
comptables et financiers disponibles sur le débiteur étudié. Pour la réalisation de cette
évaluation, le banquier utilise un outil incontournable : l’analyse financière.

1. Définition de l’analyse financière


L’analyse financière peut être définie comme38 : « une démarche qui s’appuie sur l’examen
critique de l’information comptable et financière fournie par une entreprise à destination des
tiers, ayant pour but d’apprécier le plus objectivement possible sa performance financière et
économique (rentabilité, pertinence des choix de gestion,…), sa solvabilité (risque potentiel
qu’elle présente pour les tiers et capacité à faire face à ses engagements) et en fin son
patrimoine ».

L’objectif premier de l’analyse financière est d’établir un diagnostic financier de l’entreprise,


elle constitue une aide à la prise de décision. Elle permet d’améliorer la gestion de l’entreprise
d’effectuer des comparaisons avec d’autres entreprises du même secteur d’activité.

2. Démarche générique de l'analyse financière


Les normes professionnelles de l'analyse financière39, reprenant une norme d'usage relevant
d'une approche pragmatique, indiquent que la réalisation de l'analyse financière suit un
processus en 6 phases.

Les règles professionnelles 40 ont l'avantage d'avoir structuré, de manière normative, le


processus de l'analyse en une série d'étapes (implicitement appliquées auparavant par les
professionnels).

 La première étape est celle de la collecte de l'ensemble des informations utiles :


données financières sur la société mais également informations qualitatives sur son
métier et ses activités. Cette phase inclut la collecte d'informations sur les autres
acteurs du secteur et sur le contexte économique et réglementaire dans lequel opère
l'entreprise. Elle peut s'avérer lourde, coûteuse et suppose des compétences
particulières pour identifier les sources d'information propres à chaque société et
interpréter les données recueillies.

38
50 JEAN PIERE L, « Analyse financière », édition DALLOZ, Paris, 2001, P.1.
39
Essentiellement celles édictées et formalisées par le CFA.
40
Définissant un paradigme anglo-saxon en analyse financière.
73
 Ensuite, l'information doit être retraitée. L'analyse s'inscrit logiquement dans les
concepts et modèles développés en Finance. Ceux-ci relèvent d'une lecture originale
de la société, qui ne correspond pas à l'approche retenue par la comptabilité pour
élaborer l'information. Les données comptables doivent devenir financières et les
éléments qualitatifs doivent s'insérer dans le schéma d'analyse. Cette phase revient à
modifier l'information brute disponible. Les ajustements peuvent être importants selon
le référentiel de l'information comptable ; des normes établies par le CFA suggèrent
tous les retraitements à opérer. Cependant, dans le cas de l'analyse crédit, la norme
retenue est celle des agences de rating41 .

 À partir de l'information ajustée, intervient l'étape formelle de calcul. On applique aux


données financières un ensemble d'instruments d'analyse dans le but d'opérer une série
de mesures objectives et quantitatives. Parmi tous les instruments, il convient de
sélectionner les plus pertinents, significatifs et robustes. Selon ce que l'analyse cherche
à étudier et investiguer, il convient de choisir l'indicateur le plus approprié et le plus
apte à réaliser la mesure souhaitée. Les instruments retenus sont appliqués de manière
largement automatisée dans des tableurs, parfois avec des modèles formalisés propres
à l'utilisateur

 L'étape précédente fait apparaître des résultats, ils doivent être interprétés
rigoureusement. En recourant à un ensemble de techniques, les praticiens doivent être
capables de comprendre et qualifier la situation financière de la société. À ce stade,
une réelle valeur ajoutée est apportée à l'information. Il s'agit de « faire parler » les
résultats, en adoptant un raisonnement homogène. L'expertise et l'expérience sont
indispensables, tout comme une connaissance approfondie du secteur et des
entreprises qui le composent.

 Enfin, dans une étape quasi conclusive, on établit la synthèse de l'appréciation, en


qualifiant la situation financière globale de la société étudiée et on formule un
diagnostic. Celui-ci consiste à identifier les phénomènes financiers qui affectent la
société, et leurs causes. Bien sûr, le diagnostic est implicitement dichotomique : il
cherche prioritairement à distinguer les entreprises en bonne santé (pour lesquelles on
apprécie le potentiel d'accroissement) des entreprises en difficulté (pour lesquels les il
doit évaluer le risque de faillite et les moyens du redressement). Le diagnostic doit
clairement énoncer ce dont souffre l'entreprise 5 ou ce qui fait sa solidité, voire son
originalité.

41
Voir « Moody's Approach to Global Standard Adjustments in the Analysis of Financial Statements for Non-
Financia/ Corporations », Moody's, publ ication annuelle.
74
 L'ultime phase, s'inscrivant dans une autre dimension, est la recommandation. Elle doit
suggérer, inciter à l'action. Probablement plus subjective, cette dernière étape dépend
de l'angle d'analyse retenu. Elle « signe » l'analyse financière, en la concluant par des
prescriptions d'actions vis-à-vis de la société examinée.

SCHEMA 9 - SEQUENCE DE L'ANALYSE FINANCIERE

Source : Analyse Financière. Approche Internationale - CFA, op. cit.

75
3. Les sources d’information de l’analyse financière
Pour mener à bien l’analyse financière de l’entreprise, l’analyste doit connaître l’ensemble des
sources d’information dont il peut disposer, les comprendre, savoir les interpréter et les
exploiter.

2.1 L’information comptable


L’analyse financière s’effectue essentiellement à partir de l’information comptable et plus
particulièrement à l’aide des comptes annuels comprenant :

2.1.1 Le bilan
Le bilan est une synthèse des ressources de financement dont dispose l’entreprise à une date
donnée (passif) et des utilisations de ces ressources (actif). Celui-ci doit refléter le patrimoine
de l’entreprise et doit être certifié par un commissaire aux comptes afin, de s’assurer de
l’authenticité des informations qu’il comporte.

2.1.2 Le compte de résultat


C’est une synthèse des ressources obtenues (produits) et des coûts (charges) occasionnés par
l’activité de l’entreprise pour une période donnée et qui fait apparaître le résultat, qui est la
différence entre ces produits et ces charges. Le TCR doit refléter la gestion de l’activité de
l’entreprise.

2.1.3 Les documents annexes


Ce sont des compléments d’information chiffrés et non chiffrés utiles à la compréhension du
bilan et du compte de résultat.

2.2 L’information externe


Ces informations proviennent des organismes publics ou privés : ONS, des cabinets d’audit et
notamment par la consultation de la centrale des impayés, la centrale des risques et la centrale
des bilans de BANK AL MAGHREB.

4. Le diagnostic financier
Le diagnostic financier permet d’établir un bilan de santé de l’entreprise. Il se fait à travers
l’analyse de l’équilibre financier, l’analyse de l’activité, le calcul et l’interprétation des ratios.

76
3.1 L’équilibre financier
L’analyse de l’équilibre financier s’effectue par la détermination du bilan financier et le calcul
du fonds de roulement, du besoin en fonds de roulement et de la trésorerie.

3.1.1 Le passage du bilan comptable au bilan financier

Pour passer du bilan comptable au bilan financier, il est nécessaire d’effectuer les opérations
suivantes :

 Traitement des non-valeurs ;


 Réintégration des éléments hors-bilan ;
 Réévaluation de certains postes du bilan ;
 Reclassement et finalisation du bilan financier.

 Traitement des non-valeurs

Les non valeurs correspondent à des encours inscrits à l’actif du bilan en raison de la
réglementation comptable et fiscale ; mais en termes économiques et financiers ces éléments
sont dépourvus de toute liquidité (dans une optique de cession). Ce sont des actifs fictifs qui
ne peuvent donner lieu à une rentrée de fonds. Ne devant prendre en considération que les
encours dotés d’une certaine réalité économique et un aspect de liquidation ; il s’avère
nécessaire pour l’analyste d’éliminer les actifs fictifs de l’actif total. En contre partie de cette
élimination, il doit constater une diminution de la situation nette comptable pour un montant
égal.

 Réintégration des éléments hors-bilan

Il s’agit des éléments qui, du point de vue juridique, ne font pas partie du patrimoine de
l’entreprise. Les éléments concernés sont :

 Les effets escomptés non échus (EENE) ;


 Les immobilisations acquises en crédit bail.

 Réévaluation de certains postes du bilan

La valeur brute des actifs immobilisés est corrigée du montant des réévaluations afin de
retrouver leur valeur d’origine. Pour les ressources propres internes, il est aussi nécessaire de
soustraire les écarts et réserve de réévaluation.

77
 Reclassement et finalisation du bilan financier

Une fois les retraitements effectués, on peut procéder au reclassement du bilan en grandes
masses. Cette opération consiste à reclasser l’actif suivant l’ordre croissant de liquidité, c’est-
à-dire du moins liquide au plus liquide et le passif selon l’ordre croissant d’exigibilité, c’est-à-
dire en fonction de leur date d’échéance de paiement, du long terme au court terme.

Le tableau ci-dessous présente les grandes masses de ce bilan :

TABLEAU 10 : LE BILAN FINANCIER

SOURCE : LOTMANI N, « INTRODUCTION A L’ANALYSE FINANCIERE », EDITION


ENSEIGNEMENT , ALGER 2008 P61.

3.1.2 L’analyse de la structure financière


Après avoir établi le bilan financier, il convient de procéder au calcul des agrégats permettant
d’apprécier l’équilibre de la structure financière de l’entreprise. Ces agrégats sont :

 Le fonds de roulement (FR)

Le fonds de roulement représente l’excédent des ressources permanentes sur les emplois
permanents de l’entreprise ou encore l’excèdent qui finance une partie des besoins de
financement du cycle d’exploitation.

78
 Un FR positif signifie que l’entreprise, en plus de financer entièrement ses
immobilisations, dégage un excédent de capitaux à long terme dessiné à financer son
activité à courante.
 Un FR négatif exprime un déséquilibre dans la structure de financement de l’actif. En
effet, les capitaux permanents ne suffisent pas à financer les immobilisations, donc
l’entreprise se trouve obliger de financer la partie manquante par des ressources à
court terme.
 Un fonds de roulement nul signifie que la solvabilité à court terme est assurée puisque
les dettes à court terme arrivent à couvrir l’actif circulant.

 Le besoin en fonds de roulement (BFR)

Le besoin en fonds de roulement est lié au problème de couverture du besoin de financement


de l’exploitation. Il mesure l’écart entre les emplois cycliques (stocks et créances) et les
ressources cycliques (dettes fournisseurs). C’est donc un besoin permanent qu’il faut financer
par le fonds de roulement. Il se calcule comme suit :

 Si BFR est positif, l’entreprise n’arrive pas à couvrir ses besoins cycliques par des
ressources cycliques. Un besoin de financement du cycle d’exploitation est ressenti.
C’est le genre de situation que l’on trouve dans les grandes entreprises industrielles
ayant de gros stocks ou des entreprises évoluant dans un secteur fortement
concurrentiel les obligeant à accorder de longs délais de paiements.

 Si le BFR est négatif cette entreprise dispose alors de peu de stocks et/ou se fait régler
au comptant tout en obtenant des crédits fournisseurs. Exemple : Les grandes surfaces
se font payer comptant, ont des stocks qui tournent vite, tout en obtenant des crédits
fournisseurs. Cette situation est celle qui doit être recherchée par l’entreprise.

 La trésorerie nette (TN)

79
« La trésorerie d’une entreprise représente la différence entre les actifs et les dettes dont la
liquidité et l’exigibilité sont immédiates »42. Autrement dit, c’est le montant des disponibilités
ou valeurs facilement mobilisables que possède l’entreprise de manière à faire face sans
difficulté à ses dettes au fur et à mesure de leur exigibilité. Elle se calcule comme suit :

 Une trésorerie positive signifie que l’entreprise arrive à financer son exploitation avec
ses ressources stables et dégage un excédent. A priori, on peut dire que l’entreprise est
solvable, mais une trésorerie excédentaire inemployée peut être un indicateur de
mauvaise gestion.
 Une trésorerie négative signifie que l’entreprise ne peut financer l’intégralité de son
BFR par elle-même, ce qui la rend dépendante des ressources de trésorerie (recours
aux concours bancaires).
 Une trésorerie nulle, situation quasiment impossible en pratique, dénote une gestion
optimale des ressources de l’entreprise, à savoir une indépendance vis-à-vis des tiers et
une inexistence de liquidité inemployée.

3.2 L’analyse de l’activité

Tout comme le bilan, le TCR fera l’objet de retraitement dans le but de permettre une
évaluation de l’activité de l’entreprise, basée sur les chiffres correspondant à la réalité de
celle-ci. Ainsi cette étape constitue un préalable à l’appréciation des soldes intermédiaires de
gestion (SIG).

Les principaux retraitements concernent l’annuité du crédit bail et les charges du personnel
intérimaire.

3.2.1 Les soldes intermédiaires de gestion (SIG)

Après avoir effectué le retraitement du TCR, on procèdera au calcul des soldes intermédiaires
de gestion, soldes qui nous permettent d’apprécier l’activité de l’entreprise43 .

A Le chiffre d’affaires (CA)

C’est le montant des affaires réalisées avec les tiers dans l’exercice de l’activité
professionnelle de l’entreprise. Celui-ci peut être calculé de la manière suivante :

Chiffre d’affaires = Vente de marchandises + Production vendue

42
S.BALLADA, J-C.COILLE, «Outils et mécanismes de gestion financière », éd. MAXIMIA, Paris, 2000,
P124.
43
DE LA BRUSLERIE Hubert « analyse financière », édition DUNOD, paris 2010, P165.
80
B La marge commerciale

La marge commerciale n’a de sens que pour les entreprises qui ont une activité commerciale
de distribution de produits revendus en l’état. Cette activité peut être la seule exercée par
l’entreprise (cas des entreprises de négoce pur). Elle concerne aussi les entreprises mixtes qui
ont à la fois une activité industrielle et commerciale.

Marge commerciale = Ventes de marchandises - Coût d’achat des d’achat des


marchandises vendues

Le coût d’achat des marchandises vendues s’obtient lui-même à partir des achats de
marchandises corrigés des variations de stock de marchandises.

Coût d’achat des marchandises vendues = Achats de marchandises +/– Variation de


stock de marchandises

C La production de l’exercice

La production de l’exercice fait référence directement à l’activité de transformation


industrielle et/ou de prestation de services de l’entreprise. Elle ne prend pas en compte les
subventions d’exploitation, ni les diverses redevances perçues qui apparaissent dans les autres
produits de gestion courante.

Production de l’exercice = Production vendue +Production stockée + Production


immobilisée

D La valeur ajoutée

La valeur ajoutée produite (VA) exprime la capacité de l’entreprise à créer des richesses dans
ses activités économiques. Elle est mesurée par la différence entre la production et les
consommations de biens et de services en provenance de tiers. Ces consommations sont des
destructions de richesses qu’il faut imputer, dans le cadre d’un processus de transformation,
sur la production de l’exercice et sur la marge commerciale.

Valeur ajoutée = Marge commerciale + Production de l'exercice + Prestations fournies -


Matières et fournitures consommées – Services

E L’excédent brut d’exploitation

L’excédent brut d’exploitation, ou EBE, est un solde particulier qui représente le surplus créé
par l’exploitation de l’entreprise après rémunération du facteur de production travail et des
impôts liés à la production.
EBE = Valeur ajoutée + Subventions d’exploitation - Charges de personnel - Impôts et
taxes
81
F Le résultat d’exploitation (ou résultat opérationnel)

Le résultat d’exploitation mesure l’enrichissement brut de l’entreprise en tenant compte de


l’usure et de la dépréciation du capital économique. Ce solde est donc marqué par les choix
effectués et les contraintes liées à l’amortissement comptable. Il apparaît comme la rentabilité
brute de l’outil économique qu’est l’entreprise dans le déroulement de son exploitation. Tout
comme l’EBE, le résultat d’exploitation est une mesure de la performance économique de
l’entreprise.

Résultat d’exploitation = EBE– Dotation aux amortissements et provision + Reprise sur


provision et transfert de charges+ Autres produits d’exploitation – Autres charges
d’exploitation

G Le résultat financier

Le résultat financier mesure le résultat de l’action et de l’intervention de la fonction


financière qui est responsable de la gestion financière de financement et des placements.il est
égal à :

Le résultat financier = produits financiers – charges financières

H Le résultat courant avant impôt

Le résultat courant avant impôt mesure la performance des activités d’exploitation et


financière de l’entreprise. Il est calculé comme suit :

Le résultat courant avant impôt = résultat opérationnel + résultat financier

I Le résultat exceptionnel

Il regroupe les éléments ne correspondant pas à l’activité courante de l’entreprise en raison de


leur caractère inhabituel, irrégulier et anormal. Il est égal à :

Le résultat exceptionnel = produits exceptionnels – charges exceptionnels

J Le résultat net de l’exercice

Le résultat net de l’exercice représente ce qui reste à la disposition de l’entreprise après avoir
effectuée les opérations de répartition : participation des salariés, impôt sur les bénéfices. Il
s’obtient de la manière suivante :

82
Résultat net de l’exercice = le résultat courant avant impôt +/- Résultat exceptionnel -
participation des salariés - Impôt sur les bénéfices

K La capacité d’autofinancement (CAF)

La capacité d’autofinancement représente l’ensemble des ressources de financement internes


dégagées par l’activité de l’entreprise durant l’exercice et dont elle pourrait se servir pour
assurer les besoins financiers inhérents à son développement et à sa pérennité. Elle mesure la
capacité de développement de l’entreprise, son degré d’indépendance financière et donc son
potentiel d’endettement.

Elle peut être calculée selon deux méthodes :

 Méthode additive : La capacité d’autofinancement s’opère à partir du résultat net de


l’exercice :

CAF = Résultat net + Dotations aux amortissements et provisions + Valeur nette comptable
des éléments d’actifs cédés (VNCEAC) – Reprise sur Amortissements et provisions – Plus
value de cession d’immobilisations – quote-part des subventions d’investissement virées au
compte de résultat.

 Méthode soustractive Cette méthode explique la formation de la CAF à partir de


l’excédent brut d’exploitation (EBE) :

CAF= EBE + produits financiers + autres produits divers + transferts de charges


d’exploitation – charges diverses – charges financières + produits hors exploitation –
charges hors exploitation – IBS –plus value de cession d’investissement.

3.2.2 L’appréciation par les ratios


A Définition du ratio

« C’est un rapport entre deux grandeurs significatives (masse du bilan, du compte de résultat,
indicateurs de gestion…) ayant pour objectif de fournir des informations utiles et
complémentaires aux données utilisées pour son calcul. Les ratios sont des outils de mesure et
de contrôle de l’évolution dans le temps et dans l’espace d’un phénomène étudié en analyse
financière44 ».

44
GRAND DU GUILLOT B et F, « Analyse financière : les outils du diagnostic financier », ed. GUALINO,
Paris, 2002, P137.
83
2.2 L’Objectif de Bâle II

Les objectifs fondamentaux poursuivis par le comité demeurent inchangés : continuer à


accroître la solidité et la stabilité du système bancaire international et maintenir l’égalité des
conditions de concurrences entre les banques internationales .Pour mieux réaliser ces objectifs
Bâle II va introduire de nouvelle approches destinées à 36:

 Lier plus étroitement le niveau des fonds propres réglementaire au profil de risques
spécifique de chaque banque ;
 Inciter les banques à développer des systèmes internes de mesure des risques ;
 Renforcer le rôle des autorités de supervision (pilier 2) et celui des marchés (plier 3) ;
-Appréhender l’ensemble des risques soit par une exigence de fonds propres (tel le
risque opérationnel) soit par le processus de surveillances prudentielle (tel le risque de
taux d’intérêt sur le portefeuille bancaire).

2.3 L’impact de Bâle II


Plusieurs études quantitatives ont été menées pour calibrer les fonctions de pondérations et
ainsi atteindre l’objectif fondamental clairement affiché par le comité qui est de maintenir
globalement le niveau actuel des fonds propres de l’ensemble des banques. Plusieurs
constatations ressortent de ces études pour l’évaluation de l’exigence de fonds propres des
banques européennes37 :

 l’exigence de fonds propres sera réduite globalement de 5% par rapport au niveau


actuel ;

 les petites banques domestiques adoptant l’approche standard verront leur exigence
de fonds propres diminuer légèrement ;

 les grandes banques internationales adoptant des approches plus avancées verront leur
exigence de fonds propres globalement inchangée ;

 les banques spécialisées et sophistiquées adoptant les approches avancées verront leur
exigence de fonds propres diminuer substantiellement ;

 la principale réduction de l’exigence de fonds propres ira aux portefeuilles de la


banque de détail.

36
Idem, P 15.
37
SARDI A, Op. cit, PP 18-19.
61
2.4 Les limites de Bale II

Bâle II est essentiellement une norme de fonds propres minimale. Il ne traite pas tous les
risques (liquidité par exemple). Des insuffisances et des défauts ont été identifiés dans la
réglementation « Bâle II ».

En premier lieu, du fait même de sa sensibilité au risque, elle est apparue pro cyclique. En
effet, en période d'euphorie financière, les risques pondérés diminuent (car basés sur
l’historique des pertes), les banques ont besoin de moins de fonds propres et se suffisent de
détenir le minimum de fonds exigé par le régulateur. Quand la situation se détériore, elles
doivent augmenter leurs fonds propres pour respecter les exigences de solvabilité, avec des
fonds devenus plus rares et plus chers, contribuant ainsi à précipiter les banques dans un état «
d'asphyxie financière » et à réduire l'offre de crédit (phénomène de credit Crunch), ce qui
accentue la récession économique.

En second lieu, il y a eu une sous-pondération dans le calcul du ratio des risques de marché ou
des produits les plus complexes et donc risqués (en particulier de titrisation et de retitrisation).
Les banques ont ainsi échoué à apprécier correctement les risques qu'elles prenaient. Par
conséquent, leur niveau de fonds propres s'est retrouvé en inadéquation avec la réalité des
risques encourus. Il est aussi important de souligner les problèmes d’évaluation comptable du
« hors bilan » : la taille parfois très importante des produits dérivés en hors bilan a rendu
difficile l'analyse des risques correspondants. De surcroît, il est manifeste que le passage à
Bâle II en 2008 a permis aux banques européennes de réduire leurs exigences de fonds
propres, en utilisant l’approche interne.

Il est donc nécessaire d’améliorer Bâle II, mais le concept fondamental d’un niveau de fonds
propres fonction du niveau de risques ne doit pas être remis en question.

62
3. Les réformes de Bâle III : de nouvelles règles, un nouvel état
d’esprit
Cette réglementation, publiée en 2010, a pour mission de s’installer comme étant un repère
international tandis que plusieurs pays ne l’appliquent pas encore. L’adaptation de ce cadre
aux réformes gouvernementales est primordiale dans le sens où chaque pays doit mettre en
place les mesures qui correspondent à sa situation. De plus, les établissements financiers
doivent prouver une solidité plus importante en modifiant leurs normes. Cet accord est donc
une étape loin d’être finie en raison de l’ampleur des crises. L’anticipation de ces échéances
se fait par les banques à travers des stratégies de cessions d’actifs ce qui va mener à un
changement du modèle des banques. Les conséquences de la crise des Subprimes ont poussé à
revoir les règles de base du système financier. Les accords de Bâle III viennent donc pour
assurer la solidité financière en proposant d’augmenter la qualité des fonds propres (8% à
partir de 2015) avec des fonds propres Tiers One à 4.5% dès 2013. Le ratio de fonds propres
sur engagement va passer de 8% en 2015 à 10.5% en 2019.

SCHEMA 7 : BALE III ET LE RENFORCEMENT DE LA QUANTITE DES FONDS PROPRES

 2013 : Fonds propres à 8% des engagements dont 4.5% de Tiers One


 2014 : Fonds propres à 8% des engagements dont 5.5% de Tiers One
 2015 : Fonds propres à 8% des engagements dont 6% de Tiers One
 2016 : Fonds propres à 8.625% des engagements dont 6% de Tiers One
 2017 : Fonds propres à 9.25% des engagements dont 6% de Tiers One
 2018 : Fonds propres à 9.875% des engagements dont 6% de Tiers One

63
Poids de l'endettement Il mesure le poids de l’endettement de
Charges d’intérêts / EBE l’entreprise

Partage la VA (personnel) Il mesure la part de richesse qui sert à


rémunérer le travail des salaries.
Frais personnel / VA

Rémunération de l'Etat Il mesure la part que prend l’Etat de la VA.

Impôts et taxes / VA

Rotation des stocks (entreprise commerciale) Il mesure la durée d’écoulement des stocks.une
(stock moyen de marchandises /coût d’achat augmentation de cette duré entraîne une
des marchandises vendues)*360 augmentation du BFR.

Il mesure la durée d’écoulement des stocks.une


Rotation des stocks (entreprise industrielle)
augmentation de cette duré entraîne une
(stock moyen matières premières *360)/coût augmentation du BFR.
d’achat matières premières consommées
(stock moyen produits finis *360) / coût de
production des produits finis vendus

Durée moyenne du crédit clients Il mesure la durée moyenne en jours du crédit


consenti par l’entreprise à ses clients.
(clients et créances rattachées/Chiffre
d’affaires TTC) *360

87
Durée moyenne du crédit fournisseurs Il mesure la durée moyenne en jours du crédit
obtenu par l’entreprise de ses fournisseurs. Il
(fournisseurs et comptes rattachés /achats doit être supérieur au ratio du crédit clients.
de biens et services TTC)*360

Evolution FR Il mesure la marge de sécurité financière en


nombre de jours de CA.
(FR / CA)*360

Evolution BFR Il mesure l’importance du BFR en nombre de


jours de CA.
(BFR /CA)*360

SOURCE : LOTMANI N, « INTRODUCTION A L ’ ANALYSE FINANCIERE », EDITION


ENSEIGNEMENT , ALGER 2008 P74

 Synthèse des outils d'analyse du risque en analyse financière

On le voit, une instrumentation riche et relativement efficace est disponible pour l'étude du
risque en analyse financière fondamentale. Ces indicateurs permettent l'examen des
différentes composantes ou perception du risque

. Cependant, ils posent de réelles difficultés d'appréciation et d'interprétation. Si souvent,


intuitivement, on perçoit les valeurs des indicateurs qui pourraient s'assimiler à un risque fort,
on ne sait pas précisément à partir de quel seuil considérer que le risque devient fort. Si ces
outils ont d'incontestables avantages qui leur donnent un rôle majeur pour le diagnostic
financier, ils sont assortis d'une forte difficulté de « calibrage ». Ils sont plus générateurs d'un
ressenti, d'une impression, sur le risque que d'une vraie mesure quantifiée du risque de crédit.
On perçoit de manière empirique et intuitive « qu'il y a ou non du risque », mais on n'apprécie
pas précisément son ampleur ! Paradoxalement, ces approches quantitatives renvoient à une
interprétation subjective et qualitative.

88
TABLEAU 15 - OUTILS D'ANALYSE FINANCIERE CONCERNANT LE RISQUE

3.3 Les principales limites et conséquences du diagnostic financier

Le diagnostic financier présente plusieurs limites pour une banque, ces limites sont liées
essentiellement à la construction du bilan financier et à la non maîtrise des postes à risque.
Pour construire un bilan financier, les banques ne tiennent pas en compte que quelques
retraitements économiques. Parmi ces retraitements, nous citons par exemple les provisions
pour risque et charges, les provisions réglementées, les subventions d’investissements, les
comptes courants d’associés, les écarts de conversion actif, les plus ou moins values sur actifs,
etc. Le diagnostic financier qui ne prend pas en considération ces retraitements ne permet pas
d’affiner davantage la gestion du risque crédit. Toutefois, la prise en compte de ces
retraitements engendre des coûts importants supplémentaires que les banques doivent
supporter. Egalement, les comptes de l’entreprise sont souvent aménagés pour donner une
image plus flatteuse que la réalité. Les postes que la banque doit maîtriser sont
essentiellement : les frais de recherche & développement, la production immobilisée, les
stocks (qui peuvent fictifs), les plus values exceptionnelles, les dettes sur comptes courants
des actionnaires, etc.

En plus de ces deux grandes catégories de limites techniques, le diagnostic financier nécessite
pour une banque beaucoup de temps et un personnel qualifié, ce qui entraîne une
augmentation des coûts. Ces limites conduisent généralement à des conséquences néfastes.
Malheureusement, l’inexistence de publications spécifiques aux indicateurs de risque crédit
propres aux entreprises nous a poussé à faire appel aux conséquences globales de la gestion
classique du risque crédit.

Le traitement par l’analyse financière à court terme, telle qu’elle est pratiquée par les banques,
est une méthode classique d’appréhension du risque de crédit. La lenteur et la longueur de sa
réalisation et son caractère subjectif constituent des inconvénients majeurs affectant ses
résultats.

La prochaine section nous présenterons une méthode basée sur des fondements normatifs et
qui permet d’évaluer rapidement le risque du crédit.

89
Section 2 : les méthodes normatives

Ces approches empiriques invitent à considérer le risque en utilisant plusieurs critères, étudiés
au regard d'une norme (parfois intuitive, souvent subjective) établie et figée, fixée a priori. Le
risque est évalué par rapport à cette norme : plus l'entreprise s'en écarte négativement, plus le
risque de crédit est réputé élevé.

Elles s'inscrivent, au sens large, dans le champ des systèmes experts qui traitent à la fois des
données quantitatives et qualitatives. Leur but est de reproduire des règles d'appréciation
préétablies pour mesurer le risque de crédit. Ces règles, « à dire d'expert », constituant une
norme, sont établies empiriquement en figeant les critères et les modalités que des « experts »
postulent comme caractérisant le risque. Ces règles, auxquels les on affecte des pondérations,
permettent souvent d'attribuer une note de synthèse du risque. La méthode fige ainsi une
vision subjective du risque issue de l'expertise, normative ou issue d'un apprentissage au fil du
temps47, de l'institution qui l'élabore.

La construction de ce cadre normatif se fait par étapes :

 la stipulation de l'expertise : les spécialistes48 (réputés experts) expriment leur vision


du risque : critères, modalités, cas, exceptions, règles implicites ou explicites, valeurs
quantitatives, etc. ;
 la validation : ces éléments doivent être validés objectivement pour montrer qu'ils
sont significatifs en termes de risque ;
 la formalisation : transformation des affirmations des experts en un jeu de règles, dans
une démarche synthétique, qui sélectionne les critères retenus, organise leur logique et
aboutit parfois au calcul d'une note de synthèse ;
 le choix d'une méthodologie de traitement : parmi les différentes techniques
envisageables, on sélectionne celle dont l'aptitude à figer aux mieux les règles est la
plus forte. Elle remplit une fonction de support ;
 le test de la méthode : via une application sur des échantillons d'entreprises
défaillantes et d'entreprises en bonne santé.

Globalement, ces systèmes normatifs sont construits à partir d'une vision a priori du risque,
souvent issue de l'expérience, mais aussi parfois à partir de la traduction en critères d'une
vision théorique de ce qu'est le risque et des éléments qui en permettent l'appréciation.
Reproduisant un mode de raisonnement, ils traduisent la vision du risque de l'institution qui
les met en œuvre. Ils offrent l'avantage de mixer des données de plusieurs types, parfois liées
par des relations complexes.

47
Savoir-faire des experts d'analyse du risque.
48
. Qu'il s'agisse d'un groupe de praticiens chevronnés ou d'un spécialiste unique, tous réputés experts - c'est-à-
dire aptes à distinguer les entreprises à risque de celles en bonne santé (dotés du « sens du risque ») - et
présentant une certaine expérience (en nombre de « dossiers » notés dans leur carrière).
90
1. Les méthodes de dépouillement
Ces approches empiriques proposent d'apprécier le risque en balayant une série de critères
subjectivement prédéterminés, selon une logique de « constat » d'un phénomène. Elles
supposent de disposer d'informations pertinentes et permettent, parfois avec subjectivité,
d'associer dans l'analyse des informations quantitatives et qualitatives.

Ce sont donc des formes de check-lists qui proposent d'apprécier le risque selon la situation
de l'entreprise étudiée au regard des différents critères retenus. Très peu formelles, elles
suggèrent une liste d'éléments à observer mais sans fournir une méthode d'interprétation. C'est
à l'analyste qu'il revient, après examen des données prescrites, de se forger une opinion
subjective et d'apprécier le risque présenté.

1.1 La méthode des « 5 C »


Cette méthode, très ancienne, invite !'Analyste Crédit à mener des investigations afin d'avoir
une opinion relative à 5 grandes composantes permettant d'apprécier le risque.

Elle est largement fondée sur des données financières, et correspond à une analyse de type
bancaire, tout en complétant les informations comptables de données qualitatives ou
quantitatives additionnelles. Elle procède à un assemblage implicite entre informations hard et
soft.

 Capacity

C'est l'étude de la capacité à respecter l'engagement de crédit au regard de la situation


financière de l'emprunteur. On compare l es dettes (et leur service prévu) aux résultats de la
société et on examine l'aptitude de l'emprunteur à assurer le service de la dette avec les cash
flows futurs.

 Character

Il s'agit de la réputation de l'entreprise, tant sur le marché en général qu'auprès de ses


créanciers, aptes à interpréter l'historique de paiement (track record). On fait référence à
l'intégrité de l'emprunteur et à son intention de rembourser ou non et de faire d'éventuels
efforts en cas de difficultés.

Capital : On examine à la fois la structure financière de la société et l'importance des fonds


apportés par les actionnaires (Equity), mais aussi l'éventuelle capacité de ces derniers à
réaliser un apport complémentaire pour financer le projet à l'origine de la recherche de
financement ou en cas de crise financière. Dans une logique européenne, on mesure le Fonds
de Roulement.

 Collateral

Il s'agit de l'étude des actifs sous-jacents pouvant potentiellement sécuriser le crédit.


L'analyse du portefeuille d'actifs permet d'identifier les immobilisations que le créancier
pourrait éventuellement prendre en garantie.

91
 Conditions

On considère les conditions (de marché et commerciales) applicables à cet emprunteur.


Autrement dit, il s'agit d'apprécier si les conditions (taux, maturité, mode de remboursement)
applicables ou envisageables ne génèrent pas un risque trop élevé et si elles sont de nature à
permettre au créancier de dégager une juste rémunération du risque de crédit supporté.

1.2 La méthode LAPP


Dans le même esprit, la méthode LAPP invite à étudier quatre grands critères, en examinant
en détail quelques ratios et paramètres organisés autour de 4 grands thèmes. Elle est
davantage centrée sur des données financières et inclut une forme d'analyse financière
basique.

 Liquidity

Étude du ratio de liquidité générale (current ratio) ou réduite (acid ratio).

 Activity

Examen des ratios de croissance des ventes, de rotation des actifs et du poids du Working
Capital.

 Profitability

On étudie la profitabilité, c'est-à-dire les marges dégagées par l'entreprise.

 Potential

Le critère est qualitatif et plus ouvert ; il fait référence à la fois au potentiel de l'entreprise en
termes de marché, stratégie et management et en termes d'actifs pouvant jouer le rôle de
garantie explicite ou implicite à l'opération de crédit. On considère ainsi que l'analyste sera à
même d'apprécier le risque au terme de l'étude de ces quatre thèmes.

1.3 Les grilles de diagnostic


Dans le prolongement des méthodes précédentes, les grilles de diagnostic, tout en restant
empiriques dans leur interprétation, figent de manière subjective et déterministe un nombre
précis de critères à étudier. Souvent, ces critères sont de plusieurs origines : financiers (bruts
ou calculés) et qualitatifs.

 Les grilles d'analyse stratégique

La stratégie est une discipline qui couvre deux volets principaux. Le diagnostic stratégique a
pour but de qualifier la position (situation stratégique) d'une entreprise. L'orientation
stratégique vise, quant à elle, à optimiser les choix de développement et de gestion d'une
firme afin de l'orienter dans un sens qui permette la maximisation de ses performances.
92
1.2 Le coefficient maximum de division des risques

Ce coefficient est régi par l'arrêté du Ministre des Finances n° 174-97 du 22 janvier 1997, tel
que complété par l'arrêté n° 1435-00 du 6 octobre 2000, dont les modalités d'application sont
fixées par la circulaire de Bank Al-Maghreb n° 3/G/2001 du 15 janvier 2001. Selon les
dispositions de l’arrêté, les établissements de crédit doivent respecter, un rapport plafond de
20% entre d’une part, le total des risques encourus sur un même bénéficiaire, autre que l’Etat,
affectés de taux de pondération en fonction de leur degré de risque et d’autre part, leurs fonds
propres .

Ce coefficient facilite la limite des risques encourus par la banque sur un client ou des
sociétés faisant parties au même groupe d’intérêt. C’est un moyen d’harmonisation de
l’importance des crédits distribués à la clientèle par rapport à l’importance de tout
établissement bancaire. Pour ceci une déclaration trimestrielle des risques encourus (sur un
même bénéficiaire et dont le montant est égal ou supérieur à 5%) par les établissements de
crédit à Bank El-Marghib est exigée. Lors de la transgression des règles, plusieurs sanctions
pécuniaires et disciplinaires sont appliquées aux établissements.

68
2. La méthode des valeurs normatives de ratios 51
De logique empirique, cette approche consiste à retenir une série de ratios considérés
pertinents et à leur associer une va leur seuil, une norme. Pour chaque ratio, on analyse la
valeur pour la société au regard de la valeur normative. L'absence d'indicateur de synthèse est
parfois compensée par un schéma illustratif.

Les ratios retenus sont sélection nés parmi ceux qui ont intuitivement une aptitude à apprécier
le risque et ceux qui l'ont montrée statistiquement. La principale difficulté, déterminante pour
l'efficacité du modèle, est relative à la fixation de la valeur du seuil. Il peut s'agir d'une norme
:

 naturelle (mécanique) liée à la construction du ratio, comme par rapport à un ratio


d'équilibre financier qui indique directement si oui ou non il y a équilibre, par
exemple le ratio de Fonds de Roulement ;
 économique : si un indicateur est comparé à une variable externe, objective, de
référence, par exemple la croissance des revenus relativisée à la croissance générale ;
 subjective : il peut s'agir d'une valeur fixée, « affirmée », a priori, « à dire d'experts »,
considérant que cette valeur souvent intuitive sépare les entreprises qui sont risquées
et celles qui ne le sont pas. Il s'agit par exemple des ratios prudentiels des banques
commerciales.

En cas d'usage d'une norme naturelle, le ratio est traité en brut. Par exemple, le ratio de
liquidité générale mesure directement le risque : plus il est élevé, moins le risque est élevé. La
norme implicite est, par construction, égale à 1.

Pour les normes économiques ou subjectives, le ratio calculé est comparé à la valeur seuil.
Pour accroître la l lisibilité, on procède à un ajustement. En effet, souvent, le ratio est divisé
par la valeur normative et, ai nsi ajusté, s'interprète par rapport à un seuil égal à 1.

À titre d'exemple, on peut citer les normes suivantes :

Ratio de FR Au moins 1,2

Ratio de Liquidité Générale Au moins 1

Capacité de Remboursement 5 à 7 maximum

Frais Financiers (% EBITDA) 33 % maximum

Structure Financière (D/FP) 1,3 maximum

51
Ou méthode des Ratios Normatifs
94
Il est fréquent que les approches par les valeurs normatives de ratios incluent une présentation
graphique afin de visualiser le niveau de risque mesuré. Dans ce cas, tous les indicateurs sont
ramenés à une valeur seuil de 1, en rapportant la valeur obtenue pour chaque ratio d'une
société à la va leur normative retenue. Il est impératif de tenir compte du sens de
l'interprétation (risque élevé ou faible selon que le résultat est supérieur ou inférieur à 1). Il est
alors nécessaire d'harmoniser l'interprétation des ratios (la rendre homogène) en i imposant
une norme par rapport à 1. Par exemple, plus le ratio est supérieur à 1, moins le risque est
élevé ; en conséquence, plus il approche de 0, plus le risque est élevé.

 Illustration graphique linéaire : histogramme

Il s'agit d'une présentation du niveau de risque d'une entreprise sous forme d'histogramme à
plusieurs composantes, chacune correspondant à un ratio. L'axe médian représente chaque
ratio étalonné sur une norme égale à une valeur de 1 et chaque va leur (ratio de la
société/norme choisie) est positionnée dans le graphe.

SCHEMA 10 - HISTOGRAMME DE RATIOS NORMATIFS

95
 Polygone de sustentation

Il s'agit d'un graphique polygone convexe obtenu en joignant différents points, illustrant, sous
forme de vecteurs, ici le risque de l'entreprise étudiée. Chaque ratio (thème) est représenté par
un axe dessinant un diagramme à forte valeur ajoutée visuelle. L'approche multicritère est
commode car elle permet une appréciation optique de la surface globale et du degré de
régularité du périmètre.

SCHEMA 11 - POLYGONE DE SUSTENTATION

Soit, ici, une analyse menée en utilisant 6 ratios, numérotés Rl à R6.


L'outil graphique permet une lecture synthétique rapide du risque.

3. La méthode des credit men


Cette approche, ancienne, a vu le jour avec les credit managers américains qui ont proposé,
via leur association professionnel le, cette méthode d'évaluation du risque pour leurs clients.
Elle est considérée comme l'une des premières méthodes de mesure du risque associant des
critères financiers et qualitatifs.

Il s'agit de « noter » une entreprise au regard d'une « firme type en bonne santé non
susceptible de faire faillite », en considérant trois facteurs pondérés de manière empirique très
subjective :

 Personnel de la société 40 %

 Contexte économique 20 %

 Situation financière 40 %

96
La « note » finale s'exprime par rapport à 100 avec la logique suivante : plus elle est élevée et
proche de 100, moins l'entreprise est risquée ; et plus cette note est faible et proche de 0, plus
le risque de crédit est élevé.

L'appréciation des facteurs « Personnel » (sur 40) et « Contexte économique » (sur 20) est
subjective.

La situation financière est mesurée par une note intermédiaire (F) calculée sur 100, puis
pondérée à 40 %. E l le est obtenue en traitant 5 ratios financiers (eux-mêmes considérés au
regard d'une situation type) pondérés de la manière suivante :

F = 25 X Rl + 25 X R2 + 20 X R3 + 20 X R4 + 10 X R5

Chaque indicateur Ri a une valeur seuil égale à 1 : on rapporte la valeur du ratio de la société
à une valeur normative du ratio pour une entreprise type en bonne santé financière. Les ratios
sont les suivants :

Rl : ratio de trésorerie (liquidité générale)

R2 : ratio de solvabilité (structure financière)

R3 : rotation des créances clients

R4 : rotation des stocks RS : ratio de fonds de roulement propre

La note F se positionne par rapport à 100, si :

F = 100, l'entreprise n'est pas risquée et correspond à une entreprise type non risquée ;

F > 100, la société est peu risquée et d'autant moins risquée que F est élevé (la situation
est meilleure que la firme type) ;

F < 100, la société est risquée et d'autant plus risquée que F est faible et s'approche de 0
(la situation est moins bonne que la firme type non risquée).

Cette méthode ancienne a suscité, en réaction et dans son sillage, la création d'un ensemble
d'autres méthodes empiriques.

97
Chapitre III : Les méthodes d’évaluation du risque de
crédit

La gestion des risques se développe aujourd’hui d’une façon vertigineuse dans l’univers
bancaire. Elle couvre toutes les techniques et les outils de mesure et contrôle de ces risques

Le risque crédit est le risque de pertes consécutives au défaut d’un emprunteur face à ses
obligations ou la détérioration de sa solidité financière. Afin de minimiser l’impact du risque
de crédit, de multiples méthodes concourent à son appréciation.

L’objectif de ce chapitre est de présenter toutes les méthodes d’appréciation et d’évaluation


du risque crédit, et de s’approfondir dans les méthodes d’évaluation de risque les plus utilisées
par les banques au Maroc dans la deuxième partie ( cas pratique ), il est subdivisé en quatre
sections, la première consiste à présenter la méthode empirique celle de l’analyse financière ,
la seconde présente les méthodes normatives, la troisième présente la méthode de la notation
et la quatrième partie consiste à monter et expliquer la méthodologie d’élaboration d’un
crédit scoring.

72
Section 1 : L’analyse financière
Toute pri !se de risque nécessite une connaissance approfondie de la qualité de la contrepartie
et de son environnement. Le processus de décision est initié par l’analyse des documents
comptables et financiers disponibles sur le débiteur étudié. Pour la réalisation de cette
évaluation, le banquier utilise un outil incontournable : l’analyse financière.

1. Définition de l’analyse financière


L’analyse financière peut être définie comme38 : « une démarche qui s’appuie sur l’examen
critique de l’information comptable et financière fournie par une entreprise à destination des
tiers, ayant pour but d’apprécier le plus objectivement possible sa performance financière et
économique (rentabilité, pertinence des choix de gestion,…), sa solvabilité (risque potentiel
qu’elle présente pour les tiers et capacité à faire face à ses engagements) et en fin son
patrimoine ».

L’objectif premier de l’analyse financière est d’établir un diagnostic financier de l’entreprise,


elle constitue une aide à la prise de décision. Elle permet d’améliorer la gestion de l’entreprise
d’effectuer des comparaisons avec d’autres entreprises du même secteur d’activité.

2. Démarche générique de l'analyse financière


Les normes professionnelles de l'analyse financière39, reprenant une norme d'usage relevant
d'une approche pragmatique, indiquent que la réalisation de l'analyse financière suit un
processus en 6 phases.

Les règles professionnelles 40 ont l'avantage d'avoir structuré, de manière normative, le


processus de l'analyse en une série d'étapes (implicitement appliquées auparavant par les
professionnels).

 La première étape est celle de la collecte de l'ensemble des informations utiles :


données financières sur la société mais également informations qualitatives sur son
métier et ses activités. Cette phase inclut la collecte d'informations sur les autres
acteurs du secteur et sur le contexte économique et réglementaire dans lequel opère
l'entreprise. Elle peut s'avérer lourde, coûteuse et suppose des compétences
particulières pour identifier les sources d'information propres à chaque société et
interpréter les données recueillies.

38
50 JEAN PIERE L, « Analyse financière », édition DALLOZ, Paris, 2001, P.1.
39
Essentiellement celles édictées et formalisées par le CFA.
40
Définissant un paradigme anglo-saxon en analyse financière.
73
Sa singularité est de procéder à une notation sur une échelle comprenant 5 niveaux, réputée
métrique : on suppose les écarts constants entre les différentes modalités. Ceci est
particulièrement discutable dans le cas de l'application à l'analyse du risque. Le recours à une
échelle de Stapel permet d'utiliser 10 niveaux au lieu de 5; cette granularité supérieure est de
nature à faciliter une analyse « statistique », rendue plus pertinente.

En analyse du risque, on sélectionne une série de critères. Pour chacun d'entre eux, on
envisage n réponses possibles (échelle de Likert), généralement 5 ou 6. Chaque réponse se
voit associer des points en définissant une échelle linéaire croissante ou décroissante
(métrique par hypothèse) du niveau de risque. Pour obtenir la notation, on somme les points
attribués et on les rapporte au nombre de points maximum possible :

 chaque critère est noté sur une échelle de 0 à x


 le nombre total de critères est n
 la note maximale possible est M = n  x
 la note finale N = Somme des points individuels/M.

Ainsi, si on retient une échelle à 6 positions allant de 0 à 5 par ordre décroissant de risque
avec 20 critères, la note maximale sera de 100. Plus l'entreprise aura une note N élevée et
proche de 100, moins elle sera risquée ; plus sa note N sera faible et proche de 0, plus son
risque sera élevé.

La méthode est relativement simple à construire et à appliquer. Autorisant un mixage de


données de différents types et origines, elle est réellement multicritère. Au besoin, certains
paramètres peuvent être pondérés, en les comptants plusieurs fois.

100
 Exemple de méthode de Points de Risque

Ici, on utilise 20 critères, la note maximale est de 20 x 5 = 100 ; la note minimale de 20 x 1 =


20. On raisonne par risque décroissant (plus le risque est faible, plus la note sur l'échelle de 1
à 5 est élevée).

Plus la note finale s'approche de 100, moins l'entreprise est risquée ; à l'inverse, plus elle
s'approche de 20, plus le risque est fort.

SCHEMA 13 : TABLEAU METHODE DE POINTS DE RISQUE

101
5.2 Méthodes de points de risque à composantes

Il s'agit d'une méthode découlant de la précédente, mais qui réfute la logique métrique. Elle
permet de donner des poids différents aux critères et de ne pas tous les noter sur la même
échelle ; autrement dit, de corriger le biais de l'hypothèse implicite de même variance de tous
les critères. On la qualifie parfois de méthode de scoring empirique.

L'approche est strictement normative et s'inspire de la logique de la méthode des credit men.
On choisit de noter une entreprise sur une échelle fermée en fixant des bornes : en général de
0 à 100. Comme dans la méthode précédente, les modalités de certains critères retenus se
voient attribuer certains points, mais la pondération entre critères est ouverte et subjective en
ce qui concerne :

 les thèmes (groupes de critères) ou sous-notes,


 chacun des critères individuels.

La note finale N est définie par une fonction linéaire des sous-notes, en fixant empiriquement
et de manière normative les pondérations.

 N = 0,3 X Nl + 0,4 X N2 + 0,3 X N3

Chaque sous-note thématique Ni est calculée avec un sous-total égal au total fixé pour N,
souvent 100. Elle est elle-même l'assemblage linéaire pondéré de critères, regroupés par
thème. U ne logique décroissante est souvent retenue : plus la note est proche de 100, moins
l'entreprise est risquée.

Cette méthode est souvent utilisée par les agences de renseignement et d'informations
commerciales et financières pour noter le risque des entreprises.

Dans cet esprit, supposons (à titre d'exemple) que la note N su r 100, englobe 3 sous-notes :

N 1 : Appréciation du risque structurel

N2 : Appréciation du risque financier par les comptes annuels

N3 : Appréciation de la tenue des paiements

Il est concevable de modifier les pondérations de la méthode selon les cas. Par exemple, si on
ne dispose pas des comptes parce que la société n'a pas à les publier, la pondération pourrait
devenir :

N = 0,55 X Nl + 0,45 X N3

102
3. Les sources d’information de l’analyse financière
Pour mener à bien l’analyse financière de l’entreprise, l’analyste doit connaître l’ensemble des
sources d’information dont il peut disposer, les comprendre, savoir les interpréter et les
exploiter.

2.1 L’information comptable


L’analyse financière s’effectue essentiellement à partir de l’information comptable et plus
particulièrement à l’aide des comptes annuels comprenant :

2.1.1 Le bilan
Le bilan est une synthèse des ressources de financement dont dispose l’entreprise à une date
donnée (passif) et des utilisations de ces ressources (actif). Celui-ci doit refléter le patrimoine
de l’entreprise et doit être certifié par un commissaire aux comptes afin, de s’assurer de
l’authenticité des informations qu’il comporte.

2.1.2 Le compte de résultat


C’est une synthèse des ressources obtenues (produits) et des coûts (charges) occasionnés par
l’activité de l’entreprise pour une période donnée et qui fait apparaître le résultat, qui est la
différence entre ces produits et ces charges. Le TCR doit refléter la gestion de l’activité de
l’entreprise.

2.1.3 Les documents annexes


Ce sont des compléments d’information chiffrés et non chiffrés utiles à la compréhension du
bilan et du compte de résultat.

2.2 L’information externe


Ces informations proviennent des organismes publics ou privés : ONS, des cabinets d’audit et
notamment par la consultation de la centrale des impayés, la centrale des risques et la centrale
des bilans de BANK AL MAGHREB.

4. Le diagnostic financier
Le diagnostic financier permet d’établir un bilan de santé de l’entreprise. Il se fait à travers
l’analyse de l’équilibre financier, l’analyse de l’activité, le calcul et l’interprétation des ratios.

76
Cette segmentation, à assez forte granularité, est obtenue avec peu de critères ; pour un
nombre plus élevé, la méthode devient complexe, voire irréaliste. Par ailleurs, la méthode
s'avère extrêmement sensible à la hiérarchie (l'ordre) entre les critères : leur inversion affecte
le traitement du risque. On remarquera enfin un classement non métrique : l'écart de niveau de
risque entre deux positions n'est pas constant (la différence de risque n'est pas égale d'un pas
d'échelle - knot - à l'autre)

SCHEMA 14 - METHODE DES PROFILS DE RISQUE

Ici, dans cet exemple, l'utilisation de 3 critères (2 à 2 modalités, 1 à 3 modalités) conduit à une
arborescence à 11 branches, soit 11 classes de risque notées de 0 à 10. Si on retenait une
approche proportionnelle du risque, la note 0 signifierait aucun risque et une note 10 un risque
très élevé.

104
Section 3 : LA NOTATION (LE RATING)

Dans le prolongement des approches précédentes, la méthode empirique ou semi empirique la


plus connue est celle du rating. Très utilisée pour les entreprises de grande taille agissant sur
le marché financier du crédit, cette approche a inspiré des méthodologies voisines appliquées
dans d'autres contextes de risque.

1. DÉFINITION
Le rating est une notation sur une échelle fermée qui s'interprète en termes de risque de
défaut. Il est fixé par expertise au terme d1une procédure établie de traitement d'un ensemble
de données. Cette note traduit la qualité globale de crédit de l'emprunteur, elle a pour objectif
d'apprécier et de classer le risque de crédit.

C'est un système de notation systématique conduisant à attribuer une note à une entreprise,
afin de la classer dans une catégorie standardisée, sur une échelle spécifique. L'activité de
notation est née du besoin de condenser un ensemble de données dans une seule variable de
synthèse, donnant une idée de la probabilité de difficultés. On raisonne, ici encore, par classe
de risque, la notation a un caractère statistique discret.

Le terme rating désigne à la fois la procédure de notation et la note finale attribuée.


L'attribution des notations se fait selon une méthode empirique car elle ne correspond pas à un
modèle unique automatisé : un analyste suit des procédures assez formel les propres à
l'institution. L'interprétation du rating en termes mathématiques de probabilités de défaut 53
est réalisable au terme d'une analyse statistique en observant les taux de défaut (et de faillite)
à différents horizons (1 ou 3 ans par exemple) selon le rating attribué. La probabilité est
déduite de l'étude statistique.

Une grande attention est portée à la discrimination et à la capacité prédictive du système de


notation :

 les taux de défaut par ratings doivent être significativement différents du taux de
défaut de l'ensemble de la population notée ;
 les taux de défaut des bons ratings doivent être plus faibles que le taux moyen et ceux
des mauvais ratings doivent être supérieurs au taux moyen ;
 on doit constater une progressivité : les taux de défaut doivent être inversement
proportionnels à la qualité des ratings ;
 le dispositif doit être stable : les ordres de grandeur entre les taux de chacun des
ratings dans l'échelle (et avec le taux global) doivent montrer une certaine stabilité ;
 le système doit être robuste : les taux de défaut à des horizons donnés calculés sur
plusieurs années glissantes doivent être très faiblement dispersés.
53
Qui sera détaillée au chapitre suivant.
105
Ainsi, on calcule le taux en rapportant, note par note, à un horizon donné le nombre de défauts
(ou de faillites) au nombre total d'entreprises ayant cette note. Celui-ci étant stable, il peut
s'interpréter en termes de probabilité de défaut.

Le rating peut concerner globalement un émetteur (il mesure a lors le risque de crédit moyen
et global d'une entreprise) ou une émission particulière (risque du produit de dette).

2. LES RATINGS DES AGENCES


Il s'agit généralement de ratings sollicités : les sociétés s'adressent à des agences spécialisées
pour que celles-ci leur attribuent un rating. Les agences ne notent que les sociétés qui les ont
sollicitées (sollicited rating).

Ces firmes se financent sur le marché de la dette54 et expriment le besoin que les investisseurs
soient informés de manière indépendante sur leur capacité de remboursement. Ainsi informés,
les investisseurs pourront apprécier le risque du produit de dette, sa probabilité de défaut 55 et,
en le comparant avec la rémunération offerte (spread de crédit), ils pourront décider
rationnellement d'investir dans le produit. Le rating facilite donc le placement des émissions,
tout comme il permet à un émetteur de définir une juste rémunération du risque pour ses
créanciers financiers potentiels lors de la structuration d'un produit

La notation financière, à proprement parler, a été initiée au début du XXe siècle par John
Moody56 Elle s'est fortement développée depuis les années 1980 du fait de la « marchéisation
» du financement. Actuellement, trois acteurs principaux opèrent sur le marché mondial :
Standard and Poor's, Moody's et Fitch. Il existe d'autres opérateurs plus modestes et plusieurs
projets ont été initiés pour contrecarrer l'oligopole caractérisant ce marché.

Le rating est une notation indépendante qui évalue la capacité et la volonté d'un émetteur à
faire face à ses obligations financières et à honorer le service de sa dette. Un système de rating
est basé sur une évaluation à la fois quantitative et qualitative de la solvabilité d'une
entreprise, sur une base large d'information. Le but est de véhiculer de l'information sur la
capacité d'un émetteur à faire face à ses engagements.

Concrètement, un système de notation financière associe un rating à chaque émetteur, attribué


dans une échelle de notation qui hiérarchise le risque de défaut probable. La note constitue
implicitement un indicateur synthétique de la distance au défaut et plus généralement du
risque de défaut. Plus formellement, on pourra ultérieurement en déduire une évaluation de la
probabilité de défaut à un certain horizon.

54
Produits vanille ou dérivés, en particulier obligations et billets de trésorerie.
55
Expected Default Frequency
56
Qui a publié en 1909 son premier manuel de notation des compagnies de chemin de fer.
106
 Un FR positif signifie que l’entreprise, en plus de financer entièrement ses
immobilisations, dégage un excédent de capitaux à long terme dessiné à financer son
activité à courante.
 Un FR négatif exprime un déséquilibre dans la structure de financement de l’actif. En
effet, les capitaux permanents ne suffisent pas à financer les immobilisations, donc
l’entreprise se trouve obliger de financer la partie manquante par des ressources à
court terme.
 Un fonds de roulement nul signifie que la solvabilité à court terme est assurée puisque
les dettes à court terme arrivent à couvrir l’actif circulant.

 Le besoin en fonds de roulement (BFR)

Le besoin en fonds de roulement est lié au problème de couverture du besoin de financement


de l’exploitation. Il mesure l’écart entre les emplois cycliques (stocks et créances) et les
ressources cycliques (dettes fournisseurs). C’est donc un besoin permanent qu’il faut financer
par le fonds de roulement. Il se calcule comme suit :

 Si BFR est positif, l’entreprise n’arrive pas à couvrir ses besoins cycliques par des
ressources cycliques. Un besoin de financement du cycle d’exploitation est ressenti.
C’est le genre de situation que l’on trouve dans les grandes entreprises industrielles
ayant de gros stocks ou des entreprises évoluant dans un secteur fortement
concurrentiel les obligeant à accorder de longs délais de paiements.

 Si le BFR est négatif cette entreprise dispose alors de peu de stocks et/ou se fait régler
au comptant tout en obtenant des crédits fournisseurs. Exemple : Les grandes surfaces
se font payer comptant, ont des stocks qui tournent vite, tout en obtenant des crédits
fournisseurs. Cette situation est celle qui doit être recherchée par l’entreprise.

 La trésorerie nette (TN)

79
6) Communication à l'émetteur.
7) Possibilité d'appel de l'émetteur. Si /'émetteur n'est pas satisfait, il peut faire appel,
souvent sur la base d'informations nouvelles.
8) Publication de la dette.
9) Suivi de la note.
Monitoring du rating.

Durant la phase d'investigation, menée par l'analyste et dans le cadre du Comité de Notation,
l'étude est conduite sur un ensemble de critères et de méthodologies, plus ou moins complexes
et formalisées. De nature multicritère, la notation est empirique et le rating attribué au regard
d'une norme, qui est propre à l'agence.

Les ratings d'agence font l'objet de critiques récurrentes. Elles tiennent d'abord au modèle
économique : l'agence qui note une société est payée par celle-ci, ce qui pose des questions
relatives à l'indépendance. Ensuite, les agences sont parfois amenées à tempérer le rating
initial qu'elles souhaiteraient attribuer en raison des conséquences et réactions négatives qu'il
pourrait générer (susceptible d'entraîner une dégradation de la situation de la société). Par
ailleurs, une question marginale de granularité est parfois posée : certains ratings sont parfois
attribués à l'émetteur et non pas à chacune des émissions, mesurant ainsi un risque moyen et
ne renseignant pas sur le risque propre à un produit de dette particulier. Enfin, la qualité
prédictive de certains ratings a été critiquée lorsque les agences maintenaient de bonnes notes
alors que les entreprises faisaient faillite.

3. LES AUTRES TYPES DE RATINGS


La notion de rating, développée ci-dessus, correspond à une notation financière sur le marché
du crédit (ratings d'agences mesurant du risque de défaut d'un émetteur) .

Or, le rating est plus globalement une technique d'évaluation du niveau de risque, pouvant être
utilisée dans d'autres contextes. Il s'agit toujours de situer des sociétés sur une échelle de
risque et d'anticiper leur risque de défaut ou défaillance.

En parallèle à la notation financière des agences que l'émetteur sol licite et dont il supporte la
charge financière, constituant un « sollicited rating », il existe deux activités de notations non
sollicitées. Des prestataires spécialisés (organismes externes) « notent » le risque, en
attribuant des ratings. Cette notation externe du risque de défaut62 revient à évaluer le risque
de défaut sans avoir accès à la société notée, qui « ignore » cette opération. Cet unsollicited
rating repose sur un modèle économique différent.

62
Qui connaît un fort développement avec l'obl igation faite aux i nstitutions bancaires de mesure individuelle du
risque imposée par la réglementation de Bâle Il.
108
« La trésorerie d’une entreprise représente la différence entre les actifs et les dettes dont la
liquidité et l’exigibilité sont immédiates »42. Autrement dit, c’est le montant des disponibilités
ou valeurs facilement mobilisables que possède l’entreprise de manière à faire face sans
difficulté à ses dettes au fur et à mesure de leur exigibilité. Elle se calcule comme suit :

 Une trésorerie positive signifie que l’entreprise arrive à financer son exploitation avec
ses ressources stables et dégage un excédent. A priori, on peut dire que l’entreprise est
solvable, mais une trésorerie excédentaire inemployée peut être un indicateur de
mauvaise gestion.
 Une trésorerie négative signifie que l’entreprise ne peut financer l’intégralité de son
BFR par elle-même, ce qui la rend dépendante des ressources de trésorerie (recours
aux concours bancaires).
 Une trésorerie nulle, situation quasiment impossible en pratique, dénote une gestion
optimale des ressources de l’entreprise, à savoir une indépendance vis-à-vis des tiers et
une inexistence de liquidité inemployée.

3.2 L’analyse de l’activité

Tout comme le bilan, le TCR fera l’objet de retraitement dans le but de permettre une
évaluation de l’activité de l’entreprise, basée sur les chiffres correspondant à la réalité de
celle-ci. Ainsi cette étape constitue un préalable à l’appréciation des soldes intermédiaires de
gestion (SIG).

Les principaux retraitements concernent l’annuité du crédit bail et les charges du personnel
intérimaire.

3.2.1 Les soldes intermédiaires de gestion (SIG)

Après avoir effectué le retraitement du TCR, on procèdera au calcul des soldes intermédiaires
de gestion, soldes qui nous permettent d’apprécier l’activité de l’entreprise43 .

A Le chiffre d’affaires (CA)

C’est le montant des affaires réalisées avec les tiers dans l’exercice de l’activité
professionnelle de l’entreprise. Celui-ci peut être calculé de la manière suivante :

Chiffre d’affaires = Vente de marchandises + Production vendue

42
S.BALLADA, J-C.COILLE, «Outils et mécanismes de gestion financière », éd. MAXIMIA, Paris, 2000,
P124.
43
DE LA BRUSLERIE Hubert « analyse financière », édition DUNOD, paris 2010, P165.
80
Dans les deux cas, les données sont confidentiel les car strictement protégées par le secret
bancaire (seuls les déclarants ont accès aux informations). Chacun des membres du dispositif
peut donc apprécier le risque réel (endettement total et éventuelles difficultés de paiement),
quasiment de manière permanente (à une fréquence élevée).

Sur la base de ces données significatives, outre une redistribution après consolidation, et après
rapprochement avec l'information publique disponible, il est possible de bâtir une synthèse sur
la situation des sociétés. On peut ainsi tirer de ces fichiers des indicateurs synthétiques, qui
deviennent parfois de véritables ratings. Ils appréhendent le risque sur le marché du crédit
bancaire.

Par exemple, la Banque de France a, en 2003, fait évoluer son système de cotation des
entreprises vers un système de rating. La cotation est attribuée par des analystes, à dire
d'experts, et non par un modèle automatique. Le rating est bien empirique, fixé au regard
d'une procédure et d'une norme internes à la Banque de France. La « cote » traduit une
appréciation globale de la banque centrale sur la capacité d'une entreprise à honorer ses
engagements à moyen terme (à un horizon fixé à 3 ans).

La cotation est composée de deux éléments :

 une cote d'activité (chiffres d'affaires) exprimée par une lettre de A (plus de 750 M€)
à N (non significatif), X indiquant l'absence d'information,
 une cote de crédit en 13 positions, allant de « 3++ » (situation excellente) à« 9 »
(situation financière compromise) et « P » (en cas de procédure collective) ; 0
indiquant que la Banque de France ne dispose pas d'informations et n'a pas enregistré
d'informations défavorables.

Ce rating n'est accessible qu'aux établissements financiers déclarants et aux dirigeants des
entreprises notées, qui peuvent faire valoir leurs arguments pour tenter d'obtenir une
modification de la cotation (en général une amélioration !). Par exemple : une entreprise cotée
A3++ est une grande entreprise en situation financière excellente, OS+ correspond à une PME
ayant une assez faible capacité à honorer ses engagements financiers et K9 est une TPE en
graves difficultés financières.

4. Notation publique vs. Notation privée


Il convient d'opérer une double distinction en ce qui concerne l'utilisation de ratings en
analyse du risque, par rapport à :

 la diffusion du rating : on doit distinguer le rating relevant d1une notation publique


(révélation à un large public) du rating relevant d'une notation privée (seuls les clients
utilisateurs de l'intermédiaire concerné y ont accès) ;

110
 l'événement anticipé par le rating, qui peut, dans son acception classique, consister à
noter le risque de défaut65, mais aussi le risque de faillite, c'est-à-dire la probabilité
que la société connaisse la faillite.

La notation publique des agences de rating constitue une appréciation du risque de défaut tout
comme la notation privée des bureaux de Credit Research. La notation privée de la Banque de
France constitue une anticipation du risque de faillite.

TABLEAU 14- DIFFERENTS TYPES DE RATINGS

Ces deux types de ratings ont en commun d'être établis en référence à une échelle de notation,
où toute position s'interprète en termes de risque de défaut ou de faillite. Ils offrent un repère
stable et fiable aux utilisateurs.

65
Probabilité que la société se trouve en défaut vis-à-vis de ses créanciers financiers en ne respectant pas un
engagement de crédit ; il s'agit d'une mesure du risque de crédit.
111
5. REMARQUES SUR LES MÉTHODES EMPIRIQUES
Les méthodes empiriques furent les premières utilisées en analyse du risque. D'abord
exploratoires - en recommandant l'examen d'une série de critères permettant l'appréciation du
risque -, elles se sont prolongées vers des méthodes normatives où l'évaluation du risque se
fait au regard d'une norme préétablie pouvant avoir plusieurs origines, mais souvent fondée
sur une vision théorique, parfois dogmatique, du risque et sur une expérience passée
accumulée dans le traitement de dossiers. Elles couvrent un large ensemble d'approches parmi
lesquelles les plus utilisées sont les méthodes de points de risque et de rating.

Ces approches ne sont pas dénuées d'intérêt, car, souvent, elles figent un savoir-faire et
expriment la vision d'experts. El les sont aisées à comprendre et ont l'avantage de mélanger
des données de différents types. Leur élaboration n'impose pas le traitement de longs
historiques sur des échantillons statistiquement représentatifs et s'avère relativement rapide.

Elles nécessitent cependant la présence d'un analyste chargé de leur application (de « noter »
le risque) ou de la collecte des informations ; elles requièrent systématiquement une
intervention humaine en a mont et/ou en aval. Certaines méthodes à « dire d'experts »
s'avèrent totalement dépendantes de leur vision et mesurent le risque au regard de
l'affirmation de personnes réputées expertes (sorte de « gourous »). Elles peuvent aussi
générer des effets techniques à fort impact sur le résultat final : redondances ou compensation
entre critères, déséquilibre dans les pondérations, mauvaise ou excessive prise en compte de
cas particuliers.

Selon l'analyste, el les peuvent néanmoins conduire à des résultats parfois différents, du fait
de l'hétérogénéité des jugements. On remarquera que pour qu'elles soient appliquées, il faut
parfois que les analystes qui les mettent en œuvre disposent d'une formation pointue (cas des
ratings d'agence par exemple).

La mise en œuvre de certaines de ces méthodes est consommatrice de ressources humaines,


donc coûteuse66.

Si leur résultat permet de qualifier le risque et constitue une aide à la décision, la question de
leur fiabilité reste posée. Rien ne prouve que leurs résultats soient bons. Elles peuvent être
construites sur des visions ou des raisonnements erronés.

Si leur résultat permet de qualifier le risque et constitue une aide à la décision, la question de
leur fiabilité reste posée. Rien ne prouve que leurs résultats soient bons. Elles peuvent être
construites sur des visions ou des raisonnements erronés.

On notera finalement que cet ensemble de méthodes empiriques, qu'e l les soient normatives
ou positives, relève globalement d'une démarche heuristique. L'approche la plus utilisée
reste celle du rating.

66
Frais d'élaboration du modèle, coûts de formation et générés par le temps consacré à l'analyse.
112
Résultat net de l’exercice = le résultat courant avant impôt +/- Résultat exceptionnel -
participation des salariés - Impôt sur les bénéfices

K La capacité d’autofinancement (CAF)

La capacité d’autofinancement représente l’ensemble des ressources de financement internes


dégagées par l’activité de l’entreprise durant l’exercice et dont elle pourrait se servir pour
assurer les besoins financiers inhérents à son développement et à sa pérennité. Elle mesure la
capacité de développement de l’entreprise, son degré d’indépendance financière et donc son
potentiel d’endettement.

Elle peut être calculée selon deux méthodes :

 Méthode additive : La capacité d’autofinancement s’opère à partir du résultat net de


l’exercice :

CAF = Résultat net + Dotations aux amortissements et provisions + Valeur nette comptable
des éléments d’actifs cédés (VNCEAC) – Reprise sur Amortissements et provisions – Plus
value de cession d’immobilisations – quote-part des subventions d’investissement virées au
compte de résultat.

 Méthode soustractive Cette méthode explique la formation de la CAF à partir de


l’excédent brut d’exploitation (EBE) :

CAF= EBE + produits financiers + autres produits divers + transferts de charges


d’exploitation – charges diverses – charges financières + produits hors exploitation –
charges hors exploitation – IBS –plus value de cession d’investissement.

3.2.2 L’appréciation par les ratios


A Définition du ratio

« C’est un rapport entre deux grandeurs significatives (masse du bilan, du compte de résultat,
indicateurs de gestion…) ayant pour objectif de fournir des informations utiles et
complémentaires aux données utilisées pour son calcul. Les ratios sont des outils de mesure et
de contrôle de l’évolution dans le temps et dans l’espace d’un phénomène étudié en analyse
financière44 ».

44
GRAND DU GUILLOT B et F, « Analyse financière : les outils du diagnostic financier », ed. GUALINO,
Paris, 2002, P137.
83
1. Principes de l'analyse statistique classique
Le but est de déterminer les caractéristiques des entreprises défaillantes pour définir un
modèle d'anticipation. Cette approche consiste à observer ex post des entreprises (donc sur la
base d'informations passées) ayant connu la défaillance et à chercher la combinaison de
facteurs qui les distingue le mieux des entreprises non défaillantes.

1.1 Le fondement : l'analyse statistique univariée


Cette analyse, ancienne, correspond à un test de classification dichotomique
unidimensionnelle. Elle vise à séparer deux échantillons d'entreprises -l'un constitué de
sociétés défaillantes, l'autre de non défaillantes - à l'aide d'un indicateur unique d'analyse
financière. Elle montre donc le pouvoir prédictif individuel d'un ratio, souvent sélectionné
parmi les outils classiques de l'analyse financière du risque.

La méthode, simple, consiste à comparer les ratios financiers entre des entreprises défaillantes
et des entreprises saines et à détecter les différences systématiques existant entre les deux
groupes pour anticiper la défaillance. On identifie de la sorte les ratios discriminants, pour
retenir celui ayant le plus fort pouvoir prédictif. La sélection des ratios est délicate car certains
s'avèrent sensibles (ex : présenter parfois des va leurs aberrantes ou extrêmes). Il convient
aussi d'examiner leur corrélation et linéarité vis-à-vis du risque de l'entreprise. Enfin, ces
ratios doivent être systématiquement disponibles et exploitables pour pouvoir appliquer le
modèle statistique.

Cette analyse fait l'objet de deux types d'applications.

 Comme méthode en tant que telle

Il s'agirait de « trier » les entreprises su r la base d'un ratio unique, très prédictif. C'est l'esprit
de la méthode de Beaver. Sur une batterie de ratios, on peut ainsi retenir l'indicateur le plus
puissant. Certains travaux statistiques ont en effet démontré que des ratios pouvaient avoir
individuellement un pouvoir discriminant, parfois important.

Cependant, l'approche est réductrice. Il est peu probable qu'à lui seul un indicateur permette u
ne distinction efficiente entre les entreprises. Ensuite, un ratio peut être sensible à des
variables externes, obligeant à un contrôle au moins annuel. Par ailleurs, considérer isolément
un ratio, c'est ignorer les interdépendances entre indicateurs. Or le pouvoir prédictif des ratios
est logiquement additif : le pouvoir prédictif d'un indicateur pris isolément est inférieur à celui
de plusieurs indicateurs indépendants traités simultanément. La défaillance est l'issue d'un
processus complexe, dont on imagine mal qu'il s' illustre dans un indicateur unique. De plus,
on ne considère que des données financières, alors que d'autres types d'informations sont
prédictifs de risque.

114
 Comme mode de sélection de ratios utiles à d'autres analyses

Il est probable qu'un modèle doive considérer plusieurs indicateurs car la défaillance est
l'issue d'une dégradation qui affecte plusieurs composantes financières liées de l'entreprise. La
littérature montre qu'elle est perceptible au travers de plusieurs paramètres plus ou moins
précoces. Fondé sur plusieurs indicateurs simultanés, un outil discriminant s'avère forcément
plus efficace. Encore faut-il que le pouvoir séparateur (individuel ou conjoint) des instruments
utilisés ait été démontré. L'analyse univariée permet de sélectionner parmi tous les indicateurs
envisageables, ceux qu'il peut être pertinent de traiter dans un modèle multicritère. Elle est
alors un outil utile à ce type de modèle, en a mont, lors de sa phase de construction.

Ainsi, dans les travaux académiques et professionnels, certains ratios se voient dotés d'une
forte capacité discriminante (prédictive) individuelle. On retrouve, naturellement, parmi eux
les ratios habituels de l'ana lyse financière dédiés au risque, pour des raisons fonctionnel les
mais aussi liées au fait que l'ana lyse financière a, au fil du temps, sélectionné les indicateurs
retenus en raison de ce pouvoir discriminant !

Les ratios suivants sont statistiquement dotés d'une capacité à distinguer les entreprises sur le
critère du risque de faillite :

 ratios de structure financière :


Indépendance Financière : Fonds Propres / Passif (%)
Gearing : Dettes Financières / Fonds Propres (x)

 ratios d’interest coverage :


Frais Financiers / EBITDA (%)

 ratios de Debt Coverage :


Dettes Financières / Cash Flow (x)
Dettes Financières / EBITDA

 ratio de Debt Service :


FCFD / FCFF (%)

 ratios de performance :
Taux de marge : EBIT / Revenues (%)
Rentabilité économique : NOPAT / Capital Engaged (%)

1.2 Méthode d'élaboration des scores


De manière générale, on appelle, plus ou moins rigoureusement, score une combinaison de
plusieurs ratios, exprimée par une fonction. Le but est que le résultat du calcul (le scoring)
soit statistiquement significativement différent pour les entreprises ayant un risque de
défaillance et pour les entreprises en bonne santé, permettant ainsi de distinguer au mieux les
deux catégories. Les scores sont des notes qui permettent de classer les entreprises ; ils
pourront ensuite être traités de manière à exprimer une probabilité de défaillance. La
conception d'un modèle de scoring suit une procédure relativement standard. Elle se fonde sur
115
TABLEAU 12 : LES RATIOS DE LIQUIDITE

SOURCE : LOTMANI N, « INTRODUCTION A L ’ANALYSE FINANCIERE », EDITION


ENSEIGNEMENT ,
ALGER 2008 P71.

 Les ratios de rentabilité

Les ratios de rentabilité mesurent la performance de l’entreprise dans son exploitation. Ces
ratios doivent exprimer l’efficacité et l’opportunité de l’activité de celle-ci46

TABLEAU 13 : LES RATIOS DE LIQUIDITE


Ratio interprétation

Taux de croissance du résultat net L’évolution du résultat net permet de mesurer


(Rn – Rn – 1)/Rn – 1 l’évolution de la rentabilité de l’entreprise.

Taux de marge nette


Il mesure la capacité d’une entreprise à générer
Résultat net/ Chiffre d’affaires HT du résultat net à partir du chiffre d’affaires.

Taux de marge commerciale Ratio qui s’applique uniquement aux entreprises


Marge commerciale /Ventes de commerciales et permet de le comparer avec
marchandises HT celui des entreprises du même secteur.

Taux de marge brute Il mesure la capacité de l’entreprise à générer


une rentabilité d’exploitation à partir du chiffre
EBE/Chiffre d’affaires HT d’affaires.

46
OGIEN Dov, Op. Cit, P75
85
boursières relatives aux actions ou aux obligations69, données qualitatives, etc. On cherche
ainsi à échapper au postulat original du traitement exclusif d'informations issues des comptes.

 5e étape : Choix de la méthode statistique

Traité dans le paragraphe suivant, il est dicté par la recherche de la meilleure performance
(limitation des erreurs de classement) mais aussi par le type, la qualité et les caractéristiques
statistiques des variables retenues. Chaque méthode repose sur des hypothèses statistiques
strictes quant aux distributions des variables traitées par le modèle. Selon celles-ci, tel ou tel
modèle pourra être retenu.

 6e étape : Modélisation et tests

C'est la phase de construction effective du modèle et son application en test. Il s'agit de


valider le modèle par les méthodes classiques de l'inférence statistique (validation croisée,
jack-knife et bootstrap). Généralement, et logiquement, l'efficacité est appréciée par le critère
du taux de bons classements. Il est nécessaire de construire un échantillon de contrôle
composé d'entreprises (défaillantes et non défaillantes) différentes de celles des échantillons
traités.

7e étape : Passage des scores aux probabilités d'occurrence

Si le modèle ne fournit pas directement une probabilité de défaut, il peut être nécessaire de
transformer le score (qui exprime le risque de défaillance ou de défaut) formellement en
probabilité d'occurrence. La probabilité de défaut fournit une mesure de l'intensité du risque.
Le score est une variable continue qui renseigne sur le risque, appréhendé selon l'amplitude
entre le score minimum et le score maximum et selon la hiérarchie (croissante ou
décroissante) du risque retenue par le modèle. Pour pouvoir calculer une probabilité, on
procède d'abord à une affectation du score en classes de risque selon le théorème de Bayes
70
(discrétisation). Ensuite, un traitement statistique est effectué71.

 8e étape : Contrôler et maintenir le modèle

Tout modèle de scoring est sensible à l'évolution des conditions économiques générales et de
la situation des entreprises.

Deux contrôles classiques sont opérés. On veille d'abord à ce que le score soit d'autant plus
significatif de risque que l'on s'approche de l'événement prévu. D'autre part, le score doit être
discriminant quelle que soit la taille de l'entreprise. Dès qu'il est mis en œuvre, le score fait
l'objet d'une maintenance. Il s'agit de suivre en permanence sa performance par son pouvoir

69
Limitant alors le modèle aux sociétés dont les titres sont admis à la négociation sur un marché réglementé.
70
Ceci n'est pas nécessaire pour les ratings qui rattachent directement l'entreprise notée à une classe de risque.
71
Certaines méthodes aboutissent directement à une probabil ité, d'autres supposent une affectation par classes
de risque, donc un traitement ultérieur.
117
discriminant et, le cas échéant, de procéder à des corrections en déroulant la même procédure
que lors de son élaboration sur un nouvel échantillon. On peut en effet s'attendre à une
obsolescence naturelle des modèles.

Les scores sont utilisés de deux manières.

 D'abord, ils servent, principalement, à apprécier, noter, le risque d'une entreprise : c'est
la mesure du risque, ou diagnostic, individuel. Pour une période donnée, le système
attribue une note à l'entreprise qui permet l'appréciation du risque. Cette note peut
aussi être comparée chronologiquement et renseigner sur l'évolution du risque ; elle
peut également être appréciée au regard d'un score médian sectoriel et positionner le
risque. Enfin, certains modèles de scores détaillent la contribution des différentes
variables retenues (tendance observée sur les rations composant le score). Ainsi,
l'analyste dispose d'une information affinée, au-delà d'un simple système de
classement.
 D'autre part, ils peuvent être appliqués sur un groupe, une population, au sens large, un
portefeuille d'entreprises, constituant ainsi un tableau de bord sur une clientèle. Ceci
est particulièrement le cas des institutions financières à des fins de gestion de leurs
risques mais aussi du fait des réglementations prudentielles qui s'appliquent à elles.
C'est également le cas de firmes qui souhaitent, par exemple, suivre le risque de leur
portefeuille client. L'automatisation du score est un atout essentiel, tout comme son
faible coût d'application, le système ne requérant que § quelques données. De la sorte,
un portefeuille peut faire l'objet de statistiques descriptives pertinentes : risque moyen
et répartition sur différents critères, concentration, distribution statistique du risque 72

2. Méthodologie statistique des scores


Dans les années 1960, les travaux fondateurs d'Altman et d’Edmister ont initié un courant de
recherche appliquée qui s'est traduit par la création de nombreux modèles. Tous suivent une
séquence homogène pour leur élaboration, mais se distinguent par la méthodologie statistique
retenue73.

Le but est de classer les entreprises dans deux groupes distincts (risque et absence de risque)
et, éventuellement, de leur affecter une note, un score mesurant leur risque, pouvant ensuite
être traduite en une probabilité de défaillance. Certaines méthodes fournissent directement
cette dernière, d'autres supposent la détermination d'une probabilité de défaillance ou défaut
(comme développé supra).

De manière générale, en statistique, l'analyse discriminante est une méthodologie qui permet
de déterminer, sur la base de caractéristiques individuel les :

72
Outre une analyse factuelle, ceci permet éventuellement une modélisation utile à la gestion du risque détaillée
infra.
73
Pour une présentation détaillée des différentes méthodes statistiques, voir Analyse discriminante -Application
au risque et scoring financier, (2001), M. Bardos, Dunod, 224 p.
118
Poids de l'endettement Il mesure le poids de l’endettement de
Charges d’intérêts / EBE l’entreprise

Partage la VA (personnel) Il mesure la part de richesse qui sert à


rémunérer le travail des salaries.
Frais personnel / VA

Rémunération de l'Etat Il mesure la part que prend l’Etat de la VA.

Impôts et taxes / VA

Rotation des stocks (entreprise commerciale) Il mesure la durée d’écoulement des stocks.une
(stock moyen de marchandises /coût d’achat augmentation de cette duré entraîne une
des marchandises vendues)*360 augmentation du BFR.

Il mesure la durée d’écoulement des stocks.une


Rotation des stocks (entreprise industrielle)
augmentation de cette duré entraîne une
(stock moyen matières premières *360)/coût augmentation du BFR.
d’achat matières premières consommées
(stock moyen produits finis *360) / coût de
production des produits finis vendus

Durée moyenne du crédit clients Il mesure la durée moyenne en jours du crédit


consenti par l’entreprise à ses clients.
(clients et créances rattachées/Chiffre
d’affaires TTC) *360

87
2.1.1 L'analyse discriminante linéaire (ADL)
Avec l'application de l'analyse discriminante linéaire multidimensionnel le, la défaillance est
anticipée en considérant simultanément plusieurs ratios. C'est fondamentalement une
technique de classification.

 Afin de classer une entreprise dans un des deux groupes définis : défaillance ou non-
défaillance, une règle de décision simple est retenue : affecter l'entreprise au groupe
dont elle est le plus proche. La solution la plus courante est de recourir à l'analyse
discriminante de Fisher, fondée sur un critère métrique.
Alors, l'analyse discriminante multidimensionnelle permet la construction d'une
fonction linéaire optimale, appelée score, combinant les variables explicatives
indépendantes retenues.

Le score s'exprime selon :

Z = (∑ Ai  Ri) + x

Ai : coefficients de pondération
Ri : ratios explicatifs retenus

Cette fonction discriminante est une combinaison linéaire de variables (ici les ratios Ri).
L'analyse discriminante permet de trouver les valeurs des coefficients de pondération (ai) qui
discriminent le mieux les deux sous-groupes d'entreprises.

Le recours à un critère métrique permet, selon la va leur du score, de rattacher l'entreprise à


l'un des deux groupes prédéfinis. De plus, la valeur du score en elle même contient une
information en termes de risque de faillite de l’entreprise.

C'est donc une méthode de prévision de la défaillance (ou non) d'une entreprise, à partir de
ratios financiers qui doivent suivre une distribution normale. De nombreux travaux ont montré
qu'un nombre limité de ratios (5 à 7) aboutissait à une bonne efficacité et que l'augmentation
de leur nombre n'améliore pas significativement la qualité de la prévision.

Cette technique est celle qui a longtemps prévalu et reste encore la plus utilisée. Cependant,
elle présente des limites qui ont conduit à des méthodologies alternatives.

 Utilisation d'une règle de décision de Bayes

Le critère métrique ne prend pas en compte le coût des erreurs de classement entre les deux
sous-groupes, la règle de décision de Bayes en tient explicitement compte dans l'utilisation du

120
score. L'avantage est que l'on en déduit une probabilité mathématique d'appartenance à un
groupe76 et, bien sûr, le rattachement à l'un d'entre eux.

2.1.2 L'analyse discriminante quadratique (ADQ)


L'analyse discriminante linéaire impose des conditions statistiques strictes : les ratios doivent
suivre une loi normale multi-variée et leurs matrices de variance-covariance doivent être
strictement identiques entre les deux échantillons d'origine.

Or ceci est rarement le cas. Des tentatives d'application de l'analyse discriminante quadratique
ont été faites, sans démontrer une réelle efficacité.

2.2 Les méthodes semi-paramétriques


Ces modèles ne modélisent pas les lois conditionnelles a priori mais les probabilités a
posteriori. Ils relèvent de régression de variables qualitatives. L'hypothèse de normalité multi-
variée de l'analyse discriminante linéaire est rarement validée en pratique. Le recours aux
modèles probabilistes s'avère être une solution utile, car ils supposent une distribution
différente des ratios financiers retenus par le modèle et lèvent donc la restriction d'une
distribution normale multi variée des variables.

Les techniques économétriques sur variables qualitatives proposent des modèles alternatifs
avec des résultats pertinents. Si elles n'imposent aucune condition sur la distribution des
variables, elles ne doivent pas inclure des variables fortement corrélées. El les raisonnent en
définissant une variable endogène qualitative dichotomique de valeur 0 ou 1 (en l'espèce
entreprise défaillante ou non). À partir de ratios sélectionnés selon leur pouvoir discriminant
individuel et leur faible corrélation, le modèle détermine une probabilité que l'entreprise soit
défaillante.

Il existe deux modèles statistiques qui diffèrent par la loi statistique de distribution des erreurs
:

 dans le modèle Logit, elle suit une loi logistique,


 dans le modèle Probit, elle suit une loi normale.

En pratique, le modèle Logit est considéré comme une approximation du modèle Probit. Il est
actuellement le plus utilisé dans la construction des scores. Ce mode de discrimination des
entreprises correspond à un modèle binaire. L'intérêt de cette approche est qu'elle permet de
traiter à la fois des variables quantitatives et des variables qualitatives.

Ces méthodes fournissent directement une probabilité de défaillance comprise entre 0 et 1;


cette probabilité est définie comme suivant une distribution logistique.

Si on souhaite rattacher l'entreprise à l'un des deux groupes, il faut établir un seuil de décision.

76
Probabilité de défaillance.
121
Les résultats obtenus par ces méthodes sont bons mais reposent sur des hypothèses
restrictives:

 une distribution particulière des erreurs ;


 le traitement de données quantitatives, comme les ratios, par une technique construite
pour les données qualitatives impose un codage par modalités77, qui suppose que les
ratios expriment le risque de manière strictement linéaire ;
 la faible corrélation des variables alors que, par nature, les ratios utilisés sont corrélés
78
.

2.3 Les méthodes de classification non paramétriques


Si, en pratique, les données ne valident pas les hypothèses paramétriques (ratios distribués
selon des lois normales multi-variées et erreurs distribuées selon des lois normales ou
logistiques), les modèles paramétriques ne peuvent s'appliquer.

La solution consiste alors à utiliser les méthodes non paramétriques. El les se singularisent par
le fait qu'elles ne se fondent pas sur des hypothèses paramétriques pour les distributions des
variables.

2.3.1 Partitionnement récursif


Cette méthode repose sur la construction d'un arbre décisionnel, elle est une approche
scientifique de la méthode empirique des profils de risque. La méthode est séquentielle : à
chaque étape (nœud), on utilise un ratio unique (individuellement discriminant en termes de
risque de faillite) et on sépare l'échantillon en deux sous groupes (selon la va leur du ratio,
l'entreprise est affectée, étape par étape, à un sous-groupe). Chacun d'entre eux comprend 100
% d'entreprises défaillantes ou de non défaillantes. 79

En utilisant n nœuds, on obtient une arborescence complète. À chaque branche finale de


l'arbre correspond une catégorie défaillante ou non. Pour évaluer le risque de l'entreprise, on
lui applique l'arborescence et, selon le groupe auquel elle est rattachée (branches finales), elle
est classée ou non en risque. Même si la méthode montre des résultats encourageants, elle
présente une faiblesse structurelle liée au choix des valeurs seuils pour les ratios utilisés.

77
Discrétisation des variables continues (transformation d'une variable continue en variable discrète).
78
ils mesurent implicitement le même phénomène (le risque) et, souvent, utilisent le même numérateur ou
dénominateur.
79
le nœud est alors réputé pur. On peut utiliser un seuil inférieur à 100 %, appelé seuil de tolérance, dans le cas
d'un sous-groupe pas parfaitement homogène et aussi pour limiter le nombre de nœuds.
122
2.3.2 Estimations non paramétriques des distributions
À la différence de la règle de Fisher, la règle de décision bayesienne ne requiert pas de
distributions de variables gaussiennes multi-variées. Elle permet alors d'envisager des lois de
probabilité des ratios par des méthodes non para métriques comme celle du noyau ou du plus
proche voisin.

2.3.3 Méthodes de classification de l'intelligence artificielle


Pour s'affranchir des contraintes liées aux outils statistiques et économétriques classiques, on
peut chercher à appliquer à la prévision de la défaillance les algorithmes de l'intelligence
artificielle, relevant de l'apprentissage automatique.

 L’utilisation des réseaux de neurones artificiels

Les réseaux de neurones se proposent d'imiter le traitement de l'information par le système


neurologique humain en élaborant un algorithme d'apprentissage. Chaque neurone remplit une
fonction de transfert en traitant mathématiquement des inputs par une méthode non linéaire,
ce qui génère un résultat (output) . Chaque input fait l'objet d'un poids qui affecte le résultat.
Une phase d'apprentissage recherche la meilleure combinaison du poids des inputs dans
chaque nœud jusqu'à ce que le résultat corresponde à la réalité observée.

Appliqués au cas de la défaillance, les neurones d'entrées ont pour inputs les ratios retenus ;
les neurones de sortie ont un output binaire : défaillance ou non. Entre eux, des neurones
cachés assurent le traitement de l'information. Les neurones sont organisés en arborescence,
par couches. Durant la phase d'apprentissage, le réseau est appliqué à l'échantillon de
référence des entreprises défaillantes et non défaillantes. En faisant varier le poids des inputs
de manière itérative simultanée, on aboutit à un réseau qui classe au mieux les entreprises. Le
modèle peut ensuite être appliqué à toute entreprise.

Les résultats obtenus sont satisfaisants mais la méthode est lourde et suppose un monitoring
important. Par ailleurs, l'interprétation des résultats n'est ni intuitive, ni spontanée.

 Le recours aux algorithmes génétiques

Inspirée du processus d'évolution naturelle des espèces (Darwinisme), cette approche analyse
des populations de solutions et évalue leur qualité.

Pour la détection des faillites, on utilise des ratios financiers et le modèle, par un grand
nombre d'itérations, déduit des règles générales du processus de défaillance qu'il est ensuite
possible d'appliquer à d'autres entreprises. L'avantage tient à ce qu'il n'y a pas de contraintes
statistiques quant aux fonctions de distribution des variables.

123
2.4 Exemple : les scores de la banque de France

De nombreux scores ont été développés dans le secteur financier, leur fonction est de mesurer
le risque présenté par un agent économique dans un contexte déterminé. Ils font l'objet
d'applications en matière d'octroi automatique du crédit. Ils peuvent concerner les ménages,
par exemple dans l'activité du crédit à la consommation ou du crédit immobilier. Pour les
entreprises, ils sont développés par des banques ou organismes de crédit, par exemple pour
l'octroi de crédits aux PME et TPE. Ils sont aussi utilisés par les entreprises dans le cadre de
leur credit management. Cette activité concerne la gestion financière des créances
commerciales. Le crédit interentreprises amène les firmes à détenir des encours de créances
sur leurs clients, dont le poids est parfois très important dans leurs actifs. Il génère des coûts
(refinancement par exemple) et expose au risque en cas de non-paiement des clients ; il a
aussi un impact sur la performance en affectant négativement la rentabilité économique et le
free cash flow. Le credit management comprend un ensemble de procédures de gestion
préventives, parmi lesquels les la mesure du risque de tous les débiteurs et prospects. À cette
fin, des fonctions scores sont utilisées, soit développées à titre privé par l'entreprise el le-
même, soit élaborées par les associations de credit managers80.

Les scores de référence dans l'industrie bancaire (en France et à l'étranger), tant par leur
pertinence que par le sérieux de leur élaboration, sont ceux construits et mis en œuvre par la
Banque de France. Depuis 1982, la banque centrale a développé des scores qui se classent
parmi les modèles les plus efficaces que l'on connaisse. À partir des comptes annuels des
sociétés 81 , le score est calculé automatiquement chaque année en retenant une dizaine de
ratios 82 pertinents et les moins corrélés possible entre eux 83. Il est calculé, classiquement, par
une analyse discriminante linéaire de Fisher. Ce score est une note à laquelle est associée une
probabilité de défaillance à un horizon de 3 ans par rapport à la date de clôture du bilan traité.
La Banque de France a opté pour des scores sectoriels et non pour un score unique. Elle
dispose donc de plusieurs fonctions 84 , 9 au total, exclusivement basées sur les comptes
annuels et des données hard objectives. Leur conception est particulièrement efficace :

 plus le risque est élevé, moins la note est bonne : une « mauvaise » note traduit un
risque fort ;
 le score est traduit en probabilité mathématique de défaillance ;
 chaque société « scorée » est rattachée à une classe de risque qui est établie en
rapportant la probabilité de défaillance de la société au taux de défaillance du secteur.
Trois classes ont été définies : risquée, neutre et favorable ;

80
Par exemple, les fonctions score de !'Association Française des Directeurs et Chefs de Crédit (AFDCC)
développées au début des années 2000.
81
Pour que le score soit calculé, les comptes annuels doivent être considérés comme « valides » au terme d'une
procédure de contrôle automatique.
82
. Examinant l'autonomie, la solvabilité et les performances de la société.
83
Les ratios sont sélectionnés selon leur pouvoir discriminant individuel mais aussi leur aptitude à rendre compte
de la dégradation de la situation de la société (pour le cas des faillites graduelles progressives) et de chocs
exogènes (dans le cas des faillites accidentelles).
84
Chacune applicable à un secteur d'activité particulier.
124
 le score est décomposé en indiquant les contributions des différents ratios à la valeur
du score. Les ratios à contribution négative soulignent les points faibles, ceux à
contribution positive soulignent les points forts de l'entreprise notée ;
 le score est positionné dans le secteur d'activité de la société étudiée, par déci les et
quartiles.

Au total, les scores sont calculés sur un peu plus de 180 000 sociétés chaque année, selon un
critère d'importance, par la taille de leur chiffre d'affaires.

Dans le cadre de ses prestations FIBEN (Fichier bancaire des entreprises), la Banque de
France propose le calcul des scores, exclusivement sur adhésion, aux établissements de crédit,
aux assureurs crédit et caution, à !'Autorité de contrôle prudentiel et aux administrations. Pour
ceci, elle commercialise en ligne un produit spécifique, un Module 19, dans lequel le score est
calculé et détaillé. Elle propose également un service d'analyse du portefeuille consistant à «
scorer » un groupe d'entreprises et à fournir une analyse statistique du risque de ce
portefeuille. En y adjoignant des données internes du créancier financier, il est possible de
calculer des pertes attendues et inattendues à un horizon donné. Ces prestations sont
particulièrement utiles aux banques. La Banque de France est relativement transparente sur les
méthodologies utilisées et sur l'efficacité du modèle.

3. Avantages et limites de l'approche statistique


Les modèles de scoring présentent de nombreux avantages tenant aussi bien à la logique de
leur élaboration qu'aux conditions de leur application.

Les scoring sont objectifs car fondés sur une analyse statistique approfondie des sociétés
défaillantes (ou en défaut, selon l'événement modélisé). Issus d'une observation détaillée de
deux groupes distincts, ils relèvent d'une vision positive de la défaillance sans souffrir des
biais des méthodes empiriques. La mesure du risque qui en résulte n'est pas polluée par des
perceptions subjectives ou des erreurs dans la fixation a priori de normes parfois discutables.
Les progrès techniques permettent de produire un score dans des conditions raisonnables de
coût.

Disposant d'un outil statistique, validé, la mise en œuvre est relativement simple. Le nombre
de données nécessaire est finalement assez limité, ce qui en réduit le coût. L'application peut
être entièrement automatisée, ce qui autorise le traitement de masse. L'analyse du risque peut
être largement accélérée et économe en temps et ressources humaines. Les analystes (experts)
sont incités à effectuer des investigations complémentaires pour les sociétés que le score
n'arriverait pas clairement à affecter dans l'un ou l'autre des groupes ou pour cel les rattachées
à une classe de risque moyen. Pour l'institution où le modèle est en place, il fournit un
instrument utile d'aide à la décision.

125
 Cependant, le scoring présente une série de limites.

Elles tiennent d'abord à la difficulté à élaborer un score unique pour toutes les sociétés, qui
conduit parfois à construire plusieurs scores à applications sectorielles. Les méthodes
statistiques présentent souvent une faible robustesse temporelle, qui oblige à mettre à jour
périodiquement le modèle pour tenir compte de l'évolution du contexte économique et du
phénomène modélisé (défauts et/ou défaillance). Ceci peut s'avérer contraignant. Mais
surtout, la réelle difficulté tient aux hypothèses statistiques, parfois restrictives de certaines
méthodologies, qui doivent absolument être validées pour que la technique soit efficace. Par
ailleurs, des critiques ont été faites quant aux données traitées :

 il serait bon - ce que font certains modèles - de considérer des éléments qualitatifs ;
 les données financières ne sont parfois disponibles que tardivement, ce qui obère la
capacité prédictive ;
 il a été montré que les entreprises en difficulté ont tendance à restreindre
volontairement les données financières révélées (parfois même en ne publiant plus
leurs comptes).

Néanmoins, la mesure du risque de crédit individuel d'une entreprise par les méthodes
statistiques nourrit un fertile champ de recherche en économie et en finance. En effet,
disposant de scores sur des échantillons parfois importants (comme c'est le cas avec les scores
de la Banque de France), il est possible d'investiguer plusieurs questions relatives au risque de
crédit.

Deux grandes directions sont explorées :

 dans une logique individuelle de mieux comprendre - pour les modéliser en


dynamique - les processus de défaillance par l'étude des trajectoires de ces
entreprises et de suivre l'impact sur les scores de la situation économique générale
afin de modéliser la sensibilité du risque de crédit aux variables conjoncturel les ;
 l'appréhension du risque entre les entreprises par l'examen des phénomènes de
corrélation de risque entre entreprises et de contagion.

126
Conclusion

Dans ce chapitre, On a présenté la majorité des méthodes d’appréciation du risque crédit :


l’analyse financière, Les méthodes empiriques, les méthodes normatives et les méthodes
statistiques. Il est à souligner que l’ensemble de ces méthodes présente un même objectif :
celui de prévoir la défaillance des contreparties.

Chacune de ces méthodes présente des avantages et des inconvénients. C’est à la banque de
choisir celle leur convient le plus.

Depuis la dernière décennie, les banques marocaines essaient de mettre en place l’utilisation
des méthodes des scores pour analyser la défaillance des entreprises, qui leur permettent de
rationaliser les décisions en matière d’octroi du crédit.

127
 Conditions

On considère les conditions (de marché et commerciales) applicables à cet emprunteur.


Autrement dit, il s'agit d'apprécier si les conditions (taux, maturité, mode de remboursement)
applicables ou envisageables ne génèrent pas un risque trop élevé et si elles sont de nature à
permettre au créancier de dégager une juste rémunération du risque de crédit supporté.

1.2 La méthode LAPP


Dans le même esprit, la méthode LAPP invite à étudier quatre grands critères, en examinant
en détail quelques ratios et paramètres organisés autour de 4 grands thèmes. Elle est
davantage centrée sur des données financières et inclut une forme d'analyse financière
basique.

 Liquidity

Étude du ratio de liquidité générale (current ratio) ou réduite (acid ratio).

 Activity

Examen des ratios de croissance des ventes, de rotation des actifs et du poids du Working
Capital.

 Profitability

On étudie la profitabilité, c'est-à-dire les marges dégagées par l'entreprise.

 Potential

Le critère est qualitatif et plus ouvert ; il fait référence à la fois au potentiel de l'entreprise en
termes de marché, stratégie et management et en termes d'actifs pouvant jouer le rôle de
garantie explicite ou implicite à l'opération de crédit. On considère ainsi que l'analyste sera à
même d'apprécier le risque au terme de l'étude de ces quatre thèmes.

1.3 Les grilles de diagnostic


Dans le prolongement des méthodes précédentes, les grilles de diagnostic, tout en restant
empiriques dans leur interprétation, figent de manière subjective et déterministe un nombre
précis de critères à étudier. Souvent, ces critères sont de plusieurs origines : financiers (bruts
ou calculés) et qualitatifs.

 Les grilles d'analyse stratégique

La stratégie est une discipline qui couvre deux volets principaux. Le diagnostic stratégique a
pour but de qualifier la position (situation stratégique) d'une entreprise. L'orientation
stratégique vise, quant à elle, à optimiser les choix de développement et de gestion d'une
firme afin de l'orienter dans un sens qui permette la maximisation de ses performances.
92
Section 1 : Présentation du groupe ABB

1. Historique
Al Barid Bank, filiale de Barid Al-Maghrib, a été lancée le 8 juin 2010, pour être au service
du plus grand nombre de marocains.

Héritière de l’activité des services financiers du groupe Barid Al-Maghrib, Al Barid Bank
s’appuie sur un savoir-faire reconnu. En effet, l’exercice des services financiers par Barid Al-
Maghrib remonte à 1926, année de création du compte chèque postal (CCP).

Citoyenne, accessible, proche de ses clients, elle dispose d’un très large réseau, réparties sur
le Royaume, aussi bien dans les zones urbaines que dans les zones rurales les plus reculées.

Offrant une large gamme de produits et services bancaires à une tarification adaptée, Al Barid
Bank facilite l’accès aux services financiers et contribue ainsi à l’accélération de la
bancarisation des citoyens marocains.

Contexte favorable de transformation du statut en banque postale avec la création d’Al


Barid Bank

2. Les atouts des services financiers de Poste Maroc

Poste Maroc avait d’ores et déjà un positionnement naturel et historique sur les segments à
revenus modestes à travers les produits CCP ( compte chèque postal) et CEN ( caisse
d’épargne nationale ). La couverture de son réseau couvrait l’ensemble du territoire national,
y compris rural. Son portefeuille clients à équiper et fidéliser était important, mais impossible
à développer sans une offre de crédit. Enfin, Poste Maroc avait une position de leader sur les
transferts d’argent. Un objectif politique et économique clair en , 2007 le taux de
bancarisation au Maroc était de 34 % sans Poste Maroc, qui apportera 13 % à elle seule en
2009. Pour les pouvoirs publics, le statut bancaire était un outil technique de modernisation de
l’économie marocaine. Il existait une volonté du gouvernement marocain de pousser la
collecte de l’épargne et la bancarisation qui représentaient un outil de lutte contre l’informel
et la réduction de l’utilisation du cash. Par sa dimension, le réseau de Poste Maroc s’adressait
à l’ensemble des Marocains, y compris les populations à revenus modestes ou irréguliers
exclus du système bancaire (les banques existantes privilégiant les clients aisés ). Pour les
autorités marocaines, l’inclusion financière était considérée comme un instrument puissant au
service du développement économique, mais aussi en termes de développement humain
(politique rentrant dans le cadre de l’INDH –Initiative nationale pour le développement
humain). L’objectif était de créer un modèle économique de distribution de produits et
services adaptés aux populations à bas revenus et rentes irrégulières en privilégiant la
confiance (garantie de l’État), la proximité et une offre simple, diversifiée, industrialisée et
accessible. Il ne s’agissait pas de créer une nouvelle banque mais une banque développant un

129
2. La méthode des valeurs normatives de ratios 51
De logique empirique, cette approche consiste à retenir une série de ratios considérés
pertinents et à leur associer une va leur seuil, une norme. Pour chaque ratio, on analyse la
valeur pour la société au regard de la valeur normative. L'absence d'indicateur de synthèse est
parfois compensée par un schéma illustratif.

Les ratios retenus sont sélection nés parmi ceux qui ont intuitivement une aptitude à apprécier
le risque et ceux qui l'ont montrée statistiquement. La principale difficulté, déterminante pour
l'efficacité du modèle, est relative à la fixation de la valeur du seuil. Il peut s'agir d'une norme
:

 naturelle (mécanique) liée à la construction du ratio, comme par rapport à un ratio


d'équilibre financier qui indique directement si oui ou non il y a équilibre, par
exemple le ratio de Fonds de Roulement ;
 économique : si un indicateur est comparé à une variable externe, objective, de
référence, par exemple la croissance des revenus relativisée à la croissance générale ;
 subjective : il peut s'agir d'une valeur fixée, « affirmée », a priori, « à dire d'experts »,
considérant que cette valeur souvent intuitive sépare les entreprises qui sont risquées
et celles qui ne le sont pas. Il s'agit par exemple des ratios prudentiels des banques
commerciales.

En cas d'usage d'une norme naturelle, le ratio est traité en brut. Par exemple, le ratio de
liquidité générale mesure directement le risque : plus il est élevé, moins le risque est élevé. La
norme implicite est, par construction, égale à 1.

Pour les normes économiques ou subjectives, le ratio calculé est comparé à la valeur seuil.
Pour accroître la l lisibilité, on procède à un ajustement. En effet, souvent, le ratio est divisé
par la valeur normative et, ai nsi ajusté, s'interprète par rapport à un seuil égal à 1.

À titre d'exemple, on peut citer les normes suivantes :

Ratio de FR Au moins 1,2

Ratio de Liquidité Générale Au moins 1

Capacité de Remboursement 5 à 7 maximum

Frais Financiers (% EBITDA) 33 % maximum

Structure Financière (D/FP) 1,3 maximum

51
Ou méthode des Ratios Normatifs
94
 Une banque « citoyenne »

L’objectif de la réforme de 2010 était bien de créer un nouvel acteur bancaire différenciant
des banques existantes publiques et privées :

 positionnement sur les particuliers à revenus modestes avec un objectif de


bancarisation ;
 attention particulière aux jeunes et aux retraités ;
 accessibilité ( y compris tarifaire ) et simplicité de l’offre ;
 réseau national d’agences collant à l’organisation administrative régionale
 développement du crédit en prenant en compte l’inclusion financière et étant
systématiquement le mieux disant du marché, d’où une rentabilité affichée moindre
que ses concurrents ;
 mobilisation de l’épargne locale.

3. Les missions et les valeurs du Groupe


SCHEMA 15 : LES MISSIONS ET LES VALEURS DU GROUPE

131
 Polygone de sustentation

Il s'agit d'un graphique polygone convexe obtenu en joignant différents points, illustrant, sous
forme de vecteurs, ici le risque de l'entreprise étudiée. Chaque ratio (thème) est représenté par
un axe dessinant un diagramme à forte valeur ajoutée visuelle. L'approche multicritère est
commode car elle permet une appréciation optique de la surface globale et du degré de
régularité du périmètre.

SCHEMA 11 - POLYGONE DE SUSTENTATION

Soit, ici, une analyse menée en utilisant 6 ratios, numérotés Rl à R6.


L'outil graphique permet une lecture synthétique rapide du risque.

3. La méthode des credit men


Cette approche, ancienne, a vu le jour avec les credit managers américains qui ont proposé,
via leur association professionnel le, cette méthode d'évaluation du risque pour leurs clients.
Elle est considérée comme l'une des premières méthodes de mesure du risque associant des
critères financiers et qualitatifs.

Il s'agit de « noter » une entreprise au regard d'une « firme type en bonne santé non
susceptible de faire faillite », en considérant trois facteurs pondérés de manière empirique très
subjective :

 Personnel de la société 40 %

 Contexte économique 20 %

 Situation financière 40 %

96
La « note » finale s'exprime par rapport à 100 avec la logique suivante : plus elle est élevée et
proche de 100, moins l'entreprise est risquée ; et plus cette note est faible et proche de 0, plus
le risque de crédit est élevé.

L'appréciation des facteurs « Personnel » (sur 40) et « Contexte économique » (sur 20) est
subjective.

La situation financière est mesurée par une note intermédiaire (F) calculée sur 100, puis
pondérée à 40 %. E l le est obtenue en traitant 5 ratios financiers (eux-mêmes considérés au
regard d'une situation type) pondérés de la manière suivante :

F = 25 X Rl + 25 X R2 + 20 X R3 + 20 X R4 + 10 X R5

Chaque indicateur Ri a une valeur seuil égale à 1 : on rapporte la valeur du ratio de la société
à une valeur normative du ratio pour une entreprise type en bonne santé financière. Les ratios
sont les suivants :

Rl : ratio de trésorerie (liquidité générale)

R2 : ratio de solvabilité (structure financière)

R3 : rotation des créances clients

R4 : rotation des stocks RS : ratio de fonds de roulement propre

La note F se positionne par rapport à 100, si :

F = 100, l'entreprise n'est pas risquée et correspond à une entreprise type non risquée ;

F > 100, la société est peu risquée et d'autant moins risquée que F est élevé (la situation
est meilleure que la firme type) ;

F < 100, la société est risquée et d'autant plus risquée que F est faible et s'approche de 0
(la situation est moins bonne que la firme type non risquée).

Cette méthode ancienne a suscité, en réaction et dans son sillage, la création d'un ensemble
d'autres méthodes empiriques.

97
Pour chaque critère, l'analyste « coche » ce qui correspond au cas de l'entreprise étudiée.
Ensuite, il totalise les colonnes et affecte l'entreprise à la classe comportant le plus d'éléments.
Pour éviter les problèmes de classement, la méthode inclut généralement un nombre impair de
critères. Les résultats sont acceptables pour les situations tranchées mais souffrent d'un effet
de compensation entre critères. L'interprétation est parfois difficile.

5. La méthode des points de risque


Il s'agit probablement de la méthode empirique la plus utilisée. Située dans le prolongement
de la précédente, elle se veut plus quantitative et précise. Elle a pour but de calculer une note
pour une entreprise, qui correspond à un total de points attribués selon différents critères par
rapport au maximum de points possible. On note le risque sur une échelle fermée.

On sélectionne des critères puis, selon leurs modalités, on attribue des points en suivant une
hiérarchie : ordre croissant ou décroissant de risque. Au final, on totalise les points attribués et
on les rapporte au nombre maximum de points possible, obtenant de la sorte une « note ».
Pour l'interpréter aisément, on fixe un nombre total maximum simple (généralement 20 ou
100), qui impose parfois un ajustement par coefficient si le total de la méthode n'y aboutissait
pas directement.

En conséquence, systématiquement, le risque est apprécié par la note exprimée, selon la


hiérarchie retenue. Souvent, celle-ci est ascendante : on attribue la meilleure note à une
entreprise sans risque et la moins bonne à une firme extrêmement risquée. Ainsi, une note de
97 /100 ou de 18/20 correspond à un faible risque, alors qu'une note de 05/100 ou de 02/20
montre un risque très élevé.

Certaines méthodes qui retiennent une note sur 100 « forcent » le raisonnement et induisent
une lecture implicite en termes de probabilité de défaut ou faillite.

Ceci est très excessif car la méthode, empirique et normative, ne permet en aucun cas une
mesure rigoureuse. Par exemple, une note de 28/100 serait, de manière exagérément
simplificatrice, considérée comme une probabilité de faillite de 72 %.

Ces méthodes existent, selon deux variantes.

5.1 Méthode issue de l'échelle de Likert

C'est la méthode standard des points de risque, s'inspirant fortement de la logique d'une
échelle de Likert. À l'origine, il s'agit d'un système de mesure utilisé dans les questionnaires
psychométriques ou de psychologie sociale, puis généralisé dans les analyses qualitatives, de
ressenti, en particulier en marketing. Pour différents critères, on demande à une personne
d'exprimer sa satisfaction ou son assentiment sur une échelle52. Ce type de méthodologie s'est
ensuite diffusé vers des études de probabilité, de fréquence ou de qualité.

52
Tout à fait d'accord ; d'accord ; sans opinion ; pas d'accord ; pas du tout d'accord.
99
 Le produit général des transactions réalisées avec le client.

L’étude de la demande de crédit est une étape cruciale dans le processus d’octroi de crédit.
Pour ceci, une première lecture doit se faire au niveau de la partie commerciale chargée du
dossier pour ensuite passer à l’entité contre étude afin d’évaluer le risque.

 Les mesures de gestion des risques de crédit

Plusieurs éléments s’inscrivent dans le cadre des mesures de gestion des risques de crédit :

 Une structure chargée du contrôle surveillant l’ensemble des filières de crédit ;


 Une appréciation de la qualité des risques exposés ;
 Une revue de risques avérés ;
 Une surveillance des créances fragiles.

Le dispositif de contrôle des risques : Plusieurs entités sont responsables du contrôle et du


suivi du risque de crédit :

 « Les instances opérationnelles supervisant les tâches importantes;


 Les entités de contrôle interne;
 la Direction Générale Risques Groupe de l’ABB;
 Les entités de gouvernance et de pilotage.

De plus, plusieurs fondements orientent le suivi des engagements à savoir :

SCHEMA 18 : LES FONDEMENTS ORIENTANT LES ENGAGEMENTS

135
Section 2: L’évaluation du risque de crédit par la
méthode du scoring

Dans cette section nous allons présenter les différentes étapes de la méthode scoring, puis
nous présentons la construction du modèle par l’analyse discriminante.

1. La méthodologie d’approche de la méthode des scores


1.1 Présentation de la base de données
La présentation de la base de données passe par la détermination de quelques éléments
essentiels notamment :

 La population ciblée.
 Le critère de défaillance.
 La méthode d'échantillonnage.
 Les variables.

 La population ciblée

Au cours de mon stage, nous avons ciblé des Petites et Moyennes Entreprises (PME), privées
domiciliées auprès de la Banque d’Al Barid Bank. Ces entreprises ont bénéficié d’au moins
un crédit d’exploitation, dont on connaît le sort, pendant la période 2012 - 2018. Pour ces
entreprises, nous avons collecté les bilans financiers des trois derniers exercices, sources
principales des informations comptables, ainsi que d'autres informations tirées d'autres
documents ou fournies par les chargées d'études.

 Le critère de défaillance

Afin de définir le critère de défaillance, nous avons suivi que le plus important pour une
banque n'est pas la situation des ses clients, mais celle de leurs engagements, c'est-à-dire ses
créances. La loi définit deux grandes classes de créances85:

 Créances courantes : Sont considérées comme créances courantes les créances dont le
recouvrement intégral dans les délais parait assuré. Ces créances doivent faire l’objet
d’un provisionnement général à hauteur de1 % annuellement jusqu’à atteindre un
niveau total de 3 %. Il s’agit des provisions à caractères de réserves qui feront partie
des fonds propres.
 Créances douteuses : Cette classe est divisée en trois (03) catégories :
 Catégorie A : Créances à problèmes potentiels Font partie de cette catégorie
les créances enregistrant un retard de remboursement compris entre trois (03)
mois et six (06) mois. Ces créances doivent être provisionnées à hauteur de
30%.

85
Instruction n° 74-94 du 29 novembre 1994
136
 Catégorie B : Créances très risquées Font partie de cette catégorie les créances
enregistrant un retard de remboursement compris entre six (06) mois et une
(01) année. Ces créances doivent être provisionnées à hauteur de 50 %.
 Catégorie C : Créances compromises : Font partie de la catégorie C les
créances qui doivent être passées pour pertes (retard de remboursement
dépassant une (01) année). Toutefois les banques et établissements financiers
se doivent d’épuiser toutes les voies de recours possibles pour le
recouvrement. Ces créances doivent être provisionnées à hauteur de 100 %.
Sachant que le modèle que nous désirons construire exige l'existence de deux
catégories et deux seulement, cette classification ne répond pas à notre besoin,
d'où la nécessité d'une définition moins approfondie du critère de défaillance,
distinguant les créances saines de celles douteuses.
Pour effectuer cette nouvelle répartition de notre échantillon, nous avons
choisi comme critère de défaillance le retard de remboursement dépassant les
quatre-vingt-dix (90) jours à partir desquels la banque doit procéder au
provisionnement (c'est bien le troisième évènement défini dans le second
document consultatif du Comité de Bâle).

 L'échantillonnage

Nous avons opté pour un échantillonnage libre afin de préserver le caractère aléatoire de
l'échantillon et d'éviter ainsi de biaiser davantage la sélection. Cependant, nous avons essayé
d'équilibrer au maximum entre le nombre d'entreprises saines et celui des entreprises
défaillantes pour chaque échantillon afin d'éviter qu'une classe soit mal représentée.

Pour les besoins de notre travail, nous avons scindé l'échantillon principal, composé de trois
cent (300) entreprises, en deux sous échantillons : un échantillon de construction et un
échantillon de validation.

 L'échantillon de construction :

L'échantillon de construction est constitué de cent soixante (160) entreprises ayant bénéficié
d'un crédit d'exploitation au cours de la période 2012-2018 auprès de la Banque d’AL Barid
Bank. Le sort de ces crédits étant connu, nous avons pu détecter quatre vingt-treize (93)
entreprises saines et soixante sept (67) entreprises défaillantes.

137
5.2 Méthodes de points de risque à composantes

Il s'agit d'une méthode découlant de la précédente, mais qui réfute la logique métrique. Elle
permet de donner des poids différents aux critères et de ne pas tous les noter sur la même
échelle ; autrement dit, de corriger le biais de l'hypothèse implicite de même variance de tous
les critères. On la qualifie parfois de méthode de scoring empirique.

L'approche est strictement normative et s'inspire de la logique de la méthode des credit men.
On choisit de noter une entreprise sur une échelle fermée en fixant des bornes : en général de
0 à 100. Comme dans la méthode précédente, les modalités de certains critères retenus se
voient attribuer certains points, mais la pondération entre critères est ouverte et subjective en
ce qui concerne :

 les thèmes (groupes de critères) ou sous-notes,


 chacun des critères individuels.

La note finale N est définie par une fonction linéaire des sous-notes, en fixant empiriquement
et de manière normative les pondérations.

 N = 0,3 X Nl + 0,4 X N2 + 0,3 X N3

Chaque sous-note thématique Ni est calculée avec un sous-total égal au total fixé pour N,
souvent 100. Elle est elle-même l'assemblage linéaire pondéré de critères, regroupés par
thème. U ne logique décroissante est souvent retenue : plus la note est proche de 100, moins
l'entreprise est risquée.

Cette méthode est souvent utilisée par les agences de renseignement et d'informations
commerciales et financières pour noter le risque des entreprises.

Dans cet esprit, supposons (à titre d'exemple) que la note N su r 100, englobe 3 sous-notes :

N 1 : Appréciation du risque structurel

N2 : Appréciation du risque financier par les comptes annuels

N3 : Appréciation de la tenue des paiements

Il est concevable de modifier les pondérations de la méthode selon les cas. Par exemple, si on
ne dispose pas des comptes parce que la société n'a pas à les publier, la pondération pourrait
devenir :

N = 0,55 X Nl + 0,45 X N3

102
A ce stade de l’étude, nous devons soulever quelques problèmes relatifs à la construction du
modèle, notamment :

 Le biais de sélection, également appelé problème de réintégration des refusés, qui


diminue la fiabilité de l’étude, rappelons qu’il s’agit de l’intervention de facteurs
exogènes dans la procédure d’échantillonnage.
 La taille de l’échantillon de construction, limitée à trois cent entreprises, ce qui va
nuire à la qualité des résultats sachant qu’un bon modèle nécessite quelques milliers
d’individus pour espérer atteindre un niveau de fiabilité optimal.
 La périodicité de l’étude qui ne couvre pas en totalité un cycle économique, estimé à
sept (07) ans selon le Comité de Bâle.

 Les variables de l’étude

Les variables utilisées dans notre travail, comme tout autre travail de Scoring, sont de deux
natures :

 Des variables comptables (variables quantitatives) : qui ont été obtenues à partir des
bilans financiers des trois derniers exercices, élaborés par les chargés d’études au
niveau de la Direction de Crédits à l’Industrie et aux Services (D.C.I.S).
 Des variables extra comptables (variables qualitatives) : qui sont issues des études
menées au niveau des agences et dont les dossiers sont disponibles au niveau de la
Direction de Crédits à l’Industrie et aux Services (D.C.I.S).

 Les variables comptables

Ce sont des variables quantitatives, principalement des ratios que nous avons calculés pour
les entreprises de notre base de données à partir de leurs bilans financiers. Ces ratios
s’intéressent particulièrement à la rentabilité, la structure des entreprises ainsi que l’évolution
de leur activité.

139
140
Les variables extra comptables

Ce sont des variables qualitatives qui peuvent avoir une influence sur le sort des crédits, elles
sont en nombre de cinq :

a- Le « comportement actuel » est la variable dichotomique qui peut prendre deux valeurs :
 1 si le comportement est bon c’est-à-dire entreprise saine ;
 2 si le comportement n’est pas bon, c’est-à-dire entreprise défaillante.

Cette variable est la plus importante dans la mesure où elle sera la variable à expliquer.

b- Le secteur d’activité Les entreprises sur lesquelles porte notre étude activent sur l’un des
trois secteurs suivants :
 Le secteur industriel : Cette classe regroupe l’ensemble des activités industrielles
(agroalimentaire ; chimique ; pharmaceutique ; industrie de plastique …etc.).
 Le secteur commercial : Le commerce de gros et le commerce de détail. Chacune
de ces variables est une variable dichotomique qui prend la valeur 1 lorsque
l’entreprise en question appartient au secteur désigné, 0 sinon.
 Le secteur des services : Cette classe regroupe principalement les services de
santé, la réparation de produits électroniques, de transport…etc.

Le secteur d’activité peut prendre durant toute notre analyse trois valeurs comme suit :

 1 si le secteur est industriel ;


 2 si le secteur est commercial ;
 3 si le secteur est de services.

c- La forme juridique Les entreprises constituant notre base de données sont de quatre
formes juridiques :

 Société à Responsabilité Limitée (SARL).


 Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée (EURL).
 Société Par Actions (SPA).
 Société au Nom Collectif (SNC).

141
La forme juridique des entreprises peut prendre quatre valeurs comme suit :

 1 si les entreprises sont des SARL ;


 2 si les entreprises sont des EURL ;
 3 si les entreprises sont des SPA ;
 4 si les entreprises sont des SNC.

c- La nature de la demande

La nature de demande est la variable par laquelle nous devons connaitre si l’entreprise est
classée « ancienne ou nouvelle » par rapport à la clientèle de la banque. Elle porte deux
valeurs selon l’ancienneté comme suit :

 1 si le client est nouveau pour la banque ;


 2 si le client est ancien pour la banque.

d- Le type de crédit

C’est la variable selon laquelle on connaîtra le type de crédit accordé par la banque aux
clients, ce crédit doit être un « crédit d’exploitation ou d’investissement ». Dans l’analyse des
résultats il peut être identifié selon deux valeurs :

 1 si le crédit est d’exploitation ;


 2 si il est un crédit d’investissement.

1.2 Analyse statistique de variables qualitatives


Cette analyse 86 nous permettra de cerner les caractéristiques des différentes variables
qualitatives ainsi que leurs relations avec la variable dépendante au sens du critère de défaut
que nous avons retenu.

Nous allons nous baser sur le test d’indépendance de Khi-deux qui nous permettra de
déterminer la relation de dépendance entre les différentes variables qualitatives et la variable
indicatrice du défaut de remboursement (risque de crédit).

La statistique qui nous permet de réaliser le test est défini comme suit87:

86
Les tests et les analyses seront effectués à l’aide du logiciel SPSS (Statistical Package for Social Sciences)
20.0 for Windows.
87
5 KHALDI Khaled, « Methodes statistiques »,6è éd Office des Publications Universitaires, 2005, p125
142
Les hypothèses de test étant :

 H0 : Indépendance entre les deux variables.


 H1 : Dépendance entre le deux variables.

On rejette l’hypothèse H0 si la valeur calculée χc 2 est supérieure à la valeur tabulée χc 2 ((p


-1) (k -1)) au seuil de confiance α.

Ou bien par le test de probabilité :

 si P {H0} ≥ α : on accepte H0 ;
 si P {H0} < α : on accepte H1.

Avec :

 N : Le nombre de l’effectif total.


 ni . : Le nombre d’individus ayant la modalité i de la première variable.
 nj : Le nombre d’individus ayant la modalité j de la deuxième variable.
 nij : Le nombre d’individus ayant les modalités i et j en même temps.
 p, k : Le nombre de modalités pour chaque variable.

1.2.1. Étude du risque selon la variable « secteur d’activité »


Pour réaliser un test d’indépendance de Khi-deux, il faut d’abord passer par la récapitulation
du variable dichotomique « secteur d’activité » et la transformer en une variable polytomique
à quatre modalités et ce, afin de la faire croiser avec la variable à expliquer.

TABLEAU 16 : TABLEAU CROISE (DEFAILLANCE – SECTEUR D’ACTIVITE)

SOURCE : REALISE PAR NOUS MEME A PARTIR DES DONNEES DE L’ABB (VOIR
ANNEXE V).

143
 Interprétation du tableau

La banque a octroyé presque la moitié (47,50%) de son portefeuille crédit au profit des
entreprises de service, malgré son taux de défaillance qui occupe la première position
(63,16%) , par contre le taux de défaillances pour les entreprises de secteur commercial est de
45,48%, et 40,625% pour les entreprises industrielles.

Après avoir examiné l’indépendance entre le risque et la variable secteur d’activité, par le test
de KHI-2 qui s’appuie sur deux hypothèses qui sont :

 H0 : l’indépendance entre le risque de crédit et le secteur d’activité ;


 H1 : dépendance en le risque de crédit et le secteur d’activité.

Le test de Khi-deux affiche les résultats suivants (Voir annexe) :

D’après ce test nous constatons que : X 2 C < X 2 95% alors le risque de crédit et le secteur
d’activité sont indépendants.

1.2.2. Étude du risque selon la variable « forme juridique »


La transformation de la variable « forme juridique » en une variable polytomique donne le
tableau récapitulatif suivant :

Tableau 17 : Tableau croisé (défaillance – forme juridique).

SOURCE : REALISE PAR NOUS MEME A PARTIR DES DONNEES DE L’ABB (VOIR ANNEXE V)

144
 Interprétation du tableau

La banque a octroyé (57,50%) de son portefeuille crédit au profit de SARL, malgré son taux
de défaillance qui occupe la troisième position (49,28%) après la SNC (66,67%) et l’EURL
(51,72%), puis vient la SPA à la quatrième position avec un taux de défaillance de 43,75%.

Après avoir examiné l’indépendance entre le risque et la variable forme juridique, par le test
de KHI-2 qui s’appuie sur deux hypothèses qui sont :

 H0 : l’indépendance entre le risque de crédit et la forme juridique. –


 H1 : dépendance entre les deux.

Le test de Khi-deux affiche les résultats du test d’indépendance (défaillance – forme


juridique) suivants (Voir annexe) :

2 2
D’après ce test nous constatons que : X C <X 95% alors le risque de crédit et la forme
juridique sont indépendants.

Donc la forme juridique d’une entreprise n’a aucun rapport avec son comportement envers ses
engagements.

1.2.3. Étude de risque selon la variable nature de la demande «initiale,


renouvellement»
La classification des entreprises selon la nature de la demande de crédit est récapitulée dans
le tableau suivant :

TABLEAU N 18 : REPARTITION DES ENTREPRISES SELON LA NATURE DE LA DEMANDE .

SOURCE : REALISE PAR NOUS MEME A PARTIR DES DONNEES DE L’ABB (VOIR ANNEXE V)

145
 Interprétation du tableau

Nous constatons, que la banque accorde plus de confiance à ses anciens clients qui ont déjà
profité d’un ou de plusieurs concours avant cette date, ce qui argumente le pourcentage des
demandes renouvelables qui atteint (52,50%) contre (47,50%) pour les nouvelles demandes.

Le pourcentage de défaut pour les entreprises sollicitant un crédit pour la première fois est
assez élevé (56,14%) comparé avec celui des entreprises domiciliaires à la banque (44,45%),
ce qui peut expliquer la réticence de la banque vis-à-vis des nouvelles demandes.

Nous poserons les hypothèses suivantes :

 H0 : l’indépendance entre le risque et la nature de la demande.


 H1 : dépendance entre les deux.

Le test de Khi-deux affiche les résultats suivants (Voir annexe) :

D’après ce test nous constatons que : X 2 C < X 2 95% alors le risque de crédit et la nature de la
demande sont indépendants.

146
1.2.4. Étude du risque selon la variable « type de crédit »

TABLEAU N ° 19: REPARTITION DES ENTREPRISES SELON LE TYPE DE CREDIT.

SOURCE : REALISE PAR NOUS MEME A PARTIR DES DONNEES DE L’ABB (VOIR
ANNEXE V).

 Interprétation du tableau

Nous constatons, que la banque accorde plus de confiance aux clients qui demandent un
crédit d’exploitation que les demandeurs du crédit d’investissement, ce qui argumente le
pourcentage des demandes de crédit d’exploitation qui atteint (71,67%) contre (28,33%) pour
les demandes de crédit d’investissement.

Le pourcentage de défaut pour les entreprises sollicitant un crédit d’exploitation est bas
(39,53%) comparé avec celui des entreprises demandant un crédit d’investissement qui est
très élevé (76,47%), ce qui peut expliquer que la banque sollicite le crédit d’exploitation que
le crédit d’investissement.

Nous poserons les hypothèses suivantes :

 H0 : l’indépendance entre le risque et le type de crédit.


 H1 : dépendance entre les deux.

Le test de Khi-deux affiche les résultats suivants (voir annexe) :

D’après ce test nous constatons que : X 2 C < X 2


95% alors le risque de crédit et le type de
crédit accordé par la banque sont indépendants.

147
2. La construction du modèle crédit-score

Maintenant que nous avons une idée sur les variables qualitatives et leurs relations avec la
défaillance, nous désirons construire une fonction qui permet d’exploiter tout le potentiel des
variables quantitatives les plus puissantes dans des scores permettant à leur tour de faire la
meilleure discrimination entre les deux groupes d’entreprises.

2.1 L’analyse discriminante


Comme son nom l’indique, l’analyse discriminante a pour but de discriminer, d’opposer et de
différencier. C’est une méthode statistique multidimensionnelle qui a pour objectif
d’expliquer un caractère qualitatif (appartenance ou non à un groupe d’individus) par
l’intermédiaire de variables quantitatives explicatives décrivant les individus. C’est une
méthode utilisée notamment par les banques pour le scoring. Les objectifs de l’analyse
discriminante sont différents. L’analyse discriminante vise à résoudre deux catégories de
problèmes :

 Comment peut-on séparer deux groupes d’individus grâce à l’utilisation des critères
mesurés sur ces individus ? Dans notre cas, faire la séparation entre les entreprises
défaillantes et celles saines par le biais d’un ensemble de ratios comptables et
financiers (c’est l’analyse discriminante à but descriptif) ;
 Comment peut-on réaffecter ces individus à leurs groupes ? et comment peut- on
identifier la classe d’un nouvel individu avec la seule connaissance de la valeur des
critères retenus ? (c’est l’analyse discriminante à but décisionnel).

Dans cette recherche, notre objectif est double : descriptif et décisionnel, les deux approches
de l’analyse discriminante seront donc sollicitées.

2.1.1 Présentation de la fonction score


L’utilisateur aura le choix entre la fonction discriminante (une seule fonction) et les fonctions
de classement (deux fonctions). Le traitement de notre base des données par le biais du
logiciel SPSS20 nous a permis d’identifier la fonction score suivante :

148
TABLEAU 20 : FONCTION SCORE IDENTIFIEE.

SOURCE : REALISE PAR NOUS MEME A PARTIR DES DONNEES DE L’ABB (VOIR ANNEXE
IV)

Nous allons concentrer notre analyse sur la significativité globale du modèle et sur sa capacité
prédictive du modèle sur l’échantillon de validation. Les variables explicatives étant déjà
sélectionnées, nous allons les utiliser toutes dans la fonction. Aucune procédure de sélection
supplémentaire ne va être envisagée.

La mise en relation de la variable défaut de remboursement (comportement actuel) avec les


variables sectionnées par le biais de l’analyse discriminante a donné lieu la construction de la
fonction score « Z » suivante :

L’affectation aux groupes se fera en fonction des barycentres de ces derniers, c'est-à-dire par
comparaison avec un score discriminant « moyen » pour chaque groupe. Ce score moyen est
calculé à partir de la fonction discriminante, où l’on remplace les valeurs individuelles par les
moyens des variables indépendantes pour le groupe dont on s’occupe.

Les scores discriminants moyens pour les deux groupes sont donnés ainsi :

Ce tableau permet de tirer deux seuils qui partagent l’échantillon global en deux groupes
(saines, défaillantes).

149
TABLEAU 21 : FONCTIONS AUX BARYCENTRES DES GROUPES .

SOURCE : REALISE PAR NOUS MEME (VOIR ANNEXE IV).

On constate que la relation est directe, plus le score est élevé, plus l’entreprise présente un
comportement sain. Ainsi, on conclut que le risque et le score sont corrélés négativement,
l’augmentation du score va diminuer le risque.

 Si : Z(i) > 1,162 l’entreprise est considéré comme saine.


 Si : Z(i) < -1,028 l’entreprise est considéré comme défaillante.
 Si : -1,028 < Z(i) < 1,162 l’entreprise se trouve dans une situation de doute

Tel que Z(i) est la note de l’entreprise (i) obtenu par la fonction Z.

Chaque score individuel discriminant individuel est ensuite comparé aux deux scores moyens
et affecté au groupe dont-il est le plus proche. Mais la question qui se pose est la suivante: à
partir de quel score peut-on affecter les individus au groupe 1 (entreprises saines) et non pas
au groupe 2 (entreprises défaillantes) ? Pour ce faire, on doit déterminer un score discriminant
qui joue le rôle de frontière entre les deux groupes. Si les groupes sont de dimensions
inégales, le score critique est égal à la moyenne des moyennes des scores des groupes. Dans
notre cas, ce score est égal à la moyenne des moyennes des scores des deux groupes:

(μ1 + μ2)/2 = 0,134/2 = 0,067

Donc le score frontière = 0,067

Cette situation nous emmène à constater que chaque entreprise peut se classer selon la règle
de décision suivante :

TABLEAU 22 : REGLE DE DECISION .

150
l'observation ex post du devenir des entreprises (à partir de données historiques généralement
comptables et financières) dont on sait avec certitude si el les ont été défaillantes ou non. Le
but est de sélectionner les variables les plus discriminantes individuellement, puis de
construire un modèle statistique établissant une relation dichotomique entre ces variables et le
fait d'avoir connu la faillite ou non.

 1re étape : Définir l'événement à détecter

En analyse du risque de crédit, cet événement peut être de deux natures, comme développé
supra. Il peut s'agir de la faillite, c'est-à-dire le prononcé d'un premier jugement, dans le cadre
de l'une des procédures légales de faillite, par le tribunal compétent. Cet événement est
objectif. Il peut aussi s'agir du défaut, c'est-à-dire du non-respect d'un engagement de crédit.

 2e étape : Construire l'échantillon

Il faut disposer de deux sous-échantillons : un composé d'entreprises ayant connu l'événement


à détecter (défaut, faillite), l'autre d'entreprises ne l'ayant pas con nu, réputées saines. Ces
échantillons doivent être doublement représentatifs de la population totale à laquelle le
modèle est destiné à être appliqué : représentatif de l'économie globale et du point de vue du
rapport entre entreprises défaillantes et non défaillantes. Il est aussi nécessaire qu'ils soient
homogènes pour ne pas être affectés par des différences structurelles. Ceci invite souvent à
réaliser des modèles spécifiques à des secteurs particuliers.

 3e étape : Définir l'horizon de la mesure

Selon cet horizon, les données traitées remonteront à une période historique antérieure à la
faillite plus ou moins longue. Le choix de l'horizon est un compromis entre la fonction
assignée au modèle élaboré et la disponibilité des données traitées. La littérature enseigne que
la faillite est perceptible par l'environnement au moins trois ans avant celle-ci ; aussi les
modèles retiennent-ils généralement cet horizon qui prend en compte le délai d'obtention de
l'information financière utilisée.

 4e étape : Choisir les variables explicatives de l'événement

La sélection des variables est délicate, elle dépend d'abord des données que le modèle pourra
traiter (quantitatives et/ou qualitatives) et impose parfois une hardisation (pour les données
soft) ou une discrétisation (pour l es variables continues). Elle est également contrainte par les
données disponibles pour l'utilisateur du modèle. En ce qui concerne les ratios, l'analyse
financière offre une série d'indicateurs du risque d'une entreprise. Parmi ceux-ci, on retient les
ratios dotés d'un pouvoir discriminant individuel (voir supra) pour utiliser un nombre réduit
de variables solides et pertinentes. Les données traitées en complément des ratios, qui
constituent le cœur de l'approche, sont d'une relative diversité : flux de trésorerie, données

116
2.1.2 Les tests du modèle élaboré

Généralement, on teste la capacité prédictive de la fonction score soit par des tests statistiques
faisant appel à des hypothèses probabilistes, soit par un test pragmatique par le biais de la
matrice de confusion. Concernant les premiers tests, nous utilisons la valeur propre, la
corrélation canonique et Lambda de Wilks88 .

 La valeur propre et la corrélation canonique :

TABLEAU 24 : ADL - LA VALEUR PROPRE.

SOURCE : REALISE PAR NOUS MEME PAR LE SPSS (VOIR ANNEXE III)

Plus la corrélation canonique est proche de 1, meilleur est le modèle. Dans notre cas, la
corrélation canonique est égale à 74,10%. Ce résultat est très encourageant parce que cette
valeur confirme un pouvoir discriminant assez important de la fonction discriminante extraite.

 Lambda de Wilks

Nous avons résumé dans ce tableau les différentes valeurs calculées :

TABLEAU 25 : ADL- LAMBDA DE WILKS

SOURCE : REALISE PAR NOUS MEME PAR LE SPSS (VOIR ANNEXE III).

88
Lambda de Wilks est le rapport de la variation intra-groupes à la variation totale. La variation intra-groupes
est, pour chaque groupe, la somme des carrées des différences entre les scores discriminants individuels et le
centroide du groupe.
152
La valeur de Lambda de Wilks étant faible, et est égale à 0,451, et donc plus proche de 0 que
de 1, avec un khi-deux ayant un degré de signification nul. Cela veut dire qu’au niveau global,
la différence des moyennes des groupes est significative. Pour s’assurer que la fonction
discriminante classifie bien les entreprises en sous-groupes, on analyse la matrice de
confusion qui regroupe les entreprises bien classées et les mal classées. C’est le moyen le plus
utilisé est aussi le plus « parlant ».

2.2 Interprétation des résultats


La solidité du score s’apprécie par rapport au taux de bon classement global, ce qui veut dire
le nombre d’entreprises bien classé à partir de sa note.

2.2.1 Les résultats d’affectation relative à l’échantillon de construction

L’application de la fonction score sur l’échantillon de construction qui contient 160


entreprises, dont 93 saines et 67 défaillante, à dégager les résultats suivants, résumé par le
tableau ci-dessus :

TABLEAU 26 : RESULTATS D’AFFECTATION RELATIVE A L’ECHANTILLON DE


CONSTRUCTION .

SOURCE : EXTRAIT DU SPSS 20 (VOIR ANNEXE IV)

 Interprétation du tableau n°26

Sur 92 entreprises saines du groupe 1(G1) la fonction « Z » à donnée les résultats suivantes :

 81 entreprises de G1 sont bien classées représenter par un taux de bon classement


égal à 87,10%.
 12 entreprises de G1 sont classées dans le groupe 2 (G2) avec un taux d’erreur de
classement égale à 12,90%.
153
Plus les 12 entreprises considérer dans G2, nous avons :

 56 entreprises qui sont bien classé avec un taux de bon classement atteignant
83,60%.
 11 entreprises de G2 sont mal classées avec un taux d’erreur égale à 16,4%.

Nous retiendrons de ces résultats que le taux de bon classement global pour l’échantillon de
construction, qui se calcule comme suit :

[(81+56)/160] = 85,63%.

Pour le taux d’erreur globale du même échantillon est :

[(11+12)/160] = 14,37%.

2.2.2 Les résultats d’affectation relative à l’échantillon de validation

Les résultats de l’application de la fonction Z sur l’échantillon de validation a permet de


construire le tableau suivant :

TABLEAU 27 : RESULTATS D’AFFECTATION RELATIVE A L’ECHANTILLON DE


VALIDATION

SOURCE : REALISE PAR NOUS MEME . (VOIR ANNEXE IV)

154
 Interprétation du tableau n° 27

Les 120 entreprises qui constituent l’échantillon de validation, par 60 entreprises saines et 60
autres défaillantes, ont données les résultats apparent dans le tableau, suit a l’application de la
fonction « Z ».

Sur les 60 entreprises défaillantes du groupe 2, la fonction score a maintenu la décision de la


banque, en les classant comme suit : 51 entreprises du même groupe 2, avec un taux de bon
classement de 85%, et 9 entreprise dans le groupe 1, avec un taux d’erreur de 15%.

Sur les 60 autres entreprises du groupe G1, la fonction a fait sortir :

 55 entreprises saines avec un taux de bon classement de 91,67%.


 5 entreprises du groupe G1 sont affectées au groupe G2, créant du faite, un taux
d’erreur de 8,33%.

Nous concluons des résultats obtenus du tableau de validation, un taux de bon classement
global équivalant a : [(51+55)/120] = 88,33%, et un taux d’erreur global du même échantillon
est [(9+5)/120] = 11,67%.

Cependant, le pourcentage d’entreprises correctement reclassées ne doit pas être analysé dans
l’absolu. Il doit être comparé au pourcentage que l’on obtiendrait si l’on reclassait les
entreprises au hasard. Pour ce faire, un test Q de Presses89 sera mené. Ce test vérifie que le
pourcentage d’entreprises correctement classées est significativement plus important que celui
donné par un choix aléatoire. La statistique calculée suit une loi de Khi-deux (χ2) à 1 degré de
liberté.

L’hypothèse nulle est l’égalité des deux valeurs, c'est-à-dire le nombre d’individus bien
classés au hasard et le nombre d’individus classés par la fonction discriminante. L’expression
de ce test est la suivante :

89
Hair et al, cité par Giannelloni et Vernette, 2001, p.420.
155
La valeur critique du X 2 à 1 degré de liberté est égale à 3,84, l’hypothèse nulle doit être
rejetée. La fonction discriminante est donc significativement plus performante que le hasard
pour reclasser correctement les entreprises.

3. Critiques et recommandation des résultats


L’utilisation des outils classiques par notre système bancaire pour se couvrir contre les risques
de crédit rend ce risque plus délicat à évaluer. Devant cette situation, notre travail de
recherche prend toute sa légitimité théorique et méthodologique et surtout, lorsque la maîtrise
de ce type de risque est devenue actuellement, sur le plan international, l’un des axes
stratégiques dans la gestion des banque. Certes, l’adoption de cette méthode du scoring par
notre système bancaire portera une véritable opportunité pour ce système dans la gestion du
risque crédit.

Dans le cadre de notre recherche nous sommes intéressés aux étapes pratiques qu’il faut
respecter pour mettre en place une fonction score au sein d’une banque. Notre fonction est
destinée à la prédiction des défaillances d’entreprises auprès de l’ABB. Elle est construite,
comme la plupart de ce type de modèles, sur la base des informations comptables et
financières.

3.1 Les limites de la recherche

Notre travail de recherche nous a permis d’élaborer, d’une manière pratique, une fonction
score. Cependant son utilisation doit se faire avec beaucoup de précautions pour plusieurs
raisons.

 Premièrement, la mesure de son efficacité s’est limitée seulement à l’échantillon de


validation, c'est-à-dire l’échantillon qui nous a servi à estimer les coefficients de
cette fonction discriminante. Ce type de validation conduit très souvent à des
résultats trop optimistes.
 Deuxièmement, la non intégration des données qualitatives constitue un obstacle
devant le fait de compléter l’analyse financière du risque crédit par une autre
économique intégrant notamment des variables de positionnement de l’entreprise sur
son marché, de maîtrise des coûts de revient ou d’appréciation de la qualité de
gestion de l’entreprise, etc.
 Et troisièmement, les limites portant sur l’analyse discriminante et notamment celles
qui concernent les conditions théoriques pour son utilisation. Mais, et en pratique, les
variables utilisées dans les études suivent rarement des lois probabilistes connues.
Les conditions théoriques d’application des modèles sont donc rarement réunies.

156
3.2 Les pistes de recherches futures

A partir des limites exposées ci-dessus, nous pouvons proposer quelques voies de recherches
futures, la plus importante consiste à introduire d’autres variables qualitatives pour compléter
cette présente recherche. Ces variables doivent toucher la stratégie, la structure, le mode de
gestion, etc.

la deuxième voie qu’on peut proposer est celle qui utilise une autre méthode statistique,
notamment la régression logistique, afin d’éviter les conditions théoriques qu’il faut respecter
pour mener une analyse discriminante.

157
2.3.2 Estimations non paramétriques des distributions
À la différence de la règle de Fisher, la règle de décision bayesienne ne requiert pas de
distributions de variables gaussiennes multi-variées. Elle permet alors d'envisager des lois de
probabilité des ratios par des méthodes non para métriques comme celle du noyau ou du plus
proche voisin.

2.3.3 Méthodes de classification de l'intelligence artificielle


Pour s'affranchir des contraintes liées aux outils statistiques et économétriques classiques, on
peut chercher à appliquer à la prévision de la défaillance les algorithmes de l'intelligence
artificielle, relevant de l'apprentissage automatique.

 L’utilisation des réseaux de neurones artificiels

Les réseaux de neurones se proposent d'imiter le traitement de l'information par le système


neurologique humain en élaborant un algorithme d'apprentissage. Chaque neurone remplit une
fonction de transfert en traitant mathématiquement des inputs par une méthode non linéaire,
ce qui génère un résultat (output) . Chaque input fait l'objet d'un poids qui affecte le résultat.
Une phase d'apprentissage recherche la meilleure combinaison du poids des inputs dans
chaque nœud jusqu'à ce que le résultat corresponde à la réalité observée.

Appliqués au cas de la défaillance, les neurones d'entrées ont pour inputs les ratios retenus ;
les neurones de sortie ont un output binaire : défaillance ou non. Entre eux, des neurones
cachés assurent le traitement de l'information. Les neurones sont organisés en arborescence,
par couches. Durant la phase d'apprentissage, le réseau est appliqué à l'échantillon de
référence des entreprises défaillantes et non défaillantes. En faisant varier le poids des inputs
de manière itérative simultanée, on aboutit à un réseau qui classe au mieux les entreprises. Le
modèle peut ensuite être appliqué à toute entreprise.

Les résultats obtenus sont satisfaisants mais la méthode est lourde et suppose un monitoring
important. Par ailleurs, l'interprétation des résultats n'est ni intuitive, ni spontanée.

 Le recours aux algorithmes génétiques

Inspirée du processus d'évolution naturelle des espèces (Darwinisme), cette approche analyse
des populations de solutions et évalue leur qualité.

Pour la détection des faillites, on utilise des ratios financiers et le modèle, par un grand
nombre d'itérations, déduit des règles générales du processus de défaillance qu'il est ensuite
possible d'appliquer à d'autres entreprises. L'avantage tient à ce qu'il n'y a pas de contraintes
statistiques quant aux fonctions de distribution des variables.

123
Conclusion générale

Le Maroc comme d’autres pays en voix de développement caractérisée par une économie
conjoncturelle, c’est lancée dans des dimensions plus complexes et couteuses, celle d’une
économie de marché rajoutant à ça le choix de rentrer dans l’organisation mondiale de
commerce. Ces contraintes nécessitant du Maroc une large vague de réformes qui doivent être
menées afin d’accélérer la cadence de notre économie nationale, surtout celle du système
bancaire au quel on attend un apport important dans ces démarches.

Vu l’impotence donnée à la banque comme source principale de financement de l’économie


nationale, elle doit mettre des fonds à la disposition des entreprises qu’elle doit s’assurer de
leur capacité à rembourser. Il est donc crucial pour elle de développer des modèles internes
fiables et robustes pour répondre aux exigences d’une tarification efficiente des crédits en
fonction du niveau de risque, tel le modèle de scoring, l’objet de notre étude.

L’état actuel des chantiers des banques est en place de sophistication. Quant au Maroc,
l’insuffisance patente des dispositifs de supervision, fait que les banques connaissent un retard
considérable.

La mise en place d’un modèle de risque de crédit requiert des investissements en matière de
formation, de communication et surtout de système d’informations. Par ailleurs, la mise en
œuvre d’un modèle ne peut être l’affaire des techniciens uniquement. Les choix qui seront
faits dans l’architecture de gestion et dans les principes méthodologiques doivent être validés
par le management de la banque au plus haut niveau.

L’étude que nous avons effectuée sur des données issues de la banque d’accueil a conduit aux
conclusions suivantes :

 L’étude d’évaluation du risque à partir des variables qualitatives à démontrer son


manque de signification, c’est ce qui n’est pas le cas quant nous les combinons avec
des variables quantitatives, les résultats dans ce cas sont significatifs et qui sont
reflétés par la fonction score.
 Les résultats que dégage le modèle sur l’échantillon de validation montrent que la
fonction Z a fait un taux d’erreur de 11,67%, c’est l’affectation de 14 entreprises. Ce
qui fait dire que le modèle a plus au moins pu identifier le risque de défaillance.
 La fonction Z a montré son pouvoir de discrimination entre les deux groupes
d’entreprises G1 et G2, en particulier si les données sont issues de l’exercice de
l’année avant la demande du crédit, ce résultat est justifié par le taux de bon
classement que la fonction a réalisé 88,33%, est du test de Khi-deux qui a confirmer
les résultats du modèle.

159
Par ce travail, nous sommes rendus compte que la possibilité de faire rentrer ce type de
modèle interne est réalisable, mais les conditions de bonne manœuvre sont suggérées :

 L’élaboration d’un modèle de score nécessite comme matière première une base de
données assez large qui réunie un grand nombre de dossiers d’octroi de crédit
contenant toutes les informations nécessaires, qualitatives et quantitatives, en évitant
d’avoir des données à caractère subjectives parce que ça influe sur la crédibilité des
résultats.
 Malgré que le modèle soit crédible les résultats obtenus sont issus d’une base de
données qui est subjective c’est-à-dire qu’elle donne des résultats propres à cette
base ou nous pouvons généraliser ses résultats sur d’autre base. Cette subjectivité est
causée par l’inexistence d’un système d’information.

Toutefois, il ne faut pas perdre de vue, les limites du modèle « scoring », quelle que soit
l’exactitude et la précision mathématique des résultats obtenus, son application introduit
toujours des approximations.

En fin, quelque soit la performance d’un modèle de Crédit Scoring, il ne doit pas être utilisé
d’une manière exclusive en remplaçant le système actuel de traitement des dossiers de crédit.
Le Crédit Scoring comme modèle d’aide à la décision doit permettre de fournir un indicateur
très performant aux analystes de crédit afin d’orienter leurs effort à la direction des dossiers
les plus compliqués ou ceux qui se situent dans une zone de forte incertitude facilement
déterminable par le biais des scores.

160
BIBLIOGRAPHIE
1. Ouvrages et publications réglementaires

 L’exploitant bancaire et le risque crédit : mieux le cerner mieux le maîtriser Michel


Mathieu, La Revue Banque
 Le risque de crédit, Arnaud Servigny et Ivan Zelenko, 4ème édition 2010, Dunod
Risque de Crédit : des Modèles au Pilotage de la Banque, Brunel Vivien et Roger
Benoit, Economica
 Analyse du risque de crédit : banque & marchés, Cécile Kherroubi et Philippe
Thomas, La Revue Banque
 ALTMAN E.I. « Financial Ratios, Discriminant Analysis and the Prediction of
Corporate Bankruptcy», The Journal of Finance, 1968, traduction en français in
Girault F. & Zisswiller R, Finance modernes : théories et pratiques, Tome 1, Edition
Dunod, 1973.
 BARDOS M « Application au risque et crédit scoring », édition Dunod, paris 2001.
 DE LA BRUSLERIE Hubert « analyse financière », édition DUNOD, paris 2010.
 DE SERVIGNY A, METAYER B et ZELENKO I, « le risque de crédit », DUNOD
édition, Paris 2006.
 DUMONTIER P, DUPRE D et CYRIL M, « gestion et contrôle des risques
Bancaires l’apport des IFRS et de Bâle II », Edition DUNOD, paris, 2008.
 EDIGHOFFER J-R, « Crédit management : prévention et gestion des risques
d'impayés dans l'entreprise », Edition Nathan, Paris 1993.
 GRAND DU GUILLOT B et F, « Analyse financière : les outils du diagnostic
financier », ed. GUALINO, Paris, 2002.
 JACOB. H,& SARDI. A, « Management des risques bancaires », Ed AFGES, Paris,
2001..
 KHALDI Khaled, « Méthodes statistiques »,6è éd Office des Publications
Universitaires, 2005.
 RONCALLI T, « La gestion des risques financiers », Ed. Economica, Paris 2004.
 SARDI. A « Management des risques bancaires », Afges EDITION, Paris, 2001.
 Circulaire de BAM 26/G/2006
 Rapport annuel d’Al Barid Bank sur les risques financiers
 Rapport du Comité de Bâle sur le contrôle bancaire
 Rapport du comité de Bâle sur le contrôle bancaire
 Rapport sur le cadre réglementaire international du secteur bancaire (Bâle III)

161
 Cependant, le scoring présente une série de limites.

Elles tiennent d'abord à la difficulté à élaborer un score unique pour toutes les sociétés, qui
conduit parfois à construire plusieurs scores à applications sectorielles. Les méthodes
statistiques présentent souvent une faible robustesse temporelle, qui oblige à mettre à jour
périodiquement le modèle pour tenir compte de l'évolution du contexte économique et du
phénomène modélisé (défauts et/ou défaillance). Ceci peut s'avérer contraignant. Mais
surtout, la réelle difficulté tient aux hypothèses statistiques, parfois restrictives de certaines
méthodologies, qui doivent absolument être validées pour que la technique soit efficace. Par
ailleurs, des critiques ont été faites quant aux données traitées :

 il serait bon - ce que font certains modèles - de considérer des éléments qualitatifs ;
 les données financières ne sont parfois disponibles que tardivement, ce qui obère la
capacité prédictive ;
 il a été montré que les entreprises en difficulté ont tendance à restreindre
volontairement les données financières révélées (parfois même en ne publiant plus
leurs comptes).

Néanmoins, la mesure du risque de crédit individuel d'une entreprise par les méthodes
statistiques nourrit un fertile champ de recherche en économie et en finance. En effet,
disposant de scores sur des échantillons parfois importants (comme c'est le cas avec les scores
de la Banque de France), il est possible d'investiguer plusieurs questions relatives au risque de
crédit.

Deux grandes directions sont explorées :

 dans une logique individuelle de mieux comprendre - pour les modéliser en


dynamique - les processus de défaillance par l'étude des trajectoires de ces
entreprises et de suivre l'impact sur les scores de la situation économique générale
afin de modéliser la sensibilité du risque de crédit aux variables conjoncturel les ;
 l'appréhension du risque entre les entreprises par l'examen des phénomènes de
corrélation de risque entre entreprises et de contagion.

126
ANNEXE

163
Deuxième partie : Structure de la gestion du
risque de crédit au sein d’Al Barid Bank et
élaboration d’un crédit scoring

Dans ce qui précède, nous avons présenté la majorité des méthodes d’évaluation de crédit, et
plus particulièrement, le Crédit Scoring bien détaillé car c’est la méthode la plus utilisée dans
la prévision de la défaillance des entreprises. Nous avons aussi exposé ses vertus et ses
faiblesses ainsi que la méthode de sa validation.

Avant de procéder à la construction du modèle, une étude statistique exploratrice des données
s’impose afin de mieux comprendre leur structure. Cette étude va nous permettre de présenter
l’échantillon avec lequel nous allons modéliser le défaut de remboursement ainsi que la
démarche de la construction de notre modèle.

Ensuite, nous allons mettre en pratiques la méthode du crédit scoring exposée en théorie en la
faisant intervenir à chaque étape de la construction selon sa capacité et sa performance.

Une fois que le modèle est construit, nous allons procéder à une classification des entreprises
selon leurs scores en plusieurs classes. Ces classes vont correspondre à des niveaux différents
de risque.

A cet effet, cette partie est scindé en deux sections. Dans la première, nous présenterons la
structure de l’organisme d’accueil, puis dans la deuxième section, nous construirons le crédit
scoring à base des clients d’ABB.

128
Section 1 : Présentation du groupe ABB

1. Historique
Al Barid Bank, filiale de Barid Al-Maghrib, a été lancée le 8 juin 2010, pour être au service
du plus grand nombre de marocains.

Héritière de l’activité des services financiers du groupe Barid Al-Maghrib, Al Barid Bank
s’appuie sur un savoir-faire reconnu. En effet, l’exercice des services financiers par Barid Al-
Maghrib remonte à 1926, année de création du compte chèque postal (CCP).

Citoyenne, accessible, proche de ses clients, elle dispose d’un très large réseau, réparties sur
le Royaume, aussi bien dans les zones urbaines que dans les zones rurales les plus reculées.

Offrant une large gamme de produits et services bancaires à une tarification adaptée, Al Barid
Bank facilite l’accès aux services financiers et contribue ainsi à l’accélération de la
bancarisation des citoyens marocains.

Contexte favorable de transformation du statut en banque postale avec la création d’Al


Barid Bank

2. Les atouts des services financiers de Poste Maroc

Poste Maroc avait d’ores et déjà un positionnement naturel et historique sur les segments à
revenus modestes à travers les produits CCP ( compte chèque postal) et CEN ( caisse
d’épargne nationale ). La couverture de son réseau couvrait l’ensemble du territoire national,
y compris rural. Son portefeuille clients à équiper et fidéliser était important, mais impossible
à développer sans une offre de crédit. Enfin, Poste Maroc avait une position de leader sur les
transferts d’argent. Un objectif politique et économique clair en , 2007 le taux de
bancarisation au Maroc était de 34 % sans Poste Maroc, qui apportera 13 % à elle seule en
2009. Pour les pouvoirs publics, le statut bancaire était un outil technique de modernisation de
l’économie marocaine. Il existait une volonté du gouvernement marocain de pousser la
collecte de l’épargne et la bancarisation qui représentaient un outil de lutte contre l’informel
et la réduction de l’utilisation du cash. Par sa dimension, le réseau de Poste Maroc s’adressait
à l’ensemble des Marocains, y compris les populations à revenus modestes ou irréguliers
exclus du système bancaire (les banques existantes privilégiant les clients aisés ). Pour les
autorités marocaines, l’inclusion financière était considérée comme un instrument puissant au
service du développement économique, mais aussi en termes de développement humain
(politique rentrant dans le cadre de l’INDH –Initiative nationale pour le développement
humain). L’objectif était de créer un modèle économique de distribution de produits et
services adaptés aux populations à bas revenus et rentes irrégulières en privilégiant la
confiance (garantie de l’État), la proximité et une offre simple, diversifiée, industrialisée et
accessible. Il ne s’agissait pas de créer une nouvelle banque mais une banque développant un

129
166
modèle équilibré assurant la rentabilité des activités tout en accompagnant les pouvoirs
publics dans leurs actions sociales autour de valeurs d’intérêt général et de service public.
Dans l’environnement, il faut également noter la prise en compte d’une évolution inéluctable
de baisse de l’activité du courrier de 3 % par an et une répartition du chiffre d’affaires en
2007 entre les deux activités d’à peu près 50 % chacune. Le processus de transformation a été
rapide entre le 28 juin 2007 (validation par le conseil d’administration de la résolution portant
sur la création d’une filiale dotée d’un agrément bancaire ) et fin décembre 2010 (transfert des
services financiers de Barid Al Maghrib vers Al Barid Bank après publication des décrets
d’application de la loi).

Au moment de la création d’Al Barid Bank, une organisation générale du réseau visant à
l’efficacité tout en préservant les droits des salariés a été mise en place. La Poste a transféré
l’ensemble des services financiers dans sa filiale intégrant le réseau de distribution destiné aux
particuliers (les grands comptes répondant à une autre logique ont été sortis du réseau et
bénéficient d’une organisation spécifique ). Tous les personnels et les activités de distribution
ont été donnés en gestion à Al Barid Bank, y compris les activités de courrier (près de 4000
salariés sur les 8000). Ces agences financières travaillent avec La Poste par contrats de service
et les prestations croisées donnent lieu à facturation. Le statut du personnel n’a pas changé et
reste celui appliqué dans toutes ses composantes ( celui de Poste Maroc ) avec des concours
de recrutement organisés. Les recrutements des guichetiers et des conseillers financiers
continuent à se faire sous ce statut. Mais les professionnels de banque nécessitant un profil
plus spécialisé sont soumis après recrutement à des contrats spécifiques de contractuels
(CDI): 5 % des salariés sont des contractuels. Les trois activités de distribution (financier,
courrier, messagerie) sont sous l’autorité d’un même directeur régional avec un principe
général de polyvalence des agents, même si de grandes agences peuvent être spécialisées.
50% des patrons régionaux ont une formation financière. Le réseau est organisé en régions
avec des groupements d’agence (quinze à trente agences). Il est à noter que la politique RH
est particulièrement dynamique avec le souci du dialogue social pour accompagner la
conduite du changement. Un effort important sur la formation est mené. Il existe une
université Poste Maroc axée à la fois sur les métiers d’origine et de plus en plus sur la
professionnalisation bancaire, notamment le risque ou la relation client. Un cycle de
formation de quinze jours sur toute la banque a concerné 3 000 salariés sur trois ans avec la
mise en place d’animateurs commerciaux et d’équipes de formateurs internes. Une réflexion
stratégique a été engagée sur les nouveaux besoins à prendre en compte dans la politique de
recrutement et des départs volontaires portant sur 5 à 6% des effectifs sont en cours de
négociation avec les représentants du personnel.

Par ailleurs, un chantier social a été ouvert sur l’évolution du statut des personnels : nouveaux
métiers, segmentation des emplois, pesée des postes.

130
168
 Une banque « citoyenne »

L’objectif de la réforme de 2010 était bien de créer un nouvel acteur bancaire différenciant
des banques existantes publiques et privées :

 positionnement sur les particuliers à revenus modestes avec un objectif de


bancarisation ;
 attention particulière aux jeunes et aux retraités ;
 accessibilité ( y compris tarifaire ) et simplicité de l’offre ;
 réseau national d’agences collant à l’organisation administrative régionale
 développement du crédit en prenant en compte l’inclusion financière et étant
systématiquement le mieux disant du marché, d’où une rentabilité affichée moindre
que ses concurrents ;
 mobilisation de l’épargne locale.

3. Les missions et les valeurs du Groupe


SCHEMA 15 : LES MISSIONS ET LES VALEURS DU GROUPE

131
 l’organigramme d’al Barid Bank

4. La structure de gouvernance
Le groupe ABB s’est dotée d’une gouvernance en ligne caractérisée par des pratiques
simples et solides. En effet, plusieurs entités sont responsables du déroulement du processus
de la gestion du risque de crédit. Cette responsabilité est partagée entre :

 L’entité de gouvernance et de pilotage;


 La Direction Générale Risques Groupe ;
 Les instances de contrôle interne.

132
Curriculum Vitae

171

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