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PRATIQUES ET MÉTIERS TM 33

Évaluation subjective
de la charge de travail
Utilisation des échelles de Borg
AUTEUR :
J.P. Meyer, département Homme au travail, INRS

en
résumé

L'évaluation subjective est


un outil précieux, précis et
reproductible pour mesurer
la charge de travail. Elle
peut être utilisée seule
(échelles d'auto-évaluation,
MOTS CLÉS
Charge physique /
conditions
de travail /
évaluation des
risques
L a charge physique de tra-
vail reste encore importante dans
de nombreuses professions et les
pathologies qui en découlent sont
le nombre de pathologies de
l'appareil locomoteur est en
progression constante et ces at-
teintes sont source de handicap
questionnaires…) ou en variées car elles touchent des fonc- (encadré 1). Outre l'évaluation
parallèle aux nombreuses tions diverses : locomotrices, car-
métrologies objectives. diorespiratoires, endocriniennes et ,Encadré 1
Après une courte de régulation thermique [1 à 4].
présentation de l'évaluation Des indicateurs objectifs physiolo-
subjective à l'aide des giques, tels que la fréquence car-
> ÉVOLUTIONS DES
PATHOLOGIES DE
échelles de Borg (RPE et diaque (FC), la tension artérielle
L’APPAREIL LOCOMOTEUR
CR10), des exemples d'études (TA), la dépense énergétique (M)
ENTRE 1995 ET 2010 [21]
menées en laboratoire et ou la ventilation pulmonaire (VE),
En 15 ans, de 1995 à 2010,
en situation de travail sont entre autres, sont utilisés pour
le nombre de maladies
présentés pour argumenter évaluer la charge de travail phy- professionnelles (MP) reconnues
leurs utilisations et leurs sique globale [5 à 13]. Les enregis- au titre des tableaux des
apports dans un bilan des trements électromyographiques affections touchant l’appareil
locomoteur (tableaux du régime
conditions de travail. (EMG) de l'activité musculaire sont
général n° 57, n° 69, n° 79, n° 97
des indicateurs de charge de travail et n° 98) a été multiplié par 8,
musculaire local [5, 14 à 16]. Hors la passant de 5 200 à 43 300 cas.
FC, ces mesures objectives restent La très grande majorité des
650 000 accidents du travail
d'utilisation complexe, demandent annuels touche principalement
des moyens techniques impor- l'appareil locomoteur. Leur
tants et n'évaluent pas certaines nombre n'a pas ou peu évolué au
astreintes difficiles à mesurer. cours des dix dernières années,
après avoir fortement baissé au
En regard de ces difficultés, de cours des 40 années précédentes.
nombreuses études ont montré La durée moyenne des arrêts a
l'efficacité des indicateurs subjec- augmenté de 42 à 57 jours entre
tifs [2, 17 à 20] comme outil com- 1995 et 2010. Entre 1985 et 2005,
l'augmentation des durées d'arrêt
plémentaire aux méthodes objec- concernait les salariés de plus de
tives, particulièrement pertinent 45 ans ; entre 2007 et 2010, elle
pour évaluer la charge de travail et a été plus marquée chez les plus
jeunes (30 à 45 ans).
les risques qui en découlent. Cette
problématique est d'actualité car

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Évaluation subjective
de la charge de travail
Utilisation des échelles de Borg

des contraintes, les échelles sub- rapide recherche bibliométrique


jectives permettent de quantifier montre l'évolution dans le temps GÉNÉRALITÉS SUR LES
la perception que peuvent en avoir des publications qui utilisent les ÉCHELLES D’ÉVALUATION
les salariés dans leur ensemble et échelles de Borg et qui les citent SUBJECTIVE
les difficultés éventuelles perçues dans le titre (figure 1). Cette illus-
par certain d'entre eux. L'analyse tration traduit l'intérêt croissant Les démarches pour évaluer des
conjointe des données objectives et pour ces échelles qui permettent contraintes autres que physiques
subjectives renforce l’efficacité de de quantifier une perception et (inconfort postural, charge men-
l’évaluation des risques [22]. ainsi de l’analyser. Une lecture plus tale, gênes au travail…) ne sont
De nombreuses échelles de quan- détaillée des publications met en pas développées dans cet article,
tification subjectives existent. Les évidence leur large spectre d'utili- bien que leur mise en pratique soit
échelles de Borg ont fait l'objet d'un sation qui va d'enquêtes de santé d'un grand intérêt en situation de
développement conceptuel appro- publique [29, 30] à l'évaluation de travail. Elles imposent les mêmes
fondi et ont été utilisées dans des la pénibilité d'une posture [31] en règles, détaillées plus loin, que
champs variés où leurs réponses passant par la réadaptation du l'évaluation de la charge physique
ont toujours été validées par des sujet cardiaque [32] ou le suivi de de travail.
données objectives [10, 23, 24]. Elles l'entraînement sportif [33]. Dans le
sont de ce fait les plus utilisées à champ des risques professionnels CONCEPTS DE BASE
l'heure actuelle et sont recomman- de très nombreuses simulations en DES ÉCHELLES DE BORG
dées pour la surveillance médico- laboratoire ont utilisé l'évaluation Les connaissances théoriques sur
professionnelle du risque lombaire subjective d'une astreinte. Moins l'effort perçu comportent 2 dé-
pour les travailleurs exposés à de 20 publications ont été identi- marches : l'une de quantification
des manutentions manuelles [25]. fiées, faisant référence à des situa- d'une grandeur (méthode subjec-
Deux types d'échelles ont été déve- tions réelles avec des salariés [15, 34 tive) et l'autre, à l’inverse, de choix
loppés par Borg : l'échelle d'évalua- à 37]. d'une grandeur qui correspond à
tion de l'effort perçu ou RPE (Rating L’objectif de cet article est de mon- un niveau de perception (méthode
of Perceived Exertion) et l'échelle trer les apports, les qualités et les psychophysique). L'évaluation sub-
CR10 (Category Ratio 10). Leur déve- limites des échelles d’évaluation jective permet de quantifier un sti-
loppement et leurs utilisations ont subjective au travers d’exemples mulus par une métrique prédéfinie
fait l'objet de nombreuses publi- recueillis au laboratoire et en situa- dont le choix (échelle simple ou
cations [10, 17, 19, 23, 26 à 28]. Une tion de travail. questionnaire long) détermine la
méthode et les difficultés de l'éva-
luation mais aussi sa richesse. La
Fig. 1 : Nombre moyen d'articles publiés annuellement utilisant et citant les
échelles de Borg dans le titre et recensés dans Pubmed (interrogation de la perception englobe plusieurs fac-
base en novembre 2013). teurs parmi lesquels la satisfaction
au travail, l'origine socioculturelle,
le niveau économique, les capaci-
tés, l'environnement, le choix du
mode opératoire, les horaires… [10,
11, 23, 37 à 41]. Dans les faits, l'éva-
luation subjective analyse plus
que le simple effort musculaire. En
définissant précisément le para-
mètre à étudier et en expliquant
au salarié pourquoi et comment on
utilise une telle échelle et la nature
des résultats, beaucoup d'éléments
« parasites » disparaissent.
Borg propose deux échelles (fi-
gure 2) : RPE et CR10.

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Fig. 2 : Echelles d'évaluation de l'effort perçu de Borg du stimulus. En général, l'exposant n
de S est égal à 1,6 [53]. C'est sur cette
base que l'échelle CR10 a été propo-
sée [18]. Sa forme a évolué en 1982
(figure 2b) jusqu'à la forme actuelle
(figure 2c) [23]. Le CR10 est utilisé plu-
tôt pour des perceptions localisées à
un groupe musculaire ou à une par-
tie du corps. L'intensité d'une force
(F) suit une relation de la forme :
Équation 2
Force = CR10 x 10
Dans cette relation, la force est
exprimée en pourcentage de la
force maximale volontaire (FMV)
exercée dans la même posture
[4, 14, 31, 49, 54]. Par exemple, un
effort jugé 3 au CR10 correspond à
une force appliquée égale à 30 %
La version la plus récente de l’échelle CR10 (figure 2c) devrait logiquement remplacer sa version anté- de la FMV. Cette relation est utile
rieure. Cependant, l’expérience des auteurs en situation de travail comme avec des sujets de laboratoire
en situation de travail car elle per-
montre que cette dernière version (fig 2c) est difficile à appréhender rapidement et complique la réponse
au questionnement rapide. De ce fait, la version antérieure du CR10 (fig 2b), qui répond aux aspects pra-
met de connaître une intensité de
tiques du questionnement et permet une évaluation de précision satisfaisante, continue à être utilisée. force (en % de la FMV) sans mesure
directe de celle-ci.
Au cours des années 90, une échelle
ÉCHELLE RPE dente. En effet, les variations de la CR100 (centi-Max scale) plus détail-
L'évaluation subjective quantifie FC sont multifactorielles (type d'ac- lée que l'échelle CR10 a été propo-
l'astreinte perçue, en particulier tivité, âge, genre, environnement sée [6]. Sa spécificité et l'attention à
celle de la charge physique de tra- physique, état d'anxiété, heure…). apporter aux explications à donner
vail et de son évolution en fonction Ainsi, à l'extrême, un RPE de 13 par aux utilisateurs font qu'elle est peu
de sa durée ou de son environne- exemple peut correspondre à une utilisée en situation de travail et ne
ment [4, 7, 19, 24, 33]. Borg a présen- FC de 100 ou 160 selon les individus sera pas développée ici.
té l'échelle RPE (figure 2a) basée sur interrogés [44, 52]. Les scores au RPE L'utilisation du CR10 comme échelle
l'observation qu'au cours d'un exer- étant liés à la FC et à la consomma- d'évaluation de la douleur a été
cice allant du repos à l'effort maxi- tion d’oxygène (VO2), cette échelle proposée [16, 55 à 57], mais, malgré
mum, la FC moyenne d'un groupe est plutôt utilisée comme indica- son intérêt, n'a pas été développée
de sujets jeunes et actifs varie de teur de charge physique générale car le consensus sur l'évaluation de
60 à 200 bpm [18] et suit une rela- [27, 34, 45, 46,48, 51]. la douleur ne fait pas référence aux
tion avec le RPE de la forme : échelles de Borg [58].
Équation 1 ÉCHELLE CR10
FC = 10 x RPE La perception d'un effort n'évolue AUTRES ÉCHELLES
L'équation 1 a été validée par de pas de façon linéaire avec l'inten- D'ÉVALUATION SUBJECTIVE
nombreux auteurs dans diverses sité de celui-ci mais adopte une Il existe des échelles « dérivées » qui
activités physiques [27, 31, 34, 43 à fonction croissante de type expo- sont des transformations simples
51] et, dans une moindre mesure, nentiel [53]. Ainsi, une perception des échelles de Borg et des échelles
dans des activités reproduisant des satisfait à une fonction puissance « alternatives » différentes, en géné-
activités professionnelles [1, 9, 48]. de la forme : ral plus simples, qui peuvent de ce
En 1982, Borg [17] reconnaît que R = a + c.Sn fait être utiles dans le champ de la
si cette équation est applicable à où R est l'intensité de la perception santé au travail.
des populations, son utilisation au (réponse), a, une constante dite Les échelles « dérivées » sont
niveau individuel doit rester pru- « perception de base » et S, l'intensité principalement des déclinaisons

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Utilisation des échelles de Borg

graphiques du CR10 [59 à 62]. Ces Cependant, dans l'évaluation de


présentations ont pour objectif de certaines contraintes particulières UTILISATION DES ÉCHELLES
mieux illustrer la notion d'effort. (bruit, vibrations, chaleur, efforts DE BORG
Elles comportent une pente sur la- spécifiques…), une échelle géné-
quelle est dessiné un coureur [60, rique comme celle de Borg n'est HORS ACTIVITÉ
61] pour les activités d'endurance pas toujours le meilleur choix. À PROFESSIONNELLE
ou un haltérophile pour les activi- titre d'exemple, une échelle de per- Le sport a été le premier terrain
tés statiques en résistance ou un ception de l'intensité d'un choc a d'expérimentation de l'évaluation
enfant qui court ou fait du vélo ou été proposée à 26 sujets afin d'éva- subjective [27]. En moyenne, un
un héros de bandes dessinées pour luer la brutalité du blocage, contre RPE de 13 pour les femmes et 14
des échelles destinées aux enfants un butoir, d'un chariot sur lequel ils pour les hommes ou un CR10 à 5
[59, 60]. Ces variantes du CR10 sont étaient debout et qui se déplaçait correspondent au seuil d'anaérobie
utilisées pour évaluer l'endurance à une vitesse contrôlée. La figure 3 d'une population de jeunes adultes
[7], l'astreinte thermique froide présente l'intensité perçue du choc lors d'un exercice physique de
[57] ou chaude [63], des calculs en fonction de 6 classes de vitesse pédalage sur ergocycle [20, 62, 70].
d'indice de contrainte à la chaleur de l'impact et montre la précision Un niveau d’activité qui améliore
[64, 65] ou pour évaluer la fatigue de l’évaluation subjective qui est les capacités cardiorespiratoires
au travail [66]. Le CR10 peut être étroitement corrélée (p < 0,0001) requiert un RPE supérieur à 17 [10,
associé à un schéma du corps hu- avec la vitesse au moment du choc. 27, 28, 30, 40]. À l'inverse, un exer-
main pour évaluer l'inconfort ou la Il n'existe pas, à la connaissance cice de santé correspond à un RPE
contrainte perçus dans différentes des auteurs, de meilleur outil d'éva- de 13 [4, 23, 71, 72]. La surévaluation
zones anatomiques [35, 67]. luation de l'astreinte d'une pertur- de l'intensité perçue d'un effort au
Les échelles « alternatives » se bation que l'évaluation perçue. regard de sa puissance réelle est un
distinguent principalement par indicateur de fatigue ou de suren-
un nombre de paliers moins élevé. traînement [73]. La fatigue au cours
Une échelle dérivée de type Likert
en 6 points (« très léger », « léger »,
« un peu dur », « dur », « très dur » Fig. 3 : Valeurs moyennes et écarts-type de l’intensité perçue de la
et « extrêmement dur ») a été utili- perturbation de l’équilibre en fonction de la vitesse du chariot (en cm.s-1)
lors de son arrêt brutal contre un butoir.
sée pour classer différentes activi-
tés domestiques [68]. L'association
de médecine du sport américaine
propose une échelle en 5 niveaux
(« très léger », « léger », « modéré »,
« vigoureux », « proche du maxi-
mum ») pour évaluer l'intensité d'un
effort [69]. Une comparaison entre
les résultats du RPE et ceux de ces
échelles montre qu'elles évaluent de
façon satisfaisante l'intensité d'une
astreinte lorsque celle-ci est élevée
ou varie beaucoup [69, 70]. Elles
ne permettent pas, en général, de
distinguer des niveaux d'astreinte
moyens ou modérés et variant
peu, comme ceux rencontrés en
situation de travail. À l'inverse, les
échelles de Borg permettent de clas-
ser plus finement ces activités, d'où
leur intérêt en situation de travail
[2, 10].

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du travail statique produit une sen- perceptions sont de 15,1 au RPE et sibles dans différentes conditions
sation d'inconfort, voire de douleur de 6,6 au CR10. de manutention. Ses résultats ont
qui limite le temps de maintien de été utilisés pour bâtir des normes
l'effort [9, 23, 24]. POUR L’ANALYSE DE nationales (NF X 35-109) et interna-
En réadaptation fonctionnelle, car- L’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE tionales (CEN 2007, ISO 2006).
diaque ou respiratoire, le RPE est La validité des évaluations sub- Quatre exemples d'études de labo-
un des critères de régulation de l'in- jectives est en général élevée, en ratoire illustrent l'utilisation des
tensité de l'effort [23, 52, 69, 74]. Au particulier dans l'évaluation d'une échelles de Borg dans un environ-
cours d'un exercice sur ergocycle, charge de travail physique. Cepen- nement contrôlé.
des RPE à 9, 13 et 15 ou 17 sont des dant, plusieurs études ont montré
niveaux d'effort perçus validés pour que dans certaines situations (po- Astreintes d'efforts répétés
déterminer la tolérance à l'effort, pulations âgées, sujets malades, su- de préhension
prescrire son intensité et prédire les jets fatigués, conditions ambiantes, Cette étude avait pour objectif de
capacités utilisables dans la vie de sportifs de haut niveau), l'évalua- quantifier les astreintes induites
tous les jours [40, 56, 73 à 76]. Cepen- tion subjective pouvait manquer par des efforts de préhension ré-
dant, comme indiqué plus haut, le de précision et même être erronée pétés. Seize combinaisons de 4 ni-
RPE utilisé seul pour prescrire des [32, 44, 55, 78, 84 à 87]. veaux de forces de préhension (10,
intensités d'exercice peut induire Les exemples présentés dans ce 25, 50 et 85 % de la FMV) et 5 durées
des FC très élevées et donc poten- chapitre montrent que, dans une de cycle (1, 2, 4, 8 et 16 secondes)
tiellement dangereuses [43, 44, 52]. population active et sans patholo- alternant repos et force de préhen-
L'estimation de la capacité d'endu- gie, exposée à des conditions cou- sion ont été réalisées par 26 sujets
rance grâce au RPE est possible rantes, les évaluations subjectives (13 femmes et 13 hommes) volon-
dans des efforts très variés (marche sont particulièrement pertinentes. taires, jeunes, actifs et en bonne
sur tapis roulant, port de charges, Les expériences de laboratoire ou santé. Ils étaient assis confortable-
marches en pente…). Des relations de terrain rapportées ont été choi- ment pour réaliser dans un ordre
linéaires entre le temps d'endu- sies car elles pouvaient être décrites aléatoire les 16 combinaisons ex-
rance et le RPE ont été déterminées succinctement et illustraient l’inté- périmentales pendant 3 minutes
par de nombreux auteurs [23, 24, 33, rêt des échelles de Borg. Outre les chacune avec la main dominante.
63, 73, 77 à 82] ou avec le CR10 [81, évaluations subjectives, ces études L'avant-bras reposait dans une
83]. L'utilisation de ces résultats ont appliqué des outils d'investi- gouttière horizontale à hauteur
permet de calculer des relations gation variés qui seront cités sans réglable. La poignée de préhension,
très significatives (p < 0,001) entre être détaillés. équipée d’un capteur électronique,
l'évaluation subjective d’une acti- était positionnée à l'extrémité de la
vité continue et la durée relative ÉTUDES EN LABORATOIRE gouttière pour que chaque sujet ait
(d en % de la durée maximale à Les exemples d'utilisation des son poignet en position idéale lors
l'épuisement) de la forme : indices subjectifs RPE ou CR10 des efforts de préhension. Un oscil-
Équation 3 sont de plus en plus nombreux en loscope placé devant le sujet lui
RPE = 10,9 + 0,084 d milieu professionnel. Ils restent donnait les consignes d'intensité et
n = 49, r = 0,95 cependant principalement utilisés de durée du maintien de la force et
(r : coefficient de corrélation) lors de la simulation de tâches en du repos. Les sujets évaluaient sur
Équation 4 laboratoire [1, 9, 15, 35, 36, 47, 80, 88]. une échelle CR10 l'intensité de la
CR10 = 3,8 +0,057 d En effet, le monde du travail génère force à la fin de chaque séquence
n = 53, r = 0,96 toujours des charges physiques qui de 3 minutes. L'activité électrique
Les ordonnées à l'origine de ces se prêtent simplement à une mo- (EMG de surface) de 4 muscles
2 équations indiquent que des délisation des coûts physiologiques (premier interosseux, extenseur
valeurs de RPE et de CR10 de 11 et 4 objectifs (FC, VO2) ou subjectifs commun des doigts, fléchisseur
sont des seuils d'une activité sans (RPE) [8]. Ainsi, appliquées en labo- du pouce et fléchisseur commun
épuisement (d = 0 car la durée ratoire, les échelles de Borg, en pa- des doigts) a été recueillie, étant
de l'effort est infinie). Les sujets rallèle à des méthodes psychophy- étroitement liée à l’intensité de la
atteignent la moitié du temps siques, ont permis de définir des force développée par le muscle. Les
d'endurance (d = 50 %) lorsque les limites de poids de charges admis- résultats montrent que le CR10 est

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capable d'évaluer la force de pré- Fig. 4 : Évolutions, en fonction de l'intensité du step-test (VO2 en ml.kg-1.min-1),
hension de façon tout à fait accep- du coût cardiaque et du RPE pour les 60-65 ans et les 36 sujets des 2 classes les
table. La force (en % FMV) est liée plus jeunes.
au CR10 selon la relation :
Force = 10 x CR10
n = 649 ; r = 0,86
Le recueil des EMG est la méthode
de référence reconnue pour éva-
luer une force. Pourtant, dans les
conditions de cette étude, il est
nécessaire de recueillir 3 EMG pour
obtenir une meilleure prédiction
de la force de préhension que celle
du CR10. En effet, le coefficient de
corrélation (r) des régressions mul-
tiples entre la force de préhension
mesurée et les EMG intégrés est su-
périeur à celui de l'évaluation sub-
jective (r2 = 74) lorsque 3 ou 4 EMG
sont mesurés et analysés (r2 = 83).
Ces résultats, obtenus sur un grand
nombre de sujets, montrent que :
O la relation [F (% FMV) = CR10 x 10]
est valide et son utilisation en si- Le choix d'échelle permet de superposer les résultats de dFC et RPE des 2 classes jeunes.
tuation de travail encouragée [25] ;
O l'évaluation subjective est, dans
des conditions de mesure parfai- consommation d'oxygène (figure et objectives en fonction de l’âge.
tement contrôlées de cette étude 4). La relation entre le RPE et le coût Cette observation s'explique par
de laboratoire, aussi précise qu'une cardiaque (dFC) est de la forme : le fait que le RPE est un indicateur
méthode lourde avec au moins 3 RPE = 6,8 + 0,11 dFC de pénibilité plus complexe et plus
EMG ; n = 375 ; r = 0,61 complet que la FC et qu'il est sen-
O l'expression en force relative Cette relation est conforme aux sible à des difficultés de locomotion
(en % de FMV) permet de réduire données de la littérature qui in- sur le step-test (synchronisations,
les variabilités interindividuelles et diquent que, pour un test dyna- mouvements, efforts locaux…) que
de construire des modèles prédic- mique de l'ensemble du corps, 1 la FC ne peut pas montrer dans
tifs précis. unité de RPE correspond à 10 bpm cette population de sujets plus âgés
de FC. mais aux très bonnes capacités car-
Effort dynamique sur step-test Les résultats de la figure 4 montrent diorespiratoires pour leur âge.
Afin de réaliser simplement une qu'à niveau d’effort identique, la FC
évaluation des capacités cardio- des plus âgés est inférieure à celle Déplacement en fauteuil roulant
respiratoires, un test d'effort sous de leurs cadets (p < 0,01). En fait, manuel
maximal sur step-test [89] a été selon une classification des capaci- La contrainte du déplacement en
réalisé par 54 hommes également tés cardiorespiratoires (VO2max), les fauteuil roulant manuel (FRM) a
répartis en 3 classes d'âge (30- plus âgés sont « très bons » alors que été mesurée chez 25 sujets paraplé-
35, 45-50 et 60-65 ans). Leur FC les plus jeunes ne sont que « bons » giques se déplaçant régulièrement
était mesurée en continue et une [89]. À l'inverse, à niveau d'effort par ce moyen [51]. Ils étaient scindés
évaluation sur l'échelle RPE leur identique, le RPE des plus âgés est si- en paraplégiques « hauts » (lésion
était demandée après chacun des gnificativement plus élevé (p < 0,01) médullaire au niveau de la vertèbre
4 niveaux d'effort. Les résultats que celui des plus jeunes. cervicale C6 et au dessus) et « bas »
montrent une très bonne corré- Ces résultats montrent une évolu- (lésion en dessous de C6). Des as-
lation entre le RPE ou la FC et la tion inverse des astreintes perçues treintes objectives (FC, VO2 et EMG

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de 16 muscles) ont été recueillies Fig. 5 : Scores moyens et intervalles de confiance de la ments d’activité électriques (EMG
en continu. Les sujets ayant des de- perception générale de l’effort (RPE) aux dévers de 0 et 2 %. de surface) étaient réalisés sur
mandes multiples, la perception de 8 muscles (trapèze, chefs antérieur,
l’effort lors du déplacement en FRM latéral et postérieur du deltoïde,
a été recueillie à l’aide de la seule biceps, triceps, extenseur et fléchis-
échelle RPE au terme des 8 tests de seur commun des doigts). L'analyse
propulsion de 3 à 6 minutes qui com- des EMG ne sera pas développée ici.
binaient 4 dévers (0, 2, 8 et 12 %) et 2 Leur valeur intégrée, reflet de l’in-
vitesses de déplacement (0,94 m.s-1 tensité de l’effort, est calculée pour
et « confort » au choix des sujets). les muscles proximaux (deltoïdes et
Les efforts perçus sont significa- trapèzes) et distaux (fléchisseur et
tivement modifiés par le dévers extenseur des doigts).
(p < 0,001), mais pas par la vitesse L’évaluation subjective a été réali-
(p > 0,4) et significativement supé- sée à l’aide du CR10 à 5 localisations
rieurs du côté dominant au non (cou, dos, épaule, bras et avant-
dominant pour des dévers de 8 et bras) de façon répétée toutes les 2
12 % (p < 0,01). Les sujets, dans leur minutes. Les sujets connaissaient
ensemble, ne sont pas sensibles au parfaitement l’échelle et donnaient
dévers à 2 %. Cependant, comme instantanément le chiffre corres-
le montrent les résultats de la pondant à l’intensité de l’effort
figure 5, le RPE à 2 % est significa- L'évaluation subjective a permis perçu aux 5 localisations. De même
tivement (F1,48 = 11 ; p < 0,005) plus d'argumenter le fait qu'un dévers à que pour l’effort mesuré par l’EMG,
élevé chez les sujets à lésion basse 2 %, valeur réglementaire, soit une la perception subjective a été cal-
que chez ceux à lésion haute [8,5 limite à maintenir. culée pour les zones proximales
(0,5) vs 7,0 (0,6)]. (épaule, bras) et distale (avant-
Ce résultat montre la finesse Efforts répétés de préhension bras). La figure 6 présente les résul-
des résultats subjectifs. En effet, et de traction. tats moyens de l’EMG et de la per-
parmi les différentes grandeurs Quatorze sujets (7 femmes et 7 ception subjective pour les 2 zones.
mesurées (FC, EMG, RPE, vitesse de hommes) jeunes et actifs, tous droi- Les résultats de la figure 6 montrent
déplacement), seule la vitesse de tiers, ont été volontaires pour cette que l’activité des femmes est équili-
« confort » choisie par les utilisa- expérimentation dont l'objectif était
teurs de FRM permettait de distin- d'analyser l'apparition de la fatigue Fig. 6 : Valeurs moyennes et écarts-type des EMG et des CR10
guer 0 et 2 % de dévers. La distinc- lors d'un test répétitif de préhension pour les femmes et les hommes.
tion du RPE chez les sujets à lésion et de traction. La tâche expérimen-
basse uniquement n'est pas sur- tale était réalisée assis devant une
prenante car ils sont plus sensibles table qui supportait une poignée de
au dévers que les sujets à lésion préhension verticale située devant
haute qui, sans ceinture abdomi- le sujet et une poignée de traction
nale ne perçoivent pas le dévers horizontale légèrement décalée,
faible. L'apport des données subjec- face à l’épaule droite du sujet, à
tives renforce l'idée que le dévers 30 cm au dessus de la table. Les
de 2 %, sans induire d'astreinte sujets réalisaient 35 cycles de trac-
importante pour la population de tion-préhension par minute jusqu’à
cette étude, impose une régula- épuisement. Pour chaque sujet, la
tion gestuelle différente et perçue force de traction était de 50 % de sa
comme un effort supplémentaire. FMV de traction et celle de préhen-
Celui-ci peut être délétère pour des sion était de 60 % de sa FMV de pré-
sujets en condition physique faible hension. Les niveaux de consigne
et les écarter de l'utilisation d'un des 2 forces étaient présentés aux
FRM et ainsi perdre en capacités sujets sur un écran d'oscilloscope
de déplacement et d'intégration. placé devant eux. Des enregistre-

SEPTEMBRE 2014 — RÉFÉRENCES EN SANTÉ AU TRAVAIL — N° 139 111


PRATIQUES ET MÉTIERS
Évaluation subjective
de la charge de travail
Utilisation des échelles de Borg

brée entre les zones distales (avant-


bras) et proximales (épaule) alors
que les hommes sont nettement
plus actifs dans la zone distale que
dans la zone proximale. L’évalua-
tion subjective, comme les résul-
tats de l'EMG, montre que l’orga-
nisation de l’activité des hommes
et des femmes est différente dans
une tâche pourtant identique. Ces
résultats illustrent la concordance
entre résultats subjectifs (CR10) et
objectifs (EMG) et confirment la ca-
pacité de l’évaluation subjective à
distinguer les astreintes distales et
proximales du membre supérieur,
au même titre que l’EMG.

ÉTUDES EN ENTREPRISE
Dans toutes les interventions des
auteurs en situation de travail, l'éva-
luation subjective est associée à des
mesures objectives de l'astreinte.

Conditionnement dans
l'agroalimentaire
L'étude des astreintes des membres
Fig. 7 : Moyenne et écarts-type des évaluations subjectives de la pénibilité
supérieurs à un poste mécanisé par le CR10 pour 7 zones anatomiques chez 12 salariées au poste de
de conditionnement d'aliments a conditionnement.
été réalisée à la demande de l'en- Chaque valeur est calculée sur 48 évaluations. Pour des raisons de simplification, les 7 CR10
ont été tronquées
treprise. La tâche étudiée était le
contrôle du bon fonctionnement
d'une emballeuse et, au besoin, la gnétique 8 pistes dont la voie pho- importante aux jambes (t = 7,9 ;
récupération rapide de tout aléa. La nie avait été conservée. Les signaux p < 0,0001) et au dos (t = 3,7 ;
tâche demandait une activité quasi étaient traités dans un deuxième p < 0,001) qu'aux bras. Les as-
continue des membres supérieurs. temps. treintes perçues les plus impor-
Douze femmes, dont l'âge moyen L'évaluation subjective a été re- tantes sont celles de zones en de-
était de 40,2 (8,1) ans et l'ancien- cueillie à l'aide de 7 échelles CR10 hors de celles à l'origine de l'étude.
neté au poste supérieure à 2 ans, pour les 7 zones suivantes : En particulier, la valeur de 6,4 [5,8-
sans plainte particulière et sans O avant-bras/main droit et gauche, 6,9] au CR10 des jambes est une
pathologie connue de l'appareil O bras/épaule droit et gauche, marque de fatigue importante [10].
locomoteur, ont participé à l'étude. O cou/haut du dos, Par ailleurs, l'évaluation subjective
Les flexions et extensions des poi- O bas du dos, ne montre pas de différence entre
gnets étaient recueillies à l'aide O jambes. la droite et la gauche mais est
de goniomètres (Penny&Giles®) L'évaluation a été expliquée à significativement supérieure aux
fixés sur le dos du poignet. Les EMG chaque salariée et recueillie dès niveaux des avant-bras par rapport
des fléchisseurs et des extenseurs le début du poste et toutes les 2 aux épaules (t = 5,3 ; p < 0,001).
des doigts droits et gauches et du heures. La figure 7 présente les Les résultats des EMG ne sont pas
biceps du côté dominant étaient résultats de l'évaluation subjective présentés. Ils témoignent d'une
enregistrés en parallèle aux angles pour les 7 zones. Ils montrent une activité dissymétrique, plus impor-
du poignet sur un enregistreur ma- perception d'effort beaucoup plus tante à droite qu'à gauche, mais

112 N° 139 — RÉFÉRENCES EN SANTÉ AU TRAVAIL — SEPTEMBRE 2014


d'intensité acceptable car les EMG duit réfractaire porté à très haute recueillie à l'aide du RPE auprès
intégrés moyens sont toujours température (1 700 °C). Les tâches de chaque salarié après chaque
inférieurs à 10 % de leur valeur étudiées étaient l'assemblage et séquence de démantèlement. Tous
lors d'un effort maximum. De plus, la mise en place des moules mé- les repos étaient pris assis dans une
aucun EMG n'augmente au cours talliques avant la coulée et leur zone de confort thermique. Les don-
du travail et ils reviennent à leur démontage après la solidification nées subjectives ont été recueillies
valeur de repos initial lors de repos des parois du réfractaire coulé. à 48 reprises après les séquences de
brefs. Ces observations montrent Entre 2 et 3 pièces sont coulées par coulées et les valeurs de 133 pics de
l'absence de signes objectifs de séquences de coulée qui durent de FC ont été relevées lors de chaque
fatigue. 5-8 minutes toutes les 20 minutes. coulée d’une pièce réfractaire. Les
Contrairement aux EMG, l'évalua- Ce rythme est imposé par les capa- résultats montrent que, malgré la
tion subjective moyenne du bas du cités du four. Les séquences de cou- contrainte thermique élevée lors
dos et des jambes augmente très si- lée comportent une activité phy- des démantèlements, l'astreinte
gnificativement au cours du poste sique importante et une contrainte thermique sur l'ensemble du poste
(p < 0,001) alors que l'augmenta- thermique radiante qui impose de travail est faible (extrapulsations
tion des astreintes du haut du corps le port de vêtements aluminisés. cardiaques thermiques – EPCT –
est à peine significative (p = 0,04). Entre chaque séquence de coulée toujours inférieures à 10 bpm) grâce
L'analyse des bandes enregistrées les salariés sont au repos dans une aux périodes de récupération en po-
a permis d'expliquer l'astreinte éle- salle climatisée. sition assise dans une salle climati-
vée perçue aux jambes : au cours La difficulté de cette tâche est re- sée. Les durées de coulées plus lon-
de leur va-et-vient le long de la connue par tous les partenaires. La gues augmentent la FC mais le fait
machine, les salariées devaient direction de l'entreprise a proposé de passer de 3 à 4 pièces réfractaires
monter et descendre un escabeau au débat un changement d'orga- par coulée ne modifie pas signifi-
métallique de 3 marches de 15 cm nisation des coulées qui pourrait cativement l'astreinte cardiaque
chacune. Comme l'escabeau était prolonger certaines séquences (p > 0,2). Les résutats subjectifs
bruyant, le nombre de montées de démantèlement sans que, a (figure 8) confirment les données
pouvait être compté sur l'enregis- priori, la durée journalière cumu-
treur. En moyenne, les salariées lée d'exposition n'augmente. C'est Fig. 8 : Résultats moyens et écarts-type de la FC crête, de
montaient (et descendaient) l'es- pour évaluer de façon objective les la FC moyenne et du RPE pour les 2e, 3e et 4e pièces des
cabeau 2,75 fois par minute soit conséquences du changement que séquences de coulées à 4 pièces.
un total de plus de 85 étages de l'entreprise a fait appel à la Caisse
2,25 m pour 8 heures de travail. régionale de retraite et de santé au
Dans le cas rapporté, l'évaluation travail (CARSAT) locale. L'objectif
subjective met en évidence de était de savoir si couler 4 pièces par
façon indiscutable une astreinte séquence était plus contraignant
qui était insoupçonnée dans la que de n’en couler que 3 qui, par le
demande et que les outils « objec- passé, était la séquence habituelle
tifs » utilisés, pourtant importants, la plus longue.
n'étaient pas en mesure de recueil- Deux salariés étaient occupés à
lir. Dans le cas présent, l'évaluation chaque poste de 8 heures. L'étude
subjective a permis de réorienter a été menée au cours des 3 postes
les démarches de prévention. successifs afin de faire participer les
6 mouleurs habituels. Leur activité
Étude en fonderie a été observée (durées des déman-
Dans ce grand établissement d'un tèlements, des repos, poids de pro-
groupe international, l'une des spé- duit réfractaire, nombre de pièces
cialités est la fabrication de grosses coulées). Les mesures comportaient
pièces réfractaires destinées à l'ha- un relevé de fréquence cardiaque
billage intérieur de fours. Le prin- (FC) et des températures buccale
cipe de fabrication est la coulée et sèche de l'air et de l'hygrométrie
dans un moule métallique du pro- de l'air. L'évaluation subjective était

SEPTEMBRE 2014 — RÉFÉRENCES EN SANTÉ AU TRAVAIL — N° 139 113


PRATIQUES ET MÉTIERS
Évaluation subjective
de la charge de travail
Utilisation des échelles de Borg

de FC. Dès que la coulée comporte Étude d'un poste d'injection


Fig. 9 : Valeurs moyennes et écarts-type du CR10 des mains
3 pièces elle devient dure. Qu'elle L'organisation de ce poste en travail et des épaules.
en comporte 3 ou 4 ne change pas de week-end (samedi et dimanche)
significativement l'estimation. à raison de 12 heures par jour sans
Les résultats de l'étude ont été perte de salaire venait d'être ins-
présentés en Comité d’hygiène, de taurée dans cette entreprise de
sécurité et des conditions de travail sous-traitance pour l'automobile
(CHSCT). Les données objectives lorsque des questions de santé et
ont montré que la proposition de de sécurité ont été posées. Cette or-
changement ne présentait pas, a ganisation était mise en place de-
priori, de risques significativement puis plusieurs mois lorsque l'étude
accrus liés à la charge physique ou a eu lieu. L'entreprise fabriquait des
à la contrainte thermique. L'éva- pièces en plastique par injection.
luation subjective des salariés et sa Après refroidissement, il s'agis-
concordance aux données de la FC sait pour les salariés de démouler
ont été l'argument le plus puissant les pièces injectées. Cette activité
pour aboutir à un consensus sur la unique était répétée en continu au
mise en place de la nouvelle orga- cours des 12 h en dehors de 3 pauses
nisation du travail. Parmi les enre- de 10 ou 20 minutes réparties équi-
gistrements effectués, quelques sé- tablement sur la durée du poste.
quences comportant des incidents L'étude a été menée le samedi et le
ont duré plus de 10 minutes et ont dimanche durant le poste de 5 h à
induit une astreinte cardiaque 17 h, auprès de 12 salariés jeunes
excessive et une perception élevée (âge compris entre 25 et 35 ans), (figure 9). Les CR10 des avant-bras/
de l'astreinte. La préconisation a sans pathologie connue et sans mains augmentent peu en cours de
été faite de limiter les séquences plainte de l'appareil locomoteur. journée, ce n'est qu'une tendance
de coulées à 10 minutes et d'orga- Elle a comporté, chaque jour, un re- statistique (p = 0,07), alors que les 2
niser au besoin un système rapide cueil de la FC en continu sur 6 des 12 épaules augmentent plus et signi-
de remplacement des salariés pour salariés à l'aide d'un cardiofréquen- ficativement (p < 0,01). Les épaules
terminer le montage ou le démon- cemètre (Polar®) et une évaluation sont également la seule localisa-
tage des moules car les impératifs subjective par les 12 salariés à l'aide tion où le CR10 augmente significa-
de coulée ne permettent pas d'in- du CR10 sur 7 zones anatomiques tivement (p < 0,005) entre le 1er et le
terrompre celle-ci. (les mêmes que pour l’exemple du 2e jour.
Les résultats de cette étude dé- conditionnement en secteur agro- Contrairement aux données de FC
montrent la crédibilité que peuvent alimentaire). L'évaluation a été et aux avis a priori des salariés, la
avoir les échelles subjectives même recueillie à 7 reprises entre 6 h et succession de 2 journées de 12 h de
pour régler des situations d'organi- 17 h, le samedi et le dimanche. travail n'est pas sans répercussion.
sation du travail fortement débat- Les résultats de FC montrent un tra- Si, pour la majorité des localisations
tues. Dans le cas présenté, cette vail répétitif régulier avec des pics de anatomiques, les conséquences
crédibilité tient à : FC à chaque démoulage, du fait d'un sont limitées et non significatives
O la conformité aux données objec- effort important des avant-bras et statistiquement, pour les 2 épaules
tives, qui est un argument majeur ; des mains. La FC n'augmentait pas le dimanche est perçu significati-
O l'avis quantifié des intervenants entre le début et la fin du poste vement (p < 0,001) plus dur que le
directs ; et n'était pas significativement samedi [2,7 (1,5) vs 1,3 (1,3)]. Ainsi,
O l'interprétation des résultats basée (p > 0,3) différente entre les 2 jours. l'évaluation subjective permet de
sur l'activité observée des salariés ; L'évaluation subjective montre mettre en évidence la fatigue par-
O la participation (questionnaire et des niveaux d'astreintes bas, en ticulière le deuxième jour de travail
enregistrement cardiaque) de tous moyenne toujours inférieurs à 3, de la zone des épaules et témoigne
les salariés du poste de travail. mais des évolutions significatives de la sensibilité particulière de ces
des données au cours du temps articulations à des tâches impli-

114 N° 139 — RÉFÉRENCES EN SANTÉ AU TRAVAIL — SEPTEMBRE 2014


quant des forces élevées et expli- riots habituellement utilisés par En fait, les salariés ont dû intégrer
quant la fréquence de plaintes et les salariés. Les poussées ont été à leur jugement de l'effort la plus
de pathologies de l'épaule à ces réalisées dans un endroit calme grande instabilité du chariot court
postes. Ce fait aurait pu être mis en sur un sol lisse et plat. La figure 10 surchargé car les poids transportés
évidence avec des méthodes EMG, présente les résultats des mesures habituellement avec ces chariots
mais il aurait fallu au minimum objective (force initiale) et subjec- sont plus faibles.
recueillir les signaux de 4, voire tive (RPE) pour les 3 charges et les L'évaluation subjective, précise, tra-
6 muscles, pour comparer l'épaule 2 types de chariots. Les résultats, duit ainsi l'aspect inhabituel de l'ef-
et l'avant-bras. Soit une expéri- après correction de l'effet de la vi- fort sur les chariots courts. Cepen-
mentation très lourde pour mettre tesse de poussée, sont dans les 2 cas dant, cette explication n'est sans
en évidence un déséquilibre sans très significativement (p < 0,001) doute pas la seule et pour la com-
conséquence à court terme sur différents pour les 3 poids et les pléter, une analyse plus approfon-
l'appareil locomoteur. 2 chariots. die de l'activité des préparateurs
L'évolution de la force mesurée de commande devrait être réalisée.
Efforts de poussée est très similaire à celle de l’effort Elle se justifierait dans la mesure
Une étude sur les efforts de pous- perçu. Dans les conditions de cette où les effets objectif et subjectif des
sée de 2 types de chariots, l'un long étude, les écarts-type de l'évalua- chariots, bien que de sens opposé,
(2 m) et l'autre court (1,2 m), a été tion subjective sont inférieurs à sont tous les 2 très significatifs
menée dans 2 entreprises. Vingt- ceux de la mesure objective. Par (p < 0,01).
trois salariés, préparateurs de com- ailleurs, l'effet « chariot » oppose
mandes (10 femmes et 13 hommes), les résultats objectifs (les forces) SYNTHÈSE SUR L’APPORT
jeunes et sans problème de santé et subjectifs. En effet, la percep- DES ÉCHELLES DE BORG
ont répété à 2 reprises 6 condi- tion subjective indique que le cha- Toutes les données présentées dans
tions de poussée (3 poids : 40, 80 et riot long est plus léger alors que la ces exemples sont des moyennes
120 kg, et 3 vitesses : lente, normale mesure de force montre de façon d'au moins 50 évaluations recueil-
et rapide) sur une distance de 3 m plus logique l'inverse. La stabilisa- lies, à chaque fois, auprès de 6 sa-
à 5 m. Les forces ont été mesurées tion longitudinale du chariot long lariés et 14 sujets d'expérience au
à l'aide d'un capteur électronique augmente la force à exercer sur moins. Le nombre de sujets inter-
adapté aux barres d'appui des cha- un capteur comme celui utilisé. rogés et le nombre d’évaluations
qu’ils réalisent sont des facteurs
Fig. 10 : Évaluation subjective (gauche) et mesures des forces de poussée importants de la pertinence des
(en daN, à droite) pour les 3 charges additionnelles et les chariots courts résultats [10, 90]. Une synthèse
et longs
rapide des apports de l'évaluation
subjective dans les différentes
situations de laboratoire ou de tra-
vail présentées ci-dessus indique
que :
O elle valide une mesure objective ;
O elle met en évidence des élé-
ments de l'astreinte que d'autres
métrologies ne montrent pas ;
O elle permet une expression quan-
tifiée de l'avis des salariés sur une
contrainte et invite à étendre le
recueil de l'avis des salariés sur dif-
férents aspects de leur activité pro-
fessionnelle.
Dans les études de laboratoire ci-
tées en exemple, la corrélation forte
entre résultats perçus et astreintes

SEPTEMBRE 2014 — RÉFÉRENCES EN SANTÉ AU TRAVAIL — N° 139 115


PRATIQUES ET MÉTIERS
Évaluation subjective
de la charge de travail
Utilisation des échelles de Borg

objectives (cardiovasculaires, EMG) sujets aient bien compris l'échelle Il ne faut pas échanger lors de l’éva-
est confirmée pour différents types et toute explication doit se clore sur luation du salarié. Sa réponse doit
d'activités et de modes de travail l'interrogation « Avez-vous des ques- être rapide et spontanée.
musculaire. De plus, les résultats tions ? ». Une traduction adaptée de Si des réponses successives sont
montrent que lorsque des discor- ces recommandations est proposée recueillies, le salarié ne doit avoir
dances entre les données subjec- dans l’annexe p. 122. Le texte géné- aucune information sur ses ré-
tives et objectives existent, elles ral comporte les instructions com- ponses précédentes. La méthode de
sont généralement explicables et munes aux 2 échelles et le deuxième recueil (présenter l’échelle et avoir
apportent un complément d'infor- (traduction littérale du document une réponse chiffrée) et son proto-
mation à l'analyse des conditions de Borg [23]) donne des exemples cole (répétition, régularité) doivent
de recueil. pour illustrer différents niveaux de être expliqués au salarié. Il doit être
Les études de terrain confirment cotation pour le RPE et le CR10. interrompu le moins de temps pos-
l'intérêt de l'utilisation d'une mé- sible, au mieux pas du tout, ce qui
thode d'évaluation simple et pra- STRATÉGIE DE RECUEIL est possible lorsque l’information
tique de l'effort perçu. La perception Le recueil est assez simple en situa- a été bien faite. L’interrogation doit
des astreintes est encore trop peu tion de laboratoire où les sujets ont être très brève, par exemple « Borg
utilisée alors que son apport en mémorisé l'échelle. En situation ou score ? » au moment où lui est
termes de régulation de situations de travail, l'expérimentateur doit présentée l’échelle et sa réponse
faisant débat peut être très utile. Les être très attentif aux questions des sera un chiffre. Le recueil est oral,
échelles de Borg deviennent de fait salariés au moment de la présenta- la transcription sur un support (pa-
un outil complémentaire aux mé- tion des échelles. Il faut lire celles-ci pier ou numérique) est réalisée par
thodes objectives dans le cadre des avec les participants et prendre le l’expérimentateur.
études ergonomiques d'évaluation temps d’expliquer les objectifs du Si l’évaluation concerne plusieurs
de la charge de travail. Pour amélio- travail. En général l’échelle CR10, de domaines (travail général, local,
rer réellement les astreintes au tra- 0 à 10, est comprise plus facilement charge mentale…), il est souhaitable
vail, il est souhaitable que, dans le et profite de la généralisation (son- d’utiliser 2 échelles différentes. Le
futur le travail soit conçu en tenant dages, échelles de douleur…) du re- CR10 pour un travail local ou une
compte des perceptions des salariés. cueil subjectif par la quantification charge mentale et le RPE pour une
entre 0 et 10 d’une perception. charge physique globale. Le fait
Après la phase d’explication, le d’utiliser 2 échelles différentes ex-
salarié peut travailler. Si la tâche plicite la recherche de 2 impressions
CONSEILS PRATIQUES est courte (< 1 h), l’évaluation peut différentes et doit être précisé au
POUR UNE UTILISATION concerner celle-ci. Si la tâche à éva- salarié.
EN ENTREPRISE luer est plus longue, après quelques Si l’évaluation concerne plusieurs
minutes une première estimation zones anatomiques, une seule
PRÉSENTATION DES lui est proposée, puis répétée à inter- échelle peut être utilisée. La ques-
ÉCHELLES valle de temps régulier ou au terme tion sera « épaule » ou « jambe »
Dans le document de référence qui de périodes de travail définies [7, 37, et la réponse pour chaque zone
présente les 2 échelles RPE et CR10, 63, 76]. Il faut toujours représenter sera le chiffre correspondant à la
Borg standardise les informations l’échelle utilisée agrandie (feuille contrainte de la zone. Cette mé-
à donner à la personne qui doit A4 rigide). En effet, même si le sala- thode, bien expliquée, peut être
évaluer son astreinte afin de limi- rié a bien intégré l’échelle, il faut facilement utilisée en entreprise.
ter les variations inter et intra-in- la présenter à chaque évaluation Si l’objectif de l’évaluation est de
dividuelles [23]. En pratique de ter- pour faciliter l’équivalence entre les quantifier la contrainte d’une zone,
rain, ces indications peuvent être adjectifs et le chiffre à donner car le il est souhaitable de toujours faire
adaptées, mais pour l'étude d'un résultat est un chiffre, pas un adjec- évaluer 1 ou 2 autres zones à titre
poste, d'une entreprise ou pour tif. Il faut rester près des salariés de référence pour chaque sujet. Les
une étude de population, les ins- pour observer leur travail et noter zones interrogées ont été précisé-
tructions doivent être identiques des éléments (incidents, change- ment présentées avant le début de
pour tous, tout au long de l'étude. ments d'activité, discussions…) qui l’évaluation. La figure 7 illustre la
Il est important de s'assurer que les pourraient modifier leur jugement. présentation de 7 CR10 au salarié

116 N° 139 — RÉFÉRENCES EN SANTÉ AU TRAVAIL — SEPTEMBRE 2014


en début de travail pour lui expli- RESTITUTION DES RÉSULTATS particuliers de recueil peuvent en-
quer les zones pour lesquelles il sera La présentation des résultats doit richir l'analyse des résultats subjec-
questionné. être pertinente. Autant le profil tifs en suivant leur évolution dans
de la FC, sur 1 h ou 8 h ou pendant le temps (fatigue…), dans l'espace
TRAITEMENT DES DONNÉES une tâche, d’un salarié est pris au (comparaison d'activités…) ou se-
L'analyse des données recueillies sérieux, alors que c'est une don- lon les zones anatomiques (travail
est réalisée à l'aide de n’importe née sans intérêt collectif, autant local, travail général…).
quel logiciel utilisable en médecine l’évaluation subjective, même de De nombreuses études de labora-
du travail. Un tableur, qui auto- 10 salariés, est contestée alors qu'il toire ou en situation de travail ont
rise une saisie rapide des données, s'agit d'un résultat valide qui peut montré des discordances entre les
permet un traitement de base de et doit être défendu. Cette aberra- résultats de mesures objectives
celles-ci. Dans tous les cas, les logi- tion de la crédibilité respective de (coût cardiaque, coût énergétique,
ciels doivent permettre de calculer la « mesure » et du « perçu » reste biomécanique) et de perceptions
des données moyennes et des ana- malheureusement vivace, alors subjectives (RPE et/ou CR10) des
lyses qui regroupent des tâches, des que la FC doit être mesurée sur au astreintes. Les exemples du présent
horaires et permettent de calculer moins 5-7 salariés au même poste et article montrent que ces discor-
l’évolution au cours du temps des que son traitement est plus difficile dances ne sont pas des obstacles
perceptions. que celui des résultats subjectifs. mais supportent une démarche
Le recueil et la saisie des données Ces derniers permettent d’affirmer approfondie de prévention. L'utilisa-
doivent se faire en réfléchissant des faits dès lors qu’ils traduisent tion conjointe d'un recueil de don-
aux traitements envisagés et aux l’avis d’un grand nombre de salariés nées objectives et subjectives doit
facteurs qui seront étudiés. Les don- ou de tous les salariés à une même être encouragé.
nées des études rapportées dans tâche. L'utilisation des échelles est vali-
cet article en exemples présentent Une présentation illustrée doit dée pour évaluer des efforts et des
différents types d’analyses sta- montrer les résultats de l‘évalua- forces. Les équations du paragraphe
tistiques. Elles sont parfaitement tion subjective, leur comparaison Concept de base des échelles mises
réalisables par un logiciel simple aux données objectives mesurées en pratique dans les normes sur
et gratuit, par exemple Epiinfo®. et les enrichissements de l’analyse la charge physique de travail, per-
En général, les fichiers doivent de la situation de travail qu’ap- mettent de proposer comme limite
permettre une synchronisation portent les évaluations subjectives de force un CR10 à 3 et toujours infé-
temporelle. En effet, il peut s’avé- et l'observation du travail. Dans les rieur à 5. Si la force est maintenue
rer utile de synchroniser de façon cas présentés ici, une mesure objec- longtemps, le CR10 devrait être infé-
précise les perceptions à des don- tive, au moins une FC en continu, a rieur à 2 pour que l'effort n'induise
nées objectives (FC, chaleur, type toujours été réalisée en parallèle au pas de fatigue. En général, une va-
de tâche…). Les hypothèses initiales recueil subjectif. leur de CR10 à 3 est une limite pour
doivent être validées ou invalidées une activité prolongée (> 1 h).
à l’aide de tests statistiques simples Pour la cotation par le RPE, la valeur
(moyenne, tests t de Student, régres- seuil pour une activité non limi-
sion, analyse de variance) qui sont CONCLUSION tée en durée est de 11. En situation
facilités lorsque les données sont de travail, lorsque la cotation est
recueillies simultanément. Ceci est L’évaluation subjective est une mé- à 13, la durée de l'activité doit être
obtenu par l'observation continue thode simple, peu coûteuse, rapide, réduite. Un RPE de 15 doit entraî-
du travail qui est la démarche la plus répétable et acceptable par le sala- ner une amélioration rapide de la
pertinente. Si elle n'est pas possible, rié à son poste de travail. Mais, pour situation de travail.
il faudra demander au salarié de être pertinente, elle demande des La validation à l'aide d'une échelle
noter le plus précisément possible explications et une présence conti- subjective de modifications du tra-
les grandes phases de son travail, les nue au poste de travail. C'est une vail (durées d'activité, de pause,
incidents et les périodes chargées. méthode sensible pour apprécier réductions des efforts, améliora-
Les données recueillies auprès de en temps réel la perception de l'as- tions techniques…) est d’un grand
l'encadrement sont un complément treinte, sa variation et ses répercus- intérêt. Ce n'est pas en termes de
d'information souvent utile. sions sur les salariés. Des protocoles limites de la tâche mais plutôt pour

SEPTEMBRE 2014 — RÉFÉRENCES EN SANTÉ AU TRAVAIL — N° 139 117


PRATIQUES ET MÉTIERS
Évaluation subjective
de la charge de travail
Utilisation des échelles de Borg

déterminer quels sont les tâches, POINTS À RETENIR


les postes de travail ou les périodes
les plus dures que les échelles sub- Les mesures subjectives permettent une évaluation précise
non instrumentalisée des contraintes de travail.
jectives sont intéressantes. Elles
aident à engager des démarches Les objectifs de l'évaluation et sa méthode doivent être
de prévention ciblées, efficaces, expliqués aux participants. Ils doivent pouvoir répondre vite et
qui répondent aux souhaits et sont spontanément à la demande d'évaluation.
acceptées par tous. Les échelles de Borg sont les outils de mesures subjectives les
Le recensement, dans cet article, des plus fréquemment utilisés pour l’analyse de la charge physique.
possibilités offertes par les échelles
L'évaluation subjective et les résultats de mesures objectives
de Borg n'est pas exhaustif. Cepen-
sont complémentaires.
dant, il montre que l'évaluation
subjective est capable d'expliquer L'évaluation subjective d'une contrainte de travail doit être
les difficultés dans des situations réalisée par au moins 10 salariés au même poste ou tous les
variées et qu’elle est sensible à des salariés de ce poste quand ils sont moins de 10.
paramètres que d'autres méthodes Les échelles de Borg peuvent être utilisées collectivement en
ignorent. L'utilisation de ces échelles situation de travail ou individuellement pour la réadaptation ou
doit respecter des règles de base. l'adaptation d'un salarié à son poste.
Elles sont alors informatives sur des Dans tous les cas, seuls des résultats moyens peuvent être
objets variés et dans des situations présentés.
de travail complexes. Ceci fait de
L'évaluation subjective permet au salarié d'exprimer son
ces méthodes des outils de premier
opinion sur son travail.
choix pour quantifier les risques et
argumenter leur prévention. En situation de travail, l'évaluation subjective est souvent un
outil de consensus dans l'entreprise, en particulier lorsque des
résultats controversés sont en débat.

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118 N° 139 — RÉFÉRENCES EN SANTÉ AU TRAVAIL — SEPTEMBRE 2014


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Paedagogica, Series altera rate and blood lactate of perceived exertion of moderate intensity

SEPTEMBRE 2014 — RÉFÉRENCES EN SANTÉ AU TRAVAIL — N° 139 119


PRATIQUES ET MÉTIERS
Évaluation subjective
de la charge de travail
Utilisation des échelles de Borg

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120 N° 139 — RÉFÉRENCES EN SANTÉ AU TRAVAIL — SEPTEMBRE 2014


71 | LIND E, JOENS-MATRE RR, 76 | LAMB KL, ESTON RG, 81 | SHEPHERD J, GLEESON N, and session rating of perceived
EKKEKAKIS P - What intensity of CORNS D - Reliability of ratings MINSHULL C - Congruency and exertion. J Sports Med Phys Fitness.
physical activity do previously of perceived exertion during responsiveness of perceived 2013 ; 53 (2) : 154-61.
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tool to appreciate overreaching exercise that remains. J Appl MATHEWS D, MITCHELL JH ET AL. - énergétique de travail et des
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75 | HILL DW, CURETON KJ, 84 (3) : 221-26. stroke volume during prolonged of oxygen consumption, heart
GRISHAM SC, COLLINS MA - 80 | CAPODAGLIO P, CAPODAGLIO EM, exercise. J Appl Physiol. 2010 ; 109 rate and Borg's scale in men
Effect of training on the rating BAZZINI G - Tolerability to (3) : 745-51. during ergometer cycling. Clin
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SEPTEMBRE 2014 — RÉFÉRENCES EN SANTÉ AU TRAVAIL — N° 139 121


PRATIQUES ET MÉTIERS
Évaluation subjective
de la charge de travail
Utilisation des échelles de Borg

ANNEXE RECOMMANDATIONS À ÉNONCER À LA PERSONNE


À LAQUELLE EST PRÉSENTÉE UNE ÉCHELLE DE BORG

L’objectif de la lecture de ces documents est de permettre au salarié d’intégrer les échelles afin de faire une
évaluation rapide et spontanée, mais réfléchie, de sa contrainte dès que la question lui est posée.

>> TEXTE GÉNÉRAL


Pendant l’exercice, vous allez évaluer votre perception de l’effort grâce à cette échelle. Vous évaluez l’intensité de
votre effort en référence aux différents adjectifs de l’échelle. Lisez cette échelle du début où la première valeur
numérique signifie « pas d’effort du tout » à la fin où elle correspond à un « effort maximal ». Nous souhaitons que
vous chiffriez votre perception de l’effort qui dépend principalement de la force développée, de fatigue ressentie, de
gênes physiques à l’exécution de la tâche, de douleurs musculaires ou de l’essoufflement que vous ressentez. Essayez
d’évaluer votre sensation sans tenir compte d’éventuelles informations « objectives » sur les contraintes réelles. Ne les
surestimez pas, ne les sous-estimez pas. Ne vous laissez pas influencez par d’autres.
Regardez l’échelle, lisez les adjectifs puis donnez le chiffre qui leur est associé.
Commencez toujours par lire les adjectifs, choisissez celui qui correspond le mieux à votre effort puis donnez le chiffre
correspondant. Vous pouvez bien sûr donner des valeurs intermédiaires telles que 6,5 ou 8, 5.
Avez-vous des questions ?

>> COTATIONS D’EFFORTS STANDARDISÉS

RPE effort perçu CR10 effort perçu


9 Très léger. Pour une personne en bonne 1 «Très léger », tel qu'une marche à mon rythme
santé, cela correspond à une marche lente à pendant plusieurs minutes.
son rythme pendant plusieurs minutes.
13 Un peu dur mais je me sens bien pour 3 Pas spécialement dur, je me sens bien et
poursuivre l'effort. n'éprouve aucun problème pour poursuivre
l'effort.
17 Très dur. Une personne en bonne santé peut 5 Je suis actif(ve), mais je peux poursuivre
le poursuivre mais doit repousser ses limites. l'effort sans difficulté.
Je ressens une charge « très lourde » et je
suis très fatigué(e).
19 Extrêmement dur. Pour la plupart, c'est 7 Impose de puiser dans mes réserves. Je me sens
l'exercice le plus fatigant connu à ce jour. très fatigué(e)
10 « Extrêmement fort-Max P », ce qui est la
graduation la plus élevée. C'est la plus forte
perception que je n'ai jamais ressentie, mais
il est cependant possible d'imaginer quelque
chose de plus fort…
max « Maximum absolu », placé plus bas dans
l'échelle sans en fixer un nombre défini et
marqué par un point. Au cas où vous percevriez
une intensité d'effort supérieure à 10, vous
pourrez proposer un nombre plus grand.

122 N° 139 — RÉFÉRENCES EN SANTÉ AU TRAVAIL — SEPTEMBRE 2014

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