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FLEXION DES PLAQUES

CIRCULAIRES SYMMETRIQUENT CHARGEES

La théorie de la flexion des plaques est grande branche bien étudiée de la théorie appliquée de
l’élasticité. Dans ce cours nous nous arrêtons aux problèmes les plus simples de cette branche.
Sous l’action de forces extérieures perpendiculaires au plan moyen, la courbure de la plaque
varie. Cette variation de courbure a lieu en général simultanément dans deux plans, et il se
forme une surface faiblement courbée à double courbure, dite surface élastique. La forme de
la surface élastique est caractérisée par la loi de variation de la flèche 𝑤 de la plaque. Lors du
calcul des plaques on pose que la flèche 𝑤 est essentiellement plus petite que l’épaisseur de la
plaque ℎ. C’est précisément dans cette hypothèse que l’on peut considérer la flexion de la
plaque indépendamment de la traction. Les plaques satisfaisant à cette condition sont dites
plaques minces.
Les plaques pour lesquelles les flèches sont du même ordre de grandeur que l’épaisseur se
calculent compte tenu de l’allongement de la surface moyenne.
La théorie de la flexion des plaques et enveloppes est basée sur plusieurs hypothèses
simplificatrices. La première est l’hypothèse de l’invariabilité de la normale qui porte le nom
de Kirchhoff. On admet que les points situés sur une normale à la surface moyenne avant la
déformation sont alignés après déformation sur une même normale à la surface déformée. Une
telle hypothèse, comme celle des sections planes d’une barre, exprime le fait qu’on peut
négliger les déformations angulaires des enveloppes en comparaison des déplacements
angulaires. Ceci est acceptable dans la mesure où l’épaisseur la plaque est petite en comparaison
des autres dimensions.
Nous supposerons ensuite que les contraintes normales dans les sections parallèles au plan
moyen sont négligeables en comparaison des contraintes de flexion, c’est-à-dire qu’il n’y a pas
d’écrasement des couches de la plaque les unes sur les autres.
Voyons maintenant comment déterminer les contraintes dans les plaques circulaires.
Envisageons une plaque d’épaisseur constante ℎ chargée par des forces symétriques par rapport
à l’axe 𝑧⃗ figure 1. Les déformations, les déplacements et les contraintes dans la plaque seront
également symétrique par rapport à l’axe⃗⃗⃗.𝑧

𝜃
𝑟
𝑑𝑟
𝜃
ℎ 𝑤
𝑟
𝑑𝜑
Figure 2
Figure 1 𝑧⃗

Soit 𝑤 la flèche de la plaque et 𝜃 l’angle dont tourne la normale figure 2. Les quantités 𝑤 𝑒𝑡 𝜃
sont fonctions du seul rayon 𝑟 et sont liées entre elles par la relation évidente :

𝑑𝑤
𝜃=− (1)
𝑑𝑟
Le signe moins a été pris conformément au schéma de la flèche représenté sur la figure 2.
L’angle 𝜃 croit lorsque la flèche 𝑤 décroit. D’ailleurs le signe n’a pas une importance
fondamentale et il est déterminé seulement par le sens dans lequel est comptée la flèche 𝑤 .
La figure 3 montre une section radiale de la plaque. La section, qui était en 𝐴1 𝐵1 avant la
flexion, tourne de l’angle 𝜃 et vient, en vertu de l’hypothèse de l’invariabilité de la normale
en 𝐴′1 𝐵′1. La section 𝐴2 𝐵2 tourne de l’angle 𝜃 + 𝑑𝜃.

𝐵′1 𝐵1 𝐵′2 𝐵2

𝑧 𝐶 𝐶′ 𝐷 𝐷′

𝐴1 𝐴′1 𝐴2 𝐴′2

𝑟 dr

Figure 3

Le segment 𝐶𝐷 situé à la distance 𝑧 de la surface moyenne et dirigé radialement s’accroit de :

̅̅̅̅̅
𝐶𝐶 ′ = 𝑧𝜃 𝑒𝑡 ̅̅̅̅̅
𝐷𝐷′ = 𝑧(𝜃 + 𝑑𝜃)

̅̅̅̅̅̅
𝐶 ′ 𝐷′ − ̅̅̅̅ ̅̅̅̅̅′ − ̅̅̅̅̅
𝐶𝐷 = (𝐶𝐷 𝐶𝐶 ′ ) − ̅̅̅̅
𝐶𝐷 = [𝑑𝑟 + 𝑧(𝜃 + 𝑑𝜃) − 𝑧𝜃] − 𝑑𝑟

̅̅̅̅̅̅ ̅̅̅̅ = 𝑧(𝜃 + 𝑑𝜃) − 𝑧𝜃 = 𝑧𝑑𝜃


𝐶 ′ 𝐷′ − 𝐶𝐷

L’allongement relatif est :

̅̅̅̅̅̅
𝐶 ′ 𝐷′ − ̅̅̅̅
𝐶𝐷 𝑧𝑑𝜃
𝜀𝑟𝑟 = =
̅̅̅̅
𝐶𝐷 𝑑𝑟

L’allongement relatif au point C perpendiculairement au plan de la figure peut être trouvé en


comparant les longueurs de la circonférence correspondante avant et après déformation.
Avant la flexion de la plaque la longueur de la circonférence correspondante passant par le
point C était égale à 𝟐𝝅𝒓 et elle devient 𝟐𝝅(𝒓 + 𝒛𝜽). L’allongement relatif circonférentiel est
donc :

2𝜋(𝑟 + 𝑧𝜃) − 2𝜋𝑟 𝑧𝜃


𝜀𝜑𝜑 = =
2𝜋𝑟 𝑟

Finalement

𝒅𝜽
𝜺𝒓𝒓 = 𝒛 (2)
{ 𝒅𝒓
𝜽
𝜺𝝋𝝋 =𝒛 (3)
𝒓

Par deux sections radiales formant un angle 𝑑𝜑 et deux surfaces cylindriques de rayon 𝑟 et 𝑟 +
𝑑𝑟 , figure 1, découpons dans la plaque un prisme élémentaire figure 4. Puisqu’il n’y a pas dans
les sections parallèles à la surface moyenne de contraintes normales, le lien entre les
déformations et les contraintes est donné par la loi de Hooke sous la forme suivante :
1+𝜈 𝜈
𝜀𝑖𝑗 = 𝜎𝑖𝑗 − Σ𝛿𝑖𝑗
𝐸 𝐸

Σ = 𝜎11 + 𝜎22 + 𝜎33

𝜎11 = 𝜎𝑟𝑟 , 𝜎22 = 𝜎𝜑𝜑 𝑒𝑡 𝜎𝑧𝑧 = 0 contrainte plane

1
𝜀𝑟𝑟 = (𝜎 − 𝜈𝜎𝜑𝜑 )
{ 𝐸 𝑟𝑟
1
𝜀𝜑𝜑 = (𝜎𝜑𝜑 − 𝜈𝜎𝑟𝑟 )
𝐸

Si l’on exprime les contraintes en fonction des déformations, on a :

𝐸
𝜎𝑟𝑟 = (𝜀 + 𝜈𝜀𝜑𝜑 )
{ 1 − 𝜈 2 𝑟𝑟 (4)
𝐸
𝜎𝜑𝜑 = (𝜀 + 𝜈𝜀𝑟𝑟 )
1 − 𝜈 2 𝜑𝜑

Ou, en vertu des expressions (2) et (3),

𝐸𝑧 𝑑𝜃 𝜃
𝜎𝑟𝑟 = 2
( +𝜈 )
{ 1 − 𝜈 𝑑𝑟 𝑟 (5)
𝐸𝑧 𝜃 𝑑𝜃
𝜎𝜑𝜑 = ( +𝜈 )
1 − 𝜈2 𝑟 𝑑𝑟

Sur les faces du prisme figure 4, peuvent apparaître non seulement des contraintes normales,
mais aussi des contraintes tangentielles.
Par suite des conditions de symétrie, il est évident qu’elles peuvent apparaître seulement sur les
éléments perpendiculaires au rayon 𝑟 et seulement verticalement.

𝐵′1 𝑑𝜑

𝐵1
𝐵′2
𝑧

𝐴′1

𝐴1
𝐵2
𝐴′2
𝑑𝑧

𝜎𝜑𝜑

𝐴2
𝜎𝑟𝑟 + 𝑑𝜎𝑟𝑟

Figure 4
Considérons à présent les conditions d’équilibre des prismes découpés. Pour cela, trouvons
d’abord les résultantes des forces agissant sur les faces de l’élément.
Sur la face 𝐴1 𝐵1 𝐴′1 𝐵′1 de la figue 4 les contraintes tangentielles 𝜎𝑟𝜑 donnent une résultante (effort
tranchant) dirigée selon l’axe⃗⃗⃗.𝑧 Désignons par 𝑄 𝑒𝑛 𝑁/𝑚𝑚 l’intensité de cette force par unité
d’arc 𝑟𝑑𝜑. L’effort tranchant sur la face 𝐴1 𝐵1 𝐴′1 𝐵′1 est égal à 𝑄𝑟𝑑𝜑 et sur la face 𝐴2 𝐵2 𝐴′2 𝐵′2 est
(𝑄 + 𝑑𝑄)(𝑟 + 𝑑𝑟)𝑑𝜑 (voir figure 5).
Puisque les contraintes dans les couches supérieures et inférieures sont identiques mais de signes
contraires (équations (5)), les forces normales sur les faces de l’élément sont nulles. Les contraintes 𝜎𝑟𝑟
et 𝜎𝜑𝜑 sur les faces correspondantes se ramènent à des moments résultants dans les plans verticaux.
Désignons respectivement par 𝑀𝑟 et 𝑀𝜑 en 𝑁. 𝑚𝑚/𝑚𝑚 l’intensité des moments par unité de
longueur engendrés sur les faces 𝐴1 𝐵1 𝐴′1 𝐵′1 et 𝐴1 𝐵1 𝐴2 𝐵2.

𝑝𝑟𝑑𝑟𝑑𝜑
𝑑𝜑
𝑀𝜑 𝑑𝑟
𝑀𝑟 𝑟𝑑𝜑

𝑄𝑟𝑑𝜑

(𝑄 + 𝑑𝑄)(𝑟 + 𝑑𝑟)𝑑𝜑 𝑀𝜑 𝑑𝑟

(𝑀𝑟 + 𝑑𝑀𝑟 )(𝑟 + 𝑑𝑟)𝑑𝜑

Figure 5

Dans ce qui suit, on appellera les quantités 𝑀𝑟 et 𝑀𝜑 pour abréger, simplement moments et 𝑄
effort tranchant.
Connaissant 𝜎𝑟𝑟 et 𝜎𝜑𝜑 , on détermine la résultante des moments sur les faces :


2
𝑀𝑟 𝑟𝑑𝜑 = 𝑟𝑑𝜑 ∫ 𝜎𝑟𝑟 𝑑𝑧


2


2
𝑀𝜑 𝑑𝑟 = 𝑑𝑟 ∫ 𝜎𝜑𝜑 𝑑𝑧


2

Utilisons les équations (5), il vient :



𝐸 𝑑𝜃 𝜃 2
𝑀𝑟 = ( + 𝜈 ) ∫ 𝑧 2 𝑑𝑧
1 − 𝜈 2 𝑑𝑟 𝑟 −ℎ
2


𝐸 𝜃 𝑑𝜃 2
𝑀𝜑 = 2
( + 𝜈 ) ∫ 𝑧 2 𝑑𝑧
1−𝜈 𝑟 𝑑𝑟 − ℎ
2
Or

2 ℎ3
∫ 𝑧 2 𝑑𝑧 =

ℎ 12
2
Par conséquent,
𝑑𝜃 𝜃
𝑀𝑟 = 𝐷 ( +𝜈 )
{ 𝑑𝑟 𝑟 (6)
𝜃 𝑑𝜃
𝑀𝜑 = 𝐷 ( + 𝜈 )
𝑟 𝑑𝑟
Ou
𝐸ℎ3
𝐷=
12(1 − 𝜈 2 )

Cette grandeur est appelée rigidité de la plaque (ou enveloppe) à la flexion.


Parmi les forces appliquées sur l’élément (figure 5) on a inclus également la force
extérieure 𝑝𝑟𝑑𝑟𝑑𝜑, 𝑝 étant la pression en 𝑁/𝑚𝑚2, pouvant varier en fonction de 𝑟.
Projetons toutes les forces agissant sur l’élément (figure 5) sur l’axe de symétrie 𝑧⃗, on a :

−(𝑄 + 𝑑𝑄)(𝑟 + 𝑑𝑟)𝑑𝜑 + 𝑄𝑟𝑑𝜑 + 𝑝𝑟𝑑𝑟𝑑𝜑 = 0

−𝑄𝑟𝑑𝜑 − 𝑄𝑑𝑟𝑑𝜑 − 𝑟𝑑𝑄𝑑𝜑 − 𝑑𝑄𝑑𝑟𝑑𝜑


⏟ + 𝑄𝑟𝑑𝜑 + 𝑝𝑟𝑑𝑟𝑑𝜑 = 0
𝑛𝑒𝑔𝑙𝑖𝑔𝑒𝑎𝑏𝑙𝑒: 𝑡𝑒𝑟𝑚𝑒
𝑖𝑛𝑓𝑖𝑛𝑖𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑝𝑒𝑡𝑖𝑡 𝑑 ′ 𝑜𝑟𝑑𝑟𝑒 3

En négligeant les termes d’ordre supérieur :

−𝑄𝑑𝑟𝑑𝜑 − 𝑟𝑑𝑄𝑑𝜑 + 𝑝𝑟𝑑𝑟𝑑𝜑 = −𝑑(𝑄𝑟)𝑑𝜑 + 𝑝𝑟𝑑𝑟𝑑𝜑 = 0

𝑑
𝑝𝑟 = (𝑄𝑟) (7)
𝑑𝑟

Prenons la somme des moments par rapport à l’axe 𝑦⃗ tangent à l’arc de cercle de rayon 𝑟 dans le plan
moyen :

𝑑𝑟
(𝑀𝑟 + 𝑑𝑀𝑟 )(𝑟 + 𝑑𝑟)𝑑𝜑 − 𝑀𝑟 𝑟𝑑𝜑 − 𝑝𝑟𝑑𝑟𝑑𝜑 − 𝑀𝜑 𝑑𝑟𝑑𝜑 + (𝑄 + 𝑑𝑄)(𝑟 + 𝑑𝑟)𝑑𝜑𝑑𝑟 = 0
2

Détails

Ou en négligeant les termes d’ordre supérieur :

𝑑
𝑀𝜑 − (𝑀 𝑟) = 𝑄𝑟 (8)
dr 𝑟

Les autres équations d’équilibre sont identiquement satisfaites en vertu des conditions de symétrie.
Substituons 𝑀𝜑 et 𝑀𝑟 donné par (6) dans l'équation (8) et supposant la rigidité 𝐷 constante, on a :

détails

𝑑2 𝜃 𝑑𝜃 𝜃 𝑄𝑟
𝑟 2
+ − =−
𝑑𝑟 𝑑𝑟 𝑟 𝐷
D’où

𝑑 1𝑑 𝑄
[ (𝜃𝑟)] = − (9)
𝑑𝑟 𝑟 𝑑𝑟 𝐷

On vérifie bien cette transformation par une simple dérivation.


Intégrant deux fois de suite l’expression (9), on trouve :

𝐶2 1
𝜃 = 𝐶1 𝑟 + − ∫ [𝑟 ∫ 𝑄𝑑𝑟] 𝑑𝑟 (10)
𝑟 𝐷𝑟

𝐶1 et 𝐶2 étant des constantes d’intégration arbitraires, qu’on détermine à partir des conditions aux
limites dans chaque cas concret.
L’effort tranchant Q peut être déduit de l’équation d’équilibre (7). D’ailleurs, il est bien plus
commode de déterminer l’effort tranchant en considérant les conditions d’équilibre de la
partie centrale de la plaque découpée par une section cylindrique de rayon r. cette méthode
de calcul de l’effort tranchant sera illustrée dans la suite des exemples.
Une fois 𝜃 de l’équation (10) trouvée, les expressions (6) donnent les moments fléchissant
𝑀𝜑 et 𝑀𝑟 et l’expression (1) la flèche 𝑤. Connaissant les moments fléchissant, il est facile de
trouver les contraintes. Comparant les expressions (5) et (6), on voit que :

𝐸𝑧 𝑀𝑟
𝜎𝑟𝑟 =
{ 1 − 𝜈2 𝐷
𝐸𝑧 𝑀𝜑
𝜎𝜑𝜑 =
1 − 𝜈2 𝐷

Substituons l’expression de 𝐷, on trouve :

12𝑀𝑟
𝜎𝑟𝑟 = 𝑧
{ ℎ3
12𝑀𝜑
𝜎𝜑𝜑 = 𝑧
ℎ3

Les contraintes maximales ont lieu pour 𝑧 = ± . Par conséquent,
2

6𝑀𝑟
𝜎𝑟𝑟 𝑚𝑎𝑥 = ±
{ ℎ2 (11)
6𝑀𝜑
𝜎𝜑𝜑 =± 2
𝑚𝑎𝑥 ℎ

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