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On notera dans toute la suite, les vecteurs unitaires de la base, par la lettre ( 𝑒 ) soulignée. le système de
coordonnées cartésiennes est supposé orthonormé. La dérivée d’une grandeur quelconque (tensorielle
ou non) 𝑓 par rapport à la variable 𝑞 𝑖 sera notée par une virgule suivie de l’exposant (ou l’indice) de
𝜕𝑓
la variable : 𝑖 = 𝑓,𝑖. Pour les composantes normales des tenseurs de déformation et de contraintes,
𝜕𝑞
on écrira un seul indice (par exemple 𝜎𝛼𝛼 sera noté tout simplement 𝜎𝛼 . Les contraintes tangentielles
seront notées par 𝜏 au lieu de 𝜎.)
I Élément de coque
S ur la surface moyenne de la coque, on choisit les lignes de courbure comme lignes de coor-
données 𝛼 et 𝛽, vu leurs propriétés remarquables. On appelle 𝑧 la coordonnée mesurée selon
la normale 𝑛 à la surface moyenne (−𝑡⇑2 ≤ 𝑧 ≤ 𝑡⇑2).
Dans la coque d’épaisseur 𝑡, on découpe un élément par deux paires de sections droites infiniment
voisines, contenues dans les sections normales associées aux lignes de courbure (Figure. 1). Au niveau
𝑧 = 0 de la surface moyenne, les longueurs des côtés curvilignes de l’élément sont 𝑑𝑠𝛼 et 𝑑𝑠𝛽 ; les
courbures principales 1⇑𝑟max et 1⇑𝑟min sont désignées par 1⇑𝑟𝛼 et 1⇑𝑟𝛽 . Au niveau 𝑧, une surface
parallèle à la surface moyenne coupe les faces de l’élément selon des arcs de longueur 𝑑𝑠′𝛼 et 𝑑𝑠′𝛽 . Par
similitude des secteurs circulaires situés dans les plans (𝑟𝛼 ,𝑑𝑠𝛼 ) et (𝑟𝛽 , 𝑑𝑠𝛽 ), on a :
𝑑𝑠′𝛼 = (1 − 𝑑𝑠′𝛽 = (1 −
𝑧 𝑧
) 𝑑𝑠𝛼 ; ) 𝑑𝑠𝛽 (1)
𝑟𝛼 𝑟𝛽
Love a généralisé aux coques les hypothèses classiques propres aux poutres de Bernoulli et aux plaques
de Kirchhoff. Elles peuvent s’exprimer de la manière suivante :
1) les normales à la surface moyenne de la coque non déformée restent des normales à la surface
moyenne de la coque déformée et elles ne changent pas de longueur ;
2) la contrainte normale transversale est négligeable.
La première hypothèse est purement cinématique et s’appelle parfois loi de conservation des normales.
Il en résulte d’abord que les glissements (distorsions) sont nuls dans tous les plans normaux à la surface
moyenne :
𝜖𝑧𝑧 = 𝜖𝑧 = 0 (3)
La seconde hypothèse, statique, permet d’ignorer les effets qui se manifestent à travers l’épaisseur et
s’écrit
𝜎𝑧𝑧 = 𝜎𝑧 ≃ 0 (4)
Remarque II.1. La première hypothèse est utilisée pour construire les équations cinématiques, non
les équations statiques. En statique, les efforts tranchants associés aux glissements (equation (2)) sont
nécessaires pour exprimer l’équilibre. Par conséquent, on doit comprendre que, pour formuler la cinématique,
les déformations 𝛾𝛼𝑧 , 𝛾𝛽𝑧 et 𝛾𝜖𝑧 peuvent être négligées.
Les hypothèses ci-dessus sont d’autant mieux satisfaites que la minceur de la coque est effective ; elles
réduisent l’état de contrainte dans la coque à un état de contrainte plan, parallèlement au plan tangent
à la surface moyenne.
d’où :
𝑑𝑠′𝛼 ≃ 𝑑𝑠𝛼 ; 𝑑𝑠′𝛽 ≃ 𝑑𝑠𝛽 (7)
ce qui signifie que les faces de l’élément de coque peuvent être admises rectangulaires (Figure. 1).
En liaison avec la relation (6), on déduit aussi qu’on peut faire agir toutes les charges au niveau de la
surface moyenne.
En pratique, pour que la théorie qui suit soit valable, il est nécessaire de respecter, en tout point d’une
coque, l’ordre de grandeur
𝑡 1
< (8)
𝑟min 10
III Cinématique
III.1 Déplacements
Sur une normale 𝑛 à la surface moyenne Σ d’une coque, on considère le point 𝐴, pied de 𝑛 sur Σ, et le
point 𝐵, point de la coque situé à la distance 𝑧 de 𝐴 (−𝑡⇑2 ≤ 𝑧 ≤ 𝑡⇑2). On construit en 𝐴 le repère (𝑎,𝑏,𝑛)
attaché à Σ. En configuration déformée, n’, Σ’, A’, B’ et (𝑎, 𝑏, 𝑛) sont les images correspondantes, avec
𝐴′ 𝐵 ′ = 𝑧.
On appelle 𝑢, 𝑣, 𝑤 les composantes du vecteur déplacement 𝑢 du point 𝐴 de la surface moyenne Σ ;
la composante 𝑤 est souvent qualifiée de déplacement transversal ou normal. L’équation paramétrique
de la surface moyenne déformée Σ′ est
Cette équation permet de déterminer l’image (𝑎′ ,𝑏′ ,𝑛′ ) de la base (𝑎,𝑏,𝑛).
On montre que les dérivées de 𝑥′ par rapport à 𝛼 et 𝛽 peuvent s’écrire sous la forme :
1 𝜕𝑢 𝑣 𝜕𝐴 𝑤 𝑣 𝜕𝐵 1 𝜕𝑣 𝑤
𝜖𝛼 = + − 𝜖𝛽 = − + − (11)
𝐴 𝜕𝛼 𝐴.𝐵 𝜕𝛽 𝑟𝛼 𝐴.𝐵 𝜕𝛼 𝐵 𝜕𝛽 𝑟𝛽
𝑢 𝜕𝐴 1 𝜕𝑣 𝑣 𝜕𝐵 1 𝜕𝑢
𝜖𝛼𝛽 = − + 𝜖𝛽𝛼 = − + (12)
𝐴.𝐵 𝜕𝛽 𝐴 𝜕𝛼 𝐴.𝐵 𝜕𝛼 𝐵 𝜕𝛽
𝑢 1 𝜕𝑤 𝑣 1 𝜕𝑤
𝜃𝛼 = + 𝜃𝛽 = + (13)
𝑟𝛼 𝐴 𝜕𝛼 𝑟𝛽 𝐵 𝜕𝛽
1. Ce sont 𝐴 = ∏︁𝑥,𝛼 ∏︁ et 𝐵 = ∏︁𝑥,𝛽 ∏︁
Les paramètres de Lamé sur la surface déformée Σ′ de la coque sont approximativement égaux à :
Remarque III.1. Ces relations donnent le déplacement d’un point quelconque 𝐵 de la coque en fonction
des grandeurs propres au point correspondant 𝐴 de la surface moyenne : déplacement de 𝐴, rotation
de la normale en 𝐴 et cote constante 𝑧. Elles montrent que, parallèlement à la surface moyenne, les
déplacements varient linéairement à travers l’épaisseur de la coque, ce qui exprime, en fait, la loi de
conservation des normales utilisée en RDM.
On calcule les dilatations et le glissement usuels, associés à l’état plan de contrainte tel que défini par
les relations (2) à (4), au point 𝐴, c’est-à-dire au niveau de la surface moyenne d’une part, puis au point
𝐵, dans une surface parallèle à la surface moyenne, à la cote 𝑧, d’autre part. Le premier cas fournit les
déformations membranaires, tandis que le second fait apparaı̂tre, en plus, les variations de courbure.
Sur la première ligne de coordonnée de la surface moyenne, les longueurs d’arc en configuration initiale
(non déformée), puis déformée, valent :
𝑑𝑠′𝛼 − 𝑑𝑠𝛼
𝜖𝛼 = 𝜖𝛼𝛼 = (16)
𝑑𝑠𝛼
𝑑𝑠′𝛽 − 𝑑𝑠𝛽
𝜖𝛽 = 𝜖𝛽𝛽 = (17)
𝑑𝑠𝛽
Pour le glissement, on évalue la variation de l’angle droit qui se manifeste entre les vecteurs 𝑎′ et 𝑏′
avec, en linéarisant le résultat du produit scalaire :
et le glissement est donné par la somme des deux relations de (12), qui peut s’écrire :
𝐴 𝜕 𝑢 𝐵 𝜕 𝑣
𝛾= ( )+ ( ) (18)
𝐵 𝜕𝛽 𝐴 𝐴 𝜕𝛼 𝐵
En tenant compte de l’hypothèse de faible épaisseur de la coque, on trouve que les expressions des
dilatations et du glissement, au point 𝐵 d’une surface parallèle distante de 𝑧 de la surface moyenne,
sont de structure identique aux précédentes. On a par exemple :
1 𝜕𝑢𝐵 𝑣𝐵 𝜕𝐴 𝑤𝐵
𝜖𝛼𝐵 = + −
𝐴 𝜕𝛼 𝐴.𝐵 𝜕𝛽 𝑟𝛼
En introduisant (15), on trouve les équations suivantes, qui montrent que les déformations varient
linéairement à travers l’épaisseur de la coque :
Dans ces relations, 𝑐𝛼 , 𝑐𝛽 et 𝑐 sont les variations de courbure cinématique ; elles valent
𝜃𝛼 𝜕𝐴 1 𝜕𝜃𝛽 𝜃𝛽 𝜕𝐵 1 𝜕𝜃𝛼
𝑐𝛼𝛽 = − + 𝑐𝛽𝛼 = − + (21)
𝐴.𝐵 𝜕𝛽 𝐴 𝜕𝛼 𝐴.𝐵 𝜕𝛼 𝐵 𝜕𝛽
et
𝐴 𝜕 𝜃𝛼 𝐵 𝜕 𝜃𝛽
𝑐 = 𝑐𝛼𝛽 + 𝑐𝛽𝛼 = ( )+ ( ) (22)
𝐵 𝛽 𝐴 𝐴 𝛼 𝐵
Les variations de courbure flexionnelles 𝐶𝛼 et 𝐶𝛽 et la variation de courbure torsionnelle 𝐶 permettent
d’exprimer les déformations en un point quelconque de la coque en se référant aux déplacements de la
surface moyenne. On peut montrer qu’une variation de courbure correspond effectivement au chan-
gement que subit cette courbure, de la configuration initiale à celle déformée ; par exemple, on a
1 1
𝑐𝛼 = ′
− (23)
𝑟𝛼 𝑟𝛼
et la variation de courbure est positive si la courbure augmente (𝑟𝛼′ < 𝑟𝛼 )
En conclusion, au niveau de la surface moyenne, la cinématique fait apparaı̂tre neuf inconnues, trois
composantes 𝑢, 𝑣, 𝑤 du déplacement et six composantes 𝜖𝛼 , 𝜖𝛽 , 𝛾 (relations (16) à (18)) et 𝑐𝛼 , 𝑐𝛽 , 𝑐
(relations (20) à (22)) de la déformation (déformations de structure), qui sont liées aux trois composantes
du déplacement par les six équations cinématiques ou relations déformations-déplacements
IV Statique
Afin d’aboutir à une théorie bidimensionnelle, il faut intégrer les distributions des contraintes à travers
l’épaisseur pour les remplacer par leurs résultantes équivalentes que sont les efforts intérieurs.
Figure 4 – Contraintes (𝜎𝛼 ,𝜎𝛽 , 𝜏𝛼𝛽 = 𝜏𝛽𝛼 : composantes de l’état plan de contrainte)
La Figure. 4 montre la convention de signe pour les contraintes : sur la face positive d’une section
droite, du côté des 𝑧 positifs, les contraintes sont positives lorsqu’elles agissent dans le sens des axes. Le
𝑁𝛼 12𝑀𝛼 𝑁𝛽 12𝑀𝛽
𝜎𝛼 = + .𝑧 𝜎𝛽 = + .𝑧 (30)
𝑡 𝑡3 𝑡 𝑡3
3𝑉𝛼 𝑧2 3𝑉𝛽 𝑧2
𝜏𝛼𝑧 = (1−4 2 ) 𝜏𝛽𝑧 = (1−4 2 ) (31)
2𝑡 𝑡 2𝑡 𝑡
et
𝑁𝛼𝛽 12𝑀𝛼𝛽
𝜏𝛼𝛽 = 𝜏𝛽𝛼 = + .𝑧 (32)
𝑡 𝑡3
Pour exprimer l’équilibre, le plus efficace est de procéder vectoriellement. Dans ce but, on représente
les divers vecteurs forces et moments qui s’exercent sur un élément isolé de la surface moyenne, de
côtés 𝑑𝑠𝛼 et 𝑑𝑠𝛽 . On désigne par 𝑝𝛼 , 𝑝𝛽 et 𝑝𝑧 les composantes de la force de surface 𝑝 provenant des
diverses charges ou actions sollicitant la coque. On se limite à l’équilibre statique. On a :
𝑝 = 𝑝𝛼 𝑎 + 𝑝𝛽 𝑏 + 𝑝𝑧 𝑛 (33)
𝜕 𝜕 𝜕𝐵 𝜕𝐴 𝐴.𝐵
(𝐵.𝑁𝛼 ) + (𝐴.𝑁𝛽𝛼 ) − 𝑁𝛽 + .𝑁𝛼𝛽 − .𝑉𝛼 + 𝐴.𝐵.𝑝𝛼 = 0 (38)
𝜕𝛼 𝜕𝛽 𝜕𝛼 𝜕𝛽 𝑟𝛼
𝜕 𝜕 𝜕𝐵 𝜕𝐴 𝐴.𝐵
(𝐵.𝑁𝛼𝛽 ) + (𝐴.𝑁𝛽 ) + 𝑁𝛽𝛼 − .𝑁𝛼 − .𝑉𝛽 + 𝐴.𝐵.𝑝𝛽 = 0 (39)
𝜕𝛼 𝜕𝛽 𝜕𝛼 𝜕𝛽 𝑟𝛽
𝜕 𝜕 𝐴.𝐵 𝐴.𝐵
(𝐵.𝑉𝛼 ) + (𝐴.𝑉𝛽 ) + 𝑁𝛼 + 𝑁𝛽 + 𝐴.𝐵.𝑝𝑧 = 0 (40)
𝜕𝛼 𝜕𝛽 𝑟𝛼 𝑟𝛽
𝜕 𝜕 𝜕𝐵 𝜕𝐴
(𝐵.𝑀𝛼𝛽 ) + (𝐴.𝑀𝛽 ) + 𝑀𝛽𝛼 − .𝑀𝛼 − 𝐴.𝐵.𝑉𝛽 = 0 (41)
𝜕𝛼 𝜕𝛽 𝜕𝛼 𝜕𝛽
𝜕 𝜕 𝜕𝐵 𝜕𝐴
(𝐵.𝑀𝛼 ) + (𝐴.𝑀𝛽𝛼 ) − 𝑀𝛽 + .𝑀𝛼𝛽 − 𝐴.𝐵.𝑉𝛼 = 0 (42)
𝜕𝛼 𝜕𝛽 𝜕𝛼 𝜕𝛽
1 1
𝑁𝛼𝛽 − 𝑁𝛽𝛼 − 𝑀𝛼𝛽 + 𝑀𝛽𝛼 = 0 (43)
𝑟𝛼 𝑟𝛽
Remarque IV.2. On doit admettre que l’équation (43) correspond à une identité et il n’y a que cinq
équations d’équilibre (38) à (42), trois de translation et deux de rotation, liant les huit efforts intérieurs
(24) à (29) et les charges. L’équation (43) est connue sous le nom de sixième équation d’équilibre, et
cause des problèmes lorsqu’on suppose que la coque est mince. Pour cette raison, on admet qu’elle est
identiquement vérifiée (on ne la résout donc pas).
V Loi constitutive
Pour un matériau élastique linéaire isotrope en état plan de contrainte, la loi de Hooke s’écrit
𝐸 𝐸 𝐸
𝜎𝛼𝛼 = (𝜖𝛼𝛼 + 𝜈𝜖𝛽𝛽 ) ; 𝜎𝛽𝛽 = (𝜖𝛽𝛽 + 𝜈𝜖𝛼𝛼 ) ; 𝜏𝛼𝛽 = 𝛾𝛼𝛽 = 𝐺 𝛾𝛼𝛽 (44)
1−𝜈 2 1−𝜈 2 2 (1 + 𝜈)
𝜖𝛼𝛼 (≡ 𝜖𝛼𝐵 ) = 𝜖𝛼 − 𝑧.𝑐𝛼 ; 𝜖𝛽𝛽 (≡ 𝜖𝛼𝐵 ) 𝜖𝛽𝐵 = 𝜖𝛽 − 𝑧.𝑐𝛽 ; 𝛾𝛼𝛽 (≡ 𝛾𝐵 ) = 𝛾 − 𝑧.𝑐 (45)
La loi constitutive liant les efforts intérieurs aux déformations de coque est :
1−𝜈 1−𝜈 𝑡3
𝑁𝛼𝛽 = 𝐶. ( ) .𝛾 = 𝐺.𝑡.𝛾 𝑀𝛼𝛽 = 𝐷. ( ) .𝜒 = 𝐺. .𝜒 (48)
2 2 12
𝐸.𝑡 𝐸.𝑡3
𝐶= ; 𝐷= (49)
1 − 𝜈2 12 (1 − 𝜈 2 )
Grâce aux hypothèses choisies, l’étude d’une coque a été ramenée au niveau de sa surface moyenne.
Les développements précédents font apparaı̂tre dix-sept inconnues